TERRITORIAL ROAR - Laurent de Carnière architect

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TERRITORIAL ROAR Installation pour Nuit Blanche 2015, Paris. Laurent de Carnière et Jean Benoit Vetillard


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Qu’est-ce qu’une intensité? Lorsque nous sommes incités à vivre intensément notre vie, à profiter d’instants éphémères mais forts ou à charger d’intensité notre existence menacée par la platitude, la dépression ou la dissolution, ce que nous entendons par “intensité” n’est rien d’autre que la possibilité, sans rien changer au monde, de le comparer à lui-même, et de le trouver soudain meilleur ou plus fort qu’il n’est. Peut-être cette idée d’intensité est-elle l’ultime idéal de l’esprit contemporain. Pourtant, n’est-il pas absurde de comparer le monde, ou une chose du monde, à rien d’autre qu’à eux-mêmes, sans la méditation d’une idée, d’un idéal, d’une norme ou d’une représentation? Tristan Garcia, ecrivain et philosophe.

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TERRITORIAL ROAR Installation pour Nuit Blanche 2015, Paris. Laurent de Carnière et Jean Benoit Vetillard _____ INDEX 2-3 INTRODUCTION NATURALISTE 4-5 LE CYCLE DES CHOSES 6-9 DISPOSITIF DANS LA FORET 10 - 11 DISPOSITIF A PARIS 12 - 13 LE CERF 14 - 15 L’IMAGE ANIMAL 16 - 17 PLAN / AXONOMETRIE / COUPE / DETAIL 18 - 24 BUDGET 25 CURRICULUM VITAE / REFERENCES 26 - 29

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INTRODUCTION NATURALISTE Jusqu’à la mi-octobre, Il retentit dans les forêts... La forêt d’Andaine, forêt domaniale située en Basse Normandie, résonne de complaintes rauques et profondes. Des râles venus d’ailleurs. Il s’agit du brame des cerfs. Chaque année, à la même période (30 jours, de Septembre à Octobre), c’est le temps du rut pour ces majestueux cervidés. C’est le seul moment de l’année où biches et cerfs se retrouvent et que ces dernières se laissent approcher pour la reproduction. Le cerf, en bramant, avertit ainsi les biches de sa présence et dissuade les éventuels concurrents potentiels qui s’aventureraient sur son territoire et dans son harem de femelles.

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LE CYCLE DES CHOSES Territorial Roar ; Ce phénomène naturel du brame du cerf est une expérience sonore puissante ayant lieu la nuit au milieu d’une forêt. Dans le cadre des Nuits Blanches 2015 notre dispositif propose de vivre cette expérience dans le centre de Paris, d’écouter le brame du cerf en lui associant une image symbolique évoquant l’espace et le temps. Un phénomène naturel ayant lieu au même moment, dans une forêt domaniale, à quelques 300 kilomètres de Paris, extrapolé, filtré, puis diffusé. Un hectar de forêt est surligné par un rideau blanc, le périmètre crée une mise en scène de son propre territoire, de son écosystème, de son climat. Territorial Roar , s’ancre à la frontière entre la Ville et la Nature, entre l’Histoire et les Mythes. Cette situation bipolaire traite de l’identité du territoire, de l’espace/temps; Territorial Roar célèbre le présent. En intensifiant deux phénomènes simultanés, deux climats, évènement culturel et cycle biologique, en y incluant un coefficient de fiction, les réalités sont augmentées. Territorial Roar surligne l’aspect cyclique des saisons, mettant en parallèle un évènement culturel annuel et le cycle de la nature. Le dispositif célèbre un fait brut, un son rauque, une image sombre, celle du cerf et de la biche, la plupart du temps absente. La fête est fondée sur deux thèmes, fondée sur la rencontre de deux mondes, opposés et très similaires. Les écosystèmes étudiés, urbain et naturel, la forêt, les arbres, les animaux sauvages, le climat, le mythe d’une nature sauvage intacte... face à l’émergence d’une communauté isolée de la nature.

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DISPOSITIF DANS LA FORET un rideau blanc translucide est tendu le long de câbles invisibles et trace un périmètre d’une étrange rigueur. Autour de ce périmètre flottant à quelques centimètres du sol, un dispositif audio et vidéo est installé. Les points de vues sont multiples, à distance, au centre, en haut d’un arbre, sur le sol. Ce système enregistre et retransmet le son et l’image, c’est un état de présence. Territorial Roar est une limite franchissable au milieu de la forêt d’Andaine. Le rideau blanc symbolise la présence de l’homme dans un milieu naturel préservé. Le spectacle de son absence est évoqué par cette ligne blanche tracée entre les arbres et dessinant un territoire, un carré de 100m de coté, en lévitation sur le sol de ce sous-bois. Le Vide est l’acteur principal de cette projection vidéo, l’apparition de l’image d’un animal possède les clés du suspens. Le projet tente d’associer une image avec un son, un corps massif, un cri rauque, un territoire et ses contours. L’objet rapporté au sein de l’écosystème naturel est un corps fragile et éphémère. Territorial Roar est une réflexion sur l’idée contemporaine de la préservation, architecturale et naturelle et climatique. Ce qui se déroule cette nuit-là dans la forêt ne dit pas tout, ou très peu. Elle livre les éléments essentiels, une matrice originelle.

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DIPOSITIF A PARIS Pour les Nuits Blanches, la conquête de l’espace devient la conquête du temps, “où” devient “ quand”. Sont projeté des scènes de forêts ayant lieu le soir même. Dans le dispositifs Territorial Roar les vidéos et les sons sont retransmis dans un espace clos et sombre. Les vidéos sont montrées en simultané et durant toute la nuit. Les vidéos et les sons d’une nuit de brame vient affecter l’endroit, le troubler temporellement et géographiquement. Le dispositif implante ce phénomène naturel en ville, comme un îlot éphémère. Au risque de rester plusieurs heures sans mouvement ni son, le dispositif respecte scrupuleusement le rythme de la nature, de l’animal, de ses désirs. Les images d’une forêt de nuit apparait dans une pièce close. Son exposition dure le temps d’une nuit. Le public pénètre et se perd dans le ral rauque du cerf et dans l’absence de son image. Territorial Roar est un lieu de diversion, de départ, de célébration du présent. Le brame du cerf fait écho au sous bois aveugle. parfois apparait dans la pénombre une ligne très pure, blanche. Une image mentale vient de se greffer au brame du cerf. Au même moment, à 300km, dans la forêt d’Andaine, en Normandie, a lieu l’accouplement de la biche et du cerf. L’histoire qu’elle met en situation est un mythe, un mythe des origines pour une communauté à peine constituée, réinventant par là une manière de se raconter? L’ensemble des évènements filmés n’ont pas de script; les images, sons, évoluent sans nous, varient, changent d’intensités L’année est ponctuée de jours fériés et de célébrations, d’évènements culturels, rituels rattachés au rythme naturel des saisons faisant des végétaux, des animaux, leurs symboles. C’est une friction entre le temps biologique et le temps symbolique et historique.

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LE CERF Certains animaux sont considérés comme nobles. La plupart du temps, leur statut dans la société humaine leur confère une place de choix. Ainsi, le cerf est perçu comme le “roi de la forêt”, car la chasse dont il est l’objet est un loisir réservé aux monarques et à la noblesse. Pour Buffon, célèbre naturaliste du 18ème siècle, il est élégant et ne semble être fait “que pour embellir, animer la solitude des forêt” en raison de son caractère paisible. Le dispositif présenté Territorial Roar lui donne une autre dimension: le cervidé incarne la nature sauvage, par contraste avec un environnement contraint et géométrisé façonné par l’homme. Avec ce dispositif présenté dans le cadre des Nuits Blanches 2015, nous invitons le spectateur à réfléchir sur notre interaction avec la Nature.

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L’IMAGE ANIMAL

“L’animal n’a jamais cessé d’intéresser les artistes. Les premières traces graphiques laissés par les hommes préhistoriques ne visent-elles pas à décrire les bêtes qui l’entourent? La fin du Moyen Age marque une certaine rupture dans l’approche que savants et artistes ont de la faune: progressivement, l’animal observé prend le pas sur les mythes et les chimères qui alimentaient un bestiaire jusqu’alors en partie fantastique, où la licorne et le dragon avaient leur place. La compréhension intime des animaux par les peintres et les sculpteurs passe par une plus grande proximité avec les bêtes. L’émerveillement des artistes devant la beauté ou l’étrangeté de “l’animal vrai” nourrit leur approche. Ils mettent en valeur l’animal vivant, représenté seul et pour lui-même, afin de rendre sensible son altérité. Leur perception, en évoluant dans le temps, témoigne de la manière dont l’homme a luimême façonné cette altérité.” Extrait du Catalogue de l’Exposition Beauté Animale, Grand Palais, Galerie Nationale, Paris 21 mars-16 Juillet 2012 Aujourd’hui plus que jamais, exposer l’animal revient à nous interroger sur le rapport que nous autres, humains, entretenons avec lui et sur la place que nous occupons dans le règne animal.

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