Lire franco-canadien : un bouquet d'histoires et de perspectives
Un bouquet d’histoires et de perspectives
Cette publication est une initiative du Regroupement des éditeurs franco-canadiens (REFC), réalisée en partenariat avec les Librairies indépendantes du Québec, coopérative, sous sa bannière Les libraires
Le REFC favorise le développement de l’écosystème littéraire et la promotion de la littérature franco-canadienne. Il renforce et développe les compétences de ses membres grâce à une approche fondée sur le partenariat et la collaboration, en organisant des initiatives conjointes dans les domaines de la représentation, de la promotion, de la distribution et du développement des marchés. Il se trouve au centre d’un réseau actif de maisons d’édition, qui touchent un public toujours plus vaste, ici comme ailleurs. Nous sommes animés par des valeurs telles que la solidarité, l’engagement, l’ouverture et la persévérance.
Le mandat de la librairie indépendante s’articule autour de la proximité, de la diversité et du service. C’est un lieu de conseil, ouvert à la découverte.
Les libraires, c’est un regroupement de 122 librairies indépendantes du Québec, des Maritimes, du Manitoba et de l’Ontario. C’est un site transactionnel (leslibraires.ca), une revue d’actualité littéraire (Les libraires) et une communauté de partage de lectures (quialu.ca).
Responsables de la publication : Piedad Sáenz et Vicky Sanfaçon
Illustration de la couverture et autres illustrations : Josée Duranleau
Sélection des contenus : Piedad Sáenz, Noureddine Hany et Mathieu Ricard
Rédaction et réalisation des entretiens : Vicky Sanfaçon
Révision linguistique : Geneviève Dufour
Correction d’épreuves : Alexandra Mignault
Design et montage : Rémy Grondin
Imprimé au Québec par : Publications Lysar
Le REFC reconnaît que ses bureaux sont situés sur le territoire non cédé de la Nation algonquine anishinaabe, présente en ces lieux depuis des temps immémoriaux.
Les prix affichés dans ce carnet le sont à titre indicatif et peuvent être inexacts. Les prix en vigueur sont ceux que vous retrouverez en librairie et sur le site leslibraires.ca au moment de votre achat. Tous les titres inclus dans ce carnet sont imprimés au Canada.
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Nous remercions nos partenaires ci-dessous, dont le soutien précieux nous permet de mener à bien ce projet de diffusion de la littérature franco-canadienne.
C’est avec enthousiasme que nous vous présentons ce catalogue des œuvres publiées par les membres du Regroupement des éditeurs franco-canadiens. Conçu pour répondre aux besoins des librairies, bibliothèques et écoles, il met en lumière des titres incontournables qui reflètent la diversité et l’audace de notre production littéraire.
Bien plus qu’une simple liste d’ouvrages, cette sélection est une invitation à butiner parmi des voix uniques, à explorer des récits profondément enracinés dans nos communautés et à découvrir des œuvres qui célèbrent la vitalité culturelle du Canada français et des Premiers Peuples. Albums jeunesse, romans captivants, essais, théâtre ou poésie : chaque livre ajoute une couleur et un parfum distinctifs au bouquet d’histoires et de perspectives qui enrichissent notre regard sur le monde.
Ce projet s’inscrit dans une volonté de coopération plus large. Grâce à des partenariats avec des librairies francophones et anglophones à travers le pays, nous renforçons la présence des livres franco-canadiens tout en cultivant un écosystème fondé sur des liens durables entre auteur·rices, lecteur·rices et toutes les personnes qui y contribuent.
Un grand merci à nos partenaires, la coopérative des Librairies indépendantes du Québec (LIQ) et la Canadian Independent Booksellers Association (CIBA), ainsi qu’à Ontario Créatif, au Conseil des Arts du Canada, au Gouvernement du Canada et à la Fédération culturelle canadienne française qui rendent ce projet possible.
STÉPHANE CORMIER
Président du REFC
ÉCRIRE EN FRANÇAIS D’UN OCÉAN À L’AUTRE
La littérature de langue française existe depuis le Régime français, tant en Acadie, au Québec qu’en Ontario et au Manitoba. C’est donc dire que les littératures acadienne, franco-ontarienne, franco-manitobaine et autres littératures franco-ouestiennes, qu’on désigne aujourd’hui collectivement sous le nom de littératures franco-canadiennes, ont une longue histoire. De la littérature coloniale à la littérature canadienne-française aux littératures provinciales ou régionales, le parcours a été marqué d’embûches et de belles réalisations. Voici quelques pistes pour les découvrir.
PAR LUCIE HOTTE, PROFESSEURE À L’UNIVERSITÉ D’OTTAWA ARTICLE TIRÉ DE LA REVUE LES
N° 141
Des plumes qui ouvrent la voie
Quiconque s’est déjà intéressé aux littératures franco-canadiennes a entendu parler des grandes voix qui ont ouvert la voie à l’époque de la littérature canadienne-française, soit de 1867 à 1969, particulièrement de Gabrielle Roy, du Manitoba, d’Antonine Maillet, du Nouveau-Brunswick, ou de Jean ÉthierBlais, de l’Ontario. Tous les trois ont fait carrière au Québec car avant 1972, il n’existait pas de maison d’édition francophone à l’extérieur du Québec. La vie littéraire pouvait néanmoins être assez active dans certains grands centres comme Ottawa, mais la capitale nationale était sans doute une exception à l’époque. D’autres écrivains et écrivaines de cette époque sont moins connus, comme Ronald Després, un Acadien qui a fait carrière à Ottawa, ou des dramaturges comme Régis Roy, de l’Ontario, dont les pièces ont été très prisées au XIXe siècle. Si Gabrielle Roy, Antonine Maillet et Jean Éthier-Blais sont encore lus, ce n’est pas le cas de Régis Roy et de Ronald Després en dépit de la modernité (pour l’époque) de leur œuvre. Les romans de Després sont encore aujourd’hui assez difficiles d’accès. La génération qui prend la parole en 1970 voudra se démarquer de leurs prédécesseurs. Elle fondera son originalité sur des choix linguistiques, thématiques et institutionnels inédits jusqu’alors.
Dans quelle langue écrivent les écrivains franco-canadiens ?
Les écrivaines et écrivains franco-canadiens vivent dans un contexte où le français est minoritaire. Maîtrisant bien souvent les deux langues officielles, ils peuvent choisir d’écrire en français ou en anglais, voire dans diverses variétés de français. Dans La Sagouine, Antonine Maillet opte pour l’acadien traditionnel qui lui permet de placer le lectorat et les spectateurs québécois devant l’étrangeté de l’Acadie, tout en établissant des liens avec les langues parlées dans les régions du Québec. L’utilisation des langues vernaculaires deviendra chose de plus en plus courante même si plusieurs autrices et auteurs choisissent toujours d’écrire en français standard. Faire advenir la langue locale à la littérature est un choix idéologique pour nombre d’entre eux, une façon de valoriser la langue de la région et de contrer l’insécurité linguistique omniprésente. Si le théâtre est un genre privilégié pour mettre en scène l’oralité (pensons à André Paiement, Jean Marc Dalpé ou Michel Ouellette en Ontario ou Marc Prescott au Manitoba), les langues populaires sont aussi présentes à des degrés divers dans le roman, les nouvelles et la poésie.
Alors que des poètes phares des années 1970, comme Herménégilde Chiasson (Nouveau-Brunswick), Andrée Lacelle (Ontario), Paul Savoie (Manitoba-Ontario) ou J.R. Léveillé (Manitoba) privilégient le français standard et abordent des thématiques davantage universelles, d’autres, surtout de la génération suivante, n’hésiteront pas à plonger dans le vernaculaire. C’est le cas, par exemple, de Georgette LeBlanc (Nouvelle-Écosse) qui inclut des mots en acadjonne, la langue de la Baie Sainte-Marie, notamment dans ses recueils Alma, Amédé et Prudent. Son roman Le grand feu est, lui aussi, rédigé dans cette langue musicale qu’elle laisse toutefois de côté dans son plus récent recueil, Petits poèmes sur mon père qui est mort , où la langue se fait douce et simple comme dans une berceuse. Au Nouveau-Brunswick, dans le sud de la province, ce sera le chiac qui sera valorisé grâce à plusieurs poètes, dont Gérald Leblanc, qui l’utilise avec parcimonie, en dépit du titre d’un de ses recueils, L’éloge du chiac. Cette langue devient même une thématique dans des romans de France Daigle (Pas pire, Un fin passage, Petites difficultés d’existence et Pour sûr ), alors que ses œuvres précédentes étaient dans une langue épurée, marquée par l’ellipse ou ce qu’on a appelé la litote acadienne. Daigle, ayant écrit quelques pièces de théâtre pour la compagnie Moncton Sable, s’est vue confrontée à l’obligation de faire parler ses personnages, ce qu’elle évitait dans ses premiers livres.
Le désir de vraisemblance a mené à l’utilisation du chiac, d’un certain chiac littéraire, plus accessible à l’ensemble du lectorat. En Ontario, c’est le joual franco-ontarien, très près du joual québécois, qui sera en vedette dès les années 1980, dans les romans de Daniel Poliquin ou la poésie de Patrice Desbiens. Plus à l’ouest, le vernaculaire est peu utilisé, mais l’anglais est très présent comme dans les magnifiques poèmes de Pierrette Requier, details from the edge of the village, qui sont écrits en français ou en anglais ; certains, comme « Notre père » et « Our Father », se font écho. Il devient même une thématique centrale de la pièce Sex, Lies et les Franco-Manitobains de Prescott. L’utilisation des variétés locales de français, parfois avec des passages en français standard, voire en anglais, dote les œuvres d’un pouvoir évocateur certain. Pour le lectorat du Québec ou d’ailleurs dans le monde, il y a là une touche exotique qui capte l’intérêt. Outre l’effet de réel qui en découle, l’utilisation des langues vernaculaires permet d’exprimer la réalité locale, de valoriser ses particularités. Il n’en demeure pas moins que le français plus standard reste la norme. Il faut se méfier des idées préconçues que l’on peut avoir au sujet des littératures franco-canadiennes. Si elles apparaissent à un moment de revendications identitaires, elles sont fort peu axées sur des thématiques particularistes. Les œuvres couvrent l’ensemble des sujets que l’on trouve dans toutes les littératures. Aujourd’hui dotées d’institutions littéraires qui leur sont propres, les littératures franco-canadiennes s’épanouissent.
ÉDITIONS DU PACIFIQUE NORD - OUEST
Vancouver (Colombie-Britannique)
Les Éditions du Pacifique Nord-Ouest, basées à Vancouver (Colombie-Britannique), réunissent une communauté d’auteurs franco-canadiens passionnés. Depuis 2020, leur objectif est de mettre en lumière des écrivains locaux en publiant des récits qui reflètent la réalité et les particularités de leur milieu, ainsi que des documentaires portant sur des enjeux régionaux.
ÉDITIONS DE LA NOUVELLE PLUME
Regina (Saskatchewan)
Fondées en 1984, les Éditions de la nouvelle plume, maison d’édition basée à Regina (Saskatchewan), s’engagent à représenter une minorité linguistique désireuse d’exprimer en français son histoire, son vécu et son imaginaire. Elles soutiennent l’émergence de voix et de perspectives diversifiées en offrant une vitrine aux auteurs et autrices francophones de l’Ouest et du Nord canadiens, leur permettant ainsi de rejoindre des lecteurs de tous âges et de tous horizons.
FICTION
MARIAGE PAR CONTUMACE
Nouemsi Njiké, Prise de parole, 212 p., 24,95 $, ISBN : 9782897444587
Olivia Lavigne se fait refuser une marge de crédit parce que son mari vient de contracter un prêt. Or, elle n’est pas mariée. Oyono Tchakounté découvre accidentellement un secret politique et militaire américain, une mission dont même le président ignore l’existence. Une péripétie n’attend pas l’autre dans ce sympathique et hilarant Mariage par contumace, une proposition insolite au croisement du roman d’enquête, du thriller politique et de la comédie romantique.
LE RADEAU
Jean-Pierre Dubé, Les Éditions du Blé, 402 p., 24,95 $, ISBN : 9782924915691
Le radeau est l’histoire de six frères et sœurs qui se retrouvent à deux reprises autour d’un repas pour rattraper les longues années de silence et de séparation. Thomas, le benjamin de la famille, réunit ses frères et sœurs pour la Saint-Jean-Baptiste. Malgré les apparences, les six frères et sœurs ont passé les années sans se connaître et chacun porte en lui un lourd secret.
UN PETIT BAR DE VILLAGE ET AUTRES NOUVELLES SANS CONSÉQUENCES
Jean-Pierre Picard, La nouvelle plume, 104 p., 16 $, ISBN : 9782924237953
Tout au long de notre vie, notre parcours est parsemé de voyages, de rêves et de rencontres. Pour certains, ces expériences se succèdent tout simplement, sans conséquence. Mais pour Jean-Pierre Picard, elles deviennent sources de réflexions et alimentent son imaginaire où s’entremêlent souvenirs et fiction. Les vingt-cinq nouvelles d’Un petit bar de village feront vivre de nombreuses émotions au lecteur qui acceptera de se laisser emporter.
DÉVORÉS
Charles-Étienne Ferland, L’Interligne, 210 p., 25,95 $, ISBN : 9782896995905
Dévorés est l’histoire d’un monde dystopique, où un insecte ravageur à l’allure de guêpe terrible dévore tout, poussant l’horreur jusqu’à attaquer les êtres humains. L’enfer sur terre : vie misérable, chaos, désolation sont le lot des survivants, qui de plus, se disputent les denrées restantes. Il existe un espoir : une île sur le lac Ontario pourrait avoir échappé au désastre. Il faudrait bien s’y rendre, mais les risques sont énormes. Jack n’a rien à perdre.
RIVIÈRES -AUX- CARTOUCHES
Sébastien Bérubé, Perce-Neige, 240 p., 25 $, ISBN : 9782896914388
Rivières-aux-Cartouches s’est écrit comme on bâtit un village : à coups de légendes de sous-bois, de commérages de salon de coiffure, de secrets de famille, de rumeurs de cour d’école, d’aveux pis de mensonges. Mais suffit de se fermer la yeule pis de prêter l’oreille pour se rendre compte que les voix se mélangent pour finir par n’en former qu’une seule, celle du village. Rivières-aux-Cartouches, c’est ça.
WELSFORD
Claude Guilmain, Prise de parole, 274 p., 25,95 $, ISBN : 9782897444112
Des ossements ont été découverts sous une piscine à Don Mills. Il se trouve que, dans les années 1970, j’habitais en face de la maison où on a déterré le corps. L’inspectrice-chef du Service de police de Toronto m’a invité à me joindre à l’enquête. J’ai accepté. Je revois le moment où on a coulé le béton de la piscine, il y a près de cinquante ans. Le corps avait probablement été enfoui la veille.
Elsa est une femme étonnante qui aime plus que tous les araignées et les objets hétéroclites. Dès l’enfance, elle accumule toutes sortes d’objets trouvés qui finissent par encombrer sa maison à un point tel qu’elle en devient insalubre. Cette manie nuit à toutes ses relations interpersonnelles. Sa tendance à l’accumulation la mène à faire une série de rencontres avec des personnages tous plus singuliers les uns que les autres.
NOUS, JANE
Aimee Wall (trad. Geneviève Robichaud et Danielle LeBlanc), Perce-Neige, 240 p., 25 $, ISBN : 9782896914418
Cherchant à donner un sens à sa vie, Marthe entame une amitié intense avec une femme plus âgée, également originaire de Terre-Neuve. Celle-ci lui raconte une histoire de but, de devoir à accomplir qui porte un nom : Jane. Nous, Jane sonde l’importance du travail de soins effectué par les femmes pour les femmes, souligne la complexité des relations dans ces réseaux, et capture magnifiquement l’inévitable conflit intérieur qui accompagne le retour au bercail.
L’écrivain franco-ontarien Didier Leclair est un citoyen du monde. Né à Montréal et ayant grandi en Afrique, il retourne à 18 ans découvrir le pays de ses origines et s’y installe. À travers la littérature, il abolit les frontières qui divisent, préférant utiliser les mots pour amplifier les voix et les expériences qui façonnent et enrichissent la société.
PROPOS RECUEILLIS PAR VICKY SANFAÇON
Depuis la publication de votre premier roman, Toronto, je t’aime (Terre d’Accueil), le thème de l’identité semble être un fil conducteur qui traverse votre œuvre et se déploie au fil de vos autres récits. Pourriez-vous nous en dire plus sur ce qui définit cette identité ?
J’estime que l’identité est la question fondamentale du XXI e siècle. Des communautés diverses sont installées un peu partout dans le monde. Je définis l’identité au XXIe siècle comme une identité flexible, multiforme. C’est pour ça qu’être écrivain francoontarien ne m’empêche pas d’être aussi d’Afrique et du Rwanda. Ainsi, vous pouvez prendre Le complexe de Trafalgar (Vermillon) et suivre le personnage principal, un Franco-Ontarien né en Ontario, ou opter pour Ce pays qui est le mien (Vermillon) et être en compagnie d’Apollinaire, un chauffeur de taxi torontois né en Afrique centrale.
Une autre thématique présente dans vos romans, notamment dans Le prince africain, le traducteur et le nazi (Éditions David), est celle des personnages marginaux, souvent issus de la diversité. Pourquoi est-il important pour vous de raconter ces parcours de vie et ces réalités ? Et quelle responsabilité l’écrivain a-t-il face à ces récits oubliés ?
Les personnes en marge de l’histoire sont celles qui ne contrôlent pas le narratif. Elles le subissent et lisent des récits à propos d’elles sans pour autant avoir participé à leur rédaction. Les livres d’histoire au Canada et ailleurs regorgent de ce genre de récit écrit par le conquérant. Je tente de donner la parole à ceux et celles qui ne se reconnaissent pas dans le récit officiel. Pour prendre mon dernier roman comme exemple, les vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale oublient souvent d’inclure les communautés de la diversité dans la lutte contre le fascisme hitlérien. Or, il y a eu des militaires africains et des espions de race noire comme Joséphine Baker qui ont mis leur vie en danger pour vaincre l’adversaire. Ma responsabilité est de me rapprocher le plus de la vérité.
Les personnages de mon plus récent roman sont contre le nazisme et sauvent des vies. Je compte d’ailleurs écrire une série à propos d’eux.
Quels défis rencontrez-vous en tant qu’écrivain et en tant qu’individu évoluant dans un contexte de minorité linguistique ? Par ailleurs, au-delà de ces difficultés, la pratique du français offre-t-elle des avantages insoupçonnés ou des opportunités uniques, surtout dans un environnement majoritairement anglophone ?
Il y a des défis et des embûches quand on est écrivain noir au Canada. À ce sujet, des collègues et moi avons mis sur pied le CAFAC (Conseil des auteurs et auteures francophones afro-canadiens et afro-canadiennes). Nous sommes encore au début, mais le but ultime est de mettre en exergue la contribution des écrivaines et écrivains afro-canadiens. Ainsi, nous essayons de diminuer les défis et les embûches pour les générations futures. Par ailleurs, la pratique du français est une épée à double tranchant. D’un côté, c’est un atout pour obtenir des emplois bilingues et pour survivre à Toronto, une ville où la vie est chère. Cela permet aussi de mettre vos enfants à l’école française si vous tenez à leur donner le même atout que vous. Cependant, la difficulté en tant qu’artiste francophone de l’Ontario est la traduction des œuvres. Elle se fait au compte-gouttes. Par conséquent, peu d’Ontariens anglophones vous connaissent, même si vous parlez leur langue.
Écrire un livre, c’est laisser une trace indélébile de son parcours. Avec plus de dix ouvrages à votre actif, quelle est la trace que vous souhaitez laisser à la postérité ? Écrire, c’est laisser une trace, j’en conviens. Cela dit, tout dépend des responsables de la littérature pour parler de mon œuvre. Si les chercheurs, les professeurs et les lecteurs, lectrices continuent de me lire après ma disparition, la trace de mon passage sera visible. Je le souhaite pour que les générations à venir sachent que je ne suis pas resté les bras croisés. J’ai tenté, avec mes traces, de montrer la direction vers laquelle il faut progresser.
APPRENTISSAGE ILLIMITÉ/ AHA LEARNING
Saint-Adolphe (Manitoba)
Fondée en 1995 au Manitoba, Apprentissage Illimité/AHA Learning est un éditeur, concepteur et détaillant de ressources éducatives et littéraires en français, en espagnol et en anglais, destinées à tous les âges. Spécialiste passionnée de pédagogie, cette maison d’édition offre des outils dynamiques et interactifs pour soutenir la réussite et l’épanouissement des apprenants. Guidés par une profonde passion pour les langues et la culture et par une volonté de faire œuvre utile dans le monde, il s’agit d’un éditeur qui préconise l’apprentissage et qui s’inspire de ses connaissances et de ses aptitudes mises en commun pour croître et innover.
VIDACOM PUBLICATIONS
Winnipeg (Manitoba)
Vidacom Publications, maison d’édition basée à Winnipeg (Manitoba), publie des ouvrages d’auteurs canadiens dans les deux langues officielles, couvrant des sujets variés tels que l’histoire, la nature, la photographie et les perspectives autochtones. En collaboration avec les Éditions des Plaines, une maison d’édition francophone active depuis plus de quarante-cinq ans, Vidacom propose un catalogue diversifié de plus de 400 titres incluant de la littérature générale, des livres pour enfants, des ouvrages sur les peuples autochtones et des ressources pédagogiques.
Romancier, poète, essayiste, traducteur, éditeur et intellectuel francomanitobain, J.R. Léveillé offre au lectorat un regard d’une rare intensité qui nourrit une expression artistique hors norme puisqu’en perpétuel mouvement. Fort d’une carrière de plus de cinquante ans consacrée à la défense, à l’enseignement et à l’enrichissement de la culture francomanitobaine, il est un témoin privilégié de l’évolution et de la vitalité de cette littérature qui trouve ses racines à même l’immensité de son territoire et la diversité de ses habitants.
PROPOS RECUEILLIS PAR VICKY SANFAÇON
Vous avez dirigé l’anthologie Poésie franco-ouestienne 1974-2024, une œuvre qui marque non seulement le 50 e anniversaire des Éditions du Blé, mais offre également aux lecteurs un panorama complet de la poésie francophone de l’Ouest canadien, s’étendant du Manitoba à l’Alberta, en passant par la ColombieBritannique, le Nunavut, la Saskatchewan et les Territoires du Nord-Ouest. À travers cette anthologie, comment définiriez-vous l’identité de la poésie francoouestienne et ce qui, selon vous, la distingue du reste du corpus franco-canadien ?
Nous avons regroupé ces provinces et territoires pour des raisons de censure. C’est que la distance qui les sépare des centres de l’Est censure la réception de leurs œuvres. Il n’y a pas plus une poésie franco-ouestienne qu’il y a une poésie franco-estienne. Elle est aussi riche, variée et surprenante. On pourra évoquer l’étendue du paysage pour souligner une géographie marquante, mais les territoires du Grand Nord sont autrement accidentés que les plaines centrales. On peut remarquer que certaines voix se sont établies sur les traces de la résistance métisse, tout en soulignant que la poésie colombienne est particulièrement marquée par une francophonie internationale. Cette poésie est sujette à un métissage des cultures, à l’accent des voix, à une médiatisation américaine et à une hybridité des formes d’expression. Nous avons cherché avant tout à donner une visibilité à cette singularité plurielle qui, dans ses manifestations, s’engage, comme toute poésie, dans le fondement même de la parole.
Auteur de plus d’une trentaine d’œuvres, poète, romancier et essayiste, votre voix évolue et se déploie à travers une œuvre résolument multiforme. Quelles thématiques essentielles traversent vos créations, et en quoi le fait d’explorer différents genres vous permet-il d’approfondir et de renouveler ces mêmes thèmes ?
J’ai toujours pratiqué, sans doute en raison de ma formation classique, une écriture réfléchie au sens où l’entendait Rimbaud : « la pensée chantée et comprise du chanteur ». Les étiquettes servent à souligner une direction, une tonalité, mais je peux m’en passer. Il s’agit de laisser parler la construction même de l’instrument tout autant que la composition des harmonies et des mélodies qui s’en dégagent. Cette interférence est génératrice, renouvelable, toujours nouvelle et source d’elle-même. Il en résulte un plaisir de l’écriture et une écriture du plaisir, une spiritualité et un érotisme de la composition.
Ancrées dans le territoire de l’Ouest canadien, certaines de vos œuvres, telles que Sûtra (Éditions du Blé) ou Poème Pierre Prière (Éditions du Blé), s’inspirent de la philosophie zen. Comment cette fusion de pensées et de philosophies, entre Orient et Occident, nourrit-elle votre processus créatif ?
Adolescent, je me suis intéressé à la philosophie présocratique. Je suis un adepte du clinamen d’Épicure. Le taoïsme, le zen se sont accrochés à moi de nature. Il y a une ressemblance entre ces deux formes de pensée qui nous mettent en présence du grand Vide, donc de l’immédiat. Cette métaphysique est aussi une physique, une appréciation de la nature, du moment présent, je dirais presque une suavité. Il en résulte un dégagement absolu dans l’écriture.
En 2019, les Éditions du Blé ont lancé la collection « Nouvelle Rouge », un espace dédié aux nouvelles voix de la littérature francophone de l’Ouest canadien. En tant que directeur de cette collection, pourriez-vous nous donner un aperçu de l’avenir de la littérature franco-ouestienne ?
Comme pour Poésie franco-ouestienne, cet avenir sera varié et variable, mais il reste à être défini par ses productions. La jeunesse s’est beaucoup engagée dans la musique, le théâtre et les arts visuels, car le rapport direct avec la langue a pu être intimidant. La collection veut permettre à une nouvelle génération de s’engager sur ce terrain et d’imaginer ses propres formes, avec « permission accordée d’échapper au style ». À ce jour, nous avons publié de la poésie et du théâtre, d’une poésie métaphysique à une poésie lyrique, du théâtre queer, autobiographique, langagier. La collection est ouverte à la découverte.
Mille poèmes pour habiter l’existence est un recueil plein de vie et d’espérance pour l’humanité, malgré les maux qui l’habitent et la minent. Nous découvrons une poésie libérée de la haine où nous entraîne le tourbillon du monde avec ses phobies effrénées. Ce poème-fleuve est un texte, un souffle qui nous emporte dans les méandres du cœur humain.
EN TERRAIN MINÉ
Véronique Sylvain, Prise de parole, 194 p., 24,95 $, ISBN : 9782897444617
Témoignage poétique lucide livré au « elle », En terrain miné revient sur la jeunesse d’une personne qui compose avec un trouble neurologique. Aux prises avec la difficulté d’habiter son corps, de faire confiance à sa mémoire et de s’affranchir de son milieu, celle-ci apprivoise peu à peu ses cicatrices et découvre, dans la nature et l’écriture, une source d’apaisement.
ACADIE ROAD
Gabriel Robichaud, Perce-Neige, 168 p., 20 $, ISBN : 9782896912797
Gabriel Robichaud propose un troisième recueil de poésie dont le titre est bien sûr un clin d’œil et un hommage au classique Acadie Rock de Guy Arsenault. Le poète-comédien nous amène faire un « tour de l’Acadie » hors du commun et c’est un plaisir de prendre place dans le siège du passager et de laisser défiler le territoire sous nos yeux amusés.
DÉCHIRURES VERS L’AVENIR
Jonathan Roy, Perce-Neige, 600 p., 45 $, ISBN : 9782896914791
Déchirures vers l’avenir est une forme d’anthologie un peu dissidente dont le fil rouge dévie des recensions traditionnelles pour mettre ensemble les morceaux d’une représentation multipiste de l’Acadie contemporaine. Agencés en cinq collections distinctes, ces poèmes sont autant une invitation à revisiter les œuvres du catalogue qu’une marque du caractère et de l’audace qui ancrent la maison d’édition au cœur de la poésie acadienne depuis près d’un demi-siècle.
Plus que jamais, le théâtre se fait le miroir de la communauté multiculturelle qui est la nôtre. Les planches deviennent le tremplin des identités multiples et le texte devient quant à lui cet espace où chacun se reconnaît tout en allant à la rencontre de l’autre. Johanne Parent, dramaturge originaire de Campbellton, au Nouveau-Brunswick, nous invite à une expérience amphibienne avec sa pièce Ornithorynques, publiée aux Éditions PerceNeige. Dans ce texte, elle tisse un éventail d’émotions à la fois universelles et profondément humaines, tout en restant fermement ancrée dans l’identité du nord-ouest du Nouveau-Brunswick, portée par une oralité unique qui amplifie la voix des habitants de ce coin de pays.
PROPOS RECUEILLIS PAR VICKY SANFAÇON
Votre pièce Ornithorynques (Perce-Neige) tire son nom d’un animal d’une singularité presque inclassable. À mi-chemin entre le canard et le castor, à la lisière des mammifères et des oiseaux, des poissons et des reptiles, l’ornithorynque se présente comme un assemblage d’éléments disparates qui, une fois réunis, forment un tout harmonieux. Peut-on y voir une métaphore des personnages que vous aimez mettre en scène dans votre théâtre, ces êtres tout aussi composites, à la fois contradictoires et cohérents dans leur complexité ? J’aime dire que j’écris du théâtre pour les gens qui ne vont pas au théâtre. Au nord du Nouveau-Brunswick, les gens ingénieux qui doivent trouver des solutions pour boucler leur fin de mois, c’est la classe sociale dont je suis issue et que je connais. Bien sûr, c’est un choix artistique et peut-être même politique que de décider de leur donner une voix.
Ornithorynques (Perce-Neige) raconte l’histoire d’une famille un brin marginale, mais va bien au-delà de ce portrait : il s’agit surtout d’une plongée dans les connexions humaines et dans les émotions qui secouent et bouleversent le quotidien. En quoi le théâtre, en tant que médium, se révèle-t-il particulièrement adapté pour ce type d’exploration ?
Le théâtre, de ses origines, est quelque chose de sacré. C’est là où un individu sacrifie quelque chose en lui afin de permettre la catharsis chez le groupe. En ce sens, le théâtre est exactement le médium souhaité pour l’exploration des connexions humaines. La magie s’opère quand un acteur passe par les grandes émotions humaines devant nous, public.
L’oralité occupe une place importante dans votre écriture théâtrale. En effet, vos personnages dialoguent dans un savant mélange de français et d’anglais et utilisent une syntaxe qui, loin de chercher la perfection formelle, incarne l’authenticité de leurs vécus. En quoi cette approche contribue-t-elle à ancrer le texte dans un territoire précis, tout en offrant une voix et une visibilité à ceux et celles qui y habitent ?
Si j’allais parler au monde de chez nous, il fallait le faire dans la langue de chenous. Le français standard dont nous nous servons pour effectuer cet entretien n’existe pas vraiment dans un contexte quotidien. Pas dans la plupart des endroits. En fait, nous ne parlons pas LE français mais plutôt UN des nombreux français d’Amérique. Ceux de nous qui prennent le crachoir doivent le faire de manière significative pour nous et pour les nôtres.
Vos pièces sont présentées partout au Canada, de Moncton à Carleton en passant par Québec et Montréal. Observez-vous une réception différente de votre travail selon les publics, qu’ils soient majoritairement francophones ou anglophones, et comment ces divers contextes linguistiques influencent-ils la perception de vos créations ?
Notre public a quand même été majoritairement francophone puisque le Théâtre L’Escaouette de Moncton et Le Théâtre À tour de rôle de Carleton-sur-Mer, qui ont coproduit le spectacle, sont des compagnies francophones pour des publics francophones. Cela dit, je sais que plusieurs anglophones ont assisté au spectacle et ils semblaient dire que le côté viscéral des émotions traverse la barrière de la langue.
THÉÂTRE
LES REMUGLES OU LA DANSE NUPTIALE EST UNE LANGUE MORTE
Caroline Bélisle, Perce-Neige, 80 p., 20 $, ISBN : 9782896914241
Hantée par les odeurs du passé, Marie-Frédérique est en quête d’un contact rassurant. Élodie, quant à elle, est aux prises avec de nouvelles phéromones. Arnaud aménage son habitat naturel alors que Julie voit le sien envahi. Dans ce biotope, personne ne danse la même danse. À leur insu, une seule chose les relie : un gars du FedEx que personne ne prend la peine de remarquer.
BOUÉE
Céleste Godin, Prise de parole, 64 p., 13,95 $, ISBN : 9782897444204
Dans Bouée, un groupe de scientifiques se donne la tâche de mettre à jour le portrait des humains. Iels explorent — avec un brin d’humour absurde — les grandes questions existentielles : quelle est notre place dans un cosmos infini ? Y a-t-il de la vie ailleurs, une autre Terre possible pour nous ? Avons-nous même les compétences pour aller à la rencontre de l’Autre ? Alors qu’on est entouré·es de vie, pourquoi nous sentons-nous si alone ?
DANS TOUS LES SENS
Sarah Migneron et Valérie Desrochers, Prise de parole, 40 p., 21,95 $, ISBN : 9782897444853 Jo et Cam sont les meilleur·es ami·es du monde. L’aventure est au rendez-vous à chaque instant, mais une présence supplémentaire rendrait tout encore plus amusant. Avec des matériaux et des mots, Jo et Cam se lancent dans un nouveau projet. Est-ce que les deux complices parviendront à créer cette amitié tant espérée sans se perdre dans les méandres du langage ?
MURS
Mishka Lavigne, L’Interligne, 168 p., 21,95 $, ISBN : 9782896998036
Au lendemain d’une épidémie qui décime presque toute la population, des survivants errent à la recherche d’un monde meilleur. Road théâtre d’un monde qui bascule, thriller postapocalyptique, Murs interroge ce qu’il reste de notre humanité quand la civilisation s’écroule.
LES ÉDITIONS DU BLÉ
Saint-Boniface (Manitoba)
Les Éditions du Blé ont été fondées à Saint-Boniface (Manitoba) en 1974. Il s’agit d’une maison d’édition francophone à but non lucratif qui a pour mandat de publier des auteurs et des autrices de l’Ouest et du Nord canadiens et des textes inspirés par cette région. La maison publie en moyenne sept titres par année dans une variété de genres : poésie, romans, nouvelles, théâtre, essais biographiques et historiques.
ÉDITIONS DES PLAINES
Winnipeg (Manitoba)
Partenaire de la littérature de l’Ouest canadien depuis 1979, les Éditions des Plaines, basées à Winnipeg (Manitoba), présentent un catalogue riche et varié de plus de 400 titres. Elles mettent en lumière les auteurs de l’Ouest et les récits ancrés dans cette région, tout en publiant des manuels scolaires, des livres jeunesse et des collections dédiées aux Premières Nations, aux Inuits et au peuple métis.
ÉDITIONS
PRISE DE PAROLE
Sudbury (Ontario)
Fondées en 1973 à Sudbury (Ontario), les Éditions Prise de parole amplifient les histoires émanant des marges géographiques, historiques et sociales par la publication d’ouvrages littéraires. Son catalogue éclaire la complexité et la richesse de la francophonie canadienne, avec une attention particulière portée aux milieux minoritaires, aux réalités régionales et aux Premiers Peuples. Engagée à soutenir ses auteurs et autrices du manuscrit à la promotion de l’œuvre achevée, la maison publie des romans, des récits, des nouvelles, de la poésie et du théâtre, ainsi que des études et des essais en sciences humaines et sociales, sans oublier des projets qui sortent des cadres établis.
LES ÉDITIONS
TERRE D’ACCUEIL
Oshawa (Ontario)
Depuis 2018, les Éditions Terre d’Accueil, basées à Oshawa (Ontario), publient les œuvres d’auteurs immigrants au Canada, pour tous les âges. Leur mission est de donner une voix aux immigrants canadiens, en faisant entendre leurs réalités auprès d’un lectorat francophone. Son intention est d’inspirer les lecteurs avec des histoires de vie et des parcours exceptionnels, d’éduquer grâce à un contenu réfléchi, puis de révéler des talents uniques qui marqueront la scène littéraire francophone ontarienne, canadienne et même internationale.
Si la littérature jeunesse est une boîte à outils aux mille et un tiroirs de possibilités, Marie-France Comeau, autrice de plus d’une dizaine d’albums jeunesse, en connaît chaque recoin. Par les mots, elle façonne des univers merveilleux plus grands que nature, enchantant petits et grands par son imaginaire débordant et généreux.
PROPOS RECUEILLIS PAR VICKY SANFAÇON
Votre dernier album, Un bisou coquelicot (Bouton d’or Acadie), traite avec douceur de la guerre à travers l’histoire d’Aly, qui passe le jour du Souvenir aux côtés de son arrière-grand-père et découvre les événements du débarquement de Normandie ainsi que le vécu des vétérans. Comment la littérature jeunesse s’avère-t-elle un outil particulièrement efficace pour aborder des thèmes sensibles auprès des jeunes lecteurs ?
Je suis convaincue que tout sujet sensible peut être abordé, surtout en littérature jeunesse. Ouvrir un livre, c’est ouvrir son esprit et son cœur à de nouvelles réalités. Pour Un bisou coquelicot , qui traite de la condition des vétérans, je voulais trouver les mots justes pour rendre hommage à des personnes comme mon oncle Léopold et mon beau-père Isidore, des héros sans cape ni superpouvoir qui ont fait face à leurs peurs avec un immense courage. J’ai donc passé dix ans à récolter des témoignages des deux côtés de l’Atlantique, ce qui m’a permis de créer des personnages touchants auxquels chacun peut s’identifier. Il ne restait plus qu’à associer ce texte au talent de l’illustrateur Jean-Luc Trudel, sous la direction des éditions Bouton d’or Acadie, pour faire de cet album un véritable trésor.
Qu’il s’agisse de la cuisine à travers l’album Un monstre dans ma cuisine (Bouton d’or Acadie) ou des couleurs avec l’album Au pays de Joffrey (Bouton d’or Acadie), chaque facette du quotidien se transforme en un terrain d’exploration captivant pour la littérature jeunesse. Pourquoi ces thèmes simples et familiers continuentils d’inspirer les auteurs et autrices jeunesse et d’enchanter les jeunes ?
Petits et grands partagent cet amour de découvrir des lieux inconnus. Dès que j’ai appris à lire, j’ai voulu lire aux plus jeunes pour leur faire découvrir ces univers où tout peut arriver, même s’ils ressemblent aux nôtres. Il est facile pour tous, tout en restant ancrés dans la réalité, d’imaginer qu’une pâte à biscuit devienne un monstre ou qu’un royaume magique soit couvert de cristaux de glace changeant de couleur avec les saisons. La réalité inspire l’imagination. Comme le disait si
bien Kim Yaroshevskaya : « L’inspiration, c’est ce que votre être le plus subtil peut vous apporter, votre accès direct à la connaissance, sans intermédiaire ni enseignement extérieur. » Cela doit être vrai, puisqu’une poupée aux yeux étoilés le dit.
Selon vous, quel rôle l’album ou le livre jeunesse joue-t-il dans le développement de l’empathie et des valeurs humaines essentielles chez les enfants ?
Il existe de nombreuses façons d’enseigner l’empathie aux enfants, et la première est de donner l’exemple. Après tout, on récolte ce que l’on sème ! S’il ne faut pas sous-estimer l’intelligence émotionnelle des enfants, l’empathie reste un concept abstrait. Elle peut se définir comme la capacité à comprendre ce que les autres vivent, ressentent et attendent, en se mettant à leur place. Il s’agit de voir le monde avec son cœur. Dans nos sociétés, surtout avec le contexte mondial actuel, l’empathie doit être une priorité. Les livres sont d’excellents outils pour sensibiliser. Parmi ceux que j’apprécie particulièrement sur ce sujet, on trouve Le conte du Petit Chaperon à l’envers de Leif Fearn ainsi que Léo les chaussettes, Tommy Tempête, Sur la rue de Tout-le-Monde, L’étoile dans la pomme et Histoire de galet, pour n’en nommer que quelques-uns de la maison d’édition Bouton d’or Acadie.
Quelle est l’importance de la lecture d’albums et de romans en français dans un contexte minoritaire, où la plupart des enfants laissent le français derrière eux dès que la cloche sonne à la fin des classes ?
Je suis convaincue que la clé du succès réside dans l’art de faire naître l’amour de la langue française chez les élèves, non par obligation, mais en leur transmettant une passion pour la littérature. De nombreux discours et émissions le montrent : lire est essentiel. Si notre langue est importante, la liberté de choisir nos lectures l’est encore plus. Pour éveiller l’intérêt pour la lecture, il est essentiel d’offrir une large sélection de livres captivants. C’est pourquoi il faut investir dans nos bibliothèques et inviter des auteurs, éditeurs, libraires, passionnés… Toutes les méthodes sont bonnes pour stimuler le goût de la lecture et guider les élèves vers ce trésor de possibilités qu’est le livre.
LITTÉRATURE
JEUNESSE
ÉLI LABAKI ET LES GOUTTES DE PLUIE
Diya Lim et Jean-Luc Trudel, Bouton d’or Acadie, 32 p., 13,95 $, ISBN : 9782897503543
Éli et son père, d’origine libanaise, sont nouvellement arrivés au Canada. Une nuit, Éli surprend son père, des gouttes de pluie aux joues. Le père a perdu son emploi. Cependant, le malheur n’est que temporaire. Père et fils passent plus de temps ensemble. Le pays quitté reste dans les pensées des Labaki et fait toujours partie de leur identité, mais Éli et son papa aiment de plus en plus vivre ici.
Quand Viviane et Simon remportent un concours de dessin organisé par l’ambassade du Kenya, ils sont loin de se douter qu’une aventure de taille les attend. Leur prix, une twiga, leur en fera voir de toutes les couleurs… et de toutes les grandeurs ! Ce premier volet de la série L.O.U.P.E. fera mieux connaître aux jeunes la capitale nationale à l’occasion d’un safari urbain hors de l’ordinaire !
L’ÉGOUT DU RISQUE
Paul Roux, Pacifique Nord-Ouest, 128 p., 13,95 $, ISBN : 9782925064299
Amateur d’odeurs fortes, Vincent Dunais rêve de visiter les égouts de la ville. Rusé et déterminé, l’adolescent n’hésite pas à s’aventurer sur un chantier et à se faufiler sous terre, dans les canalisations sombres et humides où d’incroyables périls l’attendent. Une histoire qui sent mauvais, à lire en retenant son souffle !
Un danger occulte plane sur le campus que fréquente Maude. Avec ses complices de Crapaud et Romarin, celle qui vient tout juste d’accepter ses pouvoirs de sorcière pourra-t-elle pacifier cette force qui menace les étudiants, d’autant plus que la meilleure amie de Maude est particulièrement menacée.
ADOS LITTÉRATURE
LE SECRET DE LUCA
Martine Noël-Maw, La nouvelle plume, 130 p., 16,95 $, ISBN : 9782925329114
Luca, 13 ans, adore lire et dessiner, mais n’a aucun intérêt pour l’école et les activités de groupe. Il a le sentiment de n’avoir sa place nulle part, ce qui le pousse à s’isoler en compagnie de son chien, Lasso. À la suite d’un accident dont est victime Lasso, Luca connaîtra des jours sombres qui l’amèneront à faire la rencontre de nul autre que l’écrivain, cowboy et artiste américain Will James, mort en 1942.
L’ÉVASION DES PAPILLONS
Marie-Claire Chiasson, La Grande Marée, 410 p., 26,95 $, ISBN : 9782925262107
Pour élucider le mystère sur l’emprisonnement de sa mère et sauver l’honneur de sa famille, Elaina n’a plus qu’un seul espoir : retrouver le prince Rayne récemment porté disparu. Si Elaina découvre que retrouver un prince perdu est étonnamment facile, découvrir le secret derrière sa disparition l’est un peu moins. Le secret du prince Rayne pourrait bien mener à la perte du royaume, mais délier sa langue pourrait bien briser le cœur d’Elaina.
Trois ados provenant de villes différentes participent à un concours international de slam dont la finale se déroulera à Paris. Justine, de Montréal, navigue des montagnes russes émotionnelles. Mano, qui vit à Harlem, est témoin de la brutalité policière. Luc, fils d’ambassadeur à Londres, se sent plus attiré par les garçons. Sur la scène, avec ses propres mots, chacun est libre de trouver sa voie.
Dans ce troisième tome de la série L’Expansion, nous naviguons dans les années 210 à 282 de l’ère de l’Expansion. Plusieurs erreurs commises par les dirigeants des quatre pôles de l’humanité, qui contrôlent chacun une planète, entravent les progrès de l’humanité. Ce dernier roman du cycle n’a rien de rassurant sur l’avenir de la race humaine et lance un fort signal d’alarme aux futures générations.
PROFS RECOMMANDÉS POUR LES
COLLECTION « BONS COMPTES, BONS AMIS »
Apprentissage illimité
Une collection qui aide à créer un monde où nous apprenons à générer de la richesse personnelle et communautaire tout en étant conscients de notre empreinte environnementale et culturelle.
Un nouveau grand livre de Paul et Suzanne pour célébrer le 25 e anniversaire de la trousse
Paul et Suzanne, un modèle de francisation. Dix histoires et 110 pages de pur plaisir pour nos petits amis. Paul et Suzanne s’amusent à découvrir un personnage de l’histoire canadienne : le voyageur ! Quels sont ses vêtements ? Où voyage-t-il ? Quels sont ses moyens de transport ?
C POUR CIRQUE : DES LETTRES ET DES MOTS SOUS LE CHAPITEAU !
Elena Martinez et Daniela Zekina, Bouton d’or Acadie, 56 p., 17,95 $, ISBN : 9782897502782
Mille merveilles sont réunies sous un magnifique chapiteau à l’ancienne : une Acrobate Agile, un Élégant Équilibriste, des Jumelles Jongleuses, un Trio de Trapézistes et même un Zébu qui joue avec zèle ! Dans la grande tradition des abécédaires, les 26 lettres de l’alphabet tourbillonnent sur la piste de ce magnifique chapiteau et promettent, sous la baguette du Monsieur Loyal, plein de découvertes aux petits comme aux grands.
OH, ACHOUKA !
Wanda Jemly et Tea S., Des Plaines, 48 p., 14,95 $, ISBN : 9782896118281
Achouka est certaine de devenir belle et heureuse avec une peau blanche. Mais elle ne veut pas se tartiner de crèmes pour blanchir sa peau comme le fait sa tante, Tata Toucouleur. Un jour, une voix magique lui donne l’occasion d’exaucer son souhait. Achouka réussira-t-elle à trouver le bonheur ?
ANDRÉ- CARL VACHON
Aux racines
d’une histoire
commune
De la fondation de Port-Royal en 1604 à l’épanouissement actuel de la culture acadienne au Nouveau-Brunswick, en Nouvelle-Écosse et bien au-delà, le parcours des Acadiens en est un de résilience et de fierté. Trop souvent limité à la Déportation et à l’exil, ce pan de l’histoire canadienne revêt pourtant une dimension plus importante. André-Carl Vachon, historien, auteur et conférencier spécialisé dans l’histoire acadienne, souligne l’importance de cette mémoire, non seulement pour enrichir la compréhension de notre récit collectif, mais aussi pour saisir pleinement l’évolution de notre territoire partagé.
PROPOS RECUEILLIS PAR VICKY SANFAÇON
Qu’est-ce qui vous a porté vers des études sur l’histoire des Acadiens ? En quoi cette histoire éclaire-t-elle, et continue-t-elle d’éclairer, notre mémoire collective et notre compréhension de l’histoire commune ?
Par curiosité personnelle, car mes grands-parents maternels sont d’origine acadienne. La tradition orale familiale et le peu d’informations véhiculées à l’école m’ont poussé à vouloir en savoir davantage. Pour comprendre qui nous sommes, il faut savoir d’où l’on vient. Pour tenter d’éviter la répétition des événements négatifs, il est important de comprendre ce qu’ont vécu nos ancêtres. Les Acadiens ont vécu la Déportation. Certains ont fui en se réfugiant au Canada (le territoire québécois). Aujourd’hui, nous accueillons des réfugiés fuyant, par exemple, un pays en guerre. La compréhension de notre histoire peut ainsi nous aider à mieux les accueillir.
Existe-t-il un écart significatif entre l’histoire enseignée à l’école et celle que l’on découvre par le biais de recherches dans les archives ? Si tel est le cas, quel aspect essentiel vous semble être omis de l’enseignement scolaire de l’histoire ?
Absolument ! Au Québec, si tout le programme d’histoire est enseigné concernant les Acadiens, les élèves du secondaire apprennent que l’Acadie a été fondée en 1604 (avant Québec en 1608), qu’elle a été perdue avec le traité d’Utrecht en 1713, puis que les Acadiens ont été déportés en 1755 et que certains se sont réfugiés au Québec. Malheureusement, toute cette information n’est pas dans tout le matériel didactique disponible. Certains ne mentionnent même pas que l’Acadie a été fondée. Plusieurs escamotent la question des 3 312 réfugiés et immigrants acadiens arrivés sur le territoire québécois entre 1755 et 1775.
Pourtant, ces derniers représentent 19,5 % de la population de l’époque. De plus, les études récentes en génétiques démontrent que 78,5 % des Québécois d’origine canadienne-française ont au moins un ancêtre acadien.
À la lumière de ces informations, il m’apparaît primordial de parler des communautés francophones hors Québec. Combien d’Acadiens m’ont dit que certains touristes québécois étaient surpris de constater qu’il y avait encore des francophones au Nouveau-Brunswick. Pourtant, les Acadiens constituent un tiers de la population de cette province. Certaines personnes pensent qu’il n’y avait plus d’Acadiens sur le territoire après la Déportation. Pourtant, les prisonniers, ceux qui vivaient cachés en forêt et certains déportés ont choisi de s’y établir à nouveau et ont développé les communautés acadiennes d’aujourd’hui.
Les ouvrages que vous proposez s’adressent à un large public, des plus jeunes avec Raconte-moi la déportation des Acadiens (Petit Homme) aux plus âgés avec, entre autres, La colonisation de l’Acadie, 1632-1654 (Les éditions La Grande Marée). Aborde-t-on l’histoire de la même manière, quel que soit l’âge du lecteur ?
Pour ce qui est des enfants, la réponse est non. Le niveau de langage et la quantité d’informations doivent être adaptés pour eux. Pour les adultes, tout est relatif. Certains recherchent une vue d’ensemble. Donc, l’information n’y sera pas très spécifique, mais plutôt globale. À l’inverse, d’autres cherchent le moindre détail, veulent en savoir le plus possible et analyseront chaque source proposée en bas de page.
LES ÉDITIONS DAVID
Ottawa (Ontario)
Les Éditions David, basées depuis 1993 à Ottawa (Ontario), contribuent à la diversité de la littérature franco-canadienne en publiant des auteurs de l’Ontario et de l’ensemble des communautés francophones du Canada. La maison d’édition publie environ vingt titres par an et a développé un programme éditorial varié qui s’articule autour de quatre genres principaux : romans pour la jeunesse et pour adolescents, romans pour public adulte, haïku et essais. La maison anime aussi des initiatives communautaires qui suscitent un intérêt pour l’écriture et la lecture au sein de la francophonie ontarienne.
LES ÉDITIONS L’INTERLIGNE
Ottawa (Ontario)
Fondées en 1981 à Ottawa (Ontario), les Éditions L’Interligne sont un acteur clé de la scène littéraire canadienne, avec un catalogue de plus de 500 publications. La maison d’édition se distingue par son engagement à promouvoir des voix authentiques et des œuvres franco-canadiennes pluriculturelles, alliant préoccupations contemporaines et originalité stylistique. L’Interligne publie divers genres littéraires : romans, nouvelles, poésie, théâtre ainsi que des essais pour adultes.
ESSAIS
RIRE AVEC LE TRICKSTER
Tomson Highway (trad. Jonathan Lamy), Prise de parole, 160 p., 18 $, ISBN : 9782897444556
Dans cette collection d’essais, Tomson Higway explore cinq thèmes étroitement liés à la condition humaine : la langue, la création, le sexe et le genre, l’humour et la mort. Avec l’humour délirant et l’art du conteur qu’on lui connaît, il présente, à partir d’anecdotes personnelles, de nombreuses histoires de Trickster, et effectue des observations en tout genre, dont de brillantes comparaisons entre les mythologies chrétiennes, classiques et cries.
LE VIEUX- QUÉBEC EN CARTES POSTALES ANCIENNES
Johanne Therrien et Martine Bordeleau, Vidacom, 136 p., 22,95 $, ISBN : 9781774610664
Ce livre est une invitation à découvrir les attraits mémorables du Vieux-Québec, une ville historique qui permet aux promeneurs de remonter dans le temps, grâce à des cartes postales dont certaines remontent à 150 ans. Tous les lecteurs désirant mieux connaître cette ville fascinante seront captivés par les superbes images historiques, accompagnées de faits éclairants.
TOUS LES TAPIS ROULANTS MÈNENT À ROME
Paul Bossé et Paul Bordeleau, Perce-Neige, 264 p., 30 $, ISBN : 9782896914630
Depuis près de trente ans, l’œuvre foisonnante et multiforme de Paul Bossé tente par tous les moyens de cerner la problématique environnementale. Dans cet essai flirtant avec le récit, il dresse le bilan d’un demi-siècle d’activisme. Écolucide ou écorebelle plutôt qu’écoanxieux, l’auteur emprunte à nombre de scientifiques, d’artistes et de militant·es leur sifflet de lifeguards. Car c’est bien de cela qu’il s’agit : sauver la vie sur la planète bleue.
Le racisme. D’où vient-il ? Pourquoi existe-t-il ? Comment est-ce qu’il a évolué au fil du temps ? Je suis raciste, mais je me soigne est un ouvrage d’autoéducation qui aborde avec justesse et parfois même un brin d’ironie les questions liées au racisme systémique, le privilège blanc et toutes les autres formes de discriminations. Les propos de l’auteur interpellent, bousculent et conscientisent sur la place donnée à l’Autre.
LES ÉDITIONS
LA GRANDE MARÉE
Tracadie (Nouveau-Brunswick)
Fondées en 1993 à Tracadie (Nouveau-Brunswick), les Éditions
La Grande Marée ont pour vocation de soutenir et de mettre en valeur la richesse de la littérature francophone et acadienne. Depuis sa création, la maison d’édition a publié plus de 220 titres, en passant par une vaste gamme de genres littéraires, allant du conte à l’essai, du roman historique à la nouvelle, de la poésie au théâtre, sans oublier la littérature jeunesse et la bande dessinée. Chaque ouvrage témoigne de la diversité et de la créativité de la littérature francophone et acadienne, tout en mettant en lumière les talents d’auteurs et d’autrices, qu’ils soient originaires du Nouveau-Brunswick ou d’autres régions du Canada.
LES ÉDITIONS
PERCE-NEIGE
Moncton (Nouveau-Brunswick)
Perce-Neige est une maison d’édition acadienne basée à Moncton (Nouveau-Brunswick) qui publie en français des livres témoignant de la richesse, de la vivacité et de la singularité des littératures de l’Atlantique. Vaillante et visionnaire, elle contribue au développement de ces littératures et veille à les faire rayonner dans la francophonie depuis 1980.
CHARLES BENDER
Brad Gros Louis
Tomson Highway, dramaturge, romancier et auteur-compositeur cri, est l’un de ces rares écrivains capables de capturer l’immensité et la beauté de son territoire et de ses habitants en quelques phrases justes et lumineuses. Dans Éternel émerveillement (Prise de parole), il revient sur son enfance heureuse dans le nord du Manitoba. Transposée de l’anglais par Charles Bender et Jean-Marc Dalpé, cette traduction à quatre mains des mémoires de Tomson Highway a su capter le rire éclatant et le regard malicieux de l’auteur, restituant ainsi sa voix unique.
PROPOS RECUEILLIS PAR VICKY SANFAÇON
L’émerveillement imprègne le récit de Tomson Highway, malgré les épreuves qui jalonnent son parcours. En tant que traducteur, comment avez-vous cherché à préserver cette perspective lumineuse dans la version française ? Quels défis ou quelles opportunités cette tonalité a-t-elle soulevés dans votre travail ?
Préserver la lumière dans un texte de Tomson Highway, ce n’est pas quelque chose de difficile, c’est quelque chose d’essentiel, car c’est incontournable. Même dans les moments plus sombres ou plus difficiles de son récit, l’auteur transforme souvent la situation en blague ou en anecdote amusante. Avant tout, il envoie un grand message d’amour à tous les gens qu’il a croisés et qu’il nomme dans son texte. Du prêtre du pensionnat aux intimidateurs de son enfance, il trouve toujours le moyen de leur offrir de l’amour et de la compassion. C’est son profond optimisme qui brille dans son écriture. Son rire est rempli d’amour.
La joie et le rire, si présents dans l’œuvre de Tomson Highway, traversent aussi le texte que vous avez traduit. Comment avez-vous réussi à transposer ces émotions en français tout en restant fidèle à leur intensité et à la singularité de la langue crie, qu’Highway qualifie de « la plus drôle et la plus rapide au monde » ?
En plus de penser en cri, d’écrire en anglais et d’utiliser une syntaxe qui se rapproche du français, Tomson écrit de très longues phrases, découpées en plusieurs idées différentes qui nous apportent par un chemin détourné vers le punch final. Son texte est un trickster : il ne se contente pas de jouer avec les mots, il se laisse surprendre par eux. Chaque fois qu’il nous propose quelque chose, on a l’impression qu’il est lui-même étonné par ce qu’il écrit. Cette surprise partagée est ce qui provoque le rire, car on a l’impression que, s’il
ne sait pas où il va, il va tout de même nous surprendre avec une chute drôle et lumineuse. Il n’y a jamais rien de grave dans ces textes. Tout est prétexte à s’amuser. Lorsqu’on le traduit, il faut accepter de se laisser surprendre et de rire avec lui, car le rire est l’essence même du texte.
En tant que membre d’une Première Nation autochtone, comment votre propre identité a-t-elle influencé votre approche de la traduction d’Éternel émerveillement ? Avez-vous ressenti une connexion particulière avec certains passages ou thèmes du livre en raison de votre propre expérience ?
J’ai une idée précise du public auquel je m’adresse, car je connais des personnes qui ressemblent aux personnages de Tomson Highway. Quand ils parlent ou rient, j’entends le rire de gens que je connais. C’est même lorsque ce rire résonne dans ma tête que je sais avoir bien capté l’humour de Tomson. Ce qui est important pour moi, c’est de toucher des personnes précises et de leur faire entendre ces mots de façon aussi authentique que si elles lisaient en anglais, la langue coloniale. En traduisant en français, j’imagine ces gens dans leurs communautés et j’espère qu’ils riront autant que moi ou que n’importe qui d’autre en lisant le livre. Mon but est qu’ils accèdent à la lumière et à l’humour de Tomson Highway comme s’il leur parlait directement.
Vous avez cotraduit ce livre avec Jean Marc Dalpé. Comment s’est déroulé ce travail à quatre mains ? Quelles perspectives distinctes ou complémentaires avez-vous apportées chacun à la traduction ?
Je crois que nous avons tous les deux apporté une dimension unique à ce texte. Nos voix combinées ont permis de créer un personnage de Tomson à la fois complexe et multiforme, ce qui se rapproche davantage de la réalité. Travailler ensemble nous a également aidés à éviter les angles morts, car nous nous mettions constamment au défi l’un l’autre. Notre objectif, en fin de compte, était de surprendre agréablement le lecteur avec chaque chute. En traduisant ensemble, nous avons pu nous provoquer, nous surprendre mutuellement, ce qui a rendu le travail non seulement agréable, mais aussi particulièrement pertinent.
LITTÉRATURE
AUTOCHTONE
500 ANS DE RÉSISTANCE AUTOCHTONE
Gord Hill (trad. Marie C. Scholl-Dimanche),
Prise de parole, 134 p., 29,95 $, ISBN : 9782897443955
Antidote nécessaire à l’histoire officielle des Amériques, utilisant un langage fort et des illustrations évocatrices, la bande dessinée 500 ans de résistance autochtone dépeint d’une perspective autochtone la résistance des Premiers Peuples contre les colonisateurs et autres oppresseurs, du premier contact jusqu’à aujourd’hui.
Dévastée par la perte de son frère aîné bien-aimé, emporté par le cancer, Bugz retourne à l’endroit où elle a toujours trouvé du réconfort et de la force : le Floraverse, un jeu vidéo multijoueurs d’envergure internationale. Mais les perturbations dans le Floraverse ne peuvent être ignorées, surtout lorsque Bugz se rend compte que le robot qu’elle a créé pour ce jeu, Waawaate, devient de plus en plus puissant, sans qu’elle puisse le contrôler.
CE N’ÉTAIT PAS NOUS LES SAUVAGES
Daniel N. Paul, Bouton d’or Acadie, 472 p., 29,95 $, ISBN : 9782897501976
Première traduction en français du célèbre livre de Daniel Paul, We Were Not The Savages (Fernwood Publishing). Paru pour la première fois en 1993, ce premier livre d’historiographie autochtone en est à sa troisième édition et incorpore les recherches continues de l’auteur. Il montre clairement que les horreurs de l’histoire continuent de hanter les Premières Nations aujourd’hui, mais aussi tous·tes les Canadien·nes.
JE
SUIS CORBEAU
David Bouchard et Andy Everson, Des Plaines, 28 p., 22,95 $, ISBN : 9782896110520
Certains vous diront que votre totem représente l’être que vous étiez dans une vie antérieure ou celui que vous pourriez devenir dans la prochaine. C’est peut-être vrai. D’autres vous diront que votre totem est la source de vos forces et de vos faiblesses. Ça, je le crois. Je suis corbeau nous fait entrer dans le monde mythique des Premières Nations, où les animaux et les humains se côtoient et s’épaulent au quotidien.
De Shédiac à Montréal, l’artiste multidisciplinaire Xénia Gould se démarque par son incarnation des identités queer et acadienne. Que ce soit par la poésie, l’écriture, la performance ou encore le théâtre, sa plume, qui s’ancre au territoire par l’utilisation du chiac, laisse poindre une voix juste et pertinente qui trace les contours d’une identité qui, parce qu’elle se donne le droit de diverger, se fait pleinement sienne.
PROPOS RECUEILLIS PAR VICKY SANFAÇON
Le recueil Des fleurs comme moi (Prise de parole), c’est l’éclatement de l’identité par le vers et la fierté ressentie d’être soi dans toute sa complexité. Mais plus important encore, c’est le témoignage d’une vie qui se dévoile et qui tend vers l’authenticité la plus complète. En quoi la poésie, voire l’art en général, constitue-t-elle le médium à privilégier dans un processus de découverte et de construction de soi ?
Quand on est en découverte de soi, en questionnement, peu importe — ça peut être l’identité de genre, l’orientation sexuelle, ou juste des questionnements de vie comme où tu veux vivre, l’art peut venir dévoiler comment tu te sens vraiment. L’art peut agir comme un tremplin pour nos émotions, sans nécessairement mettre de mots à ce qu’on ressent. Moi quand j’écris, je ne sais pas toujours ce que j’essaie de dire. C’est souvent plus tard que j’arrive à mieux comprendre. Par exemple, si quelqu’un m’avait demandé au début de l’écriture de mon recueil « en quoi est-ce que ta fierté queer pis ton acadienité ont rapport avec ton identité de genre ? » j’aurais pas pu donner une réponse concrète. Mais maintenant, c’est clair qu’à travers la poésie, le chiac et mon expérience queer-acadienne, j’explorais et je questionnais mon identité de genre.
Quelle place occupe la langue, qu’elle soit parlée ou écrite, dans la construction de soi ? Et est-il plus facile d’évoluer vers une identité fluide à travers l’usage d’une langue, comme le chiac, qui introduit des perspectives diverses au sein d’une même locution ?
Honnêtement, je ne sais pas si c’est « plus » facile, parce que moi j’ai pas eu d’autres options. Comme tout le monde j’ai grandi comme j’ai grandi, pis ej parle comme qu’ej parle. Bien sûr, j’aurais pu apprendre à « mieux » parler ou à parler une autre langue, mais j’ai choisi de continuer d’honorer mon dialecte en le parlant, en œuvrant avec, tout en étant fière. Alors de dire que c’est plus facile d’évoluer avec l’usage d’une langue comme le chiac, je sais pas…
par contre, je sais que quand ça vient à l’identité de genre, pour moi, le chiac a été essentiel. Je me questionnais sur mon identité de genre sans avoir de point de repère pour me guider. J’avais pas d’exemple culturel acadien de la nonbinarité, de la transidentité ou d’une queerness affirmée. Et c’est avec un recul que je vois comment mon chiac a occupé une place dans ce cheminement en tant que boussole. Ayant grandi avec ce dialecte, c’était un dispositif familier qui m’apportait du confort. Une boussole dans ma quête identitaire. Mon dialecte, étant un mélange de deux choses, m’a aidé à comprendre que ce que je ressentais dans mon genre était normal.
Il y a beaucoup de pouvoir dans trouver sa propre voix. C’est pour ça qu’il est important d’apprendre à parler du cœur. S’exprimer comme on le veut, pas comme il le « faut ». Ce qui sort de toi quand tu vas pour t’exprimer, c’est ta voix. Pis c’est précieux, c’est connecté au présent pis c’est primordial à actually connecter avec chisse que t’es.
Quelle est la place et l’impact de l’art queer dans l’espace culturel francocanadien, et comment cette expression artistique pluridisciplinaire contribuet-elle à redéfinir les identités, les représentations et les enjeux sociaux au sein de cette communauté ?
Ça qu’est vraiment cool à propos des artistes queer pis trans, c’est qu’on arrive pis on parle des concepts pis d’un vécu qui va au-delà de la fierté francophone. En tant qu’acadienne, je parle pas JUSTE de mon identité de genre ou de mon orientation sexuelle, mais de mon identité trans et queer qui vit À TRAVERS de mon acadienité. Les différentes parties de moi sont intrinsèques. Alors, j’apporte un regard sur le monde — therefore un regard sur la francophonie, qui est beaucoup plus large que celui que nous connaissons. Les queers apportent une nouveauté à quelque chose qui peut souvent feeler traditionnel, folklorique ou old school. Pis autant que la peur d’être assimilé est valide, parfois, cette peur fait en sorte que la culture franco minoritaire est moins actuelle. Moins ouverte. Moins en lien avec la culture populaire. Mais les queers, on vient briser ça. On vient montrer à nos communautés que même si on dévie de la norme, on a pas besoin d’avoir peur.
Apprendre à naviguer dans notre différence, c’est un mécanisme de survie que nous avons dû apprendre comme communauté, alors apporter celle-ci dans nos communautés francophones minoritaires ne fait qu’enrichir tout autour. Nous étions, sommes, et serons toujours indispensables dans l’évolution de nos communautés. Parce qu’on dévie de la norme avec nos identités, on a moins peur de dévier de la norme avec notre art et notre langue. C’est en ouvrant la porte aux personnes qui se définissent en marge que la francophonie peut continuer d’évoluer, d’innover et de rester pertinente.
QUEER LITTÉRATURE
FIF ET SAUVAGE
Shayne Michael, Perce-Neige, 72 p., 20 $, ISBN : 9782896913961 Fif et sauvage est un livre à lire comme on marche sur une corde raide. Un vertige à mi-chemin entre le ciel et la terre ; entre les identités acadienne, queer et wolastoqiyik ; entre les présupposés et l’affirmation. Fif et sauvage devient une sorte de réappropriation de sujets stéréotypés et de termes péjoratifs que se permet l’auteur afin de porter un regard honnête et brut sur soi et sur l’autre.
TU Y CONNAIS QUOI, TOI, À L’AMOUR ?
Vincent Francœur, Éditions David, 488 p., 26,95 $, ISBN : 9782898660092
Encore ébranlé par sa séparation, Justin tente de mordre dans la vie à pleines dents et de vivre ses amours sans savoir comment soutenir Éric, son colocataire et meilleur ami, qui semble s’embourber dans une relation de plus en plus malsaine. Peu à peu, les deux jeunes hommes et leur nouvelle amie Katie se retrouvent comme des étrangers, pris aux pièges dans des situations amoureuses complexes et épineuses desquelles ils ne savent pas comment se sortir.
LE MARAIS
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Sydney Hegele (trad. Kama La Mackerel), L’Interligne, 128 p., 22,95 $, ISBN : 9782896998210 Des adolescent·es essaient, tant bien que mal, de quitter leur petite ville oppressive, Le Marais, en Ontario, sans y laisser leur peau. Dans cette ville glauque, des castors carnivores pourchassent les habitant·es, l’eau est toxique, un mystérieux mal ronge la peau des enfants et la violence abonde.
MÈRE(S) ET MONDE
Sanita Fejzic et Alisa Arsenault, Bouton d’or Acadie, 24 p., 13,95 $, ISBN : 9782897501884
De la salle d’accouchement où son fils est né, jusqu’aux bancs de l’école, une femme à qui on refuse le statut de mère raconte : non, son fils n’a pas de père, mais il a deux mères. Elle est son autre mère. Il n’y a pas de case pour cela dans les formulaires. Pas de place pour cela dans la tête de ses pairs, ni des enfants qui jouent avec son fils dans la cour de l’école.
ANCRAGES
Incorporée en 2004, la revue Ancrages est un espace dédié à la création littéraire en Acadie. Depuis plus de cinquante ans, le geste d’écrire a été intimement lié à l’affirmation de la culture acadienne, une culture non pas figée, mais moderne et plurielle, et Ancrages vise à perpétuer ce mouvement.
Moncton (Nouveau-Brunswick)
LES ÉDITIONS
BOUTON D’OR ACADIE
Moncton (Nouveau-Brunswick)
Fondée en 1996 à Moncton (Nouveau-Brunswick) avec la volonté de faire émerger la littérature jeunesse en Acadie, Bouton d’or Acadie plonge ses racines dans le riche terreau de la culture acadienne et francophone pour s’élancer vers l’universel. De la poésie à l’humour, en passant par les comptines et les livres accessibles, sa ligne éditoriale se caractérise par son audace. Son catalogue de plus de 300 titres propose notamment une série de contes autochtones de l’Est du Canada écrits en trois langues. Située au carrefour de multiples cultures, la maison favorise le dialogue et le respect des différences en imprégnant chaque publication des valeurs d’inclusion, d’accessibilité et de diversité.
MOUTON NOIR ACADIE
Moncton (Nouveau-Brunswick)
Lancée en 2020 par les éditions Bouton d’or Acadie, la bannière Mouton noir Acadie s’adresse aux adultes et jeunes adultes qui n’ont pas froid aux yeux et qui osent s’éloigner des sentiers battus. Mouton noir Acadie se veut un espace de liberté créative où les voix nouvelles et les idées novatrices peuvent s’exprimer sans retenue afin de toucher une génération de lecteurs en quête d’authenticité et de perspectives nouvelles.
LES PRESSES DE L’UNIVERSITÉ D’OTTAWA
Ottawa (Ontario)
Les Presses de l’Université d’Ottawa | University of Ottawa Press (PUO-UOP) sont la plus grande des presses universitaires bilingues en Amérique du Nord. Depuis près de quatre-vingt-dix ans, les PUO-UOP enrichissent la vie intellectuelle et culturelle de l’Ontario et du Canada au moyen d’un riche programme qui comprend des publications en sciences humaines, des collections de vulgarisation scientifique et des œuvres littéraires. Depuis 2024, les PUO-UOP accueillent le public dans son Studio d’édition.
LES PRESSES
UNIVERSITAIRES
DE SAINT-BONIFACE
Saint-Boniface (Manitoba)
Fondées en 1990 et faisant partie de l’Université de SaintBoniface à Winnipeg (Manitoba), les Presses universitaires de Saint-Boniface (PUSB) sont une maison d’édition savante au cœur de la francophonie canadienne, qui fait rayonner le savoir en français en privilégiant l’Ouest canadien et ses communautés de langue officielle française que ce soit par l’auteur, par le sujet ou par le public. Multidisciplinaires, elles publient des ouvrages scientifiques, des travaux de vulgarisation rédigés par des chercheurs, des manuels et des publications centrées sur l’Ouest canadien, y compris les travaux du Centre d’études franco-canadiennes de l’Ouest (CEFCO).
UNIVERSITAIRES PUBLICATIONS
ALTERMONDIALISMES
Ronald Cameron, Raphaël Canet, Nathalie Guay, PUO, 118 p., 10,95 $, ISBN : 9782760337596
Face aux chocs qui ébranlent la planète et ses populations, que nous enseignent les revendications féministes et écologistes, les projets d’économie sociale et solidaire, la lutte contre les discriminations et le Forum social mondial ? Altermondialismes retrace le parcours des mobilisations qui, depuis l’avènement de la mondialisation néolibérale, œuvrent à construire un monde plus juste.
LES LITTÉRATURES FRANCO - CANADIENNES À L’ÉPREUVE DU TEMPS
Sous la direction de Lucie Hotte et François Paré, PUO, 318 p., 39,95 $, ISBN : 9782760323926
Les principaux historiens de la littérature en Acadie (Marguerite Maillet), en Ontario français (René Dionne) et dans l’Ouest canadien (Annette Saint-Pierre) ont réuni une série d’études portant sur l’ensemble des littératures franco-canadiennes du XVIIe siècle à aujourd’hui. Ces études témoignent d’une activité littéraire importante qui reflète non seulement l’histoire elle-même, mais aussi les représentations que chacune des collectivités se fait d’elle-même et de son avenir.
INSÉCURITÉ LINGUISTIQUE DANS LA FRANCOPHONIE
Annette Boudreau, PUO, 120 p., 10,95 $, ISBN : 9782760340633
Cet ouvrage décrit le phénomène de l’insécurité linguistique, son histoire, ses manifestations et ses retentissements. Il porte précisément sur l’insécurité linguistique dans la francophonie et puise ses exemples dans la francophonie canadienne. Cet essai propose une analyse des principales manifestations du continuum qu’est l’insécurité linguistique, explore les liens entre insécurité linguistique et diglossie et examine le rôle joué par les idéologies linguistiques et sociales dans la construction identitaire.
L’IRRATIONNEL À L’ÉPREUVE DE LA LITTÉRATURE
Sous la direction de Jean Valenti, María Fernanda Arentsen et Jorge Machín Lucas, Les Presses de l’Université de Saint-Boniface, 180 p., 25 $, ISBN : 9781990706011
Nullement limité à un domaine de connaissances et à l’exclusion d’autres champs symboliques, l’irrationnel est polymorphe, relatif et contextuel. Irréductible à une formule à visée universelle, il s’inscrit dans une stratigraphie culturelle, choquant les habitudes d’interprétation de nos soi-disant modernes sociétés édifiées sur la raison et le consensus.
À DÉCOUVRIR AUSSI…
L’ENTRÉE ENCEINTE DES FEMMES
José.e Carrier, L’Interligne, 104 p., 19,95 $, ISBN : 9782896998302
Je parle un Je, un Iel et un Nous. Comme des langues apprises par les chattes harets qui donnent des coups de patte dans le cul des étoiles ambidextres. Je tue je. Je conjugue iel. Je nous apprends l’essentiel de l’âme, que ce corps soit un bon ou un mauvais sort, on peut toujours s’en sortir avec l’humour. Car, l’amour, fuck c’est jamais réciproque quand tu n’as qu’un ¾ de corps à deux.
MAL
Chase Cormier, Perce-Neige, 104 p., 22 $, ISBN : 9782896914753
Au fin fond de la prairie des Opelousas grandit Perroquet. Alors que ses parents se séparent, il trouve refuge tantôt dans la cuisine pleine d’odeurs de sa grand-mère, tantôt dans la boucherie bruyante de son grand-père Mal. Pour ce dernier, le bonheur se trouve dans les choses simples, dans la découpe de la viande, dans les plats préparés et dans la satisfaction du travail bien fait. Pour Perroquet, ce n’est pas aussi limpide. Son père a refusé de travailler dans la boucherie, a refusé de parler français. Descendant d’une longue lignée de francophones en Louisiane, Perroquet cherche donc sa place. Son identité.
HUMANISMES
Daniel Lavoie, Des Plaines, 126 p., 21,95 $, ISBN : 9782896118397
Une star avant de l’être, ne l’est pas
Déclaration qui peut paraître, un peu bête comme ça Mais, un jour, elle décide de payer le prix
Pour devenir une star, il faut donner sa vie
DU PAIN ET DU JASMIN
Monia Mazigh, Éditions David, 264 p., 23,95 $, ISBN : 9782895974543
Nadia quitte sa Tunisie natale pendant les émeutes qui secouent le pays en 1984. Révoltée contre ses parents, elle est surtout indignée par la culture du silence et la soumission que la jeunesse ne peut plus tolérer. Reniée par sa famille, elle émigre au Canada et y refait sa vie. Vingt-cinq ans plus tard, sa fille, Lila, encouragée par sa mère, séjourne à Tunis chez un couple ami, Tante Neila et Oncle Mounir. Elle fera face à une autre révolution.
ILS SONT…
Michel Thériault et Magali Ben, Bouton d’or Acadie, 24 p., 9,95 $, ISBN : 9782897500511
Les couples de même sexe ne furent pas toujours bien acceptés dans la société, mais l’amour et la beauté triomphent toujours ! Deux garçons sont amis, deux garçons vieillissent ensemble, deux vieux messieurs sont… amoureux ! L’auteur-compositeur et interprète Michel Thériault attache ici une nouvelle corde à son arc (de Cupidon ?) et l’illustratrice Magali Ben séduit avec ses coloris exceptionnels !
MÉMOIRE VAGABONDE
Guy Bélizaire, Terre d’Accueil, 166 p., 24,95 $, ISBN : 9782925133384
Dans ce recueil de quinze nouvelles, Guy Bélizaire fait appel à sa mémoire pour nous raconter des histoires qui nous transportent dans différentes villes à travers le monde. Les personnages de Mémoire vagabonde traversent des situations qui nous obligent à nous pencher sur la condition humaine et les vicissitudes de la vie tout en nous invitant à repenser l’humain au cœur de la société.
L’AVERTI (T. 3) : LES HÉRITIERS
Vanessa Léger, La Grande Marée, 718 p., 34,95 $, ISBN : 9782349724335
Jusqu’à sa mort en 1870, Auguste Roussel n’a cessé de croire en un glorieux destin pour son journal. Trois générations plus tard, L’Averti reste encore une histoire de famille, celle des Roussel, et se fait le témoin oculaire de leur singulière destinée dans un monde en pleine mutation. Leurs destins s’entrecroisent et s’affrontent pendant que les événements marquants de l’histoire font les manchettes et que L’Averti devient véritablement la toile de fond de cette grande saga familiale.
RED, UN MANGA HAÏDA
Michael Nicoll Yahgulanaas, Pacifique Nord-Ouest, 120 p., 19,95 $, ISBN : 9782925064060 Ce roman graphique tout en couleurs nous raconte l’histoire tragique d’un chef autochtone si aveuglé par la revanche qu’il conduit sa communauté vers la guerre et la destruction. Red est le fier chef d’un petit village dans une des îles de la côte nord-ouest de la ColombieBritannique. Sa sœur, qui a été enlevée jadis par des pilleurs, est localisée récemment dans un village environnant. Red s’engage à la sauver et à prendre sa revanche sur ses ravisseurs.