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L’ÉDITO

Des racines, des métiers, des valeurs J EAN- F RANÇOIS PACCO

Q

uand, le 19 novembre 1918 – il y a juste cent ans – dans l’enthousiasme patriotique qui entoure l’armistice, l’évêque de Namur Mgr Thomas-Louis Heylen lance Vers l’Avenir, ses objectifs sont clairs : soutenir l’Église et la patrie, aider à la reconstruction d’un pays meurtri par la guerre, encourager l’union des classes et le progrès social. Ce petit journal est d’abord namurois, au service d’une région et de ses habitants. Il est profondément belge. Il deviendra aussi wallon, lorsque, après 1945, il se développera d’Arlon à Ver-

viers et Tournai. Ce sont aujourd’hui nos racines.

Un journal, ce sont aussi des métiers. Des hommes et des femmes (des hommes surtout, pendant

longtemps !), qui ont écrit la vie de ces régions, l’ont commentée, l’ont photographiée. Des ouvriers ont

imprimé le journal. Des employés l’ont diffusé. Du directeur au correspondant local, au libraire ou au facteur, l’histoire d’un quotidien est celle d’une grande famille, dans laquelle la passion passe bien

avant la quête du profit. Cent ans après Mgr Heylen, les priorités rédactionnelles ont évolué. Mais, dans son rôle d’informer, de distraire aussi, L’Avenir garde ses valeurs. Il est attaché aux libertés démocratiques, au rôle essentiel d’une presse responsable. Il promeut la solidarité. Il défend le respect des personnes et le dialogue entre courants de pensée, pour un monde plus juste. Dans un contexte économique difficile, il traverse une zone de turbulences et est aujourd’hui à un tournant de son histoire. Ce centenaire est une occasion magnifique de saluer ce passé et ce présent, pour lui espérer un futur.

RÉALISATION Ce supplément a été réalisé et rédigé par Jean-François Pacco, Corinne Marlière et toute l’équipe des journalistes. Couverture : Geoffrey Guillaume Mise en page : Hélène Quintens Éditions de l’Avenir Route de Hannut, 38 – 5004 Bouge redaction@lavenir.net 081 24 89 05

SOMMAIRE l

L’historique

l

L’entreprise aujourd’hui pp.14-15

pp.5-13

l

LES RÉDACTIONS l l

L’Avenir Luxembourg

l

p.17

Le Courrier de l’Escaut et Le Courrier (Mouscron) p.18

l

L’Avenir Brabant wallon

p.19

l

L’Avenir Huy-Waremme

p.20

l

L’Avenir Verviers

p.21

l

Photos de familles

pp.22-23

l

L’Avenir Namur, Basse-Sambre et Entre Sambre-et-Meuse p.24 La rédaction locale heure par heure

l

Le Journal des Enfants

p.34

l

L’imprimeur

p.43

l

Le Proximag

p.35

l

La libraire et le facteur

p.44

l

Les lecteurs

p.45

l

Rencontre avec Justine Henin et Nafissatou Thiam p.46

CES MÉTIERS QUI FONT LE JOURNAL

p.25

Le témoignage des journalistes

l

pp.26-28 l l l

l

La rédaction nationale La rédaction sportive

p.29 p.30-31

Le magazine et les suppléments loisirs p.32 Le site web

p.33

Promo, pub, service clientèle, IT, petites annonces… p.37

l

Le journaliste

p.38

l

Le correspondant

p.39

l

Le journaliste web

p.40

l

Le photographe

p.41

l Le

maquettiste et le graphistep.42

LES STARS NÉES DANS LE JOURNAL

SUR

LE WEB

Découvrez notre dossier Grand Angle consacré au centenaire sur

www.lavenir.net/100ans-lavenir LUNDI 19 NOVEMBRE 2018

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Au cœur de votre quotidien

e l a i c n i v o r P e v i t a r t s i n i m d A n o La Mais

n, e i d i t o u q e r t o v e d r u e o c u le a b a s r r u u d o j r u i o n t e v s i a u n u r Dep u o p t i t s e v in r u m a N e d e c La Provin

e r u t l u C a l e d La Maison

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L’HISTORIQUE

L’histoire de (Vers) l’Avenir, c’est celle d’une petite entreprise devenue grande, traversant les tempêtes d’un siècle. C’est celle de progrès techniques constants, dans un environnement dont la mentalité n’a cessé d’évoluer. C’est celle de directeurs, de journalistes, d’ouvriers, d’employés, de collaborateurs avec leurs idées, leur énergie, leurs faiblesses… Cette histoire est longue. Racontons-la, depuis le début. J EAN- F RANÇOIS PACCO

Un petit journal namurois, devenu groupe de presse wallon

À

l’origine de Vers l’Avenir se trouve un journal catholique namurois, L’Ami de l’Ordre. Celui­ci a continué à paraître pendant la guerre de 1914­ 1918, sur ordre de l’occupant allemand et sous sa censure.

DE

1918 À 1940

La restauration patriotique À l’approche de la victoire alliée, l’évêque de Namur, Mgr Thomas­Louis Heylen, constatant que la poursuite de la publication de ce quotidien est impossible, fait pression sur le directeur de L’Ami de l’Ordre, Victor Delvaux, afin qu’il cède son affaire et que puisse être lancé un nouveau quoti­ dien catholique à Namur. Tout se passe en quelques jours. L’Armistice est signé le 11 novembre 1918, alors que Namur est encore occupée par l’ennemi. Le 18 novembre paraît le dernier numéro de L’Ami de l’Ordre. Et le 19, démarre le nouveau journal. Celui­ci a besoin d’un titre, d’un programme, d’un direc­ teur, de personnel et de matériel. Le titre est choisi dans l’esprit patriotique du moment. Vers l’Avenir est le nom d’un hymne national belge populaire. Le programme est conforme à celui du Parti catholique, à savoir « la restauration patriotique par l’union des classes, la justice et la liberté ». Le nouveau quotidien ne se veut pas l’organe de la bourgeoisie, mais celui de toutes les catégo­ ries sociales.

Enthousiasme et difficultés Comme directeur, Mgr Heylen a appelé René Delforge, qui habite Verviers et s’installe à Namur. Celui­ci fait venir son frère, Hervé, et en fait son secrétaire de rédaction. Adrien Wodon, journaliste à L’Ami de l’Ordre depuis 1902, prend en charge la rubrique locale. Car la volonté est, dès le départ, de développer l’information sur la province de Namur. Les ouvriers et le matériel sont ceux de L’Ami de l’Ordre. Les premiers numéros sont bien modestes : une simple

feuille recto verso, sans illustration, un papier, une impres­ sion de mauvaise qualité. Dès le départ, une organisation est mise en place pour couvrir toute la province de Namur, récolter les abonne­ ments et la publicité, s’intéresser à tous les domaines de l’actualité. Les journaux des premiers mois sont dans l’esprit du temps. Vers l’Avenir glorifie les héros, martèle la haine du Boche. Les premiers faits divers montrent une société marquée par la guerre proche : drames liés à des engins explosifs abandonnés, pauvreté, vols nombreux dans les villes et les campagnes. Dans la rubrique publicitaire, se succèdent les ventes publiques de butins de guerre. Le premier feuilleton, publié dès le 6 mars 1919, est un récit des massacres du 22 août 1914 à Tamines. À l’enthousiasme du début succèdent les difficultés. Elles sont techniques, avec les lenteurs dans la fourniture de l’indispensable matériel neuf. Elles sont financières, avec le litige opposant le journal à Victor Delvaux. Elles sont humaines, avec une tension grandissante entre René Delforge et l’entourage de l’évêque.

À la Boule rouge Pour renflouer le jeune journal en déficit, l’évêché de Namur fait appel, en 1922, à des notables catholiques de toute la province, et constitue une société anonyme, La Presse catholique dans la province de Namur. Les institutions et communautés religieuses du diocèse sont également sollicitées. 1923 : la nouvelle société achète, pour y transférer l’entre­ prise, le magasin de couleurs À la Boule rouge, situé 10 et 11 boulevard Ernest Mélot, en face de la poste. On y installe les bureaux et l’atelier. C’est le début d’une série d’acquisitions, puis de transformations, de maisons conti­ guës. Elles s’échelonneront tout au long du siècle, jusqu’à former un front de façade aligné sur près de la moitié de l’avenue. Les nouveaux locaux sont plus vastes et fonctionnels. L’amélioration la plus visible est l’apparition de la photo­ graphie. Le journal ne dispose toutefois pas encore d’atelier de photogravure. Les clichés doivent être en­ voyés à Bruxelles, dont ils ne reviendront, traités, au

Le chant patriotique Vers l’Avenir a donné son nom au jeune journal. Composé en 1905, il dit la foi en un avenir radieux. Son refrain commence par ces mots : « Marche joyeux, peuple énergique ! » Il fut aussi l’hymne national du Congo belge. Coll. J.-F.P.

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1 Le premier numéro de Vers l’Avenir, 19 novembre 1918. 2 Slogan utilisé comme bouche-trou dans la mise en page, 1935. Archives L’Avenir

mieux que le lendemain. La publicité devient abondante. Une première période de prospérité s’ouvre.

17 février 1934, Marche-les-Dames Après avoir exprimé des sympathies pour le mouvement Rex de Léon Degrelle à ses débuts, Vers L’Avenir lui tourne le dos dès 1936. Des lecteurs, partisans de ce tribun charismatique, interrompent alors leur abonnement. Mais dès 1937, Rex, présenté par le journal comme ennemi de la démocratie et du pays, s’effondre.

L’attachement à la Belgique unie et à son roi est une constante, dans le journal, durant tout l’entre­deux­guerres, et encore jusque dans les années 1960. Visites princières ou royales, inaugurations de monu­ ments, défilés militaires, homma­ ges aux victimes de la guerre, 2 anniversaires des massacres de civils en 1914 sont autant d’événe­ ments auxquels le journal consa­ cre des pages spéciales multiples. Le 17 février 1934, Albert Ier, le roi­soldat, le vétéran de l’Yser, trouve la mort à Marche­les­Da­ mes, à deux pas de Namur. Deux jeunes journalistes de Vers l’Avenir, Marc Delforge et Philippe de Thysebaert, se rendent sur place. Ils sont les premiers, et peuvent parcourir librement les abords du rocher. Tout est encore sur les lieux de la chute, la casquette du roi, son lorgnon, sa courroie de cuir, son sac de toile. Une édition spéciale est publiée dès l’après­ midi, bordée de noir. Le pays est consterné. Pendant quatre jours, la vie s’arrête. Les magasins, les salles de spectacles ferment, les matches de football sont remis. Un an et demi plus tard, le journal doit annoncer un autre deuil national, celui de la reine Astrid.

Rex Sur le terrain politique, Vers l’Avenir des années 1920 et 1930 milite, sans nuances, pour le Parti catholique. 6

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En 1934, quand arrive le mouvement Rex de Léon De­ grelle, le journal ne cache pas sa sympathie pour cet orateur, porteur d’un souffle catholique nouveau. En février 1936, le vent tourne, et c’est la rupture entre Degrelle et le directeur Marc Delforge. Le journal estime que Rex n’est plus défendable sur le plan moral. Les élections législatives du 24 mai 1936 sont catastrophiques pour le Parti catholi­ que, qui perd seize sièges de député. À partir de 1937, condamné par l’Église, Rex va d’échec en échec, ce qui réjouit le journal. Sur le terrain religieux, le lien entre le journal et l’évêché est sans faille. Quand, en novembre et décembre 1932, cinq enfants de Beauraing voient apparaître la Vierge, Vers l’Avenir partage d’abord les doutes des autorités ecclésiastiques, avant de marquer un soutien total au culte qui s’y développe. La ligne chrétienne influence l’information culturelle, où la frilosité domine. Il faut attendre 1934 pour voir apparaître les programmes des cinémas ; 1938 pour les spectacles théâtraux.

La Meuse déborde, puis gèle Faits divers, sports, petites informations locales : le con­ tenu des pages du journal ne cesse de se diversifier. C’est encore plus vrai à partir de 1935. Les faits divers, ce sont notamment les inondations de la Meuse, dont les plus catastrophiques dévastent la vallée dès le 31 décembre 1925. Jour après jour, Vers l’Avenir décrit le désastre, évoque la détresse des sinistrés et le courage des sauveteurs, explique l’organisation du ravitaillement, relate la visite des souverains à Namur, Jambes et Dinant. C’est


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3 René Delforge (Montigniessur-Sambre, 1878 - Namur, 1934). La ligne de conduite rédactionnelle du premier directeur de Vers l’Avenir se résume en deux mots : Rome et la patrie

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4 Annonce d’un train spécial organisé par Vers L’Avenir depuis Namur pour assister

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aux funérailles du roi Albert, à Bruxelles. Vers l’Avenir, 20 février 1934. 5 La première rotative du boulevard Mélot, à Namur, qui imprime le journal de 1923 à 1957. 6 La première photo publiée dans Vers l’Avenir : l’exhumation du corps de Thérèse de Lisieux (31 mars 1923).

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7 Dessin invitant les lecteurs à voter pour le Parti catholique, lors des élections de 1932. Vers l’Avenir, 26 novembre 1932. Archives L’Avenir

aussi le terrible hiver 1929, où l’armée doit faire sauter, à l’explosif, la glace sur le fleuve. C’est encore cet accident de train qui, le 10 décembre 1929, fait dix morts et 75 blessés en gare de Namur. La rapidité de la réaction journalistique est impressionnante : la catastrophe a lieu à 7 heures, tous les détails sont dans l’édition de midi, avec la liste détaillée des morts et des blessés. Les accidents de la route, les chutes de piétons, les délits de pêche ont aussi leur place. Dans la rubrique locale, s’alignent les communiqués d’associations, nouvelles familiales, échos polémiques. Cela va de la capture d’un renard à l’expropriation d’une maison, du mariage de la fille d’un bourgmestre à un avis sur l’échardonnage ou une conférence sur les pensions. Dès 1935, les pages spéciales se multiplient : pour les ouvriers, les femmes, les enfants, les agriculteurs…

Pour le service de la patrie 1938 : les espoirs de paix durable s’estompent peu à peu. Le régime nazi qui s’est installé en Allemagne inquiète. La Belgique se réarme. L’invasion de la Pologne, l’entrée en guerre de la France accélèrent le rythme. De nombreux hommes sont rappe­ lés. L’économie tourne au ralenti, les rentrées publicitai­ res chutent. Vers l’Avenir réduit sa pagination. Des abon­ nements à prix réduits sont proposés aux soldats dans les garnisons. Le pays ne s’attend pas à une invasion immi­ nente. L’attaque foudroyante allemande du 10 mai 1940 surprend le journal comme toute la population. Aussitôt, le ton devient patriotique et anti­allemand. Namur est envahie d’évacués. La suppression de l’éclairage nocturne impose un bouclage précipité. La mobilisation générale a désorganisé les services. Vers l’Avenir continue à paraître pendant deux jours encore, « pour le service de la patrie ». La dernière édition, celle du lundi 13 mai, n’est pas distribuée. À leur entrée en ville, les Allemands en

Le programme socialiste, c’est le bouleversement général par la lutte des classes et l’internationalisme aboutissant au bolchevisme. Calendrier du journal Vers l’Avenir, 1925

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1 trouvent tous les paquets échoués, dans la poste. Vers l’Avenir cesse sa publication, jusqu’à la libération, quatre ans plus tard.

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DE

1945 À 1976

« Traîtres, bochophiles… »

1 Titre voulant rassurer les lecteurs sur la force de la défense belge, au moment où l’Allemagne entre en guerre avec la Pologne, puis avec la France et la Grande-Bretagne. Vers l’Avenir, 6 septembre 1939. 2 Le journal soutient activement le camp royaliste, lors de la campagne préalable

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à la consultation populaire sur le retour de Léopold III. Vers l’Avenir, 7 mars 1950. 3 Première page du journal annonçant la capitulation allemande. « Vers l’Avenir », 9 mai 1945. 4 Félix Gossiaux, photographe à Vers l’Avenir, 1948.

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Archives L’Avenir

8 septembre 1944 : Namur est libérée, le journal paraît à nouveau. Mais dans des conditions très précaires, car le papier manque, absolument. Et la guerre n’est pas finie. La première édition ne compte que deux pages. Elle dit la joie des Namurois à l’entrée des libérateurs américains, mais aussi la tristesse de toutes ces familles endeuillées par le bombardement du 18 août. La vie ne reprend que lente­ ment : le téléphone, le gaz, le ravitaillement, la circulation des trams et des trains restent perturbés. À Vers l’Avenir, le charbon manque. Surtout, le papier est cher et rationné. À partir de janvier 1945, le quotidien ne paraît plus qu’un jour sur deux, puis un sur trois. Les articles, sans photos, sont réduits à l’essentiel. La fabrication devient aléatoire : au fil des stocks trouvés, le papier varie de couleur et de texture ; certains jours, le format doit être réduit. Cette situation perdurera de nombreux mois encore. En avril 1945, l’optimisme revient. Jour après jour, le journal suit la progression des Alliés. Les premiers prison­ niers de guerre rentrent au pays et chaque village les accueille avec joie. Parfois, hélas, est aussi rapportée la triste nouvelle : certains ne reviendront pas. Vient l’heure de réclamer des comptes. Dès le 11 septem­ bre 1944, Vers l’Avenir annonce l’incarcération de collabora­ teurs et de rexistes. La première séance du conseil de guerre de Namur a lieu le 29 septembre. Pendant de nombreux mois, ces procès occupent une place majeure dans les pages. Les condamnations à mort pleuvent (jusqu’à dix­huit par jour), et le journal réclame sans cesse plus de sévérité pour ces traîtres, bochophiles, vendus. Puis viennent les relations de séances de dégradation militaire et, pour certains, les exécutions, contre les murs de la citadelle de Namur.

Chiges ès Pasqueyes 1946, 1947, la vie normale reprend. Les lecteurs ont envie de parler d’autre chose, de se détendre, de rire. Vers l’Avenir s’épaissit, se diversifie. Mettre de la bonne humeur dans les pages, après tant d’années de privations, c’est le but d’une série d’innova­ tions, dès que s’assouplissent les restrictions sur le papier. Une de ces nouveautés est la publication d’une édition du dimanche, avec de grands reportages historiques bien illustrés, des pages sur la femme et la mode au foyer, sur la vie agricole, un billet des classes moyennes, le Petit sermon à domicile. La langue wallonne revient dans le journal, avec une rubrique Chiges ès Pasqueyes, titre qui évoluera en Chîjes èt Pasquéyes. Septante­deux ans plus tard, elle existe toujours ! Les mots croisés, occasionnels avant­guerre, deviennent hebdomadaires, puis quotidiens dès 1947. La rubrique sportive s’enrichit de nouvelles disciplines : motocross, basket­ball.

de Thysebaert, Delforge… Au milieu des années 1930, sont arrivés à Vers l’Avenir quatre hommes qui marqueront l’évolution du journal pendant quarante ans. Ils ont pour nom Philippe de Thyse­

Nous voici à la phase extrême de la crise du papier. Ce numéro, de format et de tirage réduits, en témoigne. Vers l’Avenir est menacé de disparition pure et simple. 8

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12, 13 et 14 février 1945


baert, Marc Delforge, Abel Berger et Maurice Dandumont. Philippe de Thysebaert et Marc Delforge se partagent la direction du journal. À la rédaction, Abel Berger et Maurice Dandumont organi­ sent de façon méthodique la couverture, l’un de l’actualité provinciale namuroise, l’autre des sports. Philippe de Thysebaert est le fils de Ferdinand, qui préside le conseil d’administration jusqu’à la guerre. Il fait ses premiers pas dans les services administratifs, puis à la rédaction sportive. À son retour de captivité en 1945, il est nommé administrateur délégué, fonction qu’il occupe pendant trente­sept ans. C’est un gestionnaire prudent, qui considère qu’on ne doit pas dépenser l’argent que l’on n’a pas. C’est aussi un chef d’entreprise soucieux de la paix sociale et du bien­être de son personnel. Il est convaincu que la seule province de Namur ne peut suffire pour l’équilibre financier d’un quotidien et, par des rachats habilement menés d’autres journaux, ainsi que le lancement de nouvelles éditions, il transforme Vers l’Avenir en un groupe de presse wallon. C’est ainsi que L’Avenir du Luxembourg monte dans le grand vaisseau en 1948 ; Le Courrier (Verviers) en 1956, Le Courrier de l’Escaut (Tournai) en 1968 ; Le Jour (Verviers encore) en 1986, Le Rappel (Charleroi) en 1987. Vers l’Avenir Huy Waremme démarre en 1949, Brabant wallon en 1974, Entre­Sambre­et­Meuse en 1987, Basse­Sambre en 1996, Le Courrier (Mouscron) en 2004. Quand René Delforge est mort, en 1934, on a fait appel à son fils Marc, docteur en droit, pour lui succéder, comme rédacteur en chef directeur ; il avait alors 24 ans. Après la guerre, Marc Delforge contribue à l’expansion du journal, traversant les turbulences politiques du moment. Il le fait avec sang­froid, lucidité, sens des nuances. Il cherche à transmettre aux journalistes le goût de la précision, comme celui du respect de la langue classique.

Odeurs d’encre et de plomb Jusqu’en 1984, Vers l’Avenir est imprimé au cœur de la ville de Namur. Au fil des heures de la journée, les passants le voient, l’entendent se fabriquer. Les camions livrent les bobines de papier le matin ; au milieu de la nuit, des chariots conduisent à la poste, en face,

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les quotidiens fraîchement sortis de la rotative. Les bureaux et ateliers sont remplis de ces bruits et odeurs, cliquetis des machines à écrire et linotypes, émanations d’encre et de plomb. Une enseigne lumineuse barre la longue façade. Sur le trottoir, les badauds regardent les photos affichées aux vitrines, avant d’entrer déposer une petite annonce. Ces décennies sont prospères. Les abonnements, qui continuent à être récoltés par les comités Bonne presse, forment l’essentiel des ventes, avec des taux de pénétration particulièrement élevés dans les régions rurales du Con­ droz, de Hesbaye, d’Ardenne, du Hainaut occidental, tout en gardant une position largement dominante dans l’agglomé­ ration de Namur. La publicité est abondante : grands magasins, garages, notaires, agences immobilières se disputent les meilleurs emplacements, dans les pages du vendredi et du samedi. L’emploi, dans l’entreprise, suit la même progression : 99 ouvriers et employés en 1955, 210 en 1985. Nombreux sont ceux qui travaillent de père en fils. Dans cette grande famille qui permet la sortie puis la vente du quotidien, il faut ajouter les dizaines de correspondants régionaux, de propagandistes, sans oublier les facteurs et les libraires, souvent très attachés au journal.

Étrennes pontificales La société wallonne de 1960, et spécialement dans les zones rurales, est largement marquée par le christianisme. Vers l’Avenir donne une place privilégiée à toutes les initiatives liées à l’Église et à ses institutions. Organe de l’Évêché et du clergé, il publie leurs avis : étrennes pontifi­ cales, lettres pastorales, annonces de messes ou de mis­ sions… Les ordinations sacerdotales, les départs ou arrivées de prêtres sont largement relatés. Les grandes cérémonies font l’objet de pages spéciales. Chaque paroisse a son curé. Celui­ci est le relais du journal dans son village et, souvent, récolte les abonnements. Il informe la rédaction sur de petits faits locaux. Son avis est sollicité en cas de remplacement d’un employé ou d’un correspondant. Comme membre du clergé, il se considère parfois comme actionnaire ; si un article lui déplaît, il le fait savoir vertement. Le journal accorde une place privilégiée, aussi, à tout ce

Le développement du journal Vers l’Avenir en un groupe wallon, dans l’après-guerre, est marqué par la personnalité du baron Philippe de Thysebaert (1908-2009). Celui-ci a compris que la seule province de Namur ne peut assurer la viabilité d’une entreprise de presse quotidienne régionale.

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5 La sortie du journal (ici Le Courrier, l’édition verviétoise) de la rotative, vers 1957. 6 La salle des linotypes, dans les années 1960. Ces machines, qu’on retrouve dans tous les journaux jusqu’à l’apparition de la photocomposition vers 1975, permettent la composition de lignes de textes en plomb, d’un seul bloc.

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7 Djoseph et Françwès. Ces deux personnages créés par le dessinateur Jean Legrand donnent une touche d’humour aux pages locales namuroises, de 1946 à 1998. -

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1 qui appartient à l’univers chrétien : enseignement libre, mouvements de jeunesse, mutualités, associations d’éduca­ tion permanente. Avec le concile Vatican II, un vent de renouveau traverse l’Église. Les idées de mai 1968 amènent à l’aspiration à davantage de démocratie. Dans les années 1980, la baisse de la pratique religieuse et la chute des vocations amoindrissent la puissance du clergé. Son rôle dans la société se modifie, ainsi que ses relations avec le journal. L’entourage de l’Évêque intervient moins dans sa politique rédactionnelle, qui devient plus ouverte sur l’ensemble de ces sujets. 1 Visant en majorité un public d’abonnés, Vers l’Avenir n’a, longtemps, pas l’habitude de placer de grands titres en Une. Il fait des événements exceptionnels tels que la catastrophe du Bois du Cazier, l’indépendance du Congo, le mariage du roi Baudouin ou l’incendie de l’Innovation à Bruxelles pour le justifier. Vers l’Avenir, 30 juin 1960. 2 Salle de rédaction, boulevard Mélot à Namur,

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1970. Les deux journalistes à l’avant plan sont Isy Laloux et Marcel Copay. 3 Le baron Philippe de Thysebaert donne le coup d’envoi pour la dernière impression du journal, sur la rotative Frankenthal du boulevard Mélot, à Namur. Dès le lendemain, les nouvelles installations de Rhisnes sont opérationelles.

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4 novembre 1984. 4 Publicité, 3 mai 1956. La lecture des annonces, plus encore que celle des articles, est instructive sur la perception du rôle de la femme. Jusque dans les années 1970, celui-ci est essentiellement lié aux tâches familiales et ménagères. Archives L’Avenir

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« L’agitation socialo-communiste » Que ce soit sur le terrain communal ou national, Vers l’Avenir, L’Avenir du Luxembourg, Le Courrier de l’Escaut sont, pendant les trente ans qui suivent la guerre, la voix du PSC. Il en va ainsi jusqu’aux alentours des fusions de communes. La société belge des années 1950 et 1960 reste cloisonnée en piliers antagonistes : catholique, socialiste et libéral. Le Parti Social­Chrétien est alors le bras politique du monde catholique, et le journal le soutient, tant lors des campagnes électorales que dans le suivi de l’actualité au jour le jour. Les autres partis sont ignorés ou régulièrement critiqués. Lors de la guerre scolaire de 1955, Vers l’Avenir pousse ses lecteurs à participer aux rassemblements en faveur de l’enseignement catholique. En janvier 1961, Namur est touchée par la grève du siècle, quoique moins fortement que Liège ou Charleroi. Ici encore, le parti est pris : le journal n’a de cesse de dénoncer « l’agitation socialo­commu­ niste », le « tohu­bohu anarchique », « les débordements insen­ sés ». Avec les années, le sectarisme s’affiche de façon moins virulente. Car les lecteurs ne demandent plus au journal de lui donner des consignes de vote, mais des analyses objecti­ ves.

Le Bazar de la Station Jours de joie, jours de deuil, jours ordinaires : le journal régional doit raconter la vie de ses lecteurs, leurs préoccupa­ tions, leurs attentes. Au­delà des clivages politiques ou philosophiques, la force d’un journal régional est de parta­ ger le quotidien d’une ville, de ses habitants. La photo devient un élément essentiel de l’information. Namur n’est pas encore capitale, mais grandit. On recons­ truit sur les ruines de 1944. La voiture veut sa place : on élargit le pont de Jambes, on ouvre celui des Ardennes. On démolit les taudis. Les maisons anciennes du Grognon sont rasées, îlot par îlot, dans l’indifférence générale. Le rythme des fêtes, c’est déjà celles de Wallonie, mais aussi et surtout la grande Féerie de juillet. Les visites royales suscitent un enthousiasme populaire immense. La vie théâtrale est suivie avec encore une certaine pru­ dence par le journal, qui se montre parfois sévère sur la moralité de certains spectacles. Des faits divers spectaculaires justifient des pages spécia­ les : quand la Meuse gèle en 1954 et en 1956, quand de terribles incendies ravagent le Bazar de la Station le 13 no­ vembre 1948, ou le casino de Namur le 4 novembre 1980. Mais ce qui occupe une place majeure, ce sont toutes ces petites nouvelles, racontant la vie des quartiers, des fa­ milles, des sociétés, des professions : des noces d’or, une cérémonie du relais sacré, une mise à la retraite à l’adminis­ tration du cadastre, le départ d’un chef d’école, l’inaugura­ tion d’un local colombophile.

L’arrivée de Diederich Les ventes du lundi sont les plus fortes, dans les éditions du groupe Vers l’Avenir. L’explication ne doit pas être cherchée longtemps : la toute­puissance du journal dans le sport régional. La rubrique sportive provinciale se développe surtout à partir de 1948. Le dimanche, une édition spéciale, Vers l’Avenir Sports, est distribuée à 18 heures aux sorties des gares de Namur, Jambes, Dinant, Tamines, Andenne et Éghezée, avec les résultats de la journée. Les moyens techniques restent limités. À la rédaction, chaque dimanche, les journalistes sportifs qui, le reste de la semaine, n’occupent que quelques bureaux, envahissent tout l’espace disponible, de multiples collaborateurs se partageant tous les téléphones pour appeler les buvettes des clubs et connaître les résultats. Dans cette organisation, les

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correspondants jouent un rôle essentiel. Chez eux, la passion pour les sports et pour le journal n’est plus un loisir, mais un vrai sacerdoce. Le football régional est le cheval de bataille. Mais il n’y a pas que lui : cyclisme, moto, balle pelote, basket­ball… Prouesse hors norme le 29 juin 1952, pour une étape du Tour de France, Roubaix­Namur. Un dispositif est mis en place. Chaque correspondant, dans chaque village traversé, doit prendre, au passage de la voiture du journal, les feuillets rédigés par les deux envoyés spéciaux, et les transmettre par téléphone à la rédaction. La voiture n’arri­ vera pas, victime d’une crevaison. Une édition spéciale est quand même imprimée, qui est larguée par hélicoptère, sur l’esplanade de la citadelle, quelques minutes après l’arrivée du vainqueur, le Luxembourgeois Bim Diederich.

DE

1976 À NOS JOURS

Dans le journal que vous lisez en ce moment, il n’y a plus une seule ligne composée au plomb. Vers l’Avenir, 4 mai 1976

nelle, et de le compléter par de nouveaux supports, vers d’autres publics. Ainsi, en mai 1983, est lancée Radio VerS L’Avenir. Après six ans d’une expérience innovante, cette station pionnière rejoindra le réseau Nostalgie. En 1992, démarre le Journal des Enfants, qui existe toujours et se porte bien. Philippe de Thysebaert cède le relais à son fils, Jacques, qui devient administrateur délégué en 1991.

Et la couleur fut…

Observateur, pas partisan

4 mai 1976. Vers l’Avenir annonce à ses lecteurs : « Dans le journal que vous lisez en ce moment, il n’y a plus une seule ligne composée au plomb. » Les linotypes sont parties à la casse, voici la photocomposition et, dès 1979, les premiers ordina­ teurs. Autre progrès qui permet de gagner un temps pré­ cieux : l’apparition du fax, vers 1980. 1984. La vénérable rotative Frankenthal a fait son temps. Un nouveau centre d’impression est construit à Rhisnes. Le format du journal est un peu réduit et voilà qu’apparaît la couleur. La machine permet de diversifier la production. Dès 1986, Rhisnes imprime les premiers hebdomadaires toutes boîtes. À Namur, derrière les vieilles façades du boulevard, les bureaux et ateliers sont modernisés ; les métiers évoluent, avec la disparition de tâches techniques. Les ventes restent prospères. En 1994, la diffusion payante du journal, pour l’ensemble de ses éditions en Wallonie, culmine à 123 600 exemplaires quotidiens. Mais le marché de la presse écrite marque un début de saturation. Il devient utile de soutenir le produit par une politique promotion­

La répartition figée en trois blocs, socialiste, chrétien et libéral, connaît une première fissure vers 1970, avec l’éclo­ sion des partis fédéralistes. Vers l’Avenir leur apporte un soutien indirect, en affichant ses sympathies wallonnes. Le Rassemblement wallon attire des personnalités chrétiennes. D’autres catholiques passent au parti libéral, qui abandonne son étiquette anticléricale. Une troisième redistribution des cartes, hors du clivage chrétiens­non chrétiens, a lieu vers 1980, avec l’apparition du mouvement Écolo. C’est aux élections communales de 1976, celles des fusions, que le journal change sa politique rédactionnelle, sur le plan local. L’évolution se fait progressivement. Le rôle du journaliste n’est plus de soutenir une tendance politique déterminée, mais de s’imposer comme un observateur neutre. Sur le terrain social aussi, les temps changent. La crise économique frappe durement, dès 1973. Des usines fer­ ment. Le combat pour l’emploi devient une priorité parta­ gée. Peu à peu, les syndicats, en ce compris la FGTB, ne

5 Le montage d’une page au départ de bandelettes de papier. Vers 1990.

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Le constat de 1976 : les chrétiens ne militent plus au sein du seul PSC. Les lecteurs de Vers l’Avenir ne sont plus tous chrétiens et ne sont plus tous des électeurs du PSC. On passe du journal d’opinion au journal d’information.

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6 À partir de 1987, les journalistes rédigent directement leurs articles sur ordinateur. 7 La longue rangée de façades du boulevard Mélot, siège de la rédaction, l’administration et la fabrication du journal, de 1923 à 2006. 8 Départ en reportage début des années 1970. Archives L’Avenir

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2 1 Mgr Léonard, installé évêque de Namur. Le début d’une période tumultueuse, pour son diocèse mais aussi pour le journal. Vers l’Avenir, 15 avril 1991. 2 Les années 1980 sont celles des grands combats pacifistes, écologiques, sociaux. Manifestation contre les missiles américains à Florennes. Vers l’Avenir, 16 mars 1986. 3 Le football provincial, cheval de bataille de la rubrique sportive. Ici, le but de la victoire pour Durnal en 1979. 4 La rédaction nationale, boulevard Mélot. 30 décembre 2003. 5 Le premier numéro imprimé à Rhisnes, avec l’apparition de la photo couleurs. 6 novembre 1984. Archives L’Avenir - Philippe Berger - photo n° 3

sont plus considérés par Vers L’Avenir et ses éditions comme des fauteurs de troubles.

Militants et riverains L’économie, l’environnement, la préservation du cadre de vie deviennent des préoccupations qui occupent une place grandissante dans le journal. Qui n’abandonne pas pour autant ses rubriques fortes que sont la politique communale, le fait divers, le sport régional.

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Le cadre de vie, l’environnement entrent dans les préoccupations. Un nouveau citoyen apparaît : le mili­ 5 tant. Pour une grande cause, ou, simplement, pour préserver son chez soi. Dans ces combats nouveaux, certains, aux alentours de 1980, prennent une dimension spectacu­ laire, voire violente. Les Couvi­ nois partent en guerre contre un projet de barrage sur l’Eau Noire. À deux pas de la frontière, Belges et Français se retrouvent pour tenter d’empêcher la construction d’une centrale nucléaire à Chooz. Florennes, qui doit accueillir des missiles américains, devient le lieu de rendez­vous de tous les pacifistes. Ces affrontements sont largement répercutés dans le journal. Pétitionner, afficher, écrire devient démarche courante. Contre une porcherie industrielle, une exten­ sion de carrière, une nouvelle route, la fermeture d’une gare. Certains voient là un refus du progrès, un conserva­ tisme égoïste. D’autres saluent ces démarches soucieuses d’un cadre de vie meilleur. Une chose est certaine : le

suivi de ces débats passionnés remplit, par centaines, les pages du journal.

André Léonard La nomination d’André Léonard à la tête du diocèse de Namur, le 7 fé­ vrier 1991, ouvre une période de turbulences, qui touche la rédaction puis l’actionnariat du journal. Une page va se tourner. Son arrivée crée une fracture parmi les catholiques du diocèse, et parti­ culièrement le clergé et les laïcs engagés. Les partisans du nouvel évêque apprécient ses certitudes. Ses adversaires redoutent un retour à une Église préconciliaire. Rapidement, l’un et l’autre camp comptent sur Vers l’Avenir et L’Ave­ nir du Luxembourg pour relayer leurs points de vue. Mise sous pression, la rédaction est dans une position difficile. L’évêque lui­même demande au journal de médiatiser ses actions pastorales. Il obtient la publication d’une tribune mensuelle, où certains de ses textes sont polémiques. À Namur, journalistes et syndicats réagissent, par une action de grève, le 21 février 1995. Les relations s’enveniment aussi au sein de l’actionnariat. L’évêché et les familles héritières des fondateurs sont en conflit. Le premier écarte les secondes du conseil d’adminis­


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6 Grand prix de Wallonie cycliste, vers 1990. 7 La démultiplication des titres des journaux du groupe est un inconvénient pour la communication extérieure. Le 1er juin 2010, leur est substituée une appellation commune : « L’Avenir ». 8 Dans les pages

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sportives, il ne faut pas atteindre le sommet de la gloire pour intéresser le journal. Ici, les jeunes Justine Hénin et Olivier Rochus, reçus au palais provincial de Namur. Vers l’Avenir, 8 mars 1996. 9 Les années 1990, c’est le choc émotionnel causé par les disparitions d’enfants.

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Vers l’Avenir, 21 octobre 1996. 10 Le premier numéro imprimé en format tabloïd, et tout en couleurs. 22 mai 2007. Archives L’Avenir

tration, puis entame des négociations pour la revente du journal. Dans le personnel, c’est l’inquiétude, pour l’emploi et l’indépendance rédactionnelle. L’évêché cède, en partie, puis totalement (en 2006), Vers l’Avenir à la VUM, société éditrice du Standaard et du Nieuwsblad, établie à Grand­Bigard. Le 7 juin 2013, le groupe flamand annonce son intention de se recentrer sur le nord du pays et revend L’Avenir 10 à l’intercommunale liégeoise Tecteo, rebaptisée ensuite Nethys.

Dites : « L’Avenir » En 2002, les photographes et correspondants passent au numéri­ que. C’est un grand progrès pour la rapidité. Jusque­là, il fallait achemi­ ner tous les films dans une des rédactions, soit par la poste, soit en s’y déplaçant. 2007. Avec la fermeture de Rhisnes et le transfert de l’impression à Grand­Bigard, le journal change de format, adopte le tabloïd. Plus petit, il devient plus maniable. Surtout, il est désormais, de la première à la dernière page, en quadrichromie. Le produit s’enrichit, avec des suppléments, occasionnels ou réguliers. Cela a commencé, de 1989 à 1999, par un cahier auto, L’Auto­guide, puis, de 1993 à 1997, une série à succès, les cartes IGN de Wallonie. Depuis 2003, en septembre, tous les enfants entrant en première primaire ont leur photo de classe ; dès 2006, c’est aussi le

cas des bébés. En 2011, le cahier loisirs et télévision du samedi est rebaptisé Deuzio. D’Arlon à Tournai et Verviers, les neuf éditions régionales du groupe ont conservé leur nom d’origine. Cela complique la communication externe. Il est décidé de les remplacer par un titre commun. Ainsi, dès le 1er juin 2010, on dira partout : L’Avenir. Internet révolutionne le monde de la communication. En 2006, est lancé, timidement, un premier site web, votrejournal.be. Il devient actu24.be, puis lavenir.net, son intitulé actuel. Le web va­t­il détrôner définitive­ ment le papier, ou bien celui­ci a­t­il toujours un avenir ? Ce web de demain sera­t­il gratuit ou payant ? Sa rentabilité permettra­t­elle d’assurer seule la viabilité d’entrepri­ ses de presse, pour offrir une infor­ mation journalistique de qualité ? Ces questions restent entières. En 2018, les bases du métier sont inchangées : y aller, se renseigner… Et les points forts de la rubrique régionale restent la politique locale, le fait divers, le sport. Matière sensible, l’information judiciaire se traite autrement. Les sources sont moins accessibles, des écrans se sont dressés. Elle garde pourtant tout son sens. Mais l’information locale, c’est aussi la culture, la fête, l’économie, la vie des quartiers. Grands ou petits événe­ ments, l’actualité locale ne s’arrête jamais.

Changement d’actionnaire, de format, déménagement du siège central, diversification par le lancement de nouveaux médias, modification du nom, création d’un site internet : les années 2000 voient une série de bouleversements. Même si le souci de proximité est inchangé.

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L’ENTREPRISE

AUJOURD’HUI

Deuxième titre de presse francophone, « L’Avenir » cultive sa spécificité, l’information régionale de qualité. Pour y parvenir, le quotidien dispose de 170 journalistes et près de 400 correspondants répartis dans toute la Wallonie. Au travers de ses 9 éditions régionales et de lavenir.net, pas moins de 495 000 francophones lisent et consultent chaque jour nos publications. V INCENT É TIENNE

Neuf éditions pour informer tous les Wallons

E

n l’espace de 100 ans, le paysage de la presse quotidienne francophone a constamment évolué. Des dizaines de titres sont apparus, la plupart ont disparu ou ont fusionné au cours de leur his­ toire. Ces 40 dernières années, on est ainsi passé de 11 groupes de presse et 25 titres francophones à une concentration de trois groupes : Rossel (Le Soir, Sudpresse et 50 % de Mediafin­L’Echo), IPM (La Libre Belgique et La Dernière Heure) et les Éditions de L’Avenir, soit six titres et leurs déclinaisons régionales.

495 000 lecteurs, 77 000 exemplaires Depuis 1995, les ventes de journaux ont sérieusement diminué, mais L’Avenir est celui qui a le mieux résisté sur un marché en pleine transformation depuis l’arrivée du web. Le groupe s’est ainsi imposé en tant que deuxième titre franco­ phone. Lors de la dernière publication des chiffres d’audience du CIM (le Centre d’information sur les médias), L’Avenir comptabilisait quelque 495 000 lecteurs (aussi bien sur la version papier que numérique), étant seulement devancé par Sudpresse. Derrière, on retrouve dans l’ordre Le Soir, La Dernière Heure, La Libre et enfin L’Écho. Chaque jour, il se vend ainsi plus de 77 000 exemplaires de L’Avenir, en version papier ou numérique, très majoritaire­ ment en abonnement (plus de 80 %), mais également chez les libraires et autres points de vente. Faites le calcul, à raison de 302 exemplaires par an, cela représente près de 23 millions de journaux distribués chaque année à travers la Wallonie. Pour réaliser ce beau défi, L’Avenir peut compter sur 280 collaborateurs répartis sur dix sites, du siège central installé depuis 12 ans à Bouge, sur les hauteurs namuroises, aux plus petits bureaux régionaux positionnés à Philippeville et à Ath. C’est précisément ce maillage qui fait l’une des forces du quotidien : être au plus proche de ses lecteurs et leur offrir une information de grande proximité via un traitement où se mêlent compte rendus, témoignages et analyses. Si la rédaction compte quelque 170 journalistes et assistants de rédaction salariés, elle s’appuie également sur un important réseau de correspondants et de journalistes indépendants qui collaborent quotidiennement ou sporadiquement. Ils sont près de 400, ici aussi répartis dans toutes nos éditions locales. 14

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Au sein de la rédaction encore, la « tour de contrôle » relit et valide plus de 200 pages par jour, qu’elle transmet ensuite à l’imprimerie. Les 110 autres membres du personnel jouent un rôle tout aussi essentiel dans la réussite de L’Avenir. Que ce soit le service marketing, qui gère la diffusion du journal, sa promotion et les divers échanges avec des partenaires événementiels, le service publicité, qui propose des espaces particulièrement prisés par les annonceurs nationaux ou régionaux, mais aussi d’autres services supports tels que les finances, les ressources humaines ou l’informatique (lire la description des différents métiers dans les pages suivan­ tes). Autant de départements qui délivrent leurs services pour la production et le soutien du quotidien, du JDE (le Journal des enfants), de Moustique, Télépocket, Proximag et de lavenir.net, qui s’est grandement développé au cours de ces 12 dernières années. Tous ces services vivent assurément au rythme de l’informa­ tion et de la rédaction.

9 éditions, 4 sections

Point commun entre tous les journalistes, qu’ils prestent pour le quotidien, Deuzio, ou le JDE, tous travaillent dans le même système rédactionnel, Eidos Methode. Un système qui permet la production du contenu de A à Z, dans lequel

De Verviers à Mouscron et d’Arlon à Wavre, la Wallonie est quadrillée par les 9 éditions de L’Avenir. Comme vous le découvrirez plus loin dans ce supplément, chaque titre possède son identité et ses spécificités, mais maintient le cap de l’information régionale de qualité qui le distingue de ses concurrents. L’Avenir est en effet le seul quotidien à disposer d’un cahier régional pleinement dédié à sa zone de couverture, qui peut varier d’une province (le Luxembourg ou le Brabant wallon) à un seul arrondissement (le plus petit étant Huy­Waremme). Selon l’importance de l’édition et le nombre de communes, la pagination du cahier régional peut varier, mais toutes les éditions proposent un déroulé semblable, avec l’information belge et générale en ouverture, suivie du mag. Et au centre, le cahier régional, qui contient également l’info sportive. Les Éditions de l’Avenir, qui ont réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 52 millions d’euros, doivent cependant faire face à un plan de transformation qui s’accompagne d’un plan de restructuration, largement évoqué ces dernières semaines.

sont intégrés les articles et photos de correspondants ainsi que des journalistes, les dépêches, pubs, pages et chemin de fer. C’est également Methode qui supporte toutes les archives.


77000

280

exemplaires

170

collaborateurs

journalistes et assistants de rédaction

+ 400

correspondants et indépendants

495000

LE COURRIER LE COURRIER DE L’ESCAUT

lecteurs

BRABANT WALLON HUYWAREMME

LE JOUR VERVIERS

BASSESAMBRE

9

NAMUR ENTRE-SAMBRE ET-MEUSE

éditions

RETROUVEZ TOUTE L’INFO TOURISTIQUE OUVERT 7J/7

LUXEMBOURG

OFFICE DU TOURISME DE NAMUR Place de la Station

Association, entreprise, voyage scolaire ? Contactez notre service «Groupes» pour une offre personnalisée ! groupes@visitnamur.eu +32 81 24 60 23

© B. D’Alimonte - OTN

© WBT - Denis Erroyaux

© WBT - Denis Erroyaux

© B. D’Alimonte - OTN

(à côté de la gare)

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LUXEMBOURG

« L’Avenir Luxembourg », comme un journal national, pilier de l’identité provinciale « L’Avenir Luxembourg » a eu une vie avant d’intégrer le groupe Vers L’Avenir en 1948. Il est né de la fusion de deux journaux arlonais le 1er juillet 1894. Aujourd’hui, il est toujours perçu comme un « journal national » lu par 60 % des lecteurs luxembourgeois de quotidiens.

DANIEL L APRAILLE

L’

Avenir Luxembourg, c’est près de 120 000 lecteurs (derniers chiffres du CIM), soit six lecteurs de quotidien sur dix dans la pro­ vince, une situation exceptionnelle dans la presse francophone. Dix­sept journalistes employés répartis sur deux sites, à Arlon et à Marche, et une quarantaine de correspondants alimentent à tout instant le journal et son site web sur les petits et grands événements de la vie des citoyens de la province du sud du pays.

125 ans l’année prochaine L’Avenir Luxembourg est entré dans le giron du quotidien namurois en 1948, pour y trouver rapidement une place de choix. Devenu un pilier du groupe, L’Avenir Luxembourg a fêté son 120e an­

niversaire en 2014. Mais le journal a eu une vie avant 1948. À l’origine, ils étaient deux à Arlon, chef­lieu d’un jeune Luxembourg, deux journaux quotidiens prônant des valeurs très proches (patrie et catholi­ cisme) qui rendaient coup pour coup à L’Écho du Luxembourg, l’adversaire libéral. Le journal Le Luxembourg avait lui­même déjà remplacé La Voix du Luxembourg. Un avocat paliseulois visionnaire, Jules Poncelet, met toute son énergie à imposer la fusion entre L’Avenir et le Luxembourg qui devien­ nent un seul et même quotidien le 1re juillet 1894. Son fondateur promet qu’il deviendra « le défenseur libre des intérêts de la province ». Il paraît sept fois par semaine. Pour décoller, le journal s’appuie sur la propagande que lui réservent les prêtres. Les ventes décollent juste avant le passage de siècle.

La locale s’installe en 1930 Après une interruption durant la Grande Guerre et une reprise assez compliquée, le journal s’en­ gage résolument dans le journalisme local début des années trente dans le même temps où il est imprimé sur une nouvelle rotative installée à Arlon, rue des Déportés. C’était parti pour une grande aventure qui a surmonté les deux arrêts imposés par les deux guerres, avant de devenir une édition du groupe Vers L’Avenir. Depuis 1948, l’histoire du journal arlonais s’écrit en parallèle à celle du groupe aujourd’hui devenu Les Éditions de l’Avenir. Henri Rezette, nouveau rédacteur en chef nommé en 1962, donne un nouveau coup d’accélérateur dans le développement de la locale et dans les années 80, Jo Mottet émancipe le quotidien du parti catholique.

« Le seul journal » Dans la tête de beaucoup de Luxembourgeois, leur journal est demeuré un quotidien national. L’Avenir Luxembourg a cette particularité de couvrir un territoire qui épouse les frontières de la province. Il est un des piliers de l’identité du Luxembourgeois. En fait, lorsque celui­ci parle en public « du journal », chacun a compris qu’il s’agit de L’Avenir Luxembourg. À l’occasion du centenaire de notre quotidien, Maxime Monfort, coureur cycliste professionnel depuis dix­sept ans et qui a couru dix­neuf grands tours, expliquait à l’occa­ sion de son témoignage qu’il avait longtemps cru qu’il n’existait qu’un journal, L’Avenir Luxembourg. Tout est dit.

L’intégration de L’Avenir du Luxembourg au sein du groupe namurois Vers l’Avenir n’a pas altéré pour autant tout esprit d’indépendance rédactionnelle des Luxembourgeois par rapport à la maison mère. Ainsi, lorsque Jo Mottet, qui fut nommé rédacteur en chef en 1983, entendait manifester son désaccord face à un article ou un éditorial des pages nationales, dans un accès de voix, il menaçait de brandir « les accords de 48 ». Et ça s’entendait ! Cette seule menace suffisait, semble-t-il, à entamer des négociations.

Le personnel de L’Avenir du Luxembourg réuni le 16 juin 1994 à l’occasion du centenaire du journal. Archives L’Avenir

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En 1950, sur pression de l’évêché et du Courrier de l’Escaut, la « scandaleuse » Naïade de Grard descend au pied du pont à Ponts. Elle ne reviendra en pleine lumière qu’en 1983.

La Naïade : Eve ou la sottise d’une époque…

Mais dès 1965, l’église SaintBrice toute proche commande

Archives L’Avenir

autel, cuve baptismale et tabernacle à l’artiste. Paenitet me… En tant que patronne du carnaval, la Naïade est, depuis 35 ans, la statue la plus photographiée dans le Courrier de l’Escaut …pecasse sive pecavisse.

WALLONIE

PICARDE

« Le Courrier de l’Escaut », le doyen « Le Courrier » (tout court), le dernier-né La famille de L’Avenir en Wallonie picarde, ce sont deux quotidiens. Le Courrier de l’Escaut (Tournai-Ath) vient de fêter ses 189 ans, excusez du peu. Le Courrier (Mouscron) a eu 15 ans au début de l’année.

GÉRY EYKERMAN

L

e Courrier de l’Escaut a été créé avant la nais­ sance de la Belgique, le 18 octobre 1829. Il n’était pas le premier journal à Tournai, et il a même eu des modèles à Liège, Le Courrier de la Meuse, et… à Namur, Le Courrier de la Sambre. Mais Le Courrier de l’Escaut est le seul à avoir traversé près de deux siècles d’existence, ce qui en fait le doyen des quotidiens du pays.

Révolutionnaire, unioniste, catholique C’est à l’origine un organe révolutionnaire. Fondateur : Barthélemy Du Mortier (1797­1878), botaniste de renom, homme politique catholique « unioniste » (cf. « L’Union fait la force »… l’union c’est celle des libéraux et des catholiques face au roi Guillaume). La Belgique installée, l’unionisme perd sa raison d’être. Le Courrier de l’Escaut, ouvertement catholique, mise sur l’information tous azimuts, et devient quotidien en 1849. Il sort de son terroir tournaisien pour s’étendre vers les communes voisines.

Autres titres et modernité La maison est longtemps pilotée par deux familles, les 18

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Desclée (de Maredsous), propriétaires, et les Mallié, directeurs de père en fils. À la fin du XIXe siècle, d’autres titres, populaires ou satiriques, sont lancés par ce tandem dans l’entourage du Courrier de l’Escaut. Ils ont une durée de vie éphémère. Il faudra attendre le début du XXIe siècle pour que Le Courrier de l’Escaut connaisse une nouvelle paternité, avec Le Courrier (Mouscron). En 1889, le journal tournaisien est le premier du pays à abandonner la composition manuelle au profit des linotypes. La modernité est en marche. Le journal cesse de paraître durant les deux guerres, mais se relève rapidement après les conflits. En 1956, un bureau du Courrier de l’Escaut ouvre sur la Grand­Place d’Ath. C’est le dernier gros investissement en solo du Courrier de l’Escaut.

L’aventure Vers L’Avenir À partir de 1965, le journal tournaisien entre dans le groupe Vers l’Avenir. La fusion s’achève à la fin 1967. Ce qui n’empêche pas Le Courrier de l’Escaut de créer un supplément du vendredi (le 2e cattern), l’ancêtre de l’actuel Deuzio. D’ADN chrétien, Le Courrier de l’Escaut se convertit au pluralisme vers la fin des années 70. Très complet et ouvert à toutes les tendances de son biotope, Le Courrier de l’Escaut demeure le premier quotidien de Wallonie picarde.

Le journal du Far West L’actualité mouscronnoise avait sa place dans Le Courrier de l’Escaut, mais ce n’était pas une place en rapport avec l’importance de la cité hurlue. Pour Estaimpuis, c’était plus correct, mais en ce qui concerne Comines, on en était à la portion congrue. D’où l’idée de créer une édition dédiée à ces trois communes qui ont lié leurs destins à travers une intercommunale différente de celle qui couvre les régions de Tournai et Ath. Le Courrier, c’était le diminutif affectueux du Courrier de l’Escaut. Lorsqu’il a fallu donner un titre du journal qui partirait à la conquête du Far West hainuyer et wallon, c’est logiquement cette appellation qui a été retenue. Le Courrier, assorti du nom des trois communes qu’il cible spécialement, paraît pour la première fois le lundi 5 janvier 2003. De par la plus petite surface couverte, Le Courrier a adopté un ton plus convivial encore que celui du Courrier de l’Escaut.


BRABANT

WALLON

« L’Avenir », premier quotidien à ouvrir un bureau en Brabant wallon « Vers L’Avenir » est le premier quotidien à avoir installé un bureau en Brabant wallon. C’était le 28 octobre 1984, mais l’édition du Brabant wallon de ce qui est aujourd’hui « L’Avenir » existe depuis le début des années 70.

N ICOLAS M AMDY

V

oici quatre ans, on servait le champagne à l’hôtel de ville de Wavre pour célébrer nos 30 ans de présence en Brabant wallon. « On a été le premier quoti­ dien à s’installer en Brabant wallon », rappelait à l’occasion André­Marie Douillet, le premier chef de cette édition qui existait pourtant déjà depuis quelques années. On évoque le début des années 70 sans autre précision, car personne ne sait dire exactement quand le Brabant wallon a pu bénéficier d’une édition à part entière. Au départ, les informations relayées concernaient les communes braban­ çonnes frontalières aux communes namuroises et elles étaient intégrées dans les informations locales

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namuroises.

Un Brabant wallon pas facile à séduire Petit à petit, notre quotidien a élargi sa couverture à toutes les communes du Brabant wallon et, malgré les réticences du baron de Thysebaert, le patron du journal, Vers l’Avenir a ouvert un bureau à Wavre quand son fils, Jacques, a repris la direction du quoti­ dien. « C’est pour mieux informer encore et être plus proche de ses lecteurs que Vers L’Avenir s’installe en Roman Pays », peut­on lire sur la une du journal le 29 octobre 1984. Le démarrage n’est cependant pas

évident. Même sans bureau sur le territoire du Brabant wallon, les quotidiens nationaux y étaient déjà bien implantés. « De plus, il n’était pas facile de séduire le Brabant wallon, d’autant plus qu’on avait mis une étiquette “catholique de droite” à notre quoti­ dien, racontait André­Marie Douillet dans notre supplément de « 30 ans de présence en Brabant wallon ». Une étiquette qui ne correspondait pas à la réalité du terrain. Avec la fermeture des usines Henricot (Court­Saint­Étienne), de Fabelta (Tubize) et de bien d’autres entreprises, le Brabant wallon a connu la crise avant le reste de la Wallonie. On a suivi cela de très près et cela nous a permis d’avoir l’image d’une édition très ouverte. »

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Une région qui bouillonne Il fallait être partout pour être le plus complet possible, tel était le credo afin de refléter au mieux la vie locale. Une recette qui prendra des saveurs différentes en fonction des chefs d’éditions qui se sont succédé à Wavre. Après André­Marie Douillet (jusqu’en 1995), René Smeets (de 1995 à 2000) accepte le poste à la condition d’obtenir un journaliste supplémentaire. Condition accordée. Arnaud Quinet (2000), Didier Catteau (de 2001 à 2006), Domini­ que Vellande (de 2006 à 2012) et votre serviteur (en poste depuis 2013) suivront. L’équipe rédaction­ nelle et celle de collaborateurs extérieurs ne cessent, elles, d’évo­ luer, comme le métier d’ailleurs. Le bureau de L’Avenir a aussi fait son chemin dans Wavre, devenue depuis la capitale du Brabant wallon. Rue des Volontaires de 1984 à 1990, rue du Chemin de Fer de 1990 à 1999, chaussée de Louvain de 1999 à 2010 et place Henri Berger depuis 2010. L’Avenir bouge dans une région qui bouillonne, dans un arrondisse­ ment qui est devenu province. « Le Monde couvre l’essentiel de la terre, L’Avenir, l’essentiel de ma terre. » C’est Julos Beaucarne qui le dit.

Si un quotidien comme le nôtre peut entretenir sa dimension locale, c’est aussi et surtout grâce à son équipe de « correspondants ». Dans notre édition du Brabant wallon, ils sont trois à avoir connu l’aménagement du bureau à Wavre en 1984 et à être toujours actifs aujourd’hui : André Gyre, André Lannoye et Michel Demeester. Et la proximité, c’est aussi le service à nos lecteurs qu’assure toujours notre secrétaire, Sylviane Gilson, véritable

1 La Une du journal au lendemain de son installation à Wavre. 2 L’équipe se prête au jeu de la promotion lors de la publication des cartes d’état-major en mars 1994.

mémoire de l’édition.

Archives L’Avenir

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HUY-WAREMME

« L’Avenir Huy-Waremme », au départ de seulement deux colonnes Si notre entreprise de presse fête son centenaire ce 19 novembre, son édition Huy-Waremme célébrera son 70e anniversaire en janvier prochain. Du Condroz hutois à la Hesbaye, en passant par la vallée mosane, « L’Avenir HuyWaremme » vit au rythme de son arrondissement et de ses habitants. J EAN- LOUIS TASIAUX

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l en a fallu de la persuasion pour lancer l’édition Hannut­Huy­Waremme. Heureuse­ ment, Jean Marot, son premier rédacteur, n’en manquait pas. Mandataire local PSC à Soheit­ Tinlot, il parvient à convaincre les responsa­ bles du quotidien namurois de développer en terres hutoises un journal catholique. Au départ réticent, le baron Philippe de Thysebaert consent finalement à consacrer un petit espace à l’actualité de l’arron­ dissement de Huy­Waremme dans son journal namurois. « Au départ, c’était seulement deux colon­ nes. Puis petit à petit, l’édition s’est étoffée », se souvient Bernard Marot, fils de Jean Marot qui a lui­même travaillé en tant que journaliste à L’Avenir Huy­Wa­ remme et au Courrier de Verviers.

Un seul journaliste Le 1er janvier 1949, Huy­Waremme devient officielle­ ment une édition de Vers l’Avenir avec sa propre manchette. La petite édition, avec Jean Marot comme unique journaliste, s’installe rue des Sœurs Grises à Huy. D’abord principalement centré sur les faits divers, à partir des années 60, Huy­Waremme gagne

de la place, ce qui lui permet de traiter la vie sociale et politique, le judiciaire et enfin le sport local. En 1964, la rédaction déménage et s’étoffe. Elle s’installe rue des Rôtisseurs, à deux pas de la Grand­ Place. Des journalistes tels que Marcel Bolly, Jean Hurdebise et Jean Lafleur font leur apparition. Suivront Jean­Marie Bienvenu, Christian Dessambre, Julien Letecheur, Jean­Claude Lechanteur, Charly Dodet, Jean­Marie Doucet. Parallèlement, l’équipe rédactionnelle se voit renforcée par plusieurs correspondants, tant pour l’actualité locale que sportive. Impossible de tous les citer ici. « Même si toutes les communes n’étaient pas couvertes, on avait un bon réseau, se souvient Charly Dodet, ancien journaliste. On avait des relais dans les grosses communes. En sport aussi l’équipe de correspon­ dants était bien fournie. » Au décès de Jean Marot, en 1977, c’est Jean­Marie Doucet qui reprend les rênes de l’édition. C’est l’époque des grands changements à Huy avec la construction de la centrale nucléaire de Tihange, le chantier de la Grande percée et du pont de l’Europe dans le centre­ville. C’est aussi l’avène­ ment… d’Anne­Marie Lizin. Le journal vit au

rythme de tous ces changements en enquêtant et relatant ce foisonnement d’informations.

De l’ancienne banque à l’ancien athénée Charly Dodet devient chef d’édition en 1991, jusqu’à à 1997. Suivra Nathanaël Jacqmin jusqu’en 2000. C’est aussi au tournant du siècle que la rédaction déménage une nouvelle fois pour s’installer quai de Namur, dans une ancienne banque. Dominique Vellande prend la tête de l’édition en 2001. Catherine Duchateau lui succède en 2005. Dernier événement en date : en 2017, l’équipe a pris ses quartiers au Quadrilatère, l’ancien athénée récemment rénové. Au fil des années, l’équipe de correspondants et de journalis­ tes s’est constamment renouvelée. Mais l’esprit est demeuré identique. Avec le même enthousiasme des débuts, la rédaction a le souci de coller à la vie de Huy­Waremme et de ses habitants ; de faire ressortir les spécificités de cet arrondissement coincé entre Namur et Liège.

L’édition Huy-Waremme a la particularité d’avoir changé plusieurs fois d’appellation en quelques années. Ainsi, la manchette historique Vers l’Avenir disparaissait au début de l’année 2005 pour faire place à Le Jour HuyWaremme. Un changement de titre par souci de cohérence avec les autres titres du groupe basés sur la province. Enfin, en juin 2010, c’est aussi pour une meilleure visibilité que l’ensemble des éditions prenaient le nom L’Avenir.

L’édition Huy-Waremme est toujours restée proche du centre-ville hutois. Ici rue des Rôtisseurs en 1965. Archives L’Avenir

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Le Jour et Le Courrier du Soir, comme les autres journaux verviétois, se sont mis entre parenthèses durant les deux conflits mondiaux. Pas question d’être à la solde de l’occupant. Les quotidiens verviétois recommenceront à paraître à la fin de chaque guerre, chaque fois en s’alliant temporairement pour, pénurie de papier oblige, éditer un journal commun sous le titre de La Presse Verviétoise.

L’Avenir Verviers attaché à son indépendance et au pluralisme. ÉdA Philippe Labeye

VERVIERS

L’indépendance éditoriale dès la création du « Jour », il y a 124 ans Depuis sa première parution, le 24 mars 1894, face aux journaux alors présents à Verviers, un catholique et un libéral, « Le Jour » (aujourd’hui « L’Avenir Verviers ») s’est toujours revendiqué indépendant et impartial. FRANCK DESTREBECQ

S

on centenaire, L’Avenir Verviers l’a fêté il y a 24 ans, en 1994, alors sous le titre Le Jour­Le Courrier, issu de la reprise du Jour en 1986 par Vers l’Avenir et de la fusion avec Le Courrier, quotidien catholique verviétois créé en 1904 sous le titre de Courrier du Soir et intégré au groupe namurois depuis 1956.

24 MARS 1894

Indépendance et impartialité Le premier numéro du Jour est paru le 24 mars 1894, avec 4 pages tirées à 6 000 exemplaires, pour un prix d’abonnement annuel de 7,50 francs défiant toute la concurrence verviétoise. La presse en bords de Vesdre est alors une des plus prolifiques du pays, dans une cité prospère grâce à son industrie lainière qui avait fait de Verviers la deuxième ville de Belgique la plus contri­ butrice au produit intérieur brut (PIB), après Anvers et son port. « Nos lecteurs jugeront de ce que nous sommes et de ce que nous voulons être ; notre désir est de bien renseigner le lecteur

et comme nous ne sommes sous la dépendance d’aucun parti politique, nous pourrons plus impartialement nous occuper, le cas échéant, de toutes les questions d’intérêt général », clamait l’éditeur­imprimeur, Antoine Chesselet. L’indépendance et l’impartialité – qui n’exonèrent pas de la faculté, voire le devoir, de prendre position sur certains dossiers mais en toute indépendance donc – Le Jour les a revendiquées dès sa naissance, en rupture avec une presse verviétoise d’opinion et avec un lectorat jusqu’alors partagé entre un quotidien catholi­ que (Le Nouvelliste) et un autre libéral (L’Union libérale), ainsi que des périodiques de tous bords. C’est entre autres ce qui lui a assuré son succès, immédiat. Dans son livre sur La Presse verviétoise de 1850 à 1914, l’historien local Freddy Joris (qui a été le directeur de l’Institut du patrimoine wallon, jusqu’à sa retraite récente) le soulignera aussi : « Neutralité et impartialité seront d’excellents arguments de vente : y compris lorsqu’il s’agira de questions politiques, le journal relatera dans les moindres détails ce qui intéresse l’arrondissement, y écrit­il. Cet engagement fut tenu, et c’est là la deuxième caractéris­ tique et le deuxième atout du Jour : grâce au travail de ses reporters et correspondants, il consacre la moitié environ de sa surface aux événements grands et (plus souvent) petits de la région ; nettement supérieures dans le détail à celles de ses confrères, ses chroniques attireront le public. […] Le

Jour n’innova pas seulement dans le domaine du reportage local en privilégiant considérablement celui­ci ; il introduisit dans le journalisme verviétois des interviews nettement modernes par leur conception et leur style. » En toute humilité mais non sans détermination, cette ambition habite toujours les successeurs actuels des premiers journalistes du Jour, avec une rédaction aujourd’hui constituée à Verviers de dix journalistes salariés et d’une trentaine de collaborateurs (journalis­ tes indépendants et correspondants). Elle n’a jamais quitté les équipes du Jour qui se sont succédé aux machines à écrire puis aux claviers d’ordinateur, depuis 124 ans. Parfois non sans mal.

1986

Fusion avec Le Courrier Ainsi, la revendication d’indépendance par rapport à toute formation politique mais aussi à toute pensée philosophique a été défendue bec et ongles. Notam­ ment quand, en 1986 – après un bref passage dans le même giron que La Libre Belgique et La Dernière Heure puis une faillite –, Le Jour a été repris par Vers l’Avenir, groupe de presse catholique qui l’a fusionné avec son Courrier pour former Le Jour­Le Courrier, lequel s’appelle depuis quelques années L’Avenir­édition Le Jour Verviers ou, plus succinctement, L’Avenir Verviers. Cela a même été coulé dans le bronze de la charte rédac­ tionnelle de l’édition verviétoise, et donc des droits et devoirs de ses journalistes. Une spécificité qui a longtemps été jalousée dans les autres rédactions de Vers l’Avenir, qui ont fini par obtenir qu’elle figure en bonne place dans une charte rédactionnelle commune à tout le groupe. LUNDI 19 NOVEMBRE 2018 21


LE

PERSONNEL VERS 1930

Le personnel de Vers l’Avenir en 1929 ou 1930. Le directeur René Delforge est assis au milieu. Archives L’Avenir

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Le personnel des Éditions de L’Avenir, réuni a © ÉdA – Jacques Duchateau 22

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PERSONNEL EN 1982

Le personnel de Vers l’Avenir, réuni au château de Namur pour fêter les 50 années de vie Archives L’Avenir professionnelle du baron Philippe de Thysebaert. 18 octobre 1982.

RSONNEL EN 2018

réuni au siège central de Bouge, le 27 août 2018.

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NAMUR - BASSE SAMBRE - ENTRE-SAMBRE-ET-MEUSE

De Namur aux confins du Sud-Hainaut : la proximité déclinée en bassins de vie Quand on évoque la marque « Vers L’Avenir » ou « L’Avenir », on pense naturellement à Namur. C’est dans le terreau namurois que le titre a grandi, avant d’essaimer jusque dans le Sud-Hainaut. BRUNO MALTER

A

ujourd’hui, il ne reste rien du siège historique du journal Vers l’Avenir, au boulevard Mélot, exilé depuis une dizaine d’années en bordure de la route de Hannut, à Bouge. Il y a deux ans, les vieilles maisons de maître qui abritaient autrefois la rotative, l’atelier de composition, les services admi­ nistratifs, de promotion et de publicité ainsi que la rédaction du journal ont été livrées aux mâchoires acérées des grues de démolition. Sur le nouvel ensemble de logements qui y a pris place, une plaque commémorative rappellera bientôt qu’à cet endroit, un journal aujourd’hui centenaire a grandi et s’est diversifié, formant un groupe de presse fort de neuf éditions, plus une édition digitale wallonne.

NAMUR… ...plus 37 communes Les bureaux namurois de L’Avenir n’abritent pas

seulement le siège social du groupe : ils ont aussi celui de la rédaction locale en charge de l’informa­ tion namuroise. Dès le début, les journalistes de la « locale Namur » veillent à ne pas se cantonner aux limites de la ville. Une des premières photos publiées, le 30 mai 1923, représente d’ailleurs la procession de La Trinité à Walcourt. Chaque semaine, une cohorte de correspondants envoie un flot d’échos divers, en provenance des 38 communes de la province de Namur : conseils communaux, festivités locales, faits divers, rencontres sportives… Et les journalistes de « la locale » s’invitent régulièrement sur le terrain, au gré des événements. Bien vite cependant, l’ambition de développer une information de proximité conduit à scinder le territoire provincial en plusieurs éditions. Créer davantage d’éditions, c’est offrir aux lecteurs la garantie d’une plus grande proximité dans la couverture de l’actualité régionale. La faillite du Rappel, en 1987, offre l’opportunité à la direction de Vers l’Avenir de créer une édition Entre­Sambre­et­Meuse, au départ d’un bureau basé à Philippeville. Il s’agit notamment de contrer l’in­

fluence de La Nouvelle Gazette, qui entendait aussi profiter des difficultés du Rappel pour étendre son influence dans l’arrondissement de Philippeville. Dans la foulée, le groupe Vers L’Avenir rachète le titre Le Rappel, ce qui lui permet de mettre un pied à Charleroi et dans les communes du Sud­Hainaut. Neuf ans plus tard, en 1996, l’édition Basse­Sambre voit le jour. Mais l’évolution la plus significative s’opère au tournant du XXIe siècle. À la logique du découpage provincial chère à l’édition de Namur, qui couvre les arrondissements de Namur et Dinant, Vers l’Avenir superpose celle des bassins de vie pour ses éditions Basse­Sambre et Entre­Sambre­et­Meuse. En 2000, Le Rappel se fond dans ces deux éditions qui intègrent désormais l’information régionale des communes namuroises de leur ressort, mais aussi l’actualité de Charleroi et des communes du Sud­ Hainaut, fournie par nos journalistes basés dans nos bureaux de Charleroi et Philippeville.

DEMAIN Quel scénario ? Et demain ? Que deviendront les 27 journalistes et assistants de rédaction ainsi que la cinquantaine de correspondants qui, jour après jour, témoignent avec passion et enthousiasme de la vie de leur région ? Dans un contexte de précarité économique, où l’on parle de concentration des médias, de synergies et de la nécessité d’intensifier la révolution numérique, l’avenir de L’Avenir reste à écrire.

C’était jour de fête, en février de cette année. Pour la première fois, le Centre culturel de Gozée (Thuin) venait de dévoiler son nouveau drapeau à l’occasion du grand feu. Cette photo, prise par notre correspondant Pierre Dejardin, résume à elle seule la vocation d’un journal qui, au départ de Namur, a déployé ses antennes jusqu’aux confins du SudHainaut. Sa mission ? Informer, relater les peines et les joies qui font la vie d’une région, mettre en perspective, susciter le débat et, surtout, rassembler.

L’Avenir, un journal chaleureux, de proximité. Cette photo l’illustre parfaitement. ÉdA – Pierre Dejardin

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Moment clé du début de journée de la locale Namur : la réunion de rédaction du matin. ÉdA – Florent Marot

LA

LOCALE

NAMUR

Du « libero » au « pilote » : la vie de la rédaction locale au quotidien Publier un journal est un défi au quotidien relevé du petit matin au bouclage en fin de soirée. Récit d’une journée à la « locale Namur ». SAMUEL SINTE

F

aire le boulot sérieuse­ ment sans se prendre au sérieux, c’est une des mar­ ques de fabrique de la rédaction locale namuroise de L’Avenir. L’humour est une soupape de décompression permanente face au flux tendu quotidien d’actualité et d’activité et la pression de « sortir un journal » tous les jours. Récit heure par heure d’une journée type de la « locale », dans son jargon truffé d’autodérision…

7 H – LE RÉVEIL DU LIBERO Il est l’homme libre de toute con­ trainte d’agenda et prêt à plonger sur toutes les balles. C’est le « libero », surnom inspiré du foot et qui baptise le journaliste désigné à tour de rôle chaque jour pour assurer l’imprévu, réagir à une actualité qui tombe. Dès 7 h, il assure la tournée des faits divers et la veille judiciaire, garde un œil et une oreille sur la concurrence. Bien souvent, il alimente déjà le site internet avec l’actu matinale et démarre sur un reportage « à chaud ».

9 H 30 – LA CONVERGENCE La réunion de rédaction se tient autour d’une table pompeusement qualifiée de « rectangle de conver­ gence ». Les journalistes s’y retrouvent à 9 h 30 autour du chef de service chargé d’organiser le plan du journal du jour. On débriefe celui paru le matin, puis chacun propose son ou ses sujets du jour. Les reportages prévus à l’agenda sont distribués. On discute des angles, de la manière dont on va traiter telle ou telle info, dans l’édition papier du lendemain ou déjà le jour même sur le web. On débat et on décide de ce qui fera la une, de ce qui sera développé en « pano » (double page panoramique).

10 H – LE JOURNAL EST LANCÉ Les journalistes sont sur le terrain, pendus au téléphone ou entament déjà la rédaction de leurs articles. Au bureau, les « deskistes » s’attellent à la relecture des papiers de correspon­ dants et au travail de mise en page. Le chef de service désigné « lanceur » du journal du jour prend contact avec les

bureaux extérieurs. Car la rédaction lo­ cale namuroise gère en tout trois éditions : Namur, Basse­Sambre et Entre­Sambre­et­Meuse. Le gros de l’équipe est basé à Bouge, mais elle travaille aussi en synergie avec deux bureaux décentralisés, à Charleroi et Philippeville, qui alimentent plus spécifiquement les éditions « BS » et « SM » (lire page 24). Le découpage territorial de celles­ci ne correspond pas uniquement aux frontières provinciales du Hainaut et de Na­ mur. Elles sont en quelque sorte « à cheval » sur les deux. Le lanceur décide donc des sujets à reprendre d’une édition à l’autre en fonction de la proximité géographique et de l’intérêt. Il répartit la matière dans le « chemin de fer », c’est­à­dire le déroulé des pages.

15 H – LES SOIRISTES EN PISTE Ce chemin de fer évolue en cours de journée. Un gros faits divers qui survient, une grosse info politique tombe dans une commune… et il est chamboulé. Quand l’équipe des deux soiristes arrive, on fait le point. Le « pilote » va assurer l’atterrissage du journal, relire et délivrer progressive­ ment les bons à tirer des pages.

jour pour faire vivre notre site en continu. Qu’est­ce qu’on donne déjà comme info le soir­même aux lec­ teurs ? Qu’est­ce qu’on garde comme scoop pour la gazette du lendemain ? On publie en accès gratuit à tous les lecteurs digitaux ou on réserve à nos abonnés ? Tout ça est décidé au cas par cas, « en convergence » à nouveau, de même que les titres pour la une.

20 H –

Les derniers articles se terminent doucement. Parfois, un journaliste n’a pas eu toutes les infos qu’il lui fallait pour publier. Penaud, il prévient qu’il doit reporter son article d’un jour. Il est alors qualifié de « salopard de désannonceur » dans un sourire parfois crispé des soiristes. Mais il faut bien trouver de quoi « boucher » la page. Et là, le pilote ne peut pas être en mode automatique : sinon, dans un chemin de fer de souvent plus de 20 pages (fois trois puisqu’il boucle les trois éditions en même temps), il file vers le crash du « doublon » : un article qui passe deux fois, ça fait tache.

23 H – 18 H – EXPORTS VERS LE WEB Le pilote soir est aidé du « web­des­ kiste » qui se charge aussi d’exporter déjà sur internet certains articles du

GARE AUX DOUBLONS

NÉCROS ET BOUCLAGE

Les pages de fin de cahier régional restent ouvertes en dernier. On y insère les avis nécrologiques et les faits divers qui peuvent rentrer jusqu’assez tard. Dernier délai : 23 h 15, « à l’arrache » pour rentrer le dernier carat. Et demain, ça recommence… LUNDI 19 NOVEMBRE 2018 25


LES

TÉMOIGNAGES

Souvenirs de reportages Double mortel Un jour de 2005, je suis de garde « faits divers ». À 9 h, une dame de Spy perd la vie dans un crash sur la N4 à Suarlée. À 16 h, on nous signale un mortel sur la N4 à Suarlée. La ALEXANDRE même info qui arriDEBATTY ve en retard ? Eh bien non, un second accident est survenu au même carrefour, dans les mêmes circonstances. La victime ? Le frère de la dame tuée le matin ! En soirée, avec le photographe Philippe Berger, on se rend dans la famille. Abasourdis, les proches nous parlent des défunts… puis nous invitent dans la chambre mortuaire. Face au cercueil ouvert, je me suis dit que je vivais sans doute la journée la plus surréaliste de ma carrière.

Une manifestation qui dérape

Parler wallon, jouer au couyon

Fin janvier 2013, 1 200 travailleurs d’ArcelorMittal ont déambulé dans les rues de Jambes afin de protester contre la suppression de 1300 emplois. La tension était évidemment à son comble. À tel point que la police a dû faire usage de gaz lacrymogènes et d’autopompes pour empêcher les manifestants de pénétrer J É RÔM E au sein du périmètre de sécurité N OËL qui entourait l’Élysette. Journaliste stagiaire à l’époque, je n’imaginais pas qu’une manifestation pouvait dégénérer à ce point. Sans expérience, j’étais donc perdu au milieu des travailleurs révoltés. En tentant de me faufiler dans la foule pour récolter des témoignages, j’ai reçu quelques coups involontaires. Un peu plus loin, c’est un pot de peinture qui est tombé à mes pieds, recouvrant une partie de mes chaussures et de mon pantalon. Cet événement m’aura permis d’être directement plongé dans l’ambiance de terrain et du journalisme local. Une première expérience que je ne risque pas d’oublier.

À vol de pigeon ramier, 6 500 kilomètres séparent Namur-la-Wallonne de sa cousine du Wisconsin. Une sacrée trotte et pourtant, difficile pour le Hesbignon pur jus (de betterave) que je suis de se sentir moins… dépaysé, lors de ces deux reportages Outre-Atlantique. Des cultures à perte de vue, des noms de patelins comme Grand-Leez, Champion, Namur qui me ramènent à mes racines… Et S AM UE L puis les gens. Surtout les gens, acH USQUI N cueillants, bienveillants, bons vivants. On y croise ainsi des Jadin, des Renard ou des Sacotte qui vous proposent une « rotche bîre » (bière rouge fruitée) en vous déconseillant la Bud’, cette « piche de coq ». On découvre que c’est un Lambeau, surnommé « Li Crolé », qui donne son nom au stade du mythique club de foot américain des Green Bay Packers. Et puis le soir, quand une partie de cartes s’improvise à la Frog Station, improbable bar où les grenouilles ont leurs habitudes, c’est au couyon que je défie mes hôtes. La partie est d’enfer. J’ai un jeu incroyable. « C’est normal, c’est’on Belche », commente Joe, local de l’étape. Savoir jouer au couyon et se débrouiller en wallon de Namur : en journalisme local, tout peut s’avérer très utile. Même à 6 500 km.

4 GÉNÉRATIONS À VOTRE SERVICE Fort de ses 100 ans d’expérience, Literie Massart vous accueille dans le centre de Jambes, là où tout a commencé. Dans un magasin plus grand qu’il n’y paraît, vous y découvrirez un large choix de linge de lit (oreiller, couette, couverture, etc.), fauteuils relax, canapés-lits, garde-robes et les produits de chez Beka, Lattoflex, Bultex, Greensleep et bien d’autres…

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D’abord l’humain

Le goût de la victoire

Ce que je retiens, de mes 27 années vécues comme chef d’édition-adjoint puis comme chef d’édition tout court, c’est d’abord l’aspect humain. Avoir pu repérer de futurs talents chez des étudiants stagiaires, ou des compétences chez des journalistes d’autres services ou d’autres journaux. Des jeuJEAN-FRANÇOIS nes, curieux, qui ont envie de P ACCO bien travailler. Réussir à les faire engager (ce qui ne va pas toujours de soi), les guider, les voir éclore. Tout n’est certes pas rose, il y a parfois des conflits, des déceptions. Mais souvent, c’est un immense plaisir.

L’euphorie d’un vestiaire, l’émotion d’une performance, l’adrénaline d’un match ou les larmes d’un échec : chaque semaine, chaque week-end, le sport provoque des sensations diverses et grisantes. Mais ce jour-là, en mai 2014, V INC E N T il régnait une drôle d’atB LOUARD mosphère lors d’un match de football du tour final interprovincial. Visiblement, personne ne voulait… le gagner car il pouvait provoquer une promotion à l’étage supérieur, en Nationale. Une montée qu’aucune des deux équipes ne semblait prête à assumer. Cela a donné une parodie de football, des occasions étrangement ratées et des buts « offerts » à la pelle. Résultat improbable : 2-2 après 90 minutes puis 6-4 après prolongations. Et une désagréable impression d’avoir assisté à un « faux » match. Heureusement, tout ça est très rare et il est encore souvent possible de s’extasier devant de vraies performances. Celles que nous relatons, analysons et commentons avec passion dans nos pages au quotidien.

Il en va de même avec l’extérieur du journal : tout n’est pas toujours rose. Il y a des lecteurs grincheux, des pisse-vinaigre, des jamais contents. Des institutionnels qui ont peur de leur ombre ; d’autres qui la prennent de haut. Mais c’est une minorité. Par son implantation large, par son image positive, (Vers) L’Avenir est attendu, respecté, craint parfois, aimé souvent. Cela ouvre les portes, permet des rencontres riches. Et puis, il y a la fierté du beau travail accompli. Surtout quand il est collectif. Même si, c’est la particularité du journal quotidien, il est à refaire tous les jours.

Derrière les clichés On les croise aux abords des gares, dans le froid des rues. Ils sont parfois accompagnés de leurs enfants, ils attendent en silence qu’un passant compatissant dépose une pièce dans leur main. Souvent, ils ne parlent pas français, ils sont Roms et on est vite tenté de leur jeter un regard méprisant et de tous les englober dans des clichés stigmatisants. B RU NO Comme journaliste, j’ai eu l’occasion M ALTE R d’aller à la rencontre d’une famille Rom, vivant dans une grande précarité, dans une petite caravane posée à l’orée d’un bois. Le couple a quatre enfants et est originaire de Roumanie, où la communauté rom subit des discriminations. Comme vous, comme moi, ils sont européens, mais ne bénéficient pas des droits qui devraient découler de cette appartenance. En Belgique, ils n’ont pas de domicile fixe et donc aucune perspective de décrocher un travail régulier. Ils restent en marge de la société, fondant l’essentiel de leur survie sur la solidarité intracommunautaire. Pourtant, quand vous parlez avec eux, ils ne se laissent pas abattre, ils rêvent d’une vie meilleure, nourrissent des projets, regardent avec une lueur de fierté dans l’œil leurs deux aînées, scolarisées grâce à l’acharnement de quelques citoyens et l’accueil bienveillant d’une direction d’école. Heureusement, il reste encore des humains pour aider d’autres humains, et des journalistes pour aller voir l’envers du décor. Jusque quand ?

CONDITIONS ANNIVERSAIRE Depuis 2015, Literie Massart s’est agrandi en ouvrant un second magasinsur la N4 à Wierde. Un grand et lumineux SHOWROOM, facile et avec parking, complète parfaitement le magasin de Jambes. Avec des marques tels que Auping, Revor, Beka, lattoflex, Bultex mais aussi un vaste choix de cadres de lits et tout ce qu’il faut pour les habiller.

WIERDE

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LES

TÉMOIGNAGES

Prendre le temps de comprendre À côté d’une actualité souvent bousculée, tragique ou polémique, il y a aussi des moments de chouettes rencontres. Je songe aux séries d’été ou de janvier, par exemple. Lorsque l’information dite « chaude » se met en veilleuse, c’est l’occasion pour nous, journalistes, de prendre un autre rythme, plus N ATH AL IE lent mais non moins passionB RUYR nant, pour aller à la rencontre de personnes souvent restées dans l’ombre durant le reste de l’année. Je me rappelle plus particulièrement de cette série que j’avais réalisée sur l’école numérique dans le sud-Entre-Sambre-et-Meuse. Elle m’a permis d’échanger longuement avec des instits passionné(e)s qui ne comptaient pas leurs heures pour se former aux nouvelles technologies et pédagogies en lien avec l’évolution numérique. De porter un regard neuf, et admiratif, sur un univers que l’on croit connaître, l’école et le métier d’enseignant. De découvrir qu’il est le terreau d’une belle dynamique qui va à l’encontre du pessimisme ambiant et des clichés. De comprendre et faire comprendre ce qui se construit en amont et à l’ombre des projets et activités scolaires que nous relatons au fil des semaines dans nos pages locales.

Gare à la mauvaise passe Un reportage à Samara, ça ne s’oublie pas. Et pas uniquement pour son climat (-30 degrés quand nous y sommes allés) ou sa vodka. Amené à suivre le périple des basketteuses de Namur au bord de la Volga, en Russie, on a découvert un autre monde. Celui d’un club propriété d’un milliardaire russe, plus tard asT HI BAU T sassiné d’une balle dans la tête ! M A R M I GN ON Filles, champagne, caviars… : les arbitres étaient « chouchoutés » dans un palace qui donnait la nausée au regard de la misère extérieure. La délégation namuroise, elle, était protégée, comme les joueuses locales, enfermées dans un domaine grillagé et escortées à chaque déplacement. Militaire en Kalachnikov le long du terrain, immeubles balayés par de puissants spots à l’arrivée de notre car et ordre formel de ne pas quitter l’hôtel à la nuit tombée, on n’a pas vraiment « kiffé ». Enfin si, quand même, lors de l’entraînement des pros namuroises, il manquait une joueuse pour travailler le 5 contre 5. Et comme j’avais emporté mes baskets dans la valise, j’ai pu m’entraîner avec les pros sur le parquet des futures championnes d’Europe. Sous le regard de militaires armés jusqu’aux dents, gare à la mauvaise passe…

Coup de pouce humanitaire Expulsion de mendiants Un jour d’été, nous étions à Namur en quête d’un témoignage sur l’interdiction de mendicité, en 2017. Nous jetons notre dévolu sur un certain Ludwig, alors anonyme. Cet homme concerné annonce sans grande conviction une manifestation sur la place d’Armes le samedi suivant. Par instinct, nous nous y rendons. Une poignée de tentes, entouF LOR E NT rées de sacs et gens débraillés, M AR OT c’est le grand rendez-vous des sans voix, des désargentés. Ils veulent se faire entendre, pour une fois. Une manifestation de mendiants, cela a quelque chose d’original. Après d’âpres négociations avec la police, les mendiants refusent de quitter les lieux. Entre la Ville et les mendiants, ce sont deux visions de liberté qui s’opposent. En matière d’occupation, les mendiants s’y connaissent. Niveau évacuation, la police est rodée. Mais sur l’image, ce sont les mendiants qui l’emportent. Mes photos et vidéos ont été largement diffusées : des mendiants évacués de chez eux, la rue. Les gestes de la police sont corrects, mais surréalistes de par leur nature. Même les policiers en sont conscients. Expulser des mendiants, on voit de tout dans ce métier. C’est le début d’une saga, la mendicité.

L’actualité n’est pas faite que de mauvaises nouvelles et un article peut parfois aider à débloquer une situation, à mettre de l’huile dans les rouages pour une issue heureuse. L’affaire remonte à plus d’une vingtaine d’années. Par le biais d’une connaissance, nous avions eu vent du projet humanitaire d’un Cul-des-Sartois, dans la région de J EAN-L UC Couvin. Ce philanthrope était parveH ENRARD nu, je ne sais plus trop comment, à mettre la main sur un important stock de lait hyperprotéiné. De quoi nourrir une armée d’affamés. Les produits étaient périmés depuis quelques jours mais étaient encore consommables sans aucun problème pour la santé humaine. L’intention du Cul-des-Sartois était de trouver un moyen de transporter, gratuitement, ces marchandises jusqu’à un pays d’Afrique où la famine régnait, tuant son lot d’enfants, de femmes et d’hommes affaiblis. Nous avions rencontré cet humaniste pour écrire un article sur son louable projet et lancer un appel tous azimuts. Et là, miracle ! Le jour même de la parution de l’article, la Force aérienne belge se manifestait. Gratuitement, elle était disposée à prendre en charge le lait protéiné dans un de ses avions de transport C-130 en partance pour l’Afrique subsaharienne. Ce qui fut fait.La volonté d’une bonne âme, de l’armée belge et quelques lignes dans le journal avaient sans doute permis de sauver des vies.

Charleroi : le début de l’horreur et du GSM La dernière journée de la semaine s’achève au bureau du Rappel, en cette torride mi-août 1996. Ce qui deviendra l’« affaire Dutroux » commence à ébranler la région carolorégienne, mais la Belgique vit encore avec la joie d’avoir pu retrouver An et Eefje sauves. Cela ne durera pas. Alors que, l’édition bouclée, je m’apprête à quitter la rédaction, un important convoi de véhicules lourds de la Protection civile est annoncé du côté de Sars-la-Buissière. Piqué par la curiosité, je file sur les lieux. À mon arrivée, la place du paisible village thudinien est en état de siège. Des écrans ont été placés devant la propriété de Dutroux et les pelles mécaniques entrent en action. Les forces de l’ordre sont présentes massivement. Que se passe-t-il ? Personne n’ose interpréter le sens de la déclaration énigmatique du meurtrier : « Je vais vous donner deux filles »… Il faut 28

LUNDI 19 NOVEMBRE 2018

avertir la rédaction au plus vite pour donner l’info, dicter quelques lignes. À l’époque, tout le monde n’est pas encore équipé de portable, moins encore de GSM… Ce n’est qu’avec le concours d’une sympathique villageoise que je pourrai appeler la secrétaire de B E N OÎT rédaction à Namur, avec un bon vieux W AT TI E R combiné. Le lendemain, l’info redoutée sera confirmée : les corps de Julie et Mélissa avaient été retrouvés. L’affaire Dutroux entrait dans une nouvelle dimension. La rédaction franchissait elle aussi un cap : deux jours plus tard, elle s’équipait de ses deux premiers GSM.

Une bénédiction chihuahua C’est une petite chienne, de race chihuahua, qui nous a donné rendez-vous en l’église SaintVictor d’Auvelais, ce 22 avril 2015. De constitution fragile, l’animal, qui venait de mourir, avait été déposé dans une boîte minuscule et allait avoir droit à une bénédiction religieuse. Il n’en était pas à son premier sacrement puisqu’il avait été précédemment marié !

P I E RRE W I AM E

Célébration aboyante écrivions nous a l’époque, et surréaliste, par le genre du défunt, à quatre pattes, et le nombre de ses congénères présents, aux jappements perçants. Il nous avait été expliqué, pour répondre à notre malaise, que le défunt chihuahua, surnommé Miss Shiwa, avait prodigué de l’affection hors normes à ses propriétaires, les Sambrevillois Sylvana et Josse. Qu’il avait participé à des émissions de télé qui l’avaient starifié, et que la mort inopinée, dans sa douzième année, d’une telle célébrité canine, ne pouvait pas passer inaperçue. Le très progressiste doyen de la paroisse, Francis Lallemand, a défendu son étrange décision d’ouvrir son église à cet adieu. « Des êtres humains désemparés, abandonnés, sont parfois davantage aimés par leur animal de compagnie que par leurs semblables. » Pas question pour autant de reproduire au chien les rites cadrant avec des funérailles humaines. L’espérance chrétienne était inapplicable à miss Shiwa. Elle n’allait pas monter au paradis. Aucune chance non plus de rencontrer Dieu. Certes, mais l’évêché, éberlué par l’audace de son représentant, avait cependant dû présenter des excuses pour le trouble forcément jeté au sein du peuple chrétien.

Ah les people ! Le festival du rire de Rochefort, les Solidarités, le Festival du film francophone de Namur (FIFF), signifient le débarquement dans la province de vedettes, en promo pour un disque ou pour la sortie d’un film. L’occasion d’interviewer de grands noms, de mieux percevoir leur personnalité… et leur susceptibilité. Citons quelques exemples, en vrac. Au FIFF, A URÉ L I E en 2016, Nicole Garcia présenM ORE AU tait son dernier film Mal de Pierres, avec Marion Cotillard. Un long-métrage certes intéressant, mais beaucoup trop long. On lui a dit ! Précieuse, elle n’a pas apprécié. À l’instar de Guillaume Gallienne, dont le dernier film Maryline était franchement raté. Choqué, celui qui avoue ne « jamais avoir appris à être humble » nous a conseillé « d’aller voir de grands films ». Une once de critique, et c’est le drame ! Pascal Légitimus dans son genre n’est pas mal non plus. L’Inconnu, beaucoup trop fier, ne donne pas envie de lâcher une bonne blague. À dire vrai, il est tout sauf comique. Sans oublier le snobant Maître Gims. Lors de sa venue à Namur Expo, une interview était programmée. Lunette de soleil vissée sur le nez, il a presté, avant de se tirer comme un voleur. Quant à Vanessa Paradis – dont il a fallu retoucher les cernes sur les photos avant publication (galère !) – elle a perdu sa grâce par manque de spontanéité et une haleine de café-clope prononcée. Sans parler des vedettes montantes qui snobent les médias. Dadju et Eddy De Pretto sont (déjà !) avares en interviews. Heureusement, à côté de ces personnalités au naturel discutable, les rencontres avec Patrick Bruel, Lambert Wilson, Nathalie Baye, Jean-Pierre Castaldi, Rémy Bricka, Patricia Kaas, Mustii, Jan Decleir, Dick Annegarn ou encore Kody restent de bien jolis souvenirs.


1

3 Le 11 septembre 2001, lorsque nous parviennent les premières images des avions s’encastrant dans les tours jumelles, nous sommes abasourdis. Comme toutes les rédactions de la planète. À deux, puis à trois, puis à quatre, nous démontons le journal. Les journalistes rappliquent… À 18 h 30, nous

2

recommençons tout le travail et rebâtissons un nouveau plan, plus ambitieux. Il ne reste que quatre heures avant le bouclage ! Le stress 1 Emmanuel Huet à l’occasion d’une interview de l’ex-Premier

est accablant mais le

ministre français Manuel Valls. 2 Philippe Martin à Sarajevo, en novembre 1995, avec Anouk van Gestel et François Jeanne d’Othée. 3 La une de Vers l’Avenir, au lendemain du 11 septembre

lendemain, L’Avenir sort sans aucun doute un des plus beaux suppléments du pays.

2001. Une date qu’aucun journaliste n’oubliera. Archives L’Avenir

LA

RÉDACTION NATIONALE

Un service « toutes éditions », parce que les lecteurs en redemandent « L’Avenir » est évidemment connu pour la qualité de son information régionale et locale. Mais au fil des décennies, notre titre est aussi devenu une référence pertinente, originale et indépendante en matière d’information générale. PHILIPPE MARTIN

&

YVES RAISIERE

que confirmer l’exigence de ces derniers pour une info nationale et régionale de qualité, voire internationale sur les grands événements. Le service est alors à l’origine de suppléments sociétaux, politiques et didactiques. En 2009, il fait même figure de précurseur en lançant, à quelques semaines des élections régiona­ les et européennes, leMegaphone.be, un site web participatif consacré à la campagne. Sans compter, encore, le Satisfomètre wallon, grand rendez­vous semestriel décryptant le cœur des Wallons.

Déclic et « DC »

S

ans remonter aux temps antiques du journal, la rédaction de (Vers)L’Avenir a longtemps été composée de journalistes locaux qui arpentaient la province en tous sens, alors qu’une demi­douzaine de collègues, basés à Namur, veillaient… sur le reste du monde. Le rapport était inégal. Et ces journalistes de la rédaction nationale, devenue plus tard « Intérieur­Etranger », devaient, avec la même facilité, suivre à la fois les débats à la Cham­ bre, présenter les décisions du Conseil des ministres, faire bonne figure aux conférences de presse bruxelloi­ ses, tout en étant capables d’expliquer les tenants et aboutissants du Watergate ou les subtilités de la politique congolaise… Heureusement, les journalistes du « tronc commun » pouvaient compter sur les télex puis les imprimantes qui crachotaient leurs dépêches d’agences en crépitant dans la rédaction, de jour comme de nuit.

Namur, capitale Mais la polyvalence avait des limites. Et, surtout, les nouvelles habitudes de lecture ont très vite fait apparaître que nos abonnés ne lisaient qu’un seul journal et souhaitaient que celui­ci soit aussi complet

et fiable pour son information générale que locale, à défaut d’être exhaustif. Au fil des ans, la rédaction « Intérieur­Etranger » s’est donc étoffée et spécialisée : plus sociale, plus ouverte aux enjeux économiques et environnementaux, plus attentive aux grands débats du moment, qu’ils soient locaux ou lointains. Dans le même temps, L’Avenir se devait d’accompa­ gner l’évolution du paysage institutionnel de la Belgique, de la régionalisation qui donnait à la ville de Namur un statut de capitale wallonne… C’en est fini de « bâtonner » des dépêches ! Tout le premier cahier du journal est désormais dévolu à l’info nationale, au reportage, à l’analyse, au décryptage de l’actu et même, à l’occasion, à des reportages à l’étranger. À la génération de Paul Piret et de Philippe Vande­ voorde, succède, en 1999, Philippe Martin, à la tête du service « TE » (Toutes Éditions). En 2007, c’est à Yves Raisiere qu’il revient de conduire cette équipe élargie puisqu’elle inclura, trois ans plus tard, celle travaillant sur les pages Côté Mag et le Deuzio. Une redistribution des cartes impulsée par Thierry Dupièreux, alors rédac chef, pour renforcer une capacité de mobilisation sur l’info générale. Mais aussi développer l’actu santé. Tables et enquêtes lecteurs successives ne font ensuite

Ces dernières années, avec le développement du web direct et de la concurrence, les objectifs du service ont été affinés : se différencier et aider à renforcer l’image de « quality­paper régional » du titre et de son site. L’équipe a ainsi misé sur les sujets maisons, une approche plus didactique/pratique de l’info « mains­ tream » et un pôle d’enquête, lui aussi à l’origine de nombreux suppléments et publications web. Un travail de fond qui a également donné lieu à des opérations comme le Déclic citoyen, série de plusieurs mois décryp­ tant, avec nos éditions locales et lavenir.net, les initiati­ ves citoyennes. Ou, plus récemment, le projet Destination Communes, qui, pendant un an, a fait découvrir à nos lecteurs les dessous de leurs communes. Un travail de décryptage également mené dans les pages Côté Mag. Télé, sorties cinés, livres, musique, BD, expos, spectacles… Pour nos lecteurs, des pages res­ source sur le plan des loisirs, porteuses sur le plan des découvertes et du décryptage sociétal. Ils peuvent aussi les découvrir sur notre site lavenir.net et sur notre page Facebook L’Avenir Culture. Enfin, le service « TE » est aussi responsable du Deuzio ; notre hebdo télé et lifestyle publié le samedi est devenu le plus lu de la presse quotidienne franco­ phone en 2018 (lire en page 32). LUNDI 19 NOVEMBRE 2018 29


LA

RÉDACTION SPORTIVE

Le service sportif national : entre récits d’exploits et analyses Les journalistes sportifs sillonnent les quatre coins du pays et parcourent le monde pour relater, décortiquer, critiquer les performances des clubs et des sportifs belges. Et ils écrivent souvent dans l’urgence. PASCAL A LEXANDRE

D

es cinq victoires d’Eddy Merckx sur le Tour de France couvertes par Maurice Dandumont et Jo Guilleaume aux exploits dorés de Nafissatou Thiam relatés par David Lehaire ; des épopées mexicaine, brési­ lienne, française et russe des Diables rouges narrées et analysées par Christian Carette, Jean Derycke, Frédéric Bleus, Stéphane Le­ caillon, Benoît Dardenne, David Lehaire et Alan Marchal aux onze titres en Grand Che­ lem de Justine Henin et Kim Clijsters décrits par Arnaud Boever ou votre serviteur : le service sportif national a souvent parcouru le monde pour mettre en lumière les plus grands exploits des sportifs belges. Composée aujourd’hui de huit journalistes salariés et d’une vingtaine de journalistes ou correspondants free lance, la rédaction spor­ tive était à l’origine également chargée de couvrir l’actualité namuroise. Mais en 1997, elle fut scindée en deux, lorsqu’une plus grande spécialisation des journalistes sportifs

ne permettait plus de couvrir à la fois le sport provincial et son équivalent national et international.

50 pages par semaine Aujourd’hui, le service sportif national réalise en moyenne une cinquantaine de pages par semaine, et propose un cahier sportif le lundi regroupant les performances et échecs de votre club de Pro League favori ainsi que de celui de votre village. Forcément, le foot, sport­roi, occupe la majorité de l’es­ pace, la rédaction nationale mettant l’accent sur les clubs wallons de l’élite (Standard, Charleroi, Mouscron, Eupen), sur Anderlecht (club le plus titré du royaume) et sur le FC Bruges, qui compte de nombreux sympathi­ sants au sud du pays. Par les temps qui cou­ rent, il n’est pas inutile de rappeler que ce travail journalistique est réalisé en toute indépendance par rapport aux directions de club ou aux agents de joueurs…

Depuis une dizaine d’années, et l’avènement d’une génération dorée parmi les Diables rouges, la rédaction accorde aussi une atten­ tion accrue aux stars belges qui évoluent dans les plus grands clubs européens. Mais il n’y a pas que le foot dans la vie… Le cyclisme, le tennis, le basket­ball, les sports moteurs, l’athlétisme, ou encore le judo trouvent aussi leur place dans nos pages. Et d’autres disciplines a priori moins médiati­ ques également lorsqu’un Belge y tutoie les sommets. Combien de kilomètres Jean La­ fleur, un des anciens chefs de service, n’a­t­il pas parcouru pour couvrir les exploits du pongiste Jean­Michel Saive ? Et que nous réserve la gymnaste Nina Derwael pour l’avenir ?

Le stress du bouclage C’est une des évolutions du métier : foison­ nante durant le week­end, l’actualité sportive nationale et internationale s’échelonne désormais sur toutes les soirées de la semaine. Ce qui amène les journalistes à souvent travailler en décalage horaire par rapport aux autres services de votre journal. Plus que nulle part ailleurs, ils doivent aussi être capables de rédiger une analyse dans l’ur­ gence. Deux minutes après le coup de sifflet final d’un match de semaine, l’article doit être terminé pour ne pas compromettre les délais d’impression. Alors, vous comprendrez que certains plumitifs maudissent les retourne­ ments de situation dans le temps complémen­ taire.

C’est l’événement sportif annuel le plus médiatisé au monde, et Didier Malempré l’a couvert à 19 reprises, une première fois de manière partielle en 1995, et puis dans sa totalité, et sans interruption, entre 2001 et 2018. On vous parle ici bien sûr du Tour de France. Parmi ses meilleurs souvenirs, « les victoires d’étape de Verbrugghe et Baguet en 2001, de Boonen ou encore de Gilbert en 2011, et les Grands Départs de Liège en 2004 et 2012. »

Euro de Barcelone 2010 : Kevin et Jonathan Borlée viennent de remporter leur première médaille (bronze) avec les Belgian Tornados. Ils confient leurs impressions à David Lehaire et Pascal Alexandre. Photo News

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1

L’ADN sportif Le club de foot de votre village a-t-il gagné ce dimanche ? Quel chrono votre voisin a-til signé lors de ce jogging régional ? Combien y a-t-il eu de joueurs inscrits au tournoi de votre club de tennis ? Avec, à travers toutes ses éditions, 370 pages consacrées chaque semaine au sport régional, L’Avenir entend être la référence absolue dans le domaine. Dix-sept journalistes salariés et plus de 130 collaborateurs arpentent les terrains de football, basket-ball, volley-ball, rendent compte des courses régionales en cyclisme, ou des exploits des pilotes régionaux, etc. Si le ballon rond reste de loin la discipline la plus largement couverte, les lecteurs peuvent découvrir des spécificités propres à certaines éditions. Handball ou water-polo en Wallonie picarde, balle pelote dans le Hainaut, en province de Namur ou du Brabant wallon, du circuit de Spa-Francorchamps à celui de Mettet, le basket féminin à Namur ou à Braine, le hockey brabançon, le futsal carolo, les quilles ou le motocross luxembourgeois, rien n’est trop beau pour enrichir le panel de lecture des amateurs de sport dans L’Avenir. Les spécialistes de ces disciplines mettent ainsi à l’honneur chaque semaine ou week-end les personnalités sportives de nos régions, entretenant le terreau des futurs médaillés olympiques ou champions du monde de demain. -P.A. & M.S.-

2 1 Futsal carolo, handball ou water-polo, tous les sports régionaux ont droit de cité. 2 La balle pelote reste populaire dans les grandes occasions. Archives L’Avenir

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Conçu en deux mois par Yves Raisière fin de l’été 2004, le supplément Télékila s’était trouvé un parrain de choix : Philippe Lafontaine. Le chanteur a revisité pour l’occasion son célèbre morceau L’amant Tequila, devenu Télékila, repris en chœur par un parterre d’invités aux Wex de Marche-enFamenne. Pendant ce temps, l’hebdomadaire satirique Pan se gaussait du nom de ce nouveau supplément télé-loisirs, parlant d’un » jeu de mots à la mords-moi-le-nœud ». C’était lui

Le supplément Taxi avait pour but d’aller chercher

faire bien des honneurs !

de nouveaux lecteurs plus jeunes. Archives L’Avenir

LE

MAGAZINE ET LES SUPPLÉMENTS LOISIRS

Culture, jeux, loisirs, télé… C’est dans le journal et les suppléments La culture et la détente font partie du quotidien des lecteurs de « L’Avenir », dont certains n’envisageraient pas un jour sans leurs mots croisés ou leur « Ferdinand ». Des suppléments loisirs et des pages détente rythment les publications du journal depuis les années 70. C ORINNE M ARLIÈRE

L’

information culturelle et magazine est présente dans le journal depuis près d’un demi­siècle. En plusieurs décennies, son importance a varié, sa place dans le quotidien aussi.

LES ANNÉES 70 Dans les années 70 et 80, pas de partie magazine ou culture dans Vers l’Avenir, mais régulièrement des pages spéciales. On y parle auto sous la plume d’André Boever, musique dans les fougueuses colon­ nes de Christian Carette, livres, tourisme (le bourlin­ gueur Philippe Lambillon y a laissé sa signature), cinéma, jardinage avec Luc Noël et même la femme y a sa page.

LES ANNÉES 90 Il faudra attendre les années 90 pour qu’un espace culture quotidien et structuré prenne place en fin de journal. Des journalistes dédiés à ces matières sont 32

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rassemblés au sein d’un service magazine à part entière. C’est aussi l’époque du premier supplément : l’Autoguide. Taxi et Samedi Plus suivront. Le premier – en décalage complet avec le journal – s’adresse à un jeune public urbain. Le second invite davantage aux loisirs (jardinage, voyages, littérature…). Il est publié chaque samedi. Indétrônables, les mots croisés de Michèle Malgras, les mots fléchés, la BD et bien sûr Ferdinand, ce drôle de bonhomme avec un chapeau en forme de pot de fleurs qui sévit en fin de journal depuis 1946. Le feuilleton n’a quant à lui pas résisté aux années 2000.

LES ANNÉES 2000 La télé et l’actu qui s’y rapporte sont un créneau porteur. Elles seront au centre d’un nouveau supplé­ ment hebdomadaire, qui sortira fin 2004 : Télékila. Il cohabitera en partie avec Samedi Plus, puis laissera sa place à Deuzio fin 2009, d’abord dans une mouture tête­bêche sur papier journal, puis sous la forme qu’on lui connaît aujourd’hui. Il rassemble les matières « live style » et télé. Depuis 2010, les services d’infor­ mation générale et culture ne font plus qu’un.

Les bébés de l’année Outre les suppléments, dossiers et enquêtes publiés tout au long de l’année sur des sujets aussi divers que le tourisme, les seniors, les impôts, les élections, les ducasses et festivités populaires, deux suppléments font aussi la réputation de L’Avenir. Depuis 15 ans, les correspondants de toutes les éditions locales se mobilisent à la rentrée scolaire pour immortaliser les classes de 1res primaires et sortir un supplément photos dès les premiers jours de septembre. En janvier, ce sont les bébés nés dans l’année écoulée qui sont mis à l’honneur depuis 2006 dans l’Album des bébés, grande fierté des parents et grands-parents.


LE

SITE INTERNET

L’Avenir.net pour informer nos lecteurs, internautes et mobinautes 24 h/24 L’Avenir poursuit sa mue comme média digital tout en maintenant un produit quotidien papier fort. Aujourd’hui, cette présence digitale se traduit sur vos écrans d’ordinateurs comme sur vos smartphones. OLIVIER DEHENEFFE

«G

lobalement, nous avons été sur le web à recu­ lons. » Qu’il semble loin le constat de Pascal Belpaire, rédacteur en chef des Éditions de L’Avenir de 1999 à 2009. Dix ans plus tard, la rédaction du journal n’est plus seulement aux manettes d’un journal « print », mais bien de multiples canaux de diffusion destinés à toucher nos lecteurs partout où ils sont et surtout sur tous les supports qui sont les leurs. À la maison sur la tablette, dans le train avec le journal, au boulot sur le PC, à la pause­café via smartphone et sur les réseaux sociaux de jour comme de nuit… au moins pour certains de nos lecteurs insomniaques. Une présence digitale clé pour proposer en priorité à

nos abonnés des articles sur les nouveaux supports de l’info et d’enri­ chir ainsi l’offre globale des contenus auxquels ils ont droit.

L’info se consomme autrement Aujourd’hui, la rédaction s’appuie sur des datas (statistiques en tout genre) pour comprendre comment nos lecteurs nous lisent. On a appris d’année en année à quelles heures les internautes avaient le temps de lire nos articles sur le web, sur le mobile et même sur le journal numérique (la copie du journal version print sur vos écrans de PC, tablette ou smartphone). Ces données nous sont utiles pour fixer de nouveaux rendez­vous d’infos. En

plus du journal publié chaque matin, la rédaction est en capacité de vous informer, alerter ou divertir à d’autres moments. Ainsi, nous avons identifié le souhait de nos internautes de disposer d’un « débrief quotidien » de l’actu du jour en un format court et facile à lire en fin d’après­midi. Face à la masse d’infos qui tombent, la rédaction résume « ce qu’il faut retenir » de la journée. Nos newsletters quotidiennes ou nos pages Facebook sont un autre moyen de vous donner accès à la crème de la crème de nos articles à des moments clés de la journée, sur une thématique spécifique (le sport ou le lifestyle) mais aussi sur la région… un sujet que vous appréciez particulièrement et qui correspond parfaitement à notre mission première de média de proxi­ mité.

Comprendre vos centres d’intérêt L’alerte, le « breaking news », comme on dit sur les chaînes d’info en direct, est un terrain de jeu que les équipes rédactionnelles de la presse quoti­ dienne ont appris à couvrir dans de nouveaux délais. L’heure de bouclage n’est plus la seule deadline de la journée. La rédaction de L’Avenir est désormais en capacité de vous informer

dans la minute pour toute info événe­ ment, tragique ou non, 365 jours par an. Une newsletter d’alerte dans votre boîte mail, une notification mobile sur l’écran de votre téléphone et vous voilà averti de l’info du moment. Un service pour lequel nos lecteurs nous atten­ dent. On le voit dans nos audiences (ces articles sont lus avec attention) et les lecteurs nous l’ont aussi déclaré à plusieurs reprises autour de tables rondes : « Le site web est intéressant pour avoir des infos en direct toute la journée alors que le journal n’arrive que le lendemain matin. » Une complémenta­ rité sur laquelle nous voulons encore miser dans le futur.

Nouveaux formats d’infos Plus que le breaking news, nous constatons aussi avec intérêt que le lecteur digital, et a fortiori l’abonné, ne se contente plus de courts textes d’info sur le web ou le mobile, mais attend aussi de la rédaction des décryptages, de l’analyse, des éditos ou des formats inédits comme les grands­angles, vidéos, infographies, cartes interactives, diaporamas sonores… Un panorama qui donne une idée des nouveaux talents et modes narratifs acquis par la rédaction ces dernières années.

2006 Notre site web est né il y a 12 ans. Il s’appelait alors votrejournal.be avant de devenir actu24.be puis lavenir.net en 2010.

Plus de 500 articles sont publiés chaque jour.

471 278 visiteurs uniques : c’est le record de fréquentation sur notre site. Il remonte au 14 octobre dernier, jour des élections communales.

329 000 personnes suivent notre page Facebook principale, à laquelle s’ajoutent celles de nos Au cœur de la « soucoupe » dans notre rédaction à Bouge, là où les rédacteurs traitent l’actu en direct.

rédactions locales.

© ÉdA – Jacques Duchateau

LUNDI 19 NOVEMBRE 2018 33


LE JOURNAL

DES

ENFANTS

Le « JDE », la potion magique des enfants P HILIPPE M ARTIN

I

l n’a pas fallu attendre le troisième millé­ naire, l’ère du smartphone, d’Instagram et des youtubers pour se pencher sur la question de la lecture chez les enfants. Déjà, au début des années 1990, la réflexion préoccupe les parents, les enseignants et… les éditeurs de jour­ naux. C’est un constat, les enfants se tournent plus volontiers vers l’audiovisuel et lisent de moins en moins. Il faut donc inverser la tendance. En Belgi­ que, rien n’existe, ou presque, pour parler de l’actualité aux plus jeunes. Mais en France, une expérience est menée, déjà depuis 1984, au journal L’Alsace. Avec un beau succès. C’est elle qui servira de modèle au lancement du Journal des Enfants, le 13 octobre 1992. Celui qui en importe le projet, au sein du groupe Vers l’Avenir, se nomme Carl Vandoorne. Avec une ligne éditoriale très précise : publier, chaque semaine, un vrai journal d’actualité belge et internationale, destiné aux 9­13 ans, et être directe­ ment accessible pour des enfants qui terminent leurs études primaires. Avec un vocabulaire choisi

Informer, mais pas seulement En vingt­cinq ans, la formule de base n’a pas beaucoup changé. Si, au fil du temps, le JDE passe de quatre à huit pages, adopte la couleur intégrale, s’étoffe de nombreuses rubriques culturelles et sportives, ouvre son espace au jeu et à la détente, accueille une mascotte et fait la part belle aux infographies, les objectifs et la recette fondamentale restent les mêmes : aider les enfants à grandir dans un monde de plus en plus complexe et leur per­ mettre de devenir des citoyens actifs, responsables, critiques, dans une société qui peut leur paraître angoissante. Informer, donc, mais pas seule­ ment. Former aussi, accompagner sur la route de la

vie. Très rapidement, le succès du Journal des Enfants est au rendez­vous, dépassant les 20 000 exemplai­ res, grâce, notamment, à une petite rédaction spécialisée et une équipe de consultants proposant directement les abonnements dans les écoles. À tel point qu’en 1993, après la reprise d’Actualquarto, le journal élargit sa gamme et lance également Coup d’Œil, un titre adapté pour les 15­20 ans. L’expé­ rience à l’adresse des adolescents se prolongera jusqu’en 2007, date à laquelle elle sera remplacée par la rubrique Wadoo, dans les pages du quotidien. Fort de sa position et de son exclusivité sur le marché de la presse francophone destinée aux jeunes lecteurs, le JDE n’en reste pas là. Ses articles sont à présent disponibles sur tablette et davantage de contenus éditoriaux, interactifs, ludiques vont être développés pour de nouveaux supports digitaux. Un quart de siècle plus tard, le Journal des Enfants appartient désormais à la cour des grands. Pour preuve : ses premiers lecteurs sont à leur tour parents de lecteurs depuis bien longtemps.

N AT HA L IE L E M A I R E

M A RIE - A GN È S C A N TIN AU X

J OUR NAL IS TE

J O U RN A L I S T E

« Une info expliquée est moins traumatisante »

Un lien affectif des enfants

« Un grand défi digital »

Marie-Agnès Cantinaux est l’une des chevilles ouvrières du JDE. C’est elle, il y a 27 ans, qui est allée se former en Alsace aux pratiques journalistiques du Journal des Enfants, dont est issu son petit frère belge. Elle a aussi forcé quelques étapes importantes du JDE. « J’ai bataillé avec mes collègues pour avoir internet, parce que ça faisait partie de l’actualité. Et on l’a obtenu, alors même que la rédaction du quotidien ne l’avait pas ! » C’est aussi le JDE qui est passé le premier à une mise en page informatisée, là aussi avant le journal « des grands ».

Avec deux tiers de ses abonnements dans les écoles, le JDE est aussi un outil didactique, très apprécié en fin de primaire. « Mais il est de plus en plus difficile pour les écoles de demander de l’argent aux parents pour abonner leur enfant, souligne Bénédicte Lemercier, responsable communication et marketing au JDE depuis 15 ans. Nous continuons donc à entretenir un contact direct avec les enseignants et les élèves grâce à nos consultants. » Des seniors issus du monde de l’enseignement qui présentent le JDE dans les écoles tout au long de l’année.

« Aujourd’hui, nous ne devons plus expliquer pourquoi le JDE existe. » Au-delà des révolutions technologiques et de l’arrivée des réseaux sociaux, cette évolution est la première pointée par Nathalie Lemaire, journaliste au Journal des Enfants depuis 25 ans. « Les premières années, on devait souvent justifier notre existence. Beaucoup de gens ne comprenaient pas l’intérêt d’un journal pour les enfants. Il fallait laisser les petits dans un monde d’innocence et de liberté. Pourtant à l’époque, les enfants entendaient déjà des bribes d’infos à la télé et à la radio, ce qui était plus angoissant que d’avoir toute l’info et de la comprendre. » Aujourd’hui, plus de justification : l’info expliquée aux plus jeunes, c’est devenu naturel. Ce qui a fait la différence ? « Le 11 Septembre et l’affaire Dutroux. » Là, les parents et les enseignants se sont retrouvés bien démunis pour expliquer l’inexplicable. Alors le JDE, avec ses mots et sa pédagogie adaptés, a confirmé toute son utilité. Parce « une info expliquée est beaucoup moins traumatisante qu’une info cachée ».-C. Mar-

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et des explications dans le texte, pour les mots les plus compliqués. Avec, aussi, des cartes et des repères historiques pour mieux comprendre la situation des pays concernés, des photos, des graphiques, des dessins…

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Ce qui reste immuable pour les journalistes du JDE, c’est l’accueil dans les écoles lorsqu’elles s’y rendent pour un reportage. « C’est toujours une réaction enthousiaste et surtout très affective. Les enfants s’identifient au JDE, c’est leur journal. » Ces dernières années, ils se montrent aussi plus attentifs à qui est derrière ce qu’ils lisent. « On me demande par exemple : c’est vous Rita Wardenier ? Donc ils connaissent les noms des journalistes. Et font parfois même référence à un article précis pour me demander si c’est vrai ou pas. C’est assez nouveau. » -C. Mar-

B ÉNÉDICTE L EMERCIER R ESPONSABLE

MARKETING

Le plus grand défi aujourd’hui, c’est le déploiement digital du JDE. Son site internet a été récemment modernisé et est alimenté quotidiennement avec de l’actu. « Nous avons en projet de créer une application mobile, car nous savons que les enfants sont demandeurs. » Même s’ils se montrent toujours satisfaits de la version papier, les 9-13 ans en veulent plus, et davantage dans leur sphère de communication. - C. M a r-


PROXIMAG

Du toutes-boîtes à la presse régionale gratuite JEAN PLATTEAU

S

i Proximag est devenu un vecteur gratuit de communi­ cation commerciale et d’informations locales depuis 2013, les aventures des publications gratuites ont débuté bien avant pour les Éditions de l’Avenir. Dès 1986, le développement, par rachat, de toutes­boîtes existants en provinces de Namur et de Luxembourg (Publi­Con­ droz à Ciney, Reflets en Ardenne, L’Orneau à Gembloux, Clin d’œil à Namur et dans sa région…) amènera alors le regroupement de tous ces titres au sein de la SA Les Hebdos de l’Avenir en 1992.

« Passe-Partout » comme titre unique Avec la participation de la société française Comareg, la poursuite du

journaux distribués. Chaque édition gardait son ancrage local tant au niveau informatif que commercial, mais avec une charte rédactionnelle commune, ce qui permettait aux clients nationaux et aux agences médias de diffuser des messa­ ges partout en Belgique via un seul interlocuteur et dans un même support qualitatif apprécié dans chacune des régions du pays.

développement de la branche du gratuit continuera avec le rachat fin 1997 de la société AZ, présente dans ce secteur en Hainaut, en Brabant wallon et flamand, à Bruxelles et en Flandre orientale. Dans la foulée, le Groupe Plus, nouvelle structure constituée, confirmera son expansion par le rachat de Publi­Hebdo à Liège et de nombreux titres partout en Flandre avec le concours de la VUM. C’est après le rachat de Publi­Lovania, leader de la presse gratuite à Louvain avec son titre Passe­Partout, que sera décidé le regroupement sous un seul titre des différentes éditions qui avaient gardé jusqu’alors leur titre historique. En 2003 donc, sous la dénomination Passe­Partout, ce seront jusqu’à 114 éditions locales en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles qui constitueront le plus grand réseau national de presse régio­ nale gratuite avec chaque semaine plus de 5,4 millions d’exemplaires de ses

Jusqu’à 41 éditions Mais face à l’évolution très rapide du marché publicitaire et le repli des investissements dans le « papier », Passe­Partout stoppera ses activités fin 2012. La partie francophone de ses titres sera reprise alors par les Éditions de l’Avenir avec le lancement, le 8 janvier 2013, d’un magazine de presse gratuite comptant 41 éditions en Wallonie, au contenu rédactionnel local encore renforcé, avec le soutien de la rédaction de L’Avenir. Proximag était né.

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CES

MÉTIERS QUI FONT AUSSI LE JOURNAL

Si les rédactions, tant nationales que régionales, concentrent la majorité des effectifs de L’Avenir, un grand nombre d’autres métiers sont indispensables à la réalisation du journal. CORINNE MARLIÈRE

Votre journal, c’est bien plus qu’une rédaction

P

our réaliser quotidiennement un journal d’information, la rédaction seule ne suffit pas, loin de là. Car une gazette et son site internet, c’est bien plus que des journalistes, des correspondants et des photographes. Il faut les fabriquer techniquement, les faire connaître, les vendre aux annonceurs et aux lecteurs… Petit tour d’horizon de ces métiers souvent méconnus.

Le marketing, pour le lecteur Ce département se subdivise en trois secteurs. La communication (notoriété) et le recrutement de nouveaux abonnés ainsi qu’une fidélisation des lecteurs aux médias des Éditions de l’Avenir (L’Avenir, le JDE, lavenir.net, Moustique et TéléPocket, Proximag…). Le field marketing (promotion de terrain) permet d’améliorer l’image de proximité des différents titres (lire le témoignage de Naïm) au travers de différents partenariats.

N A ÏM E L

B O HA L I

R E SP O NS AB L E

P ROMO

« On se rappelle aux gens pour qu’ils pensent à nous » En charge de la promotion de terrain en provinces de Namur et Brabant wallon, Naïm soigne la marque de L’Avenir (et des autres titres du groupe) au travers des événements dont le quotidien est partenaire. « On touche des centaines de milliers de personnes chaque année grâce aux événements auxquels on s’associe, comme des festivals, des événements culturels, des salons, des foires… On y travaille notre image de marque. On se rappelle aux gens pour qu’ils pensent à nous. » Les jobistes sont une aide précieuse pour Naïm, qui ne peut pas se multiplier sur la cinquantaine de journées d’animations qu’il organise chaque année. Autre avantage de ces partenariats : les entrées et invitations négociées avec les organisateurs. « On peut les offrir à nos lecteurs et à nos clients libraires, c’est un geste qui fait toujours très plaisir. » -C.Mar-

Enfin, le service clientèle vient en aide aux abonnés et aux libraires. Il gère les abonnements et les comman­ des à l’imprimerie (lire le témoignage de Rose­Marie). Un service devenu très interactif avec l’arrivée du journal digital.

La publicité Nerf de la guerre, elle permet au journal de vivre. Elle se décline en trois pôles pour tous les médias des Éditions de l’Avenir : la pub nationale, la pub régionale (lire l’expérience de Françoise) et les annonces classées comme les nécrologies, les notaires, l’emploi etc.

Le support prémédias Un nom un peu barbare qui englobe toutes les équipes back­office de la régie publicitaire. Ce service réalise les annonces publicitaires régionales, les met en page, assure l’encodage de l’ensemble des

R OS E - M A RIE C OL L A RD S E RV I CE

CL I E N TÈ L E

« Faire plaisir au client » La gazette n’est pas dans votre boîte aux lettres ? Vous ne parvenez pas à vous connecter à votre compte en ligne ? Rose-Marie est là pour vous aider. Avec tous ses collègues du service clientèle. « Le passage à l’informatique pour enregistrer les abonnements a été une première étape importante, se souvient-elle après 36 ans passés dans le service. L’autre grand changement, c’est quand on a pris en charge les appels téléphoniques concernant la distribution, alors que c’était La Poste qui s’en occupait avant. » Et le passage au journal digital, « un gros morceau pour moi aussi, car je n’étais pas aguerrie aux nouvelles technologies. Mais on apprend… » Cette diversification des tâches engendre bien sûr un stress, mais Rose-Marie aime ce métier où elle « essaie de faire plaisir aux clients, de les aider ». Et s’ils sont désagréables ou agressifs ? « Je leur dis simplement : “rappelez-moi quand vous serez calmé”. » -C.Mar-

publicités et leur facturation, contrôle le bon chemine­ ment des annonces. Le tout avec un grand défi à la clé : satisfaire tout le monde, l’annonceur comme le lecteur et la rédaction.

Les services supports Ce sont les services généraux, comme les RH (res­ sources humaines), la comptabilité et le recouvre­ ment, ainsi que l’entretien des bâtiments. On y trouve aussi l’IT, autrement dit le support informatique de l’entreprise. Un pilier qui permet à tous les services de fonctionner et au journal d’évoluer dans la sphère numérique, grâce notamment aux « digital develop­ pers ». Pour accompagner la transformation numéri­ que, le service « Stratégie & data » analyse les données digitales pour tous les services. Ce qui permet de comprendre le comportement numérique des lecteurs (internautes) et annonceurs et de répondre au mieux à leurs attentes.

F RA NÇ OISE J ACQM IN D É L É G UÉ E

CO MME R CIA L E

L’Avenir est une belle carte de visite C’est la plus ancienne de tous les délégués commerciaux de L’Avenir. Françoise Jacqmin travaille pour le quotidien depuis 27 ans, la plupart de ces années consacrées aux pages locales namuroises. Elle rencontre des indépendants, des commerçants, et leur propose de placer de la pub dans le journal. Un métier qu’elle pratique avec le sourire, tant l’accueil qu’elle reçoit chez les annonceurs est quasi unanime. « Je n’ai jamais été refoulée chez un client. De manière générale, L’Avenir est une très belle carte de visite, surtout dans le Namurois. Aujourd’hui, j’ai beaucoup de clients très fidèles. Certains achètent de la publicité chez nous depuis plus de 20 ans ! » Mais ces fidèles ont parfois du mal à imaginer leur pub sur le web. « Ils restent attachés au papier, c’est difficile de changer les mentalités. » -C.Mar-

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Le visage tuméfié d’Odon Renard, au soir du dimanche 18 novembre 1979, le montre : sans la protection de bénévoles, les spectateurs du cross de Hannut, sur lesquels il avait tiré, tuant une mère de famille et une adolescente, faisant des dizaines de blessés, l’auraient malmené. Militaire de carrière, il sera condamné par le conseil de guerre de Liège, au grand dam des parties civiles, qui tablaient sur son irresponsabilité pour incriminer la Défense nationale. Il sera pourtant interné, pas incarcéré…

Tuerie au cross de Hannut en 1979 : le tireur, Odon Renard, au visage tuméfié, a tué 2 personnes. belga

LE

JOURNALISTE

Du pli déposé au train de midi trente à l’information immédiate C’est fou ce que le métier a changé en quatre décennies : machine à écrire et télex crépitaient dans le bureau, tandis que la sonnerie aigrelette du téléphone résonnait. La rédaction, aujourd’hui, paraît bien silencieuse. Mais le métier reste le même.

PHILIPPE LERUTH

L

e train de midi trente pour Namur partage la journée de travail en deux : c’est à son bord que doit partir le premier « pli » quotidien en gare de Huy­Nord. Le tout jeune journaliste à l’œuvre dans l’exigu bureau de l’édition hutoise du groupe ne tarde pas à visualiser ce « pli » : une enveloppe brune, emplie de textes et de films à développer. À clore impérativement en toute fin de mati­ née, pour ne pas manquer le train. Une petite demi­heure plus tard, l’envoi hutois, réceptionné en gare de Namur, atterrit en face, au siège central du journal. La maquettisation des pages de l’édition démarre tandis qu’à Huy, on s’attelle au travail pour le « pli du soir », envoyé par un train de début de soirée,

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LUNDI 19 NOVEMBRE 2018

et contenant les articles, surtout sportifs, pour le journal du surlendemain. C’est enfin l’heure de la deuxième tournée téléphonique de récolte des faits divers, celle de l’après­midi.

veille au soir, sont rédigés et envoyés le matin. Les papiers « froids » sont destinés au surlendemain, ou mis en réserve. Le télex permet l’envoi tardif de nouvelles urgentes : le défilement automatique d’une bande de papier, perforée par l’usage du clavier, se déroule dans un staccato d’enfer. Surtout ne pas oublier la mention « stop final », en fin de texte : souvenir du temps où l’information se transmet­ tait par télégramme… Et puis un jour, d’énormes machines orange, de la hauteur d’un bureau, débarquent. Les fax permettent, ô miracle, d’envoyer des photocopies à distance. Finie, notamment, la labo­ rieuse dictée téléphonique de textes qu’on redécouvrait parfois avec surprise le lendemain !

…et increvable Tandy

DE 1980 À 1990 Merveilleux fax… Les articles sont tapés sur de lourdes machines à écrire, dont le crépitement rythme le boulot. Les photos sont encore prises à l’aide de curieux appareils cubiques, en format 4x4. Les articles « chauds », comme la relation d’un conseil communal de la

Bien vite, ensuite, apparaissent de curieuses petites machines à l’écran verdâtre : les « Tandy » – le label se muera rapidement en nom d’usage – ne permettent que de composer des textes transmis par ligne téléphonique. Un long sifflement puis un craque­ ment indiquent que la communication est établie. Plus d’une fois, l’absence de ces bruits familiers signalera simple­ ment au distrait que… la prise télépho­ nique n’est pas branchée.

DE 1990 À 2018 La fée informatique Mais rien ne peut arrêter l’informati­ que : les machines à écrire qui, avec les cendriers pleins de mégots fumants, marquaient depuis plus d’un siècle l’histoire du journalisme, disparaissent des bureaux. Les premiers ordinateurs ne permet­ tent toujours qu’une saisie de texte améliorée. Eux aussi feront long feu : des logiciels rédactionnels apparaissent, avec la connexion à internet, puis la création d’un site web, trop longtemps considéré incompatible avec l’essence régionale du journal. Les rédactions, aujourd’hui, sont bien plus feutrées que celles d’hier. Et l’info s’est accélérée. Sans changer le fonde­ ment du métier : chercher la nouvelle originale, et la vérifier, mais sous une pression décuplée du temps. Parfois, on s’arrête, et on se demande, étonné, comment on remplissait le journal, il y a quarante ans, quand on ne pouvait consulter son smartphone, solliciter un moteur de recherche ou vérifier son courrier électronique. Puisqu’il n’y avait ni téléphone portable, ni internet. Et pourtant, chaque jour, il se remplis­ sait. De nouvelles qu’il fallait aller chercher au coin de la rue…


LE

CORRESPONDANT LOCAL

Correspondant de presse : le témoin et le relais de la vie locale Indispensables pour une rédaction locale, les correspondants sont les yeux, les oreilles et la plume d’un terroir riche en activités et événements. Rencontre avec l’un d’eux, officiant à Gerpinnes pour l’édition Entre-Sambre-et-Meuse : Jonathan Holvoet. N ATHALIE B RUYR

«C

ertains font du jogging ou passent leurs soirées devant la télé. Moi, mon sport préféré, c’est être correspondant de presse. » Jonathan Holvoet a rejoint L’Avenir Entre­Sambre­et­Meuse en 2006. D’abord pour un stage, dans le cadre de ses études en communication, puis pour succéder au pilier de l’actualité gerpinnoise André Brockmans. « La transmission, c’est important, dit­il, André m’a introduit partout à mes débuts, c’était précieux comme parrainage. » Depuis ses premiers pas dans la presse, cette activité restée complémentaire – Jonathan exerce un autre métier en journée – est devenue une vraie passion. « Cela permet de rencontrer les gens autrement, et on touche à tous les domaines : la culture, le sport, la politique, le folklore, les faits divers… On n’est pas cantonné à un seul type d’événement. Sans ce rôle de correspondant, je n’aurais jamais eu l’occasion d’interviewer ce grand cycliste qu’était Pino Cerami, de visiter les bureaux d’Albert Frère ou la base militaire de Florennes. »

Une activité en mutation Même s’il n’a qu’une douzaine d’années d’exer­ cice à son actif, Jonathan Holvoet a pu constater une énorme évolution dans la pratique de corres­ pondant local. La première, c’est l’impératif RGPD, qui impose une autorisation explicite pour toute publication d’image. « Cela pose un gros problème pour les photos de 1re primaire, par exemple. Les enseignants sont plus réticents ; il faut attendre que toutes les autorisations signées par les parents reviennent à l’école. On va donc plutôt le 2e ou le 3e jour après la rentrée, mais le délai de publication reste le même. On a donc moins de temps pour faire le tour de toutes les écoles. » La deuxième variable qui a changé le métier, c’est l’immédiateté et les réseaux sociaux. « Quand j’ai commencé, on allait sur un événement, on était les seuls avec Sudpresse. Les gens n’avaient pas le choix, pour en avoir un compte­rendu, il fallait acheter le journal le lendemain. Actuellement, pour les marches folkloriques par exemple, on n’est pas

encore rentré, on n’a pas encore rédigé la première ligne que tout est déjà sur les réseaux sociaux. Des gens s’improvisent, non journalistes ni correspon­ dants, mais ce que j’appelle des reporters en herbe, qui s’expriment, publient des photos mais n’offrent pas le recul ou le regard critique d’un professionnel des médias. Il y a une confusion de genre, cela nous cause du tort, mais cela nous pousse aussi à nous réinventer. On est forcé de trouver des angles diffé­ rents, de nous remettre en question et de travailler différemment. » Et l’évolution technologique n’a pas que des inconvénients : « Avant, lors des grands événements comme la Sainte­Rolende, c’était compliqué d’aller sur place et d’en revenir, pour écrire et transmettre à temps. Désormais, j’ai mon PC et une connection internet mobile, on n’est donc plus obligé de rentrer chez soi. Cela facilite notre travail. »

Plus complexe Une autre grande (r)évolution du métier, c’est la complexification de la politique communale. « Quand j’ai suivi mon premier conseil communal, j’étais complètement largué… Mais c’est bien plus compliqué aujourd’hui pour un correspondant débutant. » En cause, la technicité des débats en politique. « L’administration des affaires communa­ les est devenue beaucoup plus complexe, les budgets sont plus difficiles à analyser, les notions de marchés publics sont apparues… et c’est donc plus difficile de suivre un conseil communal qu’il y a dix ou 15 ans. Pour décortiquer et relater tout cela, en ayant très peu de temps, c’est devenu plus compliqué. Mais c’est aussi cela qui fait la richesse de notre rôle de corres­ pondant : comprendre et expliquer. »

Échanges et collaboration Affecté à la couverture de tous les événements de sa commune de résidence, le correspondant de presse s’en échappe aussi parfois pour aller voir d’autres horizons. « Ce job complémentaire est empreint d’un fort esprit de collaboration. Quand tu ne sais pas couvrir un événement, il y a quelqu’un qui peut te remplacer et vice-versa. Je pratique cela avec Vincent Pinton, sur Ham-sur-HeureNalinnes. On a chacun à tour de rôle repris des cours du soir. Du coup, lorsque l’un était moins disponible, l’autre le remplaçait. Cela évite de s’essouffler, et cela permet aussi de voir ce qui se fait ailleurs. »

Le numérique a modifié la transmission du reportage mais, sur le terrain, Jonathan Holvoet prend toujours note de ses interviews sur un carnet de papier.

Et de mettre en perspective son vécu local pour l’enrichir avec un regard renouvelé. Cette collaboration passe également par de nombreux échanges avec la rédaction pour laquelle il travaille. « À L’Avenir, on est impliqué dans la vie du journal. Correspondant ou journaliste, on a une identité commune, on fait partie de la maison. » Car le correspondant, outre son rôle de reporter de terrain « est aussi là pour saisir et faire remonter les informations entendues sur le terrain qu’il arpente chaque jour, et passer le relais aux journalistes lorsque cela s’impose ». - N . B . -

Archives L’Avenir

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« Il faut être capable de faire des choix rapidement, parfois radicaux. » Tel est le plus grand défi du journaliste rédacteur final internet (RFI), qui gère le contenu du site de 7 h à 23 h, et en particulier la home page, vitrine de l’info. Aux commandes, il importe de garder la tête froide, de retenir un grand nombre de manipulations techniques et d’avoir un bon sens de l’actu. La pression est permanente et le métier très exigeant. Dans la « soucoupe » centrale de la rédaction, Thomas Bernard aux commandes du site. © ÉdA – Jacques Duchateau

LE

JOURNALISTE WEB

Le défi de l’info sur le web : jongler entre l’immédiat et l’analyse Le métier de journaliste, on le réinvente un peu chaque jour sur le web, qui est en constante évolution. La base reste bien sûr identique : informer au plus juste, au plus proche. Mais avec un paramètre nouveau : les « fake news », fléau des temps modernes.

son histoire au mieux. » Le défi est alors d’utiliser le bon outil pour la bonne info, histoire que tout devienne le plus compréhensible possible. Ligne du temps, « motion design » (graphisme animé avec des dessins simples et didactiques), montages vidéo… donnent de l’attrait à l’info, y compris sur les réseaux sociaux.

Les réseaux sociaux, CORINNE MARLIÈRE

C’

est aujourd’hui l’un des plus gros problèmes du web et des réseaux sociaux. Les « fake news », ces fausses informations dont la viralité peut être fulgurante, empoisonnent la vie des rédactions. Et sensiblement celle des journalistes web. « Plus une info va dans le sens de ce que l’on pense, plus elle aura une grande viralité sur le web et plus on aura tendance à la croire, estime Thomas Bernard, journaliste pour lavenir.net depuis sept ans. Notre rôle est alors d’essayer de la démonter. Mais on n’a pas le pouvoir de faire changer d’opinion. » Une attention de tous les instants pour ceux qui nourrissent en permanence le site web.

Journaliste web, c’est quoi ? « Sur le site, le journaliste utilise le web comme un terrain où il se passe plein de choses et dont il se nourrit… et qu’il nourrit lui­même », analyse Thomas, qui n’appréhende pas le métier tout à fait de la même manière dans le « print » que sur le web. « La grosse 40

LUNDI 19 NOVEMBRE 2018

différence avec le journal papier, ce sont les outils. Sur le site, on ne se limite pas aux textes et aux photos. C’est plus interactif, on est plus libre. Et puis le site, on le parcourt sur différents supports, c’est aussi une différence impor­ tante. Et je pense qu’ils vont encore se multiplier. Pour moi, smartphone et tablette ne vont bientôt plus faire qu’un. Ce sera alors à nous de nous adapter et d’inventer autre chose. » La création du weblab, il y a un an et demi, est une évolution du site de lavenir.net vers des projets plus fouillés, qui offrent un temps de lecture plus long et plus diversifié. L’équipe, composée d’un journaliste, d’un webmaster (développeur) et parfois d’un gra­ phiste, propose des « longs formats » : un dossier décliné sous forme de textes, vidéos, montages photos, animations diverses. « Le principe est de se mettre au service des autres membres de la rédaction, précise Arnaud Wéry, membre du weblab et ancien journaliste à la locale de Huy­Wa­ remme. Un journaliste, spécialiste dans un domaine, vient nous voir avec de la matière rédactionnelle et nous, on se demande ce qu’on peut lui apporter pour l’aider à raconter

ces indispensables « Un journaliste qui n’est pas sur Twitter, pour moi, n’est pas un bon journaliste, car il y a quantité d’infos à aller chercher sur les réseaux sociaux, estime Thomas Bernard. Bien sûr, il faut savoir les utiliser, appliquer les bons filtres. » Et recouper ses informations en évitant la précipitation et la course aux clics. Sur les réseaux sociaux, la recette est la même que sur le site internet, estime encore Thomas. « Il faut tout comprendre avec un titre et une photo. C’est plus contraignant que dans le journal papier, où le contexte de la page aide parfois à saisir plus vite l’info. Sur le web, on perd beaucoup plus vite l’internaute, il faut sans cesse le relancer. » « Sur le web, on ne peut pas se permettre de vivoter, on doit évoluer en permanence car on est vite dépassé », souligne Arnaud Wéry, qui soutient le data journa­ lisme au sein de lavenir.net. Une autre façon d’expli­ quer l’info, en se basant sur des chiffres (des datas) parfois hermétiques pour « raconter une véritable histoire. Par exemple, nous avons pris les statistiques des bourgmestres et en avons fait une carte, juste avant les élections. L’un des enseignements, auquel on ne s’attendait pas, c’était le nombre de femmes bourgmestres. Affligeant comme elles étaient peu nombreuses. » L’info pouvait alors être exploitée et approfondie par du texte.


LE

PHOTOGRAPHE

« La photo de presse, elle a une âme » Photographe de presse… Dans un journal régional, il est les yeux du lecteur, et aujourd’hui de l’internaute. Il accompagne les histoires racontées avec des mots, il donne vie aux événements quotidiens par la vidéo. Un métier qui a, lui aussi, vécu pas mal de révolutions. I NTERVIEW : C ORINNE M ARLIÈRE

A

vec 27 ans de métier au sein du journal, Jacques Ducha­ teau a multiplié au fil des années les cordes de son arc photographique. Aujourd’hui, il ne se contente plus d’enclencher son appareil et de fournir ses photos au journaliste. La vidéo, par exemple, a fait son apparition il y a une dizaine d’années pour le site internet et fait maintenant partie de son quotidien. Jacques en produit plus de 350 par an. Rencontre et anecdotes, de l’argenti­ que au numérique, du noir et blanc à la couleur. Comment se définit aujourd’hui un photographe de presse ? Ce métier, dans mon cas en particulier, s’est énormé­ ment transformé. Au début de ma carrière, j’accompa­ gnais principalement un rédacteur en reportage et je faisais des photos. Ensuite je développais les films et je tirais les photos à l’agrandisseur, en noir et blanc. Désormais, j’accompagne encore, je fais les photos mais ce qu’il y a de nouveau depuis fin 2007, je fais aussi de

la vidéo. Et ce qui arrive maintenant le plus souvent, je pars seul en reportage pour faire photos, vidéo, texte et montage. C’est un appauvrissement ? Non, c’est une façon de faire différente. Même si c’est vrai que je préfère partir avec un rédacteur, car il y a toujours plus dans deux têtes que dans une et je peux faire du meilleur travail. On est aussi beaucoup dans l’immédiateté avec internet… C’est vrai qu’il faut parfois produire beaucoup en peu de temps. Mon record ? À l’occasion des Francofolies de Spa 2010, j’ai fait 11 sujets vidéo sur une journée. Mais attention, j’adore aussi travailler trois mois sur un sujet, pour laisser évoluer les images et les couleurs. Si c’est plus rare, on doit encore pouvoir se le permettre, pour un autre type de lecture et de découverte. Le passage de l’argentique au tout numérique, c’est carrément une révolution ? Complètement. J’ai deux exemples qui illustrent cette

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révolution. Fin décembre 1999, je suis parti avec un journaliste à Saintes pour couvrir la marée noire de l’Erika. On suivait des scouts de Huy et des pompiers de Nivelles qui apportaient leur aide sur place. Je n’avais aucun moyen de transmission, aucun moyen de développement portatif. Je me suis débrouillé pour trouver un magasin qui développait dans l’heure et il y avait, de l’autre côté de la ville, un magasin qui avait un scanner à plat et une adresse mail pour envoyer sur l’unique adresse mail du journal. Et je me suis dé­ brouillé plusieurs jours comme ça. Il y a quelques mois, j’ai couvert le crash d’un avion dans un champ de Couvin. J’ai fait les photos, tourné la vidéo, puis j’ai fait le montage sur mon PC porta­ ble, dans ma voiture. Et une demi­heure après, le reportage était sur le site. Face au flot de photos sur les réseaux sociaux avec filtres et effets spéciaux, tout le monde se prétend photographe. Comment on se distingue en tant que pro ? La grosse différence, c’est le regard. Le photographe professionnel sait mettre en perspective, en évidence. Il a aussi une déontologie, il ne fera pas n’importe quoi, alors que les internautes n’ont pas de limites. Aucun logiciel ne va permettre de faire un bon cadrage, de jouer sur la profondeur de champ, de mettre en scène une photo. La photo de presse, elle a une âme. Et j’espère que le public voit encore la différence, qu’il a encore cette sensibilité. Des souvenirs particuliers de reportages ? Ce sont plutôt des rencontres que je retiens. Autant faire une interview de Zazie dans sa loge avant qu’elle monte sur scène que rencontrer le petit artisan du coin. Le quidam comme la star, je prends autant de plaisir pour l’un comme pour l’autre. C’est vraiment la rencontre qui compte pour moi et me laisse des souvenirs.

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4 1 En 1992, une manifestation des agriculteurs qui restera dans la mémoire de certains gendarmes. 2 Tels Pepone et Don Camillo, Monseigneur Léonard, évêque de Namur, et Bernard Anselme, bourgmestre socialiste, en train de prendre l’apéro après la messe en wallon, lors des fêtes de Wallonie 2005. 3 Décembre 1994, les ouvriers d’Acina manifestent pour sauver leur usine jamboise. 4 Remco Evenepoel, cycliste, champion du monde junior. Une graine de star du vélo à qui on promet un avenir prestigieux (2018). © EdA - Jacques Duchateau - Jean-Pol Sedran (portrait du photographe)

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Maquettistes et graphistes prennent de la hauteur (de gauche à droite) : Denis Petit, Hélène Quintens, Christian Hick, Bruno Lapierre, Sébastien Cattalini, Sophie François, Cindy Renquin, Bénédicte Detaille et Geoffrey Guillaume. © ÉdA – Jacques Duchateau

LE

MAQUETTISTE ET LE GRAPHISTE

« Rien ne peut remplacer l’humain dans la création graphique » Dans un journal, le graphisme et la mise en page donnent du sens et de l’attrait à l’info. Même si le compromis entre la forme et le fond n’est pas toujours facile à obtenir. Sur le web, la liberté est plus grande, mais demande une remise à niveau permanente.

cellule graphique, Geoffrey Guillaume. Qui, avec son équipe, amène une dimension supplémentaire à l’info en la mettant en scène par une carte, un schéma, un dessin, un graphique. « Une bonne infographie donne parfois plus d’infos qu’un texte. Elle permet souvent d’alléger l’article, mais attention, elle ne doit pas non plus être trop dense sinon elle perd de son efficacité. »

C ORINNE M ARLIÈRE

La révolution web

U

n reportage peut receler les meilleures qualités intrinsèques d’écriture, d’en­ quête, d’originalité, si la vitrine qui le met en lumière et doit donner envie d’y entrer n’est pas attirante, le message a beaucoup moins de chance d’atteindre ses lecteurs. C’est le rôle de la maquette et du graphisme d’un journal. À la manœuvre, les journalistes assistants de rédaction, appelés dans le jargon de la maison JAR. « Notre rôle est bien sûr de mettre en page les textes et les photos, souligne Hélène Quintens, maquettiste depuis 18 ans à L’Avenir. Mais on travaille avant tout en étroite collaboration avec les journalistes. Nous devons interpréter leurs attentes et leurs demandes, rencontrer au mieux leurs besoins. » Une discussion permanente qui n’est pas sans compromis. « C’est une gymnastique quotidienne entre les tempéraments des journalistes. Certains sont très autonomes et font beaucoup eux­mêmes, il faut alors souvent repasser derrière eux, sourit Hélène. D’autres nous font pleine­ ment confiance. » Le choix de la photo s’avère un moment important du travail de JAR, toujours en concertation avec

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l’auteur de l’article. « Une bonne photo raconte une histoire et vient toujours en appui d’un texte. » Elle permet de donner une perspective à une page de journal, qui est finalement « quelque chose de très géométrique, estime la maquettiste. lI faut jouer avec un équilibre de masses entre les petits et les grands papiers, les photos verticales et horizontales… »

S’imprégner du contenu La charte graphique est un élément important pour conserver une cohérence au fil des pages. Elle est particulièrement stricte dans le supplément hebdomadaire Deuzio, qui demande toutefois un œil esthétique avisé pour « varier les mises en page au sein d’un même numéro et s’assurer du look de l’ensem­ ble, précise Bénédicte Detaille, 30 ans de maison au secrétariat d’édition puis comme maquettiste. Je lis d’abord tous les articles en diagonale pour m’imprégner du contenu, puis je cherche les photos les plus en phase avec l’info, les plus esthétiques avec un beau décor, un bon angle de vue. J’y consacre beaucoup de temps car j’estime ce travail essentiel. » Point de vue partagé par le responsable de la

Si la créativité est un pan fondamental du métier de graphiste, la technique n’en est pas moins incontournable. Et requiert une formation perma­ nente pour se tenir au courant des évolutions et des nouveaux outils. C’est sans doute l’arrivée du web qui a le plus marqué l’équipe. « Le web a changé notre manière de travailler, affirme Geoffrey Guillaume. Ce qu’on fait pour le journal papier ne s’applique pas forcément au site. Plus que tout le reste, le web réclame de se recycler, de réaliser des animations, permet plus de fantaisies et de libertés. Une page web n’a pas de fin comme une page de journal. » C’est à cette étape qu’intervient le webmaster, parfait mélange de technique et de graphisme lorsque se met en place un projet comme un webdoc ou un long format. « Il est intégré dans la discussion dès le début du processus, poursuit Geoffrey. Il doit bien sûr se consacrer à sa programmation selon le gabarit décidé, mais on entretient un échange perma­ nent, le graphiste venant en appui, comme conseiller. La technique est indispensable, mais rien ne peut remplacer l’humain dans la création graphique. » L’intelligence artificielle, l’automatisation, la digitalisation ne sont ainsi pas vus comme des dangers mais comme des opportunités au service de la créativité.


L’IMPRIMEUR

« C’est une fierté d’imprimer un journal tous les jours à l’heure » Du stéréotype en plomb aux plaques offset, l’encre a coulé dans les imprimeries en un siècle. « L’Avenir » a aussi connu plusieurs centres d’impression, dont l’actuel est celui de Grand-Bigard (Corelio). Ses rotatives imprimeront encore votre journal durant quelques semaines, avant de laisser place à celles de Nivelles (Rossel). C ORINNE M ARLIÈRE

L

a réalisation d’un journal, c’est chaque jour un miracle. Et chaque soir une prouesse technique au bout des rotatives. L’Avenir est imprimé depuis 2007 à Grand­Bigard, le centre d’impression de Corelio faisant partie du groupe Mediahuis (ex­actionnaire des Éditions de l’Avenir). Avant la fin de l’année, les pages seront envoyées à Nivelles, sur les rotatives du groupe Rossel, dans un format plus grand (berlinois). Mais la mécanique de réalisation restera la même.

« Les plaques sont ensuite minutieusement coudées, c’est­à­dire courbées à leur extrémité, pour un placement précis sur les cylindres des groupes », précise Gérard Despontin, responsable logistique et imprimeur depuis près de 30 ans pour L’Avenir. Avec ses équipes, il produit chaque jour environ 1 100 plaques (entre 1 500 et 1 600 pour le journal du samedi). Elles sont ensuite recyclées pour en refaire de nouvelles.

2

1

L’impression du journal en étapes et en vidéo sur

SUR LA ROTATIVE

Sur la rotative Colorman qui imprime le journal depuis 2011, Thibaut Dethise, rotativiste depuis 15 ans, accroche et ajuste les plaques au millimètre près, pour une superposition précise des couleurs, sinon « ça tremble, le texte n’est pas bien lisible ». Les bobines de papier sont, quant à elles, déjà en place depuis plusieurs heures. Il en faudra huit, de 1200 kilos chacune.

Devant son écran d’ordinateur, l’opérateur plaques réceptionne les fichiers envoyés depuis le siège du journal, à Bouge, et contrôle que toutes les pages sont bien complètes. Elles sont alors « photogra­ phiées » sur des plaques d’aluminium, selon le procédé offset. Il faut quatre plaques par page, une par couleur de base : noir, magenta, cyan et jaune.

LE WEB

C’est le moment de lancer le tirage de la première édition. Devant leur pupitre de commande, le conducteur et son adjoint procèdent au réglage des couleurs, à la rectification de l’encrage. « Tout est aujourd’hui automatisé, souligne Gérard Despontin. On gagne en temps et en qualité. Mais avant, un imprimeur savait rien qu’au bruit détecter un pro­ blème et pouvait, par exemple, anticiper une casse papier. » Les rotatives roulent lentement, les premiers journaux sont blancs, puis peu à peu encrés. Il y aura environ 400 gazettes à jeter en début de tirage pour la première édition, ensuite on compte 200 exemplaires perdus par édition suivante. C’est la gâche papier, indispensable à la bonne qualité des journaux distribués. Le conducteur tient enfin en main un bon numéro, tout frais, l’encre encore humide. Satisfait du produit, il lance la roto à plein régime, tout en vérifiant en permanence le contenu et l’encrage.

4 L’EXPÉDITION

1 LA SORTIE DES PLAQUES

SUR

3 L’IMPRESSION

Imprimé, le journal passe dans la plieuse­agrafeuse et poursuit son chemin emprisonné dans une pince qui l’emmène sur des rails jusqu’à l’expédition. Il fera plusieurs centaines de mètres en dansant au plafond, avant d’être empaqueté et embarqué en camion pour l’étape suivante : les libraires et les bureaux de poste. « C’est une fierté de sortir un journal tous les jours à l’heure », sourit Gérard Despontin en voyant partir « ses » journaux dans les camions.

2

www.lavenir.net/100ans-lavenir

1 Chaque page nécessite 4 plaques offset. 2 Thibaut Dethise, rotativiste, a placé les plaques sur les rouleaux. 3 Lorsque l’encrage est bon, les rotatives

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4

sont lancées à plein régime. 4 Les journaux imprimés circulent au plafond entre des pinces, jusqu’à l’expédition. 5 Gérard Despontin, responsable de la logistique, imprime L’Avenir depuis 1990. © ÉdA – Jacques Duchateau

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Sur les 350 clients qui fréquentent quotidiennement la librairie de Caroline, certains sont pour le moins atypiques. « J’en ai deux qui s’amusent à faire rire tout le monde dans la librairie quasi tous les jours. On les appelle les “ Muppet Show ”. Ils viennent régulièrement déguisés. Un jour, ils m’ont même apporté des poissons rouges pour le 1er avril. Je les ai toujours ! » Caroline Étienne et sa maman Nadine sont libraires à Leuze de mère en fille depuis 1978. © ÉdA – Jacques Duchateau

LA

LIBRAIRE ET LE FACTEUR

Le métier de libraire ? L’indispensable étape vers le lecteur Alors que la plupart des journaux du groupe arrivent chaque jour dans les boîtes aux lettres des abonnés, d’autres sont vendus en librairie. Un lien indispensable avec la gazette pour les habitués de la librairie Étienne-Leroy à Éghezée. Plongée dans l’ambiance d’un vendredi matin. CORINNE MARLIÈRE

«H

oula, 66 € à l’EuroMillion ! Il manquait deux chiffres pour le gros lot, c’est Noël avant l’heure, Phi­ lippe. » On rit dans la file d’attente, avant de recevoir aussi son petit mot personnel de Caroline. C’est au tour de Jacques, qui paie son journal et son Lotto, puis passe à l’arrière. « Je viens presque tous les jours à la librairie, je discute avec d’autres clients, je prends un café. J’aime surtout voir la libraire ! » Caroline sourit. C’est ce qu’elle aime dans son métier : des clients qui la font rire, lui racontent un bout de leur vie et reviennent chaque jour. La librairie Étienne­Leroy a pignon sur rue à Leuze (Éghezée) depuis 1978. Des pareilles, il ne doit plus en rester beaucoup en Wallonie. Où l’on organise des animations à Noël avec l’aide des clients, où Patrick amène la tarte tous les vendredis, où Alfred et Christian font le Muppet Show au coin du comptoir.

Obligés de se diversifier Chez Caroline, qui a pris la relève de sa maman Nadine dans la librairie familiale, on y vient pour acheter le journal, commenter l’actualité, gratter un billet, trouver le dernier roman à la mode. « Nous sommes obligés de nous diversifier, précisent en chœur la libraire et sa maman, 44

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qui lui donne toujours un coup de main. On a des articles cadeaux, de la papeterie, des livres scolaires, des romans. Et bien sûr la Loterie. C’est tout ça qui nous maintient. » Car à Éghezée comme partout ailleurs, la vente de journaux ne suffit plus. L’Avenir y reste en bonne place, « apprécié pour les faits divers et la nécro, souligne Caro­ line. On l’achète aussi le lundi pour le sport et Deuzio est fort populaire le samedi. Je suis sûre que le journal papier se maintiendra. »

Une vraie passion Pourtant, la vie de libraire n’est pas rose tous les jours. Trois cambriolages de nuit, lever à 4 h tous les matins pour une boutique ouverte de 5 h 30 à 18 h 30 sans interruption. « Heureusement, j’habite à côté, raconte encore Caroline, sans se départir de son éternel sourire. J’ai aussi Brigitte, une super vendeuse qui met une terrible ambiance dans la librairie. Les clients l’adorent. » Et à bientôt 40 ans, la jeune femme peut toujours compter sur sa maman au comptoir et sur son papa Christian pour ranger la réserve et faire le café aux clients. « Parce que d’année en année, ce métier demande toujours plus d’énergie et de travail. Mais pour moi, c’est une vraie passion. Je ne voudrais jamais en changer ! » Et certaine­ ment pas ses clients non plus.

« Je donnais le journal au chien » Le Namurois Vincent Pagé, désormais (re)connu pour son spectacle Tronches de vie, est avant tout facteur. Bientôt 30 ans de métier et des souvenirs sans nostalgie de l’époque où il apportait le journal dans les boîtes aux lettres. « Avant le premier Géoroute, on distribuait le journal en même temps que le courrier, mais il était parfois midi. On avait beaucoup plus de contacts avec les gens. Dans le Namurois, c’est “Vers L’Avenir” qu’ils attendent, on était content de leur amener. » À l’époque, c’est à vélo que Vincent effectuait ses tournées. « Un vrai défi parfois d’apporter une gazette sèche ! Je me souviens aussi d’une maison, à Wépion, où je donnais le journal au chien et c’est lui qui l’apportait à son maître. » Aujourd’hui, une première tournée spécifique de facteurs permet aux lecteurs de recevoir leur journal avant 7 h 30. C’est cela aussi le progrès. -C. Mar-


LES

LECTEURS

Des abonnés acharnés d’info locale Alphonse Binon s’est auto-proclamé plus vieux lecteur du journal, qu’il ouvre tous les jours depuis plus de 80 ans. Mais « L’Avenir » n’est pas qu’un journal de vieux, réplique Loïc Bourgeois, abonné fidèle à 23 ans. FLORENT MAROT

&

SAMUEL SINTE

ALPHONSE BINON

D

eux Maredsous brunes sur la table du salon, les pages de L’Avenir ouvertes sur le divan, Alphonse Binon nous reçoit comme il a toujours accueilli son journal, avec bonheur et hâte. Depuis plus de 80 ans, ce lecteur rythme son quotidien avec nos pages. « Je le lis tous les jours, et j’ai seulement remar­ qué il y a une semaine que le nom avait changé. On a tellement l’habitude de Vers l’Avenir », raconte l’autopro­ clamé plus vieil abonné du journal, sur base d’un calcul légèrement subjectif. « Je suis né en 29, et j’ai toujours été abonné ! Qu’on me trouve un plus vieux lecteur que moi et je m’incline », sourit ce joyeux drille. Des lecteurs, Alphonse en connaît un paquet. Cet ancien instituteur et directeur de l’institut Saint­Louis à Namur reconnaît la plume (et l’orthographe ?) de certains contribu­ teurs au journal. « Ah, ben voilà Alain, de Franières, un de mes anciens élèves. Il me semble qu’il vous écrit beaucoup celui­là… » Seulement quatre années ont séparé

1

LOÏC BOURGEOIS

ce Boninnois de son quotidien. « Vers l’Avenir ne paraissait plus pendant la guerre, je lisais un journal avec de la propagande nazie, appelé La Province de Namur. Son crieur avait du cran, par contre. Il criait “Rommel à genoux en Afrique” devant les sentinelles allemandes ! Quant à L’Avenir, je me souviens de son retour, c’était le 8 sep­ tembre 1944 (exact !) » Sortir le journal de la boîte aux lettres est le premier geste d’Al­ phonse, tous les matins. « Je m’habille tout de même avant, s’esclaffe­t­il. On a une relation similaire avec Femmes d’Aujourd’hui, car ma maman était aussi abonnée. Qu’est ce qu’on a déjà dépensé comme argent dans le pa­ pier ! » Ce lecteur attentif lit toutes les pages de son journal, sans exception. « La page que je consulte aujourd’hui en premier est la nécrologie évidem­ ment, et j’espère y figurer le plus tard possible », conclut cet heureux grand­père, dans un rire si joyeux et si spontané qu’il a déjà été immorta­ lisé dans nos pages.

L

oïc Bourgeois, 23 ans, est déjà un « vieux » lecteur de L’Ave­ nir : « C’était le journal qui se trouvait sur la table chez ma grand­ mère et c’est là que j’ai commencé à le parcourir quand j’allais chez elle. » Quand il s’est installé dans son premier appartement à Noville­les­ Bois, le jeune homme a reçu un abonnement en cadeau de la part de proches : « Et là, je viens de me réabonner. » Et pas question pour lui de se contenter d’un abonnement numérique.

« Le journal papier, plus sympa » Ce qu’il aime, c’est la gazette papier : « Je la lis tous les jours le matin au petit­déjeuner et c’est nette­ ment plus sympa en version imprimée, plus confortable. Je l’emporte aussi avec moi au travail. Je suis menuisier et, sur chantier, pendant la pause de

midi, je la déplie encore tout en mangeant, assis sur mon frigo box. Je consulte le site internet de temps en temps, pour une info précise, mais c’est rare. Par contre mon père, lui, lit la version numérique essentiellement. » Loïc Bourgeois dit passer au total plusieurs dizaines de minutes par jour le nez dans les articles. « Parfois ce n’est que dix minutes, mais parfois c’est une demi­heure ou plus. J’avoue que la première partie, avec l’info du monde, je zappe assez souvent, sauf s’il y a une grosse actualité. Ce que je vais chercher d’office, c’est ce qui se passe dans ma commune, dans la région namuroise. Les sports locaux aussi, parce que j’ai des amis qui jouent au foot ou autre et j’aime bien de savoir ce qu’ils ont fait. » Dans son cercle d’amis, Loïc a conscience de passer pour un original sur le sujet : « Lire L’Avenir papier, pour certains, ça donne une image de vieux. Mais je vois bien que mon collègue qui se moque de moi de temps en temps, il me le pique pendant que je conduis et se plonge dedans… »

2 Alphonse Binon a appris à lire grâce au journal, dans sa plus tendre enfance. Avant la guerre, il y avait une rubrique appelée “Le coin des petits” tous les jeudis. « Nous avions congé à l’école l’après-midi. » Alphonse déchiffrait les écrits du journal près du poêle, sur les genoux de son père. « J’aimais bien cette rubrique, il y avait un petit chef d’orchestre et des chansons connues, comme Le petit 1 Alphonse Binon est abonné « depuis toujours » à L’Avenir, qu’il lit méthodiquement tous les jours. 2 Il a 23 ans et Loïc Bourgeois est fier d’être abonné à L’Avenir, qu’il emporte toujours avec lui sur ses chantiers de menuiserie pour lire durant ses pauses.

navire ou Malbrouck. »

ÉdA – Florent Marot

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CES

STARS NÉES DANS LE JOURNAL

Quand une athlète, un sportif wallon performe sur la scène internationale, que le monde découvre son talent, il arrive souvent que « L’Avenir » ait suivi sa progression depuis son plus jeune âge. Ce fut le cas avec Justine Henin et Nafissatou Thiam. JACQUES D UCHATEAU

Justine et Nafi dans « L’Avenir », bien avant la gloire

«J

e dois avoir 9 ans sur cette photo. On dirait un garçon manqué… » Sou­ riante et décontractée, Justine Henin retrouve avec plaisir ces quelques photos tirées de nos archives et qui la révèlent à ses débuts. C’était l’époque où Vers L’Avenir avait réalisé un grand reportage et une première interview chez elle. La future numéro un mondiale avait été repérée par Nick Bollettieri, aux States, et elle y avait parti­ cipé à un premier stage.

auprès de sponsors qui m’ont ensuite aidée dans ma carrière. » Tout au long des quelques photos qu’elle re­ trouve au cours de l’interview, elle égrène les anecdotes et les souvenirs. « Cette photo avec mes parents, Benoît Mariage me l’a offerte bien après. Elle est toujours au mur chez moi. » Pour elle, pas de doute, ce sont de vieux mais bons souve­ nirs.

Le poids des médias

Pour Nafissatou Thiam, les souvenirs sont plus proches. Elle s’est révélée il y a moins de 15 ans à l’un de nos plus anciens correspondants sportif, Robert Rinchard. Il l’a découverte et photogra­ phiée à un meeting d’athlétisme à Andenne. « Cette photo­là, je la connais bien. Je l’ai sur mon

Pour Justine, ses premiers pas suivis par un média tel que le nôtre, c’était important. « L’im­ portance du journalisme local, c’est fondamental. Ça m’a permis de me faire connaître, entre autres

Histoire récente

SUR

1

LE WEB

Les interviews vidéo de Justine Henin et Nafissatou Thiam sur www.lavenir.net/100ans-lavenir

3

3 Nafi Thiam avec sa maman lors du meeting de Götzi. 4 Un meeting à Andenne, Nafi a une dizaine d’années. Une photo d’un de nos plus anciens correspondants sportifs : Robert Rinchard. © ÉdA – Jacques Duchateau – Archives L’Avenir

2

1 Un portrait de Justine Henin (signé Philippe Berger) lors de sa première interview. Elle avait une dizaine d’années. 2 À la même époque, en plein entraînement. © ÉdA – Jacques Duchateau – Archives L’Avenir Philippe Berger

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4

ordi. En 2005, oui j’avais 11 ans. Je sautais bien hein ! »

Premier article Nafi se souvient de ce premier article dans L’Avenir. Elle était à l’école primaire et son institutrice l’avait affiché dans la classe. C’était déjà une grande fierté pour la petite école de Rhisnes, dans le Namurois. Que de chemin parcouru depuis… Pour la jeune femme qui plane désormais sur le toit du monde de l’athlétisme, ces souvenirs sont encore bien frais dans sa mémoire. Et elle rigole bien ensuite de se revoir avec cette tignasse sauvage qui la caractérise : « Je ne comprends pas que l’on puisse user autant d’encre sur mes cheveux. »


100 ans

Vers L’Avenir (1918-2018) Cent ans d’information en province de Namur La longue histoire d’une entreprise de presse, au cœur de sa ville et de sa province. D’un journal de combat, devenu journal de débats. D’un quotidien qui, depuis cent ans, partage les joies et les peines des Namurois, leurs passions, leurs grands événements, leur vie de chaque jour.

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Frais de port : 4,95€

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Format : A4 - 352 pages - Couverture cartonnée Auteur : Jean-François Pacco Editeur : Société archéologique de Namur

Versez 33,95€ sur le compte IBAN BE08 3500 0113 4013 des Editions de l’Avenir S.A., avec la communication structurée : 886/6451/57526. Votre commande sera expédiée à l’adresse reprise par votre organisme financier. Si le bénéficiaire est domicilié à une autre adresse, indiquez celle-ci en communication libre et ajoutez les 12 chiffres liés au produit.

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