CATALOGUE N° 17 JUIN ’08
« Read the best books first, or you may not have a chance to read them all. » Henry-David Thoreau
N° 1
HORTENSE ALL ART DE MERITENS
1 000 €
LA FEMME ET LA DÉMOCRATIE DE NOS TEMPS Paris, Delaunay, 1836. In-8 (216 x 150 mm) de 124 pp. Édition originale rare.
Cette étude sociale évoque les aspects de la vie en société du point de vue moral, politique et social : « (...) quel homme ne rirait pas, si on s’informait de sa chasteté ? Ces projets ne vont plus avec les Lumières. Une femme forte pourra accepter une loi, une règle de vie ; nulle n’acceptera une loi de mort, nulle ne voudra vivre ignorante et solitaire avec un cœur fermé et des entrailles muettes ». Hortense Allart a défendu l’amour libre et demandé l’amélioration de la condition féminine. Rédactrice dans la Gazette des femmes, elle s’est également occupé de philosophie dans son Novum organum ou sainteté philosophique (1857) dans lequel elle défend l’idée de l’inévitabilité de la preuve de l’existence d’un Être suprême avec chaque nouvelle découverte scientifique. Elle a eu plusieurs liaisons avec des hommes célèbres de son temps dont Béranger, Sainte-Beuve et surtout Chateaubriand : leur liaison commence à Rome en avril 1829, quelques jours avant la grande fête romantique qu’il décrit si bien dans ses Mémoires d’Outre-Tombe. Un matin, son secrétaire lui apporte une lettre d’une amie, madame Hamelin, qui lui recommande une jeune femme de lettres très jolie, précise-t-elle. Sa beauté et son charme éblouissent l’ambassadeur sexagénaire ; elle a vingt-huit ans. Chateaubriand s’en éprend, tout rajeuni d’une nouvelle aventure. Une longue liaison commence, qu’elle évoquera dans Les Enchantements de Prudence.
Broché, sous emboîtage. Bel exemplaire, tel que paru.
N° 2
HANS ANDERSEN
900€
IMAGES DE LA LUNE, OU LE LIVRE D'IMAGES SANS IMAGES Paris, Maximilien Vox, Union Bibliophile de France, 1942. In-4 (200 x 145 mm) de 156 pp. Un des quelques exemplaires hors-commerce, celui-ci justifié et signé « exemplaire d’artiste » par Maximilien Vox. Avec 30 eaux-fortes originales d’Alexandre Alexeieff. Présentation de Pierre Mac Orlan. Texte français de Marcel Belvianes.
En feuilles, sous étui-chemise papier de l’éditeur. Monod, 246.
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N° 3
GUILL AUME APOLLINAIRE
(sous la dir. de)
1 200 €
LE THÉÂTRE ITALIEN Paris, Michaud, Encyclopédie littéraire illustrée, s.d. [1910]. In-12 (190 x 123 mm) de 223 pp. Édition originale. Envoi signé :
« à Pierre Lièvre, Guillaume Apollinaire » Préface d’Ugo Capponi, suivi d’une étude sur le Théâtre italien en France par Charles Simond, le tout sous la direction de Guillaume Apollinaire, ici bibliographe et rédacteur des notes et recherches. L’ouvrage est illustré de 44 portraits et gravures in et hors texte, encadrant cette anthologie des classiques italiens de toutes les époques et de tous les pays (prosateurs et poètes). Le dédicataire fut auteur d’ouvrages érotiques, contribua comme critique à de nombreux journaux et revues littéraires, et fut l’un des fondateurs de la société Huysmans.
Broché. Bon exemplaire.
N° 4
GUILL AUME APOLLINAIRE
(sous la dir. de)
2 800 €
L’ŒUVRE LIBERTINE DES CONTEURS ITALIENS Première partie : Les Conteurs du XVIIIème siècle Paris, Bibliothèque des Curieux, 1910. In-8 (228 x 144 mm) de 312 pp. Édition originale. Envoi signé :
« à Louis Perceau, très amicalement, Guillaume Apollinaire »
Précurseur d’une modernité poétique, Guillaume Apollinaire est également reconnu aujourd’hui comme un “pornographe à part entière” dont la vive passion pour la littérature érotique permit à ses contemporains de redécouvrir une riche tradition grivoise et libertine. À partir de 1909, Apollinaire, qui rencontra Louis Perceau et Fernand Fleuret dans les salles de lecture de la Bibliothèque nationale, commence à collaborer à la “Bibliothèque des Curieux”, fondée par les deux compères. C’est en 1913 que le trio ainsi formé publiera la première bibliographie des livres interdits de la B.N. au Mercure de France sous le titre L’Enfer de la Bibliothèque nationale. Difficile d’imaginer plus exceptionnelle provenance pour cet ouvrage dont le poète a rédigé l’introduction et l’essai bibliographique.
Broché. Bel exemplaire.
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N° 5
GUILL AUME APOLLINAIRE
3 500 €
LE POÈTE ASSASSINÉ Paris, Bibliothèque des Curieux, 1916. In-12 (182 x 119 mm) de 316 pp. Édition originale (pas de grand papier), sous une couverture illustrée par Capiello. Illustré d’un portrait-frontispice par Rouveyre. Envoi signé :
« à Fernand Divoire, son ami, Guillaume Apollinaire »
Ce recueil, qui regroupe des textes rédigés entre 1910 et 1913, nouvelles et contes à la fois mythiques et autobiographiques, appporta un réconfortant succès à Guillaume Apollinaire ; ses amis profiteront de l’événement pour organiser un banquet en son honneur, le 31 décembre 1916. Du baume au cœur pour Apollinaire, qui avait vécu plusieurs revers difficiles. Affecté comme artilleur le 1er novembre 1915, le sous-lieutenant d’infanterie monte en ligne avec son unité au Bois-des-Buttes, au nord-ouest de Reims, le 17 mars 1916, six jours après sa naturalisation officielle. Il est blessé à la tête d’un éclat d’obus qui perce son casque. Alors qu’il est évacué vers le Val-de-Grâce, un abcès provoque des paralysies partielles qui nécessitent une trépanation. L’opération est un succès, mais elle est suivie d’une longue convalescence à l’hôpital du gouvernement italien du quai d’Orsay. Précieux exemplaire de Fernand Divoire, que l’on croise dans ce premier quart de siècle autour des revues Dada et Cabaret Voltaire, auprès de Barzun et de la poésie simultanée, au Grenier de Montjoie - où les vers de la Prose du transsibérien furent lus pour la première fois -, avec Canudo, dans l’ombre de Cendrars, dans les pas d’Apollinaire, il fut aussi l’un des collaborateurs de l’Esprit Nouveau, de L’Intransigeant, des Soirées de Paris ; il travailla enfin à des ouvrages sur la danse et Isadora Duncan... Ses liens avec Apollinaire débutent dès 1906.
Broché. Bel exemplaire, exempt des habituelles rousseurs. Dos restauré avec légers manques.
N° 6
GUILL AUME APOLLINAIRE
1 600 €
PEINTURES DE LÉOPOLD SURVAGE. DESSINS ET AQUARELLES D’IRÈNE LAGUT. Paris, chez madame Bongard, imprimerie Union, 1917. In-8 (280 x 190 mm) de 4 ff. repliées en accordéon. Édition originale. Tirage à 150 exemplaires, tous sur Japon, dont on en connaît 4 coloriés et paraphés par Apollinaire.
Ce rare catalogue présente l’exposition des “Soirées de Paris” des peintures de Léopold Survage et des dessins et aquarelles d’Irène Lagut. Deux préfaces et 13 superbes calligrammes d’Apollinaire. Ce dernier avait déjà publié, dans le dernier numéro paru des Soirées de Paris (n° 26-27, août 1914) le premier grand article consacré au peintre russe Léopold Survage. Ce dernier, né à Moscou le 31 juillet 1879, reçoit un enseignement artistique à l’Académie des beaux-arts de Moscou, tout en travaillant dans l’atelier familial de fabrication de pianos que dirige son père. Il s’installe à Paris en
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1908 où, tout en peignant, il est accordeur de piano chez Pleyel jusqu’en 1915. C’est alors qu’il entre en relation avec le cercle de la baronne Hélène Oettingen et de Serge Férat en 1911, au moment même où ces derniers achètent une revue, Les Soirées de Paris, dont ils confient la direction littéraire à… Guillaume Apollinaire. Serge Férat avait rencontré Apollinaire en 1907. C’est au poète qu’il doit d’ailleurs son pseudonyme francisé [Serguei Nikolaïevitch Jastrebzov], en 1911. Tout naturellement, Apollinaire rencontre rapidement les créations de Survage, jusqu’à publier ce fameux article d’août 1914. Apollinaire, dont la devise était « J’émerveille », est d’emblée séduit par le « merveilleux coloré » qui se dégage de tels spectacles : « (…) ces palais de féérie qui, dans chaque exposition, habituent les yeux à jouir des changements kaléidoscopiques des nuances ». L’impression de ce catalogue calligrammatique est due aux ouvriers russes de la fameuse coopérative typographique ouvrière Union, dirigée par Dimitri Snegaroff.
G. Apollinaire, Œuvres poétiques, Bibliothèque de la Pléiade (1999), pp. 675-677 pour Léopold Survage ; pp. 678-681 pour Irène Lagut, avec notes détaillées pp. 1149 et 1198 ; Survage a raconté ses rencontres avec Apollinaire et l’histoire de ce catalogue dans le numéro de Rimes et Raisons (1946).
N° 7
GUILL AUME APOLLINAIRE
350 €
LA FEMME ASSISE Paris, Gallimard, 1922. In-8 Tellière, réimposé (182 x 119 mm) de 268 pp. Édition originale. Un des 120 exemplaires réimposés in-4.
Dernier roman composé par Apollinaire pendant la guerre, quelques mois après sa rupture avec Madeleine : « (...) je suis pressé d’y retourner, la guerre continue. Mais il s’agit avant d’achever le roman ». Douceur de vivre, flâneries parisiennes sur fond de guerre et souvenirs d’enfance : ce fut, pour Apollinaire, « un divertissement ». Ce tableau vivant du Montparnasse d’avant 1914 fait de la Femme assise « une œuvre intéressante de mémorialiste ».
Broché. Bords des plats légèrement jaunis.
N° 8
LOUIS AR AGON
250 €
FEU DE JOIE, AVEC UN DESSIN DE PABLO PICASSO Paris, Au Sans Pareil, 1920. In-12 (200 x 140 mm) de 56 pp. Édition originale, illustrée d’un dessin de Picasso. Un des 1050 exemplaires sur bouffant (3e papier).
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Qui veut cheminer dans l’œuvre poétique d’Aragon doit lire ce recueil composé de vingt-trois poèmes, écrits pour la plupart entre 1918 et 1919. Des souvenirs d’enfance, la guerre, l’enterrement d’un ami, l’amour éphémère et, surtout, le désir incompressible de bâtir le monde, plus beau : « (...) que la vie est étroite / Tout de même j’en ai assez / Sortira-t-on / Je suis à bout / Casser cet univers sur le genou ployé ».
Broché. Bel exemplaire.
N° 9
LOUIS AR AGON
600 €
BROCÉLIANDE Neuchâtel, Éditions de la Baconnière, coll. “Les Poètes des Cahiers du Rhône”, 1942. In-12 (195 x 145 mm) de 56 pp. et 3 ff. Édition originale. Un des 50 exemplaires sur vélin (2e papier) après 30 sur Hollande.
Broché. État de neuf, non coupé.
N° 10
LOUIS AR AGON
600 €
LES VOYAGEURS DE L’IMPÉRIALE Paris, Gallimard, 1947. In-8 (204 x 140 mm) de 625 pp. Édition définitive, en partie originale. Un des exemplaires imprimés du service de presse. Envoi signé :
« à Jean Cayrol, à qui je donne le Goncourt / son ami Aragon »
Écrit avant la seconde guerre mondiale, publié à Paris en 1942 mais revu et corrigé par l’auteur pour cette édition définitive de 1947, le roman constitue le troisième volume de la série du Monde réel après Les Cloches de Bâle et Les Beaux quartiers. L’auteur y distingue deux espèces d’hommes : ceux qui traversent la vie comme les voyageurs des omnibus se tenant à cette sorte de terrasse à l’air libre nommée “impériale”, « emportés sans rien savoir de la machine qu’ils habitent » et ceux qui sont à l’intérieur, qui « connaissent le mécanisme du monstre, qui jouent à y tripoter… ». Et le malheur vient de leur isolement puisque « jamais les premiers ne peuvent rien comprendre de ce que sont les seconds, parce que de l’impériale on ne peut que regarder les cafés, les réverbères et les étoiles… ».
Broché, étui-chemise de demi-maroquin noir, dos lisse, titre doré. Bon exemplaire de belle provenance. Prière d’insérer conservé.
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N° 11
LOUIS AR AGON
500 €
MES CARAVANES Paris, Seghers, 1954. In-12 (142 x 190 mm) de 66 pp. et 5 ff. Édition originale. Un des 40 premiers exemplaires sur Hollande.
Ce recueil poétique fut publié la même année que Les Yeux et la Mémoire. Le titre et le sujet de nombre de ces textes s’inspirent des caravanes de l’exode de 1940 et de celles de la paix, en 1949. Pour les martyrs récents, Louis Aragon invective ses lecteurs : « Auriez-vous perdu la mémoire / Du pays écartelé / Oublié déjà l’histoire / De ceux qui s’ en sont en allé ». D’autres poèmes comme Jeux des relais de la jeunesse rappellent qu’il fut l’un des organisateurs du Congrès Pleyel, premier Congrès International de la Paix. Écrits pour la plupart entre 1948 et 1949, quelques-uns de ces textes sont cependant plus tardifs, comme La Patrie en danger, dédié à Jacques Duclos et Il revient, composé en l’honneur de Maurice Thorez. Enfin, Aragon ajoutera à ce recueil quelques sonnets inédits, dont des vers en hommage à Colette, tout juste disparue.
Broché. Parfait état.
N° 12
LOUIS AR AGON
280 €
LA LUMIÈRE DE STENDHAL Paris, Éditions Denoël, 1954. In-12 (120 x 188 mm) de 269 pp. Édition originale. Envoi signé :
« à Pierre de Lescure, amicalement, Louis Aragon »
Années 50… Membre du comité central du PCF, collaborateur puis directeur des Lettres françaises, Louis Aragon devint le symbole même de l’intellectuel communiste. Cependant, les articles réunis dans ce livre posaient le premier jalon d’une guerre décisive contre les théories du marxisme officiel en matière d’art ; ces textes initieront également la conférence, Stendhal en une heure et quart, prononcée en 1955 par Aragon, devant un parterre de jeunes cadres du Parti. Onze ans plus tard… En présence de l’auteur, le PCF proclama l’autonomie de la création artistique au Congrès d’Argenteuil, saluant un de ses artisans majeurs. La Leçon de Stendhal aura porté. Le dédicataire fut, avec Vercors, le fondateur des Éditions de Minuit en 1942. Pierre de Lescure y avait publié Aragon et son Musée Grévin dès 1943 ; il donnera également en 1959 sa seule biographie d’importance ; elle sera justement consacrée à Aragon.
Broché. Bon exemplaire, de belle provenance. Prière d’insérer conservé.
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N° 13
LOUIS AR AGON
280 €
ELSA TRIOLET CHOISIE PAR ARAGON S.l.n.é. [Club des Amis du Livre Progressiste], 1961. In-8 (200 x 138 mm) de 358 pp. Édition originale dans cette collection. Un des 50 exemplaires sous reliure éditeur et avec un tiré à part, relié en tête, de reproductions photographiques à pleine page, en phototypie, par Rodchenko, Gisèle Freund, Cartier-Bresson, Willy Ronis. Notice bibliographique in-fine par Lucien Scheler. Envoi signé :
« à Robert Brumot, pour Elsa et moi, Aragon » Cartonnage de l’éditeur. Très bon état.
N° 14
LOUIS AR AGON
140 €
GARDE-LE BIEN POUR MES ARCHIVES Paris, Stock, 1997. 3 cahiers in-4 (303 x 246 mm) et un in-8. Fac-similés de quatre cahiers manuscrits - dont un contenant des collages originaux réalisés par Aragon. Tirage unique à 1000 exemplaires sur bouffant.
Belle réalisation à la présentation des plus élégantes. En 1931, Louis Aragon avait remis à André Breton - qui s’en était séparé peu après - un ensemble de documents et manuscrits, accompagné de ce billet : « Garde-le bien pour mes archives ». Ce dossier renfermait trois cahiers d’écolier comportant inédits, collages, coupures de journaux, documents relatifs à leur correspondance. Datés de 1924, ces archives rendent compte de la période surréaliste d’Aragon et de ses expériences d’écriture automatique. On y trouve également des dessins à la plume, ses réponses au questionnaire de Proust...
Sous double emboîtage cartonné bleu de l’éditeur.
N° 15
ARMAN
700 €
ESTAMPES, CATALOGUE RAISONNÉ Paris, Marval, 1990. In-4 (330 x 245 mm) de 325 pp. et 382 illustrations en couleur. Édition originale. Un des 185 exemplaires de tête sur vélin, les seuls à contenir les deux eauxfortes d’Arman, signées à la mine de plomb.
Pleine toile éditeur beige, titre doré, jaquette originale. Parfait état de neuf.
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N° 16
CÉLINE ARNAULD
270 €
POÈMES À CLAIRES-VOIES Paris, Éditions et Librairie, 1920. In-12 (186 x 145 mm) carré, non paginé. Édition originale. Un des 200 exemplaires sur vélin, d’un tirage total à 210 exemplaires. Envoi signé :
« à José Almira / hommage de l’auteur / Céline Arnauld »
Poète, épouse de Paul Dermée, Céline Arnauld eut le privilège d’avoir été admirée par Antonin Artaud. Admirée et comprise. « Si vous n’êtes arbre à corail ou madrépore, vous ne pouvez rien comprendre à l’art de Céline Arnauld. (…) Mais avant tout, Céline Arnauld ne fait pas de littérature. Nous ne sommes pas pour les règles. Mais plus une littérature se passe de règles, plus elle a besoin de se reposer sur la vie ».
Broché. Bel exemplaire, bords des couvertures légèrement passés.
N° 17
ANTONIN ARTAUD
9 000 €
LE THÉÂTRE ET SON DOUBLE Paris, Gallimard, coll. “Métamorphoses”, 1944. Pet. in-8 (195 x 160 mm) carré. Deuxième édition, en partie originale. Second tirage, limité à 1000 exemplaires sur Châtaignier. Envoi signé :
« À mes chers amis, Monsieur et Madame Bonnefoy. La magie curative du théâtre est de faire passer comme un défilé d’accusés condamnables du moi et de les exposer dans les agencements d’une vérité telle et sous un tel soleil de crédibilité que le moi de tout spectateur en sente éclater les passions de non être mais beaucoup mieux que s’il les vivait : c’est ce que j’ai voulu dire dans ce livre, de l’Annabella de [John] Ford et dans le film Animal crackers de la femme qui se renverse (…). La terre inerte où rêve ce qui lève du refoulement. Frapper, scander, lever tout ce qui sera l’âme, c’est le poème dit par tous les vrais acteurs, quand un poète inné leur donne de la matière, dont l’anarchie, le crime, l’érotisme, la guerre sont tous les accusés. Antonin Artaud »
Jacques Bonnefoy, procureur de la République, a donné de faux papiers à Artaud pour qu’il puisse quitter Paris et ainsi gagner la zone libre, et Rodez.
Autruche havane sombre, dos lisse, titre doré, tranches dorées, doublures et gardes de papier imprimé rappelant le grain de la peau employée, chemise demi-autruche à l’identique, étui bordé (Reliure signée Georges Leroux, 1969). Superbe exemplaire qui comporte, à la page 137, trois points d’exclamation en regard d'une phrase soulignée “De ce heurt du désordre moral et de l’anarchie catholique avec l’ordre païen” : cette note est d’Artaud himself et se retrouve, à l’identique, sur plusieurs exemplaires de cette édition (quatre rencontrés, tous avec envoi).
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N° 18
ANTONIN ARTAUD
750 €
VAN GOGH, LE SUICIDÉ DE LA SOCIÉTÉ Paris, K Éditeur, 1947. Pet. in-12 (120 x 110 mm) carré de 71 pp. Édition originale. Un des 30 premiers exemplaires sur vélin (630 au total sur ce papier), tirage hors-commerce. Illustré de nombreuses reproductions hors texte de toiles du peintre.
Printemps 1946, au Palais de l’Orangerie, rétrospective Vincent Van Gogh. Parmi la foule des visiteurs, Antonin Artaud sorti à peine de l’asile psychiatrique de Rodez. Un autre « aliéné », un autre génie. « Et qu’est-ce qu’un aliéné ? C’est un homme qui a préféré devenir fou, dans le sens où socialement on l’entend, que de forfaire à une certaine idée supérieure de l’honneur humain. » Cet honneur est tout entier, sans partage, dans la vie et l’œuvre de Van Gogh, ici chantée par un des très rares, peut-être le seul, capable d’une telle étude. En insurgé visionnaire, Artaud se livre avec véhémence à une cinglante critique de la société moderne, au travers du décryptage des toiles de Van Gogh, s’élevant contre cette société qui lui apparaît inapte à percevoir la profondeur d’une œuvre, et plus encore, en mesure de recevoir le génie artistique. « Ce n’est pas un certain conformisme de mœurs que sa peinture attaque, mais celui même des institutions. Et même la nature, (…) après le passage de Van Gogh sur terre, ne pourra plus garder la même gravitation. » Artaud, dans ce texte fiévreux, tient également à dénoncer les égarements de la psychiatrie et d’un certain Lacan qui établit en 1938 à son propos le diagnostic suivant : « (…) fixation irrémédiable, irréversible incapacité à écrire et mort du patient autour de 80 ans ». Triple échec pour le praticien !
Broché. Bel exemplaire.
N° 19
CHARLES ASSELINE AU
600 €
LE PARADIS DES GENS DE LETTRES Paris, Poulet-Malassis & de Broise, 1862. In-12 (155 x 90 mm) de 72 pp. Édition originale. Frontispice dessiné par Asselineau lui-même, à qui un ange indique le chemin de ce paradis littéraire.
Cette délicieuse utopie est dédiée à Théodore de Banville. Dans les pages qu’il lui consacrera en 1882 (Banville, Petits études. Mes souvenirs…), Banville écrit : « (…) à ce qu’il affirmait, [Asselineau] avait pu voir, vivant, le pays où les écrivains sont traités selon leur mérite, comme il l’a raconté dans un petit volume (…) qu’il m’a fait l’honneur de me dédier ». Écrivain, érudit et bibliophile, « se délectant,écrit Banville, dans son harem de livres, rares, rarissimes », Charles Asselineau décrit ce pays fabuleux où « les Gens de Lettres accomplissent leurs fonctions, entourés de l’estime et de la reconnaissance de tous » ; des presses imprimant toutes seules, des secrétaires-Sylphes qui, la nuit, notent toutes les pensées nées dans le cerveau travaillant de l’écrivain endormi, des directeurs de revue vigilants et très respectueux de leurs auteurs. Et qui voit-on pénétrer dans cet eden ? Asselineau lui-même qui s’est représenté sur la vignette, dessinée par lui et gravée par Bracquemont, emmené là par un ange. « Le petit Asselineau, note Banville, n’est nullement étonné de voir cet Ange, et trouve tout naturel d’être guidé par lui vers le palais où
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la copie se paye très cher, tant il avait confiance dans cet avenir, selon lui légitimement réservé aux Gens de Lettres. »
Demi-maroquin bleu roi, dos lisse orné de filets dorés, titre doré, date en pied, tête dorée, couv. cons. (Reliure signée de Laurenchet) Oberlé, 126 ; Vicaire, I, 126.
N° 20
CHARLES ASSELINE AU
4 800 €
CHARLES BAUDELAIRE, SA VIE ET SON ŒUVRE Paris, Lemerre, 1869. In-12 (185 x 120 mm) de 109 pp. Édition originale. Un des très rares exemplaires imprimés sur Hollande (non justifiés).
Tirée à petit nombre, cette première biographie du poète, parue deux ans après sa disparition, est l’œuvre des amis les plus intimes de Charles Baudelaire. Recherchée tant pour le texte que les eauxfortes qui l’accompagnent, cette édition est en effet illustrée d’un autoportrait, d’une gravure d’Émile de Roy, de deux de Manet et d’une de Courbet. Baudelaire et Charles Asselineau (l’un des plus fervents amis et défenseurs du poète) se sont rencontrés en 1845, par l’entremise d’Émile de Roy. Baudelaire prit part dans les querelles soulevées par la peinture de Manet en le défendant vigoureusement contre les accusations de ses détracteurs. Dans son tableau, La Musique aux Tuileries, Manet plaça le poète dans une attitude identique à celle qu’il prend dans l’un des portraits ici présentés. Les exemplaires sur Hollande de ce texte sont d’une grande rareté : Carteret mentionne uniquement l’exemplaire de l’auteur, nous connaissons aussi celui de Manet ; seuls deux autres exemplaires sont passés en vente ces trente dernières années.
Demi-chagrin rouge, filets dorés sur les plats, dos à nerfs orné d’un important décor constitué de filets et fleurons dorés, caissons d’encadrement dorés, roulettes dorées, titre doré, date en pied, tête dorée (Reliure de l’époque signée de Pouillet). Clouzot, 13 ; Vicaire, I, 129 ; Carteret, I, 41.
N° 21
HONORÉ DE BAL Z AC HISTOIRE INTELLECTUELLE DE LOUIS LAMBERT Paris, Ch. Gosselin, 1833. In-18 (160 x 95 mm) de 264 pp. Édition originale.
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1 800 €
Ce texte avait paru en 1832, dans les Nouveaux contes philosophiques, parmi d’autres textes. Cette version définitive, qui constitue la première séparée, présente d’importantes et notables variantes avec le texte du recueil, notamment Le Traité de la volonté, considérablement remanié. Dans la préface du Livre mystique, Balzac affirme avoir détruit une grande partie de cette édition. Elle ne fut imprimée qu’à 750 exemplaires en janvier 1833, avec une épigraphe ajoutée : « Au Génie, les Nuées du Sanctuaire ; à Dieu seul, la Clarté » et toujours la dédicace « Dilectae dicatum / Et nunc et semper » (à la chère entre toutes [Mme de Berny] / Et maintenant et toujours). L’exemplaire offert à cette dernière comporte d’abondantes corrections et 25 feuillets intercalés d’addition, notamment sur Vendôme et sur Le Traité de la Volonté. Louis Lambert, qui plante le personnage d’un intellectuel blessé, romantique et qui meurt fou, est presque autobiographique. Philippe Sollers devine dans ce roman une manière d’exorcisme : « (…) tout écrivain a à faire, un jour ou l’autre, à l’ épreuve de la folie ». Telle serait du moins « la hantise » de Balzac qui s’en tire « en laissant son double “chez les anges” et en se mettant avec un acharnement redoublé à sa Comédie. » (in Le Monde, 8 janvier 1999). De la librairie Richard Anacréon (étiquette) et de la bibliothèque G. M. Barclay (ex-libris).
Demi-maroquin brun à coins, filets dorés sur les plats, dos à nerfs orné de caissons d’encadrement dorés et décor de filets et fleurons dorés, titre doré, date en pied, tranches dorées. Bel exemplaire à grandes marges et élégamment relié. Carteret, I, p. 62 ; Clouzot, p. 20 ; Louvenjoul, 190.
N° 22
HONORÉ DE BAL Z AC
500 €
PHYSIOLOGIE DE L’EMPLOYÉ Paris, Aubert Lavigne, 1840. In-32 (136 x 84 mm) de 128 pp. Édition originale. 54 illustrations dans le texte de Louis-Joseph Trimolet, élève de David d’Angers.
« La meilleure définition de l’employé serait donc celle-ci : un homme qui pour vivre a besoin de son traitement et qui n’ est pas libre de quitter sa place, ne sachant faire autre chose que paperasser ! (…) D’après cette glose, un employé doit être un homme qui écrit, assis dans un bureau. Le bureau est la coque de l’employé. Pas d’employé sans bureau, pas de bureau sans employé. (…) Où cesse l’employé ? Question grave ! ».
Demi-maroquin bordeaux à coins, filets dorés sur les plats, dos lisse richement orné de fleurons, filets et roulettes dorés, titre doré, tête dorée, couv. cons. (Reliure signée de Semet & Plumelle). Très bel exemplaire, finement relié.
Lhéritier, Les Physiologies, p.30 ; Vicaire, I, 215 et VI, 598 ; Carteret, II, 481.
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N° 23
HONORÉ DE BAL Z AC
500 €
REVUE PARISIENNE Paris, À la revue Parisienne, 1840. 3 livraisons [collection complète] en un volume in-12 (90 x 140 mm) de 2 ff. et 396 pp. Édition originale. Premier tirage, avec les pages de livraisons mensuelles, avant la mise en vente collective chez Garnier.
Balzac est l’auteur des cinq textes réunis dans cette revue, avec une pagination continue pour les trois livraisons, avec, pour chacune, une page de titre (juillet, août et septembre). Contient entre autre l’édition originale de l’Étude sur monsieur Beyle (compte-rendu de La Chartreuse de Parme) et deux nouvelles importantes de Balzac, Les Fantaisies de Claudine et Z. Marcas.
Demi-maroquin vert, dos lisse fileté, large dentelle de fleurons dorés en pied. (Reliure de l’époque). En fin d’ouvrage, à la suite : Le Pamphlet. n° 1 & 2 [seuls parus]. Paris, Imp. Barjat, décembre 1841 et janvier 1842. 2 fasc. in-12, à caractère politique. Bel exemplaire. Rare. Carteret, I, p. 75.
N° 24
HONORÉ DE BAL Z AC
1 000 €
HISTOIRE DES PARENS PAUVRES - LA COUSINE BETTE Bruxelles, Librairie Tarride & Librairie encyclopédique Perrichon, 1846. 4 vol. in-16 (150 x 94 mm). Véritable édition originale de La Cousine Bette, publiée en Belgique d’après le feuilleton du Constitutionnel du 8 octobre au 3 décembre 1846 et ne contenant pas encore la dédicace à don Michele Angelo Caetani. Une préfaçon belge sera également publiée en 1847, chez Méline. L’édition française ne paraîtra qu’en janvier 1847, avec de nombreuses variantes.
Brochés, sous emboîtage toilé, pièce de titre de maroquin, filets dorés, titre doré. Beaux exemplaires tels que parus ; on signalera de petits manques en tête et pied pour chacun des volumes.
Van der Perre, Bibliographie des véritables originales d’Honoré de Balzac, p.111/A ; Pléiade, VII, p.1384.
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N° 25
HONORÉ DE BAL Z AC
450 €
TRAITÉ DE LA VIE ÉLÉGANTE - THÉORIE DE LA DÉMARCHE Paris, Librairie Nouvelle / Éditions Didier, 1853. In-16 (140 x 88 mm) de 87 pp. et 95 pp. Éditions originales.
Ces deux textes composent, avec le Traité des excitants modernes, les pathologies de la vie sociale, qui concluent la dernière partie de la Comédie Humaine intitulée, Études analytiques. Publié d’abord dans La Mode en octobre et novembre 1833, Le Traité de la vie élégante fait partie de ces œuvres dites mineures que Balzac a entreprises avant de se lancer dans l’écriture de La Comédie humaine. Il s’agit là d’une série de petits traités, d’un guide mi-railleur, mi-sceptique à l’usage des dandys ou de ceux qui désirent s’initier à ce rude métier. Avec une rigueur toute philosophique, Balzac multiplie les définitions, les distinctions subtiles, les aphorismes et maximes pour établir une véritable esthétique de la vie mondaine. La Théorie de la démarche, c’est la théorie du mouvement. C’est la version laïque, mondaine, journalistique et humoristique de Louis Lambert. Balzac procède au décryptage, à partir de la démarche, de la condition et du caractère : de son point de vue, ce ne sont pas seulement le corps et l’âme qui se correspondent, mais le vêtement, l’entourage, la maison ; tout cela ordonne le portrait de l’individu.
Demi-maroquin grain long marine, dos lisse richement orné de décors romantiques dorés, filets dorés, titre doré. Bel exemplaire, en jolie reliure romantique ; intérieur d’une grande fraîcheur. Vicaire, I, 243 et 543 (indique par erreur la date de 1855 pour Le Traité de la vie élégante).
N° 26
HONORÉ DE BAL Z AC
9 000 €
UNE PASSION DANS LE DÉSERT Paris, Maxime Cottet-Dumoulin, 1949. In-4 (330 x 260 mm) de 2 ff., 70 pp. et 2 ff. + la suite des illustrations de Jouve. Édition limitée à 123 exemplaires sur Arches, celui-ci un des 110 num. (n° 38) avec la suite en noir des hors-texte, signée par l’artiste et l’éditeur. Illustrations de Paul Jouve gravées à l’eauforte par Haasen.
Cette surprenante et sulfureuse nouvelle de Balzac, publiée le 24 décembre 1830 dans La Revue de Paris, est assurément l’un des textes les plus brefs de la Comédie humaine. Il n’en est pas moins d’une complexité dont témoignent les hésitations de l’auteur pour lui donner une place dans son œuvre : après l’avoir insérée dans Les Études philosophiques, il en fait finalement l’une des deux Scènes de la vie militaire, avec Les Chouans. Quinze ans après Waterloo, Balzac signe là un des premiers manifestes de la légende napoléonienne. Ce récit balzacien n’a reçu aucune illustration ni du vivant de l’auteur, ni dans les décennies suivantes. C’est tout naturellement à Paul Jouve, pour son art de donner vie aux fauves, qu’ont été confiées l’illustration et la décoration d’une édition luxueuse de cette nouvelle. Dès sa formation, Paul Jouve se passionne pour les animaux et affirme très tôt sa réputation d’artiste : à 16 ans il participe à des expositions, remportant un premier succès au Salon des Artistes français ;
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ses dessins animaliers seront remarqués par l’architecte René Binet qui lui passe commande de la décoration de la porte monumentale de l’Exposition universelle de 1900, éveillant ainsi son talent de sculpteur et l’encourageant à poursuivre l’étude de la physionomie animale par de nombreux voyages dans les zoos d’Europe et d’Afrique du Nord. Études bientôt mises en pratique avec des chefs-d’œuvre comme l’illustration du Livre de la Jungle de Kipling ou celle du Pélerin d’Angkor de Pierre Loti, jusqu’à cette Passion dans le Désert.
Plein maroquin rouge, dos lisse, jeu de filets et entrelacs dorés sur les plats, tranches dorées sur témoins (Reliure signée de Mazel-Stouff) ; la chemise et l’étui de l’éditeur à imitation de peau de python ont été conservés. Une passion dans le désert, De Balzac à Paul Jouve, Exposition du 4 octobre 2007 au 6 janvier 2008 à La Maison de Balzac ; Monod, 915.
N° 27
THÉODORE DE BANVILLE
300 €
AMÉTHYSTES Paris, Librairie Poulet-Malassis, 1862. In-12 (154 x 93 mm) de 47 pp. Édition originale de ces 12 poèmes dédiés à Marie Daubrun, avec laquelle l’auteur séjourna à Nice durant le premier semestre 1860.
Chef de file du mouvement parnassien, en opposition farouche à la poésie réaliste naissante, Théodore de Banville prône un amour exclusif et inconditionnel de la Beauté. Selon lui, le style, les mots, les mètres, la rime, doivent prévaloir à toute entreprise poétique, lesquels sont ainsi garants de l’intensité de l’émotion, de la profondeur du sentiment. Cette recherche presque obsessionnelle de la perfection technique dans l’élaboration de ses vers est pour lui l’occasion de se comparer au sculpteur qui, de l’informe, fait naître, plus encore que la représentation, un sentiment. Toujours s’est-il refusé à sombrer dans un romantisme par trop empathique, lyrique et détaché du réel, lui préférant la pureté formelle de l’acte poétique, maniant avec brio les richesses de la poésie française et remettant au goût du jour nombre de procédés médiévaux. Son influence fut déterminante pour bien des auteurs à venir, Parnassiens en tête.
Broché, étui-chemise. Bel exemplaire, jolie impression en rouge et noir. Les trois dernières pages sont occupées par un catalogue des œuvres de Banville. Oberlé, 169 ; Vicaire, I, 267.
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N° 28
THÉODORE DE BANVILLE
500 €
LA COMÉDIE-FRANÇAISE, RACONTÉE PAR UN TÉMOIN DE SES FAUTES Avec une préface et un épilogue en vers Paris, Albert, 1863. In-12 (120 x 190 mm) de 72 pp. Édition originale du premier essai de Théodore de Banville.
Cette étude avait précédemment paru - signé du pseudonyme de L’inconnu - dans le Nain Jaune d’Aurélien Scholl. De la bibliothèque d’Alfred Piat, avec son ex-libris tiré sur Chine monté en frontispice et son fer doré au premier plat.
Percaline rouge glacée, dos lisse, pièce de titre de maroquin noir, non rogné, ex-libris au fer doré sur le premier plat [A. Piat]. (Reliure de l’époque signée de J. Gilg, relieur, rue Saint-André des Arts).
N° 29
THÉODORE DE BANVILLE
700 €
CONTES POUR LES FEMMES Paris, Charpentier, 1881. In-12 (188 x 115 mm) de 452 pp. Édition originale. Envoi signé :
« à Madame J. Drouet / hommage du plus tendre et du / plus affectueux respect / Th. de Banville »
Recueil de contes « pour les femmes », avec un frontispice par Rochegrosse. Envoyé à Juliette Drouet, muse si importante de l’histoire littéraire du XIXème siècle... Belle provenance, n’est-il pas ?
Demi-chagrin glacé noir, dos lisse orné de filets et fleurons figuratifs dorés, roulettes dorées, titre doré, tête dorée (Reliure de l’époque). Dos de la reliure insolé, quelques rousseurs dans le texte.
N° 30
JULES-AMÉDÉE BARBEY D’AU REVILLY
2 300 €
LA BAGUE D’ANNIBAL Paris, Duprey, 1843. In-16 de 4 ff., 128 pp. Édition originale. Tirage à 150 exemplaires, un des 25 premiers sur Hollande.
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Le second ouvrage de Barbey et le premier publié par son grand ami Trébutien. Le texte avait paru dans le Globe, les 12, 13, 14 et 15 octobre 1842.
Demi-maroquin rouge à coins, dos lisse, titre doré, couv. cons. Très bel exemplaire, parfaitement établi. Carteret, I, 102.
N° 31
JULES-AMÉDÉE BARBEY D’AU REVILLY
4 000 €
L’ENSORCELÉE Paris, Lemerre, 1873. In-16 de 292 pp.
Portrait gravé en tête par Rajon. Envoi signé, enrichi d’une dédicace en vers :
« À M. Victor Lalotte, mon ami Du temps du Roi Guillemot De la Reine Guillemotte On prenait chaque homme au mot Chaque femme par la cotte Ce Roman n’est pas d’un sot Qu’il vous prenne au cœur Lalotte ! Jules Barbey d’Aurevilly »
Cet ouvrage s’inscrit à l’origine dans un vaste projet d’écrire plusieurs romans consacrés à la chouannerie pour les regrouper sous le titre général Ouest. Il renoncera à cette entreprise dont il ne subsistera que deux romans, Le Chevalier des Touches et L’Ensorcelée. Ce dernier paraît en 1852 en feuilleton dans L’Assemblée nationale, où Jules Barbey d’Aurevilly fait bientôt campagne pour le rétablissement de l’Empire. Il mettra ainsi en scène dans le roman les voix populaires au service de son « combat contre le matérialisme et l’égalisation bourgeoise, contre le monologisme lié à une conception universaliste et rationaliste du langage, contre enfin une certaine conception de l’Histoire », usant pour cela de la force suggestive de la polyphonie des voix populaires, très présentes dans ce roman, le plus “terrien” de Barbey, dont l’action se déroule au milieu de la lande de Lessay, une des plus considérables de la presqu’île du Cotentin.
Demi-maroquin noir à coins, dos à nerfs, titre doré, sous étui-emboîtage de demi-maroquin noir à coins (Laurenchet). L’exemplaire est en outre enrichi de la suite des sept eaux-fortes dessinées et gravées par Félix Buhot, réalisée pour cette édition ; cette suite est conservée à part, à toutes grandes marges. Superbe exemplaire. Vicaire, bibliothèque Lemerre, 710 ; Correspondance générale, viii, 190 (pour Lalotte) ; envoi répertorié dans Les Dédicaces..., p.12 (cf. n° suivant).
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N° 32
JULES-AMÉDÉE BARBEY D’AU REVILLY
3 000 €
LES DÉDICACES À LA MAIN DE M. J. BARBEY D’AUREVILLY Paris, Auguste Blaizot, 1908. Pet. in-folio (285 x 185 mm) de xxxii et 237 pp. Édition originale. Un des 19 premiers exemplaires sur Japon (d’un tirage total à 500 exemplaires). Notice par Jean de Bonnefon. Avec soixante-deux reproductions en fac-similé et un portrait de l’auteur gravé à l’eau-forte par Noyon, d’après une photographie.
Fantastique documentation qui recense tous les envois connus alors de Jules Barbey d’Aurevilly, avec de nombreux fac-similés.
Demi-maroquin châtaigne à coins, filets dorés sur les plats, dos lisse orné de filets et fleurons dorés, tête dorée, couv. et dos cons. (Reliure signée de Claude Honnelaître). Exemplaire parfait.
N° 33
JULES-AMÉDÉE BARBEY D’AU REVILLY
1 600 €
LES DIABOLIQUES Paris, A. Romagnol / Librairie de la Collection des dix, 1910. Fort in-4 de 321 pp. Un des 120 exemplaires sur vélin, avec suite en noir avec remarques et suite en couleur, enrichi d’un troisième état pour neuf des eaux-fortes. 38 superbes compositions gravées en taille-douce de Lobel-Riche, dont 21 à pleine page, dont le portrait de Barbey en frontispice, 10 grands entêtes et 7 grands culs-de-lampe.
Demi-maroquin bordeaux à coins, filets dorés sur les plats, dos à nerfs orné de caissons et filets dorés, titre doré, date en pied, tête dorée, dos cons. Bel exemplaire, bien relié à l’époque.
N° 34
MAURICE BARRES
450 €
TOUTE LICENCE SAUF CONTRE L’AMOUR Paris, Librairie académique Didier Perrin, 1892. In-16 (155 x 98 mm) de 86 pp. et [1 f.]. Édition originale. Un des 16 premiers exemplaires sur Japon (seul papier).
Broché, sous étui-chemise de demi-maroquin vert, doublures de daim, dos lisse, titre doré en long. Parfait état.
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N° 35
ROL AND BARTHES
700 €
SUR RACINE Paris, Éditions du Seuil, 1963. In-12 (207 x 144 mm) de 166 pp. Édition originale. Envoi signé :
« à vous, cher Jean [Cayrol], / avec la vieille et / toujours neuve amitié / Roland »
Roland Barthes appartient à cette génération d’auteurs qui trouva chez Jean Cayrol l’éditeur généreux et capable de risque dont elle avait besoin. Dix ans avant ce livre, Cayrol avait accueilli son premier texte, Le Degré zéro de l’écriture que refusait la maison Gallimard malgré le parrainage de Raymond Queneau. En 1963, le Racine du jeune linguiste n’a rien d’un travail orthodoxe, loin s’en faut. L’auteur lui-même prévient dans son prière d’insérer que « L’analyse qui est présentée ici ne concerne pas du tout Racine, mais seulement le héros racinien ». En fait, et c’est là la raison de la polémique qui va naître, l’auteur avoue lui-même mener une « réflexion sur la critique littéraire » tel qu’elle est en vigueur à l’Université. Cette attaque contre l’institution va trouver en la personne de Raymond Picard, éditeur scientifique des Œuvres complètes de Racine dans la Pléiade, professeur à la Sorbonne, une violente réaction. Sous un titre sans appel, Picard rédige un petit texte, Nouvelle critique ou nouvelle imposture ? dans lequel il lance entres autres flèches : « Attaquer l’Université fait partie du conformisme d’avant-garde dont M. Barthes est l’une des figures marquantes. » Si l’on peut lire dans la presse des chapeaux du genre : « Roland Barthes K.-O. en cent cinquante pages », la querelle n’est qu’à son prélude. En 1966, Barthes publie dans Tel Quel, en guise de mise au point et de réplique à Picard, Critique et Vérité. Picard prend date et déclare dans les colonnes du Nouvel Observateur que Barthes « s’enfonce un peu plus avant (…) dans les ténèbres ». Soit. Il demeure qu’était née une querelle idéologique entre l’académisme de l’Université d’après-guerre et les thèses avant-gardistes d’intellectuels qui finiront cependant par supplanter leurs adversaires. Pour l’heure, ils trouvent refuge, en particulier, à l’École pratique des hautes études où Barthes restera dix-huit ans comme directeur d’études sociologiques jusqu’à son élection au Collège de France. Sur Racine réunit trois études : une préface parue en 1960 pour l’édition des Œuvres de Racine au Club français du livre ; le compte-rendu d’une représentation de Phèdre au TNP, parue dans la revue Théâtre populaire en 1958, (revue fondée par Barthes), enfin, une étude publiée en 1960 dans la revue Annales.
Broché, étui-chemise. Bandeau à parution conservé.
N° 36
CHARLES BAUDEL AIRE
5 600 €
LES FLEURS DU MAL Deuxième édition, enrichie de 35 poèmes nouveaux. Paris, Poulet-Malassis & de Broise, 1861. In-8 (125 x 190 mm) de un portrait, 2 ff. et 319 pp. Deuxième édition, en partie originale. Portrait de Baudelaire par Bracquemond, en premier état, avec le nom “Charles Baudelaire” calligraphié et imprimé sous le portrait, qui manque souvent.
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Classique par conscience et formation, moderne par intuition, Baudelaire, partagé entre ses propres convictions, construit le modèle d’une poésie exigeante et nouvelle dont le sommet est sans doute Les Fleurs du Mal. Lors de sa publication, le recueil fait l’objet d’un procès pour délit d’outrage à la morale publique et pour outrage à la morale religieuse, dernière accusation finalement abandonnée. Baudelaire paye une amende et se voit contraint de supprimer six pièces. Cette édition de 1861, rajoute trente nouvelles œuvres. L’édition définitive et posthume de 1868 comprendra 151 poèmes, mais sans les poèmes interdits. Ceux-ci seront publiés dans le Complément aux Fleurs du Mal de Charles Baudelaire, relié ici la suite : cet ensemble donne donc l’intégralité des poèmes parus des Fleurs du mal du vivant de Baudelaire.
[relié à la suite] COMPLÉMENTS AUX FLEURS DU MAL Bruxelles, chez tous les libraires, 1869. In-8 (125 x 190 mm) de 2 ff., 30 pp. et 1 f. Édition originale. Elle comprend les Pièces condamnées de l’édition de 1857 ainsi que deux autres pièces, Galanteries et Bouffonneries. Demi-maroquin tabac à coins, dos à nerfs, titre doré, tête dorée, couv. cons. (Reliure signée de Durvand). Une auréole claire en marge supérieure des feuillets, s’atténuant ; au demeurant bel exemplaire en reliure XIXème signée, condition rare, avec ses couvertures. Oberlé, 216 et 849 ; Carteret, I, 124 ; Vicaire, I, 343.
N° 37
CHARLES BAUDEL AIRE
400 €
LES ÉPAVES Paris, Alphonse Lemerre, 1890. In-12 (120 x 185 mm) de 2 ff., 46 pp. et 2 ff. Première édition imprimée en France, après deux éditions données en Belgique (deux tirages en 1866 et une réédition en 1874). Un des rares exemplaires tirés sur Chine, non justifiés.
Publié en 1866, le recueil regroupe vingt-trois pièces que Charles Baudelaire n’a pas pu ou n’a pas voulu intégrer aux Fleurs du Mal. Les autres parties sont intitulées Galanteries, Épigraphes, Pièces diverses et Bouffonneries ; elles regroupent surtout des œuvres de circonstance, des « bribes, morceaux poétiques condamnés ou inédits », selon les mots de l’éditeur Auguste Poulet-Malassis. La préface, signée d’Alphonse Lemerre, précise « qu’on y a ajouté cinq boutades rimées (…) ainsi que l’épilogue en vers qui se trouve à la suite des Poèmes en prose de l’édition des Œuvres Complètes ».
Broché, non coupé. Bel exemplaire, tel que paru. Carteret, I, 128 ; Talvart & Place, 11d.
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N° 38
CHARLES BAUDEL AIRE
1 200 €
MON CŒUR MIS À NU (JOURNAUX INTIMES) Paris, La Sirène, 1919. In-16 (123 x 79 mm) de un portrait, 4 ff., 163 pp. et 3 ff. Première édition séparée. Un des 50 premiers exemplaires sur vergé d’Arches.
Le 1er avril 1861, Charles Baudelaire confie à sa mère, Madame Aupick, un vaste projet qui le hante jusqu’à l’obsession et dont l’écriture le délivrera des chaînes de sa solitude dans le siècle : « Un grand livre auquel je rêve depuis deux ans, où j’entasserai toutes mes colères. Ah ! si jamais celui-là voit le jour, Les Confessions de Jean-Jacques Rousseau paraîtront pâles. Tu vois que je rêve encore ». Ces notes éparses ne seront publiées qu’après sa mort, dans Œuvres posthumes et Correspondances inédites (Paris, Quantin, 1887). Ces feuilles forment trois ensembles : Fusées, Hygiène et surtout Mon cœur mis à nu, qui fut vraisemblablement écrit entre 1859 et 1865. Ce dernier ensemble est composé de quarante-huit fragments ; l’ouvrage répond à un défi formulé par Edgar Pœ dans ses Marginalia : « S’il vient à quelque ambitieux la fantaisie de révolutionner d’un seul coup le monde entier de la pensée humaine, de l’opinion humaine et du sentiment humain, l’occasion s’en offre à lui. (…) Il lui suffira en effet d’écrire et de publier un très petit livre. Le titre en sera simple - quelques mots bien clairs - Mon cœur mis à nu. » C’est ici la toute première édition séparée de ce texte, tout autant qu’une des premières publications des jeunes éditions de La Sirène fondées en 1917 par Paul Laffitte, maison d’édition qui, dans de nombreux domaines, fit œuvre de précurseur, rééditant des œuvres majeures tombées dans l’oubli (la collection “Rat de bibliothèque”) tout en donnant une tribune à des auteurs de premier plan, alors à leurs débuts (Max Jacob, Jean Cocteau), s’assura aussi la collaboration d’artistes de renom (Kees Van Dongen, Fernand Léger ou Raoul Dufy). Comptant parmi ses collaborateurs Blaise Cendrars et parmi ses directeurs littéraires Félix Fénéon, La Sirène fut à l’origine d’imposants chantiers éditoriaux. La couverture et la page de titre sont ornées d’une sirène dessinée par Raoul Dufy.
Plein maroquin janséniste rouge, dos à nerfs, titre doré, date en pied, filets dorés à l’intérieur, doublures et gardes de taffetas rose, toutes tr. dorées, couv. et dos cons., sous étui cartonné (Reliure signée d’Alix). Bel exemplaire, très bien relié. Pascal Fouché, Les Éditions de la Sirène, n° 19.
N° 39
CHARLES BAUDEL AIRE
700 €
ŒUVRES COMPLÈTES Paris, Les Éditions de la Nouvelle Revue Française, 1918-1937. 12 vol. in-4 (240 x 160 mm). Belle édition donnée à la N.R.F., la plus complète parue alors. Elle est établie par F.-F. Gautier puis par Y.-G. Le Dantec, d’après les textes originaux et dans toutes les variantes des éditions postérieures, donnant ainsi, quelques temps avant l’édition Pléiade, un outil des plus complets quant aux textes de Baudelaire.
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Demi-maroquin noir ou vert foncé à coins, dos à nerfs, titres dorés, têtes dorées, couv. et dos cons. Quelques dos passés et infimes accrocs, néanmoins bel exemplaire, rare complet.
N° 40
HERVÉ BA ZIN
500 €
LE BUREAU DES MARIAGES Paris, Bernard Grasset, 1951. In-12 (190 x 125 mm) de 255 pp. et 3 ff. Édition originale. Un des 40 premiers exemplaires sur Montval. Envoi signé :
« en toute sympathie de l’auteur à Maurice Maréchal, ces personnages définis par des hasards, Hervé Bazin » Recueil de huit nouvelles, primitivement intitulé l’Âme sœur. Une première version du Bureau des mariages sera publiée dans Les Nouvelles littéraires du 6 janvier 1949. Une adaptation cinématographique en sera faite en 1962, sur un scénario d’Hervé Bazin, avec Michael Lonsdale.
Demi-maroquin bordeaux à coins, dos à nerfs, titre doré, date en pied, tête dorée, couv. et dos cons. (Reliure signée de Dreneau). Très bel exemplaire.
N° 41
HERVÉ BA ZIN
600 €
LÈVE-TOI ET MARCHE Paris, Bernard Grasset, 1956. In-12 (135 x 190 mm) de 278 pp. et 2 ff. Édition originale. Un des 80 premiers exemplaires sur Montval. Envoi signé :
« Quand on s’appelle Maréchal, on sait qu’il y a plusieurs façons d’avoir du bâton ou recette morale pour se maréchaliser le destin. Amicalement, Hervé Bazin » Constance Maréchal, une jeune fille atteinte d’une maladie handicapante dont l’issue est fatale se révolte contre les clichés qui ne manquent pas de naître en pareille occasion : « Un infirme semble un être incomplet, comme si d’un être diminué ne pouvait jaillir que des vérités diminuées, comme si sa pensée était aussi débile que son corps. » Constance s’insurge, se presse de vivre le peu de temps qu’il lui reste et clame haut et fort : « Non, je ne suis pas, je ne serai pas une infirme ordinaire, que mon orgueil bouleverse mes défaillances ! »
Demi-maroquin bordeaux à coins, dos à nerfs ornés, filets dorés, tête dorée, couv. et dos cons. (Reliure signée de Nalny). Bel exemplaire, très bien relié.
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N° 42
ANTOINE BE AU VERT
700 €
CARICATURES POLITIQUES S.l.n.é., An VI (1798). In-16 étroit (153 x 94 mm) de 18 pp. + 5 portraits hors texte. Édition originale rare. Elle est illustrée de cinq portraits, tous rehaussés à l’époque : l’Indépendant, l’Exclusif, l’Acheté, l’Enrichi et le Systématique.
Antoine-Joseph, comte de Barruel-Beauvert, littérateur et critique, cousin de Rivarol, dont il avait l’esprit, né le 17 janvier 1756 et mort en 1817, avait quitté l’armée avec le grade de capitaine de dragons. À la Révolution, il s’offrit comme otage de Louis XVI et rédigea en 1791 la feuille monarchique les Actes des apôtres, ce qui motiva contre lui une condamnation à la déportation à laquelle il échappa en se cachant, avant de finir par se rallier à l’Empire. Il rédigea notamment une Vie de J.J. Rousseau en 1789.
Plein cartonnage de l’époque, dos lisse, pièce de titre de maroquin brun, titre doré. Bon exemplaire, belle fraîcheur des gravures.
N° 43
SIMONE DE BE AU VOIR
450 €
LA FORCE DES CHOSES Paris, Gallimard, 1963. Fort in-8 (140 x 210 mm) de 686 pp. Édition originale. Un des 35 premiers exemplaires (n° 25) sur Hollande.
La Force des choses est le troisième tome de l’autobiographie de Simone de Beauvoir. Il couvre la période de 1944 à 1962. Elle y dévoile son expérience de la guerre, sa relation avec Jean-Paul Sartre, ses aventures amoureuses et ses engagements politiques : à l’heure des bilans, l’auteur juge cette période comme le début du déclin, signe que sa vie lui échappe en prenant un tournant souvent non désiré.
Plein chagrin ébène, dos à nerfs orné de caissons dorés, titre doré, doublure de daim aux gardes, couv. et dos cons. Bon exemplaire.
N° 44
HANS BELLMER 3 TABLEAUX 7 DESSINS 1 TEXTE S.l., Documents Surréalistes, 1944. In-8 (242 x 182 mm) de 32 pp.
30
9 000 €
Édition originale. Un des 60 exemplaires (n° 13) signés et numérotés par l’auteur (seul tirage), bien complet des 10 planches, numérotées de I à X et comportant chacune un tirage argentique contrecollé.
Ce texte, au ton surréaliste le plus pur, dédié à André Breton, expose, entre autre, une liste des « corrélations (…) entre l’excitation de certains organes et les deux phénomènes que l’on appelle LES SOUVENIRS ET LES OUBLIS ». Parmi les huit qui « existent selon [ses] observations », Hans Bellmer relève les excitations « des testicules (ovaires chez la femme), lié au souvenir de la patrie et des opérations arithmétiques » ou « d’un segment du pénis (le clitoris chez la femme), lié aux souvenirs de l’art et à ceux du tact »…
En feuilles, sous couverture. Parfait état. Rarissime.
N° 45
BENJAMIN BERGMANN
600 €
VOYAGE CHEZ LES KALMUKS Suivi de : Essai sur la fuite des Kalmuks des bords du Volga Châtillon sur Seine, Cornillac, 1825. In-8 (215 x 130 mm) de 361 pp. + 11 planches d’écriture. Première et unique édition française. L’originale allemande, en quatre volumes, avait paru en 1804.
En 1802, Benjamin Bergmann rapportait de son voyage en Asie un impressionnant ensemble de notes consacré à un peuple nomade de la province de l’Astrakhan (nord-Caucase), les Kalmuks. Après des fragments publiés dans les Miscellen der Russischen und Mogolischen Litteratur…, revue allemande dédiée à la littérature russe et mongole et publiée à Riga en 1802, Bergmann, deux ans plus tard, fit paraître dans cette même ville l’ensemble de son travail. Les quatre volumes le constituant donnaient, pour la première fois des renseignements précis sur les coutumes, la religion et la langue de cette peuplade d’Asie centrale. Or, sans le concours de chercheur comme M. Morris, traducteur de Bergmann, une telle étude serait restée presque inconnue en France. En effet, note à l’époque un critique du Journal des savants, « à peine quelques extraits en furent consignés dans des collections géograpiques, et un très petit nombre d’exemplaires seulement furent placés dans les bibliothèques des savants. » À cette étude sont jointes onze planches lithographiées représentant l’alphabet kalmuk, ainsi qu’un texte dans cette langue accompagné de sa transcription en caractères latins. Enfin, le dernier quart de la traduction de Morris contient le récit de l’un des épisodes majeurs de l’histoire des Kalmuks. Sous le titre Essai sur la fuite des Kalmuks des bords du Volga, est racontée la migration, en 1771, de quelques trois cent mille personnes qui fuyèrent une région où depuis cent ans elles avaient élu domicile ; de l’empire russe, les Kalmuks passèrent alors sous domination chinoise en s’établissant dans le nord du Caucase. Étude à la fois ethnographique et linguistique, cet ouvrage appartient au corpus que produisit l’orientalisme scientifique du XIXème siècle.
Demi-basane havane de l’époque, dos lisse orné de filets dorés, titre doré, tranches marbrées. Quelques frottements à la reliure, sinon bel exemplaire de ce rare ouvrage. Chadenat, 5323.
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N° 46
HENRI BERGSON
300 €
LA SPÉCIALITÉ Discours prononcé par M. Bergson Angers, Imp. Lachèse & Dolbeau, 1882. In-12 (175 x 120 m) de 16 pp. Édition originale.
Au seuil de sa carrière, Henri Bergson adresse à ses jeunes élèves du lycée David d’Angers, et devant un parterre d’autorités académiques, le premier des trois discours qu’il prononcera de 1882 à 1895. Ce discours de circonstance, certes, sur « la spécialité » comme plus tard, sur « la politesse » puis sur « le bon sens et les études classiques », est en fait une critique de la division du savoir et une défense de la culture complète contre son morcellement. Efficace dans le monde moderne, ce dernier va cependant à l’encontre de l’idéal de l’honnête homme que défend Bergson, pour qui l’éducation enseigne « tout et ne prépare à rien ». Tenus longtemps à l’écart de son œuvre philosophique, ce discours (et les suivants) sont cependant constitutifs de la pensée bergsonnienne et révèlent ses préoccupations majeures.
Cousu. Couverture restaurée.
N° 47
HENRI BERGSON
450 €
ESSAI SUR LES DONNÉES IMMÉDIATES DE LA CONSCIENCE Paris, Félix Alcan, 1901. In-8 (230 x 150 mm) de viii, 182 pp. et 1 f. Troisième édition. Envoi signé :
« à monsieur F. Rocquain, membre de l’Institut, respectueux hommage, Henri Bergson »
Thèse de doctorat de Bergson, l’Essai sur les données immédiates fut publié initialement en 1889, connut une seconde édition en 1898 puis cette troisième. Félix Rocquain était membre de l’Académie des sciences morales et politiques (section d’Histoire). Ce chartiste était également chef de la section moderne et conservateur honoraire aux Archives nationales.
Demi-chagrin brun, dos lisse, titre doré, couv. cons. (Reliure de l’époque). Bon exemplaire, avec quelques notes manuscrites de Rocquain dans les marges ; mors frottés.
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N° 48
TRISTAN BERNARD
4 000 €
TABLEAU DE LA BOXE Illustré de vingt-neuf gravures à l’eau-forte par A. Dunoyer de Segonzac. Paris, Éditions de la Nouvelle Revue Française, coll. “Tableaux Contemporains”, n° 2, 1922. Grand in-8 (250 x 210 mm) de 212 pp. et 3 ff. Édition originale. Un des 318 exemplaires sur vélin Lafuma-Navarre (d’un tirage total à 333 exemplaires), illustré de 29 eaux-fortes originales de Dunoyer de Ségonzac dont 9 à pleine page.
Un an avant la parution de ce livre, le match de boxe Carpentier-Demsey de New-Jersey avait défrayé la chronique sportive internationale : « Jamais, lit-on dans le Figaro, un combat de boxe n’a pareillement ému l’opinion publique ». Nul doute que pour le directeur avisé de la N.R.F., il fut opportun dès lors de publier un texte sur le noble art. À qui s’adresser, sinon à un auteur qui avait de fortes accointances avec les milieux sportifs ? Tristan Bernard, homme de théâtre certes, avait été rédacteur en chef du Journal des Vélocipédistes, puis directeur sportif du Vélodrome Buffalo, et avait tenu en compagnie de Léon Blum la rubrique « Critique du sport » dans la très littéraire Revue Blanche entre 1892 et 1895. C’est là qu’il signe ses premiers articles. Âge d’or de la boxe, la Belle Époque avait vu des poètes comme Cocteau devenir manager d’un Al Brown ; un magazine spécialisé, La Boxe et les boxeurs, avait même vu le jour auquel collabora Tristan Bernard. Quand la N.R.F. proposa ce texte à l’auteur celui-ci « accepta avec enthousiasme en apprenant que ce livre devait être illustré par Dunoyer de Segonzac ». Si l’écrivain n’était pas sans connaître Combat de boxe, huile sur toile que l’artiste avait exposée au Salon d’automne de 1911, il admirait surtout la nouvelle carrière d’illustrateur et de graveur qu’il avait commencée deux ans plus tôt. En effet, Dunoyer de Segonzac d’abord peintre et dessinateur, n’aborda que vers trente-cinq ans la gravure, grâce au grand bibliophile René Blum, lequel lui commanda des planches pour Les Croix de bois de Roland Dorgelès. Segonzac n’eût qu’à faire un court apprentissage chez le maître-graveur J.-E. Laboureur pour s’initier à la technique de l’eau-forte. Les illustrations de Tableau de la boxe appartiennent aujourd’hui aux quelques 1600 gravures du catalogue de son œuvre gravée.
Plein maroquin brun, dos lisse, encadrement intérieur du même maroquin, doublures et gardes de daim bis, tranches dorées sur témoins, couv. et dos cons., chemise de demi-maroquin brun à bandes, étui (Reliure signée de J.-P. Miguet). Très bel exemplaire. Monod, 1431 ; Skira, 326 ; Carteret, IV, 71 ; Rauch, 116. J. Melas-Kyriaz, Dunoyer de Segonzac : sa vie, son œuvre.
N° 49
BERNARDIN DE SAINT-PIERRE
3 500 €
PAUL ET VIRGINIE Suivi de : La Chaumière indienne Paris, Éd. de la Roseraie, 1927. Fort in-4 (275 x 225 mm) de 221 pp. et 1 f. + suite en trois états. Tirage unique à 135 exemplaires. Un des 25 premiers (n° 2) sur Japon comportant une aquarelle originale de Falké, 60 gravures coloriées au pochoir, 3 suites des gravures, dont l’eau-forte pure, l’état en noir, puis en couleur.
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Pierre Falké est né à Paris, le 24 mai 1884. Il se fait surtout connaître par ses nombreux dessins d’humour qu’il donne aux journaux et aux revues, avant de s’imposer ensuite comme illustrateur. Falké a illustré plus de soixante livres. « Il a trouvé sa voie dans l’eau-forte (…). Ce peintre qui s’ignore a donné dans Paul et Virginie, non seulement la mesure de son talent infiniment délicat, mais encore un des plus beaux livres illustrés de notre génération. Il y a, dans ces estampes, un alliage de l’instinct et de l’intelligence qui aboutit à une réussite émouvante. » (Pierre Mac Orlan, in Catalogue des éditions la Roseraie, 1927).
Plein maroquin janséniste havane, dos à nerfs orné de filets à froid, titre doré, date en pied, doublures de maroquin vert mousse encadrées d’un filet doré et décorées de deux superbes paysages exotiques mosaïqués en plusieurs tons de maroquin vert, havane, fauve, ocre, gris, beige, bordeaux et vert, reproduisant deux des illustrations hors texte, gardes de moire havane, doubles gardes, double filet doré sur les coupes, tranches dorées sur témoin, couv. et dos cons., sous étui plein papier havane. (Rel. signée de Blanchetière). Superbe exemplaire, doublures magnifiquement mosaïquées. Monod, 1447 ; Mahé, III, p. 363 ; Carteret, IV, 335, « édition recherchée, très cotée en grand papier ».
LÉON BLOY N° 50
LE RÉVÉLATEUR DU GLOBE Paris, Santon, 1884. In-8 (225 x 140 mm) de 2 ff., x, 374 pp. et 1 f.
600 €
Édition originale du premier livre de Léon Bloy, préfacé par Barbey d’Aurevilly.
En 1867, venu à Paris, il fit la rencontre – décisive – de l’écrivain Jules Barbey d’Aurevilly, qui allait devenir son maître et ami. C’est d’ailleurs sous l’influence de l’auteur des Diaboliques qu’il se convertit au catholicisme en 1869 : alors qu’il habite 24 rue Rousselet à Paris, il fait la connaissance à 21 ans de Barbey d’Aurevilly, qui réside en face de chez lui, au 25, lequel réunit chaque dimanche quelques auteurs débutants : Coppée, Bourget, Huysmans, Péladan ou Richepin. La contagion est rapide : quelques mois plus tard, il écrit à sa mère, pleine de joie (mais son père l’est moins) : « Pour moi, il n’y a de vraie foi que celle qui gouverne absolument et despotiquement la raison ».
Vélin blanc, dos lisse titré, couverture parcheminée et illustrée conservée. Très belles couvertures en couleur tirées sur parchemin, ici en parfaite condition.
N° 51
LÉON BLOY MÉDITATIONS D’UN SOLITAIRE Paris, Mercure de France, 1917. In-8 (185 x 115 mm) de 252 pp. et [2 ff.].
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3 400 €
Édition originale. Un des 6 premiers exemplaires sur Japon.
Cette « contribution de guerre d’un vieil écrivain que la guerre a presque tué » constitue l’un des plus beaux livres de l’œuvre de Bloy (dixit le Catalogue de l’exposition Léon Bloy, Bibliothèque nationale, 1968).
Maroquin noir à bandes, dos lisse orné de filets dorés, titre doré, tête dorée, couv. et dos cons. (Reliure signée de René Kieffer). Superbe exemplaire. Talvart & Place, II, 48.
N° 52
ALFRED BONNARDOT
800 €
VOYAGE À L’ÎLE DE VAZIVOIR Paris, Impr. De Guiraudet et Jouaust, 1848. In-32 (120 x 81 mm) de 64 pp. Édition originale imprimée à 50 exemplaires, celui-ci un des 25 tirés sur papier de couleur (rose).
Jonas, avalé par un énorme crabe, est entraîné loin de Dieppe, sa ville natale, et se retrouve sur l’île de Vazivoir, oubliée sur toutes les cartes géographiques… Alfred Bonnardot, « pince-sans-rire des plus réjouissants » (P. Dufay), a laissé le renom d’un sérieux historien du vieux Paris, qui ne boudait pas d’autres plaisirs plus légers, comme en témoigne son étude sur les Petits Chiens de dames, spécialement de l’épagneul nain. Bonnardot « fut (…) en relation avec le baron Jérôme Pichon avec lequel il fit de multiples échanges de gravures… il a entamé des travaux dont la majeure partie est restée inédite, ce qui n’empêche pas sa bibliographie d’être abondante et variée », (in Dictionnaire de biographie française, Paris, Letouzey et Ané, 1956). La préface précise que cet innocent opuscule est « destiné exclusivement à ceux de ses amis qui possèdent ou sont en voie de posséder des enfants de 5 à 7 ans ». Tout va bien, j’en suis ; j’en conseille néanmoins la rafraîchissante lecture à tout le monde. De la bibliothèque Paul Gavault, avec ex-libris.
Veau rose vif, dos à nerfs orné de motifs dorés, triple filet d’encadrement doré sur les plats, roulette intérieure dorée sur gardes de papier doré à semis de motifs héraldiques (Reliure de l’époque). Superbe exemplaire. Vicaire, I, 851 ; Barbier, Anonymes, 1057.
N° 53
Y VES BONNEFOY
700 €
DU MOUVEMENT ET DE L’IMMOBILITÉ DE DOUVE Paris, Mercure de France, 1953. In-12 (190 x 140 mm) de 93 pp.
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Édition originale. Un des 75 exemplaires hors-commerce. Envoi signé :
« à Roland Barthes, amical hommage, Yves Bonnefoy »
C’est à vingt ans que le jeune Yves Bonnefoy débarque à Paris. Nous sommes en 1943. Après avoir publié, en 1946, une petite revue surréaliste, La Révolution la nuit et avoir rencontré André Breton tout juste rentré d’exil, il participe quelque temps aux réunions du groupe reconstitué mais s’en lasse presque aussitôt et quitte le mouvement en 1947. C’est lors des cinq années suivantes qu’il composa cet ouvrage dont le retentissement chez ses pairs fut le début de la renommée que l’on sait. Surtout, Bonnefoy fit à l’occasion de cette parution la rencontre de Pierre Jean Jouve, l’un de ses maîtres. Autour de ce premier grand recueil du poète, abondamment commenté, plane toujours la question de l’identité de « Douve ». Robert Sabatier, dans La Poésie du vingtième siècle, répond du moins qu’elle est « femme par le corps, elle est notre vie et notre mort, elle est la Poésie dans sa naissance, sa connaissance et son commentaire. »
Broché. Exemplaire de rare et belle provenance.
N° 54
Y VES BONNEFOY & GENEVIÈVE ASSE
1 200 €
DÉBUT ET FIN DE LA NEIGE Genève, Jacques T. Quentin, 1989. In-8 (237 x 160 mm) de 13 ff. doubles. Édition originale tirée à 90 exemplaires sur papier vergé incunable du moulin de Fleurac. Un des 20 premiers exemplaires enrichis d’une huile originale sur papier sous forme de triptyque, signée par le peintre. L’illustration comporte 26 empreintes et huiles tirées en bleu et en phototypie par Arte, en une transposition originale de l’artiste.
Reliure à la chinoise composée de deux plaques dominotées et moulées en RIM noir, titre sur pièce d’anilou gris bleu incrustée sur le premier plat, chemise et étui (Jean de Gonet). Parfait état.
N° 55
[HONORÉ BONNET]
300 €
CÉRÉMONIES DES GAGES DE BATAILLE SELON LES CONSTITUTIONS DU BON ROI PHILIPPE DE FRANCE Paris, Crapelet, 1830. Pet. in-4 de xii et 88 pp. Édition princeps. Le texte est illustré de 11 figures hors texte lithographiées, parfois rehaussées en couleur (rouge et bleu).
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Le manuscrit, découvert par Crapelet à la Bibliothèque royale, est consacré au duel, en particulier le duel judiciaire sous Philippe le Bel. Il contient notamment l’ordonnance du Roi encadrant le règlement des questions d’honneur. Traduction et commentaires par Crapelet. Le texte original, un somptueux manuscrit, est conservé à la biliothèque du château de Chantilly : l’Arbre des batailles…, par Honoré Bonnet, …ou Les Cérémonies et ordonnances qui appartiennent à gage de bataille.
Plein chagrin maroquiné rouge, filets d’encadrement à froid sur les plats, ornés de fleurons angulaires dorés, dos à nerfs orné de filets et fleurons à froid, fleurons dorés, titre doré, double filets dorés sur les coupes, dentelle intérieure dorée, toutes tranches dorées. (Reliure signée de Allô). Bel exemplaire, quelques frottements aux coiffes et coins.
Brunet, II, 407 ; Vicaire, II, 468 ; Chantilly, Ms 347.
N° 56
PÉTRUS BOREL
2 000 €
ŒUVRES COMPLÈTES Préfacées et annotées par Aristide Marie. Sa vie et son œuvre suivi d’une bibliographie. Rhapsodies suivies de poésies diverses. Champavert. Paris, Éditions de la Force française, 1922. 3 vol. in-8 (255 x 182 mm) de 208, 248 et 397 pp. Édition originale. Un des 10 premiers exemplaires sur Chine (n° 3). Avec huit compositions gravées sur pierre d’A André Hofer.
Cette édition est complète en trois volumes - les deux autres prévus ne sont jamais parus - et forme la meilleure des Œuvres de Borel, avec d’appréciables outils bio-bibliographiques compilés par Aristide Marie.
Brochés, sous étui-chemise toile bordeaux de l’éditeur. Parfait état de cette sublime publication. Talvart & Place, II, 120.
N° 57
PAUL BOURGET
300 €
ESSAIS DE PSYCHOLOGIE CONTEMPORAINE NOUVEAUX ESSAIS DE PSYCHOLOGIE CONTEMPORAINE Paris, Lemerre, 1883 et 1884. 2 vol. in-12 (185 x 120 mm) de vii, 322 et 344 pp.
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Éditions originales. Envois signés sur chacun des volumes à Louis Ulbach :
« à Louis Ulbach, hommage de l’auteur, Paul Bourget » « à Louis Ulbach, son dévoué confrère, Paul Bourget » Fils aîné du mathématicien Justin Bourget, Paul fit de solides études classiques, mais il abandonna bientôt la philosophie grecque pour se consacrer aux lettres. D’abord favorable aux romanciers de la nouvelle école, admirateur de Zola (qu’il connut en 1876), fidèle du “Bœuf nature”, il se détacha du naturalisme avec ces Essais de psychologie contemporaine, publiés dans la Nouvelle revue du 15 novembre 1881 au 15 décembre 1882, suivis des Nouveaux essais. Ils avaient pour études d’intéressants portraits de Charles Baudelaire, Ernest Renan, Gustave Flaubert, Henri Taine, Stendhal, Alexandre Dumas Fils, Leconte de Lisle, les Goncourt, Ivan Tourgueniev et Henri-Frederic Amiel ; ils forment un intéressant éclairage donné par une figure, certes de second ordre, mais éclairée.
Demi-maroquin rouge, dos à nerfs, têtes dorées, couv. et dos cons. (Reliure de l’époque, signée de Pagnant). Bel exemplaire. Vicaire, I, 904-905.
N° 58
PAUL BOURGET
1 200 €
LE DISCIPLE Paris, Lemerre, 1889. In-8 (196 x 158 mm) de 364 pp. Édition originale. Un des 25 premiers exemplaires sur Chine (avec 25 autres sur Japon), justifiés par l’éditeur. Envoi signé :
« à Madame George Saint-René Taillander son respectueux ami / Paul Bourget » Son roman Le Disciple (1889) relança la polémique que Brunetière entretenait dans la Revue des deux mondes contre le roman naturaliste et expérimental. Bourget devint alors le maître du « roman psychologique », de « l’analyse intime, de la vie intérieure, de la dissection des passions, au point de vue du bonheur individuel et de la morale, sans en étudier le contrecoup sur les grandes masses humaines, sur le terrain social d’une civilisation » (Zola).
Plein maroquin prune, plats ornés d’un décor à la Du Seuil, dos à nerfs richement orné de caissons dorés, filets, fleurons et roulettes dorés, titre doré, date en pied, filets dorés sur les coupes, large dentelle intérieure dorée, toutes tranches dorées sur témoins, sous étui cartonné, doublure de maroquin. (Reliure signée de Semet & Plumelle). Exemplaire à grandes marges superbement relié. Vicaire, I, 906.
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N° 59
PAUL BOURGET
500 €
ŒUVRES Mensonges. Études et portraits (2 vol.). Sensations d’Italie. Le Disciple. La Vie inquiète. L’Irréparable. Cruelle énigme. André Cornélis. Les Aveux. La Terre promise. Un crime d’amour. Edel. Pastels. Nouveaux pastels. Paris, Lemerre, 1875-1892. 15 vol. in-12 (186 x 117 mm). Éditions originales. Belle collection élégamment reliée des principaux ouvrages de Paul Bourget, tous en premier tirage et reliures uniformes.
Demi-maroquin rouge, dos à nerfs, têtes dorées, couv. et dos cons. Bel ensemble en reliure uniforme. (Reliure de l’époque, signée de Pagnant).
N° 60
EUGÈNE BOUTMY
240 €
DICTIONNAIRE DE LA LANGUE VERTE TYPOGRAPHIQUE Précédé d’une monographie des typographes et suivi de Chants dus à la Muse typographique Paris, I. Liseux, 1878. In-18 (163 x 105 mm) de [2 ff.] et 139 pp. Édition originale. Tirage unique à 500 exemplaires, sur papier de Hollande.
Eugène Boutmy était typographe à une époque ou cette activité nécessitait d’être ouvrier et savant, sachant manier le plomb récupéré dans la casse et, dans le même temps, manipuler les tournures de la langue, ainsi que faire respirer le texte sur la page. Ce labeur a généré une langue verte, un argot qui permettait “d’entrer en imprimerie”. Boutmy livre ici un passionnant dictionnaire qui permet de s’enrichir de certaines expressions propres à ce noble métier : « voir une sauterelle dans le tiroir, étouffer le perroquet, piger la vignette », ainsi que le sens de certains termes bien connus comme « exemplaire de chapelle » ou l’« ours ». Certaines sont depuis passées dans le langage courant, comme « kif-kif », voire, « kif-kif-bourricot », « aller à la coule » ou encore « chercher la petite bête ».
Demi-chagrin ébène à coins, dos à nerfs, titre doré, date en pied, tête dorée, couv. et dos cons. (Reliure de l’époque signée de Janssens). Bel exemplaire de ce charmant ouvrage des plus utiles et amusants. Vicaire, I, 913.
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N° 61
GEORGES BR AQUE
600 €
CARTE POSTALE AUTOGRAPHE SIGNÉE S.l.n.d. [circa 1949]. (150 x 105 mm). Carte postale autographe signée de Braque reproduisant au recto sa toile intitulée Les Barques. Au dos, long mot autographe :
« Vendredi. / Ma chère Amélie [sa secrétaire]. Le temps / est mauvais mais la / santé est bonne et je travail [sic] malgré ce vilain temps, je prie / que vous ne vous ennuyez pas. Les voisins vont revenir. Je vous embrasse / j’espère à bientôt G. Braque »
Quelques mots de Marcelle, l’épouse de Georges figurent en tête.
N° 62
ANDRÉ BRETON
3 400 €
DE L’HUMOUR NOIR Paris, G.L.M., 1937. In-12 (193 x 145 mm) carré non paginé. Édition originale. Un des 15 premiers exemplaires (n° 12) sur Hollande, sous couverture bleue (suivent 15 exemplaires sur vélin et couverture orange). Illustré par Tanguy, ce tirage comporte, à la différence des exemplaires sous couverture orange, le nom des personnages composant le pêle-mêle du cahier central ainsi qu’un texte de Sade. Une reproduction hors texte sur papier glacé, en double-page centrale, intitulée : “Qu’est-ce que l’humour noir”.
Trois ans avant son Anthologie de l’humour noir, dans laquelle André Breton livre la somme de ses réflexions sur ce sujet, il réunit ici un florilège depuis Lichtenberg - « Un couteau sans lame, auquel manque le manche » - jusqu’à Éluard - « le plancher des poissons » - en passant par Lewis Carroll - « Certes, se dit Alice, cela eût fait un enfant terriblement laid ; mais au fond, comme cochon, il est plutôt joli ».
Broché. Parfait état.
N° 63
ANDRÉ BRETON ARCANE 17 New York, Brentano’s, 1947. Grand in-8 (160 x 220 mm) de 175 pp. et 1 f.
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2 000 €
N째 56
N째 61
N째 49
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N째 53
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N째 62
Édition originale, imprimée à 325 exemplaires, celui-ci un des 300 sur papier Oxbown, numéroté et signé par André Breton, avec les quatre lames de tarot en couleurs par Matta, montées sur canson fort gris.
Ce tirage est paru quatre mois avant celui destiné au public lequel ne comportera pas les illustrations. En 1944, André Breton séjourne au Québec, en Gaspésie. Devant le rocher de Percé découvert avec Élise, sa troisième épouse rencontrée à New York en 1943, il rédige son texte, entre vision de l’Europe suppliciée et fascination pour la femme aimée. Le rêve d’Arcane 17, dont la forme préliminaire consiste en une prise de notes de forme télégraphique, reprend la légende d’Osiris d’après Plutarque, au regard de la relecture faite dans Atys et Osiris par James Frazer, dont on connaît un exemplaire annoté par Breton. Approfondissant la pensée de Baudelaire, Breton compare, dans Arcane 17, la démarche du surréalisme et celle de l’ésotérisme : elle offre « l’immense intérêt de maintenir à l’état dynamique le système de comparaison, ce champ illimité, dont dispose l’homme, qui lui livre les rapports susceptibles de relier les objets en apparence les plus éloignés et lui découvre partiellement le symbolisme universel. » Peut-être le plus beau texte d’après-guerre de l’auteur.
Broché. Parfait état.
N° 64
JE AN-ANTHELME BRILL AT- SAVARIN
200 €
PHYSIOLOGIE DU GOÛT Paris, Jouaust, 1879. 2 vol. in-12 (172 x 109 mm) de 185 pp. et [3 ff.] ; [2 ff.] et 320 pp. Préface de Charles Monselet, avec 52 eaux-fortes de Lalauze (32 en-têtes et 20 culs-de-lampe). Tirage à petit nombre sur vergé de Hollande.
Inutile de revenir sur l’importance et l’histoire de l’œuvre, que nous pourrons cependant saupoudrer d’un jugement catégorique et déglaçant : « Un homme très célèbre, qui était en même temps un grand sot, choses qui vont très bien ensemble (…) a osé, dans un livre sur la Table, écrire ce qui suit à l’article VIN : “Le patriarche Noé passe pour être l’inventeur du vin ; c’est une liqueur qui se fait avec le fruit de la vigne.” Et après ? Après, rien : c’est tout. Vous aurez beau feuilleter le volume, le retourner dans tous les sens, le lire à rebours, à l’envers, de droite à gauche et de gauche à droite, vous ne trouverez pas autre chose sur le vin dans La Physiologie du goût du très illustre et très respecté Brillat-Savarin (…) Ah ! chers amis, ne lisez pas BrillatSavarin ! ». Costard trois étoiles et triple fourchette signés Charles Baudelaire (in Les Paradis artificiels, Du Vin, I). Il n’empêche, La Physiologie du goût demeure « un des chefs d’œuvre de la littérature gastronomique mondiale. Il est avec Grimod de la Reynière celui qui a le plus sérieusement médité sur l’art transcendantal du bien-manger », (Gérard Oberlé).
Reliures de demi-chagrin rouge, double filet doré sur les plats, dos à nerfs ornés de caissons d’encadrement dorés, filets et roulettes dorés, motifs dorés et mosaïqués, têtes dorées. Vicaire, 120 ; Oberlé, Fastes, 144 ; Heirs of Hippocrates, 1128 ; Carteret, I, p. 146-147 ; Crahan, 491.
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N° 65
JE AN BRULLER
450 €
UN HOMME COUPÉ EN TRANCHES Paris, Paul Hartmann, 1929. In-4 (243 x 194 mm) de 86 pp. et 3 ff. Édition originale. Un des 375 exemplaires sur vélin Vidalon (après 9 sur Japon et 15 sur Hollande).
Encouragé par le succès de son premier recueil de dessins, 21 recettes de mort violente, Jean Bruller abandonnait en 1926 l’avenir tout tracé qui lui était promis par l’obtention d’un diplôme d’ingénieur. Tout en collaborant à divers journaux satiriques, Bruller poursuit une œuvre personnelle, longue méditation sur l’Homme dont témoigne cet album, comme deux ans plus tôt, Les Hypothèses sur les amateurs de peinture : « (…) c’est seulement quand je préparais mon deuxième album que j’ai commencé à réfléchir un peu et à me demander ce que nous faisions sur terre », confiera-t-il plus tard. Or ses Hypothèses sont une sorte de préalable à son Homme coupé en tranches : « (…) c’est en découvrant, dit-il, en amateur de peinture que je suis, combien de ces personnages existent en nous ignorés de la conscience, que s’est imposé à moi, l’année suivante, mon Homme coupé en tranches, série de portraits d’un même individu, mais tels que le voient différemment son père, son fils, son médecin, sa pieuse tante, son patron et ses inférieurs, etc. ».
Demi-veau havane, dos à nerfs, filets dorés, tête dorée, date et initiales A.S.H. en pied, couv. cons. (Reliure signée de Le Douarin). Bel exemplaire, quelques frottements en coiffe.
N° 66
MICHEL BUTOR
3 800 €
L’EMPLOI DU TEMPS Paris, Les Éditions de Minuit, s.d. [1956]. In-8 (225 x 139 mm) de 299 pp. Édition originale. Un des 30 premiers exemplaires sur Rives (seuls ces exemplaires contiennent l’eau-forte de Matta). Envoi signé :
« pour monsieur Jean Bernard bien cordialement / Michel Butor / Paris, le 20 Mars 1981 »
Un beau programme d’agrégation, en 1995, donnait comme sujet de littérature comparée : l’Écriture du labyrinthe (Kafka : Le Château ; Borges : l’Aleph ; Butor : l’Emploi du temps). Joli triptyque, où l’étude structurelle de l’Emploi du temps donna certainement de la matière au sujet. Le narrateur du roman, Jacques Revel, passe un stage d’un an à Bleston, ville anglaise imaginaire. Un dimanche, il décide de faire une promenade à la campagne. Mais il remarque que cette campagne dont il rêve, n’existe pas. Il est alors prisonnier d’une structure circulaire qui montre l’impossibilité de sortir de la ville, prisonnier « de longs serpents de vase [qui] s’enroulent autour de [s]a poitrine… ». Seul échappatoire, la visite d’autres villes, elles encore imaginaires… l’Emploi du temps intègre de la façon la plus explicite et la plus complète la problématique du labyrinthe : utilisation de plans et de cartes, allusions au fait de se perdre dans la ville, références explicites à la mythologie de Thésée, avec une variante primordiale : le labyrinthe est habituellement une notion référée à l’espace ; on a affaire à la construction d’un labyrinthe fondé sur le temps, sur l’épaisseur temporelle, où tout l’enjeu du roman
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ne vient que lorsque le narrateur commence véritablement à exister qu’à partir du moment où il écrit, comme un écho au slogan du Nouveau Roman : « écrire pour ne pas être écrit ».
Broché. Bel exemplaire ; rare en grand papier et avec envoi.
N° 67
MICHEL BUTOR
1 000 €
LA MODIFICATION Paris, Les Éditions de Minuit, 1957. In-8 (228 x 142 mm) de 236 pp. Édition originale. Exemplaires du service de presse. Envoi signé, accompagné d’une citation latine de Lucrèce rajoutée en tête. Butor a également égrenné la page de ses “temps de passage” du trajet Paris-Rome, qui forme l’essence du roman :
« Pour Monsieur André Maurois, Michel Butor, le 18 octobre 1957 » Troisième livre de l’auteur après Passage de Milan et l’Emploi du temps (cf. n°précédent), la Modification fut écrit à Genève entre l’hiver et le printemps 1957. Professeur de français et de philosophie à l’École internationale, Michel Butor travaillera régulièrement à son livre dans la petite chambre qu’il loue sous les combles d’une pension de famille. De retour à Paris, en juin de la même année, il remet son manuscrit à Jérôme Lindon par l’intermédiaire d’Alain Robbe-Grillet. Le roman est publié aux éditions de Minuit tandis que son auteur est engagé comme lecteur au sein de la célèbre maison. Le roman recevra le prix Renaudot l’année suivante. De la bibliothèque André Maurois, avec son ex-libris.
Broché, étui-chemise demi-maroquin ébène, titre à la chinoise au palladium (Reliure signée d’Alain Devauchelle). Très bel exemplaire.
N° 68
HENRI CALET
300 €
LETTRE AUTOGRAPHE SIGNÉE S.l., 15 novembre 1948. Un feuillet 260 x 210 mm, rédigée à l’encre noire. Belle et importante lettre autographe de Calet à Cayrol :
« Mon cher ami, Vous parlez, à propos de mon livre, de chaude fraternité (…). C’est cela que je trouve dans votre lettre. Et j’en ressens un bien grand plaisir et un encouragement qui n’est pas - vous vous en doutez - inutile. Oui, je me sens moins seul maintenant. Merci. (…) À bientôt n’est-ce pas ? Votre ami, Calet. » 47
Leur rencontre date de l’après-guerre et du retour des camps de Cayrol. Calet a été l’un des rares auteurs que Cayrol ait approché à cette date, notamment suite à la parution des Murs de Fresnes (cf. n° suivant) de Calet, qui revenait avec pudeur et distance sur un épisode douloureux, vécu par Cayrol. Celui-ci lui avait envoyé les Poèmes de la Nuit et du Brouillard.
N° 69
HENRI CALET
1 700 €
LES MURS DE FRESNES Paris, les Éditions des Quatre Vents, 1945. In-12 (210 x 150 mm) de 109 pp.
Édition originale. Exemplaire de Jean Cayrol. Jointe, lettre signée :
« (…) Merci de m’avoir envoyé / vos Poèmes de la nuit et / du brouillard. Je les ai / lus : ils m’ont donné une / grande émotion, un / plaisir triste ; je les relirai. (…) j’ai souvent pensé / à vous [sans vous connaître] durant ces dernières années ; pensé à / vous avec amitié et / avec admiration. (…) Votre ami, / Calet / 26, rue de la Sablière / XIVème. » Au travers de cette étude novatrice s’attachant à la retranscription des graffitis couvrant les murs de Fresnes, Henri Calet livre un poignant témoignage d’hommes sur le point d’être jugés, condamnés ou exécutés. Fresnes, gare de triage d’où l’on partait vers l’inconnu en cette « (…) singulière époque où les héros étaient emprisonnés. Beaucoup sont morts, certainement. Quelques signes demeurent encore. On a vu les graffitis et l’on a pensé qu’il serait souhaitable que tous en prennent connaissance. On a voulu les recueillir, un peu comme l’on érige un monument en souvenir. J’ai dit que c’est le temps des plus laides lâchetés de l’homme, mais c’est aussi le temps de son plus beau courage ». Précieux et émouvant exemplaire de Jean Cayrol : ce dernier, membre du réseau de résistance Notre Dame de la France Libre, fût arrêté à Bordeaux en janvier 1941 puis transféré à Paris : tenu au secret pendant dix mois dans cette même prison de Fresnes, il sera déporté avec son frère à Mathausen en mars 1943. Calet, en même temps que l’exemplaire, lui a offert le tirage original du frontispice photographique, celui ayant servi à l’imposition et l’impression.
Cartonnage illustré de l’éditeur, sous étui-chemise en demi-plexiglas qui laisse apparaître la photographie recto-verso. Le format reproduit est légèrement inférieur à l’original. Exemplaire de choix, en parfait état.
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N° 70
G ABRIEL CALLOET DE QUERBR AT
1 500 €
ADVIS QU’ON PEUT EN FRANCE, ELLEVER [SIC] DES CHEVAUX, AUSSI BEAUX, AUSSI GRANDS, & AUSSI BONS, QU’EN ALEMAGNE [SIC], & ROYAUMES VOISINS… Paris, [Denys Langlois], 1666. In-4 (185 x 235 mm), frontispice gravé, 4 ff.n.ch. [épître au roi], 21 pp. et 1 f. [table]. Édition originale.
Agronome breton, Gabriel Calloet de Querbrat est considéré comme l’introducteur en France de l’idée d’amélioration zootechnique par croisement. Avocat général à la chambre des comptes de Bretagne en 1642, puis conseiller d’état à Nantes en 1647, il est ruiné par un procès et part à Paris. C’est là qu’il publie de 1666 à 1680 une série de brochures concernant l’amélioration zootechnique des chèvres, brebis, vaches et chevaux. Ses idées furent couramment reprises dans la littérature agronomique, parfois reproduites intégralement dans des ouvrages sans toujours que son nom apparaisse. Son Advis qu’on peut en France, ellever des chevaux est le premier de ses ouvrages. C’est aussi le plus rare et le seul à comporter des illustrations. Ce précieux volume est illustré d’un joli frontispice gravé et d’un bois gravé dans le texte, d’un homme faisant mouvoir un appareil destiné « à piller aux poulains, pendant l’hyver, un certain verd qui vaut du sain-foin… » - et qui n’est autre que l’ajonc (Menessier). De la bibliothèque Huzard, avec cachet à l’encre au verso du titre. Jean-Baptiste Huzard, de l’Institut, fut le plus célèbre praticien de son temps et directeur de l’École vétérinaire de Maison-Alfort. Il possédait une extraodinaire bibliothèque sur le sujet.
Veau, dos lise, titre doré (Reliure de l’époque). Bel exemplaire en reliure d’époque. Menessier de la Lance, 363.
N° 71
ALBERT CAMUS
2 000 €
L’EXIL ET LE ROYAUME Paris, Gallimard, 1957. In-12 (210 x 140mm) de 231 pp. Édition originale. Un des exemplaires du service de presse. Envoi signé :
« à Monsieur Martens / ces images qui lui / sont familières en très cordial hommage / Albert Camus » L’Exil et le Royaume est un recueil de nouvelles contemporaines de La Chute. L’auteur a tenu à le rappeler dans le prière d’insérer, daté de 1957 : « La Chute, avant de devenir un long récit, faisait partie de l’Exil et le Royaume. Ce recueil comprend six nouvelles (…). Un seul thème pourtant, celui de l’exil, y est traité de six façons différentes, depuis le monologue intérieur jusqu’au récit réaliste. Les six récits ont d’ailleurs été écrits à la suite, bien qu’ils aient été repris et travaillés séparément. Quant au royaume dont il est question aussi, dans le titre, il coïncide avec une certaine vie libre et nue que nous avons à retrouver, pour renaître enfin. L’exil, à sa manière, nous en montre les chemins, à la seule condition que nous sachions y refuser en même temps la servitude et la possession. »
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Johannes Martens était le traducteur norvégien de Camus.
Demi-maroquin noir, dos à nerfs orné de caissons double d’encadrement, roulettes à froid, couv. cons. (Reliure signée de Laurenchet). Bel exemplaire.
N° 72
ALEJO CARPENTIER
500 €
LE PARTAGE DES EAUX Paris, Gallimard, coll. “La Croix du Sud”, 1955. In-12 (187 x 118 mm) de 332 pp. et 1 f. Édition originale de la traduction française. Exemplaire du service de presse. Envoi signé :
« à Jean Blanzat, avec toute ma reconnaissance pour sa critique au sujet du Royaume de ce monde, en sincère hommage d’Alejo Carpentier »
En 1945, un ami invite le romancier Alejo Carpentier au Venezuela pour mettre en place une station de radio. Pour Carpentier, le Venezuela est une synthèse du continent : « C’est là que se trouvent ses grands fleuves, ses plaines interminables, ses gigantesques montagnes, la forêt. La terre vénézuélienne a été pour moi comme une prise de contact avec le sol d’Amérique et m’introduire dans ses forêts comme découvrir le quatrième jour de la création ». C’est là que lui viennent les prémices du Partage des eaux, pèlerinage moderne de genre réaliste merveilleux où le héros part à la recherche de son identité et des origines de la civilisation. Le parcours initiatique dans la forêt la plus sauvage, traduit sous la forme d’un journal artificiel, le met en contact avec les forces telluriques et lui fait rencontrer différents personnages pittoresques. Mais pour Carpentier, le mal qui atteint l’homme dans la civilisation moderne le corrompt à jamais et cette souillure l’empêche de rejoindre l’impossible enfance. Le titre original espagnol Los Pasos perdidos - Les pas perdus - donne un écho à cette quête tortueuse vouée à l’échec.
Demi-box noir à bandes, dos lisse, titre doré, couv. et dos cons. Couverture habilement restaurée. Rare.
N° 73
ALEJO CARPENTIER
260 €
LE SIÈCLE DES LUMIÈRES Paris, Gallimard, coll. “La Croix du Sud”, 1962. In-12 (208 x 143 mm) de 343 pp. Édition originale de la traduction française. Envoi signé, avec un petit dessin ajouté :
« para Lina Péron, recuerdo de nuestro encuentra en Paris, suyo Alejo Carpentier, Marzo de 1965 »
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Le séjour de l’écrivain au Venezuela prend fin en juillet 1959, au moment où le triomphe de la révolution cubaine le pousse à rentrer à la Havane. Dans sa valise, le manuscrit d’un nouveau roman : Le Siècle des lumières. Cubain né d’un père français et d’une mère russe, le cosmopolitisme originel de Carpentier marquera son œuvre fondue dans un dialogue continuel entre le continent et les cultures de l’Ancien et du Nouveau monde. Dans ce livre, l’histoire du monde caraïbe est au centre d’un de ses thèmes de prédilection : le prolongement de la Révolution française aux Antilles, traité avec ambiguïté. L’action est centrée sur le personnage assez mystérieux de Victor Hugues, fils de boulanger, né a Marseille, pilote, commerçant à Port-au-Prince et qui lors des événements révolutionnaires de 1791 et dans les années suivantes joua un rôle important à la Guadeloupe et en Guyane. L’auteur nous fait revivre l’atmosphère coloniale de La Havane au moment où les idées libérales du jour commencent à travailler les jeunes générations avides de changement, la sanglante Révolution française avec ses aspects contradictoires, la révolution à la Guadeloupe, la guerre contre les Anglais, la guerre de course. L’ironie amère donne au style intensément coloré et imagé un réalisme historique et merveilleux, transcendé par la magie que véhicule un style poétique, riche en métaphores et profondément original.
Broché. État de neuf.
N° 74
LEWIS CARROLL
2 500 €
THROUGH THE LOOKING-GLASS With fifty illustrations by John Tenniel London, Macmillan and Co., 1872. In-12 (190 x 190 mm) de xii, 224 pp. et 1 f. Édition originale. Premier tirage, avec la faute “wade” à la page 21. 50 illustrations par John Tenniel.
Tout comme Alice au pays des merveilles, De l’autre côté du miroir est sinon un pur récit de rêve, du moins une histoire fantastique dont l’atmosphère est intensément onirique. d’autres avant lui avaient confondu dans leurs œuvres l’imaginaire et le réel, mais Lewis Carroll a le mérite d’avoir créé un mélange original d’onirisme et de logique. « Twas brillig, and the slithy toves / Did gyre and gimble in the wabe ; / All mimsy were the borogoves, / And the mome raths outgrabe. » Le poème “Jabberwocky”, qu’Alice découvre au chapitre premier d’À travers le miroir, et dont ceci est la première strophe, est l’un des poèmes les plus féconds et inventifs qui soient. Une glace est nécessaire pour parvenir à le lire, car il est imprimé à l’envers. Charles Lutwidge Dodgson, en triturant la langue et les mots, y invente le mot-valise (qu’il appelle porte-manteau). Il ouvre ainsi une route nouvelle pour les poètes et la poésie, qu’emprunteront (en France) aussi bien Roussel et Artaud que Leiris ou Queneau. Lewis Carroll a lancé à ses traducteurs un vrai défi. Se frotter à la traduction du “Jabberwocky”, c’est pénétrer dans les profondeurs d’une langue et de son imaginaire, mais aussi se plier à une impérieuse et unique exigence de rythme, de musique et de sens. C’est Henri Parisot et Antonin Artaud, entre autres, qui s’y risquèrent. Les illustrations de John Tenniel semblent aujourd’hui inséparables du texte de Lewis Carroll.
Cartonnage éditeur percaline rouge, dos lisse, vignette et fleurons dorés. Bel exemplaire dans son cartonnage à parution ; dos restauré.
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N° 75
JE AN CASSOU
200 €
(sous le pseud. de Jean Noir)
33 SONNETS COMPOSÉS AU SECRET Présentés par François La Colère Paris, Aux Éditions de Minuit,1944. In-12 (164 x 157 mm) de 92 pp. Édition originale. Un des 140 premiers exemplaires. (n° 107) sur vélin de Rives (seul papier).
Des vingt-neuf livres publiés clandestinement par les Éditions de Minuit, seul six ont eu des tirages de tête. Jean Cassou écrivit une note où il raconte les circonstances de composition de ce livre : « J’ai été arrêté à Toulouse par la police de Vichy pour “atteinte à la sureté de l’état”, c’est-à-dire pour activité patriotique, en décembre 1941 et mis en prévention au secret à la prison militaire. Secret relatif, car la prison était comble et je partageais ma cellule avec un autre camarade. (...) Dès la première nuit j’ai commencé mes sonnets. Couché sur ma paillasse, avec mon pardessus, mon cache-nez, mes gants, mes souliers, je me suis senti comme un bloc passif, la momie, l’Osiris qu’on envoie dans la nuit. (...) Je dormais très peu à cause du froid : je m’occupais donc à mes exercices poétiques, me récitant par cœur les sonnets déjà composés, les corrigeant, les complétant. J’ai ainsi écrit sur la page blanche intérieure à peu près un demi-sonnet par nuit. Quand ma prévention a été terminée, c’est-à-dire au bout de près de 3 mois, cela faisait 33 sonnets.»
Broché. Parfait état. Vignes, l’Intelligence en guerre, n° 41.
N° 76
LOUIS-FERDINAND CÉLINE
2 000 €
L’ÉGLISE Paris, Denoël et Steele, (12 sept.) 1933. In-12 (190 x 120 mm) de 250 pp. et 2 ff. Édition originale. Un des exemplaires imprimés du service de presse. Envoi signé :
« à mon Bonabel, L.F. Céline » Second texte de Céline, après La Vie et l’œuvre de Semmelweis, la rédaction de l’Église inspirera le futur Voyage au bout de la nuit : « Il faut longtemps pour penser un livre et pour l’écrire. Tenez, Voyage au bout de la nuit a d’abord été une pièce de théâtre. Ça s’appelait l’Église. Jouvet et Dullin l’ont eu entre les mains. Ça ne devait pas être jouable » (Céline interviewé par Paul Vialar, Les Annales politiques et littéraires, 9 décembre 1932). En effet, l’Église ne sera montée qu’en 1936 au Théâtre des Célestins de Lyon, par une jeune troupe animée par Charles Gervais et une affiche éloquente : « La pièce qu’aucun metteur en scène parisien n’a osé monter », qui paraphrase la bande-annonce de parution du texte qui, lui, sera imprimé moins d’un an après Le Voyage au bout de la nuit : annoncé dès juin 1933 dans la Bibliographie de la France, il sera mis en vente le 18 septembre de la même année. Travaillant dans l’édition publicitaire avant de s’installer comme disquaire à Clichy, Charles Bonabel rencontra le docteur Louis-Ferdinand Destouches à l’époque où il donnait ses consultations au dispensaire de la ville. « Habituellement, racontera Éliane Bonabel, sa nièce, j’allais au dispensaire avec ma grand-mère. Mais une ou deux fois, j’ai été accompagnée par mon père adoptif. C’est lors d’une de ces rencontres qu’il a
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sympathisé avec Destouches. Ils avaient fait la guerre de 14 dans la cavalerie tous les deux (...). Ils se sont vite trouvé d’autres points communs, la musique, la littérature, et surtout la danse, Bonabel aimait beaucoup les ballets russes. Ils y sont allé quelquefois ensemble... ». Après la guerre, de passage à Copenhague pour son travail, Éliane Bonabel retrouvera Céline alors qu’il attendait en prison d’être extradé vers la France. Coïncidence qui frappera fortement l’écrivain : « La venue d’Éliane tient vraiment du miracle ! Tout ce passé qui reflue en plein cyclone. Je me revois jeune médecin à Clichy, elle avait cinq ans ! Et puis elle nous retrouve ici dans quelles conditions ! » (Céline, lettre à sa femme Lucette, 6 février 1946) Rentré en France et installé à Meudon, il recevra la visite régulière, et jusqu’à sa mort, de son ami Bonabel avec lequel « (...) et malgré le caractère difficile de Céline ce fut une longue histoire d’amitié, qui en trente ans ne connut pas de heurt » (Éliane Bonabel, Entretien avec Émile Brami). Broché, sous étui-chemise. Belle provenance. Fouché, Bibliographie de L.F. Céline, 33A1.
N° 77
BL AISE CENDR ARS
2 500 €
PROFOND AUJOURD’HUI Paris, À la Belle Édition, 1917. In-8 (190 x 190 mm) carré non paginé. Édition originale. Un des 250 exemplaires sur Arches (après 5 Chine et 50 Japon). 5 illustrations à pleine page de Zarraga. Envoi signé :
« à la mémoire d’hier / [PROFOND AUJOURD’HUI] Salud ! / Blaise Cendrars » « Quand je pense, tous mes sens s’allument et je voudrais violer tous les êtres. » Parce qu’elle a le goût de l’aveu et la netteté d’un cri, cette phrase est sans doute l’une des plus révélatrices de ce que fut Blaise Cendrars, l’une aussi des plus belles de ces vingt pages hallucinées. À propos de l’extrême rareté des plaquettes publiées à l’enseigne des Hommes nouveaux, A. t’Serstevens notait comment « les bibliomanes qui les recherchent avec ardeur arrivent toujours trop tard, comme les carabiniers de l’opérette. » L’édition originale de Profond aujourd’hui parue en 1917, illustrée par le peintre mexicain Angel Zarraga, appartient en effet aux quelques titres publiés à tirage restreint avant 1918, date à laquelle Cendrars commença véritablement sa carrière aux éditions de La Sirène, puis chez Grasset. Réédité une première fois en 1926, ce texte sera repris dans le recueil Aujourd’hui, en 1931, suivi de J’ai tué.
N° 78
CHAM
(Amédée de Noé, dit)
800 €
MONSIEUR PAPILLON Paris, Maison Martinet, s.d. [1855]. In-4 (345 x 260 mm) de 20 pp. ch., chacune illustrée de dessins en noir.
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Bel album de Cham, précurseur de nos humoristes contemporains, dont Béraldi disait qu’il « n’est ni peintre comme Daumier, ni un philosophe comme Gavarni : c’est un homme d’esprit qui dit son mot sur toutes choses, un journaliste qui fait ce qu’on appelle aujourd’hui des nouvelles à la main. Seulement il accompagne ses nouvelles, pour plus de mouvement, d’une indication dessinée qui en accentue la force comique. (…) Pour le juger, dans l’avenir, on devra compter que les plaisanteries sur les actualités veulent être absorbées chaudes : dès le lendemain leur ragoût s’évapore et leur sel nous échappe. Ceux qui désormais auront sous les yeux les charges de Cham devront toujours se rappeler l’immense succès du caricaturiste. ».(Béraldi, in Les Graveurs du XIXème siècle, guide de l’amateur d’estampes modernes, Paris, L. Conquet, 1885-1892.) C’est le célèbre Charles Philipon, directeur du Charivari, qui édita le 3 août 1839, le premier album de Cham, Monsieur Lajaunisse, malheurs d’un beau garçon, suite comique à la manière de Toppfer. Percaline rouge, titre doré au premier plat dans des filets d’encadrement à froid, dos lisse (Reliure éditeur). Bel exemplaire de grande fraîcheur ; rare sous ce cartonnage spécial. Lipperheide, 3601.
N° 79
CHAMPFLEURY
(Jules-François-Félix Husson-Fleury, dit)
220 €
LES SOUFFRANCES DU PROFESSEUR DELTEIL Avec quatre eaux-fortes dessinées et gravées par Cham Paris, Poulet-Malassis & de Broise, 1861. In-12 (186 x 125 mm) de 2 ff., 327 pp et 4 pl. hors texte. Première édition illustrée. Tirage unique à 1250 exemplaires, plus quelques Hollande, ornés de 4 composition dessinées et gravées par Cham, à l’eau-forte. Ce travail marque une exception dans l’œuvre de Cham, qui ne pratiqua toute sa vie que la lithographie (cf. n° précédent). Ces quatre dessins constituent l’unique exemple de ses qualités d’aquafortiste, qu’il ne développa malheureusement pas davantage.
Broché. Rare. Oberlé, 311 ; Vicaire, II, 183.
N° 80
CHAMPFLEURY
(Jules-François-Félix Husson-Fleury, dit)
300 €
LES CHATS Paris, J. Rotschild, 1869. In-12 (176 x 113 mm) de xvi, 287 pp. Édition originale, illustrée de 52 dessins par Delacroix, Viollet-le-Duc, Mérimée, Manet, Prisse d’Avennes, Hokusaï…
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« Ouvrage intéressant et rare » (Carteret), dans lequel Champfleury nous donne un texte complet - et littéraire - sur l’animal de compagnie par excellence. S’attachant tout d’abord à l’image du chat dans les civilisations de l’Antiquité (Égypte ancienne, Orient, Grèce et ancienne Rome) puis au Moyen Âge, il brosse ensuite un inventaire de ses représentations dans les arts et traditions populaires, la peinture, et, bien sûr, la littérature. On y trouve aussi quelques portraits de grands et célèbres amoureux des chats, de Richelieu à Chateaubriand… Des épreuves supplémentaires des illustrations, imprimées sur Hollande, ont été contrecollées en regards des hors-texte du volume ; elles sont normalement destinées aux 40 exemplaires imprimées sur ce papier, avec quelques variantes dans les légendes.
Demi-veau bleu à coins, dos orné de filets dorés, titre doré, tr. mouch. (Reliure de l’époque). Mors frottés. Carteret, III, 142 ; Vicaire, 199-200.
N° 81
CHAMPFLEURY
[Jules-François-Félix Husson-Fleury, dit]
1 800 €
LES CHATS Paris, J. Rotschild, 1870. In-8 (176 x 113 mm) de xvi, 287 pp. Édition de luxe, illustrée notamment par Manet, avec 8 planches [frontispice, 5 eaux-fortes, une chromolithographie, deux planches coloriées].
Demi-maroquin vert foncé à coins, filets dorés sur les plats, dos à nerfs orné de fleurons et filets d’encadrement dorés, tête dorée, couv. cons. (Reliure de l’époque signée de Champs). Très bel exemplaire. Vicaire, 200.
N° 82
RENÉ CHAR
400 €
FEUILLETS D’HYPNOS Paris, Gallimard, 1946. In-12 (188 x 120 mm) de 97 pp. Édition originale ; mention fictive d’édition. Exemplaire du premier tirage (20 avril 1946), avec la faute à l’aphorisme 154, corrigé de la main de Char. Envoi signé :
« à Frank Elgar / avec l’estime et la / vive sympathie de / René Char »
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« Cependant que les névroses collectives s’accusent dans l’œil des mythes et des symboles, l’homme psychique met la vie au supplice sans qu’il paraisse lui en coûter le moindre remords. La fleur tracée, la fleur hideuse, tourne ses pétales noirs dans la chair folle du soleil. Où êtes-vous source ? Où êtes-vous remède ? Économie vastu enfin changer ? »
Broché. P.A.B., bibliographie des Œuvres de René Char, n° 20.
N° 83
RENÉ CHAR
3 500 €
L’HOMME QUI MARCHAIT DANS UN RAYON DE SOLEIL S.l.n.d. [1949]. 11 ff. (210 x 290 mm), sous étui-chemise. Ce tapuscrit original avec variantes comporte des suppressions et des rajouts autographes de René Char. Ce « mimodrame » sera publié dans Les Matinaux en 1950, après avoir paru en préoriginale dans Les Temps Modernes, en mars 1949. Le manuscrit original, conservé à la B.N.F., sera enluminé par Fernand Léger. La première intention de Char, semble-t-il, avait été de confier ce travail à Georges Braque, comme l’indique une note au stylo de Char au premier feuillet.
N° 84
RENÉ CHAR
400 €
CLAIRE - THÉÂTRE DE VERDURE Paris, Gallimard, 1949. In-12 (165 x 108 mm) de 107 pp. Édition originale. Un des exemplaires du service de presse. Complet du placard sur papier jaune, avec le texte de René Char. Envoi signé :
« à Roger Lesbats fidèlement et de tout cœur René Char » « Le monde contemporain nous a déjà retiré le dialogue, les jeux et le bonheur ; il s’aprête à descendre au centre même de notre vie pour éteindre le dernier foyer, celui de la Rencontre. (…) / Nous jouons contre l’hostilité contemporaine la carte de CLAIRE. Et si nous la perdons, nous jouerons encore la carte de CLAIRE. Nos atouts sont prepétuels, comme l’orage et comme le baiser (…). » Ainsi l’auteur posait, en 1949, la raison d’être et l’ambition de cette œuvre dramatique.
Broché. P.A.B., Bibliographie des Œuvres de René Char, n° 30 et 31 (pour le Placard).
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N° 85
RENÉ CHAR
2 500 €
AMITIÉ CACHETÉE S.l.n.d.n.é. [Alès, P.A.B.,1952]. In-32 carré (86 x 92 mm) 12 pp. [non paginé]. Édition originale du premier livre de Char édité par P.A.B. Tirage unique à 55 exemplaires (5 sur Montval blanc et 50 sur Auvergne bleu, l’un de ceux-ci).
René Char rencontra l’imprimeur-éditeur alésien Pierre-André Benoît pendant l’été 1951. Peutêtre est-ce leur ami commun, le peintre Nicolas de Staël que le poète avait lui-même rencontré au début de l’année, qui est à l’origine de leur collaboration : ouvrages précieux, plaquettes, catalogues d’exposition, les éditions P.A.B. feront paraître une centaine de livres signés Char et illustrés par des peintres comme Vieira da Silva, Picasso, Staël, etc. … ou par l’auteur lui-même comme pour La Faux relevée, paru en 1959 ; P.A.B. est célèbre aussi pour ses livres minuscules dont Amitié cachetée est un bel exemple. Première collaboration, premier chef-d’œuvre.
Relié sur brochure en plein buffle vert d’eau, gardes de maroquin gris, étui bordé à l’identique (Reliure signée de Antonio P.N., 1992). État de neuf, parfaitement établi par Antonio P.N. Très rare. P.A.B., bibliographie des Œuvres de René Char, n° 43.
N° 86
RENÉ CHAR
350 €
LE NU PERDU Paris, Gallimard, 1971. Grand in-12 (217 x 145 mm) de 137 pp. Édition originale. Un des 85 exemplaires sur Lafuma-Navarre (2e papier après 50 Hollande).
Le recueil est composé de Retour Amont, Dans La Pluie giboyeuse, Le Chien de cœur, l’Effroi et la Joie, Contre une Maison sèche - ce dernier entièrement inédit. La figure du peintre Georges de la Tour, déjà souvent intégrée dans la poésie de Char (notamment dans Fureur et Mystère) réapparaît ici plusieurs fois.
Pleine percaline, dos lisse, pièce de titre, titre doré, couv. et dos cons. (Reliure signée de Claude Honnelaitre).
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N° 87
RENÉ CHAR
600 €
ARRIÈRE-HISTOIRE DU POÈME PULVÉRISÉ Paris, Jean Hughes, 1972. In-12 (198 x 135 mm) de 55 pp. Deuxième édition. Un des 950 exemplaires sur vergé. Célèbre portrait silhouette de l’auteur en frontispice par Nicolas de Staël, reproduction de la lithographie qui ornait les exemplaires sur Hollande de l’édition originale de 1953. Envoi signé :
« cher Roger / que ce petit livre / me soit l’occasion de vous dire ma / fidèle et affectueuse / amitié / René Char / oct. 72 » Dans cette seconde édition, chaque poème est suivi de notes et commentaires relatifs à sa création (sa « rapide relation ») que l’auteur avait griffonés sur un exemplaire de l’édition originale : « Les lignes supplétives que l’on va lire ne visaient qu’à réintroduire dans l’édifice toujours frissonnant du poème un peu du monde gauche qui avait servi à sa confection. » Avec l’éditeur Jean Hughes, on peut dire que ces ajouts constituent eux aussi de véritables poèmes.
Broché. Bel exemplaire.
N° 88
RENÉ CHAR
1 000 €
SANS GRAND’PEINE Versailles, Gaston Puel, 1973. In-12 (130 x 167 mm) oblong. Édition originale. Tirage unique à 70 exemplaires. Un des 20 hors-commerce sur Rives. Pointesèche originale de Pierre Charbonnier en frontispice. Envoi signé :
« pour Henry / Nous plantons une menthe, nous ouvrons le volet pour accueillir la nuit, René au plus près de Diane dans le mur, livre ouvert »
Né en 1924 à Castres, Gaston Puel rencontre René Char à la Libération. En 1959, il fonde les éditions de la Fenêtre ardente qui publieront des poètes comme Char, Pierre Albert-Birot, Pierre-André Benoît, Bousquet, Jean Grenier, Jean Malrieu, Pierre Gabriel, René Nelli, etc., ainsi que de nombreux livres d’artiste. Deux avant la parution de Sans grand’peine, Puel avait dirigé à l’université de Maryland un séminaire sur Char. C’est dans le village de Veilhes, dans le Tarn, que sera publié ce livre. L’envoi est destiné à Henry Mathieu, fils de Marcelle Mathieu. Sur la famille Mathieu et cette belle provenance, reportez-vous au catalogue 15, n° 45.
En feuilles, sous couverture moire crème.
60
N° 89
RENÉ CHAR
900 €
CHANTS DE LA BALANDRANE. POÈMES Paris, Gallimard, 1977. In-8 (217 x 147 mm) de 81 pp. et 4 ff. Édition originale. Un des 50 premiers exemplaires sur Hollande.
Pour l’anecdote, sachez que Claude Gallimard, le neveu du grand éditeur, baptisa sa propriété à La Croix Valmer “La Balandrane”, en l’honneur de René Char.
Broché. État de neuf.
N° 90
FR ANÇOIS-RENÉ CHATE AUBRIAND
9 000 €
MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE Paris, Eugène et Victor Penaud Frères, 1849-1850. 12 vol. in-8 (225 x 150 mm). Édition originale. Exemplaire du premier tirage, bien complet de l’avertissement et de la liste des souscripteurs.
Dans la préface, qui fut écrite sans doute dès 1809, Chateaubriand explique les raisons qu’il a de parler de lui-même : « (…) je n’entreprends ces mémoires qu’avec le dessein formel de ne disposer d’aucun nom que du mien propre dans tout ce qui concernera ma vie privée ; j’écris principalement pour rendre compte de moi-même ». On y trouve ce qu’on ne trouve nulle part ailleurs : une vivacité, une verve, parfois même une bonhomie, un enjouement malicieux et amusé qui charment, dans un style d’une extraordinaire variété. On ne sait précisément à quelle époque il a commencé leur rédaction ; la date du 4 octobre 1811, qu’on donne habituellement et qui figure sur l’édition de 1850, est sujette à caution et il se peut que Chateaubriand se soit mis à cette œuvre en 1809, peut-être même dès 1808. Quoi qu’il en soit, il y travaille jusqu’à la veille de sa mort. Il avait donné lecture de certains passages du manuscrit à ses amis et en 1834 avaient paru les Lettres sur les Mémoires de Chateaubriand, contenant quelques extraits. Retiré de la politique et presque tombé dans la misère, il est contraint de vendre dès 1836 une partie des épreuves à une société d’actionnaires et reçoit pour cela 300 000 francs et une pension viagère de 20 000 francs, en stipulant que l’ouvrage ne paraîtrait qu’après son décès, d’outre-tombe. Brochés. Petites déchirures et manques aux couvertures restaurées. Légères rousseurs éparses. Néanmoins, bel exemplaire, de toute rareté en condition brochée. Carteret, I, 163 : « ouvrage très important, fort recherché et très littéraire » ; Vicaire, II, 290 ; En français dans le texte, 268.
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N° 91
GIORGIO CHIRICO
400 €
CARTE POSTALE AUTOGRAPHE SIGNÉE S.l., [frontière franco-italienne], 13 mai 1931. 1 carte en couleur [Grimaldi - Vintimiglia, Ponte San Luigi, borne frontière], (90 x 135 mm). Carte postale adressée à Léonce Rosenberg, postée de la frontière, côté Italien (à Grimaldi), 13 mai 1931, avec ces mots :
« De la frontière italienne, Saluts, G. de Chirico » Léonce Rosenberg fut l’un des premiers propagandistes de l’art abstrait et du cubisme. Après des études au lycée Rollin, il poursuit une formation commerciale à Londres et Anvers et, en esprit curieux, en profite pour visiter les musées, fréquenter les bibliothèques. De retour à Paris, il travaille un temps dans la galerie familiale avec son frère Paul Rosenberg, découvre d’abord les œuvres de Cézanne, Van Gogh et Gauguin, puis vers 1911, le cubisme chez Vollard et Wilhem Uhde (1911) avant de pousser la porte de D.-H. Kahnweiler, en 1912. Il commence alors à collectionner Picasso, Braque, Juan Gris, Herbin, Léger, Sévérini et devient le soutien moral et financier de ces jeunes artistes pendant toute la période des hostilités. Il édite un Bulletin de l’Effort Moderne de janvier 1924 à décembre 1927 (40 numéros) et prolonge son mécénat à l’étranger, dès 1919, en organisant expositions et ventes. Les titres parus aux éditions artistiques et littéraires de l’Effort moderne (concernant en particulier le cubisme, Mondrian, Picasso, Juan Gris, Braque, Léger) participent de cette même promotion. Cette carte postale de Chirico à Rosenberg, qu’il connaissait depuis 1924, est postée sur le chemin du retour de Milan à Paris : Chirico avait exposé en Lombardie du 7 avril au 13 mai 1931.
N° 92
PAUL CL AUDEL
800 €
CONNAISSANCE DU TEMPS Fou Tcheou, Chez la Veuve Rozario, 1904. In-8 carré (162 x 205 mm) de 27 pp. Édition originale imprimée à petit nombre en Chine, alors que Claudel officiait en qualité de consul. Envoi signé :
« à M. Jacques Copeau / Paul Claudel, Fou Tcheou, janvier 1904 » L’amitié entre Jacques Copeau et Paul Claudel remonte aux premières années du XXème siècle. En 1903, le jeune Copeau sollicite l’auteur de Tête d’or, alors en Chine, pour la N.R.F. Début d’une relation qui s’intensifiera davantage au retour de Claudel en Europe ; Copeau, directeur du théâtre du VieuxColombier, inscrit au programme de 1914 une représentation de l’Échange : il devient alors metteur en scène de Claudel, avec qui il partagera la passion du théâtre nô : l’un comme metteur en scène, l’autre comme critique et écrivain, en donneront de multiples présentations et hommages par la suite.
Broché, étui-chemise plein papier marbré, dos lisse, pièce de titre de maroquin, titre doré en long. Bel exemplaire. Rare. Talvart & Place, III, 147.
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N째 80
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N° 93
JE AN COCTE AU
4 500 €
LE PRINCE FRIVOLE. POÉSIES Paris, Éditions du Mercure de France, 1910. In-12 (188 x 122 mm) de 170 pp. Édition originale du deuxième livre de Jean Cocteau. Un des 12 exemplaires sur Hollande (seul papier après 3 sur Chine). Envoi signé :
« à Ronald Davis, ce livre qui servira tout de même à quelque chose : prouver aux jeunes gens qu’on peut revenir de lui. Jean Cocteau, février 1924 » Cet envoi recouvre une large signature de Cocteau, nettement plus ancienne et sans doute contemporaine de la parution de l’ouvrage en 1912.
« Dédaigneux, frivole et mince, / Rêvasseur et puéril, / J’étais né pour être prince, / Un petit prince en exil ». Tel se décrit Jean Cocteau dans les Sonnets de l’Hotel de Biron qui chantent son premier domicile. Sans qu’il le sache, dans l’autre aile, à quelques mètres de là, Rainer Maria Rilke, alors secrétaire d’Auguste Rodin, écrit ses poèmes. Il n’y a vraiment que le hasard des déménagements pour les placer côte à côte… De la bibliothèque Henri Tranchimand (vente, 2003). Le libraire Ronald Davis est surtout connu pour les éditions bibliophiliques qu’il publia à partir de 1920. Installé au n° 71 de la rue de Rennes, il y a domicilié sa Société générale d’imprimerie et d’édition, qui distribue la revue Commerce.
Plein vélin, dos lisse à décor de filets et fleurons dorés, filets dorés sur les plats, couv. et dos cons. Exemplaire de choix. Talvart & Place, III, p .179.
N° 94
JE AN COCTE AU
4 000 €
MORCEAUX CHOISIS Paris, Gallimard, 1932. In-12 (120 x 190 mm) de 172 pp. et 3 ff. Édition originale collective. Un des 17 premiers exemplaires (exemplaire e), parmi les 87 sur vélin en grand papier. Envoi signé, enrichi d’un splendide dessin original, encre, fusain et mine de plomb :
« au très cher et très mystérieux ami Jean Paulhan, Jean Cocteau » « Il existe des poèmes où le poète essaye sa chance ; d’autres où le poète la prolonge ». Cocteau rassemble ici, dans ce recueil voulu par lui, un florilège de sa poésie, depuis Le Cap de Bonne-Espérance (1916) jusqu’à Opéra (1927). C’est son second volume de poésie à paraître aux éditions Gallimard, au sein desquelles Jean Paulhan siège depuis 1919, lorqu’il devient le secrétaire de Jacques Rivière. La
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correspondance entre Cocteau et Paulhan forme un échange de politesses et d’amitié, mais non une vraie relation ; malgré l’attention qu’il lui manifeste, Paulhan exprime souvent des critiques très négatives, sous forme de louanges : lorsque l’art épistolaire se mêle à la stratégie éditoriale… La réciproque semble vraie : c’est le seul exemplaire, le premier, le plus ancien, à comporter un aussi beau dessin et une dédicace significative. Les envois autographes de Cocteau à Paulhan qui suivront, rarement illustrés, seront beaucoup plus simples et emprunts d’une cordialité de bon ton. Ils seront de plus réalisés sur des services de presse ou des papiers de tirages moins luxueux.
Broché. Très bel exemplaire.
N° 95
JE AN COCTE AU
600 €
MOT AUTOGRAPHE AVEC DESSIN ORIGINAL AU CRAYON Saint-Jean Cap-Ferrat, “villa Santo-Sospir”, 8 janvier 1957. 1 f. in-4 (210 x 290 mm), recto, sur papier en-tête, encadré. Lettre, sans doute en réponse à une carte de vœux adressée à J. Berthet, avec ces mots :
« Merci, je t’embrasse et souhaite le bonheur à toute la famille Jean Cocteau. 8 janvier 1957 » La texte est agencé au milieu d’un dessin original à la mine de plomb représentant un profil masculin. Dessin de belle facture ; enveloppe d’origine conservée.
N° 96
COLETTE
2 300 €
LA VAGABONDE Paris, Société du Livre d’Art, 1924. Fort in-4 (277 x 218 mm) de 233 pp. Première édition illustrée. Tirage unique à 150 exemplaires (n° 8 de tête avec un volume supplémentaire contenant une suite des 30 illustrations en couleur). Avec 7 hors texte, reproduites en lithographie par Gaston Prost et tirées par Desjobert. Insérés dans l’exemplaire et montés sur onglets, trois dessins originaux ayant servi à l’impression, avec quelques variantes.
« La première Vagabonde, c’était Annie, de La Retraite sentimentale et de Claudine s’en va. Mais M. Willy jugea que la présence du nom de Claudine, dans un titre, n’était pas inutile. Je m’évade devint donc Claudine s’en va, et je repris – de haute lutte, ma foi - le titre qui convenait au présent roman, le premier roman que je signai. » En écrivant ces mots, sur la garde de l’exemplaire de Maurice Goudeket, Colette prouvait combien ce titre l’avait poursuivie, combien il était emblématique de sa liberté d’écrivain, rudement acquise. Alors que La Vagabonde venait de paraître (novembre 1910), la critique s’attarda sur le précieux tableau du music-hall révélé par l’auteur, mais les “intimes” à commencer par Sido, la mère de l’auteur, ne s’y trompèrent pas ; celle-ci écrivit à sa fille : « Mais c’est une autobiographie ! Tu ne peux pas le nier. »
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Demi-maroquin havane, dos à nerfs orné d’un fleuron doré, titre doré, couv. cons. Très bel exemplaire. Monod, 3051 ; Talvart & Place, III, p .199.
N° 97
DA C OSTA
(collectif anonyme)
750 €
LE DA COSTA ENCYCLOPÉDIQUE Paris, Jean Aubier, 1950. 3 vol. in-4 (235 x 185 cm et 190 x 130 mm) de 16 pages chacun. Collection complète. Fascicule I et II. Fascicule VII Vol. 2.
Rare réunion des trois fascicules constituant la collection complète de cette revue réunissant en 1946, autour de Marcel Duchamp et de Patrick Waldberg, des membres d’Acéphale et du groupe surréaliste. Personne ne semble savoir si Georges Bataille signa un ou plusieurs textes, mais son influence se sent clairement (si les cinq lignes de la notice « érotisme » ne sont pas de lui, c’est fort bien imité). Les textes, de longueurs très variables, présentent un mélange de genres pour le moins hétéroclite : critiques littéraires, aphorismes surréalisants, essais (à la rubrique « humour » un intéressant développement présentant Sade comme le précurseur de ce concept), pamphlets variés (à la rubrique « escrocs » figure un texte d’une rare violence contre tous ceux - Max Brod, Pierre Klossowski et Bernard Groethuysen entre autres, qui ont « dépos[é] des ordures le long de Kafka » ; il sera reproduit dans Cymbalum Pataphysicum n° 106 et attribué à Jean Ferry), calembours, etc.
Brochés. Bel état, partiellement non coupé.
N° 98
BARON DE CONDÉ
(relié pour le comte de Paris)
2 000 €
HISTOIRE D’UN VIEUX CHÂTEAU DE FRANCE Monographie du château de Montataire Paris, Libr. de la Société bibliographique et A. Picard, 1883. Fort in-8 de 484 pp. Édition originale. Un des deux exemplaires (n° 2) sur Japon. Planches hors texte et vignettes. Ex-libris monogrammé “ALM”, cachet ex-libris du comte de Paris sur le titre. Une note au crayon signale que l’exemplaire n° 1 a été offert au Duc d’Aumale et se trouve au château de Chantilly. Envoi signé :
« À S.A. Monseigneur le comte de Paris respectueux hommage de l’auteur. Baron de Condé »
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Plein maroquin rouge, dos à nerfs, titre doré, armes dorées en pied du Comte de Paris, armes dorées du même au centre des plats, double filet doré sur les coupes et les coiffes, dentelle dorée intér., tranches dorées sur témoins, couv. cons. (Reliure signée de David). Superbe exemplaire.
N° 99
PAUL-LOUIS COURIER
900 €
SIMPLE DISCOURS DE PAUL-LOUIS […] POUR L’ACQUISITION DE CHAMBORD Paris, Chez les Marchands de Nouveautés, 1821. In-8 de 28 pp. Édition originale rare.
Tout l’avantage du Simple Discours est dans l’à-propos, aussi heureux que hardi, de ce fer chaud appliqué sur l’épaule des courtisans dans le temps même où ils s’agitaient pour donner à un tribut imposé à la faiblesse de beaucoup de gens la couleur d’une amoureuse offrande nationale. Courier fut condamné pour cette brochure à deux mois de prison et à trois cents francs d’amende. On trouva qu’en disant tout haut : « Je ne souscrirai point pour donner Chambord au duc de Bordeaux » il avait offensé la morale. « Or le Simple Discours, comme dit très bien le biographe anonyme est un des plus éloquents plaidoyers qu’on ait parlés jamais en faveur de la morale, non publique et telle qu’on l’inscrit dans nos lois, mais de la morale véritable, telle que les croyances populaires l’ont reconnue. » On ne s’étonnera point à voir ce mot d’éloquence appliqué à une production en apparence toute simple, toute naïve. Le vigneron de la Chavonnière semble ne parler qu’à des paysans comme lui ; mais, tout en s’accommodant à leur intelligence, il trouve moyen de faire entendre sur la cour, sur les courtisans, sur les mœurs de l’ancien régime naturellement rappelées par Chambord, ce lieu témoin de tant d’illustres débauches, des choses à faire frémir les intéressés.
Demi-maroquin rouge à grain long, dos lisse orné de filets dorés, titre doré en long.
N° 100
PAUL-LOUIS COURIER
600 €
PROCÈS DE PAUL-LOUIS COURIER [...] Paris, Chez les Marchands de Nouveautés, 1821. Pt in-8 de 75 pp. et 2 ff. Édition originale rare, complément indispensable du Simple Discours [...] pour l’acquisition de Chambord.
Cette brochure dans laquelle Paul-Louis Courier rend compte de son procès est elle-même un délicieux pamphlet. Quant à l’admirable plaidoyer qui le termine, on ne pense pas que Courier ait jamais sérieusement pensé à le réciter en face de ses juges. Il avait montré trop d’émotion dans les réponses, où il se peint d’une fermeté et d’une ironie si imperturbables, pour être capable de l’assurance nécessaire au débit d’un pareil morceau. Il est probable même que cette harangue étudiée, si belle à la lecture, eût manqué son effet à l’audience ; on y eût trop reconnu les effets 68
oratoires calculés dans le cabinet. Si la parole est souveraine, c’est quand l’enfantement de la pensée est visible comme un spectacle, c’est quand un homme privilégié semble divulguer à toute une assemblée le secret de la plus haute des facultés humaines, l’inspiration. La veille du jour où expirait sa détention de deux mois, Courier fut tiré de la prison de Sainte-Pélagie et conduit devant le tribunal pour un nouveau pamphlet, La Pétition pour des villageois qu’on empêche de danser. Piquant détail, les deux feuillets liminaires du texte sont une annonce pour la publication de Daphnis et Chloé, dans la traduction de Courier.
Demi-maroquin rouge à grain long, dos lisse orné de filets dorés, titre doré en long.
N° 101
CHARLES DA RWIN
700 €
L’EXPRESSION DES ÉMOTIONS CHEZ L’HOMME ET LES ANIMAUX Paris, Reinwald, 1877. In-8 (233 x 142 mm) de vi et 404 pp.+ catalogue in-fine (20 pp.) et index. Deuxième édition française, en partie originale, la plus complète parue.
Ce texte fondateur, publié par Charles Darwin en 1872, marque les débuts du courant évolutionniste. L’ouvrage est illustré de 21 gravures sur bois et de 7 planches photographiques. Le courant évolutionniste est un prolongement de l’éthologie, étymologiquement “science des mœurs” . Il s’agit en fait de l’étude du comportement animal tel qu’il peut être observé chez l’animal sauvage en milieu naturel, en captivité, ou chez l’animal domestique. On situe les origines de cette science au XVIIème siècle. C’est de l’étude de la psychologie des émotions, que Darwin tire l’origine de ses travaux publiés dans The Expression of the emotions in man and animals ; il y pose les fondements de l’expression des émotions, décrites comme innées, universelles et communicatives. De la bibliothèque de Frédéric Paulhan (ex-libris manuscrit au titre). Frédéric Paulhan était le père de Jean Paulhan. Conservateur de la bibliothèque de Nîmes et auteur d’ouvrages de philosophie, il fût l’un des fondateurs de l’École française de psychologie.
Cartonnage éditeur pleine percaline verte, dos lisse en parfaite condition ; livre rare dans cet état de fraîcheur, doublé d’une intéressante provenance.
N° 102
LISE DEHARME
ainsi que Julien Gracq, André Breton et Jean Tardieu
2 700 €
FAROUCHE À QUATRE FEUILLES Paris, Grasset, 1954. In-8 (175 x 225 mm) de 139 pp. et 2 ff.
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Édition originale. Un des 43 exemplaires sur Vergé de Montval, illustrés de 4 eaux-fortes de Hantai, Vieira Da Silva, Paalen et Swanberg, toutes signées. Seuls les exemplaires de tête sur Japon et Montval, soit 77 exemplaires, comportent ces eaux-fortes.
Après la guerre, André Breton renoue avec les femmes qui ont peuplé sa vie : Simone, Suzanne, Jacqueline et surtout, Lise Deharme ; « On se promène dans tous les sens… la vie avec lui donne sa pleine mesure » écrit-elle dans Les Années perdues. C’est pour une série d’émissions produites par Deharme, et réalisées par Garrett Rea, dont le titre générique était Les Dormeurs éveillés, que Breton écrit Alouette du parloir. Le 20 octobre 1953, sur les ondes de Paris Inter, la voix de Breton se fait entendre, entrecoupée par des mélodies de Schönberg, Stravinsky et Bartok. Ce texte et trois autres, La Vraie joie de Lise Deharme, Les Yeux bien ouverts de Julien Gracq (repris dans Préférences en 1961) et Madrépores ou l’Architecte Imaginaire de Jean Tardieu (repris dans le recueil, Pages d’écriture en 1967) feront l’objet d’une publication proposée par Bernard Privat. Le titre de l’ouvrage fut trouvé par Lise Deharme ; “farouche” est le nom que les habitants du Sud-ouest donne au trèfle quand il porte une couleur incarnat. Les Dormeurs éveillés consacrèrent d’autres émissions notamment à Pierre Reverdy (8 décembre 1953), à Jean Cocteau (12 janvier 1954) et Gaston Bachelard (19 janvier 1954). Cette édition est illustrée de quatre eaux-fortes originales hors texte signées Max Walter Swanberg (Portrait imaginaire IV), Vieira da Silva, Simon Hantaï et Wolfang Paalen.
Broché. Parfait état.
N° 103
PAUL DERMÉE
800 €
LE VOLANT D’ARTIMON. POÈMES Paris, J. Povolozky, s.d. [1922]. In-8 (180 x 225 mm), non paginé. Édition originlale. Un des quelques exemplaires d’auteur (tirage non précisé), tirés en plus des 216 numérotés. Trois bois gravés de Marcoussis, dont les deux en noir dans le texte et un en couleur sur la couverture. Envoi signé :
« à José Almira / hommage de l’auteur / Paul Dermée » On a beau chercher, les Éditions Jacques Povolozky n’encombrent pas les histoires de la littérature, non plus que de l’édition. Mais on peut se fier à la très précieuse Chronologie de l’édition française de 1900 à nos jours de Pascal Fouché lorsqu’elle nous apprend que la librairie de Jacques Povolozky apparut en septembre 1913. Il avait doublé sa librairie d’une galerie, nommée La Cible, à l’enseigne de laquelle il entreprit de publier dans un premier temps des ouvrages de bibliophilie et d’art, majoritairement consacrés aux groupes moteurs de son époque, depuis les cubistes jusqu’à Dada. Après avoir collaboré à SIC et à Nord-Sud, Paul Dermée participa au mouvement Dada et écrivit entre autres dans la revue de sa femme, Céline Arnauld. En 1924, il prit parti contre André Breton et pour la mémoire d’Apollinaire quittant bientôt le mouvement surréaliste qui venait de naître.
Broché, étui-chemise demi-box bordeaux. Monod, 3662.
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N° 104
ROBERT DESNOS
900 €
DEUIL POUR DEUIL Paris, Éd. du Sagittaire, Simon Kra, 1924. In-12 (160 x 120 mm) de 100 pp. et 1 f. Édition originale. Un des exemplaires sur Rives (2e papier après 50 sur Japon). Envoi signé :
« à Max Morise, en pays connu, Robert Desnos »
Le « pays connu » et commun à Desnos et Morise c’est, bien sûr, le surréalisme. En 1922, date à laquelle l’auteur rejoint le groupe, commencent les expériences d’écriture automatique et les séances de sommeil où il excelle : « Le surréalisme est à l’ordre du jour et Desnos est son prophète », déclare André Breton. L’année de la fondation officielle du mouvement paraît ce livre dont l’adage transformé annonce l’esprit et confirme les positions théoriques d’Une vague de rêves d’Aragon, du premier Manifeste du surréalisme et du Discours sur le peu de réalité, de Breton. S’agit-il de poèmes, d’un roman, de prose poétique ? Desnos parle de « poèmes en prose » et la mise en page du livre, que l’on ne trouve que dans l’originale, sépare chaque récit d’astérisques : il y a donc vingt-trois petits « poèmes » et non pas un récit d’une seule coulée comme dans l’édition Gallimard (1963). Ces rêveries érotiques obéissent, comme le souligne Jean Cassou dans la N.R.F., à un précepte : « Il faut rester soi jusque dans le sommeil, n’y rien perdre de son intégrité. » Si, comme le dit l’auteur, « les mots dont je me sers échappent au contrôle de la logique », le rêve veille à leur ordonnance. Un décor où « Il pleut des bijoux et des poignards » et une « (…) vierge blonde [qui] trempe ses cheveux dans mon café », telles sont les images hallucinées de ces textes où s’est construite l’érotique de Desnos. Cette phrase manuscrite de l’auteur, au bas d’un dessin de Max Morise qui illustre son essai De l’érotisme, paru en 1923, donne à ce livre sa raison d’être : « (…) quel homme préoccupé de l’infini dans le temps et l’espace n’a pas construit cette “érotique” dans le secret de son âme ; quel homme soucieux de poésie (…) n’aime pas à se retirer dans cette retraite spirituelle où l’amour est à la fois pur et licencieux dans l’absolu ? »
Broché, étui-chemise. Bel exemplaire.
N° 105
[COLLECTIF]
600 €
DODECATON, OU LE LIVRE DES DOUZE Bruxelles, Méline, 1836. 2 tomes en 1 vol. in-12 (110 x 150 mm) de 308 et 300 pp. Véritable édition originale, avant l’édition parisienne donnée par Magen l’année suivante. Ce fameux recueil est constitué de 12 récits signés par de grands noms de la littérature romantique ; on trouve notamment Le Philtre de Stendhal, qui ne sera réimprimé dans les Œuvres qu’en 1867. Citons encore George Sand : Le Dieu inconnu ; Mérimée : Les Âmes du Purgatoire ; Vigny : Quitte pour la peur ; Dumas : Scènes historiques ; Musset : Faire sans dire, ainsi que Loève-Veimars, Gozlan, Souvestre, Barbier, Janin et Dufongeray.
Demi-veau vert, dos lisse, filets dorés, tranches marbrées. Bel exemplaire, bien établi en reliure pastiche. Rare.
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N° 106
ISIDORE DUCASSE
(dit comte de Lautréamont)
600 €
ŒUVRES COMPLÈTES Les Chants de Maldoror - Poésies - Lettres Paris, Librairie José Corti, 1940. In-12 (185 x 115 mm) de 362 pp. Première édition collective. Un des 50 premiers exemplaires sur pur-fil (seul papier). Étude d’Edmond Jaloux en tête, avec un « portrait imaginaire de Lautréamont à 19 ans, par Salvador Dalì, obtenu par la méthode paranoïaque critique ». Les Chants de Maldoror seront illustrés par Dalì dès 1934 ; le frontispice qu’il réalise pour cette édition Corti est inédit.
Broché. Bel exemplaire.
N° 107
ISIDORE DUCASSE
(dit comte de Lautréamont)
800 €
Julien Gracq (avec un essai de) LES CHANTS DE MALDOROR Paris, La Jeune Parque, 1947. In-12 (185 x 135 mm) de 284 pp. Édition originale de l’essai de Julien Gracq. Envoi signé :
« à Monsieur Daniel Rops. Hommage d’un préfacier peu orthodoxe Julien Gracq / 15 / 4 / 47 » En 1868 paraît le premier des Chants de Maldoror, imprimé aux dépens de l’auteur, qui reste anonyme. Isidore Ducasse a alors vingt-deux ans, et derrière lui une existence sans tumulte dont l’intériorité extrême a laissé peu de traces. Juste celles suffisantes pour inventer le mystère Lautréamont. Une année plus tard, c’est la publication de l’intégralité des Chants chez l’éditeur belge Albert Lacroix qui, effrayé par l’énormité du texte et ses possibles conséquences judiciaires, ne mit pas le livre en librairie. Il existe, à ce jour, moins de dix exemplaires de cette édition originale car le stock sera réemployé en 1874 par l’éditeur-libraire contestataire Jean-Baptiste Rozez, qui changera les pages de titre, faux-titre et couverture, sans mentionner d’éditeur, et indiquant un imprimeur fictif. Le 24 novembre 1871 meurt Isidore Ducasse, le « grand dérailleur de la littérature moderne » ainsi que le définit Julien Gracq dans le passionnant essai qui précède cette édition et dont la dernière phrase ferait une magnifique épitaphe : « Du fond du fleuve des morts où Lautréamont s’est plongé si totalement reviennent invinciblement se rassembler à la surface les traits de ce dynamiteur archangélique. »
Broché, sous étui-chemise cartonné, titre à l’oser.
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N째 93
N째 102
N째 107
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N째 106
N째 103
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N° 108
ALBERT EINSTEIN
1 800 €
[PORTRAIT PHOTOGRAPHIQUE ORIGINAL] S.l.n.d. [circa 1930]. 140 x 210 mm, sous passe-partout et encadrement. Tirage argentique d’époque, avec signature à la mine de plomb montée sous le portrait.
N° 109
PAUL ÉLUA RD
4 000 €
LE DEVOIR ET L’INQUIÉTUDE Paris, Gonon, 1917. In-12 (105 x 160 mm) de 2 ff., 34 pp. et 2 ff. Édition originale du premier livre de Paul Éluard, imprimé à 206 exemplaires. Frontispice d’André Deslignères. Envoi signé :
« à Marcel Noll, pour que la phrase prédominante s’abaisse au silence, Paul Éluard »
Dans une lettre datée du 24 mai 1917 au libraire-relieur-éditeur Jules Gonon, Paul Éluard écrivait : « Je veux faire paraître ma plaquette. Le devoir augmenté est devenu Le Devoir et l’inquiétude. Je mettrai tout en train et, si je dois partir avant la publication, Gala s’en occupera… ». Le Devoir… est donc enrichi de onze poèmes supplémentaires en vers et de poèmes en prose intitulés Le Rire d’un autre, tous écrits entre les mois d’août 1916 et juillet 1917. Éluard, qu’une bronchite a fait évacuer du front, est alors soigné à l’hôpital de Paris-Plage en attendant son affectation dans un service auxiliaire. Le 10 septembre 1917, enchanté du résultat de cette édition, il écrit encore à Gonon : « (…) sans lire mes vers, à ouvrir, à regarder ce petit volume, le parfait travail chante la douceur des choses auxquelles on s’attache ».
Demi-maroquin rouge à coins, dos lisse, titre doré en long, tête dorée, couv. cons. Quelques frottements ancien au dos de la reliure. Les exemplaires en reliure d’époque et dédicace se rencontrent rarement.
N° 110
MA XIME ALEX ANDRE
[Paul Éluard (de la bibliothèque de)]
1 000 €
MYTHOLOGIE PERSONNELLE Paris, Éditions des Cahiers libres, 1933. 91 pp. et 2 ff. Édition originale. Tirage à 410 exemplaires, un des quelques hors-commerce de presse, sur vélin. Il contient, monté en tête, le frontispice imprimé sur Japon de Man Ray, qu’on ne trouve habituellement que dans les 10 exemplaires de tête.
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De la bibliothèque de Paul Éluard avec son ex-libris dessiné et gravé par Max Ernst. [Reliés à la suite] : ANDRÉ G AILL A RD . LE FOND DU CŒUR. Marseille, les Cahiers du Sud, 1927. In-8 (195 x 145 mm) de 76 pp et 2 ff. Édition originale. Un des 475 sur Alfa, celui-ci, un des exemplaires horscommerce à la plume, illustrés d’un frontispice de Pierre Creixams. Envoi signé à Paul Éluard : « à Paul Éluard, / ces barricades du sang / et toute mon amitié, / André Gaillard ». R E N É N E LL I . LE TIERS AMOUR. Paris, Denoël, 1937. 111pp. et 1 f. Édition originale. Belle préface de J. Bousquet. Long envoi signé à Paul Éluard : « à Paul Éluard dont l’œuvre m’a montré le chemin de la Poésie, pour que la poésie enfin me conduise à la vie (...) René Nelli ». M AU R I C E C A R Ê M E . PROSES D’ENFANTS. Paris, Cahiers du Journal des poètes, 1936. 102 pp. et 1 f. Envoi signé à Paul Éluard : « en hommage au poète Paul Éluard / Maurice Carême ».
Toile beige, pièce de titre au dos, tête dorée, non rogné, couv. et dos cons. Bel ensemble, relié pour Paul Éluard par Louis Christy, le relieur des surréalistes.
N° 111
PAUL ÉLUA RD
500 €
POETRY AND TRUTH 1942 / Poésie et Vérité 1942 Portrait de l’auteur par Man Ray London, Gallery Editions, 1944. In-8 (210 x 145 mm) de 48 pp. Première édition anglaise. Un des 500 exemplaires numérotés (tirage unique) et signés par les traducteurs : Roland Penrose & E.L.T. Mesens.
Cette édition bilingue présente les 17 poèmes (dont Liberté) publiés en 1942 par les éditions de la Main à la Plume. Dans son introduction, E.L.T. Mesens veut « rappeler aux propagandistes nationalistes qui citent le nom d’Éluard en la déroutante compagnie de Claudel, Gide, Emmanuel, Aragon, etc. » qu’Éluard a écrit ces lignes : « C’est entendu je hais le règne des bourgeois / Le règne des flics et des prêtres / Mais je hais plus encore l’homme qui ne le hait pas / Comme moi / De toutes ses forces. / Je crache à la face de l’homme plus petit que nature / Qui à tous mes poèmes ne préfère pas cette Critique de la Poésie ». Dont acte.
Broché.
N° 112
PIERRE EMMANUEL COMBATS AVEC TES DÉFENSEURS Paris, Pierre Seghers, 1942. In-8 carré (230 x 185 mm) de 57 pp.
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200 €
Édition originale. Exemplaire imprimé du service de presse. Envoi signé :
« à Jean Cayrol sous le signe de l’espérance, avec le salut fraternel et l’amitié de Pierre Emmanuel »
Réfugié dans la Drôme pendant l’Occupation, Pierre Emmanuel continue d’enseigner tout en participant à la Résistance. Cette expérience lui inspirera des poèmes comme Combats avec tes défenseurs, Jour de colère et La Liberté guide nos pas. Pour l’auteur, la figure du Christ fonde la solidarité universelle, elle ne pouvait donc être qu’au principe de ce recueil douloureux : « Dans Combats avec tes défensseurs, où le Christ paraît à chaque page, ce n’est pas en dévôt du Christ souffrant que j’invoque son exemple et son nom : aucune autre image que la sienne n’était assez totale et commune pour embrasser la douleur et l’espérance de l’univers. » (Emmanuel, Autobiographies). Premier éditeur d’Emmanuel, Pierre Seghers avait d’emblée estimé l’envergure de son message : « Aux Angles, c’est-à-dire en 1940 (…) j’avais reçu la visite d’un jeune homme mince et ardent, un jeune Savonarole qui avait les accents d’un Grand Inquisiteur. Une foi de poix fondue, une colère à la fois prédicante et visionnaire paraissaient l’animer. (…) Pierre Emmanuel, que l’exode avait conduit, avec Pierre Jean Jouve, à Dieulefit, devint dès ce jour-là pour moi le fils spirituel de Rilke, de Saint-Jean de la Croix et d’Agrippa d’Aubigné ! » ( P. Seghers, Pierre Emmanuel in coll. “Poète d’aujourd’hui”). Pierre Emmanuel et Jean Cayrol se rencontrèrent à la veille de la seconde guerre mondiale. D’inspiration chrétienne, leur œuvre poétique paraissait alors dans la série des Cahiers des poètes catholiques, dirigés par Paul-Louis Fouquet et publiés en Belgique ; en 1939, Cayrol y publie L’Âge d’or, poème, l’année suivante, paraissent les Élégies d’Emmanuel. En 1947, les deux écrivains se retrouveront, Emmanuel signant la postface d’un texte de Cayrol, Passe-temps de l’homme et des oiseaux.
Broché.
N° 113
PIERRE EMMANUEL
200 €
JOUR DE COLÈRE Alger, Éd. Charlot, 1942. In-8 carré de 109 pp. Édition originale. Envoi signé :
« à Jean Cayrol / en mémoire de la détresse de notre temps pour qu’il se fortifie avec moi dans l’espérance, / son ami / Pierre » Début 1942, l’auteur écrit à Albert Béguin, alors responsable des Cahiers du Rhône, évoquant les difficultés qu’il rencontre pour faire paraître ce recueil : « Pourriez-vous vous charger de Jour de colère (manuscrit) et l’emporter en Suisse ? Je crains qu’ici le texte ne soit refusé : les censures le font traîner en longueur. Je vais récupérer l’unique exemplaire que j’aie et vous l’envoyer si vous le voulez bien. » Début mars 1942, il est annoncé comme à paraître dans Combats avec tes défenseurs (cf. n° précédent), non pas en Suisse mais à Alger, chez Edmond Charlot. Béguin, sans doute, passeur incomparable de textes pendant l’Occupation, est responsable de cette “traversée”. Le recueil paraît enfin mais sous des conditions de fabrication drastiques : papier provenant de fins de bobines de rotatives, encore 77
appelée “bifteck” dans le jardon des imprimeurs, encre fabriquée à partir d’huile de pépin de raisin désacidifiée mélangée à du noir de fumée, livres brochés au fil métallique. Non datée, cette édition pourrait, grâce à l’envoi qui figure sur cet exemplaire, se situer entre fin mars et fin mai 1942. En effet, Jean Cayrol, engagé en 1941 dans le réseau de résistance du colonel Rémy, sera arrêté le 10 juin 1942 à son domicile de Bordeaux pour être interné pendant dix mois à Fresnes avant sa déportation au camp de Mathausen ; il aurait donc eu le temps de recevoir ce livre dont l’envoi qui souhaite au dédicataire de se fortifier « dans l’espérance », est bien prémonitoire.
Broché.
N° 114
WILLIAM FAULKNER
600 €
ABSALON ! ABSALON ! Paris, Gallimard, 1953. In-8 (205 x 145 mm) de 332 pp. et une carte hors texte. Édition originale. Un des 87 premiers exemplaires sur pur-fil (seul papier).
Roman de la famille, de la race, de la mémoire, du souvenir, de la transmission, du poids de la malédiction, de la tentation incestueuse, Absalon ! Absalon ! est le livre préféré d’Édouard Glissant qui y décelle avant tout une quête de « l’inextricable Absolu ». Ce roman rompt avec les codes romanesques établis, brise l’unité du récit par une multiplication des focalisations narratives et « porte à l’extrême la compléxité du récit faulknerien, toujours construit vers le passé, dans une spirale vertigineuse ». William Faulkner, après avoir porté un point final à son manuscrit - d’abord intitulé Dark House - cessera dès lors de considérer ses livres comme des publications distinctes et les conçoit désormais telle une unité, à la manière de la Comédie humaine de Balzac.
Demi-maroquin ébène, dos à nerfs orné de filets à froid, titre doré, couv. et dos cons. (Reliure signée de Laurenchet). Bel exemplaire.
N° 115
MICHEL FOUCAULT
1 000 €
RAYMOND ROUSSEL Paris, Gallimard, 1963. In-12 (190 x 120 mm) de 210 pp. et 2 ff. Édition originale. Exemplaire du service de presse. Envoi signé :
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« à monsieur Jean Cayrol, cet essai sur une expérience du langage, avec mon admiration, Michel Foucault »
« À cette explosion voisine / De mon génie universel / Je vois le monde qui s’incline / Devant ce nom : Raymond Roussel ». Ainsi, livrant son « Âme », l’auteur déclara une fois pour toutes le secret de son drame, celui de n’avoir pas gagné, de son vivant, la reconnaissance qu’il était sûr de mériter. « C’est horrible qu’on n’ait pas le respect des gloires acquises » écrivait-il. Voilà bien le problème et le “cas” Roussel. En quoi, alors, le livre de Michel Foucault est-il fondamental dans l’histoire de cette reconnaissance, certes posthume, du suicidé de Palerme ? Rappelons les faits. Entre 1897 et 1932 Roussel publia, à compte d’auteur, neuf livres chez Alphonse Lemerre. Après 1933, date de sa disparition, les éditions et études le concernant sont dues à son ami Michel Leiris, à Jean Ferry et aux surréalistes chez lesquels l’auteur eût de son vivant le plaisir d’être admiré. Des entreprises qui, de toutes les manières, appartenaient à un cercle restreint d’initiés. Quant à son œuvre elle n’avait connue aucune réédition après les originales de Lemerre. On peut alors mieux comprendre la petite anecdote que confiera Foucault à un journaliste ; dans la librairie de José Corti et en pleine discussion avec celui-ci, l’auteur est pris en défaut par l’éditeur : « Il m’a dit : “Mais enfin, Roussel !” J’ ai compris que j’aurais dû savoir qui était ce Raymond Roussel ». Se fit-il un devoir de remédier à cette lacune ou fut-il bouleversé par la découverte de l’auteur des Nouvelles impressions d’Afrique ? Il reste que le philosophe se pencha sur un sujet qui de toutes évidences était loin de ses recherches (Naissance de la clinique paraît la même année) ; lui-même insista sur l’isolement de ce livre dans l’ensemble de son œuvre : « Mon rapport à mon livre sur Roussel et à Roussel est vraiment quelque chose de très personnel qui m’a laissé de très bons souvenirs. C’est un livre à part dans mon œuvre. (…) Personne n’a jamais fait attention à ce livre, et j’en suis très content. C’est ma maison secrète, une histoire d’amour qui a duré quelques étés. Nul ne l’a su. » Aujourd’hui ce travail est tenu pour responsable d’une nouvelle lecture de l’œuvre de Roussel. En son temps, il initia une vague d’intérêt pour cette œuvre étrange. Plusieurs études paraîtront après l’essai de Foucault tandis que Jean-Jacques Pauvert prit en charge de publier les Œuvres complètes de Roussel. Raymond Roussel, visionnaire ou optimiste, avait écrit : « Et je me réfugie, faute de mieux, dans l’espoir que j’aurai peut-être un peu d’épanouissement posthume à l’endroit de mes livres. »
Broché, étui-chemise demi-box crème. Bel exemplaire.
N° 116
THÉODORE FR AENKEL
(docteur)
600 €
MOT AUTOGRAPHE SIGNÉ 1 f. (197 x 132 mm), sur papier à en-tête du docteur T. Fraenkel - Chef de laboratoire à l’Hôpital Lariboisière. Sur rendez-vous, 47 Avenue Junot, XVIIIème. Billet “surréaliste” :
« ah, que vous avez une écriture / d’intellectuelle ! Ayez l’air / de toujours penser à l’être-en -situations qui se néantise par /l’en-soi. Implicitement, bien / entendu. / T. F. »
Fraenkel conclut son mot d’une dessin à l’encre : un chien allongé, toutes pattes avant.
Ami d’André Breton au lycée Chaptal dès 1912, Théodore Fraenkel intègre avec ce dernier une classe préparatoire scientifique - tout comme Aragon (ce dernier en 1917). Médecin interne pendant la guerre, il rejoint Breton à Nantes en 1915 : c’est là qu’ils font la connaissance de Jacques Vaché ; ce dernier prendra Fraenkel comme modèle dans la nouvelle Le Sanglant symbole. Parmi ses Lettres de guerre, Vaché en adressa quatre à Fraenkel, une à Aragon, et dix à Breton. Aragon, après sa
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démobilisation en juin 1919, reprit ses études de médecine qu’il abandonna à l’automne 1921, après être devenu externe des hôpitaux à Lariboisière, où il croisa sûrement Fraenkel qui fit toute sa carrière dans cet hôpital. Fin de la boucle : c’est à Lariboisière que décèdera Breton en 1966.
N° 117
ANATOLE FR ANCE
800 €
LES POËMES DORÉS Paris, Lemerre, 1873. In-12 (190 x 125 mm) de 143 pp. Édition originale. Envoi signé :
« à monsieur Eugène Montrosier, hommage de l’auteur, Anatole France »
Portrait (ajouté) de l’auteur, imprimé sur Chine. Joint : un sonnet autographe signé et daté du poème Un sénateur romain (repris en p.101 du recueil), une carte de visite d’Anatole France. De la bibliothèque Charles Hayoit, avec ex-libris.
Demi-maroquin bordeaux à coins, filets dorés sur les plats, dos à nerfs richement orné de caissons d’encadrement dorés, entrelacs et filets dorés, titre doré, tête dorée, couv. et dos cons., sous étui bordé, doublures de maroquin. (Reliure signée de Blanchetière). Très bel exemplaire.
N° 118
THÉOPHILE G AUTIER
800 €
LES JEUNES-FRANCE Frontispice gravé et dessiné par Félicien Rops. Amsterdam, sur l’imprimé de Paris MDCCCXXXIII, à l’enseigne du coq, 1866. In-12 de 2 ff., frontispice de Rops (en double état), xviii, 1 f., de 221 pp. et 1 f. de table. Édition publiée par Poulet-Malassis imprimée à 205 exemplaires sur Hollande (n° 3). Superbe frontispice de Rops : « Alexandre Dumas découvre la muse qu’Alfred de Musset regarde de trop près. Balzac, en robe de moine, George Sand en homme, Mad. de Girardin, Th. Gautier en turc (…). Le dernier venu Baudelaire en bourrelet apporte ses Fleurs du mal » (description donnée par Félicien Rops dans une lettre à Maurice Bonvoisin de 1877, citée par Oberlé).
Demi-maroquin grain long bordeaux, dos lisse, titre doré, date en pied, couv. muettes cons. (Reliure de l’époque). Bel exemplaire, grand de marges. Oberlé, 868 ; Carteret, I, 320.
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N° 119
THÉOPHILE G AUTIER
2 900 €
LETTRES À LA PRÉSIDENTE ET GALANTERIES POÉTIQUES Neuilly, Éditions du Musée Secret, 1927. Fort in-8 (235 x 167 mm) de 208 pp. Édition en partie originale. Un des 15 premiers exemplaires sur Japon Impérial (suivent 450 exemplaires sur Rives), illustrés de 12 eaux-fortes par Viset (Luc Lafnet) ; notes et introduction par Helpey (Louis Perceau) et texte inédit de Sylvestre Bonnard, Étude sur la Présidente. Édition contenant soixante-cinq lettres inédites. Portrait de l’auteur par Nadar en frontispice. Exemplaire enrichi d’une page manuscrite signée de Louis Perceau :
« dédicace de mon édition de Lettres à la Présidente (Neuilly, 1927) ; À Marius Viple, “genevois par le BIT et français par la guerre”. Voici pour égayer les loisirs passagers / Que tes durs travaux te réservent Dans ce foutu pays où les sexes ne servent / Qu’à fabriquer des horlogers Bien enfermé chez toi, lis et relis tout bas / Ce livre aux pages délectables Mais ne le montre pas à ces mômiers coupables D’avoir un si beau lac et n’y descendre pas ! Louis Perceau, (Helpey), Genève, 27 avril 1927. » Les “indécences spermatiques” de Théophile Gautier ne surprendront que les lecteurs auxquels l’Instruction publique cacha et son goût précoce pour les Romains de la Décadence, Villon et Rabelais, et son dédain de la morale, de la bégueulerie et de l’hypocrisie de son temps. Quant à la connivence de Mme Sabatier, « La Présidente », elle n’étonnera que ceux qui ne voient en elle que « l’ange plein de bonté » célébré par Baudelaire. Loin d’être une « Madone », cette jolie femme aux propos et aux idées libres, partageait le paganisme de Gautier. Ainsi, échappées de l’Enfer de la B.N., ces bacchanales épistolaires et poétiques apportent-elles une précieuse contribution à l’histoire littéraire du XIXème siècle. Marius Viple était directeur de mission au Bureau International du Travail à Genève ; il sera élu sénateur (groupe socialiste) en février 1947. Ce fut un proche de Jaurès (à ses côtés lors de son assassinat, il était alors son directeur de Cabinet) que Louis Perceau, en activiste de gauche, ne manque pas de rencontrer à plusieurs reprises.
Broché. Très bel exemplaire ; très rare dans ce tirage sur Japon, avec gravures en couleurs et remarques.
N° 120
ANDRÉ GIDE
2 000 €
SAÜL Drame en cinq actes Paris, Mercure de France, 1903. In-12 (167 x 102 mm) de 206 pp. Édition originale, non mise dans le commerce. Tirage unique à 120 exemplaires sur vergé d’Arches.
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Grande œuvre dramatique de Gide, Saül reprend le thème antique de la fin tragique du roi des Hébreux. La pièce ne sera montée qu’en 1922 au Vieux-Colombier, avec Louis Jouvet, qui jouera le rôle de ce roi trop accueillant à tous ses démons, dépossédé de lui-même par ses propres désirs, et par un amour homosexuel que Gide met ouvertement en scène, tout juste un an après la parution du Corydon. Reliée en tête, longue lettre signée de Gide à Francis Jammes [Arno, 5 mai 1898, 4 pp. in-8) : Il vient de terminer « Saül, mort depuis trois jours. Je ne t’en parle pas, parce que c’était un vilain homme et qu’il n’y a pas de rôle pour toi dans la pièce ». Gide regrette le style qu’il emploie au début de cette lettre : « Je souffre horriblement des nerfs aujourd’hui, - de là ces phrases en sucreries. Pardonne » (Lettre reproduite dans Correspondance de Francis Jammes et d’André Gide, 1948, n° 114). De la bibliothèque Charles Hayoit, avec ex-libris.
Maroquin noir, dos à nerfs orné de caissons de filets dorés avec listels de maroquin rouge mosaïqués, plats ornés de même, filets dorés sur les coupes et encadrant les doublures, tranches dorées sur témoins, couvertures ornementées sur papier bleu cons. (Reliure signée de E. & A. Maylander). Exemplaire parfait.
N° 121
ANDRÉ GIDE
1 200 €
PALUDES Paris, Nouvelle Revue Française, 1923. In-8 carré (195 x 240 mm) de 2 ff., 52 ff. n. ch. et 2 ff. Première édition illustrée de six lithographies originales de Roger de la Fresnaye, imprimée à 312 exemplaires, tous sur vélin-Navarre.
Œuvre étendard - avec Les Faux-monnayeurs - de la mise en abyme (rappelons que cette orthographe vient de Gide lui-même), Paludes est une parodie de journal intime. Une lecture de Virgile tente d’éclairer ce texte : « Paludes, c’est l’histoire de qui ne peut pas voyager ; - dans Virgile il s’appelle Tityre ». Et ce Tityre, vivant au cœur d’un marais, est donné d’emblée comme le double de cet étrange narrateur, figure de l’écrivain, statue immobile voyageant par procuration... « Ce qui importe au fond, ce n’est pas tellement les actes accomplis, mais ce que nous faisons après eux, pour les entretenir, pour ne pas retomber… » - ce que montre bien la construction circulaire du livre, qui se clôt par le désir d’écrire une suite à Paludes intitulée Polder… Paludes, ou un petit chef-d’œuvre d’ironie et d’auto-critique. À lire absolument. C’est le seul livre illustré par Roger de la Fresnaye. À partir de 1908, il fut l’élève de Maurice Denis et Paul Sérusier à l’Académie Ranson. Il se fit construire un atelier de peinture et un atelier de sculpture au château de Beauvernay à Saint-Nizier-sous-Charlieu, propriété de ses ancêtres maternels où il passait la plupart des vacances depuis sa petite enfance. Il y a accueilli Jean Hugo et son épouse Valentine Gross, tous deux peintres, Irène Lagut, Alfred Courmes son seul élève, ainsi que des musiciens comme Georges Auric, Erik Satie, Francis Poulenc avant son décès en 1925.
Broché, couverture verte. Bel exemplaire de cette ravissante édition. The Artist and the Book, 154 ; Rauch, 124 ; Skira, 163 ; Carteret, IV, 183 ; Manet to Hockney, 61 ; Monod, 5350.
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N째 119
N째 100
N째 121
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N째 110
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Au prochain catalogue
N° 122
JE AN GIONO
700 €
VIVRE LIBRE 1. Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix | 2. Précisions Paris, Bernard Grasset, 1938-1939. 2 vol. in-12 (199 x 142 mm) de 96 et 64 pp. Éditions originales. Un des 38 exemplaires (n° 11 et 17) sur vélin d’Arches.
LIBERTÉ, INDIVIDUALISME, PAIX, telle est à la veille de la seconde guerre mondiale la devise de Jean Giono, que viennent défendre deux essais socio-politiques proches du manifeste : Vivre libre. Voici ses thèses : la civilisation paysane et artisanale peut seule préserver la dignité, la liberté et la joie ; l’économie de subsistance est son corollaire. La société industrielle moderne asservit le paysan, installe le capitalisme, consolide l’État oppresseur et responsable des guerres. Giono passe donc d’une croisade antimoderniste à l’apologie de l’anarchisme et du pacifisme à tout prix: « Être vivant étant une plus grande qualité qu’être héros mort », il faut empêcher la guerre, briser l’État et ruiner la civilisation technologique ! C’est simple, voire simpliste, idéaliste et utopique… Mais surtout, c’est se moquer des enjeux internationaux. La question des Sudètes est balayée d’un revers de main: « je sais qu’il y a des Allemands qui veulent redevenir Allemands. Il n’y a là, ni pour un Tchèque, ni pour un Slovaque, ni pour un Français, des raisons de mourir » ; et le mépris des alliances franco-polonaises frise le déshonneur. À vouloir que sa joie demeure, le pacifiste militant tombe dans l’abjection et il ne manquera pas d’être épinglé par les anti-munichois : « se souvient-on de la Lettre aux paysans », s’interrogeront les auteurs des Cahiers de Libération en décembre 1943. « Giono conviait le paysan français à repousser l’appel de la mobilisation ; il l’engageait à limiter ses semailles à la mesure de ses besoins propres, afin de paralyser par la famine l’armée de la nation et donc la guerre. » Impardonnable dérive que les admirateurs de l’œuvre romanesque d’après-guerre ne sauraient méconnaître...
Brochés. Très bel état.
N° 123
JE AN GIONO
1 500 €
NOTES SUR L’AFFAIRE DOMINICI suivies d’un Essai sur le caractère des personnages Paris, Gallimard, 1955. In-12 (189 x 123 mm) de 160 pp. Édition originale. Un des 15 premiers exemplaires sur Hollande.
Pour l’amateur de noirceur qu’est devenu Giono après-guerre, l’affaire Dominici arrive à point. Non seulement, le crime atroce et non élucidé des trois touristes anglais a eu lieu dans cette HauteProvence qu’il connait mieux que personne, avec son humanité sombre et monstrueuse, mais encore le tribunal est pour l’écrivain un exceptionnel observatoire de personnalités. Aussi, lorsqu’André Parinaud, directeur de l’hebdo Arts lui propose de couvrir le procès, Giono accepte. Et lorsque Gallimard souhaite en faire un livre, il enrichit ses notes d’un Essai sur le caractère des personnages. On est frappé par la profondeur de vue de Giono : il dénonce une procédure fondée sur des aveux et non sur des preuves ; il insiste sur l’écart entre le lexique de la justice et l’extrême pauvreté du
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vocabulaire du patriarche, Gaston Dominici ; et, surtout, il sait distinguer dans la tribu mise en accusation les médiocres et les grands caractères, que sa culture aide à définir : la vieille, c’est Hécube, le vieux « c’est un personnage de la Renaissance (…) sorti nu et cru de l’Histoire universelle d’A Agrippa d’Aubigné » ! La grandeur, la stature, même dans la duplicité et la monstruosité, ont grâce à ses yeux de descendant de Carbonaro et de fils spirituel de Stendhal. Le grand André Siegfried qualifiera ces notes de « chef-d’œuvre de géographie psychologique ».
Broché. État de neuf. Très rare en grand papier.
N° 124
EDMOND ET JULES DE GONCOURT
2 800 €
GAVARNI, L’HOMME ET L’ŒUVRE Paris, Henri Plon, 1873. In-8 (125 x 185 mm) de 2 ff., iv et 432 pp. Édition originale. Un des 30 premiers exemplaires sur Hollande (seul grand papier). Envoi signé :
« à mon cher Pierre Gavarni, Ed. de Goncourt » « Nous avons aimé, admiré Gavarni » : entre Gavarni et les Goncourt il y a une génération d’écart : en 1852, date de leur rencontre, Jules n’a que vingt-et-un ans et Edmond, vingt-neuf. Rencontré au journal L’Éclair, Gavarni est alors auréolé d’une notoriété qui éblouit les apprentis journalistes que sont alors les frères Goncourt. Treize ans après sa mort, ils publieront cette monographie, à l’aide de documents communiqués par le fils de l’artiste, Pierre Gavarni, dont c’est ici l’exemplaire : fragments de mémoires, carnets, notules, « Gavarni, en effet, fut toujours écrivassier de ses impressions, de ses sensations, de ses aventures psychologiques (…), toute sa vie il l’a écrite. » Cette étude est la première écrite sur l’artiste après sa mort ; seul Eugène de Mirecourt avait publié une Vie de Gavarni en 1858, forcément incomplète, dans la collection Les Contemporains chez Havard. Cette rare étude marque la dernière collaboration entre les deux frères.
Demi-vélin à coins, dos lisse, pièce de titre, filets dorés, tête rouge (Reliure de l’époque). Bel et précieux exemplaire, sans doute relié pour Pierre Gavarni. Bien complet du portrait et du feuillet manuscrit en fac-similé. Carteret, II, p. 357 ; Vicaire, III, p. 1054.
N° 125
EDMOND DE GONCOURT LA FILLE ÉLISA Paris, G. Charpentier (Imp. Cretté à Corbeil), 1877. In-12 (183 x 133 mm) de 1 f., ix et 291 pp.
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3 000 €
Édition originale. Un des 75 exemplaires sur papier de Hollande (après 2 sur Chine) ; on y a ajouté en tête un portrait sur Chine d’Edmond de Goncourt ainsi qu’une lettre autographe signée du même (datée de novembre 1878). Exemplaire unique, enrichi de 15 jolies compositions originales à la plume signées de Nossel.
Les germes du roman remontent à octobre 1862, lorsqu’Edmond et Jules visitent la prison pour femmes de Clermont d’Oise, lieu que l’on retrouvera dans La Fille Élisa. Ils ont également la chance de se faire donner, sans doute par le préfet de police, Boittelle, une liasse de lettres trouvées lors de la démolition d’un bordel dans la Cité… Voilà pour les quelques pistes ; le projet grandit mais n’éclot pas et l’on doit attendre 1874 pour qu’Edmond, seul après le décès de son frère, reprenne le projet. « […] j’ai la révélation nette et vigoureuse de la manière de construire et d’écrire mon roman » (Journal, 16 novembre 1874). Le 17 août 1875, la machine est lancée et Edmond va se documenter sur le terrain ; il se rend dans les bordels qui entourent l’École Militaire, il interviewe un médecin de filles pour militaires… L’avant-dernier jour de l’année 1876, il peut écrire les derniers mots : « Je finis ce matin La Fille Élisa ». Le livre parut en librairie, chez Charpentier, le 21 mars 1877, donné en prime par Le Nain jaune qui avait pris soin, au préalable, de publier contre le livre des articles violents. Une pièce, tirée du roman par Jean Ajalbert, fut représentée au Théâtre-Libre d’Antoine, à partir du 26 décembre 1890. Edmond, enthousiaste et confiant, se félicite : « La Fille Élisa est le plus gros succès qu’ait jamais eu le Théâtre-Libre » (Journal, 26 décembre 1890). La catastrophe n’est pourtant pas loin : la pièce sera interdite le 19 janvier 1891. [Relié à la suite] : [LEMERCIER DE NEUVILLE]. LA FILLE ÉLISA. Scène d’Atelier (...). À Rome, au Temple de Vénus [Paris, Imprimerie Hugonis et Cie], s.d. [circa 1885]. 32 pages et 2 eaux-fortes séparées, représentant toutes deux Élisa arrêtant un passant. Édition originale imprimée à petit nombre, sur beau vergé. Les deux eaux-fortes sont ici un triple état (noir, bistre et sanguine). Piquante satire grivoise de l’œuvre de Goncourt et de L’Assommoir de Zola.
Demi-maroquin bleu à coins, dos lisse orné d’un élégant décor de motifs floraux dorés, argentés et mosaïqués, accompagné d’un squelette mosaïqué aux yeux argentés et d’un lapin doré aux grandes oreilles, tête dorée, couv. cons. (Reliure signée de David). Très bel exemplaire. Rare. Vicaire, 1058 ; Carteret, I, 358 ; Alidor Delzant, Les Goncourt, Charpentier, 1889, p. 351-352 ; Dutel, 302 et Pia, 469 pour le Lemercier de Neuville.
N° 126
JULIEN GR ACQ
2 300 €
LE RIVAGE DES SYRTES Paris, 1956-1957. 2 vol. in-4 (350 x 275 mm) de 206 pp. et 2 ff. ; 223 pp. et 2 ff. Première édition illustrée. Tirage limité à 194 exemplaires, celui-ci un des sept premiers sur Auvergne (n° 3), signés par l’artiste et accompagnés d’une suite sur Japon nacré, d’un dessin original, de 2 cuivres originaux et d’un dossier composé d’états signés, de croquis sur calque et de corrections d’épreuves. Ce très beau livre imprimé sur les presses de Daragnès, est illustré de 50 burins originaux de Camille Josso, dont 23 hors-texte (9 sur double page) et 27 in-texte.
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Après l’édition originale de 1951, José Corti décida, cinq ans plus tard, d’une édition illustrée par les burins de Josso. Né à Nantes en 1902, Camille Josso réalisa les planches d’une trentaine d’ouvrages ; il exposera au Salon d’Automne et en Afrique du Nord dans les villes de Rabat et de Casablanca. Quant au texte, que ceux qui ne le sauraient pas encore le lisent : il n’est jamais trop tard pour se sentir « de la race de ces veilleurs chez qui l’attente interminablement déçue alimente à ses sources puissantes la certitude de l’événement. » Pour l’anecdote, on peut se demander si Julien Gracq, qui refusa le prix Goncourt décerné à cet ouvrage s’amusa de ce qu’Erik Arnoult choisisse comme nom de plume celui de la ville du Rivage des Syrtes… pour recevoir le même prix sous le nom d’Orsenna.
En feuilles, couvertures rempliées, chemises et étuis. Parfait état. Superbe exemplaire de la plus belle réalisation de Josso ; parfait état. Très rare sur papier de tête. Monod, 5657.
N° 127
GUILLEVIC
200 €
EXÉCUTOIRE Poèmes Paris, Gallimard, 1947. In-12 (188 x 129 mm) de 218 pp. Édition originale. Exemplaire imprimé du service de presse (seulement 13 grands papiers). Envoi signé :
« à Jean Cayrol, / mon frère / Guillevic » Deuxième livre de Guillevic paru chez Gallimard, Exécutoire est dédié à Paul Éluard.
Broché. Bel exemplaire
N° 128
SACHA GUITRY
1 600 €
LE COMÉDIEN Paris, s.l.n.d. [1948]. In-8 (170 x 260 mm) de 132 ff. ch. [au crayon]. Épreuves corrigées par Guitry, impression recto sur feuillets volants. Cette édition donnée par les Éditions de l’Ancre d’or paraîtra en juin 1948, précédée d’un texte original de Sacha Guitry, Lettre à mon père. Elle propose de nombreux changements par rapport à la version de 1921 : Guitry y a rajouté un prologue ; de nombreux dialogues sont ajoutés, ou considérablement modifiés, jusqu’au dernier moment comme en témoignent les nombreuses corrections portées. La pièce fut quant à elle créée le 23 janvier 1921 au théâtre Édouard VII ; comme de bien entendu, Lucien Guitry y jouait le premier rôle. La pièce, dont il se défendait d’être le modèle
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Exemplaire en feuilles de travail, conservé dans un étui-chemise de demi-chagrin rouge de l’époque, dos lisse, titre doré. Plusieurs niveaux de corrections de la main de Guitry (typographiques, au texte, aux commentaires) à l’encre et au crayon ; très nombreuses annotations [variantes]. On joint : la publication d’origine de 1921, parue dans La Petite Illustration.
N° 129
VICTOR HUGO
1 800 €
LE LIVRE DES MÈRES - LES ENFANTS Paris, J. Hetzel, Firmin Didot frères, (impr. J. Claye), s.d. [1877]. Grand in-8 de 2 ff, 268 pp. Première édition illutrée. Vignettes par Froment et préface de P. J. Stahl. Envoi signé :
« à mademoiselle Sylvie [Pagnerre, fille de l’éditeur] Victor Hugo / 3 janvier 1884 »
Éparpillés dans son œuvre poétique, les poèmes de ce recueil ont été réunis sous le thème de l’enfance. Après l’édition du recueil en format in-12, en 1858, Hetzel fait paraître, la première édition illustrée dans sa collection “Bibliothèque d’éducation et de récréation”. Il fallait note P. J. Stahl dans sa préface, « trouver un peintre, poëte lui-même, capable d’entrer dans le sentiment exquis de son modèle et de n’en pas gâter l’harmonie. » Froment a « ce caractère de douceur dans la force » qu’on attendait. Il y aura encore plusieurs éditions illustrées dont trois en format in-8, celle-ci, au vu de la date de l’envoi, peut être datée de 1877. Depuis Guernesey, où il est exilé, Victor Hugo écrit à Hetzel le 18 novembre 1862 : « Vous seriez bien aimable de m’envoyer, sur les exemplaires qui me reviennent, une dizaine des Enfants illustrés. Cela m’aidera pour mes petites étrennes locales. Vous pourriez me faire cet envoi par Merrhuys, à l’adresse de Barbet, gigh street, à Guernesey. » Si sa grande affaire à l’époque consiste à mener à bien l’édition des Misérables, il n’en néglige pas moins, les publications récréatives comme celle-ci. C’est précisément à cette époque qu’Hugo signe avec l’éditeur Pagnerre, dont Sylvie, la dédicataire de cet exemplaire se trouve être la fille, un contrat pour l’édition parisienne des Misérables ; Pagnerre sera, à Paris, le dépositaire de l’édition Lacroix-Verbœckhoven du roman de Victor Hugo. Il était, par ailleurs, l’éditeur des traductions de François-Victor Hugo.
Maroquin brun, dos à nerfs, titre doré, filets dorés sur les coupes, tête dorée, dentelle intérieure, couv. cons. (Reliure de l’époque signée de Petitot). Quelques rousseurs dans le texte. Bel exemplaire, en pleine reliure de qualité. Vicaire, 323.
N° 130
PIERRE JANET
1 400 €
LES TROUBLES DE LA PERSONNALITÉ SOCIALE Extrait des Annales Médico-psychologiques Paris, Masson et Cie éditeur (Cahors, impr. Coueslant), juillet et octobre 1937. In-8 (160 x 240 mm) de 99 pp. ch. 89
Édition originale, sous forme d’un tiré à part à pagination séparée et couverture spéciale, du texte de Pierre Janet paru en deux livraisons dans les Annales médico-psychologiques. Envoi signé :
« à Henri Bergson, avec mes souvenirs affectueux, Pierre Janet »
Les travaux de Pierre Janet (1859-1947) ont souvent été opposés à ceux de Freud. De fait, Janet s’est attaqué sensiblement aux mêmes questions que Freud au début de sa carrière et s’intéressa à la clinique de l’hystérie dès la rédaction de sa thèse sur L’Automatisme psychologique au cours des années 1880. Ses travaux attirèrent l’attention de Charcot qui l’invite à se joindre à son équipe à la Salpêtrière. Quelques années plus tard, Janet obtient la chaire de psychologie au Collège de France à la suite de celle de Théodule Ribot, le premier à l’avoir enseignée. Grâce à l’appui de ce dernier et de Bergson, Janet fut officiellement élu professeur de Psychologie expérimentale et comparée en 1902. C’est au Collège de France qu’il va élaborer sa doctrine de psychologie générale qui est une psychologie de la conduite s’appuyant sur une psychologie génétique et sociale. Janet avait reçu une formation philosophique aussi solide qu’elle pouvait l’être en France à l’époque. Après son année de philosophie au lycée Louis-le-Grand à Paris, il passa trois ans à l’École normale supérieure, aux côtés de Jean Jaurès et d’Henri Bergson : il resta pendant toute sa vie en étroite relation de pensée avec lui et les deux philosophes s’influencèrent réciproquement dans une large mesure ; on trouvera la présence insistante, et jamais démentie, de l’œuvre de Janet tout au long du parcours philosophique de Bergson, que ce soit au sein des œuvres majeures que sont Matière et mémoire et Les Deux sources de la morale et de la religion. Pareillement, Janet lui-même n’a nullement hésité à mentionner à plusieurs reprises Bergson dans ses travaux, et tout particulièrement dans Les Obsessions et la psychasthénie de 1903, où s’amorce un quasi-débat avec le philosophe. La fille de Janet, Hélène épousera E. Pinchon (le maître de Lacan et Dolto). Les articles et études d’importance de Pierre Janet ont peu ou pas été réédités : l’accès à ses textes primordiaux se fait le plus souvent via les revues.
Broché, sous étui-chemise de toile noire, titre doré sur pièce de titre. Les éditions sous forme de tiré à part, à tout petit nombre, sont d’une grande rareté. Très belle provenance.
N° 131
ALFRED JA RRY
4 500 €
UBU ROI Paris, Mercure de France, 1896. In-12 (100 x 152 mm) de 172 pp. + 12 pp. de catalogue du Mercure de France. Édition originale. Exemplaire du premier tirage, sans mention (500 exemplaires). Envoi ex-dono signé :
« exemplaire offert à René Maizeroy, Alfred Jarry »
Le baron René Toussaint fera une carrière dans le journalisme et la littérature sous le pseudonyme de René Maizeroy. Il servira de modèle à son ami Guy de Maupassant - il était voisin de ce dernier à Étretat - pour le Duroy de Bel-Ami ; Maupassant sera également son préfacier pour un de ses romans, Celles qui osent. Ses relations avec un autre natif de la région, Jean Lorrain, furent plus houleuses : elles aboutirent même à un duel en avil 1887 où Lorrain aura, au cours de l’assaut, perforé le biceps de son adversaire. De la bibiothèque de Marcel Gambier, avec ex-libris.
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Demi-maroquin auburn à coins, filets dorés sur les plats, dos lisse, tête dorée, titre doré, filets d’encadrement à froid et dorés, date en pied, couv. et dos cons. (Reliure signée de Stroobants, avec la signature répétée en pied). Bel exemplaire de ce livre excessivement fragile, bien complet des deux feuillets blancs en tête, des portraits d’Ubu et du catalogue éditeur in fine. Très rare en reliure d’époque de qualité et envoi.
En français dans le texte, 322.
N° 132
LONGUS
8 000 €
LES PASTORALES DE LONGUS OU DAPHNIS & CHLOÉ Version d’Amyot revue et augmentée par P.-L. Courier Paris, Gonin frères, 1937. In-8 (152 x 223 mm) de 217 pp. Tirage unique à 500 exemplaires sur Maillol (seul papier). L’exemplaire est enrichi d’une suite à part des bois d’Aristide Maillol, tirés en bistre, et imprimés sur Chine. L’illustration de Maillol, l’une de ses plus harmonieuses, se compose de 46 bois originaux et 7 lettrines, également sur bois.
Maillol publia trois ouvrages illustrés : L’Art d’aimer d’Ovide en 1935 ; ce Daphnis et Chloé et, en 1950, les Géorgiques de Virgile. De la bibliothèque Jan van der Marck, avec ex-libris.
Plein maroquin blond orné d'un important décor sur les plats repris au dos se composant d'une alternance de filets horizontaux dorés et à froid, jeu de fers cubiques dorés, motifs circulaires répétés à froid, doublures de daim havane, dos lisse, titre doré, toutes tranches dorées, sous étui de demi-maroquin brun, dos lisse, titre doré, doublures de daim, étui bordé, couv. et dos cons. [Reliure signée de Georges Cretté, décrite dans la revue Mobilier de décoration de 1946 (numéro de mai)] et répertoriée dans le Catalogue des reliures de Cretté (n° 311, reproduite). Superbe exemplaire.
N° 133
JE AN LORR AIN
700 €
LA FORÊT BLEUE Paris, Alphonse Lemerre, 1882. In-12 (182 x 120 mm) de 167 pp. Édition originale du deuxième livre publié de l’auteur, dédié à Victor Hugo, avec un poème liminaire qui lui est consacré. Frontispice gravé d’après Sandro Botticelli. Envoi signé :
« au prince Edmond / de Polignac / à travers les abeilles et les mots / suggestive offrande / Jean Lorrain / décembre 1885 »
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Le volume revendique une influence baudelairienne, avec toute une section qui lui est dédiée, spécialement imprimée en rouge. Si, « à l'instar de son premier volume (Le Sang des Dieux), La Forêt bleue ne recueille qu’un succès d’estime mais confirme son talent de poète et atteste sa persévérance dans sa vocation aux yeux du milieu littéraire (…) il a abandonné la médiévalisation de son prénom et opté pour ce qui sera son nom de plume définitif » (in Thibault d’Antonnay, Jean Lorrain).
Bel exemplaire. Broché. Bon exemplaire de belle provenance.
N° 134
HENRI MATISSE & GEORGES DUTHUIT
1 400 €
LES FAUVES Genève, Éditions des Trois Collines, 1949. Pet. in-folio (317 x 235 mm) de 254 pp. Édition originale. Un des 16 premiers exemplaires sur pur-fil, celui-ci imprimé pour Paul Éluard. Signature de Duthuit à la justification. Illustré de 16 planches contrecollées en couleur et 74 reproductions en noir et blanc.
L’ensemble est dû à l’éditeur suisse François Lachenal, ami de Matisse, co-fondateur puis directeur des Journées Internationales d’Art d’Ingelheim. « Le fauvisme ce n’est pas tout, mais c’est le fondement de tout » dira Matisse à Georges Duthuit. Peu s’en faut : cette splendide monographie consacrée aux Fauves compile en effet les principales œuvres des membres du mouvement, qui se répondent les unes aux autres. C’est en 1905 que Matisse découvre l’œuvre tahitienne de Gauguin, à Collioure. C’est le choc. Matisse rompt les enchaînements qui le relient jusque-là et n’applique plus les couleurs au motif, mais comme le souligne Pierre Schneider, « il livre le motif aux couleurs » ; avec Derain ils exécutent alors leurs toiles les plus vigoureuses. La suite, toute la peinture du XXème siècle s’en empare…
Broché. Légers accrocs à la jaquette, parfait état intérieur. Rare et ravissante provenance.
N° 135
GUY DE MAUPASSANT
2 000 €
SUR L’EAU Paris, Marpon et Flammarion, 1888. In-12 (170 x 120 mm) de 2 ff., 246 pp. et 1 f. Édition originale. Illustrations in et hors texte de Riou. Envoi signé :
« à Monsieur Arthur Meyer / cordial hommage / Guy de Maupassant »
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« Ce journal ne contient aucune histoire et aucune aventure intéressantes.Ayant fait, au printemps dernier, une petite croisière sur les côtes de la Méditerranée, je me suis amusé à écrire chaque jour, ce que j’ai vu et ce que j’ai pensé… » C’est effectivement au cours d’une croisière sur son yacht privé nommé « Bel-Ami », qui passe par Cannes, Agay et Saint-Tropez, que l’auteur écrira Sur l’eau. Ces charmantes impressions de voyages s’apparentent à plusieurs autres récits de Au Soleil et La Vie errante. Le texte initial avait paru dans les Lettres et les Arts en février, mars et avril 1888. Arthur Meyer (1844-1924), directeur du Gaulois, publia de nombreuses nouvelles et chroniques de Maupassant dans sa revue à laquelle ce dernier collabora quelques années.
Broché. Très rare dans cette condition et avec envoi.
Clouzot, 198 ; Talvart, XIII, 259.
N° 136
GUY DE MAUPASSANT
2 500 €
TROIS NOUVELLES : LE HORLA. FOU. LA CHEVELURE Genève, Noces d’Encre, 2006. In-4 (330 x 330 mm) de 124 pp. Tirage unique à 24 exemplaires sur vélin d’Arches, numérotés et justifiés par l’artiste. Chaque exemplaire est enrichi d’un dessin original signé et d’une suite des 26 illustrations originales, numérotées et signées par Branche.
En feuilles, sous emboîtage éditeur. État de neuf.
N° 137
CL AUDE-FR ANÇOIS MÉNESTRIER
2 400 €
LE VÉRITABLE ART DU BLASON, OU LES RÈGLES DES ARMOIRIES (…) Lyon, Benoist Coral, 1659. In-12 (116 x 73 mm). Édition originale rarissime. Frontispice gravé par N. Auroux ; 15 planches hors texte, aquarellées à l’époque.
Le père Claude-François Ménestrier, historien et héraldiste français, est né à Lyon le 9 mars 1631 et mort à Paris le 21 janvier 1705. Jésuite érudit, il enseigne dans les collèges de la Compagnie de Jésus, notamment dans celui de sa ville natale. Durant ses loisirs, il s’applique avec ardeur à l’étude des bons auteurs, à la science du blason et à la recherche des antiquités. Doté d’une fabuleuse mémoire, on rapporte que la reine Christine de Suède, passant à Lyon en 1657, voulut l’éprouver et fit prononcer devant lui trois cents mots bizarres, qu’il répéta dans le même ordre qu’on les lui avait proposés. La ville le chargea de diriger les fêtes qu’elle offrit à Louis XIV en 1658, lors de son passage
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à Lyon. Elles furent magnifiques, et l’auteur eut dans le pays, depuis ce temps, la direction de toutes les fêtes. Menestrier succéda en 1667 au père Labbe dans la place de conservateur de la bibliothèque, qu’il enrichit d’un grand nombre de manuscrits, ainsi que des livres de Grollier. Profitant d’une circonstance favorable, il partit visiter l’Italie, l’Allemagne, la Flandre et l’Angleterre, et recueillit partout des notes et des observations sur les objets de ses études. Il devint responsable des ballets et des tragédies représentés par les écoliers lors des fêtes de fin d’année. Ainsi, en 1658, lors d’un passage de Louis XIV à Lyon, il organise les réjouissances d’accueil du roi et compose un ballet pour l’occasion. L’année suivante paraît son premier traité sur les blasons, Le véritable art des blasons, suivi de plusieurs rééditions complétées, jusqu’en 1689, année de parution de sa Méthode du blason.
Basane marron, dos à nerfs orné de filets dorés. (Reliure de l’époque). Dos anciennement restauré, un petit manque de papier (sans atteinte au texte) restauré à la page de titre. Saffroy, I, 2221 ; Graesse, 487 ; Brunet, 1625.
N° 138
E.L.T. MESENS
2 000 €
ALPHABET SOURD ET AVEUGLE Préface et note de Paul Éluard. Frontispice de l’auteur Bruxelles, Éditions Nicolas Flamel, 1933. In-8 (268 x 214 mm) de 42 pp. Édition originale. Un des 10 exemplaires (n° 0000) sur Hollande (2e papier) signés à la justification :
« cet exemplaire, hors-commerce, appartient à Greta Knutson. Mesens »
Rédigé en 1930, publié trois ans plus tard dans la maison d’édition que vient de fonder l’auteur, ce recueil est illustré par un frontispice photographique qui rappelle les rayogrammes de Man Ray qu’Erik Satie fit découvrir à Édouard-Léon-Théodore Mesens dès 1921. Le peintre suédois, Greta Knutson expose pour la première fois en 1925, à Stockholm et épouse la même année, Tristan Tzara. Installée en France à partir de cette époque, elle se lie au groupe surréaliste et participe en particulier aux célèbres cadavres exquis.
Broché. État parfait pour ce précieux exemplaire de dédidace.
N° 139
HENRY MICHAU X LES RÊVES ET LA JAMBE Essai philosophique et littéraire Anvers, Ça Ira, 1923. In-12 (161 x 122 mm) de 32 pp.
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2 000 €
Édition originale. Un des 400 exemplaires numérotés (n°336) du tirage unique sur vélin. Envoi signé :
« à Géo Charles, cordial souvenir, Henri Michaux, 69 rue Defacqz, Bruxelles »
C’est le premier livre publié par Henri Michaux. Il le répudiera ensuite comme la plupart des textes écrits avant 1928. Pourtant Michaux est déjà là, dans ce premier livre, entier, souverain (à quand une histoire des livres rejetés par leurs auteurs ?). Les éditions Ça Ira, dont Pascal Pia fut le dépositaire à Paris, naquirent de la revue belge du même nom créée en 1920. Franz Hellens dont le texte Meluzine avait inspiré l’étude de Michaux refusa pourtant que celle-ci lui soit dédié. Un contrat pour ce livre en date du 10 avril 1923 fait état d’une souscription pour en couvrir les frais (et stipule que le solde serait à la charge de l’auteur). Dans une lettre à Robert Guiette, en 1935, après avoir écrit qu’il avait payé la moitié des frais de fabrication et n’avait reçu que quinze exemplaires, Michaux se préoccupe de savoir où est le reste du stock. Une partie ne fut, sinon détruite, jamais diffusée. Charles Guyot, dit Géo-Charles est un poète et écrivain français. Passionné de sport, ses œuvres traitent souvent de ce sujet. Il était l’ami de nombreux sportifs, mais aussi de Jean Cocteau et Blaise Cendrars, animateur de la revue Montparnasse avec Paul Husson. Michaux avait donné dans le n° 2 du Disque vert (décembre 1923) une critique de son premier livre, Sports (éd. Montparnasse, 1923) : « J’aime les choses de métier, surtout quand les gens du métier en parlent.(…) Sports, voilà le livre d’un homme du métier, du métier reconnu le plus moderne, athlète, poète boxeur. »
Broché. Étui-chemise demi-maroquin rouge, titre doré en long (Alain Devauchelle). Exemplaire parfait.
N° 140
MARCEL PAGNOL
1 000 €
MARIUS. FANNY. CÉSAR Monaco, Éd. du Livre, 1949. 3 vol. in-8 (225 x 160 mm) de 279, 287 et 283 pp. Tirage unique à 1650 exemplaires, tous sur grand vélin, illustrés par des compositions originales d’Albert Dubout. Envois signés :
« Pour Josette Day, de tout cœur, Marcel Pagnol » « Ex-libris Josette Day, Marcel Pagnol » « Exemplaire de Josette Day, avec l’amitié de Marcel Pagnol » Il lui fera tourner dans Monsieur Brotonneau, La Fille du puisatier, avec Raimu et Fernandel, La Prière aux étoiles (film inachevé), ou encore Arlette et l’amour… En 1946, elle jouera son rôle le plus connu, dans La Belle et la Bête de Jean Cocteau et René Clément avec Jean Marais, dans le rôle de la bête, et Michel Auclair. Précieux exemplaires offerts à Josette Day, avec, dans chacun des exemplaires, un envoi signé à celle qui fut, de 1939 à 1944, sa compagne puis son épouse.
Brochés, étui-chemise éditeur. Très bel exemplaire de touchante provenance.
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N° 141
FR ANCIS PICABIA
4 000 €
PENSÉES SANS LANGAGE Paris, Eugène Figuière, 1919. In-12 (185 x 120 mm) de 124 pp. Édition originale (pas de grand papier). Couverture illustrée d’un dessin pleine page de l’auteur. Envoi signé :
« Très sympathiquement / à Guillermo de Torre Francis Picabia / 17 décembre 1919, Paris »
Il s’agit de la toute première publication française d’un texte de Picabia, ici dédié à Gabrielle Buffet, Duchamp, Tzara et Ribemont-Desaignes. « À tous ceux que démange l’envie de dire que ce langage est sans pensée je conseille la visite dangereuse du jardin zoologique ». Sans pour autant m’être rendue au zoo, je confesse avoir été démangée… Mais passons. 1919. Francis Picabia débarque à Paris, rencontre André Breton et prépare la grande saison dadaïste de 1920 : publication d’écrits d’avant-garde dans Littérature, Dada et 391, exposition au Salon d’Automne de L’enfant carburateur et de Parade amoureuse au grand dam du bourgeois, et ces poèmes à la prose absconse, préfacés par “Udnie” de la manière la plus obscure qui soit. La révolution dadaïste est en marche. Le pseudonyme “Udnie”, dont Picabia avait titré une toile monumentale exposée en 1913 au Salon d’Automne, serait selon Pierre Arnaud l’anagramme de Jean d’Udine, élève de Raphaël. Ex-libris manuscrit de Guillermo de Torre au premier feuillet. Guillermo de Torre fonda en 1918 l’Ultraïsme, au confluent de mouvements d’avantgarde décrits dans la publication Un manifiesto literario, manifeste dans lequel les signataires expriment leur désir de rompre avec les normes esthétiques jusqu’alors en vigueur, et que le mouvement se propose de dépasser. Fortement influencé par le Cubisme français (Apollinaire, Reverdy), par le Créationnisme poétique du chilien Vicente Huidobro, mais aussi par le Futurisme italien de F. T. Marinetti et bien sûr par Dada, l’Ultraïsme est l’émanation espagnole d’idées esthétiques éparses cultivées dans les pays européens périphériques. Dans les années 1920-1923, plusieurs revues, souvent éphémères, propagent l’Ultraïsme en Espagne (Grecia, Cervantès, Ultra) ou en Argentine (Proa, Prisma, Martín Fierro), son influence fut décisive. La “génération de 1927” (F. García Lorca, G. Diego, P. Salinas…) y trouve, en partie, ses racines ; J.L. Borges y fut associé. Guillermo de Torre, fervent admirateur de Max Jacob, donnera également en 1924 la version espagnole du Cornet à dés (sous le titre El Cubilete de Dados).
Broché. Petites restaurations à la couverture, sans manques. De toute rareté avec envoi ; l’exemplaire comporte de plus la mention de “première édition” sur la couverture, ce que nous n’avons jamais rencontré (les exemplaires comportent habituellement une mention de quatrième édition). Tous les exemplaires passés en vente - ou actuellement sur le marché - ont une mention de quatrième édition ; exemplaires BnF ou MoMa inclus.
N° 142
ROBERT PINGET L’INQUISITOIRE Paris, Éditions de Minuit, 1962. Fort in-8 (224 x 139 mm) de 489 pp.
98
1 500 €
Édition originale. Un des 87 premiers exemplaires sur Alfa mousse. Envoi signé :
« à Alain Bosquet, avec toute ma gratitude et mon amitié, Robert Pinget, 1962 »
Genevois d’origine, Robert Pinget s’installe à Paris en 1946 et publie son premier livre en 1951. Il rejoindra les éditions de Minuit, en 1956, sur la recommandation de Samuel Beckett : il participera alors à l’aventure du Nouveau roman, avec, notamment, Alain Robbe-Grillet, Nathalie Sarraute, Beckett, Claude Simon et Claude Ollier. L’Inquisitoire, inquiétant huis-clos, interrogatoire implacable d’un domestique de château, remet en scène la géographie et la démographie imaginaire de Pinget. La succession des « qui, à quoi, quand ? », la litanie des « oui ou non répondez » opposée à la fragilité de l’accusé, sourd, simple, vieux, donne au roman (qui est tout autant une pièce) un climat de tension, envoûtant et pesant. Pinget, en postface au roman Le Libera (1968) expliquera ainsi la naissance du livre : « Lorsque j’ai décidé d’écrire L’inquisitoire, je n’avais rien à dire, je ne ressentais qu’un besoin de m’exprimer très longuement. Je me suis mis au travail et j’ai écrit la phrase “Oui ou non répondez” qui s’adressait à moi seul et signifiait “Accouchez”. » Alain Bosquet, qui était à cette époque directeur littéraire des éditions Calmann-Lévy et critique littéraire dans le Monde et Combat, honorera Pinget d’une critique élogieuse : « Disons d’abord tout le bien qu’il y a lieu de penser de cet auteur, le plus désopilant que l’on ait vu depuis longtemps. À côté de lui, Alain Robbe-Grillet fait figure de Bossuet, et Michel Butor de Mérimée. Robert Pinget, lui, triomphe dans l’inattendu… Découvrons Robert Pinget. Qu’on se le dise… ».
Buffle turquoise, dos et plats orné de caissons relevés de buffle turquoise passé à la feuilles d’or avec titre à l’initiale poussé dans chacun des caissons, tranches dorées, doublures de daim gris, couv. et dos cons., étui-chemise à l’identique (Reliure signée d’Alain Devauchelle, 2001). Très bel exemplaire.
N° 143
[AUGUSTE POULET-MAL ASSIS]
1 400 €
LES EX-LIBRIS FRANÇAIS Paris, Rouquette, 1874. Pet. in-4 (267 x 180 mm) de 2 ff., 50 pp et 1 f. Édition originale. Tirage limité à 100 exemplaires, tous sur vergé de Hollande, paraphés par Poulet-Malassis, auteur anonyme de l’ouvrage.
Premier traité paru sur les ex-libris. « Le terme ex-libris est composé de deux mots latins : des livres faisant partie des livres. Ce terme consacré par l’usage se dit de toute marque de propriété appliquée à l’extérieur ou à l’intérieur d’un volume… ». L’auteur s’y connaissait, lui qui en possédait deux, dont le fameux « Je l’ai ! » (reproduit au dernier feuillet de l’ouvrage). Un succès sans précédent pour Poulet-Malassis : « ma brochure (…) s’est enlevée en quinze jours et aurait pu avoir un tirage double de celui que j’avais fait. Cela m’a décidé à une seconde édition revue et fort augmentée, avec figures typiques, dont je m’occupe présentement ». Laquelle paraîtra effectivement l’année suivante à 350 exemplaires.
Demi-maroquin bordeaux, dos lisse, titre doré en long, couv. cons. Couverture habilement restaurée. Rare. Oberlé, 957 ; Vicaire, VI, 797. 99
N° 144
MARCEL PROUST
12 000 €
À LA RECHERCHE DU TEMPS PERDU Paris, Grasset, 1913 et Paris, Nouvelle Revue française, 1919-1927. 13 vol. in-12 (190 x 120 mm) pour Swann, (195 x 145 mm) pour les suivants. Édition originale. Un des exemplaires sur pur-fil [sauf pour À l’ombre des jeunes filles en fleurs, en premier tirage sans mention (500 exemplaires)], seul grand papier avec les réimposés. L’exemplaire de Swann est dans l’édition originale chez Grasset (17 grands papiers), en 2e tirage. L’exemplaire de À l’ombre des jeunes filles en fleurs est celui de Jean Schlumberger, dans le tout premier tirage, avec corrections autographes du même.
Brochés. Étui-chemise d’époque pour l’exemplaire de À l’ombre des jeunes filles en fleurs. Quelques piqûres sur les tranches pour les volumes Gallimard. Très bel ensemble néanmoins, difficile à rencontrer en condition uniformément brochée.
N° 145
R AYMOND QUENE AU
6 000 €
ZAZIE DANS LE MÉTRO Paris, Gallimard, 1959. In-12 (186 x 128 mm) de 253 pp. Édition originale. Un des 40 premiers exemplaires sur Hollande.
Zazie dans le métro… Dix-neuvième livre de Queneau, qui, enfin, le fit connaître auprès d’un plus large public. Cette notoriété nouvelle pour le co-fondateur de l’Oulipo s’explique peut-être par la totale tout autant que saisissante liberté de ton qui transparaît au travers de ce roman. À cet égard, a-t-on déjà vu une nymphette, - fut-elle un tantinet vulgaire et aguicheuse - ponctuer chacune de ses phrases par de cinglants « mon cul » ? Aussi peut-être, ce sentiment que la littérature ne se prenait pas ici au sérieux ; qu’insolite et humour pouvaient également trouver place en son sein. Joyce et son Ulysse ont sans doute (l’inventivité formelle en moins) déteint chez Queneau dans l’élaboration de ce singulier roman où l’on rencontre de bien curieux personnages… (à commencer par le tonton de la demoiselle, lequel est… danseuse de charme !) Exception faite de l’héroïne, on peut considérer que le langage est véritablement le personnage principal de ce récit. Récit se déroulant sur fond de pérégrinations, de déambulations au travers de la capitale, laquelle finalement, apparaît tel un paysage abstrait, presque irréel. Queneau milite pour un renouvellement du langage, n’hésite pas à introduire la langue verte au sein de son œuvre, à recourir à de savants néologismes, mais également, et innovation caractéristique, à former des mots calqués sur le langage parlé. À la fois ludique et expérimental sur la forme, déroutant sur le fond, Zazie est, selon Nabokov, « une sorte de chef-d’œuvre dans son genre fantasque ». Louis Malle l’adaptant pour le cinéma l’année même de sa publication…
Demi-maroquin havane à coins, dos à nerfs, titre doré, date en pied, tête dorée, couv. et dos cons. (Reliure signée de Magdelaine). Très rare en grand papier.
100
N° 146
JE AN-FR ANÇOIS R AFFAËLLI
(collectif)
3 500 €
LES TYPES DE PARIS Éditions du Figaro, Plon, 1889. In-4 (303 x 227 mm) de [iv], vii (Jean-François Raffaëlli par Albert Wolff, 162 pp. et [1 p.]. Édition originale. Un des 40 premiers exemplaires (n° 11) sur Japon. Nombreuses illustrations dans le texte et 18 planches hors texte, en noir et en couleur, de Jean-François Raffaëlli. Précieux exemplaire dans lequel a été monté en tête le dessin original, crayon et encre de Chine, qui servira de couverture à l’ouvrage, Le Guitariste, signé par Rafaëlli.
Superbe recueil de textes d’Edmond de Goncourt, Alphonse Daudet, Guy de Maupassant, Paul Bourget, Émile Zola, Octave Mirbeau, Joris-Karl Huysmans, Henri Céard, Stéphane Mallarmé, etc. Ce magnifique ouvrage copieusement illustré met en scène le peuple de Paris : on y retrouve les petites marchandes des rues, les forains, les chiffonniers, les belles filles, les promeneurs du dimanche, les comédiens, le vieux cocher, les ouvriers, les habitués des cafés, le petit peuple des maisons de retraite ou les bohèmes en villégiature. Les textes des écrivains de renom qui accompagnent les illustrations sont tous en éditions originales et certains seront repris en volume par la suite. On y trouve notamment la première ébauche parue, sous forme de nouvelle intitulée Un cocher de maître, de ce qui deviendra le Journal d’une femme de chambre de Mirbeau.
Demi-maroquin havane à coins, dos à nerfs, tête dorée, couv. cons. (Reliure de l'époque signée de Champs-Stroobants). Couverture piquée, sinon très bel exemplaire. Vicaire, VII, 908.
N° 147
ARTHUR RIMBAU D
3 000 €
VINGT POÉSIES ILLUSTRÉES PAR VRATMIRAS Genève, Noces d’Encre, 2006. In-4 (330 x 330 mm) de 133 pp. Tirage unique à 22 exemplaires sur vélin d’Arches, numérotés et justifiés par l’artiste. Chaque exemplaire est enrichi d’un dessin original signé et d’une suite des 24 illustrations originales, numérotées et signées par Vratmiras.
Yvette Vratmiras expose régulièrement à Genève, où elle vit et travaille. Ses œuvres mettent en scène des personnages dont on devine le visage, la silhouette, une attitude : « D’emblée, j’ai cherché à élaborer des images qui ressemblent à ces rêves qu’on construit avec des nuages et de la fumée ».
En feuilles, sous emboîtage éditeur. Très belle et soigneuse réalisation. État de neuf.
101
LES TROIS ROUVEYRE DU MERC URE DE FR ANCE N° 148
ANDRÉ ROUVEYRE
800 €
LE GYNÉCÉE Paris, Mercure de France, 1909. Pet. in-4 (277 x 227 mm) de 3 ff., 6 pp. et LII pp. de bois gravés. Édition originale. Un des 500 exemplaires sur vergé d’Arches (2e papier) après 10 sur Chine. Envoi signé :
« à Siegler, avec amitié, Rouveyre, 1916. »
Apprenant que Rouveyre travaille à cet album Rémy de Gourmont lui écrit tout l’intérêt qu’il porte au sujet choisi… « Une série de femmes nues, cela ne peut être que curieux, venant de vous, et cela sera très probablement beaucoup plus que curieux. Cela m’intéresse énormément. Le corps de la femme, ou des femmes plutôt, car il y en a bien plus d’une, Dieu merci, m’exciterait, je crois, à des mots qui ne seraient pas tout à fait sans saveur. » (15 juin 1908). La glose du Gynécée a paru dans le n° 7 (1909) de la revue russe la Balance.
Broché. Bel exemplaire.
N° 149
ANDRÉ ROUVEYRE
500 €
PHÈDRE Paris, Mercure de France, 1910. Pet. in-4 (277 x 227 mm) de 3 ff., 10 bois gravés et 1 f. Édition originale. Tirage unique à 1000 exemplaires sur Arches, plus 10 sur Chine. Envoi signé :
« à Georges Duhamel / avec une grande sympathie foncière pour la beauté de ses poèmes / très cordialement / Rouveyre / 1910 »
Broché.
N° 150
ANDRÉ ROUVEYRE ET JE AN MORÉAS MORT DE L’AMOUR Avec, en appendice, une prose de Jean Moréas Paris, Mercure de France, 1911. Pet. in-4 (225 x 275 mm) de 2 ff., viii bois gravés et 5 pp. de texte.
102
1 200 €
N째 150
N째 145
103
N째 141
N째 143
N째 138
104
Édition originale. Tirage unique à 1000 exemplaires sur Arches, plus 10 sur Chine. Envoi signé :
« Déférent et cordial hommage à Henri Bergson, Rouveyre, 1911 »
Recueil de huit dessins à pleine page d’André Rouveyre, gravés par Vibert, l’ensemble commenté par un texte original de Jean Moréas, En rêvant sur un album de dessins, qui analyse de façon documentée les divers comportements amoureux.
Broché, étui-chemise demi-box gris, titre doré. Bel exemplaire d’intéressante provenance.
N° 151
GEORGE SAND
4 000 €
FRANÇOIS LE CHAMPI Paris, Cadot, 1850. 2 vol. in-8 (225 x 144 mm) de 2 ff. et 293 pp. ; 2 ff. et 301 pp. Édition originale.
« De femmes voyez-vous, il n’y en a qu’une pour moi et c’est ma mère Madeleine », écrit George Sand dans ce récit dont le caractère incestueux frappa les contemporains, et attira sans doute Marcel Proust. De fait, François le Champi occupe un statut très particulier dans La Recherche ; après la scène du baiser refusé et la crise d’angoisse du jeune narrateur de Du côté de chez Swann, sa mère s’installe sur son lit et passe la nuit à lui lire ce roman. Proust insiste sur l’aura de mystère insondable qui enveloppe ce premier roman au titre incompréhensible et au sujet rendu inexplicable par la censure maternelle des passages évoquant l’inceste permis. Il souligne également les dons de lectrice de la mère « Attentive à bannir de sa voix toute petitesse, toute affectation qui eût pu empêcher le flot puissant d’y être reçu, elle fournissait toute la tendresse naturelle, toute l’ample douceur qu’elles réclamaient, à ces phrases qui semblaient écrites pour sa voix […] elle insufflait à cette prose si commune une sorte de vie sentimentale et continue ». À l’autre extrémité de La Recherche, dans Le Temps retrouvé (c’est ce même roman que le narrateur découvre avec émotion, tel une deuxième madeleine qui fait surgir un flot de souvenirs involontaires, dans la bibliothèque du Prince de Guermantes : « Si je reprends dans la bibliothèque François le Champi, immédiatement en moi un enfant se lève qui prend ma place, et qui seul a le droit de lire ce titre ». À l’origine, ces deux passages symétriques et complémentaires, n’en faisaient d’ailleurs qu’un, et furent séparés pour des nécessités de construction. Le texte avait en préoriginale dans Le Journal des Débats, du 1er janvier au 14 mars 1848. De la bibliothèque Grandsire (ex-libris, bibliothèque passée en vente en 1931).
Demi-maroquin cerise à coins, dos à nerfs orné de filets et fleurons dorés et à froid, tête dorée (Reliure de l’époque). Bel exemplaire. Très rare.
105
N° 152
JE AN-PAUL SARTRE
900 €
SOLEIL VIETNAM Paris, Comité Viet-Nam National, 1967. Pet. in-4 (308 x 236 mm). Édition originale. Texte de Sartre autographié en fac-similé, illustré de lithographies originales en couleurs de Matta.
Publication militante très représentative de l’époque, à rapprocher de Loin du Vietnam, film collectif réalisé par Jean-Luc Godard, William Klein, Alain Resnais, Agnès Varda… autour de Chris Marker. Tout deux démontrent pleinement que les préoccupations politiques ne sont pas incompatibles avec les questions esthétiques. Provenance : Marina Vlady (signature autographe au premier rabat).
En feuilles, sous étui-chemise de demi-maroquin brun, dos lisse, titre doré (Alain Devauchelle). Rare.
N° 153
KURT SCHWITTERS
1 400 €
ANNA BLUME Hannover, Paul Steegeman, 1919. In-8 (221 x 145 mm) de 48 pp. Édition originale.
Au café berlinois Kröpcke, vers 1918 on n’aurait pas manqué de rencontrer, au milieu d’artistes et d’intellectuels d’avant-garde, le jeune Kurt Schwitters. Il est alors à la veille de devenir célèbre. En 1919 deux évènements vont lui découvrir les horizons d’une carrière internationale : son article « La Peinture Merz » paru dans la revue Der Sturm et son roman, Anna Blume. Mais pour un temps, les fondateurs zurichois du mouvement Dada, le rejettent violemment. À propos d’Anna Blume, Richard Huelsenbeck, soucieux d’épurer son clan, écrit « Dada refuse catégoriquement et énergiquement des travaux comme le célèbre Anna Blume de monsieur Kurt Schwitters. »
Agrafé, couverture illustrée. Bon exemplaire de ce livre rare et fragile.
N° 154
GEORGES SIMENON LE CERCLE DES MAHÉ Paris, Gallimard, 1946. In-12 (190 x 120 mm) de 194 pp.
106
2 200 €
Édition originale. Un des 13 premiers exemplaires (n° VII) sur pur-fil (seul papier). Le plus petit tirage des grands papiers chez Gallimard pour un Simenon.
Lorsque paraît ce livre, Georges Simenon est installé aux États-Unis depuis un an. La rédaction du Cercle des Mahé appartient donc à une époque révolue. Entre 1942 et 1944, replié avec sa famille en Vendée, Simenon écrit un de ses chefs-d’œuvre. À Saint-Mesmin-le-Vieux, un bourg de mille six cent âmes, il a loué une villa située à la sortie du village ; selon ses habitudes, Simenon s’intègre très vite à la vie locale : dégustations de Bordeaux avec l’embouteilleur en vin, parties de cartes avec la bourgeoisie locale, promenades avec un certain docteur Ériau, qui lui inspire le personnage du docteur Mahé. Et petit troc de marché noir, nombre de livres dédicacés ont été échangés contre les précieuses roues de vélo, avec les habitués du café du Pont-Neuf où Simenon joue régulièrement aux cartes. Après guerre, les habitants reconnaîtront leur village dans Le Cercle des Mahé. Est-ce les pratiques de ces temps de disette ou le style de vie que menait le romancier chez lui, qui sait ? mais certaines mentalités pudibondes et étroites feront savoir leur désapprobation. Simenon est loin déjà… Ce livre appartient avec Les Noces de Poitiers aux derniers titres publiés sous la couverture crème à liserets rouges ; il paraît en effet à un mois d’intervalle de Trois chambres à Manhattan, premier titre des Presses de la Cité ; le contrat signé par l’auteur en juillet 1945 avec Sven Nielsen, ne donne pas pour autant l’exclusivité à l’éditeur franco-danois ; Simenon est encore lié pour un an avec Gallimard, pour le “genre roman”, ce qui explique les quelques titres qui paraîtront encore au prestigieux catalogue. De la bibliothèque Firmin Van der Loo, avec ex-libris.
Demi-maroquin mauve à coins, filets dorés sur les plats, dos à nerfs, titre doré, date en pied, tête dorée, couv. et dos cons., étui bordé (Reliure signée d’Alix). Dos passé. Grisay, p. 104 ; Menguy, p. 84, n° 128.
N° 155
PAUL VA LÉRY
1 000 €
LE CIMETIÈRE MARIN Paris, Emile-Paul, 1922. In-8 (210 x 150 mm), non paginé. Édition originale. Un des 500 exemplaires sur Mittneague-mil (après 7 sur Chine et 49 sur vélin d’Arches).
« Ce toit tranquille, où marchent les colombes, / Entre les pins palpite, entre les tombes ; / Midi le juste y compose de feux / La mer, la mer, toujours recommencée ! » Ces vers comptent parmi les plus célèbres de la poésie française du XXème siècle. Qu’en dire ? Qu’ils paraissent à la N.R.F. en juin 1920, puis en volume, et qu’ils seront repris dans Charmes (1922). Ensuite, l’on pourra gloser sur l’obsédante musique du décasyllabe, l’image de Sète, les rivages de l’enfance, de la mythologie ou du cimetière Saint-Charles (qui prendra le nom définitif de cimetière marin en 1946). Sans se tromper, dire ensuite qu’il s’agit de l’œuvre la plus lyrique et la moins cérébrale de l’auteur, qui rend palpable, avec un art consommé de l’allitération, la sensualité du paysage, du soleil, de l’azur et de la mer. Broché. Très bel exemplaire.
107
N° 156
PAUL VA LÉRY
900 €
INTRODUCTION À LA MÉTHODE DE LÉONARD DE VINCI Paris, N.R.F., 1919. In-8 étroit (223 x 143 mm) de 100 pp. Édition originale. Un des exemplaires hors-commerce sur Lafuma pur-fil. Envoi signé :
« à M. Raymond Gallimard / Paul Valéry »
Ce titre apparaît pour la première fois en 1895, dans Centaure. Cette édition de 1919 constitue la première édition séparée. Le texte est alors augmenté de notes et digressions visant à découvrir les intentions de l’auteur quand il composa cet essai. Les lettres qu’il adressa à son ami André Gide, contemporaines de la rédaction, en sont un peu l’histoire officieuse : « Je travaille sans enthousiasme à mon article et il neige. Ce pauvre Vinci va passer un mauvais quart d’heure. Il sera écrit sans soleil et sans envie », (lettre à Gide datée de janvier 1895). « Vinci est au plus mal ! Je crois que tout est à recommencer. C’est une scie ! Je l’ai montré à Drouin avec plaisir (avis probe et charmant) qui, vers la treizième page m’a fait observer que je ne parlais pas de Vinci. Je ne le savais que trop. Mais que dire de cet être ? Je ne qualifie pas le style, il est épatant. Ex : “Et nous arrivons ici à une remarque digne d’attention.” Voilà comment il fallait écrire Paludes », ironise l’auteur, (lettre à Gide datée du 4 février 1895). Après la première guerre mondiale, pendant laquelle l’activité éditoriale a été fortement réduite, l’année 1919 est celle de la réorganisation : Jacques Rivière prend la direction de la Nouvelle Revue française, tandis que, après une modification du capital, les éditions de la N.R.F. se transforment en une société anonyme : la Librairie Gallimard. La même année, un nouvel actionnaire, Raymond Gallimard, frère de Gaston, rejoint ce dernier pour prendre en charge les questions de gestion. Normal, pour Valéry, d’honorer son nouveau patron. Dans un paysage éditorial où les éditeurs de littérature générale exercent leur activité au sein de petites structures, seuls Gallimard et son principal rival, Bernard Grasset, apparaissent, par leur audace et par leur sens de la finance, en mesure d’enrichir leur catalogue de manière significative, tout en tirant parti de toutes les possibilités offertes par la publicité, notamment à l’occasion des prix littéraires.
Demi-maroquin havane à coins, filets dorés sur les plats, dos lisse orné d’un filet d’encadrement doré, titre doré en long, date en pied, tête dorée, couv. et dos cons. (Reliure signée de Semet & Plumelle). Très bel exemplaire. Karaiskakis & Chapon, 4a.
N° 157
VERCORS
(Jean Bruller, dit)
1 500 €
LE SILENCE DE LA MER Londres, Les Cahiers du Silence, [juin] 1943. In-12 (202 x 151 mm). Deuxième édition. Un des 100 premiers exemplaires hors-commerce. Préface inédite signée M.D. (Maurice Druon).
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Cette édition publiée sous le patronnage de Charles de Gaulle à Londres, est la véritable seconde édition du texte. Elle paraît un mois avant la seconde édition des éditions de Minuit (datée du 25 juillet 1943 - le même jour que le tirage courant de cette édition de Londres). Seuls 100 exemplaires numérotés seront imprimés en juin 1943, sous ce cartonnage spécial.
Cartonnage éditeur percaline rouge, titre doré sur le plat, étui-chemise demi-box, dos carré. Petite décoloration au premier plat, sans incidence. Très rare.
N° 158
AU GUSTE VILLIERS DE L’ISLE ADAM
2 300 €
LA RÉVOLTE Paris, Lemerre, 1870. In-12 (185 x 120 mm) de 58 pp. Édition originale. Envoi signé :
« à mon ami Gaston Hirsch / Auguste Villiers de l’Isle Adam »
La Révolte fut représentée pour la première fois à Paris, au théâtre du Vaudeville le 6 mai 1870. Dans sa préface, l’auteur relate le scandale que suscita sa pièce, jugée « blessante pour la dignité et la moralité du public de la Bourse et des boulevards » et l’interdiction dont elle fit l’objet au cours de sa cinquième représentation. Il remercie ceux qui l’ont soutenu comme Dumas fils, Wagner, Banville, Gautier, Lizst et Leconte de Lisle, ainsi que les critiques qui lui sont venu en aide. Il s’en prend alors vivement à Barbey d’Aurevilly, qui, comme beaucoup d’autres, attaqua sa pièce. Des bibliothèques P.-G. Castex et Colonel Sicklès.
Demi-maroquin grain long tête de nègre, dos lisse orné de fleurons dorés, titre doré, couv. et dos cons. Bel exemplaire, bien relié. Carteret, II ; Vicaire, VII, 1090.
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La librairie participera aux prochaines foires et salons suivants : Foire Saint-Sulpice, Paris, du 25 au 30 juin 2008 Salon du Livre Ancien de Lourmarin, 20 & 21 septembre 2008 Californian Antiquarian Book Fair, San Francisco, février 2008 New-York Antiquarian Book Fair, avril 2008 London Antiquarian Book Fair, juin 2008 Foire internationale du Livre Ancien, Paris, juin 2008
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Estimation & expertise en vue d’organisation de ventes publiques.
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Notices & recherches bibliographiques Eva de Lamaze, Mathieu S. & Hervé Valentin Design & direction artistique Virginie Delannoy virginie@drduckling.com Impression NII nii.lecolley@wanadoo.fr Typographies Didot, Eagle & Serifa
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