Numero 35

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ETE 2010

Numéro 35

lecomprime@yahoo.fr www.lecomprime.com

Le journal de la Faculté de Pharmacie de Strasbourg... BOURRE !

L’hôpital des nounours

Interview de M.PESSON

- Les sytèmes de Santé - La redingote anglaise

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SOMMAIRE

Bonjour ensoleillé à tous ! Voici le printemps (enfin !) annonciateur de beau temps, de l’été, de la fête mais également des partiels et des révisions! Cette période n’est pas vraiment de tout repos mais dans quelques semaines tout cet acharnement au travail (ou pas) ne sera qu’un vague souvenir. Pour vous accompagner dans votre intense travail, le Comprimé vous offre un peu de détente pour son dernier numéro de cette année universitaire. En effet voilà déjà le numéro 35 ! Comme à chaque fin d’année, c’est en cette période que les nouveaux bureaux des associations prennent leurs fonctions à la faculté, y compris ceux du Comprimé. Vous l’aurez deviné, c’est avec une petite larme à l’œil que je vous annonce que mon mandat s’est terminé il y a peu. Mais c’est également avec du baume au cœur que nous laissons place à une nouvelle équipe du tonnerre avec des étudiants surmotivés ! Mais ne vous inquiétez pas, une bonne partie de l’ancien bureau sera encore là. Je ne vous en dis pas plus, vous le découvrirez à la rentrée ! Pour ce numéro, le Comprimé vous offre une interview exclusive de M. PESSON, professeur de parasitologie à la faculté de pharmacie de Strasbourg, une enquête spéciale sur les systèmes de santé accompagnée d’une interview d’un économiste de la santé. Nous avons également consacré un article au voyage annuel du CEPhI qui a fait découvrir à 50 étudiants l’entreprise pharmaceutique Servier. Comme d’habitude vous retrouverez les innovations thérapeutiques, les blagues, les recettes, etc! Je ne vous en dis pas plus, je vous laisse découvrir. L’heure est venue de se dire au revoir. Toute l’équipe du Comprimé espère que son journal vous a accompagné tout au long de l’année et surtout qu’il vous a donné entière satisfaction. Je remercie tout notre lectorat de sa fidélité. Encore une fois c’est grâce à vous que cette association fonctionne et comme dirait un ancien : « C’est pour vous que nous nous sommes défoncés tout au long de cette année mais vous nous l’avez plus que largement rendu. » Passez tous de très bonnes vacances d’été et la nouvelle équipe vous accueillera en septembre !

ROMEO Vincent

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3 - EDITO ET SOMMAIRE 4 - NOUVEAUX MEDICAMENTS 5 - SYSTEMES DE SANTE 10 - INTERVIEW DE MATHIAS HAGEN 14 - INFECTIOLOGIE ET TOURISME 16 - INTERVIEW DE M. PESSON 21 - LECTURES ESTIVALES 22 -LE WEEK-END DU CEPhI A PARIS 24 - REDINGOTE ANGLAISE 26 - HOPITAL DES NOUNOURS 28 - LES RECETTES DU COMPRIME 29 - BLAGUES 30 - HOMMAGE

Voici comment nous joindre pour les nouveaux et ceux qui auraient oublié : - au local G019 (couloir en bas des amphis) - la boite aux lettres du Comprimé dans le hall de la fac - par mail : lecomprime@yahoo.fr - notre site Internet: www.lecomprime.com Le prochain numéro du Comprimé sortira au courant du mois d’octobre, profitez-en pour nous écrire un article !


NOUVEAUX MEDICAMENTS

Nouveautés ADENURIC® comprimé pelliculé, dans le traitement de l'hyperuricémie chronique Principe actif : Fébuxostat: inhibiteur sélectif de la xanthine oxydase, inhibiteur de la synthèse d'acide urique Forme galénique : Comprimé pelliculé Titulaire de l’AMM : Laboratoire MENARINI Conditionnement et dosage : Comprimé pelliculé à 80 mg et à 120 mg : Boîtes de 28, sous plaquettes thermoformées transparente. Liste I Indications : Traitement de l'hyperuricémie chronique dans les cas où un dépôt d'urate s'est déjà produit (incluant des antécédents ou la présence de tophus et/ou d'arthrite goutteuse). Posologie : La dose recommandée d'Adenuric® est de 80 mg une fois par jour, administrée par voie orale, pendant ou en dehors des repas. L'action d'Adenuric® est suffisamment rapide pour permettre un nouveau dosage de l'uricémie après deux semaines de traitement. L'objectif thérapeutique est la diminution et le maintien de l'uricémie au-dessous de 6 mg/dl (357 µmol/l). Un traitement préventif des crises de goutte est recommandé pendant au moins six mois. Contre-indications : Hypersensibilité à la substance active ou à l'un des excipients. ARCOXIA® comprimé pelliculé, dans le traitement symptomatique de l'arthrose Principe actif : Etoricoxib : anti-inflammatoire non stéroïdien, inhibiteur sélectif de la cyclo-oxygénase 2 (COX-2). Forme galénique : Comprimés pelliculés. Titulaire de l’AMM : Laboratoires MERCK SHARP & DOHME-CHIBRET Conditionnement et dosage : - Comprimé pelliculé à 30 mg : Boîte de 28, sous plaquettes thermoformées. Modèle hospitalier : Boîte de 98 (2 boîtes de 49). - Comprimé pelliculé à 60 mg : Boîte de 28, sous plaquettes thermoformées. Modèle hospitalier : Boîte de 50. Liste I

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NOUVEAUX MEDICAMENTS Indications : Traitement symptomatique de l'arthrose. La décision de prescrire un inhibiteur sélectif de la COX-2 doit être basée sur l'évaluation de l'ensemble des risques spécifiques à chaque patient. Posologie : Arcoxia® est administré par voie orale et peut être pris avec ou sans aliments. Lorsqu'un soulagement rapide est nécessaire, il est à noter que l'efficacité du médicament est plus précoce si l'étoricoxib est administré sans aliments. En raison de l'augmentation possible des risques cardiovasculaires de l'étoricoxib avec la dose et la durée de traitement, ce médicament doit être prescrit à la dose minimale journalière efficace pendant la période la plus courte possible. La nécessité du traitement symptomatique et son efficacité thérapeutique pour le patient devront être réévaluées périodiquement, en particulier chez les patients atteints d'arthrose. La dose recommandée est de 30 mg une fois par jour. Chez certains patients, lorsque le soulagement des symptômes est insuffisant, une augmentation de la dose à 60 mg une fois par jour peut améliorer l'efficacité. En l'absence d'amélioration du bénéfice thérapeutique, d'autres traitements doivent être envisagés. Des doses supérieures à celles recommandées n'ont pas, soit démontré d'efficacité supplémentaire, soit été étudiées. Par conséquent, dans l'arthrose, la dose de 60 mg une fois par jour ne sera pas dépassée. Contre-indications : - Hypersensibilité à la substance active ou à l'un des excipients. - Ulcère peptique évolutif ou saignement gastro-intestinal. - Antécédents de bronchospasme, de rhinite aiguë, de polypes nasaux, d'œdème de Quincke, d'urticaire ou de réactions de type allergique déclenchés par la prise d'acide acétylsalicylique ou la prise d'AINS y compris les inhibiteurs de la COX-2 (cyclo-oxygénase-2). - Grossesse et allaitement. - Insuffisance hépatique sévère (albumine sérique < 25 g/l ou score de Child-Pugh >= 10). - Clairance de la créatinine estimée < 30 ml/min. - Enfant et adolescent de moins de 16 ans. - Maladie inflammatoire de l'intestin. - Insuffisance cardiaque congestive (NYHA II-IV). - Hypertension artérielle non convenablement contrôlée et dont les valeurs sont, de façon persistante, supérieures à 140/90 mmHg. - Cardiopathie ischémique avérée, artériopathie périphérique et/ou antécédent d'accident vasculaire cérébral (y compris accident ischémique transitoire). FIRMAGON®, dans le traitement du cancer de la prostate avancé hormonodépendant Principe actif : Dégarélix : antagoniste sélectif de l'hormone entraînant la libération de gonadotrophines (GnRH). Forme galénique : Poudre et solvant pour solution injectable sous-cutanée. Titulaire de l’AMM : Laboratoire FERRING

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NOUVEAUX MEDICAMENTS Indications : Firmagon® est un antagoniste de l'hormone entraînant la libération de gonadotrophines (GnRH), indiqué dans le traitement du cancer de la prostate avancé, hormonodépendant. Conditionnement et dosage : Poudre et solvant pour solution injectable SC à 80 mg, boîte unitaire. Poudre et solvant pour solution injectable SC à 120 mg, boîte de 2. Liste I Posologie :

initiation du traitement

Traitement d'entretien administration mensuelle

240 mg administrés en 2 injections sous-cutanées de 120 mg chacune

80 mg administrés en 1 injection sous-cutanée

La première dose du traitement d'entretien doit être administrée 1 mois après la dose d'initiation du traitement. La réponse thérapeutique au dégarélix est évaluée par l'examen clinique et les dosages sanguins de l'antigène spécifique de la prostate (PSA). Les études cliniques ont montré que l'inhibition de la sécrétion de testostérone (T) débute immédiatement après l'administration de la dose d'initiation du traitement. Un taux sérique de testostérone, correspondant à la castration médicale (T <= 0,5 ng/ml), est atteint trois jours après chez 96 % des patients et un mois après, chez 100 % des patients. Il a été démontré qu'après 1 an de traitement à la dose d'entretien, la suppression de la sécrétion de testostérone (T <= 0,5 ng/ml) se maintenait chez 97 % des patients. En l'absence de réponse clinique optimale, il faut s'assurer que le taux sérique de testostérone obtenu correspond bien à une suppression androgénique. Le dégarélix n'induisant pas de pic de testostérone, il n'est pas nécessaire de prescrire un anti-androgène lors de l'instauration du traitement. Mode d'administration : Avant l'administration, il faut procéder à la reconstitution de Firmagon®. Firmagon® doit être administré uniquement par voie sous-cutanée. Ne pas administrer par voie intraveineuse. En l'absence d'étude, l'administration par voie intramusculaire n'est pas recommandée. L'administration de Firmagon s'effectue par injection sous-cutanée dans la région abdominale. Comme pour tout médicament administré par voie sous-cutanée, le site d'injection doit être modifié périodiquement. Les injections doivent être réalisées dans une partie du corps non exposée à la pression, par exemple à distance de la taille, de la ceinture ou des côtes. Contre-indications : Hypersensibilité au dégarélix, ou à l'un des constituants du produit.

Vince

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SYSTEMES DE SANTE

Coup d’oeil sur les systèmes de santé

Les systèmes de santé présentent des différences entre les pays. De plus tous les sytèmes sont confrontés à des difficultés notamment à augmentation des coûts. Le Comprimé vous propose de jeter un coup d’oeil sur trois systèmes différents et de voir leur structure, leurs mutations et les défis qu'ils devront relever à l'avenir.

Suisse Le système de santé suisse présente de nombreux points forts, au premier rang desquels figurent l'assurance obligatoire des soins avec son catalogue de prestations uniformes et généreuses, les primes par tête et les réductions de prime, le système de pluralité des assureurs ainsi que le libre choix du médecin. Une autre force est la coresponsabilité de la Confédération inscrite dans la Loi fédérale sur l'assurance-maladie (LAMal) pour une prise en charge qualitative ainsi que les critères efficacité, adéquation et caractère économique pour la couverture des prestations (critères EAE). À l'avenir, des défis de grande envergure vont cependant se poser: la Suisse sera confrontée non seulement à la hausse continue des coûts, mais aussi à l'augmentation des maladies chroniques et au vieillissement de la population. Par conséquent, un débat unilatéral sur les coûts, tel qu'il prédomine actuellement en politique de santé, ne choisit pas les bonnes priorités. Il faut en effet mieux tenir compte de l'utilité pour les patients et de la qualité de la prise en charge, une population en bonne santé coûtant au bout du compte moins cher qu'une population malade. Par ailleurs, la prévention va jouer un rôle de plus en plus important dans le système de santé. Tant au niveau de la société que de l'individu, il est important d'investir dans des mesures efficaces et rentables de promotion de la santé et de prévention. Vu l'allongement de l'espérance de vie, une bonne santé est un objectif prioritaire également du point de vue du développement économique. En outre, si l'on parvient à prolonger la vie sans maladie et sans incapacité, cela contribuera à freiner l'augmentation des coûts du système de santé. De plus, la politique suisse de la santé va continuer à s'occuper des différents volets de réforme de la LAMal. Quatorze ans après son introduction, la LAMal est encore controversée. Une critique souvent formulée est que les objectifs énoncés n'ont été que partiellement atteints. Cela est imputé à des difficultés de mise en ouvre dues à l'éparpillement des compétences entre la Confédération et les cantons, mais non à la loi proprement dite. Certains voient par contre dans la LAMal la cause de l'augmentation des primes et des coûts faute d'incitations à un comportement économique et en raison d'une répartition injuste du financement (d'après Interpharma)

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SYSTEMES DE SANTE

Suède Les soins et services de santé sont assuré́s dans des conditions d’é́galité́ à l’ensemble de la population.Le système de santé suédois est financé par l’impôt et largement décentralisé. Par rapport à d’autres pays d’un même niveau de développement, le système de santé suédois est très performant, il offre de bons résultats médicaux malgré un apport de ressources modéré et des coûts maîtrisés.

En Suède, la responsabilité des prestations de santé est décentralisée. Elle incombe aux conseils généraux et, dans certains cas, aux communes. La politique suédoise de la santé prévoit que chaque conseil général doit fournir à ses habitants des services de santé et soins médicaux de bonne qualité et travailler à la promotion de la santé pour l’ensemble de la population. Offrir des soins de qualité à une population de plus en plus âgée est un défi majeur pour les services de santé. Cela requiert une meilleure articulation entre les services de santé des conseils généraux et l’aide aux personnes âgées assurée par les communes. À cet effet, il est prévu notamment de recourir à une formule relativement nouvelle, les «centres de soins de proximité», qui ont pour fonction de coordonner, à partir des besoins des patients,l’intervention de différents prestataires tels que l’hôpital local, le centre de soins et les services sociaux.Ces services de proximité devraient dans l’avenir répondre à la majeure partie des besoins courants de soins en particulier en ce qui concerne les affections banales et répétitives ainsi qu’aux besoins des personnes souffrant de polypathologies chroniques. Les délais d’attente pour les interventions programmées, par exemple l’opération de la cataracte ou la prothèse de la hanche, ont longtemps été un point faible des services de santé et une source d’insatisfaction. Malgré une forte augmentation de la productivité qui a permis de réaliser davantage d’interventions par habitant que dans bien d’autres pays, les délais d’attente restent parfois longs. d'après www.sweden.se

Etats-Unis Ce qui est le plus frappant lorsque l’on s’intéresse au système de santé des États-Unis, c’est l’absence de tout système national obligatoire d’assurance maladie qui conduit près de 43 millions d’Américains, soit 15 % environ de la popu- lation, à ne disposer d’aucune protection contre la maladie. Les deux tiers des Américains de moins de 65 ans sont assurés par le biais de leur employeur. Le financement public, bien qu’important puisqu’il couvre près de 45 % des dépenses de santé, est ciblé sur certaines populations.

Il se concentre essentiellement sur deux programmes : le programme fédéral Medicare pour les plus de 65 ans et les personnes gravement handicapées, soit 15 % de la population ; le programme Medicaid qui s’adresse à certaines familles pauvres avec enfants et enfin, autre caractéristique souvent mise en avant, les États-Unis ont le système de santé le plus onéreux au monde puisqu’ils y consacrent près de 14 % de leur PIB. Cet investissement massif dans ce secteur ne se traduit pourtant pas par des résultats particulièrement bons en termes d’indicateurs de santé. Près de 43 millions d’Américains n’ont aucune assurance maladie.

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SYSTEMES DE SANTE En 1999, 42,6 millions d’Américains, soit 17,5 % des personnes de moins de 65 ans, ne disposaient d’aucune assurance maladie, parmi lesquels 10 millions d’enfants. En un peu plus de vingt ans, le nombre de personnes sans assurance a fortement augmenté puisqu’il n’était que de 32 millions en 1987. En 1999, plus de 65 % des Américains de moins de 65 ans étaient couverts par le biais d’une assurance maladie privée liée à l’emploi. Les entreprises, quelle que soit leur taille, ne sont pas obligées d’offrir une assurance maladie à leurs employés ; toutefois, dans un contexte très favorable à l’emploi depuis 1993, elles ont eu tendance à étendre cette possibilité afin d’accroître leur attractivité sur le marché du travail. En un peu plus de vingt ans, le nombre de personnes sans assurance a fortement augmenté puisqu’il n’était que de 32 millions en 1987. En 1999, plus de 65 % des Américains de moins de 65 ans étaient couverts par le biais d’une assurance maladie privée liée à l’emploi. Les entreprises, quelle que soit leur taille, ne sont pas obligées d’offrir une assurance maladie à leurs employés ; toutefois, dans un contexte très favorable à l’emploi depuis 1993, elles ont eu tendance à étendre cette possibilité afin d’accroître leur attractivité sur le marché du travail. Mais depuis mars 2010, la réforme de santé appuyé par le president Obama à été aprouvée par le Sénat et la Chambre des Représentants (219 voix contre 212). Cette réforme a suscité de nombreuses contreverses. Le projet de reforme a falli tomber à l'eau, comme ce fut le cas pendant la presidence de Clinton. Les républicains ont tout fait pour empêcher la réforme (cf illustration). La reforme reste un debut de changement dans le système de santé aux Etats-Unis mais c'est un très grand pas en avant. La reforme sera mise en place sur quatre ans, le profil de système de santé aux Etats-unis va donc changer. (extrait du site de l’hcsp) Voici un extrait du journal “le Monde” qui explique sans rentrer dans le détail la reforme. Elle a pour but : - Un : l'octroi à ceux qui en sont dénués d'une assurance "de bonne qualité", que les bénéficiaires conserververont "qu'ils changent d'emploi ou qu'ils le perdent". - Deux : de contrôler les coûts exponentiels de la santé" - ils atteignent 16,4 % du PIB aux Etats-Unis, contre 10 % à 11 % dans les autres pays développés. - Trois : d’améliorer l'efficacité de l'assurance publique des retraités (Medicare) pour qu'elle "cesse d'enrichir les assurances privées". - Quatre : d’imposer aux assureurs de ne plus "discriminer" les contractants, c'est-à-dire les exclure pour dossier médical trop lourd. Cette réforme devrait permettre à 95 % des Américains de bénéficier d'une assurance médicale, contre 83,5 % actuellement, soit 31 millions de personnes supplémentaires sur les quelque 50 millions qui sont dénués d'assurance. (...) Les assureurs privés ne pourront plus refuser une couverture santé aux malades "à risques". Enfin, le bureau du budget a calculé que cette réforme (coût : 940 milliards de dollars) permettra de rogner 138 milliards de dollars sur dix ans sur les dépenses générales de santé, un vrai premier pas dans un dossier longtemps négligé. Charles

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INTERVIEW DE MATHIAS HAGEN

Interview de Mathias Hagen, économiste à Interpharma Après avoir étudié des systèmes de santé, le Comprimé vous propose une analyse par un expert, Mr Hagen Quel a été votre parcours ? J'ai fait des études d'économie à St Gallen et pendant mes études j'étais très intéressé par l'industrie pharmaceutique et le secteur de la santé en général. Avec cet intérêt et un peu de chance, je suis entré chez Interpharma. Pouvez-vous nous expliquer ce qu'est Interpharma ? Interpharma est une association d'entreprises pharmaceutiques pratiquant la recherche en Suisse. Les entreprises membres sont: Novartis, Roche, Merck, Serono, Actelion, Bayer Schering, Cilag et Vifor. Elles représentent 10% du marché pharmaceutique mondial. Interpharma travaille de près avec tous les acteurs de la santé, en particulier avec ceux qui représentent un intérêt pour les entreprises pharmaceutiques pratiquant la recherche en Suisse et à l'étranger. Notre mission consiste à promouvoir le dialogue entre les acteurs de santé à travers notre analyse, des études et autres publications ou événements. Il peut s’agir d'informations légales, d’opinions publiques, d’informations économiques, etc. Quel est votre rôle dans tout ça ? Interpharma est organisé en équipes interdisciplinaires. Je travaille dans le département de “ l’issue managment" . Issue managment est la partie commune aux affaires publiques et aux relations publiques qui s'occupe des affaires publiques et événements qui ont une importance pour l'industrie pharmaceutique. Je me focalise sur l'aspect plus économique. Concrètement mes actions et responsabilités sont, en premier lieu, l'obtention de données économiques, statistiques et sondages d'institutions gouvernementales et non gouvernementales. En deuxième lieu, je suis le débat public et je fais des lectures systématiques de la presse. Finalement, je fournis de l'aide interne et externe pour des représentants des différents groupes. Ce qui rassembles tous ces rôles est la connaissance de données économiques et d'autres données, à la fois à un niveau macro-économique et dans l'économie de la santé. Qu'aimez-vous dans votre métier ? Qu'est-ce qui vous motive à vous lever le matin ? Le secteur de la santé est très dynamique et au travail je me confronte à différentes problématiques qui sont toutes très importantes et affectent nos vies. Une autre raison est que l'on fait partie du procédé par lequel l'industrie pharmaceutique crée de nouvelles thérapies qui, au final, aident les patients. C'est super de faire partie de tout ça ! Ce que je trouve très enrichissant, c'est que l'on travaille avec des interlocuteurs très variés : des scientifiques, des avocats, des économistes, des pharmaciens, etc. Des gens avec des formations très diverses. Travailler avec toutes ces personnes, c'est ce que j'apprécie le plus.

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INTERVIEW DE MATHIAS HAGEN Vous avez dit pharmaciens ? Oui ! Nous avons des pharmaciens qui travaillent à Interpharma. Mon chef est biologiste moléculaire, un scientifique de par sa formation, mais cela ne l'empêche pas de travailler sur des aspects politiques. Comme vous pouvez le voir, l'esprit est très ouvert. Vous avez besoin de toutes ces personnes pour arriver à une conclusion compréhensive. Comment fait-on pour interpréter des nombres tels que: le nombre de médecin, d'infirmières, les dépenses de santé par PIB, etc, lorsque les systèmes de santé en Europe sont tellement différents ? Ce problème est très répandu. Vous n'allez jamais avoir la meilleure réponse à votre question. Il s’agit de rendre les nombres comparables. C'est ce que je fais et ce que des statisticiens font. En premier lieu, il faut trouver une base commune de manière à pouvoir comparer. Par exemple, la densité de médecins en France est différente de celle en Suisse. Les deux pays sont différents en terme de territoires (montagne, taille des villes, taille du pays,...) et de systèmes de santé. Rien qu'en faisant ces observations, vous pouvez voir qu'on ne peut pas aussi simplement comparer les deux données. Vous devez adapter les données. Il ne Données pour la Suisse s’agit pas de les changer bien sûr, mais vous pouvez les présenter autrement, par exemple sur une brochure avec de nombreuses données claires. Ceci peut alors être utilisé par le public, par des politiciens et par toute personne intéressée. Ce que vous créez doit être simple d'utilisation. Vous traduisez la complexité en quelque chose qui peut être facilement compris par votre utilisateur cible. Un politicien ne va pas prendre des heures à analyser données il a besoin que l'information soit directe. Que pouvez-vous prédire quant à l'avenir des postes pour les pharmaciens ? Les pharmaciens font des métiers très variés. Je peux vous présenter l’aspect de la pharmacie industrielle. Les pharmaciens seront certainement demandés par l'industrie pharmaceutique dans les années à venir. Ici en Suisse, il y a un grand besoin de personnes hautement qualifiées, pharmaciens y compris. Mais il y a aussi un besoin de thésards dans les laboratoires de recherche. Il y a un besoin de tout scientifique bien formé à la fois du côté des starts-up qui sont très dynamiques mais aussi au niveau des grandes entreprises pharmaceutiques. Et du côté des officines ? Le rôle traditionnel du pharmacien va changer mais il est difficile de dire quelle direction il va prendre. Il y aura de nouvelles manières de distribuer les médicaments et les pharmaciens d'officine vont être mis à l'épreuve. Vous pouvez voir qu'en Suisse le nombre d'officines augmente malgré tous les problèmes auxquels elles sont confrontées, ce qui est assez surprenant. Mais on ne peut savoir comment les choses vont se passer. Les pharmacies se doivent d'être innovateurs en créant de nouvelles manières de servir les consommateurs. Les ventes sur Internet ont augmenté par le passé mais en ce moment elles n'augmentent plus.

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INTERVIEW DE MATHIAS HAGEN Tout ceci a beaucoup à voir avec la manière dont le gouvernement fixe les prix, ce qui est au final une question politique. Il se peut que l'on arrive à un modèle « direct au consommateur » utilisant des gadgets comme Internet. Par contre, il ne faut pas oublier que les médicaments ne sont pas un bien de consommation et on arrivera à la limite de ce qui est possible. Il faut un pharmacien bien formé pour des raisons légales et de sécurité. Les contrefaçons ne sont qu'un seul exemple. Selon L'Organisation Mondiale de la Santé un médicament sur dix est contrefait. Suivez-vous ce qui se passe à un niveau européen ? Quelle est l'importance du rôle de Bruxelles au niveau de la santé ? Les politiques de santé restent très nationales. L'union Européenne n'a qu'un rôle de coordination. Bruxelles peut établir des objectifs comme par exemple sur le nombre de non-fumeurs mais a très peu d'outils pour intervenir. Par contre, de nombreuses décisions importantes sont prises à Bruxelles. L'Agence Européenne des Médicaments et ses recommandations de qualité, sécurité et d'efficacité des médicaments n'en est qu'un exemple. Nous suivons bien sûr ce qui se passe à Bruxelles et à l' European Federation of Pharmaceutical Industries and Associations (EFPIA). Vous ne pouvez pas sous-estimer le rôle de Bruxelles, mais il reste néanmoins limité. Le rôle de l'Union Européene va-t-il augmenter ? Les gouvernements nationaux sont très attachés à leurs compétences. Cependant, Bruxelles essaie d'acquérir de nouvelles compétences. Les choses, pour le moment, restent au même niveau. Il semble que le coût de la santé reste un sujet important. Tous les systèmes de santé sont confrontés à ce problème. Comment peut-on diminuer le coût tout en améliorant l'offre de santé ? Malheureusement il n'y a pas de solution miracle. La question est : quel système de santé voulez-vous ? Combien êtes-vous prêt à investir dans ce domaine de société et de vie humaine ? Le problème de coût est présent dans tous les pays. Si le système est surchargé l'industrie pharmaceutique sera affectée. Les systèmes de santé sont extrêmement compliqués. Trouver une solution à ce problème est une question fondamentale pour l'avenir. L'industrie pharmaceutique est très intéressée par ce problème. Pour nous, il est essentiel que le patient ait accès aux dernières avances médicales dans un système de santé compétitif qui lui garantit d'avoir le droit de choisir le traitement nécessaire. Le système doit être ouvert à l'innovation. Avoir assez de fonds pour la recherche de manière à ce que l'on puisse continuer à trouver de nouveaux traitements et de nouveaux principes actifs et à guérir des maladies est fondamental. Malgré tout ça, je pense qu'il est important de se concentrer sur la qualité, et pas autant sur le coût. Si vous vous concentrez sur la qualité, vous diminuez le coût tout en aidant les patients. Augmentation des dépenses de santé dans les pays industrialisés En 2007, les dépenses de santé ont représenté en Suisse approximativement 10.8% du produit intérieur brut (PIB). Cette part a augmenté de 5.4 points depuis 1970.Si l'on compare les dépenses de santé de la Suisse avec celles d'autres pays, la Suisse se situe au troisième rang, derrière les Etats-Unis et la France. Aux Etats-Unis, les dépenses de santé ont représenté 16.0% du PIB en 2007. Mais les coûts de santé enregistrés dans les différents pays ne recouvrant pas toujours les mêmes segments, une comparaison internationale n'est que partiellement possible.

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INTERVIEW DE MATHIAS HAGEN Les médicaments sont relativement peu chers comparés à l’hospitalisation. Oui, bien sûr. En Suisse, les médicaments représentent 10% des dépenses de santé. Mais toutes les composantes de la santé doivent contribuer au coût. Pour avoir une solution durable, vous devez regarder la structure et bien sûr les hôpitaux jouent ont un rôle majeur. Ici en Suisse, il y a une grande réforme des hôpitaux prévue pour 2012 et le gouvernement essaie de trouver des solutions au niveau structural. Cette démarche est présente partout dans le monde, cependant les réformes ne sont pas faites au même rythme dans tous les pays. Mais les idées sont discutées partout.

Données pour la Suisse 1 Médicaments compris. 2 En termes de prix publics, sans les hôpitaux

Avez-vous suivi le débat récent sur l'Assurance Maladie aux Etats-Unis ? Oui, nous avons suivi le débat. Nous essayons de savoir en quoi la réforme va affecter l'industrie pharmaceutique. Il semble que pendant les débats, les sujet de coût et de l’intervention gouvernementale étaient prédominants et le patient a été mis de côté. Le patient semble souvent absent des débats de santé dans de nombreux pays. Pensez-vous la même chose? J'ai aussi cette impression. Les patients ne sont pas autant écoutés que les médecins, pharmaciens et autres. Ils ne parlent pas d'une seule voix et ils devraient être au centre de ce débat. Quelle que soit la réforme mise en place, vous avez besoin du patient pour atteindre votre objectif. Les patients doivent être au centre et c'est dommage qu'ils ne soient pas. Y a-t-il eu, un jour, un grand succès de réforme qui a réduit les coûts et apporté des soins de qualité au patient ? Un modèle qui semble être très efficace financièrement, c'est le modèle intégré. Il a débuté il y a 30 ans aux USA. Ce modèle connecte les spécialistes au généraliste. Le patient a un suivi permanent, dans le meilleur des cas un dossier électronique, et vous avez un point central pour la santé (médecin, centre de soin...). Toute consultation, check-up, presciption etc, est centralisée et guidée. Si vous consultez un spécialiste, le rapport va directement au généraliste. Cela évite que les diagnostics soient faits deux ou trois fois. Le patient profite de primes plus basses. C'est bon pour le patient, le système et les médecins. De cette manière vous améliorez la qualité et réduisez les coûts. Merci beaucoup, Mathias Hagen, de nous avoir accordé un peu de votre temps pour cette interview . Charles Interview réalisée en anglais et traduite en français. Pour avoir la version anglaise rendez-vous sur le site du Comprimé.

Vous pouvez retrouver toutes les données statistiques de cet article sur le site www.interpharma.ch

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Infectiologie et tourisme Amérique du Nord : West Nile, Lyme, leishmaniose, diphtérie, hantavirus

Afrique du Nord et Moyen-Orient : Leishmaniose, méningocoque pour les pèlerins de la Mecque, béjel

Dans toute la ceinture tropicale : Shigelles, Chlamydia trachomatis, schistosomiases, filarioses, ankylostomes, anguilluloses, taenia, cysticercose

Amérique du Sud : Fièvre jaune, paludisme, leishmaniose, onchocercose, maladie de Chagas, dengue et arboviroses, pinta, amoebose, peste, choléra

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INFECTIOLOGIE ET TOURISME

Europe et Asie du Nord : Encéphalites à tique, maladie de Lyme et autres borrélioses, hantavirus, diphtérie

Asie du Sud Est : Encéphalite japonaise, rougeole, paludisme, grippe aviaire toujours d’actualité, leptospirose, dengue et arboviroses, distomatoses, choléra, Chikungunya, onchocercoses, amoebose, leishmaniose, peste

La trousse à pharmacie devrait comporter au minimum : ● Des médicaments systémiques - antalgique et antipyrétique (paracétamol) - antidiarrhéique anti-sécrétoire (Tiorfan®) - pansements intestinaux (Smecta®) - antiémétique pour le mal des transports (Nausicalm®) - sédatifs ● Une protection contre le paludisme - répulsif contre les moustiques indispensable ainsi qu’une moustiquaire - antipaludique à usage préventif (selon zone) ● D’autres produits - collyre (conditionnement monodose) - thermomètre incassable - épingles de sûreté - pince à épiler - crème solaire et écran total pour les enfants - crème pour les brûlures - pansements stériles et sutures adhésives - antiseptique cutané - gel ou solution hydroalcoolique pour l’hygiène des mains - produit pour désinfection de l’eau de boisson (Aquatabs®) - sachets de bouillon lyophilisé, sachets de sucre - bande de contention - set de matériel à usage unique (aiguilles, seringues, matériel à suture...) (avec un certificat bilingue français/anglais à l’intention des contrôles douaniers) - préservatifs (norme NF) - produit pour imprégner les moustiquaires ● Pour l’enfant La trousse de pharmacie doit comporter les mêmes médicaments (présentés sous leur forme pédiatrique) avec leur mode d’utilisation.

Afrique tropicale : Fièvre jaune, rougeole, paludisme, onchocercose, West Nile, maladie du sommeil, choléra, fièvres hémorragiques, typhoïde, loase, leishmaniose, amoebose, pian

Partout : Turista, Campylobacter et infections sexuellement transmissibles En situation d’hygiène précaire : Virus de l’hépatite A, rage, amibiase

Ben Pour plus d’informations : <<Recommandations sanitaires pour les voyageurs 2009>>, Bulletin épidémiologique hebdomadaire, n° 23-24, 22 juin 2009 http://www.invs.sante.fr ; Le POPI, Maladies Infectieuses et Tropicales, 9ème édition, 2007 Vous pouvez aussi vous rendre sur le site du comprimé pour d’autres renseignements !

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INTERVIEW DE M.PESSON

Interview de M.Pesson Bonjour M. Pesson et merci de recevoir l’équipe du comprimé dans votre bureau. Tout d’abord, quel a été votre cursus universitaire ? Je suis né en 1947 à Paris où j’ai fait mes études secondaires au Lycée Charlemagne. Après un baccalauréat « maths – élém » (« mathématiques élémentaires », équivalent de la section S), j’ai étudié la pharmacie à la faculté de Paris V. J’ai été diplômé en 1969 et immédiatement recruté par le Professeur Nicole Léger comme assistant en parasitologie dans le service du Professeur Raymond Cavier. J’ai été titularisé au bout de 3 ans en 1972 et c’est à ce moment-là que j’ai intégré la nouvelle faculté de pharmacie de Paris XI à Châtenay-Malabry. J’y ai participé à la mise en place des divers enseignements de parasitologie et j’ai été nommé en 1976 maître assistant (le titre de maitre de conférences n’était alors pas utilisé pour cette fonction). J’ai soutenu une thèse des sciences pharmaceutiques en 1978, et passé le concours d’agrégation en parasitologie en1979. Classé second, j’ai choisi le poste de Strasbourg où la faculté d’Illkirch ouvrait ses portes. Dès la rentrée 1979, j’ai commencé à enseigner la zoologie en première année et la parasitologie en quatrième année, jusqu’à aujourd’hui. Qu’est-ce qui vous a amené à choisir la parasitologie ? Quand j’étais lycéen, les deux matières qui m’intéressaient le plus étaient les sciences naturelles et la géographie. J’aurais dû normalement intégrer une prépa à agro, mais une mauvaise note en maths au BAC m’a fait changer d’avis. Je voulais alors me diriger vers la faculté des sciences et la licence « SPNC » (sciences physiques chimiques et naturelles). Mon père qui était scientifique (et connaissait bien mes aptitudes et mes défauts !) m’orientait plutôt vers une formation universitaire dans des disciplines biologiques mais aboutissant à un diplôme d’exercice. Il me « poussait » vers médecine! j’ai donc fait pharmacie (sourire)! sans doute par esprit de contradiction envers un père bienveillant mais autoritaire! Les études de pharmacie ne duraient que 5 ans. En dernière année, j’ai eu la chance d’être «repéré» pour mes résultats en parasitologie et de me voir proposé un poste d’assistant auxiliaire. C’était le tout premier échelon qui n’existe plus mais qui m’a permis de commencer très tôt ma carrière universitaire dans la discipline qui m’intéressait le plus. Ceci n’est plus possible aujourd’hui ; le parcours est devenu beaucoup plus difficile et beaucoup plus long. Depuis quand faites-vous du diagnostic biologique en parasitologie ? C’est dès le début de ma carrière en 1969 que j’ai commencé à travailler en diagnostic biologique parasitaire à l’hôpital Saint-Louis dans le service du Professeur Marc Gentilini. Depuis cette époque, j’ai toujours enseigné ce diagnostic aussi bien dans la formation des biologistes médicaux (au CES puis au DES) que dans leurs enseignements postuniversitaires à la faculté ou dans leurs laboratoires

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INTERVIEW DE M.PESSON C’est récemment en 2003, que le Professeur Ermanno Candolfi m’a demandé de me joindre à son équipe à l’Institut de Parasitologie des Hôpitaux de Strasbourg, où je participe au diagnostic direct microscopique en tant que praticien attaché. Faites-vous des recherches ? Oui, même si dans la maison je fais figure « d’électron libre » car je ne suis intégré à aucune des équipes locales. Depuis deux ans je fais partie d’une équipe reconnue travaillant sur l’épidémiosurveillance des maladies parasitaires transmissibles, et dirigée par mon collège Rennois Jérôme Depaquit. Depuis ma thèse, je me suis spécialisé dans l’étude des vecteurs de leishmaniose. J’étudie plus précisément les phlébotomes méditerranéens dans le cadre de collaborations comme celle du programme européen EDEN (Emerging Diseases in a Changing European Environment) . Comme nous le savons, vous êtes responsable de la filière officine, occupez-vous aussi d’autres fonctions annexes ? Oui, en effet cela fait 10 ans que je suis responsable de la filière officine et que je représente la faculté au Conseil Régional de l’Ordre des Pharmaciens qui correspond à la section A des pharmaciens titulaires d’officines. L’exercice de cette fonction et le contact avec nos confrères m’ont beaucoup apporté mais cette année je souhaite passer la main, car je trouve qu’il est temps de faire place aux jeunes générations et me recentrer ainsi sur mon activité principale, la parasitologie. Depuis 1993, je suis membre du conseil scientifique du CNCI (centre national des concours d’internat – internat en pharmacie) où, avec trois autres collègues d’autres facultés, nous représentons la parasitologie et la mycologie médicale. Au cours de réunions mensuelles, nous validons les QCM et dossiers biologiques et thérapeutiques de ces disciplines qui pourront être proposés au concours. En 1986, le doyen de la faculté m’avait désigné comme chargé de mission auprès de l’Inspection Régionale de la Pharmacie. Pendant six ans, j’ai plus particulièrement participé à l’inspection des laboratoires de biologie médicale. Cette fonction m’a suffisamment marqué dans ma carrière pour qu’aujourd’hui encore je sois le coordonnateur du module d’enseignements « organisation – gestion – droit » du DES de Biologie Médicale. Ce module est enseigné, pour l’inter-région Est, un an sur deux à Strasbourg. Enseignez-vous ailleurs qu’à la Faculté de Pharmacie ? A l’époque des CES (certificats d’études spécialisés en biologie médicale), je participais aux enseignements à Strasbourg à Paris et à Reims. Aujourd’hui je contribue à la formation en parasitologie des internes de biologie médicale et j’assure les cours d’entomologie médicale et des travaux pratiques au DU de pathologie tropicale de la faculté de médecine de Strasbourg. L’année prochaine, on aura la réforme de la L1 santé, qu’adviendra-t-il du programme de Zoologie de 1ère année de Pharmacie ? Cette discipline ne sera plus incluse dans le nouveau programme L1. Je pense qu’à l’avenir la zoologie devrait être intégrée aux unités d’enseignement sur la biodiversité et la systématique prévues dans la deuxième année d’études. Il est très important de garder dans notre cursus la zoologie comme la botanique. Ces disciplines apportent une culture et des bases concrètes qui permettent de mieux aborder les autres sciences biologiques qui y font référence. En ce qui me concerne, je pense bien entendu à la parasitologie.

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INTERVIEW DE M.PESSON Personnellement je n’ai jamais été favorable au concours de fin de 1ère année et je pense que la réforme des études de santé aurait pu instaurer un examen classant d’entrée en faculté à l’instar de ce qui se passe dans d’autres pays de l’Union Européenne. Je trouve que la première année est très lourde à organiser. Elle est difficile aussi bien pour les étudiants que pour les enseignants. Elle fait beaucoup de déçus et la sélection se fait sur des critères théoriques qui ne décèlent peut-être pas toutes les qualités professionnelles. J’aurais aussi aimé que l’on pense aux reconversions tardives en ne limitant pas dans le temps le nombre de tentatives d’accès aux professions de santé. Vous êtes très efficace dans votre enseignement, certains élèves prétendent que cela est dû à votre capacité à ne pas respirer... Je suis heureux que l’on me juge efficace car j’aime enseigner. Je passe beaucoup de temps à préparer mes cours et à les mettre à jour. Comme enseignant en faculté de pharmacie, je tiens particulièrement à l’exactitude et à l’actualité des informations que je donne sur les antiparasitaires et antifongiques. L’évolution rapide des AMM, des génériques! nécessite une révision constante aidée par les sites comme Thériaque et Vidal pro et bien entendu l’AFSSAPS.

Pour ce qui est de ma respiration, je sais que je parle vite et c’est pour cela que je prends soin de répéter plusieurs fois les points qui sont importants. Je pense que ce rythme est tout à fait compatible avec la prise correcte de notes puisque si je le ralentis un tant soit peu, je constate que certains étudiants se mettent à converser. Vous êtes toujours très bien habillé, est-ce par tradition ? Non, ce n’est pas une tradition et je m’habille de la façon qui me convient le mieux. Comme le vouvoiement, c’est aussi pour moi une forme de respect envers mes collègues et les étudiants. Ce n’est pas de la fatuité mais une simple question d’éducation et bien sûr de génération. Quel est votre point de vue sur le maintien du monopole des officines ? Ce monopole a toujours été attaqué. Il ne peut être bien défendu que si la profession joue d’abord la carte scientifique. La réorganisation de la prescription restreinte comme l’évolution du parcours de soins dans le contexte de la loi HPST sont deux exemples où la compétence scientifique du pharmacien est indispensable. Il n’en demeure pas moins vrai que le pharmacien titulaire d’officine est aussi un chef d’entreprise qui doit faire vivre son équipe dans une ambiance économique qui n’est pas des plus sereines. Des officines ferment, d’autres se regroupent et l’on sent bien que des changements vont se produire. Les nouvelles sources de rémunération que l’on peut imaginer ne risquent-elles pas de restreindre l’exercice libéral ou de créer un système d’accréditation pour certaines activités officinales? Je suis incapable de le dire mais il y a un point qui me rassure, c’est que la profession face à ces problèmes reste dynamique et propose des projets.

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INTERVIEW DE M.PESSON Votre métier doit vous amener à faire de nombreux voyages ? Depuis les années 80, j’étudie l’épidémiologie des leishmanioses dans le bassin méditerranéen et les missions entomologiques m’ont fait parcourir beaucoup de pays riverains. Ces dernières années je me suis rendu plusieurs fois au Maroc mais le programme européen EDEN m’a fait passer les quatre derniers étés en Languedoc-Roussillon avec mes collègues du National History Museum de Londres. L’objectif est d’évaluer l’incidence des modifications environnementales naturelles ou induites par l’homme sur la progression vers le nord des phlébotomes vecteurs. Le travail sur le terrain consiste à capturer dans le maximum de sites des échantillons représentatifs des populations sur lesquelles sont ensuite menées des analyses génétiques. La pose des pièges (qui fonctionnent pendant la nuit) se fait essentiellement dans les dépendances de maisons et les fermes ce qui nécessite le consentement des habitants. La gentillesse des personnes que nous dérangeons associée à notre aimable force de persuasion fait que nous ne rencontrons pratiquement jamais de refus ! En tant que spécialiste des parasites, qu’avez-vous vu de plus intéressant ? L’observation au microscope qui est pour moi une passion, procure sans cesse des images plus belles et plus intéressantes les unes que les autres. Mais qu’il s’agisse de parasites microscopiques ou d’insectes, ce qui est le plus captivant c’est d’aller jusqu’au bout d’une identification. J’ai eu la chance de faire beaucoup de morphologie avant qu’arrivent les outils moléculaires. Ayant déjà une bonne connaissance du groupe sur lequel je travaillais j’ai pu pleinement apprécier l’apport de ces nouvelles approches. Je crois que pour tous les naturalistes systématiciens de ma génération cela a constitué une étape des plus intéressantes dans leur travail de recherche.

Quel est votre animal préféré ? Je n’ai pas d’animal préféré, je pourrais dire que j’aime bien les insectes parce que je me suis spécialisé en entomologie. Je pourrais préciser le phlébotome parce que c’est un bel insecte et qu’il s’agit de celui sur lequel je travaille. En fait, je suis plus attiré par son comportement que par la bestiole elle-même. Comme dans toutes les maladies à focalisation vectorielle, c’est de ces facteurs influant sur ce comportement que dépend l’épidémiologie de l’affection. Quelle est l’un de vos meilleurs souvenirs d’enseignant ? D’abord la réussite professionnelle des étudiants dont j’ai pu m’occuper. Dans un tout autre registre, je retiendrai un cours de 1ère année dans les années 80 qui avait lieu en dernière heure juste avant les vacances de Noël. Gros chahut dans un amphi plein à craquer (quelques étudiants de 4ème année étaient là en visiteurs-animateurs)! on me demande de chanter ! Je réponds que je préfère un autre art, celui du dessin. Le cours devant porter sur la classification des mammifères, j’entreprends à la craie sur le tableau noir trois dessins de petits et leurs mères représentant les trois sous-classes de mammifères (dont l’ornithorynque dessiné ici) et je signe d’un « Joyeux Noël ». Il s’en suit une sympathique standing ovation que je n’oublierai pas.

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INTERVIEW DE M.PESSON Etiez-vous allé au banquet ? J’attendais cette question étant donné que vous la posez à chaque interview. J’ai participé au banquet au tout début de ma carrière strasbourgeoise mais je n’aime pas ce genre de fête où il y beaucoup de monde et qui évolue souvent en beuverie. Quand j’étais interne et au service militaire, je me suis forcé à participer à de telles manifestations que je ne supportais pas. Ceci me fait sans doute paraître distant pour certains étudiants mais je pense être un enseignant très disponible mais qui ne sait pas être familier et encore moins boute-en-train. Que pensez vous des cours en ligne ? Je ne suis pas partisan des cours en ligne si je ne peux pas moi-même et à tout moment faire des corrections ou modifier le texte. S’il faut passer par un gestionnaire qui ne peut vous assister 24 heures sur 24, cela manque de souplesse. Pour moi l’avenir devrait plutôt s’orienter vers des enseignements en vidéoconférence qui pourraient permettre d’une part de pallier l’absence de spécialistes dans certaines disciplines, d’autre part de favoriser les échanges (« en direct ») entre nos facultés. Pour finir, souhaitez-vous nous dire un mot pour les étudiants se destinant à la filière officine? Eh bien qu’ils se décident tout de suite (sourire)! Il ne faut pas que l’officine soit vue comme une voie par défaut après échec dans une autre filière. Je pense aussi que si l’on choisit de faire des études en faculté de pharmacie ce n’est pas pour « faire tout sauf de l’officine » ! Cette filière reste un bon choix de cursus.

Butters, Laurent

« ornithorynque allaitant son petit » esquisse des années 80 en souvenir des cours où les dessins étaient faits au tableau à main levée.

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LECTURES ESTIVALES

Lectures estivales Afin de vous aider à mieux passer l’été loin de notre chère faculté, Le Comprimé vous propose quelques idées de lecture sur le thème de la pharmacie. Ne partez pas en courant en entendant le mot “livre” car ils n’ont rien en commun avec ceux de la bibliothèque! Entre deux plongeons dans l’eau, vous arriverez bien à vous plonger dans un bouquin.

L'apothicaire et le banquet empoisonné, de D. Lake, éditions du Masque Un jeune apothicaire, John Rawlings, cherchant à se faire un nom dans son domaine, rencontre un des plus célèbres membres de sa profession, Maître Alleyn. Malheureusement celui-ci est malade suite à une prestigieuse soirée réunissant ses collègues. Le jeune homme va tenter de le soigner, sans succès. Suite à cet étrange décès, John va mener son enquête pour découvrir le coupable car Maître Alleyn est le seul à avoir succombé à ce repas. La découverte du coupable en va de sa carrière et il aura également affaire à des personnages qui pour certains sont peu recommandables.

Blockbuster, de P. Frot et C. Jouanelle, éditions Odile Jacob Plusieurs personnes décèdent suite à la prise d’un médicament contre les pannes d’érection. Clara, étudiante en médecine dont le copain est l'une des victimes, va essayer de trouver les raisons de ces mystérieuses morts avec un ami journaliste. Ils vont se heurter à de nombreux obstacles. Tandis que Clara infiltre le laboratoire ayant lancé le médicament, son ami pénètre la secte pouvant être impliquée dans les décès. Au cours de leurs recherches, les deux personnages seront plongés dans les enjeux des sociétés pharmaceutiques.

Projections privées, de G. Rozier, éditions Denoёl Un couple de Parisiens achète une pharmacie dans une ville de province. Tout semble paisible jusqu’à ce que l’officine soit détruite par un incendie. Les rumeurs vont bon cours et accusent le mari d’avoir commis le sinistre. En effet, il est provocateur, grossier et sans scrupules, ce qui ne joue pas en sa faveur. Ce roman concentre une grande variété de personnages et divers thèmes font leur apparition au fil du livre comme l’amour et la trahison. En outre, ce roman dresse le portrait d’une société pleine de complexité et de non-dits. Bonne lecture !

Céline Meyer

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LE WEEK-END DU CEPhI A PARIS

Week-end CEPhI à Paris

C’est par le premier beau week end du printemps que le CEPhI a organisé son voyage annuel. Cette année, l’association s’est rendue avec une cinquantaine d’étudiants à Paris dans le but de visiter la capitale et de découvrir les laboratoires Servier à Croissy-sur-Seine.

Après avoir affronté 7 heures de voyage sur les routes nationales, notre cher Jean-Claude a garé son bolide devant l’hôtel, avenue Jean Jaurès à la Villette. Une fois les affaires déposées, le groupe s’est rendu dans un charmant restaurant situé non loin de là. Un copieux repas offert par le CEPhI nous attendait ! La soirée s’est ensuite terminée à Bastille pour certains, à République pour d’autres, au dodo pour les derniers. La journée de dimanche était une journée libre dans Paris. Le soleil était au rendez-vous. Quartier latin, Champs Elysées, musées du Louvre ou du quai d’Orsay, Tuileries, Tour Eiffel, Montmartre, Pigalle, Notre Dame, à Vélib, en métro ou à pied pour les plus motivés, tout y est passé !

Les musées étaient gratuits pour les moins de 25 ans donc nous avons pu en profiter pour découvrir les merveilles de Paris.

Une journée bien fatigante qui s’est terminée pour les plus vigoureux par un “Paris by night” et par une bonne nuit de sommeil pour les autres.

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LE WEEK-END DU CEPhI A PARIS Lundi, rendez_vous à 9h avec JC. Après un passage par le périph bondé et un bon détour, nous avons été accueillis à Servier par Monsieur Squelard, chargé de nous faire la visite des laboratoires Servier. Nous avons visité les laboratoires de chimie de synthèse et de pharmacologie (dans les domaines de neurologie et d’oncologie) qui nous ont montré l’aspect important de la recherche dans le milieu pharmaceutique. De plus, nous avons pu découvrir une pièce dans laquelle sont réalisés les tests in vivo (sur les souris). Nous avons ensuite assisté à une présentation de la Fondation Servier en insistant sur l’attention que la société porte à ses employés et collaborateurs et sur la position qu’occupe l’entreprise au niveau mondial. Une photo de groupe a conclu la visite et nous sommes repartis vers la capitale alsacienne. Grâce à ce week-end enrichissant, nous en savons désormais plus sur le fonctionnement d’une entreprise pharmaceutique et ses différents acteurs. Merci au CEPhI pour ce beau moment et à l’équipe des laboratoires Servier pour son accueil plus que cordial ! Servier a été fondé en 1954 par le Docteur Jacques Servier, Docteur en médecine et en pharmacie, et 9 collaborateurs. L’entreprise compte aujourd’hui plus de 20000 collaborateurs dans le monde dont prés de 3000 dans le secteur de la recherche et du développement. Elle a un chiffre d’affaires de 3,6 milliards d’euros par an et réinvestit 25% des bénéfices dans la recherche et le développement. La Fondation regroupe plusieurs sites en France et a des sites de production dans le monde entier. De par son statut de société indépendante, la Fondation Servier n’est pas cotée en bourse.

A l’année prochaine pour un autre week-end CEPhI !!!

Odile, Vince, Charles

Les médicaments Servier dans le monde : ARCALION COVERSYL COVERAM DAFLON 500 DIAMICRON 30mg

PNEUMOREL PRETERAX - BIPRETERAX PROCORALAN PROTELOS STABLON

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LOCABIOTAL HYPERIUM VASTAREL 35mg MUPHORAN TRIVASTAL 50mg LP


REDINGOTE ANGLAISE

REDINGOTE ANGLAISE, VENUS CALOTTE D’ASSURANCE, GANT DE VENUS Si je vous dis que carie française (syphilis), redingote anglaise, Gabriel Fallope et Goodyear ont un point commun... et que ce point commun nous a tous fait dire au moins une fois en soirée « il faut sortir couvert », avez-vous trouvé ? Il s’agit du préservatif ou condom qui a porté bien des noms tout au long de son existence. Les premiers furent créés par les Égyptiens vers 3000 avant J.C. en boyau de mouton ; au 10ème siècle après J.C. les Chinois optent pour du papier de soie huilé. Au 16ème siècle en Europe, G. Fallope le présenta sous la forme d’un «fourreau d’étoffe légère, fait sur mesure pour protéger des maladies vénériennes» dont la carie française. Au 17ème, pour la Marquise de Sévigné, le préservatif est « une cuirasse contre le plaisir, une toile d’araignée contre le danger» mais il présente tout de même des avantages pour les Don Juan ne souhaitant pas avoir d’innombrables descendants et d’innombrables maladies, cependant une loi rend passible de prison le fait de posséder ou de vendre des préservatifs. C’est au 18ème que les termes «redingote anglaise» et «calotte d’assurance» apparaissent, notamment dans De Morbis Venereis (Jean Astruc) « qu’en Angleterre les grands débauchés, ceux qui passent leur vie dans les bras des prostituées, se servent depuis quelques temps de sacs faits d’une membrane très fine et sans couture, en forme de fourreau qu’on appelle condom [!] afin de se protéger contre le risque d’un combat dont le résultat est toujours douteux ». C’est en 1839 que Goodyear (le même que les pneus) invente le préservatif en caoutchouc ; ils sont lavables et réutilisables à condition de ne pas oublier de les talquer et sont garantis 5 ans ! Le préservatif a beau être « d’utilité publique » il n’en reste pas moins un énorme marché mondial. 333 préservatifs sont fabriqués dans le monde à chaque seconde soit environ 10,5 milliards par an. Cependant les premières publicités étaient plus discrètes car dans une société plus collet monté. En 1776, une certaine Mme Philipps fît paraître à Londres des annonces signalant que sa boutique était toujours pourvue de ces « dispositifs de sécurité qui assurent la santé de ses clients ». Début 19ème, on pouvait voir sur certaines capotes une religieuse désignant d’un doigt assuré parmi 3 ecclésiastiques en érection son futur amant, annonçant : voilà mon choix ! »

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REDINGOTE ANGLAISE De nos jours, les publicités pour la vente et l’utilisation de préservatif ont suivi deux grands axes, l’un pour la prévention des IST et l’autre pour l’amusement, certaines joignant toutefois l’utile à l’agréable . Pour certains fabricants, les IST ne sont pas seulement le SIDA ou hépatites dont il faut se préserver mais aussi les enfants, comme l’a montré Condomshop dans deux de ses pubs dans les années 2000. Dans l’une des deux, on peut voir un instant de vie d’un papa (ou maman ?) pingouin et de ses horripilants, désespérants, agaçants petits sur leur iceberg et ainsi assister au désespoir du père. A la fin du spot on peut lire que « 73% des parents sont stressés », suivi de l’adresse de leur site de vente de préservatifs.

Dans cette pub rien n’est montré, tout est suggéré, elle est en somme « tous publics ».

Ces pubs sont mignonnes contrairement à certaines pubs anti-SIDA qui peuvent être beaucoup plus trash et très limites, comme cela a été le cas en Allemagne où une pub a été censurée. En effet elle représentait deux personnes faisant l’amour, au début on ne voyait que la femme puis l’homme de dos et puis la caméra changeait de point de vue pour filmer le visage de l’homme : il ne s’agissait pas d’un homme ordinaire mais d’Hitler ! Le problème n’était pas l'utilisation d'Hitler, Staline ou Saddam Hussein car cela a souvent été le cas, mais que là ce n’était pas le virus du SIDA qui était représenté par Hitler mais la personne porteuse du virus, le malade lui-même était comparé à une arme de destruction massive. L’agence qui a fait ce spot a comme qui dirait « dépassé les bornes des limites ».

Cependant l’histoire peut également être revue avec des sous-titres différents comme l’a fait AIDES en montrant l’assassinat de J.F. Kennedy, qui était à bord d’une voiture décapotable, avec pour légende « sans capote on risque sa vie » . AIDES a pour sa cause fait de nombreuses pubs et a eu de nombreux partenaires dont Hermès, qui avait crée en 1998 une cravate dotée d’une pochette intérieure pour pouvoir y glisser un gant de Vénus, l’opération s’appelait « Life in a jacket ». Comme pub, on peut encore citer la dernière, qui se déroule dans des toilettes publiques. On y voit le dessin d’un pénis qui veut rencontrer « du monde » mais personne ne veut de lui et il devient de plus en plus triste jusqu’à ce qu’une charmante jeune fille lui dessine un trait qui va changer toute sa vie de coureur de jupons : elle lui dessine une capote et à lui la belle vie.

Hélène Freyheit Retrouve toutes les pubs et les vidéos de l’article sur le site du comprimé www.lecomprime.com

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HÔPITAL DES NOUNOURS

L’hôpital des nounours L’objectif principal de ce projet est d’améliorer la relation médecin-patient, c’est la rencontre de futurs professionnels de la santé (étudiants en médecine et pharmacie, élèves infirmiers, kinés, orthophonistes et sages-femmes) avec de jeunes enfants.

Dans cet univers ludique, les enfants âgés de 3 à 6 ans feront examiner leur peluche par les étudiants, dits « nounoursologues ». Ils pourront ainsi suivre une consultation dans sa totalité, de l’accueil à la pharmacie, sans être eux-mêmes les patients.

L’ « Hôpital des Nounours » est un projet élaboré par les étudiants en médecine de deux universités allemandes sous le nom de « Teddy Bear Hospital » (TBH). La GeMSA (German Medical Students Association), association nationale des étudiants en médecine allemands, a organisé pour la première fois cet évènement en 2001, il était alors soutenu par Hansaplast. Le projet ayant fait ses preuves en Allemagne, les organisateurs ont décidé d’en assurer sa promotion au niveau international. De nombreux pays ont adopté le projet : Autriche, Israël, Hollande, Pologne, Portugal, Suède et aujourd’hui la France. Depuis, les étudiants de plusieurs universités françaises (comme Paris, Bordeaux, Lyon Montpellier et bien sûr! Strasbourg) entreprennent cette année de conduire simultanément ce projet par l'intermédiaire de l’ANEMF (Association Nationale des Étudiants en Médecine de France).

Quelques courageux étudiants de notre faculté se sont pris au jeu et ont participé à cet évènement.

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HÔPITAL DES NOUNOURS

Ils se sont donc retrouvés le 31 mars et le 1er avril à la faculté de médecine. Il a fallu expliquer aux enfants que les médicaments ne se retirent pas dans une « banque » mais à la pharmacie, que la varicelle ne peut pas s’attraper deux fois et qu’il ne faut pas confondre le sirop contre la toux avec de la grenadine.

L’hôpital des nounours débordait de cas très intéressants, aussi bien d’un point de vue médical que pharmaceutique. Les nounours pouvaient être atteints de grippe, de gastro ou de diverses fractures mais aussi de la maladie de Parkinson, de « triple traumatisme crânien », ou bien tout simplement avoir été écrasés par un TGV!

Heureusement, la pharmacie possédait de puissants médicaments tels que le « fait dodo », « stop caca », « le robobo » et le « bobofinito ». Avant de leur dispenser les précieux médicaments, les rudiments de la pharmacie (la galénique, la posologie et le surdosage) leur ont été enseignés par des jeux tels que le mémory.

Grâce à cette expérience, les enfants ont été sensibilisés aux avantages comme aux dangers du médicament et grâce aux soins prodigués par nos confrères carabins, leurs nounours reviendront l’année prochaine.

Marie et Butters

VISA : GP 0342G08V210

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RECETTES

Les recettes du comprimé

Pour ce dernier numéro avant les vacances d’été tant attendues, le Comprimé a selectionné pour vous deux recettes à déguster au bord de la piscine (ou au comptoir pour ceux qui travaillent en pharmacie!) C af é l a t te f r ap p é Ingrédients (pour 2 personnes) :

- Un shaker - 2 cuillerées à café de café soluble - 3 cuillerées à café de sucre en poudre - 25 cl de lait - 1 poignée de glace pilée - 1 grande soif - beaucoup de soleil - un brin de flemme. Préparation : Levez-vous tranquillement du transat et rassemblez les ingrédients. Versez le café soluble dans le shaker. Ajoutez le sucre, puis le lait. Ajoutez la glace pilée et fermez le shaker. Attention, le plus gros effort : secouez énergiquement, jusqu'à ce que le café soit bien dilué et que ça mousse... il faut bien compter 15 ou 20 secondes. Ouf ! Allez, la dernière ligne droite : sortez deux verres, servez (à l'ombre), buvez. ( Les gourmands pourront couronner le café d’un couche de crème fouettée) Il est à noter que ce genre de boisson se marie très bien avec les interminables après-midi sous le soleil, devant le tour de France, ou encore pour accompagner les matchs de la Coupe du Monde de football !

Ta r t e à l a m o z a r r e l l a e t a u x t o m a t e s Temps de préparation : 10 min Temps de cuisson : 20 min Ingrédients (pour 6 personnes) : - 2 rouleaux de pâte feuilletée - 4 tomates - 1 boule de mozzarella - 2 cuillères à soupe de moutarde forte - 1 peu de gruyère râpé - Herbes de Provence - 1 filet d'huile d'olive - 1 jaune d'oeuf battu Préparation: Dérouler le rouleau de pâte dans le moule, percer le fond avec une fourchette et y étaler 1 à 2 cuillères à soupe de moutarde selon votre goût.Couper les tomates en fines rondelles et les étaler sur tout le fond de la tarte. Faire de même pour la mozzarella et en recouvrir les tomates. Combler les espace vides de mozzarella par du gruyère râpé.Saupoudrer le tout d'herbes de provence et d'un trait d'huile d'olive.Découper des bandes d'1 centimètre maximum sur l'autre rouleau de pâte feuilleté et le disposer en quadrillage sur le dessus de la pâte. Rabattre les bords et les froncer (appuyer légerement pour les faire adhérer). Badigeonner de jaune d'oeuf pour une dorure parfaite à la cuisson. Enfourner à 180°C (Thermostat 6) jusqu'à ce que la tarte soit bien cuite (environ 20 min). Délicieuse servie avec une salade de mesclun et une vinaigrette au vinaigre balsamique.

Ludo

Bon appétit !

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BLAGUES

Rigolez, c’est le R Comprimé Viennoiserie

C'est un pain au chocolat qui rencontre un croissant et qui lui dit : - Eh, pourquoi t'es en forme de lune toi ? - Oh, j't'en pose des questions, moi ? Est-ce que j'te demande pourquoi t'as une merde au cul ?

Devinette Que dit un médecin, quand il a une tache blanche sur son pantalon ? “Nom d’une pipe !”

Sermon Une petite expérience valant mieux qu'un long discours, un pasteur décide qu'une démonstration donnerait plus de poids à son sermon du dimanche. Pour cela, il met quatre vers de terre dans quatre flacons : - le premier ver dans un flacon d'alcool, - le second dans un flacon plein de fumée de cigarette, - le troisième dans un flacon de sperme, - enfin le dernier, dans un flacon d'eau bien propre. A la fin de son sermon, le pasteur donna les résultats de l'expérience : Le ver dans le flacon d'alcool est mort. Le second, dans le flacon plein de fumée de cigarette, est mort. Le troisième, dans le flacon de sperme, est mort. Le dernier, dans le flacon d'eau bien propre, a survécu. Le pasteur demande à l'assemblée : Quels enseignements pouvons-nous retirer de cette démonstration ? ... ... On entend alors la voix d'une petite vieille du fond de l'église : - Tant qu'on boit, qu'on fume et qu'on baise, on n'aura pas de vers !!! "

Vous pouvez trouver d’autres épisodes sur : http://www.labandepasdessinee.com

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Fred


HOMMAGE

Lettre ouverte aux étudiants en pharmacie Le 22 mars 2010, le XXIIème CRIT PHARMA a été brusquement interrompu par le décès accidentel d’un étudiant en pharmacie de la Faculté de Clermont-Ferrand . Il s’appelait Camille et aurait eu 25 ans en mai. Il terminait sa 6ème année et voyait enfin le bout de ses études : il deviendrait pharmacien en officine. Il partageait sa vie entre Clermont, St Etienne et Strasbourg. C’était un garçon sensible, généreux et insouciant! Un jeune homme adoré par ses parents, admiré par ses cinq frères et soeurs, tendrement entouré par son amie. C’était un ami fidèle, sincère et attentionné qui était apprécié de tous. Pour rien au monde, Camille n’aurait voulu manquer un CRIT. Il adorait ces moments de convivialité intense où il aimait se retrouver entre amis et « faire la fête ». Il me racontait souvent ce qu’il s’y passait. On en discutait. Je ne comprenais pas pourquoi il fallait être dans un état d’alcoolisation avancé pour faire la fête. Mais je savais et à chaque fois, je tremblais. Cette année, aux Orres, à l’issue d’une soirée et d’une nuit de CRIT très festives, Camille s’est couché au petit matin. Il s'est endormi pour ne plus jamais se réveiller. Diagnostic implacable : syndrome de Mendelson. Ce décès a profondément affecté toute la communauté universitaire. A St Victor sur Loire, aux obsèques de Camille, j’ai rencontré ses nombreux amis et camarades de promo : atterrés, incrédules, effondrés! Une profonde tristesse, un immense sentiment de gâchis! Il ne faut pas que le décès de Camille reste vain ! La profession à laquelle vous vous destinez inspire le respect. Je suis persuadé que votre valeur et l’estime que l’on vous porte ne peuvent se gagner qu’en exprimant le meilleur de vous-même. Certainement pas au travers de performances démesurées et excessives. Désormais, la vie reprend son cours. Mais Alors, restez vigilants, pensez bien à vous, pensez à Camille !

tout

pourrait

recommencer.

BRICE SCHOBEL, père de Camille, Strasbourg, 5 avril 2010 (Document transmis par M. Le Doyen)

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Directeur de Publication : Vincent ROMEO Mise en Page : Yann BIEHLER Trésorier : Joan STUCK Secrétaire : Aurélie STARCK Vice-trésorier : Fréderic REMY Responsable communication : Benjamin PALAS Responsables interviews : Laurent GARNIER, Charles HENG Webmaster : Thierry KLEIN Responsable relecture : Francis MAN, Odile STAEBLER Responsable ventes : Marie HEMERY Reproduction : Réseauprint à STRASBOURG (67) Date de publication : semaine du 26 avril 2010 Numéro d’ISSN : 1633-6178 Numéro édité à 700 exemplaires


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