Le monde de la truite n°7

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L e m a g a z i n e d e l ’ a s s o c i a t i o n « P ê c h e d e l a Tr u i t e »

Appâts naturels: La truite arc en ciel Un métier: Formateur Relais Enquêteur Environnement Mouche: la technique Tchèque Vairon: choisir sa canne

Biologie: la truite en eaux rapides

N°7 - septembre, octobre, novembre 2008


Edito Le monde de la Truite est un magazine électronique édité Par l’association « Pêche de la truite » http://association.pechedelatruite.com association@pechedelatruite.com

L’heure du bilan.

D

ans la plupart de nos cours d’eau, Septembre marque la trêve et l’arrivée d’un repos bien mérité pour nos amies les truites. Rédacteur en chef Celles-ci vont avoir un peu Jérôme Aussanaire de tranquillité afin de terjerome@pechedelatruite.com miner de se préparer à la reproduction. Certains pêAdjoint de rédaction cheurs vont profiter d’une fermeture tardive, d’autres vont continuer leur pérégrinaChristophe bouet tion dans les réservoirs riches en poissons trophées. Une partie de nos amis va même aller jusqu’à être infidèle et Ont collaboré à ce numéro traquer les carnassiers. Bref, une majorité ne va pas resJérôme Aussanaire ter inactive.C’est généralement à cette époque que les Christophe Bouet nombreux forums reprennent vie et que les internautes Alphonse Arias se retrouvent afin de dresser un bilan de la saison écouJean-Denis Pouget lée, comparer leurs expériences réciproques, alimentant Frank Faubert de leur savoir les novices avides de conseils, allant parPatrick Guillot François Urban fois jusqu’à entrainer des débats houleux et passionnés. Mais pour certains, la fin de saison annonce aussi le déAbonnement but d’une période aussi riche que les 6 mois qui viennent http://www.pechedelatruite.com/article. de s’écouler. C’est en effet à cette époque qu’une infime partie des pêcheurs rend à Dame Nature le juste retour php3?id_article=327 pour tous les merveilleux moments passés en son sein Photo de couverture au bord de l’eau, qu’ils aient été bons ou mauvais, même si le simple fait de se retrouver au bord d’un ruisseau ou Jérôme Aussanaire d’une rivière devrait déjà en soit être considéré comme un moment merveilleux.Ces quelques pêcheurs vraiment soucieux de l’avenir vont aider à leur manière les truites, que ce soit en aménageant des tributaires, en grattant les frayères pour préparer la reproduction, en aménageant des caches sur un parcours… Leur travail peut paraitre insignifiant mais grâce à eux certaines rivières reprennent vie. Et ce travail mérite d’être fait, ne serait-ce que pour compenser tous les dégâts occasionnés par la main de l’homme. A notre époque où tout a un prix, où les ravages effectués par la pseudo « Energie propre » sont compensés par quelques centaines de milliers d’euros, autant dire rien au vu de l’état de certaines rivières jadis réputées et aujourd’hui l’ombre d’elles-mêmes, il me semble normal de dire un grand MERCI à ceux qui tentent à leur échelle d’aider Dame Nature en retour des moments qu’elle nous accorde chaque année. Cette année, rien ne vous empêche à votre tour d’essayer de contribuer à l’avenir et d’aider ces personnes: La reproduction totale ou partielle des photos et des manuscrits est interdite, Internet et chaque forum peuvent vous permettre d’avoir sauf accord avec la rédaction et/ou avec des conseils d’aménagement d’une rivière et de rencontrer des personnes pour vous guider! Il n’y a qu’un pas leur auteur respectif. à franchir.

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Sommaire Editorial Page 2

Infos: le salon de Paris 2009 Page 6

La rubrique du tocqueur: la touche Page 7

Appâts naturels: l’Arc en Ciel après la fermeture Page 11

Un métier: Formateur Relais Enquêteur Environnement Page 17

La Pat(te) de mouche Page 22

Mouche: la technique Tchèque Page 25

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Sommaire Biologie: La truite en eau rapide Page 29

Infos Page 33

Internet: Truites autochtones.org Page 34

Humour: «Les Fondus de la pêche» Page 35

Vairon: choisir sa canne Page 36

Récit: «Le petit Bouchon» Page 40

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Infos Salon International des Pêches Sportives et de Loisirs LE RENDEZ-VOUS INCONTOURNABLE DE TOUTES LES PECHES La 12ème édition du Salon International des Pêches Sportives et de Loisirs qui s’est tenu du 15 au 17 février dernier a rempli son objectif : Installer à PARIS un grand salon national et international de toutes les formes de pêches. Tous nos partenaires GIFAP et PROMOPECHE , nos nombreux exposants , les différents acteurs de la pêche, du tourisme et du nautisme en France et à l’étranger, les pêcheurs et les associations, souhaitaient à Paris, une grande manifestation nationale d’audience internationale, permettant aux pêcheurs et aux acteurs de toutes tailles et toutes techniques du marché , de se retrouver annuellement avant l’ouverture de la pêche, pour découvrir ou faire découvrir les nouveautés en matériel , techniques ou destinations. Ce consensus, déjà apparu lors des éditions précédentes du salon, justifiait à lui seul notre ambition. C’est ainsi que, fort de l’appui du GIFAP (Groupement de l’Industrie Française d’Articles de Pêche) et de PROMOPECHE (Association de développement de la Pêche en France) et avec le soutien unanime de toute la presse halieutique française, nous avons entamé cette transformation vers un salon de toutes les pêches. Malgré le rapprochement tardif avec le SAPEL qui a limité notre communication vers le Grand Public, notre visitorat en 2008 a progressé de plus de 15% par rapport à l’édition précédente et 60% considère déjà utile le rapprochement des deux événements. Cette réussite est très encourageante pour l’édition 2009 qui bénéficiera d’un plan de communication couvrant l’ensemble des passionnés de la pêche , tant dans le domaine des pêches sportives , fidèles depuis toujours à ce rendez-vous , que dans celui plus nouveau des pêches de loisirs. La présence de la quasi-totalité des sociétés et marques qui font La Pêche en France ( 123 exposants – soit une progression de 40% par rapport à 2007) , que ce soit en mer ou en rivière (plus de 80% des marques représentées en France) , prouvent que la marque SAPEL associée au Salon International des Pêches Sportives et de Loisirs est une réalité qu’il convient de développer dans le futur avec tous les intervenants. Plus de 40% d’accroissement de surface , des allées plus larges , ont donné une ambiance de confort et une meilleure circulation des visiteurs permettant, malgré une conjoncture peu favorable, un courant d’achat soutenu ( 197€ en moyenne par visiteur). D’ailleurs, l’enquête réalisée auprès des visiteurs montre un excellent indice de satisfaction (plus de 90%) et la promesse, par 80% d’entre-eux, d’une nouvelle visite en 2009. La prochaine édition qui se tiendra du 6 au 8 février 2009, à Paris-Expo Porte de Versailles, verra accentuer la communication toutes pêches et grand public du salon et accueillera, en renforçant l’identité des différents secteurs, avec un nouveau schéma d’implantation et sur une surface encore augmentée, l’arrivée du monde de la carpe. Après la mouche, le tourisme, le leurre, la pêche au coup, le nautisme, ce sera l’aboutissement d’un Grand Salon International de Toutes les Pêches. INFORMATIONS PRATIQUES 2009 13ème édition PARIS EXPO – Porte de Versailles – HALL 6 du vendredi 6 au dimanche 8 février 2009 Contact Presse et Communication : Chantal PARACHINI chantal.parachini@noos.fr tél. 01 77 13 44 81 ou 06 11 47 75 17

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La rubrique du tocqueur La touche

Dans cette rubrique, jusqu’alors, je vous ai beaucoup parlé de matériel, de tenue, d’approche ou d’appâts … et peu d’actions de pêche. Je vais essayer de combler cette lacune et je vous parlerai de la touche au Toc. Texte: Jean-Denis Pouget photographies: jérôme Aussanaire, Lionel Armand & Jean-Denis Pouget

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e ferai une première différence entre les petits ruisseaux et les moyennes ou grandes rivières. En effet, dans les rus de montagne le courant est rapide, le trou souvent petit et le poisson a peu d’espace pour appréhender l’esche. Son aire de repos et très proche de son poste de chasse et la truite n’a que quelques instants pour se décider et se saisir de sa proie. Soit elle se jette sur celle-ci et repart illico dans son antre, vous aurez alors une touche franche, brutale et votre fil changera de direction ou alors votre ligne partira latéralement par rapport au sens du courant. Dans ces deux cas le ferrage doit être instantané (bien souvent il est inutile de ferrer brutalement car la truite a avalé goulument l’appât). Ce type de touche est l’apanage de petites ou jeunes truitelles. Les plus grosses se contentent de saisir l’appât lorsqu’il passe à portée de gueule. A ce moment là, votre fil stoppe sa course. Ferrez ! Vous aurez peut être la chance de sortir un beau poisson sinon tant pis, il vous faudra refaire votre bas de ligne car l’hameçon sera coincé dans une racine ou sous une roche… je dirais que dans les ruisseaux de montagne, ce sont là les trois types de touches les plus fréquentes. Le monde de la Truite

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En moyenne ou grande rivière, les touches sont plus variées, parfois plus fines ou plus subtiles. Les touches franches existent toujours, elles sont presque toujours le fait de petits poissons ou de juvéniles. Ne ferrez pas trop fort et relâchez les délicatement… qui sait un jour peut être ce seront de beaux spécimens. Sinon, sur ce type de parcours il est nécessaire d’être vigilant et de bien « tenir » ou « conduire » sa ligne et surtout de bien la voir. Le manque d’attention nous fait rater les indices d’un poisson en activité. Pae exemple, si votre ligne change de direction ; ferrez. Si elle ralentit c’est qu’une truite s’est saisie de votre appât ; n’attendez pas trop pour ferrer sinon vous perdrez votre poisson car il aura senti l’hameçon, ou le fil … si votre ligne accélère ferrez rapidement. Mais vous constaterez que très souvent vous raterez la truite car il a déjà senti le fer de l’hameçon et a recraché l’esche. Ce type de touche est difficile à déceler mais si vous êtes très attentif vous observerez que votre guide fil a du trembloter très légèrement juste au début de cette accélération. C’était à ce moment qu’il aurait fallu ….. mais ça on le sait après. Si votre ligne remonte le courant ne réfléchissez pas, dame fario est là et regagne son antre votre ver, teigne … dans la gueule. Ferrez sinon elle s’apercevra vite de son erreur et recrachera le tout. Tous ces changements de directions sont des classiques dans la touche, certains sont francs, d’autres très subtiles et demandent de bien regarder le trou à pêcher et d’observer le courant avant l’action de pêche proprement dite. Mais à chacun de ces changements, il ne faut pas hésiter à ferrer. Vous le ferez souvent dans le vide au début mais vous apprendrez vite à « sentir » la vraie touche et vous serez plus efficace et économe dans vos gestes. Maintenant il y a les touches plus imperceptibles, « bizarres »… par exemple votre ligne a une conduite anormale, certains disent « molle » car vous avez l’impression de perdre le contact avec l’appât. Ferrez sans aucune hésitation, car c’est le fait d’un poisson qui a saisi votre esche et qui l’accompagne dans sa dérive. J’ai fait quelques belles truites sur ce type de touche, surtout à la fin d’un courant dans de gros gours de Haute-Loire.

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Pour résumer, il est essentiel d’avoir une prise de ligne soutenue et dès que celle-ci a une attitude anormale soit par rapport à la vitesse du courant, soit par rapport à la direction de celui-ci ou soit par rapport à sa « conduite », il faut ferrer. Un ferrage sec, pas trop ample pour ne pas casser ou abimer le poisson. Si, lors d’une action comme celles décrites, vous essayez de relever imperceptiblement votre canne, vous sentirez un léger toc et là il sera trop tard pour espérer leurrer la truite. Elle aura recraché et vous la verrez peut être faire deux ou trois cabrioles dans l’eau avant de disparaître. Je le sais car il m’arrive encore de ne pas oser ou pas vouloir prendre le risque de ferrer (surtout quand j’ai déjà perdu pas mal d’hameçons) et de rater ainsi un joli poisson qui me gratifie de ce petit salut pour me faire enrager. Et surtout, lorsque vous avez une touche anormale (en particulier sur un arrêt de fil), soyez vigilant et préparez vous au mieux car il s’agit peut être d’une grosse prise. En tous les cas je vous le souhaite. Pour conclure, je dirais que pour voir ou sentir les touches au Toc, il faut être attentif à la « conduite » de sa ligne. C’est là le signe d’un bon toqueur et c’est bien souvent là que réside le secret des vieilles mains. Sans oublier deux ou trois autres recettes personnelle, mais chut...

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Appâts naturels QUAND LA TRUITE EST FERMEE, PECHEZ DONC LA TRUITE… ARC EN CIEL ! Après la fermeture des eaux de la première catégorie, le pêcheur de truites qui n’est doublé ni d’un chasseur ni d’un pêcheur de carnassiers ou de cyprinidés, peut, pour assouvir sa passion, traquer la truite arc-en-ciel en deuxième catégorie. C’est l’occasion de profiter de belles journées automnales ou hivernales pour flâner le long des berges, cannes en main, avec des amis plutôt que de rester à la maison. Je vous propose des techniques aux appâts naturels, variantes de la pêche au toc, et que j’ai eu l’occasion d’affiner au contact des champions du monde, les meilleurs spécialistes italiens.

Extrait du nouveau livre: «Toutes mes techniques aux appâts naturels» d’ Alphonse ARIAS

La polyvalence est souveraine Ces techniques permettent de capturer outre les truites arc-en-ciel, les truites farios d’élevages mais aussi et ce n’est pas exceptionnel les farios les plus sauvages. (Pour mémoire, pendant la fermeture de la première catégorie, les farios capturées en deuxième catégorie doivent être remises à l’eau sans délai) Cependant, ces techniques sont beaucoup plus adaptées pour séduire les arc-en- ciel ou les farios qui ne sont ni rustiques ni autochtones.Des carnassiers, le plus souvent des perches, des cyprinidés, barbeaux, chevesnes etc… peuvent aussi procurer de belles émotions. J’avoue, même si cela ne représente pas ma tasse de thé que j’aime goûter à tout ce qui touche au monde halieutique ! La polyvalence me semble souveraine et il est bon, surtout par les temps qui courent, d’avoir plusieurs cordes à son arc… ce qui permet de s’adapter à toutes les situations.De plus, les pêcheurs de France ne sont pas tous des pêcheurs d’exception. Ils n’ont pas tous la chance d’avoir près de chez eux des truites sauvages, loin de là .Par ailleurs, un grand nombre de pêcheurs tend à fréquenter les cours d’eau repeuplés… C’est pourquoi, il me paraît opportun l’automne et l’hiver de parler d’autre chose que du toc classique pour truites sauvages.

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Le matériel Pour les techniques à tirer, à la spirale, à la tirette, la canne à utiliser sera de préférence à anneaux extérieurs, assez souple et d’environ 4 m. Pour les techniques à caler et à remonter ainsi que pour le toc lourd, une canne téléréglable ou téléblocable dont la longueur peut varier entre 5 m et 7 m me semble la bienvenue. Elles seront équipées d’un moulinet à lancer doté d’une centaine de mètres de nylon fluo de 0,18 pour les 3 premières techniques et de 0,25 pour les 2 autres. Les postes à prospecter Pour les truites récemment déversées, il y a lieu de rechercher les postes abrités de tout courant violent. Elles ne sont pas habituées généralement au milieu naturel et recherchent d’instinct les plages assez molles, les bordures calmes, les gouffres sages, les coups marqués. Cependant, l’aval immédiat de rochers ou gros galets au milieu de courants très forts est parfois un excellent joker. En effet ils sont rarement prospectés et mal pêchés. Les truites d’élevages lors de leur dévalaison s’abritent parfois instinctivement derrière, contre le fond et n’osent pas s’aventurer ailleurs. La technique à caler que nous allons voir plus loin, dans ce cas, est souveraine. Pour les truites plus rustiques ou vivant dans le milieu naturel depuis longtemps, les postes classiques sont également porteurs. Certaines portions de rivières de deuxièmes catégories ressemblent à des rivières à truites de premières catégories, entre autre, là où le lit se resserre et prend de la pente. Vous avez ainsi plus de chance de trouver des salmonidés plutôt que des blancs, surtout si l’eau est froide. Cependant il y a lieu de ne pas négliger les calmes , de les pêcher à la tirette ou à mouliner. A cette saison les eaux se refroidissent , les nuits sont plus fraîches et plus longues, il faut y penser car les truites vont se placer en conséquence… Les appâts, eschages et bas de ligne Bien que l’asticot ( je ne l’utilise plus depuis 19 ans) soit généralement autorisé avec amorçage dans la plupart de la deuxième catégorie je préfère, pour la circonstance le classique lombric à tête noire et queue plate ou bien le dendro de 6 à 8 cm de long.Les teignes à copeaux, bien dodues, ont assez souvent la préférence des truites arc-en-ciel. C’est probablement une question de couleur, la teigne est claire et le ver sombre. Il est souhaitable de partir avec au moins deux appâts différents, même avec des truites d’élevages ! Vous utiliserez un bas de ligne en 0,16, ainsi que des hameçons n° 6 ou n°8 selon la taille supposée des truites. Ici, j’ai un faible pour les hameçons genre « spécial bombette » : ils facilitent la rotation de l’appât.Le ver sera enfilé par la tête, et, contrairement à la pêche des truites rustiques, il épousera la forme de l’hameçon. On coupera le bout afin qu’il n’y ait qu’un cm qui dépasse. Une première teigne sera enfilée entièrement par le cul, la deuxième en partie seulement par la tête. Elles ne seront pas dans le prolongement l’une de l’autre.Le panachage ver-teigne peut également s’avérer intéressant.Ces eschages, aidés par la forme des hameçons « spécial bombette »provoquent la rotation et c’est un grand plus pour ces truites là, croyez moi ! Le monde de la Truite

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Quant aux lests on utilisera des olivettes longues et coulissantes de 2 à 8 grammes, des spirales de même poids,des billes de 8 à 15 grammes ainsi que des plombs fendus et mous n° 2 et n° 4 selon la technique utilisée. Ces plombs ne seront pas placés sur le bas de ligne mais au contraire sur la ligne au-dessus d’un émerillon à agrafe qui sépare les 2. La pêche à tirer Lancez vers l’aval et prospectez tout d’abord les veines d’eau proches en ramenant assez lentement et en travers du cours d’eau, votre bas de ligne à l’aide du moulinet. L’hameçon et les eschages préconisés, l’action de pêche en remontant le courant feront tourner votre appât comme une cuiller. L’idéal est de mouliner juste ce qu’il faut pour permettre la rotation. Tant qu’il n’y a pas de touche, vous devez à chaque lancer prospecter des veines d’eau différentes. Le poids de l’olivette est une question de bon sens. Si les eaux sont calmes, 3 gr suffisent. Si les eaux sont plus rapides et profondes, 5 à 8 gr peuvent être nécessaires. La longueur du bas de ligne sera entre 30 et 40 cm. Un bout de laine rouge peut remplacer le traditionnel guide-fil (rigoletto) à utiliser bien sûr pour la pêche des truites rustiques.

En action de pêche cette laine rouge située à fleur d’eau vous donnera parfois la position de certaines truites qui viendront soit mordre soit suivre. Cette technique apparentée à la pêche au lancer permet de couvrir rapidement beaucoup de terrain et de prendre les truites les plus actives et les plus agressives qui mordront ces appâts naturels en mouvements. Une fois le calme revenu, lorsque les truites ne réagissent plus, n’hésitez pas, changez de technique. La pêche à caler et à remonter Vous utiliserez une bille de 8 à 15 gr selon l’importance du courant. Même bas de ligne, même hameçon, même eschage. Il y a lieu de lancer légèrement en aval afin d’éviter de nombreux accrochages. Vous devez pêcher à soutenir, à caler près des obstacles, bordures, rochers, galets, herbiers… Vous pratiquerez une pêche sous la canne ou presque pour des poissons moins actifs ou qui se déplacent très peu mais aussi pour moins d’accrochages et plus de facilités pour se décrocher. Le monde de la Truite

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Il est évident qu’un seul plomb d’un poids relativement important de 8 à 15 gr descendra presque à la verticale malgré la force du courant. Contrairement à une plombée classique étalée, il permettra donc de prospecter l’aval immédiat des souches, des obstacles divers, des bordures pendant un temps suffisant. Dans le cas d’une plombée classique étalée, souvent le bas de ligne commence à prospecter trop en aval et trop peu de temps. Vous pouvez animer lentement votre appât en soulevant le bas de ligne puis en faisant reposer votre bille sur le fond. Déplacez également votre bille près du fond et à contre courant. Bien évidemment un appât qui remonte le courant ce n’est pas naturel. Encore qu’il y ait beaucoup à disserter car certaines larves remontent le courant…Quoi qu’il en soit, faire remonter le courant à un appât qui tourne, c’est un redoutable attrape truites de deuxième catégorie, arcs-en-ciel ou farios surtout issues d’élevages. Ces dernières, avant leur nouvelle vie dans le milieu naturel avaient pris des habitudes pour se nourrir. Elles ne sont pas, entre autres choses, habituées à manger une nourriture emportée par le courant. Elles auront par conséquent plus de facilité pour se saisir d’un appât immobilisé ou bien qui remonte lentement le courant. Parfois, les farios les plus sauvages, même les belles se laissent également leurrer. Le cas n’est pas isolé, croyez moi. Peut-être un réflexe d’agressivité ! Cette pêche à caler et à la bille avec un bas de ligne plus fin et des eschages classiques donne d’excellents résultats sur des truites sauvages dans les eaux de la première catégorie tout simplement parce qu’elle permet de surprendre des truites peu ou pas pêchés. En effet, soit à cause de la force du courant, soit à cause de la quantité d’eau, des truites sont à l’abri du danger des pêcheurs au toc classique avec les cannes classiques de 4 m. Seule une canne longue et une pêche à caler avec plombée groupée permet de présenter un appât devant la gueule d’une truite. Et certains pêcheurs le savent bien ! A partir d’un mètre de profondeur et surtout si le courant n’est pas trop fort, la longueur du bas de ligne pourra être porté à 60 cm. L’appât moins bridé sera ainsi plus attractif et plus visible. La pêche à la spirale Les spirales se fabriquent aisément avec du fil de plomb, de 1 mm de diamètre que l’on entoure autour d’une gaine de silicone assez dure dans laquelle on aura au préalable introduit une tige métallique afin d’éviter qu’ elle ne s’écrase lors de l’enroulage. (11 cm de fil de plomb de 1 mm = 1 gr.) Ce lest présente l’avantage par rapport à l’olivette d’être beaucoup plus souple donc de se décrocher plus facilement des galets. Vous devez lancer franchement en amont dans les plages moutonnées ou lisses peu ou moyennement rapides, avec un fond assez propre, composé de graviers ou de petits galets. La spirale devra rouler sur le fond et être suffisamment lourde pour arriver à se caler. C’est là aussi une question de bon sens. Dès que la ligne sera immobilisée dans le courant, l’appât serpentera sans dériver et sera décollé du fond à condition d’avoir un bas de ligne suffisamLe monde de la Truite

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ment long (30 cm pour 50 à 60 cm de fond, 40 cm pour 1 m de fond, 60 cm pour 1,50 m de fond). Il faut attendre trois ou quatre secondes puis tirer sur la ligne de façon à décoller la spirale pour qu’elle soit entraînée par le courant sur environ 1 m. Un peu de mou dans la ligne doit permettre à la spirale de se caler à nouveau sur le fond. Si ce n’était pas le cas, mettez une spirale plus lourde. L’opération caler et faire dériver est à reconduire jusqu’à ce que la ligne se trouve légèrement en aval du pêcheur. La pêche à la tirette La technique de la tirette semble passée de mode même pour la pêche des carnassiers en général et celle du sandre en particulier. Et pourtant, c’est une technique redoutable d’efficacité. Pour la truite, elle fait partie des méconnues et c’est bien dommage. Elle est d’une simplicité déconcertante. C’est un aimant à truites. Je préfère la pratiquer en eau calme dans un fond relativement propre , avec une petite spirale de 2 à 3 gr et un bas de ligne long de 60 cm à 1 m même dans les eaux peu profondes. Une fois le lancer effectué, il suffit de ramener lentement à l’aide du moulinet environ 1 m de nylon. Cela a pour effet d’animer l’appât qui loin du plomb aura une grande mobilité et avant de venir se poser sur le fond, il attirera les truites surtout s il tourne. Il y a lieu de lui laisser le temps de se poser, d’attendre quelques secondes et de renouveler l’opération « tirer – poser » tant que vous serez dans les zones susceptibles d’abriter les truites. Les touches pourront intervenir lorsque l’appât sera mobile mais aussi lorsque l’appât se posera. En effet, même les truites non rustiques ont parfois leurs caprices et leurs humeurs. C’est au pêcheur de comprendre dans les meilleurs délais comment elles veulent être prises. La tirette peut se pratiquer également avec un bouchon ou une bombette flottante ce qui présente l’avantage d’avoir le nylon immergé pratiquement à la verticale. Les bombettes plongeantes ou semi plongeantes peuvent aussi être utilisées. Dans tous les cas, le bas de ligne, je le rappelle, sera très long afin que l’appât ne soit pas bridé. La pêche au toc lourd Pour les truites indifférentes aux techniques précédentes ou agacées parce que piquées ou décrochées, procéder à un toc lourd. Le bas de ligne sera selon la profondeur des postes prospectés entre 25 et 60 cm. Là aussi, la plombée se fera au dessus de l’émerillon à agrafe. Vous utiliserez des plombs du n°2 et n°4 afin que votre bas de ligne dérive très lentement. Toutefois, il ne faut pas hésiter si les truites ne se laissent pas tenter, à alléger ou au contraire à alourdir. Vous pouvez en cas d’échec avec l’eschage préconisé revenir à un eschage classique pour truites rustiques (hameçons et vers plus petits, une seule teigne plus petite également). Le diamètre du bas de ligne pourra être plus fin. Même avec des poissons réputés moins méfiants, le pêcheur aura parfois besoin de son bon sens pour pouvoir tirer son épingle du jeu. Le bon sens, c’est aussi, bien qu’étant ici généralement moins efficace, de pratiquer au besoin le toc classique. Dans ce cas il faut revenir au commencement c’est-à-dire utiliser un bas de ligne plus fin, des plombs plus petits et un eschage classique… Encore une fois la relativité des choses de la pêche. Et c’est tant mieux ! Le monde de la Truite

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Un métier Formateur Relais Enquêteur Environnement

Dans le cadre des interviews que nous réalisons sur les différents métiers qui touchent de près –ou d’un peu moins près– les poissons et les milieux aquatiques, nous rencontrons aujourd’hui Pascal, gendarme spécialisé dans les domaines de l’environnement et plus particulièrement dans la protection de nos eaux douces. Jérôme Aussanaire : Bonjour Pascal, comme il est de coutume, j’aimerais que vous puissiez vous présenter afin de mieux vous connaitre. Pascal : Je m’appelle Pascal, j’ai 40 ans et j’exerce la profession de Gendarme depuis maintenant 15 ans dans une brigade territoriale du centre de la France. J’ai choisi ce métier pour le côté humain et relationnel que nous permet ce service public grâce à une implantation en dehors des grandes agglomérations. L’image du gendarme qu’ont la plupart des gens est plutôt négative car elle est souvent synonyme de répression au bord des axes routier alors que cette activité ne représente finalement qu’une infime part des missions de la gendarmerie. Les gens oublient souvent que nos missions premières sont de les protéger et de protéger leurs biens. En ce qui me concerne, je suis spécialiste FREE. JA : Vous êtes gendarme FREE ? Que signifie cette appellation ? Pascal : FREE signifie Formateur Relais Enquêteur Environnement et cette appellation correspond parfaitement à notre rôle et aux missions particulières qui nous sont confiées. En fait, les FREE sont des militaires de la Gendarmerie qui, en plus de leurs occupations habituelles, concourent à la protection de l’écosystème, à l’information du public, et à la recherche des auteurs d’infractions à l’environnement. Ces gendarmes « vert » comme ont les appelle régulièrement sont formés par la Gendarmerie Nationale à cet effet et sont répartis uniformément sur le territoire national dans les unités territoriales et certaines autres spécialisées comme la Gendarmerie maritime, la Gendarmerie de haute montagne ou encore la Gendarmerie des Transports aériens. Nous sommes environ 500 Gendarmes FREE au niveau national. Le monde de la Truite

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JA : Quel type de formation avez-vous ? Pascal: Les F.R.E.E. suivent un stage initial intensif de 3 semaines à Fontainebleau, au Centre National de Formation de la Police Judiciaire, au cours duquel ils reçoivent une instruction spécialisée d’enquêteur environnement et de pédagogie. Ensuite, ils subissent une nouvelle formation de 3 semaines au centre Nucléaire Radiologie Biologie Chimie de l’école d’Artillerie de Draguignan à l’issue duquel ils sont qualifiés « Sous Officier N.R.B.C. Gendarmerie «. Même si la formation environnementale touche de nombreux domaines, c’est l’eau et les milieux aquatiques qui occupent une des parts les plus importantes de la formation à Fontainebleau. JA : Quels sont vos rôles? Pascal : L’action des FREE consiste à redistribuer leurs connaissances en matière d’environnement à leurs collègues gendarmes, à prêter concours à la Justice et aux autres enquêteur ainsi qu’aux autres services chargés de missions environnementales comme assistant technique, à effectuer des opérations techniques spécifiques à la constatation des infractions à l’environnement comme des prélèvement et des analyse physico-chimique, et enfin à participer à la prévention des atteintes à l’environnement au travers d’opérations de sensibilisations du public, des scolaires et des administrations. Les gendarmes FREE ont aussi une mission d’éducation à l’éco citoyenneté. Comme vous l’aurez compris, les missions du Gendarme FREE est plus dévolue à la prévention qu’à la répression. En effet, en matière de protection de la nature, lorsque l’on est amené à réprimer, il est souvent trop tard pour réparer les dégâts. La nature n’est pas une voiture que l’on répare en changeant une pièce mais au contraire pratiquement toute les atteintes à l’environnement n’est pratiquement jamais réparable. JA : Quels sont vos domaine de compétence en matière d’environnement ? Pascal: Notre domaine de compétence est énorme. Il va du transport de matières dangereuses, de la protection de la flore, de la protection de la nature, de la protection des eaux et des forêts, de la protection de la faune sauvage, des risques majeurs naturels ou technologiques, de la santé publique, de l’urbanisme, des risques d’éco terrorisme et des risques de guerre N.R.B.C (Nucléaire, Radiologique, biologique et chimique). En bref et d’une manière générale, de tout ce qui concerne l’environnement. Nous sommes en contact régulier avec tous les autres interlocuteurs dans ce domaine des autres administrations spécialisées de notre secteur : la Direction Régionale de l’Industrie de la Recherche et de l’Environnement (DRIRE), les Sapeurs-pompiers, l’Office National des Forêts (ONF), l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS), l’Office nationale de l’eau et des milieux aquatiques (ONEMA) et la Direction Départementale de l’Action Sanitaire et Sociale (DASS).

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JA : Vous avez évoqué tout à l’heure les prélèvements et analyses que vous pouviez réaliser pour la constatation d’infractions. Disposez-vous de matériel spécifique en qualité de spécialiste ? Pascal : Oui bien sûr. Nous sommes formés pour l’utilisation d’appareil mis à notre disposition et spécifiquement destiné aux prélèvements et à l’analyse de l’eau. Nous sommes d’ailleurs spécifiquement sensibilisé face aux pollutions et le matériel dont nous sommes dotés est spécialement voué à ces prélèvements. Nous avons une perche télescopique et des récipients nous permettant d’effectuer des prélèvement d’eau, des gants et des combinaisons qui nous permette d’une part de ne pas courir de risque dans des milieux pollués et d’effectuer sereinement notre travail d’analyse, des récipients de différentes matières qui vont nous permettent de réaliser des scellés de nos prélèvements à destination de la justice et d’un laboratoire d’analyse et d’une valise comprenant 4 appareils de mesure. Dans cette valise, nous avons un thermomètre qui va nous renseigner sur la température de l’air et de l’eau et qui peut, en corrélation avec les autres mesures nous renseigner sur le type de pollution, un conductimètre qui va nous indiquer si l’on est en présence d’une charge élevé en métaux lourd, un PH-mètre qui va nous indiquer la valeur du potentiel d’hydrogène et enfin un oxymètre qui va nous donner la valeur de l’oxygène dissous. Toutes les analyses chimiques se font en laboratoire grâce aux prélèvements que nous réalisons en 3 points : En amont, au point de rejet et en aval. JA : J’aimerais revenir sur votre rôle de formateur, et plus particulièrement auprès des jeunes. Comment cela s’organise-t-il ? Pascal : A condition que cela ne gêne pas l’exercice de leurs fonctions habituelles, les Gendarmes FREE peuvent être autorisés à participer à des journées portes ouvertes, à aller sensibiliser les écoliers ou les adhérents d’associations. J’ai d’ailleurs à ce titre été sensibilisé les jeunes d’une école de pêche de la commune ou j’exerce mes fonctions. Le monde de la Truite

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En fait, il suffit d’en faire la demande auprès de l’autorité de Gendarmerie la plus proche de chez vous, Compagnie ou Groupement de Gendarmerie. Les classes des écoles peuvent être sensibilisées utilement au respect de l’environnement dans des domaines très variés comme l’écologie, l’eau, l’air, les déchets, le recyclage ou encore le bruit. Les niveaux les plus adéquats sont le CP, les CE 1 & 2, les CM 1 & 2 et le collège de la sixième à la troisième. Lors de la demande il ne faut pas oublier de préciser le nombre et le niveau des classes, les préférences de thématiques souhaitées et le nombre d’élèves. Une fois le concours accordé, le Gendarme FREE prendra contact avec vous pour convenir d’un rendez-vous et étudier plus précisément la question de manière à répondre à vos attentes. Il y a entre 2 et 6 Gendarmes FREE en poste dans chaque département et vous pouvez vous adresser à la brigade de Gendarmerie la plus proche de votre domicile ou bien sur le site officiel de la Gendarmerie Nationale. JA : Qu’aimeriez-vous nous dire en guise de « mot de la fin ». Pascal : J’aimerais que chacun de nous soit sensibilisé sur la nécessité de protéger notre patrimoine culturel et environnemental. Chaque élément dépend des autres et si nous continuons à détruire par ignorance ou par profit nos richesses naturelles nous ne pourrons y survivre. Etant pêcheur, j’ai constaté la dégradation régulière de nos cours d’eau et si mon action, même infime, peut enrayer ou ralentir cette dégradation, j’aurais accompli mon travail.

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Association

http://www.pechedelatruite.com/DVD/ «Séduisante, passionnante et fantasque, la truite est très probablement le poisson le plus emblématique de nos cours d’eau. Vous découvrirez dans ce film des images d’une rareté exceptionnelle montrant la truite évoluant et se nourrissant dans son élément naturel. Vous apprendrez également à mieux la connaître et à mieux comprendre son comportement afin de mieux la pêcher.» DVD vidéo 43 minutes - 4/3 couleur son Stéréo - Multizones Chapitrage - Bonus (8 minutes)

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La Pat(te) de mouche

La Nymphe noire Cette nymphe s’utilise en été lorsque les rivières sont basses. C’est une nymphe pour pêcher à vue. Fiche de montage: Hameçon : TMC 100 n° 18 ou 20 Soie : noire Cerques : fibres de coq noir Corps : soie de montage cerclé d’un fil de cuivre argent Thorax : soie de montage Vernis ou époxy

Fixez la soie et allez à la courbure

Fixez les cerques et le fil de cuivre

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Faire un corps conique et cerclez avec le fil de cuivre

A la suite du corps continuez les enroulements sur place pour lester la nymphe légèrement

Vernir en trois étapes en attendant, entre chaque couche le séchage complet, possibilité d’utilisé de l’époxy (une couche suffit)

Une variante en corps jaune avec tête noire.

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Mouche Pêche en nymphe: La technique Tchèque

Si nous la connaissons aujourd’hui sous la dénomination de technique ou méthode Tchèque c’est qu’elle a été utilisée et portée au devant de la scène par l’équipe nationale Tchèque de pêche à la mouche.

Texte: Frank Faubert

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ais elle a en fait pour origine une pratique Polonaise modernisée par les champions du monde Tchèque de 1989 lors des championnats du monde en Finlande (et 2ème place en individuel). Cette technique est proche, par sa conduite de la nymphe, des techniques comme la nymphe au fil, la roulette ou encore aux USA de sa cousine connue sous le nom de « Hi-Sticking ». Elle fit même son apparition pour la toute première fois dans la presse en 1976 dans le livre intitulé « Nymph Fishing for Larger Trout » de Charles Brooks, où la technique décrite ressemble comme deux gouttes d’eau à la méthode Tchèque. Peu académique mais diablement efficace avec un peu de pratique, elle utilise à la base des modèles de nymphes très spécifiques (du même nom que la technique) développées spécifiquement pour celle-ci …ou peut être l’inverse … Ces nymphes sont généralement plombées avec un enroulement de fil de plomb. Le monde de la Truite

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Elles donnent aujourd’hui notamment de biens beaux résultats sur les rivières et poissons mythiques de Nouvelle Zélande. Elle est néanmoins particulièrement adaptée à nos rivières montagneuses au profil accidenté et aux eaux rapides bien qu’elle était initialement utilisée pour la pêche de l’ombre avant de démontrer son efficacité sur la truite. L’équipement Une canne de 9’ ou 10’ soie de 5 sera parfaitement adaptée aux conditions rencontrées en France ou en Europe, un moulinet des plus classiques fera l’affaire. Le diamètre de votre bas de ligne dépendra du poids de vos nymphes tout comme pour les techniques habituellement pratiquées. La technique Pour pratiquer cette technique lors de vos prochaines sorties voici quelques conseils et explications. Il est tout d’abord important de poser votre train de nymphes vers l’amont du courant, environ à 45°, bras tendu en direction de votre cible, comme vous pourriez le faire à la roulette ou au fil dont ce n’est qu’une des nombreuses variantes. Une fois votre train de mouches dans l’eau et pour permettre aux nymphes de descendre le plus rapidement possible au contact des truites et ombres recherchés, laissez-les flotter librement dans le courant tout en gardant contact avec l’indicateur de touches. Gardez votre canne orientée vers l’amont du post, tout en accompagnant sans pour autant restreindre la dérive de Vos nymphes. Dès que vos mouches naviguent au contact du fond, surtout surveillez votre indicateur, le moindre déplacement ou ralentissement de votre ligne sera le signe pour un ferrage immédiat. Le positionnement en pointe de la nymphe la plus légère à pour conséquence, le plus souvent, un décalage, entre la prise de la nymphe de pointe et la perception de la touche. Une fois votre train de mouches 1 à 2 mètre en amont de votre position, n’hésitez pas à remonter légèrement votre canne comme pour amorcer un nouveau lancé. Cette animation à souvent pour conséquence une attaque soudaine et violente. Vous pouvez répétez cette légère animation, ce fut la clé du titre de champion du monde 2006 par équipe des Tchèques au Portugal !

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Le montage Votre train de mouches sera composé de 2 ou 3 nymphes, la plus lourdes au milieu, la plus légère en sauteuse si vous utilisez 3 nymphes ou en pointe avec seulement 2 nymphes. Ce montage donnera à la nymphe de pointe une animation naturelle au gré des courant, animation des plus attractives et prenante pour les poissons recherchés par son comportement naturel. Mettez 30 à 40cm entre chaque nymphe, voire 50 cm si vous n’en utilisez que deux. Les potences feront entre 8 et 10cm. Pour les couleurs et les modèles de nymphes, je vous laisserai seuls juges selon les pratiques de vos rivières et vos habitudes mais, personnellement, j’ai l’habitude de mettre en pointe une nymphe légère sans bille, sur un hameçon entre 14 et 20, de type « pheasant tail » ou « grey goose » avec un petit tag léger orange ou rose pour augmenter son attractivité au cas où… Mais quelque soit la technique utilisée, le résultat dépendra du pêcheur mais surtout de la bonne volonté de nos compagnons de jeux…..

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Biologie La truite en eau rapide : une adéquation parfaitement réussie.

La pêche de la truite s’entoure souvent d’une méconnaissance totale de la biologie du poisson recherché. Trop d’idées reçues, de mauvaises expériences ou tout simplement de faits qui ne reflètent pas toujours la réalité. Cela étant, il s’établit des règles aussi étonnantes que saugrenues qui font parfois passer notre belle mouchetée de rivière pour ce qu’elle ne sera certainement jamais, puisqu’elle vie en parfaite harmonie dans son habitat d’origine. Texte, dessin & photographies: Christophe Bouet

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’adaptation de la truite à son milieu naturel passe par une vision tout à fait exceptionnelle des choses, en parfaite corrélation avec son biotope originel. Malheureusement, ce sujet a été peu souvent abordé dans les livres ou les revues halieutiques et seul quelques spécialistes en ont déjà fait plus ou moins état dans des articles de presse spécialisée. La truite se laisserait duper bêtement à cause de la rapidité du courant ? Chaque pêcheur a bien sûr entendu dire au moins une fois que les poissons d’eaux vives étaient beaucoup plus faciles à prendre à la ligne que leurs homologues d’eaux calmes, n’ayant manifestement pas le temps d’examiner scrupuleusement l’appât présenté. On en conclut donc que la truite se presserait de s’emparer d’une proie en faisant l’abstraction totale de tout danger éventuel. Et, à l’inverse, en eau calme, notre belle mouchetée aurait à loisir le temps d’observer méticuleusement la proie convoitée avec le plus grand soin. Ce comportement bien trop facile à argumenter est perçut par notre vision personnelle de notre environnement, que nous attribuons naturellement comme identique pour la truite. Ce qui est vrai pour nous le serait donc également pour elle aussi. Le phénomène est bien compréhensible et peu sembler logique puisqu’il est définit par nos propres facultés visuelles. Il est vrai que la dérive rapide dans le courant d’un minuscule objet, peut nous paraître difficilement identifiable. N’avons nous pas bien souvent du mal à voir notre mouche artificielle sur la rivière ? Les difficultés de discernement d’organismes qui dérivent au fil de l’eau nous amènent à penser que la truite éprouve la même gêne que nous à percevoir et à différencier un appât piégé d’une proie libre. Mais c’est oublier que les poissons vivent dans un milieu auquel ils sont morphologiquement adaptés puisqu’ils y existent depuis plusieurs milliers d’années et que la nature a pour habitude de bien faire les choses. Ce serait alors bien prétentieux de Le monde de la Truite

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dire que Salmo trutta morpha fario peut difficilement appréhender ce qui se passe dans un environnement, certes en mouvement perpétuel, dans lequel elle est en symbiose parfaite. Outre le fait que sa physionomie la prédispose à lutter contre des courants relativement puissants, elle possède une perception remarquable des objets en déplacement. L’excuse faite que dame fario serait capable ou non de discerner l’hameçon parce que le courant est rapide est aller un peu vite en besogne. Si elle se fait prendre, c’est que le pêcheur a présenté correctement le leurre, naturel ou artificiel, et que notre chère mouchetée ni a vu que du feu. Et inversement, si elle a déjoué le piège, s’est que la présentation lui était suspecte, et cela, sans tenir compte du fait que l’eau soit rapide ou non.

Notre perception du temps est bien différente de celle de nos chères farios. La truite vit donc dans un milieu qui a pour caractéristique d’être très mouvementé. Tout y va très vite, et les réactions doivent être nécessairement vives pour qu’elle puisse s’alimenter avec des chances optimales de réussite. Elle ne se nourrirait d’ailleurs probablement pas si souvent en zone rapide et turbulente si elle éprouvait une quelconque difficulté à observer, sélectionner et saisir leurs proies parfois très petites. Demander aux moucheurs, ils en savent quelque chose ! En fait, la base de temps de la truite est très différente de la nôtre. Pour l’homme, la durée d’un moment est de 1/18ème de seconde: le moment étant la plus petite fraction de notre base de temps. Jacob VON UEXKULL, éthologue allemand, écrit en 1965 que “ dix-huit vibrations de l’air ne sont pas distinguées mais perçues comme un seul son. On a pu montrer qu’un homme perçoit comme une pression égale dix-huit chocs sur la peau. ” Cela veut dire que notre base de temps est au maximum de 18 perceptions élémentaires en une seconde et qu’au-dessus de cette base, nous ne pouvons rien percevoir d’autre qu’une seul et même chose, ou même qu’un seul et même choc. En y réfléchissant, on constate que les films cinématographiques fonctionnent sur les mêmes éléments de base. Une succession d’images défilant à un rythme supérieur à dix-huit images par seconde (vingt-quatre pour le septième art) seront interprétées comme une seule et même image animée. Si toutefois les images nous arrivaient à une vitesse inférieure à cette fraction du temps, nous verrions plusieurs images fixes se suivant les unes derrière les autres. Cette réflexion est identique pour une multitude de chocs concentrés en un même point. S’ils sont supérieurs à dix-huit par seconde, ils seront enregistrés comme une pression constante et continue. Le monde de la Truite

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Miss fario perçoit deux fois plus de chose que nous dans un même laps de temps. Des expériences réalisées très sérieusement mettent en évidence que les poissons d’eau vive, dont fait partie la truite, ont une base de temps qui ne correspond pas à la nôtre. La durée de ce moment infractionnable du temps est de 1/50ème de seconde pour les salmonidés, contre 1/18ème de seconde pour nous. Un peu plus du double ! On peut donc en tirer rapidement des conclusions évidentes: il nous faut deux fois plus de temps qu’elle pour ressentir, voir ou entendre une quelconque entité élémentaire. En résumé, on peut affirmer que la truite voit le monde qui l’entoure deux fois moins vite que nous pouvons l’appréhender nous-même en fonction de notre propre base visuelle. Par ailleurs, elle a aussi le double de sensation tactile et sonore que nous, pauvres pêcheurs, dans un même laps de temps.

C’est exactement le même principe que les réalisateurs de film exploitent pour créer un ralenti. J’en ai eu la démonstration à la télévision dans un très bon reportage sur la fabrication d’un film publicitaire. Celui-ci présentait des fruits qui étaient violemment propulsés hors de leur coupe. Le résultat projeté était de voir ces mêmes fruits s’envoler de toute part extrêmement lentement. Pour ce faire, il était utilisé une camera ayant la particularité de pouvoir filmer un grand nombre d’images par seconde et de repasser le film en question à la vitesse normale de vingt-quatre images par seconde. On a donc ici une impression de ralenti tout en jouissant d’une base de temps supérieure à notre moment élémentaire de 1/18ème de seconde. On voit alors distinctement des objets se mouvant initialement très rapidement que nous pouvons discerner parfaitement au ralenti, tout en ayant un mouvement continu. On comprend donc mieux l’absurdité de l’idée reçut qui donne une soit disant difficulté à la truite d’observer en détail un appât qui dérive au gré d’un courant rapide. Comment cela serait-il possible puisque notre belle mouchetée voit les proies qui y dérivent deux fois plus lentement que pour nous. Elle vit donc dans un milieu où tout se passe et défile au ralenti par rapport à la vision que l’on en a. Voilà un bel exemple d’adaptabilité au biotope dont fait preuve cet animal dont je ne vous cache pas mon affection particulière.

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Dans les courants, elle est souvent plus prédisposée à être leurrée qu’en d’autres postes de la rivière. Si la truite paraît moins méfiante dans les zones rapides de la rivière, ce n’est donc pas, comme nous venons de le traiter, un élément que nous pouvons avancer pour justifier une prise en eau courante. Néanmoins, si nous leurrons peut être plus souvent la truite dans une veine d’eau, c’est que celle-ci est certainement plus disposée a y être capturée. En effet, la nourriture est véhiculée par le courant et se concentre dans les accélérations d’eau de la rivière, qui sont des postes de nutrition (appelés aussi postes de chasse) de nos chères farios. La truite sera donc naturellement, pendant sa phase alimentaire à la recherche des organismes qui dérivent au fil de l’eau. Ceci étant, elle va être alors potentiellement plus apte à se saisir d’une proie que quand elle se trouve en phase de repos, plus occupée à l’assimilation et à la digestion de sa précédente activité alimentaire.

En extraire des éléments positifs pour nos parties de pêche à venir. L’intérêt évident qui ressort de ces affirmations est que cet atout peut nous être très utile lors de la pêche. Comme la truite perçoit le monde extérieur à une vitesse très faible, nous pouvons renverser cet avantage en inconvénient majeur pour elle. Il suffit d’agir sur la discrétion des mouvements que nous allons faire au bord de l’eau. Discrétion s’entend par économie des gestes et lenteur dans l’approche de la rivière. En fait, en bougeant très lentement, accentué par une base de temps très réduite, la truite va avoir énormément de mal à nous identifier dans un environnement qui évolue deux fois moins vite que pour nous. C’est un peu comme quand nous regardons les nuages dans un ciel sans vent: nous avons l’impression d’une immobilité totale, ce qui est loin d’être le cas. C’est aussi la technique que met à profit bon nombre de prédateur pour se nourrir et capturer ainsi les animaux qu’ils vont mettre à leur menu. A nous maintenant de tirer les enseignements de ces facteurs pour réussir nos futures parties de pêche.

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Infos

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achant que les belles photos de pêche et de pêcheurs fiers de leur prise occupent une place importante chez les pêcheurs, les organisateurs du salon de Paris ont décidé de lancer, en partenariat avec un grand fabricant d’appareils photos, un concours de la plus belle photo de pêche. Les modalités de son déroulement sont encore à l’étude, mais nous vous tiendrons rapidement au courant de ce projet et de sont règlement afin d’avoir des règles strictes pour ne pas voir des horreurs pendues à des piquets. Des appareils photos «étanches» (évidemment !) seront à gagner et bien d’autres cadeaux halieutiques ! ! ! ..... Cette belle galerie de photos sera bien évidemment exposée en bonne place sur le salon.

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’équipe de France de pêche à la truite aux appâts naturels a conquis ce week-end la médaille d’argent de la spécialité. Derrière l’équipe italienne, hyperfavorite des 16e Championnats du monde qui se sont disputés samedi 13 et dimanche 14 septembre sur la Neste à Saint-Laurent-de-Neste. Outre l’équipe transalpine et l’équipe française, la Bulgarie, la Suisse, l’Andorre, la Croatie et le Portugal étaient en course pour le titre mondial. Au sein de l’équipe de France, malgré la très belle médaille d’argent remportée c’était un peu la déception. Car les tricolores espéraient bien faire chuter les Italiens, ultra-favoris, qui ont d’ailleurs remporté les 15 éditions précédentes de ces championnats du monde créés en 1992. Pour Jean Médeveille, le président du comité d’organisation : « On n’a toujours réussi à battre les Italiens. Mais on s’approche tout doucement du but. Il faut encore travailler ». En individuel, même suprématie des Italiens, qui s’adjugent la première place grâce à Simone Cappelin (le champion du Monde en titre). Mais les Français talonnent de près les transalpins, grâce à la 2e place de Manu Rojo-Diaz et la troisième du Lannemezanais Laurent Giraud. L’équipe de France était composée de Michel Duclos (St Gaudens), Laurent Giraud (Tutti Truite 31), Eric Labourdette (Tutti Truite31), Manu Rojo-Diaz (Team no kill 33), Patrick Rojo-Diaz (Team No Kill 33) et Patrick Simonetti (Tutti Truite 31). Selon Michel Duclos, le capitaine de l’équipe de France : « On aurait pu faire mieux en battant les Italiens. Mais on fait une très mauvaise première manche, pour cause d’erreurs tactiques de choix des endroits de pêche. Il nous manque aussi un peu de chance. Mais au final on est très satisfaits du résultat, avec une médaille d’argent par équipe, une médaille d’argent et une de bronze en individuel ». Le palmarès Par équipes : 1er Italie, 2ème France et 3ème Bulgarie Individuel : 1er Simone Capellin (Italie), 2ème Manu Rojo-Diaz (France)et 3ème Laurent Giraud (France).

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n 2009, le carrefour National de la Pêche et des Loisirs fêtera ses 20 ans d’existence. C’est encore plus de 150 exposants, fabricants et importateurs de matériels de pêche, voyagistes spécialisés dans les séjours de pêche, embarcation de pêche et de plaisance, associations halieutiques, fédérations de pêche et guides de pêche qui se réuniront début janvier sur 10 000 m² d’exposition pour attendre quelques 20 000 visiteurs venus de la France entière. Gageons que ces 20 ans seront dignement fêté et offriront au public averti du salon des surprises à la hauteur de cette magnifique manifestation.

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Internet

Truites autochtones.org Truites-autochtones.org présente le travail très instructif sur les populations de truites hautes-savoyardes et valdôtaines. L’objet de ce travail scientifique est une analyse pertinente des caractéristiques des truites qui peuvent présenter diverses composantes selon l’origine du recrutement (naturel et/ou repeuplement), leur génotype (forme atlantique, méditerranéenne, marbrée ou hybride) ou écotype (truite sédentaire en torrent, migrant en lac ou dévalantes) dans le but d’évaluer les populations et de mieux les connaître afin de proposer des stratégies de conservation et de réhabilitation. Un site à visiter pour ceux que la connaissance de la truite intéresse. Les moins : - Une galerie de photo qui mériterait d’être plus étoffée et des clichés de plus haute définition. Les plus : - Un contenu scientifique très riche - Des documents instructifs en PDF à télécharger Le monde de la Truite

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Humour

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Vairon Vairon mort manié : Choisir sa canne

Comme pour n’importe quelle technique de pêche, et pour la pêche de la truite en particulier, on se doit de choisir judicieusement son matériel. Même si une canne pour pêcher aux appâts naturels ou au lancer léger peut parfois faire l’affaire pour dépanner, il serait utopique de vouloir infliger à une canne un rôle pour lequel elle n’a pas été conçue. Transmettre fidèlement une animation spécifique à un vairon enfilé sur une monture plombée afin qu’il se comporte de manière naturelle n’est, vous vous en doutiez, pas à la portée de n’importe quelle canne à lancer.

Texte: Christophe Bouet Photographies: Christophe Bouet & Jérôme Aussanaire

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a pêche au vairon mort manié est avant tout une pêche d’animation. Une canne pour ce type de pêche doit obéir fidèlement à vos gestes pour donner l’illusion d’un petit poisson «jouant» naturellement dans le courant. Pour se faire, une canne à vairon mort manié doit dans un premier temps être adaptée à la taille et aux caractéristiques des cours d’eau que vous pêchez habituellement. Pour ce choix, il est très important de faire une distinction nette entre la prospection de ruisseaux dont la largeur ne dépassera pas 5 mètres, celle des rivières moyennes comprises entre 5 et 20 mètres environ, et celle des grandes rivières pouvant dépasser plusieurs dizaines de mètres de large. Viennent à cela s’ajouter de nombreux critères dont l’action, la puissance, l’équilibre et la fabrication pour arriver enfin à dénicher une canne spécifique de qualité et surtout adaptée à nos besoins.

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1er critère : la longueur Comme je le précisais dans mon avant-propos, la longueur de la canne est définie par le type de cours d’eau prospecté. La longueur moyenne d’une canne passe-partout est d’environ 3 mètres mais en fonction de la nature du ruisseau ou de la rivière, elle peut varier de 2,5 mètres à 5 mètres. Les rigoles et les ruisseaux se pêchent directement sous la canne, c’est à dire que le vairon se manie exactement à la verticale du scion. Le pêcheur anime alors son appât avec la main gauche (s’il est droitier bien sûr sinon c’est l’inverse) en tirant sur le fil sorti du moulinet. Pour se dissimuler aux yeux de dame fario il faut alors posséder une grande canne dont la longueur peut être comprise entre 3,5 et 5 mètres. Sur les cours d’eau moyens on s’approche d’une certaine forme de pêche au lancer et ainsi la canne peut se contenter de 2,5 à 3 mètres de longueur car l’animation sera transmise par de petits coups de poignée. La canne, tenue presque à la verticale, communiquera les mouvements saccadés au vairon ayant pour conséquence de faire bondir ce dernier et de le faire taper sur le fond dans un mouvement irrésistible. On peut bien sûr pêcher avec cette même longueur de canne sur les grands cours d’eau mais une canne un peu plus longue est préférable. 3,5 ou 4 mètres sont des longueurs idéales pour arriver à soustraire du courant une grande partie de la bannière pour ne laisser que l’extrémité de la ligne noyée dans l’eau. Ainsi le vairon mort possède une nage bien plus naturelle que lorsque la ligne est presque totalement immergée.

2ème critère : l’action L’action est caractérisée par la courbure que prend la canne lorsque le pêcheur anime son vairon, qu’il ferre la truite, qu’il conduit la lutte avec celle-ci et qu’il mène sa prise à l’épuisette ou à sa main. Sur de petits cours d’eau, la canne longue doit posséder une action de pointe très marquée. La raideur de cette dernière autorisera un ferrage instantané et permettra de sortir une truite d’autorité de l’eau. Il est vrai qu’une canne de ce type pourra surprendre par sa raideur prononcée mais elle est nécessaire pour les tout petits cours d’eau. En ce qui concerne le rivières moyennes et les grands cours d’eau l’action de la canne se devra d’être un peu plus souple tout en conservant toutefois une bonne action de pointe. Car chaque coup de poignet devra faire réagir la monture et donc animer le vairon. Cette action de pointe associée à une relative souplesse permettra de décoller doucement le vairon du fond mais les tirées sont plus amples et les bascules moins nettes.

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3ème critère : la puissance La puissance d’une canne c’est la capacité qu’a celle-ci de faire travailler facilement le vairon mort et à brider fermement une belle truite. On qualifie habituellement la puissance d’une telle canne par le poids de la monture associé à celui du vairon que l’on va utiliser. Pour pêcher en grandes rivières, c’est à dire loin et parfois par grandes profondeurs la monture devra être assez lourde. C’est le cas également pour prospecter les rivières aux courants rapides et tumultueux. Inversement, pour pêcher de petites rivières, des plages peu profondes et des eaux pas trop rapides, il faudra cette fois ci utiliser une monture assez légère. En règle générale une canne de faible puissance peu porter entre 5 et 10 gr. Cependant ce type de canne n’est pas très répandu dans les modèles spécifiques à la pêche au vairon mort manié et il conviendra de s’orienter d’avantage dans les modèles de cannes prévus pour le lancer léger. Les modèles de cannes que l’on trouvera le plus souvent chez nos grands distributeurs de matériel de pêche auront une puissance souvent comprise entre 10 et 20 gr et qui conviendront le mieux pour une rivière moyenne. En ce qui concerne les cannes plus puissantes vous pouvez opter pour une puissance comprise entre 20 et 40 gr, ce qui correspond à la puissance moyenne des cannes à poisson mort manié destinées aux carnassiers. Mais attention toutefois car des cannes aussi puissantes sont bien évidemment plus raides, ce qui n’est pas sans conséquence pour propulser un petit vairon fragile monté sur sa monture. 4ème critère : l’équilibre On tient communément sa canne avec sa main droite, les doigts serrés sur le pied du moulinet, le talon étant bloqué sous l’avant bras. C’est sous cette position que la pêche est la moins fatiguante et que le ferrage développe le plus d’énergie. On dit qu’une canne est bien équilibrée quand son centre de gravité se trouve le plus près possible de la main qui tiens la canne. Cette notion d’équilibre se traduit par une impression de légèreté de l’ensemble canne/moulinet. Ceci est d’autant plus important que la canne est raide et longue car une canne légère possède toujours un meilleur équilibre qu’une canne raide. Un porte moulinet à bague plutôt qu’à vis permet idéalement d’ajuster la position du moulinet sur cette dernière et affiner l’équilibre de l’ensemble en fonction du poids de chacun d’eux. C’est un bon équilibre qui renforcera la maniabilité de la canne.

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5ème critère : la fabrication Un modèle spécifique est une canne technique qui ne souffre pas de médiocrité. Elle doit être construite dans une fibre de carbone à haut module pour une meilleure action et une plus grande légèreté. Les anneaux seront nombreux – au moins 7 pour une canne de 3 mètres – et déportés de la canne pour éviter le collage du fil sur la fibre. Les anneaux monopatte que l’on trouve classiquement sur les bons modèles sont

parfaits. L’habillage général de la canne est important et sera agrémenté d’une poignée liège de 22 à 23 mm de diamètre et d’un vernis mat pour éviter de faire fuir une truite avant même d’avoir lancé son vairon. Ce type de canne est couramment proposé en 2 brins mais ma préférence va à celle fabriquée en 3 ou 4 brins pour une facilité d’approche et de transport. Selon les longueurs, un modèle d’une marque reconnue peu coûter entre 100 et 400 euros : ce qui est raisonnable pour un outil spécifique de qualité. Au travers de cet article, j’espère avoir pu répondre à vos interrogations et vous avoir donné de quoi orienter votre choix et ainsi avoir tout les atouts en main pour choisir la canne qui vous conviendra le mieux en toute connaissance de cause.

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Récit LE PETIT BOUCHON

Texte & photographies: François Urban

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elui là, je me l’étais bien gagné, et depuis ce jour là, j’avoue moi aussi en avoir découvert les vertus...

Nouvellement affranchi de la tutelle paternelle (eh oui!, avant mes 14 ans ma mère voulait absolument que mon père accompagne l’imprudent que j’étais), je déjeunais très matinalement dans le silence de la maison avant d’enfourcher mon vélo et de partir avec ma f.i et mon panier en bandoulière vers la Pique. Le temps, en ce mois d’août est doux et couvert, un temps idéal pour faire pêche, j’attaquerai donc, comme d’habitude, au fromage. Arrivé au dessus du village, coup d’oeil traditionnel vers «la plage des graviers» (autrement dit en moins romantique la plage sous le dépôt de la DDE) Une R5 bien matinale s’y est garée elle aussi. Toujours curieux de voir et d’observer de nouveaux pêcheurs, je m’approche discrètement(sur les gravillons!) et observe ledit pescayre sans qu’il m’ait prêté la moindre attention. Je me souviens très bien de lui: petit, moustachu et légèrement rondouillet, son sac d’appât lui donne un profil carrément ventru et par des gestes calculés il lance inlassablement dans la coulée en tête de plage sa ligne qui dérive doucement, parfois retenue, et qui dérive, dérive, dérive,... parfois jusqu’à 20 mètres en aval... Le monde de la Truite

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Curieux tout celà: il peche avec une fil intérieur de couleur grise (la fameuse «Garbo») et un petit moulinet à lancer, mais il ne pêche pas au toc, alors, alors.... Alors, il ne m’a toujours pas vu, et voilà que sans un bruit, son petit bouchon coule et, dans un éclair, la truite se débat sous l’eau, godillant sans espoir, retenue fermement par ce pescayre qui penche sa canne sur le côté et qui ramène doucement le poisson vers lui, sans un bruit, l’épuise, et le pose délicatement dans son panier.

Curieux comme pas deux, je descends vers lui, légèrement au dessus pour ne pas épouvanter les poissons postés, et lui lance un traditionnel mais convenu «Alors, vous en avez attrapé»?... auquel il répond par sursaut digne d’un braconnier pris la main dans le sac ! Mais notre homme n’est pas de ce genre là, juste un honnête pêcheur plutôt sympathique qui me répond timidement par un large sourire en ouvrant un panier déjà garni d’une dizaine de belles truites: il aura réusssi son effet tant mes yeux de jeune pêcheur, abonné aux capots et aux rares truites ramenées à la maison, se sont écarquillés ce jour là !! Ah oui, j’avais oublié de préciser qu’à cette époque, la maille était à 18 cm et le nombre de poissons à 20 par jour, ceci expliquant cela... Notre pêcheur est affable et de suite la conversation s’installe: il vient de louer une maison au village, vient de Toulouse, et pêche la Pique depuis quelques jours, ravi de voir une aussi belle population de truites...finissant allègrement dans son panier depuis le début de ses vacances, ravissant son épouse et quelques voisins! Le monde de la Truite

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Mais, pendant la discussion, je ne peux quitter du regard sa ligne, et plus précisément un espèce de bouchon que je n’ai jamais vu et qui, comment dirais-je, me fascine, m’obsède, m’hypnotise.... Notre pêcheur l’a bien remarqué et comme, pour ainsi dire, protéger son «secret», il se tourne discrètement vers la rivière au moment de vérifier l’état de son asticot ou de règler la profondeur de sa ligne... J’ai bien vu son manège et me voilà bien couillon, moi qui voulait percer ce nouveau mystère... Quel coquin ! Oh, je m’empêche bien de montrer que je sais qu’il sait ce que j’ai deviné, mais bon, tout de même, me faire des cachotteries, à moi, si petit et si modeste pêcheur ! La discussion continue donc sur mes piètres résultats de débutant, mes déboires, ce qui le fait sourire mais le retient bien de me livrer une miette de son secret...que je percerai bientôt, mais attendons plutôt la fin de l’histoire...Sourira bien qui sourira le dernier !! Pendant ce bavardage, le voilà qui accroche un beau poisson, cette foisci le long des dalles de la rive d’en face, impêchables au toc avec ces eaux si basses, mais si facilement à la portée de ce nouveau grand pescayre, la terreur des plages et des gouffres de ma chère rivière! Le poisson, toujours de la même manière, est ramené doucement vers la berge, mais au moment de l’épuiser se décroche sur un coup de tête, et la ligne détendue si brutalement, de s’empéguer dans les branches d’un saule surplombant... Notre homme est d’autant plus perturbé par la perte de sa ligne que par celle de son poisson, et, n’en voulant faire trop, se contente de tirer sèchement pour faire descendre la pelote de Phildar suspendue deux mètres plus haut ! Aaaaah, cher saule, que ne t’ai je remercié à ce moment là, toi qui retenait ce secret dans l’entrelac de tes branches, pliant mais ne rompant, m’offrant la chance de percer un secret si bien gardé... Je me retenais de rire devant la colère froide qui envahissait notre pescayre et dont le calme fut si rapidement mis à l’épreuve par une modeste branche innocement jetée sur la rivière. La suite, vous vous en doutez, tourna à l’avantage de notre feuillu, et le pescayre dû se résoudre à râler doucement contre ces arbres, «mais ce n’est pas grave, j’en ai fait la provision en passant à Muret chez mon détaillant» et joignant le geste à la parole, plia sa canne et prit congé «à bientôt peut être». Je le saluais, tout en implorant que sa «maladresse» reste encore quelques temps suspendue dans les airs. Je retournais donc l’après-midi, armé d’une scie, et en grimpant dans l’arbre, décrochais fébrilement ce montage: le bouchon, petit et très léger, en balsa, semblait avoir été quasiment taillé et façonné à la main, comportant une tige sur le haut et bas, le fil le contournant en étant pris dans des bagues, quelques petits plombs venant le stabiliser au dessous; le fil était très fin, les plombs très petits, et l’hameçon, n’en parlons pas, devait servir à pêcher le gardon...ou le vairon !

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J’étudiais donc patiemment le moyen de me procurer tout ce matériel et tentait moi aussi de pêcher avec cette méthode, mais ma f.i. coulissait moins que la sienne et mon Ritma ne m’autorisait pas de si jolies dérives, et ce qui devait arriver arriva: la ligne, un jour, se retrouva par le fond, emportant le petit bouchon vers son ultime demeure. Mes efforts pour le récupérer furent vains.

Je repris donc le chemin du toc, non sans essayer parfois de pêcher les plages avec les bouchons et les hameçons les plus petits que je pouvais trouver, ayant quelques succès de ci de là. Plus tard, croisant à nouveau notre toulousain, celui-ci me demanda si j’avais fait bonne pêche et me fit remarquer, d’un ton amusé, que son bouchon aérien, perdu à la plage des graviers, avait du retrouver le plancher des vaches, ce à quoi je répondis que le courant l’aura emporté, le courant d’air bien sûr... Bon joueur et pas bégueule, il ramena sa ligne, et sans se tourner, sortit de son panier... un petit bouchon !

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