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À PROPOS DU SPECTACLE
Présenté en 1985 et en 1992 au Théâtre de la Ville, Café Müller est imprégné de l’intimité de l’enfance de Pina Bausch, qui passait ses soirées sous les tables du café de ses parents à observer les adultes. Devenue adulte, dans ce café reproduit sur la scène, elle a joué ce rôle presque jusqu’à la fin, celle qui, les yeux clos, voit tout, comprend tout.
Cette pièce offre un raccourci essentiel du désir et de la détresse d’une femme et d’un homme, corps capables de tout, racontant les mouvements de la vie et de ses tristesses. Une pièce universelle qui contient en elle presque tous les questionnements que la chorégraphe allait développer par la suite.
Je me souviens, adolescent, l’avoir vue en 1985 au Théâtre de la Ville. Pina Bausch y libérait l’expression à travers le langage du corps, à commencer par le sien, explorant les singularités de ses interprètes : Malou Airaudo, Dominique Mercy…, quels souvenirs ! Aujourd’hui encore, reste gravée dans ma mémoire sa radicalité saisissante.
La troupe de Wuppertal, dorénavant sous la direction de Boris Charmatz, composée par des danseuses et danseurs qui pour la plupart n’ont pas connu Pina, va s’emparer à nouveau de cette œuvre mythique. Les trois distributions, choisies par Boris, vont prendre et donner vie à leurs illustres aînés, se fondre en eux, incarnant à leur tour l’exigence et la substance de cette pièce, au cœur de ce que Pina recherchait : des émotions évanouies qu’il fallait faire ressurgir à tout prix, toujours et encore…
45 ans après sa création, Café Müller continue d’évoquer le long parcours d’une existence presque trop réelle, entre l’étreinte et l’absence, la douceur et la douleur, la séduction et le conflit, l’ennui et l’explosion… un long parcours profondément humain.
Je remercie infiniment Didier Fusillier, Frédéric Mazelly et l’ensemble des équipes de La Villette pour cette nouvelle coopération fraternelle, qui nous permet de conclure en beauté une saison que nous aurons souvent partagée.
Emmanuel Demarcy-Mota