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la bonne enquête Paris, je te quitte
Paris, je te quitte ?!
Paris a sa part d’ombre. Même si on s’attelle tous les jours à n’en tirer que les bons côtés, il faut se l’avouer: niveau qualité de vie, il y a mieux. Entre la surpopulation, le bruit, la pollution, le béton, le métro bondé, les petits logements et les prix exorbitants, nous sommes nombreux à en avoir assez et à envisager un avenir ailleurs.
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Paris semble être de plus en plus boudée. Depuis 2011, notre chère Ville Lumière perd en moyenne 12000 habitants par an, selon l’Insee¹. Et la pandémie de Covid-19 n’a fait qu’accélérer un phénomène déjà bien installé. Les deux mois d’enfermement ont mis en évidence les vertus de la campagne et ont renforcé la prise de conscience. Le mouvement est enclenché.
LA VILLE NE SÉDUIT PLUS
En réalité, le retour à la campagne n’est pas nouveau. Cette migration de la ville a commencé dans les années 70, et depuis, pas moins de 4,5 millions de Français ont pris ce chemin². C’est notamment le cas d’Emma*, 43 ans, directrice d’une boutique de décoration à Hourtin, dans le sud-ouest de la France. «Il y a 4 ans, je vivais au nord de Paris dans un petit appart’ de 34 m2. J’étais vendeuse en prêt-à-porter. Je gagnais un salaire plutôt correct mais j’en dépensais la moitié rien que pour le loyer. Après une séparation douloureuse, j’ai décidé de tout plaquer et de retourner dans ma ville natale. J’ai acheté une petite maison en bord de mer et pour rien au monde je ne changerais mon mode de vie. » Comme Emma, pas moins de 200000 ménages pourraient opter pour un retranchement à la campagne sur une année.
UN MEILLEUR CADRE DE VIE
À la recherche d’un meilleur cadre de vie, de plus de confort et d’espaces verts, les Parisiens fuient la capitale et migrent vers des terres plus agréables: la campagne. «Pendant deux mois, je me suis confiné dans ma maison de campagne avec ma femme et mes quatre enfants. J’ai découvert une nouvelle façon de travailler et d’encadrer mes employés. Ce changement n’a pas eu beaucoup d’impact sur l’entreprise alors j’ai décidé de quitter Paris pour conserver ce rythme de vie plus doux. La grande difficulté reste le changement d’environnement pour les enfants», témoigne Jean-Luc, 53 ans, directeur d’une entreprise parisienne. Comme lui, beaucoup de Parisiens
ont profité du confinement pour se réfugier loin de la ville. «On a reçu une explosion de demandes pour les maisons de campagne depuis le début du confinement», explique Romain, agent immobilier chez Foncia. «Les projets sont réfléchis avec le désir de s’installer sur place et d’y créer une activité pro, mais ce qu’on me demande le plus c’est une maison avec un grand jardin et de la nature. » Des propos que confirme Charlotte, 33 ans, entrepreneure: «J’ai vécu 10 ans à Paris. J’avais envie de nature et d’une vie plus douce alors j’ai déménagé il y a quelques jours dans un charmant village appelé Coust à 1h de Bourges. Je me sens déjà plus détendue et sereine. Le confinement a accéléré ma prise de décision et accentué mon besoin de voir ma famille. Je suis en kiff parce que mon loyer est trois fois moins cher!». Après une longue période où le cloisonnement se fait oppressant, les Parisiens aspirent à plus d’espace et de verdure3.
DES CAMPAGNES MÉTROPOLITAINES
Cette opposition ville-campagne ne correspond plus à la réalité, notamment parce qu’il y a de plus en plus de campagnes métropolitaines près des grandes villes. La clé de la réussite
pour vivre à la campagne tout en gardant son activité professionnelle réside donc dans la capacité des entreprises à s’adapter à nos nouveaux modes de vie. «Travailler à la campagne va me rendre plus productive et créative mais j’ai quand même choisi de remonter régulièrement à Paris pour voir mes amis et aussi pour le boulot», ajoute Charlotte. De son côté, Sarah*, 38 ans, directrice commerciale à Bordeaux, a déjà trouvé son équilibre. «J’ai vécu 12 ans à Paris. Mon mari a été muté, c’était donc l’occasion de retourner dans ma ville natale: Bordeaux. J’ai quand même conservé mon emploi à Paris. Depuis, je travaille deux jours en home office à Bordeaux et 3 jours à Paris. J’ai pu garder l’énergie de la capitale et l’intérêt de mon job. » Une vie plus douce, un rythme plus détendu, comme Sarah et Charlotte, les Parisiens sont à la recherche d’un cadre de vie plus agréable, tout en conservant la proximité avec les grandes villes4.
Personnellement, à la rédaction, on est de vrais accros à Paris et on n’imagine pas une seconde tirer un trait sur son effervescence, sa vie culturelle, ses sorties, ses vieux bistrots, ses artisans et commerçants, ses jolies rues
insolites, sa gastronomie, ses monuments emblématiques, son romantisme et son charme fou. La Ville Lumière séduit encore et restera toujours la plus belle ville du monde… • M.E.
*Les prénoms ont été modifiés
Pour aller plus loin:
1. Selon l’étude Empruntis, 46% des Parisiens souhaitent quitter la capitale. Les quartiers les plus chers sont d’ailleurs ceux dont les habitants veulent le plus partir.
2. L’exode urbain de Pierre Merlin
3. De la ville à la campagne, le choix d’une vie de Françoise Perriot
4. Un tour à la campagne d’Antoine Debièvre
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