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LE RÉVEIL - N° 882 - JUIN 2022
SOMMAIRE
Actualités
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ARAC : Exigeons un cessez-le-feu immédiat �������������������������������������������������2 Contrairement à ce qui est dit Les dépenses de retraites ne vont pas exploser�������������������������������������������4 Validation des barèmes Macron par la chambre sociale de la cour de cassation : l’injustice a tranché ����������������������������������������������������������������4 CAC40 : « Tout va très bien, Madame la marquise »��������������������������������������5 Inauguration du centre dentaire mutualiste « Marie-José Chombart de Lauwe » à Ivry-sur-Seine �������������������������������������6 "Il va y avoir des morts" : alerte dans les hôpitaux publics pour cet été�������6
Spécial débat
Nous marchons vers la guerre comme des somnambules ��������������������������� 8
International
Israël/ Palestine : Tsahal assassine en toute impunité ��������������������������������� 10 Corée du Sud : Un va-t’en guerre à Séoul ?����������������������������������������������� 11 Irlande du Nord : Percée historique du Sinn Fein�������������������������������������� 12
Vie de l’ARAC
Vie de l’ARAC ���������������������������������������������������������������������������������������21-31
Histoire
31 mars – M� Sauterez, co-président du MRAP rend Hommage à Camille Blanc à Evian���������������������������������������������������������������������������������������������� 32
P. 13 . DOSSIER
Cahier Mémoire 1968 Mai 1968 en France
www.le-reveil-des-combattants.fr
LE RÉVEIL DES COMBATTANTS
Fondé en 1931 par Henri Barbusse et Paul Vaillant-Couturier. Mensuel de l’Association républicaine des combattants pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix. Commission paritaire n° 0723-A06545 ISSN N° 0751-6215 • Édité par les Éditions du Réveil des Combattants • SARL au capital de 45 734,41 € - Siret : 572 052 991 000 39 2, place du Méridien - 94807 Villejuif cedex Tél. 01 42 11 11 11 reveil-des-combattants@wanadoo.fr • Tirage : 60 000 exemplaires • Directeur-gérant : Raphaël Vahé • Directeur : Patrick Staat • Rédactrice en chef adjointe : Brigitte Canévêt • Comité de Rédaction : Hervé Corzani, JeanPierre Delahaye, Laurence Gorain • Régie Publicitaire : HSP - Tél. 01 55 69 31 00 - contact@hsp-publicité.fr • Administratrice : Annick Chevalier • Conception graphique - Impression : RIVET PRESSE EDITION - 24, rue Claude-Henri-Gorceix, 87022 Limoges cedex 9
POUR UN CESSEZ-LE-FEU IMMEDIAT
Devons-nous être inquiets,
quand la chef de la diplomatie française, Mme Catherine Colonna se rend en Ukraine alors que rien n’est encore amorcé pour trouver un arrêt des combats et un retrait des troupes russes. Quand l’OTAN estime ne plus être tenu par ses engagements envers Moscou et peut déployer ses forces en Europe Orientale comme le déclare le chef adjoint de l’OTAN Mircea Geoana. Ce même homme estime que l’OTAN doit se doter d’une « posture robuste sur le flan Est ». Déjà en 2017, l’OTAN a déployé des groupes tactiques multinationaux dans les pays baltes et en Pologne malgré les accords de l’époque. Quand l’Allemagne contourne sa constitution pour renforcer son armée. Nous devons être inquiets face à son réarmement massif au regard des précédentes guerres en Europe. Quand tous les budgets militaires des pays de l’OTAN sont à la hausse sous pression des USA. Quand les Etats-Unis en Asie Pacifique avec la Chine et le Japon jouent avec le feu. On le voit la situation est critique, les risques d’une guerre mondiale menacent. Rien ne peut justifier l’intervention russe en Ukraine, un pays souverain. L’intelligence, la réflexion, l’intérêt collectif des nations doivent appeler à la recherche d’un cessez-le-feu, à l’arrêt de l’escalade guerrière et des menaces. Il faut s’attaquer aux causes des guerres. D’autant que cela se passe à un moment où se développent dans tous les pays du monde occidental, des crises financière, économique, alimentaire, énergétique. A chaque grande crise sociale, démocratique ou économique, nous avons eu comme réponse la guerre. Cela est vrai en 1870 ce qui a permis d’écraser la Commune, en 14-18 qui a conduit à étouffer les mouvements sociaux en France et à écraser les luttes en Allemagne et permis une réorganisation du monde. Cela a encore été vrai en 39-45, ou après 1936 la montée du fascisme en Europe après la crise de 1929, nous avons eu une guerre qui a coûté des dizaines de millions de morts à travers l’Europe et permis une nouvelle réorganisation du monde répondant aux besoins des grands industriels et de grands financiers. « Plutôt Hitler que le Front Populaire » entendait-on dans certains cercles en France. Nous avons la responsabilité de permettre à tous de réfléchir de manière à ce que chacun intervienne en toute connaissance de cause. C’est le seul moyen d’empêcher ce qui menace « un nouveau conflit mondial » qui peut conduire à la fin de l’humanité sur terre. Alors ensemble, stoppons les faiseurs de guerre et préservons les valeurs de Liberté, Egalité, Fraternité. Donnons au monde des raisons d’espérer, des raisons de vivre.
Patrick STAAT
Selon le Conseil d'orientation des retraites (COR), même sans allonger l'âge de départ comme le souhaite Emmanuel Macron, les dépenses n'exploseront pas. Le solde redeviendra même positif à partir de 2035. Si l'on en croit le dernier rapport du COR de juin 2021, la situation n’est pas alarmante. Certes, le système de retraite - tous régimes confondus - va encore générer des déficits dans les 10 ans à venir. Mais le solde devrait redevenir positif à partir de 2035, dans le meilleur des scénarios, sans réforme supplémentaire. L'indicateur le plus fiable pour le Conseil, c'est la part des dépenses de retraite dans la richesse nationale. Et ce que dit le COR, c'est que la trajectoire est maîtrisée,
dans tous les cas de figure, jusqu'en 2070.
Concrètement, cela veut dire que les dépenses de retraites ne vont pas exploser. Bien au contraire, elles sont stables et vont même diminuer progressivement. Cela peut paraître contre-intuitif alors que la France vieillit, et qu'il y a moins de cotisants par retraités. Ce phénomène s'explique en réalité par la force des réformes passées. Notamment l'indexation des pensions sur l'inflation depuis 1987. Elle fait baisser progressivement le montant des pensions par rapport au dernier salaire. Ce que les Français
ne savent pas forcément.
La vraie question, résumait le président du COR il y a quelques semaines devant l'association des journalistes de l'information sociale, c'est : combien veut-on dépenser pour les retraites en France ? Aujourd'hui, c'est 325 milliards d'euros par an, soit 25 % des dépenses publiques. Est-ce trop ou pas assez ? Le choix est avant tout politique.
Si le système de retraite n'est pas fondamentalement en danger, alors pourquoi vouloir faire travailler les Français plus longtemps ?
Emmanuel Macron ne l’a pas caché, augmenter l’âge légal à 64 ou 65 ans, c'est permettre de dégager des moyens financiers - 9 milliards d'euros par an à horizon 2027 - pour financer d'autres avancées sociales, promet-il, sans augmenter les impôts. À l'intérieur du système de retraite, le chef de l'État souhaite augmenter les petites pensions à 1 100 euros pour une carrière complète. À l'extérieur aussi, puisqu’il s'agit de payer la réforme de la dépendance, de la santé ou de l'Éducation. Une stratégie là aussi contestée par les syndicats. Ils estiment que ce n'est pas au système de retraite de financer ces réformes. Dans ce contexte, la concertation s'annonce donc très compliquée.
Source : FranceInfo – S.Lemoine – extraits – 17/05/22
Ironie du calendrier, Emmanuel Macron à peine réélu, la Cour de cassation valide la plus emblématique des atteintes portées au Code du Travail par ses Ordonnances de 2017 : le barème qui plafonne l’indemnisation du salarié abusivement licencié en fonction de sa seule ancienneté ne serait pas contestable pour la plus Haute Juridiction.
Les Conseils des prud’hommes et les Cours d’appel ont pourtant été nombreux à résister, aux quatre coins de la France, à cette réforme si dangereuse, tenant compte des engagements internationaux qui obligent la France à assurer une indemnisation adéquate des préjudices des salariés licenciés sans cause réelle ni sérieuse. Beaucoup ne se sont pas découragés à la suite des avis lapidaires de l’Assemblée plénière du 17 juillet 2019. Mais c’est désormais la Chambre Sociale qui tranche la question : • Elle confirme que l’article 10 de la
Convention 158 de l’OIT est bien invocable dans les litiges entre salariés et employeurs, mais pas l’article 24 de la Charte Sociale européenne, se prémunissant par avance de la décision du Comité Européen des
Droits Sociaux qui devrait prochainement officialiser sa condamnation du barème français comme il l’a fait déjà des barèmes finlandais et italiens ; • Elle estime que le barème peut « raisonnablement » permettre l’indemnisation de la perte injustifiée de l’em-
ploi, et que les juges français doivent donc se contenter de fixer l’indemnisation du salarié dans la limite incontournable du plafond, quelle que soit l’ampleur réelle des préjudices qui leur sont justifiés par les salariés dont l’ancienneté ne permettrait pas une juste prise en compte de leurs situations de santé, de famille, d’âge, etc… La Cour de cassation devait assumer le rôle de verrou démocratique en charge de défendre le droit des salariés à recevoir une indemnité adéquate. La Cour de cassation choisit de se faire complice de la réforme et impose de se contenter d’une « indemnité raisonnable ». Raisonnable parce qu’elle n’inquiètera pas les employeurs qui ont obtenu leur sécurisation. Raisonnable parce que les juges devront porter la muselière et les menottes que les Ordonnances Macron leur ont imposé, à la demande du patronat. Mais est-ce raisonnable de fragiliser ainsi tout le droit du travail en permettant aux employeurs de licencier à vil prix les salariés et de budgéter par avance le coût très limité de leurs licenciements abusifs ? Quand on réduit les sanctions des fautes, on favorise leur multiplication. Est-ce raisonnable de tant réduire l’enjeu financier des litiges que les salariés les moins anciens sont dissuadés d’aller aux prud’hommes, ne recevant donc même pas une faible indemnité, et renonçant totalement à leurs droits et à la justice ? Ce plafond élaboré selon l’Etat sur la base du montant moyen des indemnisations accordées à l’époque, accompagné d’un plancher réduit de moitié (de 6 à 3 mois), est-ce réellement un avenir raisonnable pour le droit du travail et la justice prud’homale ? La réponse est simple : NON. La justice française n’est pas là pour préserver les institutions au détriment du droit et des travailleurs. Le SAF déplore ces arrêts qui visent à assurer une sécurité comptable à l’employeur qui licencie injustement et donc illégalement. Et les avocats du SAF demanderont aux juges français de résister. Nous continuerons à prendre appui sur l’analyse si juste du Comité Européen des Droits Sociaux, dont on attend la décision sur le barème français. Nous martèlerons que c’est aussi l’ana-
CAC40 : « Tout va très bien, Madame la marquise »
Dans un contexte pourtant difficile, les bénéfices, dividendes et rachats d’actions du CAC40 explosent, de même que la rémunération engrangée par leurs dirigeants. Les groupes qui s’illustrent par leurs excès figurent aussi parmi ceux qui ont bénéficié le plus des aides publiques mises en place suite à la pandémie de Covid-19. Pourtant, l’exécutif refuse toujours d’envisager une taxation exceptionnelle des profits ou des rémunérations des actionnaires. Après plus de deux ans de pandémie, des records à la pelle : • 100 % des groupes ont obtenu des aides publiques • Deux tiers du CAC40 battent leurs records historiques de profits • 4 groupes dépassent les 12 milliards d’euros de bénéfices : TotalEnergies,
Stellantis, LVMH et ArcelorMittal. • Plus de 80 milliards d’euros pour les actionnaires au total (+57 %). • Record de rachats d’action : 23 milliards d’euros en 2021 (+200 %). • Record de dividendes : 57,5 milliards d’euros sur les profits 2021 (+33 %). • Près de 237 millions d’euros pour les patrons (+23 %). • Au moins 27 613 emplois supprimés en France. Fi de la guerre, de la pandémie, de l’inflation et du dérèglement climatique ?
lyse de l’Organisation Internationale du Travail, dont la Cour de cassation n’a pas eu le courage de tenir compte, alors qu’elle a reçu à temps le rapport du Directeur Général du 16 février 2022 qui souligne qu’avec ce barème français « le pouvoir d’appréciation du juge apparaît ipso facto contraint » et « qu’il n’est pas à priori exclu que, dans certains cas, le préjudice subi soit tel qu’il puisse ne pas être réparé à la hauteur de ce qu’il serait « juste » d’accorder ». Seule une nouvelle réforme permettra de se débarrasser de ce plafond inique. A l’heure des prochaines élections législatives, souhaitons que chaque salarié le mesure pleinement avant de glisser son bulletin de vote dans l’urne. Les avocats du SAF continueront quant à eux de plaider sans relâche contre ce plafonnement des indemnités et espèrent que des juges poursuivront l’œuvre de résistance, tant que le code du travail ne reviendra pas à la légalité et n’assurera pas une indemnité adéquate aux salariés victimes de licenciements abusifs. C’est ce qui nous semble, à nous, raisonnable.
Source : Syndicat des Avocats de France – 11/05/22
Dans un contexte pourtant marqué par des crises multiples et une remise en cause des fondements de l’ordre économique international, les groupes du CAC40 ont abordé leurs assemblées générales annuelles 2022 sur l’air de “Tout va très bien, Madame la marquise”. Records de bénéfices, records
de dividendes, records de rachats d’actions, records de rémunérations
patronales… Cela ressemble à une véritable curée, rendue possible par l’argent public avec la bénédiction du pouvoir exécutif. Dans le même temps, les suppressions d’emplois se poursuivent dans la plupart des multinationales tricolores, à l’exception de quelques groupes de services à distance (Teleperformance, Capgemini) dont l’effectif explose… à l’international. L’adage selon lequel « les bons résultats du CAC40 seraient les emplois de demain », repris en boucle par l’exécutif, ne résiste pas à l’épreuve des faits. Dans un contexte de guerre en Ukraine et de fin sans fin de l’épidémie de Covid-19, les groupes du CAC40 ont continué à profiter à plein de dizaines de milliards d’aides publiques. 100 % des groupes du CAC40 ont profité au moins d’une des nouvelles aides mises en place pour faire face à la pandémie et à ses conséquences - et le plus souvent de plusieurs aides. Aux aides d’urgence (PGE, chômage partiel, reports de charges et cotisations) se sont ajoutés des plans sectoriels et le plan de relance qui a profité de manière disproportionnée aux grandes entreprises, la baisse des impôts de production, les achats de dette des banques centrales, le plan France 2030, de nouvelles aides à l’embauche, les aides aux industriels sur les prix de l’énergie, et les nombreux autres plans mis en place au nom de la « relocalisation » et de la « souveraineté économique ». Ce qui n’empêche pas les milieux d’affaires de réclamer aujourd’hui de nouvelles aides et de nouvelles baisses d’impôts. Cela forme un contraste saisissant avec la situation des ménages confrontés aux conséquences de l’inflation. La richesse du CAC40 est très peu redistribuée, les négociations de revalorisation salariale ayant patiné dans de nombreux groupes. Les grandes entreprises françaises ont profité de la manne sans faire grand-chose pour se préparer aux crises futures et à leurs répercussions, que ce soit à court terme avec la guerre en Ukraine et les tensions d’approvisionnement venues s’ajouter à celles déjà existantes du fait de la pandémie, ou à court, moyen et long terme avec le dérèglement climatique.
Source : L’Observatoire des Multinationales – 11/05/22 -
La rénovation du Centre dentaire de l’UMIF est terminée. Il dispose de capacités nouvelles en orthodontie, d’un cabinet d’implantologie, d’une panoramique dentaire. Le centre dentaire mutualiste d’IvrySur-Seine vient d’être inauguré et a été baptisé « Marie-José Chombart de
Lauwe ».
Une exposition permanente dans la salle d’attente retrace le parcours de cette résistante, qui fut aussi sociologue, et qui a contribué à la rédaction de la Chartes des droits de l’enfant des Nations Unies. La fille de Marie-José Chombart de Lauwe et Monsieur Philippe Bouyssou, Maire d’Ivry-sur -Seine, étaient présents. Monsieur Maxime Paul, Président de l’UMIF, union mutualiste qui gère ce Centre a, bien entendu, prononcé un discours rappelant l’histoire de l’engagement de l’UMIF pour l’accès de tous à des soins de qualité et l’investissement des professionnels qui font vivre ce centre au quotidien.
Après un printemps critique entre mouvements de grève à répétition, fermeture de lits et manque de personnel, l’été s’annonce particulièrement mouvementé dans les hôpitaux publics. Les chefs de service s’arrachent déjà les cheveux pour établir les plannings pour les mois de juillet et août. Difficile de trouver un hôpital public en France qui ne redoute pas la période estivale. L’épidémie de Covid a fait fuir de très nombreux soignants ces
deux dernières années et le personnel manque dans beaucoup de services. Et forcément, c’est aux urgences, goulot d’étranglement du système de soins, que ça devrait être le plus visible. A l’hôpital d’Orléans, le personnel des urgences est en grève depuis plusieurs semaines pour protester contre le manque de moyens. Les patients attendent parfois plusieurs jours sur des brancards dans les couloirs. Matthieu Lacroix, médecin urgentiste, prévoit déjà un été très chargé pour les soignants. "On va faire énormément d’heures par semaine, beaucoup plus de gardes qu’habituellement", explique-t-il. "On va aussi travailler tous les week-ends de ce mois-là. Et forcément, l’épuisement physique et psychologique du personnel va augmenter avec." "On est tous très inquiets" Il est également plutôt pessimiste pour les patients. "Alors même qu’on sera en effectifs très réduits aux urgences du fait de nos vacances, les patients vont attendre encore plus longtemps faute de place dans les autres services, eux aussi à l’os. La situation qu’on vit actuellement, qui est déjà une situation de crise, risque de s’amplifier cet été. On est tous très inquiets." Matthieu Lacroix craint aussi pour le personnel qui ne prendra pas de congés cet été : "Il y a certains de nos confrères, afin d’arranger ceux qui ont des enfants et qui sont contraints par les vacances scolaires, qui vont travailler les deux mois d’été. Ces gens-là vont arriver au mois de septembre complètement rincés et totalement dégoûtés de travailler dans des conditions pareilles." À Marseille, les chefs de service prévoient déjà depuis plusieurs semaines un plan de bataille pour cet été. "Rechercher des urgentistes, c’est extrêmement difficile parce que tout le territoire français en cherche et qu’il n’y en a pas assez", reconnaît Jean-Luc Jouve, président de la commission médicale des hôpitaux de Marseille. "On a un numerus clausus qui va mettre de longues années pour revenir à des chiffres normaux et nous permettre d’avoir des urgentistes en quantité suffisante. Donc, il faut faire preuve d’imagination". Le système D pour trouver du personnel Des solutions concrètes ont été imaginées pour pallier le manque de personnel. "D’une part, on va mettre en place une ligne de chirurgiens-traumatologues qui seront postés aux urgences", énumère Jean-Luc Jouve. "D’autre part, on va utiliser des unités de courte durée où on mettra des médecins généralistes qui vont pouvoir surveiller les patients qui sont en attente." Enfin, le SAMU va faire du sur-mesure dans la régulation des appels. "On a mis en place des systèmes de régulation qui font que lorsqu’il y a trop de surcharges sur un hôpital, on le bascule immédiatement sur l’autre afin que les pompiers et les services de secours sachent que tel ou tel hôpital est en tension". Malgré toutes ces solutions, Jean-Luc Jouve sait qu’il risque d’y avoir des tensions. Et pour cause, "les hôpitaux de Draguignan, de Manosque et une partie de celui d’Aix-en-Provence ferment régulièrement leurs urgences", explique-t-il.
Si c’est encore le cas cet été, tous les touristes qui seront dans la région vont arriver en bout de chaîne aux urgences des hôpitaux de Marseille. On s’attend à ce que ça tangue beaucoup pendant l’été.
En banlieue parisienne, en Seine-SaintDenis, les soignants ont les mêmes craintes. Et ils savent qu’ils ne pourront pas compter autant qu’avant sur les intérimaires pour combler les trous dans les plannings. "On fonctionne déjà à l’année avec l’intérim, donc il n’y a pas de marge de manœuvre", assure Christophe Prudhomme, médecin urgentiste à l’hôpital Avicenne de Bobigny. "Les intérimaires gagnent suffisamment leur vie pour prendre aussi leurs vacances l’été." Une mauvaise prise en charge des patients Dans la plupart des hôpitaux du territoire, les médecins redoutent le pire : une perte de chance pour les patients. "Quand on dit le système va s’effondrer, il faut savoir quelles vont être les conséquences", annonce Christophe Prudhomme, également porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF). "Ce sont des personnes qui n’auront pas de soins appropriés et il va y avoir une surmortalité par défaut de prise en charge et par manque de moyens". Il renchérit : "Cet été, il va y avoir des morts, des gens qui vont mourir parce qu’ils n’auront pas de prise en charge adaptée en temps et en heure, qui vont stagner sur des brancards, sans une surveillance suffisante. Il faut dire les choses telles qu’elles sont."
Source : France Inter – 16/05/22 – V. Dhollande