Thi Thu Ha LE. Master MPUD. PFE 6.2015
HABITER LES ESPACES COMPACTS À HANOI
Thi Thu Ha LE Master MPUD ENSAM-UNIMES PFE juin 2015
Université de Nîmes et École Nationale Supérieure d’Architecture de Montpellier Master Droit, Économie, Gestion mention Aménagement et Urbanisme spécialité Management des projets urbains durables Responsable du Master: Catherine BERNIÉ BOISARD Anne SISTEL Assistante: Najah LAHOUIOUI Directeur du mémoire: Luc DOUMENC
REMERCIEMENTS
Je tiens tout particulièrement à remercier Monsieur Luc DOUMENC, mon directeur de mémoire, pour le soutien, l’aide et la guidance qu’il m’a apportés durant les dix mois de mon cursus en Master 2 MPUD ainsi que pour ses précieux conseils et ses encouragements lors de la réalisation de mon mémoire. Je remercie également, Mesdames Catherine BERNIÉ-BOISSARD et Anne SISTEL, professeures à l’UNIMES et à l’ENSAM, pour toutes les informations et tous les conseils qu’elles m’ont apportés durant les deux ans de Master MPUD. Je souhaite aussi remercier Bruno, qui a contribué à la réalisation de ce mémoire, grâce à sa relecture attentive et à ses corrections. Sa patience et son conseil ont été essentiels à l’achèvement de ce travail. À mes parents, ma sœur, tous mes amis, mes camarades de promotions qui m’ont aidée, encouragée et soutenue à tous les moments de mon parcours.
A
VANT – PROPOS.............................................................................................................................p6
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ÈRE PARTIE : FORMATION ET CONTEXTE DE DÉVELOPPEMENT DE LA VILLE DE HANOÏ....p10
IA. DE HANOI À GRAND HANOÏ.........................................................................................................p11 • La densité de la ville......................................................................................................................p12 • Hanoï une ville de « culture rurale »............................................................................................p13 • Enjeux de la ville............................................................................................................................p14 IB. MORPHOLOGIES DE LA VILLE ......................................................................................................p15 • Hanoï une ville de lacs et rivières.................................................................................................p16 • Architecture.....................................................................................................................................p16
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ÈME PARTIE : ESPACES COMPACTS- UNE IDENTITÉ DE LA VILLE .........................................p18
IIA. DES CARACTÈRES.........................................................................................................................p19 IIAa. CARACTÈRES PHYSIQUES ............................................................................................................p19 • Quelles typologies ?........................................................................................................................p19 • La densité asiatique ........................................................................................................................p26 • Appropriation commerciale, domestique et culturelle.............................................................p28 • Individuel/collectif et privé/public : des notions relatives.......................................................p30 • Une spontanéité des espaces.......................................................................................................p30 IIAb. CARACTÈRES CULTURELS ET ENVIRONNEMENTAUX............................................................p32 • Caractères de culture et de mode de vie....................................................................................p32 • Le concept d’équilibre Yin-Yang.....................................................................................................p38 • Politique de la ville..........................................................................................................................p38 • Climat................................................................................................................................................p39
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IIB. PROBLÉMATIQUES ..........................................................................................p40 • Qualité du cadre de vie : bruit, air, lumière, odeur, pollution.....................p41 • Qualité des constructions, qualité d’architecture et paysage urbain........p42 • Securité.................................................................................................................p42 • Infrastructures.....................................................................................................p42 • Manque d’espaces publics.................................................................................p42 IIC. VALEURS ET POTENTIELS ................................................................................p44 • Des valeurs matérielles et immatérielles........................................................p44 • Des potentiels de commerce et de tourisme.................................................p45
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ÈME PARTIE : QUEL FUTUR POUR « HANOÏ COMPACTE »? .......................p50
IIIA. HABITER MIEUX DANS LES ESPACES COMPACTS ET DENSES DU QUARTIER ANCIEN DE HANOÏ .................................................................................................p52 Pistes d’objectifs.........................................................................................................p56 Pistes d’actions...........................................................................................................p56 IIIB. ÉTUDE DE CAS D’UN ÎLOT DU QUARTIER ANCIEN ......................................p62 Les propositions principales.....................................................................................p65
C B
ONCLUSION ......................................................................................................p67 IBLIOGRAPHIE...................................................................................................p68
ANNEXE
Guide de lecture:
es tiv s nte e ac ve e cti éd titr e a c t é n e r le iva tr et ep u s ti arti artie rtie s ou s p la la p pa t le la ee r t IIA ti le e, rti a p la IIAb
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AVANT-PROPOS Des espaces urbains dynamiques et denses, des petits magasins, des piétons nombreux au milieu des sons urbains, des activités quotidiennes des habitants et des moyens de transport... cette ambiance urbaine chaotique est celle des villes d’Asie et c’est une image qui m’attire d’une manière particulière. Dans le processus d’apprentissage de la spécialité de l’urbanisme au Vietnam, j’étais très intéressée et j’ai cherché des occasions de participer aux projets de réhabilitation des zones de haute densité à Hanoï. Cette nouvelle période de 3 ans en France m’a donné une vue de comparaison sur la diversité et sur les espaces compacts d’Asie sous des aspects de culture, d’espace, d’homme dans des contextes urbains. C’est pourquoi, j’ai choisi d’exploiter ce sujet dans mon mémoire avec le contexte urbain de Hanoï. Les villes asiatiques ont de nombreuses similitudes dans leur mode de vie, les structures urbaines ont néanmoins des caractéristiques distinctes. Mon choix s’est porté sur un contexte spécifique afin de délimiter des aspects qui seront abordées dans ce mémoire pour la réalisation d’une analyse approndie et précise. Je pose la problématique que les espaces urbains très compacts des villes asiatiques ont des propriétés urbaines distinctes dans lesquels se trouvent des relations serrées avec des éléments de l’histoire, de la culture, du mode de vie, de l’économie... Ces espaces possèdent des caractères de mixité, de flexibilité.... Cependant, dans un contexte d’évolution rapide (croissance de population, technologie, économie...) dans un mélange de cultures, une tendance de copier les images des villes en développement et des villes développées, les villes asiatiques font face aux défis et aux doutes afin de trouver un futur durable pour les villes de demain toute en préservant ses valeurs et ses identités. Les questions de départ pour cette recherche se formulent ainsi : - Dans le contexte de la ville actuelle, les structures urbaines compactes traditionnelles sont-elles toujours adaptées à la vie des habitants urbains ? - Quelles sont leurs caractères ? Quels sont les liens entre ses caractères physiques et la culture, le mode de vie, la politique…? Quels sont leurs problèmes, leurs enjeux, leurs potentiels ? - Quelles sont les pistes de futur pour les espaces compacts de la ville de Hanoi ? Objectif de la recherche : Analyser et comprendre les contextes et les enjeux de la ville de Hanoï, ainsi que des villes asiatiques. Dans la partie de contexte, je focalise mon étude sur les aspects morphologiques de la ville, sur les éléments physiques qui forment la ville, sur la culture, sur le mode de vie de ses habitants et sur les caractéristiques des espaces asiatiques. À partir de là, le premier objectif est de comprendre les espaces et l’utilisation qu’en font leurs habitants, le deuxième objectif est de réfléchir à des hypothèses de futur pour ces espaces à travers une étude de cas précise qui prend en compte les demandes de conditions de vie, la densité et qui n’entre pas en conflit entre l’existant et le nouveau. 6
Mon mémoire comprend trois parties : Dans la première partie, je vais présenter le contexte général de la ville de Hanoï en des termes de morphologie, de processus de développement de la ville afin d’avoir un vue de ses atouts ainsi que de ses enjeux. Cette introduction me permet de réaliser des analyses précises dans un contexte général pour les parties suivantes. La deuxième partie va aborder les caractères physiques des espaces compacts de Hanoï ainsi que des relations solides les façons d’utiliser l’espace de ses habitants avec leur modes de vie, leur cultures, leurs besoins, leurs tendances... Ces analyses montrent également les problèmes et les potentiels de ces zones de haute densité. Dans la dernière partie, à partir des analyses des deux parties précédentes et de l’exemple d’une ville japonaise, je veux présenter mes réflexions sur le futur imaginaire d’une zone les plus denses de Hanoi : le quartier des « 36 rues ». Cet îlot permet une étude de cas dans un quartier sur des pistes de développement et d’amélioration. Quelques points de vue sur ce terme qui sont trouvés ailleurs pour élucider mon fil de direction du mémoire « Les villes d’Asie du sud-est et d’Asie continentale représentent aujourd’hui des territoires marqués par l’explosion urbaine et les transformations économiques et culturelles de la mondialisation, sur un rythme particulièrement rapide et déstabilisateur. Elles sont aujourd’hui des aires d’application d’une planification urbaine dont les modèles sont majoritairement d’origine occidentale. Ces villes sont également des lieux d’expression de phénomènes concomitants de résistance, d’appropriations, et de métissages qui ont pour origine des archétypes traditionnels dont les temporalités sont tout autres, ressortissant du temps long de la maturation évolutive des cultures »1 « La densité signifie “le nombre moyen d’individus ou d’unités dans un unité d’espace” ( Merriam-Webster , 2008) . Lors de la confrontation aux problèmes de la densité en Asie, c’est important de noter que les villes d’Asie ont une grande diversité de densités, dans certains cas, jusqu’à un maximum...Le défi réside dans la question de savoir comment peut faire face à niveau de densité différente et en plus donner aux habitants une bonne qualité de vie et de travail. » 2
Mots clés: villes d’Asie, Hanoï, le quartier des “36 rues”, la densité, espaces compacts, compartiment traditionelle, maison tube, habitat collectif des années 80, le mode de vie, le collectivisme, l’individualisme,...
PEDELAHORE DE LODDIS Christian, « Tribulations d’un modèle architectural dominé, le Compartiment vietnamien », 2003, p.91 2 NGO Viet Nam Son, « Design urbain de l’Asie dans l’ère de l’information et de la mondialisation», Forum Arcasia 16, 2011, p.5 1
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Situation de la ville de Hano誰 au Vietnam, carte: LE Ha 8
Des zones de la ville de Hano誰, carte: LE Ha 9
1ÈRE PARTIE
FORMATION ET CONTEXTE DE DÉVELOPPEMENT DE LA VILLE DE HANOÏ
Une introduction générale au contexte de la ville, sa morphologie, ses périodes de développement ses caractéristiques urbaines et ses enjeux.
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DE HANOÏ À GRAND HANOÏ
IA
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Cartes: LE Ha
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IA
La densité de la ville Hanoï est la capitale du Vietnam, un des deux centres socio-économiques, éducatifs et culturels d’importance du Vietnam avec Hô-Chi-Minh-Ville. Après l’élargissement des limites administratives en août 2008, la ville a une superficie de 3 328,9 km², elle est située sur les deux côtés du Fleuve Rouge, mais elle se concentre principalement sur la rive droite. Le nouveau Grand Hanoi s’est presque arrêté dans la définition et dans l’expansion de son espace et et de sa population. Hanoi est confrontée aux grands défis car il n’y a pas un développement uniforme de l’infrastructure technique, économique et social ... comme un corps qui a grandi trop vite, mais qui n’a pas eu le temps de coudre un costume pour répondre à son besoin.
schéma: LE Ha 3 En 2011, la population de Hanoi était de 6 699 600 personnes sur une superficie totale 3 328,9 km², ceci est équivalent à la densité moyenne de 1 979 hab/km². Dans les quartiers les plus peuplés de Hanoi, par exemple le district de Dong Da, la densité s’élève jusqu’à 35 341 hab/km², alors que dans les quartiers de banlieue tels que Soc Son, Ba Vi, My Duc, la densité est inférieure à 1 000 hab/km². En 2009, la population urbaine était de 2 632 087 personnes soit 41,1% de la population totale et la population rurale de 3 816 750 personnes soit 58,1%. Si l’on compare à d’autres grandes villes en Asie, comme Tokyo, l’aire urbaine de Tokyo s’étend sur un rayon de 80 kilomètres et regroupe 37 millions d’habitants; en Europe en 2005, la population de Paris est de 2 153 600 habitants, la densité de 20 408 hab/km², une des plus fortes densités parmi les capitales européennes. Cependant, par rapport aux villes les plus dense au monde comme celles de Dhaka (Bangladesh) 45 000 hab/km² et Karachi (Pakistan) classée 10ème au monde avec 15 000 hab/km², on voit que la densité de population n’est pas un très gros problème pour Hanoi mais, à mon avis, c’est la question de l’amélioration de la qualité de vie urbaine et de la préservation des identités de la ville dans son processus de développement qui doit attirer l’attention. 3
wikipedia.org
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IA
Comme une tendance évidente, semblable aux autres villes en voie de développement, l’espace urbain de Hanoï se développe à la fois horizontalement et verticalement, depuis seulement 10 ans, il y a nombreux immeubles de grande hauteur construits à Hanoï. Ces travaux répondent à une grande quantité de besoins de logement, cependant cette situation a également conduit la société à un éloignement des riches et des pauvres et à mon avis, cela se présente au sens figuratif et à la fois au sens littéral en terme de temps et d’espace
Hanoï une ville de « culture rurale »
Déplacement des villageois et formation de la métropole de Hanoï de 1800 à nos jours carte: LE Ha
Ces déplacements apportent évidement de grands changements dans l’économie. Selon les données de la fin de 2008, il y a 1264 villages traditionnels à Hanoï. Dans l’histoire de la structure de la ville, Hanoï est composée par trois parties : une zone militaire et administrative (le quartier français), une zone de centre urbain où les Hanoïens habitent et font du commerce (quartier ancien), et une zone de villages et d’artisanats. Zone de centre urbain et villages ont des relations commerciales très serrées grâce à l’échange des produits d’agriculture et d’artisanat qui sont fabriqués et distribués par les villageois et proposés au centre urbain. La principale économie de la ville donc est celle de l’agriculture et de l’artisanat. Actuellement, cette structure de la ville subit des changements avec l’invasion des espaces urbains sur les villages et sur les espaces agricoles, ainsi qu’avec le développement et la diversification des différentes économies. Il y a beaucoup de nouveaux produits qui viennent des pays à proximité, notamment la Chine avec des prix moins chers. Cela rend difficile le maintien de certaines productions artisanales des habitants. Par contre, la culture agricole et artisanale est toujours fortement liée avec la vie quotidienne des habitants, les produits « made in Vietnam » sont de plus en plus appréciés par les Vietnamiens grâce à leurs qualités. 13
IA
L’intégration rapide de nouvelles cultures crée une image Hanoï de plus en plus globale, diverse, mais de moins en moins familière avec les Hanoïens. Cette intégration permet de rapprocher les Hanoïens à d’autres cultures et aux nouveaux modes de vie moderne tels que la restauration rapide, les produits globaux (H&M, Zara, McDonald...) Cependant, cela met la ville au centre d’enjeux qui demandent une intégration limitée et basée sur un développement des valeurs et des identités existantes. Enjeux de la ville - Globalisation et intégration internationale - Maîtrise de l’urbanisation dans sa rapidité et son ampleur - Protection de l’environnement - Équilibration du développement de l’économie et de la culture sociale - Préservation historique, valeur de la culture et identité - Changement climatique - Renouvellement urbain - Distance entre les riches et les pauvres
photo: redvn.com
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MORPHOLOGIES DE LA VILLE DE HANOÏ
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(workshop “ Hanoï- water urbanisme”) 15
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Hanoï une ville de lacs et rivières La forme urbaine de Hanoï s’est développée sur la base des lacs, des rivières et des canaux. Le Fleuve Rouge est la principale rivière de la ville qui traverse Hanoï sur 163 km de longueur, soit environ 1/3 de la longueur totale de la rivière au Vietnam. Cependant, actuellement la ville tourne le dos à la rivière au lieu de la prendre comme un élément central comme le font plusieurs villes au monde. Si à Paris, la Seine avec des belles architectures environnantes, des zones commerciales dynamiques, des marques chics et des immeubles riches, au contraire, à Hanoï, les zones environnantes du Fleuve Rouge sont les zones d’habitation des pauvres, des zones de taudis des travailleurs qui viennent d’autres villes. Actuellement, la ville propose des projets à développer « des zones futures des deux cotés du Fleuve Rouge » On peut dire que Hanoï est une ville des lacs et des canaux. Dans la zone du centre ville, il y a deux lacs très importants pour les Hanoïens par rapport aux paysages, à l’histoire et aux loisirs. Le Lac de l’Ouest a la plus grande superficie (500 hectares), il joue un rôle important dans le paysage urbain et il côtoie également de nombreux hôtels, villas et restaurants de luxe. Le Lac Hoan Kiem se situe au centre ville, c’est un espace public et un monument historique pour ses habitants. En raison d’une forte urbanisation depuis 1900, de nombreux lacs de Hanoï sont tombés en situation de pollution et une grande partie des lacs a été remplie en vue de développer les constructions. Architecture Une longue histoire de plus de 1000 ans de culture riche a offert à Hanoï des caractères diversifiés d’architecture qui sont fortement liés à chaque période historique et portent des marques distinguées. En particulier, l’architecture française, depuis l’année 1883, est considérée comme un héritage de Hanoï. Mais aujourd’hui, ces patrimoines sont de plus en plus transformés en raison de l’incontrôle des constructions nouvelles ou de l’architecture ‘’copie de style français’’. En plus des caractéristiques architecturales françaises telles que le faible surface de clôture le long de la rue, les couleurs jaune et vert typiques des portes et murs sont dégradés par des panneaux et des affiches publicitaires chaotiques. En conséquence de l’urbanisation rapide, la ville doit faire face à de grandes difficultés de besoin de logements, d’espaces publics, de qualité de vie et de trafic routier. En termes de structure urbaine, la ville est composée par 4 zones : la vieille ville, la Citadelle, le quartier français et les zones résidentielles hors centre. Concernant les zones résidentielles à plus forte densité on peut parler du quartier des “36 rues” du centre ville où les formes architecturales sont principalement des maisons tubes, siégeant dans des lieux animés, des commerces dynamiques avec beaucoup de valeurs historiques.
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IB N
Hanoï - une ville des lacs et rivière (workshop “ Hanoï- water urbanisme”)
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2ÈME PARTIE
ESPACES COMPACTS- UNE IDENTITÉ DE LA VILLE
Quels sont les espaces compacts à Hanoï ? Où se trouvent-ils dans la ville? Comment sont-ils organisés dans la ville par rapport à d’autres villes asiatiques en Chine, au Japon ? Ces espaces sont-ils adaptés à la vie aujourd’hui ? Quels sont problèmes environnementaux, structurels et sociaux ? Quels sont les potentiels du cœur de Hanoï en termes de commerce, de tourisme, d’histoire, de culture? Ses caractères
DES CARACTÈRES
IIA IIAa
CARACTÈRES PHYSIQUES Quelles typologies ? N
Réseaux de Hanoï
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Villas à la française
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Maisons tubes traditionelles
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Habitations collectives des années 60
cartes: LE Ha 19
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Maisons individuelles contemporaines
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Les maisons tubes traditionnelles Les principales typologies d’architecture de la ville traditionnelle de Hanoï sont les « maisons tubes » (un type d’habitation très connu dans le modèle urbain de Hanoï, notamment dans le quartier ancien) et les « habitations collectives » (construites pendant la période soviétique des années 1955 à 1985). Les maisons tubes sont appelées ainsi du fait de leur forme étroite et étirée. Elles prennent place perpendiculairement à la rue sur des parcelles étroites de 3 à 5 mètres de largeur et de 40 mètres de profondeur en moyenne, elles pouvent atteindre 100 mètres. En raison d’une culture artisanale et d’une vie d’échange et d’achat très dynamique au centre ville, ce type architectural s’est développé comme une réponse mixant l’habitat et le commerce. Ce type de construction hybride est également appelée « Shophouse » en anglais. Les caractéristiques des maisons tubes se distinguent par la mixité d’usages et la diversité d’activités : habitat, commerce, artisanat, stockage... Il s’agit d’un savant mélange de dualités : habitat/commerce, ombre/lumière, public/privé, bruyant/calme, intérieur/ extérieur, plein/vide. Ces différentes catégories sont imbriquées les unes dans les autres et se complètent. La souplesse du dispositif permet de créer cette mixité basée sur la polyvalence des espaces. L’articulation se fait grâce à un équilibre spatial variable et facilement évolutif. 4 La structure des maisons tubes des rues commerciales du quartier ancien de Hanoï est composée souvent par des espaces traditionnels qui sont ordonnés depuis la façade de la rue : magasin avec portes coulissantes; salon; cour intérieure avec puits de lumière, réservoirs d’eau ou bonsaïs, escalier menant aux chambres et aux salles de culte ; cuisine; atelier d’artisans, éventuellement une seconde cour avec une petite cuisine extérieure; salle de bain et toilettes. Les maisons ont deux ou trois étages (6 au maximum) dont le dernier est une terrasse et on constate souvent deux ou trois cours intérieures.5
Des maisons tubes de 3 à 5 m de large sur une rue commerçante du centre ville de Hanoï, carte: LE Ha 4
KER Nadine, Le quartier des 36 rues et corporation à Hanoï : Comment inventer les compartiments 20
du XXIème siècle, PFE, 2006. p18 5 Van Ngoc, Le retour à la conservation et la réhabilitation du Quarter ancien de Hanoï, p3
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photo: LE Ha Cour intérieure d’une maison tube dans le quartier ancien de Hanoï
photo: vietbao.vn
photo: LE Ha Terrasse utilisé pour le Café
Couloir commun des 5 familles
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Compartiment densité pour 5 familles, rue Hang Can 6
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Pierre Clément, Nathalie Lancret, Hanoi Le cycle des métamorphoses, 2001, p.258 -259. 22
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cartes: LE Ha 23
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Habitations collectives des années 80 Les habitats collectifs ont été construits dans années 80 afin de répondre aux besoins de logements des habitants de Hanoï, en particulier pour les employés travaillant pour l’État dans la phase initiale du Socialisme. C’est un modèle fermé avec des caractères de proximité et de mixité. La plupart des services publics et des petits commerces sont encouragés à s’installer aux rez-de-chaussée des immeubles. Les magasins comme les supermarchés les équipements publics tels que les écoles et les hôpitaux sont également situés dans un rayon de 500 à 1000 mètres. Les espaces communs entre les bâtiments sont des cours d’assez grande dimension où les habitants partagent des activités différentes en fonction du moment de la journée (voir schéma). Ces espaces communs sont publics, mais ils possèdent aussi des limites privées qui existent implicitement. Actuellement, la croissance rapide de la population exige une adaptation des logements beaucoup plus grande que les solutions de la conception originale et de nombreux appartements abritent plusieurs générations. Ces zones d’habitats collectifs font partie des zones à forte densité de la ville de Hanoï. Les conceptions architecturales originales ont été beaucoup modifiées en raison des agrandissements successifs des espaces d’habitation par les habitants. Cela a conduit à la détérioration des bâtiments. Des activités individuelles quotidiennes se sont donc progressivement mises dans espaces publics et collectifs malgré l’impact sur le paysage environnant. Cependant c’est encore l’une des zones les plus chères au niveau du foncier à Hanoï en raison de la proximité des services commerciaux et des équipements publics, ainsi qu’en raison de la forme des espaces ouverts partageables qui conviennent au mode de vie des Hanoïens.
Activités et densités d’utilisation d’une cour commune d’habitat collectif en fonction de l’heure7 7
DAO Anh Truong, Bamboo 2.0, 2015
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L’architecture collective des années 80 après un agrandissement des espaces d’habitation, photo: LE Ha
Une cour commune des bâtiments collectifs, photo: Huy NGUYEN 25
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La densité asiatique «Amos Rapoport, Professeur à l’Université du Wisconsin (Milwaukee) et cofondateur de la discipline d’Étude de l’Environnement - Comportement (EBS = EnvironmentBehavior Studies), a donné des résultats d’enquête intéressants. Il a constaté que les populations de différentes cultures ont des critères très différents de considération de la surface plancher moyenne. Les Américains, les Européens et les Singapouriens ont des seuils moyens de confort différents qui sont dépendants de leurs perceptions de la densité. Cette perception, à son tour, dépend de la tradition culturelle, de l’histoire et des caractéristiques de l’environnement naturel ... “ 8 Lorsque les urbanistes occidentaux participent aux projets de conception urbaine de l’Asie, ils doivent considérer que le concept de densité est très différent entre les pays occidentaux et les pays asiatiques. Les zones à haute densité des villes asiatiques sont généralement capables de recevoir et de supporter une plus forte densité d’habitants que dans les pays occidentaux, mais il se pose la question des seuils d’acceptabilité. Par exemple, nous pouvons mettre en place des espaces verts d’une façon judicieuse pour créer une image de faible densité dans un quartier urbain à haute densité, comme dans les études de cas des travaux de Rapoport (1975). Les théories et documents d’urbanisme mis en œuvre en occident suggèrent d’amener les gens dans les rues pour augmenter la dynamique de vie. En Asie, ce problème peut être inversé, parce que l’architecte fait souvent face à la surpopulation excessive des zones urbaines. Bien que la densité la plus élevée de Hanoï s’élève à 35 000 hab./km² dans certains quartiers, la densité moyenne est de 1 979 hab./km². Comparativement à d’autres villes asiatiques, Hanoï est classée au 35ème rang sur des 40 villes d’Asie les plus peuplées, Tokyo est 7ème avec 14 400 hab./km² et Pékin 15ème avec 7 400 hab./km². Ceci suggère une pratique d’utilisation de terrains urbains inefficaces et une énorme disparité des valeurs immobilières dans les différentes zones de la ville de Hanoï. De nouveaux logements à faibles coûts pour les habitants à faibles revenus ont été construits mais restent toujours vacants tandis que d’autres zones sont en surpeuplement et en incertitude quant à la qualité de vie. Une question se pose : qu’est-ce qui rend ces zones si attrayantes ? L’étude du professeur Amos Rapoport a confirmé que les niveaux moyens de confort diffèrent et dépendent de la tradition culturelle, de l’histoire et des caractéristiques de l’environnement naturel. Des nouveaux quartiers avec une moyenne de surface au sol par habitant plus élevée, une meilleure qualité de l’environnement et de l’infrastructure mais dont les concepteurs ont omis de prendre en compte les facteurs de mode de vie, d’environnement, de communauté. Au contraire, les zones à forte densité possèdent forcément les caractères d’une vie communautaire traditionnelle avec des potentiels commerciaux dynamiques. Et à mon avis, cela est davantage présent dans des sociétés asiatiques comme celle de Hanoï en raison de leurs modes de vie en habitation groupée et en communauté. 26 8
HOANG Huu Phe, La densité de population des villes: des points vues différentes, p2-3.
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Si les références académiques urbaines dans les pays développés en Europe et en Amérique du Nord incline en général à penser que la densité urbaine est un attribut considéré comme utile et positif, en revanche au Vietnam, la densité urbaine a presque toujours été considérée comme négative. Les projets de développement urbain en Europe sont souvent salués lors de la création de quartiers à forte densité, mais la presse au Vietnam dénonce souvent ces zones urbaines à haute densité.
photo: i.zing.vn
Le paysage urbain de Hanoï semble ici en désordre. Cependant, ses 7 millions d’habitants ne vivent pas simplement dans un environnement chaotique, ils disposent leurs vies d’une manière satisfaisante en regard de leur propre culture grâce à une organisation intrinsèque et un ordre caché.
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Appropriation commerciale, domestique et culturelle Le commerce joue un rôle important de transition entre la rue et l’habitation. Son caractère public/privé sert d’interface entre l’espace urbain et l’espace familial. Dans les quartiers denses de Hanoï et notamment dans les quartiers anciens, quasiment 100% des espaces au rez-de-chaussée des habitations sont utilisés pour le commerce et les services. Au cours de la journée, le commerce est totalement ouvert et devient le prolongement de la rue et inversement, la rue devient le prolongement de l’espace commercial des maisons. De plus, la rue est occupée par d’autres types de commerce tels que des vendeurs mobiles, des coiffeurs, qui travaillent sur les trottoirs les rues, les parkings… Toutes ces activités créent l’identité de la rue de Hanoï avec des multitudes de couleurs, d’odeurs et de sons. Mais ce joyeux désordre a toutefois des inconvénients : les espaces des piétons sont de plus en plus envahis. Dans son article « Repenser la notion d’espaces publics à l’aune du contexte urbain vietnamien » Marie Gibert remarque « La conception de l’espace au Vietnam est traditionnellement marquée par la fluidité dans la réversibilité des usages qu’il accueille. À la grande échelle de l’unité d’habitation par exemple, les maisons-compartiments sont historiquement multifonctionnelles, avec un espace commerçant à l’avant du rez-dechaussée, et des espaces domestiques à l’arrière et dans les étages. Généralement peu meublées, les différentes pièces sont par ailleurs très polyvalentes et accueillent des fonctions à même d’évoluer au fil de la journée : elles permettent ainsi l’articulation d’activités domestiques et commerciales, mais également politiques, ces dernières prenant la forme de réunions d’associations de quartier, parfois organisées directement chez des particuliers. »9 Les espaces spirituels font partie de la culture traditionnelle et sont presque indispensables dans les espaces d’habitation des Vietnamiens : le souvenir des ancêtres est considéré comme une valeur morale de l’Homme. Selon la tradition vietnamienne, le culte des ancêtres et des dieux (en particulier des dieux proches de la vie quotidienne des habitants tels que le dieu de la terre, le dieu de la fortune) apporte la chance dans la vie et dans le travail commercial. C’est pourquoi, dans une maison traditionnelle tout comme dans une habitation moderne, il existe souvent deux espaces de culte très importants : l’autel du dieu de la terre et du dieu de la fortune (généralement placé dans un coin du magasin) et la salle du culte des ancêtres (placé au dernier étage ou dans un endroit respecté dans la maison). L’espace de culte des ancêtres peut quelquefois être combiné avec une salle de lecture, une salle commune ou encore avec le salon ou la salle d’étude des enfants, tout en évitant de le disposer dans les chambres.
Marie Gibert, Repenser la notion d’espaces publics à l’aune du contexte urbain vietnamien, 2013, p3. 9
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L’intégration des fonctions de commerce, d’habitation et de culte dans une maison individuelle, photos: internet
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Individuel/collectif et privé/public : des notions relatives La relativité de ces notions se manifeste dans l’utilisation de l’espace de ses habitants. Comme entre intérieur et extérieur les limites relatives ne sont pas toujours clairement identifiables en raison des caractéristiques de l’espace. Celui-ci s’organise autour de la création d’une mixité urbaine qui cherche à utiliser le potentiel maximum au risque de créer des conflits. Dans la zone urbaine compacte de Hanoï les conflits ne perturbent pas trop la vie des habitants, les activités partagées fonctionnent d’une façon tacite et rythmique dans un espace tel qu’il est offert. Par exemple, sur un trottoir étroit, les piétons déambulent entre les gens qui sont assis, mangent, bavardent joyeusement sans voir d’obstacles. Dans un autre exemple, l’espace du passage privé d’une maison tube pour cinq familles est l’endroit à caractère à la fois public et privé, où les résidents font commerce, cuisinent, bavardent, circulent d’une manière très naturelle et dynamique. On peut trouver une ambiance urbaine similaire dans les quartiers denses des autres villes d’Asie. Dans sa recherche « Habiter les espaces publics à Tokyo », Mahin ELIE a défini l’utilisation des espaces des Japonais : « La ville comme une maison, la maison comme une ville », la maison est juste une zone d’activité parmi d’autres entre l’espace de travail et l’espace de loisirs. Tout Tokyo est utilisé pour vivre. Une spontanéité des espaces Les villes apparement désorganisées comme Hanoi sont formées par la convergence d’éléments hétérogènes et de développement spontané. Elles ne sont pas orientées vers un futur, vers un perspective précis mais vers un perspective transformable. Voici la «beauté du chaos», une esthétique appropriée au 21ème siècle. Dans le projet Grand Paris, Portzamparc a dit : « La durable c’est le transformable » Par contre, c’est aussi une difficulté de la ville en raison des difficultés des politiques à équilibrer entre ce développement spontané et les besoins de logement, les conditions de vie des habitants. Exemple: l’exhaussement et l’agrandissement des espaces d’habitation par les habitants Hanoï pour adapter les besoins en espace de vie. La forme urbaine et les typologies des constructions se transforment. Créer les espaces communs, publics (cours intérieurses, ruelle, …) avec des formes très diversifiées et spontanées.
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Les activités sur un trottoir et dans une cour intérieure d’un îlot de Hanoï, photos: Seth et Lise, kenh14.vn
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La forme des vides, carte : LE Ha
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DES CARACTÈRES
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CARACTÈRES CULTURELS ET ENVIRONNEMENTAUX Caractères de culture et de mode de vie Hanoï, comme d’autres villes d’Asie, possèdent des modes de vie et des tendances sociales distinctes des autres cultures. Cela se présente d’une manière tout à fait unique dans la façon dont les habitants de Hanoi utilisent, disposent et partagent leurs espaces d’habitation. Dans des limites et des conditions d’espace différentes, ils aménagent ces espaces pour répondre aux différents besoins : manger, dormir, discuter, partager, se divertir, se recueillir. En réalité, il n’existe pas une norme précise dans la surface ou la densité notamment dans les espaces compacts traditionnels de Hanoï. L’organisation de chaque habitant ou de chaque groupe d’habitants crée un ensemble urbain avec une forme et une ambiance très humaine, diversifiée et unique. La culture du « vivre ensemble » des générations et des groupes. La société vietnamienne est construite autour de la notion du groupe et de la famille. Cette culture dans la vie moderne se transforme en raison des changements dans les modes de vie et les conditions de vie. Cependant le mode de vie multi-générationnel est encore un des éléments les plus influents dans l’organisation des espaces des habitants de Hanoï. Les relations sont complexes à plusieurs niveaux, notamment dans une société asiatique qui apprécie fortement l’ordre social et qui exige un espace d’habitation commun adapté aux besoins : partage, relations et soins les uns envers les autres mais aussi intimité… Cela crée des espaces à plusieurs couches avec des séparations relatives et des limites d’espace flexibles. C’est pourquoi dans l’organisation des espaces traditionnels à l’échelle du bâtiment ainsi qu’à l’échelle du quartier et de la ville de Hanoï, les fonctions collectives sont très importantes et indispensables au « vivre ensemble ». C’est aussi une caractéristique commune des pays d’Asie comme la Chine ou le Japon « La vie collective japonaise repose aussi sur la notion de liberté au sein du groupe, et l’individualisme apporté par l’Occident compense les aspirations égalitaires chères aux Japonais. La structure de la famille reste très solide, chaque membre conciliant sa vie privée avec la vie commune. Sous un même toit, chacun sait préserver ses secrets, recevoir ses amis, et vivre ses passions ; il peut entrer et sortir facilement et, même s’il part en promettant de revenir au plus tôt, il lui suffit de téléphoner pour retarder son retour sans provoquer de problème. Les sociologues japonais jugent que l’affectivité constitue le véritable lien familial, qui structure la vie sociale dans son ensemble »10
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Sakurajima, Vivez au Japon, 2005 32
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Les espaces résidentiels ne sont pas seulement des espaces d’habitation mais aussi des espaces de culte. Dans les espaces résidentiels ainsi que dans les espaces urbains d’Asie, il existe de nombreux espaces spirituels et cultuels. La communauté urbaine fréquente les structures existantes dans le quartier ancien de Hanoï, les temples sont des espaces spirituels communs à tous les habitants. Dans les habitations, des espaces sont réservés pour la pratique du culte des ancêtres et des disparus dans la famille, c’est une fonction très importante et sacrée dans la vie des habitants. Ils respectent et vénèrent ces espaces. Dans la culture vietnamienne, il existe toujours des relations invisibles entre les vivants et les disparus, en particulier ceux de la famille et les proches. Relations sociales et collectivisme À mon point de vue, les Occidentaux apprécient leurs espaces individuels même si l’individu est dans un espace public. Les Orientaux considèrent l’espace différemment car les actions individuelles sont souvent affectées par la communauté. Le collectivisme s’exprime donc plus fortement que l’individualisme. « Les personnes qui vivent dans une société rurale sont souvent fortement liées, elles respectent les traditions ancestrales, donnent la priorité à la famille et à la communauté, modèrent le développement de l’individu » 11 Le besoin de partage d’informations entre les habitants de Hanoï a toujours été très fort. Cela s’exprime dans leur manière de communiquer et aussi dans leur manière d’organiser l’espace afin d’adapter leurs besoins. On peut dire que même dans l’invisible, il existe toujours une interaction entre les uns et les autres. Cela est devenu une habitude, une pratique culturelle dans le mode de vie des communautés asiatiques. Dans la société moderne, avec plus de stress, de travail, de relations, de désir d’argent.., cette habitude de communication s’est petit à petit amoindrie mais elle est toujours un rouage essentiel au fonctionnement de la communauté. C’est pourquoi, maintenant à Hanoï ainsi que dans quelques villes en développement, la solution des gratte-ciel ne s’adapte que pour les besoins de logements et de conditions de la vie des habitants, elle n’apporte pas les moyens de former une communauté solide comme dans les espaces compacts traditionnels. Une expression ancienne dit : « Le travail avec les amis de la communauté apporte la prospérité ». On peut parfois traverser des ruelles où les habitants organisent une fête de quartier, un mariage, une réunion. 11
NGUYEN Thanh Tung, Le collectivisme à travers l’utilisation de la langue locale des habitants de
la commune de Quang Cu , 2006 33
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photo: LE Ha
photo: kenh14.vn
Activités festives et commerciales dans une cour commune et dans une ruelle de Hanoï.
Une analyse des différences entre la culture orientale et occidentale est exprimée d’une manière très intéressante à travers les graphiques de Yang Liu « East meets West » 12:
Bruit dans les restaurants : les personnes orientales considèrent les restaurants comme des endroits où ils peuvent se parler et rire avec insouciance. Les restaurants d’Asie sont souvent bruyants avec une musique forte. Au contraire, dans les restaurants occidentaux ou dans les restaurants fréquentés par des personnes occidentales, les clients apprécient un dîner dans une conversation murmurante mais assez forte pour entendre la personne en vis-à-vis. Ils craignent de parler fort dans les espaces publics.
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source: Bored Panda
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Relation sociale: Les relations sociales occidentales sont habituellement simples, compréhensibles et non pas complexes comme dans les sociétés orientales.
Expression des opinions personnelles: les personnes occidentales apprécient le caractère sincère et expriment leurs opinions personnelles de manière directe. Tandis que les personnes orientales apprécient le caractère souple, habile même si cette façon prend plus le temps.
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Habitudes horaires et quotidien des habitants de Hanoï. Les habitants de Hanoï en général et ceux qui font du commerce en particulier n’ont pas une conception précise de leur temps de travail dans la journée. Ils ont une longue journée de travail du matin au soir (environ de 8h jusqu’à minuit), jour après jour. Cette durée est aussi un temps pour se reposer, manger, bavarder… Cette délimitation vague du temps rend flexibles les pratiques des habitants dans les espaces publics ou privés. Par exemple, dans un quartier compact de Hanoi, on peut rencontrer des images de la vie personnelle et des activités individuelles dans un espace public : le déjeuner d’une famille sur le trottoir où ils peuvent à la fois s’occuper de la boutique et de la vente à tout moment si des clients arrivent, ces boutiques n’ont pas de portes et sont ouvertes directement sur le trottoir. Dans ces espaces urbains, il n’est pas nécessaire de faire trop attention aux horaires d’ouverture ou de fermeture des boutiques. Cela crée des images et des ambiances urbaines asiatiques très dynamiques, chaotiques et fascinantes. Après un voyage à Hanoï, Seth et Elise ont dit que: “Ouai, ok, en Asie du Sud-Est, tout le monde vit dans la rue mais c’est particulièrement le cas au Vietnam! Le titre est maladroit mais l’idée est qu’ils est très courant de voir des gens travailler dans la rue et avoir leur commerce sur le trottoir. On pourrait parler de commerce nomade puisque bien souvent ce sont les commerçants qui se déplacent à la rencontre des clients. La technique est plutôt intelligente puisque dans les villes de ce pays où les espaces sont réduits et saturés il faut bien tirer son épingle du jeu.” 13 La culture artisanale de Hanoï. Cette culture traditionnelle est présente physiquement dans les espaces urbains et les espaces d’habitation de Hanoï. On peut trouver facilement des espaces collectifs ou privés pour la production artisanale d’une ou plusieurs familles dans un quartier. Dans la société contemporaine, les changements d’emplois et d’activités sont nombreux et beaucoup d’habitants de Hanoï ne font plus de production traditionnelle. Ces espaces donc sont réorganisés et réutilisés pour d’autres objectifs selon les besoins des habitants.
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http://www.sethetlise.com/ 36
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Analyse de la rue Luong Van Can, Hanoï 14 14
Pierre Clément, Nathalie Lancret, Hanoï Le cycle des métamorphoses, 2001, p.293 -294. 37
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Le concept d’équilibre Yin-Yang Yin et Yang sont deux forces complémentaires qui composent tous les aspects et les phénomènes de la vie asiatique. Le Yin est le symbole de la terre, du féminin, du vide, du froid, il est présent dans les nombres pairs, dans les vallées et les rivières. Le Yang symbolise le ciel, le masculin, le plein, le chaud, il est présent dans les nombres impairs, dans les montagnes. Il s’agit d’une dualité qui associe toutes les oppositions complémentaires. Ce concept philosophique d’équilibre entre le yin et le yang est très important dans la vie spirituelle ainsi que dans la vie courante des Asiatiques et notamment des Vietnamiens. Il s’applique également dans l’aménagement intérieur, dans l’architecture, dans l’urbanisme. L’application de la conception Yin Yang dans le design urbain a créé un équilibre et une qualité de vie pour les résidents urbains. Les zones, sont devenues plus diversifiées pour répondre aux besoins des habitants en fonction de l’âge, du sexe, de la classe sociale et des croyances de chacun. Nous trouverons donc un endroit calme qui s’oppose au bruyant, de l’ancien par opposition au moderne, du sacré par opposition au profane parmi d’autres instances complémentaires telles que travail/loisir, privé/public... Chacune de ces zones spéciales est nécessaire pour répondre aux besoins des personnes à différents moments de la journée. Cette conception du monde est un des éléments qui a le plus d’impact dans la manière d’organiser les espaces des habitants et de la ville. Politique de la ville On pourrait dire qu’il manque un contrôle d’équilibration entre le développement de la population et les ressources en espaces d’habitation, par exemple la densité de population du quartier ancien de Hanoï est parmi les plus fortes du monde (84 000 hab./km²). Selon une enquête menée par le Comité Populaire de Hoan Kiem, la superficie de logement est de seulement de 2 m² par habitant. En effet, la ville de Hanoï n’a pas encore de politique de migration rationnelle permettant de créer de meilleures conditions de vie pour ses habitants. C’est une des raisons de modification des structures des espaces par les habitants. Dans les limites de la superficie disponible, ils doivent agrandir ou réorganiser ces espaces pour adapter et optimiser la réponse à leurs besoins. En fait, il existe des stratégies de la Ville pour proposer des nouveaux logements pour une partie des habitants du quartier ancien. Cependant, une des questions importantes que cette stratégie ne résout pas, c’est la création de nouveaux emplois et la possibilité d’une vie commune solide et respectueuse de la culture, des modes de vie des ses habitants. Ceux-ci craignent de se retrouver dans des environnements inconnus, sans travail, c’est pourquoi cette stratégie n’a pas reçu l’assentiment du peuple.
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Les exemples du quartier ancien de Sawara au Japon et du quartier ancien de Hoi An au Vietnam montrent comment les politiques et les actions de la ville ont eu des impacts positifs sur l’organisation de l’espace urbain et la vie spirituelle du peuple. Il manque des stratégies efficaces pour assurer les activités au sein des espaces compacts de Hanoï: commerce, tourisme, habitat, production…Ces quartiers de Hanoï sont donc actuellement confrontés aux questions des politiques de la propriété et du foncier, des politiques de la préservation des valeurs patrimoniales, des valeurs marchandes, … Quelles sont les actions de la ville pour requalifier les espaces urbains compacts jusqu’à aujourd’hui ? Climat Le climat de Hanoï est tropical et humide, froid en hiver, chaud en été, l’organisation des espaces d’habitation ainsi que des espaces urbains prend en compte la direction du soleil, le sens du vent… Dans les quartiers à forte densité de Hanoï, la compartimentation impose une alternance de pièces couvertes et ouvertes.
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PROBLÉMATIQUES
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La haute densité de la population conduit à un manque d’espace d’habitation et à l’absence de certains services personnels ou publics. L’exemple typique se trouve dans le quartier des “36 rues” au centre ville de Hanoï où la densité de population est de 823 personnes /ha (donnée en 2010); il est fréquent de trouver plusieurs familles qui utilisent ensemble un cabinet de toilette de 1 à 3 m², de constater un espace public converti à une utilisation individuelle. Les habitants qui y habitent sont familiarisés avec cet environnement d’habitat et cette organisation et ils ne souhaitent pas changer de conditions pour trouver un nouvel endroit.
photo: LE Ha Un espace de vie de la population qui empiète au plus proche des rails du train qui traverse Hanoï du Nord au Sud. Dans cette scène de vie quotidienne les gens font la cuisine et lavent la vaisselle directement sur la voie ferrée. Quand le train arrive ils rangent leurs affaires et attendent qu'il passe pour reprendre leurs activités.
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Certains problèmes dans les zones à haute densité sont considérés comme affectant sérieusement la santé publique: Qualité du cadre de vie : bruit, air, lumière, odeur, pollution Les problèmes de lumière, de bruit et de pollution de l’air dans les espaces urbains à haute densité de Hanoï sont des défis de plus en plus difficiles à résoudre en raison des besoins de logement d’une population croissante. Dans certaines zones, même au cœur de la capitale, les Hanoïens vivent dans des espaces sans lumière, sans aération ou sans assez d’eau potable en été. Ils vivent dans de mauvaises conditions avec un impact négatif sur l’environnement provoquant une pollution de l’air et une pollution de l’eau. La quantité de déchets ménagers du grand nombre d’habitants de la ville n’a pas été suffisamment considérée par les politiques publiques. Le manque dans l’encouragement du tri des déchets est une des causes majeures de la pollution du cadre de vie. L’environnement régional du centre dans le vieux quartier, en particulier la vieille ville, présente une densité d’émission 10-25 fois plus élevée que la moyenne globale de tout Hanoi. 15 Hanoi ainsi que d’autres villes à haute densité en Asie, sont confrontées à de graves problèmes de pollution et de nuisance sonores. Pourtant, l’acoustique urbaine est perçue comme une question importante pour la qualité des espaces et de la santé publique. Une des principales raisons du bruit se trouve dans les motos et scooters qui sont les principaux moyens de déplacement des habitants. Selon des statistiques récentes du Ministère des Transports de Hanoï, la ville compte environ 4 millions de motos et scooters pour un total de plus de 6 millions d’habitants. Les motocycles jouent également un rôle essentiel dans les villes en développement. P. Barter (1999) distingue les « villes motocycles » (motocycle cities) où ce mode de transport est le plus utilisé pour les déplacements. Ce sont par exemple Taipei (Taiwan), Chiangmai (Thaïlande), Ho Chi Minh Ville (Vietnam), les villes indiennes et indonésiennes, etc. Ainsi à Ho Chi Minh Ville, le taux de possession de motocycles était de 300 véhicules pour 1000 habitants. Ces véhicules permettent d’accéder à une vitesse importante pour un coût d’acquisition bien moindre que celui d’une automobile. Ils ont l’avantage dans le système urbain car ils prennent peu d’espace pour leur circulation comparativement à l’automobile et ils offrent une vitesse similaire, voire supérieure dans les embouteillages. L’utilisation de motocycles est donc une adaptation logique à la pénurie de voirie. Par contre, ils ont généralement des moteurs deux-temps qui ont une très faible efficacité énergétique avec une forte pollution aérienne et sonore. 16
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Agence De Protection De L’Environnement du Vietnam, séminaire “Vues de presse au sujet de la
qualité de l’air à Hanoi “, 2007 16 Julien Allaire, Mobilité et effet de serre: l’évolution des villes au Nord et les perspectives au Sud, 2004 41
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Qualité des constructions, qualité d’architecture et paysage urbain Actuellement dans les zones à haute densité de Hanoï, l’espace récemment élargi des maisons est devenu une solution temporaire très populaire. Dans les bâtiments collectifs des années 60, les espaces élargis ont créé une image d’architecture typique sur la façade des bâtiments de cette période, ces éléments architecturaux sont très populaires au Vietnam et connus sous le nom de “cages à tigre” (chuong cop). Dans d’autres zones à forte densité, en particulier le quartier ancien Hanoï, l’agrandissement des espaces d’habitation et les modifications des façades de façon incontrôlée influencent gravement la qualité des constructions, l’architecture ainsi que la vue d’ensemble du paysage urbain. Ce développement frénétique impacte directement la sécurité des habitants qui y vivent. Securité Le problème de la sécurité dans les zones à haute densité de Hanoï est lié aux questions de la qualité des constructions, de la lumière et du manque d’espaces publics. Les piétons, en particulier les personnes qui vivent dans ces zones, sont souvent confrontés à un manque d’espace de circulation. Le danger dû aux détériorations des constructions, ainsi que le manque d’espace à vivre dans un environnement de mauvaise qualité affecte leur santé et leur sécurité dans les activités quotidiennes. Cependant, beaucoup de gens acceptent ou choisissent cette vie en raison de sa valeur économique ainsi que de la familiarité de leur mode de vie, ils refusent d’être déplacés dans un nouvel endroit à vivre. Infrastructures Le système d’infrastructure dans un certain nombre de zones à forte densité de population a été construit depuis longtemps et ce système doit répondre aux besoins d’une population croissante mais sans un entretien régulier. C’est pourquoi, ces zones résidentielles anciennes et compactes ont souvent des problèmes concernant les systèmes d’électricité et d’eau. Par exemple, au centre de Hanoï en été, les besoins en eau des habitants dépassent les capacités du système d’approvisionnement et les citoyens doivent utiliser de l’eau non garantie ou acheter de l’eau dans d’autres zones. Manque d’espaces publics Hanoï dans le passé était la ville des lacs. Le processus d’urbanisation à conduit au comblement ou à la pollution de nombreux lacs et canaux qui ont été remplacés ou envahis par des fonctions résidentielles. Les constructions en augmentation diminuent la surface des espaces verts. Dans les zones à haute densité comme dans le centre ville, les espaces verts sont rapportés à 1,1m² par personne, dans le district de Hoan Kiem, un des districts le plus peuplé de Hanoï, il reste 0,68m² par personne. Dans ces zones, de nombreux espaces publics sont utilisés pour des usages individuels.
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photo: Vietbao.com
photo: news.zing.vn
“ Cages à tigre “de l’architecture des années 80, photo: vietbao Espace étroit d’une cuisine avec un éclairage insuffisant et un manque d’hygiène dans le vieux quartier de Hanoi.
photo: LE Ha
photo: LE Ha Des constructions dont la qualité d’architecture et la hauteur contrastent avec les maisons anciennes.
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Une maison ancienne (époque coloniale française) avec des nouveaux éléments architecturaux et des lignes électriques enchevêtrées sur la façade
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VALEURS ET POTENTIELS
Dans cette partie, je vais aborder le quartier ancien de Hanoï où se trouvent les secteurs les plus denses de la ville. Des valeurs matérielles et immatérielles : Architecture et paysage : L’ensemble architectural est unique avec d’anciens toits de tuiles moussus et de petites maisons tubulaires intercalées qui créent un espace bâti ancien varié et animé. Les valeurs culturelles du vieux quartier de Hanoï sont identifiées et caractérisées par la morphologie architecturale, le paysage urbain, le mode d’organisation qui sont spécifiquement liés à l’activité économique, sociale et culturelle de la communauté. Les caractéristiques culturelles urbaines de Hanoï se perçoivent facilement dans la structure et les fonctions spatiales du quartier des « 36 rues » et au travers du patrimoine historique. Fêtes culturelles : Les fêtes folkloriques traditionnelles de Hanoï sont issues d’un long processus historique et jouent un rôle culturel important dans la communauté métropolitaine. Le cœur des rituels et des festivités de Hanoï se révèlent lors des cérémonies de l’agriculture, de l’eau et du riz. Ces célébrations ont lieu dans le centre-ville et en particulier dans la vieille ville. Les fêtes traditionnelles à Hanoï sont audacieuses en couleurs historiques car, comme nulle part ailleurs, Hanoï concentre des personnages historiques et des événements historiques qui sont des marqueurs mémoriels de l’environnement culturel métropolitain. Les festivals folkloriques anciens de Hanoï occupent une place importante et amènent une influence positive et profonde dans la vie spirituelle et culturelle des Hanoïens. Les actions et les commémorations pendant ces festivals contiennent des significations sacrées particulières et suscitent les vœux des habitants. Ce sont des moments essentiels qui permettent de lier les membres de la communauté. Un aspect inhérent à la culture du vieux quartier de Hanoï est la spiritualité envers les sources, envers les ancêtres, avec respect et admiration. Artisanat: Le quartier ancien concentre la plupart des artisans de la ville. Les habitants peuvent être à la fois des artisans et des commerçants, ils s’occupent de la fabrication selon les commandes des clients et à la fois de la mise à disposition des productions dans les magasins du rez de chaussée : par exemple, les brodeuses (village de Quat Dong – Ha Tay), les fabricants de tambours (village de Doi Tam), les tourneurs (village de Nhi Khe - Ha Tay), les fabricants de rideaux (village Gioi Te -Bac Ninh), les bijoutiers... Dans le passé, ces artisans spécialisés étaient présents partout dans les environs de Hanoï puis ils se sont rapprochés de la localité de Hanoï afin de faire commerce. Ils ont créé des rues
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distinguées par les produits qu’ils vendent. Progressivement, ils se sont établis et ils se sont regroupés dans des corporations pour s’aider les uns les autres et ainsi préserver l’artisanat traditionnel. On peut dire que ces communautés artisanales ont contribué au développement des carrières traditionnelles et relié les villages environnants tout en préservant et promouvant leur mode de vie, leur culture villageoise. Patrimoine religieux : Une des principales caractéristiques du quartier ancien des « 36 rues » est la combinaison harmonieuse entre les maisons, les magasins et les bâtiments religieux tels que les maisons communes (đình), les temples et les pagodes. Aujourd’hui, dans le vieux quartier, en dehors des maisons tubulaires commerciales, il existe encore 54 maisons communes, 6 pagodes, 22 temples et 3 petits temples, soit un total de 85 bâtiments de croyance religieuse. Ces constructions portent les marques des périodes historiques durant lesquelles elles ont été édifiées. Ces architectures traditionnelles sont construites en bois et en briques avec un système structuré de chevrons sur plusieurs époques. Maisons communes, temples et pagodes sont les espaces spirituels de la communauté qui permettent des contacts invisibles entre les espaces spirituels de chaque maison du quartier des « 36 rues ». Ces édifices sont considérés comme des monuments historiques issus d’une longue histoire urbaine et spirituelle des Hanoïens. Gastronomie: À Hanoï, en particulier dans le quartier dense des « 36 rues », on trouvera des rues très célèbres pour leurs spécialités. La culture gastronomique provoque une irrésistible attractivité pour les Hanoïens et les touristes. Cette valeur est une des caractéristiques qui identifie le mode de vie des habitants et crée des rues vivantes et chaleureuses au centre ville. Des potentiels de commerce et de tourisme: Le dynamisme économique des quartiers compacts de la ville est reflété par la diversité des articles en vente et des types de commerce. Des rues commerciales, des magasins d’artisanat, des commerçants sur les trottoirs, des colporteurs ont créé une morphologie économique unique correspondant à la vie des habitants qui y vivent et attirent beaucoup de touristes. La préservation du patrimoine immatériel, en particulier de l’artisanat des rues commerciales, est un facteur clé pour favoriser le développement économique durable du quartier.
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photo: LE Ha
photo: Seth et Elise
photos: kenh 14.vn
3ÈME PARTIE
QUEL FUTUR POUR « HANOI COMPACTE »? Hypothèse opérationnelle et réponse à la problématique : Quel futur pour cette structure urbaine ?
Jacob (1961) estime que « une bonne ville à vivre devrait procéder une bonne variété, y compris les typologies des bâtiments, les types résidentiels, les commerces et le montant de la population différentes dans un quartier résidentiel à des moments différents. Étant donné que la diversité peut exister à partir de l’attention à la forme physique et la fonction, Jane Jacob a suggéré quatre facteurs qui constituent cette diversité : des fonctions à usage mixtes, des blocs de maisons courtes, des bâtiments âgés, l’état et les différentes densités de la construction.»
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Carte de Hano誰 en 1909, source: Ville de Hano誰 51
HABITER MIEUX DANS LES ESPACES COMPACTS ET DENSES DU QUARTIER ANCIEN DE HANOÏ
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« La réhabilitation urbaine des centres historiques représente un effort complexe, de nature spécifique : entreprise essentiellement urbanistique (la réhabilitation du principe d’organisation de l’espace des noyaux historiques et leur intégration dans le tissu urbain environnant), elle poursuit parallèlement, d’une part l’effort de rénovation urbaine, c’est- à- dire d’amélioration des conditions de vie sociale dans le milieu urbain, d’autre part la tâche gigantesque de la conservation du volume historique bâti et de la sauvegarde de l’image urbaine spécifique de ces centres. La problématique de la réhabilitation urbaine réunit ainsi des buts précis, de nature, en premier lieu, purement urbanistique ainsi que d’autres, non moins importants, de réorganisation de la vie sociale de protection et de sauvegarde de la substance historique bâtie en général»17
PAPAGEORGRIOU Alexandre, « Intérgration urbaine - Essai sur la réhabilitation des centres historiques et leur rôle dans l’espace structuré de l’avenir», 1969, p.75 17
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Le quartier ancien de Hanoï est considéré comme le cœur et l’âme de la ville en raison de ses valeurs matérielles ainsi que de ses valeurs immatérielles. C’est aussi un des quartiers les plus denses dans le monde. En ce qui concerne le pourcentage d’utilisation de l’espace, 85 à 87% de la surface au sol est construite. La densification d’une parcelle se manifeste par l’implantation de constructions en fond de parcelle. Ceci entraîne la saturation des possibilités constructibles du terrain et un phénomène d’étouffement, une manque d’espaces publics et d’espaces verts. Les espaces verts sont évalués à 1,1 m² par personne dans le centre ville et à 0,68 m² par personne dans le district Hoan Kiem (centre ancien de Hanoï). La densité de population dans le district Hoan Kiem est de 31 000 hab/ km². 18 En fait, le vieux quartier de Hanoï possède une grande attractictivité avec de nombreux occupants différents : des propriétaires et des commerçants en raison des avantages économiques qu’il apporte ; des habitants, en particulier des jeunes; des touristes en raison d’une gastronomie diversifiée et attrayante, du shopping, de l’architecture historique... C’est pourquoi cela a créé une pression sur la population, une densification du trafic routier et des activités économique et cela pose des problèmes de plus en plus graves. On peut soulever les difficultés suivantes: - La détérioration de nombreuses maisons traditionnelles à cause des termites et des élargissements incontrôlés qui influencent la sécurité des citoyens. - Les conditions d’habitation et d’activités de la vie quotidienne des habitants ne sont plus garanties, de manière alarmante : habituellement 4 à 8 familles vivent dans une maison d’une superficie d’environ 100 m² plutôt inconfortable en raison du manque de lumière, des espaces individuels restreints et des systèmes d’infrastructure trop vieux. - Plus grave, le quartier ancien de Hanoï est en train de perdre ses valeurs culturelles ainsi que des patrimoines architecturaux à cause de « l’invasion » d’autres intérêts qui ne sont pas toujours sous contrôle et qui manquent d’équilibre. Pour cette zone importante, je pense que Hanoï est en train de faire face à deux grandes questions : D’une part une politique efficace de gestion prenant en compte l’équilibre des activités ainsi que la restauration des valeurs du vieux quartier et d’autre part une solution d’espace prenant en compte les besoins et les attentes des habitants dans le respect des valeurs existantes.
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KER Nadine, Le quartier des 36 rues et corporation à Hanoï : Comment inventer les compartiments du XXIème siècle, PFE, 2006, p56. 53
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Un exemple de succès de construction d’une ville compacte qui fonctionne bien et dont le développement est basé sur ses valeurs existantes et ses potentiels futurs se trouve dans le quartier ancien de Sawara au Japon. Comme le quartier historique de Hanoï, Sawara aussi doit faire face à beaucoup de problèmes urbains à cause des impacts puissants du processus d’urbanisation. Toutefois, l’État a compris très tôt les enjeux ainsi que les problèmes de la région. À partir de 1974, pendant 10 ans, la ville a réalisé de nombreuses études et enquêtes sur la valeur de la région avec la participation d’experts et de la population locale. Depuis la période 1996 - 2005, le gouvernement local travaille en collaboration avec les parties prenantes telles que les communautés locales et les entreprises pour réaliser des évolutions selon quatre questions clés : 19
( 1 ) Conservation et restauration des patrimoines d’architecture, ( 2 ) Préservation des fêtes traditionnelles, des coutumes et des activités culturelles ( 3 ) Mise en valeur des paysages urbains et des rues anciennes, ( 4 ) Promotion et développement du tourisme. Le gouvernement local a lancé 10 objectifs conciliants avec les citoyens : 1. Devenir un endroit célèbre (grâce aux valeurs d’histoire et aux paysages et à la conservation de ces valeurs), 2. Obtenir des conditions de transport pratiques et confortables, 3. Proposer de meilleurs services aux touristes : sécurité, facilité, et attractivité dans les promenades à Sawara, 4. Développer des boutiques et des magasins attirants, 5. Organiser des événements des rues attrayants et créer une ambiance dynamique pour le quartier, 6. Mettre en œuvre des activités liées à l’exploitation de l’attractivité culturelle et historique du paysage de la vieille ville d’origine, 7. Améliorer la qualité et l’attrait de l’art culinaire, 8. Mener des enquêtes périodiques, 9. Créer une belle ville avec de bonnes conditions de vie et des équipements adaptables, 10. Créer une politique de gestion raisonnable. Actuellement, Sawara est devenue une destination touristique attrayante sur la carte touristique du Japon et du monde. Sawara possède un quartier ancien dynamique avec des activités commerciales attractives, un grand nombre de touristes, des beaux paysages traditionnels et des maisons à l’architecture traditionnelle rénovée ou reconstruite. 19
NGUYEN Phuong Nga, « Des stratégies de développement du quartier ancien de Sawara », p.5 54
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Quartier de Sawara-Honmachi- Japon, photo: Tamaki 55
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À partir des expériences de Sawara, je pense que le processus d’amélioration de la qualité de vie ainsi que de développement des valeurs culturelles du vieux quartier de Hanoï comprend plusieurs étapes que le quartier devra reconnaître, évaluer et traiter avec soin et de manière approfondie. Tout ce travail nécessite la participation de tous les acteurs : l’UNESCO, les citoyens, l’État, les investisseurs, les touristes... Le quartier ancien de Hanoï, fidèle à son rôle, est devenu le noyau central avec des valeurs historiques et culturelles, des activités d’artisanat, du commerce et un tourisme dynamique, pour attirer les habitants et les visiteurs. PISTES D’OBJECTIFS Des bâtiments anciens ayant une valeur architecturale sont restaurés et préservés. Les valeurs immatérielles et les activités traditionnelles de production artisanale sont développées en proposant aux habitants et aux touristes des activités régulières, des festivals de rue... La qualité de vie des habitants est améliorée en termes d’espace d’habitation et d’infrastructures (électricité et eau). Le trafic routier et les déplacements des piétons sont rendus pratiques. Le design urbain est attrayant, avec un système de panneaux de publicités et d’affichage pratiques et intelligents; des lumières, des arbres, des fleurs embellissent les façades et créent une ambiance urbaine harmonieuse. Des services et des commerces se développent avec un ensemble de magasins plus attrayants, plus propres. Des gastronomies distinguées grâce aux petits restaurateurs qui se situent dans les « rues des spécialistes ». Pour les zones à haute densité où la surface d’habitation n’est plus adaptée aux besoins des habitants, proposer des solutions de migration pour réduire la pression et préserver l’environnement et la qualité de vie. PISTES D’ACTIONS Stratégies de conservation et de restauration des patrimoines Le processus de rénovation et de conservation des patrimoines aura lieu avec la participation des communautés et avec l’appui des organisations internationales telles que l’UNESCO. Les communautés apprennent et présentent les valeurs historiques des bâtiments anciens où ils habitent, ils répondent aux critères de conservation, en respectant les exigences et les indicateurs techniques et économiques. Les soutiens de l’État, forment ainsi une relation très étroite entre l’Etat et les citoyens 56
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Des consultations communautaires par des formulaires d’enquête, des réunions du quartier sont mis en œuvre afin que les citoyens proposent des solutions de conservation et présentent leurs attentes. Viser un consensus lors de la rénovation et la conservation. Le financement de la conservation est calculé en détail afin de proposer des discussions sur les problèmes avec les propriétaires des maisons afin de trouver des solutions de payement raisonnables de l’État, de propriétaires et de donateurs. Pour les patrimoines publics, à côté des actions de rénovation et de restauration, il faut réactiver les processus d’activités en commun des habitants, notamment dans les activités traditionnelles pour les aider à comprendre, aimer et préserver ces valeurs. Stratégies de restauration des fêtes et coutumes traditionnelles Honorer les fêtes traditionnelles. Des groupes et organisations sont formés pour étudier, soutenir, organiser, développer les anciens rituels, les fêtes, les cultures traditionnels... Décoration et rénovation des constructions dans un style traditionnel ou moderne mais toujours basé sur la mise à l’honneur des valeurs traditionnelles pour apporter une image à la fois moderne et urbaine du quartier ancien (exemple de la rénovation de la gare de Strasbourg). Introduction d’informations sur l’histoire des fêtes, des coutumes traditionnelles sur les points focaux des touristes tels que les théâtres, les temples antiques, les rues. Stratégies de développement des activités touristiques : Constituer des équipes de guides et d’interprètes bénévoles, y compris les jeunes et les personnes âgées. Chaque maison devient un musée des informations et de la culture de la tradition locale pour les touristes. Encourager des échanges culturels entre les communautés et les touristes, non seulement dans les visites d’architecture des patrimoines, mais aussi dans les activités traditionnelles comme la production artisanale. Distribution de questionnaires aux visiteurs et à la communauté ainsi que des interviews avec le gouvernement afin qu’ils prennent ensemble les responsabilités et la gestion du travail. Valoriser la communauté afin qu’elle ressente la fierté et l’amour de leur quartier, afin de créer une volonté dans l’implication de chacun. Fournir des services et des installations complètes et commodes pour les touristes. Contrôler l’action des personnes qui cherchent à abuser des touristes.
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Stratégies des activités de développement commercial et artisanal Promouvoir la diversité des activités commerciales, faciliter l’introduction et la consommation de produits artisanaux des quartiers et des villages environnants. Contrôler et limiter les produits de moins bonne qualité de Chine. Cependant, il devrait y avoir des règlements sur les espaces utilisés pour le commerce pour créer des paysages de quartier plus nets et pour faciliter les déplacements des piétons. Encourager les rues vendant des objets uniques et qui créent une identité de chaque rue (c’est la tradition du quartier des “36 rues” du vieux Hanoï). Les espaces réservés aux activités artisanales sont présentés directement aux habitants et aux touristes dans son processus de production, son histoire et ses produits finis. Stratégies des activités de design urbain et d’amélioration de la qualité de vie Actuellement, les rues des zones à haute densité telle que la vieille ville de Hanoï, sont sous une grande pression des activités commerciales et des services privés qui conduisent à un ensemble assez désordonné et à un manque d’espace pour les activités publiques. On a donc besoin d’embellir ces rues tout en préservant l’image dynamique et la mixité de ces espaces. Par exemple, proposer des règles pour créer un système plus net et pratique des panneaux de publicités et des signalisations ; se concentrer sur le design du paysage urbain comme les couleurs urbaines, fleurs, lumières, mobiliers urbains, façades... Les constructions et les systèmes d’infrastructure étant en très mauvais état, il y a besoin de solutions d’amélioration pour assurer la sécurité et la surface d’habitation minimale pour les habitants. En effet la zone de haute densité devient inacceptable et elle ne garantit pas les nécessités pour la qualité de la vie, et il s’agira de proposer une solution de migration avec le consentement des habitants.
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Une vie partagée plus confortable, plus equipée, schéma: LE Ha
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Étude de suggestion de solutions spatiales par « maison tube » dans le quartier ancien de Hanoï. Ce bloc de compartiments est dessiné et construit à l’essai en 1995-1998 par un groupe de professeurs et d’architectes japonais sur la base d’un concept de bloc spatial pour créer un modèle de résidence haute densité tout en assurant les conditions d’un microclimat (lumière, ventilation) et d’une qualité de vie quotidienne à l’individu. Ce modèle a été proposé après la recherche très méticuleuse des chercheurs japonais et vietnamiens sur la structure du quartier ancien de Hanoï et sur la base de « maisons tubes traditionnelles ». Le « Space-block » facilite la création d’arrangement des vides et des pleins dans une maison. Ce bloc spatial à été présenté dans de nombreux magazines d’architectures prestigieuses telles que GA et JA. Le système est construit à l’essai par l’École Nationale de Génie Civil avec une prise en compte de la direction du vent et des conditions de lumière d’une maison tube réelle du quartier ancien.
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L’architecture proposée par une « maison tube »
Cour intérieure
Couloir commun
L’accès à différentes familles
photos: https://www.facebook.com/loan.cuncut/photos_albums
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Puits de lumière
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ÉTUDE DE CAS D’UN ÎLOT DU QUARTIER ANCIEN
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Situation d’ilot dans le quartier ancien à Hanoi, carte: LE Ha
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L’îlot étudié se situe au centre historique de Hanoï (quartier des 36 rues), dans le quartier de Hangbuom, district de Hoankiem, limité par la rue de Hangbuom, la rue de Tahien, la rue de Luong Ngoc Quyen et la rue de Hang Giay. Ce terrain a une superficie de 8180 m² et une population de 940 personnes (données du projet de JICA- Japon). Les rues de cet îlot très célèbre avec ses commerces typiques et ses services en vedette : la rue de Hang buom est connue pour ses boutiques de bonbons, ses gâteaux spéciaux pendant les vacances, pour la fête du nouvel an, pour les mariages des Hanoïens ; la rue de Hang Giay possède des magasins de vêtements; la rue Ta Hien est célèbre pour ses petits restaurants où on peut trouver beaucoup de spécialités délicieuses et bon marché de Hanoï ou d’autres villes vietnamienne, la rue de Luong Ngoc Quyen Street offre des services pour les touristes tels que des boutiques de souvenirs, des agences de réservation de billets de voyage , d’hôtel... Il y a des valeurs architecturales historiques dans cet îlot tel que le théâtre ancien de Quang Lac et un certain nombre de maisons anciennes sur la rue de Hang Buom. Cependant, la majorité de ces constructions sont en mauvais état ou de mauvaise qualité car elles ont été illégalement élargies par les propriétaires. Cet îlot est comme un corps qui s’est agrandi, mais qui porte toujours une vielle chemise trop serrée. C’est pourquoi, cet îlot, ainsi que d’autres à haute densité dans le vieux quartier de la ville, celui de Hang Buom, de Hang Giay, de Ta Hien et de Luong Ngoc Quyen exigent des solutions d’amélioration des conditions de vie sociale et un modèle de rénovation de l’espace et du paysage qui soient fortement liés aux stratégies de développement durable de l’ensemble du centre-ville de Hanoï.
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États de lieu d’ïlot étudié, cartes: LE Ha
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Les propositions principales La plupart des maisons de la rue Hang Buom étant d’architecture traditionnelle, de nombreuses maisons sont considérées comme des patrimoines historiques. Ces maisons ainsi que les façades des rues sont donc proposées pour la préservation et l’embellissement basé sur le principe du respect du design ancien original. La rue de Ta Hien étant célèbre avec ses petits restaurants, mais la qualité des maisons sur cette rue étant très mauvaise et le paysage urbain trop chaotique à cause des activités commerciales privées et des systèmes des panneaux mal organisés, l’objectif d’amélioration de cette rue est de devenir une rue de gastronomie connue avec des restaurants attractifs au rez de chaussée et des maisons où les habitants et les touristes peuvent apprécier les spécialités : un point de rencontre entre amis et touristes. En plus, le théâtre de Quang Lac, également monument historique, qui est actuellement utilisé dans des buts individuels, sera proposé à la rénovation et à la réorganisation pour des activités collectives : présentation de la culture, fêtes traditionnelles du quartier... Quelques constructions qui ont été élargies avec des matériaux de faible qualité au cœur de l’îlot seront démolies pour rendre l’espace en commun des familles qui y habitent. Cet espace pourra être profitable à de nombreuses activités communes : aire de jeux pour les enfants, place ombragée, lieu de repos pour les personnes âgés, espace de fabrication d’artisanat traditionnel... Des rénovations générales du design et du mobilier urbain seront entreprises pour l’ensemble de l’îlot : panneaux de publicité et de signalisation réaménagés et uniformisés dans leurs positions et leurs dimensions ; disposition de petites plantes en pot associés avec des fournitures urbaines tels que les lampadaires de la rue, les panneaux sur les espaces des trottoirs ; réorganisation et disposition de ces mobiliers urbains sur les trottoirs de façon raisonnable et pratique. Mise en œuvre de politiques de gestion qui peuvent être appliquées pour l’îlot ou tout le quartier ancien, par exemple pour des nouveaux travaux ou des travaux en cours de réalisation, il faut avoir des réglementations sur les hauteurs et les détails architecturaux afin de ne pas affecter la façade de la rue et l’image du quartier ; pour des activités commerciales au rez de chaussée, il faut donner une limite relative sur l’espace autorisé à utilisation afin de réserver l’espace des trottoirs pour les autres activités publiques et les piétons... Encourager des activités traditionnelles de production, de lancement de produits d’artisanat, en introduisant la culture à travers des festivités, des expositions.
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photos: kienviet.net
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CONCLUSION L’adaptabilité avec les changements Adaptabilité signifie « capacité de viabilité en harmonie » (Merriam – Webster 2008). L’adaptabilité implique également que l’harmonie doit être créée et maintenue pour un monde en mutation, en particulier pour un monde qui change rapidement en Asie. A.Kriken (2010) a suggéré que la question de l’adaptation devrait être considérée comme compatible avec le problème de l’harmonie et de l’équilibre, la préservation du patrimoine, tout en créant une identité, en conservant le paysage rural et la restauration des constructions et des types d’architecture.20 La conception et la gestion urbaine ainsi que la construction des perspectives de changement et de transformation sont extrêmement importantes. A mon avis, dans quelques villes d’Asie comme Hanoï, la haute densité n’est pas le plus grand problème urbain. En effet, aujourd’hui, la tendance de nombreuses villes développées du monde est la création de quartiers denses, durables alliant la mixité avec une bonne qualité de vie. De plus, ces quartiers possèdent des potentiels de commerce, de tourisme et une attractivité forte par rapport à des habitations trop calmes et ayant peu d’activités. Pour Hanoï, ses vrais problèmes et défis actuels sont la question du logement, la qualité de vie ainsi que la préservation des valeurs culturelles et patrimoniales et non pas la densité. Je pense donc que des réponses à ces questions doivent être fondées sur l’équilibre et le respect de ce qui existe déjà, en tenant compte des caractéristiques culturelles, du mode de vie et de l’histoire. Dans l’intérêt général de la communauté, pour un futur de Hanoï qui conserve sa propre identité tout en se préoccupant des questions environnementales et de la qualité de la vie urbaine, cette étude offre une vue d’ensemble actuelle de l’espace compact de la capitale en confrontant les espaces traditionnels avec des idées personnelles sur les aspects culturels, les modes de vie, les caractéristiques spatiales, les aspects de défis et de potentiels. Ces analyses m’ont permis de formuler mes réflexions selon les visions et les hypothèses de l’État, des habitants, d’architectes, de touristes, d’experts, d’investisseurs sur des pistes de futur pour les espaces très denses du quartier ancien des « 36 rues » à Hanoï. Ce n’est pas une question individuelle pour les architectes ou pour chaque résidant, c’est un enjeu essentiel pour toute la communauté et j’espère que mon étude apportera une pierre, une petite contribution à cet ouvrage commun.
20
NGO Viet Nam Son, « Design urbain de l’Asie dans l’ère de l’information et de la mondialisation», Forum Arcasia 16, 2011, p.8 67
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annexe
source: fr.wikipedia.org/wiki/Hano誰
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Plan en perspective de développement de l’espace de Hanoï en 2030 et la vision vers 2050 source: ashui.com
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