Le design social

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LE DESIGN SOCIAL

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Individu & Comportement

LE DESIGN SOCIAL

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Responsabilité

ROLE DU DESIGNER P. 14 Individu

LE DESIGN SOCIAL P. 6 Comportement

Design politique Stratégie globale

POUR QUI/AVEC QUI/COMMENT ? P. 22 Stratégie politique Collaborations

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Individu & Comportement

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L’

aube du XXIe siècle marque la fin d’une extraordinaire révolution technologique. Comme le pense l’économiste Marc Giget, nous sommes maintenant au début d’une période de « synthèse créative » dans laquelle le design tient un rôle primordial incontestable. On fait appel au design de partout pour trouver une application utilitaire à la technique. Il va jusqu’à trouver sa place au sein même du management de l’entreprise et se met au service des politiques publiques sous la forme de laboratoires d’innovations. La popularité du design est telle qu’on va jusqu’à employer ce terme à tort et à travers créant des confusions de sens. Si bien que son évocation renvoie pour certains à une plus-value indispensable pour bien vivre affirmant inconsciemment ou non une supériorité. Pour d’autre, il rime amèrement avec inaccessibilité renforçant les discriminations.

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lacé au cœur de l’innovation, apparaissant comme le seul capable de trouver les solutions conciliant technique et finalité, le risque est grand pour le designer de s’enorgueillir de ses succès. S’éloignant de leurs motivations premières, bon nombres de designers proposent des produits d’apparence séduisants mais décentrés de la réalité, ne répondant qu’à des modes passagères et n’améliorant en rien les liens humains. Bien loin des préoccupations sociales actuelles et des besoins fondamentaux humains ils en oublient les buts premiers du design tels qu’ils ont été mis en place dans l’histoire du design depuis William Morris.

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ésirant construire un monde plus juste, le designer ne peut faire bénéficier de ses compétences de manière efficace et durable que s’il se met avant tout au service de l’humain. Certains diront que c’est un retour en arrière, qu’il faut évoluer avec son temps. Il ne s’agit pas de refuser les innovations mais de les recentrer sur des préoccupations sociales et humaines.

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our éviter les dérives, comment faire en sorte que le design respecte ses valeurs premières ? Autrement dit comment concilier la fidélité aux raisons d’être du design avec l’innovation ?

P

our répondre à cette question, nous proposerons dans une première partie notre définition du design tel que nous voulons qu’il soit pratiqué. Dans une seconde partie, nous aborderons quels doivent être les engagements du designer au service de la société. Enfin, nous développerons quelles méthodes de travail il doit mettre en place pour répondre efficacement aux besoins de la société.

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DESIGN Agencement organisé de signes prenant sens et finalité dans la conception d’objets matériels et immatériels utilitaires. Ces signes sont l’aboutissement d’observations et d’analyses centrées sur l’individu dans toute ses dimensions (biologique, psychique, intellectuelle, spirituelle, …) et son interaction avec l’environnement (naturel, culturel, économique, social, politique, …) dans lequel il évolue. Leur agencement découle de la finalité auquel l’objet doit répondre.

SOCIAL Du latin socius « compagnon, associé, allié », relatif à un groupe d’individus, d’hommes, conçu comme une réalité distincte (une société). Face à cette définition, il nous apparaît comme primordial d’avoir une approche à deux niveaux de la société. A la fois s’intéresser à l’individu dans sa singularité et en même temps considérer ses individus uniques dans leurs promiscuités. L’ethnologue Marc Augé fait allusion à cet apparent paradoxe dans son œuvre Un ethnologue dans le métro, où il parle de « solitudes » au pluriel afin de décrire le phénomène social du métro.

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P our Victor Papanek : « Le design est devenu l’outil le

plus puissant avec lequel l’homme forme ses outils et son environnement. » Cette citation introduit très bien ce qu’est la définition du design. Elle met en avant deux idées clés : - le fait que le design soit devenu l’outil qui permette à l’homme de former lui même ses outils. Le designer crée pour et avec son semblable. Si tout le monde ne peut être designer, tout le monde a des besoins conscients et/ou inconscients. Tout le monde peut utiliser ce que mettent en œuvre les designers dans le but d’améliorer le quotidien présent et futur d’autrui. - le fait que l’homme crée pour s’adapter à son environnement. Au fond, il n’existe pas vraiment de définition unique et définitive du design puisqu’il se réinvente à chaque époque, en suivant les évolutions, les cultures et les apports des designers du monde entier.

L e designer est donc un professionnel qui se situe au

plus proche de l’individu et de la société. Et effectivement, on se rend compte qu’il apporte des solutions dans tous les secteurs de la vie économique, sociale et culturelle. A l’origine, le social est donc une notion très importante dans l’univers du design tout court. Alors pourquoi parler de design social ? Ne serait-ce pas un pléonasme ? Tout simplement parce que, plus le domaine se fait connaître, plus le terme « design » est utilisé à tort et à travers par les particuliers et les professionnels. N’est-ce pas choquant d’entendre lors d’un spot publicitaire, un des acteurs parler de design pour tout et n’importe quoi ? Bientôt on entendra peut être des phrases comme celle ci « Oh chérie, je trouve que tu es très design ce soir ! » « Regarde ma maison, tu ne trouves pas qu’elle est design ? » … (utilisation de croquis et de bulles BD) Ne confondons pas les choses et tentons de remettre les pendules à l’heure. Les designers eux même, non content de vulgariser leur métier, en oublient le but premier de leur métier au profit de la notoriété et de l’argent. Est-ce normal ?

Citons plusieurs designer :

Ron ARAD – The Big Easy Nous avons du mal à comprendre l’objet, sa fonction, l’utilisation que l’on peut en faire. Certes, il s’agit d’un fauteuil. Fauteuil qui invite de par son nom et sa forme aux courbes capricieusement sensuelles à s’avachir et à se prélasser. Cependant, l’aspect métallique et le prix de ce dernier nous laisse dubitatif, perplexe et pourraient rendre l’objet austère. Est-ce un produit utilitaire ? Ou bien n’est-ce pas plutôt une œuvre d’art ? Ron ARAD est reconnu pour ne s’adresser qu’aux collectionneurs. Et il est vrai qu’au regard du prix et de la production en série très limitée, nous pourrions penser de même. Dans le catalogue Artcurial, Hommage à la modernité de Tel Aviv, l’objet est mis en vente pour 90 000 / 120 000 euros. En ce qui concerne le nombre d’exemplaires existants, nous ne pouvons en compter que 20 ainsi que 5 épreuves d’artiste. Il est très clair que ce produit n’est pas accessible à tous. Nous pourrions presque faire un parallèle avec les œuvres d’art dont la vente ne s’adresse qu’à une élite, une minorité de personnes très aisées. Le 2 mai 2012, une version du Cri de Edward MUNCH se vend aux enchères pour la somme de 119,92 millions de dollars à New York, soit environ 87 millions d’euros. Au vu du coût de cette production et de son inaccessibilité, peut-on réellement parler de mobilier issu du monde du design ? L’accessibilité étant en effet une des base … Les questions se succèdent. Où est le social ? Le « designer » n’est-il pas plutôt ici un artiste ? En quoi ce produit améliore t-il le quotidien de l’usager ?

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Philippe STARCK – Louis Ghost

Les frères CAMPANA

a En 2002, Philippe STARCK travaille avec l’éditeur Italien KARTELL sur la création d’une chaise. L’objectif de leur projet est de ré interpréter de manière contemporaine un fauteuil Louis XV, Louis XVI créé en 1769 par Louis DELANOIS. Le matériau est surprenant et attirant, et permet à la chaise de s’inscrire dans des environnements très différents les uns des autres sans problème. On la trouve dans des opéras mais aussi dans des salons de coiffure ou encore chez les particuliers autour d’une table. La Louis Ghost a fait du bruit parmi les créateurs. Mais en a t-elle fait parmi les utilisateurs ? L’usager étant tout de même la première personne à laquelle le designer doit penser lors de la création de son projet. Le produit coûtent 180 euros et cela reste tout de même un petit budget là aussi non accessible à tout le monde. Surtout qu’il est peu courant de n’acheter qu’une chaise. Au moins deux, voir quatre pour faire une tablée. Ce qui ferait un total de 720 euros. Nous trouverons donc surtout cette chaise dans des endroits luxueux ou dans des milieux aisés. Nous rencontrons ici les mêmes problèmes qu’avec la création de Ron ARAD. La Louis Ghost n’est pas assez accessible et ne répond pas à une problématique social. Le designer s’est fait plaisir et a cherché l’innovation. Cette dernière est très importante dans le domaine du design mais répond-elle toujours à des besoins fondamentaux lorsqu’elle est exprimée au détriment du social ?

a Dans cet exemple, nous ne nous attarderons pas sur un objet en particulier mais sur l’ensemble de leurs projets. Projets qu’ils disent « tirés de la rue ». En cela, leur démarche paraît coller au design social. Ils font avec les matériaux qu’ils ont sous la main. Ils leur donnent un second souffle en les détournant. Il s’agit ici d’un bel objectif qui va à l’encontre de la consommation excessive. Mais il font ça au détriment de la fonctionnalité de leurs créations. Pour eux, « la fonctionnalité d’un objet ou d’un meuble découle de la forme qui, elle, est dictée par les matériaux. » Ne devrait-elle pas découler de notre propre corps et des attentes de celui-ci quant au confort ? (citation issues d’après les archives du site Les Arts Décoratifs) Qui plus est, il reste toujours le problème du prix. Alors bien sûr, il faut penser à payer les designers, le transport de marchandise, etc … Mais il faut aussi penser à l’usager. Celui là sera alors en droit de se demander comment est-ce que la Lampe Amanita réalisée grâce aux moyens du bord peut coûter 379, 00 euros. Qu’est-ce que l’on paye ? L’idée ? La notoriété des créateurs ?

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POINTS NOIRS DU DESIGN ACTUEL prix et accessibilités

est-ce que l’on crée pour l’usager ou pour la notoriété ? surconsommation

U n design social ne peut pas exister s’il ne trouve pas de solution à ces problèmes. Un design social se doit donc d’être :

/ ANTHROPOCENTRE ce qui engendre une

certaine ergonomie et/ou des problématiques prenant en compte les besoins de l’individu lambda discount et donc accessible au plus grand nombre car le design social ne doit pas s’adresser à une élite « IN »

les besoins actuels des individus d’une société ou d’un groupe particulier puis de proposer un processus et/ou un final le plus adaptée à ce même problème. Une des choses intéressantes du design social (tout comme du design tout court) est qu’il permet aux designers de penser de nouveaux systèmes de vie, de nouveaux comportements, et ce dans le but, non pas de changer le monde, mais d’aider quelques individus à mieux vivre Qui plus est, le designer ne sait pas tout même s’il se doit de posséder des connaissances en sciences humaines et de ce fait, entrer en collaboration avec des experts ne peut qu’enrichir leurs réflexions

/ DE QUALITE

pour éviter le phénomène / HUMBLE pour accepter le fait que sa réponse n’est peut « j’achète, je casse, je ré achète » mais plutôt être pas la plus pertinente et avoir des préoccupations éco« j’achète, je garde, je m’attache à mon objet» logiques pour favoriser le développement durable et donc se poser des questions sur le lien homme/nature

/ SINCERE car le designer doit s’impliquer à

100% pour pouvoir ressentir de l’empathie* pour son client et donc proposer une solution cohérente, il ne doit en aucun cas chercher la notoriété ou la richesse collaboratif car le designer a besoin de se remettre en question et de prendre du recul avec son travail pour ne pas devenir trop subjectif. Le travail d’équipe, les débats permettent donc aux créateurs d’enrichir leurs références et leurs réflexions diverses. Cela les amènera à trouver une problématique en adéquation avec

/ SE TENIR AU COURANT de manière perpétuelle

de ce qu’il se passe dans le monde ou simplement dans sa ville selon le champ d’action qu’il se fixe car la société est en perpétuel mouvement

/ ETRE CONSCIENT que le design social n’est pas que

physique mais aussi immatériel

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LE DESIGN SOCIAL

EMPATHIE : se fondre, se mettre à la place pour pouvoir anticiper tout en gardant une certaine distance En mars 2013 a eu lieu la 8ème édition de la Biénnale Internationale Design Saint-Etienne. Celle-ci avait pour thème principal l’empathie ou l’expérience de l’autre. « Face aux menaces écologiques et un renouveau économique attendu, philosophes, sociologues, intellectuels estiment aujourd’hui qu’il est urgent de repenser la société et de fonder un nouveau contrat social sur des bases plus respectueuses de la communauté humaine. La construction d’une société nouvelle basée sur l’empathie, mécanisme par lequel un individu peut éprouver les sentiments et les émotions d’autrui, est l’une des voies ouvertes par ces penseurs. L’Empathie ou l’expérience de l’autre est à la fois l’ouverture d’une réflexion qui rassemble tous les champs de la société, mais elle est aussi très directement liée au design en tant qu’activité de conception. Qu’il s’agisse de se mettre à la place de l’usager pour comprendre et anticiper ses besoins ou de permettre et d’accompagner des nouvelles formes de lien social, l’empathie est au cœur de la discipline depuis ses origines. » Voilà une introduction plus qu’en adéquation avec le sujet de ce manifeste. On y parle d’écologie, d’économie, de respect, de société, de compréhension, de liens sociaux et d’anticipation. Que de mots clés omniprésents dans la philosophie de création et/ou de vie du designer social. D’après le rédacteur de l’article, le bâillement et l’action que l’on pourrait rapprocher le plus simplement de l’empathie. Voici plusieurs poster de l’agence Graphéine dont le parti pris est de parler de l’empathie.

Réflexions menées (cf article écrit le 28 mars 2013 par un chroniqueur du site Graphéine, site de design graphique)

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LE DESIGN SOCIAL Le design social ne doit pas être :

/ TROP UTOPISTE et avoir la prétentieux de vouloir changer le monde. Un designer qui veut aborder des problématiques de type purement social doit savoir rester à sa place et avoir conscience de l’échelle à laquelle il intervient. Cela peut par exemple être un homme qui crée une association destinée à pousser les gens, par le biais des réseaux sociaux, à distribuer des bouteilles d’eau chaudes aux SDF en hiver (cf : projet pensé par Nicolas Gaudron, diplômé d’un Master of Arts de Design Produit du Royal College of Art à Londres. Actuellement, il intervient dans les écoles de design, d’ingénieurs et de commerce, sur la méthodologie d’innovation, le design thinking et le design d’interaction et de service. Il est par ailleurs membre de l’ACM (Association for Computing Machinery), de SIGCHI (Computer Human Interaction), de l’AFIHM (Association Francophone d’Interaction Homme Machine) et de l’Institut Confiances Au fond, pour répondre à une de nos questions posée un peu plus tôt, le design ne peut être que social !

CULTURE / ENVIRONNEMENT / POLITIQUE

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LE ROLE DU DESIGNER

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Responsabilité

ROLE LE DESIGN DU DESIGNER SOCIAL

L e design voit le jour au cœur de la révolution indus-

trielle et subit dès ses prémices le débat opposant progrès technique et imitation du passé. À l’enthousiasme suscité par l’exposition universelle de Londres en 1851, suit bientôt la désillusion d’un échec du progrès social que devait soutenir l’avènement de la machine en améliorant d’une part les conditions de travail des ouvriers et d’autre part en favorisant l’accès à des objets apportant des conditions de vie plus décentes. La réalité est toute autre, l’industrialisation et l’urbanisation qui vont de pair s’avèrent tragiquement néfaste pour l’homme. Les ouvriers s’épuisent au travail et rentrent le soir dans des logements insalubres et étroits où la promiscuité crée de l’insécurité. Leurs revenues sont misérables ce qui fait que toute la famille en pâtie sur le plan de la nourriture, de l’hygiène, de la santé, de l’éducation, … Le design va alors être investit pour résoudre ces problèmes. C’est ainsi que le docteur Cazalis (1840-1909) faisant le rapprochement entre développement de maladies dans les quartiers surpeuplés et habitations insalubres dans la ville de Paris propose ce qu’on pourrait appeler un design hygiéniste. Il envisage la résolution des problèmes de santé par l’aménagement et la décoration des logements ouvriers.

à la chaine le réduisant lui-même à une machine. Il veut rendre la dignité au travail de l’ouvrier. Nous pouvons rapprocher ces préoccupations humanistes de Ruskin aux préoccupations actuelles concernant notre rapport à la technologie à l’heure où 66% des métiers peuvent être remplacés par la technologie. L’économiste Marc Giget, lors d’une conférence sur l’innovation interroge sur ses tenants et aboutissants. Pour lui, la technologie est un moyen et non un objectif en soi et doit toujours être mise au service des individus. Le designer doit avoir ce souci de préserver avant tout l’individu, la personne humaine dans son intégralité. Son design ne peut-être qu’humano-centré, c’est-à-dire qu’il doit partir de l’humain pour créer pour l’humain. Pour cela, il doit s’attacher à connaître l’individu et mettre à sa disposition ce qu’il a de mieux. Il doit transformer la technique en quelque chose de psychologique, de sociologique, d’anthropologique, etc…

William Morris (1834-1896) élève de Ruskin, va appliquer les théories de son maître. Sa lutte se fera par l’application d’une éthique de travail au sein de sa firme accordant une primauté au plaisir du travail bien fait et à la fierté d’une production de qualité. Son ambition est de transformer la société moderne par le recourt aux arts décoratifs. Il leur attribue la mission de rendre les hommes heureux au travail et de ce bonheur naîtra un art décoratif populaire nécessaire à la mise en place d’un John Ruskin quant à lui condamne la machine qui anni- cadre de vie décent pour tous et tout le temps. Cette question hile l’esprit humain de l’ouvrier qui la fait fonctionner de la démocratisation des objets, et de comment ils peuvent

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LE ROLE DESIGN DU DESIGNER SOCIAL « apporter du beau dans la vie » comme le désirait William Morris est toujours d’actualité. Ce n’est pas l’objet lui-même qui est source de bonheur mais le travail, la manière dont l’objet est réalisé et la manière dont il est utilisé. Plus précisément la valeur d’un objet dépend de sa capacité à favoriser les liens humains, comment peut- il contribuer à valoriser la dignité humaine ? Face à ses rêves d’une société nouvelle, le designer doit se poser cette question : qu’est-ce qu’un monde meilleur ? Les débats actuels autour de « l’homme augmenté » (cf. documentaire, référence ?) nous obligent à se poser une autre question, doit-on « améliorer » l’homme ? En d’autres termes, sommes-nous des designers d’humains ? … Le designer ne doit pas favoriser la compétition et l’inégalité au nom d’une soi-disant normalisation et chercher à repousser les limites de la condition humaine. Mais plutôt, c’est respecter l’homme que d’accepter sa nature et ses différences. Les faiblesses humaines doivent être source de solidarité plutôt que de discrimination. Cela, le designer doit le prôner et le mettre en ligne de conduite de son projet de design.

De ce siècle du quel a émergé le design, nous pouvons en tirer aujourd’hui des conclusions intéressantes pour le rôle du designer. Celui-ci doit être attentif aux évolutions de son temps. Comme un veilleur, il doit être apte à discerner le bienfondé de ces évolutions. Pour cela, il doit les confronter à ses propres convictions.

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L e designer doit faire preuve de bon sens en gardant

les pieds sur terre ! Ce n’est pas qu’il doit bannir toute réflexion théorique de sa démarche de design mais il doit leur trouver une application concrète dans des projets réalisables répondant aux attentes fondamentales des usagers. Ses capacités d’abstraction ne sont pas à étouffer ou limiter mais il doit les mettre au service d’un avenir proche réel et non de son propre rêve. Le bon sens est la faculté d’agir en fonction de la réalité, de mettre chaque événement à sa juste place. Ne pas négliger les choses importantes sans dramatiser une situation particulière. Le designer doit être capable de relativiser autant sur l’apport de ses productions que les problèmes sociétales ou autres pour lesquelles il doit trouver ou plutôt proposer des solutions. Car, en effet, qui dit bon sens dit humilité. Et le designer ne peut se présenter en sauveur du monde ou révolutionnaire de la société. Apprécier les richesses du réel, ses contraintes et ses potentialités, permet de prendre de justes décisions ; le designer doit faire preuve de discernement et ne pas avoir peur de s’adapter à ce qui est. Attention aux idéologies qui nient le réel et le combattent. Et en particulier le réel de la nature humaine. Euripide (Ve siècle avant J-C) disait « L’homme puissant qui joint l’audace à l’éloquence devient un citoyen dangereux quand il manque de bon sens ». Il ne faut pas croire que cet attachement aux réalités terrestres soit simpliste ou terre à terre, il demande certainement plus de labeur, d’exigence et de persévérance que de se complaire dans des rêveries stériles dont le seul but serait de poursuivre sa propre gloire sans jamais y accéder. L’homme sachant faire preuve de bon sens sera dans sa sagesse plus proche de la vérité et son travail de designer sera certainement plus fructueux et source de bonheur dans sa vie professionnelle.

n plaçant les facteurs humains au centre de ses préE occupations, le designer doit accorder une grande


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ROLE LE DESIGN DU DESIGNER SOCIAL

P

importance aux questions éthiques. Tout projet de design doit arlons un peu de Shigeru Ban, architecte japonais né être évalué sur ce plan avant de procéder à la collecte de donà Tokyo en 1957. Il avait dit lors d’une conférence données ou à l’expérimentation. La responsabilité du designer est née dans le cadre des TED Talks qu’il était déçu des en jeu. Il doit pouvoir certifier du caractère éthique de son proarchitectes. « Nous travaillons pour les gens priviléduit final (sécurité, enjeux sociaux, protection des plus faibles giés, pas pour la société ». C’est cette constatation et des minorités, etc.) et de sa démarche de projet (respect qui pousse alors l’architecte à travailler le carton et des règles élémentaires qui protègent les sujets au cours de les matériaux locaux pour venir en aide aux zones tests et d’enquêtes, etc.). Il doit éveiller son esprit critique en touchées par de grosses catastrophes. C’est ainsi se demandant quelles questions est-ce que cela pose pour le qu’il s’est rendu en Nouvelle Zélande à Auckland pour devenir humain, le devenir de la société ? Ne serait-ce que proposer une cathédrale temporaire, au Rwanda pour donner toute sa place à la co-conception où la démarche est ériger des camps de réfugiés, à Kobé pour créer des initiée au sein même des communautés concernées est une hébergements d’urgence. On parle d’ailleurs de Shidémarche éthique à valoriser. geru Ban comme de « l’architecte de l’urgence ». Ce Un bon exemple de design éthique conçu de manière globale rapport au temps nous amène à nous poser des quesest celui d’Altermundi. C’est une enseigne conçue dans le cadre tions. Car si cet homme trouve des solutions rapided’un projet d’entrepreneuriat social de lutte ment exécutables et fonctionnelles, la durée contre l’exclusion du groupe SOS. Le projet de vie de ces dernières reste pour autant est fondé sur une philosophie qui permet de très limitée et ne s’inscrit pas dans la duraconcilier éthique et esthétique en travaillant bilité à proprement parlé. Or ne disions nous Du grec êthikos de êthos avec des producteurs de pays en voie de pas plus tôt, « mœurs ». L’éthique est développement et avec des ateliers d’inserqu’il était important que les créations d’un la science de la morale. tion en France. Les produits vendus sont de designer rime avec pérennité ? Si, mais les Elle s’intéresse à la direcqualité, issues du commerce équitable ou solutions du designer sont durables dans le tion de la conduite humaine du commerce local souvent fabriqués avec sens où ce dernier essaye d’utiliser des selon la morale. des matériaux recyclés. L’enseigne cherche matériaux recyclables et non agressifs pour à sensibiliser le grand public aux enjeux du l’environnement. Au fond, son but est de faire commerce équitable pour cela il a fait appel avec moins d’argent, dans des contextes économiques aux designers de l’agence AKDV (Paris) pour concevoir le parfois fragilisés et à l’avenir incertain, tout en réduiconcept du magasin de façon globale. Ceux-ci ont conféré à sant l’impact de son empreinte sur l’environnement. l’univers du lieu un double regard à la fois centré sur la mise en valeur du produit et sur l’information de l’histoire du produit et ses valeurs éthiques.

ETHIQUE

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LE ROLE DESIGN DU DESIGNER SOCIAL Toujours dans cette idée d’aider les plus démunis, nous pourrions aussi parler de la PlayPump.

Plus d’un milliard d’être humains non pas accès à l’eau propre. Les maladies liées à l’eau impure tuent près de 6 000 personnes par jour et son responsables de 80% de toutes les maladies à l’échelle mondiale. Pour palier à ce problème, des inventeurs se sont penchés sur l’idée d’une pompe tourniquet, qui permet de mêler plaisir pour les enfants et amélioration des conditions de vie pour toute la communauté africaine. Les enfants s’amusent à tourner sur le tourniquet, l’eau à une profondeur allant jusqu’à 100 mètre est pompée du sous sol et arrive dans une citerne contenant de 2 500 litre. Le précieux liquide peut ensuite être récupéré à l’aide d’un robinet. Concernant le rendement, une playPump pompe 1 400 litres d’eau par heure à raison de 16 tours par minutes. Ce qui est intéressant dans ce projet, mis à part l’accès à l’eau facilité, est aussi le fait que les quatre côtés de la citerne sont loués pour pouvoir accueillir d’éventuels panneaux d’affichages contenants des messages éducatifs d’hygiène et de santé. Les revenus ainsi générés servent à l’entretien de la pompe voir plus si bénéfices il y a. Existe aussi la Safe Agua, programme de DesignMatters permettant de manière très simple le stockage, l’utilisation, le transport et la conservation de l’eau au sein de bidonvilles du Chili. Ce système permet la création de douches communautaires et de systèmes de laverie.

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ROLE LE DESIGN DU DESIGNER SOCIAL

L es trois exemples que nous venons de citer sont de

très beaux projets. Mais, pour beaucoup l’aide humanitaire consiste uniquement en une aide que l’on apporte à une population autre que la notre ayant besoin d’être secourue suite à une situation de crise (tremblement de terre, tsunami, pénuries diverses, etc …) FAUX ! Si l’on pense comme ça, on ne fait pas du social, on croit en faire à tort, on ne fait que la moitié de ce que l’on devrait faire. Au fond, l’aide humanitaire, ce n’est pas seulement se rendre dans les pays voisins pour sauver le monde mais bel et bien d’être tout autant capable de déterminer les problèmes auxquels font face les citoyens de chez nous. Si l’on regarde la définition que donne le LAROUSSE du terme « humanitaire », nous ne pouvons pas ne pas faire le lien avec la définition que nous donnons du design. Lorsqu’un individu œuvre pour l’humanitaire, il « cherche à améliorer le quotidien de l’homme ». Le site L’INTERNAUTE nous dit que ce même individu « vise au bien, à l’amélioration de la condition des hommes ». Or, lorsque l’on parle d’un designer, n’avançons nous pas les mêmes définitions ? Coïncidence ? Non ! Comme nous le disions un peu plus tôt, un designer est une personne qui se doit de se tourner vers des problèmes sociaux. C’est quelqu’un qui œuvre pour l’homme, pour l’humanité. Il secourt et sensibilise. En France, durant une semaine de workshop, Jérome AICH de l’école ENSCI les Ateliers a cherché en juillet 2010 à améliorer les conditions d’accueil des sans-abris. Pour cela, il a suivi pendant 4 mois les équipes du SAMU social de Paris. Ainsi, il a pu s’insérer dans le contexte réel de la réinsertion sociale de ces personnes en besoin. L’étudiant a donc créé une gamme d’objets permettant de faciliter des gestes du quotidien tel que le rasage ou la douche. Ci-après deux produits innovants dans le domaine des produits hygiéniques jetables.

Mais nous pouvons aussi citer Le Corbusier et sa Cité Frugès construite en 1924. Celle-ci découle de sa réflexion sur les problèmes causés par l’urbanisme et l’habitat collectif. Le designer a donc œuvré afin d’améliorer les conditions de vies des ouvriers. Chose innovante à l’époque, l’eau était présente dans tous les logements qui étaient plutôt spacieux. De plus, le chauffage lui aussi a été mis en place dans toutes les maisons. Pour finir, n’hésitons pas à parler des Vcub de Bordeaux inspirés des Vlib de Paris qui ont été créés en 2007 par le groupe industriel JCDecaux. Ces vélos permettent aux habitants de la ville de se déplacer à moindre coût et sans polluer. Pour 1 euros, nous pouvons pédaler pendant une demi heure. A savoir que si l’on change de vélo durant ce laps de temps, cela ne nous revient pas plus cher.

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LEROLE DESIGN DU DESIGNER SOCIAL

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Individu & Comportement

AVEC QUI / POUR QUI / COMMENT

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Environnement

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MOYENS LE DESIGN MIS EN OEUVRE SOCIAL

Papier japonais, papier mâché ou plié, carton ondulé ou kraft : omme William Morris, dans un sens un designer social le papier et le carton inspirent les designers depuis les années doit utiliser tout son talent pour tenter de changer le 1950. Comme en témoignent les lampes aériennes d’Isamu comportement des gens, leur faire comprendre quelle Noguchi, les sièges et tables en carton ondulé contrecollé de sorte de vie est désirable. Fanck Gehry, ou aujourd’hui les fauQu’ils aient la possibiteuils en kraft pliables de Quart de lité de se consacrer aux La simplicité dans la vie (même la simplicité la Poil’. choses essentielles. Son plus nue) n’est pas la misère, mais au contraire le Et pourquoi pas le liège ?C’est un idéal architectural est véritable fondement du raffinement. matériau si peu utilisé par les desiWilliam Morris une architecture libégners, pourtant il présente tellerée de tout style établi, ment d’avantage. éclose de son environnement et des besoins des Le liège, écorce d’arbres, comme le chène-liège, est un gens. Déjà soucieux de problèmes liés au paysage, à la matériau d’utilisation très ancienne (puisqu’on en retrouve nature et à la nécessité d’une durabilité des construc- des traces datant de l’Antiquité romaine ou Egyptienne). Autions, il nous semble aujourd’hui très moderne : « Si on jourd’hui, le liège répond naturellement aux besoins des écoréparait et entretenait, année après année, les vieux designers. Souple, étanche et léger. C’est un materiau qui ne cottages, les granges et autres bâtiments, on n’aurait craint pas la chaleur (ainsi utilisé pour les dessous de plat...) pas besoin de les démolir pour construire à leur place absorbe les bruit métalliques (utilisé pour les range-couverts). soit des taudis de briques rouges et d’ardoise, soit ces Son recyclage est possible et son élimination est sans domcottages Tudor modernes pour patrons de villages. Et mage pour l’environnement. s’il faut vraiment construire, qu’on construise bien, avec bon sens, sans prétention, en utilisant les bons matériaux de la campagne : alors ces constructions prendront leur place à côté de vieilles demeures et, Simple Boxes, Martin Szekely, 2009, Rangement à porte coulissante et table basse en particules de tout comme ces dernières, sembleront provenir du sol liège compressées, calibrées et cirées, édité par la lui-même. » William Morris. galerie Kréo Lisibilité de la structure, vérité des matériaux tels étaient les fondements de William Morris.

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e designer doit penser à l’environnement : de par les matériaux utilisés.

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LE MOYENS DESIGNMIS SOCIAL EN OEUVRE

E nsuite, parmi les végétaux en vogue aujourd’hui, le Bambou présente une flexibilité, une résistance et une légèreté inégalée. Le fait qu’il soit constitué de fibres unidirectionnelles de très grande longueur lui donne des caractéristiques tout à fait comparables à celles des nappes et rubans en fibre de carbone utilisés dans des matériaux composites aux applications high-tech. Tempo, Disco, Riso, Triplo et Combo, plat, plateaux, EKOBO, 2009, Bols, boîtes et conteneurs cylindriques empilables en bambou laqué déclinés en douze teintes acidulées

Le bambou pousse deux fois plus vite que le bois, recycle une grande quantité de gaz carbonique (12 tonnes par hectare) et produit 35 % d’oxygène de plus qu’un arbre. Sa résistance mécanique est supérieure, à certains égards, à celle de l’acier : on conserve des bols en bambou décoré qui ont plus de mille cinq cents ans ! C’est donc un double impact pour le design, puisque c’est un matériaux naturel et durable !

Environnement

Ceci est très important, car un designer doit penser à la durabilité de ses créations. Dans ce cas pourquoi ne pas se tourner vers la création de matériaux écologiques ? Comme le Bioplastiques ! Véritable vecteur de développement durable et industrie d’avenir, le secteur des biocomposites ou bioplastiques est à la recherche de ressources écologiques qui permettraient de remplacer les fibres synthétiques, toujours utilisées aujourd’hui et polluantes à long terme. Outre le fait qu’ils ont un impact moindre sur la planète, ces matériaux sont de véritables concentrés de performances permettant de fabriquer des objets plus légers. Les biocomposites sont des matériaux formés par une matrice (résine) renforcée par des fibres naturelles issues de plantes ou de cellulose (fibre de bois, chanvre).

Être un designer social c’est donc penser à des matériaux écologique existant ou inexistant. Puisque le designer crée des objets, pourquoi ne créerait t-il pas directement des matériaux écologiques ? Ex : design textil Anke Damske créé des vêtements à base de fibre de lait. Car utiliser des matériaux naturel c’est aussi penser a une durabilité des matériaux utilisés pour diminuer au maximum l’impact sur l’environnement.

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Environnement

MOYENS LE MIS DESIGN EN OEUVRE SOCIAL Il est bien beau de penser au développement durable mais peut-on parler de designer social lorsque ses créations sont vendues à des prix exorbitants ? Prenons pour exemple les frères Campana. Comme dit plus haut, leurs créations n’utilisent pratiquement que des matériaux naturels ou de récupérations. Mais le prix de leurs créations les mettent directement au rang d’oeuvre d’art. Comment le designer peut créer sans devenir une star où sa simple signature devient l’augmentation considérable du prix ? C’est de même pour les 5,5 Designer. Ainsi le designer social doit penser à réduire les coûts. Comme Michael Thonet avec sa chaise n°14. Celui ci a réfléchi à la forme afin qu’elle puisse être industrialisée et donc réduire le coût de fabrication pour réduire le coût d’achat.

Chaise-à-secret, Nedda El-Asmar, 2009, chaise en bambou doté d’un espace rangement sous l’assise, édité par Vange

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MOYENS EN OEUVRE LE DESIGNMIS SOCIAL

Liquid, Stéphani Marin, 2010, siège en résine époxy issue d’un procédé écologique, édité pa Smarin et Ratax

Environnement

Chaise n°14, Michael Tonnet, 1859 ou chaise Bistrot, le plus grand succès industriel du 19ème siècle

Projet Reanim, 5.5 Designers, 2004

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Environnement

MOYENS LE DESIGN MIS EN OEUVRE SOCIAL

Sushi III Chair, Frères Campana, 2002, composée de bandes de plastique et de thibaudes de différentes couleurs

Anke Damske pose avec des bobines faites à base de fibre de lait

Pot cavalier, azemut, Rafaële David et Géraldine Hetzel, 2008, Pot en lin composé à 70 % de lin , édité par Nature & Découvertes

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Collaboration

MOYENS LE DESIGNMIS SOCIAL EN OEUVRE

L e design est un métier plein de ressources et de

compétences. Le processus de conception dans le design est, par nature, collaboratif puisqu’il fait interagir plusieurs acteurs pour la réalisation d’un projet. Nous sommes pour un travail collectif où de multiples champs disciplinaires se croisent et échangent avec le particulier, l’usager, le passionné. Au fond il n’y a pas de distinction à faire entre les différents collaborateurs, ils peuvent tous apporter leurs expériences au projet de manière complémentaire. Se regrouper pour mieux s’ouvrir. Les rapports humains sont alors très présents. L’expérience d’une collaboration se fait sans hiérarchisation. Designers, ingénieurs, managers et tous les autres intervenants sont au même niveau. Chacun doit faire son propre métier. Le travail collectif n’a pas de règles établies dans son fonctionnement si ce n’est du bon sens. Travailler en collaboration demande donc d’être capable de prendre du recul sur ses intentions personnelles et d’oser se confronter à des avis différents. Accepter la porosité des métiers, c’est se cultiver. C’est dans la qualité de la relation établie, la capacité

à échanger que se trouvent les clés de la réussite collective. L’intérêt est dans la réflexion commune sur un projet global qui permet de dégager l’intention générale et de le décliner selon ses qualités. Cependant, il ne faut pas perdre de vue que tout groupe quel qu’il soit, a besoin d’un élément coordinateur. Son rôle n’est pas de gouverner une équipe mais simplement d’organiser et de permettre une bonne cohésion au sein du groupe. Dans les projets collectifs peuvent s’observer différentes attitudes du designer. Il y a ceux qui attendent que les entreprises les sollicitent, et ceux qui font la démarche vers les entreprises. Pour nous, la meilleure position à avoir est celle d’un designer actif, qui permet ainsi le décloisonnement des domaines. Si la volonté d’avoir une démarche collective est pertinente, l’organisation ne l’est pas toujours. En effet, pour que cela marche, il faut de bonnes conditions. Car à côté du travail personnel, les projets en collaboration demandent plus d’investissement, des concertations fréquentes, et donc un engagement temporel flexible. Cela demande beaucoup d’échanges, mais aussi d’être à l’écoute.

Schéma du travail de méthodologie de mise en oeuvre d’un projet

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Collaboration

MOYENS LE DESIGN MIS EN OEUVRE SOCIAL

Le design demande un énorme travail d’analyse, et de raisonnement. Dans une société en perpétuelle évolution, il faut privilégier l’observation et le questionnement. Avoir un coordinateur n’est pas une idée à rejeter car un projet pour aboutir nécessite un travail colossal. Les prises de tête sont fréquentes, cette personne peut calmer le jeu. La libre parole et la convivialité sont primordiales. Pour donner envie de travailler ensemble, il faut des réunions efficaces. Elles sont la base de tous bons travaux collectifs. C’est grâce à des échanges dynamiques, constants, et à l’implication de toute l’équipe qu’émerge une réponse appropriée à la situation, et qu’arrive la « trouvaille » qui va résoudre une des problématiques relevées. La collaboration peut se faire en plusieurs étapes. Tout d’abord une collaboration à quelques personnes permet de concevoir l’idée, le projet. Ensuite entrer dans la réalisation demande de faire appel à des industriels, et techniciens, etc. Et pour finir l’ouverture sur des services et des usages sollicite des anthropologues, des sociologues, des psychiatres ou d’autres encore. Il faut noter aussi, que l’intervention de bénévoles, d’usagers, d’amateurs peut aider considérablement durant tout le processus. La notion de partenariat prend tout son sens dès lors qu’il génère plus d’idées, de créativité, de rebondissement aux problèmes évoqués.

C omme le pense le philosophe Bernard Stiegler (fonda-

non plus exécuteur, producteur ou consommateur. À l’heure où la robotisation remplace les tâches mécaniques répétitives, le combat de William Morris pour la valorisation du travail de l’ouvrier peut trouver une réponse dans le modèle contributif. Il permet à tous de trouver sa place dans la société se sentant impliquer dans sa construction tous au même degré. D’autant plus qu’instaurer un modèle de travail contributif est un formidable moyen pour développer des liens sociaux fructueux et durables. Nous pouvons observer des évènements comme celui des soirées PechaKucha. Par exemple, la PechaKucha Montréal sont de véritables plateformes d’échanges et de rencontres interdisciplinaires organisées avant tout avec l’objectif d’offrir une tribune publique aux créateurs de tous horizons. Ils y présentent des projets réalisés, en cours de réalisation, voire des projets auxquels ils rêvent. Ils nous font part de leurs réflexions et de leurs processus de création. De plus, de plus en plus de week-ends valorisant ce genre de système sont organisés. À Strasbourg aura lieu le 28, 29, 30 mars 2014 le Digital Health Camp. Cet événement réunit des professionnels de santé, des designers et des personnes ayant des connaissances dans le numérique. Ces personnes ont 54 heures pour créer l’innovation numérique en santé. Plus proche de chez nous, nous assistons à l’émergence de Start-up week-ends à Bordeaux. Mais ceux-ci ne sont pas exactement dans la même perspective de créer pour innover. En effet, les participants œuvrent principalement pour gagner un voyage.

teur de l’Institut de Recherche et d’Innovation IRI), le partage des savoirs est à valoriser à l’heure actuelle et doit être mis au service d’une créativité vecteur d’innovation pour la société. Nous devons développer ce type de travail contributif au détriment d’un travail dont les seuls buts sont économiques et qui entretient une logique de consumérisme. Le logiciel libre, le Fab’Lab’, l’open source, le bottom up sont des moyens permettant à tous de faire des propositions, de partager, de récupérer et améliorer les idées. C’est une source de créativité et de dynamisme incroyable ! Salariés, clients, amateurs, freelance, tout le monde est contributeur, acteur de l’évolution de la société et

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LE MOYENS DESIGNMIS SOCIAL EN OEUVRE

S ans pour autant dire que « tout est design », on s’aper-

çoit aujourd’hui que, dans tous les domaines d’activités, l’intervention du design fait la différence. En effet, le design doit être perçu comme une approche globale. Il nécessite de prendre en compte tous les éléments intervenant au cours du processus de conception : marché, concurrence, cahier des charges, création, prototypage, industrialisation, production, promotion et commercialisation. Cependant, il ne faut pas oublier que la démarche prend sa source, et trouve sa finalité dans le contentement, la satisfaction du client. Il intègre donc des dimensions marketing, esthétiques, ergonomiques, techniques et économiques adaptées à chaque contexte. Les entreprises mettent aussi en avant des dimensions sociales et culturelles, car ce sont les caractéristiques les plus proches de l’homme. Aujourd’hui le design prend donc tout son sens car il est adapté et compatible au service de l’humain. Il anticipe, notamment dans des questions touchant l’environnement. Ce qu’il y a d’intéressant dans une démarche de stratégie globale, c’est que les différentes dimensions (technologique, économique, commerciale...) sont abordés simultanément et non plus successivement. Cela permet de diminuer le temps de réaction, et donc de réduire les cycles de conception des produits. Toutes ces dimensions permettent donc au design de créer de la valeur au sein des entreprises, ou d’un territoire. Car, par un temps où il y a de multiples concurrences, le design développe l’innovation, la compétitivité mais aussi la croissance. On peut prendre pour exemple l’entreprise ATLANTIKA, spécialiste des abris de piscine, localisé à Ambès,

Stratégie globale

petite ville de la région bordelaise. L’orientation de l’entreprise est la suivante « Le design pour répondre aux attentes du marché, en cohérence avec l’outil de production ». Depuis 2008, l’entreprise a redynamisé sa structure par un repositionnement sur l’abri haut de gamme. Le chiffre d’affaire dès cette année là, a alors augmenté de 24%, et en 3ans, 25 emplois ont été créés. Quand le design rejoint l’idée d’éco-conception, il fait alors office d’outil pour une conception globale, prenant en compte l’ensemble des paramètres, jusqu’au recyclage des produits, ainsi que leur bilan et impact écologique. Alors se mettent en place des solutions de réutilisation et valorisation des produits. (schéma) Idéalement, tous les produits doivent pouvoir circuler indéfiniment. On peut citer la Maison Martin Margiela, maison de mode(?), dont le principe de leurs collections est de récupérer un peu partout dans le monde des accessoires, des vêtements, ou des objets usés pour les faire revivre après transformation, tout en conservant l’empreinte du temps, et l’usure due à leur première vie. D’autres designers, comme Tejo REMY travaille sur la réutilisation et réappropriation des objets. On peut se référer à sa suspension en bouteille de lait(Milk Bottle Lamp, 1993), pour l’entreprise néerlandaise Droog Design, ou encore sa chaise de chiffon (Rag chair, 1993). Mais c’est aussi à l’utilisateur, par son imagination, de modifier la fonction, et lui donner une tout autre destinée. Un stylo qui ne marche plus, utilisé pour tenir les cheveux en chignon, ou bien une poche « intermarché » utilisée en tant que poche poubelle sont des exemple de la vie au quotidien. Ces petits exemples de détournement fait inconsciemment ou non, par les usagers sont très important dans le sens où cela appuie le fait qu’un designer peut servir de modèle, et créer des processus de vie, des manières de vie plus saine et plus respectueuse. Ci-après le schéma du cycle idéal d’un objet :

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Stratégie globale

MOYENS LE MIS DESIGN EN OEUVRE SOCIAL

Q uand le design est parfaitement intégré au processus

de développement d’une entreprise, il a alors le caractère de design global au service de l’image même de l’entreprise. « Tout ce qui compose et véhicule l’image d’une entreprise (ou d’un territoire) constitue l’interface active entre elle et sa clientèle. Plus les éléments qui la composent sont cohérents, plus son image a de force et d’impact. En se dotant d’une démarche design globale, l’entreprise réintroduit de la créativité, du sens et de l’harmonie au cœur de leur domaine (ou de leur territoire). » Stéphane Phélippot, directeur de création, designer stratège pour l’agence APAPA. Pour qu’une stratégie globale soit cohérente, il faut une maîtrise les signes autour de la marque de l’entreprise, ainsi que les supports de communication utilisés. Il en existe une très grande variété : logotype, emballages, typographies, édition, site web, promotion,

PLV, stands d’exposition et d’autres encore. Selon l’expression d’un spécialiste des marques , Jean Noël KAPFERER « le logo est là, pour révéler une identité de marque. Il n’est rien sans sa charte graphique d’application sur tout supports : c’est un signe. La marque est porteuse d’univers. » Le design global représente donc une arme de stratégie, car elle regroupe tout l’univers de la marque, autant dans l’espace, que dans l’esprit des gens. Mais cette stratégie doit donc toucher les gens, non seulement en définissant un univers, et en faisant un univers connecté à l’environnement sensible du public. On peut prendre ici pour exemple les vins du Château Lynch Bages, en Gironde. Autour de leurs produits c’est fondé une forte stratégie qui a permis au village du même nom, de refonder des commerces et un grand restaurant créant un centre de vie intéractif avec le vin. L’image de la marque a donc permis de créer tout un univers.

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MOYENS EN OEUVRE LE DESIGNMIS SOCIAL De plus, un produit conçu en suivant une stratégie globale, prend vie et sens. Il se doit de présenter des références autant technologiques (savoir-faire, éco conception, matières et matériaux, etc...), fonctionnelles (utilité, ergonomie, économie, etc...), esthétiques (perceptions, mouvements esthétiques etc...), que socio-culturelles (messages, codes, symboles, etc...). Comme dit précédemment, la stratégie globale permet de développer une dimension culturelle. La démarche du design, notamment la conciliation entre art et industrie prend naissance dans les premiers mouvements tels que les « Arts & Crafts » en Angleterre, et en France dans les « Arts décoratifs ». Mais c’est au moment de « l’Art Nouveau », mouvement européen, que l’art et la technique se réunissent efficacement. Les différents mouvements se développent et s’enrichissent par des échanges, pour tirer vers un art social et accessible à tous, ce que promouvait les « Arts & Crafts » et William MORRIS, dans les années 1800. On comprend donc par là, que le design a une véritable dimension culturelle lorsqu’il garantie la liaison(union) entre le produit et les modes de vie, et donc entre le progrès et l’éthique. On peut citer un exemple intéressant qui unit innovation, mode de vie perturbé, Beaucoup pensent qu’un retour aux valeurs fondamentales du design ne rime pas avec innovation. Cependant nous pouvons voir qu’avec le processing c’est le cas. Le projet eyewriter, de Graffiti research lab consiste à permettre à une personne de dessiner à distance par le biais de lunettes captant les mouvements oculaires. Lorsqu’on y pense, ce prototype pourrait permettre à des personnes handicapées des mains, d’avoir la possibilité de dessiner, et d’écrire. De plus, le Congregation de KMA permet de favoriser les liens sociaux. Ci-après, ces projets présenté dans l’ordre :

Stratégie politique

Eyewriter, de Graffiti

Eyewriter, de Graffiti

Congregation, de KMA

Congregation, de KMA

Eyewriter, de Graffiti

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Stratégie politique

MOYENS EN OEUVRE LE MIS DESIGN SOCIAL

L e design collaboratif est une stratégie politique, per-

mettant de sensibiliser le public au design. Par des appels à projet, les habitants peuvent proposer des réponses. Les pré-sélectionnés sont alors présentés au groupe projet (comprenant très souvent des représentants de la ville, des habitants invités, et d’autres personnes). Très important, la démarche collective se joue avec les acteurs du territoire. Citoyen et usager, le designer doit éviter de faire seul la démarche au travers de sa seule perception. Justement, il doit écouter, échanger, partager et s’imprégner de ce qui fait son territoire et de ceux qui le vivent au quotidien. Il pourra alors créer et espérer le soutien de nombreux acteurs du territoire. On peut citer l’exemple de la ville de Saint Etienne, ville UNESCO du design. Cette désignation, acquise en 2010 représente la possibilité d’échanger avec d’autres villes, de constituer un pôle d’expertise pour travailler «ensemble» aux mutations de la société. « Nous partageons déjà un certain nombre de réflexions, d’analyses, de bonnes pratiques et d’activités avec la Ville de Montréal depuis une dizaine d’années. Nous croyons bien sûr que le design est un facteur essentiel à la transformation de notre cadre de vie. » dit Josyane FRANC, Directrice des relations internationales, Cité du design & école supérieure d’art et design de Saint-Etienne. Saint-Étienne Métropole a donc défini une stratégie d’action intégrant le design comme outil structurant sur le plan économique, social et culturel. À ce titre, l’agglomération avec le soutien de la région Rhône Alpes et en partenariat avec la gouvernance économique a ainsi pu expérimenter dans le cadre Grand projet Rhône Alpes « design dans la Cité », de nombreux dispositifs d’accompagnement et de valorisation du design.

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LE MOYENS DESIGNMIS SOCIAL EN OEUVRE

Stratégie politique

Voici quelques idées en matière d’interaction entre créatifs et communauté, des projets visant à améliorer la gestion et la connectivité des ressources et espaces communs. Ces derniers ont été présentés lors de la biennale de Saint Etienne, en 2013. Cette démarche a permis d’initier des politiques publiques, privilégiant l’innovation par les usagers et encourageant les acteurs économiques et les collectivités à faire appel à des professionnels du design. Tous ces programmes ont l’ambition de proposer une amélioration du cadre de vie aux résidents de notre territoire et un écosystème de développement plus performant.

Schippers France conçoit des jouets-défouloirs pour porcs rendus agressifs par les conditions d’élevage industriel

Le canadien Bill Burns illustrent l’ambivalence du rapport humain aux animaux: à la fois destructeur et protecteur, l’homme ne peut que parer techniquement au danger qu’il est

James Auger et Jimmy Loizeau planchent sur les technologies permettant de réhabiliter les mécanismes instinctifs perdus par les animaux habitués à la domesticité

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Stratégie politique

MOYENS EN OEUVRE LE MIS DESIGN SOCIAL

Jean-Sébastien Poncet réhabilite le contrat de tolérance homme-animal en instrumentalisant même le moins bien vu des parasites urbains: le pigeon devient ainsi producteur de gouano de Paris, le chic-issime engrais des balcons fleuris…

le designer Ernesto Oroza se passionne pour l’observation d’un bernard-l’hermite (d’ordinaire pilleur de coquilles vides) ayant trouvé refuge dans une douille d’ampoule comme modèle d’adaptation au monde moderne

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MOYENS EN OEUVRE LE DESIGNMIS SOCIAL

L es designers ont travaillé sur et avec La ville à partir

du moment où celle-ci a bénéficié d’aménagements réfléchis et organisés autour des nouvelles technologies. On commença par l’éclairage, le gaz, l’électricité, puis vinrent les transports. Les questionnements qui se posent à elle aujourd’hui sont d’ordre socials (connexions et échanges), mais aussi environnementals (préservation des énergies et des terrains), et humaines (qualité de vie). Depuis le 10 avril 2013, Marylise Lebranchu la ministre à la Décentralisation, à la Réforme de l’Etat et à la Fonction Publique a lancé un «laboratoire de l’innovation publique de l’Etat». Ce nouveau concept devrait inclure le design afin de penser la réforme de l’État et les politiques publiques de demain. « Ce laboratoire sera un outil au service de toutes les administrations », au dire de Jérôme Filippini, le secrétaire général de la modernisation de l’action publique. « Il permettra d’esquisser les politiques publiques de demain au plus près des attentes des usagers.” Mais comment le design peut-il être mis à contribution des politiques publiques ? Le secteur public est réputé pour présenter une incapacité à se transformer. Le soutien d’une organisation comme la 27e Région dans l’élaboration d’un projet peut être un élément déclencheur d’innovation. Pourquoi les designers et les créatifs ne pourraient-ils pas mettre leurs compétences au service de ce secteur ? Le nouveau laboratoire s’inspire fortement du modèle danois, le MindLab (littéralement laboratoire de l’esprit) laboratoire d’innovation interministériel intégrant le design comme levier d’innovation dans le secteur publique et qui fonctionne comme des projets partenariaux et pluridisciplinaires. C’est ainsi que le nouveau laboratoire de l’Etat réunit le SGMAP (Secrétariat Général à la Modernisation de l’Action Publique), Christian Paul, député de la Nièvre et président de la 27e Région, mais aussi la direction de l’ENA (Ecole Nationale d’Administration), celle du CNFPT (Centre National de la Fonction Publique Territoriale), les présidents, vice-présidents et directeurs de plusieurs Régions, la

Design politique

Caisse des Dépôts, le Grand Lyon, la ville de Saint-Etienne, ainsi qu’un groupe de designers et d’intervenants associés. Les institutions publiques ont besoin d’être stimulées pour apprendre à réfléchir autrement, plus librement, dans une démarche collective et dans un cadre neutre. Le designer en partenariat avec les régions et la communauté locale agit sur un territoire ou espace public : quartier, village, gare, lycée, université, etc. Il se trouve confronté à des problèmes économiques, sociaux, démocratiques, culturels ou environnementaux. Le rôle du designer serait de mobiliser les énergies, rassembler les compétences et aiguiller les réflexions des agents et des citoyens afin de chercher de nouvelles façon de faire, d’inventer de nouvelles solutions vraiment adaptées aux besoins et aux désirs de la société. Il va pouvoir servir de médiateur mettant en réseau les professionnels, les administrations, la formation et la recherche et encourageant les échanges. L’essentiel est de donner l’impulsion et de conserver la volonté d’un questionnement permanent. Parmi les nombreuses réalisations de la 27e Région, on peut citer « l’échantillonneur de lycée », un outil simple de type jeu de carte constitué de quatre catégories : Visions (priorité politique particulière attribuée au lycée), Idées (proposition inspirante qui contribue à concrétiser une vision), Processus (une méthode qui contribue à changer la façon dont est conçu le lycée), Exemple (cas réel issu d’un établissement et permettant d’illustrer ou d’atteindre une vision). Ces cartes permettent de faciliter le dialogue entre parties prenantes des lycées, le but étant de produire des visions désirables et riches pour la construction d’un futur lycée. Chaque intervention fait appel au design de service et cherche fortement à stimuler l’intelligence de la collectivité.

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Design politique

MOYENS MIS EN OEUVRE LE DESIGN SOCIAL

POLITIQUE Du grec politikos « de la cité (polis) ». On entend par politique tout ce qui est relatif à la cité, au gouvernement de l’Etat et à l’organisation de la société.

LA 27ème REGION Conçue en 2008 comme un « laboratoire de transformation publique », la 27e Région est présidée par le député Christian Paul, et a été cofondé par Stéphane Vincent et le designer Romain Thévenet. La 27e Région anime en partenariat avec les Régions des programmes de recherche-action visant à explorer l’apport du design, des sciences humaines et de la culture open source dans la conception des politiques publiques.

L’échantilloneur du lycée, 27ème Région,

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LE DESIGN SOCIAL

Individu & Comportement

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LE DESIGN SOCIAL

P

our conclure sur notre position, alors que le design se limite encore trop, à satisfaire des désirs superficiels et momentanés, nous voulons revenir aux besoins fondamentaux de l’homme, négligés. Qu’ils soient économiques, psychologiques, techniques, spirituels (etc..), ils sont certes, difficiles à évaluer, mais restent bien plus important que les besoins provoqués jusqu’alors. Nous dénonçons là, la responsabilité du designer dans la société de consommation, et recommandons le respect des valeurs premières pour la profession. Après avoir été au service de l’industrie et plus particulièrement de la société de consommation, le design et le designer doivent retrouver des « règles de conduites éthiques». Cela sans négliger son contexte actuel, axé sur l’innovation, et les nouvelles technologies. Ceci permettra au designer de se poser la bonne question : « Est-ce que mon projet participe ou non réellement au bien-être social, pour l’individu et/ou pour la société ? ». C’est pourquoi nous proposons un ensemble de commandements, et une nouvelle plaquette de formation pour la licence design et arts appliqués de bordeaux 3.

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Les 15 Commandements

LE DESIGN ANNEXES SOCIAL

1/ Tu placeras l’individu au cœur de tes préoccupations. 2/ Tu t’attacheras à améliorer le quotidien d’autrui. 3/ Tu devras être capable de te mettre à la place d’autrui pour pouvoir anticiper ses besoins. 4/ Tu devras aider les plus démunis qu’ils se trouvent à l’international ou sur le pas de ta porte. 5/ Tu resteras humble, tu ne te prendras point pour le sauveur de l’humanité. 6/ Tu t’assureras de l’accessibilité de ton projet d’un point de vue économique. 7/ Tu n’utiliseras guère le terme «design» en tant qu’adjectif. 8/ Tu devras avoir conscience que le design se joue autant dans sa finalité que dans son processus et les comportements qu’il engendre. 9/ Tu devras faire valoir l’importance du design auprès des entreprises et des services publiques. 10/ Tu seras temporellement flexible dans ton emploi du temps. 11/ Tu sensibiliseras le publique au design et à ce qu’il peut lui apporter. 12/ Tu seras soucieux des problèmes liés à l’environnement que ce soit dans le choix des matériaux, dans le processus de création et la durabilité de ton projet. 13/ Tu favoriseras l’échange et le débat entre personnes issus de champs disciplinaires différents. 14/ Tu ne favoriseras pas la surconsommation d’une société zapping en proposant des solutions qui répondent à de faux besoins. 15/ Tu seras attentif aux évolutions de ton temps. Tu ne seras pas réfractaire à l’innovation et aux nouvelles technologie.

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Emploi du temps Bdx3

: pratiques

LE DESIGN ANNEXES SOCIAL

Taux horaire / sem. :

25.6 h : théories

+ une journée de 9h00 environ dédiée aux workshop (2x/semestre) et aux stages

: workshop et/ou stages

Mise à disposition d’ateliers de prototypage et d’une salle ouverte 24h/24 afin de pouvoir réaliser :

LES NUITS BLANCHES DE LA MAISON VERTE et travailler à plusieurs

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LE DESIGN SOCIAL

Individu & Comportement

Université Michel de Montaigne Bordeaux 3 Nov. / Déc.

2 0 1 3 Barbara OLIVEIRA Domitille LESPIRRE Emilie LAGARRUE Laureline GELLIE

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