YAN PEI-MING
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SOMMAIRE
YAN PEI-MING 6 BIOGRAPHIE 10 PRATIQUES ET TRAVAUX 22 ANALYSE D’UNE ŒUVRE 27 RÉFLEXION
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BIOGRAPHIE
YAN PEI-MING
EXPOSITION
Yan Pei-Ming est né le 1er décembre 1960 à Shanghai dans l’ambiance de la guerre civile de la fin de la Révolution culturelle. Il rejoint son oncle en France en 1980, suite à son échec à l’école Shanghai Art & Design School. il vit aujourd’hui à Dijon en France
2010 Les enfants de Montélimar, centre d’art contemporain, Montélimar Destinies, Carlson Gallery, London
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2009 Landscape of Childhood, Ullens Center for Contemporary Art, Beijing
ÉDUCATION 1993-94 Académie de France Villa Médici, Rome
Sweet Dream, Les Écuries Saint-Hugues Cluny, France Les Funérailles de Monna Lisa Musée du Louvre, Paris
1988-89 Institut des Hautes Études en Arts Plastiques, Paris
Yes ! Yan Pei-Ming, Walter and McBean Galleries, San Francisco Art Institute 2008 FIAC, aquarelles des deux candidats à l’élection présidentielle américaine
1981-86 École Nationale des Beaux-Arts, Dijon
Life, Souvenir Des Moines Art Center, Iowa Yan Pei-Ming with Yan Pei-Ming, Galleria d’Arte Moderna C ontemporanea di Bergamo, Italy
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BIOGRAPHIE
2007 Portraits d’artistes, Fondation Marguerite et Aimé Maeght, Saint-Paul-de-Vence, France
Shanghai Art Museum 2004 Direct Painting, Kunsthalle Mannheim, Allemagne
The Yan Pei-Ming Show, Galleria Massimo De Carlo, Milan
Année de la France en Chine, Shanghai Musée d’Art, Chine
You maintain a sense of balance in the midst of great success, David Zwirner, New York
National Galerie d’Australie, Canberra, Australie
The Way of the Dragon, Galerie Anne de Villepoix, Paris, France
Exposition personnelle, Galerie Arario, Corée du Sud
Mise à Mort, Galerie Rodolphe Janssen, Bruxelles, Belgique
Are on About China, Asia Society Museum, New York Biac The Unhomely, Biennale de Sevilla, Espagne
2003 Fils du Dragon, Portraits de Mao, Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie, Besançon, France
2006 Éxecution, Musée d’art moderne de Saint Etienne Métropole
Fils du Dragon, Portraits chinois, Musée des Beaux-Arts, Dijon, France
2005 The Red Window-Confession, Galerie Massimo de Carlo
Paysage International, Place de la Libération, Dijon, France Fils du Dragon, Dessins intimes, Musée d’Art et d’Histoire, Genève, Suisse
Hommage à mon père,
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BIOGRAPHIE
Autportrait, 2007 Aquarelle
Self portrait as a hooligan, 2003 Huile sur toile - 137 7/8 by 137 7/8 in
Fils du Dragon, Chantiers funérailles, Frac Champagne-Ardenne/Le Collège, Reims, France
Oncle aveugle et homme invisible, FIAC, Galerie Rodolphe Janssen, Paris, France
International Landscape, Galerie Rodolphe Janssen, Bruxelles
Selfscape, Kim Sooja & Yan Pei-Ming, Kunsthallen Brandts Klaedefabrik, Odense, Danemark
2002 Buddha and his warriors, Galerie Bernier/ Eliades, Athènes, Grèce
1999 Vulnérables, Galerie Liliane & Michel Durand-Dessert, Paris, France
Musée des Beaux-Arts Villa Steinbach, Mulhouse,France
Retour sur lieu du crime, Portrait de famille, Galerie Bernier/Eliades, Athènes, Grèce Le retable, éloge des métissages, Panthéon, Paris, France
2001 Chinese Vermilion, In Memory of Mao, Galerie Max Hetzler, Berlin, Allemagne
Invisible Bouddha, Galerie Rodolphe Janssen, Bruxelles, Belgique
Victimes, Galerie Art & Public, Genève, Suisse
1998 Portraits, Yan Pei-Ming & Seydou Keita, Galerie Jule Kewenig, Frechen-Bachem, Allemagne
Visages Portraits, Le Nouveau Musée, Villeurbanne, France 2000 Autoportraits, Faggionatto Londres, Grande-Bretagne
Fine
Visible Man Invisible Man, Galerie Art & Public, Genève, Suisse
Arts,
Tête de vertu, Studio Massimo de Carlo, Milan, Italie
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BIOGRAPHIE
Autoportrait, 2000 Huile sur toile - 200 X 180 cm
Autoportrait, 2007 Huile sur toile - 200 X 100 cm
1997 La prisonnière, Musée des Beaux-Arts, Rennes, France Morts & vifs, Musée des Beaux-Arts, Dôle, France
Ming, Faggionatto Fine Arts, Londres, Grande-Bretagne Paysage International, Lieu du crime, Galerie Rodolphe Janssen, Bruxelles Belgique
1996 Paysage international, Consortium, l’Usine, Dijon, France
Faces from Soweto, 21 Portraits of Children, Memorial Hector Pietersen, Soweto, Afrique du Sud Portrait d’un inconnu, Galerie Michel &Liliane Durand-Dessert, Paris, France
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PRÉSENTATION DE L’ARTISTE
Mao, 1999 Huile sur toile - 200 X 200 cm
Mao, 2001 Huile sur toile - 250 X 250 cm
UN PEINTRE ENTRE DEUX CULTURES
Il peindra toute une série de portrait du dictateur dans de très grand format qui le feront connaître au grand public. Il l’a peint comme une obsession. Toujours le même portrait, toujours la même autorité, toujours la même soumission.
« J’ai commencé ma carrière en faisant de la propagande pour Mao, puis l’image de Mao a fait de la propagande pour moi ! »
Yan Pei-Ming est né à Shangai en République populaire de Chine en 1960. Il s’expatrie en France à l’âge de 20 ans suite à un échec à l’école Shanghai Art & Design School. Il intègre l’école des beaux arts de Dijon au début des année 80. Il est depuis diplômé des Beaux-Arts de Paris.
Protégé par son statut d’étranger et d’artiste il est un des rare chinois a oser parler de propagande et des crimes commis par l’ancien président chinois. Il entreprend une véritable démolition de la figure et du mythe de celui qu’on appelait le « Grand Timonier » allant jusqu’à le peindre sur son lit de mort « Les restes de mao zedong ».
Enfant de la Révolution culturelle, Yan Pei-Ming est familier de la reproduction des icônes. Avant son exil en France, ce peintre de propagande réalise des affiches officielles et des effigies de Mao Zedong dans un style réaliste et rigoureux.
Au début de sa carrière, entre héritage et nouveauté, l’artiste se confronte sans cesse à la peinture européenne et exacerbe un sentiment de respect et de défis. Il opère une synthèse entre la conception
L’artiste restera marqué par cette figure emblématique de l’Empire du Milieu, idole de l’inconscience collective d’un peuple.
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Mao, 2005 Huile sur toile - 3 x 3 m
Mao, 2000 Huile sur toile - 180 X 200 cm
occidentale qui pense la vie et l’homme comme un processus d’individualisation, et la culture chinoise dont il hérite, dans laquelle la notion d’individu est absente. Ils exécutent essentiellement des portraits aux dimensions inhabituelles. Suite aux portraits de Mao Zedong, il s’empara de l’image de Bouddha, Bruce Lee, JeanPaul II, Marilyn Monroe, Coluche ou encore, durant la campagne présidentielle américaine, les candidats Mc Cain et Obama. Des visages en gros plan, à l’allure souvent tourmentée voir agonisant ou mort.
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TECHNIQUE
Autoportrait Zoom sur une partie de la toile
L’atelier
UNE PEINTURE DE L’INSTANTANÉ
peint avec des gestes rapides et précis. Ming dresse ses portraits en se bagarrant avec ses modèles, ils sont ses adversaires. Il peint comme s’il faisait la guerre, La force du geste se transforme en puissante énergie sur la toile. C’est une peinture de l’instantané qui laisse une grande part à l’improvisation dans laquelle il cherche la justesse des traits.
Bien que le portrait soit son thème de prédilection, l’artiste manie aussi les genres traditionnels, nature morte, paysage, thème historique, avec une technique en bichromie et une échelle de représentation qui en brouillent la lecture. Ses toiles paraissent quasi abstraites vues de près et deviennent figuratives avec du recul. Se limitant à une large gamme de gris et parfois à une palette rouge vif ou blanche (couleur du deuil en Chine), il utilise une peinture épaisse, à l’huile. Il couvre ses toiles à la hâte de manière violente et impulsive. C’est une peinture sous tension ! Comme dans la calligraphie traditionnelle, la peinture chez lui est le résultat d’un acte, il
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CHRONOLOGIE
Petit Soudanais, 2002 huile sur toile - 130 X 200 cm
International landscape, 1999 Huile sur toile - 2 pieces, 200 x 360 x 2 cm
UNE QUÊTE HUMANISTE
l’artiste s’ immerge dans la prison de Rennes, afin de faire les portraits de prisonnières (musée de Lons-le-Saunier).
« Elles ne cherchent pas une esthétique, mais une existence. » À la suite de cela, il peint une série de paysages qu’il nomme «paysages internationaux». Les paysages de Ming sont particuliers. Ce sont des paysages ruraux nocturnes, sombre. Ils sont sans destin, rien ne renvoie à la particularité du lieu géographique. La dimension « internationale » de ce paysage vient du fait qu’il s’agit d’une prise de Shanghai sans originalité, un peu à la manière d’une carte postale ou d’un cliché rabattu, sans force symbolique.
Les « 108 Brigands » constituent pour l’heure son plus grand œuvre. Exécutée durant son séjour à l’Académie de France à Rome (Villa Médicis) en 1993, cette série de 120 portraits se réfère à un classique de la littérature chinoise, le roman épique « Au bord de l’eau » qui conte en 120 chapitres les forfaits de 108 brigands. Les portraits semblent flou et dépersonnalisé. Il peint ces anonymes à la manière de portraits robots.
Les enfants d’Aubervilliers entrent au Panthéon au printemps 1999, après Soweto en Afrique du Sud et l’île de la Réunion, Yan Pei-Ming s’installe à la maison de l’enfance Solomon pour réaliser une série de 21 portraits d’enfants. Pour l’artiste, Aubervilliers est une ville de mélange, idéale pour la création de son retable, « Éloge des métis-
En 1996, il peint sur le vif plusieurs dizaines de portraits d’enfants de la township de Soweto, en Afrique du Sud, en hommage aux victimes de l’apartheid pour commémorer l’abolition de l’esclavage. Poursuivant sa quête humaniste, en 1996
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Émile Louis, 2006 Huile sur toile - 4 x 3 m
Landscape of Childhood, 2009 Aquarelle sur drapeaux
En 2008, il expose pour la première fois à Pékin, dans une ancienne usine militaire, une création nommée Landscape of children réalisé à l’aide de peinture pour tissu sur de grand drapeaux à l’effigie de nouveaux-né chinois. Ils dégagent de cet ensemble une angoissante fragilité.
sages ». En l’an 2000, il s’intéresse à la sculpture en produisant des têtes en résine taillées au couteau et peintes en rouge. En 2000, il fit le portrait de 21 enfants Montiliens. Dix ans après, cette œuvre est à nouveau exposée dans le logis seigneurial du château de Montélimar.
En 2008 il présente à la FIAC (Foire Internationale d’Art Contemporain) des aquarelles représentant les deux candidats à l’élection présidentielle Américaine, Barak Obama et John McCain.
Il choquera l’opinion publique en 2006, en réalisant le portrait du tueur Émile Louis. Les familles des victimes, ébranlées, font part de leur émotions, considérant l’œuvre comme une glorification du tueur. L’artiste qui n’est pas un provocateur réfute ces accusations. Il n’a pas voulu mettre en avant les crimes de cet homme, il montre simplement une réalité, la violence de la société.
En 2009, l’artiste s’est attaqué à la Joconde, défiant un mythe international. Il revient à ces premiers succès qui consiste à choisir des figures très présentes dans l’imagerie populaire. Toujours en 2009, il investit l’espace des Écuries Saint Hugues pour une exposition personnelle sous le nom de sweet dreams. Il met de côté la peinture à l’huile pour l’aquarelle. Par ces tableaux il symbolise la crise mondiale en évoquant la mort et la destruction du temps.
En 2006 sort un recueil de textes et d’entretiens autour du travail de l’artiste « Exécution » publié à l’occasion de l’exposition Yan Pei-Ming - Exécution, réunissant une trentaine de peintures autour de la figure de la mort.
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Obama, 2008 Huile sur toile - 98.5 x 79 pouces
Les funérailles de Mona Lisa, 2008 Huile sur toile
Enfin en 2010, il réalise une série de portrait d’enfant à shanghai qu’il nomme « Children of Shanghai ». Il titre ses toiles de manières narratives, Mao, les Funérailles de Monna Lisa, Crâne, pape, Oncle aveugle. Les appellations sont sans fioriture, elle annonce ce qui est, sans jouer sur un effet d’annonce.
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SON RAPPORT AU RÉEL
Portrait de Mao, 1992 Huile sur toile
Mao Zedong’s remain, 2001 Huile sur toile - 170 X 200 cm
UNE QUÊTE D’IDENTITÉ
cé par les coups de pinceau : la peinture le rend à l’anonymat. Représenté, embaumé sur son lit de mort, il est à la fois l’idole qui s’est imposée à la mémoire collective, et un homme parmi d’autres, se confondant avec le reste de l’humanité dans la mort. Cette œuvre confirme ce que Ming affirme des visages qu’il peint :
La thématique centrale de ses œuvres demeurent l’homme en général. Il peint l’humanité. À travers ses grands visages qu’il maintient à mi-chemin entre l’anonymat et l’individualité, son travail peut être considéré comme une sorte de portrait universel. Samuel Beckett (écrivain) disait qu’exister, c’est être perçu par les autres. Le travail de Yan-Pei Ming fait écho à cette idée. Il est en quête d’identité
« Quand je fais un visage, il est tout à fait autonome et ne représente pas un personnage précis. Je travaille sur l’anti-portrait. » Sous son pinceau défile toute une humanité de morts et de vivants, imaginaire ou réelle. Les individus selon Ming sont hantés par la mort, le fichage de police, la condamnation, leur état de coupables ou de victimes potentielles. Il trouve toujours le pour et le contre de la personne qu’il peint, il ne l’a peint pas pour ce qu’elle fait mais pour ce qu’elle est, dans son humanité.
Chacun de ses portraits suggère une histoire tout en conservant sa part d’opacité. Sa figure de Mao, qu’il a peinte à de nombreuses reprises ne fait pas d’exception à la règle. Car si les traits du dirigeant chinois sont globalement reconnaissables, son visage n’en est pas moins flou, comme effa-
Ming explique que quand il a peint le pape il
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Papa Giovanni XXIII, 2005 Huile sur toile - 250 X 200 cm
Homme invisible, 2000 Huile sur toile - 200 X 180 cm
lui un réel subjectif car il peint une image conceptuelle de ce réel.
n’avait pas l’intention de peindre un certain pape mais le concept du pape. La même chose va pour les dictateurs, les criminels, les victimes, etc. C’est ce qui produit une vérité esthétique «générale».
Yan Pei-Ming se plait à dessiner l’anonymat, thème qu’il continue à transfigurer en le reliant à la figure de la mort lors de l’exposition exécution, réunissant une trentaine de peinture autour de la figure de la mort. Il poursuit son travail de défiguration de l’homme.
Le système s’applique même aux sujets très personnels. Quand Yan Pei-Ming refait des portraits de son père plus de quarante fois, il élargit l’individualité du père en multipliant les adjectifs au hasard en attachant à chaque portrait une qualité personnelle l’homme le plus puissant, l’homme le plus sévère, l’homme le plus timide, l’homme le plus faible…
L’exposition, se parcourt comme un récit, tout les cas de figure de la mort y sont présenté : crânes, gisants, exécutés, exclus, futurs cadavres... C’est un voyage à travers le temps que propose l’artiste, elle commence par un crâne (mort depuis longtemps) puis le gisant (tout juste mort), l’exécution (voué à mourir), mendiant (pas encore mort mais déjà exécuté), autoportrait (futur mort), puis vient un paysage nocturnes de conifères décharnés à fort soupçon dramatique qui laisse l’imagination nous porter vers un lieu de crime, le mobile et les circonstances sont bien sûr laissés en proie à toute interprétation possible. Quand aux fleurs réu-
Ce père universel ne représente pas la fiction d’un père idéal imaginé par l’artiste mais veut être compris comme le portrait du père réel et concret. C’est pourquoi Yan Pei-Ming nommera cette toile « portrait d’un inconnu ». Car il a été saisi en temps que «père générale» et donc en inconnu. Par la répétition, il tente de saisir une part d’humanité à travers toutes ces individualités. Il peint quelqu’un de réel mais c’est pour
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Crâne, 2004 Huile sur toile - 44 X 44 cm
Chambre froide - 2003 Huile sur toile - 200 X 235 cm
nies en un bouquet, elles sont d’abord la mémoire d’un ensevelissement (fleurs des funérailles du père). L’artiste laisse le spectateur confronté à son destin, cela procure un sentiment de malaise et d’angoisse.
propos :
« La peinture est le territoire du mensonge. » Sa peinture lui permet de projeter des images fictives, il ne représente pas la réalité. C’est la peur de la mort qui entraîne son imagination. Il entretient un rapport très particulier avec celle-ci. Lorsqu’il peint la mort, il se voit comme l’exécuteur et la peinture le moyen d’exécution, ainsi pour son exposition Exécution, il réside un mois sur le lieu de l’exposition, un peu comme s’il restait sur les lieux du crime. Les spectateurs pouvaient venir le voir travailler. Ils verraient qu’il s’était passé quelque chose. Ils seraient les témoins de l’exécution. L’artiste donne ainsi une valeur intime et très personnel à ses toiles et à son travail.
Dans son tableau Marilyn, Andy Wharol montre une Marilyn Monroe belle, sexy, envoûtante, symbole parfait de la création stéréotypée d’un mythe. Yan Pei-Ming, lui, la peinte avec de grandes oreilles et un petit nez, la peinture la rend à sa singularité d’être vivant à son humanité, elle a comme tout à chacun des défauts qui ont peut-être donner lieu à des complexes. Cependant Andy Wharol fait référence à une réalité tandis que Yan Pei-Ming ne peint pas Marilyn Monroe mais l’image de Marilyn morte même si la photo d’elle à la morgue est réelle cela ravive un nouvel imaginaire. Que ce soit Marilyn Monroe ou une personne anonyme pour l’artiste c’est la même chose.
Lors de l’exposition les funérailles de Mona Lisa il choisit de peindre un portrait de lui mort et à côté son père les yeux grands ouverts. Il voulait montrer ce que ressent un père lorsqu’il voit son fils mort, la peine absolu qu’il doit ressentir à ce moment là. Il
Lorsqu’il peint le pape Jean-Paul II mort alors que celui-ci est bien vivant mais dont la santé est fragile, il illustre très bien ce
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Les funérailles de Mona Lisa, toile n°5 (polyptique), 2008 Huile sur toile - 200 X 235 cm
Les funérailles de Mona Lisa, toile n°1 (polyptyque), 2008 Huile sur toile
choisit de se représenter personnellement mais le thème est général. « Le cheveux blanc qui pleure le cheveux noir ». À nouveau il peint quelqu’un de réel, dans une situation imaginaire, et ce sert d’une situation personnelle pour désigner le père en général, la perte d’un enfant.
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LE TON DE SON TRAVAIL
Autoportrait, 2000 Triptyque, huile sur toile
UNE SENSIBILITÉ AGRESSIVE
sance et de fragilité. D’expressivité et de lourd silence. Ces œuvres sont sombres et tourmentés, les traits des visages sont sévères et durs. Il a une vision très philosophique du monde, et fait preuve d’une grande rigueur et dureté. Il ne laisse pas de place à la fantaisie. Son éducation chinoise rigoureuses ressort dans sa peinture, c’est un artiste qui réfléchit beaucoup, il peut passer des mois à réfléchir à une toile pour finalement la réalisée en quelques heures. Sa multitude d’autoportrait montre son envie de graver les mémoires, de laisser sa trace sur terre au delà de la mort.
Yann pei Ming entretien un rapport de force avec ses toiles, il lutte contre elles. Il les peint avec dureté et agressivité tout en gardant une grande sensibilité. Ces émotions transparaissent à travers elles, c’est pourquoi ces figures humaines touchent. Ce sont des œuvres gigantesques mais intimiste. Avec Mao et les autres portraits, il cherche à définir son point de vue personnel sur l’humanité et montre des hommes et des femmes repliés sur eux-mêmes, sur leur univers intérieur et leur solitude. D’où l’impression d’une grande présence, d’une force intérieure qui émane de ces portraits mais aussi d’une distance infranchissable. Ses tableaux sont un mélange de puis-
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CRITIQUE & BIBLIOGRAPHIE
Exécution, 2006 Les presses du réel
Yan Pei-Ming,1999 Christian Besson
UN PEINTRE RECONNU
Pour certains, Yan Pei-Ming est un artiste qui sait se vendre, il sait choisir ses sujets pour attirer l’attention et les commentaires. Certains la jugent sommaire, d’autres proche de celle d’un Bacon. BIBLIOGRAPHIE
Aujourd’hui, Yan Pei-Ming obtient la reconnaissance de ses années de travail, d’un perfectionnement de son art façonné entre France et Chine. Il doit beaucoup de son succès aux portraits de Mao qu’il a réalisés, il est désormais un peintre célèbre dont les toiles se vendent à prix d’or.
1999 : Yan Pei-Ming, Christian Besson, Hazan 2005 : Yan Pei-Ming, Shanghai mei shu guan, Shanghai éditions 2006 : Yan Pei-Ming, Exécution, Dijon, Les presses du réel
Outre du succès de ses tableaux dans les ventes, Yan Pei-Ming peut se targuer d’avoir accompagné le président Sarkozy lors de sa visite en Chine en décembre 2007, et d’avoir été fait chevalier de la Légion d’honneur lors de la dernière fournée, le 14 juillet 2008.
2007 : Fabian Stech, J’ai parlé avec Lavier, Annette Messager, Sylvie Fleury, Hirschhorn, Pierre Huyghe, Delvoye, D.G.-F. Hou Hanru, Sophie Calle, Ming, Sans et Bourriaud. Interviews. Dijon, Les presses du réel
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LES 108 BRIGANTS
Les 108 Brigands - 1994-1995 Ensemble de 120 peintures, huile sur toile - 130 X 97 cm
PRÉSENTATION DE L’ŒUVRE
Il s’agit pour lui, loin de toute forme illustrative de développer à une échelle encore jamais expérimentée le principe de la série de figures. Le thème traité ici est l’art du portrait bien que l’artiste c’est toujours considéré comme faisant de l’anti-portrait.
En 1994, Yan Pei-Ming expose une série de 120 portraits qu’il choisit de nommer les 108 Brigands, une œuvre qui fait référence au roman épique chinois Au bord de l’eau, ce roman est un classique de la littérature chinoise qui conte en 120 chapitres les forfaits de 108 brigands qui luttent contre l’oppression, donnant à ceux-ci une stature quasi-mythique figures de héros populaires en révolte contre une administration corrompue.
Lorsqu’il utilise le terme anti-portrait il veut dire qu’il ne travail pas sur un visage précis, la peinture est autonome de la personne représentée. C’est une conception humaniste chinoise qui ne conçoit pas l’individu au-dessus des ensembles dans lesquels il est inclus : la famille, la lignée, le clan, la Chine.
L’œuvre se compose de grandes huile sur toile de 130 X 97 cm superposées sur plusieurs rangs. Ces tableaux ont été exécutés lors de son séjour à la Villa Médicis, des portraits d’hommes prient de façon aléatoire, des pensionnaires de la Villa, des agents qui y travaillent, des artistes en visite...
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Un des portraits de l’œuvre « les 108 Brigands » Huile sur toile, 130 X 97 cm
12 portraits de l’œuvre « les 108 brigands » Huile sur toile,130 X 97 cm
DESCRIPTION DE L’ŒUVRE
font de l’artiste, le témoin et le défenseur de ces anonymes, de ces visages qui sont voués à disparaître. Il agit de la même sorte pour la plus part de ces portraits en choisissant des sujets fragiles, prostituées, enfants, brigands, vieillards...
Les visages nous font faces, ils nous regardent droit dans les yeux. Ils sont traités à la manière de paysages, saisi dans l’instant la peinture est vive et le trait brut et épais. Les dimensions sont très grandes. Les toiles sont couvertes au rouleau et à la brosse, dans des teintes de noir, blanc et gris, Quand on y regarde de plus près, les regards des personnages sont très intenses, ce qui les rend très humains et expressifs. Les portraits sont tous peints au niveau du cou jusqu’au sommet du crâne. Les fonds en aplat blanc, gris ou noir permettent un contraste entre le visage et le fond, bien qu’il ne le détache pas totalement.
Ces portraits sont marqués par leur grandeur, leur côté photographique même si parfois la largeur du trait brouille la netteté de l’image afin d’en renforcer l’émotion. L’artiste n’a pas entretenu de relation particulière avec ces modèles puisque que ce sont des gens pris aux hasard, au fil des rencontres qu’il a fait durant son séjour. Aucun nom n’est a posé sous le portrait. Cet anonymat du modèle entraîne l’impossibilité de vérifier la ressemblance. De plus Yan Pei Ming attribue a ces hommes le nom d’un personnage de roman ce qui les dépersonnalise et en bloque d’avantage l’identification. C’est un fait caractéristique des arts du spectacle (théâtre, cinéma) qu’un acteur donne ses traits à un personnage de fiction. Mais l’acteur, est appelé à être recon-
Pour nous, ce sont des visages d’anonymes, d’inconnus. Yan Pei-Ming les gravent dans l’histoire. Les sujets choisit
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Les 108 Brigands - 1994-1995 Ensemble de 120 peintures, huile sur toile - 130 X 97 cm
tinés à se perdre dans l’oubli, c’est à dire presque nous tous.
nu pour lui-même en inscrivant son nom sur le générique ou l’affiche à côté de son personnage. Ici tout se passe comme si on avait confié les rôles principaux à ceux qui, tout au moins pour le grand public, constitue des figures anonymes, des figurants n’ayant pas les honneurs du générique.
« Quand je fais un visage, il est tout a fait autonome et ne représente pas un personnage précis. Je travaille sur l’anti-portrait. »
Yan Pei-Ming est un artiste qui reste partager entre tradition chinoise et occidentale. Il reprend souvent les codes de la peinture chinoise ancienne, celle des peintres du courant bouddhiste dont le pinceau était sensé répondre à une inspiration subite. On retrouve cette influence chinoise dans ces formats gigantesques, souvenir des grands panneaux d’affichage chinois couverts de signes qui attirent l’attention et forcent les gens à lever la tête.
Yan Pei-Ming s’intéresse au caractère invisible, absent de l’homme dans son comportement, au fil des contextes, des circonstances et des événements, à l’humanité qui lui échappe : l’homme invisible dans son humanité. Son travail peut être considéré comme une sorte de portrait universel. Ce qu’il peint, c’est en fait l’humanité. Cependant, plus il crée des têtes, moins il comprend ces gens. Il entreprend avec sa peinture une lutte pour finir le travail rapidement, il commence à peindre de cette manière à son arrivé en France, après avoir travaillé dans un restaurant, où il devais être rapide et mobile. Selon lui la peinture exige le même entraînement.
Ici il choisit de partir d’un récit fortement ancré dans la culture chinoise il propose sa propre vision. Il met en avant l’individualisme européen, il nous met face à ces anonymes, ces étrangers. Ming s’emploie a portraiturer les figurants de l’histoire, les sans nom, ceux dont les visages sont des-
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L’ART DU PORTRAIT
La Joconde - Léonard de Vinci entre 1503 et 1506 Huile sur panneau de bois - 77 X 53 cm
Mao Zedong Portrait officiel
SON HISTOIRE
trigue, interroge. Elle possède un pouvoir de fascination qui peut nous amener à préférer l’image recréée d’une personne à cette personne véritable. En exemple le célèbre et intriguant portrait de la Joconde qui constitue l’aboutissement des recherches du XVe siècle sur la représentation du portrait.
Pour mieux comprendre le travail de Yan Pei-Ming, il faut s’intéresser de plus près à l’art du portrait.
Dans la plupart des pays le protocole exige que le portrait du chef de l’État apparaisse dans tous les bâtiments publics. Il permet d’asseoir la position sociale d’un personnage. Une apparition excessive de tels portraits est la marque d’un culte de la personnalité, il devient alors un outil de propagande en vigueur dans de nombreux régimes autoritaires. Les souverains envoyaient leurs portraits dans les provinces et régions, ce qui permettait d’affirmer leur omniprésence. Yann Pei Ming en a été témoin dans son enfance avec les portrait de Mao Zedong.
Par définition, un portrait est une œuvre picturale, sculpturale, photographique… à visée descriptive, représentant une personne ou une chose réelle ou fictive, d’un point de vue physique ou psychologique. Initialement associé à la notion de transmission de l’image aux générations futures, le portrait joue un rôle social important tout au long de l’histoire française et européenne. il compensait aussi l’absence et l’éloignement; en effet lors de fiançailles, les futurs époux faisaient souvent connaissance par l’intermédiaire d’un portrait.
En France, dès le début du XIXe siècle le portrait perd de sa valeur de mémoire et devient un prétexte, un moyen comme un
Mais le portrait rend une image idéalisée de la personne il l’a rend irréelle, elle in-
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Autoportrait- Lucian Freud, 1985 Huile sur toile
Marylin Monroe - Andy Warhol, 1967 Sérigraphie - 91,5 X 91,5 cm
gularité du sujet, son rapport aux autres ou un point de vue général sur un trait de société. Cela passe par différents thèmes récurrents, les émotions, la mort, l’identité, l’individualisme... Et bien souvent cela s’associe à des pratiques artistiques diverses (photographie, peinture, découpage, sculpture...).
autre de déterminer l’attitude du peintre vis à vis du monde réel, de la société et de l’art. C’est le cas du peintre Lucian Freud qui offre une nouvel forme de portrait, plus figuratif que représentatif, il transforme la réalité. C’est que la photographie permet dorénavant d’enregistrer une image fidèle du sujet et bouleverse profondément l’art de la figuration.
En exemple Andy Warhol qui offre au public sont regard sur la culture populaire avec entre autres ces nombreux portraits en sérigraphie de vedettes de cinéma.
C’est dans cet optique que travail Yan PeiMing avec sa propre vision du monde et de l’individu, sa peinture est expressive il y a tout un aspect psychologique autour de chacun de ces portraits. Comme expliqué plus haut dans le chapitre sur le rapport de l’artiste au réel, le portrait est un moyen pour Yan Pei-Ming d’expliquer au monde sa conception de l’individu dans la société. C’est cette aspect qui ressort souvent du portrait contemporain, ou les artistes cherche au delà de la représentation pur un moyen d’exprimer de manière plus ou moins intellectualiser une ou des idées bien précises en mettant en avant la sin-
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COMMENT LES ARTISTES CONTEMPORAINS RENOUVELLENT-ILS L’ART DU PORTRAIT?
Couple: Boston, MA - Niki Rosato, 2009 Cartes découpées - 11 x 14 pouces
L’ART CONTEMPORAIN
C’est le plus souvent dans une recherche intérieure et de réflexion personnelle sur l’individu que les artistes contemporains explore l’art du portrait. L’art n’a plus uniquement pour fonction importante de représenter fidèlement le réel, la photographie est mieux à même de le faire, l’art peut désormais s’essayer à d’autres formes, casser les canons de la beauté, et proposer des expérimentations nouvelles et des idées conceptuelles. L’artiste contemporain est un artiste libre, ne répondant qu’à ses propres aspirations.
Nous allons voir comment les artistes contemporains renouvellent la question du portrait. Tout d’abord, ce que nous appelons art contemporain désigne les œuvres produite de 1970 à nos jours quel que soit la pratique et le style esthétique il a pour fondement les expérimentations de l’art moderne.
Il y a un réel désir des artistes de sortir l’art des lieux traditionnels et institutionnels. De nombreux moyens de médiatisation s’offre à eux pour faire découvrir leur création en dehors de ces milieux et ils n’hésitent pas à s’en servir.
Il est aussi défini comme étant entre deux choses. Chaque artiste produit un travail unique, ne se rattachant pas forcément à un style en particulier. L’art devient « contemporain », dès lors qu’il entre en synchronie avec son époque, et qu’il nous parle de notre vie, de notre époque, de nos modes de pensée et d’être, ici et maintenant.
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Assemblage on boards - Zac Freeman, 2007 33 X 39 pouces
Jay Chou - Hong yi, 2010 Portrait en traces de café
L’ÉCLATEMENT DES MÉDIUMS
en Bobines de films, Cassettes vidéo, partitions (Erika Iris Simmons allias IRI5) en carte routière (Nikki Rosato) ou encore en traces de café (Hong yi). Les artistes contemporains ne manquent pas d’imagination, il trouve leur inspiration dans tout ce qui les entourent, ils subliment les objets du quotidien, les détournent, les parodies.
L’esthétique contemporaine est faite d’expérimentation de recherches, chaque artiste cherche à se différencier l’un de l’autre selon sa mythologie personnelle. Les codes de la peinture sont réinventés et il en ressorts de nouvelles techniques, cela peut être en travaillant de nouveaux matériaux en exemple le travail de Zac Freeman qui réalise des portraits avec des matériaux recyclés (bouchons, touches de clavier, boutons...). C’est ce qu’on appel l’art recyclé, cette forme d’art pose la question de l’environnement et interpelle le public à partir de la requalification des objets déchus.
Souvent le visage représenté possède un lien avec le médium utilisé. Lorsque Erika Iris Simmons se sert de cassettes pour une représentation de Madonna le lien (la musique) est clairement identifiable. Parfois c’est d’avantage une idée qui est évoquée c’est le cas de Zac Freeman et d’autre fois il n’y a pas vraiment d’explication, uniquement une valeur esthétique en exemple les portraits en traces de café de Hong Yi.
Toujours dans cette recherche de nouveaux matériaux certains n’hésitent pas à présenter des portraits en volumes par l’assemblage d’allumettes (David Mach),
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Ghost in the machine, Madonna - Erika Iris Simmons Portrait en bandes cassettes
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Kwarme - Matt Small, 2010 Technique mixte sur métal trouvé, 79 X 120 cm
Alexandre Farto, 2010 Portrait en gravant le mur
DIVERSITÉ DES SUPPORTS
On peut également mettre en relation le travail de Matt Small qui réalise des portraits aussi bien sur des capots de voiture que des portes de frigos ou des bouts de métal, il se joue du support pour intensifier les textures et donner à sa peinture un aspect bien spécifique. Ce sont des œuvres parfois éphémères puisse que certaines sont détruites par les équipes de nettoyages des villes. Ils n’en restent parfois que des traces photographiques.
Le support et le lieu devient également sujet de discussion, alors que la plupart des toiles s’exposent dans les musées certains n’hésitent pas à investir la rue, devenu nouveau lieu d’expression pour beaucoup d’artistes c’est le cas de Dave Kinsey artiste influencé par la rue qui s’illustre particulièrement bien dans l’art du portrait en graffiti, tout comme C215 de son vrai nom Christian Guémy qui manie l’art du pochoir sur les murs des villes de nombreux pays. Le lieu devient alors une part essentielle de leur travail. Toujours dans le milieu du Street Art on retrouve le portugais Alexande Farto qui, armée de burin, marteau, perceuse et marteau piqueur, sculpte les murs pour en faire émerger des portraits saisissants.
Souvent pour garder une trace de leur production et le faire partager aux publics, les artistes disposant d’une certaine notoriété en font des autocollants, des stickers, des affiches... C’est le cas de l’artiste américain Shepard Fairey qui commercialise énormément sont travail.
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C215 Pochoirs complexes sur mur
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Portrait de Lucian Freud - Francis Bacon Huile sur toile, Triptyque
Paul Wright Huile sur toile
L’ASPECT PSYCHOLOGIQUE
grande émotion et donne le sentiment d’entrer dans l’esprit et l’intimité de la personne peinte bien que les visages soit déstructurés et éclatés en petits fragments. On retrouve dans son travail la force pictural du travail de Yann Pei Ming, par sa manière de couvrir ses toiles à grands coups de brosses.
Les peintres ne cherche plus à représenter l’humain de manière idéale comme il était souvent de rigueur autrefois, au contraire ils s’amusent à déstructurer les visages, il recherche l’expression, l’émotion et l’explosion des sentiments. En exemple le peintre Francis Bacon qui propose des portraits torturés, tordus et ravagés, à la manière de Lucian Freud. L’aspect psychologique de l’individu selon sa propre vision devient le caractère fondateur de la toile. Il laisse les gens à leur propre interprétation.
Dave Kinsey provenant à la fois du monde du graffiti et de l’art numérique. Il exprime dans ses toiles sa vision du monde urbain sombre et inquiétant en agrémentant ses toiles de nombreux portraits principalement des hommes aux regards vides dans des paysages saturés tout en émotions et en contrastes.
De la même manière de nombreux artistes déforment la réalité pour provoquer une certaine émotion ou intimité avec le spectateur. Les peintures de Paul Wright illustre assez bien ce propos, par une série de toiles abstraites il arrive à inspirer une
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Weeping man - Dave Kinsey, 2010 Techniques mixtes sur toiles- 20 X 16 pouces
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Alonso Quijada - Alvaro Tapia Illustration mixte entre techniques numériques et traditionnelles
Woody Allen - Pablo Lobato, 2008 Illustration numérique
L’ART NUMÉRIQUE
aux autres car c’est un art en plein développement ouvert à un public très réceptif. On trouve un grands nombres de travaux de qualité. Il n’est plus nécessaire d’être spécialiste d’art contemporain pour contempler une œuvre d’art numérique, il suffit d’être un internaute curieux. Par ailleurs cela permet à l’artiste amateur d’exposer plus facilement ses œuvres sur ses pages personnelles (blogs).
La principale évolution technique tient de l’apparition de l’art numérique qui bouleverse considérablement le monde de l’art. Il s’est développé comme genre artistique depuis le début des années 1980 et désigne un ensemble varié de catégories de création utilisant les spécificités du langage numérique. L’art numérique s’appuyant sur l’état de la technique de son temps il est en constante évolution. Le portrait n’échappe pas à ce nouveau moyen d’expression. Entre illustration vectorielle, digital painting, montage photographique, mixte de techniques classiques et numériques, les artistes ne manquent pas d’idée et de moyens.
On peut tout de même détacher le travail d’Alvaro Tapia qui propose une impressionnante série de portraits, principalement des célébritées. Ces illustrations mixtent les techniques numériques et traditionnelles. Reprenant également des figures connues il y a Pablo Lobato et Alexey Kurbatov le premier usant de formes très géométrique rappelant le courant cubiste. Le second, illustrateur russe possède un style bien à lui et ce joue de formes anguleuses et d’un mélange de techniques numériques et traditionnnelles.
On retrouve dans ce type de pratiques très variées un grand nombres d’artistes, il est assez difficile d’en détacher un par rapport
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Marlène Dietrich - Alexey Kurbatov, 2010 Illustration mêlant numérique et techniques traditionnelles
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Face 2 Face - Jr, 2007 Photographies regroupant Israëliens et Palestiniens
UNE MIXITÉ DES TECHNIQUES
photographie se mélange à la peinture et au numérique. Les différents éléments s’assemblent et donne des nouvelles créations assez inattendus. Il n’y a pas de barrière entre les différents corps de métiers au contraire plus les artistes sont polyvalents et plus les réalisations sont surprenantes et originales. Des styles s’affirment.
Les artistes ne cherche plus à retranscrire la réalité, ils sont dans une quête plus intime, toujours dans la recherche de nouvelle idéologie et concept novateur. Cela se retrouve également en photographie. En exemple, le photographe JR qui à travers ces photos réunis Israéliens et Palestiniens en collant leurs visages sur le mur qui sépare le territoire Gaza du reste, pour promouvoir la paix (projet Face2Face).
En exemple le travail du graphiste Pascal Colrat qui ne travail pas en particulier le portrait mais l’utilise fréquemment dans la création d’affiches en photomontage. L’art contemporain est très exposés et les artistes recherchent la médiatisation de leur travail, que ce soit sur la toile, dans des magazines sites web ou documentaire spécialisé. Il est très souvent soumis à la critique, le public devient juge. Cependant on n’a pas le recul nécessaire pour juger réellement le travail de tel ou tel artiste.
Ici l’aspect technique du photographe est secondaire par rapport à l’idée qu’il se dégage de ses photographies. L’art demeure le lieu d’expression des valeurs. Les artistes face à cette multitude de support de matériaux, de techniques s’ouvrent à de nouvelles possibilités. Ils testent, manipulent, expérimentent. Les graphistes s’improvisent peintres et inversement. La
Le portrait est facile d’accès pour le public car il véhicule souvent une émotion dès le premier regard.
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Affiche exposition Pascal Colrat, 2011
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lycée polyvalent Léonard de Vinci académie Nantes
BTS COMMUNICATION VISUELLE ARTS VISUELS APPLIQUÉS MÉMOIRE 2012 MYLÈNE FAVRE
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Les larmes de Mona Lisa – 2009 Yan Pei-Ming Huile sur toile – 280x 280 cm Exposition temporaire - Musée du Louvre – Paris