Polysemies

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HÉLÈNE DUCLOS PEINTURES BRODERIES DESSINS

POLYSÉMIES 1


ES

ThomeryThomery Paris

la forêt la forêt the forest the forest

Paris

Naît Naît en 1974 en 1974 Born Born in 1974in 1974

La Seine La Seine The Seine The Seine

Écoute Écoute les histoires, les histoires, les mythes les mythes et contes et contes familiaux familiaux Listened Listened to stories, to stories, myths myths ans family ans family tales tales Se fascine Se fascine très tôt très pour tôt pour les travaux les travaux de précision de précision auprèsauprès notamment notamment de de son grand-père son grand-père maternel maternel Was fascinated Was fascinated by precision by precision works works very early veryon, early notably on, notably by her by mother’s her mother’s father father Collabore Collabore avec des avecassociations des associations d’artistes d’artistes et desetartistes des artistes du spectacle du spectacle Joined Joined artists artists collective collective and worked and worked with with performing performing artists artists

Grandit Grandit au sein aud’une sein d’une famille famille de quatre de quatre enfants enfants Grew up Grew with up with three siblings three siblings Paris 1993

Paris 1993

ÉtudieÉtudie à l’ESAA à l’ESAA Duperré Duperré en création en création textiletextile StudiedStudied textile textile design design at l’ESAA at l’ESAA Duperré Duperré Montpellier Montpellier 1996 1996

Décide Décide de se consacrer de se consacrer à la peinture à la peinture Decided Decided to paint to paint full time full time Drôme Drôme 1999 1999

Haute-Vienne Haute-Vienne

Portugal Portugal Chine China Italie Italy

Chine China

Italie Italy Allemagne Allemagne Germany Germany

Cap VertCap Vert Cape Verde Cape Verde Sénégal Sénégal Senegal Senegal Montpellier Montpellier montagne montagne mountainmountain

VietnamVietnam Drôme Drôme

marionnettes marionnettes puppets puppets

décors décors sets sets

spectacles spectacles vivants vivants live showslive shows cirque circus

cirque circus

costumescostumes performances performances installations installations volume volume

arts textiles arts textiles textile arts textile arts

assemblage assemblage Se forme Se forme aux techniques aux techniques anciennes anciennes modelagemodelage de peinture de peinture à l’huile à l’huile sur bois surenduit bois enduit modeling modeling (technique (technique de l’icône) de l’icône) auprèsauprès d’Hélène d’Hélène Laflamme, Laflamme, peintre, peintre, recherches recherches plastiques plastiques artistic research artistic research et de Michel et de Michel De Mayer, De Mayer, broderie broderie facteur facteur de clavecin de clavecin embroidery embroidery Was trained Was trained by the by painter the painter dessin dessin HélèneHélène Laflamme Laflamme and and drawingdrawing MichelMichel De Mayer, De Mayer, a harpsichord a harpsichord maker,maker, peinture peinture to ancient to ancient techniques techniques paintingpainting gravuregravure of painting of painting on coated on coated wood, wood, etchings etchings technique technique used inused in the making the making expositions expositions of iconsof icons

exhibitions exhibitions

Suit Suit l’enseignement l’enseignement de Xuan de Xuan Chieu,Chieu, maîtremaître laqueur laqueur à Ho Chi à HoMinh Chi Minh Ville, Ville, Vietnam Vietnam Was trained Was trained by by Xuan Chieu, Xuan Chieu, a master a master of lacquer of lacquer in Ho Chi in Ho MinhCity, Chi MinhCity, Vietnam Vietnam depuis 2000 depuis 2000

chocolatchocolat noir noir dark chocolate dark chocolate

Élabore Élabore des univers des univers miniatures miniatures composés composés de peintures, de peintures, collages, collages, broderies, broderies, objetsobjets en volume en volume CreatedCreated miniature miniature universes universes composed composed of paintings, of paintings, collages, collages, embroideries embroideries and tri-dimentional and tri-dimentional objectsobjects

Expose Expose son travail son travail StartedStarted to exhibit to exhibit her works her works in 2000 in 2000

Ses œuvres Ses œuvres s’inscrivent s’inscrivent dans le dans paysage le paysage artistique artistique contemporain contemporain et fontetpartie font partie de collections de collections publiques publiques et privées et privées en France, en France, Belgique, Belgique, États-Unis, États-Unis, Canada, Canada, Allemagne, Allemagne, Angleterre, Angleterre, SuisseSuisse et Pays-Bas et Pays-Bas Her works Her works are are part ofpart the contemporary of the contemporary art scene artand scene areand in public are in public and private and private collections collections in France, in France, Belgium, Belgium, usa, Canada, usa, Canada, Germany, Germany, England, England, Switzerland Switzerland and Thand e Netherlands The Netherlands



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P O LY S É M I ES autour de l’œuvre d’hélène duclos


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Ă Marguerite & Nour


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hélène duclos, vigie à l’orée du monde par thierry delcourt

Destin tragique du rêve, pourquoi, sitôt le réveil, doit-il s’évaporer ? « Allez, debout, c’est plus le moment de rêvasser ! » Il faut laisser place à la réalité, mais quelle prétendue réalité justifie cette violente extraction ? Le rêve reste là, tapi, en lambeaux, prêt à surgir d’un recoin si une collision avec la vie concrète lui en offre la conjoncture. Il est des figures de rêve qui se refusent à céder, lieu étrange ou familier, parfum insolite, rencontre monstrueuse, survol léger d’un pays magique. Les résurgences incongrues signent l’énigme d’une vie ; c’est la rémanente matière impalpable de l’être. Cette collision avec la matière de notre imaginaire, Hélène Duclos est capable de la provoquer quand elle nous invite à entrer dans ses mondes interstitiels. L’apparence d’un doux murmure poétique peut égarer l’impatient, mais il suffit de s’arrêter un moment tout près de ses œuvres, de s’approcher plus près encore, là où guide son pinceau lumineux ; alors, c’est un tumulte qui emporte et fait tout oublier, du temps, de la réalité programmée et de ses vigiles. Cet oubli permet au regard d’entrer dans la danse des figures chimériques d’Hélène Duclos.

sans choquer, ni user d’un expressionnisme débordant et sanglant. C’est pour cela qu’il faut s’approcher tout près et entrer dans un conciliabule qui vient dire : « Regarde-toi, tu es des nôtres. » Alors, la prodigieuse alchimie d’Hélène Duclos nous rend la procession lumineuse, presque joyeuse ; elle entrouvre la porte de l’imaginaire du spect’acteur qui devient à son insu complice d’un exil troublant et poétique. La matière en mouvement cherche une lumière au cœur de l’être : entrelacs de fils colorés, vigoureuses traces primaires de couleurs vives, enluminures de visages en torsades grimaçantes, la lumière semble venir d’une profondeur matricielle. C’est ainsi qu’Hélène Duclos engage le dialogue. Ni discours, ni pensée, encore moins bavardage, le mouvement qu’elle induit et mobilise chez le regardeur, va, en un long ricochet, de la perception à l’émotion, de la sensation à la mémoire, de l’intuition à la pensée. Quand l’alchimie poétique parvient à cette heureuse collision, le défi est réussi. Et qu’importe ce que le spectateur en restituera, l’essentiel reste que le mouvement poétique soit parvenu à destination.

dessine - moi un mouton , raconte - moi une histoire  !

filiations et confidences

Je regarde et regarde encore, que se passe-t-il ? Ça déferle, ça m’émeut, ça me rappelle quelque chose de si familier et à la fois si lointain. Quand le bal grotesque de ses figures nous raconte quelque chose, c’est bien l’aventure de l’humanité dont il est question, non pas celle d’une glorieuse histoire, mais celle d’un dénuement qui taraude l’humain et le pousse toujours plus loin dans ses illusions. Hélène Duclos a dû franchir bien des épreuves pour transcrire aussi finement l’expropriation qui nous rend autre, insaisissable, mais semblable aux autres face à ce qui échappe et qui reste insu. Sa force est de le transmettre

On ne peut regarder les œuvres d’Hélène Duclos sans aussitôt les référer à celles d’artistes qui ont marqué l’histoire de l’art. Serait-ce le besoin de se « raccrocher aux branches » quand le vertige qu’elle provoque peut nous déstabiliser ? Oui, probablement, mais pas seulement. Comme nous, comme les artistes, Hélène Duclos est profondément imprégnée par l’art de ses ancêtres jusqu’aux peintures rupestres, mais aussi par la querelle des Anciens et des Modernes, par les révolutions esthétiques et la déconstruction de ses contemporains, sans pour autant se laisser séduire par les anecdotiques effets de mode. Son souci est : comment rendre, exprimer, s’approprier,


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et comment s’inscrire dans ce mouvement perpétuel de la création, en peinture comme dans tous les domaines de l’art ? Pas étonnant que mon regard étonné invoque les êtres chimériques de Bosch, les corps en souffrance de Bruegel l’Ancien, les visages grimaçants de Goya, La femme qui pleure de Picasso, le bal carnavalesque d’Ensor, les processions macabres de Devolder, pour ne citer que ce qui me vint à l’esprit face aux œuvres d’Hélène Duclos. Pourtant, à y regarder de près, ces influences s’arrêtent aux portes de l’irréductible originalité de son expression qui n’écarte aucune question : technique, esthétique, politique, historique, morale. Hélène Duclos propose, sans l’imposer, son entrée dans un univers que les Anciens ont depuis longtemps fréquenté, et auquel ils nous ont initiés. Comme nous, mais à un autre niveau dans son processus de création, elle dialogue avec ces artistes, les côtoie, les cite d’une virgule de couleur complice, les invoque pour mieux rendre en peinture, avec plus d’acuité.

la nuit des temps et les égarés Les exilés, âmes et corps suspendus, flottent dans un espace sans nom. Otages d’un temps d’errance infinie, les figures d’Hélène Duclos basculent et s’accrochent dans les anfractuosités d’un fond inamical. Elles ne trouvent refuge que d’être rassemblées en communautés précaires sans intention autre que d’être là, hors d’attente. Elles font corps, dansent, crient et protestent ; elles appellent, jouent et se désespèrent. Leurs rituels ne sont pas inconsistants. Ils relèvent de danses macabres, de fêtes dionysiaques, de suppliques aux portes des enfers. El sueño de la razón produce monstruos, « Le sommeil de la raison produit des monstres », titrait Goya pour une de ses plus célèbres gravures de la série Les Caprices. La proposition vaut d’être inversée. Les monstres de nos cauchemars ne seraient-ils, après tout, qu’apprentissage imaginaire dans notre espoir de maîtriser un réel terrifiant ? Probablement, si on considère ce que ladite raison, imperturbable, produit de monstres d’acier, de poudre, de torture et de massacres qui laissent sceptiques quant à l’espérance de bonté humaine. L’univers d’Hélène Duclos brasse les temps et les espaces mêlés des mondes entre réel, imaginaire et symbolique. Elle travaille sur une humanité virtuelle et déploie les coulisses ou l’envers du monde plutôt qu’un monde sans fond. La profondeur du fond du monde devient abyssale dans certaines de ses

toiles. Il me semble qu’elle nous montre ainsi à quel point les fondations ont été mises à mal. Les communautés humaines en portent la responsabilité entière ; elles risquent d’y faire naufrage et de se perdre corps et biens, et malgré cela le saccage se poursuit.

de la « nef des fous  » à la barque sacrée Même si le ton est grave, la matière que travaille Hélène Duclos cherche la lumière, et donc l’espoir d’un monde meilleur. L’imaginaire représente aussi une force inouïe pour lutter contre la barbarie. Quelle tendresse, une fois le refuge trouvé ! Nid douillet, ventre maternel, barque instable, arche généreuse, Hélène sait nous ménager des espaces de repos et d’apaisement. La suspension n’est pas que vertige et risque de basculement, elle est aussi légèreté, amorce d’un envol dans des Mondes limitrophes, des Mondes mobiles et sonores, ceux que transcrit l’artiste et son imaginaire prolifique. Gare à toi, spectateur, si tu t’approches, attentif à ses œuvres, tu risques de ne plus te détacher et de voyager longtemps dans un entre-deuxmondes dont la force de gravité et l’attractivité ont un réel pouvoir de fascination ! C’est une épopée mystérieuse où fourmillent des peuples en mouvement dans leur nudité, leur dépouillement, et donc leur vérité. On aimerait résoudre l’énigme, comprendre pourquoi ces figures sont là, ce qu’elles cherchent, où elles vont. On ne peut s’empêcher d’y plaquer nos petites mythologies, en quête de transcendance. On ne peut éviter de chercher à mettre du sens sur ces visages, ces corps, ces mouvements. L’évolution de l’œuvre d’Hélène Duclos peut nous aider à décrypter la symbolique de ces figures et de leurs circulations dans l’espace de la toile. Elle semble avoir opéré un tournant autour de l’année 2008. Elle est passée d’une expression chargée d’un corps en situation à un espace dans lequel se meuvent des corps multiples et minuscules. Elle a quitté une présence charnelle, incarnée, montrée, intense, pour aller vers une atmosphère et une temporalité autres, où souffle la présence légère, intime et codée. Son lyrisme s’est mué en charade et promesse d’épopée que, au fil de l’œuvre, le spectateur se raconte sans autre contrainte que sa servitude. Ce qui était montré et suscitait la sensation devient ce qui s’entrouvre, se devine, s’imagine. Même si Hélène Duclos reste intuitive quand elle crée, se laissant guider par la matière qu’elle met en mouvement, elle semble, depuis


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quelques années, tracer une cosmogonie portée par ses perceptions et sa pensée du monde. Elle ne cesse de creuser ce qui échappe, tel l’archéologue planté au milieu du désert et qui fouille, qui fouille sans relâche, à la recherche de la barque sacrée, celle qui mène à l’autre monde, mythique et improbable.

diagramme poétique et strates conceptuelles Hélène Duclos a osé tenter un Diagramme de l’œuvre en cours qui mue au rythme de sa création. Ce diagramme, on peut le regarder comme un tableau, et cela, même sans avoir vu les œuvres de l’artiste. Tel le rêve cosmogonique d’un créateur d’art brut ou l’essai de schéma heuristique du scientifique qui veut maîtriser des interconnexions complexes, le diagramme d’Hélène Duclos pourrait être considéré comme un archivage intelligent, ou plutôt la direction de sens de sa création, l’agencement de ses intuitions, qu’elle laisse se dérouler jusqu’à donner corps à une conceptualisation singulière de son œuvre. Certes, il y a de cela dans sa démarche, mais si on se laisse glisser au fil du diagramme, de sections en volutes, de mots-concepts en titres évocateurs, la promenade se révèle tout autant poésie que machine à penser. Les mots sont des images, les images convoquent les mots ; la pensée devient un alliage composite de mots et d’images, alchimie de trajets de la pensée en réseau poétique. Encadrés, on repère au premier abord les nœuds d’interconnexion, organisant le diagramme : Les signes du temps1 , Les mondes mobiles2 , L’envers des mondes, Peuples dehors3 … Ce sont les titres des séries qu’explore Hélène Duclos dans le continuum de son œuvre. Puis, l’œil s’arrête au fil de la balade poétique sur des paysages de mots : Ce qui s’entend à travers les nuages, Les familles recomposées, Les refuges nourriciers, L’oiseau au masque de bois, Les barques nocturnes, Espaces cacophoniques, Opéra des croyances, La porteuse de dragon, Le manège des fous, Les délicieux jardiniers, Rouge colère, Le totem au nuage rose, Les territoires fluctuants… Avouez que ça donne envie d’explorer plus avant l’efflorescence de sa création ! Son diagramme apparaît comme une structure solide. Il ne s’agit pas d’une arborescence allant des racines vers un tronc unique et ses multiples branches qui en dépendent hiérarchiquement. Hélène Duclos nous propose un diagramme en forme de réseau, de rhizome : il n’y a pas de centre ni de hiérarchie verticale, mais des interconnexions qui se réenclenchent mutuellement aux carrefours des sections elles-mêmes interconnectées. Pour elle, c’est 1 Les signes du temps p. 42, 43, 99 à 104 2 Les mondes mobiles p. 38, 39 3 Peuples dehors p. 70, 71

l’assurance de créer sans intention délibérée, sans concepts préalables, au gré d’une intuition sans directives et de la seule préoccupation du matériau qu’elle travaille : peinture, support, broderie, dessin, mais aussi matière primordiale et fantasmatique d’un imaginaire en prise sur la matrice de son être. Il est toujours difficile pour un artiste de dire la forme intuitive et souvent irrépressible qui le travaille et qu’il travaille dans son acte créateur. Le recours à la poésie est une voie royale pour dire l’œuvre, sans la fixer trop brutalement à un sens, un concept ou une école. Le défi d’Hélène Duclos, à mon avis réussi, est de parvenir, dans le second temps de l’acte créatif, à donner une profondeur nouvelle à sa composition grâce à ce diagramme qui propose des voies poétiques sans rien fermer de la riche polysémie de ses œuvres. Et ça ne manque pas de nous faire penser, mieux que la raison, mieux que les théories, mais jamais sans elles.

plongée dans les mondes interstitiels Espaces cacophoniques, 24 Un flux bleu sinueux me guide vers une coquille de noix dans laquelle s’agglutinent des êtres qui appellent à l’aide, au bord de l’agonie. Boat people, nef des égarés livrés à eux-mêmes, sans ancrage ni port d’attache, le trait vif, fondu et lumineux accentue un drame aussi poignant que microscopique. On voudrait bien les sauver, mais ils sont si petits, laissons-les couler. Sur un nuage noir, un être solaire au visage étonné esquisse un signe. Que veut cet admoniteur ? Il accentue l’émotion, et sa juste présence m’incite à les sauver. Dans cet espace tourmenté, le focus sur ces images disparates suscite l’écho empathique et convoque une humanité en soi. Observatoire du silence et du plein, 4 Dans le silence des espaces insondables, trois êtres improbables tombent infiniment ; ce ne sont pas le tumulus gris ruiné et sans accroche ni la tache ponctuant la toile de son rouge vibrant qui vont stopper la chute. Je me perds dans le vertige sans espoir de salut, à moins de l’envisager comme un rêve léger d’apesanteur ou de nage cosmique. Zone d’enregistrement, 1, 2, 35 Passagers du vol 1, 2, 3, vous êtes attendus en zone d’enregistrement ; veuillez vous munir d’une pièce d’identité ; embarquement aux portes de l’enfer. Ce n’est plus le moment ni la peine de copuler, de vous battre ou de vous enquérir de nourriture. Vous partez sans retour vers les profondeurs obscures de l’éternité. 4 Espaces cacophoniques, 2 p. 1 à 8 5 Zone d’enregistrement p. 90 et 73, 75


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La bousculade des corps entremêlés de Zone d’enregistrement, 11 est chaleureuse, lumineuse, mais son rougeoiement de désir est promesse des feux de l’enfer. Se côtoient humains et centaures, monstres et figures mythologiques qui cabriolent sur une montagne sacrée. Il fallait s’y attendre, Zone d’enregistrement, 2 nous fait pénétrer en coupe sombre dans le piège d’un entre-deux-mondes où gisent les enregistrés. Ces poches noires évoquent celle d’Antonin Artaud. Puis, c’est le réveil pathétique dans la Zone d’enregistrement, 32 , obscure caverne sans issue, sans horizon, d’un noir éternel dont le seul espoir est de produire une tourbe utile pour réchauffer les rescapés. Le mouvement puissant de ces toiles accentue l’intensité dramatique des scènes et des fonds qui passent de la lumière à l’encre noire. La folle énergie laisse place au figement, puis à l’appel sans espoir de lumière. Tropisme, 9 Dans un espace incertain qui rappelle la tradition picturale des paysages à l’encre de Chine, Hélène Duclos coiffe une scène intime d’un nuage montagneux estompé, tel un parapluie qui protège de la tourmente. Qu’attendent-ils, ces deux êtres blottis l’un contre l’autre, face à un tumulus rouge chaud ? On sait, par d’autres toiles de la série Tropisme3 , qu’il peut tout aussi bien s’agir d’un volcan que d’un monstre dissimulé. La tendresse de ces deux frêles créatures qui semblent s’aimer ne peut faire oublier le désastre de Tropisme, 3 quand les émanations de gaz du cratère ont ravagé le peuple démuni. Théâtre des circonstances4 Je ne cesse de regarder cette grande broderie d’une infinie tendresse. Comme L’enfant de la rivière5 , Théâtre des circonstances dessine un monde magique où chaque figure ouvre sur un rêve de sensations éphémères, sans pensée, sans histoire. Au centre, je ne sais pourquoi, un visage agit sur moi tel un miroir. Il interroge, mélancolique, tout en semblant désigner le lieu de son angoisse. Comme d’autres figures, il est suspendu dans une immensité sans repères ; il ne bénéficie pas de la fine délimitation d’un bout de tissu cousu dans l’espace vide qui stabilise la chute. Paradoxe que de penser, en regardant cette broderie, à une mélancolie espiègle, à un bestiaire joyeux malgré sa monstruosité. Clin d’œil à Magritte, seuls l’humour et le burlesque permettent d’affronter les choses sérieuses.

1 Zone d’enregistrement, 1 p. 90 2 Zone d’enregistrement, 3 p. 73, 75 3 Tropisme p. 64, 65, 87 4 Théâtre des circonstances p.53, 55 5 L’enfant de la rivière p. 57

de la finitude à l ’ originel La poésie ne suffit pas pour interpréter les sensations primordiales et la pensée en mouvement que suscite l’œuvre d’Hélène Duclos. Mais après tout, laissons-nous porter par une empathie avec ses figures de rêve familières prises dans le tourbillon de ce qu’elle nomme si bien ses Mondes limitrophes. J’aime à penser que montrer certaines œuvres d’Hélène Duclos peut aider l’enfant terrassé par un cauchemar monstrueux à se rendormir avec un sourire de contentement. C’est en acceptant sa finitude, sa nudité, sans mensonge ni croyance mais avec ses chimères, qu’il peut s’inscrire paisiblement dans le monde incertain qui l’accueille. Janvier 2014.

Thierry Delcourt est psychiatre, psychanalyste et auteur de textes autour du processus de création artistique et des conditions d’une créativité existentielle et sociale.


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avec une pointe sèche ou un cutter entretien avec hélène duclos par jean-daniel mohier

JEAN-DANIEL MOHIER

Quelles ont été vos premières émo-

tions picturales ? HÉLÈNE DUCLOS Enfant, les murs de la maison accueillaient les tableaux de mon grand-père, ceux de ma mère aussi : des paysages essentiellement. Et puis il y avait, de l’autre côté, chez mes grands-parents paternels, un laque, rapporté d’Indochine, pays où ma famille paternelle a vécu de longues années. Ce laque exerçait sur moi une sorte de fascination : le fond rouge foncé et les jonques dorées circulant dans la baie d’Along. Je l’ai toujours eu en mémoire. JDM

Et que s’est-il passé entre ces émotions et le moment où vous avez décidé de devenir artiste ? HD

Devenir artiste… Est-ce une décision ? La route est longue, périlleuse, exigeante et, tout au long de ce périple, le désir de la création s’impose de manière très diverse. Il y a des rencontres déterminantes. Des guides ont ouvert mon champ des possibles, comme Anne Képéklian, dont j’ai reçu l’enseignement à l’école des Arts appliqués Duperré. Après mes études, j’ai voyagé et travaillé dans plusieurs domaines différents tout en continuant à faire mes recherches plastiques. J’ai eu plusieurs ateliers parmi lesquels celui que j’ai occupé dans la Drôme, dans une ancienne manufacture de cardes appartenant à Hélène Laflamme, une femme et une peintre remarquables. L’endroit était magique. Elle m’a accueillie, soutenue et conseillée dans mon travail durant deux ans. Elle aussi m’a guidée vers mon destin de peintre. JDM

Vous donnez l’impression que vous avez été appelée comme d’autres reçoivent une vocation au sens religieux. HD J’ai l’impression que je suis soumise à une injonction, un ordre auquel je ne peux me dérober. Régulièrement, la peinture prend toute la place, tout mon temps, toutes mes forces. Ce n’est pas toujours facile à vivre, mais c’est ainsi

que je trouve du sens à l’existence, c’est sans doute ma façon de me sentir reliée. JDM

Cela sonne comme une nécessité vitale pour vous.

HD

Oui, c’est vital. J’ai cette « chose » à faire durant ce laps de vie qui m’a été donné sur Terre. Cette chose grandit. Cette chose n’est pas moi, n’est pas à moi. Elle vient de toutes parts, de tout le monde, à tout moment et sans prévenir. JDM Il semblerait que la liberté tienne une place importante dans votre travail. HD Peut-on appeler liberté le fait de se laisser conduire par la peinture elle-même dans l’espace de la toile, dans le temps aussi ? On peut se perdre à ce jeu : descendre au fond de soi-même est douloureux, chercher sa voix intérieure est un risque. Mais, en même temps, c’est le rôle de l’artiste, du peintre : reconnaître et rendre visible ces territoires si lointains. C’est un privilège, une forme de liberté donc, qui, à un certain moment, peut devenir un poids. JDM Ce qui me frappe dans votre travail, c’est la différence entre les tableaux que vous faisiez il y a cinq ou six ans et ceux d’aujourd’hui. On reconnaît votre touche, mais il y a selon moi une vraie différence. Aujourd’hui on est dans un univers qui comporte de multiples personnages assez petits par rapport à l’échelle du tableau, alors qu’avant on avait généralement une figure plus ou moins centrale qui remplissait assez facilement l’espace. Il y a aussi des jeux d’échelles à l’intérieur même des œuvres. HD C’est une question de point de vue. Il faut prendre du temps pour entrer dans mes tableaux, le spectateur ne peut avoir qu’une vision très fragmentée de mon cheminement. Aujourd’hui, c’est vrai, mes tableaux comportent d’infimes détails, une multitude de personnages miniatures dans un espace indéfini. Il faut se reculer, s’approcher, cela demande un effort. Et l’effet produit n’est pas le même de près ou de loin ; il est d’ailleurs intéressant d’en faire l’expérience.


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Quant à la question du format, c’est important pour moi de passer du petit au très grand. Je suis appelée à un moment donné dans une direction, mais je n’ai pas de plan, alors, pour trouver mon chemin, je tâtonne, j’emprunte des raccourcis, des déviations. Pour me repérer je dois travailler sur toutes sortes de formats, car selon la surface de travail, le corps, le regard – le point de vue – et l’esprit réagissent différemment : ce sont ces points de rencontres qui m’orientent. Je trouve intéressant de me laisser porter, me perdre, faire des repérages pour me retrouver. Mes toiles sont peut-être comme des cartographies d’un monde et d’un instant. JDM Vos personnages sont plus nombreux et plus petits et, en même temps, ils sont plus précis. En éloignant votre point de vue, vous semblez être plus attentive à chaque détail. HD Plus j’avance dans mon œuvre, plus j’ai l’impression que tout est déjà là, comme si j’étais constituée de milliers de petits paquets qui, au fur et à mesure que je les ouvre, révèlent un trésor. Au départ, il y a la surprise, et plus je les regarde, plus j’établis des liens avec mon histoire, plus je vais chercher loin dans le détail et la précision. Cela donne une force mystérieuse et stimulante qui dirige le travail. Je suis toujours à l’écoute de cette voix intérieure. JDM

Il est vrai que vos tableaux se situent souvent dans des espaces assez abstraits et difficiles à rapporter à un plan géométrique. HD Je suis davantage intéressée par la transcription de nos mondes intérieurs que par la transcription d’une réalité extérieure qui reste pour moi liée à une mode, à un contexte historique. S’il m’arrive d’introduire des signes ou des éléments identifiables comme des avions, des plantes, des montgolfières, des ponts, des maisons… je dirais que je les utilise comme symbole ou comme métaphore d’un sentiment. Ma peinture est en ce sens un travail introspectif et intemporel. Le peintre a cette capacité de détourner, ralentir ou accélérer le regard, creuser la matière, approfondir l’espace et ainsi aider à se recueillir. C’est un aspect du métier qui me passionne. JDM On comprend beaucoup mieux, à vous écouter, la fonction des îlots de personnages que vous représentez. Il semble en effet difficile de représenter sur un plan bien ordonné, ou d’une façon graphique, l’enchevêtrement de pensées qui peuvent venir à l’esprit à un moment donné. Mais en regardant vos tableaux, on se dit qu’il y a certainement des ponts entre un îlot de personnages et un autre, plus ou moins visibles, plus ou moins compréhensibles. Que ces îlots qui ne sont liés par aucune perspective ou même hiérarchie

apparente pourraient presque rappeler une littérature du flux de conscience, comme celle de Joyce, par exemple. HD Je joue avec la surface, la matière, la couleur, et à ce jeu s’ajoute le flux de conscience comme vous dites, ou plutôt le flux de l’inconscience… Un flux du reste dévorateur : à la fois chaotique, vrombissant, sempiternel et extrêmement logique, obsessionnel, résultant du fond intérieur de mon caractère. Je peux peindre, écouter une émission et, en même temps, entrer profondément en moi-même, dans mes questions du moment. Cela provoque un état qui lui-même engendre un mouvement qui s’inscrit sur le tableau sous une forme variable : une tache, un trait, une épaisseur, un effacement… Le retour à un niveau de conscience permet d’établir un lien entre la tache, le trait, l’épaisseur ou l’effacement. Et c’est ainsi que le tableau se construit, dans un va-etvient incessant, plus ou moins rapide, entre un certain niveau de conscience et une plongée dans l’inconscient. JDM Votre travail serait donc en partie le fruit d’une imprégnation sonore. HD Je pense que je ne pourrais absolument pas peindre dans un silence total. Mon environnement sonore est un cadre de travail dans lequel je trouve des repères. Il m’aide à transcrire la partie non énonçable de ma pensée. JDM Il y a selon moi quelque chose de très musical dans vos tableaux, et plus ils sont grands, plus on ressent ce côté musical. On retrouve même dans ces images un côté très abstrait, tout comme dans la musique. Vous réalisez donc un pont entre une certaine abstraction parfois difficile à saisir et des choses beaucoup plus concrètes. Ces personnages que vous représentez pourraient être autre chose, de l’ordre de la calligraphie ou de la partition, quelque chose de très rythmé. HD

Dans mes petits tableaux, la musique existe aussi cependant : l’espace est plus petit, il faut tendre davantage l’oreille ! Je suis fascinée par les musiciens qui utilisent la musique comme une matière, un territoire expérimental de rencontres improbables. Ils jouent avec leurs instruments en fonction du lieu, de l’écho, en fonction du contexte aussi. Quand je peins, je suis un peu dans cet état-là. Je ne sais pas ce que je vais faire, je suis dans l’instant présent, dans l’écoute de l’instant, dans le lâcher-prise donc – du moins c’est l’état que je cherche. Lorsque mes fonds sont prêts, après plusieurs mois, j’utilise d’autres outils, plus fins, plus souples, mon geste se délie, j’exécute des mouvements assez rapides sur ma toile, je compose avec mon souffle. Vous parliez de calligraphie et de rythme, vous avez raison…


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JDM HD

Comment travaillez-vous vos grattages ?

costume, on est dans la question d’un possible rituel, mais si c’est un personnage moitié homme moitié animal, on est dans une possible mythologie.

Avec une pointe sèche ou un cutter. JDM Ces grattages semblent être réservés uniquement aux éléments d’architecture, jamais aux personnages.

HD Oui, quasiment. Le personnage doit toujours naître de la matière, du liquide, de l’aléatoire donc. Je ne peux pas le faire avec la pointe sèche, qui est un outil de précision. Je pense que le rythme de la touche est important : il y a des fonds et des éléments que je ne peux obtenir sans vitesse, ou au contraire, sans lenteur. Je joue avec la couleur de la peinture, sa matière. Je joue avec le vide, le plein, l’apparition, la disparition, avec le foncé, le clair, les couleurs chaudes, froides, le doux, le sec, le liquide, le gras, le maigre, le blanc, le noir, l’empâtement, la déchirure, le grattage. C’est comme si j’improvisais sur une partition : il y a une grammaire connue, apprise, intégrée, puis une liberté d’interprétation de cette grammaire pendant que l’œuvre se réalise. Et plus je maîtrise ma grammaire, plus la liberté d’interprétation est grande, c’est-à-dire plus l’esprit est capable de prendre en compte la complexité de tout ce qu’il a à sa disposition, plus il est capable d’ouvrir vers d’autres dimensions. Cela n’a pas forcément à voir avec le style final : à savoir si le tableau est abstrait, figuratif, expressionniste, que sais-je encore… Mais cela a à voir avec la réalisation ellemême, dans ce temps-là. L’acte créateur implique une conjonction de phénomènes inconnus, innombrables et innommables. JDM Vous disiez qu’il n’y avait pas nécessairement de narration, peut-être dans le sens où vous n’avez pas conscience des histoires qui peuvent se raconter dans vos toiles – ou que, sans doute, vous n’en imposez aucune ; mais pourtant, en regardant ces tableaux, il est très difficile de ne pas se faire sa petite histoire. HD Pour le spectateur, peut-être… Mes êtres mianimaux, mi-végétaux, s’embrassent, se montrent du doigt, se jugent, se quittent, se transforment, se redressent, se roulent par terre… Mais ce n’est pas moi qui décide, je ne me raconte pas d’histoire quand je peins. J’écoute la radio, les émissions sur le monde, l’actualité, la guerre en Syrie, les avancées de la médecine… et mon corps peint pendant que mon esprit absorbe. Le spectateur continue l’œuvre, voit ce qu’il a envie d’y voir, ou ce qu’il croit voir en fonction de sa propre histoire. JDM Vous n’êtes donc clairement pas dans une peinture d’histoire, mais néanmoins votre peinture me semble être proche d’une certaine mythologie. Ce personnage porte-t-il un costume d’animal ou est-il à moitié animal ? Voilà le genre de question qui revient souvent lorsque je regarde vos œuvres. Si c’est un

HD Il y a quelque chose de cet ordre-là. Ce qui nous construit et nous rassemble : les mythes, les contes, les cérémonies, les rituels, les croyances, tout ce qui rend notre vie humaine réelle, tout ce qui donne sens, sont des points de départs de mes recherches. Le fait d’appartenir à un groupe et de faire partie d’une histoire est quelque chose qui me pose question. Comment l’humanité peut-elle avancer dans tant de complexité, d’enchevêtrement… La science nous permet de mieux comprendre l’univers, le corps, le cerveau, les fonctionnements psychiques entre autres, mais je me demande si on ne s’éloigne pas du socle, des fondamentaux, de ce qui nous réunit. Il y a comme une perte du sens, une perte de la profondeur de la vie. À force, nous nageons en surface, nous perdons nos racines, nous devenons fragiles et désorientés. Il me semble aussi qu’en externalisant de plus en plus nos organes et nos membres, ou tout du moins leur fonction, notre corps n’a plus les mêmes limites. Notre mémoire est contenue dans des machines stockées dans l’espace, loin de nous, des outils de précisions agissent à notre place… C’est pourquoi s’intéresser à notre psychisme et à notre corps, c’est aussi comprendre le sens, le mécanisme de la pensée et des émotions humaines, comprendre le chemin qu’elles empruntent au travers de nos organes et de nos membres pour aller au-delà de nous, hors de notre individu. Ainsi se créent des espaces sans cesse en mouvement, des espaces qui nous lient les uns aux autres ou au contraire qui nous séparent. Ce sont ces espaces qui m’intéressent. Et tout cela est évoqué dans ma peinture, par la matière, par les couleurs, les formes. J’utilise aussi des métaphores comme la barque, les manèges, les tas… JDM

Les tas ?

HD

Ces espèces d’amoncellement de choses, pouvant évoquer un habitat, mais aussi une métaphore de notre mémoire : ces tas pourraient représenter l’ampleur de la mémoire que l’on traîne, que l’on stocke. JDM Je trouve que vos compositions sont très atypiques, notamment dans les séries plus récentes avec ces petits personnages. On peut penser à deux peintres par exemple, Jérôme Bosch et Marc Chagall. HD Je n’ai pas de peintre favori… mais j’ai des centaines de peintres de références ! Ils m’intéressent tous et je peux être influencée par deux ou trois peintres en même temps, faire des liens entre eux et les faire cohabiter alors qu’ils ne sont ni de la même époque ni de la même culture. Si je


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ne cite pas précisément de peintres ou d’artistes en référence à mon travail, c’est parce que je ne me sens pas dans une linéarité, je ne me sens pas dans une continuité mais plutôt dans une sorte de « matière totale », dans laquelle mon travail existe déjà, aux côtés de tous les autres artistes, majeurs, mineurs, connus, inconnus, grands, petits… et que j’ai en charge de déblayer pour donner à voir au spectateur de mon temps. C’est pourquoi il y a sans doute des morceaux, des échos de Bosch ou de Miró, ou même des références à l’Orient, comme on me le dit. Ce qui est intéressant, c’est de regarder l’œuvre avec notre regard d’aujourd’hui. JDM Vous parliez de la surprise, du fait que vous ne savez jamais précisément où vous allez, qu’une forme que vous avez écrite va vous inspirer un personnage. Mais en même temps, vous avez ce diagramme qui est d’ailleurs très beau et mystérieux, qui se ramifie, de genres en sous-genres, et qui a l’air très précis et programmatique, comme si vous aviez tel monde à remplir avec tant de tableaux. Comme si vous étiez en train de faire une œuvre complète et prévue, préparée. Comme si vous connaissiez le chemin à parcourir. HD

Vers 2008, j’ai commencé à donner des titres et à faire des groupes ; les tableaux précédents sont sans titre, référencés avec un numéro et l’année. Les titres sont ensuite devenus nécessaires : non descriptifs, ils créent ainsi une distance. J’ai commencé à les représenter sous forme graphique, et une carte cognitive en a résulté de sorte que la recherche de titres est presque devenue une recherche artistique à part entière. La forme de cette carte est destinée à se transformer. Je pense approfondir cet aspect-là de mon travail d’ailleurs, aller plus loin dans les niveaux de représentation de la pensée et du processus créatif. JDM

La première fois que je l’ai vu, j’ai pensé que c’était une très belle œuvre. Je ne savais pas exactement ce que c’était, cela m’évoquait La carte de Tendre de Mlle de Scudéry. Ces bulles allongées font aussi penser à des enluminures médiévales. HD

J’avais simplement besoin de cartographier mon travail, de le représenter dans l’espace pour chercher une logique. JDM

Personnellement, en voyant cette carte, je me suis senti beaucoup plus proche de votre travail, comme si j’avais eu accès à votre inconscient. Je ne comprends pas nécessairement ce qui s’y passe, mais je vois les chemins qu’il emprunte. HD

C’est possible.

JDM En entendant vos titres, je me dis que vous devez être sensible à la poésie, et que l’on pourrait assimiler ce diagramme à une sorte de calligramme ou quelque chose de très proche d’une poésie où la forme même des mots et leur emplacement sur la feuille est importante. Quel est votre rapport à la poésie ? HD Je me suis effectivement beaucoup intéressée à la poésie contemporaine. Certains poètes comme Caroline Sagot-Duvauroux, Hervé Piekarski, utilisent les mots comme une matière, un matériau : ils sont comme des sculpteurs taillant dans un bloc de mots pour en sortir une forme nouvelle. Ils peuvent jouer avec une ou plusieurs langues et les mélanger : ils pourront alors décrire la sensation de l’objet plutôt que l’objet lui-même. J’aime l’idée de l’expérimentation : confronter et associer des éléments qui n’obéissent pas forcément à la même logique au départ. JDM Chaque titre correspond donc à une série d’œuvres. Complétez-vous des séries passées ? HD

Cela peut arriver… JDM Et, visuellement, les tableaux d’une même famille se ressemblent-ils ?

HD Pas forcément… Les tableaux peuvent d’ailleurs être exposés séparément. JDM Vous travaillez aussi le dessin, la gravure et la broderie. Est-ce que passer d’un médium à l’autre crée une différence pour vous ? HD

Oui, il y a une grande différence issue du matériau et du support même. Contrairement à beaucoup de peintres, mes dessins ne sont pas préparatoires. Ils sont issus de mes peintures, j’extrais le dessin qui existe dans la matière. JDM

Ce travail original, à partir d’une peinture, restet-il identifiable une fois le dessin terminé ? HD Je ne sais pas. Ils me servent à créer les gravures et les broderies qui elles-mêmes influencent mes peintures. Les techniques sont très différentes mais elles s’enrichissent et se complètent. Pour moi, il y a une grande logique entre toutes mes pratiques, mais je ne suis pas en mesure de l’expliquer. Je pense que tout cela vient de très loin, de mémoires très anciennes, et qu’il y a des étapes de ma vie au cours desquelles de nouvelles formes de création apparaissent et donnent un nouvel éclairage à ce qui existe déjà. Peut-être que le travail sur la carte cognitive m’aidera à éclaircir certains points. JDM Dans la toile que nous avons sous les yeux, Les mondes limitrophes, 6, chaque personnage est isolé dans une forme un peu circulaire ou ovoïde, blanche ou noire, qui apparemment ne répond pas


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à une règle précise, qui n’a pas grand-chose à voir avec le fait que ce soit un homme ou une femme par exemple. HD La série intitulée Les mondes limitrophes1 comprend dix à quinze tableaux. Je m’interroge sur les limites de notre corps. Je crois aussi au fait que nous sommes entourés d’enveloppes invisibles qui nous protègent et nous caractérisent. Ce sont des enveloppes qui nous précèdent peut-être même avant notre naissance. J’imagine que ces enveloppes interfèrent dans nos relations aux autres et au monde. Je me demande si elles sont toujours les mêmes ou si elles muent, voire s’échangent, si elles ont un rôle dans le développement de notre personnalité. JDM Cela me fait penser à ce que l’on appelle la proxémie, la science qui traite des rapprochements physiques dans les comportements humains, qui porte l’idée d’une bulle privée qui nous entoure. Ce qui m’intéresse, par exemple, avec ce couple et cet enfant, ce sont les deux bulles qui se joignent, un personnage rentre dans la sphère de l’autre, la bulle noire rentre dans la bulle blanche, à d’autres endroits il y a un pied qui dépasse et qui, tout à coup, est entouré d’une bulle d’une autre couleur alors que le personnage est dans une bulle noire. HD Oui, c’est la question de la limite, du territoire de chacun ou d’un groupe. Je me réfère souvent à un livre sur le textile africain : l’agencement, la composition des motifs, souvent abstraits, tissés ou brodés, m’ont toujours fait penser à une cartographie des enveloppes humaines et de leur disposition dans l’espace collectif. Je ne sais pas pourquoi. Ces tableaux-là sont issus en partie de mon questionnement propre et en partie de mon regard porté sur ces textiles incroyables. JDM Certains personnages sont également assez mystérieux, comme celui qui a une tête plus grande que la normale, comme s’il portait un masque. HD Nous ne connaissons notre visage qu’à travers le reflet du miroir, le cliché photographique, le toucher, le regard de l’autre. On recrée sans cesse l’image de soi et on en a une sensation intérieure. Quand je démultiplie les visages, c’est parce que le modèle que j’ai du mien est multiple et que le regard que j’ai sur le visage des autres est également multiple. Les visages des gens que l’on regarde sont en mouvement, se transforment avec les émotions, la lumière, les ombres, et notre regard est aussi en mouvement, en interaction avec nos émotions, la lumière, les ombres. Si je démultiplie un visage, un corps, si je le rends difforme aux yeux des spectateurs, c’est seulement parce que je n’arrive pas à avoir une vision fixe, totale et normative d’un corps. Ma vision est guidée par l’émotion, par l’impression que me

1 Les mondes limitrophes p. 25 à 27

laisse le sujet regardé et, le cas échéant, le sujet regardant. Le regard est guidé par l’idée que nous nous faisons du sujet. Le réel est une question de point de vue qui se modifie à tout moment. JDM La perception que nous avons de notre propre corps n’est pas nécessairement celle que les autres ont de nous-mêmes. HD Non, et cela est très complexe car en mouvement permanent : la perception de soi, la perception des autres. JDM

Quand vous montrez des personnages avec deux visages accolés ou mélangés, vous n’êtes ni dans le masque ni dans le monstre. Vous êtes dans deux sensations à deux moments donnés. On pourrait presque rapprocher cela du programme des cubistes synthétiques qui montrent toutes les faces d’un objet en même temps. HD En quelque sorte. Mais mon but n’est pas de montrer toutes les facettes d’un objet en même temps mais plus de travailler sur la représentation de la multiplicité des sensations que l’on a de l’objet… JDM Vous parle-t-on d’un certain symbolisme dans vos tableaux ? J’ai du mal à ne pas penser qu’il y a un sens caché dans certains d’entre eux. Si l’on regarde ce tableau, Les espaces généalogiques, 22, avec cette femme qui a quatre ou cinq paires de seins, je ne peux m’empêcher de penser à la fameuse louve de Remus et Romulus. De même ce personnage à deux visages est énigmatique, il a une grande puissance évocatrice, même si aucune histoire n’est racontée et que l’on n’est jamais dans l’illustration d’une histoire. HD

Nous portons tous des histoires très anciennes, très lointaines, des histoires qui ne paraissent pas nous appartenir, qui appartiennent peut-être au règne végétal et animal aussi… Notre monde est constitué de plusieurs espaces contraires et complémentaires qui s’imbriquent les uns dans les autres : les artistes peuvent franchir ces espaces, le doivent même, pour récolter des données, les agencer et ainsi faire naître des propositions destinées à enrichir le regard que nous avons sur notre monde et, notamment, sur notre monde intérieur, inconscient, inconnu. Il n’est pas obligatoire d’y mettre un sens, ni des mots. Il faut simplement se laisser aller à la contemplation et sentir s’ouvrir nos propres portes intérieures, l’accès aux espaces secrets en quelque sorte. JDM

Cherchez-vous à créer un mystère ?

HD

Dans mes tableaux se cachent des zones de doutes, des espaces inachevés pour que le spectateur puisse y trouver une place libre, une place à lui. Ces zones ne sont pas les fruits du hasard, mais résultent d’un jeu complexe entre la surface, la matière et le geste. Les fonds également sont 2L es espaces généalogiques, 2 p. 96, 97


21

le fruit de longs mois de travail, de successions de couches recouvrant au fur et à mesure des mystères et des secrets. D’ailleurs, je sors souvent de mon atelier épuisée, essorée par la nécessité de devoir réunir un nombre important d’outils, réels ou mentaux, pour créer. Plus j’avance dans mes recherches et plus je maîtrise mes techniques, plus j’ouvre mes horizons : le jeu se complexifie. C’est passionnant. JDM

Vous servez-vous des accidents pour créer certains détails ? HD Oui, je suis tout le temps sur le qui-vive pour savoir ce que me dit la peinture sur le moment. Il faut à la fois être rapide et retenu. Quand je travaille, je ne regarde pas forcément le bout de mon pinceau. Il m’arrive de travailler à un endroit pendant que mon œil en surveille un autre parce que ce que je vais travailler doit être en écho avec l’autre partie. JDM

Quand on regarde ce tableau, La confusion des repères, 1, dont le fond est très rouge, très vibrant avec une bande bleue, en contraste, en bas de la toile, de nombreux personnages ont l’air de tomber du ciel vers cette bande bleue dont on n’est pas sûr de ce qu’elle représente exactement, une étendue d’eau, un bord de mer, une rivière… Si nous revenons à la question de l’espace, il n’est pas facile de le comprendre, dans le sens où il n’y a pas de premier ni d’arrièreplan. Les personnages ne sont pas sur le même plan, mais il est difficile de savoir ce que cela donnerait s’ils étaient dans un espace réel. Revenons vers le précédent tableau, Les mondes limitrophes, 6, on a effectivement un horizon qui n’est pas si loin que ça, un couple presque au milieu du tableau qui s’embrasse, qui est plus grand que n’importe quel autre personnage alors qu’il y en a qui sont tout petits comme deux petites danseuses étrusques ou des poteries de Picasso, un autre qui a l’air d’être dans le ciel mais avec les pieds bien sur terre… Et là, avec ce tableau rouge, on est vraiment dans la chute, on a des personnages qui, on le voit, ont perdu l’équilibre. C’est

presque une toile d’acrobate où l’on verrait les couleurs du cirque, et puis des personnages dont on sent qu’ils ont été recouverts par ce fond, et puis des robes ou des tutus, des coiffures ou peut-être des chapeaux. HD Plusieurs personnes m’ont déjà fait remarquer le côté théâtral de mes toiles, ce rapport à la piste et à la scène… JDM Pensez-vous parfois à l’organisation d’un orchestre ? HD À vrai dire, non ! Mais le parallèle est intéressant : je pourrais être une sorte de chef d’orchestre avec mes pinceaux, mes couleurs… Je travaille sur le contrepoint pour créer l’harmonie ou la dissonance, créer la surprise et le mystère qui feront que l’on ouvre les yeux et le cœur autrement. JDM Vos dernières séries, Observatoire du silence et du plein1, Espaces cacophoniques2, semblent laisser moins de place à la forme humaine. HD On y remarque des zones indéfinies, abstraites. Les personnages sont peut-être moins nombreux, mais ils sont malgré tout présents. Je ne reste pas sur mes principes : chaque série est une occasion pour moi de chercher des formes et des compositions nouvelles. Si je fais des écarts, il n’y a pas d’explications rationnelles. Si je peux donner une image, ce serait celle d’un casse-tête : on cherche puis, à un moment donné, on trouve un ajustement, cela ne s’est pas produit comme on se le serait imaginé et l’on n’est pas sûr de pouvoir le trouver une seconde fois. Tels sont les arcanes d’une œuvre.

Juin 2013.

Jean-Daniel Mohier est commissaire d’exposition indépendant, collectionneur, cofondateur et ancien président de l’association Rémanence, association d’artistes et d’acteurs de l’art.

1 Observatoire du silence et du plein p. 48, 49, 50, 51, 66, 67 2 Espaces cacophoniques p. 1 à 8, 72, 81


22

Les œuvres reproduites dans cet ouvrage sont issues de séries réalisées entre 2009 et 2013 couverture

Diagramme de l’œuvre en cours septembre 2013 encre sur papier

28

Les espaces généalogiques, 1 acrylique sur toile 130 × 195 cm

29

Les espaces généalogiques, 1 – détail

1à7

Espaces cacophoniques, 2 – détail

30

Les spectateurs, 1, 2 acrylique sur toile 116 × 89 cm

31

Les spectateurs, 3

détail ↓

48

Observatoire du silence et du plein, 1 – détail 49

huile sur toile 114 × 162 cm

Observatoire du silence et du plein, 3 – détail 51

acrylique sur toile 65 × 54 cm

Observatoire du silence et du plein, 3

34

52

Les territoires, 2 35

acrylique et huile sur toile 114 × 146 cm

Théâtre des circonstances, 1 – détail ↓ 53

Les familles, 5

Théâtre des circonstances – détail ↓

36

54

acrylique sur toile 35 × 24 cm

Les refuges des utopies, 3 – détail 37

Les refuges des utopies, 3

acrylique et huile sur toile 114 × 146 cm

encre sur papier 35 × 50 cm

50

Jeux pour les autres, 1

acrylique sur toile 35 × 24 cm

Espaces cacophoniques, 2

Zone de confusion, 1

32

Les baigneurs, 3

8

47

Observatoire du silence et du plein, 1

33

détail ↓

Zone de confusion, 1 – détail

acrylique sur toile 116 × 89 cm

acrylique sur toile 33 × 24 cm

détail ↓

46

Théâtre des circonstances, 1 acrylique et huile sur toile 73 × 92 cm

55

acrylique et huile sur toile 46 × 55 cm

Théâtre des circonstances

38

56

Migrations /  Les mondes mobiles, 1 – détail 39

dessin, application, teinture et broderie sur tissus superposés 42 × 50 cm environ

Les médecins, 7

acrylique et huile sur toile 46 × 55 cm

57

Migrations /  Les mondes mobiles, 1

L’enfant de la rivière

10

40

58

crayon graphite sur papier 21 × 29,7 cm

acrylique et huile sur toile 27 × 22 cm

dessin, teinture, application et broderie sur pièce de vêtement 43,5 × 39 cm environ

acrylique et huile sur toile 206,5 × 250 cm

De la genèse / Composition, 1

Les chiens des gens, 3

dessin et broderie sur tissu 17 × 19 cm environ

L’enfant rouge

15

41

crayon graphite sur papier 21 × 29,7 cm

acrylique et huile sur toile 27 × 19 cm

Expérience de l’apesanteur

42

60

43

huile sur papier 17 × 25 cm

acrylique et huile sur toile 130 × 195 cm

61

26

44

62

acrylique sur toile 130 × 195 cm

acrylique et huile sur toile 41 × 33 cm

De la genèse / Composition, 2

25

Les mondes limitrophes, 1 – détail

Les pantins, 2

Les signes du temps, 5 – détail Les signes du temps, 5

Les mondes limitrophes, 2

Composition avec soleil

27

45

acrylique sur toile 130 × 195 cm

acrylique et huile sur toile 33 × 24 cm

Les mondes limitrophes, 1

Les connexions incertaines, 2

59

dessin et broderie sur tissu 15 × 39 cm

Les objets volants /  Le ciel observe, 3

Chemin de traverse

dessin et broderie sur tissu 33,5 × 19 cm environ

Les objets volants /  Le monde caché huile sur papier 17 × 25 cm

63

Les objets volants /  L’aire de jeu huile sur papier 17 × 25 cm


23 64 | 65

Tropisme, 1 – détail

acrylique et huile sur toile 97 × 130 cm

82 | 83

Les mondes d’à côté, 2 – détail ↓

100

Les signes du temps, 6

acrylique et huile sur toile 130 × 195 cm

101

Les signes du temps, 6 – détail

66

84

102

85

103

Observatoire du silence et du plein, 6

huile sur toile 73 × 92 cm

acrylique et huile sur toile 65 × 92 cm

68

86

69

dessin et broderie sur tissu 33 × 27 cm

acrylique et huile sur toile 27 × 41 cm

87

70 | 71

88 | 89

acrylique et huile sur toile 73 × 92 cm

huile sur toile diptyque 146 × 228 cm

Observatoire du silence et du plein, 6 – détail 67

Les mondes d’à côté, 2 – détail Les mondes d’à côté, 2

Les signes du temps, 13 – détail Les signes du temps, 13

acrylique et huile sur toile 46 × 55 cm

L’espace des illusions, 5 – détail L’espace des illusions, 5

Peuples dehors / Peuple en transit, 4 – détail

Un chien au théâtre – détail

104

Les signes du temps, 13 – détail ↑

Tropisme, 6

acrylique et huile sur toile 24 × 33 cm

Migrations /  Les territoires fluctuants, 1

106

Amours, 1

crayon graphite sur papier 15 × 10,5 cm

111

Amours, 2

crayon graphite sur papier 15 × 10,5 cm

72

90

acrylique et huile sur toile 114 × 146 cm

acrylique et huile sur toile 97 × 130 cm

Espaces cacophoniques, 1 73

Zone d’enregistrement, 3 huile sur toile 73 × 92 cm

Zone d’enregistrement, 1

121 à 127

Les espaces généalogiques, 3 – détail ↓

91

Migrations /  Expérience de l’absence, 1 – détail huile sur toile 73 × 92 cm

74

Le loup et la grenouille – détail

dessin, teinture, application et broderie sur pièce de vêtement 38,5 × 30 cm environ

75

Zone d’enregistrement, 3 – détail ↑

76

Les gardiens des zones de doutes, 2 – détail

92

Les mondes sonores, 4 93

L’écharpe jaune

broderie sur tissu 21 × 20 cm environ

94

Les autres eux-mêmes, 5

détail ↓

acrylique et huile sur toile 55 × 38 cm

huile sur papier 24 × 32 cm

95

77

acrylique sur toile 73 × 92 cm

Les barques nocturnes, 10

détail ↓

acrylique et huile sur toile 41 × 27 cm

La lenteur

huile sur papier 24 × 32 cm

78

96

acrylique et huile sur toile 65 × 92 cm

97

Zone réseau, 1 – détail 79

Les espaces généalogiques, 2 – détail

détail ↓

Les espaces généalogiques, 2

Le voyageur

acrylique et huile sur toile 97 × 130 cm

80

98

128

acrylique et huile sur toile 46 × 55 cm

huile sur toile 97 × 130 cm

dessin et application sur tissus superposés 13,5 × 9,5 cm environ

Composition au chat rouge – détail dessin et broderie sur tissu 15 × 39 cm

81

Espaces cacophoniques, 3

acrylique et huile sur toile 114 × 146 cm

Les curiosités, 1 99

Les signes du temps, 8

acrylique et huile sur toile 130 × 97 cm

Les espaces généalogiques, 3


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remerciements

L’éditeur remercie chaleureusement Hélène Duclos pour les incantations nocturnes, la mécanique des vertiges et l’expérience de la grandeur. L’éditeur remercie également François Gaillard pour, entre autres beautés, celle de l’i grec ligaturé. L’éditeur souhaite exprimer sa sincère gratitude à tous les souscripteurs sans qui l’impression de ce livre n’aurait pas été possible. Un grand merci à Michel Hippolyte pour son précieux soutien. Merci à Bridget Copley et Daniel Bevan pour leurs relectures. L’éditeur adresse ses remerciements au Conseil général de la Drôme et à la Ville de Crest, ainsi qu’aux galeries pour leur aide indispensable Galerie Théo de Seine, Paris Galerie Le Réalgar, Saint-Étienne Galerie Olivier Rousseau, Tours Galerie MamMuti, La Flotte-en-Ré Galerie Picot-Le Roy, Crozon Galerie Balthazar, Clermont-Ferrand Que soient enfin tout particulièrement remerciées Caroline Naillet et Emma Pomarel pour leur disponibilité fertile et leur diligence enjouée. —

© Éditions BObook, France, 2014

Hélène Duclos remercie infiniment François Gaillard pour sa présence et son implication dans le développement de l’œuvre depuis de nombreuses années.

d irec ti o n éd ito ri a l e

Hélène Duclos remercie Patrick et Marie-Anne Havard Duclos, Françoise et René Nalbe, ainsi que Anne Boudot, Marie Rohland, Marc Havard Duclos et Théophyle Havard Duclos pour leurs pensées indéfectibles. Un immense merci à Philippe Petiot pour sa disponibilité face à la complexité des innombrables séances de prises de vue depuis quinze ans, à Thierry Delcourt et Jean-Daniel Mohier pour l’éclairage qu’ils apportent à l’œuvre. Un merci chaleureux à Brest Brest Brest et à Sarah Poliakov. Merci du fond du cœur à tous les collectionneurs qui contribuent au rayonnement de l’œuvre, à la famille, aux amis, aux artistes qui suivent, s’intéressent et encouragent. pa r m i e u x , l e s p i e r r e s p r é c i e u s e s

Anne et Philippe Képéklian, Karina Chérès, Hervé Piekarski, Hélène Laflamme l es c a irns e t l es é to il es

Hélène Bertau & Patrick Bihan-Faou, Annie & Christian Charissou, Xuan Chieu, Isabel & Matthieu Cornet, Frédéric de Bonno, Patricia Delorme & Jean-Marc Luce, Michel de Mayer†, Mary Desnos & Stanislas Gielara, Élisa Dumay & Arnaud Jarsaillon, Christine Fontaine, Nicolas Gasco, Mone Hoever & Thorsten Kunish, Sylviane Joubert-Charpenel & Patrick Cady, Birgit Kirkamm, Françoise Lescaut, Marie-Laure Lévitan, Eric Mangin, AnneLaure Pigache, Karine Renard & David Genin, Robert Renard, Olivier Rousseau, Caroline Sagot-Duvauroux, Valérie Vandeputte & Lionel Brison. l e s p o è t e s d e l a m at i è r e e t les arbres aux fruits lumineux

Bruno Allaigre, Bruno Alligoridès, Camille Arnaud, Les artistes du Quai, Bertrand Biennier, Nadine Blache, Marie Bouchacourt & Bertrand Boulanger, Sébastien Bouhana, Emmanuelle Bournay, Edwige Breiller-Tardy, Marie Caudry, Fabien Claude & Anne-Marie Cutolo, Hélène Colin, Jérôme Delépine et les artistes du collectif Rémanence, Myriam du Manoir, Anaïs EscotRothman, Jacques-Régis Eynaud de Faÿ, Marie-Claire Filleton, Laure Fontayne, Christophe Galleron, Eve Gueneau, Armand Guérin, Djamila Hanafi, Ruta Jusionyte, Nicole Koch & Fred Tipett, Natasha Krenbol, Sylvie Lobato, Laurence Loyal, Maud Millat-Carrus, Christophe Mirallès, Aurélie Morin, Annie Olivier, Caroline Palayer, Jean-Guy Paquet, Sabine Prunier, Gaëlle René, Pierre Revol, Annick Roubinowitz, Jean Rustin†, Sylvie Sagot-Duvauroux, Christine Saint-André, Catherine Seher, Camille Semelet, SylC, Judith Thiébaud, Carole Thourigny, Boris Unal, Aline Vaichère, Sylvie & Yannick Valin, François & Emmanuelle Velliet-Mandon, Marie-Noëlle Villain. Merci à tous les souscripteurs et aux galeristes pour leur soutien inestimable. Merci enfin à l’éditrice pour son acuité, sa confiance et sa générosité dans la réalisation de ce livre.

Valérie Vandeputte traduction

Jean-Daniel Mohier relec ture

Sarah Poliakov créd it s ph oto g r a phi q ues

Philippe Petiot et François Gaillard c r é at i o n g r a p h i q u e

François Gaillard Cet ouvrage a été achevé d’imprimer en avril 2014 sur les presses d’Impressions Modernes à Guilherand-Grange, en France Tiré à 1 000 exemplaires Tirages de tête numérotés de 1 à 50 accompagnés d’une œuvre originale de l’artiste Impression sur papiers Fedrigoni Les textes ont été composés en Livory & Brandon Grotesque (Hannes von Döhren) et imprimés sur Woodstock grigio 80 g Les œuvres sont reproduites sur Symbol Tatami white 115 g La couverture est imprimée sur Sirio cherry 350 g Ce livre a reçu le soutien du Conseil général de la Drôme. diffusion

les Éditions BObook www.bobook.fr Hélène Duclos www.helene-duclos.fr Dépôt légal avril 2014 Éditions BObook, 2014 10 rue Archinard, 26400 Crest, France contact@bobook.fr isbn 979-10-93083-00-1 Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction totale ou partielle de cette publication sous toutes formes et par tous moyens électroniques ou mécaniques, y compris photocopie, enregistrement, ou tout autre système d’archivage, et sa transmission ou sa reproduction sous forme de fichiers informatiques, sont interdites sans permission préalable de l’éditeur.


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P O LY S É M I ES around the work of hélène duclos


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to Marguerite & Nour


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hélène duclos, outpost at the edge of the world by thierry delcourt

The tragic destiny of the dream: why does it have to dissipate once one is awake? “Come on, get up, no time to dream anymore!” One has to make room for reality, but what so-called reality justifies such a violent extraction? The dream remains; lying low, in shreds, ready to emerge from a corner if an opportunity arises out of a collision with actual life. Some dream figures will not go down, strange or familiar places, unusual scents, monstrous meeting, gossamer flight over a magical country. The incongruous resurgences are the mark of the mysteries of one’s life; they are the impalpable and persistent material of a being. Hélène Duclos is able to provoke this collision with the material of our imagination when she invites us to enter her interstitial worlds. The appearance of a soft poetic whisper can make an impatient person wander, but one has to stop for some time, close to her works, and get closer, and even closer, guided by her luminous brush: then chaos has the upper hand and makes one forget everything, forget time, forget programmed reality and its watchmen. This memory lapse allows one’s gaze to enter the dance of Hélène Duclos’ fanciful figures.

draw me a sheep , tell me a story ! I look and look again. What is happening? It unfolds, it moves me, it reminds me of something so familiar and at the same time so far off. When the ludicrous bal of her figures tells us something, it is really about the adventure of human kind, not the one that makes glorious history, but the one that deals with that bareness that always remains inside of mankind and pushes it forward, toward its illusions. Hélène Duclos must have overcome a lot of ordeals to be able to transcribe so subtly the confiscation that makes us other, evasive, but similar to others in front of what is

elusive and remains inside. Her strength lies in her ability to convey without shocking or relying on some bloody or overwhelming expressionism. This is why one has to get very close and enter the confabulation that says: “Look at yourself, you are one of us”. Thus, Hélène Duclos’ prodigious alchemy makes the procession luminous, almost joyful; it opens the door to the imagination of the “spect’actor” who unknowingly becomes an accomplice to a troubling and poetic exile. The moving material looks for a light at the core of one’s being: intertwined colored threads, vigorous primordial traces of lively colors, illumination of faces turned into grimacing braids, light which seems to come from the depth of a matrix. This is how Hélène Duclos establishes dialogue. No discourse, no thought, much less chitchat: the movement she induces and rally in the onlooker goes, like a long ricochet, from perception to emotion, from sensation to memory, from intuition to thought. When poetic alchemy reaches such a happy collision, the challenge has succeeded. No matter what the onlooker will be able to say about it, the most important thing is that the poetic movement has reached its destination.

line of descent and secrets One cannot look at Hélène Duclos’ works without thinking of those works made by artists who left their mark in art history. Would that be the need to cling to something when vertigo can make one dizzy? Yes, probably, but not only that. Like us, like the artists, Hélène Duclos has a deep knowledge of the art of her ancestors, of cave paintings, but also of the quarrels of the Ancients and the Moderns, of aesthetic revolutions, of the deconstruction of her contemporaries without answering to the anecdotal and seductive


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calling of fashion. The questions she asks are: how to render, to express, to make her own, and how to get into the perpetual motion of creation, whether it is painting or any other field of art? I am not surprised that my astonished look makes me think of the fanciful creatures by Bosch, of the suffering bodies by Brueghel the Elder, of the contorted faces by Goya, of The Weeping Woman by Picasso, of the carnival ball by Ensor, of the grim processions by Devolder, just to name a few that come to my mind when I am in front of Hélène Duclos’ works. However, if one takes a closer look, her influences stop where her determined originality of expression starts, and no questions are avoided: technical, aesthetic, political, historical, moral. Hélène Duclos suggests, without imposing, that she is entering a universe which the elders have been visiting for a very long time and which they have introduced to us. Like us, but at another level in her creative process, she dialogues with these artists, mixes with them, quotes them with a conniving coma of color, calls upon them to create paintings with even more subtlety.

the dawn of time and the lost ones The exiled, souls and hanging bodies, float in a nameless space. Hostages of a time of infinite wandering, Hélène Duclos’ figures tumble down and hold on to the crevices of an unfriendly world. They only find shelter when they are together, precarious communities, with no other plan than being there, waiting for nothing. They are as one, they dance, they shout, they demonstrate; they call, play, and lose hope. Their rituals are not inconsistent. They look like grim dances, Dionysiac feasts, prayers at the gates of hells. El sueño de la razón produce monstruos, “The dream of reason gives birth to monsters” is the title of one of Goya’s most famous etchings of the Los Caprichos series. Why not turn this proposition around? After all, the monsters of our nightmares could be imaginary learning, hoping to master a terrifying reality. Indeed, if we consider that reason, unshakable, produces steel monsters, powder monsters, torture and massacre monsters, one can just be skeptic regarding hope in human kindness. Hélène Duclos’ universe mixes times with the intertwined spaces of the world, real, imaginary and symbolic. She works on a virtual reality and unfolds the back stage or the other side of the world instead of a bottomless world.

The depth of the bottom of the world becomes abysmal in some of her paintings. It seems to me that she shows us how the foundations have been damaged. It’s only the fault of human communities; they might wash ashore and perish, but they keep ransacking the world.

from the “ ship of fools ” to the sacred boat Even if the tone is serious, the material that Hélène Duclos works with is looking for light and therefore the hope of a better world. Imagination also represents an extraordinary force with which to fight against barbarism. And once the refuge has been found, how tender it is. Comfortable nest, womb, unstable rowboat, generous arch. Hélène knows how to create room for rest and peace. Suspension is not only vertigo and risk of losing balance; it is also lightness, a fuse for a takeoff to bordering worlds, mobile and sonic worlds, that the artist and her prolific imagination transcribe. Watch out, onlooker, if you get close and pay attention to the works, you might not get away from them. You might travel for a long time between these worlds whose gravitas and attractiveness have a real power to fascinate! It is a mysterious epic, swarming with moving people, nude and destitute, but true to themselves. One would like to solve the enigma, to understand why these figures are there, what they are looking for, where they are going. One cannot keep from thinking of our own little mythologies over them, looking for transcendence. One cannot avoid trying to make sense of these faces, these bodies, these movements. Hélène Duclos’ evolution can help us decipher the symbolism of these figures and the way they flow in the space of the canvas. A shift seems to have happened in her work in 2008. She went from an expression filled with a body in a situation, to a space where multiple minuscule bodies move. She left corporeal presence, shown, incarnated, intense, to go to another atmosphere and temporality where one’s light presence breathes, intimate and coded. Her lyricism has become a riddle and the promise of an epic that, throughout the work; the onlooker tells himself without any other duress than his own servitude. What was shown and created as the sensation becomes what is ajar, what is to be guessed, what is to be imagined. Even if Hélène Duclos remains intuitive when she creates, letting the material she moves guide herself, she has seemed, for a few years now, to trace a cosmogony supported by her perception and her thoughts about the


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world. She relentlessly goes deeper into what wants to escape her, like an archeologist, in the middle of the desert, digging, digging ceaselessly, looking for the sacred boat that flows to the other world, mythical and improbable.

poetic diagram and conceptual layers Hélène Duclos has dared to attempt to create a Diagramme de l’œuvre en cours1 that sloughs off at the rhythm of her creation. This diagram can be seen as a painting, even if one has never seen the works of the artist. Hélène Duclos’ diagram could be considered as an intelligent archiving, or as the direction of her creation, the organization of her intuition that she lets unfold till she can give body to a singular conceptualization of her creation, like the cosmogonic dream of the art brut creator or the heuristic pattern of the scientist who wants to master complex interconnections. Indeed there are such things in her approach, but one can just wander along the diagram, from curlshaped sections to portmanteau concepts with evocative titles, the stroll is as poetic as it is food for thought. Words are images, images summon words; thoughts become a composite alloy of words and images, alchemy of thought journeys in poetic networks. Because they are framed, one first sees the interconnecting knots that organize the diagram: Les signes du temps2 , Les mondes mobiles3 , L’envers des mondes4 , Peuples dehors5 … These are the titles of the series that Hélène Duclos explores in the continuum of her work. Then, in the midst of its poetic journey, the eye stops before landscapes of words: Ce qui s’entend à travers les nuages, Les familles recomposées, Les refuges nourriciers, L’oiseau au masque de bois, Les barques nocturnes, Espaces cacophoniques, Opéra des croyances, La porteuse de dragon, Le manège des fous, Les délicieux jardiniers, Rouge colère, Le totem au nuage rose, Les territoires fluctuants6 … Admit it! This makes one want to explore her blossoming creation! Her diagram appears like a solid structure. It is not an arborescence going from the roots to a unique trunk and its multiple branches that hierarchically depend on it. Hélène Duclos gives us a diagram in the shape of a network, of a rhizome: there is no center, no vertical hierarchy, but interconnections that plug into each other at the crossroads of already interconnected sections. For her, this is the insurance of creating without deliberate intention, without preliminary concepts, following her intuition without 1 Diagram of the Work in Progress 2 Th e Signs of the Time p. 42, 43 and 99 to 104 3 Th e Mobile Worlds p. 38, 39 4 Behind the Worlds 5 Outside Peoples p. 70, 71 6 W hat Can Be Heard Among Clouds, Stepfamilies, Feeding Refuges, Bird with Wooden Mask, The Night Boats, Spaces of Cacophony,

instruction and the material she works with: paint, support, embroidery, drawing, but also primordial material and the fantasy of an imagination that holds the whole matrix of her being. It is always hard for an artist to talk about the intuitive often irrepressible form that goes through her and that she works with in her creative act. The resort to poetry is a regal way to read the work without anchoring it too brutally to a meaning, a concept or a school. Hélène Duclos’ challenge, which she successfully completed in my opinion, is to get to give, during the second time of her creative act, a new depth to her composition with the help of the diagram, that proposes poetic ways without enclosing the rich polysemy of the works. This cannot but make us think, better than reason, better than theories, but never without them.

diving into the interstitial worlds Espaces cacophoniques, 2 7 A winding blue flux guides me to a nutshell in which beings are crammed, calling for help, almost agonizingly. Boat people, on the vessel of those who are lost and abandoned, with no anchor, with no home port; the vivid stroke, shaded and bright, enhances a drama as poignant as it is microscopic. We would want to save them, but they are so small, let them sink instead. On a black cloud, a solar being with a surprised face makes a faint gesture. What does this admonitor want? He enhances the emotion, and his righteous presence makes me want to save them. In this tormented space, the focus on these heterogeneous images provokes an echo of empathy and summons our inner humanity. Observatoire du silence et du plein, 48 In the silence of bottomless spaces, three improbable beings are falling forever; it is not the gray tumulus in ruin with no grip, nor the stain that punctuates the canvas of its vibrant red that will stop his fall. I get lost in the vertigo with no hope for salvation; unless one thinks it might be a light dream of weightlessness or cosmic swimming. Zone d’enregistrement, 1, 2, 3 9 Passengers of flight number 1, 2, 3, you are expected at the check-in; please have your ID ready for immediate boarding at the gates of hell. This is not the moment to copulate, fight, or look for food, and it is not worth it any more. You’re going on a one-way trip to the deep darkness of eternity. The rush of the Opera of Beliefs, The Dragon Bearer, The Caroussel of the Insanes, Delightful Gardeners, Anger Red, The Totem With Pink Cloud, Fluctuating Territories 7 Spaces of Cacophony, 2 p. 1 to 8 8 The Observatory of Silence and Fullness, 4 9 Boarding Zone, 1, 2, 3 p. 90, 73, 75


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intertwined bodies of Zone d’enregistrement, 11 is warm, bright, but its red glow of desire is the promise of the fires of hell. There you can meet humans and centaurs, monsters and mythological figures that run amok on a sacred mountain. Unsurprisingly, Zone d’enregistrement, 22 opens a dark shortcut to the trap of an in-between world where those who have checked-in lie. Then it is the pathetic awakening in Zone d’enregistrement, 33 , a dark cave with no exit, no skyline, cloaked in eternal black, whose only hope is to produce a useful peat to warm up the survivors. The powerful movement of her canvases enhances the dramatic intensity of the scenes and of the backgrounds that go from light to black ink. The mad energy gives way to stillness, and then to the call with no hope of light.

from finitude to original Poetry is not enough to interpret the primordial sensation and the moving thoughts created by Hélène Duclos. But after all, let ourselves be lifted by the empathy we have with these familiar dreamlike figures, taken into the swirl of what she calls so well her Bordering Worlds. I like to think that showing some works by Hélène Duclos to a child who is terrified by a monstrous nightmare might help him go back to sleep with a happy smile. It is by accepting his finitude, his nudity, without lies or beliefs, but with his own chimeras, that he can peacefully find his place in the uncertain world that welcomes him. January 2014.

Tropisme, 9 4 In an uncertain space that can remind one of the pictorial tradition of Chinese landscapes painted in ink, Hélène Duclos overlooks an intimate scene with a fading cloud that looks like a mountain, like an umbrella protects from the storm. What are they waiting for, nestling in front of a warm red tumulus? We know through other canvases of the series Tropisme4 that it can be as much a volcano as a hidden monster. The tenderness of these fragile creatures that seem in love with each other cannot make us forget the disaster of Tropisme, 34 when the gas from the crater has devastated the destitute people. Théâtre des circonstances 5 I can’t stop looking at this large embroidery with an infinite tenderness. Like L’enfant de la rivière6 , Théâtre des circonstances shows a magical world where every figure opens on a dream of ephemeral sensations, without thoughts or history. In the center, I don’t know why a face acts on me like a mirror. It asks melancholic questions, and seems to designate the place of his angst. Like other figures he floats in an immensity without landmarks; he is not thinly delineated by a piece of fabric, sewn in the empty space that stabilizes the fall. It is paradoxical to think, while looking at this embroidery, of a mischievous melancholia, of a joyful bestiary, despite its monstrosity. A nod to Magritte; only humor and burlesque can allow us to fight serious things.

1 Boarding Zone, 1 p. 90 2 Boarding Zone, 2 3 Boarding Zone, 3 p. 73, 75 4 Tropism p. 64, 65, 87 5 Theater of Circumstances p. 53 and 55 6 The Child of the River p. 57

Thierry Delcourt is a psychiatrist, a psychoanalyst and the author of texts about the artistic creative process, on the conditions of an existential and social creativity.


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with a dry point or a cutter interview with hélène duclos by jean-daniel mohier

JEAN-DANIEL MOHIER What were the first pictures that triggered deep emotions in you? HÉLÈNE DUCLOS

When I was a child the walls of my house were filled with my grandfather’s paintings, as well as my mother’s. They were very often landscapes. There was also a piece of lacquerware at my grandparents’ on my father’s side. It had been brought back from what was then French Indochina, a country where my father’s family had lived for many years. This piece of lacquerware fascinated me somehow, with its dark red background and the golden junks sailing in the Ha Long Bay. It is still a part of my memories. JDM What happened between these first emotions and the time you decided you wanted to become an artist? HD

To become an artist… Is this a decision? The road is long, dangerous, demanding, and the desire to create something imposes itself on you in very diverse ways all along the process. There are crucial encounters. Guides opened the field of possibilities, like Anne Képéklian who was my teacher at l’école des Arts Appliqués Duperré. After I graduated I travelled and worked in several different fields while I was still working on my own art projects. I had several studios including the one I had in the Drôme, in an old carding factory that belongs to Hélène Laflamme. She is a wonderful woman and a remarkable painter. She welcomed and supported my work, as well as me, for two years. She also helped me fulfill my destiny as a painter. JDM You seem to have received a calling that sounds almost religious. HD I feel I have received some sort of injunction, an order I cannot shy away from. Painting takes all the space, all my time, all my strengths on a very regular basis. It is not always easy to live like this, but it is the way I feel I can find the meaning of my existence; it is no doubt my way of feeling I am related to the world in some ways.

JDM

It sounds vital for you.

HD

Yes, it is vital. I have this “thing” to do during the time I have to spend on earth. This thing grows. This thing is not me, is not mine. It comes from all sides, from everybody, at anytime, with no warning. JDM It seems to me that freedom takes a very important place in your work. HD

Is it possible to call it freedom the fact that I let painting lead me on in the space of the canvas as well as in time? You can lose yourself playing that game: going deep down inside of you is painful and looking for your inner voice is risky. But at the same time, it is what artists, including painters, have to do: look the place over and make these remote territories visible. It is a privilege, a form of liberty that can become a weight at some point. JDM What strikes me in your recent works is the difference between them and the paintings you made five or six years ago. It’s possible to recognize your stroke but there seems to be a real difference in my opinion. Your works these days are made of a multitude of characters that are quite small as opposed to the scale of the canvas, while before there generally was one figure, more or less at the center, that inhabited the space quite easily. Not to mention that you play with scales more in your new works. HD It’s a question of point of view. One needs to take time to fully grasp my works; the onlooker can only have a very fragmented vision of my path. It is true that today my paintings are filled with a large number of tiny characters in a space that is quite undefined. One needs to step back or get closer, it requires some effort. The effect the painting will have on the onlooker is very different from up close or from far way. It’s actually interesting to experience it by yourself. Regarding the formats, it’s important for me to go from one small canvas to a very large one. At some point I feel called in one direction, but I don’t have any preconceived plan. So I have to feel my way, to take shortcuts and detours in


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order to find my path. In order to locate myself in the universe I’m building I have to work on all sorts of formats, because depending on the scale of the canvas, the body, the look, the point of view, and the mind react differently: these meeting points allow me to orient myself. I find it interesting to let myself go, to lose myself, to scout this inner world in order to find myself again. My canvases are like the maps of a world and a moment. JDM There are many more characters and they are much smaller but at the same time they appear more precise. Have you been more attentive to details while you were making your point of view more distant? HD

The more I go on with my work, the more I feel like everything is already there. As if I were made of thousands of little packages that I open one by one and all contain a treasure. At first there is an element of surprise and the more I look at them the more I’m able to retrace the links with my story, the deeper I go with the details and the precision. This is where the mysterious and stimulating strength that directs my work comes from. I’m always listening to this inner voice.

consciousness is added to this or, let’s say, the stream of subconsciousness. But this stream is extremely demanding. It is chaotic, energizing, never-ending, and extremely logical and obsessive. It comes from deep inside of me. I can paint and listen to a radio broadcast and be as well deeply turned inside myself, alone with my thoughts, with the questions I have at that time. This creates a state of mind that releases a movement that will end up on the painting in various forms: a spot, a line, something thicker, something erased… the return to a conscious state allows to create a link between the spot, the line, what is thicker and what was erased. This is how the work is built: it goes relentlessly back and forth, more or less rapidly, between a certain level of consciousness and a deep introspective journey in my subconscious. JDM So your work also comes from an auditory inspiration. HD I think I wouldn’t be able to paint in total silence. My sonic environment is a work frame where I can find stepping stones. It helps me transcribe the non-verbal part of my thoughts. JDM To me there is something very musical in your works; and the bigger they are, the more one can feel their musicality. It is also possible to find something abstract in those images, like in music. You therefore create a bridge between some sort of abstraction that can be difficult to grasp and other things that are more concrete. The characters you represent could be something else entirely, almost some sort of calligraphy, or music sheet, something really rhythmic.

JDM

It is true that your paintings are often located in abstract places, hard to relate to a geometric plan. HD I am more interested in the transcription of inner worlds than in the transcription of an outside reality that is, for me, linked to some sort of fashion, or to a historical context. If I use signs of identifiable elements like airplanes, plants, hotair balloons, bridges, houses… I would say I use them as symbols, or metaphors for a feeling. My work is, in this sense, an introspective work, out of a temporal realm. A painter is able to change the course of the look of the spectator, to slow it down or accelerate it, and to shape the material that is depicted, to make space deeper and thus help the onlooker to commune with themself. This is a part of my job I am passionate about. JDM Now that I listen to you, it is much more easy to understand the function of the groups of characters you represent. It seems difficult to represent on a well delineated plan the entanglement of thoughts that can come to one’s mind at one specific point in time. Or in a graphical way. But when one looks at your paintings it seems more obvious that there must be links between one group and another, more or less visible, more or less understandable and that these groups, although they are not linked through perspective or any obvious hierarchy could almost remind the onlooker of the literature that deals with the streams of consciousness and Joyce for instance. HD

I play with the surface, with the material, with colors. And what you call the stream of

HD

There’s also music in my small paintings, however. The space is smaller; you have to listen carefully! I am fascinated by musicians who use music as a raw material, as an experimental territory for improbable meetings. They play their instruments depending on the location, the echo, and also depending on a context. When I paint I feel a little bit like that. I don’t know what I’m going to do, I am in the present, listening to the moment. I try to let go – or at least this is the state of mind I’m looking for. When the backgrounds are ready, after several months, I use other tools, more precise, more supple, my movements are relaxed and I do rapid movements on the canvas, I compose with my breath. You were right when you talked about calligraphy and rhythm… JDM HD

How do you do these scratches?

I use a dry point or a cutter.


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JDM These scratches seem to be used only with architectural elements, never for the characters. HD

Yes, almost exclusively. The character has to arise from the material, the liquid, the randomness. I can’t do this with a dry point or a precise tool. I think the rhythm of the stroke is important. Some backgrounds or elements can’t be obtained slowly, some can’t be obtained rapidly. I play with the color of the paint, its consistency. I play with emptiness and fullness, apparition and disappearance, the dark, the light, warm colors, cold colors, dryness, fluidity, oil, water, white, black, impasto, tears, scratches… It is as if I were improvising music. There is a grammar that is known, learned, and acquired, and then a freedom in the way I interpret this grammar through the work I’m making. The more I master this grammar, the more my freedom of interpretation grows. And the mind is able to take into account the complexity of everything that is there for it, it is more capable of opening to other dimensions. This might not have a lot to do with the final style, if the work is abstract, figurative, expressionist and what not… But it has to do with the making itself at that precise time. The act of creation implies a conjunction of phenomena that are unknown; you can neither count nor name them. JDM You just said that there was not necessarily a narrative element, maybe in the sense that you are not conscious of the stories that your canvases can tell, or certainly in the sense that you don’t impose any narration; it seems hard, however, when looking at your paintings, not to see stories unfolding. HD Maybe for the onlooker… My characters are half-animal / half-plant, they kiss, they point at each other, they break up, they turn into other things, they stand up, they roll on the floor… But I make no decision. I don’t tell stories when I paint. I listen to the radio, to the broadcasts about the world, the news, the war in Syria, advancement in medicine… and my body paints while my mind absorbs. The onlooker continues the work, sees what he wants to see or thinks he sees depending on his own story. JDM So, you are not clearly in a process of making history paintings. However, your paintings seem close to some mythology. But some questions arise often when one looks at your works. Is this character in an animal costume, or is he half-animal? If this a costume, then this is possibly the depiction of some sort of ritual, but if the character is half-human / halfanimal, then it could be mythological. HD There is something like that. Something like what makes us all who we are: myths, ceremonies, rituals, beliefs, everything that makes our

human lives real, interesting and stimulating. The fact of belonging to a group and being part of a common history is something that triggers questions for me. How can humanity go on in so much complexity, so many entanglements? Science allows us to better understand the universe, the human body, the brain, psychological functions among many other things, but I wonder if we are drifting from the shore, from what is fundamental, what brings us all together. There is something like a loss of meaning going on, a loss of the depth of life. In the end, we swim on the surface, we lose our roots, we become fragile, disoriented. It seems to me that by externalizing, more and more, our organs, our members or at least their functions, our bodies don’t have the same limits. Our memories are inside machines that are in outer space, far from us, precision tools act for us… This is why, if you are interested in our psyche, our body, you also have to understand the mechanism that deals with our thoughts and human emotions, understanding the path these thoughts and emotions take inside our organs and our members to go outside of us, outside of the individuals. This is how perpetual motion spaces are created, spaces that link people together or, on the contrary, that break them apart. These are the spaces I’m interested in. And all this is to be found in my paintings, by the material, the colors, the shapes. I also use metaphors like the rowboat, the carrousel, the heaps… JDM

The heaps?

HD

These sorts of piles of things, they can be habitats, but also a metaphor for our memory: these heaps could represent the size of the memory we transport with us, or that we stock. JDM I think your compositions are quite unusual, notably in the most recent series with these small characters. They make me think of Hieronymus Bosch and Marc Chagall. HD I don’t have a favorite painter, but I have hundreds of painters I can reference! They all interest me, and I can be influenced by two or three painters at the same time, link them together, make them coexist whereas they are not from the same time, or the same culture. If I don’t quote painters or artists precisely in my works it is because I don’t feel like I am part of some lineage, I don’t feel like I am continuing anything. In fact I feel like I am in some sort of “total material”, in which my work already exists on the side of all the other artists, major ones, minor ones, famous, unknown, great or not… I feel that my work is to unearth my art to show it to the onlookers of my time. This is why there are probably some parts or some echoes of


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Bosch or Miró, or even Far East references. What is interesting is to look at the work with our contemporary eye. JDM

You talked about surprise. About the fact that you never know precisely where you’re going, that a shape you drew could inspire a character. But at the same time you have this diagram that is by the way very beautiful and mysterious that spreads from genres to subgenres and that looks very precise and programmatic, as if you had certain worlds you wanted to create in a certain number of paintings. As if you were in the process of making a complete set of works that would be prepared and outlined; as if you knew what you had to go through. HD

Around 2008 I started to give titles to my works, and to create groups of paintings. Up to that point my works were untitled and had a reference number and the year they were made. But somehow at that point titles became necessary: they are nondescriptive, they create distance. I started to present these titles in a graphic form and it ended up being this diagram. So, the search for titles almost became an artistic search in its own right. The shape of the diagram happened just like that, and it’s meant to change. JDM The first time I saw it I thought it was a beautiful work of art. I didn’t exactly know what it was but it evoked Mlle de Scudéry’s Carte de Tendre. And these elongated speech bubbles can also remind one of medieval illumination. HD I needed to have a map of my work, to present it in space. JDM Personally, when I saw this diagram, I felt much closer to your work, as if I had accessed your subconscious. I don’t necessarily understand what’s going on in it, but I see the paths it takes. HD

Sure. JDM

When I hear your titles, I think you must be very sensitive to poetry, and that this diagram could be compared to a calligram, or something very close to a poem, where the shape of the words and where they are on the sheet is important. What is your relationship to poetry? HD I have indeed a lot of interest in contemporary poetry. Some poets like Caroline Sagot-Duvauroux and Hervé Piekarski use words like actual matter, or a material: they are like a sculptor cutting through a block of words to create a new form. They can play with one or several languages and mix them: they will then be able to describe the sensation of the object more than the object itself. I like the idea of experimentation, of confronting and linking elements that bear, at first, no logical relationship.

JDM Each title corresponds to a series of works. Do you complete past series? HD

It’s been known to happen… JDM Visually, do paintings from a same group look similar?

HD Not necessarily… The paintings can also be exhibited separately. JDM You also draw, etch, and embroider. Is there a difference for you when you go from one medium to another? HD Yes, there is a big difference. Drawing is harder for me in the sense that I can’t change the matter. Unlike what a lot of painters do, my drawings are not preparatory. They come from my paintings; I extract drawings that exist in the matter. JDM Once the drawing is done, can you still recognize the original painting it is derived of? HD I don’t know. I use them to make etchings and embroideries that will in turn influence my paintings. The techniques are very different but they benefit from each other, they complete each other. For me all these practices are logically linked but I can’t really explain why. I think it all comes from a long time ago, ancient memories, and that there are in my life some steps where new forms of creation appear, shedding light on everything that already exists. JDM In the canvas in front of us, Les mondes limitrophes, 61, every character is isolated in almost circular or ovoid shape, white or black, that apparently does not seem to be determined by a precise rule, nor the fact that it is a man or a woman, for example. HD The series called Les mondes limitrophes2 is made of ten to fifteen paintings. Actually I wonder about the limits of our bodies. I believe as well in the fact we are surrounded by invisible envelopes that protect us and make us who we are. These envelopes may even have existed before we were born. I imagine these envelopes interfere with our relationships to others and to the world. I wonder if they always remain the same or if they change, or get swapped with others, and if they have a part in the development of our personalities. JDM This reminds me of something called “proxemy”, the science that deals with the study of physical interactions in human behavior, what we could call the private bubble that surrounds us. What I find interesting for instance is this couple and this child. The two bubbles are joined, one character enters the other’s sphere, the black bubble goes into the white bubble,

1 The Bordering Worlds, 6 2 The Bordering Worlds p. 25 to 27


116

If one looks at this painting Les espaces généalogiques, 21, with this woman with four or five pairs of breasts I can’t help but thinking of the famous shewolf of Remus and Romulus. In the same way, this character with two faces is enigmatic and has a great evocative power, even if no story is told and if there is never any illustration of a story in your works.

in other places there is a foot that protrudes and that, suddenly, is surrounded by a bubble that is a different color, even while it is in a black bubble. HD Yes. It deals with the question of the limit, of the territory, or the question of a group. I often use a book on African fabric as a reference: the intricacy of the patterns, the way they are composed, the fact that they are often abstract, weaved or embrodied. They have always reminded me of a map of human envelopes and the way they are spread in the collective space. I don’t know why. Parts of these works come from my own questions and other parts from my look at this incredible book on fabric. JDM

Some characters are also quite mysterious like the one with a much larger head than normal, as if he were wearing a mask. HD We know our faces trough our reflection in the mirror, photographs, touch, the look of others. We constantly recreate our own image and we have an inner sensation of it. When I make numerous faces it is because the model I have for my own face is plural and that the way I look at others’ faces is plural as well. The faces of the people we look at are moving, they change with their emotions and our look is also moving, interacting with our emotions, the light and the shadows. If I make numerous faces or bodies, if I make them deformed to the eyes of the spectators, it is only because I cannot have a fixed vision that would be total and normative of a body. My vision is guided by emotions, by the impressions left behind by the people I looked at as well as the people who look at me. The look is guided by the idea we have of the things we look at. Reality is a question of point of view that changes all the time. JDM The perception we have of our own body is not necessarily the perception others have of ourselves. HD

No, and this is very complex because it is always moving: self-perception, and the way we perceive others. JDM When you show your characters with two faces stuck together or mixed together you are showing neither a mask nor a monster. You are showing two different sensations in two different times. We could almost think of synthetic cubism, whose program was to show all the sides of an object at the same time. HD

In a way it is. But my goal is not to show all the side of an object at the same time but to work on the representation of the multiplicity of sensations we have of an object. JDM Do people talk to you about symbolism in your paintings? I’m having a hard time not thinking that there is a certain meaning hidden in some of them.

HD We all carry very ancient stories that go very far, stories that look like they don’t belong to us, that might belong to the vegetal realm, or the animal realm… Our world is made of several opposite and complementary spaces that are interlocked: artists can travel these spaces, in fact they have to, to collect data, put them together, and then create propositions that are destined to enrich the way we look at our world, notably our inner world, unconscious, unknown. You don’t have to make sense of it or put words on it. You just have to let yourself go to contemplation and feel yourself opening your own inner doors, accessing secret spaces in a way. JDM

Do you try to create mystery?

HD

Zones of doubt are hidden in my paintings, unfinished spaces where the onlooker can find a free space for himself. These zones don’t appear randomly, they come from a complex relationship between the surfaces, the material and the gesture. The backgrounds result from long months of work, they are a succession of layers, they cover little by little mysteries and secrets. I often leave my studio exhausted, worn out by the necessity to have to collect a large number of tools, real or mental, in order to create. The more I progress in my research, the more I master my techniques, the more I open new spaces for myself: the game gets more complex. It’s fascinating. JDM

Do you ever use accidents to create some details?

HD

Yes, I’m always on the look out to see what my paintings tell me at a given time. You have to be quick and show restraint. When I work I don’t necessarily look at the tip of the brush. I can work on something while my eyes are looking at something else because what I’m going to work on will echo that other part. JDM If we look at the painting called La confusion des repères, 12, we see a very red background with a blue stripe that contrasts it at the bottom of the canvas. We’re not sure what the blue space represents exactly, and many characters look like they are falling into it from the sky. It might be a pool of water, the seaside, a river… If we go back to the question of space, one might say it’s not easy to understand it in your works because there is no foreground or background. The characters are not on the same plane but one can’t say what they would look like if they were

1 Th e Genealogical Spaces, 2 p. 96 and 97 2 The Confusion of Markers, 1


117

in a real space. In the previous painting Les mondes limitrophes, 61, there is a skyline that doesn’t look so far away, a couple is kissing in the middle of the painting. The couple is larger than any other character — some characters are actually really tiny, like two small Etruscan dancers or ceramics by Picasso, and another one that seems to be in the sky but with his foot deep in the ground. But here, with this red painting, there is really a sense of a fall with these characters that have lost their balance. It is almost a work about acrobats, with the colors of the circus, and then characters we feel have been covered by the background and then dresses or tutus, hairdos or maybe hats. HD Several people have already talked to me about the theatrical feel of my works, the relationship with a circus ring and the stage. JDM Do you sometimes think of the way orchestras are organized?

surprise and the mystery that will make you open your eyes and your heart differently. JDM

Your last series, Observatoire du silence et du plein2, Espaces cacophoniques3, seem to leave less space to the human shape. HD

One can notice undefined zones that are abstract. There might be fewer characters but they are still there. I’m not driven by principles: each series is an occasion for me to look for new forms, new compositions. If I go astray, there is no rational explanation. If I wanted to compare it to something it would be to a puzzle: you look for something and at one point you find pieces that go together, it didn’t happen the way you imagined it would and you’re not sure it will happen a second time. Therein lie the mysteries of art. June 2013.

HD

No, actually! But it is an interesting link: I could be some sort of conductor with my brushes and my colors… I work with counterpoints to create harmony or dissonance, to create the

Jean-Daniel Mohier is an independent curator, a collector, as well as the co-founder and former president of the association Rémanences that brings artists and actors of the art world together.

1 The Bordering Worlds, 6

2 The Observatory of Silence and Fullness p. 48, 49, 50, 51, 66, 67 3 Spaces of Cacophony p. 1 to 8, 72, 81


118

The works reproduced in this publication are coming from series painted between 2009 and 2013 cover

Diagram of the work in progress September 2013 ink on paper

28

The Genealogical Spaces, 1 acrylic on canvas 130 × 195 cm

29

The Genealogical Spaces, 1 – detail

1 to 7

Spaces of Cacophony, 2 – detail ↓

30

The Spectators, 1, 2 acrylic on canvas 116 × 89 cm

31

The Spectators, 3

detail ↓

48

The Observatory of Silence and Fullness, 1 – detail 49

oil on canvas 114 × 162 cm

The Observatory of Silence and Fullness, 3 – detail 51

acrylic on canvas 65 × 54 cm

The Observatory of Silence and Fullness, 3

34

52

acrylic on canvas 35 × 24 cm

detail ↓

Territories, 2 35

Families, 5

acrylic on canvas 35 × 24 cm

36

The Refuges of Utopias, 3 – detail 37

The Refuges of Utopias, 3

acrylic and oil on canvas 114 × 146 cm

ink on paper 35 × 50 cm

50

The Bathers, 3

8

Zone of Confusion, 1

32

33

Spaces of Cacophony, 2

47

The Observatory of Silence and Fullness, 1

acrylic on canvas 33 × 24 cm

detail ↓

Zone of Confusion, 1 – detail

acrylic on canvas 116 × 89 cm

Games for the Others, 1

detail ↓

46

acrylic and oil on canvas 114 × 146 cm

Theatre of Circumstances, 1 53

Theatre of Circumstances detail ↓

54

Theatre of Circumstances, 1 acrylic and oil on canvas 73 × 92 cm

55

acrylic and oil on canvas 46 × 55 cm

Theatre of Circumstances

38

56

Migrations /  The Mobile Worlds, 1 – detail 39

drawing, application, dyeing and embroidery overlayed fabrics about 42 × 50 cm

The Doctors, 7

acrylic and oil on canvas 46 × 55 cm

57

Migrations /  The Mobile Worlds, 1

The Child of the River

10

40

58

lead mine on paper 21 × 29,7 cm

acrylic and oil on canvas 27 × 22 cm

drawing, dyeing, embroidery on piece of clothing about 43,5 × 39 cm

acrylic and oil on canvas 206,5 × 250 cm

Of Genesis / Composition, 1

People’s Dogs, 3

drawing and embroidery on fabric about 17 × 19 cm

The Red Child

15

41

lead mine on paper 21 × 29,7 cm

acrylic and oil on canvas 27 × 19 cm

Experience of Weightlessness

42

60

43

oil on paper 17 × 25 cm

acrylic and oil on canvas 130 × 195 cm

61

26

44

62

acrylic on canvas 130 × 195 cm

acrylic and oil on canvas 41 × 33 cm

Of Genesis / Composition, 2

25

The Bordering Worlds, 1 – detail

The Puppets, 2

The Signs of the Time, 5 – detail The Signs of the Time, 5

The Bordering Worlds, 2

Composition with Sun

27

45

acrylic on canvas 130 × 195 cm

acrylic and oil on canvas 33 × 24 cm

The Bordering Worlds, 1

The Uncertain Connections, 2

59

drawing and embroidery on fabric about 15 × 39 cm

The Flying Objects /  The Sky Observes, 3

Crossing Path

drawing and embroidery on fabric about 33,5 × 19 cm

The Flying Objects /  The Hidden World oil on paper 17 × 25 cm

63

The Flying Objects /  The Game Area oil on paper 17 × 25 cm


119 64 | 65

Tropism, 1 – detail

acrylic and oil on canvas 97 × 130 cm

82 | 83

The Nearby Worlds, 2 – detail ↓

100

The Signs of the Time, 6 acrylic and oil on canvas 130 × 195 cm

101

The Signs of the Time, 6 – detail

66

84

102

85

103

The Observatory of Silence and Fullness, 6

oil on canvas 73 × 92 cm

acrylic and oil on canvas 65 × 92 cm

68

86

69

drawing and embroidery on fabric 33 × 27 cm

The Observatory of Silence and Fullness, 6 – detail 67

The Nearby Worlds, 2 – detail The Nearby Worlds, 2

The Signs of the Time, 13 – detail The Signs of the Time, 13

acrylic and oil on canvas 46 × 55 cm

The Space of Illusions, 5 – detail The Space of Illusions, 5 acrylic and oil on canvas 27 × 41 cm

A Dog at Theater – detail

The Signs of the Time, 13 – detail ↑

87

Tropism, 6

acrylic and oil on canvas 24 × 33 cm

70 | 71

88 | 89

acrylic and oil on canvas 73 × 92 cm

oil on canvas diptych 146 × 228 cm

Outside Peoples / People in Transit, 4 – detail

104

Migrations /  Fluctuating Territories, 1

106

Loves, 1

lead mine on paper 15 × 10,5 cm

111

Loves, 2

lead mine on paper 15 × 10,5 cm

72

90

acrylic and oil on canvas 114 × 146 cm

acrylic and oil on canvas 97 × 130 cm

Spaces of Cacophony, 1 73

Boarding Zone, 3 oil on canvas 73 × 92 cm

74

The Wolf and the Frog – detail drawing, dyeing and embroidery on piece of clothing about 38,5 × 30 cm

Boarding Zone, 1

121 to 127

The Genealogical Spaces, 3 – detail ↓

91

Migrations /  Experience of the Absence, 1 oil on canvas 73 × 92 cm

92

detail ↓

Sonic Worlds, 4

acrylic and oil on canvas 41 × 27 cm

93

The Yellow Scarf

75

embroidery on fabric about 21 × 20 cm

76

94

Boarding Zone, 3 – detail ↑

The Keepers of the Zones of Doubt, 2 – detail

acrylic and oil on canvas 55 × 38 cm

oil on paper 24 × 32 cm

95

77

acrylic on canvas 73 × 92 cm

The Night Boats, 10

detail ↓

The Others Themselves, 5

The Slowness

oil on paper 24 × 32 cm

78

96

acrylic and oil on canvas 65 × 92 cm

97

Network Zone, 1 – detail 79

detail ↓

The Genealogical Spaces, 2 – detail The Genealogical Spaces, 2

The Traveller

acrylic and oil on canvas 97 × 130 cm

80

98

128

acrylic and oil on canvas 46 × 55 cm

oil on canvas 97 × 130 cm

drawing and application on overlayed fabrics about 13,5 × 9,5 cm

Composition with Red Cat – detail drawing and embroidery on fabric 15 × 39 cm

81

Spaces of Cacophony, 3

acrylic and oil on canvas 114 × 146 cm

The Curiosities, 1 99

The Signs of the Time, 8 acrylic and oil on canvas 130 × 97 cm

The Genealogical Spaces, 3


120

acknowledgements

The publisher warmly thanks Hélène Duclos for the nocturnal incantations, the vertigo mechanics and the experience of greatness. The publisher wants to thank François Gaillard for, among all beauties, the one of the magnifiscent tied wye. The publisher expresses his sincere gratitude to all the sponsors without whom the printing of this book would not have been possible. Very special thanks to Michel Hippolyte for his precious support. Thank you also to Bridget Copley and Daniel Bevan for proofreadings. The publisher thanks the Conseil général de la Drôme, the city of Crest, and the galleries for their essential help Galerie Théo de Seine, Paris Galerie Le Réalgar, Saint-Étienne Galerie Olivier Rousseau, Tours Galerie MamMuti, La Flotte-en-Ré Galerie Picot-Le Roy, Crozon Galerie Balthazar, Clermont-Ferrand Finally, the publisher would like to warmly thank Caroline Naillet and Emma Pomarel for their fertile availability and bright diligence. — Hélène Duclos would like to particularly thank François Gaillard who has by his presence and his involvement for many years contributed to the development of the work. Hélène Duclos would like to also thank Patrick and Marie-Anne Havard Duclos, Françoise and René Nalbe, and also Anne Boudot, Marie Rohland, Marc Havard Duclos, and Théophyle Havard Duclos for their undying thoughts. Very special thanks to Philippe Petiot for being available all along the complex photo shoots of the works for the last fifteen years, to Thierry Delcourt and Jean-Daniel Mohier for shedding light on the work. Warm thanks to Brest Brest Brest and Sarah Poliakov. Hélène Duclos thanks wholeheartedly all the collectors who contribute to promote the work, her family, her friends, and the artists for their renewed interest and encouragements. a mo n g them , the preci o us s to nes

Anne et Philippe Képéklian, Karina Chérès, Hervé Piekarski, Hélène Laflamme. t h e c a i r n s a n d t h e s ta r s

Hélène Bertau & Patrick Bihan-Faou, Annie & Christian Charissou, Xuan Chieu, Isabel & Matthieu Cornet, Frédéric de Bonno, Patricia Delorme & Jean-Marc Luce, Michel de Mayer†, Mary Desnos & Stanislas Gielara, Élisa Dumay & Arnaud Jarsaillon, Christine Fontaine, Nicolas Gasco, Mone Hoever & Thorsten Kunish, Sylviane Joubert-Charpenel & Patrick Cady, Birgit Kirkamm, Françoise Lescaut, Marie-Laure Lévitan, Eric Mangin, AnneLaure Pigache, Karine Renard & David Genin, Robert Renard, Olivier Rousseau, Caroline Sagot-Duvauroux, Valérie Vandeputte & Lionel Brison. t h e p o e t s o f t h e m at t e r and the trees of bright fruits

Bruno Allaigre, Bruno Alligoridès, Camille Arnaud, Les artistes du Quai, Bertrand Biennier, Nadine Blache, Marie Bouchacourt & Bertrand Boulanger, Sébastien Bouhana, Emmanuelle Bournay, Edwige Breiller-Tardy, Marie Caudry, Fabien Claude & Anne-Marie Cutolo, Hélène Colin, Jérôme Delépine et les artistes du collectif Rémanence, Myriam du Manoir, Anaïs EscotRothman, Jacques-Régis Eynaud de Faÿ, Marie-Claire Filleton, Laure Fontayne, Christophe Galleron, Eve Gueneau, Armand Guérin, Djamila Hanafi, Ruta Jusionyte, Nicole Koch & Fred Tipett, Natasha Krenbol, Sylvie Lobato, Laurence Loyal, Maud Millat-Carrus, Christophe Mirallès, Aurélie Morin, Annie Olivier, Caroline Palayer, Jean-Guy Paquet, Sabine Prunier, Gaëlle René, Pierre Revol, Annick Roubinowitz, Jean Rustin†, Sylvie Sagot-Duvauroux, Christine Saint-André, Catherine Seher, Camille Semelet, SylC, Judith Thiébaud, Carole Thourigny, Boris Unal, Aline Vaichère, Sylvie & Yannick Valin, François & Emmanuelle Velliet-Mandon, Marie-Noëlle Villain. Thanks to all the sponsors and the gallerists for their unvaluable supports. Final thanks to the editor for her forsight, confidence and generosity throughout the accomplishment of this book.

© Éditions BObook, France, 2014 pub l ishin g d irec to r

Valérie Vandeputte t r a n s l at i o n

Jean-Daniel Mohier proofreading

Sarah Poliakov ph oto g r a phs a nd cred it s

Philippe Petiot and François Gaillard graphic design

François Gaillard This book has been printed in April 2014 by Impressions Modernes, Guilherand-Granges, France First print run of 1 000 copies 50 deluxe edition numbered 1 to 50 including an original work of the artist Printed on Fedrigoni papers The texts are typeset in Livory & Brandon Grotesque (Hannes von Döhren), printed on Woodstock grigio 80 g The art works are printed on Symbol Tatami white 115 g The cover is printed on Sirio cherry 350 g This book has been supported by The Conseil général de la Drôme. distribution

les Éditions BObook www.bobook.fr Hélène Duclos www.helene-duclos.fr Legal deposit: April 2014 Éditions BObook, 2014 10 rue Archinard, 26400 Crest, France contact@bobook.fr isbn 979-10-93083-00-1 All rights reserved for all countries. No part of this publication may be reproduced or transmitted in any form or by any means, electronic or mechanical, including photo copy, recording or any other storage and retrieval system, whithout prior permission in writing to the publisher.


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expositions de groupe

solo exhibitions

group exhibitions

2013 Galerie Théo de Seine - Paris

Galerie Le Réalgar - Saint-Étienne 2012 Invitée d’honneur au Puls’Art - Le Mans 2011 Galerie Balthazar - Clermont-Ferrand 2010 Opéra de Lyon

Galerie l’Arbre de vie - Mirabel, Drôme 2009 Galerie Au-delà des apparences - Annecy 2008 Galerie Prise de tête - Romans 2007 Galerie Ardital - Aix-en-Provence

Galerie Polad-Hardouin - Paris Galerie Le soleil sur la place - Lyon 2006 Espace Liberté - Crest, Drôme 2005 Galerie du Château - Vence

Galerie Cupillard - Grenoble 2004 Galerie Prise de tête - Romans 2003 Galerie du Château - Vence 2002 Galerie Haus Herbede - Witten, Allemagne 2000 Galerie du Port - Crest, Drôme

2014 Galerie Schwab - Paris - collectif Rémanence

Fondation Taylor - Paris - collectif Rémanence 2013 Galerie Balthazar - Clermont-Ferrand

Point Rouge Gallery - Paris - collectif Rémanence 2012 Galerie Altro Mondo - Manille, Philippines

Galerie Théo de Seine - Paris Galerie Carcavel - Crest, Drôme Galerie Balthazar - Clermont-Ferrand Galerie Picot-Le Roy - Crozon 2011 Galerie Altro Mondo - Manille, Philippines

Galerie Au-delà des apparences - Annecy Galerie MamMuti - Île-de-Ré Galerie Carcavel - Crest, Drôme Galerie Balthazar - Clermont-Ferrand 2010 La Chapelle Sainte-Anne - Tours

Galerie MamMuti - Île-de-Ré DS Galerie - Bruxelles Galerie Crid’art - Metz Galerie Art 4 - Caen Galerie Carcavel - Crest, Drôme

presse publications principales press articles, main publications

HÉLÈNE DUCLOS POLYSÉMIES

expositions personnelles

Miroir de l’art, janvier 2013 Voyage en poésie, Jacques Desage Église de Valence, janvier 2012 La force de l’intime, Eric Mangin Captiv magazine, n°39, mai 2010 Les mondes limitrophes d’Hélène Duclos, Marie-F. Sémenou Azart, n°20, mai / juin 2006 Hélène Duclos, l’immense vertige d’être, Gérard Gamand Artension, n°31, septembre / octobre 2006 Hélène Duclos, un art impliqué, Didier Hansi Santé mentale, n°114, janvier 2007 À l’occasion de l’exposition Mémoires dansées, Galerie Polad-Hardouin - Paris deux toiles en illustration de l’article Thérapie familiale et adolescence et trois toiles en illustration de l’article Julie, tout simplement, Elida Romano et Didier Destal

2009 Galerie Claudine Legrand - Paris

expositions en duo exhibitions with another artist

2013 La Grande Galerie - Savasse, Drôme 2012 Galerie MamMuti - Bruxelles 2010 Galerie Alain Rouzé - Nantes 2009 Galerie Art 4 - Caen

Galerie Crid’art - Metz 2008 Galerie Le soleil sur la place - Lyon

Galerie Picot-Le Roy - Crozon 2007 Galerie Crid’art - Amnéville-les-Thermes 2006 DS Galerie - Bruxelles

La Chapelle Sainte-Anne - Tours 2005 Galerie Picot-Le Roy - Crozon 2004 Galerie Taoa - Crest, Drôme 2002 Galerie Erdle - Cologne, Allemagne 2001 Galerie Verte - Grenoble

Galerie Ardital - Aix-en-Provence Prieuré de Manthes - Drôme Galerie Le soleil sur la place - Lyon Galerie Carcavel - Crest, Drôme

collection publique public collections

Musée des Beaux-Arts de la ville du Mans

2008 Galerie Art 4 - Caen

Galerie Carcavel - Crest, Drôme 2007 Chapelle Saint-Libéral - Brive-la-Gaillarde

Château de Vogüe - Ardèche Galerie Jean-Pierre Delage - Saintes Galerie Le soleil sur la place - Lyon Galerie Carcavel - Crest, Drôme 2006 Galerie Ardital - Aix-en-Provence

Home’art - Perros-Guirec Galerie Le soleil sur la place - Lyon Galerie Carpe Diem - Toulouse Galerie Jean-Pierre Delage - Saintes 2005 Oddo et Cie - Paris - 1er prix du Cadre d’Or

Galerie Le soleil sur la place - Lyon 2004 Galerie Polad-Hardouin - Paris 2002 Espace Liberté - Crest, Drôme 1999 La Caserne - Résidence Jeunes artistes

européens - Porto, Portugal

salons art fairs

éditions books and catalogues

Sur les hauts plateaux Texte de Michel Butor Éditions L’instant perpétuel, janvier 2014 21 tirages de tête originaux, numérotés et signés. Ô cahier 2 Poème inédit manuscrit d’Hervé Piekarski Éditions Espace Liberté, juin 2005 Tirage arrêté à 30 exemplaires accompagnés d’originaux sur Velin d’Arches Bribes d’artistes, rencontre avec la peinture figurative en Rhône-Alpes Éditions Le livre d’art, décembre 2013 Sylvain Borde Genèse, de l’aube du monde à l’aube de l’humanité, catalogue de l’exposition publié par l’association Rémanence, janvier 2014 sous la direction de Jean-Daniel Mohier et Jérôme Delépine

2013 Mac Paris

Biennale de Bourges 2012 Mac Paris

Comparaison, Grand-Palais - Paris 2011 Singapour Art Fair - Galerie Altro Mondo 2008 Biennale de Baugé

Lille Art’Fair - Crid’Art Luxembourg Art’Fair - Crid’Art 2007 Comparaison, Grand-Palais - Paris

Puls’art - Le Mans Salon Lyon et Sud-Est - Lyon Salon du mécénat - Lyon St-art - Strasbourg - Galerie Le soleil sur la place 2005 Salon Lyon et Sud-Est - Lyon

9 79 1 09 3 083 001

Puls’art - Le Mans 2006 Comparaison, Grand-Palais - Paris


40€


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