Lea Coulonnier Mémoire de Travail de Fin d'Étude - Les Dunes de Flandre. ENP, Blois

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Entre la mer du Nord et la plaine maritime flamande

. Les Dunes de Flandre . U n c o r d o n d u n a i r e p o u r r e l i e r D u n k e r q u e à L a Pa n n e

Léa Coulonnier Mémoire de Fin d’Études

2018



. Les Dunes de Flandre . La Panne n’est ni plus ni moins qu’une grosse station balnéaire, où les piétons grouillent dans les rues commerçantes depuis et vers le front de mer. Un front de mer où se côtoient baraques à frites, parasols et bars de part et d’autre d’une promenade. Une digue-promenade que je longe jusqu’à ce que les dunes s’élèvent devant moi comme un mur à l’ouest de la ville. Je suis impressionnée par ce que je découvre au sommet du premier mont de sable : la ville est littéralement encerclée par les dunes malgré la forte urbanisation de la ville, malgré les tours abjectes qui jaillissent derrière ces remparts sableux. Le contraste est saisissant entre l’agitation urbaine, à laquelle j’étais confrontée peu avant, et l’apaisement qu’offre ce no man’s land végétal et dunaire. Un nouveau monde s’offre à moi,une fois le regard perdu à l’horizon de ce désert sableux colonisé par une végétation spontanée, fouettée par le vent, aspergée par les embruns. Mes premiers pas. Le 22 Juillet 2017.



Composition du Jury. Président de Jury _ Christophe DEGRUELLE Président de la Communauté d’Agglomération de Blois Professeur de Politique territoriale à l’École Nationale du Paysage

Directeur de mémoire _ Lolita voisin Ingénieur paysagiste Maître de conférences en aménagement de l’espace et urbanisme

Professeur encadrant _ Christophe le toquin Photographe indépendant Enseignant de photographie à l’ENP

Trois personnalités extérieures à l’école Une personne représentant la maîtrise d’ouvrage Une personne reconnue pour ses compétences professionnelles Un ancien élève de l’école



AVANT-PROPOS. « Frontière Belge » Festival littéraire du Mont Noir du 15 au 23 octobre 1996

«Finalement, personne ne sait où est le nord. Le nôtre est tellement imprécis qu’il a fallu tracer une frontière quelque part en son milieu pour ne pas le perdre.»

I

l s’agit d’abord d’une frontière ; physique avec Dunkerque lui tournant le dos, et économique avec le développement du port maritime en opposition avec ses voisins belges et néerlandais. De part et d’autre de cette ligne se trouvent Dunkerque et la Panne, la puissance industrielle et la station balnéaire, mais une volonté commune de développement. Entre les deux, les dunes de Flandre étendues de la frontière jusqu’à Dunkerque. À l’intérieur, trois villages, un ‘balnéaire’, un ‘naturel’, un ‘industriel’ et deux quartiers dunkerquois, horticole au sud et balnéaire au nord. Il s’agit des poches urbanisées insérées dans les dunes où l’homme s’abritait lors des conflits, s’y

est établi pour bâtir sa vie, les a dessinées pour les arpenter. Il les a aplanies pour y construire des industries, les a délimitées sans le savoir pour son propre désir de mobilité, a participé à leur érosion, à leur dégradation et aujourd’hui a des remords et s’occupe de sa préservation. Ces préoccupations naturelles lui en ferait presque oublier ce qu’il a bâti et la valorisation des villages vieillissants. L’équilibre entre développement et préservation, ruptures et porosités, verticalité et horizontalité, doit être questionné pour mettre à nouveau en lumière toutes les facettes de ce territoire remarquable.



La présence d’un ou deux panneaux indique le franchissement d’une limite, certains écriteaux aux consonances flamandes indiquent les villages alentours au sein des polders, paysages des Moëres où les canaux structurent les parcelles cultivées. La limite est floue, le paysage diffère peu au sein de ces espaces agricoles, les maisons posées au cœur des marais belges sont certes plus modernes, les matériaux plus nobles que ceux constituant les bâtisses agricoles françaises ; reflets de l’urbanisation côtière que j’allais découvrir par la suite. À propos de la frontière.


Bray-Dunes

Malo-les-Bains


Je longe les dunes par la plage et tombe nez à nez avec une digue-promenade en béton qui trahit tristement le naturel sauvage des lieux. La mer vient caresser ce monstre de béton à marée haute pendant que les badauds viennent se réfugier dessus pour longer la côte. Marcher sur un bloc géant de béton qui stoppe l’avancée de la mer d’un côté et l’épanouissement de la dune grillagée de l’autre.

À propos de La Panne.

Le paysage des côtes flamandes françaises diffère franchement de celui de La Panne. En effet la station balnéaire se fait vite oublier au profit de petits villages côtiers familiaux où seule une promenade pavée et une plage accueillent les visiteurs. L’aménagement est minimal mais les dunes habillent et dominent encore et toujours les infrastructures urbaines.

La Panne



Je perçois derrière les monts sableux des structures bétonnées ; je m’avance et découvre un bunker, deux, trois… les enfants les escaladent, certains sont squattés, d’autres jouent au ballon au milieu de ce hameau désœuvré. Ce village de bunkers est figé dans le temps, certains se hissent encore au-dessus des dunes, d’autres se sont écrasés sur la plage quand les dunes ne les supportaient plus, la plupart portent la signature des tagueurs venus exprimer leur art sans craindre d’être dérangés. Ces espaces temps, à l’écart de l’agitation urbaine, nous plonge dans l’histoire difficile qu’a connue la région, lorsque l’armée occupait les lieux pour veiller sur le reste du pays. Depuis la plage, le village est invisible, caché entre les dunes ; un panneau sur la plage indique des balises jaunes signifiant la présence d’épaves sous le niveau de la mer. À propos de la Batterie de Zuydcoote.



Depuis chaque plage, du haut d’une dune, le dessin et la fumée des usines du port de Dunkerque me font signe comme si ne pas les voir serait faire abstraction du lieu. Je me retourne toujours au sommet de la dune, quand l’usine du même nom me fait de l’œil. À propos du port de Dunkerque et de l’Usine des Dunes.



J’évolue dans l’agitation urbaine de Leffrinckoucke puis de Malo-les-Bains, accolées à Dunkerque. Plus je progresse vers Dunkerque plus la foule s’amoncelle, les restaurants occupent désormais le front de mer, presque les pieds dans le sable. Les usines de Dunkerque n’ont jamais été aussi proches, la lumière est intense avant qu’elle s’éteigne entre deux averses, elle frappe les villas côtières, les immeubles du remblai qui se détachent du ciel menaçant. Dans les dunes, la lumière souligne la présence de la mer au loin par un fin liséré bleu vif, cadrée par la puissance des cieux au-dessus et la densité végétale en-dessous.



La beauté du chaos, un contraste révélé par les lignes noires horizontales et verticales des industries se détachant de la clarté du ciel. Les routes sont larges, des voies de chemins de fer sont abandonnées au profit d’autres, des bâtiments sont désertés, abandonnés sans doute pour certains. Je circule dans une ville dans la ville à la fois triste et spectaculaire par la dimension des ouvrages, sensationnelle et effrayante par le travail que les hommes ont fourni pour ériger ces blocs géométriques. À propos du Grand Port de Dunkerque.



Le jeu d’échelles entre villes et villages, le grand port maritime de Dunkerque, les aménagements brutaux le long des plages, la capacité qu’ont encore les dunes à imposer leur présence malgré l’industrialisation et l’urbanisation de la côte ; et la force des bunkers à nous rappeler l’histoire de leurs plages. La richesse des ambiances rencontrées au long de ces 13 kilomètres séparant le port de Dunkerque de la plage de La Panne, et la petitesse de l’entre-deux modeste face à ces deux colosses... Un voyage entre ruptures et porosités.


Influences. 37 La naissance de Dunkerque 39 UNE LIGNE MOBILE VERTICALE 41 UNE ÉPAISSEUR HORIZONTALE

Introduction.

Émergences.

27 Introduction

48

29 Territoire transfrontalier 31 3e port maritime français

55 1 territoire 5 identités

Un territoire global

73 Patrimoine ...

33 Mobilités transfrontalières

Frontières. 85 POROSITÉS HORIZONTALES 91 interstices 93 Ruptures verticales 99 RUPTURES et porosités 101 interstices


Rencontres. 107 Gestion du territoire 109 Évolution dunaire 111 Un territoire soumis aux risques 113 La protection du paysage 115 Actions, objectifs et opérations 117 Démarches territoriales

Vers le projet. 129 Concepts 131

Potentialités

133

Du concept au contexte

135

Enjeux territoriaux

141

enjeux locaux

145

Projet en devenir

Conclusion. 149 Conclusion 151 Bibliographie et ressources 152 Remerciements

sommaire.



Introduction.


26


M

es premiers pas sur le site des dunes de Flandre ont été décisifs pour basculer de l’imaginaire à la réalité du territoire, bien plus percutante. Le territoire sableux est caractérisé par un cordon dunaire presque ininterrompu entre Dunkerque et Nieuport en Belgique. «Presque» car la pression urbaine a défini violemment ses propres limites, transversales à l’ondulation dunaire. Malo-les-Bains (Dunkerque), Leffrinckoucke, Zuydcoote et Bray-Dunes constituent les communes réparties le long du littoral derrière les 13 kilomètres de plages et 700 hectares de dunes. Pourtant, les dunes de Flandre constituent le dernier massif dunaire

Introduction. (1) Anne Cauquelin, 2000, «L’invention du paysage», PUF, Paris, 181p.

du département du Nord, cette singularité à proximité d’importantes densités urbaines rend le site protégé particulièrement exposé à une forte fréquentation humaine. De plus, les infrastructures routières, ferroviaires, touristiques auxquelles s’ajoute l’étalement urbain, ont morcelé ce territoire naturel à l’héritage historique remarquable. De quelle manière révéler des éléments essentiels à la mémoire des dunes de Flandre sans valoriser davantage les équipements touristiques qui, pour certains, ont un impact négatif sur la préservation des espaces naturels ? Comment faire exister un entre-deux, promouvoir le territoire de la dune comme un lien fort entre Dunkerque et La Panne, la France et la Belgique ; et à l’échelle locale : entre la ville, la dune et le littoral ? Aujourd’hui nombreux sont les espaces interstitiels, reliquats du cordon dunaire, franges inqualifiables, transitions entre deux espaces de nature différente ; à former des non-

lieux propice à une appropriation néfaste ou inéluctable de l’homme. Quelle place occupe ces micro-lieux enclavés, morcelés et dont les accès sont multiples, à cheval entre l’espace urbain et le territoire des dunes ? Comment requalifier l’usage de ces espaces hybrides, épaisseurs transitoires, et de quelle façon aménager les nœuds intermodaux induits ? Bien évidemment la notion de mobilité est prépondérante au sein de ces problématiques, quelles sont alors les transitions entre les mosaïques paysagères, de quelle manière organiser une circulation cohérente et douce à l’échelle de chaque commune tout en préservant la singularité de chacune ? La question de l’interface rural-urbain est

essentielle au même titre que celle entre industrie et environnement ou au cœur d’une même structure. Nous le verrons, ce territoire à vocation à devenir toujours plus préservé, en quelque sorte confisqué aux habitants, touristes qui y transposent leur désir de nature. « Les spectateurs croient voir ce qu’ils attendent d’un paysage, car il y’a satisfaction quand celui-ci correspond à leurs attentes, attentes construitent par leur culture, leur passé, leur histoire. La régulation de la fréquentation, [...], les pratiques autorisées, [...] interdites, la mise en valeur ou simplement le respect des identités collectives associées au lieu ou encore la création ou renforcement de symboles, tout ceci conditionne les usages d’un lieu et l’attachement que peuvent éprouver les usagers pour celui-ci. Ces espaces sont alors porteurs de sens et deviennent des espaces perçus » (1).

27


Mer du Nord

*

* La Panne

Dunkerque

Pôle Métropolitain Côte d’Opale

SCOT 10 KM

CUD + CCHF

Province de Flandre occidentale

WVI

GECT

cud 200 376

754 291 PMCO, Ancien Syndicat Mixte, le Pôle Métropolitain de la Côte d’Opale regroupe cinq zones d’emplois. 28

1 173 019 WVI, West-Vlaamse Intercommunale, structure belge de coopération intercommunale = 54 communes.

2 107 594 GECT : West-Vlanderen/Flandre-Dunkerque Côte d’Opale. Mises en réseaux et concertation politique.


L

e territoire des dunes de Flandre est aujourd’hui caractérisé par ses nombreux visages : frontalier, flamand, opalien (issu de la Côte d’Opale), carrefour de l’Europe. Pourtant, les personnalités politiques du territoire dunkerquois des années 60 et 70 ne lui attribuent pas les mêmes valeurs. Le plat pays, monotone, sans aucune valeur patrimoniale ou paysagère, était réduit à cette époque à sa seule qualité de rendement économique. La reconstruction d’après-guerre de la ville de Dunkerque fit sombrer la ville dans une triste uniformité, sans organisation rationnelle, bétonnée avec très peu de parcs et jardins et un développement massif des infrastructures de transport en faveur de l’économie industrielle. Classée depuis 1967 en « zone de conversion

À une échelle plus globale, le littoral francobelge, composant la plaine maritime flamande et son arrière-pays, sont depuis bien longtemps confrontés à des problématiques communes. L’Europe des années 80 s’oriente vers la libre circulation des individus, produits, services ; on encourage alors très rapidement la coopération transfrontalière pour renforcer ces échanges par bien souvent une géographie et des paysages continus de part et d’autre d’une frontière. À la fin de cette décennie, des projets de coopération au sein du territoire FrancoBelge illustrent cette nouvelle politique dans les secteurs du tourisme, de l’environnement et de la culture. En 2005 apparaît la plateforme transfrontalière West-Vlaanderen/Flandre-Dunkerque-Côte

Territoire transfrontalier. Schéma de géographie administrative transfrontalière. 20km

industrielle », la région Nord-Pas-de-Calais crée deux communautés urbaines (loi de 1966): celles de Dunkerque et Arras. En 1968, la Communauté Urbaine de Dunkerque naît d’une volonté d’affirmer la puissance industrialoportuaire de la ville et d’être à la hauteur d’un tel chantier lancé par l’État et Usinor. Réunissant à l’origine 12 communes, elle concerne aujourd’hui tout le littoral de la mer du Nord avec 18 communes à son actif. Le Schéma de Cohérence Territoriale FlandreDunkerque - approuvé le 13 juillet 2007 et mis en révision le 28 octobre 2010 - réuni deux EPCI, la CUD et la CCHF - ou la Communauté de Communes des Hauts de Flandre. En réponse aux critiques d’homogénéité du territoire, l’enjeu principal du schéma de cohérence est l’attractivité du territoire. Le territoire du SCot comporte 74 communes soit 2 865 km , il correspond au périmètre du bassin d’emploi de Dunkerque.

d’Opale réunissant le territoire du Pôle Métropolitain Côte d’Opale et de la Province de Flandre Occidentale. Mais ce seul cadre structurel s’avère rapidement insuffisant, et une assise juridique devient indispensable. En 2006, les élus font basculer la plateforme vers un Groupement Européen de Coopération Territoriale (GECT) qui deviendra une réalité le 3 Avril 2009. Le Pôle Métropolitain Côte d’Opale et la Province de Flandre Occidentale composent, entre autre le Groupement Européen ; à l’intérieur desquels nous retrouvons le territoire du SCoT et le WVI ( West-Vlaamse Intercommunale). À l’heure où les projets transfrontaliers se multiplient, utiliser le label GECT offre la possibilité de profiter de la renommée du groupement et d’augmenter l’impact des actions menées, il est un réel tremplin pour un projet transfrontalier.

29


1er

Port français importation fruits ; minerais et charbon

3e

Port français trafic de céréales

2e

Port français liaison France/Grande-Bretagne

douvres Bruges

1er

Complexe portuaire français

Dunkerque

calais

boulognesur-mer

30


L

a situation de Dunkerque sur une côte basse, rectiligne et jalonnée de hauts fonds et de bancs de sable n’était à priori pas favorable à l’installation d’un port de 7000 hectares. Au XVIe siècle, Dunkerque n’est qu’un petit port de pêche avant qu’il ne connaisse, à partir de 1662, un grand essor en étant intégré à la stratégie offensive de Louis XIV. L’objectif était de consolider la présence de la France en Mer du Nord et de faire du port une

La création en 1966 des ports autonomes maritimes transforme le port de Dunkerque en «Grand Port Maritime de Dunkerque». C’est à cette époque, en 1959, que le groupe sidérurgique Usinor s’y installe, devenu Arcelor Mittal. Malheureusement, aujourd’hui, les marchés mondiaux travaillent à 75% avec les ports d’Anvers, Rotterdam et Hambourg. En effet les Belges bénéficient par exemple de grandes

place de commerce prête à concurrencer les Pays-Bas et la Belgique. Les ambitions de la Révolution et de Napoléon Ier provoquent petit à petit la déchéance du port en privilégiant des travaux de développement sur les ports concurrents. La IIIe république redore l’image du port de Dunkerque grâce à des travaux d’extension qui lui permettront d’avoir à nouveau sa place en mer du Nord. Le trafic repart à la hausse et passe de 500 000 tonnes en 1860 à 1 million en 1875, puis 5 millions en 1925 (1) ; le port de Dunkerque devient le troisième port commercial français. On y trouve alors de nouvelles activités liées au développement industriel telles que les huileries et les industries du bois, textiles et de grosse métallurgie ; l’arrivée du chantier de construction navale en 1898 ou l’Usine des Dunes en 1912 de Leffrinckoucke en sont de bons exemples.

surfaces d’entreposage, de bonnes connexions aux infrastructures de mobilités (rails, canaux, routes...) et de contrôles de douanes allégés. Les marchés ont alors peu à peu délaissé le port de Dunkerque et ce malgré une situation géographique, à l’entrée de la mer du Nord, bien plus intéressante que ses voisins européens.

3e port maritime français. Cartographie du rayonnement portuaire de Dunkerque. 25 km

N

(1) Grégory Hamez. «Du transfrontalier au transnational : Approche géographique. L’exemple de la frontière franco-belge». Université Panthéon-Sorbonne Paris I, 2004.

Néanmoins la direction du port de Dunkerque estime que le trafic devrait doubler d’ici 2030. Deux projets sont annoncés : le projet de l’Atlantique prévoit une extension de quai de 1000 mètres et le projet Baltique privilégie la création d’un nouveau quai de même dimension. Quel devenir pour le Grand Port Maritime, pour l’économie du territoire et le bassin d’emploi de Dunkerque et quelles répercussions écologiques sur les milieux naturels marins mais aussi indirectement sur les dunes de Flandre ? 31


La Panne m

2k

10

km

BrayDunes

36 min

Dunkerque

16 min

londres

00

-3

Bruxelles

km

Seine-Nord Europe

luxembourg

paris

A 16 A 25

RĂŠgion Pas-decalais

30 min lille

1h

1h30 Paris 3h20 32


L

e développement de Dunkerque s’est fait non seulement en opposition aux grands ports belges et néerlandais, mais aussi en tournant le dos à la frontière franco-belge située à 15 kilomètres de la ville. Les deux pays se sont peu à peu démarqués l’un de l’autre

En ce qui concerne les liaisons portuaires depuis et vers le Grand Port Maritime, l’association des ports des Hauts-de-France a été créée avec pour objectif de conforter les échanges avec Le Havre, Anvers et Rotterdam grâce au futur canal Seine-Nord, qui leur

Mobilités transfrontalières. Schéma des multi-mobilités depuis/ vers Dunkerque.

et tout particulièrement le littoral flamand français du littoral flamand belge au cours des cinquante dernières années. La côte belge a rapidement affirmé une vocation balnéaire, qui se traduisit par la construction d’immeubles résidentiels tout le long du littoral, tandis que la côte française jusqu’à Gravelines s’est imposée avec une forte dominante industrialo-portuaire. Malgré ces singularités, Dunkerque se trouve aujourd’hui au croisement d’infrastructures routières : à 36 minutes de l’Euro-tunnel à Calais en voiture, à 16 minutes de la frontière Belge par une route départementale ou encore à moins de 300 kilomètres de quatre grandes capitales européennes... Le passage de ces voies parallèles au littoral, telle que l’autoroute A16 menant de la banlieue parisienne en passant par la Côte d’Opale à la Belgique, fait cependant de Dunkerque une ville de passage sans réelle nécessité ou d’intérêt d’arrêts d’un point de vue paysager tout particulièrement.

permettra de faire circuler davantage de conteneurs dans l’« hinterland », à l’intérieur des terres. À ce titre, la future Véloroute projet de l’Opération Grand Site de France sur le site des dunes de Flandre - est conçue jusqu’à Leffrinckoucke. Le projet permettra de relier des réseaux de mobilités douces (cyclables, piétons, équestres) de chaque côté de la frontière. Il s’agit de conforter et de renforcer une véloroute existante, la véloroute européenne de l’Atlantique et de la mer du Nord. La construction d’un tunnel au-dessous de l’autoroute belge E40 et d’une passerelle à Adinkerque (commune frontalière de La Panne) au-dessus du canal de Furnes ont également permis de relier le littoral à l’arrière-pays. Nous noterons que ces deux précédents projets ne concernent que la Belgique et que les moyens déployés en France en faveur de ces liaisons douces se font encore attendre...

33



Influences.


36


Les schémas réalisés à partir de cartographies anciennes nous montrent le faible intérêt de l’époque pour les milieux naturels, les dunes. L’urbanisation s’est dans un premier temps concentrée autour du port et de l’activité économique avant de se développer à l’arrière des dunes. 1. 3. 646

2.

960

5.

1750

D

epuis l’époque néolithique, l’occupation humaine des dunes flamandes a été plus ou moins constante jusqu’à aujourd’hui. Il faut toutefois préciser que les dunes ont été à plusieurs reprises désertées par l’homme du fait des activités agricoles, salinières et de pêche. Durant le moyen âge, l’utilisation des dunes se partagea entre l’activité salinière, l’élevage

bovin et la chasse. Au XIIIe siècle, la formation des dunes paraboliques actuelles submerge les installations humaines et provoque une diminution de l’activité économique de la région. De nombreuses terres furent données à des abbayes et aux seigneuries et la chasse au lapin continuait à constituer une des activités importantes dans les dunes.

1400

4.

1658

6.

1850

1 km

Les pêcheurs s’installent sur 900 les bancs de sable.

1945

Dernière ville libérée après l’occupation, Dunkerque est détruite à 70% après la Première et la Seconde Guerre mondiale. La reconstruction est menée par Leveau et Niermans.

La naissance de dunkerque. 960

La première muraille est érigée Le Tramway circule de 1896-1952 autour du hameau aux vues des Dunkerque à Leffrinckoucke invasions. Une église est bâtie, elle évangélise le hameau qui devient 1848 Arrivée de la voie ferrée. «Duinkerk» : l’église dans les dunes.

1297

Duinkerk devient française puis flamande cinq ans plus tard.

1338

Le petit port de pêcheurs prend de l’importance grâce au commerce avec l’Angleterre.

1395

Une seconde muraille est érigée.

1440

Un beffroi est construit, il sert de clocher à l’église avant de servir de beffroi municipal et d’amer - aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’UNESCO et «Monument Historique ». Dunkerque se tourne davantage vers la mer et l’on assiste à la naissance des premiers carnavals.

1694

Bataille du Texel : le célèbre corsaire Jean Bart récupère les navires de céréales que les Hollandais avait capturés afin d’affamer les Français.

1662

Charles II revend Dunkerque à Louis XIV ; Vauban fortifie la ville et développe son port.

1658

Le 14 Juin la France et la Grande Bretagne gagnent la Bataille des Dunes contre les Espagnols. Le 25 Juin au matin, Dunkerque est espagnole, le midi elle est française et le soir elle est cédée aux Anglais.

Boom démographique suite à l’arrivée d’Usinor.

1957

Boom économique avec la création de la CUD et du Port Autonome de Dunkerque.

1968

Projet Neptune : la CUD et la ville de Dunkerque urbanisent les friches industrielles laissées par la fermeture des chantiers navals.

1989

Opérations de rénovation du centreville : logements, voiries, parcours urbains, secteur gare...

2018

37


Dunkerque Calais Saint-Omer Lille

38


Une ligne mobile verticale. Évolution de la Frontière de 1659 à 1850. 1.

1659

2.

1668

3.

1678

4.

1850

Royaume de France Autres royaumes Frontière 50 km

L

a frontière franco-belge s'étend sur 620 km et ne correspond à aucune limite naturelle. L’impact de cette limite est aujourd’hui visuellement presque inexistante puisqu’aucun élément géographique ne marque le passage d’un pays à l’autre. Il s’agit à l’origine d’une frontière de guerre dont le tracé a fluctué en fonction des traités entre le XVIIe et le XVIIIe siècle. En 1713, le traité d’Utrecht coupe la région en deux, une partie appartiendra au roi de France, l’autre à l’Autriche. Une ligne, pas encore appelée «frontière» divise la région en «flamands de France» et «flamands autrichiens». En 1820, après de nombreux échanges, annexions, cessions, le traité de Courtrai délimite la frontière définitivement. Il interdit toute construction à moins de 10 mètres de la frontière et à moins de 5 mètres d’un chemin mitoyen.

En 1830, la Belgique naît, 620 kilomètres de frontière séparent dorénavant la Belgique de la France. Aujourd’hui, il faut être particulièrement attentif si l’on veut saisir le passage d’un pays à un autre. De Bray-Dunes à La Panne, un ancien poste de douane reconverti en musée du chocolat («Léonidas») nous donne un indice, le graphisme des panneaux nous aide au milieu des polders où la transition est d’autant plus subtile dans ce territoire agricole. Le changement dans l’épaisseur de ce franchissement à quelques mètres près est presque invisible, et pourtant nous verrons que d’une commune française à une ville belge frontalières ; les différences sont bien présentes tous domaines confondus. Des différences qui se sont affirmées depuis bien longtemps aux vues des directions opposées qu’ont pris Dunkerque et La Panne. 39


Abandon de l’agriculture et du pâturage

Reprise de l’érosion éolienne

Dunes mobiles

Reprise de l’exploitation intensive

Dunes fixées

Un équilibre cyclique du milieu

40

Embroussaillement et fixation


Formation dunaire Des dépôts sédimentaires marins et fluviaux se déposent sur un vaste -10 000 espace de marais salés et d’eaux douces ouvert sur la mer. Un banc de sable parallèle au littoral s’élève au-5 000 dessus du niveau de la mer, formant un premier cordon dunaire.

L

es dunes maritimes flamandes sont composées de trois massifs principaux d’Ouest en Est : la dune Dewulf, la dune Marchand, la dune du Perroquet qui se

Ces dégradations provoquèrent l’ensablement de 200 à 300 mètres de polders et de toutes les installations situées dans les dunes. La première réglementation des pratiques dans les dunes

Une épaisseur horizontale. 3,5 km au nord de la côte, un nouveau banc de sable rejoint le précédent -3 000 à proximité de l’actuel rivage : «Oude Duinen» ou «anciennes dunes de La Panne». Les «Oude Duinen» sont érodées par les mouvements marins dont -2 000 les transgressions de Dunkerque I et II (avancée du trait de côte provoquée par l’élévation du niveau de la mer). Suite à une série de tempêtes, les dunes -1 000 actuelles se créent et recouvrent l’ancien cordon dunaire.

prolonge en Belgique avec la réserve naturelle du Westhoek et enfin la dune fossile de Ghyvelde, un reliquat de cordon dunaire décalcifié. Les dunes flamandes sont caractérisées par une dynamique depuis sa formation il y’a 10 000 ans qui se poursuit encore aujourd’hui avec des phases successives de mobilités et de fixations grâce à la végétation et les aménagements de l’homme. Elles bénéficient toujours d’apports de sables de la plage. L’impact de l’homme sur le cordon dunaire n’est effectivement pas négligeable puisque dès le XVIe siècle, le déplacement du sable au sud des dunes pose de sérieux problèmes. Migration aggravée par la surexploitation des terrains dunaires avec les coupes dans les dunes à fourrés, l’arrachement d’oyats pour du combustible et le pâturage intensif du milieu.

date de cette époque avec les prémices de la gestion du milieu : limitation du pâturage, interdiction de la coupe du bois, présence de gardes du littoral... La réintensification de l’usage des dunes reprit à la Révolution par une nouvelle polyactivité en bord de mer avec la pêche au filet entre autres. Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, le paysage des dunes reste ouvert grâce à l’activité agricole et pastorale intensive. Cette forte exploitation du milieu conduit à des reprises d’érosion par le vent provoquant l’arrêt de l’exploitation du sol, submergeant certains éléments bâtis sous le sable notamment l’église de Zuydcoote en 1776. Après les deux conflits mondiaux, le développement touristique, industriel et le développement de l’urbanisation des villes côtières modifièrent considérablement et durablement le milieu. En peu de temps, les trois-quarts des milieux dunaires du littoral flamand disparurent sous l’urbanisation. 41


1. Dune embryonnaire

3. Panne humide

4. Dune grise

5. Dune arbustive

42

2. Dune blanche

6. Dune boisĂŠe


1.

2.

1.

3. 4.

5.

6.

Cakile maritima

2.

Ammophila arenaria

3. Typologies de dunes et leur situation

Une épaisseur horizontale.

Parnassia palustris

La géomorphologie 4.

Tortula ruraliformis

5.

Hippophae rhamnoides

6.

Ulmus minor

Viola curtisii, Violette de Curtis Emblème des dunes flamandes. Une plante dont les feuilles constituent la nourriture et le lieu privilégiés de ponte du Petit Nacré, papillon en déclin, emblématique de la dune grise..

L

es dunes flamandes se définissent par des formes dites “paraboliques”. Ces formes sont provoquées par l’orientation des vents d’ouest dominants, parallèles à la côte, qui pousse le sable vers l’intérieur des terres ; opposés aux vents perpendiculaires à la côte formant les dunes «picardes». Lorsque le vent souffle le sable à l’arrière d’une parabole, une dépression apparaît appelée «panne» où l’eau de la nappe phréatique se manifeste. Le dynamisme d’une parabole s’illustre par des phases de ralentissement puis de fixation par la végétation, l’oyat entre autre. Une nouvelle parabole en profite pour la rattraper depuis le rivage, remettant en question le travail de fixation créé par la végétation. Un nouveau processus dynamique se met en place interrogeant l’adaptation et la stabilisation d’espèces végétales au sein d’un milieu mouvant avec des temporalités variables. 43


Dune embryonnaire

Dune blanche

Les laisses de mer (coquillages, pinces de crabes, squelettes d’oursins...) fournissent un engrais naturel au sable et permettent aux plantes halonitrophiles, supportant un milieu pauvre en nutriment et fouetté par les embruns, de se développer.

L’oyat (Ammophila arenaria) domine ce milieu, elle fixe les dunes grâce à ses racines de quatre mètres de long et supporte très bien l’absence d’eau. Les embruns salés sont moins présents dans ce milieu mais les dunes blanches demeurent hostiles, très mobiles à cause du vent, les première victimes des tempêtes.

Dune grise Une pelouse rase caractérise ce milieu, l’un des plus riche en terme de biodiversité mais aussi fragile à cause du piétinement. La végétation est initialement formée de petites mousses (Tortula ruraliformis), leur décomposition nourrit d’autres plantes annuelles qui s’y implantent malgré le peu de matière organique. La dune grise était autrefois le repère des lapins, aujourd’hui disparus ce qui a favorisé la croissance des arbustes, et contribué à la fermeture du milieu.

1.

2. 3.

4.

5.

1. 1. Atriplex littoralis 2. Beta maritima subsp. maritima 3. Leymus arenarius 4. Honckenya peloides 5. Atriplex laciniata

2. 3. 4.

1. Euphorbia paralias 2. Calystegia soldanella 3. Carex arenaria 4. Eryngium maritimum

Dune embryonnaire 44

Dune blanche

1. 2. 3. 4.

1. Jasione montana 2. Senecio jacobaea 3. Thesium humifusum 4. Botrychium lunaria

Dune grise


Cette dune résulte de la fixation du massif, elle constitue le milieu dunaire le plus vaste et le plus dense, colonisant progressivement les dunes les plus proches du littoral. L’arbuste y est roi, notamment l’argousier (Hippophae rhamnoides), adapté aux sols sableux. La lutte contre les espèces invasives est une priorité dans ce type de milieu.

Dune arbustive

Dune boisée La dune est composée de végétaux conditionnés pour la présence plus ou moins importante de lumière et d’eau. On retrouve ici un cortège végétal correspondant au milieu forestier, au sous-bois. Les dunes boisées proches du littoral sont adaptées aux embruns salés, composées de peupliers, troènes et bouleaux, penchés vers le sud-est, la direction des vents dominants.

Pannes humides Lorsque le vent déplace le sable des dunes pour former une nouvelle dune parabolique, le sable s’érode au centre jusqu’à faire affleurer la nappe phréatique. Elles sont dites pionnières contrairement aux mares, et donc support d’une biodiversité exceptionnelle et rare.

1. 1.

2.

3.

4.

1. Epipactis palustris 2. Ophioglossum vulgatum 3. Hydrocotyle vulgaris 4. Dactylorhiza praetermissa

Pannes humides

Dune arbustive

Epipactis helleborine 1. subsp. neerlandica Crataegus monogyna 2. Claytonia perfoliata 3.

2. 3.

1. Tilia cordata 1. 2. 3. Lamium album 2. Alliaria petiolata 3. 4. Acer pseudoplatanus 4.

Dune boisée 45



Émergences.


Un territoire global.

L

e territoire se déroule d’est en ouest le long du littoral, 16 kilomètres de La Panne à Malo-les-Bains. Un ensemble guidé par des lignes directrices traversant le paysage, rails, routes, canal ; par de grands ensembles le structurant, champs, dunes et poches urbanisées. Entre ces zones urbaines, les deux grands espaces de respiration que constituent le paysage rural et le paysage dunaire, libèrent le territoire. Les parcelles agricoles au même titre que le cordon dunaire donnent une homogénéité à l’ensemble, ils sont fédérateurs d’une urbanisation hétéroclite. Nous trouvons effectivement tout au long de cette étendue, une diversité dans la façon d’organiser l’espace, dans la manière qu’ont eu les Hommes à s’approprier ce milieu pour y bâtir leur vie, autour, sur, sous, accolée aux espaces naturels. Voyons comment le territoire aujourd’hui s’est soumis à ces volontés, la singularité des identités créées et les leçons à tirer d’un paysage en devenir.

48

Calque de travail sur la représentation de l’urbanisation et la localisation du patrimoine au sein et autour des dunes de Flandre Bunkers issus de la ligne Maginot et/ou du Mur de l’Atlantique Patrimoine industriel et historique majeur Épaves Limites communales

N

500 m


Malo-les-Bains

Leffrinckoucke

Batterie de Zuydcoote

Fort des Dunes

RosendaĂŤl

49


Zuydcoote

HĂ´pital Maritime Dune Dewulf

Ferme du Nord

Usine des Dunes


Bray-Dunes

RĂŠserve naturelle de la Dune Marchand

Dune du Perroquet


RĂŠserve naturelle du Westhoek


La Panne

Adinkerque


Malo-les-Bains «La Reine...»

m2

Leffrinckoucke Historique

m 7,3 k

3,7 k

2

Zuydcoote

Bray-Dunes

Naturelle

Septentrionale

m2

2,6 k

m2

8,6 k

ël

da sen

Ro 1 km

16 572

4306

1789

4662

Dunkerque : 89 160

Champs Dunes

3,7 km

54

0,66 km

0,15 km

1,4 km


La Panne Méridionale

23 km

2

A

vant le XVIIIe siècle, le littoral et plus précisément la mer, est perçue comme un milieu hostile, dangereux, qui prend les marins et ne les ramène jamais à leur famille. La rencontre entre l’homme et la mer se fait difficilement, si bien que les ports et les habitations tournent le dos au littoral, à la mer et ses tempêtes. Au milieu du XVIIIe siècle, les bains de mer se développent avant l’essor des grandes stations balnéaires au XIXe siècle. Un développement soutenu par l’arrivée du chemin de fer en 1860 qui offre une liaison entre les villes intérieures et les villes littorales, à l’image de ParisDeauville, première ville littorale raccordée à la capitale en 1863. Le tourisme de masse se développe après la Seconde Guerre mondiale en réponse à une forte demande sociale et avec l’essor des congés payés après 1936.

thalassothérapie, ports de plaisance, clubs de golf, hôtels de luxe. Ce développement débuta avec Ostende, Blankenberge et Knokke-le-Zout, avant de s’étendre à tout le littoral, au prix de la destruction d’une grande partie de la surface dunaire et du bétonnage du front de mer. La Panne, au sud de la Belgique, attire une clientèle moins bourgeoise et plus familiale. Une station très fréquentée par les Français, à la journée ou à la semaine.

Les stations balnéaires sont dorénavant à distance raisonnable, un lieu où l’on envisage une nouvelle relation entre l’architecture, les lieux de villégiature et le front de mer, constituant l’élément structurant. Leurs plans dépendent des adaptations à leurs contraintes, au relief si elles se situent à proximité d’une falaise, d’une dune, de marais... À l’image de la France, l’essor touristique du littoral belge fut important tout au long du XIXe siècle. En 1906, Raoul Blanchard remarquait le «caractère fruste» (rude, abrupt) de Malo-les-Bains et de Bray-Dunes comparées aux stations balnéaires belges («La Flandre.

agricoles et en surface dunaire dorénavant protégée à l’arrière ou de part et d’autre du front de mer. La Panne est considérée comme la côte d’Azur pour la population belge qui trouve ici une grande et large promenade pavée ponctuée de parasols, tables, restaurants, bars, ainsi qu’une grande rue piétonne commerçante menant à la plage. De l’autre côté de la frontière, les stations balnéaires des dunes de Flandre n’ont pas la même notoriété puisque nous sommes ici bien loin de notre côte d’Azur. Et qui plus est, le front de mer est soit délaissé pour le peu de vie ou de service qu’il propose ou bien apprécié pour le caractère sauvage que l’on ne trouve pas en Belgique.

caractère plus prestigieux des stations belges par rapport aux françaises était facilement perceptible par l’arrivée prématurée des équipements : casinos dès 1859, thermes et

Les stations de part et d’autre de la frontière se sont développées non seulement dos à dos, mais en suivant des orientations totalement différentes. Il en résulte que les bassins de vie et d’emploi sont radicalement différents.

En comparant les stations balnéaires belges et françaises nous pouvons noter une grande différence en terme de proportion d’infrastructures et de surfaces bâties ou naturelles. Nous pourrions reprocher au littoral belge sa bétonisation, ses immeubles de plus de seize étages créant un écran face à la mer, mais il ne faut pas omettre la disponibilité en terres

1 territoire 5 identités.

10 060

1,8 km

Étude de géographie de la plaine flamande, en France, Belgique et Hollande», Armand Colin, Paris, 1906). Le

Comparaison cartographique et dessinée des cinq stations balnéaires

55


56


L

a station balnéaire de Malo-les-Bains est surtout connue pour sa longue plage de sable fin. À l’origine, pourtant, rien ne la prédestinait à devenir celle qu’elle est aujourd’hui. En 1858, Gaspard Malo, armateur puis député, achète en 1858 657 hectares de dunes à la ville de Dunkerque pour se lancer dans l’agriculture (luzernes, pins,...), tentative soldée d’un échec. Il décida alors de niveler les dunes et de les vendre comme terrains à Bâtir. Il fit don à la commune de nombreux terrains pour le

relation de l’espace public à l’espace privé, le bâti est distribué en continu mitoyennement, donnant directement sur la rue. Les îlots sont peu marqués par la présence du végétal étant donné que les jardins, situés à l’arrière des parcelles, sont invisibles depuis la rue. Le front de mer possède un alignement de villas malouines et autres appartements particuliers ne dépassant pas les trois ou quatre étages hormis quelques immeubles à l’est de la ville allant jusqu’à dix étages.

Malo-les-bains. Photographie sur la digue promenade de Malo-les-Bains du front de mer. Photographie d’une carte-maquette représentant les singularités patrimoniales de chaque station balnéaire.

percement de nouvelles rues et avenues, la construction d’une chapelle et créa une usine à gaz et établit un champ de courses. S’en suivit l’édification d’un casino en 1867, d’un kursaal (maison de cure thermale) en 1878, d’une digue de mer à partir de 1886 puis d’un tramway depuis la gare de Dunkerque dès 1903. La commune est rattachée à Dunkerque en 1969. Malo-les-Bains possède encore les caractéristiques typiques d’une station balnéaire, on en retrouve encore certaines au nord de la voie ferrée à Zuydcoote, Leffrinckoucke et Bray-Dunes. Il s’agit d’une organisation bâtie et d’un réseau propre avec une trame viaire quadrillée très régulière accompagnée d’une voirie étroite formant un réseau à sens unique. Un parcellaire étroit et profond en lanière avec une forme urbaine dense révèle le souci d’optimisation de l’espace auquel les aménageurs ont eu affaire à la naissance de la ville. En ce qui concerne la

Aujourd’hui Malo-les-Bains, quartier de Dunkerque, profite de cette situation accolée au centre-ville, elle est un temps de pause quand le cœur de Dunkerque est un temps d’activités. Malheureusement la digue de mer vieillit et doit répondre à plusieurs problématiques majeures. La première concerne le partage de l’espace entre les usagers ; cela génère des conflits d’usages entre automobilistes, cyclomotoristes, piétons et cyclistes. Seule la promenade passant devant le parc du vent sur le front de mer est piétonne ; faut-il alors donner un nouvel et unique accès piéton à la digue de mer pour offrir une nouvelle vocation à la promenade des Dunkerquois? De plus, entre architecture contemporaine et vernaculaire, l’architecturefaçade sur le littoral, hétéroclite avec l’arrivée de nouveaux éléments au sein du patrimoine malouin, ne parvient pas à créer l’unité qui permettrait de lire plus facilement cet espace vécu. 57


58


E

n 1860, la commune de Rosendaël devient autonome par détachement de deux autres communes (Coudekerque-Branche et Téteghem). En 1891, elle est amputée de son quartier balnéaire, qu’est devenu Maloles-Bains. Après la fusion de Malo-les-Bains à Dunkerque en 1969, Rosendaël suit le mouvement en 1972. Encore aujourd’hui dans la «Vallée des Roses», ou Rosendaël, selon F.J. GRILLE «ces maisons ne sont point agglomérées ; elles sont éparses et placées au centre de chaque exploitation :

de parcelles de culture en conteneurs et maraîchère, de corps de ferme anciens, de hangars récents, de réservoirs d’eau et de watergangs (canaux de drainage). Il s’agit d’un territoire à vocation uniquement productive puisqu’aucune promenade ne permet de déambuler entre les parcelles pour la découverte ou même la cueillette de produits frais. Seules deux ou trois rues principales parallèles au littoral nous laissent le découvrir. Ici la notion de saisonnalité est particulièrement forte puisque le paysage évolue au rythme des

on voit le toit et la fumée au milieu des arbres, et dans les beaux jours de l’automne rien n’est plus gai et plus pittoresque»(1). En 1825, le même auteur expliquait que 200 ans auparavant la terre était complètement stérile, «un terrain sablonneux aussi blanc que cette neige qui le recouvrait en décembre» (1). Les pêcheurs vivaient sur ces terres et jardinaient tant bien que mal pour nourrir leur famille ; à force d’engrais et de culture, le sol s’enrichit pour le rendre fertile et qui plus est grâce à des conditions climatiques particulièrement favorables. Ces engrais venaient des algues de mers récupérées après les tempêtes sur le rivage par les pêcheurs ; il leur suffisait de les déposer sur les terres labourées, puis de patienter avant de récolter le fruit de leurs efforts.

productions et du temps, les fleurs dessinent une mosaïque dans ce paysage aux contrastes déjà forts. On trouve ici un espace hybride singulier où s’enchevêtrent des espaces urbains et agricoles.

Rosendaël. (quartier de Dunkerque, au sud de Malo-les-Bains) Photographie depuis la RD60 sur la zone horticole et maraîchère.

(1) François Joseph Grille, «Description du département du Nord», Paris, Edition Sazerac & Duval, 1825-1830

Aujourd’hui le paysage de Rosendaël est composé de serres modernes de production,

Malgré un héritage historique encore une fois extrêmement fort, les structures héritées des pratiques anciennes de maraîchage ne sont plus visibles : les haies bocagères n’accompagnent qu’à de rares endroits le parcellaire, les vergers ont disparu et l’habitat traditionnel maraîcher se retrouve au contact de serres de plus en plus volumineuses. Aussi, les systèmes modernes de production ont rompu progressivement les liens existants entre le produit et le terroir. En dépit de ces aspects dommageables pour l’histoire de ce territoire et pour le rapport avec ses habitants, la zone horticole et maraîchère demeure toutefois un vrai coin de campagne en ville apprécié des riverains. 59


60


Cité des dunes avec l’Usine des Dunes en arrière-plan.

leffrinckoucke.

P

lusieurs hypothèses expliquent la signification du nom de la commune, qu’elle soit «le coin des compagnons de Leffrinck», le «peuple en paix» ou le «coin du brigand». Toujours est-il que géographiquement Leffrinckoucke trouve son origine au sud du canal de Furnes, à Leffrinckoucke-Village. À la fin du XIXe siècle Leffrinckoucke est un faubourg agricole de 300 âmes, constitué de fermes éparses, de quelques commerces artisanaux, d’une église, d’une mairie et d’une école répartis sur 50 hectares. La commune bénéficie d’importantes ressources agricoles grâce aux parcelles implantées tout autour du village-rue et d’un territoire maraîcher d’environ 30 hectares entre les dunes et le canal de Furnes. La construction de la gare et le développement du chemin de fer entre 1862 et 1870 va permettre de desservir la commune et entraîner un changement de vocation. En effet l’arrivée

en 1912 d’une grosse industrie de métallurgie, l’Usine des Dunes, entraîne un réel essor économique pour la commune et contribue à son extension. Ce bouleversement déplaça progressivement le centre de gravité de la commune vers le littoral. À la même époque apparaissent trois cités ouvrières de 300 logements dont deux à Dunkerque et la plus conséquente : la cité des Dunes. A l’origine, la cité des Dunes comprenait 92 maisons pour les familles, des dortoirs, des logements collectifs destinés aux ouvriers étrangers (indochinois), trois estaminets et des jardins ouvriers qui subsistent encore aujourd’hui. Une partie importante de la cité des Dunes a été démolie (31 maisons seulement témoignent aujourd’hui du passé) et un nouveau quartier résidentiel est apparu dans les années 1980.

61


62


leffrinckoucke. Cour intérieure du Fort des Dunes. Cimetière militaire du Fort des Dunes avec le Fort en arrière-plan.

L

a partie de la commune s’étendant de la voie ferrée jusqu’à la mer s’appela longtemps «Malo-terminus», il fallut attendre le conseil municipal de 1930 pour que «Leffrinckouckeplage» apparaisse.

En plus de ce riche héritage industriel, la commune possède au sein de son périmètre un extraordinaire patrimoine historique grâce au Fort des Dunes, à la Batterie de Zuydcoote et au nombreux bunkers disséminés sur le territoire.

Aujourd’hui une rupture existe entre l’ancienne cité ouvrière, et la partie centre-ville et plage de Leffrinckoucke. Cette rupture est due à la rapidité d’urbanisation de Malo-les-Bains ouestest qui aujourd’hui ne semble former qu’une seule et même entité avec Leffrinckoucke.

La principale problématique de la commune de Leffrinckoucke est aussi son principal atout: sa diversité. Les multiplies origines de son patrimoine, son organisation diffuse avec une épaisseur agricole, maraîchère, industrielle, dunaire et littorale sont à l’origine de l’hétérogénéité de la commune, l’unité de ce territoire est une notion sensible. Accolée à la grande station urbaine de Malo-les-Bains, à la puissance industrielle de Dunkerque et délimitée par des infrastructures lourdes, Leffrinckoucke peine à trouver sa personnalité et à affirmer son potentiel.

Les Dunkerquois actifs profitent aujourd’hui de cette situation en périphérie de l’agitation urbaine pour y habiter au calme. Une installation qui se fait davantage au nord de la voie ferrée, côté plage plutôt qu’au sud où l’ancienne cité ouvrière, presque restée en l’état et délabrée, témoigne encore de la crise sidérurgique de 1974.

63


64


zuydcoote. Photographie depuis le belvédère de Zuydcoote avec le port de Dunkerque en arrière-plan.

Z

uydcoote est d'origine néerlandaise, l’étymologie voudrait que le nom signifie «cabane de sel» grâce également à l’existence probable d’une saunerie ; ou bien «côte sud» avec l’arrivée des Scandinaves au Ve siècle à la recherche de climats plus favorables, nos voisins européens portait déjà de l’intérêt à la localité maritime de Zuydcoote. Avant l’occupation romaine, les Zuydcootois vivaient de la pêche et de l’exploitation de quelques salines, au sein d’un habitat dispersé dans les dunes, les bois et les marais. Le village a toujours dû lutter contre les tempêtes, la menace de la mer et donc le mouvement naturel de la dune. Le premier port de pêche fut complètement ensablé vers 1200 et un ouragan détruisit entièrement le village et le recouvrit de sable en 1777 provoquant la démolition de l’église Saint-Nicolas deux ans plus tard.

En plus des catastrophes naturelles, la commune a bien sûr dû endurer les conflits qui lui valurent une destruction importante. Après 1945, Zuydcoote renaît avec sa reconstruction et exploite judicieusement les atouts de son territoire dont la moitié est classée en site naturel. Zuydcoote peut s’enorgueillir de posséder un patrimoine architectural remarquable avec l’hôpital maritime, la Ferme Nord, un cimetière militaire et les épaves de l’Opération Dynamo. Aujourd’hui la station balnéaire, du haut de son belvédère sur la mer, est perçue comme étant la plus naturelle, où règne un entre-soi, une ambiance familiale bien différente de l’agitation touristique de Malo-les-Bains ou de La Panne.

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66


zuydcoote. Hôpital Maritime depuis le littoral. Ferme Nord depuis la route. Cimetière militaire.

L

’hôpital maritime est l’œuvre de Georges Vancauwenberghe, né à Dunkerque en 1853. Ingénieur puis maire de Saint-Pol-surMer, il achète 80 hectares de dunes à la ville de Zuydcoote pour y transférer le sanatorium de sa commune (qui se destine à une vocation portuaire). La construction débutée en 1902 est achevée en 1910, la fonction initiale du sanatorium était d’accueillir les enfants souffrant de tuberculose. Il devint hôpital militaire et reçut plus de 100 000 hommes, malades ou blessés principalement durant les deux guerres mondiales ; Zuydcoote était devenu le seul centre hospitalier de la région Nord et de la Belgique. À la fin du dernier grand conflit, l’hôpital en ruine fut en partie reconstruit dans un style plus Moderne. Il évolua en 1962 en hôpital maritime, en 1969 en centre de balnéothérapie pour offrir désormais aux enfants et aux adultes un centre de rééducation fonctionnelle. À l’origine, l’hôpital était alimenté par trois fermes dont la Ferme Nord

et la Ferme Sud qui lui procuraient respectivement de la viande et des produits végétaux. La Ferme Nord, la seule encore debout, a été construite en 1910 et constituée d’écuries, d’étables, de porcheries... et de logements pour le personnel. En 1940, la ferme dut s’improviser infirmerie principale de la marine avant de connaître une longue période d’abandon. En 1971 elle est mise à disposition de la CUD puis elle devient en 1985 la maison des gardes départementaux du Conservatoire du Littoral. Sa reconversion en maison du Grand Site des Dunes de Flandre ne saurait tarder car une Opération en Grand Site est actuellement en cours de finalisation. En 1922, le cimetière militaire a été édifié au sud de l’hôpital maritime et de la Ferme Nord. Il constitue avec celui du Fort des Dunes les deux seuls cimetières militaires de la région dunkerquoise à accueillir les soldats français, anglais, belges, allemands, de la bataille de Dunkerque et de la Première et de la Seconde Guerre mondiale. 67


68


Photographie depuis le front de mer de Bray-Dunes

R

attachée à l’origine à Ghyvelde, une commune au sud du canal, Bray-Dunes a été fondée en 1883 par un célèbre armateur, Alphonse Bray. Bray-Dunes se définit à l’origine par une agglomération progressive de maisons ou

bray-dunes.

de fermes dont les propriétaires cherchent à bénéficier à la fois d’une ouverture sur une voie de communication (route, canal, chemin de fer) et d’un accès direct à leur propriété agricole. Jusqu’au XXe siècle, le canal accompagné de son chemin de halage, joue un rôle important pour la circulation des hommes et des marchandises, un rôle bien plus important à l’époque que la route. La commune forme aujourd’hui un ensemble urbain cohérent, composé selon les principes de la cité jardin. L’organisation du bâti correspond à un développement est-ouest de part et d’autre d’un axe (rail, route, canal) ou au carrefour de deux infrastructures, ayant évoluée en bourg par la suite. Il s’agit d’un maillage de rues peu denses depuis la voirie principale, à l’image d’un village-rue comme à Zuydcoote ou à Leffrinckoucke-Village. Le parcellaire structuré perpendiculairement à la rue, est constitué de

longues bandes étroites de la largeur d’une habitation. La forme urbaine est très dense depuis la route départementale jusqu’au littoral où l’on retrouve des îlots typiques d’une organisation balnéaire comme à Maloles-Bains ou à La Panne. Les façades donnent directement sur la rue, les stationnements

s’alignent sur la chaussée. Ainsi, le secteur nord de Bray-Dunes fait la transition vers le front de mer ou l’on retrouve cette morphologie balnéaire et un parcellaire en lanière. Le secteur au sud de l’ancienne voie ferrée constitue lui, un espace de respiration dans le tissu très densément bâti de la zone du front de mer. Seules quelques maisons de maraîchers aisés s’isolent de l’agitation urbaine littorale sur de grandes parcelles très lâches entre la route départementale et le canal de Furnes. Les maisons individuelles dissimulent leur jardin en fond de parcelle donnant sur la plaine agricole. Le tourisme est très présent sur cette commune frontalière malgré la concurrence belge à seulement 10 km en voiture l’une de l’autre. 51 % des logements sont des résidences secondaires, ce qui en fait la ville ayant le plus de résidences secondaires du département du Nord. 69


70


L

’arrivée à la Panne se fait par le passage à Adinkerque, une section de la commune belge qui représente aujourd’hui la vente avantageuse de tabac, alcool, gazole... Une succession de petits commerces, puis de campings, d’un parc d’attraction avant de longer la ligne de tramway, nous mène au centre-ville de La Panne et son front de mer. Un

de train et tramway attirent les touristes et les investisseurs. À l’origine, La Panne est un village de pêcheurs comme ailleurs où l’activité première laisse place à l’économie hôtelière et touristique. Après la Seconde Guerre mondiale, la reconstruction et le tourisme de masse créent des emplois et provoquent une augmentation significative de la population,

littoral radicalement différent des petits villages balnéaires français avec des immeubles élevés (R+16) et une offre de restauration et hôtelière bien plus conséquente avec 5000 appartements, 5 campings et deux villages vacances. En raison de la frénésie de la construction immobilière, il subsiste très peu de demeures anciennes sur le front de mer. Le rez-de-chaussée des immeubles donnant sur la digue commerçante est occupé par des cafés, brasseries, restaurants, friteries, magasins de souvenirs, etc. Le tourisme sur la côte belge a été introduit au début du XIXe siècle par les Anglais dans un objectif de traitement médical par les bains de mer. Un développement touristique apparu dans un premier temps à Ostende grâce à une bonne liaison ferroviaire contrairement à La Panne. L’arrivée du tourisme de plage s’est fait plus tardivement à La Panne et plus modestement. Dans un second temps, les nouveaux services

avec de nouveaux propriétaires, patrons et salariés. Les maisons de vacances détrônent peu à peu les hôtels, réduits de moitié, et La Panne continue de croître, même si les Belges partent dorénavant davantage à l’étranger pendant leurs congés à partir de 1960. L’été demeure la haute saison, mais le tourisme d’hiver et de week-end est également attrayant quand on observe en France une diminution significative de l’attractivité touristique en basse saison. La station balnéaire de La Panne et ses voisines belges sont encore critiquées pour fournir aux touristes des perfusions d’iode, entassés les uns sur les autres avant de repartir dans leur routine quotidienne. Néanmoins malgré un bétonnage massif de la côte, La Panne a su protéger son massif dunaire à l’est de son urbanisation et l’aménager en conséquence. Elle dispose encore de grandes parcelles agricoles et ce, même si les campings et autres villages vacances ont empiété sur leurs terres.

La panne. Photographie du front de mer de La Panne

71


Halte du sanatorium

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Zuydcoote

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Leffrinckoucke

Usine des Dunes

km


«Pour faire le succès d’une station, il faut une ligne de chemin de fer, quelques grands aristocrates et une spéculation immobilière »(1).

Q

uelques grands principes ne dérogent pas à l’élaboration d’une station balnéaire, on y retrouve différentes centralités : - Un centre principal, en bord de mer, constitué du casino et du grand hôtel, - Un centre secondaire constitué de la gare reposant sur des sols sableux et, pour d’autres raisons techniques, toujours située en retrait.

Bray-Dunes Plage

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Bray-Dunes

Les stations balnéaires dunkerquoises s’extirpent de ces standards en évitant cette relation exclusive à la mer. Effectivement, l’arrivée du chemin de fer à Dunkerque en 1848, dessert les stations à l’arrière des dunes et donc met en lumière ce patrimoine naturel.

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Patrimoine ferroviaire.

unes

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(1) «La roue et le stylo. Comment nous sommes devenus touristes.» Catherine Bertho-Lavenir, 1999, Paris, Odile Jacob.

Localisation et représentation des anciennes gares 500 m

N

Les stations balnéaires dunkerquoises proposent donc une autre forme de patrimonialisation à l’arrière de ses dunes. Une future véloroute aménagée le long de l’ancienne voie ferrée sera l’occasion de revaloriser un patrimoine aujourd’hui oublié malgré les nombreuses gares, témoins de ce passé ferroviaire. À l’heure actuelle, le bâtiment voyageurs de la gare de Rosendaël est aujourd’hui réaffecté en habitation privée. Aucun usage n’a été attribué à la gare de Leffrinckoucke au même titre que l’embranchement qui desservait l’Usine des Dunes ou encore la halte du sanatorium qui desservait l’hôpital maritime de Zuydcoote, à l’abandon. Le bâtiment voyageurs de la gare de Zuydcoote accueille une pharmacie, celui de Bray-Dune une médiathèque et la gare de BrayDunes-Plage est devenue l’office de tourisme de la ville. 73


74


Bunker : la brique de la ligne Maginot, le béton du Mur de l’Atlantique.

«Crested Eagle», épave sur le rivage de Zuydcoote.

L

a Bataille des Dunes ainsi que la Première et la Seconde Guerre mondiale, ont marqué le paysage du site des dunes de Flandre. De nombreux vestiges témoignent de cette histoire, comme nous l’avons déjà vu précédemment, et aujourd’hui participent au commerce et au tourisme de mémoire des

On repère aujourd’hui que le béton a progressivement recouvert la brique, notons que la plupart des bunkers sont issus du Mur de l’Atlantique. Ces éléments démontrent l’ampleur du système de protection mis en place depuis des siècles. Le Fort des Dunes, érigé en 1874 par le Général Séré de Rivières,

villes balnéaires. Les bunkers matérialisent cette période brutale puisque certains ont traversé plusieurs évènements tragiques comme la Batterie de Zuydcoote, un ouvrage du système Séré de Rivières bâti en 1878 après le Fort des Dunes. Deux éléments caractérisent deux périodes distinctes :

a été dissimulé à l’intérieur de la dune la plus haute du domaine pour fournir une vision et une protection à 360° sur le territoire dunkerquois. Durant les deux conflits, le Fort offrait avec la Batterie de Zuydcoote une défense du littoral et profitait d’un large panorama sur la plaine flamande, de la frontière au port de Dunkerque. Les épaves de mer, quant à elles, racontent l’opération Dynamo. Une opération destinée à rembarquer les troupes alliées depuis Dunkerque vers la Grande-Bretagne en vue d’échapper aux troupes allemandes encerclant la ville. Aujourd’hui cette mémoire est mise en lumière et racontée par des associations et des passionnés qui proposent par exemple la visite des épaves en plongée ou à pied. Il suffit sinon simplement de suivre les nombreux circuits de randonnée tel que le circuit de l’hôpital maritime ou bien les musées de l’Opération Dynamo...

Patrimoine historique. Croquis des bunkers répartis sur le territoire.

1.

4.

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3.

6.

1. Batterie de Zuydcoote à Leffrinckoucke 2. Bunker à droite de l’Hôpital maritime, dans les dunes 3. Bunker dans les champs de la commune de Ghyvelde 4. Bunker au sein de la dune du Perroquet 5. Bunker sur la plage, à gauche de l’Hôpital maritime 6. Bunker au sein du camping du Perroquet

- La brique de la ligne Maginot (1928-1940), une ligne de fortifications construite par la France le long de ses frontières avec la Belgique, le Luxembourg, l’Allemagne, la Suisse et l’Italie (partiellement réutilisées par l’occupant allemand pendant la Seconde Guerre mondiale). - Le béton du mur de l’Atlantique (1941), un système de fortifications côtières, construit par les allemands pendant la Seconde Guerre mondiale le long de la côte occidentale de l’Europe et destiné à empêcher une invasion du continent par les Alliés depuis la GrandeBretagne.

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3.

76

1.

2.

4.

5.


L

e Grand Port Maritime de Dunkerque est à l’origine de l’épopée industrielle de Dunkerque. Pour les possibilités d’importation et d’exportation du port, de grandes industries ont élues domicile dans la région dunkerquoise notamment Arcelor Mittal aux abords immédiats, Toyota, La Redoute, les 3 Suisses... mais aussi une grande partie de l’industrie agroalimentaire de la région, grâce aux matières premières agricoles et à l’élaboration de produits transformés (Beghin-Say, Roquette, Lesaffre, Bonduelle...). À partir des années 1990, la volonté politique de Michel Delebarre permettra d’attirer des industries lourdes,

la conception des briques permettant la construction des bâtiments et des fours et la proximité avec la Belgique. Ainsi l’Usine des Dunes sortit de terre en 1911 avec une aciérie et un laminoir. Jusqu’à 3000 salariés y travaillèrent avant la crise sidérurgique des années 80. Aujourd’hui, l’Usine des Dunes, devenu Ascométal en 1987, fabrique des aciers spéciaux pour les réseaux ferrés, et survit péniblement avec 400 salariés. En 2017, le groupe a décidé d’arrêter l’aciérie de l’Usine des Dunes, en fin de vie industrielle et technique, pour privilégier celle de St Saulve. Le laminoir reste en fonctionnement mais

qui explique aujourd’hui la concentration exceptionnelle d’activités pétrochimiques et de sites Seveso sur le littoral nordique. Il est vrai qu’un recensement des différentes industries du territoire évoque un paysage rude, brutal, induisant d’imposantes cités ouvrières, de grandes surfaces bétonnées et des formes géométriques se détachant sur le ciel du Nord. L’Usine des Dunes est remarquable par sa taille, 100 hectares, et son imposante réputation puisqu’elle est la première usine sidérurgique du Dunkerquois. Les aciéries de Firminy (Loire), sont à l’origine de cette usine puisque la société, désireuse de s’étendre, était restreinte par son territoire encastré dans une vallée, elle dut renoncer à ce projet et se délocalisa. Leffrinckoucke était doté de nombreux atouts pour accueillir l’aciérie, notamment le coût avantageux du terrain, la présence d’un canal, un sol argileux pour

quelles échéances et quel devenir pour cette usine aux dimensions extravagantes...

Patrimoine industriel. 1. Port de Dunkerque 2. Usine des Dunes 3. Ancienne voie ferrée 4. Château d’eau de Leffrinckoucke 5. Parking devant l’Usine des Dunes

A quelques kilomètres, le château d’eau construit en 1972, mesure 12 mètres de haut avec un diamètre de 30 mètres. Au cœur de ces sujets industriels, une cité ouvrière émerge difficilement et est évidemment influencée par cet héritage industriel. Plus au nord, nous retrouvons la voie ferrée délimitant les dunes et le littoral du reste de la ville ; témoin d’un passé touristique entre la France et la Belgique mais aussi d’un approvisionnement industriel depuis et vers l’Usine des Dunes. À l’image de cette cité des Dunes, une ambiance particulière se dégage de ces ensembles avec notamment un climat bien souvent chaotique renforçant une atmosphère déjà bien affirmée, maussade, mystérieuse et désertée. 77


Ferme Duneleet, Leffrinckoucke-Village 3.

2. 1.

Bâtiment 1 : habitation en briques et tuiles Bâtiment 2 : grange en briques et tuiles Bâtiment 3 : étables et ateliers en briques Document du PLU, CUD, Recensement bâtiments agricoles de Leffrinckoucke

78


L

’agriculture représente une activité importante sur le territoire du SCoT Dunkerquois puisqu’elle exploite 70% de sa surface totale. Le paysage agricole de la plaine maritime flamande diffère de la Flandre intérieure par ses cultures, l’une s’est spécialisée dans la culture de légumineuses et de céréales (betteraves, chicorée, lin..), l’autre dans la polyculture intensive avec une part importante d’élevage de porcs et de volailles. En 2000, les céréales étaient cultivées dans 83% des exploitations et sur 41% des terres de la plaine

peu remplacée par de grands hangars agricoles, s’affranchissant de l’existant et sans cohérence avec ce patrimoine. Au sein d’un paysage si plat, horizontal, les extensions urbaines récentes et leur impact visuel imposent de nouvelles limites au territoire rural. Néanmoins, « maintenant, on retrouve l’intégration dans le paysage. On fait attention à la couleur, on met des bardages en bois. On revient peut-être à une belle architecture. Les mentalités ont évolué. Les agriculteurs ont conscience du patrimoine que ça représente»(1).

maritime flamande, notamment celle du blé, particulièrement bien adaptée aux terres de Flandre. Les cultures industrielles (la betterave, le colza, le tournesol, le soja, le lin, le chanvre, le houblon, le tabac...) constituent la deuxième grande culture traditionnelle du territoire.

Les fermes de Leffrinckoucke aux consonances flamandes illustrent mon propos et sont situées entre la frange dunaire et le canal de Furnes. «De Hofstede van Hemel», «Het Vagebier», «De Helle», respectivement la ferme du Paradis, du Purgatoire et de l’Enfer. Après les conflits mondiaux, les fermes, occupées par les soldats en déroute, ont subi de lourds dégâts avant d’être abandonnées à l’état de ruine. La ferme de « Cleene Helle », « était construite dans une architecture typique de l’avant-guerre, en brique rouge et blanche, elle avait été rachetée par la maire de Leffrinckoucke en invoquant la sauvegarde du patrimoine architectural régional. En fait, rien n’avait été fait, sauf murer les fenêtres pour éviter d’en faire un repaire de squatters » (2). Ces fermes sont encore visibles même si leur activité première a été détournée ou remplacée. D’autres affirment leur position comme la ferme du Duneleet qui cultive, transforme et vend ses produits sur place.

Patrimoine agricole. Répartition des bâtiments productifs à l’échelle de Leffrinckoucke, Maloles-Bains et Rosendaël Industries Commerces Serres Bâtiments agricoles 500 m

N

(1) «Nos belles fermes, patrimoine rural du Nord-Pas de Calais», Jean-Claude GRENIER, 2015, Société d'édition agricole et rurale, Le Syndicat Agricole (2) «Le chamelier de Leffrinckoucke», Thierry Clairiot, 2008, p.37, THIEC Editions

Au sein du paysage rural de la plaine, différents types de fermes occupent le territoire, les hofstèdes, les censes et les fermes fortifiées. À travers champs, les hofstèdes sont des bâtiments en U ou en L à cour carrée ; les censes, isolées, accueillent fréquemment en leur centre une cour fermée. Il y a les fermes fortifiées qui participaient à la protection du territoire et abritaient souvent quelques soldats. Malheureusement l’évolution de l’urbanisation n’a pas été en faveur de la préservation et de la valorisation de ce patrimoine, avec des constructions lourdes, bétonnées, écrasantes. L’architecture agricole traditionnelle a été peu à

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80


A

près une première immersion cartographique dans le territoire des dunes de Flandre, un premier constat peut être celui d’une richesse patrimoniale des lieux. Un caractère singulier se dégage de chaque station

circuler à travers l’histoire de leur région, de leur quartier ; ils apprécieraient ces espaces dans leur ensemble et seraient curieux de découvrir encore de nouvelles facettes d’un territoire autrefois malmené. Aussi, cela

balnéaire au vu de son patrimoine historique, ferroviaire, industriel, agricole et touristique sur son front de mer. Une richesse qui est parfois compliquée à valoriser sans en favoriser une par rapport à une autre, et pourtant il est véritablement question ici de mise en réseau de ces éléments patrimoniaux. Un premier enjeu serait de les donner à voir tout en incluant une problématique de préservation et d’accès au patrimoine connu et celui à découvrir. Aussi différents soient-ils, les bunkers dans les champs, les industries au cœur de la zone horticole et maraîchère et bien évidemment l’ancienne ligne de chemin de fer traversant l’ensemble des paysages concernés, sont autant de possibilités d’échanges et de dialogues entre des univers historiquement distincts.

permettrait de mettre en réseau les futurs lieux de la vie locale au vu de la réhabilitation de la cité ouvrière des dunes, des anciennes gares ferroviaires comme espaces d’arrêts d’une nouvelle mobilité, de la zone polyagricole de Rosendaël, et dans un second temps la restructuration de l’Usine des Dunes.

Conclusion.

Si les gens levaient la tête, s’ils prenaient le temps de regarder l’horizon - cadeau du «plat pays», s’ils avaient la possibilité et la facilité de

Au sein d’un territoire sanctuarisé, rangé par secteurs d’activités, il serait intéressant de réfléchir à des notions d’échanges entre les ressources locales. Il s’agirait de mettre à disposition des habitants une grande diversité de produits locaux grâce à une nouvelle forme d’agriculture urbaine, réarticuler le territoire rural et urbain pour développer des circuits courts. Cela se traduirait par un dialogue de part et d’autre du canal de Furnes, soit entre la zone horticole et maraîchère au nord et l’espace rural au sud.

81



Frontières. PorositÊs horizontales Ruptures verticales


500 m N Frontière 1820

1,9

84

km


Espaces naturels

L

a spécificité du paysage de la plaine maritime flamande est issue du système de polderisation mis en place au XVIIe siècle. Son horizontalité, la forte densité du réseau de «watergangs» (fossés) qui le sillonne, les rares évènements verticaux attirant l’attention

frontière datant de 1820. L’ensemble garde une unité forte même si les pratiques agricoles de part et d’autre de cette limite administrative ont engendré des spécificités paysagères propres à chaque pays, elles offrent aujourd’hui des ambiances singulières aux deux territoires.

(églises, fermes, moulins, bosquets et arbres isolés) se détachant de l’horizon, sont autant d’éléments caractéristiques du «plat pays». Le paysage des Moëres, au sud du canal de Furne, est organisé selon une trame orthogonale d’un réseau de « watergangs » qui limitent les «cavels» (parcelles agricoles) et les «hofstèdes» (fermes). Il s’agit d’abord d’une terre de grandes cultures céréalières et industrielles mais celles-ci régressent depuis 10 ans ; le nombre de grosses exploitations (plus de 100 hectares) a triplé au détriment des petites exploitations (moins de 50 hectares)(1). Le développement de l’agriculture intensive a fait reculer le bocage au profit des grandes cultures ouvertes. Le territoire a vu apparaître des bâtiments volumineux de stockage et d’élevage, atténuant l’héritage agricole laissé par les anciennes fermes. Les Moëres françaises sont séparées des « Moeren » belges par la limite que constitue la

Dans la partie française, les Moëres ont strictement conservé la trame mise en place au XVIIe siècle, et les «centralités» que forment les «hofstèdes» se sont renforcés par l’implantation ponctuelle de végétation. Dans la partie belge, «de Moeren» ont assoupli leur parcellaire pour permettre à l’élevage de côtoyer la culture, des alignements d’arbres longent certaines voies et certains canaux.

Porosités horizontales. Schéma de porosités dunaires et agricoles, du littoral aux polders (1) SCoT Flandre-Dunkerque Diagnostic socio-économique - Tome 1 AGUR - Avril 2004

Au même titre que ce paysage transfrontalier, les dunes créent une continuité visuelle horizontale de part et d’autre de la frontière. La traversée frontalière s’effectue aisément et presque sans s’en rendre compte au sein du territoire rural, le cordon dunaire, aussi, constitue une épaisseur continue à vol d’oiseau ; sa traversée cependant est interrompue à la frontière par un grillage délimitant un camping...

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500 m N Voie Ferrée 1848

canal de Furnes 1638 A16 1997 RD60 RD600 1978

1,7

2

86

km

-3

km


Infrastructures de transport

L

e territoire dunkerquois est maillé d’infrastructures routières nationales, départementales et locales complétées d’un canal et d’une ancienne liaison ferroviaire vers la Belgique. Le réseau, placé sous la compétence du Conseil Général du Nord est classé en trois catégories assurant chacune un rôle dans l’organisation du territoire : - Le réseau départemental structurant la communauté urbaine, - Le réseau d’accès au centre-bourg, - Le réseau de desserte locale, La RD 600 a une importance particulière au sein de ces catégories, elle a été créée à la fin des années soixante-dix pour assurer une liaison directe entre le port de Dunkerque et

permis sa réutilisation. L’utilisation fluviale du canal était très secondaire puisque inutilisable pour le réseau de grands gabarits, calibrés à 3000 tonnes. Il relie aujourd’hui visuellement les polarités touristiques à l’est avec le centre urbain dunkerquois mais n’a aucun intérêt de transport et très peu de plaisance. La réalisation de l’autoroute A16, reliant la Belgique à la région parisienne en passant par Dunkerque, a ensuite clairement renforcé la rupture entre la zone littorale urbanisée (urbaine, industrielle et portuaire) et la zone rurale. Elle délimite nettement le «maritime urbain» de la «plaine agricole», mais offre aux automobilistes un large panorama sur ces deux territoires aux caractéristiques complémentaires.

l’autoroute passant par Saint-Omer. Ce rôle lui confère ainsi une vocation nationale d’autant que l’on estime à 7 000 véhicules le trafic moyen journalier présent sur cet axe, dont 15% de poids lourds. Outre un réseau routier relativement bien développé et hiérarchisé parallèlement au littoral, ce dernier rompt aujourd’hui le territoire en épaisseurs horizontales. Les porosités est-ouest sont réelles à l’échelle de la plaine maritime flamande malgré les ruptures verticales qu’elles créent. Les voies romaines scindaient déjà le territoire avant qu’elles ne s’affirment davantage avec les infrastructures actuelles. Le canal de Furnes, creusé au XVIIe siècle, marqua une rupture au sud des dunes en faisant circuler les marchandises par voie fluviale. Construit dans un espace sans frontière et fermé en 1713 après la mise en place de la frontière ; les guerres napoléoniennes et le rattachement de la France aux Pays-Bas ont

Ces réseaux de communication ont structuré fonctionnellement le territoire tout en le morcelant et en créant des ruptures dans l’homogénéité de certains ensembles paysagers. Ils ont engendré de ce fait d’autres entités plus artificielles. Sous un autre aspect, les infrastructures routières et ferroviaires, jouant un rôle essentiel dans la découverte et la perception des paysages, ont créé un nouveau moyen d’appréhender et d’apprécier le paysage traversé. Cela est d’autant plus vrai que l’ancienne voie ferrée, contrairement aux infrastructures routières, offre des arrêts favorisant la lecture des différentes paysages. Aujourd’hui la desserte automobile est indispensable, il faudrait dorénavant réfléchir à une mutualisation ou à une plus grande offre de mobilités douces entre Dunkerque et la Belgique mais aussi plus localement à l’échelle des communes.

Porosités horizontales. Schéma de porosités des mobilités ferroviaires, routières et fluviale

87


88


Chemin de fer

1848

Chemin de fer Dunkerque-Arras mis en place, favorisant le développement de la ville et du port. Création chemin de fer des

1868 Dunes (Dunkerque-Furnes). 1958

Plus de service voyageurs jusqu’à La Panne.

L

e chemin de fer a permis à Dunkerque de se développer considérablement et de se tourner vers le marché européen. L’arrêt de son activité alors qu’il avait fonctionné à

à Adinkerque, quand il faut 15 minutes en voiture. À ce sujet, Dunkerque a su se montrer innovante en rendant le réseau de bus gratuit pour tous, les week-end en septembre 2017

plein régime de 1870 à 1958 a eu la lourde conséquence d’isoler encore davantage la région. Un tramway a aussi longtemps circulé à Dunkerque. Le conseil municipal dunkerquois demanda au gouvernement en 1873 l’implantation d’un réseau de tramway, il fallut attendre 1903 pour que le tramway électrique soit mis en service entre la gare de Dunkerque et Rosendaël, puis, peu après, jusqu'à MaloTerminus. Après la Seconde Guerre mondiale, seule cette dernière ligne sur les cinq du réseau est sommairement reconstruite. Elle est remise en service de 1947 à 1952, année où elle est remplacée par des autobus, qui avaient commencé à circuler dès 1925 dans l’agglomération. Aujourd’hui le bus est le seul transport en commun de la communauté urbaine, avec une heure de trajet pour relier La Panne depuis Dunkerque en comptant un changement

et entièrement gratuit en septembre 2018. Cela fera de Dunkerque la plus grande agglomération d’Europe de transport collectif en bus gratuit.

Porosités horizontales. 1969

Plus de service voyageurs jusqu’à Bray-Dunes.

1989

La ligne est de nouveau ouverte au service voyageurs (Dunkerque De Panne) uniquement en été, les samedis, dimanches et jours fériés.

1992 Plus de trafic voyageurs. 2002

Arrêt du trafic fret jusqu’à l’Usine des Dunes.

Réouverture saisonnière de la liaison Dunkerque-La Panne en 1990. Page Facebook : «Réouverture ligne Dunkerque-Adinkerke/Vernieuwing van de treinlijn»

Afin de revaloriser cette voie de chemin de fer à l’abandon, le projet d’une Véloroute a été annoncé avec l’Opération Grand Site lancée en 2012. Fin 2017, une portion de 2,7 km était déjà sortie de terre à côté des rails de l’ancienne voie ferrée, de Rosendaël à Leffrinckoucke. Certains expriment aussi l’idée d’implanter un tram-train entre Dunkerque et Adinkerque pour les voyageurs mais aussi pour les marchandises afin que Dunkerque ait un lien direct avec l’Europe de l’Est. Cette dernière hypothèse contribuerait sans nul doute à une redynamisation économique et touristique de la ville, mais elle engendrerait un coût non négligeable car les rails devraient être changés, la voie électrifiée, les haltes réhabilitées... 89


9*

5* 15* 1*

4* 19*

5*

21*

Batterie de Zuydcoote

4*

Chemin de fer

Massif dunaire

CitĂŠ des dunes

6*

Canal de Furnes

Zone horticole

Aire d’accueil des gens du voyage

Jardins de Cocagne

7*

Z.A. Du Fort

15*

Plage

3*

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A16

Plaine agricole 50 m 50 m

90


100

0

Sables (Flandrien) Argiles des Flandre

-100

Sables et Grès d’Ostricourt Argile de Louvil et tuffeau

-200

Craie blanche et grise Marnes crayeuses Craie marneuse

-300

Schistes

-400

interstices. Coupe géologique régionale (J. BECKELYNCK, 1981)

Relief

Relief de Malo-les-Bains à la frontière, courbe de niveau tous les mètres.

L

N

1 km

500 m Altitude

+ _

N

Relief sur une frange leffrinckouckoise, du littoral à l’autoroute courbe de niveau tous les mètres.

’une des caractéristiques essentielles de la plaine maritime flamande est son relief peu marqué qui crée un paysage très horizontal de plaine, ouvert aux vents avec une côte moyenne de +2.00m au dessus du niveau de la mer. Le secteur des Moëres est d’ailleurs situé sous le niveau de la mer (0 à -2,5 m). Les dunes de Flandre, atteignant localement 25 mètres d’altitude, et les aménagements humains (digues) protègent les polders des intrusions marines. D’un point de vue géologique, ces dunes sont constituées de sables du Flandrien supérieur, c’est à dire de sols peu évolués, sableux, calcaires sur une roche mère appelée Régosol sableux, calciques, de dunes littorales. Les cordons littoraux récents sont, pour certains, encore en voie d’édification, même si ils tendent à régresser par érosion marine. La plaine maritime

flamande est couverte d’une couche de un à trois mètres de sédiments sableux, limoneux ou argileux déposés lors de la transgression marine du Flandrien supérieur, datant de l’époque romaine et du Moyen-Âge. Il s’agit de sols alluviaux calcaires limino-argileux à argilolimoneux et sable. Derrière l’aspect scientifique, le relief est au carrefour des ruptures et des porosités, des paysages horizontaux et verticaux rencontrés. On le rencontre sous son profil le plus élevé le long du littoral sous forme dunaire. Il crée alors un pont nord-sud entre le domaine maritime et la plaine agricole ; et une épaisseur, à l’origine continue est-ouest, de Malo-les-Bains à La Panne. Une épaisseur aujourd’hui discontinue, à cause de l’urbanisation, qu’il faut consolider, préserver, affirmer et valoriser. 91


500 m N

92

Communes

industries

Patrimoine

Malo-les-Bains 1858

Usine des Dunes 1910

Fort des Dunes 1878


Ruptures verticales. Schéma des ruptures territoriales causées par l’implantation urbaine, industrielle et historique.

Constructions et urbanisation

L

’implantation urbaine associée à l’implantation industrielle constituent de réelles ruptures dans le paysage et notamment dans le cordon dunaire. L’homme s’est en effet approprié l’espace naturel pour construire sur, sous et aux abords les plus proches des monts sableux. Nous l’avons vu les dunes étaient avant tout un système défensif et de protection que les briques puis le béton sont venus renforcer. Ensuite le port et le maillage industriel se sont développés pour venir s’implanter dans les campagnes, au sud des dunes, autour du canal de Furnes. Un bâti industriel conséquent

quand nous voyons la surface que constitue l’Usine des Dunes. Aujourd’hui les villes créent des lanières verticales dans les dunes à l’image de Malo-les-Bains et Zudcoote, qui ouvrent davantage les horizons depuis et vers le littoral. L’achat d’une partie des dunes de Dunkerque par Gaspard Malo comme terrains à bâtir et future station balnéaire, en est l’exemple le plus parlant. L’urbanisation est littéralement venue grignoter et remplacer une partie du cordon dunaire. Le dessin urbain vertical est plus net à Zuydcoote, où l’épaisseur de la ville se détache clairement des monts sableux.

93


500 m N

Camping du Perroquet 1950 Première Êchoppe de tabac - Adinkerque 1993

94


Affirmation de la frontière

E

n 1950, à l’est de Bray-Dunes, le long de la frontière franco-belge, est créé le camping du Perroquet, un des plus grands d’Europe,

Dunkerque, 18 campings accueillent les touristes sur le front de mer, au cœur des polders, à l’arrière des dunes. La répartition

dans la dune du même nom protégée depuis 1985 par le Conservatoire du Littoral. Il s’agit d’un camping familial privé de 30 hectares disposant de 856 emplacements au cœur d’un espace protégé de 260 hectares.

géographique des campings de la CUD est cependant inégale avec une concentration de l’offre à l’est du territoire. La commune de Bray-Dunes rassemble à elle seule 40 % des emplacements de la CUD.

Aujourd’hui le camping fait frontière et est propriétaire d’un linéaire allant de la plage au nord jusqu’à la route départementale au sud. Il constitue aujourd’hui l’infrastructure touristique apportant le plus de nuisances sur l’espace naturel à cause la surfréquentation ou du piétinement qu’il induit dans les dunes. Aussi, il inquiète les services de l’état à cause de son extension grandissante puisque le camping, en site classé, développe illégalement son implantation de HLL (Habitations Légères de Loisirs). En plus du grillage longeant le camping à la frontière, celle-ci est aussi confortée par une piste équestre elle-même grillagée. Au sein de la Communauté Urbaine de

L’offre touristique française accolée à la frontière peine à trouver un équilibre avec l’offre commerciale que propose la Belgique. En effet on trouve aujourd’hui 30 échoppes de tabac, d’alcool de la frontière belge à Adinkerque, contre un bureau de tabac à Bray-Dunes. La première échoppe s’implante à la frontière en 1993, dorénavant une navette gratuite achemine les britanniques depuis l’Eurotunel jusqu’à Adinkerque, commune belge la plus proche du tunnel sous la Manche. Globalement, la région dunkerquoise ne représente qu’un lieu de transit pour rejoindre la Belgique.

Ruptures verticales. Schéma des services de chaque côté de la frontière, affirmant la condition frontalière.

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500 m N

Gestion Belge Gestion Franรงaise 6

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France/Belgique

L

a première différence entre les deux pays est le passage d’une langue à une autre. Les panneaux d’indication nous signale le franchissement de la frontière. À un autre égard, la gestion de l’espace naturel, et plus précisément du cordon dunaire, est bien éloignée d’un pays à l’autre. Et ce, même si cet espace se situe à cheval sur une ligne, en continuité d’un état à un autre. La réserve naturelle du Westhoek est ceinturée d’un grillage pour empêcher les allées et venues intempestives, seuls trois sentiers, équestre, piéton et cyclable, sont dessinés à travers la

libre avec moins d’entraves. Sous un autre aspect les français fréquentent de plus en plus le territoire voisin, et ce pour plusieurs raisons : - La fiscalité favorable aux filiales d’entreprises étrangères, - Les salaires plus élevés, - Un meilleur système éducatif. Le travailleur frontalier est majoritairement masculin (74%), ouvrier, faiblement diplômé, ayant entre 30 et 59 ans (1). Les emplois proposés en Belgique sont majoritairement issus de l’industrie.

dune. La canalisation des flux est contrôlée pour préserver l’espace naturel, contrôlée mais autorisée ! Contrairement aux dunes françaises où la promenade équestre et cyclable est interdite dans les dunes tout comme l’usage de sentiers non balisés. Une véritable opposition est soulevée, mais finalement la restriction partielle et l’autorisation contrôlée de la Belgique n’est-elle pas plus appréciable que l’interdiction formelle française? Les restrictions du Conservatoire du Littoral vont à l’encontre des politiques de développement durable pour l’essor des mobilités douces, puisque rejoindre aisément les dunes à cheval ou en vélo éviterait certainement de devoir se garer en voiture à proximité pour pouvoir s’y aventurer à pied. L’atmosphère très cadrée du Westhoek est cependant en faveur du tourisme de nature français puisque les Belges disent préférer un espace sauvage, où la déambulation est plus

De plus, le taux de chômage de longue durée est toujours plus élevé dans le Nord-Pas-deCalais (5,8%) (un taux supérieure à la moyenne nationale et européenne), qu’en Flandre Occidentale (1,4%) (2). Le chômage en Flandre Occidentale touche moins les femmes au vu de l’activité touristique développée sur la côte.

Ruptures verticales. Schéma des différences entre les deux pays renforçant cette notion de rupture (1) INSEE 2014 (2) EUROSTAT 2010

Ces rapports entre les deux pays démontrent l’attrait belge, il est nécessaire aujourd’hui de faire valoir les atouts français. Plutôt que de s’inspirer de la réussite belge sur les plans touristiques et commerciaux et de la reproduire ; il est préférable d’affirmer les singularités du dunkerquois, son patrimoine, son architecture vernaculaire et ses qualités paysagères. Contrairement à son voisin belge, le territoire des dunes de Flandre a choisi de développer son activité touristique à l’intérieur de son espace naturel et non pas à côté comme à La Panne, un espace donc à promouvoir. 97


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Ruptures et porosités. Schéma du morcellement territorial dû à l’implantation urbaine et d’infrastructures de transport et touristiques. 1 km (1) «Avant-projet de rénovation de la Ferme Nord (...)», Rapport CGEDD n°009674-02, Jean-Luc CABRIT, MEDDE, CGEDD Avril 2015

Fragmentation des paysages

L

’industrialisation, l’artificialisation du front de mer et le développement de l’étalement urbain ont provoqué la disparition d’un tiers de la Surface Agricole Utile en 20 ans et de 80% des massifs dunaires en 40 ans.

balade motorisée, stationnement illégal,...) engendre dégradations, érosion des sols, incendies, destruction d’espèces protégées... La fréquentation des espaces dunaires est estimée à 500 000 visiteurs par an.

Les campings sont de véritables institutions populaires qu’il n’a pas été possible de déplacer hors du site au cours des quarante dernières années. Ils se sont «renforcés» souvent illégalement avec le développement de l’Habitat Léger de Loisir (mobil-homes) au détriment des campeurs occasionnels, favorisant parfois le camping sauvage dans les dunes. De plus cette pression causée par les activités de loisirs divers (baignade, randonnée,

L’urbanisation linéaire continue depuis la Belgique s’est développée entre le cordon dunaire et l’arrière-pays et le recul du trait de côte commence à se faire sentir. Un recul, dont la vitesse moyenne depuis 30 ans a pu être estimée à un mètre par an, soit 60 mètres de recul pour la dune Dewulf à Leffrinckoucke, 50 mètres pour la dune Marchand entre Zuydcoote et Bray-Dunes et 10 mètres pour la dune du Perroquet à l’est de Bray-dunes (1).

99


Altitude

+ _

Hautes mers Basses mers Tronçons ou points d’eau

100

Blé tendre Gel (surfaces gelées sans productions) Fourrage Estives et landes Prairies permanentes Prairies temporaires Maïs, grain et ensilage Vergers Cultures industrielles Orge Autres céréales Colza Protéagineux Oléagineux Vergers


Hydrologie

L

’omniprésence de l’eau figure parmi les grandes caractéristiques physiques de la région dunkerquoise notamment à travers le réseau hydrographique dense des polders. Les wateringues, au cours généralement sinueux ou orthogonaux comme au sud du territoire, dans les Moëres, correspondent en général à d’anciens chenaux maritimes naturels. Cette caractéristique hydraulique est aussi au centre d’un grand nombre de préoccupations :

Interstices. Place de l’eau dans le paysage urbain, dunaire et agricole. BD TOPO® de l’IGN 1 km

N

- La CUD est dépendante d’autres territoires pour son alimentation en eau potable et donc ne dispose pas de ressources en eau de bonne qualité pour l’alimentation humaine. - Une grande partie du territoire se situe sous le niveau des hautes mers et est drainé par les wateringues. Ce système, parfois devenu obsolète, présente des signes d’altération. - Le système d’alimentation en eau industrielle, à partir d’eau de surface, mis en place il y’a 30 ans, pourrait atteindre ses limites. Cela va à l’encontre du principal objectif de la communauté urbaine qu’est le développement du port et de la grande industrie. En effet, ce dernier point est particulièrement marquant sur le territoire puisque certaines entreprises, non desservies par le réseau d’eau industrielle, se sont dotées de leurs propres installations de forage et exploitent la nappe

de Flandre maritime. C’est par exemple le cas pour l’Usine des Dunes, à Leffrinckoucke, qui s’alimente dans l’aquifère du massif dunaire. Face à l’augmentation des coûts, certains industriels envisagent également la création de forages profonds (sous l’argile des Flandres). Aussi, des puits et forages individuels sont creusés dans la plaine, dans les sables recouvrant l’argile des Flandre, pour l’activité de maraîchage et l’agriculture.

L’eau retirée sert à l’arrosage des cultures, et à l’usage domestique chez les particuliers. Ces prélèvements dans la nappe superficielle pourraient avoir une influence sur les hauteurs d’eau dans les dépressions dunaires si les liens entre les différentes nappes étaient avérés. La partie terrestre des dunes de Flandre est donc marquée par l’absence d’eau courante mais l’eau y est tout de même présente sous forme de pannes et de mares plus ou moins temporaires, liées aux remontées de nappes. Nous l’observons clairement, l’eau est intimement liée à l’implantation de l’homme et des activités sur le territoire. Elle se situe de part et d’autre du cordon dunaire mais sous une nature différente, quand l’homme a préféré s’installer dans la continuité de cette épaisseur dégageant de l’espace aux cours d’eau et donc à l’activité agricole.

101


102


Conclusion.

R

uptures, porosités et interstices sont le credo de ce territoire qui s’est formé au fil des conquêtes de l’homme sur l’espace naturel. Il a sculpté un territoire de polders sous le niveau de la mer, bordé le cordon dunaire au sud à l’est et à l’ouest. Il s’est d’ailleurs largement appuyé sur l’orientation longitudinale des dunes pour y adosser les infrastructures de transport et créer donc ces porosités horizontales. Longueurs horizontales altérant les continuités verticales nord-sud puisque, le relief en est témoin, les paysages se sont affirmés les uns par rapport aux autres en fonction de ces tracés longitudinaux. Nous percevons aujourd’hui parfaitement du nord au sud, une épaisseur littorale et dunaire, une épaisseur urbaine, une épaisseur productive (horticole, maraîchère et industrielle) et enfin une épaisseur agricole. Des franges paysagères respectivement séparées par une voie ferrée, deux routes départementales, un canal et une

autoroute. L’organisation du territoire n’est pas liée qu’au monde réglé de l’homme, elle est également liée à la géologie, à la géographie et à l’hydrologie. Elle induit la prise en considération de liens invisibles, sous-entendus par les ruptures et les porosités du site. Il s’agit de systèmes médians, d’un entre-deux qui se joue de l’horizontalité et de la verticalité, exploité par l’agriculture ou de façon détournée par les industries et les habitants eux-mêmes. Ces éléments font partie intégrante du site et sont particulièrement bien représentés à Leffrinckoucke, la seule commune ayant une partie de son territoire en dessous du canal de Furnes. Leffrinckoucke dispose de l’ensemble des paysages cités précédemment, et donc d’autant de problématiques liées à cette richesse puisque aujourd’hui c’est la mise en réseau de ces unités paysagères qui est questionnée. 103



Rencontres.


WVI

CUD

SCOT

Financement U.E.

re

Finance

Finance

U.E.

Propose des actions

Finance

Véloroute

Programme LIFE + Nature

2020

Opération

RFF

Attribut Participe

SIDF

Conservatoire du Littoral Propriétaire

Bancs de Flandre

ÉTAT

Tutelle

Collaborent

Réalise

CPIE Éduque

GECT

AGUR

Département du Nord Gestionnaire

+

DREAL Responsable

Dunes de la Plaine Maritime Flamande

Natura 2000

Opérateur associé

Opérateur AF3V

CRPMEM

SDDHA

Communes

Maison De l’Environnement

...

Infrastructures touristiques

Associa

tions

FIL Fabrique Verte

Préservation 106

GPMD

Infrastructures routières/ferrées

Campings

Habitants Mer et Rencontres

?

Professionnels du tourisme

Salariés

Développement


D

eux grands projets sont aujourd’hui au cœur des préoccupations environnementales pour la préservation mais aussi la valorisation du site des dunes de Flandre. Les projets «Grand Site de France» et «LIFE+Nature» - L’Instrument Financier pour l’Environnement, font écho au GECT - Groupement Européen de Coopération

C’est en 2012 que le CPIE lança une démarche vers l’Opération Grand Site de France avant que le SIDF - Syndicat Intercommunal des Dunes de Flandre - prenne la suite du dossier pour en devenir porteur de 2013 à 2014. Pour des raisons financières et de politique locale, la CUD a repris en main le projet depuis 2015. Ces deux grands projets de protection

Transfrontalière - qui favorise les échanges entre les deux pays. Le schéma ci contre s’appuie sur les acteurs clés de la démarche Grand Site pour cibler les autres gestionnaires rayonnant autour de cet intérêt commun. Le propriétaire des dunes de Flandre, le Conservatoire du Littoral, délègue la gestion du site au service Espaces Naturels Sensibles du Département du Nord. Ce sont les gardes du littoral, personnels du Département du Nord, qui en assurent la surveillance et l’entretien. En collaboration avec le CPIE Flandre Maritime, Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement, ils mènent auprès du grand public des actions de sensibilisation et d’éducation à l’environnement.

environnementale visent avant tout la préservation des dunes de Flandre. Des dunes protégées depuis près d’un demi-siècle en raison d’une évolution rapide et non maîtrisée. À l’échelle des acteurs locaux, une rupture s’opère entre les partisans de la préservation du territoire et ceux en faveur de son développement. Effectivement les habitants et membres d’associations en faveur du développement durable, de la préservation de leur territoire vont parfois à l’encontre de la volonté de développement, touristique par exemple, des communes et des organismes privés. Le Grand Port Maritime de Dunkerque (GPMD) affirme son désir d’extension quand les associations défendent leur territoire de l’invasion industrielle. Quelques relations transversales existent afin d’inculquer aux grandes entreprises la notion de préservation, à l’image du GPMD : opérateur principale des Bancs de Flandre, zone Natura 2000.

Gestion du territoire. Schéma des acteurs du territoire autour de l’Opération Grand Site de France.

Acronymes (non définis): DREAL : Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement AGUR : Agence d’Urbanisme de la Région Flandre-Dunkerque SCOT : Schéma de Cohérence Territoriale U.E. : Union Européenne RFF : Réseau Ferré de France CRPMEM : Comité Régional des Pêches Maritimes et des Elevages Marins GPMD : Grand Port Maritime de Dunkerque SDDHA : Société Dunkerquoise d’Histoire et d’Archéologie AF3V : Association Française des Véloroutes et Voies Vertes FIL : Fabriques d’Initiatives Locales

Le peu d’acteurs interagissant sur le territoire à l’échelle de la gouvernance permet d’éviter des incohérences de gestion et des conflits d’usages.

107


108

1.

2.

3.

4.


100 86,2%

50

5.

0

50% 40%

7% 3% 1937

1955

Évolution de la surface occupée par les milieux naturels dans la Dune Dewulf (en %). Sources : ALFA Environnement

1971

1990

2005

7,4% 3,7% 2,7% 2012

Dune blanche Dune grise Dune à fourrés et boisées Dépression humide (mares, pannes)

évolution dunaire. Évolution de 1937 à 2009 de la Dune Dewulf par la comparaison de photographie aérienne. 500 m

N

Photographie aérienne de 1937 (1): La photographie montre que la dune Dewulf forme un massif dunaire largement dominé par le sable nu avec quelques fourrés sur la partie ouest. L’hôpital Maritime, à l’époque sanatorium, ainsi que la Ferme Nord sont déjà présents.

Photographie aérienne de 1949 (2): La photographie montre que le massif dunaire est toujours dominé par le sable et bien plus qu’en 1937. On y devine également les blockhaus de la batterie de Zuydcoote. Sur la commune de Leffrinckoucke, il n’existe encore que très peu de constructions en front de mer.

Photographie aérienne de 1974 (3): L’Usine des Dunes a atteint sa taille actuelle et l’urbanisation de Leffrinckoucke s’est largement

étendue jusqu’au front de mer. Un lotissement est en cours de construction au sud du massif dunaire, accolé à la cité ouvrière existante. Les zones sableuses nues se font de plus en plus rares sur le massif dunaire.

Photographie aérienne de 1982 (4): Le lotissement à l’est du Fort des Dunes, rejoignant la cité ouvrière, a atteint sa taille actuelle. La végétation a encore progressé sur la dune tout comme le boisement au sud du massif.

Photographie aérienne de 2009 (5): Les fourrés dunaires sont toujours très abondants sur le massif. Les zones de sable nu ont quasiment disparu et sont localisées principalement en front de mer et sur la partie ouest de la Dune Dewulf. La dernière dune blanche qui menaçait la voie ferrée est à présent fixée et végétalisée. 109


Leffrinckoucke

Ghyvelde

Zuydcoote

7,3 km 2

16,5 km 2

2,6 km 2

71,92%

23,93%

4,15%

22,85%

3,36%

3,69%

Part de la surface communale au sein de la dune Dewulf

Part de la surface de la dune Dewulf au sein de la commune 110


L

e risque d’érosion est très net sur le rivage dunkerquois depuis les années 1970 de Dunkerque à la frontière belge. Néanmoins, depuis le début des années 2000, l’avant-dune se reconstitue avec une certaine résilience à travers le rétablissement des conditions initiales. Quatre éléments anthropiques s’ajoutent aux causes naturelles qui provoquent le phénomène d’érosion : - La présence du Grand Port Maritime de Dunkerque et ses ouvrages portuaires qui perturbent le transit sédimentaire d’ouest en est,

essentiellement), Leffrinckoucke, Zuydcoote et Bray-Dunes entre autres. - Le risque de submersion, un Plan de Prévention des Risques Littoraux (PPRL) de Dunkerque à Bray-Dunes a été prescrit pour ces mêmes communes, par arrêté préfectoral du 14 septembre 2011. - Le risque engin de guerre, les vestiges de guerre constituent dans le département du Nord une menace constante. La quasi totalité de la communauté urbaine de Dunkerque est concernée par ce risque. Une attention particulière doit être apportée lors de tout chantier, sur la découverte de ces engins de guerre si ils n’ont pas explosés.

Un territoire soumis aux risques. Périmètre de la dune Dewulf Dune Dewulf Contexte Limites communales 500 m

N

Rapport Communes / Espace Naturel Sensible (en %)

- La présence d’une longue digue-promenade de Malo-les-Bains à Leffrinckoucke stoppant le mouvement naturel de la dune, - L’urbanisation qui compromet l’équilibre sédimentaire naturel entre la plage et les dunes embryonnaires (bordières) ; - La fréquentation excessive des dunes embryonnaires, le piétinement contribuant à la disparition du couvert végétal, et à la création d’espace «à découvert» accélérant l’altération de ces dunes. Nous identifions également trois risques majeurs indiquant la fragilité du territoire : - La rupture de digue, Leffrinckoucke et Zuydcoote ont été identifiées dans ce risque concernant la digue Tixier (digue à l’est de Malo-les-Bains ayant subit plusieurs ruptures suite aux tempêtes). La rupture de cette digue risque de provoquer des inondations dans les communes de Dunkerque (Rosendaël

La part d’urbanisation au sein des espaces dunaire est significative lorsqu’il s’agit de la préservation de ces milieux. La dune Dewulf, s’étendant d’est en ouest sur 2400 mètres (nord-est - sud-ouest), s’insère entre le camping «Mer et vacances» de la commune de Leffrinckoucke à l’ouest, jusqu’à l’aile gauche de l’Hôpital maritime à l’est. L’ancienne voie ferrée constitue la majeure partie de sa limite sud hormis une poche autour du Fort des Dunes. La part d’urbanisation au sein de ces sites est bien supérieure à celle des espaces dunaires, qui constituent des espaces moins représentés à préserver. Qui plus est, les communes de Leffrinckoucke et Zuydccote présentent une densité de population très élevée, avec respectivement 620 et 647 habitants/km², quand la densité régionale est égale à 324 habitants/km² et la densité nationale égale à 115 habitants/km².

111


Dune Dewulf

Dune Marchand

Dune Ghyvelde

50 ans d’actions 1972 Site inscrit

1974

1978 Site classé

Création du Syndicat Intercommunal du Littoral Est.

1980

1983 112

La CUD cède le site au Conservatoire du Littoral

Dunes de Flandre Maritime

Création de la Réserve Naturelle de la Dune Marchand

Dune du Perroquet

2010

Lauréat du concours «European Destinations of ExcelleNce» Tourisme et espaces aquatiques Classement Natura 2000 - Zone de Protection Spéciale, Directive «Oiseaux» des bancs de Flandre Classement Z.N.I.E.F.F.

2007 de la dune Marchand

2012

Lancement de l’Opération Grand Site

Classement Natura 2000 - Zone Spéciale

2002 de Conservation, Directive «Habitat» des dunes de la plaine maritime flamande

Lancement

2013 du projet

LIFE+Nature Le S.I.L.E. devient le Syndicat

1996 Intercommunal des Dunes de Flandre


I

nterface entre la mer et l’arrière pays littoral, le site des dunes de Flandre constitue

et vieille de 5000 ans, elle marque l’ancien rivage littoral). Nous l’avons vu les dunes

La protection du paysage. Situation des Espaces Naturels Sensibles de Dunkerque à la frontière franco-belge. 1 km

N

Chronologie des actions en faveur de la protection du site des dunes de Flandre.

le dernier espace naturel du littoral du département du Nord. Durant le XXe siècle, des deux côtés de la frontière le paysage dunaire fut fortement fragmenté et dégradé par l’urbanisation, l’extraction d’eau de la nappe phréatique et l’intensification de l’agriculture entre les dunes et les polders. À ces raisons anthropiques s’ajoutent une fréquentation récréative excessive, la fixation par plantations des dunes mobiles, l’invasion par des espèces exotiques, et l’extinction de l’agropastoralisme traditionnel dans le site des dunes aboutissant à l’embroussaillement du paysage dunaire. Aujourd’hui la Dune Dewulf s’étend sur 231 hectares, la Dune Marchand sur 113 hectares, dont 83 sont classés Réserve Naturelle Nationale, la Dune du Perroquet sur 180,2 hectares, et la Dune fossile de Ghyvelde sur 194 hectares (parallèle, à 3 km de la côte

flamandes recèlent un patrimoine écologique et paysager remarquable. Ainsi, les dunes flamandes abritent des espèces et des habitats déterminants de Z.N.I.E.F.F. (Zones Naturelles d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique) de type 1 (secteurs de grand intérêt biologique ou écologique), d’intérêt communautaire au regard de la Directive «Habitats Faune Flore» de 1992, et patrimoniaux. Le paysage de la mer du Nord est également sur le parcours de nombreux oiseaux migrateurs. Ces différentes richesses écologiques et paysagères leur ont valu d’être classées en site Natura 2000, Site Classé et Inscrit au titre des paysages pittoresques. Afin d’appréhender la potentielle destruction de ce patrimoine, deux réserves naturelles ont été créées : la dune Marchand en France et le Westhoek en Belgique.

113


résultats

Coût envisagé

Opérations

Objectifs

Chronologie des actions

114

Temps 1

Temps 2

Temps 3

Temps 4

Temps 5

DÉBROUSSAILLAGE

MARE/ABREUVOIR

CLÔTURE

PÂTURAGE

ACCUEIL

Favoriser les milieux ouverts (xérophiles, humides) et leurs espèces associées.

Favoriser les milieux ouverts (...) + Maintenir et restaurer des sites de reproduction favorables aux amphibiens.

Favoriser les milieux ouverts (...) + Harmoniser fréquentation, usages et préservation du milieu. Assurer la protection des biens et des personnes dans le respect du patrimoine naturel.

Favoriser les milieux ouverts (...)

Harmoniser la fréquentation et les usages avec la préservation des milieux. Assurer un équilibre entre accueil du public et respect des milieux naturels. Développer la pédagogie et la sensibilisation à l’environnement.

Débroussaillage mécanique Creusement d’une mare pour rouvrir les fourrés denses permettant d’avoir de l’eau en (zones de pâturage). permanence Exportation des produits hors (1,5 m x 30 m2). Matériaux site. Maintenir et restaurer déterrés à évacuer ou à la dynamique éolienne pour stocker en s’assurant qu’ils permettre la formation et le ne s’écoulent à nouveau vers maintien des dunes mobiles une mare. à Oyats.

Mise en place d’enclos de pâturage ovin/caprin + Plantations d’oyats, installation de ganivelles près des zones bâties – non en zone “naturelle”.

Surveillance du bétail et des obligations sanitaires ; suivi de la pression de pâturage et des clôtures.

Profiter du débroussaillage pour une ouverture dans les fourrés. Mise en place d’un dispositif permettant de concilier accueil du public et contention du bétail (chicanes, clôtures par exemple). Améliorer la visibilité du site.

Assurer la préservation de la végétation des dunes grises et de la végétation des milieux humides herbacées d’intérêts patrimoniaux.

400 000 €/intervention

35 000 €

170 000 €

Accroissement des surfaces des milieux ouverts.

Restaurer des milieux aquatiques pérennes ou temporaires favorables à la reproduction de la faune et la flore aquatique. Entretien de la diversité floristique dans les zones de pâturage.

Restauration d’une végétation plus ouvertes. Apparition d’espèces patrimoniales, régression des formations arbustives denses. Limiter les stabilisations de sable en laissant les autres espaces évoluer librement.

Surveillance faunistique

Ajuster l’étalement du pâturage afin de limiter les risques de surou sous-pâturage. En fonction, les animaux sont déplacés d’un enclos à l’autre. Assurer le bon état sanitaire des animaux.

1500 €/ chicane

Création d’un enclos sans provoquer l’interruption de la boucle des sentiers botaniques.


À

partir du recensement de certains espaces naturels nécessitant une protection, nous pouvons relever différents facteurs influençant la gestion du territoire. En effet celle-ci est dépendante de facteurs naturels, que ce soit l’embroussaillement, l’eutrophisation, la

Les opérations sont organisées selon un classement : - Police de la nature, - Suivi, études, inventaires, - Travaux uniques, équipements, - Travaux d’entretien, maintenance,

dynamique morphologique des sédiments dunaires ; ou de facteurs anthropiques liées aux activités balnéaires, à la propreté des plages, à la fréquentation excessive, à l’introduction d’espèces végétales et animales invasives (Tortue de Floride, poissons), à la variation des niveaux d’eau (nappe d’eau douce)...

- Pédagogie, informations, animations, éditions, - Gestion administrative.

Actions, objectifs et opérations. Objectifs, opérations et résultats de différents types de gestions réalisées par le Département du Nord et des entreprises spécialisées.

Suite au relevé de ces enjeux concernant la faune et la flore et la conservation de la nature par rapport aux enjeux socio-économiques, le Conservatoire du Littoral, le bureau d’étude Alfa et le Département du Nord, ont défini des stratégies opérationnelles à l’échelle du cordon dunaire. Les opérations mises en place correspondent à différentes types de gestion selon le Guide méthodologique des plans de gestion des réserves naturelles.

La mise en place du pâturage est l’une des plus importantes prescriptions faites par le Conservatoire du Littoral, elle a permis à certaines espèces rares de réapparaître. La réouverture d’un milieu offre la possibilité de voir revenir le lapin sur la zone (encore présent sur la dune Ghyvelde) mais ce type de «pâturage sauvage» est difficilement contrôlable. Sur les dunes, la trop forte présence de lapins peut provoquer des dégâts avec la création de terriers ; et le broutage, créer une érosion forte sur ces grandes surfaces de sable nu. Au vu des spécificités propres à chaque herbivores et leur complémentarité, l’association de bétails est préconisée puisque le mélange de bétails favorise l’augmentation de la biodiversité. 115


Préserver et valoriser les vestiges militaires, faire valoir les liens entre espaces naturels et urbains. Favoriser les mobilités douces pour un meilleur accueil du public au sein d’un espace préservé, à l’image du projet de véloroute. Allier découverte des paysages et de la culture flamande.

Reconnaître le partenariat engagé entre la France et la Belgique pour le soutien à la restauration écologique et paysagère des dunes. Requalifier les reliquats de cordons dunaires laissés au bon vouloir des habitants, occupants, passants, afin que le Conservatoire du Littoral en prenne possession.

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dre

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116

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D

eux grands projets répondent aux préoccupations environnementales citées précédemment, une prochaine labellisation Grand Site de France et un projet LIFE+Nature.

Programme LIFE + Nature Trois partenaires se sont associés pour ce programme sur une durée de 5 ans, de septembre 2013 à septembre 2018 (repoussé à 2020): l’Agence Nature et Forêts de la région flamande (Belgique), le Conservatoire du Littoral et le Département du Nord (France).

questionner des problématiques d’accueil du public, de restauration et d’entretien des sites classés soumis à une forte fréquentation. Dans le cas des dunes de Flandre, l’objectif est d’améliorer la qualité de l’accueil du public par la mise en valeur du patrimoine naturel et historique militaire. Cela pourrait développer l’attractivité des lieux et susciter des retombées économiques plus importantes sur ce littoral. Le titre signifie qu’«un Grand Site est un territoire remarquable pour ses qualités paysagères, naturelles et culturelles, dont la dimension nationale est reconnue par

DÉMARCHES territoriales. Périmètres des deux projets sur le territoire et leurs enjeux majeurs. 2 km

N

Grand Site de France LIFE +Nature Frontière

L’objectif vise à l’optimisation de la gestion des dunes entre Dunkerque et Westende (Belgique), ainsi qu’à la restauration de ces milieux dunaires. Sont concernés, en France, les Espaces Naturels Sensibles dont la dune Dewulf, la Réserve Naturelle Nationale de la dune Marchand, la dune du Perroquet et la dune fossile de Ghyvelde. Les reliquats de cordons dunaires laissés au bon vouloir des habitants, occupants, passants, font l’objet d’une requalification afin que le Conservatoire du Littoral en prenne possession.

Grand Site de France La démarche Grand Site de France comporte trois grandes phases, l’opération, la labellisation et le titre. L’opération Grand Site est une proposition de l’État aux collectivités territoriales pour

un classement d’une partie significative du territoire au titre de la loi de 1930, qui accueille un large public et nécessite une démarche partenariale de gestion durable et concertée pour en conserver la valeur et l’attrait» (MEDDE, Ministère de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie). Le label Grand Site de France appartient à l’État, qui l’a déposé à l’Institut national de la propriété intellectuelle en 2003. Il est géré et décerné par le MEDDE. Il est attribué pour une durée de six ans renouvelables. L’engagement des dunes de Flandre dans la démarche Grand Site de France est liée au concours EDEN «European Destinations of ExcelleNce» qui s’est tenu en 2010 ; et au compte rendu environnemental de la DREAL ; qui a permis aux acteurs locaux de prendre conscience des potentiels touristiques et écologiques qu’offraient le site. 117


Objectif : grand site de France 2010

2011

Lauréat Concours

MEDDE

«Tourisme et Espaces aquatiques»

2013

COPIL + COTECH

+

Ministère en charge de l’écologie

Élaboration de l’OPS

U.E. État Validation Région MEDDE CUD Nord Privés

Demande d’adhésion

Compte rendu environnemental

Financement

EDEN

2012

Opération

DREAL

Demande d’adhésion

Réflexion autour de la valorisation du territoire avec l’aide de partenaires Réseau

Cette adhésion offre à la démarche Grand Site des Dunes de Flandre un soutien technique non négligeable par le Réseau Grand Site de France

Validation Réseau

Région

Département du Nord

118

SIDF

Réalisation Réalisation

Littoral

Réalisation

Conservatoire du

En parallèle

CPIE

Commande

SIDF

CUD

SIDF

Commande

Nord-Pas-de-Calais Programme

LIFE + Nature

Étude paysagère

AGUR

Diagnostic territorial approfondi pour les sports de nature

AGUR

Objectifs?

TVES

Acquisition des données Étude de fréquentation sur les dunes de Flandre


2014

2015

2020

2017

2026 Demande de renouvellement

AGUR Validation

label Actions

CSSPP Commission Supérieure des Sites Perspectives et Paysages

mètre

Péri

OGS

Validation

MEDDE

+

Réseau

mè tre

Péri

GSDF

L’étude de fréquentation devait durer jusqu’en 2015, elle a dû être arrêtée pour des raisons financières suite aux élections municipales de 2014.

AGUR TVES

Aucun lien, aucun échange pour nourrir le travail de l’un ou de l’autre n’a malheureusement été envisagé entre les deux partenaires, et ce malgré la volonté des commanditaires, le SIDF et le Département du Nord. 119


Conservatoire

COmmune

Aujourd’hui

Dunes de Flandre

Friches

Programme LIFE+Nature

C Prospectif

o

ns

Quartiers résidentiels

ervatoire

e n u m mO C Dunes de Flandre

120

Quartiers résidentiels Conservatoire

Friches

COmmune

Dunes de Flandre

Friches

Quartiers résidentiels


E

n septembre 2017, les deux stations balnéaires de Bray-Dunes et La Panne, déjà liées par des actions communes, ont décidé de s’engager dans un jumelage afin de renforcer leurs liens d’amitié et consolider les projets transfrontaliers. À ce sujet, deux projets ont principalement attiré mon attention, le questionnement des franges et reliquats de cordon dunaire, et le projet de véloroute, respectivement portés par les projets LIFE+Nature et Grand Site de France. Le financement du projet LIFE+Nature, de 4 millions d’euros, est porté par l’Union

Le Conservatoire du Littoral, dont les actions ont été bien souvent à l’encontre de l’avis des collectivités territoriales, collabore dorénavant avec le CPIE pour la sensibilisation du public au territoire. Nous l’avons noté, le peu de parcelles naturelles restantes, reliquats de cordon dunaire, feront l’objet d’une requalification dans le cadre du projet LIFE+Nature et rejoindront le périmètre de gouvernance du Conservatoire du Littoral que constituent les dunes de Flandre. Cela laisse malheureusement peu de manœuvres à l’aménagement, la réhabilitation des territoires et des dents creuses pour leur donner une valeur ajoutée. C’est pourquoi

projets phares : franges dunaires. Photographies des franges urbaines entre la commune de Leffrinckoucke et la dune Dewulf. Stratégie potentielle à mettre en place entre les acteurs de la préservation et les acteurs en faveur du développement du territoire.

européenne, l’Agence Nature et Forêts (agence du Gouvernement Flamand, le principal propriétaire et gestionnaire de zones vertes en Flandre dont 2275 hectares de dunes), le Département du Nord et le Conservatoire du Littoral. Pour sa part, le Département s’est engagé à réaliser d’importants travaux de débroussaillage (65 hectares) pour la réouverture de milieux dunaires riches en terme de biodiversité. À ce titre, il souhaite mettre certains secteurs en pâturage extensif pour procéder à l’entretien des milieux ouverts, creuser des mares pour favoriser la reproduction faunistique, éduquer la population et les touristes aux préoccupations environnementales. Nous l’avons observé précédemment, les organisations en faveur de la préservation du territoire s’articulent de façon cohérente autour d’une préoccupation commune.

il serait pertinent que les aménageurs, urbanistes, paysagistes, se positionnent en tant qu’intermédiaires entre les acteurs de la préservation et ceux du développement. Au même titre que le SIDF, l’AGUR et le CPIE, ils mériteraient d’avoir un positionnement plus central pour défendre l’aménagement du territoire, en accord avec les principes de développement durable et de préservation que défendent le Conservatoire du Littoral. En plus des actions des programmes LIFE+Nature et Grand Site de France, l’intégration des communes, des associations et des habitants dans le dialogue pourraient enrichir la réflexion sur l’aménagement urbain et socio-économique du territoire. En tant que médiateur, le paysagiste se positionne dans le développement du territoire en conciliant aménagement et préservation du territoire à travers des projets d’urbanisme durable. 121


2. 1.

122

3.

4.

1.

3.

2.

4.


L

e projet d’Eurovéloroute a été coordonné par le projet européen Interreg IV « Itinéraire récréatifs et fonctionnels transfrontaliers », qui a apporté son soutien financier (coût de la véloroute estimé à 2,5 millions d’euros). Il a réuni la CUD, la Province de Flandre Occidentale et la commune de La Panne. Le GECT a également contribué et facilité la concertation entre les différents acteurs de part et d’autre de la frontière.

mobilités traversantes manquent de part et d’autre de l’autoroute et du canal.

Le projet Eurovéloroute a été imaginé en 1995 par la fédération européenne des cyclistes. L’ambition de ce projet est de relier les pays entre eux et de promouvoir le tourisme à vélo. Une véloroute s’appuie sur deux concepts, celui d’une voie verte, écoresponsable et d’une voie à faible trafic.

a donc été pensé de manière à ne pas amputer ce projet de remise en service potentiel de la voie ferrée, même si la nécessité de mobilités douces et notamment de pistes cyclables est criante. Le comptage vélo sur la route départementale 60 indique que 40 000 vélos passent chaque année sur cet axe routier soit une moyenne de 110 vélos/jour ; quand 4000 voitures sont recensées par jour sur cette même voie (1).

En parallèle, des études ont été relancées avec la Région des Hauts de France, la SNCF et les territoires sur l’opportunité et la faisabilité d’un projet de réouverture de la voie pour le transport de voyageurs et/ou fret. La voie ferrée jusqu’à la frontière franco-belge n’étant pas déclassée, le projet de voie cyclable

projets phares : véloroute. Photographies de la véloroute en place (1;2) et non coulée (3;4) Hypothèses de trajectoire de la véloroute Itinéraire voie ferrée (choisi) Itinéraire RD60 Itinéraire RD601 Itinéraire du quai aux fleurs 1 km

N

(1) Préfecture du Nord Enquête publique sur le projet d’aménagement de la voie verte Section 9 de la véloroute du littoral Juillet 2016

L’Eurovéloute nº4 de l’Atlantique doit à terme relier Roscoff (Bretagne) à Kiev (Ukraine), sur la base d’un réseau de mobilités douces (cyclistes, promeneurs et cavaliers) existants et à affirmer des deux côtés de la frontière. En Belgique, la construction d’un tunnel sous l’autoroute E40 et d’une passerelle à Adinkerque au-dessus du canal de Furnes ont également permis aux piétons, cyclistes et cavaliers de relier le littoral à l’arrière-pays poldérisé. La partie des flandres françaises est en retard sur ce point puisque les franchissements et autres infrastructures de

La sécurité est un paramètre essentiel dans l’élaboration de cette voie. Étant donné que la voie ferrée n’est pas déclassée, Réseau Ferré de France considère que la voie est potentiellement utilisable et impose des règles de sécurité ferroviaire standards. À savoir, la mise en place d’une clôture située à 3 mètres minimum du rail extérieur entre la piste et la voie ferrée, de 1,2 m de haut (photo n°2).

123


124

m

2k

m

12 k


L

a préservation et la protection du patrimoine naturel au sein du dunkerquois est au cœur des préoccupations actuelles. Les projets actuels, Grand Site de France et LIFE+Nature vont dans ce sens en ayant la volonté d’ajouter une plus-value touristique au territoire. Deux

La commune comprend trois ensembles habités distincts : la tâche urbaine principale de l’agglomération que constitue Leffrinckouckeplage et l’urbanisation sous la voie ferrée, le village ancien et le quartier de la cité des Dunes. Cette ancienne cité ouvrière de l’usine

grandes ambitions tirées de ces opérations dicteront entre autres mes orientations de projets : la véloroute et la requalification des franges et reliquats de cordon dunaire. Ces paramètres, ajoutés à l’identité singulière de chaque territoire, m’ont conduit à m’intéresser davantage à la commune de Leffrinckoucke et ce pour diverses raisons.

sidérurgique des Dunes, détachée de tout contexte urbain préexistant, a été détruite en grande partie et reconstruite dans les années 80 en quartier résidentiel. À nouveau la question des liens est posée entre ces différentes urbanités puisque les ruptures sont marquées à la fois par le patrimoine historique, ici le Fort des Dunes, et les espaces naturels, zone horticole et espace dunaire.

Conclusion. Périmètres du projet 1 km

N Grandes orientations de Dunkerque à la frontière Applications et stratégies à l’échelle de Leffrinckoucke

A la frange ouest de la dune Dewulf, la batterie de Zuydcoote au nord et le Fort des Dunes au sud s’adossent aux paysages remarquables du cordon dunaire, deux sites touristiques fréquentés, justifiant un accès aux dunes. Entre ces deux sites emblématiques, nous glissons subtilement d’un paysage à un autre puis progressivement ils nous mènent jusqu’aux polders malgré toutes les ruptures évoquées. Il s’agit ici de mener une réflexion à l’échelle des différents sites d’intérêts afin de constituer un haut lieu du Grand Site.

Le site de projet sur lequel mon choix s’oriente comprend la partie ouest de la dune Dewulf et l’urbanisation gravitant autour, il inclut la zone horticole et le canal de Furnes. Ce périmètre se situe au cœur du projet de véloroute et de requalification des franges dunaires. Les problématiques sont multiples au sein de ce territoire et ces deux programmes me permettront de structurer mes grandes stratégies à l’échelle de la commune.

125



Vers le projet Comment requalifier les hauts lieux de la vie leffrinckouckoise et leur mise en réseau, tout en renforçant la singularité des éléments paysagers les constituant?


N

1. AXES

2. TISSAGES

3. STRUCTURES

Deux axes structurent ma pensée et la vision que j’ai du territoire, les porosités et les ruptures, horizontales et verticales. Une horizontale parallèle au littoral, une verticale comme axe pénétrant, liant l’intérieur des terres à la mer.

Trois épaisseurs sont traversées par l’axe central vertical, l’épaisseur littorale composée des dunes, de la plage et du front de mer ; l’épaisseur composite réunissant urbanisation et productivités désolidarisées ; et l’épaisseur agricole s’étirant jusqu’en Flandre intérieure caractérisée par un paysage productif et une urbanisation diffuse. Le tissage des entités, à la fois ponctuées et reliées sur et autour d’un axe central, induit des axes secondaires horizontaux et verticaux.

Le maillage du cadastre et du parcellaire appuie mon raisonnement. Du public au privé, il s’agit d’un jeu dialectique d’effacement et/ou de surlignage des limites et des statuts des lieux. Une trame se dessine pour faire émerger des connexions, des liaisons directes ou indirectes entre elles. Au sein de ces espaces des individualités se distinguent. Axes sous-/sur-lignés Limites affirmées Trames et connexions Liaisons directes ou indirectes Individualités

128


Qualification des liaisons Lier - Allier - Mêler - Associer - Unir Joindre

... deux éléments différents Relier - Réunir - Rattacher

... à nouveau deux éléments déjà liés auparavant Fusionner - Solidariser

... en vue d’entraîner l’une par l’autre dans un mouvement commun. Émerger - Articuler...

... harmonieusement ou dans un ordre logique les éléments d’un ensemble pour les valoriser Coudre - Ligaturer

... deux ou plusieurs éléments avec un autre lien Accoler - Assembler - Coordonner

... des éléments séparés par des actions, des activités distinctes en vue de constituer un ensemble cohérent ou d’atteindre un résultat déterminé

Concepts.

L

es porosités horizontales, les ruptures verticales et les interstices ou liens invisibles induits, dessinent et organisent ce territoire. Il faut considérer ces liens à tisser de manière ponctuelle et raisonnée sur et autour d’un axe central. Cette ligne directrice verticale traverse trois épaisseurs fondamentales dans ce paysage, le littoral, le composite (coordonnant de multiples activités) et la plaine agricole composée de polders. Il s’agit ici de relier les deux dernières entités paysagères à la porosité horizontale que constitue le littoral, front de mer et cordon dunaire. En effet une complémentarité se dégage de ces identités

émergentes, une interdépendance géologique, vernaculaire, géographique et historique. La logique voudrait que l’axe pénétrant soit celui de la terre vers la mer, aujourd’hui nous devons exploiter l’axe contraire, de la mer vers la terre. Cette direction nord-sud est choisie pour éviter de mettre davantage en lumière le tourisme balnéaire mais plutôt pour révéler le paysage composite et agricole. Cela signifie que le modelage du territoire se fera principalement de la mer à la terre pour ne pas délaisser une épaisseur composite et agricole en déshérence. Et ce, alors qu’elle regorge d’un patrimoine historique, industriel et agricole remarquable.

Nouer - Attacher - Ficeler - Lacer Corder

... deux ou plusieurs extrémités en les tenant fermés, attachés, en formant des liens plus ou moins étroits. Placer, disposer judicieusement des liens autour de quelque chose 129


1. Malo-les-bains Mer du Nord

2. Leffrinckoucke

3. Zuydcoote

Mer du Nord

Digue

Mer du Nord

Hôpital maritime

Batterie de Zuydcoote

Voie ferrée

Parc du Vent Dune Dewulf

Voie ferrée

Camping RD79 Voie ferrée

Ville

Fort des Dunes

RD60

RD60 RD60

Rosendaël

Rosendaël

Usine des Dunes

Canal de Furne

Canal de Furne

RD601

RD601

Plaine agricole

Plaine agricole

1. 130

Ferme Nord

2.

Cimetière militaire

Canal de Furne RD601

Plaine agricole

3.


E

n partant des concepts de structure du territoire, trois sites illustrent ces notions de ruptures et de porosités : le site du camping de la Licorne à Malo-les-Bains, le site du Fort des Dunes à Leffrinckoucke et le site de la Ferme du Nord à Zuydcoote. Chaque site raconte un déroulement nord-sud selon un axe pénétrant, liant le littoral au canal de Furne; au centre de l’axe, une articulation correspond à l’élément phare de chaque site.

Potentialités. Trois sites potentiels illustrant les concepts énoncés. 1 km

N

Le site de la Ferme Nord (3) raconte une articulation historique avec l’Hôpital Maritime au nord et la Ferme du Sud (sous la RD60, accolée au cimetière, disparue aujourd’hui). Un lien vertical se matérialise malgré les interruptions horizontales créées par la voie ferrée, la route départementale et le canal de Furnes. Malgré tout, le territoire parvient à trouver une certaine respiration, où le contexte arborée et dense n’étouffe pas l’architecture. Les éléments remarquables parviennent à garder leurs statuts au titre de monuments du patrimoine historique des dunes de Flandre. La situation du camping de la Licorne (1) est plus compliquée, entre la plage et le Parc du Vent de Malo-les-Bains au nord, les infrastructures routières et ferroviaires, les quartiers pavillonnaires ainsi que la zone horticole de Rosendaël ausSud, le schéma est plus conflictuel. La rupture entre les

éléments est plus affirmée et le dialogue plus tendu, notamment à cause des infrastructures routières qui scindent le territoire en plusieurs épaisseurs longitudinales. Le parc du Vent donne aujourd’hui un sentiment d’abandon de la part de la ville, à l’image du reliquat de cordon dunaire qu’il est en réalité, coincé entre la digue et les infrastructures touristiques. Le site du Fort des Dunes (2) a lui une fonction d’articulation entre la Batterie de Zuydcoote au

nord, l’Usine des Dunes au sud-est, la ville de Leffrinckoucke à l’ouest et l’horizon de la zone horticole et maraîchère de Rosendaël au sud. Cette situation, entre la respiration présente sur le site de la Ferme Nord et l’étouffement sur le site du camping de la Licorne, se positionne dans un entre-deux à requestionner. Déjà énoncée auparavant, cette dernière situation m’intéresse tout particulièrement car les interfaces cordon dunaire/ville/industries/ zone horticole sont particulièrement mal gérées et à retravailler. De plus, les problématiques d’infrastructures urbaines et touristiques sont particulièrement impactantes sur l’espace naturel. Les axes se confrontent au détriment des éléments identitaires du territoire, il serait par exemple pertinent de révéler la présence du Fort et de ses Glacis depuis les différents axes de communication, qui aujourd’hui ne le mettent pas en valeur. 131


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paysage habité

temporalités

Du littoral à Leffrinckoucke-Village, le site choisi est divisé en quatre grandes épaisseurs habitées selon des axes régis par les infrastructures routières, ferroviaire et fluviale. Les activités de la détente se situent sur le front de mer et dans les dunes, le secteur pavillonnaire va globalement du littoral à la voie ferrée et finalement le secteur de production agricole et industriel se trouve en deçà de ces premières épaisseurs. La zone horticole et maraîchère de Rosendaël, les industries mais surtout le secteur agricole souffrent finalement d’un désintérêt de la population et du tourisme, qui se focalisent sur le littoral et les stations balnéaires. L’affirmation et le surlignage d’axes délaissés seraient l’occasion de se tourner davantage vers des secteurs où l’attractivité manque.

Les différentes épaisseurs relatées dans les concepts de projet correspondent aussi à diverses temporalités. Du temps des pauses et de la farniente au kite-surf sur la plage de Leffrinckoucke, au temps du recueillement et du souvenir dans les bunkers de la dune Dewulf, sans oublier le temps où l’on s’arrête dans la discrétion pour simplement vivre sa vie.... Le temps productif, entre la voie ferrée et le canal de Furnes, est lui bien différent du temps actif rural, tous deux déconnectés l’un de l’autre à cause notamment de la rupture que matérialise le canal de Furnes. Le premier est bien plus urbain que le second du fait de son rapport à la ville, à l’urbanisation, la zone horticole et maraîchère a davantage une vocation d’agriculture urbaine grâce à cette proximité. Le canal de Furnes marque la rupture entre ces deux mondes qui ne dialoguent presque pas, une rupture à l’image de toutes les autres au sein d’un territoire morcelé par les infrastructures et l’urbanisation.


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Vél

L

es concepts précédents s’appuient sur la révélation d’axes forts, mettant en valeur les éléments phares du territoire, ici à l’échelle de Leffrinckoucke. Il est question de s’appuyer sur les tracés existants pour donner à voir ce qui n’est pas visible, ce que l’on ne connaît pas encore et ce qui mériterait d’être davantage perçu. L’inspiration du principe de la véloroute pour créer un tracé secondaire complémentaire, zigzaguant entre les interstices du territoire, serait une réponse à ces problématiques de visibilités. S’appuyer sur la trajectoire de la véloroute pour un tourisme et des mobilités «éco-responsables», serait une bonne opportunité pour ouvrir le paysage vers

DU concept au contexte.

paysage révélé

Les axes servant les qualités paysagères du site sont soulignés. De la digue à la Batterie de Zuydcoote jusqu’aux polders en passant par le Fort des Dunes et en traversant le canal de Furnes ; un nouveau paysage se dessine. Il s’agit de s’inspirer du principe de la Véloroute pour valoriser d’autres tracés qui demeurent transparents aujourd’hui. Le surlignage des horizontalités, verticalités, diagonales - des porosités, ruptures et interstices, commencent à faire émerger un nouveau paysage. Une nouvelle structure apparaît où l’emplacement des nouvelles connexions sert cette réflexion et révèle le patrimoine du territoire.

l’intérieur des Flandres, vers le paysage agricole. Cette traversée mettrait en lumière plusieurs identités plurielles aux registres différents composant le site. Le tracé se déploierait tel un lien pour dessiner une cohésion entre les problématiques de mouvement, qu’elles soient écologiques, agricoles, économiques, paysagères, sociales... Aujourd’hui, l’ensemble des axes révèlent des activités drainées par des infrastructures de transport parallèles au cordon dunaire et au littoral. Les affirmer davantage reviendrait à conforter une homogénéisation du bâti et des activités liées au tourisme de masse. Ainsi cela équivaudrait à reproduire les erreurs qu’a commis La Panne et autres stations balnéaires belges. L’aménagement proposé serait ici de faire valoir les qualités des dunes de Flandre et non pas de renchérir sur le succès touristique de nos voisins belges. 133


DĂŠveloppement

Protection

? ? ?

134


L

e concept appliqué au contexte permet de réaliser que la structure du territoire rend possible le travail des axes contraires, perpendiculaires au littoral et au cordon dunaire afin que le regard s’oriente aussi vers l’intérieur des terres. Coudre des liens dans les différentes épaisseurs du site pour faire émerger des lieux déjà là, des singularités naturelles, industrielles et patrimoniales. Contrarier l’axe littoral grâce à des axes pénétrants pour semer les conditions d’épanouissement des liens à venir. Il est nécessaire de repasser à une échelle plus

globale pour dégager les enjeux territoriaux qui s’appliqueront par la suite au site de projet. La prise en compte du jeu d’acteurs sur le territoire, des projets transfrontaliers en cours et des problématiques inhérentes au site m’ont permis de distinguer trois enjeux majeurs. Le premier étant de proposer un nouveau dialogue entre les acteurs du territoire pour son épanouissement paysager, le second de créer de l’intérêt vers l’intérieur des terres, et enfin de proposer une nouvelle découverte du territoire par sa traversée.

Enjeux territoriaux. Schéma sur plan et illustrations des enjeux. 1 km

N

Franges entre l’urbanisation et le cordon dunaire. Épaisseur à travailler le long du canal de Furnes, sur les franges fluviales.

1. Favoriser les interactions entre les acteurs du territoire Réconcilier les acteurs en faveur du «développement» et les acteurs en faveur de la «protection» du territoire : • Reconsidérer les franges présentes entre les industries - l’urbanisation - le cordon dunaire (Conservatoire du Littoral) - le littoral, • Travailler ces franges comme un espace de transition vers le site des Dunes de Flandre, • Profiter de ces espaces enfrichés pour faire naître des connexions depuis/vers le littoral, le «Blootland» et l’«Houtland».

Créer un terrain d’entente pour les acteurs d’un même secteur : • Instaurer une «économie circulaire» et accroître les relations entre les acteurs économiques du territoire pour favoriser le développement local et la prise en compte des enjeux environnementaux, • Offrir aux habitants de nouveaux espaces partagés à «cultiver» nés de la cohabitation entre agriculture, horticulture et maraîchage.

135


136


Enjeux territoriaux. Schéma sur plan et illustrations des enjeux. 1 km

N

Épaisseur entre la voie ferrée et aux abords du canal de Furnes. Liens à considérer depuis/vers le littoral et l’arrière-pays agricole.

2. Recréer de l’attrait au sud des dunes : • •

Sous la voie ferrée Le long du canal de Furnes

Favoriser les échanges entre les ressources locales : • Mettre à disposition des habitants une grande diversité de produits locaux grâce à une nouvelle forme d’agriculture urbaine, • Articuler le territoire rural et urbain pour une polyagriculture en circuit court.

Développer l’activité économique autour du canal de Furnes : • Affirmer un potentiel de parc industriel linéaire autour du canal pour profiter de la proximité hydraulique, • Renouveler l’image du patrimoine hydraulique du territoire, • Créer une nouvelle dynamique paysagère, support de mobilités pour la découverte d’espaces naturels et culturels. Offrir un cadre de vie attractif : • Densifier et requalifier le tissu urbain existant.

137


138


Enjeux territoriaux. Schéma sur plan et illustrations des enjeux. 1 km

3. Travailler la traversée des paysages

N

Patrimoine et éléments phares du territoire.

Nouvelles centralités à exploiter.

Proposer de nouvelles mobilités en fonction des usages : • Réfléchir aux accroches avec l’ancienne voie ferrée (future véloroute) et les lieux à desservir, • Penser les mobilités comme des vecteurs d’une nouvelle forme de tourisme et de vie locale pour les habitants, • Profiter de ces nouveaux projets de mobilités pour instaurer sur le territoire davantage de circulations douces.

Donner à voir les éléments patrimoniaux du territoire : • Mettre en réseaux le patrimoine historique (Fort des Dunes, Batterie de Zuydcoote...), • Mettre en réseaux les futurs lieux de la vie locale (Réhabilitation de le l’Usine des Dunes, Zone polyagricole de Rosendaël...). Offrir de nouvelles centralités orientées vers l’intérieur du territoire : • Aménager un nouvel espace pour animer le cœur de ville (marchés, Carnaval...), au carrefour des éléments patrimoniaux, • Créer un espace en lien avec un nouveau pôle industriel autour du canal de Furne.

139


Schéma sur plan des enjeux locaux. 500 m

N

Transition entre le quartier des Dunes et le centre de Leffrinckoucke. Interactions front de merurbanisation; au sein du reliquat de cordon dunaire. Interactions front de mer-dune, aux franges de la dune Dewulf. Interactions industries-dune, dans l’emprise de la voie ferrée. Interactions industries-plaine agricole, dans l’emprise du canal de Furnes. Interactions zone horticole et maraîchère-plaine agricole, dans l’emprise du canal de Furnes.

140

1. Favoriser les interactions entre les acteurs du territoire

Réconcilier les acteurs en faveur du «développement» et les acteurs en faveur de la «protection» du territoire. La traduction de ces enjeux à l’échelle de Leffrinckoucke est de profiter des franges naturelles pour créer de nouvelle porosités entre l’urbanisation à l’ouest et au sud vers la dune Dewulf. Également entre l’urbanisation et la zone horticole et maraîchère, et le littoral ; puis dans un second temps entre les dunes et la future programmation de l’Usine des Dunes. Ces franges sont une bonne opportunité

pour créer un dialogue depuis la digue de Leffrinckoucke vers la Batterie de Zuydcoote. Mais aussi vers le Fort des Dunes puis jusqu’à Zuydcoote en longeant la voie ferrée, future véloroute. Un dialogue qui se poursuivrait de l’autre coté du canal de Furnes, un lien à exploiter vers le paysage rural. Créer un terrain d’entente pour les acteurs d’un même secteur. L’économie circulaire favorise la vie locale et l’échange entre les acteurs, maraîchers, agriculteurs, commerçants en créant des percées dans les limites urbaines et naturelles.


Enjeux locaux. Schéma sur plan des enjeux locaux. 500 m

N

Favoriser les échanges entre les ressources littorales et de l’arrière-pays. Travailler les franges urbaines et maraîchères. Opter pour une polyagriculture à Rosendaël. Développer l’épaisseur fluviale comme vecteur de développement économique et industrielle. Opter pour une polyagriculture sur la plaine agricole.

2. Recréer de l’attrait au sud des dunes : • •

Sous la voie ferrée Le long du canal de Furnes

Favoriser les échanges entre les ressources locales. L’économie circulaire naît de la concertation des acteurs du site au sein d’un même paysage, un paysage de circuits courts, une nouvelle forme d’agriculture urbaine. Les échanges sont facilités de part et d’autre du canal de Furnes par la bonne volonté des agriculteurs et des maraîchers en mettant en commun leurs cultures. Cette action est en faveur de la trame verte et bleue, continuités naturelles de chaque côté du canal. Développer l’activité économique le long du canal de Furnes. Un parc industriel linéaire concentrerait la zone

d’activité du Fort, le lycée horticole, le club hippique, les jardins de Cocagne, pour des liens est-ouest et nord-sud le long et de chaque côté du canal. Ce parc comprendrait, à plus long terme, la restructuration de l’Usine des Dunes pour offrir un nouvel espace libre propice à un futur lieu de la vie locale. Offrir un cadre de vie attractif. Au sud du Fort des Dunes, un nouvel espace urbain, éco-quartier, permettrait la liaison entre le quartier des Dunes et le centre de Leffrinckoucke sans rompre les perspectives vers la zone horticole et maraîchère. Le renouvellement du quartier des Dunes serait au service de ce nouveau lieu alliant architecture et agriculture. 141


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Schéma sur plan des enjeux locaux. 500 m

3. Travailler la traversée des paysages

N

Définir de nouvelles centralités, futurs points névralgiques de la vie locale. Éléments majeurs du patrimoine industriel, fluvial, historique, balnéaire. Échanges des ressources agricoles, horticoles et maraîchères vers un schéma de circuit court.

Proposer de nouvelles mobilités en fonction des usages. La future véloroute crée de nouvelles possibilités d’arrêts dans les communes, à Leffrinckoucke il s’agit du Fort des Dunes et du carrefour à la hauteur de l’Usine des Dunes. La révélation de ces deux articulations correspond aux percées naturelles, aux sentiers depuis les dunes, aux franges dirigées vers elles, à la position stratégique qu’elles occupent sur la commune. Donner à voir les éléments patrimoniaux du territoire. La mise en réseau des éléments phares (Fort des Dunes, Batterie de Zuydcoote, digue

Promenade...) et des futurs lieux de la vie locale (Zone Horticole et maraîchère, Quartier des Dunes...) est rendu possible par l’implantation d’un tracé véloroute secondaire, s’appuyant sur les axes préalablement définis. Offrir de nouvelles centralités orientées vers l’intérieur du territoire. Le cœur de ville est requalifié par un point de rencontre sur le tracé de la véloroute, situé aujourd’hui sur le stade de sport de la commune, à déplacer. Il se situe au carrefour des hauts lieux de la vie leffrinckouckoise et permet d’aménager un espace pour les marchés locaux, carnaval...

143


Le Fort des Dunes est dorénavant au coeur de la vie leffrinckouckoise, entre deux quartiers ayant appris à dialoguer et à se rencontrer à proximité d’un des hauts-lieux du patrimoine historique de la ville.

Les chemins sortent des dunes, arrivent des parcelles de jardins partagés et horticoles, longent le nouvel eco-quartier - lien entre les deux quartiers autrefois séparés - pour se rejoindre sur la place du Fort. 144


Projet en devenir. Schéma directeur local 500 m

N

Nouvelles centralités Développement économique le long du canal de Furne et réaménagement paysager Échanges des ressources vers une polyagriculture Interactions au sein des franges à reconquérir Croquis prospectif sur le quartier du Fort des Dunes

L

a cité ouvrière de l’Usine des Dunes illumine enfin les champs ordonnés qu’elle domine depuis sa naissance en 1916. L’atmosphère de l’aciérie est encore présente, l’odeur métallique de la grande dame qui la surveille n’est plus un mauvais souvenir. Aujourd’hui les voisins viennent cultiver leur jardin devant chez nous, dans de grandes parcelles où se réunissent les Leffrinckouckois pour faire pousser leurs légumes. J’enfourche mon vélo et suit le tracé qu’emprunte dorénavant les touristes et les enfants du quartier pour rejoindre l’école à Dunkerque ou la plage de Leffrinckoucke. Je suis finalement rapidement au cœur des dunes puisqu’en une minute l’ancienne voie ferrée, transformée en piste douce, nous mène dans le centre de la commune. Sur ma droite, je ne peux pas résister à l’envie de faire un détour par les bunkers, la piste est tellement agréable mais surtout devenue praticable!

Je poursuis ma route vers la plage et la digue, je ne sens plus le passage de la dune à la promenade, une fluidité s’opère dans le parcours des dunes vers le front de mer. Les gens s’arrêtent, ne sont plus juste de passage, ils n’évitent plus les voitures puisqu’ils sont rois dorénavant. Je repars vers ma destination d’origine, et soudain le franchissement du remblai vers les premiers pavillons n’est plus aussi brutal. Une épaisseur se dessine, un entre-deux où les gens peuvent enfin se rencontrer sans être apeurés, seuls au cœur d’une dune abandonnée. Une zone tampon entre la ville et la mer, où l’on réconcilie la fraicheur marine et la mouvance urbaine, une parenthèse entre l’agitation commune aux deux milieux. Puisque je peux continuer mon chemin vers le Fort des Dunes en traversant cet espace hors du temps, je ne m’arrête plus.

145



Conclusion.


148


L

es dunes de Flandre recèlent de trésors issus d’un passé houleux, historique et industriel, auxquels s’ajoute un riche patrimoine naturel et agricole. À l’issu d’un diagnostic orienté vers ces caractéristiques, de nombreux enjeux se sont dégagés à l’échelle du grand territoire, de Dunkerque à La Panne puis localement sur la commune de Leffrinckoucke. Au cours de mon étude, une référence est venu enrichir mon étude, Jean Oury. Le travail des ruptures et des porosités, physiques et sociales, est particulièrement sensible car elles sont sous-entendues tout au long du territoire

parle, de l’entre-deux invisible dans l’épaisseur de la terre, qui se joue des horizontales et des verticales. «Quand je regarde un champ cultivé qui à ses confins va jusqu’à toucher le ciel, je vois cette ligne trembler et s’épaissir. Je vois la terre et le ciel, ces deux mondes s’interpénétrer. Le sol du champ est fertile parce qu’il y a du ciel dans l’épaisseur de la terre. Que fait le paysan ou le jardinier lorsqu’il travaille la terre ? Il la remue, il en déplie la surface de contact, il l’ouvre enfin pour que le ciel y pénètre ; on dit alors qu’il aère le sol. Il y a toujours, vous le voyez, cette question de l’épaisseur dans laquelle s’organisent les passages et se tissent les alliances» (1).

Conclusion. (1) Corajoud Michel, 2004, L’horizon. Interview pour la revue ‘Face’

et intimement liées les unes aux autres. Cette maniabilité des limites, de l’organisation de la vie humaine locale, rejoint la réflexion du psychanalyste Jean Oury et son «hôpital psychiatrique sans murs» de La Borde. En 1953, il propose un espace sans murs pour casser le statut des fonctions et des usages afin de rendre possible le dialogue et l’attention à l’Autre. Les liens humains sont renouvelés au sein d’un lieu aseptisé, où lorsque le malade n’est plus dans sa chambre mais dans le couloir, son statut n’est plus celui de l’homme vulnérable, soumis à la tutelle de l’hôpital. Jean Oury suggère une relecture de l’organisation de la vie où chacun est acteur et où la singularité est une chance, où les limites sont poreuses et non des ruptures infranchissables. Michel Corajoud traite aussi de ces notions de limites et de porosités au sein de vastes paysages mais aussi des interstices dont je

L’horizon entre parfois en collision avec les ruptures verticales urbaines dans le cas du territoire dunkerquois. C’est pourquoi «l’organisation de la ville doit aujourd’hui faire attention à ménager des ouvertures, laisser des respirations, établir des points de vue, des axes qui, par effet d’enchaînement, maintiennent et valorisent les horizons-paysages du site d’accueil» (1). Le projet à venir organisera alors l’imbrication géométrique d’épaisseurs horizontales, verticales et invisibles, s’appuyant sur les axes prédominants existants, à l’image de la véloroute. Des tracés viendront dans un premier temps révéler le patrimoine, faire émerger des articulations au cœur du paysage urbain et agricole, pour offrir de nouveaux hauts lieux de la vie sociale, propices aux rencontres, aux échanges.

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Ouvrages et articles Audouit C., Rufin-Soler C. 2016, Connaissance, potentialités et valorisation des Dunes de Flandre : vers une démarche Opération Grand Site, Bulletin de l’Association des Géographes Français Audouit C., Rufin-Soler C., Le Falher G., Flanquart H., Deboudt P. 2016, Perception et gestion des espaces littoraux préservés : l’apport des études de fréquentation (Nord et Languedoc Roussillon, France), VertigO ALFA Environnement, 2015, Plan de gestion 2015-20124 - ENS Dune Dewulf AGUR, 2011 «LEFFRINCKOUCKE : extension urbaine au sud de la cité des Dunes » - Démarche de projet urbain AGUR, 2015, Éconographe Flandre-Dunkerque 2016-2017 AGUR, 2004, documents issus de l’élaboration du SCoT Flandre-Dunkerque Blanchard R. 1906, La Flandre. Étude de géographie de la plaine flamande, en France, Belgique et Hollande, Armand Colin, Paris Clairiot T. Le chamelier de Leffrinckoucke Département du Nord - service ENS, 2005, Dunes Flamandes, joyau naturel du Nord Département du Nord, Réserve Naturelle de la Dune Marchand, 40 ans de gestion Galjaard D. 2012, Concresco GIRARD T. 1982, Far-Westhoek, Zuydcoote GRENIER J.-C. 2015, Nos belles fermes, patrimoine rural du Nord-Pas de Calais, Société d’édition agricole et rurale, Le Syndicat Agricole VIDAL R. 2003, La construction paysagère d’une identité territoriale, Thèse de doctorat en sciences de l’environnement, Paris

Sites Web https://www.tracesofwar.com/sights/64788/Stützpunkt-Kärfen---669---Schartenstand-fürFeldgeschütze.htm https://scribium.com/stephane-guillard/stations-balneaires-en-france-histoire-et-essor-9442mr http://www.leffrinckoucke.fr/fr/information/60369/histoire-locale https://depanne.com/fr/histoire.php http://www.dendraed.com/la-voie-manquee-entre-dunkerque-et-adinkerque/ http://www.lavoixdunord.fr/219060/article/2017-09-16/plan-social-et-reorganisation-l-usine-desdunes-et-apres 150


Bibliographie et ressources. Cartographies Les photographies aériennes et les différents plans d’occupation des sols sont issus d’un traitement des données mises en ligne par l’IGN.

Photographies Les photographies du territoire ont toutes été prises par mes soins.

Rencontres BASSEZ V., architecte-urbaniste et Directeur délégué au CAUE du Nord CHARRUAU V., paysagiste - chargé d’étude Projet Urbain à l’AGUR HELIN V., ingénieure écologue au Département du Nord MASCLEF D., Paysagiste et enseignant à l’ESAAT de Roubaix RUZ M.-H., enseignant-chercheur au Laboratoire d’Océanologie et de Géosciences, professeur des Universités à l’Université du Littoral Côte d’Opale Smagghe J., directeur général des services de Leffrinckoucke 151


Remerciements.

J

e tiens à remercier tout d’abord mes deux professeurs encadrants qui m’ont suivis tout au long de cette étude pour leurs très bons conseils et leur bienveillance. Merci à Lolita Voisin, pour son enthousiasme, son entrain, sa disponibilité depuis le début et ses conseils avisés. Merci à Christophe Le Toquin pour sa présence, ses conseils me poussant à approfondir ma réflexion et son intérêt certain pour le site. Je souhaite remercier également les personnes rencontrées dans la région Nord-Pas-deCalais, pour la transmission de leur savoir sur le territoire, Jackie SMAGGHE, Vincent CHARRUAU, Vincent BASSEZ, Marie-Hélène RUZ et Virginie HELIN.

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Enfin, et tout particulièrement, je remercie affectueusement Didier MASCLEF, mon ancien professeur et ami depuis mon BTS Design d’Espace obtenu en 2012, qui n’a cessé de me soutenir et de me transmettre sa passion pour les grands espaces, le sens des mots dans le paysage et ses grandes qualités artistiques et sensibles. Merci à ma famille, mes parents pour leur soutien à tout point de vue durant mes études pour l’obtention de ce diplôme et mon épanouissement personnel. Merci à Antoine pour ses encouragements, son soutien durant cette dernière année à l’École de la Nature et du Paysage. Pour finir, merci à Cloé et Grégoire, très bons amis, qui m’ont chaleureusement accueillis chez eux à Lille pendant mes séjours d’étude sur site.



. RÉSUMÉ . U n c o r d o n d u n a i r e p o u r r e l i e r D u n k e r q u e à L a Pa n n e Les site des dunes de Flandre fera prochainement, d’ici 2020, l’objet d’une labellisation Grand Site de France. À ce titre, l’observation du territoire et son diagnostic révèlent de nombreuses richesses patrimoniales, naturelles, historiques et industrielles à l’image du troisième port maritime français de Dunkerque ou à travers les souvenirs qu’évoquent les bunkers disséminés sur le territoire. Ces paramètres mêlés sont à l’origine d’une reconstruction d’après guerre difficile, de sombres cités ouvrières et d’une urbanisation diffuse interrompant l’épaisseur dunaire et agricole. De plus, le site accolé à la frontière franco-belge, est soumit aux fortes pressions touristiques de sa voisine flamande, La Panne. Avec Malo-les-Bains à l’ouest, les deux stations balnéaires dissimulent, dans leur propre intérêt, un entre-deux naturel et vernaculaire. Aujourd’hui, sans reproduire les schémas du tourisme de masse, il est temps de révéler le potentiel paysager du site des dunes de Flandres et de promouvoir la vie locale grâce aux nombreuses ressources du territoire.

Léa Coulonnier Mémoire de Fin d’Études École de la nature et du paysage 3 rue de la Chocolaterie CS 23410 41034 Blois cedex


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