Vivre ensemble, l'habitat groupé comme réponse au vieillissement

Page 1

Février 2020

Laurène ROUX

VIVRE ENSEMBLE

VIVRE ENSEMBLE

L’habitat groupé comme réponse aux enjeux du vieillissement

Encadré par Jean-François Laurent et Léo Legendre ENSA Paris Val de Seine - DE 4 : Faire : préparer au métier d’architecte Février 2020


Vivre ensemble

2


Laurène ROUX

VIVRE ENSEMBLE L’habitat groupé comme réponse aux enjeux du vieillissement

Encadré par Jean-François Laurent et Léo Legendre ENSA Paris Val de Seine - DE 4 : Faire : préparer au métier d’architecte 2020 3


Vivre ensemble

4


Vivre ensemble

REMERCIEMENTS

Je tiens en premier lieu à remercier mon tuteur Jean-François Laurent pour son temps,

son écoute, et ses précieux conseils. Merci de m’avoir soutenue jusqu’au bout de ce projet, qui ne fût pas sans difficultés; et également d’avoir su comprendre ma manière de travailler, et de m’avoir aidé à la façonner jusqu’au bout.

Je tiens également à remercier Léo Legendre, mon deuxième tuteur, pour sa présence

récurrente, son écoute précieuse, sa connaissance du sujet, et ses questionnements qui ‘mont aidé à pousser ma réflexion plus loin.

Un grand merci à ma famille, qui ont su me soutenir, à ma cousine, pour son soutien

moral infaillible, et bien sûr mes grands-mères, qui furent mes premières interlocutrices dans le partage de mes recherches. J’ai également une pensée pour mes grands-pères, qui ont toujours été fiers de me savoir architecte en devenir.

Et enfin, un immense merci à mes camarades de l’atelier, qui forment depuis six ans

maintenant un soutien solide, en me procurant un environnement de travail idéal, en sachant être sérieux mais aussi décontractés quand il le faut. Je tiens à remercier en particulier Camille, ma voisine dans le calbo, qui a su m’écouter et me soutenir durant toutes les étapes de cette année importante.

5


Vivre ensemble

6


Vivre ensemble

PRÉAMBULE

Le travail de projet de fin d’étude s’est appuyé sur les recherches qui ont été mené

pour le travail du mémoire. En effet, ce dernier traite du sujet habitat et vieillissement et a été l’origine de l’ensemble des ces réflexions. Il a semblé juste d’entreprendre une travail architectural suite aux recherches théoriques effectuées pour le mémoire. Ce travail ne vise pas à imposer une manière de penser, et ne prétend pas inventer un nouveau mode de vie, mais a pour dessein de s’intégrer dans une mouvance existante, en plein essor aujourd’hui. C’est également pour moi l’occasion de commencer à réfléchir à ce type de problématique sociale, qui ont pris une réelle importance dans mes projets professionnels.

7


Vivre ensemble

SOMMAIRE REMERCIEMENTS

P.3

SOMMAIRE

P.6

INTRODUCTION

P.11

PARTIE I : UNE NOUVELLE FORME DE LOGEMENT POUR LES RETRAITÉS.

P.15

I. L’enjeu résidentiel du vieillissement II. Le développement de la solidarité citoyenne: du bien vivre au bien vieillir PARTIE II : BAR-LE-DUC, LA BELLE ENDORMIE

P.49

I. Un territoire reculé à l’identité forte II. Le pays barrois du XXIème siècle PARTIE III : UN PROJET AU CŒUR DU CENTRE-VILLE I. Les relations entre le centre-ville et son paysage proche : l’Ornain II. L’emprise du stationnement et les flux conflictuels III. Le parking des Minimes : à la jonction des problématiques urbaines à Bar-le-Duc 8

P.67


Vivre ensemble

IV. Matérialité et construction V. Quelles opportunités pour l’avenir ?

CONCLUSION

P.87

BIBLIOGRAPHIE

P.90

WEBOGRAPHIE

P.94

VIDÉOGRAPHIE

P.95

9


Vivre ensemble

10


Vivre ensemble

«Il est bon d’être ancien, et mauvais d’être vieux» Victor Hugo, 1840

11


Vivre ensemble

12


Vivre ensemble

INTRODUCTION

La «maison de retraite» a une image défavorable dans l’imaginaire collectif. Il n’est pas

nécessaire d’être architecte, médecin, ou même âgé, pour la plupart des individus, pour évoquer le souhait de ne pas finir ses jours en EHPAD 1, ou en «Hespérides» 2. Chacun, au cours de sa vie, est confronté au vieillissement, que ce soit en côtoyant des proches, ou en étant confronté à son propre vieillissement. Ce sont ces expériences qui ont fait naître le souhait de mettre des réflexions architecturale au service des personnes âgées. Plusieurs cours sur le logement, et notamment le logement alternatif et participatif, suivis durant la première année de master, ont fait naître un rapprochement entre des formes de logement plus solidaires et les personnes âgées. La dimension sociale de ce projet de fin d’étude est alors apparue.

Le vieillissement de la population est un phénomène connu de tous, mais peu évoqué,

et de la moindre manière par les architectes. Il est cependant certains que ce changement démographique aura des impacts socio-économique sur la société occidentale actuelle. La réflexion qui a été menée ici s’appuie d’abord sur un fondement théorique : l’étude du vieillissement en lui-même. Afin d’offrir la meilleure attention au projet final, la compréhension de la vieillesse et de sa place au sein de la société ont été étudiées en détails. L’a priori qui existe autour des maisons de retraites a également fait l’objet d’une analyse poussée afin de comprendre qu’est-ce qui, dans la conception de l’espace, donne cette image néfaste à ces modèles de logement.

La mise en relation de l’habitat alternatif et du vieillissement a mis en lumière des expé-

riences de logements qui proposent une alternative au logement traditionnel pour personnes âgées. C’est de l’analyse de ces expériences qu’est née l’envie de développer un projet dans cette dynamique d’alternative plus solidaire. Les analyses sociales et spatiales de ces modèles de logement différents permettront de soulever les aspects qu’il sera nécessaire de pousser 1 2

Établissement d’Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes Les Hespérides sont une marque de résidence service très répandue en France.

13


Vivre ensemble

encore plus loin dans le projet final, d’une manière très théorique en premier lieu, et ensuite sur un site concret. Cela nous emmènera dans l’Est de la France trouver un site à l’identité forte et aux nombreux enjeux.

Ce projet cherchera à proposer une alternative à la maison de retraite traditionnelle,

et tentera de produire de l’espace susceptible de répondre à certains enjeux, notamment sociaux, du vieillissement.

14


Vivre ensemble

15


Vivre ensemble

16


Vivre ensemble

PARTIE 1 UNE NOUVELLE FORME DE LOGEMENT POUR LES RETRAITÉS Intentions programmatiques

17


Vivre ensemble

I) L’ENJEU RÉSIDENTIEL DU VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION 1) Le changement démographique

La vieillesse

En France, l’espérance de vie est aujourd’hui de 85,3 ans pour les femmes et de 79,5

ans pour les hommes ; en vingt ans, elle a respectivement progressé de trois et cinq années. L’âge moyen de la population augmente, et est passé de 36,87 ans en 1991 à 41,42 en 2007 (INSEE, 2018), ce qui est dû à l’allongement de l’espérance de vie, ainsi qu’à la baisse de la natalité. Le vieillissement de la population entraîne un changement sociétal majeur. En effet, l’augmentation du nombre de personnes âgées mène à des changements dans la politique française pour répondre à plusieurs enjeux, notamment en terme de santé, d’économie, et de société.

Petit à petit, l’évolution de la vieillesse et de sa perception fait évo-

luer les mots que l’on emploie pour désigner cette période de la vie. Les termes comme « vieux » et « personnes âgées » sont désormais attachés à l’image de la vieillesse inactive et dépassée. L’émergence d’une retraite dynamique a fait naître de nouveaux termes pour qualifier les personnes âgées. Avec le vieillissement de la population, et donc une période de vieillesse plus longue, et la préoccupation des politiques pour ce fait de société, la notion de « troisième âge » est née. Il s’agit des personnes retraitées actives, qui profitent de leur temps libre pour se divertir, une nouvelle période de vie sociale où les loisirs sont au cœur du quotidien. Cependant, cette catégorie du « troisième âge » a laissé de côté les personnes les plus âgées. Le temps du « quatrième âge » désigne donc les personnes âgées que l’on appelle « dépendantes », c’est -à-dire qui sont touchées par une déficience physique ou mentale, et qui nécessitent une aide dans les gestes quotidiens. 18


Vivre ensemble année de naissance

1823

100

1813

90

hommes

1833

année de naissance

âges

1914

1813

1823

femmes

80

1833

1843

70

1843

1853

60

1853

1863

50

1863

1873

40

1873

1883

30

1883

1893

20

1893

1903

10

1903

1913

0

500 400 effectif en milliers

1813

300

200

100

0

année de naissance

âges

2014

100

100

200

300

1913 400 500 effectif en milliers année de naissance 1813

90

1823 1833

0

hommes

1823

femmes

80

1833

1843

70

1843

1853

60

1853

1863

50

1863

1873

40

1873

1883

30

1883

1893

20

1893

1903

10

1903

1913

0

500 400 effectif en milliers

300

200

100

0

0

100

200

300

Baby-boomers

1913 400 500 effectif en milliers

L’évolution de la pyramide des âges entre 1914 et 2014 montre les baby-boomers arrivant à la retraite âges

hommes

femmes

âges 100

100

90

2060

90

80

80

70

70

60

60

2007

50

50

40

40

30

30

20

20

10

10

0

0 500 effectif en milliers

400

300

200

100

0

100

200

300

400

500 effectif en milliers

Les prévisions de l’évolution de la structure de la population en France en 2060 de l’INSEE

19


Vivre ensemble

L’évolution de la perception des personnes âgées

Selon l’OMS, une personne est âgée à partir de 60 ans, cette donnée restant ce-

pendant subjective, et médicale. En effet, certains individus de 60 ans sont encore actifs, et ne présentent pas de signes de diminutions mentales ou physiques liés à la vieillesse. Cependant, dans une société où la jeunesse est mise en avant, c’est l’image du « petit vieux » dépendant qui vient à l’esprit lorsqu’on évoque les personnes âgées. Le sociologue Edgard Morin parle de continuum des vies, et explique que l’âge n’est pas un nombre d’années, mais bien un état psychologique et social. La vision des personnes âgées dans la société doit donc évoluer en même temps que le changement démographique.

Cependant, même si des idées nouvelles sur la vieillesse voient le jour, le vieillissement

reste perçu comme un problème de société aux conséquences notables sur les aspects sociaux et l’économie du pays.

Ainsi, les relations intergénérationnelles ont évolué avec le déploiement de la solida-

rité publique et l’État providence. Bien que chaque membre de la famille puisse acquérir plus d’indépendance grâce à l’implication de l’État, la prise en charge de l’aide aux personnes âgées par l’État laisse plus de place aux liens familiaux. Les enjeux du vieillissement

Depuis le début des années 2000, un grand nombre d’institutions se penchent sur la

question de la transition démographique, d’autant plus que la France connaît un pic de vieillissement en raison de l’arrivée à la retraite des baby-boomers. On trouve un grand nombre d’articles et de publications sur les effets de ce phénomène et trois enjeux apparaissent : un enjeu en matière de santé, un enjeu économique, et un enjeu social.

- L’enjeu médical et de la dépendance

La vieillesse est associée à de nombreux dysfonctionnements biologiques, et à un ac-

croissement des risques avec l’augmentation de l’âge. L’organisme se fragilise avec le temps et les personnes âgées sont plus sujettes à des maladies, chroniques (arthrose, diabète, maladie

20


Vivre ensemble

cardiovasculaire, cancer) ou aiguës, et les chances de s’en remettre s’amenuisent.

L’apparition du troisième âge a distingué les personnes âgées actives et dynamiques

des personnes du quatrième âge, plus âgées. Dans les années soixante-dix, les médecins gériatres ont abandonné le terme de « handicap » pour le remplacer par « dépendance » (Ennuyer, 2002). Cette notion de « dépendance » pour les personnes âgées n’a plus de lien avec sa signification sociale d’origine, il s’agit désormais d’une vision médicale de la vieillesse, qui véhicule une image diminuée des personnes âgées (Caradec, 2015).

Ces personnes dépendantes sont confrontées à une perte d’autonomie et sont donc

accompagnées dans beaucoup de cas par des aidants. La plupart du temps, ce sont des membres de la famille ou des proches, mais ils peuvent aussi être des professionnels issus du secteur de l’aide à domicile. Quoiqu’il en soit, moins une personne est autonome, moins elle peut rester seule. Cependant, de nombreuses personnes âgées vivent seules. Les maladies dégénératives sont de plus en plus fréquentes. Les personnes qui en sont atteintes, en vivant seules, sont plus exposées que la moyenne aux accidents de la vie courante (Bourgeois, Couturier, Tyrell, 2009).

Il est indéniable que le vieillissement de la population entraîne des problématiques liés

à la perte des fonctions cognitives. La prise en charge des personnes âgées par le système de santé est donc de plus en plus importante. L’Union Européenne s’est donné pour but d’augmenter de deux ans les années de vie en bonne santé des citoyens européens (CHU Montpellier).

- L’enjeu économique

L’un des premiers impacts est l’accroissement du « ratio de dépendance économique

», qui correspond au nombre d’actifs par rapport au nombre de personnes de plus de 65 ans. Ce ratio devrait passer de 28% en 2013 à 46% en 2050 (Bernard, Hallal, Nicolaï, 2013). Cependant, ce ratio augmentant sensiblement, les discours politiques ont évolués, cherchant à promouvoir le travail des salariés âgés. Pour le moment, la tendance ne s’est pas encore inversée, et la question de « l’emploi des seniors » reste d’actualité.

De ce fait, la moyenne des retraites est en dessous de la moyenne des salaires na-

tionaux avec une moyenne de 1322€ brut pour les retraites, contre 2998€ brut pour la population active (INSEE, 2014). Cependant, ce n’est pas dans le montant des retraites que les

21


Vivre ensemble

dépenses publiques devraient le plus augmenter, mais dans la santé et les soins de long terme (Aging report, 2012). Effectivement, l’espérance de vie augmente, mais l’espérance de vie en bonne santé n’augmente pas aussi vite.

La société et l’économie s’adaptent à l’augmentation de la durée de vie et de nou-

veaux types d’activités post-retraites voient le jour. Un ensemble d’activités économiques liées à la vieillesse se développent, ce qu’on appelle la «silver économie». Le conseiller Frédéric Serrière distingue deux visions ou filiales dans cet ensemble :

- le marché du grand âge, qui concerne le service à la personne, la prise en charge

des personnes âgées dépendantes et la santé,

- le marché des séniors : les jeunes retraités sont aujourd’hui acteurs d’une nouvelle

vague d’activités culturelles, sportives, sociales, et touristiques.

C’est sous le mandat de François Hollande que la «silver économie» trouve sa place

dans les axes stratégiques de l’économie française.

- L’enjeu social

Les personnes âgées sont confrontées, comme d’autre catégories sociales fragiles, à

l’isolement social. Selon les chiffres donnés par l’institut CSA en 2017, à peu près un quart des seniors sont isolés soit de leur cercle familial, soit de leur cercle amical, soit de leur voisinage ; et plus de la moitié sont isolés du cercle associatif. L’une des causes est que le fait de s’occuper de ses parents jusqu’à la fin a disparu des mœurs. D’autre part, la philosophie du « jeunisme » qui associe la vieillesse à l’obsolescence les exclut naturellement de la société.

Thérèse Clerc souligne qu’il est nécessaire de « contrer l’image des « vieux » dans la

société ». Selon elle, les personnes âgées ne sont plus que marketing ou objet de « care ». La «silver économie» ne serait pas du tout bénéfique pour eux, et utiliserait les seniors comme un outil de profit économique. Et les instances publiques diviseraient le troisième âge en deux catégories : les indépendants et les dépendants. Thérèse Clerc insiste donc sur le fait que les personnes âgées ne sont plus vus comme « des sujets à part entière, autonomes et capables d’apporter quelque chose à la société » (Anfrie, Cassilde, 2014).

22


Vivre ensemble

On constate donc que ces changements socio-économiques conduisent à une frag-

mentation de la population des séniors. On peut distinguer trois catégories : les séniors actifs, les séniors fragiles et les séniors dépendants. Aujourd’hui, les structures d’accueil et de prise en charge pour personnes âgées sont globalement dédiées aux personnes dépendantes médicalement, alors que les deux autres catégories prennent une place de plus en plus importante dans la société, et ne peuvent plus être laissé à l’écart. Le vieillissement biologique, ainsi que les retraites, différencient cette catégorie par rapport aux adultes actifs. Les personnes retraitées sont donc plus exposées à des diminutions physiques ou mentales, et à l’isolement social.

2) L’offre actuelle du logement pour les personnes âgées

Si le vieillissement de la population française soulève de nombreux enjeux, la question

du logement pour les seniors est un aspect primordial. En effet, qu’elles soient confrontées à des diminutions mentales ou physiques, ou encore à l’isolement social, les personnes âgées peuvent avoir besoin d’un modèle de logement adapté à leur situation.

23


Vivre ensemble

L’histoire et l’évolution du logement pour personnes âgées

Avant le XIXème siècle, les personnes âgées dépendantes en fin de

vie étaient logées dans des hospices ou des établissements religieux, aux côtés des pauvres et des malades. Au début du XIXème siècle, en architecture, le mouvement hygiéniste voit le jour. L’hygiénisme est un courant qui regroupe l’ensemble des théories de conception d’architecture et d’urbanisme dans un souci de garantie de l’hygiène et de prévention des maladies. L’apparition de ce courant, couplé aux progrès de la médecine et de la gériatrie, mène l’habitat pour personnes âgées à évoluer, avec notamment la prise de conscience de l’importance de la ventilation et de l’ensoleillement dans les bâtiments. La maison de retraite est née, elle évoluera tout au long du siècle avec les mouvements architecturaux que l’on connaît. Le modernisme amènera le confort dans la cellule d’habitation, le brutalisme proposera des réflexions autour de la circulation et de son espace. Dans les années soixante-dix, sous l’influence du Team X, qui s’appuyaient sur les travaux d’Alberti sur l’habitat (« la maison est une petite ville et la ville est une grande maison »), des expériences architecturales ont vu le jour. Les architectes comparent l’habitat collectif pour personnes âgées à un village, à une ville, et même à une maison, et réfléchissent à la vie en communauté au sein de leur bâtiment. Une réelle réflexion se fait sur les espaces de circulation et les espaces partagés. Plus tard, d’autres architectes se sont également penchés sur le sujet, comme par exemple Mario Botta, qui expérimentera la forme du cercle, ou Peter Zumthor, qui réfléchira à la mémoire et au sens, et qui cherchera l’authenticité dans son bâtiment. Ce n’est qu’à l’aube des années 2000 que le logement pour personnes âgées trouvera sa place au sein d’hybridations programmatiques, au côté de stades ou de centres commerciaux, entre autres. De toute l’histoire du logement pour séniors, on peut observer que la question de l’espace commun liée à celle de la vie communauté a été prise en compte par les architectes.

24


Vivre ensemble

Mixa ge p rog ram 20 ati 0 qu e

e èm X >X

0 ens et s

1910

oire ém M

1930

Le cercle

Hygiénisme

1990 L

198 0

Mo de

ph

éta

llisa

ti o

M

ns

nor diq u

es

Brutali

sme

70 19

0

me

ore

s

rnis Ré a

19 5

1960 Cellule d’habitation

Circulation

Espace partagé

Frise chronologique de l’histoire du logement pour personnes âgées (production personnelle)

Cette frise chronologique a été réalisée dans le but de comparer les expériences architecturales qui ont été réalisées au cours du XXème siècle dans le logement pour les personnes âgées. Au cours de l’analyse, c’est la réflexion sur les parties communes qui est apparue comme étant la plus importante pour les architectes dans ce type de logement. Grâce à cette frise chronologique, le rapport d’espace entre cellule d’habitation, circulation et espace partagé peut être comparé pour chaque exemple donné.

25


Vivre ensemble

Les établissements médicalisés : les EHPAD

Aujourd’hui, les institutions ont mis en place des modèles de logement afin d’accueillir et

répondre aux besoins des personnes âgées. La plus connue d’entre elle est l’EHPAD : Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Les EHPAD sont des centres publics ou privés à but lucratifs, qui accueillent temporairement ou non des personnes âgées nécessitant des soins médicaux quotidiens. Ces établissements accueillent près de 5% des plus de 65 ans (Institut Montaigne).

Aujourd’hui, de nombreux projets d’architecture contemporaine d’EHPAD existent. Un

exemple récent et qui a soulevé l’attention est une maison de retraite aux Batignolles, conçue par les architectes de l’Atelier du Pont. Le programme est inclus dans un projet de macro-lot multi-programmatique qui comprend du logement social et en accession, un centre religieux, des commerces ainsi qu’un parking. En étant intégré au coeur de la ville, ce bâtiment répond aux problématiques et exigences du logement pour personnes âgées dépendantes. La cellule d’habitation a été conçue pour que les habitants puissent voir l’extérieur depuis leur lit ce qui permet, d’une part, de ne pas les déconnecter de l’extérieur, et d’autre part de donner à la façade une forme dynamique et saillante. Malgré ces réflexions intéressantes de la part des architectes, ce bâtiment présente aussi des difficultés auxquelles le logement pour retraités fait face. La première est liée à la cellule d’habitation. En effet, même quand celle-ci est bien conçue, et qu’elle est adaptée, elle accentue généralement la dépendance des habitants d’EHPAD : elle ne possède pas de cuisine, uniquement une salle de bain, des rangements, et un lit, simple pour la plupart. Malgré les nombreux discours qui préconise une architecture des EHPAD qui se rapproche du « chez-soi » (Lancelle , 2016), cette cellule d’habitation ressemble plus à une chambre d’hôtel impersonnelle qu’à un réel lieu de vie où les habitants ont peu de possibilités d’appropriation de l’espace. D’autre part, ce lieu de vie n’est pas le lieu où l’on reçoit la famille. Les espaces de vie et d’accueil sont partagés, ce qui permet de développer une vie en communauté au sein de la maison de retraite, mais qui ne respectent pas toujours le caractère privé que peuvent avoir les relations familiales. Dans un article publié en prévision de la Paris Healthcare week 2019 sur l’architecture des EHPAD, il est clair que le modèle doit faire face à l’évolution rapide du nombre de personnes âgées et de leur profil. Selon Agathe Tournier-Démesure, architecte, l’autonomie des résidents, la proximité avec le personnel et le

26


Vivre ensemble

caractère domestique de l’établissement sont les lignes directrices indispensables à l’élaboration d’un projet d’EHPAD. Les solutions non médicales

Il existe également des modèles de logements pour personnes âgées non dépen-

dantes médicalement, qui se veulent être des alternatives aux EHPAD. Il en existe deux types : les résidences services et les résidences autonomie, la plus grande différence étant le statut public ou privé de l’établissement.

Les résidences services sont à mi-chemin entre les EHPAD et le logement individuel.

Ce sont des groupements d’appartements destinés aux personnes âgées seules ou en couple ne voulant ou ne pouvant plus vivre isolées. Ces résidences proposent un panel de services, payants, tels que des restaurants, blanchisseries, animations, services para-médicaux, ménage, etc. Elles sont généralement privées et les loyers sont assez chers.

Les résidences autonomies sont publiques, et proposent à peu près les mêmes services

et prestations que les résidences services, mais à coût réduit. D’autre part, ces dernières sont considérées comme « établissements et services sociaux et médico-sociaux » et sont donc régies par le code de l’action sociale et des familles. Cependant, ce type de logement ne concerne que 1,3% des plus de 65 ans (institut Montaigne). En effet, le logement institutionnalisé n’apparaît pas comme une solution pour les personnes âgées autonomes, qui peuvent donc encore potentiellement vivre à domicile. En effet, si on analyse les réalisations récentes de résidence pour séniors, il y a beaucoup de points communs avec l’EHPAD. Bien que les personnes âgées soient indépendantes et encore capables de vivre seules, les cellules d’habitation de ce genre de résidence sont encore démunies de cuisine, malgré un plus grand espace de vie qui permet d’accueillir famille et invités plus aisément. D’autre part, ces établissements ne permettent pour la plupart pas de mixité intergénérationnelle, et peuvent donc se transformer en « ghetto de vieux » et devenir une étape avant l’entrée en EHPAD. Cependant, les services qui y sont proposés ne sont pas sans avantages pour les personnes seules où diminuées. La loi « adaptation de la société au vieillissement » de 2016 inclut un décret relatif aux résidences autonomie qui établit les règles et le cahier des charges d’une résidence autonomie publique. Dans ce décret, il est stipulé que la structure doit proposer à ses habitants des services tels

27


Vivre ensemble

qu’une blanchisserie, un service de restauration, et un service de ménage.

Ces modèles de logement pour personnes âgées indépendantes sont effectivement

des alternatives aux EHPAD, mais restent cependant très institutionnalisées, et ne permettent pas aux habitant de participer ni dans la conception, ni dans la gestion de leur logement. D’autre part, il est très difficile pour les habitants de s’approprier l’espace de leur logement, tant ce dernier est impersonnel et reproduit de manière similaire.

Tous ces modèles de logement sont hérités de l’institutionnalisation des parcours de

vie qui a eu lieu avec la révolution industrielle. La tripartition de la vie (la jeunesse pour apprendre, l’âge adulte pour l’activité productiviste, et la vieillesse pour la retraite) est désormais bouleversée (Caradec, 2015).

28


Vivre ensemble

Nursing home Wilder Kaiser Dürschinger Architekten Autriche - 2017

Maison senior Marie Curie CoCo Archietcture France - 2014

NURSING HOME Atelier du Pont Paris - 2015

Analyse de références de logement pour personnes âgées (production personnelle)

29


Vivre ensemble

3) Logement et dépendance : problématique

Malgré l’augmentation du nombre de personnes âgées, ainsi que les changements

familiaux, la perception que l’on a des vieux n’évolue pas, ils représentent toujours une catégorie sociale problématique pour la société. Il est admis que le vieillissement amène des changements socio-économiques non négligeables, mais la perception des personnes âgées doit changer. La société ne s’adaptera pas au vieillissement si elle en exclut les personnes âgées.

L’un des enjeux traités ici est le logement, et l’analyse de l’offre actuelle de logements

pour les personnes âgées dévoile une production architecturale récente, datant du début du XXème siècle, qui fait face à de nombreuses critiques. Ces logements sont extrêmement institutionnalisés, et ne permettent pas d’appropriation de l’espace par ses habitants. Ainsi, les solutions de logement pour personnes âgées ne répondent pas, aujourd’hui, à la totalité des enjeux socio-économiques qu’entraînent le vieillissement de la population. D’autre part, la loi ELAN fait régresser l’accessibilité dans le logement, mais amène la notion «d’évolutivité», qui est intéressante, mais qui demande à être définie afin d’être démocratisée à l’échelle nationale. Existe-t-il une offre de logement alternative à la maison de retraite traditionnelle ? Existe-t-il des formes de logement qui permettraient de changer la perception des personnes âgées ?

30


Vivre ensemble

II) LE DÉVELOPPEMENT DE LA SOLIDARITÉ CITOYENNE DANS L’HABITAT : DU BIEN VIVRE AU BIEN VIEILLIR 1) Définitions

Les origines

A partir du XIXème les philosophes, sociologues et architectes ont

commencé à questionner la question du logement et de l’habiter. L’habitat est perçu au-delà de ses capacités à abriter et à protéger, et ne se réduit plus à sa dimension fonctionnelle. Cela concorde avec l’apparition de courants utopistes et anticapitalistes, qui sont à l’origine des premières expériences de logements alternatifs. Des philosophes ont créé les premières formes de logements différents, comme la phalanstère de Charles Fourier ou le familistère de Jean-Baptiste André Godin, qui permettent coopération, collectivisme et sociabilité générale. Dans les années 1960, la crise du logement provoque un développement urbain important et fait naître les grands ensembles et les zones pavillonnaires.

En France dès le début du XXème siècle, on assiste à l’apparition

de constructeurs plus humains, et les prémices du logement social, et des coopératives HLM. Mais au fur et à mesure des années, l’État prend de plus en plus de place dans la production de logement social, et c’est dans ce contexte que commence à se développer des formes de logements contestataires comme les squats ou l’auto-construction (Bacqué et Carriou, 2012). En parallèle apparaissent les coopératives d’habitants, un montage juridique qui permet une gestion totale du logement et des coûts par les coopérateurs. Ce sont également les prémices de l’auto-promotion, lorsque les coopérateurs participent à la conception de leur logement. Ces expériences d’habitats auto-gérés et/ou auto-construits ont vu le jour notamment avec les mouvements de 1968. Ces expériences, qui s’appuyaient sur le

31


Vivre ensemble

statut de coopérative d’habitant pour exister, ont cependant été ralenties par la loi Chalendon de 1971, qui met fin au statut de coopérative d’habitants. Se créé alors un mouvement appelé MHGA1, qui mettra en place un montage juridique permettant à des habitants d’auto-gérer leur logement, tout en étant en copropriété.

C’est dans les années 2000 que ces expériences suscitent de

nouveau un intérêt, grâce à l’influence des pays voisins, notamment l’Allemagne, et le concept de baugruppen2. C’est dans l’héritage des courants de pensée des années soixante et soixante-dix, et avec de nouveaux enjeux liés au XXIème siècle3, que naît une volonté de la part de certains individus d’habiter autrement, de privilégier le lien social, de mettre en place des modes de vie spécifiques, dans une conscience écologique, et une volonté de participation à leur cadre de vie.

C’est en 2014 que la loi ALUR réintroduit les coopératives d’habi-

tants, et permet leur développement à nouveau. Aujourd’hui, ces coopératives, bien que marginales, œuvrent pour l’accès au logement à moindre coût, en confrontation avec la logique marchande et spéculative menée par les grands investisseurs privés qui existe autour du logement (Maury, 2011). Ces formes de logement plus solidaires, basées sur la gestion, et parfois la conception du logement par leurs habitants est appelé «habitat participatif», et gagne aujourd’hui en attractivité.

Aujourd’hui, c’est « L’implication d’un groupe d’habitants dans la

conception, la construction, et la gestion de leur logement » (2013) qui définit l’habitat participatif selon l’institut de l’aménagement et d’urbanisme. En 2014, la loi ALUR comprend un paragraphe sur l’habitat participatif, et le définit comme une alternative à la promotion immobilière sociale ou privée classique. 1 Mouvement pour l’Habitat Autogéré 2 Baugruppen ,en allemand, signifie groupe de construction, et désigne l’habitat groupé er l’autopromotion.

3 32

Crise du logement et crise économique.


Vivre ensemble

Le logement alternatif en France aujourd’hui

C’est à Strasbourg qu’apparaît le terme d’auto-promotion pour la

première fois en France. En effet, en Allemagne, le concept de baugruppen existe depuis quelques années, et a fait notamment naître le quartier Vauban à Fribourg, proche de la frontière. C’est alors qu’un groupe de citoyens strasbourgeois a voulu s’en inspirer et reproduire l’expérience dans leur ville. Ces citoyens sont tous des sympathisants de la cause écologique et pratiquent déjà des systèmes d’échange local ou fréquentent des écoles à la pédagogie alternative. Après des début compliqués pour se faire entendre, le groupe rencontre des difficultés dans les décisions à prendre sur le projet, puis dans le statut juridique de leur construction, mais l’immeuble Éco-Logis voit le jour en 2010, après un long combat, et devient l’emblème de l’auto-promotion strasbourgeoise (Debarre et Steinmetz, 2012) . Aujourd’hui, l’auto-promotion a sa place à Strasbourg, la municipalité réserve des terrains pour permettre aux citoyens d’en profiter, et le concept s’étend dans la région et le pays.

Dans le contexte actuel, de crise du logement et de crise écolo-

gique, ces expériences se sont multipliées dans le pays entier. Cependant, elles restent marginales, et très différentes les unes des autres. En effet, elles concernent un public varié, des acteurs de toutes sortes, et sont nourries par différents héritages. Cela les rend extrêmement difficiles à répertorier. La revue scientifique Socio-anthropologie permet à un groupe d’auteurs de tenter un état des lieux de l’habitat alternatif en France. Dans son introduction « Habiter autrement », Laurence Costes présente chacun des articles, qui développent chacun une forme d’habitat alternatif. Malgré les différences et l’hétérogénéité de ses modèles d’habitat, on trouve des valeurs communes qui poussent les habitants à vouloir vivre autrement. La première est la volonté de proposer autre chose, de s’opposer aux modèles existants qui sont parfois imposés. C’est pour cela que chaque projet d’ha-

33


Vivre ensemble

bitat alternatif diffère par sa forme. D’autre part, la conscience écologique grandissante peut amener l’être humain à vouloir habiter plus proche de la nature. Geneviève Pruvost explique que les populations habitant en habitat léger (yourte, roulotte … ) ont choisi ce mode de logement alternatif afin de s’éloigner d’un quelconque encadrement administratif, et dans un rejet d’institutionnalisation.

Outre la valeur écologique, beaucoup de ces expériences émer-

gent d’une dénonciation du modèle socio-économique d’aujourd’hui. Les habitants veulent être des acteurs plus que des consommateurs, en s’opposant à « l’hyper-individualisme de nos sociétés modernes et la perte des solidarités de proximité » (Habitat participatif, PACA). Se crééent des communautés où les notions de solidarité, de citoyenneté et d’entraide sont au coeur de la vie des habitants. Sylvie Denèfle parle « d’humanisme moderne ». A cela s’ajoute le contexte actuel, la crise du logement ainsi que la crise économique qui poussent les habitants à se regrouper et à se tourner vers un mode d’habiter plus économique.

Derrière toutes ces formes d’habitat différents, on peut conclure que

l’habitat alternatif se définit autour de trois dimensions : l’écologie, l’économie, et la solidarité citoyenne, un mode d’habiter alternatif est apparu en réponse aux crises économique, écologique et social (Bresson, 2015).

Dans le contexte du vieillissement actuel, la problématique du loge-

ment est un enjeu majeur. En effet, l’analyse précédente montre que l’offre actuelle de logement pour les personnes âgées ne répond pas aux enjeux socio-économiques qui ont évolués avec le changement démographique. L’habitat alternatif, permettant un mode de vie plus économique et solidaire, ne pourrait-il pas répondre à certains de ces enjeux, comme l’isolement social, ou même la dépendance ?

34


Vivre ensemble

2) Analyse de références

Des expériences de logement alternatifs ont cherché à répondre aux enjeux du

vieillissement de la population. Il est difficile de toutes les répertorier, étant donné leur origine majoritairement citoyenne et leur hétérogénéité. Dans le but de mieux comprendre ces expériences et de comprendre en quoi elle diffèrent par leurs formes et leurs usages du logement traditionnel, quatre expériences ont été analysées plus en détails. Cela permet de donner une idée de ce que ces formes de logement produisent spatialement dans leur ensemble, malgré leur hétérogénéité. Ont choisi d’être analysées : la maison des Babayagas, la résidence intergénérationnelle rue de Chabrol, la résidence service Les Jardins d’Arcadie à Cannes, et la cohabitation au travers du film «Et si on vivait tous ensemble ?».

35


Vivre ensemble

LA MAISON DES BABAYAGAS

Situation Montreuil Architecte

J&S Tabet

Coût Surface Livraison 2013

Atelier Salle polyvalente Étage

Espace extérieur

36

Rez-de-chaussée

Bureau associatif

Potager

Production personnelle


Vivre ensemble

Le projet a été conçu par l’atelier J. & S. Tabet. Il se situe dans une

petite rue de Montreuil, situé dans le périmètre de la ZAC des Îlots de l’Église. La parcelle est entourée de bâtiments de hauteurs moyennes, jusqu’à R+3. Le bâtiment est pensé en forme de H, afin de séquencer l’arrivée dans le bâtiment et d’orienter le bâtiment vers le sud, tout en conservant l’alignement sur la rue. En effet, dans une démarche de qualité environnemental, tous les logements sont orientés vers le sud, l’est ou l’ouest, et la façade nord ne possède pas d’ouvertures. Au rez-de-chaussée se situent deux jardins, l’un à l’est et l’autre au sud, qui abrite les potagers. On y trouve également les espaces partagés, les espaces techniques, et des studios. Les six autres étages abritent les 23 autres logements. La façade est travaillée avec des saillies, qui permettent une variété dans l’organisation des appartements. Le rez-de-chaussée est traité en brique grise, et le reste du bâtiment en béton avec des couleurs, afin d’accentuer le jeu de volume en façade. Le bâtiment ayant pour but d’être labellisé BBC 1 et H&E 2, un soin a été apporté à l’orientation, comme dit précédemment, ainsi qu’à l’isolation, en évitant tout ponts thermiques, et en isolant les acrotères.

Si on compare les plans avec un autre immeuble de logement social,

le seul indice qui indique qui montre un mode de vie spécifique est la présence de salle commune au rez-de-chaussée de l’immeuble. Mis à part cela, le reste de l’immeuble est plutôt classique. Les appartements sont des deux pièces, bien orientés. La surface de la circulation est restreinte et occupe l’espace central du H. La présence de jardin est qualitative mais est fréquente en cœur d’îlot de logement collectif.

En conclusion, la conception architecturale de l’immeuble qui abrite

la maison des Babayagas ne permet pas de lire qu’il s’agit d’habitat autogéré, et donc donne aux retraitées un «chez-soi» intégré à la ville. 1 2

Bâtiment Basse Consommation Habitat & Environnement

37


Vivre ensemble

RÉSIDENCE INTERGÉNÉRATIONNELLE RUE DE CHABROL

Situation Paris Architecte

G. Aperré

Coût

1,4M €

Surface

676 m²

Livraison 2012

Espace enfants Buanderie F

LV

LV

LL LL LL

Appts Appts Coloc Appts Appts Appts Appts Coloc Appts Appts Espaces communs

Cuisine Espace vie

Rez-de-chaussée

Étage

38

Colocation

Production personnelle


Vivre ensemble

L’architecte est Gérald Apérré. Le projet comporte une construc-

tion neuve, et la réhabilitation d’une partie d’un immeuble de bureau. La construction neuve est située en fond de cour, et les colocations intergénérationnelles sont situées au sein de l’immeuble de bureau situé sur rue. Deux étages sur les cinq du bâtiment existant ont été réhabilités pour les colocations. Dans l’immeuble neuf se trouvent dix logements du T1 au T2. Le bâtiment a été labellisé basse consommation, grâce à son isolation par l’extérieur de 20 centimètres, le triple vitrage de ses fenêtres, et le chauffage assuré par une chaudière à condensation, en partie alimentée par les panneaux solaires situés en toiture. La faible consommation du bâtiment permet de réduire les charges pour les locataires. D’autre part, le revêtement en bardage de mélèze, et les terrasses végétalisées donne au projet un aspect contemporain. En rez-de-chaussée se trouvent des espaces communs, en libre accès pour tous les habitants de la résidence. Ce espaces regroupent une buanderie, une grande cuisine équipée, un espace de vie type salon, ainsi qu’un espace pour les enfants. Chaque locataire est libre d’utiliser ces espaces ou non. Même si les colocations ne sont pas dans le même bâtiment, les habitants ont tout de même accès à ces espaces, les deux bâtiments ayant leurs accès situés dans la même cour. Les étages des appartements ne diffèrent pas d’un immeuble de logement classique. Les colocations sont de très grands appartements, avec six chambres, chaque chambre ayant sa salle de bain accolée. Le salon et la cuisine sont partagés, leurs surfaces sont proches de celles d’un salon et cuisine d’un T5 parisien, et ils sont situés au centre de l’appartement.

L’espace architectural laisse des indices quant à la nature du

bâtiment. En effet, la présence d’espaces partagés au rez-de-chaussée n’est pas habituelle dans le logement social. D’autre part, la présence de salle de bain pour chaque chambre, ainsi que la taille des appartements, permettent de reconnaître la colocation.

39


Vivre ensemble

LA COHABITATION

Annie Jean Claude Albert Jeanne

Salle de bain

Salon du logement individuel

à la cohabitation

des usages de l’espace différents selon les saisons

40

Production personnelle


Vivre ensemble

Pour l’étude spatiale de la cohabitation, le film Et si on vivait tous

ensemble ? (2012) de Stéphane Robelin a été étudié. Ce film raconte l’histoire de cinq amis âgés, deux couples et un homme seul, a qui les premiers signes de la dépendance due à la vieillesse se font sentir. En effet, l’un est atteint de la maladie d’Alzheimer, et un autre fait plusieurs infarctus. Ce dernier est placé en maison de retraite par son fils. Face à leur vieillissement, et à la maison de retraite, qui est loin d’être mise en valeur dans le film, ils décident d’aller tous vivre dans la maison d’un des couple de la bande. C’est alors qu’ils sont confrontés à la cohabitation, avec ses avantages et ses inconvénients.

Le film nous montre une maison, spacieuse, avec un grand jardin.

Chacun peut avoir sa chambre, mais la salle de bain et les espaces de vie sont tous partagés. Le film se passant durant la belle saison, les cinq personnages sont souvent montrés dehors, en train de jouer au carte ou de partager des repas. Cependant, dans le cas d’une cohabitation avec des espaces extérieurs, l’usage de l’espace change en fonction des saisons. En effet, durant l’hiver, et même si la maison en question possède de grands espaces de vie, le sentiment de vivre en promiscuité doit être plus présent, et accentuer les frictions possibles. Car si les personnages sont amis depuis des années, le film montre quelques désaccords probables lors de la cohabitation. Ces désaccords concernent le plus souvent les usages et les habitudes de chacun plutôt que l’espace, comme les taches ménagères par exemple. Afin d’accueillir leurs amis, les propriétaires de la maison ont du dégager des espaces afin de leur laisser des chambres, et les espaces communs étant désormais à tous, chacun y amène sa touche afin de se l’approprier. Cela est montré dans un scène ou chacun vient ajouter ses photographies à celles qui étaient déjà présentes sur la cheminée.

Ainsi, la cohabitation ne change pas l’espace en lui-même, mais

cela change les usages de celui-ci.

41


Vivre ensemble

RÉSIDENCE SERVICE : LES JARDINS D’ARCADIE

Situation Cannes Architecte G.H.A. Coût Surface Livraison 2017

Restaurant

Étage Espace détente

Salle de projection

Salle de soin

Salon de thé Rez-de-chaussée

42

Production personnelle


Vivre ensemble

L’exemple de résidence service traité ici est issu d’une chaîne appelé

« Les Jardins d’Arcadie », appartenant au groupe immobilier Acapace. Ceux-ci sont associés à Bouygues Immobilier pour le développement des résidences services en France. Il en existe aujourd’hui 35 sur tout le territoire, et autant en projet. La marque se veut actrice d’un mouvement de « nouvelles résidences senior » en participant au développement de la silver economy. Le bâtiment a été rénové en 2017 par l’agence d’architecture G.H.A. Architectes. Il est situé dans un quartier aisé de Cannes. Le projet compte 80 appartements, du studio au T3, ainsi qu’un large panel d’espace dédié aux services qui accompagnent la prestation. Les loyers se situent entre 700 et 3000€ par mois.

L’immeuble principal de la résidence a des façades plutôt classiques,

avec des balcons filants sur les trois façades orientées au sud, est, et ouest. Des stores extérieurs viennent créé du rythme sur ces façades, non sans rappeler une conception architecturale un peu dépassée. A l’intérieur, les étages ont tout d’un immeuble de logement classique, les appartements ne sont pas très spacieux, mais tous sont équipés avec une salle de bain et une kitchenette, et chacun dispose d’un prolongement extérieur sous forme de loggia. Au rez-de-chaussée se trouvent les espaces communs dédiés aux services proposés par la résidence. Ceux-ci sont assez conséquents. On y trouve un grand espace de restauration, un salon de thé, un espace détente, une salle de projection. A l’extérieur est proposée une piscine. Ces espaces semblent d’une belle qualité, que ce soit en terme de conception architecturale, les espaces ayant été récemment rénové, ou en terme de qualité des services, puisque ceux-ci paraissent extrêmement diversifié. Cependant, la différence avec les exemples cités précédemment est que ces espaces sont gérés par la marque Les Jardins d’Arcadie, et que même si leur accès est gratuit, un bon nombres d’activités sont proposées à un certain coût. Ainsi, si on prend en compte cette caractéristique, ces espaces, bien que qualitatifs, rappellent ceux qu’un hôtel pourrait offrir à ses clients. C’est en cela que les espaces partagés de la résidence service sont moins bien perçus que ceux des autres exemples.

43


Vivre ensemble

3)

L’habitat groupé intergénérationnel : une réponse possible aux enjeux du vieillissement ( intentions programmatiques)

L’habitat groupé ...

Malgré l’hétérogénéité de ces expériences , on retrouve des similitudes entre toutes. En

premier lieu, le fait que ces expériences reprennent les principes de l’habitat groupé. C’est-àdire que les habitants partagent des espaces et des activités, ainsi que la gestion du logement.

logement pour personnes âgées

c

espace commun partagé

publi

semi

logement social

espace équipement public/culturel

commerces

Dans tout les exemples d’habitat alternatifs qui ont été cités pour cette étude, l’une des

principales intentions est le développement de la solidarité citoyenne, par le biais du développement des relations de voisinage et la production de logements collectifs qui tendent à fabriquer des groupes de citoyens. La question qui se pose est de savoir si cette tendance à plus de solidarité entre voisins est induite par la production architecturale et spatiale.

En effet, une résidence d’habitat groupé contient des espaces partagés entre tous les

habitants. Dans beaucoup d’exemple, on trouve une cuisine et un lieu de vie commun, qui permet de se retrouver pour partager un repas par exemple. Lorsque cela est possible, l’habitat groupé intègre des espaces extérieurs communs, ce qui permet d’avoir accès à des jardins et/ ou activités extérieures même lorsqu’on habite un appartement. Des commodités sont également partagées, et permettent d’offrir des équipement, électroménagers par exemple, à des habitants qui n’y ont pas toujours accès. 44


Vivre ensemble

... Intergénérationnel

Ensuite, beaucoup de ces expériences ont trouvé l’intergénérationnel comme une so-

lution face à l’isolement social des retraités, et ce mélange des âges au sein du logement collectif tend à se répandre aujourd’hui en France. En effet, depuis plusieurs années apparaissent des « résidences intergénérationnelles ». Il s’agit de logement social dans lequel vivent côte à côte plusieurs générations. Ce mode d’habiter permettrait d’une part d’offrir une plus grande offre de logements aux personnes âgées, et d’autre part d’encourager les liens entre générations, ce qui permettrait de réintégrer les aînés à la société. Si ce mode d’habiter à une origine citoyenne, avec la cohabitation, l’intergénérationnel tend à s’institutionnaliser en France. Cette idée de mélange de génération au sein d’un même logement n’est pas utopique, puisque ce concept existe dans plusieurs autres pays (Scandinavie, Pays-Bas, Australie)(Bernard, ).

Aujourd’hui de plus grands acteurs du logement se sont emparé du logement inter-

générationnel. Eiffage s’est associé à Récipro-cité pour créer Cocoon-âges : un modèle de résidence intergénérationnelle qui promeut une qualité architecturale associée à une offre de service-animation. Ces résidences se verront dotées de jardin partagés, de logements évolutifs, ainsi que de transports mutualisés, et cherchent à être une réponse durable au problèmes sociétaux actuels, dont le vieillissent de la population et la baisse du pouvoir d’achat. Un projet de résidence Cocoon’Ages fait notamment partie de l’opération immobilière d’envergure Smartseille, qui devra voir le jour à Marseille (Wanaverbecq, 2017).

L’évolution des relations intergénérationnelles au sein de la famille en France fait

diminuer la proportion de cohabitation entre parents et enfants et/ou petits-enfants. Cela a un impact sur les relations sociales des personnes âgées. Ainsi, avec l’allongement de la durée de vie, le maintien à domicile des personnes âgées fait augmenter la demande de care1, qu’il soit familial, professionnel, ou bénévole. Parallèlement, la prise en charge des enfants évolue, bien que le nombre d’enfants n’augmente pas ; les normes changent, notamment au niveau sanitaire et éducatif. Les solutions telles que les crèches et halte garderie sont chères et peu accessibles, et l’augmentation de l’emploi féminin ainsi que du nombre de familles monoparentales rend l’accès au care1 également difficile pour les enfants (Cresson, Gadrey, 2004). En effet, aujourd’hui, on assiste à la « mort sociale avant la mort biologique ». Or, le contact avec 1 Le care désigne l’ensemble des gestes et des paroles essentielles visant le maintien de la vie et de la

45


Vivre ensemble

les enfants pourrait être une réponse à la réactivation de certains rôles sociaux, comme celui de transmettre son expérience et son savoir.

Cet échange intergénérationnel entre personnes âgées et enfants peut être envisagé

à tout moment de la vieillesse, mais si on la met en place dès le début de la retraite, cela permettrait de ralentir la perte de lien social des personnes âgées, et donc de temporiser la perte d’autonomie.

La pétanque est un exemple d’activité physique pouvant regrouper les générations dignité des personnes, bien au-delà des seuls soins de santé (Gagnon, 2016).

4)

Programme détaillé

La résidence comprendra donc une vingtaine de logement, dont 60% de T2 et T3 pour

les retraités, et 40% de T4 et T5 pour des familles avec enfants.

Ensuite, un espace de vie commune réservé aux habitants comprendra une cuisine com-

mune, une buanderie, un espace de salle à manger et de vie, et permettra aux habitants et à leur proche de pouvoir profiter d'un grand espace convivial.

La résidence sera régie par une association, composée d'habitants de la résidence et

possiblement en partenariat avec un bailleur social solidaire et la municipalité. Cette association aura son bureau au sein de la résidence.

Des petits équipements sont intégrés au projet, et peuvent rentrer dans la liste des

espace partagés, mais seront ouverts au public. Ceux -ci ont été divisé en deux familles : de 46


Vivre ensemble

l'activité intellectuelle à l'activité manuelle.

Pour ça, le programme comprend une petite bibliothèque, qui comprend des espaces

de travail (permettant aux enfants de faire leur devoirs par exemple), un espace enfants dans lequel on peut imaginer la mise en place d'atelier de lecture avec les retraités, et un espace actualités pour donner un accès aux journaux locaux et nationaux aux adultes.

On trouvera également un atelier municipal, avec des outils et un espaces de bri-

colage mis à disposition des usagers, ainsi que du matériel de couture. Cela permettra aux habitants de pouvoir réaliser des petits travaux manuels, de transmettre des savoirs tels que la couture, mais également de réaliser des projets créatifs. Enfin, un restaurant solidaire permettra de mettre en valeur le patrimoine gastronomique du site dans des prix raisonnables, et pourra servir des repas gratuit pour les sans-abris et les plus démunis. Le restaurant pourra embaucher des retraités pour quelques heures, s'ils souhaitent compléter leur retraite avec un petit salaire. Ce restaurant pourra également être mis au service de la municipalité pour organiser des événements tels que des repas de Noël, la galette des rois, la fête de la musique.

Enfin, des activités extérieures seront aménagées, en lien avec un espace public. Des

potagers seront mis à disposition des habitants de la résidence, cela permet encore une fois un partage et une transmission des savoirs-faire et du respect des produits. Un boulodrome sera également mis en place. La pétanque étant une activité très pratiquée par les français pendant les beaux jours, et il s'agit d'un sport qui pourra être pratiqué par toutes les générations. Des jeux pour enfants, type balançoire, permettront aux enfants de la résidence de se retrouver dehors, avec d'autres enfants de la ville.

47


HABITER EN MIXITÉ

Vivre ensemble

LOGEMENTS POUR RETRAITÉS

LOGEMENTS POUR F

PARTAGER DES ESPACES ET DES ACTIVITÉS

SALLE COMMUNE

BOULODRO

ASSOCIATION

ESPACE PUBLIC

JEU

PARTICIPER À LA VIE CITOYENNE

BIBLIOTHÈQUE

48

RESTAURANT

ATELIER

POTAGE


20 LOGEMENTS Logements pour retraités 60% Logements pour familles 40%

Appts T4 ou T5

ESPACES PARTAGÉS Cuisine commune Buanderie Salle à manger Salle de vie Casiers Circulations ESPACES TECHNIQUES Local vélo Local poussettes Local de stockage pour le jardin Chaufferie - VDI - Eau

OME

BUREAU ASSOCIATIF BIBLIOTHÈQUE Espace travail Espace enfants Espace actualités Accueil Reprographie Bureau Stockage Sanitaires ATELIER Outillage manuel Outillage électrique Couture Accueil Bureau Stockage RESTAURANT SOLIDAIRE

ESPACE PUBLIC

ER

Appts T2 ou T3

EQUIPEMENTS

LOGEMENTS

FAMILLES

Vivre ensemble

POTAGER JEU POUR ENFANTS BOULODROME

Salle + terrasse Bar Cuisine ouverte Vestiaires Stockage Chambre froide Sanitaires

PARKING 49


Vivre ensemble

50


Vivre ensemble

PARTIE 2 BAR-LE-DUC, LA BELLE ENDORMIE

Analyse de site

51


Vivre ensemble

52


Vivre ensemble

53


Vivre ensemble

Bar-le-Duc

Paris

Strasbourg

Fains Les Sources

Naïves-Rosières

Behonne

Bar-le-Duc Verdun

Fains-Véel

A4

Savonnières-devant-Bar Saint-Mihiel

Combles-en-Barrois

Bar-le-Duc

Longeville-en-Bar-

Commercy

Ligny-en-Barrois

Production personnelle Production personnelle, image satellite Goolge Earth

Le

ca

na l

s sine sU de

Ca na ld

e M la

a arne u

in

na

r L’O

54


Vivre ensemble

I) UN TERRITOIRE RECULÉ À L’IDENTITÉ FORTE 1) Une géographie singulière

Bar-le-Duc est le chef-lieu de la Meuse situé dans la région Grand Est. Elle fait partie

depuis 2013 de la communauté d’agglomération Meuse Grand Sud, qui regroupe vingt-sept communes du sud meusien. Elle est éloignée du réseau routier principal, et notamment de l’autoroute A4, qui rejoint Verdun.

La gare de Bar-le-Duc fait partie de la ligne ferroviaire qui lie Paris Est à Strasbourg,

qui se trouve être l’une des principale ligne de l’Est de la France. La commune est donc desservie par une ligne de TGV et par le réseau TER Lorraine. En 2007 est mise en place une Ligne Grande Vitesse (LGV) Est européenne, et est créée une nouvelle gare : Meuse TGV. Le TGV relie celle-ci à Paris en 1h40. Cependant, elle est située à 30 kilomètres de Bar-le-Duc, ce qui réduit le nombre de trains passant par le centre-ville. Un réseau de navettes a été mis en place afin de faire profiter au mieux la commune de cette ligne grande vitesse. Même si la gare TGV ne se situe pas dans la ville, Bar-le-Duc profite de l’installation de cette nouvelle ligne, qui vise à renforcer le réseau entre la France, l’Allemagne, la Suisse, et le Luxembourg. Un réseau de bus existe, qui connecte tout le territoire de la communauté d’agglomération Meuse Grand Sud.

La cité est située dans la vallée de l’Ornain, rivière affluente de la Saulx, elle-même

affluente de la Marne. Cette vallée accueille les principales villes du sud de la Meuse, comme Ligny-en-Barrois ou Revigny-sur-Ornain. Le chemin de fer qui relie Paris à Strasbourg emprunte un tronçon de cette vallée. Les premières traces de l’installation de l’Homme sur les rives de l’Ornain remontent à l’époque celte. La ville de Bar-le-Duc est construite autour de l’eau, les premières traces de la cité étant situées sur la rive droite de l’Ornain, mais l’évolution urbaine de la cité a également été due à la topologie vallonné de ce territoire. La vieille ville surplombe donc la vallée, et a engendré la création d’un canal, issu de l’Ornain, qui alimentera la ville haute en eau, et sera plus tard utilisé pour l’industrie, ce qui lui a donné son nom de Canal des Usines. Un autre cours d’eau artificiel traverse Bar-le-Duc : le canal de la Marne au Rhin. Celui-ci a été inauguré au 19ème siècle afin d’intégrer le réseau fluvial navigable de la Seine et de joindre l’Île-de-France et la Normandie. 55


Vivre ensemble

2) Entre essor et déclin, l’histoire mouvementée de Bar-le-Duc

La ville de Caturiges a vu le jour à l’époque gauloise, sur les berges de l’Ornain, sur

le chemin reliant Metz à Reims. La ville s’est enrichie grâce au trafic routier, et devait être une étape importante car elle apparaît sur la table de Peutinger1 (note de bas de page). Cette cité romaine se situait au niveau de l’actuel quartier Notre-Dame.

Les invasions barbares ruinent la ville, les habitants fuient, et c’est une bourgade méro-

vingienne qui s’installe au même endroit, et prend le nom de Barravilla (bar la ville). Un nouveau quartier commence à apparaître de l’autre côté de l’Ornain, Barrum Castrum (le bourg). Ce dernier s’entoure de muraille devant l’insécurité qui règne, ainsi que d’un fossé alimenté par l’Ornain, actuel Canal des Usines. La ville devient la capitale du pays Barrois.

Au Xème, la ville connaît un véritable essor, avec la construction d’un château par le

duc de Haute-Lorraine Frédéric Ier, afin de protéger les habitants. Le château est composé de quatre tours et d’une double enceinte, et ne cessera d’être amélioré jusqu’à la Renaissance. Il est situé sur l’éperon qui domine l’Ornain, au dessus du quartier du bourg. Du XIème au XIIIème siècle, la ville profite d’une situation avantageuse pour s’agrandir.

Deux nouveaux quartiers voient le jour, la Ville Haute, fortifiée, abritera principalement

des nobles et des religieux, ainsi que Neuve-Ville, situé sur le flanc du Bourg. Des nouveaux faubourg apparaissent également, en dehors des limites de la ville. La ville s’enrichit de la culture de la vigne, du tissage du drap, du travail de la peau et de la fabrication d’armes. 1

Ancienne carte romaine où figurent les routes et chemins de l’Empire romain.

Antiquité 56

Moyen-Age

Renaissance


Vivre ensemble

Le nom de Bar-le-Duc apparaît dès le XIIIème siècle. En 1480, les duchés de Bar et Lorraine s’unissent, et même si chacun garde sa propre administration, ils sont sous l’autorité d’un même duc. Bar, qui rivalisait avec Nancy, perd la course en raison de la faveur donnée à cette dernière par le Duc. Cependant, l’époque florissante de Bar-le-Duc est à venir.

Durant la Renaissance, l’habile politique des Ducs de Bar fait le succès de la cité. Un

nouveau château est construit (actuel musée barrois), dans la cour intérieure du château fort, afin d’y loger les Ducs. Le collège Gilles de Trèves est construit en 1573 afin d’éduquer les jeunes de la ville. Des hôtels Renaissances sont construits en pierre de Savonnière, typique de la région, et constituent un patrimoine architectural remarquable dans la vieille haute. La ville est le théâtre de nombreux événements festifs de la Renaissance, avec la visite de plusieurs personnalités comme Marie Stuart ou Catherine de Médicis.

Au XVIIème siècle, la ville subit les dommages de la guerre de Trente Ans, puis de la

Fronde, la Couronne essayant de rallier les duchés de Bar et de Lorraine à la France. Le roi ordonne le démantèlement du château fort, qui perd sa fonction de défense. Sont seulement conservés les murailles et la tour de l’horloge qui donne l’heure. Mais les ducs résistent et permettent, avec une nouvelle ère prospère, la création de nouveaux grands axes de la ville : l’actuel boulevard Raymond Poincarré, l’actuel boulevard de la Rochelle, et l’avenue des Tilleuls. Cependant, en 1766 les duchés de Bar et de Lorraine sont définitivement rattachés à la France. Cela entraîne un déclin de la cité, car la route reliant Paris à Nancy est modifiée et ne passe plus par la capitale du Barrois.

Les changements politiques de la Révolution française et de l’Empire conduisent la

XVIIème

1950s

1970s

Production personnelle

57


Vivre ensemble

ville à se rapprocher de sa situation actuelle. En premier lieu, elle est nommée chef-lieu du département du Barrois (actuel département de la Meuse). L’abolition des privilèges fait déménager l’hôtel de ville de la Ville Haute à la Ville Basse, donnant plus d’importance à ce dernier quartier. D’autre part, la ville est laïcisée, ce qui amène plusieurs bâtiments religieux à se convertir en équipements publics, et la création de la première place publique dans la Ville Basse (actuelle place de la Préfecture).

Durant le XIXème siècle, la ville subit plusieurs occupations prussiennes dues aux

guerres de l’Empire, puis la guerre franco-prusse. La ville reste à l’écart lors de la révolution industrielle, mais elle profite tout de même de l’essor de cette époque avec notamment la création de deux nouvelles voies de transports : la canal de la Marne au Rhin, et la voie de chemin de fer Paris-Strasbourg.

Durant la Première Guerre mondiale, Bar-le-Duc évite l’occupation allemande, et a

un rôle important d’arrière front, notamment lors de la bataille de Verdun. Elle ne sera donc pas touchée par les combats, mais sera le point de départ du ravitaillement du front, par la voie reliant Bar à Verdun, qui sera nommée la « voie sacrée ». Durant l’entre-deux-guerres, la ville reste stable, ainsi que sa population. Durant la Seconde Guerre mondiale, la ville est sous l’occupation la plus stricte du territoire, et elle sera libérée le 31 août 1944.

Après-guerre, la crise du logement pousse la municipalité à lancer un grand pro-

gramme d’aménagement, qui mènera notamment à l’aménagement de la côte Sainte Catherine, projet dirigé par l’urbaniste Lanfranco Virgili. L’expansion de la ville jusque dans les années quatre-vingt dix créé plusieurs nouveaux quartiers, sur la côte Sainte Catherine, mais aussi au sud de la Ville Haute. A partir des années soixante-dix, la ville entreprend la mise en place de la revalorisation du patrimoine, avec notamment la rénovation du quartier de la Ville Haute. Le quartier est classé « secteur sauvegardé », la ville reçoit le label « Ville d’art et d’histoire » par le ministère de la culture, et fait désormais parti des « plus beaux détours de France ».

La ville de Bar-le-duc a donc une histoire tumultueuse, qui alterne entre période de

prospérité et moments difficiles. Sa situation dans cette région ambiguë du territoire français a fait d’elle une cité importante, mais elle a eu du mal à conserver ce statut face à des villes comme Metz et Nancy. Aujourd’hui, Bar-le-Duc n’a plus sa réputation de la Renaissance, malgré une forte identité et un patrimoine riche, ce qui lui a valu le surnom de « Belle endormie ».

58


Vivre ensemble

59


Vivre ensemble

II) LE PAYS BARROIS DU XXIÈME SIÈCLE 1) Une cité diminuée

La ville compte plus de quinze mille habitants en 2014, mais ce chiffre est en baisse

depuis 1975. Bar-le-Duc est un exemple caractéristique d’une ancienne ville rurale industrielle, qui fait aujourd’hui face à un dépeuplement. La cité est situé dans une région spécialisée en sidérurgie et métallurgie, ce qui a engendré l’essor de multiples forges, fonderies ou encore chaudronneries à Bar-le-Duc. Cela a mené à la création d’usines de mécanique, notamment dans l’automobile. La région Lorraine a connu une période prospère après la seconde guerre mondiale, et était le troisième pôle économique français. D’autre part, l’industrie du textile a été florissante à Bar-le-Duc et alentours depuis le Moyen Age, mais ces entreprises vont petit à petit fermer leurs portes à la fin du XIXème siècle. Aujourd’hui, il n’en reste qu’une : Bergère de France, implantée à Bar-le-Duc et qui reste une des plus grandes filature de France et d’Europe. Cependant, l’entreprise est elle aussi en déclin pour cause de conflit au sein de la direction et de redressement fiscal. Ainsi, même si Bar-le-Duc demeure un pôle d’emploi administratif important grâce à son statut de préfecture, la diminution de l’offre d’emploi dans le secteur secondaire participe au déclin démographique de la ville. D’autre part, le fort taux de chômage chez les jeunes induit leur départ de la ville, pour aller étudier et travailler dans de plus grosses agglomérations. Ce départ des plus jeunes ne fait qu’accentuer le phénomène de vieillissement de la population à Bar-le-Duc. En effet, les retraités représentent 35% des habitants. D’autre part, la communauté d’agglomération compte près de 20% des ménages vivant en dessous du seuil de pauvreté, ceux-ci étant principalement locataires de leur logement.

30%

19,7%

Le département de la Meuse étant l’un des plus pauvres de France, la ville a pris du

retard sur beaucoup de points, comme la couverture du réseau numérique ou l’état du réseau routier, mais notamment sur l’aménagement des villes et l’offre d’équipements. C’est l’ensemble de ces facteurs qui provoque le déclin démographique de la ville, et la baisse de la population jeune. 60


20

15

10

Vivre ensemble 5

0

100

Artisans, commerçants, chef d’entreprise

80 60

Cadres et professions intellectuelles supérieures

Sans activité professionnelles

40

Ouvriers

20 0

Employés Retraités Professions intermédiaires

âges 100 90

80

70

60

50

40

30

20

10

0 800

600

400

200

0

0

200

400

600

800

Pyramide des âges

61


Vivre ensemble

2) Dynamisation et désenclavement

Requalification urbaine et mise en valeur du patrimoine

Malgré son déclin, la cité de Bar-le-Duc ne perd pas sa forte identité. La remise en

valeur des savoirs-faire et du patrimoine de la ville a été entreprise dès les années soixantedix. La ville a notamment lancer des projets de réaménagement de la ville haute, la restauration du collège Gilles de Trèves, ainsi que de multiples projets de rénovations et de mises en valeurs de bâtiments historiques. Couplé à cela, la ville entreprend un réaménagement de la côte Sainte-Catherine, quartier pavillonnaire construit lors de la crise du logement, qui fait aujourd’hui face à un problème de vacance de logements. Le centre-ville a été réaménagé en 2014, afin de mettre en valeur son patrimoine, de redonner sa place au piéton, et de tourner la ville vers sa rivière. C’est l’atelier Villes et Paysages qui a été maître d’œuvre du projet. Ont été requalifié : le quartier Notre-Dame, le boulevard de la Rochelle, et les terrasses de Griesheim, berges de l’Ornain. Ce projet permettra à la ville de se voir décerner la victoire d’Or des Victoires du paysage dans la catégorie « collectivités – espace public urbain ». Ce prix révèle la volonté de la municipalité de mettre l’espace public et le paysage au cœur de la vie urbaine.

C’est dans cette démarche de conservation et de mise en valeur du patrimoine que le

projet doit s’inscrire. En effet, en requalifiant son centre ville, la commune s’appuie sur un solide patrimoine existant. Cette dynamique permet à la ville de conserver et de renforcer son identité, tout en mettant en place des projets innovants et contemporains. L’utilisation de matériaux locaux, comme la pierre ou le bois, permet de ne pas dénaturer l’unité architecturale qui existe dans la ville aujourd’hui. Cela permet aussi le développement des techniques de construction avec des matériaux propres. Ainsi, l’objectif est de produire des projets urbains et architecturaux contemporains qui mettent en valeur et pérennisent une identité riche.

Le développement durable au cœur de la dynamique politique

L’obtention des trois fleurs du label Villes et Villages fleuris dès 1998 montre bien le

désir de Bar-le-Duc d’agir en faveur de l’environnement. En effet, en 2014 a été élaboré un 62


Vivre ensemble

« Agenda 21 », établi selon la conception de la Déclaration de Rio sur l’environnement et le développement signée par 178 pays. Ce document permet de développer un grand plan d’action qui a pour but d’élever Bar-le-Duc au rang d’éco-cité. La stratégie mise en place se constitue en suivant quatre grands axes : cultiver le vivre ensemble, mobiliser les ressources et énergie, renforcer l’attractivité de la ville et être une collectivité exemplaire. Ces démarches ont permis à la commune d’acquérir sa première étoile du label des villes « éco-propres », qui récompense les villes qui s’engagent dans l’amélioration de la propreté des espaces publics. Dans un souci de modernisation du territoire, la communauté d’agglomération Meuse Grand Sud prévoit un développement dans l’accès au numérique et le déploiement du très haut débit sur le territoire. Un espace de co-working est en projet, afin de favoriser la création de nouvelles entreprises.

Le projet de résidence intergénérationnelle devra répondre à cette volonté de dé-

veloppement durable de la ville. Pour cela, un maximum de perméabilité des sols ainsi que le respect des corridors écologique seront préconisés. D’autre part, des matériaux de construction locaux, traditionnels et propres seront utilisés : la pierre de Savonnière, ainsi que le bois issu des forêts situées à quelques kilomètres de Bar-le-Duc : l’entreprise Lignatec, à l’entrée des Vosges, est le premier et principal constructeur de panneaux de bois CLT (Cross Laminated Timber). Il s’agit de panneaux en bois massifs lamellé-croisés pouvant être utilisés comme planchers, murs, et encore voiles structurels. L’utilisation de panneaux CLT préfabriqués en usine permet en premier lieu un chantier propre, et d’autre part, permet de profiter des propriétés avantageuses du bois, telles que ses hautes performances en termes d’isolation thermique et phonique. Dans un souci de confort thermique, une chaufferie collective sera mise en place dans la résidence, et le système de chauffage sera un chauffage au sol par eau chaude.

Des mesures sociales pour dynamiser

Bar-le-Duc fait face à un taux de ménages en dessous du seuil de pauvreté plus élevé

que la moyenne nationale, et confronte un grand nombre de jeunes au chômage.

Le CIAS (Centre Intercommunal d’Action Sociale) de la communauté d’agglomération

Meuse Grand Sud a créé le service Solidarité Insertion Emploi, appelé SILO. Ce service est notamment implanté à Bar-le-Duc et Ligny-en-Barrois. Il propose une aide et un accompagne-

63


Vivre ensemble

ment des demandeurs d’emploi, bénéficiaires du RSA, jeunes, personnes âgées, handicapées, afin de permettre à ces populations plus vulnérables un accès aux aides sociales ainsi qu’une insertion sociale et professionnelle sur le territoire intercommunal. Le SILO a donc mis en place plusieurs dispositifs afin de mener à bien sa mission, outre l’accompagnement par des assistants sociaux :

- La mise en place de chantiers d’insertion, avec la création

d’une équipe d’ouvriers et jardiniers. Cela permet aux personnes en difficulté sociale et professionnelles l’acquisition d’une expérience professionnelle valorisante et enrichissante.

- Le BarSiloCim Batucada : une formation musicale de percus-

sion brésilienne qui permet la socialisation, l’autonomie et la participation à la vie de la cité.

- L’épicerie solidaire, située à Ligny-en-Barrois, est une épice-

rie accessible aux personnes en difficulté financière qui propose des produits à 10% de leur prix initial. Cela permet aux familles démunies d’avoir accès à des produits jusqu’alors peu consommés, et de limiter la stigmatisation alimentaire, tout en créant un lieu convivial et participatif qui met en valeur les savoir-faire de chacun.

- Les jardins Culture en Herbe offrent un espace d’activités

autour du jardinage et de la culture à ses usagers. Le potager Urbain Collectif permet à tous de se retrouver autour d’ateliers afin de partager des savoir-faire tout en créant du lien social et en incitant la création de projet collectif.

64


Vivre ensemble

Grâce à ces dispositifs, la communauté d’agglomération limite l’isolement social, et

permet l’insertion professionnelle de sa population fragile. Le projet s’intégrera dans cette dynamique sociale sur plusieurs points. En premier lieu, la participation des ouvriers du SILO au chantier permettra à ceux-ci d’apprendre des techniques de construction traditionnelles et propres, avec l’emploi de matériaux comme la pierre ou le bois. D’autre part, ceux-ci peuvent également participer à l’entretien de l’espace public qui sera créé. Dans un second temps, la mise en place du restaurant solidaire et de potagers urbains viendront compléter les jardins et l’épicerie solidaire, avec la proposition de repas mettant en valeur le patrimoine gastronomique de la région, en proposant une à deux fois par semaine une “soupe populaire”, un repas offert aux personnes en grande difficulté financière, et permettant également aux personnes âgées de la résidence et de la ville de s’investir dans ce restaurant. Que ce soit en cuisine ou en salle, les personnes âgées pourront compléter leur retraite en travaillant pour le restaurant.

Le projet de résidence intergénérationnelle s’insère dans les politiques de dynamisation

mises en place dans le sud de la Meuse pour répondre au déclin du territoire et au dépeuplement. Le choix du site dans la ville de Bar-le-Duc doit permettre l’articulation des exigences sociales, écologiques et urbaines qui combattent l’enclavement du territoire.

65


Vivre ensemble

2

1

3

4

5

6

7

8

LE CENTRE VILLE REQUALIFIÉ 66


Vivre ensemble

1

2

3

4

5

6

7

8

67


Vivre ensemble

68


Vivre ensemble

PARTIE II UN PROJET AU CÅ’UR DU CENTRE-VILLE

Contexte urbain et intentions

69


Vivre ensemble

Place Exelmans

Place des Minimes

I. LES RELATIONS ENTRE LE CENTREVILLE ET SON PAYSAGE PROCHE : L’ORNAIN CONNEXIONS Franchissement Vue depuis le bd de la Rochelle Espace public ouvert sur l’Ornain

RUPTURE Quai inexploité Frontière physique entre la ville et l’Ornain Foncier non bâti face à l’Ornain

70


Vivre ensemble

Aujourd’hui, l’Ornain traverse la ville basse, en plein

cœur du centre-ville. Ce patrimoine naturel n’est cependant pas forcément mis en valeur par les aménagements urbains. En effet, les quais sont souvent des voies à sens unique, avec des stationnements le long d’un trottoir peu généreux. La requalification du centre-ville a permis de créer une connexion avec la rivière au niveau des terrasses de Grisheim, et la création d’un nouvel espace public et d’un nouveau marché couvert. Cette carte permet de mettre en lumière deux parcelles non bâties sur les berges de l’Ornain : la place des Minimes et la place Exelmans.

71


Vivre ensemble

II. L’EMPRISE DU STATIONNEMENT ET LES FLUX CONFLICTUELS DANS LE CENTRE-VILLE Flux voiture Flux piéton Stationnements

Conflit entre les flux

72


Vivre ensemble

La ville de Bar-le-duc présente une grande sur-

face de foncier dédié au stationnement. Et, si la requalification a permis la mise en place de grands trottoirs et de flux piéton agréables, les berges n’ayant pas été requalifiée le sont moins. Le grands nombres d’espaces de stationnement rend la rencontre entre les flux piétons et voitures conflictuels à certains endroits. On remarque que les deux parcelles mises en valeurs précédemment sont des surfaces dédiées au stationnement.

73


Vivre ensemble

III. LE PARKING DES MINIMES : À LA JONCTION DES PROBLÉMATIQUES URBAINES DE BAR-LE-DUC

Le choix de la parcelle s’est porté sur le parking des Minimes. En effet, celui-ci est une

articulation primaire entre le boulevard de la Rochelle, l’Ornain et la rive opposée. Ce parking de 73 places est un parking municipal payant. Il a la particularité d’être encadré par du tissu atypique : Au nord se trouve les berges de l’Ornain A l’ouest, la rue des Minimes et ses quelques commerces est une continuité commerciale du centre-ville.

Au sud, l’espace public s’arrête net, et est encadré par un pignon et ses contreforts

A l’est se trouve un mur en limite de propriété d’une hauteur de six mètres de haut

En premier lieu, la libération du foncier des places de stationnement grâce à la créa-

tion d’un parking en sous sol permettra la conception du projet sur cette parcelle. Cela permettra de mettre en place un espace public, qui permettra la connexion entre le boulevard de la Rochelle et l’Ornain, et de redonner sa place au piéton.

L’intégration du projet de logements collectifs intergénérationnels permettra aux popu-

lation logées dans la résidence (des retraités et des familles) d’avoir un logement situé au cœur de la cité, et de profiter des commodités du quotidien joignable à pied depuis leur appartement.

Enfin, la création des équipements (bibliothèque, ateliers, restaurants) complétera l’offre

commerciale qui existe dans le centre-ville, et animera l’espace public.

74


Vivre ensemble

LA RÉNOVATION DE LA PLACE FOCH : UN EXEMPLE DE PACIFICATION DES FLUX ET DE MISE EN VALEUR DU PATRIMOINE DANS L’ESPACE PUBLIC À BAR-LE-DUC

Livré à l’automne 2017, le projet de la rénovation de la place Foch

s’intègre parfaitement dans la dynamique de requalification du centre-ville de Bar-le-Duc. Réalisé par l’atelier Villes et Paysages, le projet supprime une voie en bord de rivière et la remplace par une voie piétonne et cyclable. Les places de stationnements sont remplacées par un espace public piéton qui permet la mise en valeur du patrimoine naturel de l’Ornain. Le parvis de l’église, autrefois occupé par un rond point, a été repensé afin de mettre en valeur l’église Saint-Jean, au style néo-byzantin, datant du XIXème siècle.

75


Vivre ensemble

Un ancien pôle important de Bar-le-Duc : le marché des Minimes

Carte postale de 1913 : le marché des Minimes.

Avant d’être un parking, la parcelle ces Minimes était le marché de Bar-le-Duc. L’em-

placement du marché actuel était alors occupé par des habitations, l’îlot des Minimes était complètement construit, l’utilisation de la voiture n’avait pas encore explosée. A l’époque, l’îlot entier était dense. Les photographies aériennes ci-dessous permettent de retracer l’histoire de la parcelle et du marché de Bar-le-Duc.

1940 : Le marché de la cité est situé à l’emplacement de l’actuel parking des Minimes

76


Vivre ensemble

1962 : Le marché est toujours rue des Minimes, la place Exelmans est déjà transformée en parking

1971 : L’îlot où se trouve le marché actuel est rasé et lui aussi transformé en parking

1978 : Le marché est déplacé, la rue des Minimes prend la forme que l’on connaît aujourd’hui

77


Vivre ensemble

XXIème siècle : la transformation du parking des Minimes

78


Vivre ensemble

79


Vivre ensemble

80


Vivre ensemble

81


Vivre ensemble

82


Vivre ensemble

83


Vivre ensemble

Orientations et vues

Vues sur le paysage

Intégration du programme

Appartements

Espaces partagés

Équipements publics

84


Vivre ensemble

Recherche d’une trame

Le parti-pris pour ces logements pour retraités est que ceux-ci puissent d’approprier

l’espace de leur logement. Ainsi, les cellules d’habitation seront conçues de la même manière que les appartements conçus pour les familles, et chaque ménage disposera d’un appartement traditionnel, avec, dans la majorité des cas, une double orientation et un développement extérieur. Puisque le parking existant est déplacé en dessous du bâtiment, une trame structurelle doit être établie. Des recherches ont été faites afin de déterminer quelle était la meilleure trame afin d’y intégrer des logements dans des dimensions correctes.

5,6

6

5,4 2,65

3,05

2,1

3,6

2,1

5,6

5,4

5,6

5,4

5,4 2,65

2,65

2,55

2,55

3,2

3 2,1

2,1

Salon trop étroit

5,2

85


Vivre ensemble

IV. MATÉRIALITÉ ET CONSTRUCTION

L’un des matériaux typique de la ville de Bar-le-Duc est la pierre de Savonnière. Les

carrières étant situées à quelques kilomètres de la ville, tout le patrimoine est construit à l’aide de cette pierre, mais également tous les villages alentours. Cette pierre d’une couleur beige est utilisée pour les revêtements de sol du centre-ville. Afin de mettre en valeur ce patrimoine matériel, le rez-de-chaussée, socle du projet, aura des façades en pierre. Cela permettra également de créer un lien fort entre le sol, l’espace public, et le socle du projet.

Les étages de logement auront une autre écriture. En premier lieu pour accentuer la

distinction entre les programmes, mais aussi pour des questions de réalité financière d’un projet social de ce type. Le bois sera alors utilisé, en structure et en revêtement. La technique utilisée sera le panneau de bois CLT, la principale usine de France se trouvant dans un département voisin de la Meuse. Cela permettra de profiter des performances thermiques, acoustiques et visuelles du bois, tout en garantissant un chantier en partie sec, et un bilan carbone amoindri.

Les toitures seront en grande partie à double pentes, comme le préconise le PLU de

la ville. La plupart des toitures de l’existant sont en tuile type tige de botte, de couleur rouge/ marron. Le projet devra s’accorder à ces teintes, tout en utilisant un matériau plus contemporain comme les tuiles plates.

Ces matérialités permettront de respecter le patrimoine local, de le mettre en valeur,

et de créer un bâtiment contemporain en harmonie avec l’existant.

86


Vivre ensemble

V. QUELLES OPPORTUNITÉS POUR L’AVENIR ?

Si la requalification du parking des Minimes en espace public et résidence intergéné-

rationnelle permettra de continuer la dynamisation du centre-ville mise en place par la municipalité, on peut imaginer que celle-ci s’étende jusqu’à la place Exelmans, située en face, puis jusqu’à la gare SNCF, afin d’intégrer celle-ci dans le centre-ville. Un aménagement des bords de l’Ornain permettrait également de transformer la fracture urbaine qu’est cette rivière aujourd’hui en réelle attractivité paysagère structurante de la ville. Ce centre-ville contemporain et dynamique permettra de créer un lien entre la côte Sainte-Catherine, aujourd’hui en requalification également, et le quartier du bourg, afin de donner une vraie unité à la ville basse, qui est aujourd’hui bien plus hétérogène que la ville haute.

87


Vivre ensemble

88


Vivre ensemble

89


Vivre ensemble

CONCLUSION

Afin de répondre aux enjeux du vieillissement de la population, il est nécessaire de

réintégrer les personnes âgées et les retraités à notre société. Cela passe par la production de logements qui n’isolent pas les aînés, mais qui, au contraire, incitent le lien social entre les personnes âgées elles-même, mais aussi entre les générations. Le logement groupé, qui s’inspire du logement communautaire et participatif, est une potentielle réponse à la difficulté sociale de personnes âgées. En effet, le partage d’espaces dans le logement collectif incite à plus de solidarité et d’entraide entre citoyens. Ce partage d’espace induit également un renforcement du lien entre générations, afin de redonner une place importante aux aînés face aux plus jeunes. D’autre part, la place des personnes âgées dans la ville est un aspect important de cette problématique. En effet, afin de répondre aux enjeux du vieillissement de la population, les retraités doivent retrouver un rôle social citoyen, et être intégrés à l’activité de la ville.

Le site et sa forte identité induise un respect et une mise en valeur du patrimoine

présent et du paysage. C’est dans cette même dynamique de transmettre un mode de vie adapté au monde contemporain en s’appuyant sur les plus âgés que le projet doit apparaître comme une figure contemporaine qui réinterprète le patrimoine local. Le parking des Minimes de Bar-le-Duc offre les caractéristiques nécessaires pour mettre en place un tel projet. Situé à l’articulation du centre-ville et de son paysage, la projet proposé sera en continuité avec la requalification du centre-ville existant, et s’intégrera dans la dynamique dynamisation de la ville.

Apporter une nouvelle offre de logements au cœur du centre-ville fera de Bar-le-Duc

une cité rurale innovante et contemporaine, tout en mettant en valeur un patrimoine qui forge une belle et forte identité à la commune. Ce projet s’intègre dans un processus qui pemettra peut-être un jour de réveiller la «belle endormie».

90


Vivre ensemble

91


Vivre ensemble

« Qu’est-ce-que cela soixante ans ? C’est la fleur de l’âge, et vous entrez maintenant dans la belle saison de l’Homme.» Frosine à Harpagon L’avare, Molière, 1668

92


Vivre ensemble

BIBLIOGRAPHIE Anfrie, Marie-Noëlle, and Stéphanie Cassilde, «Les expériences de cologement et de cohabitation sous l’angle de la location», Diss. Centre d’Etudes en Habitat Durable, 2013 Argoud Dominique, Charon Francis, Gestin Agathe, « L’habitat groupé, une alternative à la maison de retraite ? », hors série Cleirppa, 2011 Attias-Donfut, Claudine, and Alain Rozenkier. «Les solidarités entre générations.», 1995 Bacqué Marie-Hélène & Carriou Claire, « La participation dans l’habitat, une question qui ne date pas d’hier », Métropolitiques, 11 janvier 2012 Bernard, Claire, et al. «La Silver Économie, une opportunité de croissance pour la France.», Commissariat général à la stratégie et à la prospective, 2013 Bernard Nicolas, « Le logement intergénérationel : quand l’habitat (re)crée du lien », La revue nouvelle, n°2, 2008 Béteille, Roger. La France du vide. FeniXX, 1981. Blanpain, Nathalie, et Jean-Louis Pan Ké Shon. La sociabilité des personnes âgées. p. 4. Börsch-Supan et alii, «Health, Ageing and Retirement in Europe: First Results from SHARE», Mannheim, MEA, 2005. disponible sur : http://www.share-project.org/ Bourdelais Patrice, « Les nouveaux visage du vieillissement de la population française », Lien social et politique, n°38, 1997, 11 p. Bourgeois, Julie, Pascal Couturier, and Jeanne Tyrrell. «Sécurité à domicile des personnes démentes: étude préliminaire sur les situations à risque en consultation mémoire de gériatrie en France.» Psychologie & NeuroPsychiatrie du vieillissement, n° 7.3, 2009, p. 213-224 93


Vivre ensemble

Bresson, Sabrina. «L’habitat participatif en France: une alternative sociale à la «crise»?.» Les Cahiers de Cost 5, 2015, p.107-119 Caradec, Vincent, and François de Singly. Sociologie de la vieillesse et du vieillissement. Paris, France: A. Colin, 2015 Costes Laurence (sous la direction de), « Habiter », Socio-anthropologie, n°32, 228 p. Debarre Anne, Steinmetz Hélène « L’invention de l’autopromotion à Strasbourg », Métropolitiques, 6 février 2012 Denis, Sarah, et al. «Crise du logement étudiant.» Spécificités, n°1, 2011, p.107-116 Devaux Camille, « De l’expérimentation à l’institutionnalisation : l’habitat participatif à un tournant ? », Métropolitiques, 23 janvier 2012 Durkheim, Émile. « Morphologie sociale. », L’Année sociologique, vol. 2, 1899, p. 520 Ennuyer, Bernard. « Les politiques publiques et le soutien aux personnes âgées fragiles », Gérontologie et société, vol. 27 / 109, no. 2, 2004, p. 141-154 Ennuyer, Bernard, Les malentendus de la dépendance: de l’incapacité au lien social, Paris: Dunod, 2004. Gagnon Éric, «Care [archive]», in Anthropen.org, Paris, Éditions des archives contemporaines, 2016 Hervy, Bernard. « L’animation sociale avec les personnes âgées ». Gerontologie et societe, vol. 24 / n° 96, nᵒ 1, 2001, p. 9‑29.

94


Vivre ensemble

Haumont, Bernard, et Alain Morel. La société des voisins: Partager un habitat collectif. Les Editions de la MSH, 2005. Flamand, Amélie. Les espaces intermédiaires, un état des lieux raisonné. p. 9. Fontaine, Roméo, Agnès Gramain, and Jérôme Wittwer. «Les configurations d’aide familiales mobilisées autour des personnes âgées dépendantes en Europe.» Économie et statistique, n°403, 2006, p.97-116 Gaunard, Marie-France. « Redynamisation d’un territoire aux confins de la Lorraine et de la Champagne par la mise en place d’un réseau de villes : le « Triangle » Bar-le-Duc/Saint-Dizier/Vitry-le-François ». Revue Géographique de l’Est, vol. 36, nᵒ 3, 1996, p. 279‑89. Guérin Serge, L’invention des seniors, Hachette Littérature, 2007, 195 p. Hagemann, Robert P., and Giuseppe Nicoletti. «Ageing Populations.», 1989 INSEE, « Age moyen et âge médian de la population en 2018, données annuelles de 1991 à 2018 ». «En ligne.» consulté le 07 janvier 2019, (2018). disponible sur : https://www.insee.fr/fr/ statistiques/2381476 INSEE, « Retraites », Tableau de l’économie française, En ligne, consulté le 25 octobre 2018 (2014), disponible sur : https://www.insee.fr/fr/statistiques/2569360?sommaire=2587886 Künemund, Harald, and Martin Rein. «There is more to receiving than needing: Theoretical arguments and empirical explorations of crowding in and crowding out.» Ageing & Society, n°19.1, 1999, p.93-121 Labit, Anne, « Habiter en citoyenneté et solidarité pour mieux vieillir. » Gérontologie et société, vol. 38, 2016

95


Vivre ensemble

Labit Anne, «Habiter et vieillir en citoyens actifs : regards croisés France-Suède », Retraite et société, n°65, 2013, p.101-102 Lancelle, Alice. «Mesure et dé-mesure du care. Une étude de cas à partir des Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD).» Cahiers du GRM. publiés par le Groupe de Recherches Matérialistes–Association, 2016 Lazarowich, Michael. «Granny flats as housing for the elderly: International perspectives.» , Psychology Press, Vol. 7. No. 2., 1991 Marchand Bruno, Savoyat Danielle, « Des maisons pas comme les autres, établissements médico-sociaux vaudois, concours et réalisations », Les cahiers de théorie, 2014, 189 p. Maury Yann, ENTPE & Université de Lyon (dir.), «Les coopératives d’habitants.», Méthodes, pratiques et formes d’un autre habitat populaire, Belgique, Emile Bruylant, 2011, 496 p. Morin, Edgar, et Yves Mamou. « Continuum des vies et discontinuité sociale ». Retraite et société, n° 34, 2001 Ogg, Jim, et Sylvie Renaut. « Les quinquagénaires européens et leurs parents. De la famille ou de l’État, qui doit s’occuper des ascendants ? », Informations sociales, vol. 134, n°6, 2006, pp. 28-39 Periáñez Manuel, « L’habitat évolutif : du mythe aux réalités », http://mpzga.free.fr/habevol/ evolutif2013.html, consulté le 21 janvier 2018 Petit S., Weber A., “Les effets de l’allocation personnalisée d’autonomie sur l’aide dispensée aux personnes âgées”, Études et résultats, n° 459, janvier 2006 Segaud, Anthropologie de l’espace, Paris, Armand Colin, 2007, p.67

96


Vivre ensemble

WEBOGRAPHIE Amsili Sophie, « Logement des handicapes, la loi ELAN fait polémique », Les Echos, 2018, https://www.lesechos.fr/07/06/2018/lesechos.fr/0301766792814_logement-des-handicapes---laloi-elan-fait-polemique.htm, consulté le 21 janvier 2019 Un Centre Socioculturel, c’est quoi ? | Centres Socioculturels de Bar le Duc. http://cscbarleduc. centres-sociaux.fr/infos-du-centre/un-centre-socioculturel-cest-quoi/. Consulté le 31 mai 2019. CHU de Montpelier, « Rester en bonne santé et augmenter de 2 ans notre espérance de vie », En ligne. Consulté le 03 décembre 2018. Disponible sur : http://www.chu-montpellier.fr/ fr/prises-en-charge-specifiques/prises-en-charges-specifiques/maladies-chroniques-vieillissement-en-bonne-sante/macvia/vieillir-en-bonne-sante/ CSA, Rapport annuel 2017 du CSA, www.csa.fr Cocon3s, http://cocon3s.lebonforum.com/ Cohousing: The Architecture of Community | Modern Office. http://moda.ca/cohousing-the-architecture-of-community/. Consulté le 13 mars 2019. Deux Mains Plus Humains, http://www.deuxmainsplushumain.fr/ Ensemble 2 Générations, http://ensemble2generations.fr/ La Maison des Babayagas, https://www.lamaisondesbabayagas.eu/ Réseau CoSI, https://reseau-cosi.org/ Dal’Secco Emmanuelle, « Loi ELAN, les personnes handicapées privées de logement ? », Handicap.fr, https://informations.handicap.fr/a-polemique-loi-elan-10724.php, consulté le 21 janvier 2019 97


Vivre ensemble

Foa Emmanuelle, « L’archietcture des EHPAD, la réponse à l’évolution rapide et importante du profil de leur résident », https://www.parishealthcareweek.com/blog/ , consulté le 14 novembre 2018 Gillette Aline, « L’habitat intergénérationnel voit le jour à Paris », Le Moniteur, 2012 Habitat participatif PACA, « définitions », En ligne, consulté le 30 décembre 2018 Institut Montaigne, https://www.institutmontaigne.org/ London Calling: How to Solve the Housing Crisis | ArchDaily. https://www.archdaily. com/433900/home-is-where-the-co-housing-is. Consulté le 13 mars 2019. Le Pari Solidaire, http://www.leparisolidaire.fr/wp/ Share House LT Josai in Japan by Naruse Inokuma Architects. https://www.dezeen. com/2013/08/29/share-house-by-naruse-inokuma-architects/. Consulté le 13 mars 2019. Récipro-cité, http://www.recipro-cite.com/ SHARE, Enquête sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe, https://share.dauphine.fr/

VIDÉOGRAPHIE Kim Grace, How cohousing can make us happier (and live longer), TED, 2017 Robelin Stéphane, Et si on vivait tous ensemble ?, Bac films, 2012 98


Vivre ensemble

99


Dans un contexte de vieillissement de la population, ce projet vise à s’intégrer dans une mouvance d’expériences d’habitats plus solidaires. Ces expériences sont nées en réponse à l’institutionnalisation du logement pour les personnes âgées. La recherche mènera notamment à une réflexion dans la conception de l’espace partagé au

Vieillissement - Habitat alternatif Espaces partagés - Pratiques habitantes - Intergénérationnel

Encadré par Jean-François Laurent et Léo Legendre ENSA Paris Val de Seine - DE 4 : Faire : préparer au métier d’architecte Février 2020


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.