Inflation des braquages
Un remède anti-crise ?
2,80 %
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n° avril 2009 www.leravi.org
Associations
Portrait Enquête
Idéalisme versus clientèlisme
Loïc Fauchon en eau trouble le Ravi crèche à la Seyne-sur-Mer
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le Ravi n°62 avril 2009
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Au sommaire al du mensuel région qui est canon
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é dito
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Contrôle technique de la démocratie Conseil municipal de Tarascon (13)
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Laure Manaudou nous quitte Francis le Belge revient Le quizz
La grosse enquête le Ravi crèche à la Seyne-sur-Mer
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Sommaire détaillé page 5
Notre belle région(g) Page
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Associations à but non lucratif ou clientèliste ? Page
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Rosé : rouge sur blanc, tout fout l’camp Balladur : Paca, terre des métropoles Page
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Yapasquepaca À Madagascar, la paix pas encore la démocratie
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Le grand reportage dessiné
L’art du recyclage Avril débute une fois de plus par la semaine du « développement durable ». Ce qui est bien avec cette expression, c’est qu’elle embrasse tellement large qu’elle finit par ne plus rien vouloir dire. Même le très gentil Nicolas Hulot - dont la fondation est parrainée par TF1 (le bétonneur Bouygues), L’Oréal (parce qu’il le vaut bien), EDF (des hommes qui relient le nucléaire aux hommes) – reproche à la formule son goût de « camomille mielleuse ». La liste des parrains officiels de la semaine « durable » vaut aussi le détour : Carrefour (le paradis où les caissières encaissent le travail précaire), Orange (l’opérateur amis des fleurs des champs et des antennes relais), Paru Vendu (le journal du groupe Hersant qui emballe gratuitement le poisson)… Il s’en passe des choses en Paca pendant la semaine du développement durable ! Près de 200 initiatives. Retenons de façon arbitraire l’exposition « l’art du recyclage » à Mouans-Sartoux dans les Alpes-Maritimes. L’idée est de présenter des œuvres réalisées à partir de matériaux récupérés ou de déchets. Une activité relayée toute l’année par différentes associations comme le Recyclodrome à Marseille. Leur objectif : « agir contre le gaspillage par le réemploi ». Suivons donc leur exemple en mettant en œuvre des ateliers pratiques. Dans les laboratoires de recherche des facultés : dissoudre dans l’acide les différents décrets et projets de lois de Valérie Pécresse afin d’en évaluer l’essence philosophique. Au Pôle emploi : lancer des concours de haïkus, petits poèmes courts à la mode japonaise, rédigés sur les tickets distribués dans les files d’attentes. Dans les rayons des hypermarchés : sortir tous les produits de leurs emballages inutiles puis réaliser sur place de jolies sculptures en papier mâché. La liste n’est pas exhaustive. Pour finir, mettons-nous en position du lotus et méditons ensemble ce précepte de Lao-Tseu sur le recyclage : « accepter toutes les immondices du royaume, c’est être le seigneur du sol et des récoltes ».
le Ravi Infos & satire seront au rendez-vous du prochain numéro du Ravi chez les marchands de journaux exceptionnellement dès le jeudi 30 avril. Ou chez vous, la veille, en remplissant le bulletin d’abonnement page 24.
Bienvenue à Fos-sur-Mer
16à20
le Ravi d e p lâtre
métropoles & trous jolis Page
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Marseille : capitale européenne du braquage Page
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Aix : Joissain brade les bijoux de famille Château Arnoux : plastique, pas fantastique Docu friction : Alerte aux antennes relais Page
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Avignon : commando à l’hypermarché Nice : Franco, champion de ski acrobatique Page
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La grand Tchatche : Philippe Chesneau
21à26 RTT 28
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Le docu-friction
Les « à côtés » de la plaque
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Poids lourd
Moi, Loïc Fauchon
Eugène Caselli Eugène Caselli est le nouveau président de Marseille Provence Métropole. Avant d’accéder à la tête de l’agglomération marseillaise, c’était un homme discret, chargé de gérer dans l’ombre la puissante fédération socialiste des Bouches-du-Rhône pour le compte de Jean-Noël Guérini. Il n’avait jamais été élu. Je vous parle d’un temps désormais révolu. Les Marseillais peuvent désormais admirer Eugène sur près de 300 affiches placardées sur les abribus. Motif de cette déferlante publicitaire ? La création d’une police de la propreté forte de 31 agents assermentés pour verbaliser tous les auteurs d’incivilités. Il y a cinq ans, la mairie UMP de Marseille s’était déjà payée une imposante campagne de communication annonçant la verbalisation des contrevenants. Résultat : moins de 60 PV sur un an. Eugène Caselli assure que sa police n’a rien à voir car les nouvelles recrues « ne ferons que ça ». Sous le slogan futé « votre ville au sens propre », le président de MPM pose les bras croisés, un grand sourire aux lèvres. Comme un air de déjà vu. Bon sang, mais c’est bien sûr ! Monsieur propre ! Le chauve débonnaire et musclé, le bon génie des ménagères de moins de 50 ans. C’est à lui que s’identifie Eugène Caselli. Les communicants lui ont-ils vraiment expliqué que « Monsieur Propre » est devenu une icône gay ? M.G.
Si il était un animal : Un bousier Si il était une chanson : « Merde in france » Si il était un objet : Une motocrotte Si il était une devise : « Rien ne sert de courir, il faut nettoyer à point » Si il était un film : « Une femme de ménage »
le Ravi n°62 avril 2009
« Il y a le feu ou quoi ? »
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Tarascon
9 ipal 19/03/200 conseil munic
par Jean-François Poupelin
19h48
Au nom de son groupe, Enna Dufour prend la parole sur le budget primitif : « Nos prévisions se confirment, le CCAS est devenu un Samu social, la Cité judiciaire va perdre les affaires les plus importantes… » Charles Fabre la coupe d’une petite pique : « Mais vous avez fait un discours ! » Pas démontée, Enna Dufour confirme : « Tant qu’à faire.. » Et de poursuivre : « 20 % de chômage… »
18h30
« Le conseil est retardé d’une demi-heure car tout le monde est à Tembec, il y a le feu », explique en petit comité un élu. En ce début d’année, l’usine de pâte à papier joue un peu trop de malchance : fermée depuis début février pour raisons économiques (une partie du personnel est au chômage technique) (1), ses machines ont dû être décontaminées pour cause de rayonnements alpha 50 fois supérieurs à la normale. La faute des arbres « naturellement radioactifs », selon l’Autorité de sûreté nucléaire (2).
19h05 Charles Fabre, maire UMP
depuis 2005, arrive essoufflé. Réélu il y a un an dans une triangulaire (UMP, DVD, Union de la gauche), le vice-président de la Communauté d’agglomération ArlesCrau-Camargue-Montagnette (ACCM) apporte un peu de stabilité à la ville : en 2002 et 2005, ses prédécesseurs ont été « démissionnés » suite à des condamnations pour « prise illégale d’intérêt ».
19h07
Buste droit, cheveux blancs coupés façon sergent chef, le maire tonne d’une voix chantante : « Le fait de faire des articles de presse (sic) a perturbé les c lients de Tembec. Certains ont demandé si la pâte à papier était contaminée ! Il faut savoir de quoi on parle… » Et de conclure : « Maintenant, on va commencer le conseil municipal. »
19h10 Monique Bouillard, élue de la
majorité, affiche un splendide chemisier aux couleurs des USA.
19h23
Guy Chapoulie, leader tendance communiste de la gauche unie (3), mâchouille une branche de ses lunettes et cherche le soutien de sa colistière Enna Dufour du regard. Après avoir longuement hésité, il pose enfin sa question : « Cette recette anticipée, c’est beaucoup. A quoi c’est dû ? » Réponse sèche et définitive de Jérôme Binet, conseiller municipal délégué aux Finances qui semble sortir d’une cabine de bronzage : « Une bonne maîtrise des dépenses. Bon, on passe au vote ? »
20h15 La gironde Elisabeth Alric,
19h24 Dans la foulée, Charles Fabre,
adjointe à la Cité judiciaire, exige la parole pour « répondre à Enna Dufour ». Avec la même grâce que Rachida Dati, elle explose : « La seule chose que Tarascon a perdu dans les réformes judiciaires, ce sont les juges d’instruction. Comme toute la France ! » L’opposante, toujours d’aplomb, ironise : « Merci de cette précision et de votre gentillesse. »
toujours pas remis de son accélération pour rejoindre le conseil, s’amuse du manque de mordant de son opposition en ce début de conseil : « Qu’est-ce qu’il y a ce soir ? Il y a le feu ou quoi ? »
19h30
Portable à l’oreille, Enna Dufour passe précipitamment pour la seconde fois sous la tête de taureau empaillée qui trône au-dessus de la porte d’entrée de la salle du conseil. Et enguirlande son interlocuteur.
20h19
19h41
Costard impeccable et voix claire, Fabien Brouillard (opposition DVD) conclut ses remarques sur le budget primitif 2009 par quelques conseils à Charles Fabre : « Vu le montant de la garantie d’emprunt, il faut remettre sur la table la convention avec Marseille Aménagement et rechercher des économies de coût, notamment en mettant fin à la dérive des frais de fonctionnement. » Réaction désabusée du vice-président de l’ACCM : « Que dire de plus ? C’est ce que nous voulons faire… »
Limousin, leader du groupe DVD et son principal opposant : « Monsieur le conseiller. » Jambes qui tricotent sous la table, le conseiller général UMP l’accepte sur le même ton : « Monsieur le maire. » L’intervention de Lucien Limousin terminée, Charles Fabre se moque de son opposant, « en 2001 vous aviez un budget sans auto-financement ! », et joue la surenchère : « Un plan pluriannuel d’investissement sur un mandat, c’est trop court ! Nous, nous travaillons pour les générations futures ! »
Lucien Limousin Conseiller DVD d’opposition
Fabien Bouillard conclut le débat sur le budget primitif en revenant à la charge : « Vous ne m’avez pas répondu : quels sont les montants engagés pour Marseille Aménagement ? » Le maire penaud : « Je n’ai pas la réponse. » Triomphe de « Monsieur le conseiller » : « Il ne faudrait pas que vous ayiez recours à l’emprunt pour financer leur fonctionnement… » La vengeance...
20h22
ne pas avoir eu accès aux dossiers de demandes de subventions : « C’est la première fois que je vote une subvention au Secours populaire et tu t’abstiens ? » Rire dans la majorité. « C’est pas suffisant », s’indigne le communiste. Le maire, grand prince : « J’ai donné ce qui m’a été demandé : 500 euros. »
20h28 Le conseil se disperse : les
manières précieuses et la voix ampoulée d’Alain Legout, conseiller délégué aux Associations, provoquent des fous rires d’Enna Dufour et Marie-Chantal Bernard, sa colistière. A son annonce des nouvelles dénominations de voies communales (malheureusement inaudibles), c’est l’éclat de rire général. Le maire tance : « S’il vous plaît, encore 5 minutes. »
20h34
Visiblement impatient de conclure la vente d’un bien communal avec un certain « M. Martin », Charles Fabre oublie la délibération 14 sur « la lutte contre l’habitat indigne ». Frédérique Gachet, sa première adjointe, lève les yeux au plafond en mimant un balancier.
20h42 Charles Fabre lève la séance
un peu lourdement : « Si vous sentez une odeur de café, ça n’est pas pour nous. Mais pour les policiers municipaux qui ont assuré le service ce soir. » Vu le désert qu’est le centre ville en ce début de soirée, était-il bien nécessaire de les mobiliser ?
19h51
Charles Fabre tente de détendre Guy Chapoulie, excédé de
20h05
1 La reprise était annoncée pour le 30 mars. 2 Le Canard Enchaîné du 18/03/2009. 3 Il remplace Guillaume Thieriot, tête de liste de l’Union de la gauche aux dernières municipales, qui a préféré prendre en septembre dernier la direction de cabinet de Michel Vauzelle, président PS de la région.
Un long silence conclut l’intervention d’Enna Dufour.
Une pointe d’ironie dans la voix, Charles Fabre offre très solennellement la parole à Lucien
fiche te chniq ue
Tarascon (13) UÊ £ÎÊÎÇÈÊ >L Ì> Ìð Aucune fleur au concours des villes et villages fleuris. Un projet de 150 000 euros pour la télésurveillance. Le maire : Charles Fabre depuis 2005 (UMP). Vice-président de la Communauté d’agglomération Arles-Crau-Camargue-Montagnette (ACCM).
La majorité :
UÊ 1 Ê}À Õ«iÊ`iÊÓ{ÊV Ãi iÀÃÊ`iÊ >Ê ÃÌiÊ Ê iÀ} iÊ« ÕÀÊ/>À>ÃV Ê Ê1 *®°
L’opposition :
UÊ 1 Ê}À Õ«iÊ`iÊÈÊV Ãi iÀÃÊ`iÊ >Ê ÃÌiÊ Ê,>ÃÃi L i i ÌÊ Ûi ÀÊ Ê 6 ®Ê et un groupe de 3 conseillers de la liste « Tarascon Avenir » (PS, PC, Verts, Radicaux et MRC).
Le conseil municipal soumis au test du Ravi :
UÊ ÕÀjiÊ\Ê£Ê iÕÀiÊÎnÊ ÕÌið UÊ *ÀjÃi ÌÃÊ\ÊÓÎÊj ÕÃÊ`iÊ >Ê > À Ìj]ÊÌ ÕÃÊ iÃÊj ÕÃÊ`½ «« Ã Ì ° UÊ /i «ÃÊ`iÊ«>À iÊVÕ Õ jÊ`iÊ ½ «« Ã Ì Ê\ÊÓÎÊ ÕÌið UÊ iÊ«ÕL VÊ\Ê£ Ê«iÀà iÃ]Ê ÕÀ > ÃÌiÃÊV «À ð
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le Ravi n°62 avril 2009
elle s'en va
il re v ient
Laure Manaudou
Ci-gît la pétulante Laure Manaudou (1986-2009). Le souvenir de la petite princesse de la natation restera à jamais gravé dans nos cœur. Et sa « sexe tape » sur nos disques dur. Aux côtés de celles de Paris Hilton, son dernier modèle. Bien sûr, nous garderons en mémoire ses moissons de médailles (3 olympiques, 6 mondiales, 24 européennes, 78 nationales), son sourire, sa fraîcheur, son papillon sur la clavicule droite... Sans oublier Philippe Lucas, son inénarrable mentor. Grâce à lui, Laure se préparait à une vie doré. Championne du monde à 17 ans, championne olympique à 18, rien ne semblait pouvoir arrêter l’ascension de la sportive préférée des Français vers l’Olympe de la natation mondiale. Mais comme l’a expliqué si justement dans nos colonnes Jean Tonnerre (Ravi n°57), passer 18 ans dans l’eau à multiplier les allers-retours ramollit le cerveau. La crise d’adolescence fut tardive, le clash il y a deux ans avec son gourou, fatal. Multiplication des contrats publicitaires et des clubs, déception amoureuse, « Une » de la presse people et des sites érotiques... La nageuse se noie l’été dernier aux JO de Pékin. Ses facéties marseillaises de ces six derniers mois resteront le symbole de cette dérive. Déclaration d’amour pour la ville en septembre, négociation avec le plus sélect de ses clubs d’un pactole en octobre (400 000 Euros) et finalement un départ aussi précipité que discret pour les Etats-Unis et une nouvelle amourette. La sirène des bassins finit anguille. Frite comme Paris Hilton à la fin d’une soirée.
F rancis elge le B
O fan ! On commence à se sentir à l’étroit en terre consacrée marseillaise ! Plus d’une quinzaine de règlements de comptes depuis le début de l’année. Si ça doit tomber comme à Stalingrad, une fois ça suffit ! Et en plus, sans la manière : corps brûlé dans la voiture, guet-apens à la Kalach… C’est les jeunes ça, ils savent pas, ils se laissent emporter. Ils braquent une poste le jour du nouvel an, prennent une otage, un des minots menace de la buter, il se fait descendre par les perdreaux, et il a pas 20 ans ! Et même plus âgés : ceux de 20-30 déchiquetés à Sainte-Marthe, c’étaient des petites frappes, pourtant pour les sortir on dégaine l’artillerie lourde, comme si c’était Bagdad ! Tous ces gagne-petit, ils devraient aller au cinéma voir des films sur les vrais truands. Tiens, Mesrine, par exemple, il a été primé aux Césars ! En plus, bientôt y aura L’Immortel, un film sur un gars du cru, mon vieux pote Jacky Imbert ! Depuis un mois Jean « Enzo » Reno crapahute dans Marseille pour incarner « le Mat ». Contrairement à moi, mon poteau Jacky est toujours vivant, alors qu’il avait encaissé 22 bastos ! Dans les premières scènes, on devrait voir Reno arpenter le Vieux-Port cafi de poubelles à cause d’une grève des éboueurs. Truand et ordures, tu parles d’une pub pour Marseille, hein Jean-Claude ! T’aurais tort de t’énerver va… Après tout, le mitan participe à l’économie de la ville. Si ça explose pas dans les cités, c’est aussi grâce à nous, alors on a le droit à notre quart d’heure de célébrité !
Julot, dit “ Porte-avions ” Fiche 68/913 au grand banditisme
J.F. P.
QU IZ Z
par Rackham
Qui a dit ? 4) « 320 000 à Marseille, si on enlève
3) « Ne faites pas cela ! »
1) « Ça devient une véritable obsession pathologique »
2) « Il a le sacrement électoral »
a Mireille Matthieu, furieuse d’apprendre que la jeune « Flo », vedette montante du film porno, la détrône au titre d’Avignonnaise la plus célèbre.
Francis Lalanne qui conduira dans le Sud-Est la liste « Alliance écologiste indépendante » aux prochaines élections européennes.
a Maryse Joissains, député-maire d’Aix-en-Provence, prête à faire barrage de son corps pour empêcher la Ligne à grande vitesse Paris-Nice de défigurer les terres viticoles de la Sainte-Victoire.
indignés par l’ampleur des cérémonies commémorant le 700ème anniversaire de l’arrivée des Papes à Avignon.
b Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire de Marseille, à propos d’Hubert Falco qui « fait l’unanimité auprès des parlementaires de Paca » pour conduire la liste UMP aux prochaines élections régionales.
b Bernard Granié, maire de Fos-sur-Mer, prêt à se faire immoler par le feu plutôt que de laisser ses amis socialistes inaugurer sur sa commune l’incinérateur de déchets de l’agglomération marseillaise.
c André Castelli, conseiller général PCF du Vaucluse, à propos de la volonté de Marie-Josée Roig, Mme le maire d’Avignon, de « faire des hôtels de luxe partout ».
c Maria Démoulin (PS), abassourdi par la réélection triomphante de Jean Bonfillon (UMP) avec 70 % des voix à Fuveau (13) lors d’élections municipales partielles.
c Jacques Peyrat, ex-FN, ex-UMP, ex-maire de Nice, sortant de sa retraite politique pour combattre le projet de faire passer la 2ème ligne de tramway sur la promenade des anglais.
a Michel Sappin, le préfet de région, ironisant sur les chiffres avancés par la CGT pour compter les manifestants du 19 mars. Préfet persuadé, au passage, que les femmes ne manifestent pas. b Didier Pillet, PDG de la Provence, nouvel auxiliaire de la préfecture de police, dont le quotidien a objectivement évalué à 40 000 personnes le nombre de manifestants le 19 mars. c Gilbert Montagné, parrain de l’association Les cannes blanches, embauché par la préfecture de région pour compter le nombre de manifestants à Marseille.
Réponses : 1 : c (La Provence le 24 mars) ; 2 : b (La Provence le 17 mars) ; 3 : c (le tuyo.info, le 17 mars) ; 4 : a (La Provence le 20 mars).
b Des militants de la « libre pensée »
a Antoine Waechter présentant le chanteur
les femmes, les vieillards et les enfants, c’est un habitant sur trois dans la rue. »
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la grosse enquête Cette année, cela fait 20 ans que les chantiers navals ont fermé leurs portes. La ville peine toujours à relever la tête. Et à trouver le bon équilibre pour construire l’avenir sans renier son passé.
le Ravi crèche à la Seynesur-Mer A présent, passer au futur Il est devenu l’emblême de la ville. Celui du glorieux passé industriel et ouvrier des chantiers navals d’où sortaient paquebots et cargos transocéaniques. Depuis 1986, le pont levant, classé à l’inventaire des monuments historiques, reste dressé vers le ciel. Sa tranformation en belvédère touristique s’achève prochainement. Une décision d’Arthur Paecht, l’ex-maire UMP pourtant souvent accusé d’avoir voulu faire table rase du passé. « Le pont tombait en ruine, s’enfonçait de dix mètres, présentait un danger, explique-t-il. On m’a dit « il faut le détruire ». On m’a même fait le calcul de ce qu’aurait rapporté la ferraille. J’ai refusé. » Le docteur Paecht n’a pas eu la même prévention pour d’autres bâtiments tout aussi historiques, mis à terre pour laisser place à des palmiers ou à des résidences. Cette année, cela fait 20 ans que les chantiers navals ont fermé leurs portes. La ville peine toujours à relever la tête. « J’ai voulu faire un trait sur une mentalité centenaire ici qui consiste à ne rien faire, à laisser tout s’écrouler puis tendre la main pour avoir des subventions. J’ai changé la Seyne-sur-Mer », se félicite Arthur Paecht. Sa potion libérale – baisse des impôts, multiplication des programmes immobiliers privés – n’a pas convaincu les Seynois qui lui ont préféré un maire socialiste, Marc Vuillemot, allié au PCF, longtemps maître incontesté des lieux (cf entretien page suivante). Gouverner la deuxième ville du Var n’est pas un cadeau. Le chômage y frôle les 20 %, les finances y sont exsangues au point que la mise sous tutelle de la commune est parfois envisagée. Paradoxe : le nouveau maire risque de n’avoir guère d’autres moyens, au moins durant la première partie de son mandat, que d’inaugurer les projets initiés par son prédécesseur : bientôt le fameux pont levant, cet été l’hôtel trois étoiles, plus tard l’arrivée de nouveaux yachts dans le port de plaisance… Car la Seyne-sur-Mer, et cela ne date pas d’aujourd’hui, est riche en contrastes. Il y a un monde entre les quartiers des Sablettes ou de Tamaris au charme suranné du tourisme balnéaire de la fin du 19ème siècle, et les HLM de la cité Berthe enclavée à l’entrée de la ville. Ses habitants doutent que la nouvelle réhabilitation urbaine change en profondeur leur vie. Regarder en avant, sans oublier le passé. Remettre en mouvement la ville, sans en exclure les habitants les moins fortunés, ceux qui l’ont construite et ceux qui lui donnent toujours son identité populaire. Trouver les leviers pour relancer l’économie sans vendre au plus offrant le moindre mètre carré. Jouer la carte du tourisme sans céder aux sirènes de l’argent facile et du développement « périssable » selon le contre-modèle de la Côte d’Azur. Les défis à relever ne sont pas minces. La Seyne-sur-Mer, qui espère repasser au dessus du seuil symbolique des 60 000 habitants, a un atout méconnu : dans un Var vieillissant, c’est l’une des villes les plus jeunes du département… Michel Gairaud
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Entretien avec le maire, Marc Vuillemot Anru : Un projet Berthe et méchant ? Tribune : la Seyne en quête d’avenir Les chantiers de la lune
Jeunes : la fin du mortel ennui ? Le roi Arthur vassal des promoteurs
Reportage : le roi du pétrole
La rupture dans la continuité
Une ville en état de siège ?
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la grosse enquête
le Ravi n°62 avril 2009
Peut-être la fin du mortel ennui… entretien
avec Marc Vuillemot, maire PS de la Seyne
Elu par surprise sur une liste d’union de la gauche, Marc Vuillemot se retrouve à la tête d’une ville endettée. Sans renoncer à ses objectifs, il doit composer avec ses idéaux et les nombreux chantiers laissés par son prédécesseur.
« Mon souci : faire entrer du pognon » Est-il possible de construire l’avenir de la Seyne-sur-Mer sans renier son passé industriel et ouvrier ? « Je ne veux pas faire table rase du passé. Au contraire, l’histoire économique et sociale de notre ville est le terreau sur lequel il faut avancer. Quelque chose nous a échappé depuis 20 ans. Certes, les chantiers navals avec leurs 6000 employés ont disparu. Mais tout n’est pas mort. Il demeure une vraie richesse technologique, en matière de création, d’innovation industrielle, qui trouve son fondement dans les savoirs faire des chantiers. La plus grosse entreprise de la Seyne, le CNIM (Constructions industrielles de la Méditerranée), est leur héritière directe. Dans le cadre notamment du pôle compétivité mer, nous devons valoriser nos atouts pour installer des activités de recherche et de production. Cette mayonnaise va prendre. »
Un port de plaisance pour les yachts, un casino en projet. Pas de salut, aux portes de la Côte d’Azur, sans le tourisme, l’argent et le luxe ? « Cela fait de l’argent qui va entrer directement dans les caisses communales. Mon souci aujourd’hui est bien là : faire entrer du pognon. Les propriétaires des très grands yachts, qui ne connaissent pas la crise, cherchent à les amarrer quelque part entre Marseille et Menton. Ils demandent des garanties d’usage, des concessions sur de longues durées, une trentaine d’années environ. Mon prédécesseur a lancé une délégation de service public pour la construction d’un port de plus de 500 anneaux.
Je suis bien aidé par la crise qui met un frein à la frénésie des constructeurs Il est hors de question que je revienne sur cette décision. Comme avec le casino, je suis prêt à utiliser toutes les armes qui existent si cela participe à la défense de l’emploi. Quitte à m’asseoir
sur mes préventions morales, je sais. C’est ça ou je ferme boutique. »
Face à l’endettement de la ville, n’aurait-il pas été finalement préférable qu’elle soit placée sous tutelle ? « Je ne le veux pas. Je ne suis pas un pro de la politique, mais à partir du moment où on me confie une mission, je veux l’assumer jusqu’au bout. Je crois par exemple possible de réduire le train de vie de la mairie, d’économiser sur les dépenses. »
Vous annoncez aussi une hausse probable des impôts en 2010, une baisse moyenne de 7 % des subventions aux associations. N’est-ce pas une potion trop amère pour vos administrés ? « Seulement 4,5 foyers fiscaux sur 10 contribuent à la communauté. La majorité des Seynois ne payent pas de taxe foncière car ils ne sont pas propriétaires. Ou alors ils sont locataires mais exonérés de la taxe d’habitation car ils sont non imposables. Cela veut dire aussi qu’ils ont besoin plus que d’autres de la solidarité publique. Le maire précédent a baissé régulièrement les impôts tout en augmentant le tarif des services communaux. Compte tenu du recul des contributions de l’Etat, une hausse est la seule solution pour maintenir des services accessibles à tous. Je pense par exemple au gamin qui n’a pour seul repas dans la journée que celui de la cantine scolaire. Quant aux subventions, nous ne baisserons pas celles des assocations qui contribuent à la régulation de la vie sociale dans les quartiers. »
Pourquoi vouloir réduire le nombre d’employés communaux en ne renouvelant pas les départs à la retraite ? « Nous avons 1400 employés pour 60 000 habitants. C’est beaucoup ! 1 100 suffiraient pour bien faire. Il y a eu 200 embauches au cours des deux dernières années du mandat d’Arthur
Paecht. Je ne peux pas m’empêcher de penser qu’on a utilisé, dans le meilleur des cas, l’emploi communal pour aider des gens en situation difficile. Dans la pire interprétation, il y a peut-être eu une forme de démagogie préélectorale. »
Vous misez sur la remunicipalisation de certains services. Pour quelle raison ? « Je n’ai pas de sous. Ce serait aberrant d’avoir autant d’employés et de continuer à recourir à de nombreuses entreprises privées. Dès qu’on le peut, lorsque les marchés arrivent à leur terme, on réintègre donc en régie municipale tout ce qui est possible. Même mon bureau, par exemple, est actuellement entretenu par le privé ! Ce ne sera bientôt plus le cas. »
Confirmez-vous, comme vous le dénonciez durant votre campagne, que la Seyne-sur-Mer a été livrée aux appétits des promoteurs immobiliers ? « C’est le cas et c’est probablement la raison de notre élection surprenante, au regard des 19 % que nous avons seulement recueillis au 1er tour des dernières élections municipales. On ne peux pas laisser des opérateurs privés s’approprier un patrimoine urbain, paysager, qui confère pourtant à cette ville son caractère humain. On a des rues, par exemple, avec des immeubles de 18 mètres de haut construits sur 100 % de l’emprise foncière en bordure de voirie. Les gens ne peuvent même plus marcher le long de la route. De plus, les programmes engagés sont souvent inaccessibles aux Seynois alors que la demande en matière de loyers modérés n’est pas assouvie. J’ai engagé la révision du Plan local d’urbanisme (PLU). Cela va prendre deux ans. En attendant, je suis obligé de délivrer des permis de construire en conformité à des prescriptions dont je ne veux plus ! Heureusement, sans souhaiter pour autant qu’elle ne s’éternise, je suis bien aidé par la crise qui met un frein à la frénésie des constructeurs… » Propos recueillis par Michel Gairaud
Avec 30 % de moins de 25 ans, la Seyne-sur-Mer est l’une des villes les plus jeunes du Var. Mais faute d’équipements culturels et de vie nocturne, sa jeunesse a pris l’habitude de fuir vers Toulon, Sanary ou Bandol… 21h, un soir de semaine à la Seyne-sur-Mer. Quelques voitures passent en trombe sur le port. Le vent soulève quelques papiers gras abandonnés. Les quelques restaurants du centre-ville font 3, 4 tables, sans plus. Même les Kebabs sont désertés. La ville semble abandonnée. « Revenez demain, ce sera pareil, sourit avec fatalité Cédric Psiala, chanteur du groupe Petite Musique. La Seyne est morte. Ils sont tous partis dans les bars de Sanary, Six fours ou même à Toulon. Le samedi soir, à la limite, ils vont à la villa Bivona, la boîte de la Seyne. C’est normal, ici, il n’y a rien pour les jeunes. » Pour une ville de près de 60 000 habitants, dont un bon tiers a moins de 25 ans, la Seyne-sur-Mer dispose d’un seul grand équipement culturel. Avec une programmation axée sur les arts de la rue, le cirque contemporain et le théâtre tout public, le théâtre Europe n’est pas tout à fait destiné à la jeunesse seynoise. Celle-ci ne peut même pas oublier le désert des tartares dans lequel elle vit en se faisant une petite toile. Car la ville ne compte aucun cinéma. « Le problème n’est pas seulement seynois, poursuit Cédric Psaïla. Voilà 20 ans que les priorités des élus dans le Var sont le tourisme, l’extension immobilière et un cadre de vie adéquat avec l’âge des retraités qui viennent s’installer. Si, en plus, on rajoute le coma collectif suite à la fermeture des chantiers navals, vous obtenez la Seyne aujourd’hui : une zone où seules quelques lueurs subsistent. »
Une zone où quelques lueurs subsistent Le Café théâtre de la 7ème vague fait incontestablement partie des phares culturels de la ville. Ouvert depuis 10 ans par une équipe de bénévoles réunis autour de Gérard Rinaldi, Alias Tonton Dgé, ce petit lieu propose 70 soirées spectacles par an, allant du concert au théâtre en passant par les one man show. Une formule qui marche puisque l’association compte 1500 adhérents. Mais comme la salle ne peut contenir que 50 spectateurs, il est quasiment impossible d’improviser une soirée à la 7ème vague. Autre lieu : les Chantiers de la lune (Lire également page 9). Mais cette salle d’exposition, de concert et de débats attire plus une population allant de 30 à 70 ans reconnaît Jacqueline Herrero. Comme au café-théâtre 7ème vague, elle organise des soirées-spectacles avec repas compris. « C’est la seule formule qui nous permette l’équilibre, car un concert ou une lecture de poésie seule ne parviendra jamais à attirer les Seynois », souligne-t-elle. Un peu plus loin, au bout de la place de la lune, juste en face de la porte des anciens chantiers navals, se trouve le Damero. A l’intérieur, de la chaleur, du monde, des sièges design de coiffeur devant des miroirs stylisés et plus loin des ordinateurs. « C’est un concept cyber bar coiffeur, avance Damien, qui tient le bar ce soir-là. Au départ, on cherchait juste une grande surface, 200 mètres carrés pour installer un salon de coiffure. Mais comme le local avait aussi une licence IV, on a monté un bar. » Seul troquet ouvert tous les soirs jusqu’à 3 heures du matin, le Damero propose depuis 2 ans des concerts quasiment tous les soirs. « Sur la Seyne, il existe au moins une cinquantaine de formations musicales dans tous les genres, affirme Cédric Psaïla. Ce sont des lieux comme cela qu’il faudrait ouvrir pour amener les jeunes à faire vivre la ville. » Un souhait que semble avoir entendu la mairie qui a incité l’association toulonnaise Culture plus à organiser la première édition de son festival Couleurs urbaines à la Seyne fin avril. « C’est simple, la Seyne-sur-Mer a été la seule ville du Var à accepter notre projet de festival, explique Beligh Gueraz, de Culture plus. Nous espérons 2 500 spectateurs chaque soir et si ça marche, nous souhaitons pérenniser le festival sur la Seyne. » Bientôt la fin de la dépression ? Jean Tonnerre
le Ravi crèche à La Seyne-sur-Mer
Isolée au nord de la Seyne-sur-Mer et délaissée par les politiques, la cité Berthe bénéficie d’un programme de rénovation urbaine (Anru). Bien parti pour laisser les choses en l’état ?
Un projet Berthe et méchant ?
le Ravi n°62 >ÛÀ ÊÓää ÊU
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Le socialiste Marc Vuillemot a gagné les municipales en dénonçant la vente de la ville aux promoteurs par le sortant Arthur Paecht. De fait, les bétonneuses ont tourné à plein régime pendant le mandat du maire UMP...
Le « roi Arthur » vassal des promoteurs
« Berthe, c’est les Quartiers nord de la Seyne. » Guy-Laurent Sylvestre, chargé du développement départemental à l’Université du citoyen, estime que la cité « sensible » de l’ancienne ville ouvrière n’a vraiment rien à envier à sa voisine bucco-rhodanienne. Taux de chômage vertigineux (35 % chez les moins de 25 ans, 50 % de la population), discriminations, délinquance ou encore concentration de l’habitat social y sont également le quotidien de ses 15 000 habitants. Mais contrairement à ses cousines marseillaises, Berthe jouxte le centre ville. Pourtant, elle en est coupée depuis longtemps. Située à l’entrée de la Seyne, à la sortie de l’A50, entre une quatre voies et une voie ferrée, la cité n’est désenclavée que par des lignes de bus et quelques initiatives associatives. « Tous les maires mettent en avant la nécessité de créer des passerelles, de réintégrer Berthe à la ville. Mais les expériences, comme le carnaval, ne sont jamais pérennes », déplore Catherine Martinez présidente du Petit prince, un restaurant d’insertion ouvert en 2001 qui attire une population extérieure (1). Edifiée à la fin des années 50 dans le sillage de la reconstruction d’après-guerre et de l’activité navale, Berthe a vécu jusqu’au déclin de celle-ci, à la fin des années 70, en bonne harmonie. « Au rythme des chantiers et de la solidarité ouvrière », raconte Catherine Martinez. Le départ des classes moyennes vers les quartiers sud de la ville, le chômage, la concentration de populations d’origine immigrée ou encore l’installation d’une communauté gitane ont progressivement paupérisé la cité. Les politiques s’en sont alors désintéressés. « Ils sont passés de la construction au coup de peinture. Berthe ne rapportait plus d’impôt, était sans intérêt électoralement et devenait un quartier à problèmes », explique Freddy Guglielmi, ancien directeur de l’école Malraux et viceprésident de l’association Histoire et patrimoine seynois. Avant de rappeler : « Dès 1964, Le Méridional présentait la cité comme la future Chicago. Cette image l’a finalement emportée. »
Le Méridional présentait la cité comme la future Chicago. Le programme de rénovation urbaine lancé en 2006 par Arthur Paecht, maire UMP sorti aux dernières municipales, n’est pas parti pour modifier les rapport de Berthe à la Seyne. « Il y a des choses intéressantes, structurantes, et des changement sur la forme qui vont égayer la cité », résume Karim Benaïssia, directeur de nouvel Horizon, association créée en 1995 par des jeunes de Berthe. Centrée sur l’animation et l’accompagnement scolaire et familial, elle a progressivement ouvert des antennes dans tous les quartiers et permet à leurs populations de se rencontrer. Mais cela reste insuffisant. « La plate-forme services (Caf, ANPE…) comme l’offre scolaire enferment les gens dans la cité. Il faudrait une vraie mairie annexe pour obliger tous les Seynois à venir à Berthe. Sans ça, elle ne sera jamais vraiment intégrée à la ville », peste Emile Adjedj, vice-président de la Confédération nationale des familles du Var. Le récent changement de majorité n’a pas pour l’instant inversé la tendance (2). Marc Vuillemot, le nouveau maire, dispose d’un capital sympathie pour avoir été le coordinateur du programme ZEP sur le quartier. Pour l’heure, il a stoppé les destructions au profit de la rénovation. Mais Karim Benaïssia est catégorique : « La cité ne sera que le reflet de la politique municipale et de celle de ses partenaires. » Celui laissé par les six premiers programmes estampillés « politique de la ville », auxquels Berthe a eu droit depuis 1980, n’est pas très joli à voir. Jean-François Poupelin 1 Catherine Martinez préside également Femmes dans la cité, à l’origine du restaurant. 2 Par un malheureux concours de mauvaises circonstances, Rachid Maziane, conseiller municipal à la Politique de la ville n’a pu répondre au Ravi.
« On me dit que je brade le patrimoine, mais j’en ai rien à foutre du patrimoine qui ne rapporte rien ! » (1). Le jour de l’inauguration du parc La navale, le premier aménagement de son programme de réhabilitation du site des anciens chantiers de La Seyne-surMer, Arthur Paecht, alors maire (UMP), cherchait ses mots pour mettre fin, à sa manière, à l’accusation qui le poursuivait depuis le début de son mandat : vendre la ville aux promoteurs immobiliers. En vain. Le sujet était au cœur des dernièresmunicipales,commelerappelle le grand gagnant du scrutin, le socialiste Marc Vuillemot (cf notre entretien page ci-contre). De fait, de 2001 à 2008, les projets ont fleuri à La Seyne. Dans notre palmarès des bétonneurs de Paca (2), la seconde ville du Var arrive en deuxième position des communes préférées des promoteurs, derrière Marseille, et en tête pour les groupes Constructa et Eiffage (respectivement 7 et 5 programmes immobiliers) (3). Le tout sans un logement social parmi les réalisations du centre ville alors que plus de la moitié de la population est non imposable... Durant son mandat, le « roi Arthur » n’a pas hésité : il a carrément révisé le Plan local d’urbanisme (PLU). « L’emprise au sol est désormais quasi totale et la hauteur des bâtiments a été relevée », explique Guy Mouisse, journaliste à La Marseillaise. Marcel Barbéro, élu d’opposition et colistier d’Arthur
Paecht, réfute les accusations : « Le PLU a été élaboré en conformité avec la loi de 2000 de Lionel Jospin relative à la solidarité et au renouvellement urbains. Elle préconise une densification de l’habitat en cœur de ville pour protéger le mitage dans les milieux naturels. Le préfet l’a salué comme un modèle d’application de la loi. » Et l’ancien secrétaire de la section PS locale de tacler : « Il a été voté à l’unanimité. » Sous entendu, par Marc Vuillemot, alors dans l’opposition...
Je prends mes responsabilités en tant que maire Le nouveau maire socialiste a finalement initié une nouvelle révision du PLU. Mais pour l’instant, il doit faire avec l’héritage de son prédécesseur. Ce qui réserve quelques surprises. « Sur l’atelier, un protocole d’intention de vente, sans indication de prix, a été rédigé
à l’intention d’une société en même temps qu’était lancé l’appel d’offre. Quant au nouveau port, le groupement qui a remporté le marché avait pourtant proposé la redevance la plus faible et les anneaux les plus chers », s’étonne Janine Foglino, une UDF élue en 2001 sur la liste Paecht entrée en dissidence en cours de mandat. Interrogé par l’ancienne conseillère municipale en conseil, l’ex-maire UMP n’a pas louvoyé : « Je prends mes responsabilités en tant que maire. » Courageux. D’autant que ce n’était pas la première fois. Dans un courrier du 28 juin 2002, Marc Pietri, PDG de Constructa, demande expressément à Arthur Paecht « la prise en compte [de ses] projets dans le PLU en cours d’élaboration. » Deux au moins ont vu le jour sur le site des anciens chantiers : un hôtel trois étoiles et la résidence Grand Horizon. Nouvelle surprise de Janine Foglino : « Curieusement, le fils d’Arthur Paecht a emménagé dans Grand Horizon. » Rendue publique entre les deux tours du scrutin, la missive a rencontré un franc succès ! Sauf auprès de Marcel Barbéro, qui dément : « Les règlements du PLU s’appliquent à tous, il ne peut y avoir de négociations en sous-main ! Arthur Paecht est foncièrement honnête et droit ! » « Foncièrement » semble être un qualificatif particulièrement bien adapté au « roi Arthur » aujourd’hui déchu... J-F. P.
1 La Marseillaise du 9/01/05. 2 le Ravi n°56 (10/06). 3 La Seyne a encore aujourd’hui la réputation de tenir le BTP dans le Var.
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la grosse enquête
le Ravi n°62 avril 2009
tribune Par Andrée Bensoussan et Yolande Le Gallo
Que faire des anciens chantiers navals ? Selon ses détracteurs, Arthur Paecht, l’ancien maire UMP, avait choisi de faire « table rase du passé ». Yolande Le Gallo et Andrée Bensoussan, présidente et vice-présidente de l’association « histoire et patrimoine seynois », plaident pour un lieu de mémoire dans le dernier édifice encore debout.
La Seyne en quête d’avenir En 1989, les chantiers navals industriels de La Seyne fermaient définitivement leurs portes après plus de 150 ans d’activité. Dans les périodes les plus prospères des deux dernières décennies, ils faisaient vivre 6 à 7 mille personnes auxquelles s’ajoutaient les employés et les ouvriers des entreprises sous-traitantes. D’une façon secondaire, La Seyne vivait aussi de l’usine des câbles sous-marins et d’une activité balnéaire familiale et populaire qu’elle doit à l’étendue de son littoral et à la plage de sable fin des Sablettes. Les chantiers navals procuraient la sécurité professionnelle à leurs salariés avant les premiers licenciements massifs de 1984, apportaient un encadrement social, une vie culturelle, leur donnaient le sentiment d’avoir prise sur leur vie et leur avenir grâce au puissant syndicalisme de l’entreprise. La ville vivait au rythme de la sirène qui scandait la journée de travail, au rythme des bruits métalliques, au rythme des lancements et de leurs fêtes, des grèves et des manifestations. Les femmes se rencontraient sur le marché, le « cours », bruyant et fourmillant de monde, les enfants profitaient des jouets de l’arbre de Noël, des colonies de vacances. La population pouvait compter sur les élus municipaux, des représentants issus de leur milieu social, qui ont développé services médicaux, services sociaux, grandes fêtes populaires, activités culturelles, etc. Après la dure lutte syndicale et politique pour s’opposer à la fermeture – pouvaiton imaginer que les chantiers ferment ? – c’est le silence, l’échec, la perte des repères, l’inutilité, la déprime, le départ, le divorce, le suicide, la maladie, une nouvelle vie, un nouveau départ, une ville sinistrée. Trois ans plus tard, la plupart des bâtiments du site industriel sont détruits pour les remplacer par un projet presque futuriste, « Marépolis ». La population y croit, ça ne marche pas. Pendant quinze ans, les habitants attendent une renaissance de ce site industriel qui revivra sous la forme d’un parc de pelouses et de palmiers, mal adapté à la région, sans lien avec la navale dont il n’a que le nom et qui a besoin d’être investi par la population.
Une ville ne peut se reconstruire sans être réconciliée avec sa mémoire C’est dans ce contexte qu’en 2000, naît l’association pour l’histoire et le patrimoine seynois. Elle propose alors de continuer à fabriquer l’histoire de La Seyne, à valoriser son histoire industrielle, à collecter la mémoire de ceux qui ont vécu les jours fastes de la ville, à valoriser le patrimoine de la commune. Personne alors n’imaginait que nous aurions bientôt à nous opposer au maire Arthur Paecht, homme cultivé, pourtant féru d’histoire et d’archives. Ne pouvait-on pas le croire sensible à l’histoire de La Seyne et à sa souffrance ? Non, il fallait « tourner la page », il fallait « faire table rase du passé », il fallait éradiquer cette histoire ouvrière, cette histoire « misérable ». Ainsi mis à part le pont basculant et la porte des chantiers, les derniers vestiges ont été détruits : la « rotonde », la cantine (de l’architecte Alfred Henry) et la « clinique », bastide du XIXe siècle. A la municipalité actuelle de la ville de La Seyne, se pose toujours la question : comment tourner la page encore douloureuse des chantiers navals, comment intégrer cette histoire à son avenir ? L’atelier mécanique est resté en place, mais il est vrai qu’il est en grande patrie sur le domaine maritime non constructible. Arnaud Liévin, jeune journaliste (petit fils de Raymond Dimo représentant cégétiste charismatique aujourd’hui disparu), écrit à propos de l’aménagement d’un lieu de mémoire dans l’atelier mécanique, en discussion : « Une ville ne peut se reconstruire sans être réconciliée avec sa mémoire. Et l’atelier mécanique peut - et doit - réincarner le renouveau, la réinvention de la cité. Il est ce lieu unique qui peut être le passeur entre une mémoire à valoriser et un présent à construire ». Espérons que l’atelier mécanique sera ce lieu de mémoire et de culture vivant – avec centre d’interprétation et centre d’archives - de l’histoire des chantiers où toutes les générations, toutes les populations pourront se retrouver.
le Ravi crèche à La Seyne-sur-Mer
Les chantiers de la lune C’était il y a six ans déjà. Jacqueline Herrero revient de Dakar avec l’Afrique « dans le corps ». Place Franchon, place de la lune pour les Seynois, elle décide de créer « un lieu alternatif, ouvert à tous les gens qui aiment l’art, la peinture, la musique, la bouffe ». Dans les années 60, ses parents tenaient un petit restaurant fréquenté par les ouvriers des chantiers navals. Elle aménage le local avec simplicité. « En Afrique, j’ai découvert des gens qui sont dans « la récup », qui savent faire quelque chose avec les moyens du bord sans trop se plaindre ». Les chantiers de la lune sont une association qui reçoit très peu de subventions. Ce qui ne freine pas son dynamisme. Les expositions y sont fréquentes et de qualité. Chaque année, un artiste africain est accueilli plusieurs semaines pour une résidence. « Tous les deux ans, je remets un prix à Dakar lors de la biennale d’art africain contemporain au milieu des grandes fondations », s’amuse Jacqueline Herrero. Les « chantiers » jouent volontiers la carte de l’éclectisme : on y assiste aussi bien à des concertsrepas, des ateliers d’écritures, des soirées philo que des « cafés Attac ». Objectifs tenus, donc, même si le public vient autant de l’agglomération toulonnnaise, voire de beaucoup plus loin, que de la Seyne. « Si j’avais voulu gagner de l’argent, c’était le dernier endroit où se poser. Mais je suis bien ici », résume Jacqueline Herrero. Elle souhaite donner une « nouvelle énergie » aux Chantiers de la lune. En essayant de passer au maximum le relais à qui voudra s’investir… En attendant, les projets foisonnent. Début juin, ce sera l’heure d’un « partage des territoires » avec trois artistes africains. Au programme : musique, soirée conte, exposition, jusque sur la petite place. Les grands platanes y ont disparu. Mais pas l’art de la palabre…
M.G.
le Ravi monte sur Seyne r e n co nt r e d é b at
Concert de Petite Musique Les journalistes du Ravi vous donnent rendezvous le jeudi 16 avril aux Chantiers de la Lune, 31 place Franchon, à partir de 19 heures, pour une rencontre autour du dossier réalisé sur la Seyne. Une petite heure de rencontre pour échanger sur la ville et les articles de notre enquête avant d’écouter, un verre à la main, un set acoustique des frères Psaïla avec leur groupe Petite Musique.
le Ravi n°62 avril 2009
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Pour remplacer le pôle théâtral prévu par son prédécesseur, le maire de La Seyne opte pour un casino. Avec le même objectif : attirer le touriste.
La rupture dans la continuité Le socialiste Marc Vuillemot aurait-il pigeonné ses électeurs ? Après avoir promis de mettre fin au projet pharaonique pôle théâtral-salle de conférence d Arthur Paecht (UMP) sur le site des anciens chantiers navals, promesse tenue, le nouveau maire a sorti de son chapeau cet automne un projet de casino tout aussi majestueux. Avec hôtel de luxe, deux restaurants (dont un gastronomique) et une salle de spectacle de 500 à 700 places. Si cette fois la ville n a rien à débourser, l objectif est identique : faire venir le touriste. Plein aux as si possible. Marc Vuillemot pourrait même réaliser les rêves les plus fous de son prédécesseur. A la peine pour vendre ses anneaux au tout venant (3 900 euros à l année), le promoteur du nouveau port de plaisance (encore un projet estampillé Paecht) discute avec la mairie pour augmenter le nombre de ceux réservés aux yachts, un marché plus porteur selon lui. De quoi ravir Arthur Paecht. En lançant sa réhabilitation des chantiers en 2005, l ancien maire ne s en était pas caché : pour s en sortir, la ville ouvrière devait se projeter dans son passé et renouer avec sa période balnéaire du 19e siècle, longue de 30 ans (1880-1910)... A l époque, Marc Vuillemot était furieux et s’indignait dans le Ravi : « On ne peut pas gommer comme ça une vie industrielle qui a fait vivre la ville pendant 150 ans ! » (1). Aujourd hui, le discours est diffférent. Le socialiste joue le pragmatisme et nous explique : « Je m assois sur mes considérations morales relatives à un casino, [...] parce que j’ai envie de sauver le reste [...] Je
veux utiliser tout ce qui est possible pour tenter de garder la main sur l’équilibre budgétaire de la ville. »
Le maire a voulu négocier avec Falco et il s’est fait avoir Un léger imbroglio plane cependant sur cette décision désintéressée. Décidé à abandonner la salle de conférence que sa ville ne pouvait financer, Marc Vuillemot souhaitait cependant garder le théâtre, « entièrement subventionné et voué à être un des fleurons de Marseille 2013 », assure Marcel Barbéro, ancien secrétaire de la section PS locale rallié à Arthur Paecht. Et de rigoler : « Le maire a voulu négocier avec Falco et il s est fait avoir. » Le maire UMP de Toulon a récupéré pour sa ville le théâtre et le grisbi. En désespoir de cause, le maire de La Seyne s est donc rabattu sur un projet initié par son prédécesseur pour le quartier des Sablettes (2)... Reste à en connaître la viabilité. Car si Marc Vuillemot assure que les casinotiers sont venus le chercher, le Var est déjà bien pourvu en la matière (3). Sans oublier le projet à l étude chez son voisin de Sanary-sur-Mer (9 km) et la crise du secteur (moins 6 % à moins 30 % du chiffre d affaires sur 2008). Pour Marcel Barbéro, La Seyne aurait pu
explorer une autre piste : « Négocier l implantation de structures, bureaux et laboratoires, dans le cadre du pôle compétitivité mer » (4). Marc Vuillemot y a pensé. Mais pas pour le site des anciens chantiers navals. Comme son prédécesseur, il n a visiblement pas envie de sacrifier un si bel accès sur la mer... Jean-François Poupelin 1 le Ravi n°33 (09/06). 2 Var Matin du 01/11/08. 3 Bandol, Hyères, Saint-Raphaël, Sainte-Maxime, Cavalaire-sur-Mer. 4 Créé en 2005, parmi 77 autres au niveau national, le pôle doit développer en Paca une économie d’envergure internationale sur les technologies navales.
Une ville en état de siège ? Gérée par la gauche, la Seyne est encerclée par les légions UMP de l’agglomération toulonnaise et du Conseil général. Jusqu’ici, tout va bien…
éléments tangibles me permettant d’affirmer que le département ou l’agglomération me maltraitent. Objectivement, ce n’est pas vrai. » Marc Vuillemot est catégorique. De son bureau, le maire socialiste de la Seynesur-Mer peut apercevoir l’autre rive de la baie toulonnaise. Celle où Hubert Falco, le maire UMP de Toulon, règne d’une main ferme sur sa ville, son agglomération dont il est président et le Conseil général du Var qu’il a autrefois dirigé avant d’y faire élire un homme de confiance. Lors du conseil municipal de la Seyne-sur-Mer, le 13 mars, le ton était pourtant nettement moins apaisé dans les rangs très composites de la majorité municipale à l’égard de Toulon Provence Métropole (TPM) et de son puissant leader, dont personne n’est toutefois allé jusqu’à prononcer le nom.
C’est Toulon Provence Métropole qui a déplacé le pôle théâtral Joseph Pentagrossa, adjoint PCF chargé du Budget et des Anciens combattants (sic) a sonné la charge contre Arthur Paecht, le maire UMP sortant, et ses liens privilégiés avec les puissances dominantes locales : « Le docteur Paecht a tiré gloire d’avoir baissé les impôts. Mais on a hérité d’une dette colossale. Et le Conseil général a alloué durant son mandat 62 millions de subventions dont 32 millions d’investissement. » La Seyne-sur-Mer aurait-elle bénéficié de largesses dues à une connivence politique aujourd’hui disparue ? « J’ai reçu beaucoup d’argent, mais ce n’est pas pour ma bonne figure », s’amuse Arthur Paecht. Et de rajouter sans feindre la moindre modestie : « J’ai dit à l’agglomération et au département : « la Seyne vous coûte de l’argent, aidez-moi à mettre en œuvre une politique qui va me permettre de dégager enfin des recettes. » J’ai effectivement été aidé plus que les autres car j’ai été le seul à proposer un plan d’ensemble pour l’agglomération. Je suis notamment à l’origine du pôle de compétivité mer… » Adjointe au patrimoine sous Paecht, reconduite à ce poste et à celui de la culture sous Vuillemot, Florence Cyrulnik s’est vite adaptée. Qui est responsable de l’abandon du théâtre qui devait se construire à la Seyne ? « C’est Toulon Provence Métropole qui a déplacé le pôle théâtral sur le centre ville de Toulon », a-t-elle dénoncé, courroucée, lors du conseil municipal du 13 mars, répondant aux critiques de l’opposition, ses anciens amis… Le
prélude à d’autres déconvenues ? « Les quelques frictions concernant le pôle théâtral ne permettent pas de conclure qu’aujourd’hui il existe une volonté politique de nuire à la Seyne parce qu’elle serait de gauche », soutient sans en démordre Marc Vuillemot. Militant de l’aile gauche du PS, il aurait sans doute envie de mener des joutes politiques avec le secrétaire d’Etat chargé de l’Aménagement du territoire. Mais le maire de la Seyne a un besoin impératif d’Hubert Falco pour faire avancer de nombreux dossiers. Et comme ce dernier aime le consensus, la bataille navale n’aura peut-être pas lieu… Michel Gairaud
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brèves - le Ravi n°62 avril 2009 Beau temps pour dormir dehors !
Fin de la trêve hivernale depuis le 15 mars dernie r. La fondation Abbé Pierre PACA tire la sonnette d’alarme et craint l’expulsion de 3000 familles sur la région. La ministre du logement, Christine Boutin, n’a étrangement pas su les rassurer en affirmant qu’aucune expulsion ne serait assortie d’une « solution de remplaceme nt ». Passer quelques nuits à l’hôtel ou au camping, ils devraient être contents les délogés, beaucoup de Français attendent l’été pour ça !
C’est grave docteur ?
e et malade », disait Fernand Raynaud. La « Il vaut mieux être riche et en bonne santé que pauvr la recherche, des études, de l’évaluation de tion tendance se confirme puisque la DREES (Direc des prospections chiffrées à l’horizon 2030. et des statistiques, au ministère du Travail) a fait médecins, les zones rurales seront les plus Si rien n’est fait, la région PACA perdra 2400 le vieillissement de la population est plus que sait on touchées. Un constat alarmant quand et moins de médecins : Roselyne Bachelot rapide qu’au niveau national. Plus de patients ? degré saura-t-elle résoudre cette équation du second
s…
notre belle région
Plus pauvres donc plus malin
des consommateurs crédit Cetelem brosse le portrait ir. A la question L’observatoire de l’organisme de frém t fon ltats résu En Paca, certains ? », les habitan de 8 grandes régions françaises. hat d’ac z-vous en cas de hausse du pouvoir à 33 %. Et les « quel poste de dépense choisirie est le ona nati e tation quand la moyenn répondent le % ts répondent à 37 % l’alimen ? 84 mer plus en ces temps de crise responsable vy, solutions envisagées pour consom Neu ien Flav % au niveau national. Selon de capter les t hard discount en Paca contre 82 oun disc hard au is perm a s matières première juillet 2008 de de l’observatoire, « la hausse des e étud constat de l’Insee Paca dans une ources sont ress classes moyennes françaises ». Le les t don age mén itant sur sept vit dans un hab Un « : nte iéta inqu plus est vité… L’atout des pauvres, c’est l’inventi inférieures au seuil de pauvreté. »
Popote électorale à l’UMP Jean-Claude Gaudin, président de la commission des investitures de l’UMP, sue à grosses gouttes pour composer les listes de la majorité aux européennes, particuliè rement en Paca. Hubert Falco, maire UMP de Toulon et secrétaire d’Etat aux ronds-points refuse la tête de liste aux Régionales de 2010 tant qu’il n’aura pas l’assurance de rester au gouverne ment en cas de victoire sur le socialiste sortant Michel Vauzelle. A l’UMP, on a le sens du sacrifice au service de l’intérêt général...
Iter explose... son budget
a révélé que la Petite information curieusement passée inaperçue. Le 30 janvier, The Guardian d’Euros, va milliards 10 à estimé Iter, projet dit fusion, à facture pour le prototype de réacteur d’environ 10 %, hauteur à participe qui France, la Pour moins. Pas ! % 100 à 30 de... grimper de ce léger surcoût, l’addition s’élève donc entre 300 millions et 1 milliards d’Euros de plus. Raison mesures anti-séismes des coût le compte en pris pas n’a initial budget Le « : e selon le quotidien britaniqu ss du 02/02). La (Enerpre » e que nécessite l’installation de la machine dans la zone sismique de Cadarach ! éternel est nucléaire lobby Le zone la plus sismique de l’Hexagone...
La doublette niçoise se dépasse
Habitués aux propositions de loi de circonstanc e, les Chevallier et Laspales des Alpes-Maritimes viennent de se surpasser. Christian Estrosi, déput é-maire UMP de Nice, et Eric Ciotti, député UMP et président du conseil général, viennent d’en cosign er une « visant à permettre à une commune de sortir d’une communauté urbaine. » Pressé en août de transformer la communauté d’agglomération Nice Côte d’Azur en communauté urbaine pour bénéficier d’une augmentation de la dotation de l’Etat, qui s’est finalement révélée décevante (60 Euros par habitant au lieu de 85), « Motodidacte » s’est retrouvé avec un joli imbroglio à dénouer. Il doit redonner sa liberté au village de Coaraze, alors qu’il est impossible de sortir d’une communaut é urbaine. Pour régler le problème, le duo propo se donc d’assouplir la règle en plagiant la réglem entation de la... Communauté d’agglomération ! Quitte d’ailleurs à créer un précédent dangereux. Il fallait au moins être deux pour trouver cette riche idée.
notre belle région
le Ravi n°62 avril 2009
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Associations à but non lucratif ou clientéliste ? Les 71 000 associations de la région dépendent en partie des subventions distribuées par les collectivités locales. Ces dernières contribuent à faire vivre un secteur qui échappe à la recherche exclusive de bénéfice. Mais elles cèdent parfois à une pulsion moins idéaliste nommée clientélisme… Par Rafi Hamal
L’
affaire des associations fantômes marseillaises financées, à hauteur supposée d’un minimum de 700 000 euros, par le Conseil régional de Paca, continue de susciter moults papotages au sein du landerneau politique. La Région s’estime elle-même victime et attend un jugement. Cette histoire illustre, s’il le fallait, l’incroyable mutation des associations et de leur fonctionnement. A l’origine, la loi du 1er juillet 1901 définit l’association comme « la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun leurs connaissances ou leurs activités dans un but autre que le partage des bénéfices ». Un siècle plus tard, les activités associatives ont investi des domaines aussi variés que le sport, la défense des consommateurs, des minorités ou des amoureux de l’aquarelle…
Saupoudrage et coquilles vides Résultat : en Paca, on dénombre plus de 71 000 associations (1,6 millions dans l’Hexagone). Avec à l’arrivée, pas mal d’opacité et quelques dérapages. La plupart des collectivités locales ne se montrent pas très loquaces lorsqu’il s‘agit d’évoquer le maquis associatif, son financement et le travail effectif des structures subventionnées. Au point que se sont créés des « observatoires » chargés de veiller aux dérives. « Le Conseil régional Paca consacre 11 % de son budget au versement de subventions à des associations, elles sont plus de 10 000 à se partager quelques 200 millions d’euros. Et la transparence est loin d’être au rendezvous », s’indigne Gabriel Lévy, président de l’Observatoire des subventions aux associations, situé à Aubagne (13).
1 Selon les chiffres 2006 de la Chambre régionale d’ économie sociale et solidaire Paca (Cress-Paca).
« Difficile de vérifier point pas point les statuts de chaque association et leur présence effective sur le terrain, rétorque Michel Bourgat, adjoint au maire UMP de Marseille (13 749 associations). Les citoyens ont une envie d’implication, et elle s’exprime de plus en plus dans le mouvement associatif. Alors il faut être vigilant bien sûr, mais réaliste. » Une difficulté que certaines associations exploitent habilement, avec des statuts très évasifs qui les font flotter dans des zones d’ambiguïté. « Les élus sont responsables de la situation. Ils font du saupoudrage de subventions pour entretenir une ribambelle de petites structures, dont ils savent pertinemment qu’elles sont des coquilles vides. Une association à laquelle on donne 100 euros, alors que l’étude de son dossier coûte aux contribuables 400 euros, ne peut pas servir à grand chose, si ce n’est à constituer un fichier pour entretenir une clientèle », s’étrangle Gabriel Lévy.
Pompe à blé et dérives
Nettoyage et démocratie
« L’assurance d’une vie longue en politique, c’est le nombre d’associations qu’un homme politique contrôle », avoue anonymement un fin connaisseur, et praticien, des mœurs politiques de la région. « Pour certains élus, il y a des associations qui ont des profils plus intéressants que d’autres », euphémise Robert Injey, secrétaire fédéral du PC des Alpes-Maritimes(11 912 associations) et conseiller municipal à Nice. Certaines associations d’utilité imaginaire, aux contours nébuleux, sont poétiquement qualifiées, par les connaisseurs, de « pompes à blé ». En février dernier, le sénateur-maire UMP de Saint-JeanCap-Ferrat (Alpes-Maritimes), René Vestri, était cité à comparaître en correctionnelle pour détournement de fonds publics et abus de confiance sur des subventions initialement destinées à un programme d’échanges culturels franco-italiens.
« Même si un nettoyage s’avère indispensable, toutes ces affaires restent heureusement marginales, ce n’est pas le quotidien de la majorité des associations », admet le président de l’Observatoire des subventions aux associations. Au niveau régional, l’économie sociale et solidaire générée par le tissus associatif représente 148 992 salariés (1 800 000 en France), soit 9 % des emplois (publics et privés confondus) pour 15 940 établissements employeurs (1). Provence-Alpes-Côte d’Azur est la 3ème région de France en volume d’emplois dans l’économie sociale et solidaire. Le secteur sanitaire et social est le principal employeur, suivi
« Les Chambres régionales des comptes (CRC) ne peuvent que constater les dérives, leurs rapports sont rarement suivis de sanctions », souligne Gabriel Lévy. En 2008, la CRC a pointé les relations parfois nébuleuses entre des collectivités locales et des clubs sportifs, faites de subventions peu contrôlées, d’achats de places ou d’espaces publicitaires. Ceux qui ont de la mémoire se souviennent de Jacques Médecin, ancien maire de Nice, roi de l’embrouille, et de son journal L’action Nice-Côte d’Azur. Ce mensuel politique à sa dévotion, édité par la société Segat, contrôlée par Médecin, vivait essentiellement des publicités payées par les associations subventionnées par… la mairie !
du secteur éducatif et des secteurs culturels et sportifs. L’essentiel des subventions vient des collectivités territoriales, communes en tête. Les autres ressources sont assurées par les cotisations des adhérents, les recettes d’activité et les dons des particuliers. Les associations constituent donc un complément indispensable à l’État et aux pouvoirs publics. Si elles continuent parfois à être utilisées pour assurer aux partis politiques des lendemains tranquilles, elles restent avant tout des projets fondés sur la démocratie, la libre adhésion, la propriété commune et la solidarité des participants.
Le Ravi se signale Eh oui, vous qui pensiez tenir entre les mains un journal au-dessus de tout soupcon, vous risquez d’être surpris. le Ravi a aussi besoin d’aides publiques pour exister. Ce n’est pas un fait nouveau : dans notre démocratie, depuis 1945, l’Etat aide la presse par un système de subventions mis en œuvre par un service du premier ministre. Tous les grands quotidiens, locaux ou nationaux, ont recours à ce financement. le Ravi n’y a pas droit, pour des raisons de périodicité, et le recours aux emplois aidés n’est pas suffisant, ni éternel. Qu’à cela ne tienne, nous prenons au mot nos élus (de tous bords à l’exception du Front national) sur leurs déclarations en faveur du pluralisme des médias, et nous déposons chaque année auprès des grandes collectivités locales des dossiers de subvention pour que vive notre journal. Avec un principe simple : contribuer au financement du Ravi n’ouvre droit à aucune influence sur le contenu du journal. Nos élus semblent l’avoir compris : en six ans, le Ravi n’a connu aucune demande d’intervention de la part d’une des collectivités qui le financent. La contrepartie de cette indépendance ? Des montants de subvention trop bas et un travail permanent pour pérenniser ces financements. Mais qui permettent, en plus de vos abonnements et de vos achats en kiosque et des contributions des rédacteurs, dessinateurs et responsables bénévoles, d’imprimer ces quelques feuilles de liberté et d’enquête.
Le directeur de la publication
colonne Maurice
ÉVÈNEMENT PUBLIC :
LA VILLE SUR UN PLATEAU
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notre belle région
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Rouge sur blanc, tout fout l’camp L’Europe envisage d’autoriser la commercialisation de rosés fabriqués en mélangeant rouge et blanc. « Hérésie ! », hurlent les vignerons en Provence.
MARDI 7 AVRIL À PARTIR DE 18H Nous connaissons tous les panoramas visuels et leur tables d’orientation. Mais comment peut-on écouter une ville ? Séance d’écoute d’un panorama sonore, Rdv à 18h précises devant l’entrée principale de Notre Dame de la Garde. Radio Grenouille et Arteradio vous proposent de venir expérimenter, dans le cadre du Festival Sons de plateaux, un panorama sonore et d’orienter votre écoute avec le théoricien et praticien du son, Daniel Deshays. Émission publique à 20h à Montévidéo, diffusion antenne le Mercredi 8 à 16h Plateau radiophonique réunissant Daniel Deshays et Silvain Gire, responsable éditorial d’Arteradio, pour une écoute discutée autour de l’environnement sonore urbain. Cette soirée est le premier rendez-vous public de la Résidence d’Arteradio au sein de Radio Grenouille. L’événement final de cette collaboration se tiendra en septembre 2009.
Infos : www.grenouille888.org
La perfide loi Evin limitant la publicité sur le vin, le harcèlement constant de la maréchaussée à la sortie des troquets, les fatwas permanentes du corps médical contre l’alcool… Toutes ces attaques feraient presque figure de péché véniel dans l’évangile selon les vignerons depuis le projet de directive européenne scélérate sur la fabrication du rosé. En Provence, c’est de notoriété publique, le rosé, n’est pas et n’a jamais été un mélange de vin rouge et de vin blanc. A Bruxelles pourtant, c’est sur cet assemblage que planche la commission. « C’est une hérésie, s’indigne furieux François Millo, directeur du Conseil Interprofessionnel des Vins de Provence (CIVP). Le rosé est un vin spécifique, produit à partir de raisins rouges, qui ont macéré moins d’une journée. Ca fait 26 siècles que nous existons sous le terme de rosé. Ce fut le premier vin de l’histoire. » Malaise perceptible également sur l’avenir économique de la filière. Le rosé, en Provence, c’est plus de 20 000 emplois, 145 millions de bouteilles, soit 86 % de la production locale et 38 % de la production nationale. De quoi augmenter les watts des litanies diverses contre la destruction de ce patrimoine culturel unique. « Le marché du rosé est un vrai gâteau, en 15 ans, la consommation a progressé de 10 % à 22 %, explique toujours très énervé, François Millo. Le vin rouge est en régression, le blanc stagne, mais si vous preniez les deux et que vous les mélangiez, vous obtiendriez un produit qui marche. Dans d’autres régions viticoles françaises, moins bien loties, on se
frotte les mains à l’idée qu’une telle loi puisse être voter, ce sont elles qui font le forcing, pas l’Australie ou l’Espagne. » On est jamais trahi que par les siens ! Michel Barnier, sensible au charme du métissage œnologique, s’était, dans un premier temps prononcé en faveur de ce changement. Mais devant la pression des viticulteurs, le ministre de l’agriculture a officiellement réclamé à Bruxelles qu’une distinction claire soit faite entre vin coupé et rosé traditionnel. « Il faut que ce soit mentionné sur l‘étiquette. Nous travaillons d’abord sur la qualité, les consommateurs le savent et ils sont de plus en plus nombreux à consommer du rosé bio. C‘est pour ça, qu‘il ne faut pas les tromper et qu’il faut être clair sur l‘étiquetage », plaide Bernard Astruc, producteur de rosé «bio» à Lorgues dans le Var. Mais dans cette morosité ambiante, certains sont sur de tirer leur épingle du jeu : les grandes surfaces. « La grande distribution se frotte déjà les mains, car elle va vendre du « rosé » moins cher, déplore le directeur du CIVP. Les bouteilles de vin coupé, seront exposées sur les même linéaires, avec probablement un packaging identique au rosé traditionnel, mais à un prix bien moindre. Et le risque de duper le consommateur in fine. » En attendant, les viticulteurs de Provence sont décidés à combattre. Jusqu’à plus soif bien entendu… Rafi Hamal
Paca, terre des métropoles Le comité Balladur veut transformer Nice, Toulon et Marseille en agglos géantes aux compétences élargies. Les communes en périphérie préparent la guerre de tranchées.
Pour « simplifier le mille-feuilles », rajoutez-en une couche ! Dans son désormais immortel rapport sur la réorganisation des collectivités locales, le comité Balladur a proposé fin février la création de onze « métropoles », un nouvel échelon intermédiaire entre les communes et le département. Et là, on entonne le Coupo Santo : trois de ces onze sont en Paca ! Balla suggère que Marseille, Toulon et Nice deviennent « par la loi, à compter de 2014 » des métropoles. Leur assemblée délibérante serait élue au scrutin de liste direct, en même temps que les municipales. Pas neuve, mais pertinente, l’idée de Ballamou est la suivante : pour son travail, ses loisirs, sa santé, ses achats, le citoyen ne s’arrête pas aux frontières de sa commune. Il faut donc élargir les territoires sur lesquels s’exercent les principales compétences locales (transports, logement, éducation, santé et social). Mais comment délimitet-on une métropole ? Courageusement, le comité Balladur se garde bien de le dire. Le sujet est hautement explosif : il y les divergences politiques (ville-centre UMP contre périphérie PS-PC…) et surtout les questions d’argent. Regrouper, c’est mettre en commun du fric, donc perdre du pouvoir. Le problème est particulièrement aigu pour Marseille, ville pauvre : son « potentiel fiscal » n’est que de 550 euros par habitant, contre 930 euros par habitant pour Lyon. « Nous avons toutes les charges de la ville-centre sans en avoir les ressources », répète le maire Jean-Claude Gaudin. Etranglée
financièrement, Marseille lorgne donc les territoires autour d’elle. Bizarrement, ils veulent conserver leur indépendance. La riche communauté du Pays d’Aix refuse de s’allier à Marseille. Les deux villes sont pourtant gouvernées par l’UMP. A l’est et au nord, les agglos d’Aubagne et de l’étang de Berre, gérées par la gauche, n’ont aucune envie non plus, de partager leur grosse taxe professionnelle. Dans les Alpes-Maritimes, itou, la résistance s’organise : le maire (UMP) de Cannes, Bernard Brochand, farouche opposant de l’intercommunalité, fait le forcing depuis fin 2008 pour créer une agglomération avec Grasse et Antibes. Objectif inavoué : éviter de se faire absorber par la future métropole (UMP) de Nice. Dans le Var, Hubert Falco, maire (UMP) de Toulon, la joue modeste : « L’actuelle échelle, à la hauteur de la communauté d’agglomération telle qu’elle est, convient bien pour le moment *». Devant les inquiétudes des élus, Ballamou garantit que tout rapprochement ou fusion de collectivités « se ferait sur la base du volontariat ». Autant dire jamais. Pas sûr non plus que l’Etat ait le courage de mettre les pieds dans le plat. Alors que les élus marseillais réclament depuis des années une « loi de péréquation financière » pour ponctionner les communes alentour, le sujet n’a jamais été abordé à l’Assemblée, malgré une écrasante majorité UMP. Mercator *Var-Matin, 27 février 2009
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Aide ton prochain (s’il a des papiers) Réseau Education Sans Frontière, Emmaus France, Secours catholique, Fédération Entraide Protestante et bien d’autres s’élèvent contre l’article L622-1 qui permet de poursuivre en justice des personnes aidant des immigrés sans papiers. Monique Pouille, par exemple, dangereuse criminelle de 59 ans, a été mise en garde à vue pour avoir rechargé les portables de clandestins. Le 8 avril, ces associations qui flirtent avec le grand banditisme appellent à manifester partout en France avec pour mot d’ordre: « Si la solidarité devient un délit, nous demandons à être poursuivis pour ce délit ! » A Marseille, le rassemblement se fera à 10h devant le palais de justice. Eric Besson, notre cher ministre de l’identité nationale, va pouvoir indiquer à Rachida Dati, pour peu de temps encore ministre de la justice, de nombreux volontaires tout trouvés pour remplir les prisons. Que demander de plus ?
Poisson d’avril pour les retraités Cette année, l’augmentation des pensions de retraites est intervenue le 1er avril 2009 au lieu du 1er janvier. Un retard que la CGT 13 considère comme « un hold-up sur les retraites » puisque 3 mois ont ainsi été « squeezés ». De plus, en 2008, rappelle la CGT, la revalorisation des retraites avait été de 1,87 % quand l’inflation atteignait 2,8 %. Le journal Les Echos nous apprend que la hausse devrait s’élever cette fois-ci à 1 % en avril au lieu de 2,1 % si elle avait été programmée en avril. Déjà fragilisés par la hausse des prix des produits alimentaires et de leurs factures de gaz et d’électricité, les retraités dotés de modestes pensions vont eux aussi devoir se serrer la ceinture. Visiblement, il ne suffit pas de ne plus être sur le marché du travail pour être à l’abri…
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A Madagascar la paix, pas encore la démocratie Par Benoît Gilles
Après trois mois de violences, la « grande île » de l’Océan indien a retrouvé le calme. Le président Ravalomanana a été destitué. L’armée a mis dans son fauteuil le jeune maire de la capitale, Andry Rajoelina. Analyse de la situation avec le père Sylvain Urfer, observateur avisé du pays dont il a été expulsé en 2007.
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adagascar a une nouvelle fois évité la guerre civile. Le funeste cortège de pillages, d’émeutes et de répressions sanglantes n’a pas débouché sur un bain de sang. L’armée a fini par sortir de sa neutralité pour pousser hors de son fauteuil le président Marc Ravalomanana avant de confier les rênes du pays au jeune maire de la capitale, Andry Rajoelina. Ce dernier a promis un retour progressif à la démocratie durant les 24 mois de son . L’Onu, l’Union Africaine ont fermement condamné et les partisans de Marc Ravalomanana continuent de manifester pour un retour du président. Les journaux français brossent un tableau en reflet des deux hommes en conflit : chefs d’entreprise, issus de l’ethnie Merina des Hauts Plateaux Malgaches, ils ont tous deux été maires de la capitale avant de se rêver un destin national. Vus d’Europe, les deux hommes sont généralement décrits comme deux faces de la même médaille du mérite affairiste.
Golden boy contre beau gosse Une vue réductrice qui a le don d’énerver le père Sylvain Urfer. Ce jésuite installé dans la paroisse d’Anosibe, à Tana,
depuis plusieurs décennies est un fin connaisseur des subtilités politiques et sociales de la . Il est membre actif et l’une des principales plumes du Sefafi, un observatoire de la vie publique dont la vocation de fonctionnait particulièrement bien sur l’ancien président. Au point qu’en 2007, à bout d’urticaire démocratique, ce dernier a expulsé le Jésuite en quelques heures. De son exil parisien, il est resté très attentif à l’actualité de sa terre d’adoption. Et il porte un regard favorable sur le nouveau président soutenu par l’armée. [ce terme construit sur les mots père et mère signifie les parents, les aînés, et connote le respect dû à toute personne représentant une autorité, ndlr].
L’ombre du crocodile Outre le coup de force qui lui a permis de conquérir le pouvoir, on reproche à Rajoelina de n’être qu’un pantin dont les ficelles seraient entre les mains du clan Ratsiraka, l’ancien dictateur que Marc Ravalomanana était parvenu à bouter hors de l’île après des mois d’affrontements sanglants en 2002. Pour Sylvain Urfer, le problème n’est pas là. Cette confusion entre les richesses du pays, l’argent public et les multiples branches de ses activités économiques justifie une grande partie des griefs à l’encontre du président déchu.
Tiko, empire du yaourt Outre l’expansion de son propre groupe agro-alimentaire Tiko à toutes les branches de l’économie, on l’accusait également de vendre au plus offrant les immenses richesses minières de l’île. Sans compter le pétrole malgache qui, en ces temps de crise énergétique, commence à faire saliver le monde entier. Mais c’est en touchant à la terre, sacrée pour les Malgaches, que Ravalomanana a mis le feu aux poudres. En 2008, un accord secret avec le groupe sud-coréen Daewoo portant sur la location de millions d’hectares de terre sans autre contrepartie que la cession d’un pourcentage de la récolte annuelle de maïs et d’huile de palme, a achevé de le discréditer.
Perdu en brousse Un temps réfugié à l’Ambassade américaine, l’ancien président, qui compte encore de nombreux partisans dans le pays, reste introuvable. Très clairement, le père Urfer ne se voit pas d’autre avenir que sur la . En espérant qu’au cours des deux ans de , on ne découvre pas une nouvelle grave erreur de casting.
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brèves - le Ravi n°62 avril 2009
Le préfet du Var cartonne
es sur leur nombre de reconduites à la frontière, Jacqu Si les préfectures sont en général plutôt discrètes ats, qu’il laisse résult ses de jaloux t plutô même Et . plexé Laisné, préfet du Var, est plutôt du genre décom 2008, sions en 2007, 42 de plus que son quota ; 325 en filtrer chaque année dans Var matin : 282 expul plus 43 en un an. Le rythme se maintient...
La Provence bosse pour les RG
Pour la manifestation unitaire et interprofessionnelle du 19 mars, le quotidien du groupe Hersant et de Jean-Claude Gaudin, sénateur-maire UMP de Marseille, a fait fait dans le grand art. A 14h50, son site Internet publie un article sur la mobilisation et conclut : « Selon des estimations sérieuses et le relevé réalisé par nos journalistes sur le terrain, la vérité tournerait autour de 180 000 manifestants. » Soit en gros entre les chiffres de la préfecture (30 000) et ceux des organisateurs (320 000). Le lendemain, l’édition papier titre à sa « une » : « Notre comptage : 40 000 manifestants hier à Marseille. » Calcul un peu rapide le jeudi ou recadrage prudent sur les chiffres de la préfecture ?
métropoles & trous jolis
Muselier s’en va en guerre
! Un mois après que La course pour les municipales de 2014 à Marseille est définitivement lancée du cru, suivant ainsi artistes les pour projets à d’appel e Marseille-Provence 2013 ait initié sa plateform Marseille capitale spécial délégué « UMP député Muselier, Renaud lettre, la à ne la méthode européen sans associer créer, de décidé a maire, de de la culture » pour la Ville et candidat perpétuel au poste plus vite » aller « pour Marseille de mairie la à » unique guichet « son ion, personne ni les élus de l’opposit Marseille de directeur Latarjet, et recueillir les dossiers des prétendants au label européen. Bernard de Chambre la de patron Pfister, Jacques nner. démissio Provence 2013, songe une fois de plus à iqué de presse pour commerce et président de « Marseille-Provence », est obligé de faire un commun Jean-Noël Guérini, ». monde le tout de forces rappeler que la victoire n’a été obtenue qu’en « unissant les de gauche de maires les tous et région, de t présiden le Vauzelle, candidat du PS pour 2014, Michel explications », « des t Marseille Provence, rédigent une lettre ouverte à Jean-Claude Gaudin réclaman ». La culture nce gouverna seule une projet, seul un « : le maintien de Latarjet et l’application d’une règle adoucit les mœurs ?
Faites place aux clients ! Bernard Brochand, maire UMP de Cannes, lance le 6 avril sous le nom très high tech d’Eco Park Actif, une carte de stationnement délivrée gratuitement à tous ceux qui peuvent justifier d’une activité professionnelle sur Cannes même s’ils n’y résident pas. Pour 1,50 Euros par jour, ils pourront se garer dans huit parkings en périphér ie de la ville. Objectifs : libérer les places dans l’hyper-centre pour que les touristes puissent faire leurs emplettes. Une carte résident devrait suivre. A quand une carte Eco Park pôle emploi ? Là, faudra aller voir ailleurs qu’à Cannes.
Patrimoine monnayé
s de sa Le magnifique Hôtel des Monnaies d’Avignon, célèbre pour les sculpture société une par d’Euros millions 3 pour ement prochain façade, pourrait être racheté l’édifice britannique basée à Londres (la Provence, 10 mars). Si l’affaire est conclue, service deviendrait un hôtel de luxe. Pourtant Roberte Lentsch, responsable du quand existe il : rassurer vous peux je « : inquiète pas n’est ville, la de patrimoine façon, même des sociétés privées qui ont à cœur de restaurer le patrimoine (…) De toute es Historiqu nts Monume les 1862, en classée été a l’édifice de dans la mesure où la façade ». exercent une surveillance attentive. » De son côté, l’opposition hurle au « gâchis public. Une certitude : l’hôtel des Monnaies – en crise ! - sera moins accessible au
Vence pigeonnée
remédier à la prolifération Capturés et gazés : l’option radicale envisagée par la mairie de Vence (06) pour a aussitôt suscité coûteux, e de fientes de pigeons, qui souillent les bâtiments et imposent un nettoyag la municipalité à conduit n populatio la de partie une par e une levée de boucliers. « La sensibilité manifesté Korchia, Corinne retraite en bat », dossier du le l’ensemb sérénité avec er réexamin à et suspendre ce projet : barbare moins e alternativ une trouvé a on responsable de la communication municipale. A Bâle (Suisse), est il et pigeons les nourrir y venir peuvent gens Les ville. la dans quelques colombiers ont été installés r imposerait une maintenance facile de récupérer leurs œufs pour les détruire. « La création d’un pigeonnie t plus prioritaires. » Servir autremen projets des a Ville La quotidienne et onéreuse, poursuit Corinne Korchia. ? goût du semaine la pendant pigeon de dans les cantines du salmis
Motodidacte se prend un mur Mauvaise nouvelle pour Christian Estrosi, député-maire UMP de Nice : Annecy a été préférée à sa ville pour être la candidate française aux JO d’hivers de 2018. Coût de la gamelle : 808 975 Euros pour la ville de Nice plus 982 441 Euros lâché par le Conseil général des Alpes-Maritimes de son pote Ciotti (Le Canard Enchaîné, 25/03). Mais l’éternel « Modidacte » réfléchit à la candidature de Nice pour les JO d’été de 2024. Les contribuables niçois aussi.
le s vieux
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Capitale européenne du braquage Mar seille 15 braquages par semaine, c’est le rythme effréné qui secoue la ville depuis le début de l’année. Au palmarès des établissements visés, les commerces de proximité et les bureaux de Poste, surtout en début de mois, quand les caisses sont pleines des prestations sociales… Par Jean Tonnerre
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ersonne ne sait aujourd’hui si l’OM remontera sur le toit du football européen, mais que les Phocéens se rassurent. Avec une moyenne de 15 braquages par semaine depuis le début de l’année, Marseille est de retour en tête des villes dangereuses. « En 2008, on atteignait presque les 200 braquages dans le département, note JeanLuc Marx, le préfet de Police de Marseille. C’est le seul indicateur de sécurité en augmentation. » Et quelle augmentation ! En comparaison avec l’année précédente, la hausse s’élève, d’après nos calculs à 40 % de braquages en plus en 2008 (2000 contre 115) ! Bar, débit de tabac, épicerie, primeur, station-service, fast food, boulangerie, supermarché, aucun commerce où se trouve du liquide n’est à l’abri. Pour un peu, on se croirait dans les années 80, quand la cité phocéenne était comparée à Chicago, la ville d’Al Capone, pas encore celle de Barak Obama !
Risquer 20 ans pour 300 euros Depuis décembre, le rythme s’est encore intensifié avec notamment la nuit mémorable du 31 décembre où 12 attaques à main armée ont été recensées en 24 heures. « Depuis le début de l’année 2009, on en est entre 2 et 5 braquages par jour, constate, dépité, le procureur Jacques Dallest, arrivé dans la cité phocéenne en mai 2008. Il n’y a pas d’équivalent ailleurs en France. » Si le retour des braquages est souvent expliqué comme une conséquence évidente de la crise économique, elle est pourtant loin d’être la seule explication. S’il y a bien eu le cas de cet homme désespéré qui braque un Aldi à Saint-Jean-du-Désert « pour remplir son frigo », le mois dernier, la grande majorité des braquages sont perpétrés dans un relatif amateurisme par des jeunes. Ainsi, le mode opératoire est quasiment toujours identique : des hommes, 2 ou 3, encagoulés, gantés et munis d’armes au poing arrivent en voiture ou en deux roues devant le commerce ciblé. Soit l’attaque se fait à l’ouverture, entre 8 et 9 heures, soit, à la fermeture, vers 19 heures. Là, ils braquent rapidement le commerçant, pour emporter la caisse, quel que soit son contenu. Le plus souvent, le butin est maigre et ne mérite pas vraiment le risque encouru (20 ans de réclusion) : 1 400 euros dans un Lidl du 12e arrondissement (10 janvier), 1 000 euros dans un tabac presse du 9e arrondissement (21 janvier), 300 euros au ED de la Madrague-ville dans le 15e arrondissement (2 février), 2 900 euros dans un fast-food du centre (8 février).
Braquages compulsifs « Les braqueurs sont souvent jeunes, une grande majorité a entre seize et dix-huit ans, constate Jacques Dallest. Ils vont braquer en scooter ou même à pied, au petit bonheur la chance, parfois dans des lieux qu’ils connaissent, comme les petits commerces situés en bas de chez eux. La plupart du temps, ils repartent sans rien. Ce sont des braquages compulsifs qui rapportent peu mais qui sont extrêmement dangereux. » Et même mortels. Eric Aullen, 50 ans, a ainsi été tué le 15 décembre alors qu’il se faisait braquer dans sa station-service Agip au Roucas. 15 jours plus tard, c’est un gamin de 20 ans qui s’est fait abattre par la Police alors qu’il tentait de sortir avec un otage du bureau de poste des Olives. Il habitait une des cités de la Rose, à quelques centaines de mètres de là. Ces braquages compulsifs ne sont rendus possibles que par la circulation de plus en plus aisée d’armes. « A Marseille, on peut aussi bien acheter des armes de poings que des fusils à pompe, des kalachnikov, pistolets mitrailleurs, constate Jacques Dallest. Il y a dans cette ville une vieille culture de l’arme. » Parmi toutes les cibles, les bureaux de Postes représentent évidemment un must. Evidemment car ce sont les dernières banques à avoir des guichets « humains », contrairement aux autres enseignes où tout l’argent est enfermé dans les distributeurs de billets. De fait, l’enseigne en est à 14 braquages depuis le mois de novembre, quasiment un par semaine ! « Tout a commencé le 14 novembre au bureau de la Rose, explique Frédéric Bérenguier, secrétaire
à la CGT. Ils sont arrivés à deux, ont sauté au-dessus des guichets et sont repartis avec l’argent. Une vieille dame présente dans la salle d’accueil les a traîté de « petits lâches », l’un d’eux est revenu lui mettre un coup de crosse sur le visage. Elle avait 87 ans ! » Le bureau de la Poste de la Rose, comme 29 autres, n’ont plus les vitres anti-franchissement qui séparent les guichetiers des clients. « C’est un programme de modernisation de nos bureaux enclenché fin 2006 et qui concernera à terme tous les bureaux, explique-t-on au siège régional du groupe. Nous avons déjà constaté une baisse de 30 % des incivilités suite à ces travaux. »
Un braquage à la Poste chaque semaine On ne sait pas si les braquages sont répertoriés dans les « incivilités » à la Poste, mais force est de constater que la modernisation facilite grandement le travail des braqueurs. Et lorsqu’ils ne peuvent pas attendre le début du mois, quand les caisses des bureaux de poste sont remplies des prestations sociales, ils utilisent les grands moyens pour emporter un distributeur de billet. « C’était un samedi soir, raconte Frédéric Bérenguier. Ils ont piqué un tractopelle sur un chantier et on essayé de braquer plusieurs distributeurs. Mais l’engin n’est pas si facile à manipuler et surtout, il a besoin de place pour manœuvrer. C’est comme ça qu’ils sont arrivés au distributeur du bureau de Poste de la Belle de mai. Ils ont fait croire aux riverains que c’était une intervention de la ville, ils ont même arrêté la circulation ! »
L’histoire est savoureuse, mais on ne peut quand même pas toujours avoir l’impression de vivre dans un film des frères Coen ! Après un 9e braquage et une vingtaine de guichetières en arrêt maladie pour cause de hold-up, le syndicat a haussé le ton en appelant les guichetiers des 235 bureaux de la Poste des Bouches-du-Rhône a une manifestation pour réclamer plus de sécurité. « Nous demandons la création de sas à l’entrée des bureaux, comme cela se fait dans les autres banques, explique Frédéric Bérenguier. Il faut également des vigiles qui viennent sécuriser les prises de postes car c’est souvent là que les braqueurs attaquent. » La direction de la Poste répond qu’en tant que service public, elle ne peut mettre les place les sas, car trop de monde fréquente les bureaux. Finalement, la Préfecture a demandé aux policiers de piloter des « diagnostics sûreté » et d’intégrer dans leur tournée une présence lors des ouvertures et fermetures des bureaux de poste. Peine perdue, quelques jours après, les bureaux de Martigues, Châteauneuf-les-Martigues et de la cité de la Castellane à Marseille ont été braqués. « Ils attendent peut-être la mort d’un guichetier pour réagir », lance amer Frédéric Bérenguier. Ou la fin de la crise.
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A ix- en - Provence
Joissains brade les bijoux de famille Mme le maire veut vendre le patrimoine aixois pour renflouer ses finances. Qui est prêt à débourser jusqu’à 10 millions pour acquérir le bâtiment de l’office du tourisme ? Maryse Joissains a décidé de vendre toute une partie du patrimoine aixois : le magnifique hôtel de Caumont qui abrite le conservatoire, le bâtiment de l’école d’art, qui jouxte le parc du pavillon de Vendôme, et celui de l’office de tourisme, au cœur du centre-ville. « C’est de l’idéologie libérale pur sucre, sabre le socialiste Alexandre Medvedowsky, qui a voté contre la délibération lors du conseil municipal du 9 mars. Dire “On veut construire un nouveau conservatoire ou office du tourisme, donc on va vendre le siège actuel pour équilibrer les finances”, sans même avoir mené une réflexion sur d’autres usages publics possibles des bâtiments, c’est abracadabrant ! » La “valorisation” des trois sièges actuels doit permettre à la ville de lancer les futurs chantiers en faisant une opération blanche. « Mais les collectivités locales ne sont pas des marchands de biens, note Bruno Genzana, conseiller municipal Nouveau centre. Elles sont là afin d’investir pour l’avenir de nos enfants. »
Qui est prêt, dans un marché immobilier en crise, à débourser 8 à 10 millions pour acquérir l’autre bout de la Rotonde ? « N’importe qui : un brasseur, un hôtelier, une chaîne nationale qui veut avoir une vitrine, Nike, se désole Bruno Genzana. Mais pour amortir un tel achat, il va falloir en vendre des Nike ! » L’office du tourisme doit, lui, déménager d’ici pour partager avec La Poste un bâtiment situé presque en vis-à-vis. L’ancien président délégué de l’office de tourisme, à l’origine en 2002 du projet de déménagement, envisageait un tout autre destin aux locaux libérés : un lieu d’exposition culturelle et une vitrine pour les produits de la ville. Il prévient : « Vendre les bijoux de famille permet de réaliser des profits à court terme, mais à moyen terme on peut s’en mordre les doigts ». Louise Fessard *Cf sur www.bakchich.info « L’invraisemblable saga du Cercle Concorde », janvier 2008.
Le docu friction
Principale pièce de choix, le bâtiment de l’office du tourisme, place de la Rotonde, pourrait atteindre le prix de vente de 10 millions d’euros. Sans compter les travaux de réfection intérieure des trois niveaux (200 mètres carrés chacun). « Il faudrait vraiment que ce soit quelqu’un avec beaucoup de sous, commente une employée de l’office en levant les yeux vers le plafond. Les vitres tout là-haut n’ont pas été refaites depuis des années et, quand il pleut, il y a des infiltrations. » Le bâtiment situé juste en face, de l’autre côté de La Rotonde avait croupi sur pied pendant
de longs mois avant de finalement trouver un repreneur en 2000. Et quel repreneur ! Paul Lantiéri dit “Monsieur Paul”, parrain corse de son état, est aujourd’hui en cavale. Le journal Bakchich raconte comment, associé avec François Rouge, dit «Le Banquier», “Monsieur Paul” avait transformé le bâtiment délabré en un cossu restaurant (*).
Chateau A rnoux
Le plastique, ce n’est plus fantastique ! L’usine Arkéma envisage un nouveau plan social qui mettrait sur le carreau une centaine de salariés. Un séisme pour l’emploi dans les Alpes de Haute-Provence.
Dans les Alpes de Haute-Provence, tout le monde connaît Château Arnoux grâce à l’usine Arkéma, située en contrebas, le long de la Durance. Depuis un siècle, l’usine constitue le poumon économique de la vallée en produisant une multitude de produits dérivés de la chlorochimie. Le chlore a d’abord servi à la fabrication du gaz moutarde pour l’armée durant la première guerre mondiale. Viendront ensuite la production d’alumine, d’aluminium, d’acide monochlore acétique, puis les polymères, le PVC. Jusque dans les années 70, on comptait près de 2 000 emplois directs et 3 fois plus chez les sous-traitants. L’usine est même à l’origine d’une cité ouvrière, Saint-Auban, où l’on trouvait des logements pour les ouvriers, une école, une maternité. Mais la législation de plus en plus contraignante et l’automatisation ont conduit le site à réduire la voilure. La bascule intervient vraiment en 2004, quand Total crée sa filière Arkéma pour regrouper l’activité chimique. A Château-Arnoux, cela se traduit par un plan social drastique qui fait descendre les effectifs de 800 à 358 emplois. « Nous demeurons le plus gros site du groupe en France, souligne quand même David Buissou, le secrétaire CGT. Mais je crois qu’aujourd’hui, le groupe a vraiment décidé de démanteler notre usine en voulant fermer coûte que coûte l’atelier copos* ». C’est dans ce dernier qu’est produit le dérivé du pétrole qui sert à la fabrication des emballages plastiques. « Le marché s’est effondré l’année dernière, explique Michel Delaborde, le directeur d’Arkéma France. Notre principal client qui s’était engagé à acheter 20 000 tonnes par an n’en commande en fait que 8 000. » Arkéma l’a d’autant plus en travers de la gorge
qu’il avait été contraint d’investir 50 millions d’euros dans cet atelier en 2005 pour faire passer son plan social. Chez le chimiste, personne n’avait manifestement anticipé la fin des sacs plastiques aux caisses ! « Aujourd’hui, nous n’avons plus qu’un espoir, c’est que «silpro» voit enfin le jour ». Silpro pour Silicium de Provence. Un projet né en 2005 au moment du plan social et qui prévoyait un investissement de 800 millions d’euros pour produire le silicium des panneaux photovoltaïques. Une partie des salariés d’Arkéma devait, à terme, être reclassée dans cette nouvelle usine, située juste à côté. Pour l’instant, seule la plateforme a été construite car le projet est à l’arrêt, faute d’argent. Or Arkéma ne veut plus attendre Silpro. « Nous avons déjà perdu 25 millions d’euros l’année dernière, nous ne pouvons pas nous permettre d’en perdre 35 en 2009 », affirme Michel Delaborde. « En agissant de la sorte, ils ne respectent pas la convention signée en 2005 lors du plan social, prévient David Buisso. Nous les avons assignés en justice et nous irons jusqu’au bout. » Jean Tonnerre *Copolymères
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Avignon
Opération commando à l’hypermarché Robins des bois des temps modernes ou délinquants notoires ? Rencontre avec ces pique-niqueurs qui se servent dans les rayons sans passer à la caisse…
« 63 euros de produits grignotés à Leclerc le 3 mars par le collectif « interactif » et 25 euros le 7 mars à Carrefour par le NPA (Nouveau Parti Anticapitaliste) Vaucluse », compte Véronique Marcel, militante du NPA. Pas de quoi faire frémir la grande distribution diront les désabusés. D’autres réprouvent la méthode. Sur le forum du site Internet de La Provence par exemple, « golobofix » s’emporte : « Certes, la grande distribution s’enrichit : cela justifie-t-il le vol et la dégradation ? » Après moult tentatives infructueuses pour joindre la direction de Carrefour, Gabrielle Vatel de l’agence de communication CO2 à Marseille finit par nous lire le communiqué officiel, lapidaire : « On comprend les difficultés du contexte économique actuel et les revendications de ces militants, mais l’on regrette d’être pris pour cible comme d’autres enseignes. » Elle ajoute : « Les salariés et les clients sont choqués par ce mode d’action. Dans quelle mesure se servir sans payer pourrait être considéré comme normal ? » Dans les rayons du Carrefour d’Avignon, certains ne partagent pas ce sentiment : « Des personnes nous rejoignent pour croquer une chips et ramener des glaces à leurs enfants », raconte Véronique Marcel. Le NPA organise ses actions en amont. « On confectionne des tracts, et on se renseigne sur les obligations juridiques. Par exemple, on se munit tous de nos cartes d’identité pour les présenter à la police en cas de contrôle, explique Pierre Jourlin,
enseignant-chercheur en informatique à la faculté d’Avignon. On prévient aussi la presse pour en faire une action symbolique, ce qui a aussi pour effet de freiner le service de sécurité du magasin. » Seuls les produits de consommation courante sont grignotés : ce sont les plus touchés par l’inflation. Le sens de leur démarche : « Montrer qu’il est possible de prendre des risques pour dénoncer ce qui va mal dans la société », explique le chercheur frondeur. Le 7 mars, la police nationale arrive sur le parking de Carrefour une vingtaine de minutes après le début de l’action des militants NPA, une trentaine. Abdel Zahiri est repéré sur place. Comme quatre autres personnes, il apprend qu’une plainte pour vol a été déposée contre lui lors d’une convocation par les forces de l’ordre. « J’étais devant le magasin, je venais apporter la caméra aux autres, s’étonne-t-il. Je ne suis pas rentré à l’intérieur du supermarché et je n’ai rien mangé. » Aux internautes de La Provence qui les qualifient de « bobos contestataires », Pierre Jourlin rétorque : « Dans nos rangs, il y a des étudiants, des intermittents et des smicards. A vous de juger ! » Quand on lui parle des débouchés espérés, il s’emballe : « Le mouvement social est relativement mou en France métropolitaine, regardez en Guadeloupe tout ce qu’ils ont obtenu en se battant. Leur longue grève a payé ! » Elsa Provenzano
Nice
Franco, champion de ski acrobatique Le maire de Saint-Martin-de-Vésubie est un spécialiste de la démission. Une activité politiquement très lucrative...
Gamelle… En ce funeste 18 mars, le Comité national olympique et sportif français choisit Annecy pour présenter la candidature de la France à l’organisation des JO d’hiver 2018. Heureusement pour Gaston Franco, à la tête du comité de pilotage de la candidature niçoise, la vie ne s’arrête pas à quelques malheureuses descentes à ski car c’est au Parlement européen qu’il pourrait bien savourer d’autres disciplines. Il est en effet n°2 surprise, derrière Françoise Grossetête, de la liste UMP du secteur Sud-Est (Paca, Rhône-Alpes et Corse) pour les élections européennes de juin. Rappel des faits : Christian Estrosi, l’hyper-cumulard députémaire UMP de Nice, est contraint d’abandonner un de ses postes. Ce sera celui de président du conseil général des Alpes-Maritimes. Il se tourne en décembre vers le conseiller général Gaston Franco (et maire de Saint-Martin-de-Vésubie) pour qu’il abandonne son poste. Une vieille habitude : déjà en 1997 le bon Gaston avait « cédé » sa place de député à Estrosi, puis s’était vu confier une mission liée aux festivités du passage à l’an 2000. Député UMP, l’ami Eric Ciotti (ancien premier adjoint de la mairie de Nice, ancien assistant parlementaire d’Estrosi, ancien directeur de cabinet d’Estrosi au conseil général) s’assoit sur le siège encore chaud de Gaston Franco. Il est en effet élu haut la main (après une première et vaine tentative dans le canton du port de Nice en mars 2008) dans un secteur réputé imperdable pour la droite. Dans la foulée, il devient président du conseil général. Et Gaston Franco est fait conseiller spécial en charge du développement durable pour la mairie de Nice. Avec un salaire confortable de 7625 euros. Et, c’est heureux encore,
le salaire d’un député européen s’élèvera, à partir de juin 2009, à 7665 euros. Perfide, JeanChristophe Picard, le président départemental des radicaux de gauche, estime qu’« on lui a attribué ce poste, histoire d’attendre son mandat européen ». Et il ne voit pas d’un bon œil (« c’est à vomir », dit-il) le tour de passe-passe Estrosi-Ciotti-Franco, qu’il qualifie de « vente de mandats » : « On utilise les fonctions de la République et les mandats démocratiques pour négocier des démissions. » Remonté, il avait d’ailleurs saisi le procureur de la République, qui a classé sans suite en février. Pour le PS, Paul Culturello, président du groupe au conseil général, en remet une couche. Selon lui, Estrosi était pressé de faire élire un nouveau président du conseil général, histoire de ne pas avoir à annoncer les hausses d’impôts pour la ville et pour le département (+15 % chacun). Quant à Franco et l’Europe : « Des faisceaux de présomptions extrêmement fortes laissent penser que sa nomination est la deuxième contrepartie de sa démission. » « Il n’y a eu aucun marchandage, il n’y a eu aucune contrepartie à ma démission », rétorque Gaston Franco. « Pour la première fois, continue-t-il, il y aura peut-être, si les listes sont confirmées en l’état, un député européen des Alpes-Maritimes. Christian Estrosi a voulu que ce soit moi. » Ainsi soit-il. Antoine Pattefoz
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la grande tchatche
Philippe Chesneau
Le Vert qui ne fane jamais Propos recueillis par Rafi Hamal, Michel Gairaud. Retranscris par Elsa Provenzano.
Que pouvez-vous espérer des élections européennes avec Europe Ecologie, alliance de bric et de broc qui regroupe des sensibilités du centre droit jusqu’à l’extrême gauche ?
E
ncore meurtris par un rude hiver enneigé, à l’heure de choisir notre invité, nous avons donc dû relever un terrible défi. Comment honorer à la fois la noble vocation de forum politique de la «Grande Tchatche» sans trahir la pulsion printanière bouillonnant dans nos veines ? Il fallait donc trouver une personnalité hors du commun capable d’incarner tout de go verdure et droiture. Mais c’est bien sûr ! Philippe Chesneau, le conseiller régional Vert qui ne fane jamais. Et ce n’est pas un mince exploit ! Rien ne semble pouvoir freiner sa floraison. Le parasite de la division a pourtant desséché l’arbuste écologiste à l’Hôtel de région. Sur les 12 élus verts en début de mandat, 5 ont rallié le PS, 2 ont rejoint le Modem. Philippe Chesneau donc, fait partie des cinq dernières branches encore vivaces. Il pousse sur les sols les plus hostiles. Toulonnais depuis vingt ans - ses fans se souviennent avec émotion des manifs à vélo qu’il a organisées dans cette ville vouée à la voiture – il s’accroche comme de la mauvaise herbe. Et qu’importe les râteaux électoraux : à peine plus de 2 % aux dernières municipales et législatives où il conduisait une liste. C’est qu’il n’a pas bourgeonné lors de la dernière lune. Il fêtera bientôt son 60ème printemps. Il en avait 18 en 68, époque où s’enracine son militantisme. Ses causes préférées déclinées sur son CV : la paix, le refus du nucléaire, la justice sociale, les droits de l’homme... De là à penser qu’il est toujours tendre comme une jeune pousse... Il a abandonné son poste de prof de lycée technique dès sa première élection aux côtés de Michel Vauzelle en 98. Partisan du mandat unique, il est donc désormais vice-président délégué à l’Emploi et aux politiques territoriales. Par conséquent, il sait désormais faire un nœud de cravate en moins de 30 secondes. Peu enclin aux joutes d’appareil et aux éclats politiques, le voilà dans le sud-est sur la liste Europe écologie, celle qui fédère les Verts, Daniel Cohn-Bendit, José Bové et des amis de Nicolas Hulot. Ses idées pour relancer l’économie ? « Travailler moins mais vivre mieux. » Son programme : « un projet politique du bonheur ». C’est le printemps ! Chesneau président ! Le pouvoir des fleurs ! M.G.
« On peut s’attendre à deux élus sur le grand sud-est (PACA, Rhône-Alpes et Corse), c’est-à-dire dépasser les 10 % et peut-être aller jusqu’à 14 %. Notre objectif est de doubler le nombre de députés verts européens pour atteindre une masse critique d’environ cent parlementaires. Nous souhaitons demain un Bruxelles de l’emploi au niveau européen capable aussi de mettre en place des mesures environnementales. La force des verts c’est que leur vision écologiste commune leur permet de développer des approches transversales plus complexes que celles portées par le binôme gauche/droite. Si le 20e siècle a été marqué par les luttes sociales, le 21e siècle sera celui de l’écologie. La conscience que le Titanic doit éviter à la fois l’iceberg social et l’iceberg environnemental est fédératrice. »
La division entre droite et gauche vous paraît-elle dépassée ? « Elle est nécessaire mais pas suffisante. Pour faire passer des lois, il faut certes des compromis mais pas de compromissions. La liste Europe Ecologie réunit des gens qui ont milité pour le oui au traité constitutionnel et d’autres, défenseurs farouches du non. Ils se sont mis d’accord sur l’adoption d’une position commune, défavorable à ce projet idéologique libéral. »
A la gauche du PS, le NPA de Besancenot ou le Front de gauche (liste PCF/parti de gauche) ne sont-ils pas mieux placés pour porter les questions sociales actuellement prédominantes ? « A mon sens, soit l’écologie s’occupe de petites fleurs et de poissons rouges, et alors je ne suis pas écologiste, soit elle est capable de lier justice sociale et gestion de l’environnement, et alors là ! Est elle meilleure que le NPA ou le PCF. Quel est leur discours ? « On prend l’argent aux riches. » Jusque là, très bien ! Mais que proposentils de nouveau après ? L’écologie pense une production locale de qualité et envisage par exemple, un temps de travail de moins de 32 heures par semaine. On estime qu’il est possible de créer 10 millions d’emplois sur l’Europe et 500 000 en France à court terme dans les secteurs des énergies renouvelables, de l’alimentation biologique et du bâtiment par exemple. Certains partis de gauche ne voient que la lutte des classes, c’est trop réducteur ! »
Au Conseil régional, n’êtes-vous pas un peu seul à défendre l’économie sociale et solidaire ? « En 1998/1999, au départ, j’ai fait mourir de rire les gens en défendant l’économie solidaire et sociale. Mais depuis, elle représente en Paca 10 % dans l’économie et 13 % dans l’emploi, autant que l’industrie et le tourisme. Depuis 2004, elle figure dans le programme régional de Michel Vauzelle. On a réussi à le convaincre. Il a même été créé un observatoire de l’économie sociale. Cette année, les patrons ont voté à 20 % pour le syndicat de l’économie sociale, adversaire du Medef. C’est une victoire idéologique considérable. »
Que pensez-vous du scandale des subventions détournées au préjudice du Conseil régional pour un montant estimé entre 700 000 et 1 700 000 euros ? « Il y a des dossiers « signalés » (Ndlr : appuyés par les élus sur des critères politiques). En essayant de faire passer en force certains dossiers, on détruit l’image de l’institution. Nous sommes allés dans le bon sens. En 1998, lors de notre première élection, le représentant d’une structure sociale se présente au Conseil régional et me dit : « Je viens chercher mes 300 000 francs annuels. » Je lui ai alors demandé de combien de postes d’insertion il s’occupait. Etonné, il m’a répondu qu’on ne lui avait jamais posé la question. Cela a renforcé ma volonté de « critériser » les attributions de subventions. A mon avis, il faut mettre l’accent sur un autre type d’abus. Exemple : la Région a donné à Atmel 93 millions d’Euros pour la recherche et le développement. A l’automne, cette entreprise de microélectronique a dit : « Merci pour votre aide mais vous savez, un emploi de cadre en Asie coûte trois fois moins cher. » Il s’agit aussi de détournement de fonds et les sommes en jeu sont autrement plus importantes. »
Face aux ravages du chômage, quels sont vos pouvoirs réels en tant que conseiller régional délégué à l’Emploi ? « En concertation avec les territoires, les comités de chômeurs, les syndicats et les agences de développement local, on a eu de très bons résultats. En 2004, on s’est engagés à créer 10 000 emplois en 5 ans, et 4 ans après, 20 000 emplois étaient nés. Bien sûr, on ne peut pas affirmer qu’ils seront pérennisés sur les 50 ans à venir. Le schéma de développement régional économique porté par Michel Vauzelle permet d’aider les entreprises locales et on a mis en place un système de prêts plutôt que de subventions à fonds perdus : l’argent rendu peut être investi à nouveau. »
Vous aviez dit : deux mandats et j’arrête. Pourtant, vous semblez envisager de vous présenter une troisième fois aux régionales de 2010 ? « Je n’en avais pas conscience au début de mon mandat, mais il faut bien un an pour apprendre le métier d’élu. Pourtant, je pense toujours qu’en étant très impliqué dans son travail, on s’use rapidement et parfois, deux mandats suffisent. Au cours de ces dernières années, on a constitué des pôles de militants écologistes et ce serait idiot de les abandonner maintenant. Je me représenterai peut-être aux élections régionales si je ne trouve pas de relais. Si la relève est prête, j’irai cultiver des radis chez moi, à Toulon. »
Il ne reste plus que 5 conseillers régionaux Verts en Paca sur 12 au départ. 5 ont rejoint le groupe PS, 2 le Modem. C’est inquiétant non ? « Une des faiblesses du mouvement écologiste, c’est sa capacité à se diviser parfois simplement pour des raisons de carrière professionnelle. On est 8 000 adhérents Verts encartés au niveau national alors qu’on devrait être 20 000 ou 40 000. Selon un sondage mené par des grandes surfaces, 20 à 25 % des Français se disent prêts à consommer autrement. Ce pourcentage représente ce qu’on appelle « le peuple de l’écologie ». Il y a une contradiction entre les attentes des citoyens et l’efficacité politique des partis écologistes. Europe Ecologie travaille là-dessus. » Le débat sur l’avenir des régions, des départements, vous semble-t-il pertinent ? « Le vrai problème, c’est que les grands décideurs n’ont pas de projets d’aménagements du territoire. Par exemple, la politique d’Hubert Falco, maire de Toulon et secrétaire d’état national à l’Aménagement du territoire, c’est à pleurer ! Il a une vision vraiment féodale qu’on peut résumer ainsi : je leur donnerai des sous s’ils me baisent la main. Si on se retrouve en lice l’un contre l’autre aux régionales de 2010, lui sous la bannière de l’UMP au moins, les choses seront claires. D’un côté le clientélisme et de l’autre le souci d’une prise en compte des impacts environnementaux et sociaux sur l’aménagement du territoire. »
Ecoutez en permanence l’intégralité de cet entretien avec Philippe Chesneau,
enregistré le 26/03/2009, sur le www.leravi.org. Et retrouvez en direct la Grande Tchatche sur le 88.8 FM, tous les 4èmes samedis du mois à 11 heures. Prochain rendez-vous : samedi 25 avril.
le Ravi n°62 avril 2009
cra sh -te st de la cultu re
Marseille-Avignon : un match « capitale » Par Elsa Provenzano
La plupart des acteurs culturels avignonnais ont la dent dure quand il s’agit de parler de l’année 2000, celle où Avignon a été sacrée capitale européenne de la culture. Mauvaise augure pour Marseille Provence 2013 ?
M
arseille n’est pas Avignon. Certes. Mais le bilan contesté d’Avignon 2000 capitale européenne de la culture jettet-il un doute sur le projet Marseille Provence 2013 ? Une question aux allures de blasphème pour les inconditionnels de la candidature phocéenne. « Il faut se battre car c’est une chance de réanimer un système culturel à l’agonie financièrement », explique avec fouge Philippe Foulquié directeur de la Friche de la Belle de mai. Et, Alain Timar, directeur du théâtre des halles à Avignon de lui donner des arguments : « j’ai trouvé le bilan globalement positif en 2000. Avignon a été lancé sur le plan des arts plastiques. Certains préfèrent critiquer plutôt que de mettre les mains dans le cambouis. » A l’opposé, Gérard Gélas, directeur du théâtre du Chêne Noir à Avignon, a gardé de très mauvais souvenirs : «Christian Lacroix, a exposé des étendards dans la ville. Fragiles, ils ont rapidement été arrachés par le mistral, le comble c’est qu’il est arlésien ! » Patrick Guivarch, directeur des cinémas Utopia à Avignon, dresse aussi un bilan peu reluisant : « 8 ans après, seule la collection Yvon Lambert est encore à Avignon. Le projet a été un gouffre financier ».
Jacques Montaignac, directeur général des affaires culturelles de la ville d’Avignon, co-organisateur d’Avignon 2000, s’inscrit en faux. « Le budget prévisionnel était de 400 millions de francs mais, endettée, la ville a finalement réalisé le projet pour un coût global de 168 millions (25,5 millions d’Euros) », souligne-t-il. Le Bipe, société d’études économiques, a évalué les retombées économiques dans la cité des papes à 180 000 millions de francs (27 273 millions d’Euros). « Des chiffres subjectifs et aléatoires, juge Jacques Montaignac. Ce qui est certain, c’est que la mairie d’Avignon est celle qui, parmi les capitales européennes lauréates, a déboursé le moins de participation financière depuis 20 ans avec 23 millions de francs d’apport (3,5 millions d’Euros) », déplore t-il. Le budget global de Marseille Provence est quatre fois supérieur à celui d’Avignon 2000 : 98 millions d’Euros. Les retombées annoncées par Bernard Latarjet, le directeur du projet, peuvent néanmoins apparaître très optimistes : « 600 millions d’Euros de recettes, 2 à 3 millions de touristes supplémentaires ». Et sur le plan artistique, quel bilan pour Avignon 2000 ? Gérard Gélas a eu le désagréable sentiment d’une grande messe culturelle parisianiste. « Pendant Avignon 2000, les artistes locaux ont regardé passer le train. » Dérive dont Philippe Foulquié s’estime protégé : « à Marseille, l’implantation locale est plus importante, la Friche a milité pour ce titre de capitale alors elle ne va pas laisser passer le train, croyez-moi ! » Mais Patrick Guivarch a le sentiment qu’à Marseille aussi les jeux sont faits. « Il n’y a aucune raison que ce soit différent, le titre de « capitale européenne » relève du spectacle comme les JO », assène le directeur d’Utopia. Gérard Gélas n’est guère plus optimiste : « Ces projets budgétivores, organisés pour pirater les fonds publics, sont menés par des gens qui veulent des articles dans Libé et Télérama. » La cité phocéenne ne gagnerait-elle pas à tirer les leçons avignonnaises ? Alain Timar regrette qu’Avignon ne se soit pas associée à Marseille Provence 2013. « Nous aurions pu prodiguer des conseils et des propositions », explique le directeur du théâtre des Halles. Agacé, Philippe Foulquié riposte vivement : « les Marseillais en ont marre d’être parrainés, Paris ça leur suffit ! » Le monde du spectacle est une grande famille…
au menu de R T T Page 22 Copinage Les mots ravis Revue de presse de Marie Page 23 Cuisiner, c'est déjà résister Picoler, c'est déjà cuisiner Supporter, c'est déjà picoler Page 24 Les amis du Ravi Abonnez-vous Page 25 Plasma et vieilles antennes Sur la toile Le navet La famille nucléaire Page 26 Les rencards Nounours
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cop inag e s
Bon plan (de campagne) un livre que l’on On a des principes dans ce mensuel. Celui notamment de ne jamais chroniquer a donc semblé nous Il s. n’a pas terminé. Mais toutes les règles sont faites pour être enfreinte ement libre télécharg en e accessibl est » e campagn de urgent de vous faire savoir que « Plan d’Europe. Le iales commerc zones grandes plus des l’une sur roman d’un s’agit Il sur Internet. e d’informatique point de départ du récit ? Franck Blanquart, cadre supérieur d’une entrepris habitants. Seule ses et ville la rejette Il . Marseille à in lendema au parisienne, est muté du jour vie… Au regard la fréquentation assidue de la zone va lui permettre de supporter sa nouvelle qui manquait à l’auteur Sarpaux, Stéphane en suite des premières pages, on repère tout de juste synthèse la trouvé enfin aurait qui L’écrivain siècle. 21ème de début ce notre pays en l’acidité de Duras, ite Marguer de entre la flamboyance de Victor Hugo, l’érotisme élégant ue fantastiq l’univers Littel, Jonathan de e historiqu contexte du Michel Houellebecq, la maîtrise é. objectivit toute En .. Rowling. de JK
Au Sud, il y avait quart Nord ue. Benito Pelegrín est un personnage atypiq liste spécia rsités, Professeur émérite des unive e, international du Baroque et du Néo-baroqu án, traducteur au Seuil du jésuite Baltasar Graci il s’est plu à signer, durant près de trois ans, et une chronique dans le Ravi, « sympathique t défini nous il e profond journal alternatif » comm livre. au nouve son de ce préfa la amicalement dans Ce dernier rassemble donc les textes publiés dans et nos colonnes, récit à la fois autobiographique ille Marse du our, d’hum oup beauc avec romancé : ouvrier des années 1950. Souvenez-vous uante tonitr la e, Vonn Tatie les aventures de l, militante communiste, celles de Madame Joliva avant rín, Peleg Benito la plantureuse ex-nonne… la d’être honoré par les universités et le fleuron de sa presse régionale indépendante, a connu dans jeunesse la dureté de l’exil, fuyant avec sa mère et ses deux sœurs, l’Espagne franquiste. Sans ici ostentation, le travail de mémoire qu’il réalise bien que ndeur profo de plus en e décrit une époqu de savantes thèses historiques. A lire ou à relire.
Plan de campagne, de Stéphane Sarpaux,
en téléchargement libre sur www.plandecampagne.net
Poétique de la marginalité
Marseille quart Nord, chronique marseillaise, de Benito Pelegrín, éditions Sulliver.
M.G.
En plein dans le M.I.L. « Derrière le bruit et la fureur de Mai 68, que j’ai emporté avec moi dans les valises comme un précieux trésor, je garde une ancienne histoire de guerre. » Voilà qui pourrait résumer l’état d’esprit du jeune Jean-Marc Rouillan. Avec une addition en tête : 68 +36 = 1000 ! Pour les valises, Rouillan ne les a toujours pas déposés, même pas au comité NPA (Nouveau parti anti-capitaliste) de Marseille. La photo de couverture intrigue immédiatement : Pourquoi une photo de Belmondo sur une moto ? La réponse survient dans les premières pages. Ce livre, récit des années du M.I.L, le Mouvement Ibérique de Libération est aussi un hommage à Salvador Puig Antich, garrotté par le régime de Franco le 2 mars 1974, ce jeune Barcelonais « avec de faux-airs de Jean-Paul Belmondo. » Rouillan le voit ainsi : Belmondo à sa première rencontre, dans l’homme de Rio, un aventurier mais au service d’une cause. Salvador appartenait au M.I.L, ce groupe d’ultra-g auche qui sévit à Barcelone entre 1971 et 1973. À l’aube, ces quelques jeunes hommes résistent dans une « situation de combat » proche de la tauromachie, à cause de l’Espagn e franquiste mais aussi parce qu’ils lancent un défi à la dictature. Comme les toreros ou les taureaux qui sont seuls dans l’arène, ils lanceront « d’amples passes de capes » après être entrés sur la seule scène qui vaille, celle de l’histoire : « Déjà nous nous habillons de lumière. » Rouillan pense avoir écrit dans cette aventure, avec ses camarades « La chanson de geste de notre camp, de notre histoire », lui qui reste modeste quant à ses actes et ses convictions. Les gestes, oui, pour la chanson, il lui manque l’air frais de l’extérieur, celui des calanques de Marseille. Jean-Marc Rouillan est entre la vie et la mort aujourd’hui, après avoir été réincarcéré aux Baumettes à Marseille, pour des propos qu’il n’a pas tenu.
De mémoire (2) Le deuil de l’Innocence : un jour de septembre 1973 à Barcelone.
Marc Rouillan. Agone 2009.
Jann-
Christophe Goby
le s mot s ravi s
le Ravi à l’habitude de faire de la retape pour L’Atinoir, la collection de l’Ecailler du Sud dirigée par Jacques Aubergy, et sa spécialité : le roman noir sud-américain inédit en France. Parmi les très bonnes surprises – le « copinage » de cette rubrique interdit de parler des moins bonnes ! -, il y en a eu d’excellentes. En particulier Harraga d’Antonio Lozano (Prix marseillais du polar 2008) et Je ne paie pas mon loyer, je fais grève de Paco Ignacio Taïbo II. Boléro noir à Santa Clara du Cubain Lorenzo Lunar, paru en février, en est une autre. La trame est classique : enquête policière sur un meurtre, huis-clos d’espace (un quartier ou barrio, d’une ville de la province cubaine) et de temps (24h). Ce court roman (95 pages) ne l’est par contre pas du tout. La prose est percutante, à plus d’un titre, le récit un tableau sombre et désenchanté de Cuba, où la prostitution, la contrebande, le marché noir se sont mués en modes de vie. A la barbe du régime. Dans sa préface, Rebecca Murga évoque joliment « une poétique de la marginalité » pour qualifier le travail de Lorenzo Lunar. L’expression peut s’appliquer également à Jacques Aubergy.
Bolero noir à Santa Clara, de Lorenzo Lunar, l’Ecailler du Sud, collection L’atinoir. J.F. P.
la revue de pre sse
de Marie Chéné
M.G.
par Djibril
Voyage en amnésie ritale L’Europe serait en crise… Angela et Nicolas ne s’entendent pas. Peut être parce que Nicolas ressemble de plus en plus à son compère italien. En effet, les Ritals ont la Berlu, aveuglés par le Condottiere qui inaugure son TGV, et son nouveau parti d’alliance avec les néofascistes. Il y déclare : « l’Italie c’est nous ». Ça reste à voir…
Horizontalement I II III IV
V VI VII VIII IX X XI XII
Naissance d’une nation. Aurait quitté Troie pour fonder Rome. Nulle part ailleurs. Souvent opposée à la culture. Attendu du tifosi. La crise multiplie les adhérents potentiels du mouvement. Fête à tout casser. S’enracine chez les morts. Au début du pays. S’approche du fissile à grands pas. Toscane et fière de l’être. Leader dans la famille. Regorge d’imagination. Menacée par la crise ? Œuvre du passé. Participe heureux. Siège Franciscain. Voisin du Latin antique. Oriente les visiteurs. Forcément admirative. Quand le Pô déborde. Situe dedans. Met dehors. Fossoyeur de la République romaine. D’un certain type. Repos du méridional. Plus chauds au Sud.
Verticalement 1 2 3
La première fut italienne. Adeptes du « Fare niente ». Minimum de survie. Partie d’une partie. Premières sur la liste. Minestrone par exemple. 4 Pas encore éclos. Mesurent le tourisme. 5 Romaines la plupart du temps. 6 Depuis l’empire Romain, ils l’ont rarement gagné. Bien repérée. 7 Place à l’intérieur. Voyelles. Bien visible. 8 Fille du Nord. Seconde note. 9 Racine latine des chevaux. Pas seulement rital. 10 Un des meilleurs esclaves. Chaussure de l’Europe. 11 Bonne chouille. Les colonnes ne le sont plus toutes. 12 Armée médiévale. Coule bien plus au Nord.
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I II III IV V VI VII IX X XI XII
Solutions n°61, mars 2009 Horizontalement : I Féminisation. / II Ruine. Ma. Re. / III Otée. Aliment. / IV Usage. Te. / V Fox. Misogyne / VI Fetes. MT. / VII Ovaires. Po. / VIII Urne. Fille. / IX Ta. Liane. OAS / X Age. Os. Mag / XI Néron. Empire. / XII Tsétsé. Eté Verticalement : 1 Froufroutant. / 2 Eut. Ouvrages. / 3 Mieux. An. Ere / 4 Inès. Fiel. OT / 5 Ne. Ame. Fion / 6 Agitera / 7 Lésés. / 8 Ami. Os. Femme / 9 Tam. Pi. Apt / 10 Etymologie. / 11 Ornent. La / 12 Net. Lésées.
le Ravi n°62 avril 2009 -
RTT 23
pic ole r... c 'e st d é jà c uisin e r
Cakes, Tu dis ? Par Pierrick du Grain de Sable
Cakes, tu dis ? Je dis que j’ai plus rien à bouffer dans ma cuisine, et qu’en attendant que le Pôle Emploi soit suffisamment opérationnel pour me donner un rendez-vous, il va me falloir de l’imagination pour cuisiner... C’est vrai qu’il fait faim ! Ne panique pas, on peut toujours improviser un truc. Je vais faire un inventaire rapide de ta cuisine. Voyons d’abord le placard : mmmmh ! Alors un parpaing, des rognures de cacahouètes, un fond de paquet de farine, une sandale, une tente six places, le Ravi d’octobre 1912, un demi-sachet de levure, 4 bocaux de vide intersidéral, quelques graines de fenouil, des filtres à café, un pneu de vélo et des rustines. Bon c’est déjà bien, dommage que tu ais pas de riz, on aurait pu faire du pneu farci avec une sauce au Ravi ! Alors ensuite au frigo, tiens elle est au frigo ta télé ? C’est pas mal ça doit rafraichir un peu les programmes mais bon il reste pas beaucoup de place pour la bouffe... Donc, revenons à notre inventaire : un truc indien assez fort pour déboucher l’évier, deux oeufs, un camembert de course, trois poireaux pas très vaillants, Deux bulbes de fenouil, « Ma vie, mon oeuvre » par Demis Roussos (ça, à mon avis, même frais, c’est pas très digeste !), un morceau de roquefort, un peu de lait et des jetons de poker. Eh bien non, sache que tu n’as pas rien à manger, car dans cet inventaire rapide des petits riens qui peuplent ta cuisine, se cachent les ingrédients de deux merveilleux cakes végétariens à base de fonds de frigo.
Cake de poireaux et roquefort Il te faut 150g de farine ½ sachet de levure 2 oeufs Un petit verre d’huile d’olive La même quantité de lait Sel, poivre 5 baies Deux cuillères à soupe de crème fraîche (si le voisin accepte de t’en dépanner) 3 poireaux Un morceau de roquefort
Commencer par faire une fondue de poireaux : Equeuter les poireaux en conservant le début du vert. Les laver soigneusement. Les émincer finement et les jeter dans une sauteuse ou une poêle bien chaude et arrosée d’un peu d’huile d’olive. Il s’agit de les cuire à feu moyen en remuant le moins souvent possible pour qu’ils caramélisent légèrement. Si ça attache trop, on peut y jeter un fond d’eau et délayer. Une fois que c’est cuit, éteindre le feu et poser le morceau de roquefort dessus avec le couvercle par dessus, le roquefort fondra ainsi à basse température et conservera toute sa finesse. Ensuite préchauffer le four à thermostat 7 (170°) et préparer l’appareil du cake : Mélanger parfaitement ensemble la farine et la levure. Puis dans une jatte, battre les oeufs avec le lait, l’huile d’olive, le sel et le poivre. Y ajouter la farine d’un coup et mélanger énergiquement pour obtenir une pâte sans grumeaux. Mélanger ensuite avec la fondue de poireaux au roquefort. Oindre le moule à cake d’huile d’olive (ou utiliser du papier sulfurisé) et faire couler la préparation dedans. Enfourner 45 mn. Avant de démouler le cake et de le trancher, il faut le laisser refroidir un peu. Présenter sur un parpaing avec des jetons de poker autour pour faire joli.
Cake au camembert et au fenouil Il faut 150g de farine ½ sachet de levure 2 oeufs Un petit verre d’huile d’olive La même quantité de lait Sel, poivre Un demi-camembert bien fait bulbes de fenouil Quelques graines de fenouil
Deux petits
Préparer l’appareil du cake comme expliqué au-dessus, y ajouter le fenouil cru finement émincé et le camembert en petits morceaux. Disposer dans un plat à cake et parsemer de graines de fenouil. Cuire et découper comme dans la recette précédente. Mettre des charentaises, s’enrouler dans une grosse couverture et déguster dans le frigo en regardant la télé ou en lisant Demis Roussos. Le mois prochain, si tu n’as toujours pas fait les courses, je t’expliquerai comment faire un vrai repas de fête avec ce qu’il reste dans la cuisine : Soupe de sandales et filtres à café panés trempés dans une petite sauce indienne bien corsée (s’il n’a pas fallu déboucher l’évier d’ici là).
À Violès, y’a du plaisir par Etienne Ballan
Le coin.
C’est plat, très plat. Un jour d’automne où la fin des vendanges annonce le début des fraîcheurs, où le vent saisit à l’angle des bâtiments. Rien à voir avec ce beau jour de l’été, quand Violès faisait la fête à ses vins. Pourtant modeste, Violès, village où l’eau coule à la place des trottoirs. Mais comme alentour, le Côte du Rhône veut péter plus haut que son cul. On vend le verre de dégustation à l’entrée de la foire : maintenant il faut acheter pour pouvoir goûter… pour vouloir acheter ! Passons… Au milieu des marchands du temple de Bacchus, on repère les Geines, bio, pour son Rasteau doux. Appellation « authentique » de Rasteau, ce vin doux a fait la fortune des vignerons jusque dans les années 70. Ces ingrats, aujourd’hui, n’ont d’yeux que pour le rouge sec. Ce dernier doit d’ailleurs passer en « cru » en 2009, 25 ans après la première démarche (1). Les prix du rouge vont monter et le Rasteau doux naturel va se raréfier. Avant de le déboucher, ce Domaine des Geines 2005 a déjà un petit parfum de vestige.
Le vin. Fallait-il le goûter le jour de la manif ? Ce 19 mars, bien cuits par le soleil qui les a remerciés de leur mobilisation historique, René et Ginette sont déjà ivres de la rue quand ils débarquent à ma table. Les Geines, ça devrait les calmer, c’est lourd, puissant, un parfum de noix, d’orange amère, de Grand Marnier. René fait dans le minimal : « ça cogne, ça fait bien ses 17 degrés ». Très vite, c’est la poussière qui remonte du placard où les parents planquaient le vieux Porto. Ginette, toujours bigote : « ça sent la vieille église », comme une eau bénite qu’on aurait laissé macérer dans l’encensoir… On évoque tous les plats robustes qui pourraient tenir et valoriser cette sucrerie : un vieux cantal, un gibier cuisiné au fruit rouge, soupe à l’oignon, munster ou roquefort, etc. Plus sobrement, on lui verrait bien une tarte aux myrtilles comme partenaire d’une fin de repas sur une grande table en bois. Enfin, c’est René qui dégotte le vrai parfum, celui d’une figue séchée dans une coupe en argent, maintenu un peu fraîche par l’humidité des caves du Palais des Papes. « D’ailleurs on devrait le boire dans un musée lapidaire », reprend Ginette, qui nous remettrait volontiers sur le droit chemin. Las, c’est plutôt à l’orgie fin de siècle, version luxure papale, que le plaisir de boire ces Geines nous convie.
Domaine des Geines, 2005. 9,90 euros. (1) « Les vins doux deviennent anecdotiques, pratiquement des cuvées confidentielles : on peut le déplorer, mais cela nous ouvre définitivement les portes du passage en cru ». JJ Dost, directeur de la coopérative de Rasteau, in Le Point, 11 septembre 2008.
su ppor te r... c 'e st d é jà pic ole r
le s ami s du Ravi
24 RTT - le Ravi n°62 avril 2009 -
Des élèves qui ont des choses à dire ! Comme vous le savez (après vous avoir rabattu les oreilles sur presque 4 numéros), le Ravi organise des ateliers sur la presse indépendante et le dessin de presse dans le cadre de la semaine de la presse à l’Ecole. En mars, nos preux journalistes et dessinateurs(trices) étaient partout : de Château-Arnoux, à La Garde ou encore Miramas, Gardanne, Toulon, Marseille… Une action qui se poursuivra encore début avril dans d’autres établissements de la région Paca. Jean Tonnerre et Moix ont ouvert le bal. 16 mars 2009. Alpes de Haute-Provence. Collège Camille Reymond. Château-Arnoux. 10h30 – 12h15. Classe de 3ème 4 accompagnée de leur professeur de dessin. 30 élèves. « Des élèves qui ont des choses à dire », selon M. Lecomte, chef de l’établissement venu souhaiter la bienvenue au Ravi. En effet, des élèves qui inventent des mots : on ne dit plus caricaturer mais satirer, et aussi de nouvelles définitions : « Savez-vous ce que signifie satire ? » Qui attire Monsieur. Des élèves qui pensent que l’on devient journaliste par la photo. Des élèves qui connaissent les limites de la caricature : « on ne peut pas caricaturer Nicolas Sarkozy et sa famille, sa vie privée ; la religion, la pédophilie, le viol ». Mais surtout des élèves soucieux de leur devenir, de celui de leurs parents et de leur département. Un travail de mise en situation leur a été proposé sur un sujet d’actualité de leur souhait. Ce sera le sort de l’usine Arkema à Château-Arnoux (lire également notre article page 18). 24 dessins ont été produits et présentés à tour de rôle à la classe. En voici un tout petit échantillon.
Chloé Charlier
Lors de la rencontre des « amis du Ravi »
organisée à Toulon le 11 mars dernier au Café Culture, Toulon Var Déplacement a invité le Ravi à participer le samedi 21 mars à une réunion publique portant sur le débat « un collectif pour le tramway à Toulon ? ». Henri Pidoux, un « ami » toulonnais, s’y est donc rendu.
L’union fait le tramway ? Il n’y avait pas que des jeunes samedi 21 mars au Foyer de la jeunesse à Toulon. En réponse à l’invitation de Toulon-Var-Déplacements – TVD (1) pour les intimes -, de nombreux représentants d’associations étaient venus organiser un collectif de défense de la célèbre Arlésienne locale : ZE tramway of TPM. Parmi les villes françaises comparables, Toulon-Provence-Méditerranée est en effet la seule à ne pas s’être équipée de ce commode transport en commun. Pour Hubert Falco, l’homme fort de l’agglomération et de la droite varoise, « le tramway, c’est dépassé », c’est son avis et il le partage … mais avec qui au juste ? Ses voisines méditerranéennes ? Nice a une ligne, Marseille 2, et c’est tellement dépassé que Montpellier construit la 3ème ! Plus au nord, Strasbourg en est à 5 lignes, Paris, pourtant bien pourvue en métros et autres RER, en a 4, Nantes et Grenoble en sont à 3, comme Bordeaux qui a choisi l’APS (Alimentation Par le Sol), Lyon prépare sa 4ème ligne, Lille, Rouen et Saint-Etienne en ont 2, tout comme Mulhouse qui attend le tram train, Valenciennes et Le Mans ont une ligne, Orléans construit sa 2ème, enfin le tramway est en construction ou en projet avancé à Angers, Reims, Toulouse, Brest, Le Havre et Tours… En 2005, Toulon, pardon, TPM, aurait même figuré dans cette dernière catégorie : oui, oui, un vrai tramway était bel et bien programmé, financement assuré, première tranche achevée en 2011 ! Puis, en 2007, coup de mou, Falco annonce 2013 pour l’achèvement de la première tranche du TCSP : Transport en commun en site propre, certains flairent l’arnaque, et si ce n’était plus un vrai tramway sur rails ? Gagné ! Selon une méthode à la Sarko bien rodée (je décide, je ferai voter après), Falco nous vend désormais le BHNS, comprenez Bus à haut niveau de service, soit pour le pékin moyen : plus de bus de plus grande capacité avec une plus grande fréquence. Du coup, les pékins voient rouge : TVD, Toulon@avenir (2), divers C.I.L (comités d’intérêts locaux) (3) ou associations, et des citoyens sans étiquette vont se constituer en collectif, pétitionner,
agir juridiquement et même inaugurer symboliquement boulevard de Strasbourg la première station du vrai tramway toulonnais ! A suivre, réunion constitutive du Collectif samedi 4 avril, 9h30 au foyer de la Jeunesse, place d’Armes, tout un symbole ! Henri Pidoux (1) http://tvd83assofr.olympe-network.com (2) http://www.toulonavenir.com (3) Par exemple, le regroupement des 17 C.I.L de l’est toulonnais a déjà écrit à Hubert Falco.
bu llet in d ’ab on nem ent Je m’abonne au Ravi ! Abonnement normal
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2 ans
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navet
le Ravi n°62 avril 2009 -
RTT 25
par Brock Holly
tv
Plasma et vieilles antennes
Un espoir inespéré Par Rébecca Blackfoot Derrière des lunettes sages, l’homme affiche un air de cadre de la fonction publique ou cléricale, au choix. Sobre et discret. On pourrait croire que, dans son univers tranquille de livres et de verdure surplombant la Méditerranée, il est la mesure même, la sagesse incarnée. France 5, vénérable chaîne de la connaissance, propose son portrait dans la série de documentaires Empreintes. Mais en vérité, je vous le dis, nous avons affaire à un grand malade. « Polyphrène » avide et compulsif, Boris Cyrulnik, le psychiatreécrivain aux mille casquettes est aussi neurologue, sociologue, éthologue, ethnologue et plus si affinités. Il envahit le PAF à la moindre occasion. Pas seulement les hype émissions littéraires dans lesquelles on fait l’éloge de ses best-sellers. Le docteur honoris causa de Lima peut danser le tango sur les plateaux des émissions matinales. Quel que soit le sujet, tous les chemins mènent à celui qui murmure, ou plutôt qui hurle, à l’oreille des gabians. Madone en plastique fluorescent, il éclaire nos esprits de ses révélations : « le pouce est supérieur au témesta », « l’orgasme commence au premier regard », « les femelles singes sont de très bonnes menteuses »... Toujours prêt à transformer l’essai, à se jeter dans la mêlée ! Ce passionné du ballon ovale n’a peur de rien. Il faut dire que lorsqu’on a échappé, enfant, à une rafle en se cachant dans les toilettes de la synagogue de Bordeaux, plus grand chose ne doit faire peur. « Avoir un bon copain » comme le dit la chanson. Boris et Rufo se connaissent depuis leurs débuts d’internes aux hôpitaux de Marseille. Ensemble, ils ont travaillé sur le cas des orphelins roumains. Des enfants diagnostiqués autistes, parqués dans des salles de 60 lits, qui avaient pour seul contact avec le monde une gamelle. Le duo de choc relève le défi et révèle : Le cerveau fond ! Les scanners sont formels. L’isolement sensoriel, le manque de communication font fondre le cerveau pour de vrai et transforment ces enfants a priori normaux en pseudo-autistes qui rongent les barreaux de leurs petits lits blancs et s’agitent tels de mélancoliques culbutos. Une note d’espoir ? Si le cerveau se vide, il peut éventuellement se remplir ! Encore faut-il que les conditions du remplissage soient réunies : Soins et amour ! Nos psy-beatniks tanqués dans une barcasse rigolent comme des baleines... Les deux amis, habitués des projecteurs, se remplissent les lobes et le cervelet. Boris se souvient de sa sortie en mer avec des schizophrènes dans les années 70... La poilade ! Boris a l’oeil qui frise et nous amadoue avec sa bonhomie. Ne nous y trompons pas : dans une peau de professeur toulonnais émérite, se cache Boris le rouge. Son œuvre bat en brèche les tristes sires qui martèlent que tout se joue avant 6 ans et les sinistres adeptes du dépistage des délinquants de moins de 3 ans. Résistance ! Résilience ! Non, il faut savoir dire Non ! Pour que tous les vilains petits canards du monde aient la chance de devenir un jour des cygnes !
net
Sur la toile
Tous les mois dans le Ravi, l’animateur de Rue89 Marseille surfe dans notre région virtuelle…
My blog is beautiful (2/3) Par Rémi Leroux Nouvelle plongée dans les profondeurs abyssales de l’internet en Paca et tout spécialement des blogs animés par les internautes du cru. Après un détour dans le Var le mois dernier, quelques clics bien sentis, cette fois-ci du côté d’Aix-en-Provence. Et de se rendre compte qu’il se passe, sur la toile du Roy René – si l’on peut dire -, des choses surprenantes. En virtualité, la toile aixoise est remarquablement interconnectée et il s’y lit d’ailleurs des choses importantes, notamment à l’heure de critiquer la politique municipale menée par Maryse Joissains et, au-delà, de pointer du doigt les limites du fonctionnement politique local. En cela, la blogosphère aixoise est devenue un outil indispensable au débat démocratique puisque ce n’est pas dans l’enceinte du conseil municipal qu’il a lieu. Majorité et opposition aixoises sont si étroitement interdépendantes, si redevables l’une envers l’autre qu’il fallait aux « citoyens » inventer un nouveau théâtre, une nouvelle scène où réfléchir et débattre des affaires de la cité. Tête de pont de cette petite révolution, depuis deux ans et demi, Lucien-Alexandre Castronovo, « citoyen d’Aix-en-Provence » et ancien élu municipal qui a compris tout l’impact que pouvait avoir une info bien sentie diffusée sur un blog (castronovo.canalblog. com). A en devenir une sorte de sacerdoce : dénoncer dès que l’on cherche à cacher, mettre sur la place publique dès que l’on cherche à enterrer. Pas vraiment de quoi faire plaisir aux édiles locaux ? Qu’importe. Dans la foulée de Lucien-Alexandre Castronovo, plusieurs « citoyens » et « citoyennes » d’Aix ont opté pour cette forme de participation dans la vie de la cité, via un blog. C’est le cas, par exemple, de Cixi-Hélène, « impératrice d’Aix-en-Provence » et « seule aixoise qui coagule en forme de calisson », comme elle se présente brièvement sur son blog (cixi-helene.over-blog.com), qui a ouvert son site il y a un an. Elle a été référencée le 6 mars dernier par l’hebdomadaire Vendredi comme l’un des cent blogs féminins (sic) qui comptent en France. C’est rien de le dire ! Dans le fond, Cixi-Hélène n’a pas vraiment son clavier dans sa poche et ses posts, très divers, sont souvent trempés dans l’acide. Elle ne rate généralement pas les aventures de l’ex-couple Joissains ou celles des journalistes de La Provence, aventures qu’il arrive d’ailleurs parfois au premier de partager avec les seconds. Corrosive, Cixi-Hélène ? Cela dit, même si elle se raconte un peu, on ne sait pas qui est, réellement, Cixi-Hélène. Petite parenthèse ici pour signaler que cette question de l’anonymat sur internet, via l’usage du pseudo, fera l’objet d’une chronique en soi. L’anonymat, ce n’est pas l’option retenue par Achim Gertz, autre blogueur intéressant, lui plutôt ouvert sur le Pays d’Aix – il est implanté physiquement à Fuveau – et attiré, comme les deux précédents, par la chose politique (a.gertz.over-blog.com). Il se dit « émerveillé par le monde mais consterné par la tournure que prennent les choses »...). Signalé ici aussi pour ses délicieux « poissons-bulles » qui commentent l’actualité.
les rencards
26 RTT - le Ravi n°62 avril 2009 rencontres et débats Aix-en-Provence Vendredi 10 avril, 9h30-17h salle Paul-Albert Février de la Maison Méditerranéenne des sciences de l’homme (5 rue du Château de l’Horloge), l’UMR Telemm organise sa 2e journée d’études « Villes et culture en
Méditerranée ». Au programme : Culture et
grands projets, l’exemple de Marseille-Provence 2013 (9h30-12h30) ; Art, requalification urbaine et « friches culturelles » (14h-17h). Entrée libre.
Arles Samedi 4 avril, 15h amphithéâtre Van Gogh (place Felix Rey), l’Université populaire d’Arles, en collaboration avec le Musée Départemental de l’Arles Antique, propose une conférence-débat de
Jean-Paul Deloume sur le thème : « Peuton dater les origines de la violence ? »
vous régional de la création et du développement d’entreprise Au programme : ateliers, forums, animations, etc. Entrée libre. Infos : www. generation-entreprendre.com.
Marseille Mardi 14 avril, 18h30 espace Ecureuil (26 rue Montgrand, 6e arr.), dans le cadre de son cycle « Les horizons du savoir : la zététique, la science en doute… » l’Association Science Technologie Société propose une conférence de Gilles Boëtsch
Vie et Trajets de Ville dans le cadre du festival Danse en avril. Programmation : vendredi 10 Trajets de Ville à 19h, cours Foch ; samedi 11 Trajets de Vie à 11h en centre-ville et Trajets de Ville à 19h cours Voltaire. Infos : www.exnihilodanse.com.
Marseille Jusqu’au 14 avril, le Comptoir artistique phocéen Andiamo (30 cours J. Thierry, 1er arr.) accueille
l’exposition photographique du groupe électro-punk-dub Zonk « Fonker express :
(anthropologue, président du conseil scientifique du CNRS) sur le thème : « Yéti, un mythe ? » Infos : 04 91 57 26 49 -
fragments visuels d’une ballade autour du monde ».
www.asts.asso.fr.
Marseille
Marseille
Jusqu’au 30 avril, la boutique éthique et culturelle Pangea (1 rue de l’Abbaye, 7e arr.) accueille « Kalawayas de Bolivie : histoires d’hommes et de plantes », une exposition du photographe
Mercredi 15 avril (horaire et lieu à préciser), Attac Marseille et le Snes Sup organisent une
Infos : 04 91 95 80 88.
Eric Latil sur les médecins itinérants des Andes. Infos : 04 91 33 64 13 – ethicomundo@
Lundi 6 avril, 19h-21h auditorium de la Maison de la Vie Associative (Bd des Lices), l’association Aix-Alzheimer, antenne d’Arles, propose une
conférence-débat sur les élections européennes du 7 juin sur le thème : « Droits et démocratie dans l’Union Européenne ». Participation de Thomas Coutrot du Conseil Scientifique d’Attac France. Infos : www.
Moyen Var
conférence-débat sur la maladie d’Alzheimer et l’actualité thérapeutique par
Martigues
Infos : www.upoparles.org.
Arles
Antoine Lejeune (médecin neurologue) et la prise en soin des familles et des malades par Marie-Odile Desana (présidente d’Aix-Alzheimer).
Avignon Samedi 25 avril, 14h-18h parc des Libertés (île de la Barthelasse), Attac 84 et les Amis du Monde Diplomatique proposent un forum sur les enjeux des élections européennes. Entrée
local.attac.org/marseille.
Jeudi 16 avril, 18h30 cinéma Jean Renoir (rue Jean Renoir), la Maison des jeunes et de la culture de la ville organise une soirée autour de la notion de résistance. Au programme : bistrot philo « resister est-ce exister ? » (18h30), lecture par Gabriel Cinque de Je suis le dernier juif - Treblinka (1942-1943) de Chil Rajchman (21h). Infos : 04 42 07 05 36 – www.mjc-martigues.com.
gmail.com.
Du 5 au 11 avril à Bauduen, Draguignan, Lorgues, Vidauban, l’association la Grenouille bleue organise
la 5e édition de son festival de contes Festi’contes. Infos et programmation : http:// la.grenouille.bleue.free.fr.
Nice Samedi 11 avril, 20h-23h amphithéâtre de l’Espace Garibaldi (place Garibaldi), l’association France Amérique Latine organise une projection de documentaires sur Cuba. Au programme : « La isla durmiente » de David Martin de los Santos et « Cuba : el arte de la espera » de Eduardo Lamora (en
libre et gratuite. Infos : www.local.attac.org/84.
Nice
La Seyne-sur-Mer
Jeudi 9 avril, 19h30 au Rialto (4, rue de Rivoli), l’Association Adn et RESF 06 proposent une
Mercredi 8 avril, 19h30 Les Chantiers de la lune (31 place Benoît Frachon), soirée philo
projection débat autour du film « Pour un instant la liberté » de Arash T Riahi
Paca
(Iran, 2009), long-métrage burlesque sur les destins croisés d’exilés iraniens. Débat animé par RESF 06 en présence de Behi Djanati Ataï, actrice du film. Infos :
Comme chaque année, les Rencontres du cinéma sud-américain de l’Association solidarité Provence Amérique du Sud se délocalisent en Paca. Pour sa 11e édition, le
animée par Jean-Claude Grosse sur le thème : « Déterminisme ou hasard, et si le hasard était une clé ? » Infos : http:// leschantiersdelalune.com.
Le Pradet Vendredi 10 avril, 18h Espace des Arts, dans le cadre du salon du de l’Environnement et du développement durable (du 8 au 12 avril),
conférence d’Odile Jacquemin, architecte, urbaniste et historienne sur le thème : « le Littoral en question ». Infos : www.grainepaca. org.
Marseille Samedi 4 avril, 17h dans ses murs (3 rue SaintDominique, 1er arr.), le Cira organise une
Causerie animée par Adéle Zwicker sur Insaisissable, les aventures de B. Traven (Ed. L’insomniaque, 18 euros), une biographie de Rolf Recknagel sur Ret Marut, pamphlétaire anarchiste munichois (début 20e siècle). Infos : http://cira. marseille.free.fr.
Marseille Mercredi 8 avril, 10h devant le Palais de justice (6 place Montyon, 6e arr.), rassemblement contre
le « délit » de solidarité et le droit à l’aide et à l’accueil des personnes sans-papiers en difficulté. Infos : www.emmaus-france.org.
Marseille Jeudi 9 avril, 18h30 Cité des associations (93 la Canebière, 1er arr.), dans le cadre de son cycle sur « La République et l’immigration : histoire et enjeux actuels », l’association Approches, cultures, territoires propose une conférence du sociologue
Olivier Noël sur le thème : « République et discriminations, une histoire paradoxale ». Infos : http://www.approches.fr.
04 93 13 49 78 - www.adn-nice.org.
Paca Rencontres avec François Ruffin auteur de « La guerre des classes » (Fayard), collaborateur au Monde Diplomatique et à l’émission « Là-bas si j’y suis » (France Inter) et principal animateur du mensuel indépendant d’Amiens le Fakir. Dates : le 14 avril à Marseille, 19h librairie Païdos (54 cours Julien, 6e arr) ; le 15 avril à Toulon, 17h30 FNAC Centre Mayol ; le 16 avril au Cannet, 18h30 salle de réunion du Centre administratif de
présence de ce dernier). Entrée : 5 euros.
festival propose une sélection de sa programmation à La Ciotat (du 5 au 7 avril au cinéma Lumière, Place Evariste Gras), à Forcalquier (mercredi 8 avril au cinéma Le Bourguet, place du Bourguet), à Manosque (jeudi 9 avril cinéma Le Lido, 2 av. SaintLazare), à Digne (vendredi 10 avril au CinéToiles, avenue François Cuzin) et à Saint-Bonnet en Champsaur (dimanche 12 avril au cinéma Le Central, rue de la Trésorerie). Programmation et infos : www. aspas-marseille.org.
Rocheville.
Vitrolles
Toulon
Samedi 11 avril, 21h dans ses murs (Domaine de Fontblanche), le Moulin à jazz programme
Jeudi 9 avril 2009, à 20h cinéma Le Royal (2, rue du Docteur J. Bertholet), l’Association des vétérans des essais nuclaires propose la projection de « Gerboise bleue », documentaire français de Djamel Ouahab (2009, 1h30) sur les vétérans français et les Touaregs algériens victimes des premiers essais atomiques français dans le Sahara (1960-1966), suivie d’un débat animé par Georges Reynier, représentant en Paca de l’Aven, sur le thème : « Essais nucléaires français du Sahara : le désert n’était pas inhabité ». Infos : www.ldh-toulon.net.
RTT
Aix-en-Provence et en Pays d’Aix Du 8 au 14 avril, l’association Images de ville organise ses 4e Journées du film sur l’environnement. Thème de cette édition : le monde paysan. Au programme : 55 films (fictions, documentaires, etc.), invités (cinéastes, spécialistes de l’environnement, acteurs du monde agricole…), focus sur le cinéma italien, éco-forum agriculture et
Marseille
alimentation bio. Infos : www.imagedeville.org.
Jeudi 9 (14h-18h) et vendredi 10 avril (10h-17h), hall 1 Parc Chanot, l’association Génération Entreprendre organise la 11ème édition de son Forum Génération Entreprendre, rendez-
Aubagne Vendredi 10 et samedi 11 avril, la compagnie Ex
Nihilo présente ses spectacles Trajets de
Christophe Leloil sextet « E.C.H.O.E.S. ». Tarif : 10 euros. Infos : www.charliefree.com
associations
Paca L’association Polly Maggoo, organisatrice des 4e Rencontres internationales sciences et cinémas (RISC), lance un appel à candidatures. Tous les genres de films dont le sujet est directement ou indirectement lié à des thématiques scientifiques sont éligibles. Il n’y a aucun critère de durée ni de format (vidéo ou pellicule) ; les films doivent être en version originale (sous-titrée en français si la production est non francophone). Cette manifestation est non compétitive. Date limite de réception des films : 1er juin 2009. Infos et téléchargement de la fiche d’inscription et du règlement : http://www.pollymaggoo.org.
Paca Pour le 1er Eco-Festival, du 3 au 5 juillet à SaintJeannet (06), le Pôle d’initiatives locales d’économie solidaire recherche des films libres de
droit sur l’eau, l’agriculture bio, la consommation en circuit-court… Contact : 06.64.30.23.74 (Christophe Giroguy) - http:// economiesolidaire-nice.over-blog.com.
Asso ciati ons !
e vos objectifs dans le Ravi. Annoncez vos manifestations de mai, recherchez des bénévoles, faites connaîtr on, son objet social et ses associati votre Envoyez votre texte (40 mots maximum) en indiquant le nom de : diffusion@leravi.org ; courriel Par nt… événeme votre de l’horaire et coordonnées complètes : la date, le lieu tard le lundi plus Au 03 21. par courrier : le Ravi – 11 Bd National 13001 Marseille ; par fax : 04 91 62 juin. 4 jeudi au avril 30 jeudi du 20 avril pour publication dans le Ravi n°63, en kiosque
n° 62 avril 2009 Maison fondée en 2003 Adresse 11 boulevard national, 13001 Marseille Site internet www.leravi.org Courriel <redaction@leravi.org> Téléphone 04 91 08 78 77 Fax 04 91 62 03 21 Dépôt légal 12-09-05 -ISSN : 1760-1754 Directeur de la publication Étienne Ballan Rédacteur en chef Michel Gairaud <mgairaud@leravi.org> Grand reporter Jean-François Poupelin <jfpoupelin@leravi.org> Développement Chloé Charlier <ccharlier@leravi.org> Ils ont écrit dans ce numéro Étienne Ballan -Rébecca Blackfoot -Louise Fessard -Michel Gairaud -Benoît Gilles -Christophe Goby -Rafi Hamal -Rémi Leroux -Mercator -Pierrick & Sylvain -Antoine Pattefoz -Jean-François Poupelin -Elsa Provenzano -Rackham -Jean Tonnerre Ils ont dessiné dans ce numéro Ben8 -Brock Olly -Charmag -Marie Chéné -Fathy -Christophe Lopez -Moix -Red -Tone/CDM -Trax -Yacine Secrétariat de rédaction Agnès Chapal -Zazimut Maquette et mise en page Marc Douguet <mcdoug@club-internet.fr> N°CPPAP 1208G83983 Imprimé à IPS, Z.I des Iscles, 13160 Châteaurenard le Ravi est édité par l’association “la Tchatche”
AVRIL
p oid s lour d
le Ravi n°62 avril 2009 -
Moi, Loïc Fauchon
L’humanitaire qui SEM le trouble Président du Conseil mondial de l’eau, Loïc Fauchon est considéré par les promoteurs du libre droit à l’accès à l’eau potable comme leur principal adversaire. PDG de la Sem, les politiques marseillais le craignent.
Faites plaisir à un âne, il vous chiera des crottes ! Excusez la vulgarité, mais ce que je viens d’encaisser au 5e Forum mondial de l’eau (FME) à Istanbul est un peu dur à avaler (1). M’accuser d’organiser une « foire commerciale » pour « marchands d’eau » et d’être vendu à Veolia et Suez (2), c’est fort de café ! Ca fait quand même douze ans que je milite pour le droit à l’accès de tous à une eau propre et à l’assainissement !
Par Brandon Hersant
« La gratuité est un fléau qui mène au gaspillage »
Je m’énerve pas, j’explique. J’ai la réputation d’être sanguin et vous jugez sans connaître. Mais c’est un peu ma faute : comme tous les Bretons, je suis aussi pudique. Donc, Loïc Fauchon, 60 ans, PDG du Groupe Eaux de Marseille depuis 1997, la Sem pour les locaux, président du Conseil Mondial de l’eau (CME) depuis 2005 et de Trans-Sahara, une association spécialisée dans le transport d’urgence en Afrique subsaharienne et en Europe de l’est, depuis 1977. Une passion : le désert. Né les pieds dans le lisier, humanitaire et amoureux des espaces arides, sans m’vanter, y’a pas mieux que moi pour mener le combat de l’eau potable pour tous ! D’ailleurs, je fais l’unanimité : je viens d’être réélu à la tête du CME.
Seuls quelques gauchistes mal embouchés me soupçonnent de conflit d’intérêts et d’utiliser les FME et mon ONG pour accélérer la signature de contrats de délégation de service public. Sur le seul fait que la Sem est l’empire provençal de Suez et Veolia et le Conseil, un vulgaire lobby. Un peu faible. Je suis quand même un des rares à rappeler sans cesse qu’1,2 milliards d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable, que 2,5 milliards ne disposent pas d’un système d’assainissement décent et que près de 8 millions de personnes (1,5 millions d’enfants) meurent chaque année d’une maladie liée à l’eau. Quand ils ont vu ces chiffres, scientifiques, gouvernements, ONG et institutions internationales ont tous voulu être de l’aventure du CME. C’était en 1996, ça faisait quatre ans que j’avais quitté la mairie de Marseille – où j’avais été le bras droit de Gaston Deferre puis le directeur général des services de Robert Vigouroux pour le monde de l’eau. Pour nous, les multinationales, il y avait surtout un juteux marché : 90 % des pays fonctionnaient encore en régie publique. Car notre objectif, inavouable, est d’imposer la délégation de service public comme modèle de gestion de l’eau et de l’assainissement au niveau mondial (3). En profitant, si nécessaire, de pouvoirs pas franchement démocratiques. Les bailleurs, Banque mondiale et FMI en tête, ont approuvé. Aujourd’hui, avec plus de 300 membres, le CME est un merveilleux cheval de Troie. Il a tout du très secret OMC.
1 Fondation Danièle Mitterrand (10/03/09). 2 70 communes en délégation, 18 filiales (2 au Maghreb), 450 millions d’euros de chiffre d’affaire. 3 En 2003, le CME a commandé un rapport à Michel Camdessus, ancien directeur du FMI, qui a notamment institué ce principe dans les échanges internationaux sur l’eau. 4 www.eauxglacées.com (18/02/08) 5 Manière de Voir n°81 (01/08/05). 6 Son étude « Prix et marges de l’eau » du 29/10/07 conclut à une marge de 56,1 % pour la Sem. Sur 20 villes étudiées, elle a été le seul délégataire pointé à porter plainte. 7 Jean-Luc Touly, auteur de « L’eau des multinationales, les vérités inavouables » chez Fayard le Ravi n°61. 8 Respectivement présidents socialiste du Conseil général des Bouches-du-Rhône et de la Région. 9 Dauphin malheureux de Gaston Deferre battu par Robert Vigouroux.
Mais restons prudents. La malheureuse expérience sud-américaine de Suez a montré que les pauvres sont aussi grippe-sous que les Français. J’ai donc mis mon enthousiasme en sourdine. Après avoir longtemps siffloté « l’eau, c’est toujours la vie, l’eau c’est parfois la mort. Mais l’eau c’est aussi le pouvoir, l’eau c’est aussi l’argent » (4), je suis revenu à une complainte plus humanitaire : « La gratuité est un fléau qui mène au gaspillage. Mais, le droit d’accéder à une eau saine et celui de bénéficier de l’assainissement sont des éléments essentiels de la dignité humaine. » (5)
« J’ai la plainte en diffamation facile » C’est la ligne officielle, la seule que j’avouerai ! Prenez-en bonne note, car j’ai aussi la plainte en diffamation facile. L’UFC Que Choisir peut en témoigner : d’ici l’été, elle devra répondre de ses accusations de surfacturation de mes services de distribution d’eau et d’assainissement à Marseille (6). Autre exemple : en 2005, lorsque le traître Touly, celui qui a dénoncé les provisions de renouvellement de Veolia (7), a voulu ironiser sur mon indépendance à l’occasion de l’appel de Varages pour le service public de l’eau potable en France, il a vite été mis en garde par Jean-Noël Guérini et Michel Vauzelle (8). Une sagesse largement partagée sur le Vieux-Port. La remunicipalisation y est d’ailleurs un tabou. Est-ce parce que Jean-Claude Gaudin est enchanté par la bonne image de la ville que je véhicule ? Parce que les socialistes sont figés par le souvenir de ma haine pour Michel Pezet (9) ? Parce que les deux sont inquiets que je sois loin d’être le seul à avoir pris la passerelle entre la mairie et la Sem ? A moins que ce ne soit la concurrence de Durban pour accueillir le 6e Forum mondial de l’eau. C’est en 2012, un an avant la fin de mon contrat de délégataire et à deux ans des municipales. L’Afrique du sud est une jolie porte d’entrée sur le continent noir...
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le Ravi n째62 avril 2009