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la bonne enquête J’ai tout plaqué
Ophélie Damblé, fondatrice de Ta mère nature
J'ai tout plaqué !
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«1er jour d’école, rentrée des classes. On est 38, on a tous entre 24 et 65 ans, on est tous en rupture avec nos métiers d’avant, avec le système. Il y en a qui parlent de politique, de mal-être au travail. C’est un point commun qu’on a tous eu ici. Ce qui est chouette, c’est qu’il y a plein de gens comme moi qui n’y connaissent rien du tout. » En 2017, Ophélie Damblé, ex-salariée dans le milieu de la publicité et des médias décidait de changer de vie: elle partait apprendre le maraîchage et la permaculture dans une ferme en Sologne. Trois ans après, elle ouvre sa propre pépinière à la Cité Fertile, tiers-lieu situé à Pantin (Seine-Saint-Denis). 22
Le 17 mars dernier, la France entière était confinée, chacun était soudain amené à regarder son quotidien de près. Résultat, des Françaises et des Français ont eu le temps de regarder les défauts de la leur à la loupe. Pour certains d’entre eux, ça a été le déclic: l’heure était à la reconversion.
SE RECONVERTIR, OK, MAIS DANS QUOI?
Parlons peu, parlons bien, parlons d’abord chiffres: la reconversion est loin d’être une norme. Selon un sondage Yougov réalisé pour le Bonbon, seuls 14% des Français ont ressenti des envies de reconversion suite au confinement. Les principales raisons invoquées? Le manque de motivation pour leur métier (32%), une prise de conscience (31%), une accumulation de contraintes (horaires, stress, localisation…) pour 31%. D’autre part, la reconversion vers les métiers dits manuels concerne une petite partie seulement des reconverti.e.s: «le fait que des personnes se reconvertissent dans du manuel, c’est du 20-30%, c’est une réalité mais il ne faut pas faire d’amalgame, c’est très parisien», remarque Hélène Picot, coach en reconversion professionnelle. «Le fil conducteur, ce sont des gens qui vont créer leur boite ou leur emploi pour 80% des gens; 20% vont exercer plusieurs métiers, ce qu’on appelle des “slasheurs”, comme consultant informatique, prof de yoga et ébéniste ou alors slasher les statuts: salarié/ entrepreneur».
Le manque de reconnaissance de leurs employeurs, le peu de perspectives d’évolution, un salaire insuffisant… Autant de facteurs qui poussent les employés à prendre la poudre d’escampette. Par ailleurs, le risque de burnout est particulièrement élevé à cette période et nombre de salariés ont été sur-sollicités par leur entreprise: selon une étude du cabinet Technologia, menée entre avril et mai, «24% des employés en chômage partiel total auraient été amenés à poursuivre leur activité à la demande de l’employeur». Et plus de 50% des personnes interrogées considèrent que «des demandes d’activité interdites ont eu lieu».
«Tous les gens qui me contactent veulent plus de temps pour eux, reprendre la main sur leur temps. C’est toujours lié au sens, qui sera différent pour chaque personne. À chaque fois, il y a une contribution au monde qui est forte», remarque la coach. C’est la raison qui a guidé Vickie Dambrix, ancienne ingénieure consultante dans un cabinet de conseil parisien, à quitter son job. À la rentrée, elle sera professeur de mathématiques dans un collège. «Dédier autant de temps à son travail, de façon concentrée de 9h à 19h, ne pas avoir la place d’aménager des choses en semaine, n’avoir que la place de faire autre chose le week-end, et cinq semaines par an, c’était trop peu pour moi. Et je ne parle même pas de repos, je parle juste de pouvoir remplir ma vie d’autre chose qu’un travail», détaille-t-elle.
Après l’insatisfaction, l’heure est à la remise en question. «99,9% des gens arrivent en disant “je veux changer mais je ne sais pas dans quoi”, nous raconte Hélène Picot. Mon boulot, c’est de déconditionner les dogmes qu’on a eus en étant adolescent puis adulte. On nous a appris à rentrer dans un moule, il n’y a rien de normal à rester assis dans une classe à 30 gamins pendant des heures.» Pendant trois mois, le confinement a mis en lumière les métiers qui portent nos sociétés. Fabrication bénévole de masques, entraide entre voisins, cours de sport ou de méditation gratuite sur les réseaux sociaux, tout le monde a mis du sien pour créer du lien entre les personnes en cette période d’isolement forcé. Et d’introspection: «Pendant le confinement, j’ai été en chômage partiel, un jour par semaine, et j’ai adoré cette période là, je ne me suis pas du tout ennuyée. J’avoue que j’ai eu peur, surtout au début, je me suis