émotion
Les mots sont des mots... ...mais pas que ! “Le Dicoémo qui vous fera revisiter certains mots”
Sandrine GAUBIAC
Editions de l’Homme vrai
©Editions de l’Homme vrai Tél. : +33 (0)4 11 93 02 35 La Réunion, 2015 ©www.homme-vrai.com Email : hommevrai@gmail.com Graphisme de la couverture : Pascal GAUBIAC
Imprimé en France Dépôt légal : avril 2015 ISBN : 978-2-916423-96-8
Sommaire Avant propos A comme artiste B comme beauté C comme cent-six D comme désir E comme étoile F comme fatigue G comme gode H comme hashtag I comme inconditionnel J comme justice K comme kilogrammes L comme librairie M comme muse N comme noël O comme octave P comme péridurale Q comme quatre R comme richesse S comme silence T comme teinture U comme ulcère V comme vacances W comme wok
X comme xoanon Y comme yoga Z comme zapper
Note de l’éditeur Lorsque j’ai lu les premiers écrits de Sandrine, j’étais avec mon ami et auteur Christophe Yann. Nous exposions ses livres et les services de notre nouvelle entreprise dans une galerie commerciale de Narbonne. Je venais d’ouvrir au hasard son livre : ses mots, la simplicité, la qualité d’écriture, tout était réuni pour me faire vivre un pur moment d’émotion. Je fus ému jusqu’aux larmes. Je suis fan depuis cette date. Christophe et moi avons encouragé Sandrine à poursuivre son oeuvre. Elle a suivi ce conseil et voici pour notre plus grand plaisir une ballade que je vous souhaite pleine d’émotions. Bonne lecture L’éditeur
Avant propos Loin d’une étude littéraire ou philosophique, il ne s’agit que de textes associant un mot à une émotion, en l’occurrence : la mienne. Une sorte de dictionnaire tout en émotion ou comme j’aime à l’appeler le «Dicoémo». Je décris le mot tel que je le ressens au moment où je l’étudie. Je me suis aperçue qu’au fil des conversations, nous échangeons des mots sans en donner forcément le même sens. Nous n’y attachons pas la même importance ou nous les voyons selon différentes perspectives. Je ne parle même pas de la valeur des mots qui se perd via le langage sms et autres réseaux sociaux. Redonnons à la langue française un peu de force et de finesse. Imaginez-vous devant une peinture. Prenons 8
pour concrétiser cet exemple, le tableau de Claude Monet, Les Coquelicots. Certains aimeront, d’autres détesteront. Beaucoup, laisseront là leur analyse, à la simple dichotomie d’apprécier ou non l’œuvre de ce peintre. Certains amateurs d’art vous livreront leur goût pour les impressionnistes et décriront davantage les différentes zones du tableau en détaillant les couleurs utilisées ainsi que le mouvement du pinceau. Certains pousseront même à vous livrer leur interprétation de l’œuvre opposant ce tableau de Monet à l’industrialisation et l’effervescence de la ville. D’autres fins critiques vous diront que ce tableau n’est qu’une peinture de plus représentant la nature et la campagne, la plupart des œuvres de Monet portant sur ce thème. Certains ignorants voulant approfondir la dichotomie précitée et rejoindre le discours du savant, pourront vous délivrer leur sensation au regard de cette toile, pensant peut être que les couleurs sont sombres. Ils ajouteront sans doute une petite pointe personnelle dévoilant leur propre expérience de la campagne, le plus souvent repensant à un souvenir d’enfance. Je vous propose dans ce livre, dans ce Dicoémo, 9
de prendre les mots telle une œuvre d’art à contempler. Je vous livre ma perception du mot évoqué en l’associant à ma propre émotion tout en utilisant les définitions traditionnellement données par les dictionnaires de la langue française. Les mots sont au travers de ce livre revisités et associés à une émotion, une histoire particulière pour vous montrer qu’un même mot peut être décrit différemment par dix personnes qui s’accorderont pourtant à en donner la même définition. Définir un mot est aisé, le décrire à fleur de peau est tout autre.
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A
rtiste
Quel drôle de mot ! Selon le Larousse, il s’agit d’une «personne qui exerce professionnellement un des beaux-arts ou, à un niveau supérieur à celui de l’artisanat, un des arts appliqués». J’aime beaucoup poursuivre en lisant le deuxième sens qui indique que cela peut aussi désigner «une personne dont le mode de vie s’écarte délibérément de celui de la bourgeoisie, non-conformiste, marginale». L’internaute.com est plus direct dans sa définition : «personne qui crée ou interprète des œuvres d’art». Permettez-moi alors de définir ce qu’est une œuvre d’art ou encore «un des beaux-arts». Wikipédia explique qu’ «une œuvre d’art est un objet ou une création artistique ou esthétique». Les beaux-arts selon le Larousse est le «nom donné à l’architecture et aux arts plastiques et graphiques (sculpture, peinture, gravure), parfois aussi à la musique et à la danse». Mais je ne retiendrai à ce stade que la définition d’œuvre d’art. Pour pousser mon étude du mot, sachez 11
qu’une création artistique relève de la créativité décrite par Wikipédia comme «la capacité d’un individu ou d’un groupe à imaginer ou construire et mettre en œuvre un concept neuf, un objet nouveau ou à découvrir une solution originale à un problème». Wikipédia ajoute que la créativité «s’évalue donc en peinture comme en architecture, en design, en musique, en cinéma, dans l’industrie et les services, la médecine ou la psychothérapie, l’humour etc..., par les délais de réponse, la rapidité de production, l’efficacité puis l’efficience et l’originalité». Pourquoi autant de définitions me direz-vous ? Parce que sans elles, nous ne pouvons observer un mot dans sa globalité. Si je m’étais cantonnée à vous expliquer que le Larousse indique qu’un artiste est une «personne qui exerce professionnellement un des beaux-arts ou, à un niveau supérieur à celui de l’artisanat, un des arts appliqués», je n’aurais jamais pu aller jusqu’au bout de mes idées. Cette définition est limitée. En avant-propos, je vous invitais à imaginer une peinture et à prendre les mots dévoilés dans ce dictionnaire tels que des œuvres à 12
contempler. Si je recherche la définition de la peinture Les Coquelicots pour parfaire mon exemple, Wikipédia m’expliquera qu’il s’agit d’«un tableau peint par Claude Monet, terminé en 1873 […] conservé dans les musées nationaux, il est actuellement au Musée d’Orsay à Paris». C’est ainsi : si vous recherchez la définition d’un mot dans un dictionnaire, quel qu’il soit, celui-ci vous délivrera une définition précise mais limitée. Quelles impressions vous évoquera cette peinture ? Pour répondre à cette question, vous devrez vous lancer dans un manuel bien plus complet. Pour autant, nous avons tous, sans forcément ouvert un manuel plus accompli, découvert une peinture et réfléchi à notre ressenti face à cette œuvre. L’avez-vous déjà fait en songeant à un mot ? C’est ici, toute l’originalité de mon dicoémo. Oups, tient voilà le mot originalité... une des caractéristiques permettant d’évaluer la notion de créativité. Mon livre est-il alors une création artistique ? Pour répondre à cette nouvelle énigme, je dois poursuivre mes recherches. Alors, je vous apprendrai peut-être que l’écriture littéraire, selon Wikipédia, obéit à certaines 13
normes «de manière à appuyer [le discours de l’écrivain], à rendre esthétique sa prose. C’est ainsi qu’il se différencie et devient artiste». J’y suis. C’est inscrit noir sur blanc. Ma démonstration arrive à son terme. Nous pouvons considérer qu’un écrivain est un artiste même si lors de notre point de départ, la première définition donnée par le Larousse ne laissait pas envisager un tel résultat. Cernez-vous la portée de l’étude des mots ? Je vous promettais d’associer mon émotion à chacun des mots exposés... Lorsque je songe à ce mot, artiste, il laisse apparaître un malin sourire sur mon visage. Lorsque j’étais lycéenne, ma voie était toute tracée. La filière générale a été déroulée devant moi sur un beau tapis rouge, sans que je puisse jeter un œil aux filières professionnelles (à quoi bon ?). Mon chemin était semble-t-il connu d’avance : une fois le bac en poche, direction la faculté de droit ! Dans les forums des métiers, personne ne s’est avancé vers moi en m’indiquant «artiste, un métier d’avenir... avez-vous songé à écrire ?». Devenir juriste, avocate, magistrate... 14
paraissait bien plus approprié. Je me souviens d’un repas en particulier. Nous venions d’emménager avec mon conjoint dans notre appartement. Je venais de terminer mes études de droit et mon contrat de vacataire au sein du Tribunal de Grande Instance arrivait à son terme. Nous recevions mon père et ma belle-mère. Au cours du repas, mon père me demanda, soucieux de mon avenir comme bon nombre de parents : «et que veux-tu faire ensuite ?». Je me rappelle très précisément chacun des mots que j’ai prononcés : «écrivain !». Petit blanc gêné avant que je reprenne, le sourire aux lèvres comme si j’avais fait une jolie blague : «non je déconne, je vais chercher un poste d’assistante juridique dans les cabinets d’Avocats et de Notaires». Ouf ! Voilà mon père soulagé par une réponse beaucoup plus appropriée. Approprié... c’est bien ! Je n’envisageais l’écriture que comme une jolie blague, un brin d’humour au détour d’une conversation... impossible de l’envisager réel15
lement. Le domaine artistique ne m’a jamais été présenté dans mon éducation comme une branche professionnelle, il n’a jamais fait partie de mes préoccupations premières, au mieux, cela me permettait de me changer les idées, une parenthèse dans la vraie vie. Il y a les vrais métiers et devenir artiste ne fait pas partie de la liste des métiers présentés. Enfin... c’est ce que je pensais ! Ou plutôt c’est ce que l’on m’a amenée à penser. Oui mais voilà, que voulez-vous, j’écris ! J’aime ça. Je crée des textes en pagaille. Ils dorment bien au chaud dans ma table de nuit. Enfin... ils sommeillaient. Me voilà un jour partant à la rencontre d’un éditeur. Alors artiste a pris une nouvelle signification. Ce n’était plus cette personne au mode de vie non conformiste mais un challenge à relever. Et voilà comment il est possible d’associer le mot artiste à celui de revanche...
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B
eauté
Que pensez-vous lorsque vous lisez ce mot ? Beauté. Le Larousse définit la beauté ainsi : «Qualité de quelqu’un, de quelque chose qui est beau, conforme à un idéal esthétique». Wikipédia indique que «la beauté est une notion abstraite liée à de nombreux aspects de l’existence humaine». Le Robert commence par noter que ce mot présente une double difficulté. En effet, il s’agit là d’un mot bien difficile à définir. Nous conviendrons tous que le Larousse a raison d’indiquer qu’il s’agit d’une qualité et que tous trois ont encore raison d’insister sur le fait qu’il s’agit d’une notion abstraite conforme à un idéal esthétique lié à de nombreux aspects de l’existence humaine rendant difficile la tâche de définir concrètement ce mot. Il s’agit donc d’un véritable concept. Et si nous devons jouer avec les mots, nous saurons de toute façon 17
qu’un concept est «une représentation générale et abstraite de la réalité d’un objet, d’une situation ou d’un phénomène». Abstrait étant l’antonyme de concret, alors ce mot possède bel et bien une particularité. Beaucoup d’autres mots ont tous une définition propre et distincte. La beauté est davantage encore empreinte de nos émotions. Cela est pratique pour ce dicoémo. Et elle dépend de différents paramètres. Je ne m’attarderai pas à vous dépeindre la beauté telle qu’il est courant de l’employer dans notre société. Celle très souvent caractérisée par les phénomènes de mode ou de courant idéaliste. Celle qui met aujourd’hui en avant le corps parfait de femmes trop minces et de plus en plus vulgaires à mon goût. Ce qui est beau se différencie de ce qui ne l’est pas. Le plus délicat se place dans la perception de cette différence. Je peux trouver cet homme très charmant alors qu’une autre femme n’aura aucune attirance envers lui. Selon moi, la beauté, la vraie, se trouve dans 18
les choses les plus naturelles du monde. Que ce soit un levé du soleil magnifique, le sourire de mon fils, un nuage d’une forme totalement folle chatouillant mon imagination, une rencontre fortuite, l’horizon de la plage, le bleu de l’océan... Le sourire de mon fils, vous l’ai-je déjà dit ? La beauté se vit. Elle se respire. Elle réside là où personne ne l’attend. Le mot beauté au moment où j’écris ces modestes lignes me renvoie plus particulièrement à l’image de mon enfant. C’est fou ce que nous trouvons beau notre enfant lorsque la sage femme nous le pose sur le ventre à la seconde même où il vient à la vie. Ce petit être délicat recouvert de fluides visqueux et ensanglantés. Qu’à cela ne tienne, il n’en reste pas moins magnifique. Ce petit trésor que la vie place sur notre chemin que nous badons durant son sommeil tout au moins les premiers mois de son existence. Oui, ce mot me renvoie l’image de mon fils, son regard pétillant, ses yeux d’un bleu aussi profond que l’océan dans lesquels je lis une curiosité maline. Il est beau mon fils. Cela va 19
de soi ! Mais la définition de ce mot ne réside pas dans la perfection des traits de son visage ni dans son corps si formidablement dessiné, taillant son torse en V et dévoilant des épaules robustes. Non, la beauté, selon moi, réside dans une définition plus profonde. La beauté du lien qui nous unit. La beauté du sentiment qui m’enivre lorsque je croise son regard. La beauté de la sensation de plénitude que je ressens lorsqu’il me serre dans ses petits bras fragiles. La beauté dans l’émotion que me procure l’intonation de sa voix lorsqu’il me dit ces merveilleux mots : «t’aime maman». Alors, résumer la beauté par la photo d’un mannequin aux courbes parfaites, superbement maquillé, soigneusement coiffé (et sans doute photoshopé)... très peu pour moi. Cette image peut sans doute convenir au Larousse qui lie la beauté à un idéal esthétique. Toutefois, pour ma part, la beauté naît dans une émotion, celle que nous renvoie ce sur quoi se pose notre regard. Et lorsque je regarde mon fils avec toute ma tendresse de maman et pour toutes les rai20
sons sus-évoquées, alors je confirme le sens que je donne à ce mot : beauté. Je trouve tous ces artifices qui gravitent autour de ce mot, auxiliaires indispensables pour convenir à une perception commune d’un même mot aux contours abstraits, tellement dommage. Ce mot devrait revêtir un caractère beaucoup plus simple et nous renvoyer automatiquement à la beauté d’un instant davantage qu’à la beauté méticuleusement avancée dans les magasines.
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Pour contacter la maison d’édition et transmettre vos témoignages à l’auteure : Editions de l’Homme vrai 53 chemin de l’école 97441 Sainte Suzanne La Réunion - FRANCE hommevrai@gmail.com Tél : +33 (0) 4 11 93 02 35 Homme
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