3 minute read
VGE: La Mort du Modernisateur de la France
VGE: la Mort du Modenisateur de La France
- Georges T.
Advertisement
Le 2 décembre 2020 est mort Valéry Giscard d’Estaing, le troisième président de la Vème République Française. N’ayant servi qu’un mandat de sept ans, son bilan et son effet sur la politique française sont souvent négligés. Il fut cependant une des grandes figures de la modernisation du pays dans la seconde moitié du XXème siècle, et une figure incontournable de l’histoire moderne de la France.
Ayant fait partie de ceux qui ont libéré Paris en Août 1944, VGE (comme il était surnommé) devint ministre des Finances sous Charles de Gaulle et Georges Pompidou. Après la mort de ce dernier, il décida de se présenter à l’élection présidentielle organisée en urgence, du haut de ses 48 ans. N’ayant que quatres semaines et demi pour se préparer au premier tour de l’élection, il donna une image de soi comme étant une rupture avec la république des deux présidents précédents, dans l’idée d’ancrer la France dans les temps modernes. En effet, il admettra s’être inspiré du modèle laissé par les Kennedy aux Etats-Unis, souhaitant être assimilé au progrès. Il remportera le second tour de l’élection avec 50,81% des suffrages contre François Mitterrand, la victoire la plus mince de la Vème République.
Une fois président, Giscard d’Estaing tenta de moderniser la fonction. Pour son portrait officiel, pas de pompe ou de décorations: il posera devant le drapeau français en costume de ville, regardant droit dans l’objectif, là où ses prédécesseurs se tenaient plus solennellement.
Sa présidence fut marquée par de nombreuses avancées sociales, poussées par une volonté de réformer les mœurs du pays. En 1974 il fit voter la majorité à 18 ans, alors qu’elle avait été, depuis 1792, à 21 ans, donnant le droit de vote aux jeunes. En 1975 fut dépénalisé l’avortement avec la loi portée par Simone Veil, donnant enfin aux femmes le droit de disposer de leur corps. La même année, le divorce par consentement mutuel fut autorisé, permettant aux couples de se séparer sans qu’il n’y ait de faute commise par un des partis. Sous sa présidence fut aussi renforcée l’égalité hommes-femmes dans le cadre professionnel. Il tenta tout au long de sa présidence de promouvoir la coopération internationale, à travers le projet du G7, créé à son initiative, et montra aussi une volonté de renforcer et d’accélérer la construction de l’Union Européenne.
Cependant, sa présidence fut aussi entachée par plusieurs événements. Après 1976, il fut critiqué pour sa politique devenue de plus en plus conservatrice, notamment sur les sujets de l’immigration, qu’il juge alors trop élevée, et de l’austérité qu’il impose face au déficit grandissant de la France. Le grand scandale de sa présidence fut celui des diamants qui lui ont été offerts par l’Empereur centrafricain Jean-Bedel Bokas-
(wikimedia.commons.com)
sa. Même s’il déclara les avoir vendus au profit d’œuvres caritatives, ladite ‘affaire des diamants’ lui donna une image corrompue aux Français. C’est aussi sous VGE que la France connut les deux chocs pétroliers successifs de 1973 (causée par la guerre entre l’Israël, l’Egypte et la Syrie) et 1979 (causée par la révolution iranienne). Ceux-ci mirent fin aux Trentes Glorieuses, période d’après-guerre qui vit une forte croissance des économies de l’Ouest, et après ces années l’Occident entama les ‘Trente piteuses’, lors desquelles austérité et récessions s’enchaînèrent.
En 1981, à l’élection présidentielle, Giscard d’Estaing perdit contre François Mitterrand avec 48,24% des votes. Cette défaite fut notamment poussée par l’accession au vote par la jeunesse de moins de 21 ans, penchant plus à gauche, mais aussi par la crise économique qui poussa les Français à chercher une alternative à la droite, au pouvoir depuis plus de 24 ans (la plus longue période de continuité politique depuis l’Ancien Régime).
Il se trouva donc en 1981 dans une position étrange: à 57 ans, il avait déjà atteint le sommet de toute carrière d’homme politique. Il décida donc de se concentrer sur ses projets pour la construction Européenne, et devint aussi un écrivain reconnu, obtenant même en 2003 un siège à l’Académie Française.
La mort de Valéry Giscard d’Estaing fut pour de nombreuses personnes la fin d’une certaine époque de l’histoire de France: celle de l’espoir du pays à la sortie de la Seconde Guerre mondiale et de son évolution vers la modernité. Même les critiques de VGE saluèrent à sa mort un homme qui, en tant que président et même après, transforma profondément la France.
