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Tous en campagne

Ces citadins qui rêvent la vie en vert

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n° juin 2009 www.leravi.org

Nucléaire : Préfecture : Universités :

Iter explose les coûts Séjour sur le trottoir UFR de la matraque


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Métropoles & trous jolis 19

Toulon

Un fumet de discorde Des riverains soumis aux fumées de l’incinérateur, haussent le ton et réclament l’application du principe de précaution. Leur combat pourrait faire écho dans une région qui compte cinq brûle-bordilles…

Chez les riverains de l’incinérateur de déchets, la fronde s’organise autour d’un collectif : Air Pur 83, avec à sa tête Joël Digo. « Nous demandons au préfet le lancement d’une enquête d’impact épidémiologique, souligne-t-il. Il n’existe pas de registre du cancer sur notre département. » Inaugurée en 1983, l’usine d’incinération est le bébé d’un certain Maurice Arreckx, ancien sénateur-maire (UDF-PR) de la ville, diplômé es magouilles. Exploité par un Syndicat intercommunal de transport et de traitement des ordures ménagères de l’aire Toulonnaise (Sittomat), l’incinérateur ne cesse de monter en charge avec 26 communes contre 19 en 2004, pour une capacité totale d’incinération de 285 000 tonnes/an. « Un incinérateur en pleine zone urbaine est une ineptie, s’étrangle Bruno Maranzana, conseiller général PS et membre du collectif. Même si à l’époque on ne savait pas, aujourd’hui on connaît tous les dangers. On a fait volontairement le choix de sacrifier une partie de la population. En 2001, l’usine est devenue obsolète par rapport aux normes européennes. » Un rapport de l’Institut national de veille sanitaire (INVS), affirme que les « risques » se situent dans un rayon de cinq kilomètres autour de la cheminée. « En 2005, l’usine a subi une importante rénovation, explique Jean François Fogacci, directeur du Sittomat. Nous avons suivi toutes les mises en conformité. Nous sommes

dans les normes européennes. Avec le travail en amont du tri sélectif, l’incinération est passé de 81 % à 63 %. » Mais ces informations chiffrées ne suffisent pas à rassurer. « On exige l’application du principe de précaution. il s’agit d’obtenir des garanties juridiques et scientifiques. C’est une question de santé publique », s’entête le Conseiller général socialiste. « L’indignation et les inquiétudes de Bruno Maranzana sont cycliques. Il se réveille toujours à l’approche des élections, le reste du temps, il dort », tacle aimablement le président du Sittomat. De son côté, le professeur Gilles Nalbonne, directeur de recherche à l’Insern, membre de Greenpeace Marseille, est sans ambiguïté : « la proximité d’incinérateurs a des incidences élevées sur les cancers et les maladies cardio-vasculaires ». Celui de Toulon a fonctionné sans filtre jusqu’en 1989. « Toutes les mesures de précautions devant être prises, le sont, rassure Jean-François Fogacci. Nous jouons la transparence. Des élus co-exploitent ce syndicat et pas une entité commerciale. On nous fait un mauvais procès. Nous sommes en train de constituer un comité scientifique pour avoir un débat clair. Nous sommes ouverts à toute suggestion ou collaboration. » Chiche !, répond à distance Joël Digo : « Nous allons demander au Sittomat de nous soutenir auprès du préfet pour obtenir une enquête épidémiologique ». A l’horizon 2020 une deuxième unité d’incinération devrait voir le jour dans la métropole toulonnaise. Le débat est donc loin d’être clos… Rafi Hamal

V illeneuve - L oub et

La Glacière fermée, le département frissonne Sans solution de rechange, les Alpes-Maritimes vont devoir exporter leurs déchets après la fermeture de la décharge de la Glacière. Depuis un mois, selon le vent, le gigantesque tas d’ordures pue « à 10 kilomètres à la ronde », selon les associations de riverains. La décharge de la Glacière, près de Villeneuve-Loubet (06), a entamé des travaux pour transbahuter des ordures vieilles d’un an dans une partie du site moins encombrée. Début avril, un expert a signalé que 320 000 m3 de déchets avaient été entassés 15m plus haut que la hauteur réglementaire. Entre-temps, la décharge s’est prise un autre coup de massue, mortel celui-là : le préfet a annoncé que la Glacière doit fermer le 16 juillet prochain. La décharge est saturée et des soupçons pèsent sur des infiltrations vers les nappes phréatiques. La ténacité des associations a accéléré le mouvement. « La préfecture parlait de fermer “ dans quelques mois ”, explique Serge Jover, président de l’Association défense environnement Villeneuve (Adev). On a saisi le tribunal administratif en urgence. A un quart d’heure de l’audience, le préfet annonçait la fermeture pour la mi-juillet. » Attendue, la décision prend cependant totalement de court le Conseil général, qui coordonne la gestion des déchets, et Veolia, qui exploite le site. Le groupe se garde bien d’évoquer les solutions de remplacement envisagées. Sur place, elles ne sont pas nombreuses : tous les sites des Alpes-Maritimes sont saturés. Veolia et le Conseil général lorgnent donc sur les départements voisins : Var, Vaucluse, Bouches-du-Rhône. « Le surcoût de transport sera payé par la collectivité. Le mieux serait d’aller dans le Var », estime Maxime Coullet, conseiller général (UMP) chargé du dossier (1).

Mais dans le 83 comme dans le 13, les Conseils généraux refusent de traiter des ordures extérieures à leur territoire. « Veolia pourra passer outre, estime Jean-Raymond Vinciguerra, conseiller général (Vert) de Grasse. Il suffit qu’ils demandent une dérogation en justice en invoquant des circonstances exceptionnelles. » Selon les estimations, le volume de déchets à exporter pourrait atteindre un millier de tonnes par jour, soit une cinquantaine de camions, quotidiennement. Une solution sur le long terme s’annonce tout aussi difficile à trouver : comme dans tous les départements de France, aucune commune des Alpes-Maritimes ne veut accueillir de nouvelle décharge, surtout pas dans l’arrière-pays d’une Riviera où les terrains sont rares et chers. Reste un combiné réduction à la source + tri + recyclage, ou l’incinération. C’est la deuxième option qui semble tenir la corde. « Il y a une grosse pression politique pour faire un incinérateur, estime Jean-Raymond Vinciguerra. Eric Ciotti [président du département] n’exclut plus de recourir à l’incinération, et le Conseil général, qui devrait coordonner les politiques de déchets des communes, se contente d’un simple travail d’enregistrement. » Pas sûr non plus que les citoyens se bougent beaucoup : un incinérateur, ça bouffe moins de terrains constructibles qu’une décharge. Eugène Poubelle 1 (1) 20 Minutes du 27 avril 2009


notre belle région

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Iter explose les coûts Le Consortium international installé à Cadarache (13) doit présenter début juin, lors d’une réunion au Japon, la nouvelle facture pour Iter. Des 10 milliards d’euros à l’origine, le projet pourrait augmenter de 30 à 100 %. Ou revoir ses ambitions à la baisse… Par Jean Tonnerre

L

es nuages commencent sérieusement à s’amonceler au-dessus du projet Iter à Cadarache (13). Les 10 milliards d’euros annoncés pour la construction et l’exploitation du « réacteur expérimental thermonucléaire international » risquent bien de ne pas suffire. « L’estimation a été faite en 2001, alors que nous ne savions pas où le réacteur serait construit, précise-t-on au sein de l’organisation Iter. Le choix de Cadarache impose de prévoir des structures anti-sismiques car le réacteur ne peut pas supporter la moindre secousse. » Le site de Cadarache se trouve en effet à proximité de la faille de la moyenne Durance et de celle de la Trevaresse, qui a conduit, en 1909, au tremblement de terre le plus important survenu en France (6,2 sur l’échelle de Richter, 46 morts à Lambesc (13), réduit en poussière).

« Bulles instables » sur le réacteur Mais ce n’est pas la seule modification qui devrait faire gonfler la facture. Depuis 7 ans, les travaux sur la fusion nucléaire ont avancés au point que le réacteur, conçu en 2001, est lui-même à revoir. « La recherche sur la fusion ne date pas d’hier, rappelle Carlos Alejaldre, vice-directeur général d’Iter. Sur le site même de Cadarache, le Tora Supra qui a été construit en 1988 a permis de réaliser de nombreuses avancées dans le domaine de la physique, de la technologie, des matériaux. » La plus importante modification concerne le coeur du réacteur où sera confiné le plasma porté à 100 millions de degrés pour atteindre la fusion nucléaire. Le nuage de gaz provoqué émet sur les bords, des sortes de « bulles instables », au rythme d’une par seconde, qui peuvent endommager le réacteur. Le dernier cumulus qui obscurcit le ciel au-dessus d’Iter concerne le doublement des prix des matières premières. « Mais nous ne sommes pas les seuls à terrasser, construire des bâtiments et installer des équipes, assure Neil Calder. Pour les Etats membres, cette augmentation ne peut pas être une surprise. » Sauf qu’avec une enveloppe de construction de 5 milliards de dollars, l’augmentation peut devenir gargantuesque.

Deux ans de retard

déo Visionnez notre vi ticle ar t ce en complément de rg .o vi ra .le w w sur le w

Du coup, Euratom, la Communauté européenne de l’énergie atomique, risque de se retrouver sur la paille à cause de l’envolée des coûts d’Iter. La contribution européenne avait été évaluée en 2001 à 3,3 milliards

d’euros, le reste étant à la charge des six autres membres du projet (Chine, Inde, Japon, Corée, Russie et Etats-Unis). Or, selon les estimations, Euratom pourrait avoir à verser le double, soit plus de 6 milliards d’euros. Le tout pour un réacteur qui ne pourra pas fonctionner avant 2018, puisque sa construction a d’ores et déjà pris 2 ans de retard. « Depuis le début, nous avons dénoncé le problème que pose Iter, souligne Antoine Calandra, de l’association Médiane basée à Pertuis et qui fait partie du réseau sortir du Nucléaire. Au départ, on nous parlait d’un coût de 3,3, puis de 5, puis de 10 milliards d’euros. Aujourd’hui, c’est au minimum 13 milliards d’euros. Tout cela pour une technologie expérimentale qui ne fait même pas l’unanimité dans le monde scientifique. » Le Japonais Masatoshi Koshiba, Prix Nobel de physique 2002 et Pierre-Gilles de Gènes, prix Nobel de Physique en 1991 et surtout ancien ingénieur du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), se sont en effet déjà prononcés publiquement contre Iter.

308 millions déjà dépensés Malgré ces incertitudes, certains chantiers ont déjà démarré. 168 millions d’euros ont d’ores et déjà été engagés sur le site, notamment pour le terrassement et les locaux administratifs du siège de l’organisation. 92 autres millions ont été dépensés par le Conseil général des Bouches-du-Rhône pour la réalisation des aménagements entre Berre l’Etang et Cadarache afin d’acheminer les éléments du réacteur. Pour faire passer 200 convois, dont les plus imposants mesureront près de 50 mètres de long, 9 de large et 11 de hauteur, des routes ont été élargies, des ronds-points coupés, des ponts détruits ou doublés, comme celui de Mirabeau, près de Jouques. L’itinéraire doit être opérationnel à l’automne. Le Conseil régional, lui, a engagé 42,5 millions d’euros dans la construction de l’école internationale de Manosque qui doit être livrée début 2010 pour scolariser les enfants des scientifiques venus

du monde entier. Pour l’instant, 300 personnes sont déjà arrivées sur le bord de la Durance. A première vue, il paraît impossible que la machine Iter s’arrête. Mais la crise est passée par là. Car tous les pays appartenant au consortium ont englouti des milliards d’euros pour renflouer le système financier. Et les déficits publics ainsi creusés devront bien être

comblés par d’inévitables hausses d’impôts. Pas évident que chaque Etat, veuille, dans ces conditions, remettre la main à la poche. « Pour l’instant, l’Etat Français s’est engagé à hauteur de 456 millions d’euros, précise-t-on au CEA. Rien n’assure que la France et les autres pays veuillent apporter de l’argent supplémentaire. Iter peut être revu dans ses dimensionnements et ses objectifs, comme dans n’importe quel projet scientifique. » Iter est censé importer sur terre la fusion nucléaire - schématiquement ce qui se passe dans le soleil - et prouver à terme qu’il est

possible de remplacer le nucléaire et les énergies fossiles pour produire de l’électricité. Pour cela, il doit arriver à produire 500 MW sur 400 secondes. Un rêve prométhéen difficilement compatible avec l’austérité budgétaire...

Alter Iter a fait le plein Pour faire passer la couleuvre Iter au groupe vert de sa majorité au Conseil régional, Michel Vauzelle, président socialiste de la région Paca a accepté de signer l’accord « Alter-Iter ». Soit, pour chaque euro investi dans Iter, le Conseil régional s’engage à mettre un euro dans le développement des énergies renouvelables. Parmi toutes les mesures prises, l’accroissement des chèques-énergies aux particuliers qui veulent s’équiper en solaire, en photovoltaïque ou en bois de construction rencontrent un vrai succès. Le nombre de demandes a été multiplié par six en 2 ans. « Avec Alter Iter, l’objectif était de montrer que pour la même somme investie, 50 millions d’euros, nous pouvions investir dans des projets concrets. Parce qu’ils fonctionnent, ils apportent la preuve que la solution énergétique du futur ne passera plus par le nucléaire, affirme aujourd’hui Philippe Chesneau, viceprésident Vert du Conseil régional. Pour autant, si jamais le Conseil régional décide d’augmenter son enveloppe pour faire face à l’augmentation des coûts d’Iter, je ne pense pas que le programme Alter-Iter suivra la même pente. La démonstration est faite. Il vaudrait mieux maintenant travailler pour faire revenir tout le monde à plus de raison et abandonner ce projet une bonne fois pour toutes. »


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le s ami s du Ravi

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Avignon

Réunion des Amis du Ravi, Mercredi 17 juin, 18H30 Cette deuxième rencontre vauclusienne sera animée par un débat autour du sommaire du numéro de juin. Et notamment de la situation des centres sociaux à Avignon… Une occasion aussi de venir discuter, s’informer et échanger entre les Amis du Ravi et le Ravi. Alors que vous soyez Amis du Ravi, lecteur ou tout simplement citoyen : on vous attend ! Maison Alternative et Solidaire – 50 bis rue Guillaume Puy 84000 Avignon, tél. 04 90 82 59 26 Mensuel le Ravi. Informations au 04 91 08 78 77.

Rejoignez les amis du Ravi ! Vous croyez au nécessaire pluralisme de la presse. Vous voulez favoriser une initiative indépendante. Vous ne supportez plus que votre voisin reste devant la télé. Vous voulez crier haut et fort « lisez le Ravi ! ». Vous souhaitez soutenir votre mensuel préféré. Vous êtes bourré d’idées et de compétences multiples et surtout variées ! Alors vous êtes le bras armé du Ravi ! Rejoignez les amis du Ravi ! Devenez un relais du Ravi chez vous et autour de vous ! Diffusez, communiquez, abonnez, réseautez, affichez, débattez, criez, écrivez… Comment faire ?

C’est simple ! Contactez Chloé au 04 91 08 78 77 ou par mail : ccharlier@leravi.org le Ravi est votre mensuel. Faites-le vivre avec nous !

Le 13 juin, une fois de plus, c’est manif ! Anne Laroutis, amie du Ravi, était dans la rue le 1er mai dernier en Avignon. Témoignage…

Ami, «entendu» ce qu’on dit dans l’cortège… Je pose la question cruciale : « Pourquoi venez-vous manifester? » Certains me répondent « par solidarité avec ceux qui perdent leurs emplois et ceux qui galèrent au quotidien ». D’autres m’évoquent leurs difficultés professionnelles : « Avec mon compagnon, on a créé une micro-entreprise mais il nous manque 100 00 pour démarrer un nouveau projet. On essaie de trouver, mais ce n’est pas facile. » Je rencontre en chemin des citoyens qui essaient de maintenir des services sociaux ou associatifs nécessaires à la vie de la cité. C’est le cas du planning familial. Pour l’instant, il est en fonctionnement mais jusqu’à quand ? Et puis il y a les salariés de Kerry et certains de la papeterie de Mallaucène qui sont venus à la capitale du département pour maintenir leurs boulots. Malgré tout, il y aura 150 suppressions de postes en 2009 chez Kerry et la totalité de l’entreprise de Mallaucène. Pour cette petite ville agricole, c’est une catastrophe. Déjà touchée par la crise, comment la population va-t-elle survivre ? Les retraités sont à la rue, pour défendre leurs pensions. C’est le cas chez les agriculteurs, comme me l’indique la présidente du MODEF (Mouvement des exploitants du Vaucluse) Mme Bonneaubeau. Elle et ses consoeurs revendiquent une valorisation des revenus. D’ailleurs, c’est la principale revendication syndicale car dans le Vaucluse 24 181 allocataires vivent avec des revenus inférieurs au seuil de pauvreté. Avec leurs familles, cela représente 72 000 personnes, soit plus de 15 % des familles vivant en dessous du seuil de pauvreté. Près des deux tiers du revenu de ces allocataires sont constitués par des prestations de la CAF. Deux personnes sur trois perçoivent une aide au logement, une sur deux un des trois minima sociaux : RMI, API, AAH (…). La pauvreté n’est pas seulement urbaine : elle est aussi présente dans quelques communes peu peuplées du nord-est et du sud-est du département. Alors, il faut défendre ce qui est encore défendable, le peu qui reste d’acquis sociaux. C’est pour cela que tout un chacun réclame de garder le droit au travail. Dans ce département, il y a de plus en plus de fermetures de postes ou de structures comme le collège Paul Giéra mais aussi des centres sociaux comme celui du quartier de la Barbière (Cf article page 18). Et s’il y a des licenciements massifs, l’économie plonge. Comme me l’a fait remarquer l’un des manifestant : « Saint Tourisme ne peut pas sauver tout le monde. » Il faut savoir que ce n’est pas la crise financière qui nous a fait découvrir la crise économique. Le Vaucluse parait comme un département relativement riche mais qui cache, derrière une moyenne des revenus médians, des disparités importantes. Et à cela s’ajoutent les plus jeunes. Ils sont aux lycées ou à la fac. Et ils n’ont, comme nous, « plus rien à perdre »... Anne Laroutis

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Au sommaire al du mensuel région qui reste vert

le Ravi n°64 juin 2009

Page

4

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é dito

3

Contrôle technique de la démocratie

Conseil municipal de Bormes-les-Mimosas (83)

5à9

Éric Gerets nous quitte Didier Deschamps revient Le quizz

La grosse enquête Tous en campagne

ces citadins qui rêvent la vie en vert

10à13

Sommaire détaillé page 5

Notre belle région(g) Page

11

Iter explose les coûts Page

12

Universités de la matraque La région touche le fond Page

13

Yapasquepaca Quand un porc éternue, le monde tremble

14&15

Le pays d’Aubagne roule au gratuit

16à20 17

Marseille : Autorisation de séjour sur le trottoir Page

18

Château-Arnoux : le soleil ne brille pas

pour tout le monde

Avignon : les centres sociaux prennent l’eau Docu friction : le rapporteur Page

19

Toulon : un fumet de discorde Villeneuve-Loubet : la glacière fermée, le 06 frissonne Page

20

La grande Tchatche : Jean-Luc Bennahmias

21à26 RTT 28

Sommaire détaillé page 21

Page

Le reportage dessiné

Tout train or not to train

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Le 3 juillet, fin du suspens. Crier en plein jour « Sarkozy, je te vois ! » dans une grande gare comme Saint-Charles est-il « un tapage injurieux diurne troublant la tranquillité d’autrui » ? C’est en tout cas le point de vue de l’officier du ministère public qui a réclamé 100 euros d’amende contre le prévenu, un professeur de philosophie marseillais. Ce dernier s’est ainsi permis d’interpeller des policiers en train de pratiquer le contrôle d’identité « un peu viril » de deux gamins. L’injure, a expliqué doctement le représentant du Parquet, peut être constituée simplement « en se montrant désagréable (…) même sans user de terme offensant ». En clair, seule l’intention suffit. Vous vous souvenez de Minority Report, le film de Steven Spielberg ? Des super flics, secondés par des voyants, écrouaient les criminels avant même qu’ils ne soient passés à l’acte. Nicolas Sarkozy et Tom Cruise ont peut-être d’autres points en commun que la taille… L’obsession sécuritaire nous plonge en pleine science-fiction. Quatre éditeurs basés à Forcalquier, dans les Alpes-de-Haute-Provence, ont été embarqués au petit matin pour « menace de commettre un délit ou un crime » et placés en garde à vue à Marseille. Il s’agit de François Bouchardeau et sa femme Johanna, de HB éditions, et de Samuel Autexier et de sa sœur Héléna, de la revue Marginales. Un cinquième « complice » a bénéficié du voyage. Leur crime ? Avoir en tant que membres du « Comité de sabotage de l’antiterrorisme » manifesté leur soutien à Julien Coupat, le Ben Laden de Corrèze, en voulant faire de l’humour. Ils ont photographié un de leurs tracts devant l’interphone de la maison secondaire de Bernard Squarcini, le grand chef du renseignement français. La diffusion de cette image ne lui a pas plu. On ne plaisante pas avec les barbouzes ! Les cinq impertinents ont été relâchés sans être mis en examen, faute de motif. Depuis ces péripéties, le fameux Julien Coupat est sorti de prison. On peux ne pas partager sa vision politique du monde. On peut trouver crétin le sabotage des caténaires de la SNCF, dont rien ne prouve qu’il soit coupable. Mais le traitement d’exception dont lui et ses amis ont été victimes est intolérable. Il menace nos libertés. Et parmi elles, une des plus précieuse : la liberté d’expression.

le Ravi Infos & satire seront au rendez-vous du prochain numéro du Ravi chez les marchands de journaux dès le vendredi 3 juillet. Ou chez vous, la veille, en remplissant le bulletin d’abonnement page 24.

le Ravi d e p lâtre

métropoles & trous jolis Page

Je te vois !

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Poids lourd

Moi, Éric Cantona

Laroussi Oueslati Cantonné à la presse régionale depuis toujours, Laroussi Oueslati a enfin eu la reconnaissance nationale qu’il mérite : au mois de mai, le conseiller régional du parti radical de gauche (qu’il a rejoint depuis l’époque Tapie) et obscur président de l’Université du Sud Toulon-Var (USTV) a eu les honneurs du Monde. Le 5, dans un article sur le supposé trafic avec la Chine de diplômes de l’Institut d’administration des entreprises, le quotidien du soir relaye des accusation de « clientélisme » dans les attributions de postes et de financements à l’USTV. Grand prince, Laroussi Oueslati, avec le soutien de son équipe, dénonce aussitôt « une atteinte grave aux Toulonnais et à leurs représentants élus au plan local et national. » Quinze jours plus tard, le journal du soir annonce cette fois que Laroussi Oueslati renonce à retirer l’équivalent de 98 jours de salaire à onze enseignants-chercheurs pour fait de grève. Les mauvaises langues affirment que la sanction ne tenait de toute façon pas en cas de recours juridique... La démarche confirme cependant toute la subtilité du président de l’USTV lors du mouvement étudiant et enseignant de son université : provocations, menaces de travaux d’intérêt généraux pour les étudiants bloqueurs, tentatives de retournement de certains, appels aux forces de l’ordre, etc. Le radical de gauche affirme avoir refusé une troisième position sur la liste d’Hubert Falco, maire UMP de Toulon et sous-ministre à l’Aménagement du territoire, lors des dernières municipales. Il aurait dû. Il a le bon profil du candidat à l’ouverture. J.F. P.

S’il était un animal : Un paresseux S’il était une chanson : « Constat » S’il était un objet : Une veste S’il était une devise : « Les conneries, c’est comme les impots,

on finit toujours parles payer » S’il était un film : « Ridicule »


Tous en campagne !

Complainte du laboureur

bio

« Avant, mes collègues disaient « elle parle » Aujourd’hui, ils disent que j’ai eu raison. » A 57 ans, Geneviève Auberto n’a aucun regret d’avoir répondu en 2004 à la proposition de fournir une Association de maintien de l’agriculture paysanne marseillaise (Amap). Dans une profession habituée à vivre à crédit et endettée, la maraîchère proche de la Confédération paysanne se dégage désormais un revenu moyen de 1 500 Euros mensuel. Cette sécurité financière est le volet le moins connu des paniers paysans bio. Avec quelques 150 Amap créées en Paca depuis 2001 (première région française) et l’importation du concept par un producteur varois, le phénomène prouve pourtant que les amoureux de la nature ne sont pas que des consommateurs : le maintien de l’agriculture les préoccupe tout autant. Ce que confirme Geneviève Auberto : « Les paniers sont à 20 Euros et parfois ils sont un peu trop justes. Mais la plupart comprennent, ils veulent consommer autrement. Pour moi, c’est primordial. » Installée à Pernes-les-Fontaines, à côté de Carpentras (84), l’agricultrice exploite six hectares avec l’aide de ses parents et de trois ouvriers agricoles en haute saison. Cela fait maintenant 30 ans qu’elle a fait ce choix en abandonnant son métier d’institutrice et son « ex », un chauffeur, pour avoir « une vie de famille. » D’abord en agriculture raisonnée, puis progressivement, à partir de 1999, en bio (œufs, fraises, courgettes, aubergines et melons). En 2004, elle n’a pas hésité. « J’ai dit oui. J’aime voir les gens, apporter mes produits. J’ai toujours aimé la vente directe », sourit cette petite quinquagénaire au visage légèrement buriné. Pourtant, en comptant ses paniers (80 par semaine sur deux Amap), Geneviève Auberto n’y a pas que gagné. Elle paie aussi de sa personne : de quatre légumes à cultiver, elle est passée à une vingtaine (melons, pastèques et fraises compris). Sans oublier les œufs, les herbes aromatiques et les modes de production bio. « Et les contrôles d’Ecocert !, insiste l’agricultrice en faisant visiter ses serres. C’est plaisant, mais contraignant. » Des Avignonnais viennent de la contacter pour monter une seconde Amap. Elle hésite : « Je ne veux pas m’agrandir. » Même pas envie de travailler plus pour gagner plus ! J-F. P.

Ces citadins qui rêvent la vie en vert

le Ravi n°64 juin 2009

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Ecolo business pour homo urbanus Comment fuir le stress et la promiscuité des villes quand on n’a pas les moyens de vivre à la campagne ? Acheter la nature dans de petites boîtes bien entendu…

Avec le pouvoir d’achat en berne, le retour du chômage, le coût de l’immobilier, de nombreux ménages se retrouvent coincés dans leur logement en ville. Que faire, donc, lorsqu’on a une fringale de chlorophylle et qu’on habite un deux pièces avec vue sur parking ? Réponse : customiser son intérieur pour se sentir mieux dans son « sweet home » à défaut d’en changer. A l’intention des urbains en mal de campagne, des enseignes ont fleuri. Véritable guide de survie en milieu non durable, elles ont pour objectif de transporter dame nature au cœur de votre salon. Une nature, domestiquée, fantasmée... Un concept maîtrisé à la perfection par l’enseigne Nature & Découvertes : 70 magasins en France, dont 7 en Paca. Spécialisée dans l’écolo-business, l’enseigne, qui se veut pédagogique, a pour objectif, selon Emmanuelle Pometau, chargé de com du groupe, « de mettre la nature à la portée de tous et permettre à des citadins de s’émerveiller du spectacle de la terre. »

Nous proposons des produits porteurs de sens qui éveillent à la nature Dans sa quête de « naturalité » l’homo urbanus peut déambuler à travers les rayons de ces « succursales de la campagne » l’esprit emplit de zenitude. « Notre clientèle est essentiellement citadine, poursuit Emmanuelle Pometau. Nous leur proposons des produits porteurs de sens qui

éveillent à la nature ». Fabienne, marseillaise, la quarantaine branchée, nous explique, sur fond de chant de cigale, sa motivation : « Je souhaite donner, à ma fille, le goût à l’environnement en lui offrant des objets ludiques faits dans des matières naturelles. Ça change des jeux vidéo ». Pour être dans l’air du temps, il faut être en « over osmose » avec la nature et ses bienfaits. C’est le cas de Vincent, venu s’offrir un guide sur les plantes dépolluantes. « C’est une manière d’échapper un peu au béton », avoue-t-il. Dans les rayons, la famille Pierrafeu peut trouver des radios alimentées par une dynamo ou des horloges à eau ! Les amis du légume frais, peuvent désormais être à la fois « glamourissimes » et naturels grâce aux bienfaits des crèmes au beurre de coco balinais. L’écolo attitude s’exprime avec des petites folies consuméristes comme le pendentif bébé zen pour femme enceinte, des gommes sans PVC ou des articles de papeterie homologués « NF environnement ». Les vertueux existentialistes qui, faute de place, sont condamnés aux plantes en pot, peuvent aussi adopter un arbre. « Nous avons une fondation avec divers projets en faveur de la biodiversité en France mais aussi à travers le monde », complète Emmanuelle Pometau. Reste que ce foisonnement de produits sensés pallier notre frustration de nature a une finalité : produire pour les actionnaires de Nature & Découvertes & consorts de la valeur ajoutée. Avec 154 millions de chiffres d’affaires, ces magasins installés au cœur des villes, prospèrent sur une envie de moins en moins accessible : vivre à la campagne. Rafi Hamal

Si les habitants de Paca sont friands de verdure, leurs élus sont depuis longtemps plus attirés par les programmes immobiliers et autres centres commerciaux.

Vert, couleur de l’espoir... Grenelle de l’environnement oblige, les candidats des dernières municipales se sont découverts plus écolos que José Bové. De vrais amoureux de la nature. La réalité est pourtant inverse : jusqu’à présent, les élus de Paca ont privilégié une urbanisation forcenée. Une étude de la Direction régionale de l’agriculture et des forêts de 2003 (1) prévoit qu’au rythme actuel, les terres agricoles auront disparu d’ici 15 ans sur une bande littorale allant de Menton à Avignon. Principale cause : le prix du foncier. « Dans le Var, c’est 25 000 euros l’hectare en moyenne contre 1 700 euros en Loire-Atlantique. Et même 100 000 euros à Bormes-les-Mimosas ! », s’étrangle Jean-Claude Alberigo, président du Collectif de défense des terres fertiles du Var et secrétaire régional des Verts Paca. Si les propriétaires cèdent facilement à la tentation, leurs représentants ne sont pas en reste. Taxe sur le foncier bâti, privatisation des réseaux de distribution, etc., ils s’accommodent aisément de la multiplication des résidences sécurisées et des zones artisanales et commerciales. Sans oublier la force du lobby immobilier. « Il a imposé son argument d’évidence, digne du café du commerce : les prix sont hauts parce qu’il y a peu d’offre. Mais, on observe que lorsque les plans d’occupation des sols s’ouvrent, les prix augmentent quand même ! », dénonce Claude Napoléone, économiste et directeur de recherche à l’Inra d’Avignon.

Le lobby immobilier impose ses arguments De leur côté, les principaux intéressés assurent d’une prise de conscience, de la nécessité d’agir en pensant, c’est la

mode, « développement durable ». A l’image de Robert Bénéventi, maire UMP d’Ollioules et président du syndicat mixte en charge du Schéma de cohérence territoriale de l’agglomération toulonnaise (Scot Provence). Son document d’urbanisme, opposable aux POS et PLU (2) des 31 communes du territoire, ambitionne « de diviser par quatre le nombre d’hectares consommés » par la densification des centres villes, l’urbanisation des dents creuses et la réhabilitation de friches industrielles ou commerciales. « C’est la première fois qu’on se concerte de cette manière-là », plaide l’élu. D’autres vont plus loin. Au Pradet, une petite ville du territoire, Claude Mesangroas, le nouveau maire DVG, a carrément acheté des terres pour y installer deux agriculteurs bio et a annulé une partie d’une déviation, promesse d’urbanisation, afin de créer « une ceinture verte autour de la ville et développer l’écotourisme ». Les changements restent pourtant lents. « Dans son PLU, la commune de La Crau [signataire du Scot Provence, Ndlr] assure maintenir sa surface de terres agricoles. Mais ce sont des côteaux, bons pour la vigne ou la forêt, qui sont en fait préservés », se désespère Jean-Claude Alberigo. Pour le plus grand bonheur du secteur de l’immobilier. Dans les Alpes-Maritimes, il a fallu que le préfet tape sur les doigts de Christian Estrosi, député-maire UMP de Nice et autoproclamé super écolo, pour qu’il associe la chambre d’agriculture du département à l’Opération d’intérêt national de la Plaine du Var... Conclusion lapidaire de Claude Napoléone : « Un moyen de freiner l’urbanisation serait de taxer les plus values foncières. Le gouvernement a abandonné le projet devant la levée de boucliers. » Les villas, résidences, routes et autres centre commerciaux vont encore pouvoir pousser... Jean-François Poupelin 1 Le problème du foncier en zone périurbaine (mars-mai 2004). (2) Plans d’occupation des sols, Plans locaux d’urbanisme.


le Ravi n°64 juin 2009

« C’est cher ? c’est pas cher ? Ça dépend... »

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9 ipal 25/05/200 conseil munic

par Jean-François Poupelin

insiste : « Comme c’est le tennis… » Avec un enthousiasme non dissimulé, François Arizzi cède : « Si tu veux. »

18h21 Rebellion de l’opposition.

17h55

Perché sur les collines qui surplombent la côte, son port et le Fort de Brégançon cher à Bernardette et Jacques Chirac - beaucoup moins à Nicolas Sarkozy le vieux village médiéval est une carte postale azuréenne : façades ocres, ruelles, touristes retraités et septuagénaire platinée en minijupe qui promène un petit chien ridicule.

17h58 Dans les escaliers qui

descendent à la salle du conseil, deux quadras philosophent avé l’accent. Le premier : « T’entends piailler ? » Réponse du second avec la même finesse : « C’est les gonzesses ! »

18h03

Chemisette bleue largement ouverte, cheveux blancs et visage sévère, Albert Vatinet, maire depuis 1995 et conseiller général DVD soutenu par l’UMP, se lève et compte les élus tassés autour de la longue table de bois qui remplit pratiquement la minuscule salle du conseil. Vieille habitude de l’enseignant qu’il a été ? L’ambiance est en tout cas celle d’une classe dissipée.

18h07 Albert Vatinet ouvre la

séance, mystérieux et un rien gêné : « J’ai une communication à vous faire. C’est un recours. Je vous en parlerai. » Puis tance l’assemblée de sa voix monocorde : « Il fait chaud, je vous demande de l’attention. »

18h09

Le maire se contorsionne et interroge Danielle Borghetti, sa première adjointe, le regard tourné vers le grand reporter du Ravi. Sans erreur possible : il est le seul à occuper une des rares chaises dévolues au public...

18h11

Quatre grandes et hideuses fresques de la vie quotidienne au 19e siècle légendées en provençal ornent les murs de la salle du conseil. Un minuscule buste blanc de Marianne et une photo de Nicolas Sarkozy complètent la décoration.

18h13

Tradition locale ? Contrairement à l’usage, le Directeur général des services (DGS) s’incruste sans pudeur dans les débats à l’occasion d’une demande de subvention à la Direction régionale des affaires culturelles pour la « restauration des archives municipales » (délibération 3). Albert Vatinet calme rapidement son ardeur en se réservant la conclusion : « C’est important pour l’histoire de la ville. » Les documents concernés sont des registres de décès...

18h17 Reconduction de la

« convention Bormes-les-MimosasAssociation Seaguard Centre national secours et sauvetages nautiques » (délibération 4) pour le « passeport jeune », une semaine d’activités nautiques et une initiation au secourisme proposées aux jeunes Borméens chaque été. Question ingénue du maire : « Quelles sont les conditions financières pour les participants ? » Réponse convenue de François Arizzi, adjoint à la jeunesse et aux sports : « 50 euros, grâce à un accord avec la CAF. » Satisfaction du maire : « Un effort qu’on peut considérer comme du social, politique qui est assumée dans le budget communal. » En la matière, Albert Vatinet s’est surtout distingué par la missive envoyée l’été dernier à ses collègues du département à la suite de l’installation d’une mission évangélique de gens du voyage sur sa commune. Le premier magistrat les mettait « très amicalement en garde » : « protégez vos terrains privés ou communaux ; labourez-les ; rendez-les inaccessibles » (le Ravi n°55). L’opposition approuve en silence.

18h20

Petit moment de flottement. « Redevance et tarifs communaux. François, je crois », annonce l’apparenté UMP. Réponse catégorique de l’adjoint à la jeunesse et aux sports : « Non. » Albert Vatinet

« Il n’y a pas une erreur sur les dates ? », questionne Serge Defond, de la liste « Bormes demain » (DVG), à propos de la convention entre le tennis club de la ville et la commune pour la mise à disposition d’un F3 contre 350 euros mensuel (délibération 6). « Elle a été signée avec retard », concède sans plus d’explication le DGS. Anticipant une improbable question sur le loyer faramineux, son patron précise :

face à la conclusion habituelle et sans appel d’Albert Vatinet : « Des questions ? Des avis contraires ? Des abstentions ? » Unanimité.

18h24

L’attention réclamée par le maire en début de séance n’a toujours pas été contrariée : le conseil ronronne. Ses 62,89 % au premier tour en mars 2008 semblent offrir à Albert Vatinet une autorité naturelle.

18h29

Le maire profite de la présentation confuse de Didier Couderc, simple conseiller municipal de la majorité, de la modification des travaux d’une structure multi-accueil (délibération 8) pour papoter avec son DGS. François Azirri saute sur l’occasion pour s’offrir la même liberté avec son voisin de gauche.

18h31 Récré. « J’ai amené un plan,

Serge Defond

conseiller d’opposition divers gauche

« Il peut être révisable. Il fallait mettre un chiffre. » « C’est cher ? C’est pas cher ? Ça dépend... », se consultent Annick Carnino (DVG) et Yannick Bernard (PS). Puis abdiquent

je sais pas si tout le monde va voir », annonce Didier Couderc visiblement désireux de se rendre intelligible en déployant le document au milieu de la table. Sur les conseils de Danielle Borghetti, l’élu tente finalement de le suspendre d’une main, avant de recevoir l’aide de l’adjoint à la jeunesse et aux sports qui l’affiche à bout de bras. Les chiffres restent toujours aussi obscurs, au moins pour le public, mais le conseil apprécie. Rires et blagues potaches fusent : « Monte sur une chaise ! » (un conseiller DVD) ; « Tu peux me montrer à moi maintenant ? » (François Azirri), etc. Seul le maire semble indifférent, voire carrément hermétique, à ce moment de détente. Albert Vatinet le stoppe net en concluant, une nouvelle fois satisfait : « Les crédits ont été portés au budget supplémentaire 2009. » Unanimité.

18h33

François Arizzi s’offre une longue rasade d’eau.

fiche te chniq ue

Bormes-les-Mimosas (83) UÊ ÇÊäx£Ê >L Ì> Ìð Quatre fleurs (le maximum) au Concours des villes et villages fleuris (médaille d’or 2003). Projet de vidéosurveillance pour les parkings et bâtiments publics inscrits au budget primitif 2009. UÊ Le maire : Albert Vatinet (DVD soutenu par l’UMP) depuis 1995. Conseiller général. Enseignant à la retraite. 70 ans.

La majorité :

UÊ 1 Ê}À Õ«iÊ`iÊÓxÊV Ãi iÀÃÊ`iÊ >Ê ÃÌiÊ Ê Ì Õ ÃÊ>ÛiVÊ À iÃÊ Ê­ 6 ®°

L’opposition :

UÊ 1 Ê}À Õ«iÊ`iÊÓÊV Ãi iÀÃÊ`iÊ >Ê ÃÌiÊ Ê À iÃÊ`i > Ê Ê­ 6 ®]Ê 1 conseillère de la liste « Bormes démocratie » (PS) et 1 conseiller de la liste « Ensemble pour l’avenir » (DVD).

Le conseil municipal soumis au test du Ravi :

UÊ ÕÀjiÊ\ÊÎ Ê ÕÌið UÊ *ÀjÃi ÌÃÊ\ÊÓ{Êj ÕÃÊ`iÊ >Ê > À Ìj]ÊÎÊj ÕÃÊ`½ «« Ã Ì Ê­ 6 ÊiÌÊ*-®° UÊ /i «ÃÊ`iÊ«>À iÊVÕ Õ jÊ`iÊ ½ «« Ã Ì Ê\ÊÓÊÃiV `ið UÊ iÊ«ÕL VÊ\ʣʫiÀà i]Ê}À> `ÊÀi« ÀÌiÀÊ`ÕÊRavi compris.

19h37 Onzième et dernière

délibération. Jean-Louis Valade, adjoint à l’urbanisme, annonce une subvention de 1 524 euros « dans le cadre de l’opération Au cœur du village. » Albert Vatinet y va une fois de plus de sa petite précision : « On finance chaque réfection de façade ou de devanture. » A Marseille, cette politique a notamment permis l’embellissement de la célèbre rue de la République. En attendant que les appartements connaissent le même sort… La gauche borméenne ne doit pas être au courant et ne dévie pas de sa stratégie : voter la délibération sans poser de question.

19h40 L’ordre du jour

bouclé, Albert Vatinet attaque sa « communication » avec le même entrain que son adjoint à la jeunesse et aux sports à la lecture de la délibération 6 : à reculons. « Il s’agit d’une requête présentée au tribunal administratif de Nice par un voisin (sic) qui demande l’annulation du permis de construire de son voisin. Vous voyez l’ambiance », explique le maire. Avant de trancher : « Vous comprenez que je ne donne pas les noms. » Les élus DVG et PS ont visiblement parfaitement assimilé : ils affichent leur éternel silence religieux. Y compris lorsque le conseiller général précise : « C’est le cabinet d’avocat de la ville qui défendra la commune, car un permis a été signé. » Le maire pourrait pourtant perdre de sa morgue en cas de jugement favorable au plaignant...

19h42 Albert Vatinet clôt la

séance le plus sérieusement du monde : « Ce conseil permet d’alléger le prochain. Il sera moins long, même si les comptes administratifs seront à l’ordre du jour. » Un nouveau grand moment de démocratie locale en perspective.


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le Ravi n°64 juin 2009

A

A

dieu l’Eric, on t’aimait bien. On ne te verra pas sauter dans le Vieux Port, comme tu l’avais promis en cas de titre. On n’entendra plus ton bel accent belge, tes « gôls », tes « keepers », on ne sentira plus l’odeur de tes cigares-barreaux de chaises, on ne verra plus Georges, ton dogue allemand géant, te couver d’un regard amoureux. Tu as choisi de partir en Arabie Saoudite, pour te refaire après avoir perdu beaucoup de fric en bourse, et puis aussi parce que l’OM a tardé à te dire oui ou non. Tu pars en laissant le club deuxième du championnat. Sportivement, c’était l’objectif : finir dans les deux premiers. Mais c’est pas mieux que ton prédécesseur, le pâlichon Albert Emon, deuxième lui aussi il y a trois saisons. Tout est, en fait, dans la manière : un football d’attaque, des consignes (plus ou moins suivies) pour que TOUTE l’équipe défende, un travail au long cours sur les joueurs, sans ménager les stars (Ben Arfa mis à part). Un grand réalisme aussi : tu sais dire haut et fort que pour un club français, les finales de coupe d’Europe sont désormais inaccessibles. Un sorcier belge bis, okay, mais dont les sorts ne marchent que pour la Ligue 1. Ton plus grand échec aura eu lieu au Vélodrome : 22 points perdus, quatre des cinq défaites cette année. Un comble dans une arène où 60 000 supporters conspuent souvent tes joueurs mais où, toi, tu restes leur idole. Une petite année de plus n’aurait pas forcément été de trop. Tu as dit que si tu revenais bosser en France, tu ne pourrais qu’entraîner l’OM. Eric II, le recours : en cas d’urgence, brisez la glace.

tterrir à l’OM après avoir visé le poste de sélectionneur en équipe de France, Dédé, t’as mal cadré ton shoot ! Pas que Marseille serait un club indigne de toi : t’as coaché Monaco jusqu’en finale de Ligue des Champions, alors mettre l’OM en tête de Ligue 1, c’est dans tes cordes. Non, c’est plutôt la pression due au retour du fils prodigue. Les dernières grandes heures de l’OM, c’est avec toi la Dèche, quand tu brandis la coupe d’Europe en 1993, milieu de terrain version Raymond-la-Science. Le mag’ So Foot l’a dit : à Marseille, tu es attendu comme le Messie (Jésus, pas Lionel). Si tu réussis, ce sera la rédemption de tous les pêchés marseillais : dix-sept années sans titre, la valse des entraîneurs et des joueurs, les commissions frauduleuses lors de certains transferts, le match acheté sous Tapie... Si tu échoues, c’est la crucifixion sur la colline de Notre-Dame, avec Diouf et Anigo pleurant à tes pieds en mater dolorosa. La cohabitation avec ces deux-là s’annonce passionnante : en 2006, tu leur avais claqué la porte au nez parce qu’ils ne voulaient pas te laisser assez de pouvoir dans le recrutement. Aujourd’hui, après deux ans sans entraîner, tu as revu tes exigences à la baisse. Côté com’, c’est la presse qui fait son deuil : la LFP t’a nominé d’entrée de jeu au trophée « langue de bois en platine 2009-2010 ». Reste l’équipe elle-même. Ton palmarès d’entraîneur et de joueur, encore plus énorme que celui de Gerets, est plus que suffisant pour rabattre le caquet à toute pseudo-star. Un prophète, onze apôtres, et trente-huit matches pour réaliser la pêche miraculeuse.

Raymundo

Raymundo

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par Rackham

Qui a dit ? a François Fillon, 1er ministre discret, à propos du solaire lors d’une visite à Vinon-surVerdon (83) pour inaugurer 20 000 panneaux photovoltaïques. b François Fillon, 1er ministre discret, à propos de l’éolien lors d’une visite à Port-Saint-Louis du Rhône (13).

c François Fillon, 1er ministre discret, à propos du nucléaire lors d’une visite à la centrale du Tricastin (84).

a Eric Cantona, qui interprète son propre rôle dans le dernier film de Ken Loach, Looking for Eric, consacré au culte que les supporters se Manchester vouent toujours au joueur français.

b Paul Lombard, 81 ans, maire PCF de Martigues (13) depuis 40 ans, tirant le bilan de son action à l’heure de passer le relais à un minot : Gaby Charroux, 61 ans. c Alain Bernard, assurant que son record du monde sur 100 mètres n’a rien à voir avec les performances du maillot high tech en polyuréthane que la fédération internationale de natation a interdit. Réponses :

1) « Une énergie sans gaz à effet de serre est sans doute l’avenir »

2) « Je ne vais pas jouer au faux modeste »

3) « Les stars viennent croiser le regard des mortels avant de regagner leurs hôtels » a Monseigneur di Falco, évêque de Gap et président du Conseil pour la communication de la Conférence des évêques de France, lors de « la messe du festival », le dimanche de Pâques. b Edouard Baer, lors de la cérémonie d’ouverture du 62ème festival de Cannes, tentant de faire sourire Isabelle Huppert, particulièrement crispée.

c Charlotte Gainsbourg, couronnée à Cannes du prix d’interprétation féminine, expliquant aux journalistes lors d’une conférence de presse qu’elle a toujours su, elle, rester accessible.

4) « Kan c non, c’est non » a Michel Vauzelle, dans le SMS qu’il a envoyé à Sylvie Andrieux, ex vice-présidente du Conseil régional, pour lui annoncer qu’il gérerait désormais directement les subventions attribuées dans le cadre de la politique de la ville. b Clara Morgane, ex-actrice du X, repoussant les avances insistantes et déplacées d’un plombier dans un court-métrage réalisé pour soutenir le dispositif SOS viols femmes. c Robert Louis-Dreyfus, président de l’OM, une fois de plus désespéré de voir le titre de Champion de France échapper à son club malgré une bonne saison et 4 buts marqués lors de la dernière journée.

1 : c (La Provence le 19 mai) ; 2 : b (La Marseillaise le 29 mai) ; 3 : a (Libération, le 18 mai) ; 4 : b


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Métropoles & trous jolis - le Ravi n°64 juin 2009 -

Chàteau - A rnoux

Le soleil ne brille pas pour tout le monde Alors que les centrales solaires se développent tout azimut, le projet Silpro, destiné à produire le silicium, matière première des panneaux photovoltaïques, pourrait fermer avant même d’avoir vu le jour.

183 400 panneaux photovoltaïques dans le Nevada, 376 000 à Moura au Portugal, 550 000 à côté de Leipzig en Allemagne, un million à Ontaria au Canada. En silence, la course pour la réalisation des plus grandes centrales solaires est lancée à travers le monde. En Europe, l’Allemagne et l’Espagne sont les pays les plus en pointes, notamment grâce aux autonomies des Länders et des provinces, qui favorisent l’implantation de centrales plus petites. Même en France, patrie du nucléaire, l’énergie solaire se développe ! A quelques kilomètres du centre atomique de Cadarache (13), le village de Vinon-surVerdon (83) vient d’inaugurer ses 20 000 panneaux. « Cela correspond à la consommation de 4 000 personnes », explique Thierry Lepercq, président de Solairedirect. L’entreprise qui a investi 20 millions d’euros dans l’affaire est soutenue par la Caisse des dépôts et consignation, mais aussi par techfund (capital-risque américain) et Schneider électric. Autrement dit, que du lourd. Le groupe a d’ailleurs une trentaine de projets de centrales solaires dans ses cartons. Et il n’est pas le seul dans ce secteur en plein boum. GDF Suez est également derrière Electrabel, l’entreprise aux 200 000 panneaux photovoltaïques au-dessus de Curbans (04). A La Barben (13), voltalia va installer 472 000 panneaux d’ici fin 2011.

Une catastrophe pour l’économie locale. « A terme, Arkéma devait garder uniquement la production de chlore pour fournir Silpro construit juste à côté, explique David Buissou, secrétaire de la CGT d’Arkéma. L’accord prévoyait qu’une bonne partie du personnel basculait dans la nouvelle usine. » Les syndicats, main dans la main avec Patrick Martellini, maire divers gauche de Château-Arnoux et président de la communauté de la moyenne Durance, sont allés frapper à la porte de l’Elysée. C’est Christian Frémont, ancien Préfet de PACA qui a pris le dossier en main. Depuis, il temporise de réunions en reports car les actionnaires n’ont pas l’air d’être faciles à convaincre. La prochaine réunion est programmée fin juillet. En plein soleil ? Jean Tonnerre

Le docu friction

Dans ce contexte de forte croissance, toutes les usines de production de silicium, la matière première des panneaux photovoltaïques, devraient se frotter les mains.

Mais celle qui aurait dû déjà voir le jour à Château-Arnoux (04), risque bien de mettre la clé sous la porte avant même d’avoir pu fonctionner. Annoncé en grande pompe en 2005 lors de la restructuration de l’usine Arkéma (350 salariés au lieu de 800), Silpro (Silicium Provence) devait devenir l’étendard de la vallée verte. Le chantier s’est arrêté aux fondations, en engloutissant au passage 100 des 800 millions d’euros prévus. Actionnaire principal, le groupe néerlandais Econcern, allié à l’Allemand Solon AG (fabricant de panneaux photovoltaïques) a été séché par la crise.

Avignon

Les centres sociaux prennent l’eau Et de trois ! Depuis dix ans, Avignon a vu une série de centres sociaux s’effondrer : Saint Jean, Monclar et, aujourd’hui, celui de la Barbière. Motif ?

Le centre social et culturel de la Barbière, au Sud de la ville, a déposé le bilan, plombé par 35 000 euros de déficit. Les onze salariés attendent leur lettre de licenciement. Les usagers du centre s’interrogent sur l’avenir des prestations indispensables dans leur quartier dit « difficile », classé en zone franche. Pourtant, augmenter de 30 % les subventions aurait permis de sauver les meubles… En Avignon, neuf structures de proximité ont pour mission d’animer les quartiers. Le service des centres sociaux gère les conventions qui lient la ville aux associations responsables des centres. Pourquoi la mairie n’est-elle pas intervenue pour éviter le naufrage de l’ASCS, l’association en charge de la Barbière ? « En 10 ans, la ville a recapitalisé l’équivalent d’un centre social chaque année », se défend Philippe Marcucci, ancien adjoint responsable de l’action sociale. Selon une source proche de Valérie Wagner, la nouvelle adjointe déléguée aux centres sociaux, le malaise aurait une cause précise. En substance : les associations seraient trop souvent aux mains de personnes nourries d’ambitions politiques... Lors de l’assemblée générale du 29 avril à la Barbière, la municipalité a tenu un discours moins polémique mais renvoyant aussi la faute aux autres : On ne peut en aucun cas se mêler de leur décision et de leur gestion ! L’opposition de Marie-Josée Roig, Mme le maire UMP, a évidemment d’autres analyses. « Les responsables de ces crises à répétition sont ceux qui ne veulent pas mettre un peu plus d’argent », condamne Max Rieu, conseiller municipal estampillé Parti de gauche. Ancienne membre du

bureau de l’association gestionnaire du centre social de la Barbière, Martine Gras abonde dans le même sens. « La ville s’est désintéressée du centre, hypnotisée par le projet de la zone franche, mis en place au château de la Barbière à 20 mètres du Centre social, qui devait donner du travail aux jeunes. Seulement, ça n’a pas fonctionné », raconte cette militante associative non « encartée » mais présente, aux municipales, sur la liste du communiste André Castelli. Entre 2004 et 2007, avec de nombreuses associations, elle a participé aux « rencontres d’Avignon Sud ». La municipalité aurait vu d’un mauvais œil cette initiative, entretenant des querelles internes et diminuant son soutien au centre social. La baisse chaque année de 10 % de son budget depuis 2005 aurait fait le reste… Jusqu’à la fermeture ! Une récente étude, co-signée par l’Agence d’études urbaines et sociales (Adeus), a pointé du doigt la nécessité du centre social comme poumon du quartier. Alors quel avenir pour la Barbière ? La mairie projette d’y mettre en place un partenariat entre l’Ifac (Institut de formation des animateurs), réseau fondé par Charles Pasqua apprécié à droite, et l’Oga (Office de gestion des associations). Est-ce un hasard ? Après sa faillite, le centre social de Monclar a lui aussi été confié à l’Ifac. Les familles doivent désormais y cotiser 30 euros par mois afin de bénéficier d’une aide scolaire pour leurs enfants. Toutes ne le peuvent pas... Anne Laroutis


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la grosse enquête

le Ravi n°64 juin 2009

tribune Par Cécile Rousseau

Cécile Rousseau est ingénieur agronome, animatrice de la Confédération Paysanne des Bouches-du-Rhône. Cette conjointe de paysan sur une ferme bio en polyculture-élevage (transformation à la ferme et vente directe), pose le problème du devenir des terres agricoles face à la pérurbanisation.

Quand le désir doit se faire respect… Désir de campagne ? A priori, ce ne sont pas les paysans qui seront hermétiques à ce concept… D’ailleurs, un certain nombre d’adhérents de la Confédération Paysanne sont des urbains reconvertis en agriculteurs, heureux de pouvoir à leur tour nourrir les villes de leurs produits de qualité, et vivre en relation avec un environnement agréable. Mais pour de nombreux urbains en mal de verdure, qu’est-ce donc que la campagne ? Un écrin de nature où planter leur villa avec double garage, quad et piscine ? Un tableau de Cézanne dans lequel on aurait collé comme une verrue leur construction, avec des lions en pierre à l’entrée et un panneau « attention, chien méchant, propriété privée » devant le sentier qui serpente dans la colline ? Que deviennent les abords de nos villages, avec leurs lotissements dortoirs tous identiques, dont le crépi est déjà en train de se délabrer, au milieu des ronds-points et des zones commerciales ? Et tout cela a poussé comme une nuée de champignons toxiques sur les terres les plus fertiles ! Nous n’avons rien contre le partage du territoire, mais gardons les bonnes terres pour l’agriculture et construisons sur le rocher, dont nous ne manquons pas dans nos contrées !

« Comme une nuée de champignons toxiques sur les terres les plus fertiles » Aujourd’hui, à cause de la pression foncière, un paysan qui veut s’installer dans les Bouches-du-Rhône doit s’apprêter à débourser quelques 10 000 euros par hectare ! L’investissement est difficilement amortissable… Quant à louer des terres, c’est presque plus compliqué encore, car la plupart des propriétaires préfèrent laisser leurs terres en friches pendant des années dans l’hypothétique espoir de les voir un jour classées en zones constructibles ! Conséquence, d’après une étude de la Draf Paca (1), dans une vingtaine d’années il n’y aura plus d’agriculture dans cette région, qui ne sera qu’une mégapole géante entre Avignon et Menton… Est-ce cela que souhaitent les urbains en désir de campagne ? Face à cette situation, la Confédération Paysanne 13, avec notamment le soutien de l’ADEAR (Association de développement de l’emploi agricole et rural), d’Alliance Provence, d’Attac pays d’Arles et Attac Salon, est en train de créer un Collectif de défense des terres fertiles, sur le modèle de celui qui s’est déjà constitué dans le Var. L’idée est de rassembler des paysans et des « consomm’acteurs » autour de la problématique de la préservation du foncier agricole. Des formations vont être organisées sur les documents d’urbanisme, les baux ruraux, les outils à disposition des collectivités pour installer des paysans. Une veille des consultations publiques sur les modifications de PLU et de SCOT sera organisée : chacun, dans son village ou sa ville, sera invité à consulter en mairie les éventuels projets de modifications et à rencontrer l’enquêteur chargé de la consultation pour lui demander de préserver la vocation agricole des terres. Le collectif pourra également intervenir auprès des mairies qui souhaitent installer des agriculteurs sur leurs terres. Un argumentaire pour convaincre les propriétaires frileux de louer leurs terres sera mis au point… Pour nous, un paysan, c’est finalement celui ou celle qui a choisi de vivre dans un pays, en accord, en complémentarité et dans le respect de tous les habitants et de l’environnement de ce pays. Si certains citadins souhaitent revenir à la campagne, juste pour l’exploiter, sans un regard sur la cohérence de leur présence en son sein, ils risquent d’accentuer un déséquilibre qui mènera à la disparition de l’agriculture de notre région ! En revanche, s’ils font preuve d’intérêt et d’ouverture pour leur entourage naturel et humain (en un mot s’ils s’insèrent dans la société rurale !), ils seront volontiers accueillis comme de nouveaux membres de la communauté locale. 1 Le problème foncier en zone périurbaine, séminaires novembre 2003, mars-mai 2004. Pour participer au Collectif de défense des terres fertiles, contactez la Confédération Paysanne : 04 90 55 78 23 - conf13@free.fr.


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Métropoles & trous jolis - le Ravi n°64 juin 2009 -

la grande tchatche

Jean-Luc Bennahmias

Le Sancho Panza de Bayrou Propos recueillis par Rafi Hamal, Michel Gairaud. Retranscris par Eric Besatti.

Depuis bientôt trois ans que l’émission la Grande Tchatche existe, personne n’avait jamais eu l’immense honneur d’être invité une deuxième fois. Voilà qui est fait ! Mais en 2007 tout a changé pour Jean-Luc Bennahmias. Comme Paul Claudel, debout près du deuxième pilier de Notre Dame de Paris, touché au cœur par le doigt de Dieu, comme François Truffaut, scientifique ufologue dans Rencontres du 3ème type, entrant enfin en contact avec les aliens, un événement a bouleversé le cours de sa vie politique. IL l’a accueilli dans son premier cercle tout auréolé d’orange. Lui-même ! François René Jean-Lucien Bayrou. L’homme qui murmure à l’oreille des pur-sang et de la France profonde. Ce pays qui, un jour ou l’autre, finira bien par lui confier son destin. Fini les prises de têtes à la lecture d’obscurs essais de la radicalité écologiste, le livre de chevet de Bennahmias est désormais la biographie d’Henri IV, « le roi libre », signée bien entendu par le baron des Pyrénées-Atlantiques. Fini ses dérives adolescentes, la vie en communauté, les canards alternatifs, le PSU, les Amis de la Terre, le voilà désormais adepte de la défense des PME, du petit commerce et du bon sens. Bref ! Le porte drapeau de l’exaltante aventure du Modem : ni droite, ni gauche. Cap au centre ! C’est après les élections présidentielles qu’il a claqué la porte des Verts, dont il a été, il y a bien longtemps, le 1er secrétaire. Il faut dire que les urnes ont été sans appel : Bayrou, 18,57 % ; Voynet, 1,57 %. Le voilà désormais vice-président national et membre du bureau exécutif du Modem. Et ensuite ? Le quotidien reprend vite son cours. Tête de liste dans le Sud Est aux Européennes pour les Verts en 2004, il l’est à nouveau pour le Modem en 2009. Il a changé d’étiquette mais siége toujours au Conseil régional dans la majorité du socialiste Michel Vauzelle. Le Modem s’est rangé sous la bannière de Jean-Noël Guérini et d’Eugène Caselli, le président PS de la communauté urbaine de Marseille où il a aussi un strapontin. Viceprésident du Mouvement démocrate dans les Bouches-du-Rhône, JeanLuc Bennahmias a retrouvé une famille avec l’intensité, virile et « fraternelle », des débats politiques qui a toujours fait le sel des assemblées écologistes. Mais qu’importe ! Là n’est pas l’essentiel. Le député-Don quichotte du Béarn est en route pour la bataille de 2012. Jean-Luc Bennahmias sera avec enthousiasme son Sancho Panza.

Comment expliquez-vous l’indifférence des citoyens à l’égard des élections européennes ? C’est pas nouveau. J’aurais aimé qu’on parle pendant l’ensemble de la mandature du travail du parlement européen. Dès que les choses marchent mal, c’est Bruxelles. Dès que ça fonctionne bien, c’est grâce aux hommes politiques des états nations. Mais c’est vrai, il y aussi des décisions stupides prises par la Commission européenne. La dernière en date c’est celle sur le rosé mélangeant du rouge et du blanc. Ça coupe vraiment les pattes des électeurs. L’activité des députés européens questionne également. Dans les divers classements (critères : présence, questions posées, rapports, produits, propositions de résolution), vous êtes à peu près en milieu de peloton des élus français, euxmême pas très bien classés. C’est très moyen, non ? J’ai bien joué, vous avez vu : bien au milieu, invisible. Centriste quoi ! Non non non ! Ces classements sont assez justes sur un point : le taux de présence. 90 % des députés européens siègent dans plus de 80 % des assemblée auxquelles ils doivent participer. C’est énorme. La désaffection de l’électorat, est-elle un indicateur des limites de cette Europe à 27 ? Oui. L’élargissement à 27 sans qu’il y ait les structures politiques qui permettent de prendre des décisions réelles, d’être plus proches de nos concitoyens, n’est pas une bonne chose. Bientôt on sera 28, 29, 30... Clairement personne n’y comprend rien. La solution c’est quoi ? Un noyau dur qui gère ? Est ce vraiment compatible avec une démocratie à l’européenne ? C’est même indispensable si on a envie d’arriver à autre chose que des compromis à minima! Il faut trouver des solutions d’harmonisation sociale, fiscale, environnementale par le haut et ça n’est pas possible à 27. Aujourd’hui si un seul pays dit non, rien ne se fait. Le Modem comme le PS ou l’UMP est pour le traité de Lisbonne. Où est la différence ? La différence c’est qu’on a pas envie que l’union européenne ne soit que des compromis à minima entre chefs d’états et de gouvernement. Prenons un exemple : 27 états nations, 27 plans de relance parfois complémentaires, souvent contradictoires. Alors que ce qu’il faut à l’UE c’est un plan de relance européen, avec de grandes infrastructures : des transports collectifs, ferroviaires, un grand plan d’énergie renouvelable ... Il y a deux ans (une éternité en politique !) vous plaidiez avec beaucoup de vigueur pour l’union de tous les écologistes. Avec Europe écologie, d’autres ont fait cette « biosynthèse » à votre place. Des regrets ? J’ai quasiment des larmes aux yeux. Non je n’ai aucun regret. Ça ne vous pas échappé qu’il y a une autre liste écologiste avec un grand chanteur... Francis Lalanne. Autour d’Europe écologie je retrouve 95 % des verts que je connais déjà. D’accord, quelques personnalités tout a fait sympathiques et de renom les ont rejoints, Eva Joly, José Bové...

M.G.

Attendez, arrêtez ! Dany (Ndlr Daniel Cohn-Bendit) est très fort d’avoir fait croire à une recomposition générale. Elle n’existe pas ! Vous êtes pourtant toujours affilié vert au parlement européen... Oui parce qu’au parlement européen on ne change pas de groupe comme de chaussettes. Je n’avais pas de raison de quitter le groupe Vert pour les emmerder alors que je m’entends bien avec 90 % d’entre eux. Les écolos européens jouent un rôle tout à fait fondamental sur le fond des problèmes politiques mais ne pèsent pas assez pour avoir un rôle actif afin de favoriser une alternative politique. J’aspire, dans la prochaine mandature, qu’il y ait une discussion entre des écolos, des démocrates sociaux, des sociaux démocrates et quelques autres pour dire : on va faire ensemble un groupe puissant à 150 ou 200 députés. François Bayrou se pose comme un recours face à Nicolas Sarkozy. Le problème c’est que le Modem seul ne peut rien ! On est d’accord. Donc il vous faudra à chaque rendez-vous électoral soit être avec l’UMP, soit être avec le PS. N’est-ce pas un résumé de l’éternelle impasse des centristes ? Non, non ! Qu’est ce que vous racontez !? Le mouvement démocrate n’est pas centriste, mais cherche à devenir le mouvement central de la vie politique française. La politique est une question de rapport de force. On ne discute pas, par exemple, avec le parti socialiste sans rapport de force. J’en sais quelque chose ! Et bien on verra en temps voulu si le PS sera d’accord pour discuter avec nous. Mais pas l’inverse... Avez-vous encore le cœur à gauche ? Ça n’a plus vraiment de sens au regard de l’histoire politique des dernières années. Après, au regard des libertés et de la solidarité, ça pourrait avoir une signification qui est totalement à reconstruire. Quand il y avait 13 gouvernements européens sur 15 à gauche en Europe, avez-vous vu un changement structurel par rapport à l’ultra libéralisme mené par la commission européenne ? Moi non. Aux régionales de 2010 en Paca, allez- vous attendre le second tour pour déterminer quel sera votre allié ? Allez-vous mettre en concurrence le PS et l’UMP, probablement Vauzelle et peut-être Falco ? Falco candidat ? Il y a une ambiance très conviviale dans l’UMP en Paca. Ces gens- là s’aiment énormément, on sent vraiment entre eux une grande unité... Sérieusement, le Modem sera candidat au premier tour. Au second, il y aura deux solutions. Soit on se maintient au second tour parce qu’on le peut, soit on fusionne. Dans ce cas, on en discutera nationalement, avec Francois Bayrou, et l’ensemble des 22 têtes de liste des différentes régions. C’est plutôt avec la social démocratie qu’on a envie de discuter... Jean Noël Guérini, votre allié socialiste à la communauté urbaine de Marseille, partisan d’un tournant social-démocrate au PS, incarne-t-il à vos yeux une nouvelle façon de faire de la politique ? (Rire) Comme vous y allez! Avec Jean Noël Guérini, les choses sont discutables de façon extrêmement pratique, on n’est pas dans la théorie. En politique il n’y a que ça qui compte. Globalement les accords que nous avons eus avec lui sur les répartitions des pouvoirs et sur un certain nombre de positions fondamentales se sont vérifiés après. En dehors du moratoire sur l’incinérateur. Justement, le dossier de l’incinérateur a été déterminant pour le Modem marseillais au moment de choisir Guérini plutôt que l’UMP Gaudin. Vous êtes cocu dans l’histoire ? Qui est cocu dans l’affaire ? Les habitants de Fos-sur-Mer. Qu’est ce qu’on a fait, nous, les élus modem ? On a voté contre et on l’a exprimé plusieurs fois. Qu’est ce que vous voulez qu’on fasse de plus ? Démissionner ? Nous défendions un moratoire. Il n’y a plus de moratoire, on a voté contre. Voilà. Vous siégez encore au conseil régional ? Je n’ai plus beaucoup de temps. Et je ne me représenterai pas l’an prochain.

Ecoutez en permanence l’intégralité de cet entretien avec Jean-Luc Bennahmias,

Qui va porter alors les couleurs du Modem aux élections régionales ?

enregistré le 18/05/2009, sur le www.leravi.org. Et retrouvez en direct la Grande Tchatche sur le 88.8 FM, tous les 4èmes samedis du mois à 11 heures. Prochain rendez-vous : samedi 27 juin.

Sans doute Francois-Xavier De Peretti qui a fait un score brillant sur Aix, non pas 5,5 % comme moi à Marseille, mais 20 %. C’est pas mal !


colonne Maurice

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notre belle région

- le Ravi n°64 juin 2009 -

T H É M AT I Q U E A N T E N N E

Universités de la matraque

DÉVORATION

Le conflit dans les facultés a battu les records de durée mais s’est achevé sans victoire, sous contrôle policier, et avec pour principale perspective des examens bricolés. Amertumes.

Du jeudi 4 au mardi 9 juin

Du cuit au cru, du jeûne à la débauche, du planétaire au local, la nourriture est devenue un enjeu de société crucial. Plus que jamais fière de ses cuisses fines et tendres, la Grenouille vous a mitonné une semaine fumante de cuisine culturelle. Au-delà des effets de marketing, où est la cuisine contemporaine ? Au menu, grands entretiens avec de grands chefs, recettes cannibales de Topor, chroniques gastrosophiques du professeur Rosmini, Ear cooking de Christophe Modica, aphrodisiaques, recettes de Cucina povera… Nous allons entrelarder l’antenne de sons de cuisine, la truffer de mix à la tomate et au watermelon sortis de nos vieux mange-disques. Une semaine pour contribuer à ce que la cuisine fasse culture.

En direct et en public, 3 journées de débats et de rencontres au salon Terroir 13 les 5, 6 et 7 juin au Conseil général des Bouches-du-Rhône. Retrouver toute la programmation de Radio Grenouille sur le www.grenouille888.org

La très longue grève universitaire de ces derniers mois a-t-elle été perdue par ceux qui exigeaient les retraits de la loi LRU et des décrets sur la formation des enseignants chercheurs ? Les actions n’ont pourtant pas manqué. AG, rondes des obstinés, manifestations, blocus, grèves de la faim... « Ce mouvement a été intense mais il a loupé une étape cruciale : la question des examens de fin d’année. C’était le piège de Pécresse. C’est là-dessus qu’on a perdu, se désole Marc, étudiant et anarchiste à Aix-en-Provence (13). En Paca, c’est historique, l’Unef a été débordée partout. Ce syndicat de bureaucrates pour socialistes boutiquiers avait déjà l’habitude de dénoncer via son président « les gauchistes ». Pourtant, beaucoup d’étudiants n’étaient pas politisés au début du mouvement. Ils voulaient simplement refuser la privatisation rampante et de voir des flics sur les campus. » Le président de l’Université de Toulon, Laroussi Oueslati, membre du PRG (voir le Ravi de plâtre, page 2) a choisi d’innover en ayant recours à plus de trois reprises « aux forces républicaines » afin de réprimer les grévistes « preneurs d’otages ». La première intervention de police a eu pour objet l’évacuation sans sommation du bâtiment administratif occupé. Ont suivi intimidations, bousculades et enfin déblocage du campus au fil des jours. « Si un politicard comme Oueslati est considéré comme de gauche, alors on comprend pourquoi les médias voient des jeunes terroristes d’ultra-méga gauche partout », a-t-on entendu sur les barricades toulonnaises le

jour de leur évacuation. Gaspard, étudiant en lettres, confie : « Je suis allé voir les flics armés jusqu’aux dents pour leur demander s’ils savaient pour quelles raisons ils étaient là. Ils ne le savaient pas ! On a accordé nos violons entre étudiants pour refuser l’affrontement physique, mais cela aurait pu être autrement. » À Nice, le président d’Université Albert Marouani s’en est pris physiquement à des étudiants sur le campus de Saint-Jean d’Angély cerné de policiers. La vidéo internet captant cette scène connaît un franc succès : elle a été vue plus de 20 000 fois sur Youtube. Le blocus qui a tenu le plus longtemps a été celui de l’Université de Provence Aix-Marseille 1. Sa levée n’a été votée que le 26 mai dans une situation confuse. Toutes les composantes des universités de la région se sont acharnées à vouloir organiser des partiels parfois malgré l’absence de très nombreux cours et peu ou aucun rattrapage. Mais des grévistes telles qu’Émilie Devriendt, maître de conférences en linguistique française à La Garde (83), dénoncent « la mascarade des examens » et appellent à composer déguisés en clown, voire en président bling-bling... La très grande majorité des examens de toutes les universités de la région devraient se tenir d’ici fin juin, et leurs rattrapages en août et septembre. Une très redoutée bande de casseurs costumés de bleu n’a pas encore confirmé sa présence au carnaval. Jean-Baptiste Malet

La Région touche les fonds… européens Entre les citoyens et l’Europe, ce n’est pas le grand amour. Pourtant en Paca, les élus utilisent largement le tiroir-caisse européen et leurs administrés en profitent. C’est un fait, cinquante ans après la signature du Traité de Rome, l’Europe n’a pas la cote. Pourtant, les régions louent son action et utilisent de plus en plus le tiroir-caisse bruxellois. Logique : au moment où l’Etat n’a plus rien à donner, l’Europe, à travers de multiples dispositifs aux noms ésotériques (Equal, Ifop, Feder, etc.), distribue des subventions tous azimuts. Ce sont 308 milliards d’euros de fonds structurels qui seront attribués jusqu’en 2013 aux membres de l’Union Européenne et à leurs régions. Le rôle de levier de ces fonds est reconnu unanimement. « L’UE est un partenaire financier majeur de la région, comparable aux pouvoirs publics. Aujourd’hui, quasiment aucun grand projet ne peut se faire sans l’aide de ces fonds. Ils participent quotidiennement au développement de nos territoires », estime Guy Bono, député européen sortant et vice-président PS de la région. Mêmelesmoinseurophilesenconviennent. « Malgré le labyrinthe administratif installé par les technocrates bruxellois pour accéder à ces aides, c’est clair quelles sont indispensables pour désenclaver les régions et les développer », consent Michèle Vianès, tête de liste souverainiste de Debout la République. « Ce n’est qu’un juste retour, modère Jackie Blanc, secrétaire du FN 13, ce sont nos impôts qui alimentent Bruxelles. » Pour 2007-2013, la somme allouée à la région est de 900 millions d’euros (1), ventilée autour de quatre objectifs : reconvertir les sites industriels en déclin, combattre le chômage de longue durée et

favoriser l’insertion professionnelle des jeunes, adapter des structures agricoles et développer les zones rurales. Bruxelles a par exemple débloqué la rondelette somme de 3 millions d’euros, sur un budget total de 8,5 millions, pour construire le Centre nautique de la Seyne sur Mer (83) à vocation ludique et sportive. A la Ciotat (13), l’UE se fait entrepreneur en réhabilitant l’ancienne villa des Frères Lumière. Un coup de pouce de 78 281 euros sur un total de 485 569 euros avec l’espoir d’y favoriseruneactivitééconomique. En 2013, Marseille et la Provence deviendront enfin capitale… de la culture. Pour décrocher la timbale, il a fallu promettre 98 millions d’euros. Bonne fille, l’UE s’engage à hauteur de 15 %, soit 14 700 000 euros. Toujours à Marseille, le pôle médias de la Belle de Mai, qui abrite les décors de « Plus belle la vie », a bénéficié d’une substantielle aide européenne de 6,4 millions, soit 19,5 % d’un budget total de 32,8 millions d’euros. De quoi rendre la vie encore plus belle. Seul bémol au tableau : l’Etat refuse de déléguer aux Conseils régionaux la gestion des fonds. Sauf en… Alsace, siège du parlement européen. C’est aussi, avec la Corse, une des deux seules régions UMP ! Le hasard fait bien les choses… Rafi Hamal 1 302 millions d’euros : Feder. (Fond européen de développement régional) ; 285 millions d’euros : Fse (Fond social européen) ; 237 millions d’euros : Feader (Fond européen agricole pour le développement rural)


22 RTT le Ravi n°64 juin 2009

cop inag e s

Nausicaä, fille du vent Les inconditionnels de Hayao Miyazaki, créateur notamment de Mon voisin Totoro, Porco Rosso, Le voyage de Chihiro et récemment de Ponyo sur la falaise, connaissent sans doute Nausicaä de la vallée du vent. Réalisé en 1984, le premier grand film d’animation du maître de l’animation japonaise rassemble déjà presque ses principaux choix artistiques et préoccupations : refus de tout manichéisme plaçant ses oeuvres à mille lieux de l’univers binaire d’un Walt Disney, pacifisme, obsession écologiste, rôle central des héroïnes… Nausicaä est née du croisement entre un personnage de l’Odyssée d’Homère, femme troubadour éprise de liberté, de la nature, et d’une princesse légendaire japonaise qui aimait les insectes. Avant d’être un dessin animé, Nausicaä est aussi le seul manga dessiné et scénarisé par Miyazaki. Glénat ressort en version française, et en sept tomes, cette BD décrivant les déboires de l’humanité menacée par la progression d’une forêt toxique. Un beau travail d’édition qui pousse le souci d’exactitude jusqu’à utiliser un papier « vert » comme celui de l’œuvre originale. Mais au fait, quel rapport avec Provence-Alpes-Côte d’Azur ? Ceux qui connaissent l’étang de Berre et ses abords trouveront sans doute dans les descriptio ns de « la mer en décomposition » comme un air de famille… Nausicaä de la vallée du vent, de Hayao Miyazaki, éditions Glénat. 7 tomes. M.G.

Docteur Greene & Mr Chase Une sympathique association d’amis du roman policier, joliment intitulée Les Polarophiles tranquilles, publie un bulletin qu’on trouve – gratuitement – dans toutes les bonnes médiathèques, ou sur simple demande. Il traite de questions passionnantes à propos de ce genre littéraire, et se livre – c’est bien le moins qu’on pouvait attendre d’amis du roman policier – à toutes sortes d’enquêtes.

Z top « Le canard-tortue sort le bec de sa carapace ! » Et le premier numéro de ce « journal trisannuel » est prometteur. Grand principe du nouveau-né : s’immerger dans le cours des événements pour mieux les raconter. Concrètement, les quinze pionniers qui se sont lancés dans l’aventure quittent à chaque parution le bureau de Montreuil pour parcourir à 50 km/heure les routes départementales avec « Gigi », camion poussif mais fort utile. Après s’être installée dans le Tarn, la rédaction mobile s’est posée à Forcalquier (Alpesde-Haute-Provence) pour y préparer le second opus où il sera notamment question de l’agglomération marseillaise. La ligne éditoriale ? Pas « d’engagement monolithique » mais point de neutralité pour autant. Résultat ? Fort réussi. Bel objet à mi-chemin de la revue et du livre, des séquences sur la « standardisation de la naissance », sur « le contrôle dans la peau », les « enfants de la taule »… Autant d’enquêtes, reportages, témoignages et réflexions qui renouent en les renouvelant avec les fondamentaux, souvent oubliés, du journalisme.

Z, revue itinérante d’enquête et de critique sociale. www. zite.fr. Adresse Z c/o la Parole Errante au 9, rue François Debergue, 93100 Montreuil. Prix au numéro 10 euros. M.G.

La dernière vient d’aboutir à une découverte amusante : le célébrissime James Hadley Chase (1906-1985) n’était que le prête-nom du non moins célèbre Graham Greene (1904-1991). D’un côté ce brave homme écrivait des romans très « classiques », sérieux, pour un public de gens très convenables, de l’autre, pour gagner encore mieux sa vie – car ses premiers romans se vendaient assez mal -, il écrivait des romans noirs, vite faits, qu’il signait Chase, du pseudonyme d’un romancier qui existait effectivement, mais qui n’écrivait pas beaucoup et qui vendait encore moins. Greene aurait fort bien pu, avec le temps, avouer cette supercherie – d’autres l’ont fait, comme l’excellent Jacques Laurent, qui, à côté de sa production « officielle », signait des livres Cecil Saint-Laurent, ce qui n’a jamais dupé personne. Mais Greene n’a jamais rien avoué, Chase s’est toujours tu, et leurs éditeurs ont envoyé promener tous ceux qui se sont penchés sur la question. Il y avait de quoi stimuler la curiosité des amis des enquêtes policières… Cette identité entre les deux auteurs avait déjà été évoquée, mais l’intérêt des Polarophiles est qu’ils prouvent ce qu’ils avancent. Ils le prouvent, ces amateurs cultivés, qui semblent un petit peu universitaires sur les bords, avec toute une série d’arguments difficiles à récuser : mêmes prénoms inhabituels dans les deux univers, scènes semblables, identiques petits détails révélateurs… Mais l’argument suprême – irréfutable, assurent-ils – à l’appui de leur thèse est l’« ambiance » des deux mondes romanesques. Le reste se maquille ou s’emprunte facilement, mais les éléments profonds qui structurent une pensée, qui ordonnent une vision du monde ressurgissent, quelque soin qu’on prenne à vouloir les faire oublier… Chase et Greene proposent chacun dans leur œuvre – pour entretenir la fiction qu’il s’agit de deux auteurs distincts – une vision de l’existence considérée comme un traquenard. C’est dans ce piège – dans lequel ils croyaient – que les Polarophiles les ont fait tomber. Docteur Greene et Mr Chase ne sont qu’une seule et même personne. Et ils sont démasqués. Bien fait ! Robert Colonna d’Istria Envoi du bulletin gratuit sur simple demande. Adresse de l’association : Les Polarophiles Tranquilles, 86 av de Grasse 06400 Cannes. Courriel : cazon.t@9online.fr. Site : www.polarophile.com

le s mot s ravi s

par Djibril

La sève monte Ah, les beaux jours de juin : les fleurs, promesses du bonheur, laissent place aux fruits, réels plaisirs. Si la politique suivait les lois de la nature, alors les grosses légumes arrêteraient de récolter pour eux-mêmes, et le potager serait ouvert à tous.

Horizontalement I II

D’une famille rampante et généreuse. Maladie du jardinier et du maçon. Dernier salut pour les perdants. III Liste partielle. Le règne sans combat. IV Consommateurs des meilleurs nectars. Précède le pas. V Chose ancienne. Renvoie le service. VI Arrose les Biterrois. Sont déchaînées. VII Berger malheureux. Vaniteux au point d’en être vain. VIII Début d’un rire. Mieux que le recyclage. IX Moitié d’une fascination. Souvent synonyme d’enrichissement. X Première secrétaire. Diplômes qui ont fait beaucoup pour le palais. XI Cherche un locataire. Plus que mieux. XII Arrive à grand pas. Pas de peaux pour ceux qui vivent pas loin.

Verticalement 1 2

Essentielle à la vie. Doit changer de figures le 7 juin. Pour plus de précision. En possession. Moins qu’un iota. 3 Feuille sortie des eaux. On n’en décolle pas. 4 L’Europe devrait l’être. Campagne non électorale. 5 Bien amusé. Forme la plus haute strate. Sortie du court. 6 Erreur manifeste. Futur souffrant. 7 Finissent parfois par se rejoindre. 8 Ecriture sauvage. Pour mieux situer. N’a pas encore servi. 9 Porte les grands alignements. Situe mieux. Situe l’origine. 10 Distingué. Avant de reconstruire. 11 Rythmé par les saisons. Quand je vidais l’animal. 12 Nous rendent la vie si belle. Disperse les graines.

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Solutions n°63, mai Horizontalement : I I. Appellations / II. Lie. Année. / III. Tanin. ERG. US. / IV. End. Tord. If. / V. Rouge. Rose. / VI. Lourds. / VII. Apeurée. Ar. / VIII. Test. Mélange. / IX. Il. Emu. Aryen. / X. Vus. AEI. En. / XI. Eraflées. / XII. Séries. Ether. Verticalement : 1. Alternatives. / 2. Piano. Pelure.

/ 3. Pendules. Sar. / 4. Goute. Fi. / 5. Lenteur. Male. / 6. Lu. Remuées. / 7. Erodée. ie. / 8. Tard. La. Se. / 9. Ing. Paru. / 10. On. Ion. Ny. Oh. / 11. Neufs. Agée. / 12. Ses. Etrenner.


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brèves - le Ravi n°64 juin 2009

Falco, rĂŠdac chef de

Var MatinĂŠUĂŠAu cours d’une assemblĂŠe gĂŠnĂŠrale très suivie, le 14 mai, la rĂŠdaction de Var Matin s’est embrasĂŠe comme un feu de paille Ă l’annonce du limogeage de Patrice Maggio, patron dĂŠpartemental du quotidien toulonnais. Cible de cette colère : le secrĂŠtaire d’Etat Hubert Falco, maire de Toulon. Les journalistes le soupçonnent d’être directement intervenu auprès de la direction du group e Hersant pour obtenir la tĂŞte de Maggio, coupable, entre autres, d’avoir ouvert les colonnes du journa l Ă des partisans du tramway dont Falco ne veut pas. Ils sont d’autant plus remontĂŠs qu’avant Magg io, Roger Antech, rĂŠdacteur en chef, avait, lui aussi, ĂŠtĂŠ ÂŤ dĂŠplacĂŠ Âť. Tout comme Lilian Renard qui anima it la rubrique ÂŤ politiquement indiscret Âť. La ville de Toulon et le Conseil gĂŠnĂŠral du Var, ĂŠgalem ent proche de l’UMP concourant dans une large mesure Ă l’Êquilibre financier de Var Matin par l’achat d’espaces publicitaires, une conclusion s’est imposĂŠe d’elle-mĂŞme : en ces temps de vaches maigres, la directi on de Var Matin n’a rien Ă refuser aux annonceurs institutionnels. Officiellement Maggio a manifestĂŠ son dĂŠsir de ÂŤ retourner sur le terrain Âť. Mais person ne n’est dupe. C’est, en effet, l’un des plus influents – et des plus ambitieux - adjoints d’Hubert Falco, par ailleurs membre de l’assemblĂŠe dĂŠpartementale, qui se serait fait un plaisir d’annoncer lui-mĂŞme la nouve lle Ă un journaliste de Var Matin. Autrement dit : les politiques ĂŠtaient au courant avant la rĂŠdaction ! On a beau avoir l’esprit large, ça fait quand mĂŞme un choc. ÂŤ A qui profite le crime ? Âť feint de s’interroger un syndicaliste.

notre belle rĂŠgion

Quoi qu’il en soit, le SNJ dĂŠnonce ÂŤ les mesures visant Ă donner les clefs du journal aux politique locaux Âť. De son cĂ´tĂŠ le SNJ-CGT a sorti la grosse Bertha et parle de ÂŤ nettoyage au Karcher des journalistes politiquement incorrects Âť. A ses yeux, la manoeuvre est cousue de fil blanc : il s’agit ÂŤ d’assainir le terrain mĂŠdiatique pour ouvrir la voie royale des ĂŠlections rĂŠgionales Ă notre sauveur Hubert Falco. Âť La riposte s’organise : partie de Var Matin, une pĂŠtition en faveur de l’indĂŠpendance de la presse circule Ă La Provence. Toute cette agitation est-elle de nature Ă favoriser la carrière gouvernementale d’Hubert Falco ? Rien n’est moins sĂťr. A l’HĂ´tel de ville de Toulon on s’interroge sur les imprĂŠvisibles dommages collatĂŠraux de ces jeux de chaises musicales.

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Santos ultra con

Triste sort pour ieu en deuilÊUÊs’est Mireille Mathavig fait Êcraser ner nonnaise. Monty Luft

le producteur de la chanteuse Munich. ier, dans un centre de recyclage à par un poids lourd, le 10 mai dern A 77 ans, iste. subs te dou le s nou r pou s mai La police a conclu à un accident, vie, les n’aurait-t-il pas plutôt mis fin à sa celui qui avait produit Bob Marley in de refra le er hurl hieu Mat ndre Mireille nerfs à vif, pour ne plus jamais ente Mille Colombes ?

La mĂŠmoire trembleUĂŠ ĂŠ/Ă€i“LÂ?i“iÂ˜ĂŒĂŠ`iĂŠĂŒiÀÀiĂŠ`>Â˜ĂƒĂŠÂ?iĂŠĂƒiVĂŒiÕÀÊ`iĂŠ >“LiĂƒVĂŠ\ĂŠLˆÂ?>Â˜ĂŠÂŤĂ€ÂœĂ›ÂˆĂƒÂœÂˆĂ€iĂŠ`iĂŠxääĂŠÂŤiĂ€ĂƒÂœÂ˜Â˜iĂƒĂŠĂƒ>Â˜ĂƒĂŠ>LĂ€ÂˆĂŠiĂŒĂŠĂŽääĂŠLÂ?iĂƒĂƒjĂƒĂŠÂ?j}iĂ€Ăƒ°ĂŠÂ‚ L’info est parue sur laprovence.com le 12 mai dernier. Il s’agissait en fait d’une simulation pour le centenaire du tremblement de terre du 11 juin 1909. D’une magnitude de 6 sur l’Êchelle de Richter, cette secousse lĂŠgendaire a tuĂŠ au siècle dernier 46 personnes et fait 250 blessĂŠs dĂŠtruisant les villes de Salon-de-Provence, Vernègues, Lambesc, Saint-Can nat, Rognes... Les pompiers n’ont pas prĂŠcisĂŠ leur pronostic sur les consĂŠquences d’un nouveau tremblement de terre Ă Cadarache, le Marineland du Commissariat Ă l’Ênergie atomique oĂš se construit en zone sismique Iter, le rĂŠacteur nuclĂŠaire expĂŠrimental... Falco en surchauffe

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Vau

zelle fait son FreĂŞche UĂŠ ˆVÂ…iÂ?ĂŠ6>Ă•âiÂ?Â?iĂŠ­*-ÂŽĂŠiĂƒĂŒÂ‡ÂˆÂ?ĂŠ atteint du syndrome de Georges FrĂŞche qui a essayĂŠ , en vain, de rebaptiser Septimanie le Languedoc-Roussillon ? VexĂŠ par les mots de Brice Hortefeux dĂŠclarant, en bon parisien, Ă propos de Paca : ÂŤ personne ne sait ce que c’est Âť, le prĂŠsident du Conseil rĂŠgional a dĂŠcidĂŠ de rĂŠagir. Il a donc annoncĂŠ le lancem ent d’une consultation auprès `iĂƒĂŠVÂˆÂ˜ÂľĂŠÂ“ÂˆÂ?Â?ÂˆÂœÂ˜ĂƒĂŠ`½Â…>LÂˆĂŒ>Â˜ĂŒĂƒĂŠ`iĂŠ*Ă€ÂœĂ›i˜Vi‡ Â?ÂŤiĂƒÂ‡ ÂžĂŒiĂŠ`½ âĂ•Ă€°ĂŠ >ÂˆĂƒĂŠÂľĂ•ÂˆĂŠĂƒiĂŠĂƒÂœĂ•Ă›ÂˆiÂ˜ĂŒĂŠ qu’en mars 2004 Renaud Muselier, alors en campagne, avait lancĂŠ lui aussi ÂŤ Paca, c’est un sigle comme l’Ursaff. Notre rĂŠgion a besoin d’un nom Âť ? le Ravi ! Nous avions >Â?ÂœĂ€ĂƒĂŠÂŤĂ€ÂœÂŤÂœĂƒjʾÕiÂ?¾ÕiĂƒĂŠÂŤÂˆĂƒĂŒiĂƒĂŠ\ĂŠ*Ă€ÂœĂ›>Â?ÂŤ>âĂ•Ă€]ĂŠ-VÂ…ĂŒĂ€ÂœĂ•Â“ÂŤ vĂ›i˜Vi]ĂŠ*ˆi`ĂƒĂŠ*>V>]ĂŠ ĂŠ*Ă•ĂŒ>ÂˆÂ˜ĂŠ +Ă•½iÂ?Â?iĂŠ ˜V…œ‹>`iĂŠtĂŠ ÂœÂ˜ĂŠtĂŠ ‹œÂ?ÂˆĂŠtʂ°°°ĂŠ Ă•ĂŒĂ€iĂŠÂŤÂˆĂƒĂŒiĂŠ\ĂŠ6>Ă•â iÂ?Â?i‡ >˜`°°°


16

brèves - le Ravi n°64 juin 2009 UÊ+Õi µÕiÃÊ ÕÀÃÊ>Û> ÌʵÕiÊ Õ i Ê Õ«>Ì]Ê Terroristes de pacotille ÃÊ`iÊ`jÌi Ì ]Ê`iÃÊ i LÀiÃÊ `iÊà ÝÊ ÃÊ« ÕÃÊ

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Morte dans la rue

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le s vieux


6

la grosse enquête

le Ravi n°64 juin 2009

entr etien Spécialiste du monde rural, le sociologue et politologue Jean Viard analyse le désir actuel des citadins pour la campagne.

« La culture urbaine s’est imposée dans l’espace rural » Retour à la terre, développement des Associations de maintien de l’agriculture paysanne (Amap) et des jardins associatifs, réveils reproduisant les bruits de la ferme... La campagne est à la mode ?

De plus en plus de citadins se tournent vers l’agriculture, autour de projets mariant maraîchage bio en vente directe et activités associatives. Mais assez loin de l’esprit hippie.

Et le rapport à l’espace agricole ?

Le (re)retour à la terre «O

n a une vieille bicoque, on la retape tranquillement, on fait pousser des chèvres, on fabrique des bijoux, on peut pas dire qu’on s’crève, l’travail, c’est pas pour nous. » Si Le Déserteur de Renaud (1983), n’a pas perdu de sa saveur, l’idéal hippie semble, lui, avoir vécu.

« venez participer, aidez-nous. » Autres nouveautés : les projets à 4, 6 ou 11 personnes. Le partage des tâches permet de prendre des vacances. Mais le réalisme économique reste fondamental », analyse Philippe Cacciabue, gérant de la foncière Terre de lien.

« Le retour à la terre », pour reprendre le titre d’une série BD de Manu Larcenet et Jean-Yves Ferri, connaît pourtant depuis quelques années le même engouement que dans les années 70. « Agriculteur devient un nouveau métier après une expérience professionnelle. Les gens ont envie de travailler dehors, de produire. L’agriculture bénéficie d’un regard plus positif », se réjouit Marie Pons, animatrice de l’Association pour le développement de l’emploi agricole et rural des Bouches-du-Rhône (ADEAR 13). Chaque année, la structure fondée par des membres de la Confédération paysanne accompagne 35 projets d’installation (1). La majorité pour du maraîchage en vente directe, dont un tiers labellisé bio.

Fondée il y a six ans, l’association, qui comprend également une fondation, acquiert des terres (par donation ou en faisant appel à de l’épargne citoyenne) pour les mettre à disposition d’agriculteurs écologiquement responsables (2). En Paca, elle a lancé une souscription au profit d’Agricollectif (3), un projet de maraîchage bio en Amap (4), avec gîte et pension équestre sur 10 hectares. Situé dans le Val de Chalvagne (Alpes-de-Haute-Provence), il est porté par trois trentenaires : une monitrice d’équitation de Grasse, un libraire bruxellois et un concepteur de logiciels niçois. Des écolos un peu jardiniers. « J’ai souffert pendant longtemps de me sentir dans une vie dans laquelle je ne me sentais pas, raconte Jérémy Bemon, l’informaticien. Je veux m’épanouir en travaillant avec mes mains, mon corps. Je souhaite offrir une production saine et changer un système qui n’apporte pas de réponse aux problèmes économiques et écologiques en devenant acteur. »

Le réalisme du projet est très important Peu de « gens qui rêvent » ou qui « planent », assure de son côté Max Lefèvre, directeur adjoint de la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural de Paca (Safer). Cette SA à but non lucratif et d’intérêt public sous tutelle ministérielle soutient une centaine d’installations par an via ses acquisitions foncières. Les nouveaux agriculteurs sont donc aussi raisonnables que leurs productions. « Ils partagent des choses communes avec la génération de 68 - retrouver un sens à son quotidien, autonomie de la ferme, relocalisation de l’activité -, mais le projet est différent, très, très ouvert. La tendance est aux collectifs ville-campagne, avec comme idée :

Une solution radicale pour un choix évident Mais pas question pour le trio de se refermer. Né d’un projet associatif, Agricollectif le reste. « Les activités seront en lien avec la terre et le vivant : participer aux travaux des champs, culture, etc. Avec comme principe l’autogestion », poursuit le Niçois. Pour apporter les premiers fonds et acheter l’habitation, « par sécurité », il a vendu son appartement. Et résume : « C’est une solution radicale pour un choix

« Il y a un double rapport à la campagne, à son cadre de vie et à l’espace agricole. Le premier connaît des cycles : dans les années 70, celui de la génération des années 60 a exprimé un refus politique de la ville et de sa déchéance. Aujourd’hui, des gens profondément urbains choisissent d’habiter à côté de la ville pour avoir un jardin, une piscine. C’est nouveau et correspond à un art de vivre qui pousse les gens vers l’extérieur, au même titre que d’avoir une terrasse avec vue sur la mer à Marseille. »

« Il est plus récent. Il exprime un nouveau rapport au faire pousser, à la production du vivant dans nos sociétés. Après un siècle et demi porté par les énergies fossiles, il y a une réinterrogation du rapport au vivant. Les urbains veulent voir des poules, voir pousser des tomates, des patates, etc. Quand une Amap de 60 familles fait vivre un agriculteur, ce n’est plus le même rapport à la campagne. Il y a un retour de l’intime avec le vivant, comme le montre aussi la place du développement durable dans notre société. »

évident. » Si l’appel à épargne citoyenne réunit les 100 000 euros manquants d’ici le 20 juin, le gîte et la pension équestre ouvriront cet été. « Ca marchera », assure Sylvain Musseri. A 33 ans, le jovial cofondateur de l’Equitable café (Marseille) et chroniqueur culinaire du Ravi part s’installer en location à côté de Forqualquier avec compagne et enfants. D’ici deux ans, il espère monter un projet similaire à Agricollectif. En discussion avec cinq familles, le « futur paysan », comme le Marseillais d’origine aime à se présenter, réfute tout rapprochement avec les « babas » des glorieuses années. « On va utiliser leur expérience, mais le contexte est différent. Je veux une vie ouverte, associative, un projet intergénérationnel, qui n’est pas aujourd’hui partagé par tout le monde, avec des gens qui travaillent sur place et d’autres à l’extérieur. » Titulaire d’un brevet de technicien agricole, le trentenaire a baroudé, remplacé des amis agriculteurs l’été, jardiné, fabriqué des liqueurs... Il y a dix ans, il avait déjà un projet collectif de ferme-auberge. Il sourit : « En ville, je m’éparpille et je dis tout le temps non à mon fils. Je me sens de sortir pieds nu et d’entendre les oiseaux. » Au chômage depuis son départ en février de l’Equitable café, après avoir « beaucoup gueulé », Sylvain Musseri espère « éveiller les consciences » : « Il y a des techniques de production qui demandent un minimum d’intervention et d’arrosage. C’est bon pour la terre et je veux montrer qu’on peut gagner sa vie sans travailler tout le temps. » Lors de son premier rendez-vous au Pôle emploi, l’agent l’a sermonné : « On n’est pas là pour financer votre rêve ! » Passionné, Sylvain Musserie rigole : « Je vais faire de l’agriculture feignante ! » Finalement, il reste quand même quelque chose des idéaux des années 70... Jean-François Poupelin

1 Des ouvriers agricoles et des « jeunes diplômés » complètent son public. 2 www.terredeliens.org 3 La part est à 100 euros. Elle est réévaluée chaque année en fonction de l’inflation. www.lesgouttesdo.net. 4 Association pour le maintien de l’agriculture paysanne.

En Provence, il n’y a plus d’espace vide Est-ce le même désir de campagne que celui des néoruraux ? « L’expression de Bernard Hurieu et de sa femme date de 1973 ou 1974, lorsque des milliers de personnes sont partis s’installer à la campagne par refus de la ville et de l’économie capitaliste. C’était nouveau car tout le monde partait, c’était le début du phénomène. Aujourd’hui, à l’exception de quelques endroit en France, toute la campagne se repeuple, il y a une réutilisation de l’espace rural. En Provence, il n’y a plus d’espace vide. Surtout, à la différence des années 70, les gens ne recherchent plus l’autonomie, ils veulent créer du lien, sortir de l’individualisme de notre société. «

Alors, qu’est-ce que la campagne aujourd’hui ? « Il y a une crise politique du village. Dans la région, la campagne a longtemps été un espace profondément démocratique parce que le droit d’aînesse n’existait pas. Il y avait des petits propriétaires qui s’associaient en coopératives, comme dans les années 20. On peut parler de socialisme rural. Aujourd’hui, il y a de tout : des pauvres qui ne peuvent pas rester en ville, des anciens agriculteurs, des gens arrivés par hasard, comme le prof de fac d’Aix-en-Provence qui a trouvé son terrain sur internet. Il n’y a plus de projet de vie commun, la culture urbaine s’est imposée dans l’espace rural. »

Les gens recherchent l’authentique et peuvent faire 100 km pour le trouver Vous parliez pourtant de la recherche de liens. Les urbains qui s’installent sont friands de projets associatifs, l’accueil des citadins se développe... « L’été, les fêtes votives sont submergées, les repas de la Saint-Jean ont été recréés, des marchés bio mis en place, il y a la fête du tricot, de la courge... Il y a une réinstallation d’une culture de village nouvelle, un mélange de vieilles et nouvelles pratiques. Les citadins recherchent l’authentique et peuvent faire 100 km pour le trouver. Mais les activités associatives procèdent des mêmes besoins qu’en ville : une partie des gens se reposent la question de la proximité. »

Cette campagne n’est-elle quand même pas un peu rêvée, idéalisée ? « L’élite sociale a toujours eu une vision idéale, un amour de la campagne. Depuis les années 60, elle véhicule l’image de beauté et de liberté, même si aujourd’hui cette liberté est plus du cadre du privé. Par contre, comme je le disais, il y a un nouveau rapport au vivant. Il y a 30 ou 40 ans, certains avaient imaginé construire deux usines à œufs pour approvisionner toute la France, à l’image des porcheries en Bretagne ! Cette industrialisation du vivant n’est aujourd’hui plus pensable, il y a une inquiétude de le perdre. » Propos recueillis par J-F P. Dernier ouvrage paru :

Lettre aux paysans (et aux autres) sur un monde durable (Editions de l’Aube, 2008).


!

Tous en campagne

Ces citadins qui rêvent la vie en vert

2,80 %

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n° juin 2009 www.leravi.org

Nucléaire : Préfecture : Universités :

Iter explose les coûts Séjour sur le trottoir UFR de la matraque


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RTT 23

picoler... c'est déjà cuisiner

Y a pas de Bêêêê… Ou l’examen de conscience d’un humanoïde carnivore Par Pierrick du Grain de Sable

Quand je mets bout à bout toutes les raisons

que j’ai de ne plus manger de viande, je me dis que je suis vraiment un pignouf de la dernière cuvée de ne pas devenir végétarien sur l’heure : Un régime carné consomme plus de 4000 litres d’eau par jour (deux fois plus qu’un régime végétarien). Il faut cinq fois plus de surface agricole pour nourrir un mangeur de viande. Les tensions géopolitiques dues aux échanges internationaux de viande et d’aliment pour bétail plombent les négociations et nous rendent dépendants, notamment des Etats Unis. Car nous leur achetons une grande partie de notre fourrage. S’il est assez difficile de nous faire consommer des OGM en France à l’insu de notre plein gré, nos bestiaux en revanche peuvent s’en envoyer des wagons entiers sans qu’on soit au courant. La seule manière d’être sûr que votre bifteck ne s’est pas fait un peu de gonflette au soja OGM c’est de l’acheter Bio ou de connaître votre producteur personnellement. Cuisiner végétarien demande plus d’imagination et nous avons intérêt à cultiver cette faculté car toutes nos formes de contestation sentent le pétard mouillé et il va falloir innover.

Alors c’est évident demain j’arrête ! Mais alors tous

les petits plats de grand mère, et tous ces trucs à base de bidoche qui sont si bons c’est terminé ? Me voilà condamné à me nourrir de légumes crus et à crever d’ennui comme toutes les petites vieilles verdâtres qui traînent au magasin diététique ? Non, je crois que je vais continuer à manger de la viande de temps en temps, ne serait-ce que pour conserver l’éclat de mon teint vermeil. Tant pis pour le sens et la cohérence. Et pour me donner bonne conscience (que tout cela est vil !) je vais te faire cuisiner végétarien. Car si toi, lectrice ou lecteur, tu n’es pas resté sourd(e) à mes arguments, alors tu seras végétarien(ne) demain et ce sera déjà ça de gagné ! Donc, pour te soutenir dans ta courageuse décision voici deux délicieuses recettes végétariennes

Courgettes farcies aux petits pois et à la menthe Il faut pour 6 personnes :

6 grosses courgettes 5OOg de petits pois frais dans leur gousse 200g de chapelure 200g de chèvre très frais ou de brousse Une vingtaine de feuilles de menthe Sel, poivre Huile d’olive

Mettre le four à préchauffer à thermostat 7 Sortir les petits pois de leur gousse et les faire mijoter 10mn dans un peu d’eau bouillante.

Le débariquement de Provence Par Etienne Ballan & Eric Besatti

Le coin

. Le drapeau rouge flotte d’Avignon à Vienne. 95 % de la production des Côtes de Provence est couleur sang. Le 11 mai dernier, ces vins étaient en croisade au pays du pastis. Leur objectif : la conquête du public marseillais chauvin et acquis aux vignobles provençaux. Pour ce faire, l’armada organisatrice d’Inter Rhône, l’association interprofessionnelle de promotion de vins côte du Rhône a choisi ses victimes. La stratégie est bien connue : corrompre l’élite pour convaincre la masse. Sonia Delgrange, la responsable relation publiques d’Inter Rhône confirme : dans le milieu très fermé des œnophiles « tout passe par le bouche à oreille ». Alors la technique est simple : goinfrer les présidents des clubs de dégustation de la région pour qu’ils encensent leur vin durant leurs petites sauteries mensuelles. Et pour marquer les esprits, mieux vaut sortir le grand jeu, les invités on droit à Christian Ernst, chef montant de la place marseillaise. Même les journalistes sont conviés et au Ravi, la corruption, on ne dit pas non... Je m’installe donc, un peu mieux habillé qu’à l’accoutumée auprès de ma voisine qui me parle de ses tables préférées. Devant une quarantaine de bonnes gens, Christophe, exhibant la moustache de Dali, anime et présente les vins. « de quelle année ce vin ? ». L’ambiance est au loto chic. « 2007 ! J’avais raison, j’ai gagné un week-end découverte à 1000 euros ? Huhuhu. » On rigole, mais pas trop fort évidemment. Les « spécialistes » ne trouvent pas les vins exceptionnels, pas assez fruités, trop long, gras, fort, rond, quand les snacks de filet de boeuf « Yorkshire » aux truffes fraîches et foie gras arrivent avec le vin rouge qui les accompagne. Consensus général « Il est bon ». C’est décidé, je repars avec une bouteille de cuvée Mistral, il faut absolument que je le fasse gouter à René et Ginette.

Le vin. Ah le marketing, décidément ! Les américains l’ont inventé, et voici

qu’ils s’entichent des vieux domaines provençaux. Le domaine « Rouge bleu » a été repris par des investisseurs franco-américains, qui flairent la bonne affaire, et partent à l’assaut des meilleures tables à coup de vignes « vieilles » et d’un slogan désespérément éculé : « terroir, nature et tradition ». Au secours ! Le résultat est troublant : la cuvée « mistral », premier vin du domaine, s’impose dans le palais par l’alcool et la franchise. Comme dans un combat entre poids plume et poids lourd, le second n’a pas besoin d’en rajouter. Etonnant vin si jeune (2007) qui paraît n’avoir rien à prouver. René sent comme un coup de massue sur la tête, et les arômes s’évaporent dans son esprit brumeux. Heureusement Ginette a les pieds sur terre : « Putain, il cogne ! ». Je la ramène à plus de savoir-vivre : « enfin, je veux dire, on a l’impression d’une brute au grand cœur ». Ah, le romantisme… Au nez, pourtant, il reste plat, on ne sait pas avec quoi le marier. Un ovni flatteur, un vin suffisant, mais sans écho. Un vin pour les américains, en somme…

Laver et équeuter les courgettes, les couper en deux dans le sens de la longueur. A l’aide d’une cuiller gratter l’intérieur des courgettes et réserver le déchet pour la farce. Disposer les moitiés sur la lèche-frites du four et badigeonner l’intérieur avec de l’huile d’olive. Les enfourner à thermostat 7 pendant vingt minutes.

Domaine Rouge-Bleu, Mistral rouge 2007 – AOC Côtes du Rhône, 12,90€

Pendant ce temps, préparer la farce : hacher ensemble l’intérieur des courgettes, et la menthe, les mélanger au fromage, à la chapelure et aux petits pois. Saler poivrer.

supporter... c'est déjà picoler

Répartir la farce à l’intérieur des courgettes et enfourner encore 25 minutes à thermostat 7.

Hachis Parmentier végétarien Il faut pour 6 personnes : 1,5kg de pommes de terre à chair tendre 1 bouquet de coriandre fraîche 3 belles courgettes £Ê } ÊUÊ£ää}Ê`iÊ«À Ìj iÃÊ`iÊà >Ê Miel Piment Sauce soja 20cl d’huile d’olive 3 gousses d’ail écrasées Un fromage râpé pas trop fort Poivre Dans une petite casserole, mettre les protéines de soja à mariner dans 5cl de sauce soja avec un peu d’eau, une cuiller à soupe de miel, une bonne pincée de piment , du poivre, et l’ail écrasé. Préparer une bonne purée maison : Peler et cuire longuement les patates à l’eau bouillante avec un oignon émincé. Les égoutter (en conservant l’eau de cuisson), les mettre dans une jatte avec l’huile d’olive. Laisser le tout refroidir un peu. Mettre la casserole de marinade sur petit feu jusqu’à ce les protéines de soja aient tout absorbé. A l’aide d’une cuiller en bois remuer les pommes de terre en ajoutant un peu de leur eau de cuisson jusqu’à obtenir une purée à peu près homogène pas trop liquide ni trop ferme. Mélanger ensemble les protéines de soja, la coriandre hachée, et les courgettes en petits dés, en garnir le fond d’un plat à gratin. Recouvrir de purée puis d’un peu de fromage râpé et enfourner 25 mn à thermostat 6.

Bon appétit !


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Effet de la sinistrose politico-sociale qui plombe un peu l’ambiance en ville ? Les rats des villes semblent de plus en plus envier les rats des champs. Les citadins consomment, pensent ou espèrent « campagne ». Une tendance éphémère – made in écolo business - ou la promesse d’une nouvelle alliance entre urbains et ruraux ?

Tous en campagne ! Ces citadins qui rêvent la vie en vert

C

’est le produit qui fait fureur : un coffret cadeau, notamment vendu dans les grandes surfaces culturelles, où un catalogue détaille différentes possibilités de séjours et d’activités. On n’offre plus un objet mais du rêve. Signe des temps : la campagne figure au premier plan des attractions et destinations proposées. Corinne Mathè travaille avec la Smartbox, une des principales marques de ce nouveau marché. Aux côtés de ses chambres d’hôtes situées à Lourmarin, dans le très chic Luberon, elle propose une nuit en « roulotte tzigane ». Ses clients ? Des citadins. « Il y a de moins en moins de gens qui vivent en ville par choix, estime-t-elle. Ils y restent de plus en plus par contrainte, pour le travail. En ville, il y a les tensions, le stress, surtout dans le climat politique et social actuel. » Autre indicateur de l’envie de campagne qui taraude les urbains en manque de chlorophylle : la bonne santé des Gîtes de France au moment même où, pourtant, le secteur touristique bat de l’aile avec la crise. « Nous sommes positionnés sur l’effet retour aux sources, le tourisme durable, souligne Farid Rahal, directeur des Gîtes de France du Var. Nous séduisons les citadins en manque de verdure. Le tourisme à la ferme se développe bien par exemple. » Le label multiplie les déclinaisons : gîtes de pêche, éco-gîtes, gîtes panda. « Ce qui s’exprime aussi c’est le besoin de réseaux sociaux : découvrir l’autre, l’environnement, la chaleur humaine ! », précise, lyrique, Michel Faraut, directeur des Gîtes des Alpes-Maritimes. Le désir de campagne ne se limite pas à quelques séjours le temps d’un week-end ou d’une semaine. Il recoupe des réalités et des pratiques très différentes. Cela passe paradoxalement par la multiplication des lotissements à la périphérie des villes et des villages qui contribue peu à peu à grignoter les terres agricoles en Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Les élus, officiellement friands de verdure comme leurs administrés, ont toujours du mal à résister aux arguments financiers du lobby immobilier. Dans un autre registre, pour les citadins qui n’ont pas moyen de concrétiser leur fantasme, le marketing écolo est là pour proposer des substituts manufacturés. Parfois même les rats des villes font alliance avec les rats des champs. C’est le système des paniers « bio » que s’engagent à acheter toutes les semaines des « consom-acteurs » pour assure le maintien d’une agriculture de proximité. C’est le réseau « accueil paysan » qui propose gîtes et chambres d’hôtes dans une optique d’échange pour tenter de sortir de la simple prestation commerciale. Ce sont aussi des villages qui, tout en se transformant, se repeuplent et revivent. Et puis, plus de trente ans après le phénomène des néo-ruraux, on assiste aussi à un (re) retour à la terre. Discrètement, quelques « agricollectifs » s’apprêtent à prendre racine… Michel Gairaud

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Le retour à la terre

Entretien : « La culture urbaine s’est imposée »

Les métamorphoses d’un village La campagne c’est pas bio Complainte du laboureur bio

Le bonheur est dans l’accueil

Quand le désir doit se faire respect Écolo business

Vert, couleur de l’espoir

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p oid s lour d

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Moi, Éric Cantona

Prophète

loin de son pays M

Le « king » du ballon rond, auquel les supporters de Manchester vouent pour toujours un culte, joue son propre personnage dans le dernier film de Ken Loach. Une fois de plus, au cinéma comme dans le foot, c’est l’Angleterre qui consacre Cantona. Par Rackham

enton haut, le regard pénétrant, Eric Cantona contemple un chalutier qui s’éloigne au large des côtes de la Camargue. Un gabian se pose près de lui. L’homme et l’oiseau s’observent longuement. Qu’est-ce que tu me veux ? Tu n’as pas peur ? Tu as raison. « Je ne suis pas un homme. Je suis Cantona. » (1) Tu ne vas quand même pas me demander, toi aussi, ce que j’ai voulu dire lors de cette conférence de presse en Angleterre ? C’était il y a bientôt quinze ans. Je sortais du tribunal. Trois cents caméras m’attendaient pour que j’explique mon coup de pied kung-fu sur ce supporter qui m’avait insulté. Un coup de sang : neuf mois de suspension. « Les mots n’ont aucun sens, chacun peut les interpréter comme il veut. »(2) Alors, j’ai prononcé une seule phrase, puis je suis parti. Le gabian claque du bec et articule dans un sifflement aigu la célèbre formule : « Quand les mouettes suivent un chalutier, c’est parce qu’elles pensent que les sardines seront jetées à la mer. »

« Les plus beaux souvenirs sont les plus difficiles » Oh putain ! J’entends des voix maintenant ! Il fallait bien que ça m’arrive. Ce rôle dans Looking for Eric me perturbe. Je m’en doutais. Jouer Mimie Mathy à Manchester sous la direction d’un réalisateur trotskyste, cela devait forcément laisser des séquelles. C’est l’histoire d’un supporter au bout du rouleau qui m’idolâtre et auquel j’apparais pour lui servir de coach. On m’y compare à Gandhi, Castro, Mandela, Sinatra et même à Sammy Davis Jr. Et puis il y a tous ces pétards qu’on a fumés pendant le tournage. Toujours par souci de réalisme, pour ne pas tricher, c’était vraiment de l’herbe. De la bonne. Sacré Ken Loach ! Mais tu le sais bien, toi : « Celui qui anticipe tous les dangers, ne prendra jamais la mer. » (1) Le film a été présenté en compétition dans la sélection officielle au festival de Cannes le jour de la Saint Eric. Le palmarès a été prononcé le soir de mon anniversaire. Eric Cantona s’interrompt. Ferme les yeux quelques instants puis les ouvre brusquement. Quarante trois ans ! « Je mourrai sans avoir eu l’occasion de faire tout ce que j’ai envie. » (3) J’ai déjà eu plusieurs vies. Il y a d’abord le football en France. Une rencontre impossible. Marseillais, je préfère le centre de formation d’Auxerre. A 21 ans, je suis déjà sélectionné dans l’équipe nationale. Mais lors de mes deux passages à l’OM, à Montpellier ou à Nîmes, je me prends toujours la tête avec les joueurs, les entraîneurs, les responsables fédéraux. « Ma plus grande fierté est de n’avoir jamais pensé à ce que ferai une minute après. » (4) Alors je plaque tout à 26 ans. « On a toujours plus de choix qu’on ne le croit. » (1) L’Angleterre me tend les bras. Tout change. Plusieurs gabians entourent maintenant Eric Cantona qu’ils écoutent pensivement. Il pose son front sur l’un d’entre eux et verse une larme. « Parfois, les plus beaux souvenirs sont les plus difficiles à supporter. » (1) Je déclare aux supporters « I love you. I don’t know why. But I love you. » (5) Ils ne l’ont jamais oublié. D’Eric « the Mad », je deviens « Eric the Red » à Manchester United, puis très vite « Eric the King » : quatre fois champion d’Angleterre et deux fois vainqueur de la Cup (6) Au sommet de ma carrière, à 30 ans, je quitte tout. Vraiment cette fois. Pour peindre. Et pour jouer encore. La comédie.

« Pas de regard ! Pas de couilles ! Pas d’entrailles ! »

1 Aphorisme d’Eric Cantona prononcé dans Looking for Eric de Ken Loach. 2 Libération next n°17, 2 mai 2009. 3 La Provence, 18 mai 2009. 4 Le Monde, 26 mai 2009. 5 « Je vous aime. Je ne sais pas pourquoi. Mais je vous aime. » 6 Le fou / le rouge / le roi. 7 Déclaration au cinéma Variétés, Marseille, le 29 mai 2009.

Rien. On est repartis de Cannes sans le moindre prix. Pas facile de dérider Isabelle Huppert. Avec mon accent, ma gestuelle heurtée, mon goût pour la dérision, mon CV de footballeur, on ne me prend pas bien au sérieux. Rien à foutre ! « Hormis quelques très grands pour qui j’ai énormément de respect, il y a trop de prétention, d’arrogance dans le cinéma français. Pas de regard ! Pas de couilles ! Pas d’entrailles ! » (2) L’Outremangeur, où j’avais le 1er rôle, n’a pas été un succès. Un bon film pourtant. J’y ai rencontré ma femme, Rachida Brakhni. Elle a fait le Conservatoire, elle ! Elle a même été pensionnaire à la Comédie Française. En janvier, je ferai mes débuts au théâtre sous sa direction. Il va y avoir aussi un thriller pour la télévision. Sur TF1. Je mélange les genres. En France, on n’aime pas ça. Un artiste qui se passionne pour le Beach Soccer, pensez-donc ! Même à Marseille, Zidane a plus la cote que moi. La défaite de l’OM face à Bordeaux ? Rien à foutre ! Je ne regarde pas les matches. La page est tournée. Un jour, je vais réaliser un film. « Ce sera celui que j’ai envie de faire. Pas un autre. » (7) Un gabian pousse un cri en déployant ses ailes. Toi aussi, tu te moques ? « L’image que les gens ont de moi, je ne suis pas que ça. Mais je suis ça aussi, heureusement ! » (7) Le vent et Eric Cantona se lèvent. Les gabians s’envolent pour rejoindre le chalutier. Dans son sillage, un banc de sardines scintille. Un ange passe...

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navet

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par Brock Holly

tv

Plasma et vieilles antennes

Une longue marche

Par Rébecca Blackfoot

Scoop : un décrochage inopiné de France 3 Méditerranée est annoncé par voie de communiqué de presse internet. Oyez, bonnes gens ! La chaîne bouleverse sa grille : à occasion exceptionnelle, émission exceptionnelle. 17 ans que l’OM n’a pas gagné le titre de champion de France... « La dernière marche » est annoncée à 23h40, et, à l’heure dite, on sait déjà que l’OM ne sera pas champion. 23h50. Aucune marche en vue. France 3 aurait raccroché avant même d’avoir décroché ? On aurait confondu avec « Attention à la marche » ? 00h06 : l’émission débute. Le show est orchestré par un David Sandona debout, le port de tête haut, le cheveu blond et court, la chemise claire et le sourire ultra-blanc. Il est prêt à plonger dans la cascade, la rose entre les dents, pour vanter les mérites d’un dentifrice. Entouré d’une brochette de « malgré-nous », fine équipe de spécialistes aux mines d’enterrement, il « positive », il félicite, il est content de ce « beau match ». On a gagné ? On a perdu ? Ou l’inverse... Encore raté. Pape Diouf qui ne se rasera pas la moustache cette année - sa promesse en cas de victoire - nous illumine de son froid regard noir. Le président aux phrases ciselées tels des poèmes de Mao Zedong égrène des mots choisis : « Nous sommes heureux mais il y a aujourd’hui une frustration incontestable qui nous saisit. Je pense qu’il nous a manqué peut-être ce soupçon de chance, un peu de réussite, ce coup de sifflet arbitral qui penche plutôt de notre côté »... Méditons. Reportages ternes au son intermittent et florilège de commentaires rythment cette heure spéciale. Le choeur des pleureuses se lamente sur l’arbitraire de la « décision arbitrale », ces bons joueurs qui coûtent de plus en plus cher, « les problèmes techniques » et « les points perdus à domicile »... Si seulement... Mais MC David ne s’attache pas uniquement aux états d’âme des huiles, il est aussi friand des réactions des vrais gens. Il nous connecte avec Sébastien de Paris, Vanessa de Los Angeles et Cédric de Pontarlier : tous fans de l’équipe marseillaise. « Parce que l’OM est quelque chose de super international » lance notre présentateur qui pourrait suivre des cours de soutien avec Pape pour enrichir sa syntaxe et son vocabulaire. En direct d’un Vieux Port à « l’animation très modérée », Philippe, de son côté, recherche désespérément, au milieu des voitures et des bourrins éméchés, le supporter qui pourrait parler dans le poste. Un supporter soutenu par ses collègues tente un « on ne peut faire carrière que sur le futur, parce que le passé, ça a jamais fait une grosse carrière... » David a immédiatement l’intuition de la profondeur abyssale de la phrase énoncée. Il promet de re-visionner l’émission pour la noter. Dans le public, deux petits garçons aux yeux tristes s’ennuient, tête en l’air, et baillent... Une heure pour dire que l’OM a raté cette dernière marche, c’est effectivement bien long.

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Sur la toile

Un nouveau quotidien qui fait tribune Par Rémi Leroux C’est LE événement du mois. Sur la toile mais surtout dans les kiosques. Un nouveau quotidien a vu le jour à Marseille et dans la région le 15 mai dernier et, d’une certaine manière, c’est une petite révolution. Difficile à dire la dernière fois qu’un quotidien imprimé ET payant a été lancé dans le coin ! Gaston Defferre, le patron de presse pas l’autre, doit s’en retourner dans sa tombe. Sur la toile, les commentaires sont allés bon train pour accompagner le lancement de Tribune du Sud, c’est son nom. Les blogueurs y ont vu une lueur d’espoir pour la pluralité de la presse régionale. Dans le fond, il est difficile de ne pas être d’accord. Dans la forme, les avis des web-commentateurs peuvent parfois prêter à sourire. Le très socialisant blog « Marseille un autre regard » par exemple (http://marseilleunautreregard.wordpress.com), habitué des diatribes anti-Provence, en fait même un peu trop dans l’apologie du nouveau quotidien. Y allant même d’un : « Ils ont réalisé le rêve de tout journaliste qui se respecte : créer un journal in-dé-pendant ! ». Ce qui n’est pas vraiment l’avis de l’ancien élu aixois, Lucien-Alexandre Castronovo, sévère avec ce nouveau-né : (http://castronovo. canalblog.com) « On a l’impression d’être en présence d’un journal gratuit amélioré car on ne voit pas où se niche la singularité annoncée par les fondateurs. Soyons beaux joueurs, il y aura peut-être des scoops dans les éditions à venir. Pour l’instant, c’est vraiment un «numéro zéro» ! » Mais au-delà, comment, dans le contexte actuel de crise de la presse et du marché de la pub, peut-on se lancer dans une telle aventure, s’interrogent les internautes ? Certains commentateurs y voient la main du groupe Ebra (Le Dauphiné Libéré), toujours prompt à venir concurrencer telle ou telle édition de La Provence en région. Sébastien Laporte, le fondateur de La Tribune du Sud, l’assure : il est actionnaire principal, soutenu par les banques, refusera les annonces légales institutionnelles et comptera avant tout sur les ventes au numéro. Les clés de la liberté éditoriale ? Dans son premier édito justement, le rédacteur en chef de la Tribune du Sud - le journaliste Jean-Michel Verne de retour sur le devant de la scène après quelques années de traversée du désert -, insiste sur l’une des valeurs essentielles du journalisme dont il veut faire le pilier du quotidien : « l’intégrité », « seule règle », écrit-il, que son équipe s’est fixée. In memoriam, au passage, cet article de 2007 paru dans Valeurs Actuelles, passerelle entre la droite extrême et l’extrême droite, sur le projet de grande mosquée de Marseille dans lequel le même Jean-Michel Verne n’interrogeait vaguement que... le Front national ! Ou encore, comme s’en amuse Jean Kehayan, l’affaire Yann Piat : « L’intégrité ? Plaise au ciel que Trottinette et L’encornet ne le contredisent pas », écrit-il sur le site du Club de la Presse Marseille-Provence (http://club-presse-provence.com). Faisant par là référence à « l’Affaire Yann Piat » et au livre co-signé par Jean-Michel Verne. François Léotard (L’encornet) et Jean-Claude Gaudin (Trottinette) y étaient mis en cause dans l’assassinat de la députée du Var…


le Ravi n°64 juin 2009 - reportage dessinÊ

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Tous en campagne !

Ces citadins qui rêvent la vie en vert

le Ravi n°64 Õ ÊÓää ÊU

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Les métamorphoses d’un village Calme, tranquillité, des hameaux dispersés en pleine nature, Saint-Antonin du Var attire pour son cadre campagnard dans le Haut Var. Mais depuis l’arrivée des « nouveaux », le mode de vie paysan n’est plus qu’un souvenir dans la bouche des anciens. Reportage. « Saint Antonin, ce n’est plus Saint Antonin ». Raoul, 86 ans est un des derniers survivants du « vrai » village, celui où « tout le monde était pauvre et s’entraidait ». « Ici, les portails, y’en avait pas », proteste-t-il. Aujourd’hui, quand on se ballade, le contraste du paysage architectural est saisissant. On passe d’une maison en vieille pierre à la villa « clôture - parpaing – crépi piscine » le tout entrecoupé de vignobles. Depuis 20 ans, la population a grimpé de 400 à 600 habitants dans le village situé à moins de trente minutes de Draguignan. Beaucoup de Belges, d’Hollandais et de retraités ont été attiré par la nature et le calme. Mais pas seulement. De plus en plus de maisons principales viennent peupler le village et remplir l’école de 60 élèves. Une mini explosion démographique que les sources d’eau qui alimentent le village ont du mal à assumer. « Il y a des permis de construire bloqués à cause de l’eau », affirme Bernard Héraud, délégué à la voirie et à l’eau. A l’époque de Raoul, « Saint Antonin, c’était le moyen âge ». Pas d’électricité, ni de route. Tout le monde allait chercher l’eau à la source en haut du village. Les habitants se partageaient la ressource pour arroser leurs jardins. « On ne trouvait aucun légume à l’épicerie, pas la peine ». De nombreuses fontaines coulaient, l’or bleu faisait la richesse de ce village de paysans. Mais après la guerre « tout a changé, il n’y a plus eu d’entraide ». « Un jour, j’ai vu quelqu’un laisser coulé son tuyau au pied d’un pin, alors je l’ai engueulé. Il m’a répondu : moi je paye l’eau, j’en fais ce que j’en veux. Je crois bien que c’était un parisien. » Un changement de mentalité dur à avaler pour Raoul. Surtout avec la multiplication des piscines depuis 2000 où il s’en construit une dizaine par an. De partagée, l’eau est privatisée entre les clôtures des villas. Une logique qui a des limites, celle des réserves en eau. S’il veut s’agrandir, le village va devoir faire venir le précieux liquide d’ailleurs.

Un jour, j’ai vu quelqu’un laisser couler son tuyau au pied d’un pin, alors je l’ai engueulé. Un parisien ! Ces nouvelles habitudes ont été importés par « les nouveaux » avec leur vision de la campagne. « C’est venu progressivement depuis 20 ans, souligne Frank Héraud, premier adjoint à l’urbanisme. Les terrains été moins cher qu’ailleurs. Les gens cherchaient à bâtir dans un coin tranquille. » Durant les dernières années, les permis de construire ont été accordés de manière presque anarchique. Résultat, les habitations ont continué à s’éparpiller. Encore récemment, les bulldozers se sont tracés un chemin en pleine forêt pour laisser la place aux parpaings. Mais c’est promis ! Dans le prochain Plan local d’urbanisme, le maire, Serge Baldecchi (UMP) veut créer un « centre village » et n’accorder des permis que proches d’habitations existantes. Des centaines de vignerons d’antan, il ne reste plus que les grands domaines. Qu’importe ! Kevin, Antonais de 22 ans, voit autrement que Raoul les changements du village : « Je m’en bats les couilles ! C’est grâce aux nouveaux qu’on travaille : artisans, peintres, maçons, commerçants. Ils remplissent le seul restaurant de mai à novembre. » Mieux encore ! Saint-Antonin du Var attire les jeunes des petites villes environnantes. La nuit tombée, un petit groupe d’une vingtaine d’entre eux se retrouve pour parler et jouer du tamtam sans gêner personne. Dans une ambiance paisible. Sans policier ! De paysan, le village est devenu terrain à bâtir pour maisons individuelles dans un décor naturel préservé. Les « nouveaux » ont importé avec eux leur idéal campagnard. Mais rien n’y fait. Raoul reste abasourdi par les transformations qui ont changé son village : « Quand j’y pense je me dis «c’est pas vrai». Et pourtant c’est vrai ! » Eric Besatti

Au rythme des saisons, des paysans vous invitent au bonheur d’être « nature ». C’est le credo d’Accueil paysan, pour le plus grand plaisir des citadins chlorophylles de Provence-Alpes-Côte d’Azur…

Le bonheur est dans l’accueil «U

n jour, on faisait griller un agneau au barbecue. «Il est gros ce poulet !», s’est étonné un gamin dont la famille passait un séjour chez nous. » Des histoires comme ça, Françoise Fleutot en a plein la mémoire deux ans seulement après avoir ouvert, avec son mari, un gîte à Montlaux (04), à 650 mètres d’altitude, au pied de la montagne de Lure. Première motivation des citadins de passage le temps d’un week-end ou d’une semaine ? « Que leurs enfants voient des animaux en vrai ! » Et pas seulement sur une broche. Dans la ferme d’Aco Astié, les visiteurs sont invités à assister à la traite, à regarder la fabrication du fromage mais aussi à suivre le troupeau de chèvres sur son itinéraire. « Ceux qui viennent sont à la recherche d’authentique, expliquet-elle. Les gens nous disent parfois : «Vous avez la belle vie !». Certes ! Mais on bosse toute l’année. » Le gîte de Françoise Fleutot est membre du réseau Accueil paysan, qui regroupe une trentaine d’adhérents en Paca. Son slogan : « La campagne à bras ouverts ! » Son credo : « Le paysan accueille dans ses champs parmi ses animaux dans le paysage que son travail façonne. Il vous invite au bonheur d’être nature. » Chargée de la communication au siège national grenoblois, Agathe Ancé ne cache pas sa satisfaction : « Notre offre est dans l’air du temps, celui d’un besoin de retour aux sources. Accueil paysan est né dans

les réseaux d’éducation populaire. Notre objectif n’est pas d’offrir le gîte le plus confortable mais de favoriser l’échange. L’idée est aussi de maintenir les ruraux sur place en leur offrant un complément économique. »

Les citadins veulent participer avec nous Henri Giroux est ce que l’on nomme un « néo-rural ». En 1975, il a plaqué son usine lyonnaise où il était mécanicien pour faire paysan dans les Hautes Alpes. Depuis trois mois, il est à la retraite : 500 euros par mois. « C’est peu, mes anciens amis ouvriers ont de plus grosses retraites mais ils n’ont pas eu la belle vie. Vous pouvez me donner 50 000 euros par an, pas question que je retourne en ville ! » En une trentaine d’années, il a été agriculteur, éleveur avec 400 brebis, producteur de fromage de chèvre. Il a aussi fondé une ferme auberge. « On en a eu ras le bol. Les gens voulaient être servis comme à Paris ! » Désormais, il se recentre sur une chambre d’hôte et un « camping d’accueil paysan ». Le comportement des citadins l’amuse parfois. « Certains Marseillais arrivent le soir en chambre d’hôte. Le matin, ils se sont fait propres, parfumés. Puis ils

vont au supermarché à Serres (05), la ville la plus proche (3 000 habitants). Et pour finir, ils font de la voiture toute la journée ! » Au camping, les « accueillis » sont beaucoup plus réceptifs à la campagne, cherchent la rencontre… « Il faut prendre du temps pour expliquer qui nous sommes, ce que nous faisons », souligne Christiane Estienne, dont le gîte est situé à Saint Andiol (13) sur une exploitation agricole biologique affiliée à une Amap (Association de maintien de l’agriculture paysanne). « Les citadins veulent participer avec nous, souligne-t-elle. Ils désirent connaître la campagne, notre vie, comment on travaille. » Cerise sur le gâteau : fruits et légumes gratuits pendant le séjour. A ce régime, certains clients deviennent des amis. « Un Belge revient régulièrement et fait avec nous l’agriculteur, les travaux des champs, le peintre… » A Bauduen (83), non loin des gorges du Verdon, Nelly Chaffard – élevage caprin, fromage de chèvre – résume la motivation des citadins qui fréquentent son gîte : « Ils ont envie d’avoir des contacts avec ceux qui travaillent la terre. » Avant d’intégrer le réseau Accueil paysan, elle était membre de celui des Gîtes de France : « Là ce n’était pas le même esprit. Les visiteurs se comportaient en clients dans une logique de chacun pour soi. » Chassez le naturel… Michel Gairaud


les rencards

26 RTT - le Ravi n°64 juin 2009 rencontres et débats Arles Vendredi 5 juin, 17h30 jardins familiaux de la Montcaldette (Quartier Barriol), le CPIE RhônePays d’Arles propose un atelier d’initiation au compostage individuel. Inscription obligatoire. Infos : 04 90 98 49 09.

Arles Samedi 6 juin, 15h amphithéâtre de l’Espace Van Gogh (place Félix Rey), l’Université populaire du Pays d’arles propose en collaboration avec l’association Echo une conférence de Roland Gori sur le thème : « Qu’en est-il aujourd ‘hui de la folie et des normes ? » Infos : www.upoparles.or.

Marseille Vendredi 5 juin, 19h CIPM (2 rue de la Charité, 2e arr.), rencontre à l’occasion de la parution du nouveau numéro de La pensée de midi (revue littéraire et de débats), Les chants d’Orphée. Musique & poésie (Actes Sud, 2009). Infos : 04 96 12 43 19 - www.lapenseedemidi.org.

Marseille Vendredi 5 juin, à partir de 18h au CRDP (31, bd d’Athènes, 1er arr.), l’Appel des appels Marseille organise sa 2e Nuit des libertés publiques. Au programme : apérobiblio (18h), projection (19h15) et forum avec des acteurs de la justice et du monde associatif (20h-22h). Infos : http://appeldesappels13. blogspot.com.

Marseille Samedi 6 juin, 17h dans ses murs (3, rue Saint-Dominique, 1er arr.), le Cira propose une causerie autour de la dernière production de la maison d’édition L’échappée : Les Diggers. Révolution et contre-culture à San-Francisco (19661968) d’Alice Gaillard. Infos : 09 50 51 10 89 - http://cira.marseille.free.fr.

Marseille Jeudi 18 juin, 18h bibliothèque de l’Alcazar (58 Cours Belsunce, 1er arr.), l’association Aflam propose la projection, en présence du réalisateur, de « Mémoire d’une femme » (52 mn, documentaire de Lassad Oueslati) dans le cadre de la 3ème édition des Ecrans des nouveaux cinémas arabes à Marseille. Infos : 04 91 47 73 94 - www. aflam.fr.

Le Pradet Samedi 6 juin, 9h15 dans l’enceinte du groupe scolaire Marcel Pagnol (entrée ouest du Pradet, première villa à gauche, côté Intermarché), l’association La Parent’Aise organise un café-parents sur le thème : « Comment intervenir dans un conflit entre enfants ? » Infos : 04 94 21 68 73 laparentaise@free.fr.

Rognes Samedi 20 et dimanche 21 juin, parc des Garrigues, l’association Arôme organise les Estivales de la Biodiversité. Autour de la thématique centrale - l’agriculture et l’alimentation -, expositions, animations visuelles et marché paysan Bio. Infos : www. les-estivales-de-la-biodiversité.com

La Seyne-sur-Mer Vendredi 5 juin, 18h30 salle Apollinaire (av. du Dr Mazen), la bibliothèque de théâtre Armand Gatti de l’Orphéon théâtre de Cuers propose une rencontre-débat sur le thème : « Liberté d’expression, éthique et jurisprudence. » En présence d’Emmanuel Pierrat, coauteur du Livre noir de la censure. Infos : 04 94 28 50 30 - www. orpheon-theatre.org.

La Seyne-sur-Mer

Jusqu’au 30 juillet, l’association Les chantiers de la lune organise dans ses murs (31 place Benoît Frachon) Partage de territoires, une manifestation autour des cultures subsahariennes. Au programme : deux expositions d’art contemporain africain, des concerts, des conférences, etc. Le week end du 12 au 14 juin et les vendredi 26 et samedi 27 juin, le lieu accueille également une programmation pour la 5e édition du Festival mondial de la terre. Infos : 04 94 06 49 26 http://leschantiersdelalune.com.

RTT Aix-en-Provence Du 3 au 16 juin, l’Institut de l’image (8, rue Allumettes) propose une programmation ciné autour de Picasso : « La nature dénaturée. Picasso vu par le cinéma. » Trois thèmes au programme : « Picasso, le surréalisme, l’Espagne » (Bunel, Clouzot, Almodovar, etc.), « Archaïsme, sexualité et mort » (Ferrara, etc.) et « Le corps restructuré/ déstructuré, la métamorphose » (Browning, Fleming, etc.). Infos : 04 42 26 81 82 - www. institut-image.org.

Arles Jusqu’au 15 juillet, Mas du Grand Arbaud Gageron, l’association Cultures nomades organise In Situ 0.4, la 4e édition de ses Rencontres du Land Art. Infos et programme : 04 90 49 89 10 - www. culturesnomades.

Dracénie Samedi 20 juin, dans le cadre du Festival mondial de la terre, l’association Usine de la Redonne propose une journée autour des plantes. Au programme : ballade sur le site de Roquebrune-sur-Argens (RDV 9h30 parking des Etablissements Marcel à l’entrée du Muy, venir avec son pique-nique) ; projection de diapositives et conférence de Thierry Menard (spécialiste de la flore méditerranéenne) sur les espèces protégées de nos régions à l’Usine (Route du Flayosquet, Flayosc). Infos : www.usinedelaredonne.org.

Lorgues Lundi 22 juin, 18h30 Espace des fêtes François Mitterrand, l’association Les Lundis de Saint-Ferréol organise dans le cadre du Festival mondial de la terre une soirée « Faîtes de la musique. » Au programme : stands écologiques et concert Jazz manouche. Paf : 10 euros (collation bio comprise). Infos et réservation : 04 94 73 70 65- 06 70 51 06 48 - www.leslundisdesaintferreol.com.

Marseille Les 5, 6 et 7 juin, les associations du quartier de Noailles (1er arr.) organisent la 14e édition de la Fête du soleil sur la Place Delacroix et ses alentours. Au programme : présentation des ateliers de musique et de danse, animations pour enfants, expositions, concerts, etc. Infos : www.lemillepattes.net.

Marseille Du 6 au 12 juin, 15-18h à l’Harmonie de l’Estaque Gare (38 rue Le Pelletier, 16e arr.), l’association Ecume (Échanges Culturels en Méditerranée) expose une sélection d’oeuvres de 4 années d’Ateliers Méditerranéens à l’Estaque. Vernissage le 6 juin à 12h30. Conférences-débats avec Bernard Muntaner, Florence Morali, JeanLouis Marcos le 6 juin à partir de 15h. Infos : 04 91 91 41 41 - www.ecume.org.

Marseille Du 8 au 13 juin, l’association Le pied nu organise Les Belsunciades, fête du quartier de Belsunce (1er arr.). Infos et programme : 04 91 91 01 29 - www.theatrelepiednu.com.

Marseille Les 26 et 27 Juin, 19h au Point de bascule (108 rue Breteuil, 6e arr.), la Cie MadgiquePool présente Performances Migratoires. Entrée : 2 euros. Infos : www. madgiquepool.com

Miramas Du vendredi 26 au dimanche 28 juin, 16e édition du festival Nuit métis (musique et théâtre de rue, Algérie, France, Guinée, Liban, Togo, USA). Spectacles gratuits. Infos et programme : www.nuits-metis.org.

Mouans-Sartoux Samedi 6 juin, 20h30 école Orée du bois, soirée théâtre Espace Forum au profit d’Amnesty international. La compagnie Eva (Montreuil) présente « Votre voisin n’a pas de papiers. » Présence de plusieurs associations (Cimade, LDH, MRAP, RESF...). Prix des places : 10euros et 6 euros. Infos : www.adn-nice.org.

Nice Samedi 6 juin, 21h au Sézamo (32, rue Fontaine de la ville), concert Fête des « Mai » du collectif nissard Nux Vomica. Infos : www.nuxvomica.org.

Nice Jusqu’au 15 juin, la capitale des AlpesMaritimes accueille Indisciplines, festival d’art contemporain. Au programme : Œuvres dans la ville, projections, concert, performances. Infos : www.indisciplines.org.

Nice Samedi 27 et dimanche 28 juin, colline du Château, Fête du Château. Au programme : 2 scènes, 9 groupes, 6dj’s, stands citoyens. Gratuit. Infos et programmation : www. feteduchateau.com.

Seyne-les-Alpes Samedi 6 et dimanche 7 juin, l’association Vert la Vie organise son festival Label verte. Au programme : ateliers, stands, spectacles, concerts, etc. Infos : asso.vertlavie@voila.fr.

Toulon Dimanche 14 juin, 12h Centre aéré de Janas, pique nique de la section locale de la LDH. Penser au pique nique, vin et gâteaux vendus au stand de la ligue. Infos : 04 94 92 32 90.

Vitrolles Vendredi 5 et samedi 6 juin, domaine de Fontblanche, l’association Charlie Free fête ses 20 ans d’engagement au service du jazz. Au programme : stage d’improvisation, déambulation de la fanfare Samenakoa et concerts. Infos : 04 42 79 63 60 – www. charliefree.com.

associations Aix-en-Provence L’Association d’Expression au Pays d’Aix cherche des jeunes motivés et du financements pour un journal (papier et web) aixois : Le Défi. Tous les talents peuvent se manifester (dessins, écrits, etc.) et sont invités à nous répondre. Pour plus d’informations : Association d’Expression au Pays d’Aix/5655 route d’Apt/13290 Les Milles - guillaume.herge@gmail.com - 06 26 62 76 95 - FaceBook.

Paca L’Association des Jumelages organise pour les 18-25 ans un concours d’affiche pour le 26e Festival International du Film Francophone de Tübingen-Stuttgart. Premier prix : un voyage à Tübingen avec un pass pour le Festival à gagner. Infos et modalités de participation : http://cfap13.free. fr.

Asso ciati ons !

connaître vos objectifs dans le Ravi. Annoncez vos manifestations de janvier, recherchez des bénévoles, faites on, son objet social et ses associati votre de nom le t indiquan en ) maximum Envoyez votre texte (40 mots : diffusion@leravi.org ; courriel Par nt… événeme votre de coordonnées complètes : la date, le lieu et l’horaire 62 03 21. Au plus tard le lundi 91 04 : fax par ; Marseille 13001 national d boulevar 11 – Ravi le : par courrier au jeudi 3 septembre, août inclus. 22 juin pour publication dans le Ravi n°65, en kiosque du vendredi 3 juillet

n° 64 juin 2009 Maison fondée en 2003 Adresse 11 boulevard national, 13001 Marseille. Site internet www.leravi.org Courriel <redaction@leravi.org> Téléphone 04 91 08 78 77 Fax 04 91 62 03 21 Dépôt légal 12-09-05 -ISSN : 1760-1754 Directeur de la publication Étienne Ballan Rédacteur en chef Michel Gairaud <mgairaud@leravi.org> Grand reporter Jean-François Poupelin <jfpoupelin@leravi.org> Développement Chloé Charlier <ccharlier@leravi.org> Ils ont écrit dans ce numéro Étienne Ballan -Eric Besatti -Rébecca Blackfoot -Michel Gairaud -Benoît Gilles -Rafi Hamal -Rémi Leroux -Adèle Monlairjih -Anne Laroutis -Pierrick & Sylvain -Antoine Pateffoz -Eugène Poubelle -Jean-François Poupelin -Rackham -Jean Tonnerre Ils ont dessiné dans ce numéro Ben8 -Brock Olly -Charmag -Marie Secrétariat de rédaction Agnès Chapal -Zazimut Chéné -Coco -Fathy -Christophe Lopez -Moix -Red -Tone/CDM -Trax -Yacine Maquette et mise en page Marc Douguet <mcdoug@club-internet.fr> N°CPPAP 1208G83983 Imprimé à IPS, Z.I des Iscles, 13160 Châteaurenard le Ravi est édité par l’association “la Tchatche”

JUIN !


métropoles & trous jolis

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Autorisation de séjour sur le trottoir Mar seille À la préfecture, les étrangers viennent de plus en plus tôt dans l’espoir de déposer un dossier de demande de titre de séjour. Depuis trois mois, ils y campent toute la nuit. Délices de l’opacité administrative… Par Antoine Pateffoz

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l est 20h30 ce lundi 18 mai, devant la préfecture des Bouches-du-Rhône, à Marseille, et ils sont déjà cinq installés en haut des marches, adossés aux portes closes. Le premier est arrivé à 16h30. Une couverture pour le « confort », quelques bricoles à grignoter, de l’eau, du jus et, surtout, « des cigarettes et le moral ». Il en faut car ces étrangers se préparent à passer la nuit là, dans l’espoir de déposer un dossier de première demande de titre de séjour dans cette annexe préfectorale du 66B, rue SaintSébastien. Laquelle délivre 40 tickets par jour au rez-de-chaussée, sésames qui permettent d’accéder au premier étage afin de refourguer le fameux dossier. En échange ils obtiennent qui un récépissé valant autorisation provisoire de séjour en attendant la réponse, qui une attestation de dépôt n’autorisant rien du tout, mais c’est déjà ça. Et ces derniers temps, les récépissés se font rares…

Tuyaux crevés Parmi nos premiers arrivés, trois ont déjà goûté aux joies de la nuit préfectorale. À savoir les deux Turcs Ali et Kurt, ainsi que l’Egyptien Nasser (« sept ou huit fois »), venu pour sa femme. Le petit groupe, qui compte aussi les Algériens Mohammed et Ziane, est de bonne humeur en ce début de soirée printanière. Les cinq hommes établissent la liste des arrivants pour le lendemain, histoire d’éviter la resquille, ils plaisantent, assurent qu’« il n’y a jamais de problèmes, que les gens sont gentils », qu’« il n’y a pas de soucis non plus avec la police et les voisins ». Ils expliquent leur situation : ils sont maçons, boulangers, plâtriers, caristes…, un peu de tout ça pour certains. Ils sont en France depuis sept, huit, neuf ou treize ans. Comme les autres, qui grossissent les rangs au fur et à mesure que la nuit avance, ils espèrent obtenir une carte de séjour au titre de la vie familiale et privée. C’est complexe car selon les nationalités, les conditions et les durées de séjour requises ne sont pas les mêmes. Et les rumeurs, les bruits qui courent jouent un rôle non négligeable dans le milieu des étrangers. Les tuyaux circulent, parfois crevés…

1 La commission droit des étrangers de l’ordre du barreau de Marseille « s’interroge sur le rôle et les compétences » de cette association qui fait payer ses services. Lire aussi Rue 89 Marseille, 8 février 2009.

vers 21h (5e et 6e sur la liste) expliquent le regain d’affluence. L’un est « coiffeur à Cannes », l’autre « dans la restauration à Nîmes » ; selon eux, « les préfectures de Nice et Montpellier ne délivrent ni récépissé ni feuille blanche [attestation de dépôt] » et il est pratiquement « pratiquement impossible d’y déposer un dossier : alors les gens viennent à Marseille, là on obtient au moins la feuille blanche ».

vient avertir que tous les tickets ont été distribués. Arrive une représentante du CIQ (comité d’intérêt de quartier, qui a adressé une pétition au préfet). La dame exprime son ras-le-bol, exempt de relents poujados : elle se dit indignée pour elle-même et les voisins (bruits, détritus et autres conséquences de l’absence de toilettes publiques dans les parages…), mais également par le traitement infligé aux étrangers.

Au petit matin, les traits sont tirés, la patience émoussée (heureusement le taxiphone d’à côté fait du café à emporter). Un juriste de l’Arime (la controversée Association régionale pour l’insertion et la médiation) (1), qui distribue quelques dossiers qu’il a aidé à remettre en ordre, vient confirmer les dires des deux Algériens. Il explique ainsi que « du côté de Nice on ne délivre pratiquement plus de titre de séjour, pas plus à Avignon, notamment ». Sur place presque tous les jours, il a constaté « une forte augmentation du flux depuis la mi-février lorsque la préfecture a mis en place un système informatique plus performant, avec du personnel supplémentaire, et qu’elle s’est mis à donner des récépissés ». Résultat, les demandeurs se sont mis à débarquer des départements voisins ou de plus loin, jusqu’à Paris. Mais depuis début mai, fini les récépissés, ou presque.

Du côté de la Cimade, l’association d’aide aux étrangers expulsés en Paca des centres de rétention par Nicolas Sarkozy, on constate qu’« auparavant les étrangers s’aventuraient moins à la préfecture car c’était pratiquement mission impossible. Les choses ont changé en raison du nouveau mode d’accueil, de la délivrance éphémère de récépissés et d’une rumeur selon laquelle cinq années de présence en France sont suffisantes. » Au collectif sans-papiers CGT, Rached confirme qu’il s’agit bien d’une rumeur – « on n’obtient que des refus, de plus dans ce cas il faut

Patience émoussée

Stratégie d’usure

C’est ainsi que la préfecture de Marseille a connu un afflux depuis la mi-février. Les étrangers se sont mis à venir de plus en tôt, se retrouvant 200 ou 300 le lendemain matin, selon les témoignages (bizarrement, à l’aube de ce 19 mai, ils ne seront « que » moins d’une centaine). Deux Algériens arrivés

Pendant ce temps, les portes de la préfecture s’ouvrent, il est 8h15 : la tension monte d’un cran, début de bousculade sur les marches, quelques invectives, les quatre flics présents depuis une demi-heure remettent de l’ordre. Ça se tasse, on fait la queue aux guichets et, à 8h45, une fonctionnaire

attendre un an avant de redéposer un dossier » – et que les récépissés n’ont presque plus cours. « Les revirements arbitraires de la préfecture, sa stratégie d’usure » sont également dénoncés par l’avocate Vanina Vincensini. « Il serait temps que l’administration respecte la loi et s’organise pour que les étrangers conservent leur dignité », s’indigne-telle. Parmi nos premiers arrivés de la veille, la plupart ont pu déposer leur dossier, obtenant en retour la fameuse attestation de dépôt – un papier avec un tampon préfectoral, c’est un bon début. Sauf pour Kurt, un des Turcs, faute d’avoir tous les documents. Il exhibe la seule paperasse officielle bien d’chez nous dont il dispose : une OQTF (Obligation de quitter le territoire français) de 2008. Mais il reviendra passer la nuit rue Saint-Sébastien. Pas ce soir : on est mardi et, depuis peu, la préfecture ne reçoit plus les premières demandes de titre de séjour le mercredi…

La préf l’atteste « L’attestation de dépôt est un document qui fait foi », déclare Christophe Reynaud, le secrétaire général adjoint de la préfecture. À voir : le document en question s’orne de la mention « la présente attestation ne vaut pas autorisation de séjour », en lettres majuscules. Certes le préfet, selon plusieurs sources, s’est engagé oralement à ne prendre d’arrêté de reconduite à la frontière pour les porteurs d’attestation qui se feraient pincer. Mais ça vaut ce que ça vaut, et uniquement pour les Bouches-du-Rhône. Le secrétaire général adjoint argue que « le récépissé ne peut être délivré aussi vite que l’attestation de dépôt, réduisant ainsi la capacité du service à traiter les nombreuses demandes ; on le délivre donc pour les dossiers les plus consistants. » Problème : lors d’une première demande de titre de séjour, légalement le récépissé s’impose…


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notre belle région

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Quand un porc éternue, le monde tremble Par Benoît Gilles

Des virus aux noms barbares passent la barrière des espèces, parcourent le monde et tuent. Mais d’où naissent-ils ? Certains pointent l’élevage industriel mondialisé, d’autres accusent les éleveurs traditionnels incontrôlés. Décryptage avisé avec l’Ong Agronomes et vétérinaires sans frontière (AVSF).

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’homme moderne regarde désormais d’un œil suspicieux les animaux dont la viande garnit son assiette. Dans les années 90, L’encéphalite spongiforme bovine a transformé un tendre rosbeef en arme de destruction massive de nos neurones. Au début des années 2000, c’était au tour du poulet d’être suspecté d’être un terroriste mondial. Et voilà que le porc est à son tour pointé du doigt comme ennemi public n°1. A l’origine de ces suspicions, un point commun : la manière dont on élève ces braves bêtes. Au temps de la grippe aviaire, les télés du monde entier filmaient à tour de bras les poulets qui gambadaient gaiement dans les villages d’Asie ou d’Afrique. A vivre si près des animaux, ces paysans incultes mettaient le monde en péril. Déjà, certains réfutaient ce raccourci facile. Or, cette fois-ci, c’est l’usine mexicaine d’un géant de l’agro-alimentaire, Smithfield Food (1), qui serait à l’origine de l’émergence d’un nouveau virus de la grippe A. Présente dans 18 pays sur trois continents, l’ONG Agronomes et vétérinaires sans frontières (2) (AVSF) intervient auprès des communautés paysannes pour améliorer la prise en charge sanitaire de leurs élevages, notamment en formant des auxiliaires communautaires de santé animale (Acsa). Directeur adjoint des opérations à AVSF, Ludovic Larbodière, décrypte les enjeux sanitaires de notre basse cour mondialisée.

le Ravi : Aujourd’hui, les suspicions quant à l’origine du virus H1N1 se concentrent sur un petit village mexicain situé à proximité d’un élevage industriel de porcs. En quoi peut-on soupçonner ce type d’élevage ? Ludovic Larbodière : « Comme tous les élevages industriels du même type, il est en relation continue et permanente avec des circuits commerciaux nationaux et internationaux. Cela peut être par la commercialisation des produits, l’importation de géniteurs, de porcelets ou

bien de semence… Il y a donc un risque plus grand de diffusion virale par les animaux, les aliments ou le matériel d’élevage. Ensuite, il existe un autre danger lié aux lisiers qui peuvent être épandus dans les champs comme engrais. Là aussi, il y a un risque de diffusion. D’autre part, ces installations sont souvent situées dans des zones très denses aux périphéries des villes ou à proximité des zones portuaires. Enfin, ce type d’élevage présente une menace liée au mode de diffusion du virus : il se transmet par expectoration, sécrétion, aérosol, c’est ce qui se passe quand on éternue. C’est la même chose chez l’homme et le porc. Or, dans ces élevages, vous avez une forte densité animale. Vous vous trouvez alors avec une cocotte minute virale où les chances de mutation et recombinaison sont plus grandes. »

Mais ces élevages ne sont-ils pas plus contrôlés ? L.L. : « En théorie, oui mais les situations varient selon les pays. En Occident, cela fonctionne assez bien entre les services vétérinaires publics, le réseau de vétérinaires privés et les éleveurs. Tout le monde a intérêt à signaler les problèmes. Dans les pays dits émergents, la demande en protéine animale se développe très rapidement notamment dans les zones urbaines. Cela entraîne une augmentation tout aussi rapide de la production locale. Face à cela, des nations ont des systèmes de contrôle déficients voire inexistants. En Afrique, les éleveurs de zones enclavées ne reçoivent parfois aucune visite et ne subissent aucun contrôle vétérinaire. Donc certains pays vont se déclarer indemnes de telle ou telle maladie sans qu’ils le sachent vraiment. La diffusion du virus dépend également des règles et normes sanitaires des pays importateurs. En Europe, elles sont très strictes. Les exportateurs doivent respecter des normes sévères en termes de densité animale ou de conduite d’élevage avant de pouvoir accéder à ce marché. Ils sont contraints de

se plier à des visites d’agrément d’experts mandatés par l’Union Européenne. Mais le jour où il y a un problème grave, il n’est pas sûr que ces éleveurs industriels informent tout de suite les autorités compétentes. La tentation peut être grande de gérer ça euxmêmes, notamment par peur de perdre leur agrément ou de perdre des marchés. Cela dépend donc de la capacité des pays à mettre en place un vrai réseau de surveillance avec ses moyens humains et financiers. Cela est lié aussi au niveau d’organisation professionnelle et interprofessionnelle des éleveurs eux-mêmes. Plus le degré d’interdépendance augmente entre éleveurs et les différents maillons d’une filière, moins les accidents sanitaires peuvent passer inaperçus, meilleure est la collaboration entre éleveurs, vétérinaires privés et services publics vétérinaires. »

Au moment de l’épidémie de grippe aviaire, on avait pointé du doigt les élevages traditionnels. Présentent-ils un risque plus important ? L.L. : « Cela dépend. Effectivement, ce type d’élevage paysan se caractérise par des contacts permanents entre hommes et animaux et le risque de transmission à l’homme est plus élevé. Ces élevages sont disséminés, rarement recensés et ne font pas l’objet de contrôles. Par contre, une épidémie, si elle prend de l’ampleur, peut rarement être dissimulée. Et ces élevages paysans servent parfois de révélateur à des infections issues d’élevages industriels. Il peut en effet y avoir des contacts entre des animaux divagants et ceux d’élevages semi-industriels. En revanche, on a constaté notamment en Asie au moment de la grippe aviaire, que l’introduction de virus dans de nouveaux pays dépendait le plus souvent de filières commerciales impliquant des élevages industriels via l’importation d’œufs à couver ou de poussins d’un jour. »

1 Sur son site, http://smithfieldfoods.ddcg.com, le leader mondial du porc connu en Europe à travers les marques Aoste et Cochonou dément catégoriquement que sa ferme de l’Etat de Vera Cruz soit à l’origine de l’actuelle épidémie. 2 Pour en savoir plus sur les actions AVSF dans le monde : www.avsf.org


le Ravi n°64 juin 2009

cra sh -te st de la cultu re Arles en capitale (associée) européenne de la culture. La Ville n’en demandait pas tant pour consacrer son statut de fleuron de la culture. Mais laquelle ? Entre les gros bras des festivals historiques déjà sélectionnés et les choix de l’association Marseille 2013, quelle sera la place laissée aux « petites structures » ? Officiellement, la décision tombera fin 2010. En attendant, la sélection a déjà commencé...

La culture ne veut pas jouer l’arlésienne Par Eric Besatti

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a course à l’accession au label Marseille Provence 2013 capitale européenne de la culture (MP 2013) est lancée. Tous les « petits » acteurs du microcosme culturel arlésien avaient rendez-vous, le 6 mai dernier, en salle d’honneur de la mairie. Tous ou presque. Pour éviter la cohue, seules les quarante associations les plus subventionnées étaient conviées. « Les absents pourront toujours présenter un projet en indépendants », rassure Claire Antognazza, l’adjointe à la culture. Elle a choisi personnellement cinq « référents thématiques », parmi les 72 au programme de MP 2013, pour le terroir arlésien : « mille et une nuits », « le partage de l’eau », « tous acteurs », « promeneurs nomades », « l’art dans l’espace public ». Les participants sont sommés de choisir dare dare un thème. Et ce sans avoir le temps de se concerter avec les associations qui les ont mandatés. L’étau se referme. Grogne générale dans l’assemblée. « Je suis désolée mais je n’ai pas le choix », compatit l’adjointe au maire. Et Claire Antognazza de renvoyer la responsabilité sur les couacs de l’organisation marseillaise : « On aurait dû vous prévenir dès janvier. A l’arrivée, la sélection se fera d’abord dans votre capacité à réagir au pressing ». Le jeu de massacre associatif laisse un goût amer aux « petits ». Sylvie Séquier de « l’Atelier Saugrenu » ne participera pas à la fête en 2013. Simplement faute de pouvoir dégager du temps alors qu’elle est en pleine préparation de la saison estivale. « La culture est mal répartie sur le territoire, déplore-t-elle. Les évènements qui attirent les gens sont surtout à caractère international. La culture arlésienne à proprement parler est sous une cloche de verre. On est dans le culte du passé, fossilisé sur le patrimoine. » Son de cloche différent chez Marie José Justamond directrice artistique du festival de musique du monde Les Suds : « 2013 est une aventure passionnante ». Le festival reçoit dès cet année une enveloppe de Marseille Provence pour financer les premiers spectacles labellisés capitale de la culture. Hervé Schiavetti, le maire, est aussi optimiste : « la culture c’est une centaine d’emplois sur Arles. « Marseille 2013 » offre la possibilité de prolonger ce développement » (1) Symbole incontournable du changement, les anciens ateliers SNCF vont être transformés en un gigantesque complexe culturel. Les acteurs majeurs de la culture arlésienne (Ecole nationale supérieure de la photographie, les Rencontres d’Arles photographie, les éditions Actes Sud) y auront pignon sur rue. Cette révolution culturelle ne sera pas terminée pour l’échéance de 2013. Qu’importe, la maquette du projet trône fièrement sur la plaquette de présentation de MP 2013. « Ce sera la fête dans un grand chantier », annonce Hervé Schiavetti maire communiste mais pragmatique (1). Salle d’honneur, les travaux ont d’ores et déjà commencé, pour les représentants d’associations qui se ruent maintenant, chacun pour soi, à l’assaut de la table où sont installés les cinq thèmes. Combien de projets émergeront de ces groupes de travail ? Claire Antognazza, en charge du « partage de l’eau », préfère ne pas se mouiller : « Cela dépendra de la cohérence des projets ». Le résultat des courses sera définitif en décembre 2010, après une présélection des projets fin 2009… 1 La Provence « 2013 l’évidence arlésienne » cahier 3 n°4306

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