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CATALOGUE N° 18 DÉCEMBRE ’08


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ÂŤ Read the best books first, or you may not have a chance to read them all. Âť Henry-David Thoreau


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N° 1

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300 €

De la bibliothèque de Joë Bousquet

PIERRE ALB E RT- B I ROT LA PANTHÈRE NOIRE Poème en 50 anneaux et 50 chaînons Paris, Éd. des Canettes, 1938. In-8 (195 x 145 mm) de 72 pp. Édition originale. Envoi signé :

« au poète Joë Bousquet / ce poème peut-être un peu brutal /

avec les souvenirs toujours reconnais- / sants de l’auteur / Pierre Albert-Birot / Décembre 1938 »

« Tu crieras mais le Ciel n’entend que ses nuages / Tu crieras mais le vent soufflera / Tu crieras mais le feu brûlera / Tu crieras mais la mer montera / Tu crieras mais il fera jour / Tu crieras mais il fera nuit / Tu crieras mais quelqu’un naîtra / Tu crieras mais quelqu’un mourra / Tu crieras et tu cries et tu grondes / Comme si tu étais un grand orgue / Mais tu n’es pas un grand orgue. » Fondateur de la revue d’avant-garde SIC (Sons, Idées, Couleurs) où se retrouvent notamment les collaborations d’Apollinaire, Aragon (cf. n° 3), Reverdy, Soupault, Tzara (cf. n° 117), Severini, le poète Pierre Albert-Birot donne ici l’exemple d’un poème en vers libre et en prose ; la Panthère noire ne pouvait donc qu’aller à cet autre poète, Joë Bousquet, qu’une blessure de guerre laissera paralysé à vie. À sa souffrance, il opposa une infatigable curiosité intellectuelle et une pensée alerte. Sa chambre de Carcassonne où il composa toute son œuvre était devenue un lieu de rendez-vous, un salon littéraire où se retrouvèrent nombres d’écrivains et d’artistes.

Broché.

N° 2

GUILL AUME A P OLLI N A I RE

1 400 €

VITAM IMPENDERE AMORI Paris, Mercure de France, 1917. In-8 (240 x 159 mm) de 19 pp. Édition originale. Un des 200 ex. num. (n° 197) sur papier teinté des manufactures d’Arches (3e papier d’un tirage total à 215 ex.).

« Tu flottes sur l’onde nocturne / La flamme est mon cœur renversé / Couleur de l’écaille du peigne / Que reflète l’eau qui te baigne ». En 1917, l’auteur de ces poésies délicates avait acquis le prestige du mentor des lettres contemporaines, de la poésie d’avant-garde et régnait sur les revues parisiennes de Pierre Albert-Birot et de Pierre Reverdy, Sic et Nord-Sud. Celui qui, de son propre aveu, faisait ses vers en chantant, promenait alors dans la capitale son allure de doge, allure accusée par son « costume » de trépané. La collaboration d’Apollinaire au Mercure de France, où parurent les poèmes de ce recueil, commença en 1911 par l’entremise de Paul Léautaud. Le Mercure publia La Chanson du Mal-Aimé et offrit au poète une chronique intitulée La Vie anecdotique. À cette époque déjà, l’homme au profil impérieux marquait son entourage ; Léautaud, qui lui trouvait « une physionomie de cul-de-poule », se souviendra de leur première entrevue : « il s’est collé devant moi de profil, il a mis

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un doigt sur son menton et m’a dit : “regardez, j’ai le profil de César !” ». Ce recueil est le dernier publié du vivant du poète.

Demi-maroquin grain long fushia, dos lisse, titre doré, date en pied, couv. cons. Bel exemplaire. Talvart & Place, I, p. 80, n° 13 ; Mahé, I, 54.

N° 3

LOUIS AR AGON

750 €

LE LIBERTINAGE Paris, Nouvelle Revue Française, 1924. In-8 (170 x 215 mm) de 253 pp. Édition originale. Un des 8 premiers ex. hors-commerce marqués (C) au format in-quarto Tellière sur Lafuma, parmi les 108 exemplaires réimposés.

Louis Aragon entendait par « libertinage » la libre pensée, se référant aux intellectuels du XVIIème siècle en rupture avec la morale et la tradition. « Sous ce titre équivoque », dit-il, il rassembla en 1923 « de petites histoires, contes, nouvelles, scènes dialoguées », écrits entre l’éclatement du mouvement dadaïste et la constitution du groupe surréaliste. Leur facture est révélatrice des écarts qu’il devait toujours prendre par rapport à quelque cénacle : en effet, si les deux pièces (L’Armoire à glace un beau soir et Au pied du mur) font des concessions à l’écriture automatique, les autres textes sont composés et laissent percer un projet romanesque en dépit de l’anathème jeté sur ce genre littéraire par André Breton. Aragon n’est-il pas un « tenant du désordre », qui refuse les injonctions, comme l’atteste sa virulente préface, apologie de l’amour, du scandale et de l’anarchie ?

Broché. Parfait état. Talvart & Place, I, p. 85, n° 5.

N° 4

HONORÉ DE B A L Z AC

350 €

HISTOIRE DE L’EMPEREUR, racontée dans une grange par un vieux soldat Paris, Dubouchet, Hetzel et Paulin, 1842. In-16 carré (142 x 104 mm) de 104 pp. et 4 pp. de catalogue éditeur. Première édition illustrée. Frontispice signé et nombreuses illustrations de Lorentz in et hors texte.

Sous un titre légèrement différent (Histoire de Napoléon, contée dans une grange par un vieux soldat), il y eut une première édition d’un fragment du Médecin de campagne, mais celle-ci, parue en 1833 chez Baudoin, ne comptait que 24 pages et avait été publiée sans l’accord de l’auteur. Or, huit ans plus tard, Balzac décida de réitérer l’opération, mais cette fois sous sa gouverne. Autrement conséquente en

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taille (104 pp.), cette édition fut illustrée pour répondre aux conditions de l’éditeur Gervais Charpentier, avec lequel Balzac venait de signer un contrat, établi le 18 avril 1841. On comprend pourquoi, dans sa correspondance avec Hetzel au sujet de cet illustré en préparation, l’un et l’autre appellent ce livre, « le Napoléon » : « J’ai 10 fois demandé à Dubochet de me laisser lire une épreuve de Napoléon. Courage Hannymeaus ! » répond-il à Hetzel qui lui avait écrit : « Quel chagrin de ne vous avoir pas trouvé l’autre jour. Votre 1ère édition du petit Napoléon sera mal corrigée, tant pis cela aurait tout retardé. J’ai été prévenu trop tard, je n’ai pas relu du tout - mais Dubochet a relu et il ne restera que les noms de Genestas et autres dont se rendra compte qui pourra », (Hetzel, 22 ou 23 déc. 1841).

Demi-maroquin vert-empire à coins, filets dorés sur les plats, dos à nerfs orné de caissons d’encadrement dorés, filets à froid, riche décor fleuronné, roulettes dorées, titre doré, date en pied, tête dorée, couv. et dos cons. (Reliure signée de Lortic). Dos légèrement insolé. Carteret, III, p. 46 ; Talvart & Place, I, p. 152, n° 26 ; Vicaire, I, 218.

N° 5

FÉLIX BANGOR

[André Suarès, sous le pseud. de]

1 200 €

AMOUR Paris, Émile-Paul Frères, 1917. In-4 (293 x 238 mm) de 174 pp. Édition originale. Un des 121 premiers ex. num. (n° 61) sur papier de filin (tirage unique). Illustrations de Louis Jou : décors en vignette et bandeau, tous en couleur, deux grands bois réhaussés de couleurs à pleine page et 120 lettrines en six couleurs. Envoi signé :

« à / mon cher / Édouard Champion, / pour ce qu’ / Amour est le propre de l’Homme, / en signe & souvenir / d’une très singulière estime / & de mon / affection, / Σ / Bangor / MCMVVXV »

Suivi de deux citations manuscrites :

« your are my song, you are as lord of my love, a love and lord of my soul, heart of my heart, living in draf, dying in life, / I pray you »

« Ερϖς, Ολυµπου ∆εσποτα / Ερρϖγον παγα ∆ακρυϖν. / Σοφ., Τρ., …»

[ « Eros, maître de l’Olympe, fait jaillir une source de larme », d’après les Trachiniennes de Sophocle ]

C’est en 1908, deux ans après son arrivée à Paris, que Louis Jou rencontre François Bernouard, imprimeur-éditeur. Ensemble, ils créent La Belle Édition. S’affirme alors pour lui un talent de typographe, de graveur et de compositeur de beaux textes. C’est pendant cette période, dite de la rue Dupuytren, que Jou fréquente Dunoyer de Segonzac, Apollinaire, Van Dongen, Dufy, Fargue (cf. n° 62), Iribe, t’Serstevens, Larguier, Cocteau (cf. n° 42 à 44), Carco, toute une bohème impécunieuse de joyeux compagnons. Il s’abstrait de cette vie d’atelier pour commencer son œuvre de typographe et d’artiste-graveur. Ses premiers travaux sont inspirés par Anatole France (cf. n° 67 et 68) auquel il vient présenter ses illustrations pour Les Opinions de Jérôme Coignard. Mais c’est en 1917 qu’une rencontre décisive à lieu : Louis Jou croise André Suarès chez l’imprimeur Frazier-Soye. Une grande amitié et de belles collaborations naîtront de cette rencontre.

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Broché, sous coffret cartonné, dos lisse, pièce de titre de chagrin glacé, titre et filets dorés. Très bel exemplaire. Monod, 926 ; Mahé, III, 473.

N° 6

JULES BARB E Y D’AU RE V I LLY

800 €

LAOCOON : A FORGOTTEN RYTHME Caen, Mancel, 1857. In-16 carré (182 x 136 mm) de 15 pp. Édition originale. Traduction anglaise de madame Harriet M. Carey et préface de Trébutien. Envoi signé :

« envoyé à M. Raymond Bordeaux / par l’éditeur / Trébutien »

Enveloppe à l’adresse du dédicataire conservée.

Le Laocoon, conservé au Musée du Louvre, appartient à ces chef-d’œuvres qui suscitèrent nombre de créations artistiques dont ces poèmes de Barbey. Cette première édition de la traduction anglaise, en regard du texte français, est l’œuvre d’Harriet M. Carey qui, selon Trébutien, auteur de la préface « a mis avec une grâce hardie sa main de femme sur ce rude bronze de Laocoon ». Raymond Bordeaux fit ses études à l’École de droit de Caen. C’est pendant ce séjour qu’il adhéra à la Société française d’Archéologie et à l’Association normande. Il publia à partir de cette époque un grand nombre de mémoires dans le Bulletin monumental et l’Annuaire normand. Le Bibliographe normand d’Édouard Frère (cf. n° 98) publia quelques-uns de ses travaux. Il fut aussi bibliophile : « Avec un tact parfait et sans faire de ces dépenses folles dont la rivalité entre les amateurs de livres nous rend chaque jour témoins, il sut augmenter la bibliothèque de son père, qui embrassait principalement la jurisprudence, l’histoire et la littérature, et la transformer en une collection de raretés ». Il devint l’un des quarante fondateurs de de la Société des Bibliophiles Normands, publia de nombreux articles dans le Bulletin du Bouquiniste d’Aubry. Son ami, M. Trébutien, conservateur de la bibliothèque de Caen, lui commanda une notice sur Les Brocs à cidre en faïence de Rouen (1869).

Broché. Très bel exemplaire. Vicaire, I, 297 ; Carteret, I, p. 109 ; L’Annuaire normand, 1878.

N° 7

JULES BARB E Y D’AU RE V I LLY

2 300 €

UN PRÊTRE MARIÉ Paris, Achille Faure, 1865. 2 vol. in-12 (125 x 190 mm) de 4 ff., 307 pp. et 8 pp. de catalogue éditeur ; 2 ff., 271 pp. et 48 pp. de catalogue et annonces éditeur. Édition originale. Bien complet du feuillet avec la griffe de l’auteur au cachet bleu, des catalogues et feuillets d’annonce en fin des volumes, souvent manquants.

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Renvoyé du journal Le Pays en 1862, à la suite d’un article contre Sainte-Beuve, Barbey séjourne chez Mme de Bouglon dans sa propriété landaise de La Bastide d’Armagnac. Il travaille alors sur deux manuscrits à la fois : Le chevalier Des Touches et Un prêtre marié. Ce dernier, à contre-courant de son époque et de l’humanisme rationaliste qui se propage depuis la Révolution, doit être lu dans une perspective spirituelle exigeante si toutefois l’on veut le comprendre. L’auteur lui-même définissait ce texte comme la somme de tous les « sentiments naturels, creusés jusqu’à l’axe, avec le personnage surnaturel de Calixta, - une mystique catholique, comme il n’y en a pas une seconde, même dans Balz ac ». Or, par une belle coïncidence Un prêtre marié parut la même année que le Syllabus, répertoire des erreurs contemporaines dressé par le Vatican.

Demi-maroquin noir à coins, dos à nerfs orné de filets à froid, titre doré, date en pied, couv. et dos cons. (Reliure signée de Canape). Très bel exemplaire, avec ses couvertures en parfaite condition. Carteret, I, 110 ; Vicaire, I, 604.

N° 8

JULES BARB E Y D’AU RE V I LLY

5 000 €

LE PACHA. RYTHME OUBLIÉ Caen, imprimerie de F. Le Blanc-Hardel, 1869. Plaquette in-12 (185 x 135 mm) de 1 f. et 12 pp. Édition originale. Belle impression en rouge et noir ; tirage unique à 36 ex., tous hors-commerce.

Dernière des œuvres de Barbey d’Aurevilly que publia son ami Trébutien, Le Pacha, jugé un peu trop rabelaisien, ne sera pas repris dans l’édition des Rythmes oubliés, donnée par Lemerre en 1897. C’est là toute sa rareté, renforcée par ce tirage plus que confidentiel. De la bibliothèque de Charles Hayoit, avec ex-libris.

Maroquin janséniste rouge, dos à petits nerfs orné de filets à froid, titre doré en long, double filet doré sur les coupes, large dentelle intérieure dorée, toutes tranches dorées, couv. cons. ornementées de papier glacé jaune. (Reliure signée de Mercier fi fills, 1937). Exemplaire de choix, admirablement relié. Carteret, I, 110 ; Vicaire, I, 303.

N° 9

JULES BARB E Y D’AU RE V I LLY

4 800 €

LES DIABOLIQUES Paris, Dentu, 1874. In-12 (182 x 112 mm) de viii, 354 pp. et 1 f. de table. Édition originale (pas de grands papiers). Exemplaire enrichi du portrait de Barbey par Rajon et de la suite des 9 gravures de Félicien Rops. Cette suite, parue pour l’édition Lemerre, est ici dans un état sur Japon.

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Cinq des nouvelles du recueil (composées entre 1863 et 1873) étaient déjà écrites lorsque Barbey d’Aurevilly, qui avait d’abord pensé à Ricochets de conversation comme titre initial, choisit celui de Diaboliques. La publication de cet ouvrage suscita une vaste polémique ainsi qu’une intervention du parquet. Barbey fit appel à ses relations pour éviter le procès ; Gambetta prit fait et cause en sa faveur et un non-lieu fut prononcé le 21 janvier 1875. Mais de nombreux exemplaires (480 d’après les archives du procès) avaient été saisis, puis détruits. L’auteur attendra 1882 pour rééditer son texte (chez Lemerre), enrichi de la célèbre suite de gravures que composa Rops. La reliure de cet exemplaire date de la même époque que ces gravures.

Demi-maroquin cerise à coins, filets dorés sur les plats, dos à nerfs richement orné de fleurons dorés et mosaïqués dont l’un représente une chauve-souris, double caisson doré, filets à froid, roulettes dorées, titre doré, date en pied, couv. et dos cons. (Reliure signée de Fare z). Bel exemplaire. Carteret, I, 110-112 ; Vicaire, I, 305.

N° 10

JULES BARB E Y D’AU RE V I LLY

1 200 €

LES RIDICULES DU TEMPS Paris, Rouveyre et Blond, 1883. In-12 (178 x 115 mm) de 2 ff., iv pp. de préface, 294 pp. et 1 f. Édition originale. Envoi signé :

abbé Anger, un tas de morsures « à mon ami l’a qui ne sont pas les morsures de l’amour ; Jules Barbey d’Aurevilly »

Entre 1863 et 1870, période où les articles des Ridicules furent écrits, Barbey d’Aurevilly sera renvoyé du Pays après dix ans de collaboration, entrera au tout jeune Figaro pour en ressortir presque aussitôt après avoir fait perdre un procès au journal, flirtera avec un transfuge de celui-ci, Le Nain jaune où il publiera un de ses textes les plus subversifs : Les Quarante médaillons de l’Académie. Mais ses allers et venues dans les différentes salles de rédaction laisseront intact son libre penser : « l’historiographe des ridicules contemporains », comme il se nommait lui-même, n’écrivait-il pas, par exemple, à propos des ascendances littéraires de Baudelaire : « Je sais bien d’où il est sorti, ce patte-pelu et ce félin, encore plus chat que singe. Je connais toutes les lucarnes et toutes les gouttières par lesquelles il a passé et est venu jusqu’à nous » ; ou encore : « Un Villiers de l’Isle-Adam doit être chef de l’Ordre de Malte ou chef de l’Ordre de Gêne, - ou ne pas se mêler de vers » ; sur Verlaine, enfin, où l’acide de son esprit comme sur une plaque de cuivre, mord le mieux : « Un Baudelaire puritain, - combinaison funèbrement drôlatique (…) ». L’abbé Anger fut un des proches de Barbey d’Aurevilly lors de ses séjours dans la Manche. Chapelain de Notre-Dame de la Délivrance de 1874 à 1906 (il est enterré à Rauville), il témoignera fidélité et loyauté envers le Connétable des Lettres, se fendant de ce bel hommage lorsque parut le beau portrait donné par Banville dans ses Camées Parisiens : « Il fallait bien, très cher maître, qu’un homme qui a fait jadis tant de médaillons, eût à son tour le sien ! Il l’a, mais son camée ne ressemble pas à ses médaillons. Théodore de Banville ne vous a pas manqué, et il a écrit tout votre génie sur votre figure. Il n’y a pas un millimètre carré qui n’ait son trait, sa couleur, son étincelle ! Jusqu’aux cheveux, à la barbe, et aux sourcils, tout, dans votre magnifique physionomie, exprime le don divin et lui rend hommage ! » (in Lettres et Fragments).

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Demi-maroquin grain long corbeau, dos lisse, titre doré, date en pied, couv. cons. Carteret, I, 113 ; Vicaire, I, 306.

N° 11

JULES BARB E Y D’AU RE V I LLY

1 300 €

MEMORANDA Paris, Rouveyre et Blond, 1883. In-12 (188 x 113 mm) de xxvii pp., 152 pp. et 2 ff. Édition originale collective. Un des ex. sur Japon non num. (2e papier après 10 ex. sur Chine). Portrait en frontispice à l’eau-forte par Abet. Préface de Bourget, en édition originale.

Barbey écrira cinq Memoranda, entre 1835 et 1858. Les quatre premiers parurent en édition séparée ; le dernier fut rédigé à Port-Vendres en 1866 et n’avait été publié qu’en revue. Dès 1850, Barbey confiant -, écrit à Saint-Victor : « Ils vous seront, j’imagine, un grand aliment de songerie (…). Il y a là dedans un bouillonement, une impétuosité d’impressions, une vérité brutale, un je m’en f… ! de la phrase, lesquels ont et exercent un ascendant véritable sur les esprits qui aiment le vrai, et surtout qui l’aiment quand il est chaud, comme le café… Ce qui me plaît surtout, à moi, c’est que ce n’est pas là de la littérature ».

Plein maroquin rouge à grains longs, plats ornés d’une composition romantique dorée elle-même composée de filets, roulettes et fleurons dorés, dos lisse orné d’un décor à l’identique, titre doré, date en pied, semis de pointillés dorés sur les coupes, contreplats ornés de filets et fleurons dorés, toutes tranches dorées, couv. cons. (Reliure signée de Carayon). Très bel exemplaire, à toutes marges. Talvart & Place, I, p. 215, n° 12 ; Carteret, I, p. 108 ; Vicaire, I, 297.

N° 12

HENRI-AUGU STE B A RB I E R

800 €

IAMBES Paris, Canel & Guyot, 1832. In-8 (207 x 130 mm) de 1 f. bl., xxx pp. de préface, 144 pp. et 1 f. bl. Impression sur papier fin. Joli portrait-frontispice gravé signé N.D. Envoi signé :

« à mon père / son fils / dévoué et respectueux / Auguste Barbier »

Auguste Barbier fut, avec Brizeux, les deux Deschamps et de Wailly, l’un des habitués du salon de la rue de Miromesnil que présidait Alfred de Vigny. Son œuvre distinguée, abondante, célèbre ses deux passions : l’Italie d’abord, frémissante du joug de l’Autriche qui lui inspire les chants mélancoliques d’Il Pianto ; la liberté ensuite, dénonçant dans Iambes l’abus que les profiteurs de la Révolution de Juillet ont fait de son nom et le poussant à jeter ces beaux cris de colère, cris qui s’appellent Iambes. La Tentation, un des poèmes composant ce recueil, n’a pas été réimprimé par la suite. Cette « œuvre capitale de cet auteur très puissant » (Carteret), préfacée par Philarète Chasles, rassemble dix-neuf pièces (sous un titre emprunté à Chénier). Porte-parole de toute une jeunesse, et singulièrement l’un de ses éléments les plus populaires et les plus démocratiques, 11


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Iambes eut un succès immédiat et retentissant. Même Baudelaire s’y intéressa : « Chez Auguste Barbier, naturellement poète, et grand poète, le souci perpétuel et exclusif d’exprimer des pensées honnêtes ou utiles a amené peu à peu un léger mépris de la correction, du poli et du fini, qui suffirait à lui seul pour constituer une décadence », (in Réflexions sur quelques-uns de mes contemporains).

Demi-veau brun orné de fleurons dorés et à froid, filets dorés et à froid, titre doré, date en pied. (Reliure signée de Laurenchet). Plaisant exemplaire, d’émouvante provenance paternelle. BNF, Le Romantisme, Exposition 1930, n° 216 ; Carteret, I, 14 ; Vicaire, I, 311-312 ; Clouzot, 41.

N° 13

GEORGES B ATA I LLE

1 700 €

LES MONNAIES DES GRANDS MOGOLS Paris, J. Florange éditeur, s.d. [1927]. In-4 (268 x 210) de 32 pp. et 3 pl. hors texte. Tiré à part de la première publication de Georges Bataille, qui regroupe les deux textes parus dans Aréthuse d’octobre 1926 et janvier 1927. Belle impression sur vergé fort, en tirage restreint.

Diplômé de l’École des Chartes en 1921, Bataille passe l’année suivante à l’École des Hautes Études Hispaniques de Madrid puis est nommé à son retour bibliothécaire stagiaire à la Bibliothèque nationale : titularisé, il est ensuite nommé au département des médailles. C’est à cette date qu’il rencontre Michel Leiris, André Masson et André Breton et qu’il rédige ses premières publications dans le revue d’art et d’archéologie Aréthuse. Dirigée par Jean Babelon et Pierre d’Espézel, Aréthuse servit de tremplin au jeune chartiste, on y remarque vite la minutie, le sens pertinent du détail et le sérieux des recherches entreprises par ce rédacteur. Logiquement, Bataille sera promu quelques mois plus tard secrétaire général de la revue Documents (en 1929), toujours sous la houlette de Babelon et Espézel. Mais contre toute attente, Bataille commence à y écrire des articles de plus en plus scandaleux, et la revue devient vite sulfureuse et anti-surréaliste, attirant les dissidents du groupe : Georges Limbour, Jacque-André Boiffard, Robert Desnos, Roger Vitrac et Michel Leiris. Grande nouveauté, Bataille illustrera ses textes de plus d’une centaine d’images, dont 75 photographies - notamment les fameux « gros orteils » ; nouveauté non négligeable dans son travail, lorsque l’on sait l’importance qu’il accordait au visuel - de l’Histoire de l’œil à ses études sur Manet et Lascaux jusqu’à son dernier ouvrage, Les Larmes d’Eros.

Broché, couv. verte imprimée, dos muet, étui-chemise plein papier vert et noir, titre en long frappé au dos. Excellent état. Non coupé.

N° 14

CHARLES BAU DE L A I RE

1 000 €

THÉOPHILE GAUTIER Paris, Poulet-Malassis et de Broise, 1859. In-12 (178 x 116 mm) de 2 ff., iii et 68 pp. Édition originale. Impression à 500 ex. sur papier bleuté. Portrait de Théophile Gautier gravé par Thérond en frontispice. Lettre-préface de Victor Hugo datée de Hauteville House, 1859.

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« (…) Vous dotez le ciel de l’art d’on ne sait quel rayon macabre.Vous créez un frisson nouveau (…) Et quant aux persécutions, ce sont des grandeurs - Courage ! » La longue lettre où figure cet extrait fut envoyée par Victor Hugo à l’auteur en octobre 1859, alors qu’il avait lu en pré-originale dans le journal L’Artiste de mars 1859, l’étude de Baudelaire sur Gautier. Cette lettre sera reprise par Poulet-Malassis pour figurer en préface de l’édition originale.

Demi-maroquin ébène, dos lisse, titre doré en long, tête dorée, couv. cons. (Reliure signée de Laurenche t). Couverture vert d’eau légèrement éclaircie, infimes accrocs au dos, rares rousseurs dans le texte, sinon bon exemplaire, condition rare. Oberlé, 91 ; Carteret, I, 126 ; Vicaire, I, 345.

N° 15

[CHARLES B AU DE L A I RE ]

750 €

CHARLES BAUDELAIRE Paris, G.L.M., 1939. In-12 carré (165 x 120 mm) de 153 pp. Édition originale. Un des 15 premiers ex. num. (n° 6) sur Japon Impérial. Portrait de Baudelaire en frontispice par Louis Marcoussis. Préface de Paul Éluard.

Paul Éluard a choisi dans l’œuvre de Baudelaire des poèmes des Fleurs du Mal, du Spleen de Paris et des Paradis artificiels, nombre de ses textes de critique d’art, ses Journaux intimes, trois lettres, des fragments et le Fanfarlo. « “Je ne conçois guère (…) un type de beauté où il n’y ait du Malheur”. Ce goût du Malheur fait de Baudelaire un poète éminemment moderne, au même titre que Lautréamont ou Rimbaud. À une époque où le sens du mot bonheur se dégrade de jour en jour, jusqu’à devenir synonyme d’inconscience, ce goût fatal est la vertu surnaturelle de Baudelaire. »

Broché. Parfait état. Coron, GLM, n° 211.

N° 16

SAMUEL BEC K E TT

900 €

TÊTES MORTES Paris, Les Éditions de Minuit, 1967. In-12 étroit (180 x 95 mm) de 66 pp. Édition originale. Envoi signé :

Walberg], affectueusement, Sam » « Pour Patrick et Line [W

Recueil de quatre textes au pessimisme radical : D’un ouvrage abandonné ; Assez ; Imagination morte, imaginez ; Bing. Vieillards infirmes qui s’entêtent à vouloir marcher quand leurs corps se dérobent,

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à vouloir penser quand cela ne les mène nulle part et les torture, tels sont les personnages de ces nouvelles. Et, quand enfin ils ne sont plus seuls, qu’ils vont par deux, l’auteur s’empresse de rompre ce répit : l’amour, en effet, n’est rien qu’une habitude qui a scellé leurs couples. Très lié à Beckett, Patrick Waldberg (cf. n° 135), écrivain et historien de l’art, écrira plusieurs ouvrages sur son ami Max Ernst ; proche de Georges Bataille, membre du groupe Acéphale, il avait avec lui le projet d’une revue, Genèse, où Beckett avait promis sa collaboration. Enfin, Waldberg et Beckett rendront tous les deux hommage à leur ami Georges Dutuit dans le livre qui lui fut consacré.

Broché. Dos légèrement passé.

N° 17

ROGER BERN A RD

450 €

MA FAIM NOIRE DÉJÀ Paris, Seghers, 1976. Pet. in-4 (252 x 190 mm) de 43 pp. Édition en partie originale. Un des 1200 ex. sur vélin blanc (2e papier après 20 ex. sur Arches). Avec une préface de René Char et des illustrations d’Henri Matisse. Envoi signé :

« à madame Simone Beaulieu / ces poèmes / bientôt / je le souhaite, aussi / proches de son amitié / qu’ils le sont de la / mémoire de mon cœur / René Char / juin 1976 »

Fils d’un imprimeur et lui-même ouvrier typographe, Roger Bernard fut arrêté et fusillé par les Allemands le 22 juin 1944 dans la région de Céreste. Il avait vingt-trois ans. Avant de tomber sous les balles il « se tenait très droit, très léger et obstinément silencieux ». Char signa la préface de ce recueil, traversé, transpercé de part en part par l’ombre (prémonitoire) de la mort. Bernard avait rejoint le maquis aux côtés du capitaine Alexandre, soit René Char dans le civil. « Entre deux sabotages, racontera Char, il me lit ses poèmes et m’entretient de ses projet. » Jean Giono fut le premier maître de Bernard, lequel n’a laissé que cet unique cahier de poèmes que Char s’attacha à publier à la Libération. Le texte est ici enrichi de deux poèmes inédits. Le poignant récit de l’éxécution de Bernard par les allemands est rapportée par René Char dans un passage des Feuillets d’Hypnos.

Broché. Excellente condition.

N° 18

[PIERRE BETTE N C OU RT]

700 €

13 TÊTES DE FRANÇAIS PRÉCÉDÉES DE 3 NOTES SUR LE BONHEUR À St-Maurice d’Etelan, s.é. [Pierre Bettencourt], 1942. Pet. in-4 (255 x 205 mm) non paginé. Édition originale. Un des 100 ex. num. (n° 159) sur vélin (2e papier après 100 ex. sur Arches). Illustrée de 16 gravures hors texte dont 3 en couleur (Breton, Rimbaud et Renan).

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Premier livre de Pierre Bettencourt, ces lignes découvrent son premier « contact de poète avec une machine » : « J’ai été poète. Peut-être le suis-je encore. Il y a des sources qui se perdent, reprennent en terre leur mystérieux cheminement et puis refleurissent à nouveau. Qui pourrait dire. Du moins vous avez lu Deux sans trois dont le tirage insignifiant devait d’ailleurs m’éviter toute déception d’amour propre. Ce livre est mon premier contact de poète avec une machine. Il rend compte d’une certaine expérience dont je puis bien vous faire profiter. […] En vous disant cela, je pense à ma presse à pédale ; un coup, la machoîre se referme, s’ouvre ; vous ne l’avez pas vu fermée, son geste a rebondi dans l’instant. Mais sur le papier, le miracle est là. Cette tête que vous avez mis des heures à dessiner à graver à placer, pour laquelle il a fallu un découpage minutieux, un nettoyage et une mise en train parfaite de la machine, une bonne température, un papier une encre voulus et que d’autres conditions encore, vous la voilà jetée au visage en un instant, parfaite si vous avez su trouver l’ensemble des conditions qui jouent dans sa confection, défectueuse si l’une de ces conditions vous a échappé, mais en tous les cas indéfiniment reproductible telle quelle… ».

En ff., sous couv. cartonnée et imprimée. Bel exemplaire de cette merveille typographique. Les Désordres de la mémoire, n° 95, p. 52.

N° 19

[PIERRE BETTE N C OU RT]

600 €

ABATAGES CLANDESTINS En France, À l’intérieur des terres, 1943. In-12 (197 x 135 mm) de 100 pp. Édition originale. Tirage à 300 ex. sur Arches. Jointe : une lettre autographe signée de Bettencourt à Adrienne Monnier où il évoque l’envoi de plusieurs ouvrages d’Abatages clandestins par la voie postale.

« L’éditeur a cru bon de réunir dans ce volume, à la demande d’un public assez restreint mais de qualité, quelques préfaces dont s’ornent, depuis près de vingt ans, certains livres d’actualité comme nombre de rééditions tapageuses », explique Bettencourt dans son introduction.

Broché. Non rogné. Bel exemplaire. Les Désordres de la mémoire, n° 104, p. 59.

N° 20

WILLIAM BL A K E

1 500 €

LE MARIAGE DU CIEL ET DE L’ENFER Traduction inédite par André Gide Paris, Claude Aveline, 1923. In-12 (166 x 114 mm) de 72 pp. Édition originale. Un des 23 premiers ex. num. (n° 12) sur Japon.

Les années 20 marquent pour André Gide une intense période de traduction : après le Typhon (cf. n° 45) de Conrad en 1918, il traduit Shakespeare, Tagore et Pouchkine entre 1921 et 1924. Parmi

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eux, l’auteur avoue sa préférence pour William Blake qu’il place aux côtés de Nietzsche, Browning et Dostoïevski, dans la constellation des quatre étoiles de son firmament intellectuel. Blake proclame dans ce texte « l’unité humaine », une espèce de manichéisme qui ne va pas sans blasphémer, mais qui fonde toute une esthétique : le mal est nécessaire au monde comme le bien ; c’est à leur point de conjonction que se trouve l’existence qui permet la progression de l’être individuel. Théorie adulée par Gide, qui voyait dans « l’astre Blake l’étincelle dans cette reculée région du ciel où brille aussi l’astre Lautréamont. Lucifer radieux, ses rayons revêtent d’un éclat insolite les corps misérables et glorieux de l’homme et de la femme ». Des bibliothèques René Gaffé et Raoul Simonson, avec ex-libris.

Demi-maroquin bleu pétrole à bandes, dos lisse, titre et tête or, couv. et dos cons. (Reliure signée d’H Huser). Très bel exemplaire.

N° 21

LÉON BLOY

1 400 €

LES DERNIÈRES COLONNES DE L’ÉGLISE Paris, Mercure de France, 1903. In-12 (182 x 120 mm) de 222 pp. et 1 f. Édition originale. Un des 12 ex. num. (n° 8) sur Hollande (seul papier).

Arrivé à Paris en 1867, Léon Bloy rencontre Barbey d’Aurevilly (cf. n° 6 à 11), qui aura une influence telle sur le jeune homme, que celui-ci finira par se convertir au catholicisme. Le Connétable des Lettres avait pour habitude dominicale de réunir en ses salons des auteurs débutants. Ainsi, Bloy y fera t-il la connaissance de Bourget, Coppée, Richepin ou Huysmans. Joseph de Maistre et Ernest Hello sont - entre autres - à dénombrer parmi ses lectures ; lesquelles ne manqueront de l’orienter vers un catholicisme ardent, se définissant pourtant volontiers tel un chrétien anticlérical, uniquement préoccupé de Dieu, seul but avouable dans un monde au seuil de l’apocalypse. Dans les Dernières colonnes de l’Église, Bloy expose ses sentiments à l’égard de ces colonnes qu’incarnent en fait Bourget, Coppée ou Huysmans. S’il juge leur catholicisme trop tiède, c’est en premier lieu sur le succès de chacun qu’il vitupère. Cependant, quoique cruelles, ses remarques n’en demeurent pas moins souvent pertinentes. Aux colonnes de l’Église, nouveaux pharisiens, il oppose la figure de Jehan Rictus, qu’il admire et considère comme l’ultime poète catholique.

Demi-maroquin prune à coins, filets dorés sur les plats, dos lisse orné de deux motifs floraux mosaïqués, fleurons dorés, titre doré, tête dorée, couv. et dos cons. Bel exemplaire à grandes marges, dans une élégante reliure. Excellent état. Talvart & Place, II, p. 46, n° 21.

N° 22

ANDRÉ BRE TON POSITION POLITIQUE DU SURRÉALISME Paris, Éditions du Sagittaire, 1935. In-12 (190 x 127 mm) de 180 pp. Édition originale. Un des 10 premiers ex. num. (n° 2) sur pur-fil.

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3 000 €


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L’année 1935 voit s’étendre les divergences entre André Breton et le Parti communiste. Ce recueil, paru en novembre, est composé de deux conférences prononcées à Prague dont l’important “Situation surréaliste de l’objet…”, des interviews accordées à des organes communistes comme Halo Noviny ou la revue socialiste Indice, et du texte qui consomme la rupture entre les surréalistes et le P.C., Du temps que les surréalistes avaient raison, rédigé en juillet 1935 après l’épisode du Congrès international des écrivains pour la défense de la culture pendant lequel on assista à un véritable musellement du groupe. Si ces derniers entrefaits succédaient à une altercation violente entre Breton et Erhenbourg, d’autres raisons, plus profondes, mettaient l’auteur, une fois pour toute, en dehors du Parti. Comme il s’en explique dans la préface de cet ouvrage, écrite juste avant sa publication, Breton est parvenu en 1935 à une déconvenue totale à l’égard du pouvoir de l’Union soviétique. Le pacte francosoviétique du 2 mai 1935, où l’URSS approuve la politique de défense nationale de la France, le conflit italo-éthiopien, sont autant d’évènements récents qui viennent confirmer son analyse : « Devant l’atterrante remise en cause - par ceux-là même qui avaient en charge de les défendre - des principes révolutionnaires tenus jusqu’ici pour intangibles (…) devant la carence de ces partis (de gauche) rendue tout à coup évidente dans l’actualité par l’impuissance de leurs mots d’ordre dans le conflit italo-éthiopien et de sa possible généralisation, j’estime que cette question de l’action à mener doit recevoir, de moi comme de tous ceux qui sont d’humeur à en finir avec un abject laisser-faire, une réponse non équivoque ». Il s’agit donc pour Breton de mener le combat contre la montée du fascisme et plus généralement contre toute forme d’oppression de l’intelligence, d’un autre lieu : à la fin du volume, comme pour situer et indiquer la “position” du surréalisme de demain, l’auteur a donc intégré le prospectus annonçant la parution des Cahiers de Contre-Attaque (Contre-Attaque, Union de lutte des intellectuels révolutionnaires, daté du 7 oct. 1935, rédigé en grande partie par Georges Bataille (cf. n° 13).

Broché. Bel exemplaire. Très rare en grand papier.

N° 23

Exemplaire d’André Breton du 42 rue Fontaine

vendu

ANDRÉ BRE TON NADJA Paris, Gallimard, 1963. In-12 (188 x 123 mm) de 153 pp. Seconde édition, revue et augmentée. Un des 40 premiers ex. num. (n° 36) sur vélin pur-fil. Nombreux clichés photographiques à pleine page.

« Comme je me louerais de posséder sur chacun des hommes que j’admire un document privé (…) ». En relatant, comme il l’annonce, « les événements les plus marquants » de sa vie, André Breton n’a-t-il pas offert ici à son lecteur ce qu’il souhaitait pour lui-même ? Nadja est bien ce « document privé » où « (…) en proie aux menus faits de la vie courante, s’exprime en toute indépendance, d’une manière souvent si distinctive » la personne de l’auteur. Œuvre majeure de Breton, le seul de ses ouvrages à ce point repris et augmenté lors de sa réédition, Nadja est traversé par la figure de deux femmes qui ont, chacune à leur manière, présidé à sa rédaction. La première, celle dont le nom à jamais est inscrit au fronton du surréalisme, croisa le poète dans la rue, un jour d’octobre 1926. Après une dizaine de rencontres presque quotidiennes, une nuit passée ensemble dans un hôtel de Saint-Germain-enLaye, passage gommé dans la seconde édition, et pas moins de vingt-sept lettres échangées, Breton interrompt ses relations avec la jeune femme qui elle-même lui écrit : « merci André, j’ai tout reçu (…). Je ne veux pas te faire perdre le temps nécessaire à des choses supérieures ». Le 21 mars 1927,

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en proie à des hallucinations, elle est emmenée à Sainte-Anne et transférée, trois jours plus tard, dans un l’hôpital psychiatrique de la banlieue parisienne. Ainsi s’achève l’histoire de Léona-CamilleGhislaine D. qui, selon la critique, avait emprunté à une danseuse ce surnom de « Nadja ». Cinq mois plus tard, André Breton commençait son livre sans avoir une seule fois revu la passante de la rue Lafayette, son égérie future. La seconde de ces femmes, c’est Lise Deharme alias Lise Meyer, dont l’apparition, deux ans plus tôt, au Bureau de recherches surréalistes a troublé à ce point le poète qu’il décide, au moment de commencer son livre, de se rapprocher d’elle. Ainsi part-il pour la Normandie, en août 1927, et s’installe au manoir d’Ango, près de Varengeville-sur-Mer, à quelques kilomètres de Pourville où se trouve le manoir de Mordal loué par Lise. On retrouve dans Nadja le souvenir de leur première entrevue : elle portait des gants bleu ciel qu’Aragon lui proposa de laisser à la Centrale. Comme Breton refusait, Lise décida « de revenir poser sur la table (…) un gant de bronze ». De retour à Paris, le 31 août 1927, les deux premières parties de Nadja achevées, il écrit à Deharme : « Je vais publier l’histoire que vous connaissez en l’accompagnant d’une cinquantaine de photographies relatives à tous les éléments qu’elle met en jeu » ; il lui demande aussi l’autorisation de faire photographier le gant de bronze et une reproduction d’un tableau qui se trouve dans le manoir de Mordal ajoutant que « cela ferait un livre beaucoup plus troublant » (lettre à Deharme, 16 septembre 1927).Voici peut-être la meilleure définition de Nadja par son auteur même.

Broché, sous coffret de pleine percaline ocre, dos lisse, titre frappé. Parfaite condition, exemplaire non rogné et à toutes marges.

N° 24

G.-L. LECLE RC C OMTE DE B U FFON

900 €

LES OISEAUX À Paris, chez Rapet, 1821. 8 vol. in-8 (212 x 132 mm). Seconde édition des Œuvres complètes, contenant, pour cette partie consacrée aux oiseaux, 126 planches gravées.

Le naturaliste Georges-Louis Leclerc, fait comte de Buffon par Louis XV en 1773, fut l’intendant du Jardin du Roi (devenu Muséum d’Histoire Naturelle en 1793) de 1739 jusqu’à sa mort, cinquante ans plus tard. Chargé d’établir un catalogue raisonné des collections, il donna jour à la monumentale Histoire Naturelle. Les Oiseaux forment une partie de cette entreprise et marque une étape décisive dans la naissance de la science ornithologique.

Plein veau havane de l’époque, quintuple filets d’encadrement sur les plats, dos lisse agréablement orné de filets, fleurons et roulettes dorés, fleurons à froid, pièces de titre et tomaisons de maroquin vert, titres dorés, filets dorés sur les coupes, toutes tranches marbrées. Petits défauts épars sans gravité. Complet de toutes ses planches, en noir.

N° 25

LOUIS CAL A FE RTE REQUIEM DES INNOCENTS Paris, Club Français du Livre, 1956. Pet. in-8 (214 x 138 mm) de 162 pp.

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600 €


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Édition à tirage limité, hors-commerce. Un des 7000 ex. num. (n° 6073). Préface inédite de l’auteur, qui ne figurait pas dans l’édition originale. Envoi signé :

« pour monsieur René Julliard, / avec ma gratitude pour sa / compréhension ! … et ma fierté d’être un / peu son ami / Calaferte / 1956 »

L’on doit à Kessel, “père en littérature” de Calaferte, d’avoir concouru à la publication de ce livre ; le texte lui est d’ailleurs dédié. Requiem des innocents s’inspire de la propre vie de son auteur, et retrace les premières années d’un immigré italien au sein d’un quartier défavorisé de Lyon. Salué dès sa parution, il se dégage de ce premier texte une lancinante désolation tout autant qu’une noirceur existentielle. En une langue violente et verte, l’auteur, non sans crudité, dépeint le triste quotidien d’individus plongés dans un microcosme où le non-droit cotôie la plus extrême violence. Ce livre fracassant - dont la seule raison d’être vise sans doute à émettre un cri de révolte contre la misère et l’injustice - par la force de son témoignage, restitue la part la plus sombre de l’humain. Julliard, premier éditeur de Calaferte, vit partir de son écurie le jeune auteur, qui préféra, aux mondanités parisiennes, la vie provinciale lyonnaise : Calaferte retournera à Lyon en 1952, ville de son enfance pour ne plus la quitter jusqu’à sa mort.

Percaline de l’éditeur, premier plat illustré d’un décor, dos lisse, titre frappé en long. Excellente condition et de belle provenance.

N° 26

FR ANCIS CA RC O

1 200 €

NUITS DE PARIS Paris, Au Sans Pareil, 1927. Pet. in-4 carré (292 x 233 mm) de 144 pp. Édition originale. Illustrations par Dignimont. Un des 30 ex. num. (n° 63) sur vergé de Hollande (3e papier après seulement 20 vélin et 20 Japon).

L’affranchi du monde des lettres, le respectable membre de l’Académie Goncourt « Monsieur Carco » dit « M’sieur Francis » pour la pègre, arpentait les quartiers malfamés de Paris (Montmartre, la Chapelle, Pigalle) accumulant notes et conversations pour nourrir ses récits. Avec Apollinaire (cf. n° 2), Max Jacob, Pierre Mac Orlan, Utrillo, Modigliani et toute la bande du Lapin Agile, il vit l’épopée grandiose et misérable de la bohème. Son œuvre foisonnante (plus de cent livres) et injustement oubliée est empreinte d’une poésie nostalgique et tendre, intimement liée à la vie nocturne de la capitale et à ses figures de prostituées et de mauvais garçons. André Dignimont fut souvent sollicité en tant qu’illustrateur par les milieux littéraires. En plus de Carco, il illustra Colette, Lacretelle, Louÿs, Mac Orlan et même le best-seller des années 1930, Autant en emporte le vent de Mitchell ; il collabora aussi à divers organes de presse tels que le Rire, le Crapouillot, Fémina, la Gazette du bon ton, la Guirlande, Comedia illustré, Flirt.

Broché, sous chemise à lacets cartonnée de l’éditeur. Mors de la chemise légèrement frottés, excellente condition au demeurant. Carteret, 90, « premier tirage recherché et coté » ; Talvart & Place, p. 310, n° 40 ; Mahé, I, 408 ; Fouché, Au Sans Pareil, n° 72, p. 221. 21


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N° 27

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[ROBERT CAYL A ]

900 €

COLLECTION COMPLÈTE en 16 vol. des “Amis de l’originale” Paris, Robert Cayla, 1946 à 1957. 16 vol. au format pet. in-12 (188 x 120 mm). Éditions originales. Tous les ex. sont hors-commerce, tirage réservé à la Société de bibliophiles “Les Amis de l’originale”. Les ornements typographiques et les lettrines ont été dessinés et gravés sur bois originaux par Paul Baudier. La collection se compose comme suit : I DA N I E L- ROP S. UN HÉRAUT DE L’ESPRIT, SAINT-PAUL Un des 75 premiers ex. num. (n° 39) sur pur-chiffon. Complet de la carte in fine. II MAU RI C E TŒSC A . L’ESPRIT DU CŒUR Un des 50 premiers ex. num. (n° 10) sur pur chiffon. III HE N RI P E RRU C HOT. PATRICE. Un des 471 ex. num. (n° 153) sur vergé crème (2e papier après seulement 4 ex. sur vélin). IV G ASTON P I C A RD. POUR LIRE ENTRE LES LIGNES Un des 30 premiers ex. num. (n° 19) sur vélin. V JAC QU E S R ASTI E R. SERMONS POUR LA MI-CARÊME Un des 50 premiers ex. (n° 42) sur vélin. VI MAU RI C E FOMB E U RE . J’APPRIVOISE PAR JEU Un des 427 ex. num. (n° 297) sur vergé paille (2e papier après les 50 ex. de tête). VII RE N É B E N JA MI N. LE VIN, LUMIÈRE DU CŒUR Un des 50 premiers ex. num. (n° 31) sur pur-chiffon fabriqué à la main. Quelques piqûres au premier plat. VIII THI E RRY MAU LN I E R. ESQUISSES LITTÉRAIRES Un des 175 premiers ex. num. (n° 106) sur vélin. Complet du cat. in fine. IX MA RC E L A RL A N D. FAIRE LE POINT. Un des 50 premiers ex. num. (n° 16) sur vélin. X P I E RRE G A XOTTE. NAISSANCE DE L’ALLEMAGNE Un des 50 premiers ex. num. (n° 28) sur vergé paille. XI JAC QU E S B A I N V I LLE. LES MOMENTS DÉCISIFS DE L’HISTOIRE DE FRANCE Un des 40 ex. num. (n° 32) sur vélin crème (2e papier après seulement les 10 ex. de tête). XII J E A N DE L A VA RE N DE. LE MIRACLE DE JANVIER Un des 50 premiers ex. num. (n° 29) sur pur-chiffon. Complet du cat. in fine. XIII HE N RI MASSI S. PORTRAIT DE MONSIEUR RENAN Un des 50 premiers ex. (n° 29) sur pur-chiffon. XIV JAC QU E S P E RRE T. UN HOMME PERDU Un des 50 premiers ex. num. (n° 23) sur hélio blanc. XV B L A I SE C E N DR A RS. NOËL AUX QUATRE COINS DU MONDE Un des 50 premiers ex. num. (n° 26) sur vélin crève-cœur. (cf. n° 30). XVI FE RN A N D C HA FFI OL- DE B I LLE ME N T. SUICIDES ET MISÈRES ROMANTIQUES Un des 50 premiers ex. num. (n° 5) sur fleur d’alfa. Frontispice par Desligneres.

Les numéros VIII et XII sont bien complets de leur catalogue éditeur ainsi que de la notice bio-bibliographique en fin de volume, imprimée sur papier couleur brique. Brochés. Non coupés. Proches d’un état de neuf.

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N° 28

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BL AISE CEN DR A RS

2 800 €

HOLLYWOOD Paris, Bernard Grasset, 1936. In-12 (180 x 140 mm) de 212 pp. et 1 f. Édition originale. Un des 35 ex. num. (n° 20) sur vélin pur-fil (seul grand papier).

Fin mai 1935, Cendrars participe avec Colette au voyage inaugural du Normandie (Le Havre New-York) à la demande de Pierre Lazareff, rédacteur en chef de Paris-Soir. À cette occasion, il enquête pour Le Jour sur le milieu du gangstérisme new-yorkais, ce qui donnera lieu à la publication quelques mois plus tard du Panorama de la pègre chez Arthaud. Hollywood, rédigé à l’issue de son troisième voyage, est dédié au même Lazareff et à « tous ses amis rencontrés sur la côte ouest ». L’un des plus rares textes de Cendrars.

Demi-chagrin havane, dos à nerfs orné de filets à froid ; titre doré.

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BL AISE CEN DR A RS

900 €

HISTOIRES VRAIES Paris, Grasset, 1938. In-12 (207 x 130 mm) de 273 pp. Édition originale. Un des 16 ex. num. (n° 2) sur vélin pur-fil (2e papier après 6 ex. sur Japon).

Histoires vraies est le premier des trois volumes de nouvelles publiés à Paris de 1938 à 1940, suivront, La Vie dangereuse et D’oultremer à indigo. Si chacune de ces histoires, peu connues du public, revêt une forme particulière, toutes sont écrites à la première personne, « pour garantir l’authenticité de [son] récit » précise l’auteur. Rien n’est moins abstrait en effet que ces périples du Havre à Vancouver avec le Saint-Wandrille, rien n’est plus palpable que la boue des tranchées de la Grenouillère ou l’or des caves de la Banque d’Angleterre à Londres. Arpenteur du monde comme il sut l’être, Blaise Cendrars nous oblige à paraphraser Baudelaire : « Ainsi, pour entrer dans B laise Cendr ar s], prenez note tout de suite de ceci : c’est que la curiosité peut être la compréhension de [B considérée comme le point de départ de son génie. »

Broché. À toutes marges. Excellent état.

N° 30

BL AISE CEN DR A RS

500 €

NOËL AUX QUATRE COINS DU MONDE Paris, Robert Cayla, coll."Les Amis de l’Originale”, 1953. In-12 (180 x 118 mm) de 96 pp.

Édition originale. Un des 50 premiers ex. num. (n° 8) sur vélin crèvecœur.

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Cette édition reprend en grande partie le texte de l’émission qui fut diffusée le soir de Noël 1951 par la Radio-Télévision française dans une mise en onde d’Albert Rièra, produite par Nino Frank, sous le titre de Noël du monde entier. L’un des textes, Noël avec Max Jacob est d’ailleurs dédié à N. Frank. Bien d’autres Noël… suivent ou précèdent : à Rio, au temps du “Bœuf sur le toit”, à la légion, à Bahia ou Rotterdam. Le texte a paru dans la Revue des Voyages, n° 7, hiver 1953 avec des photos de reportage et dans la revue de la Société française de Matériel agricole et industriel, décembre 1954 avec des illustrations de Bernard Bardouin.

Broché.

N° 31

[MARC CHAG A LL] É MI LY GE N AU E R

900 €

CHAGALL Paris, Flammarion, s.d. In-16 étroit (173 x 111 mm) non paginé. Édition originale. Sur la page d’envoi figure un croquis de Chagall. Abondante iconographie en noir et coul. dont planches dépliantes. Envoi signé :

« Vence, 1956 / Pour Madame Desor / en bon / souvenir / Marc / Chagall »

Les premières pages de l’ouvrage sont consacrées à une biographie du peintre, et chacune des reproductions est accompagnée en regard d’une étude retraçant sa chronologie, son contexte et ce qu’elle évoque : « (…) 28 pp. de planches en coul. présentent l’œuvre de Chagall depuis les premières toiles jusqu’aux plus récentes. De plus, un choix saisissant d’eaux-fortes, de lithographies et de dessins exécutés pour le théâtre, reproduits en deux tons, montrent que le grand peintre est aussi passé maître dans l’art de la gravure. »

Broché. Excellente condition.

N° 32

RENÉ CHAR

2 000 €

ARTINE Paris, Éditions Surréalistes, 1930. In-8 carré (185 x 235 mm) de 20 ff. non paginés. Édition originale. Un des 185 ex. num. (n° 38) sur Ingre rose (3e papier après 15 ex. sur Japon et 15 sur papier vert), ces 30 premiers avec une eau-forte signée par Dali.

« Les apparitions d’Artine dépassaient le cadre de ces contrées du sommeil, où le pour et le pour sont animés d’une égale et meurtrière violence. Elles évoluaient dans les plis d’une soie brûlante peuplée d’arbres aux feuilles de cendre. » Écrit en présence du poète par André Breton et Paul Éluard, le prière d’insérer surréaliste s’ouvrant sur cette exclamation « Femmes qu’on ne voit pas, attention ! » parut dans un journal parisien sous forme de petite annonce ; à quelques jours de là, deux jeunes femmes se rendirent chez l’auteur, il habitait alors le 8ter rue des Saules… Sans suite, le poète suivait déjà un autre chemin. Artine, femme rêvée ou plutôt de rêve éveillé, parcours l’œuvre de Char, elle sera encore nommée

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dans La Parole en archipel. Dans Artine et les transparents (in Sous ma casquette amarante) Char répond à France Huser qui l’interroge sur le secret caché de cette muse : « À l’origine, répond l’auteur, il y avait cette jeune fille brune venue pendant une absence de ma mère, se proposer comme servante, et qui disparut, laissant sur un papier son nom seulement, Lola Abba, nom que j’avais lu déjà en m’aidant d’une allumette, sur une croix, la nuit, au cimetière de l’Isle, dans le carré des indigents, mon ami Francis l’Élageur à mes côtés. Et je ne savais pas pourquoi il y avait, dans son apparition, dans sa disparition, le feu, la mort, la pluie fine, la vie contournante » Ainsi Char expliquait-il par ces coïncidences, mannes d’or pour le surréaliste qu’il était alors, comment Artine était née. Lola Abba, celle du cimetière, était morte noyée à l’âge de dix-sept ans.

Broché. Prière d’insérer cons. PAB, Bibliographie des Œuvres de René Char, n° 4, p. 15.

N° 33

Précieux exemplaire d’Yves Tanguy

2 800 €

RENÉ CHAR LE MARTEAU SANS MAÎTRE Paris, Éditions Surréalistes, 1934. Gr. in-12 carré (183 x 143 mm) de 142 pp. Édition originale. Envoi signé :

« à Yves et à Jeannette / les chers meuniers du merveilleux / au Moulin vert / de tout cœur leur / R. Char »

On a trop attaché, écrit un critique, Le Marteau sans maître à la période surréaliste de Char alors que « la clé du Marteau sans maître, écrit Char en 1945, tourne dans la réalité pressentie des années 19371944. Le premier rayon qu’elle délivre hésite entre l’imprécation du supplice et le magnifique amour ». Le 14 février 1930, Yves Tanguy participe au commando conduit par René Char au Maldoror, un cabaret-dancing dont le nom leur semble être une provocation intolérable. C’est ensuite un voyage en Afrique, puis un retour à Paris : Tanguy et sa femme Jeannette s’installent 51 rue du Moulin-vert près de l’atelier de Giacometti et du peintre roumain Victor Brauner. Char c’est alors sa pleine période parisienne - y séjournera souvent.

Broché. Très bel exemplaire. Bien complet du prière d’insérer rédigé par Tristan Tzara. PAB, n° 8, p. 16.

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RENÉ CHAR

500 €

RECHERCHE DE LA BASE ET DU SOMMET Paris, Gallimard, coll. "Espoir”, 1955. In-12 (188 x 123 mm) de 173 pp. Édition originale. Un des 95 ex. num. (n° 74) sur vélin pur-fil (3e papier après 15 Madagascar et 40 Hollande).

Au fil des Souvenirs désordonnés de José Corti une note sur René Char dévoile l’envers du décor : « Un manuscrit de Char est toujours la recherche de la dernière perfection. Quand on en est à l’impression, le repentir intervient : un mot, une inversion et le livre n’est pas plutôt achevé que se révèle ce qui aurait pu le parfaire. Tel poème de quelques vers n’a pas eu moins de sept ou huit états dont chacun a été définitif pendant quelques heures ou quelques jours. » Figurent dans ce recueil des lettres, des notes et « quelques éclats d’obus » d’un poète dont « la parole soulève plus de terre que le fossoyeur ne le peut ».

Broché. Non rogné. PAB, n° 62, p. 39.

N° 35

RENÉ CHAR

1 000 €

LE RUISSEAU DE BLÉ Alès, s.é. [PAB], 1960. In-8 à l’italienne, non paginé [8 pp]. Maquette originale sur papier filigrané des papeteries d’Arches, avec corrections et textes contrecollés.

Maquette préparatoire à l’édition de juin 1960, qui sera illustrée d’une gravure de Braque. Elle comprend trois textes contrecollés de Pindare, René Char et Dominique Fourcade (cf. n° 66) ; ce dernier dirigera en 1970 le numéro des Cahiers de l’Herne consacré au poète. Le texte Prompte de Char avait paru l’année précédente sous ce titre et chez le même éditeur.

En feuilles, sous étui-chemise de demi-box gris, titre doré en long. Quelques rousseurs sur les plats de la couverture papier. Éric Adda, Essai de bibliographie des Œuvres de René Char, in Cahier de l’Herne, p. 283, n° 269.

N° 36

RENÉ CHAR L’AN 1964 Alès, PAB, 1964. In-16 carré (150 x 117 mm) non paginé. Édition en partie originale. Tirage unique à 64 ex.

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400 €


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Page d’ascendants pour l’An 1964, publié par PAB en 1960, sera repris avec maintes variantes dans L’An 1964, chez le même éditeur mais quatre ans plus tard. Il s’agit là d’une sorte d’anthologie personnelle où figurent des artistes ou personnages du Moyen-âge à l’époque moderne, chacuns cités et assortis d’une image emplie de l’univers de Char qui se crée ici une généalogie à sa mesure.

Cousu sous étui-chemise de demi-box tête de nègre, dos lisse, titre doré en long. Éric Adda, Essai de bibliographie des Œuvres de René Char, in Cahier de l’Herne, p. 288, n° 311.

N° 37

RENÉ CHAR

700 €

L’AN 1964 S.l.n.d.n.é. 1 f. remplié (212 x 134 mm). Très rare tiré à part (cf. n° précédent). Mention manuscrite de Char :

Mathieu] » « pour Henry [M

En guise de carte de vœux, comme René Char le faisait souvent, ce tiré à part fut offert à Henry Mathieu. Fils de Marcelle Mathieu, discrète mécène et ami du poète, Henry Mathieu fit des études de droit et devint clerc de notaire à Cavaillon. Admirateur de la poésie de Char, grand lecteur de Nietzsche, il collabore après la guerre à la revue Empédocle, fondée en avril 1949 par l’auteur et Albert Camus. C’est à lui que Char achètera en 1985, le fameux cabanon du Rébanqué, après avoir vendu sa collection de manuscrits enluminés au collectionneur Daniel Fillipachi.

Étui-chemise de demi-box tête de nègre, dos lisse, titre doré en long.

N° 38

RENÉ CHAR

700 €

CRIBLE S.l.n.é., 1968. In-16 carré (113 x 126 mm) non paginé. Édition originale. Un des 80 ex. num. (n° 11) du tirage total. Mention manuscrite de Char :

Henry Mathieu / R. » « exemplaire d’H

Dans la nuit du 3 au 4 mai 1968, René Char tomba gravement malade. « Je crûs que la mort venait, mais une mort où, comblé par une compréhension sans exemple, j’aurais encore un pas à faire avant de m’endormir (…) » écrit-il dans le texte liminaire du Chien de cœur. Certains passages de Crible sont en effet l’écho profond d’une douleur évidente : « Plus il comprend, plus il souffre. Plus il sait, plus il est déchiré. Mais sa lucidité est à la mesure de son chagrin et sa ténacité à celle de son désespoir. » Tous les textes de ce recueil furent écrits, à une exception près, entre juin et août 1968. Crible sera repris dans Le Chien de cœur, paru chez G.L.M. à la fin de 1969.

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Sur Henry Mathieu (cf. n° précédent).

Cousu. Excellente condition.

N° 39

RENÉ CHAR

1 200 €

LES VOISINAGES DE VAN GOGH Paris, Gallimard, 1985. Pet. in-4 (250 x 205 mm) de 37 pp. Édition originale. Un des 70 ex. hors-comm. num. (n° 130) sur Arches. Frontispice sérigraphié d’Alexandre Galpérine, signé.

« Je me suis toujours senti un rien en avant de ma sertissante existence, le voisin de Van Gogh, que plusieurs saint-rémois m’avaient assuré être un peintre exalté, sinon peu sûr », (Char in introdutction). Alexandre Galpérine enluminera l’année suivante, Le Gisant de lumière.

Plein maroquin ébène orné d’une composition abstraite réalisée à l’aide de papiers multicolores contrecollés, dos lisse, titre frappé à l’oser rouge, couv. et dos cons., étui bordé. (Reliure signée d’A A. Giordan).

N° 40

GEORGES C HA RB ON N I E R

500 €

HUMOUR POÉTIQUE Paris, La Nef., s.d. In-8 (226 x 143 mm) de 176 pp. Édition originale. Un des 100 ex. num. (n° 65) sur vélin de Lana (seul papier), ces ex. sont les seuls à contenir une eau-forte en couleur signée de Jacques Villon, en frontispice. Nombreuses illustrations hors texte.

Recueillis par Georges Charbonnier, cet ouvrage présente des textes indédits de G. Arnaud, Arp, Artaud, Chaissac, Cocteau, Desnos, Laurencin, Magritte, Mandiargues, Matta, Picabia, Picasso, Prévert, Ribemont-Dessaignes, Satie, Scutenaire, Soupault, Tzara, Verdet, Vitrac… À la demande de l’auteur, certains de ces artistes ont écrit une petite note autobiographique ou bien esquissé leur propre définition de l’humour : « l’humour, c’est la politesse du désespoir » (Chris Marker) ; Soupault définissant les deux termes du titre écrit : « Je voudrais bien pouvoir vous dire que l’humour poétique est indéfinissable, puisqu’il est humour et poésie. Mais je sais que pour moi l’humour poétique est un moyen de redécouvrir le plus souvent possible ce monde merveilleux dans lequel nous vivons sans trop souvent ne pas nous en apercevoir, le monde de l’insolite. »

Broché.

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De la bibliothèque de Jean Paulhan

600 €

MALCOLM DE C HA Z A L IÉSOU Théâtre mythique en 6 actes Port-Louis (Ile Maurice), Imp. Almadinah, 1950. Gr. in-12 (215 x 151 mm) de 63 pp. Édition originale. Tirage unique à 100 ex. Envoi signé :

« à Jean Paulhan / affectueusement / M. de Chazal / 19/10/50 »

Le 23 juillet 1947, l’auteur répondait à Jean Paulhan (cf. n° 107 à 109) auquel il avait envoyé son travail : « J’ai reçu avec joie votre lettre du 11 juillet. Elle m’a été un réconfort au sein de l’incompréhension qui m’enserre de tous côtés, depuis de nombreuses années. Je pensais qu’il faudrait bien des années encore pour que mon livre pût être compris, même en Europe. Et voici quelqu’un qui sent comme moi, qui brise la porte scellée des mots, pour essayer de me retrouver au tréfonds du livre. » Paulhan était en effet le premier à avoir adhérer à son œuvre unique, empreinte d’un diktat que l’auteur n’hésita pas à formuler : « (…) deux écoles doivent disparaître si mon message doit se frayer un chemin en Europe : l’existentialisme et le surréalisme. » Rien de moins.

Broché. Excellente condition.

N° 42

JE AN COCTE AU

800 €

LA FIN DU POTOMAK Paris, Gallimard, 1940. In-12 (192 x 120 mm) de 195 pp. Édition originale. Un des 45 ex. sur vélin pur-fil, celui-ci comptant parmi les 15 ex. hors commerce marqués (g). Envoi signé :

« à Jean / Paulhan / avec toute / mon / amitié / et / toute ma reconnaissance / Jean »

S’il se dégageait du Potomak (1913) l’impression d’un auteur en quête de soi, La Fin du Potomak apparaît plutôt telle une apologie du néant. Ce monstre gélatineux porteur de poésie qu’est le Potomak dans le premier roman éponyme, est ici absent, mais n’en continue pas moins de délivrer ses messages. Porteurs d’autant d’espoirs pour le poète traversant alors une crise de création : « Quelque chose [l]’obstruait. Quelque chose [lui] échappait. Et ce quelque chose était ce livre ». Aussi Cocteau offre-t-il ici un instantané du fluide paraissant alors l’abandonner. S’il estime, ainsi qu’il le notait dans son journal en janvier 1944, que c’est dans Essai de critique indirecte qu’il a mis le plus de lui-même, La Fin du Potomak marque pourtant le terme du recours au processus autobiographique dans l’élaboration de ses œuvres.

Broché, sous chemise de demi-box gris-souris, titre doré, étui bordé.

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JE AN COCTE AU

500 €

THÉÂTRE DE POCHE Paris, Morihien, 1949. In-12 (183 x 118 mm) de 151 pp. et 4 ff. Édition originale. Un des 2900 ex. num. (n° 1114) sur vélin blanc d’un tirage total à 3000 ex. Envoi signé enrichi d’un dessin original à la plume :

« à Berthet, son ami, / Jean / 1952 »

Le Théâtre de poche est, selon Jean Cocteau, un « théâtre mineur (…) simple prétexte à faire briller une étoile (entre autres, Arletty, Édith Piaf ou Jean Marais) sous un de ses angles les moins connus ». Chacun de ces textes (Parade, Le Bœuf sur le toit, Le bel indifférent, etc.) est illustré en frontispice par un dessin de l’auteur. Jean Berthet fut le membre fondateur du Cerf-Volant, et de sa partenaire l’ASALA (Association artistique et littéraire de l’Assurance, des professions bancaires et de leurs amis). Couronné par plusieurs prix littéraires dont le prix Jean Cocteau en 1990, il a composé des milliers de vers, édité une centaine de recueils de poèmes, certains illustrés par Pleynet, Effel, Piem, ou Trez, et publié une cinquantaine de pièces. Robert Sabatier, dans sa monumentale Histoire de la Poésie française, le classe résolument parmi les « fantaisistes ».

Demi-maroquin noir, dos lisse, filets d’encadrement à froid, couv. et dos cons. (Reliure signée de Laurenchet). Très bel exemplaire.

N° 44

JE AN COCTE AU

400 €

LE CORDON OMBILICAL Paris, Plon, 1962. In-8 (140 x 200 mm) de 81 pp. Édition originale. Envoi signé :

« cher Jean / Paulhan / par / dessus / les / obstacles et / à travers les tempêtes / je vous aime / et vous embrasse, Jean »

Petit volume composé de souvenirs croisés, de clés pour l’auteur et ses personnages. Jean Cocteau y distingue également trois types de lecteurs : « ceux qui peuvent comprendre mais se trouvent dérangés ; ceux - le plus grand nombre - qui considèrent l’art sous l’angle du sujet et s’en écartent alors ; et enfin ceux, très rares, qui sentent que la manière de peindre ou d’écrire n’est pas autre chose qu’une manière d’être. Lorsque cette manière d’être leur plaît, ils ne sont pas des admirateurs, mais des amis. »

Broché, chemise de demi-box gris-souris, dos lisse, titre doré, étui bordé.

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JOSEPH CON R A D

1 200 €

TYPHON Paris, N.R.F., 1918. Pet. In-12 (168 x 109 mm) de 200 pp. Édition originale de la traduction française d’André Gide. Un des 300 ex. num. (n° 289) sur papier de Rives (seul papier).

Joseph Conrad vient de terminer Au bout du rouleau lorsqu’il se souvient d’une anecdote tragique : il en tire ce roman, dont les protagonistes sont un capitaine et son second, chargés de rapatrier deux cent coolies chinois. Toute l’action tient en quelques heures, au cœur d’une tempête, un cyclone effrayant qui assaille le navire en mer de Chine. Remarquable traduction d’André Gide, qui avait rencontré Conrad en Angleterre en 1911 grâce à Henry Davray du Mercure de France, qui éditait alors l’auteur. De nombreuses rencontres eurent lieu à Orleston, dans le manoir des Conrad, Gide voulant éditer ses œuvres à la N.R.F. Ce fut chose faite en 1918 : tout le corpus du romancier y sera traduit, excepté L’Aventure, qui paraîtra chez Kra en 1926. Gide gardera pour Conrad une amitié toute particulière et lui rendra hommage dans un petit texte, sobrement intitulé Conrad, qui paraîtra en 1927 en Belgique.

Demi-maroquin marine à coins, filets dorés sur les plats, dos à nerfs, titre et tête ornés de filets à froid, couv. et dos cons. Très bel exemplaire.

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[TRISTAN CORB I È RE ] RE N É MA RTI N E AU

300 €

TRISTAN CORBIÈRE Avec de nombreux documents inédits, des portraits, des dessins et un fac-similé d’écriture Paris, Le Divan, coll. "Saint-Germain-des-Prés”, 1925. Gr. in-12 carré (198 x 155 mm) de 132 pp. Édition originale. Un des 12 premiers ex. marqués (H) sur pur-fil des papeteries de Montval. Frontispice photographique. Premier numéro de la collection. Joint, bristol autographe signé :

« 11 novembre 1924 / Mon cher ami Je vous ai adressé hier un petit cliché pour la justification du tirage des exemplaires de / luxe. C’est le même, bien entendu, qui a servi / pour la Girouette. Ne l’employer que pour les luxe. / Ne pas l’égarer. Bien cordialement à vous / René Martineau »

S’il appartient à Verlaine d’avoir révélé Tristan Corbière au plus grand nombre en lui consacrant un chapitre dans ses Poètes maudits (1883), René Martineau est le premier à lui avoir consacré à deux reprises des études d’envergure : l’une en 1904 et celle-ci, parue en 1925, écrite à la lumière de nouveaux documents. Évoquant (in bristol joint) un « petit cliché », Martineau fait référence à la vignette qui apparaît à la justification du tirage, celle-là même qui ornait déjà les exemplaires de luxe de La Girouette de bronze, publiée en 1923 chez le même éditeur.

Broché. Ex. à grandes marges. Prière d’insérer joint. Très bel état.

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PIERRE COU RTHI ON

800 €

MONSIEUR TÉNOR Paris, G.L.M., coll."Repères”, 1936. In-8 carré (195 x 250 mm), non paginé. Édition originale. Un des 70 ex. num. (n° 2) sur Normandy vellum (tirage unique), signés par Guy Lévis-Mano. Eau-forte en frontispice de Kurt Seligmann.

« Il y a, dans le cas de Seligmann, des particularités qui distinguent cet artiste et l’isolent du nombre des peintres-graveurs de sa génération : c’est la faculté d’amener le rêve et l’imagination dans une réalité fantastique et la violente résonance de son œuvre. » De 1920 à 1930, Kurt Seligmann poursuit sa formation artistique dans plusieurs ville d’Europe ; c’est à l’École des Beaux-Arts de Genève qu’il fera la connaissance de Pierre Courthion. Dès 1927, il rencontre André Breton et se lie au groupe surréaliste. Quelques années plus tard, il adhère à l’association internationale d’art abstrait, Abstraction-Création, dont Jean Arp est l’un des directeurs, et participe aux nombreuses expositions de groupe. En 1932, a lieu sa première exposition personnelle dans la capitale, à la Galerie Jeanne Bucher. Seligmann qui tira toujours ses gravures lui-même, se forma sur les presses de Tanneur et avec son aide, puis après son installation dans sa ferme américaine de Sugar Loaf (état de New York) sur sa propre presse à gravures ; Tanguy et Calder viendront travailler chez lui et Robert Motherwell deviendra son élève.

En feuilles, sous couverture rouge de l’édition. Parfait état. Coron, G.L.M., n° 87, p. 36.

N° 48

RODOLPHE DA RZE N S

1 500 €

POËMES D’AMOUR Paris, Éditions le Journal (Imp. Dupré), 1895. In-4 (285 x 208 mm) de 4 ff., 48 pp. et 10 pl. Édition originale. Ex. unique sur Japon non annoncé à la justification, contenant les deux vignettes de couverture en double état, dont l’une avant la lettre sur papier de Chine, ainsi que les 10 dessins originaux préparatoires aux 10 lithographies à pleine page de Willette, tirées ici en sépia avec remarques. Monté en tête, manuscrit autographe signé d’une des pièces du recueil, Madrigal.

Né à Moscou en 1865 et mort à Paris en 1938, Darzens eut une existence pittoresque, picaresque même. Poète symboliste, il fut secrétaire d’André Antoine au Théâtre Libre, fondateur de revues à la vie brève, journaliste sportif, inventeur de la carotte ferrugineuse, lutteur masqué aux FoliesBergère, revendeur de bicyclettes d’occasion, directeur de théâtre, coureur automobile, spadassin des lettres (on lui connaît une dizaine de duels), traducteur d’Ibsen et de Strinberg, moniteur de boxe du jeune Michel Simon, librettiste pour Cléo de Mérode, etc. S’il est tombé aujourd’hui dans un oubli que l’on est tenté de qualifier de parfait, il est l’une de ces figures secondaires, qui n’en sont pas moins, sous l’invocation de Valéry Larbaud, le tissu même de la littérature. L’œuvre de Rodolphe Darzens est morte, mais ce poète symboliste a eu un jour un coup de foudre pour la poésie d’Arthur Rimbaud. Profondément impressionné par cette œuvre, à une époque où celle-ci était pratiquement inconnue, Darzens entreprit une enquête pour retrouver les poèmes éparpillés jadis par « l’homme

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aux semelles de vent » avant qu’il n’abandonne la littérature. Le premier, il mena des recherches pour reconstituer la vie de ce poète dont on ne savait pratiquement rien. L’étude qu’il rédigea sur Rimbaud, qu’il ne put publier par suite d’une opposition de la famille du poète est restée inédite. Elle est reproduite intégralement dans le présent volume avec de nombreux documents, dont le facsimilé jusqu’alors inconnu de plusieurs lettres de Rimbaud. Fils de l’aide de camp du maréchal Bazaine, le peintre et dessinateur Willette collabora au Chat noir ; son œuvre évoque La Goulue et le Moulin-Rouge en même temps qu’elle se rattache au souvenir de Watteau. De la bibliothèque Henri Bordes, avec ex-libris.

Demi-maroquin citron à coins, filets dorés sur les plats, dos à nerfs richement orné de filets et caissons dorés, riches motifs dorés, roulettes dorées, titre doré, date en pied. (Reliure de l’époque signée de Carayon). Très bel exemplaire, non rogné. Librairie Bérès, cat. Stendhal, Baudelaire et leurs émules, n° 271 (cet exemplaire).

N° 49

ALPHONSE DAU DE T

900 €

CONTES DU LUNDI Paris, Alphonse Lemerre, 1873. In-12 (130 x 195 mm) de 4 ff., 258 pp. et 1 f. bl. Édition originale (pas de grands papiers). Portrait ajouté de l’auteur, par Martinez, imprimé sur Chine, monté en tête.

« Les notes qu’on va lire ont été écrites au jour le jour en courant les avant-postes. C’est une feuille de mon carnet que je détache, pendant que le siège de Paris est encore chaud. Tout cela est haché, heurté, bâclé sur le genou, déchiqueté comme un éclat d’obus, mais je le donne tel quel, sans rien changer, sans même me relire. J’aurais trop peur de vouloir inventer, faire intéressant, et de gâter tout ». Ainsi l’auteur présente t-il ces contes qui paraissaient chaque lundi dans la presse, au temps de l’invasion prussienne, avant d’être réunis en volume trois ans plus tard.

Demi-maroquin rouge, dos lisse, titre doré, couv. cons. Carteret, I, 194 ; Vicaire, III, 41.

N° 50

ALPHONSE DAU DE T

900 €

ROBERT HELMONT Paris, Dentu, 1874. In-12 (187 x 118 mm) de 1 f., 304 pp. et 2 ff. Édition originale (pas de grands papiers). Envoi signé :

« À Léonide et Jules Allard, tendrement et respectueusement offert, par Julie et Alph. Daudet »

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Inspiré par un vieil homme - avatar de Robinson - ce roman se déroule en forêt de Sénart alors que la guerre de 1870 fait rage. Hors du temps et loin du monde, ce vieillard ressent de la joie à connaître pareille solitude car elle lui permet ainsi d’éprouver un total sentiment de liberté. En outre, Daudet aborde la question de la légitime défense lorsqu’elle s’opère au nom de la patrie, et s’en fait le défenseur, en dépit des meurtres de soldats allemands perpétrés en toute impunité par des civils. Précieux exemplaire offert par le couple Daudet aux parents de Julie Daudet, née Allard.

Demi-maroquin rouge à coins, double filet sur les plats, dos à nerfs richement orné de filets et fleurons dorés, date en pied, tête dorée. (Reliure de l’époque). Bel exemplaire. Carteret, I, p. 195 ; Vicaire, III, 46.

N° 51

ALPHONSE DAU DE T

500 €

L’ÉVANGÉLISTE Paris, Dentu, 1883. In-12 (188 x 127 mm) de 4 ff., 373 pp. et 1 f. de table. Édition originale. Un des 25 ex. de tête sur Hollande (non annoncés à la justification).

L’Évangéliste est une dénonciation vigoureuse de l’endoctrinement missionnaire, jouant du pathétique pour engager le roman dans le débat d’idées contemporain. Alphonse Daudet, natif de Nîmes, fief protestant, prétend livrer des « observations » issues de l’accumulation de notes, de documents, d’enquêtes. Il dédie son livre au « savant professeur J.-M. Charcot », caution scientifique face aux violentes critiques religieuses dont il est la cible. Son œuvre se veut un roman à clef. Il comporte de nombreuses allusions à des œuvres protestantes et au milieu de la « HSP » (Haute Société Protestante) parisienne. Le point de départ de son propos est constitué par le témoignage, pris pour argent comptant, du professeur d’allemand de son fils Léon Daudet. Elle s’était plainte au romancier en affirmant que sa fille lui avait été arrachée par la femme d’un célèbre banquier protestant. Cette dame évangéliste attirait des « jeunes filles de tous pays » qui, désormais « fanatisées », non seulement se convertissaient au protestantisme mais « renieraient leur vie antérieure ». Personnage odieux et dangereux, Madame Authman se sert de drogues pour mieux convertir ses victimes, notamment de morphine, dont il analyse avec élégance et précision l’influence endormeuse.

Demi-maroquin marine, dos à nerfs, titre doré orné de filets à froid, date en pied, tête dorée sur témoins, couv. et dos cons. (Reliure signée de Thierry, successeur de Petit-Simier).

N° 52

PIERRE DRI E U L A ROC HE LLE

900 €

INTERROGATION Paris, Éd. de la Nouvelle Revue Française, 1917. In-4 tellière (224 x 167 mm) de 98 pp. Édition originale. Un des 150 premiers ex. num. (n° 12) sur Hollande, réimposés au format in In-4 tellière.

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« Sous mon premier veston, portant les idées passionnées d’Interrogation, le recueil de mes poèmes de guerre, j’étais tout à fait fasciste sans le savoir… » se souvient Pierre Drieu La Rochelle en évoquant l’époque où, après avoir été blessé au combat, il composa ces poèmes exaltant la force, la mystique guerrière et la fraternité des armes. Une fraternité équivoque qu’une telle phrase révèle assez : « Aujourd’hui, bouche à bouche, dans le pressant corps à corps, l’Allemand nous insuffle une ardeur nouvelle à créer le monde », et qui, peut-être, explique le tirage plus que restreint auquel Gaston Gallimard consentit.

Pleine toile bleue, dos lisse, pièce de titre de maroquin havane, filet d’encadrement, titre doré, date en pied, couv. cons. Bel exemplaire. Talvart & Place, IV, p. 326, n° 1.

N° 53

PIERRE DRI E U L A ROC HE LLE

400 €

LA SUITE DANS LES IDÉES Paris, Au sans pareil, 1927. In-12 (188 x 123 mm) de 172 pp. Édition originale. Envoi signé :

« à / Monsieur J. Toussaint-Jamet / en suivant le Rhône / Drieu »

Influencé par la révolution du langage qu’avaient opérée les surréalistes, ce recueil trouva chez son auteur même sa plus excellente exégèse : « (…) le contenu de ce livre est comme le bissac d’un mendiant. C’est un ramassis de débris défigurés où il y a un souvenir dérisoire de tout ce qui entre dans les fortunes diverses des hommes ». L’un des contes, Le Sergent de ville est dédié à André Breton, témoignage incontestable de l’attachement de l’auteur pour le groupe. Il croise, dans les cafés, des poètes bavards et narcissiques : « si vous voyiez comme ils se regardent dans les glaces des boutiques… » Allusion directe à la manie qu’avait Louis Aragon de toujours guetter son reflet et que Drieu taquinait.

Broché. Bel exemplaire, rares piqûres dans le texte. Complet du prière d’insérer. Fouché, n° 66, p. 207 ; Talvart & Place, IV, p. 326, n° 7.

N° 54

De la bibliothèque de Jean-Paul Sartre

2 000 €

MARGUERITE DU R AS LES PETITS CHEVAUX DE TARQUINIA Paris, Gallimard, 1953. In-12 (188 x 118 mm) de 260 pp. Édition originale. Un des ex. du service de presse. Envoi signé :

« à J.-P. Sartre / avec toute mon amitié / Marguerite Duras »

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Cette peinture de l’amour - et de sa lente agonie - a pour toile de fond l’Italie. Le récit parvient à se frayer un chemin parmi les fluctuations intimes affectant chacun des personnages, abandonnés à leur vacuité existentielle. Mais la monotonie sous-tend l’idée d’un ailleurs, d’un autrement. Cependant, ici seule semble compter l’envie. L’accomplissant, nulle place au rêve, au phantasme. Cultivant ambiguïté, ellipse et intuition, le talent de Duras réside dans sa capacité à saisir l’amour en son état premier, avant les mots, rendant ainsi compte de l’immensité de la vie intérieure de chacun. Dans la mouvance du Parti communiste français, existentialiste mais non pas disciple affichée de Sartre, l’auteur rencontra celui-ci pendant l’Occupation, au Comité national des écrivains.

Broché. Étui-chemise plein papier, dos lisse, pièce de titre, titre doré. Bel exemplaire de remarquable provenance.

N° 55

PAUL ÉLUARD

900 €

LA ROSE PUBLIQUE Paris, Galllimard, 1934. In-12 (120 x 190 mm) de 86 pp. Édition originale. Un des 15 ex. hors-commerce num. (n° V) sur vélin. Envoi signé :

« à Jean Paulhan / Paul Éluard »

Le texte du prière d’insérer de ce recueil, le même que celui écrit par Éluard pour préfacer Ralentir travaux, s’achève sur ces mots : « Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré » ; La Rose publique n’a-t-elle pas fait naître sous la plume de René Crevel un texte aussi beau que les poèmes dont il fera l’éloge : « Rose publique, rose au sang frais, rose carmagnole à qui nul n’osera faire l’injure de la traiter de reine des fleurs, aube des plus beaux fruits sur l’arbre de la subversion, rose des faubourgs »… Crevel l’écrivit au printemps 1935 dans le sanatorium de Davos où Éluard et Nusch l’avaient rejoint quelques mois plus tôt. Resté inédit, il aurait dû s’inscrire dans un essai intitulé, Au Carrefour.

Broché. Non rogné. Excellent état.

N° 56

PAUL ÉLUARD

800 €

LE LIT. LA TABLE Genève / Paris, éd. des Trois collines, 1946. In-8 (225 x 180 mm) de 94 pp. Édition originale. Un des 1000 ex. num. (n° 460) sur vergé crème (2e papier après 30 ex. sur grand vélin blanc). Dessins à l’encre à pleine page signés de Gérard Vulliamy hors texte. Envoi signé :

abbé Morel / en souvenir d’entretiens « à monsieur l’a saturés de plaisir, / Paul Éluard »

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À la différence des poèmes de Poésie et Vérité 1942, ceux-ci furent publiés sous le nom d’Éluard. Textes écrits au cours de cette guerre qui s’achevait, parus dans des revues comme Fontaine ou Confluences. Interdits par la censure et accueillis par les amis suisses du poète, ils purent enfin paraître ici sous son nom. Gérard Vulliamy fit carrière dans la mouvance des jeunes peintres surréalistes de la Galerie Gravitation. Il illustrera encore pour Éluard, Souvenirs de la maison des fous en 1946. Après une double formation, artistique et théologique, Maurice Morel rencontre à Paris Max Jacob. L’exposition qu’il organise en 1933, Art Moderne d’inspiration religieuse réunit des artistes comme Derain, Foujita ou Picasso, qui tous ont été et sont encore dans le sillage de Paul Éluard. On peut imaginer qu’il connaissait déjà le poète à cette époque puisqu’il fréquentait les surréalistes parmi lesquels « [il] faisai[t] l’effet d’un peau rouge qui arrivait dans un salon de haute couture ». Ordonné prêtre en juin 1934, celui que l’on nomme désormais l’abbé Morel deviendra un conférencier de renom, défendant l’art abstrait qu’il parvient même à faire entrer au musée du Vatican. En 1946, Éluard et lui participeront à une exposition Picasso dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne. Vers la fin de sa vie, l’abbé Morel décide de montrer ses propres peintures comme Max Jacob et Georges Rouault le lui avaient conseillé.

Broché. Superbe exemplaire.

N° 57

PAUL ÉLUARD

700 €

LES ANIMAUX ET LEURS HOMMES Paris, Gallimard, s.d [1939]. In-12 carré (190 x 143 mm), non paginé [64 pp]. Première édition illustrée. Tirage limité à 1300 exemplaires, avec 30 pointes-sèches par Valentine Hugo. Envoi signé :

« À Jean Paulhan ces poèmes qu’il fut le premier à lire Paul Éluard »

suivi de la signature de Valentine Hugo.

C’est le premier recueil de Paul Éluard où se manifeste l’influence de Dada. Jean Paulhan, dans une lettre aujourd’hui jointe au manuscrit (musée de Saint-Denis), lui écrit : « J’ai enfin ces Animaux et leurs hommes qui m’ont fait inquiet. C’est pourtant la préface que j’ai relue. Oui, elle ouvre tout à fait, c’est une belle avenue. Pourquoi découvrez-vous ainsi ce que j’ai le plus de peine à construire ? Il faut se débarrasser tout à fait de cette beauté. (…) Aujourd’hui je me sens dada. Un faux peut-être, direz-vous. » La première collaboration de Valentine Hugo avec le poète date de 1937, pour le recueil Appliquée. Le 18 novembre 1952, à la tête de son lit où venait de s’éteindre Paul Éluard, se trouvait un tableau de Valentine Hugo, Le Harfang des neiges. Entre ces deux dates, bien d’autres collaborations devaient sceller leur amitié.

Broché. Excellent état.

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N° 58

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PAUL ÉLUARD

1 400 €

OBJET DES MOTS ET DES IMAGES, 17 POÈMES S.l., s.é. (imprimé par Mourlot), 1946. In-4 (322 x 239 mm) de 15 ff. Édition originale. Un des 300 ex. num. (n° 46) du tirage unique. Textes et illustrations lithographiés d’Engel-Pak. Signature d’Éluard et d’Engel-Pak au colophon. Dessin au pastel en plusieurs tons d’Engel-Pak, avec signature de celui-ci. Envoi signé :

« à Marcou / et à Jean Ballard / ces feuilles et ces fleurs d’un / univers moins coloré / que notre affection, / Paul Éluard »

Chacun des poèmes d’Éluard est agrémenté d’une composition du plasticien belge. Pionnier de la non-figuration, Engel-Pak fut l’un des rares peintres de son époque à expérimenter une abstraction à caractère tachiste et organique, dans la continuité de Kandinsky qui s’y essaya dès le début des années 1910. Engel-Pak semble n’avoir eu de cesse de transposer le concept d’écriture automatique à son travail plastique et Michel Seuphor évoquant sa réalisation pour Objet des mots et des images parla de « graphismes et de maculations pouvant faire pâlir le plus anarchiste des informels d’aujourd’hui ». Jean Ballard et son épouse furent les directeurs des Cahiers du Sud, revue littéraire qui reprit la suite de Fortunio créée par Marcel Pagnol.

En feuilles, sous étui-chemise cartonné. Quelques frottements à l’étui-chemise sinon bel état.

N° 59

PAUL ÉLUARD

2 000 €

ANTHOLOGIE DES ÉCRITS SUR L’ART Paris, Éditions du Cercle d’Art, 1952. 3 vol. pet. in-4 (262 x 217 mm) de 135, 168 et 159 pp. Édition originale. Nombreuses illustrations. Signature de Pablo Picasso au second vol. (p.166). Envois signés :

« à Dimitri et Tatiana / pour qu’ils aiment la peinture / autant que Paul / Dominique Éluard »

« à M. Dimitri et à Mme Tatiana / Fernand Léger » (vol. 2, p. 118) La première publication posthume d’Éluard, fruit d’un immense travail de recherches sur les écrivains, philosophes, artistes ou critiques d’art « qui ont essayé de transposer littérairement leur émotion devant une œuvre d’art (…) que ce soit par brassées ou par brindilles, ils ont apporté un aliment au foyer de l’histoire non sanglante de la civilisation (…) sur le livre d’or de l’humanité, ils ont inscrit leurs raisons, leur raison ». Dominique Lemor, jeune journaliste et dernière muse du poète, deviendra sa femme en 1951. Elle avait fait la connaissance d’Éluard en 1949, lors du Congrès mondial de la Paix qui se tint à Mexico.

Pleine toile éditeur. Bel exemplaire.

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N° 60

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PAUL ÉLUARD E T RE N É C HA R

1 200 €

DEUX POÈMES Paris, Jean Hughes, s.d. [1960]. In-8 (250 x 165 mm) non paginé. Édition originale. Tirage unique à 400 ex. Celui-ci comptant parmi les ex. de passe sur Arches. Portrait photographique d’Éluard en frontispice, belle illustration en couv. de René Char à l’aquarelle. Envoi signé :

« pour Henry / au passé, au futur. Ce présent de tout cœur / R.C. »

avec cette mention manuscrite :

« exemplaire de mon ami Henry, Jean Hugues »

En 1937, Paul et Nusch Éluard viennent rejoindre René Char au Cannet où il poursuit sa convalescence avec Georgette. C’est là que les deux poètes écrivent Neuve et Paliers, textes qui ne seront publiés qu’en 1960 sous le titre Deux Poèmes, ornés en couverture d’un dessin de René Char intitulé La Torche du Prodige. Sur Henry Mathieu ami du poète (cf. n° 37). L’éditeur Jean Hugues publia deux autres recueils de Char : Arrière-histoire du poème pulvérisé, avec une lithographie de Nicolas de Staël, en 1953 ; Se rencontrer, paysage avec Joseph Sima, en 1973.

Broché. Excellente condition. PAB, n° 118, p. 58.

N° 61

MA X ERNST

1 500 €

SEPT MICROBES VUS À TRAVERS UN TEMPÉRAMENT Paris, Les Éditions Cercle des Arts, 1953. In-12 (185 x 132 mm) de 40 ff. Édition originale. Un des 1000 ex. num. (n° 442) sur Marais. Vignettes contrecollées d’Ernst. Envoi signé :

« à Stephy et Ém. Langui / avec les compliments de [SEPT MICROBES] et de / Max Ernst »

Max Ernst se trouvait à Paris lorsque les éditions des Cahiers du Cercle d’Art publient les quelques textes de Sept microbes, illustrés par l’auteur lui-même. Celui-ci travaille impasse Ronsin dans un atelier loué par le peintre William Copley, en face de chez Brancusi alors à la veille de mourir. Comme le rappelle Jean-Jacques Pauvert, grand admirateur de l’œuvre et ami de l’artiste, en ce temps-là, Ernst n’était pas encore célèbre, le premier livre d’art tout entier consacré à ce soixantenaire date de 1958, aux éditions J.-J. Pauvert justement. Né à Bruxelles en 1903, Émile Langui découvrit la littérature française dans la bibliothèque d’un directeur de dancing où son père travaillait comme physionomiste. Cocasse, peut-être, mais le directeur en question est à l’origine du parcours exceptionnel du jeune bruxellois. Il fréquenta grâce à lui, très jeune, les milieux anarchistes belges et les mouvements artistiques d’avant-garde.

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Devenu instituteur mais peu fait pour ce métier, passionné par l’art, Langui s’inscrit à la Rijks Universiteit Gent (Gan), haut-lieu de l’avant-garde. Dès lors, et après la double obtention d’un diplôme en histoire de l’art et archéologie, il entame une trajectoire ascendante : socialiste convaincu, il collabore au journal Vooruit et donne des critiques d’art remarquées. Ardent défenseur de l’expressionisme et du surréalisme, Langui occupera dans le gouvernement belge plusieurs postes en rapport direct avec les arts et la culture, soutenant l’art moderne, organisant nombre d’expositions dont, en 1958, 50 ans d’Art moderne, une référence aujourd’hui encore ; il fut aussi membre correspondant de l’Institut de France. Plusieurs expositions où figurent Ernst furent organisées ou préfacées par ce critique d’envergure. Un an avant cet envoi, Langui avait épousé Stéphanie Verhœven, dite Stéphy, attachée au cabinet du Premier ministre belge.

Broché, sous couv. cartonnée. Parfait état.

N° 62

LÉON-PAUL FA RGU E

1 200 €

POÈMES Paris, Éditions de la Nouvelle Revue Française, 1912. In-8 (170 x 220 mm) de 110 pp. et 1 f. Édition originale. Un des quelques ex. réimposés, celui imprimé spécialement pour Rouart. Envoi signé :

« à Eugène Rouart, amicalement / Léon-Paul Fargue »

Inutile de gloser sur les mystères des phénomènes de mode et, par corollaire, sur ceux de la fréquente inadéquation entre renommée et talent, mais il faut le répéter encore et toujours : la place de Léon-Paul Fargue est parmi les quatre ou cinq plus grands poètes français de la première moitié du XXème siècle. Fargue est l’un des seuls à toujours mettre en présence le plaisir de ce qu’a été un souvenir et la souffrance de ce qu’il n’est plus (« le vent du retrait » dirait Henri Michaux). De la fusion que leur impose Fargue naît une sensation de douceur qui, dans le même mouvement, vous noue l’estomac. Attention à l’accoutumance… « Retourne au pays sans amour, où l’on était cruel pour toi. Retourne au pays sans douceur où l’on revient toujours. Ils sont pleins de souvenirs qu’on déteste et qu’on adore. » Cet ouvrage est le premier publié par le poète aux Éditions de La Nouvelle Revue Française (alors encore hébergées par Marcel Rivière rue Jacob) et le vingt-quatrième de la maison d’édition créée moins d’un an auparavant. Dans cette première mouture de la N.R.F. tous les livres ont, outre le sigle tracé à main levée par Jean Schlumberger, la page de faux-titre en deux couleurs. Cette magnifique façon sera abandonnée (pourquoi diable ?) par les éditions (devenues) Gallimard (remercions au passage Jean-Jacques Pauvert de l’avoir reprise dès ses premiers pas dans l’édition). Enfin, dans ces Poèmes tous les « trois points de suspension », et ils sont légion, ne sont en fait que deux. N’y voyez ni une coquille récurrente, ni lubie de l’imprimeur : il s’agit de celle de Fargue qui, au grand dam de ses nouveaux éditeurs inquiets de ses exigences, se rendra en train à Bruges pour obtenir cela des St. Catherine Press (Françoise Sagan rendra hommage à sa manière au maniaque en exigeant, cinquante-sept ans plus tard, la même chose pour Aimez-vous Brahms.. ). À sa sortie, Poèmes fut très bien accueilli, tant par Guillaume Apollinaire ou Henri de Régnier, que par Paul Valéry ou Alain-Fournier. C’est vraisemblablement cet accueil qui poussa Fargue à entreprendre les jurés du Goncourt. Ceux-ci lui préfèreront André Savignon qui ira aussi sec grossir la liste (impressionnante) des Goncourt tombés dans les oubliettes fort peuplées de l’histoire de la littérature.

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Demi-maroquin brique à coins, dos à nerfs orné de filets dorés et à froid, roulettes dorées, titre doré, date en pied, tête dorée, couv. et dos cons. Talvart & Place, IV, p. 315, n° 3.

N° 63

ANTOINE FAU C HE RY

700 €

LETTRES D’UN MINEUR EN AUSTRALIE Paris, Poulet-Malassis & de Broise, 1859. In-12 (191 x 126 mm) de 2 ff., xxiii et 278 pp. Édition originale. Lettre-préface de Banville. Livre très rare et recherché, un des meilleurs récits de chercheurs d’or.

Antoine Fauchery fut à la fois (ou successivement) journaliste au Moniteur Universel, photographe auquel on doit les premiers clichés d’aborigènes de l’Australie, graveur, libraire, écrivain et chercheur d’or. Il fréquentait tout autant les poètes et les artistes que des savants comme le géologue Daintree. Son ami Théodore de Banville évoque dans sa préface un homme charmant, spirituel et élégant, épris de tout ce qui « chante, brille ou enivre ». Ce premier récit vécu écrit par un Français depuis l’Australie est un tableau saisissant du monde des chercheurs d’or. Tristement, l’auteur mourra des fièvres encore jeune, lors d’un voyage au Japon. Banville précise dans la préface d’un de ses livres : « Ai-je besoin de vous dire qu’il a commencé par être un très mauvais écolier ? Il aurait été forcé à planter les buissons lui-même sur les chemins qui mène à l’école. » Né en 1824 à Paris, il était fils d’un ménage de graveurs : Jean-Claude Auguste et Augustine Fauchery. Dans les années 1850, haute époque de la bohème murgerienne, il était célèbre dans les ateliers pour ces deux préceptes : « Un loyer ne doit jamais être payé » et « tout déménagement s’effectue par la fenêtre ». En 1856 il fit jouer au Vaudeville une pièce intitulée Calino, faite en collaboration avec Barrière. Pendant toute sa brève existence il fut en proie au démon du voyage et de l’aventure. Dès 1848 ses instincts généreux le firent partir pour la Pologne. « La voix de Mierolawski appelait les réfugiés polonais et les Français patriotes à la défense de la Pologne, et quelques intrépides formaient déjà le projet d’aller mourir là, comme Byron dans le pays d’H Homère » (Banville). Il fit le voyage en compagnie de Nadar. Les deux héros n’atteignirent jamais la patrie de Chopin, et connurent les pires mésaventures à travers l’Allemagne où ils furent emprisonnés dans toutes les principautés. En 1856, il eut l’idée d’aller chercher fortune en Australie où l’on avait découvert d’abondantes mines d’or. De là, il embarqua pour les Philippines. En 1860, il tomba dans l’« officiel » et fut nommé correspondant du Moniteur pour suivre l’armée française à Pékin pendant la guerre entre la France et la Chine. Maillard raconte dans son livre sur les derniers bohèmes que Fauchery était à peu près le seul Français qui sortit du Palais YuenMing-Yuen les mains et les poches vides. À défaut d’objets précieux il emporta de cette campagne de Chine une maladie infectieuse. Arrivé à Yokohama il mourut d’une gastrite le 27 avril 1861, à l’âge de 37 ans. Cette mort lui évita de justesse une décoration que le gouvernement français s’apprêtait à lui remettre. Malassis qui a toujours aimé les originaux, novateurs et marginaux ne pouvait manquer d’être séduit par ce beau type d’aventurier et de rêveur audacieux.

Demi-maroquin ébène, dos lisse orné de triple filet doré, titre doré, date en pied, couv. cons. (Reliure signée de Laurenchet). Ferguson, « They contain a good description of the conditions that men were working under on the Ballarat diggings at the time of the Eureka Stockade riots », 9560.

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N° 64

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[LÉO FERRÉ ] P I E RRE SU DRE

1 600 €

LÉO FERRÉ. RÉCITAL À L’ABC Clichés originaux S.l.n.d.n.é. [décembre 1962]. In-12 carré (178 x 134 mm), non paginé. Très jolie réunion de clichés relatifs à Ferré. Signature autographe du même au 3e feuillet :

Une mention manuscrite indique :

« Léo Ferré, 5 déc. / 1962 » « album n° 11 Jean-Pierre Sudre, 5 déc. 62 »

Cinéaste de formation, Jean-Pierre Sudre s’orienta après la seconde guerre mondiale vers la photographie industrielle. S’il devint l’un des maîtres en la matière, il développa parallèlement une œuvre de photographie d’art, très en marge des tendances de son époque et d’une rare poésie. Il créera en 1968 un département de photographie à l’École supérieure des arts graphiques, et deux ans plus tard participera aux premières Rencontres internationales de photographie d’Arles, dont il fut, selon Lucien Clergue « un soutien des premiers jours ». 1962, année de cet album, est aussi celle de sa première exposition parisienne, sous l’égide de Brassaï qui en préface le catalogue. À l’automne de cette même année, Sudre rencontre Léo Ferré par l’intermédiaire d’un ami commun, le critique d’art Charles Estienne. Après avoir photographié le chanteur dans sa propriété de Saint-Coulomb en Ille-et-Vilaine, Sudre réalise en décembre une autre série de clichés à Paris, lors d’une répétition de Ferré à quelques jours de son concert inaugural de l’ABC. Or, si le programme du théâtre de l’ABC, Léo Ferré – Récital 1963, contenait des clichés pris dans le petit fort de Saint-Coulomb, aucunes photos de cette exceptionnelle série conservée par Sudre dans cet album, n’y figurent. Il s’agit donc, pour ce véritable petit reportage confidentiel, de clichés originaux et inédits.

Broché, sous double couverture et rodhoïd. Jacques Layani. Les Chemins de Léo Ferré.

N° 65

GUSTAVE FL AU B E RT

3 200 €

MADAME BOVARY Paris, Michel Lévy, 1857. 2 vol. in-12 (193 x 123 mm) de 490 pp. (pagination continue). Édition originale. Ex. du premier tirage avec toutes les caractéristiques : la fameuse faute à « Sénart », fautes typographiques etc., enrichi de la suite volante des 7 eaux-fortes réalisées pour l’édition Lemerre de 1874, gravées par Boilvin.

Récit d’un adultère somme toute banal, Madame Bovary est surout le roman de l’insatisfaction, de la frustration née du désir non réalisé et de l’ennui. Le « bovarysme » - ce terme fut forgé par le philosophe Jules Gautier - est cette nostalgie d’un idéal inconnu et trompeur, perçu dans un imaginaire construit par les lectures. Le livre eut un retentissement énorme dans la presse et dans le public ; à vrai dire, bien plus pour le procès « d’outrages aux bonnes mœurs » que pour ses qualités littéraires novatrices. Il n’y eut d’articles franchement élogieux que de Barbey d’Aurevilly,

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de Sainte-Beuve et de Baudelaire. Pour le reste, la clique critique de l’époque eut la plume lourde : « L’auteur de Madame Bovary appartient, on le voit, à une littérature qui se croit nouvelle et qui n’a rien de nouveau, hélas ! » (La Revue des Deux Mondes) ; « un des livres les plus immoraux que l’on connaisse » (La Chronique) ; on se plaint que « les scènes d’une crudité révoltante abondent dans l’ouvrage » (Journal des Débats) ; « la décadence lui semble manifeste… c’est l’exaltation maladive des sens et de l’imagination dans la démocratie mécontente… » (Le Correspondant) ; « signe d’une décadence rapide et d’une corruption de plus en plus accentuée » (L’Univers). On parle de « gros tas de fumier », d’« amas d’obscénités et d’impertinences », (Le Réveil). Du pain béni pour l’accusation ! L’avocat général Ernest Pinard voit dans le roman « une peinture admirable sous le rapport du talent, mais une peinture exécrable au point de vue de la morale. » L’ouvrage, pourtant, avait déja subi quelques coupes dès les premiers chapitres : en lisant le numéro du 1er décembre 1856, Flaubert découvre avec colère que la fameuse scène du fiacre a été supprimée sans son accord, remplacée par cette note : « La direction s’est vue dans la nécessité de supprimer içi un passage qui ne pouvait convenir à la Revue de Paris ; nous en donnons acte à l’auteur. » Il sort de ses gonds. Maxime Du Camp tente de l’apaiser. Peine perdue : « Si mon roman exaspère le bourgeois, je m’en moque ; si l’on nous envoie en police correctionnelle, je m’en moque ; si la Revue de Paris est supprimée, je m’en moque ! Vous n’aviez pas à accepter la Bovary, vous l’avez prise, tant pis pour vous, vous la publierez telle quelle ! »

Demi-maroquins vert-bronze, dos lisses, titres dorés, dates en pied, couv. et dos cons. Carteret, I, 265 ; Vicaire, III, 721.

N° 66

DOMINIQUE FOU RC A DE

3 500 €

LESSIVE DU LOUP Paris, G.L.M.,1966. In-12 carré (203 x 153 mm) de 48 pp. Édition originale. Un des 63 premiers ex. num. (n° VIII) sur vélin d’Arches, parmi les 8 horscommerce. Ces ex. sont les seuls à contenir l’eau-forte originale signée par Wilfredo Lam en front. Ex. justifié à la main par Guy Lévis-Mano, avec sa signature. Envoi signé :

« pour Louis Barnier / et que dure sa vaillance d’imprimeur / en toute reconnaissance et amitié. / Dominique Fourcade »

Ami très proche de René Char, l’un des rares qui venaient à sa guise aux Busclats, Dominique Fourcade écrira pendant une dizaine d’années une œuvre poétique sous le double parrainage d’Heidegger et de Char. Lessive du loup est son second recueil, le premier avait paru en 1961 chez Corti.

Broché, étui-sous chemise de demi-maroquin noir, dos lisse, titre doré en long, doublures de daim. (Reliure signée d’A A. Devauchelle).

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ANATOLE FR A N C E

1 500 €

CLIO Paris, Calmann Lévy, 1900. Gr. in-12 (200 x 147 mm) de 188 pp. et 3 ff. Édition originale. Un des 100 ex. num. (n° 38) sur Japon. Illustrations en couv. et dans le texte d’Alfons Mucha.

D’origine tchèque, Alfons Mucha débarque à Paris en 1887 où il fréquente les académies Julian et Colarossi. Ayant dessiné une affiche pour le rôle de Gismonda tenu par Sarah Bernhardt dans la pièce de Victorien Sardou, en décembre 1894, l’artiste connaît un succès immédiat. Il y eut désormais un “style Mucha” : les commandes affluent et il signe un contrat de six ans avec le Théâtre de la Renaissance pour les costumes et des décorations scéniques. Mucha illustra aussi avec talent de grands textes de la littérature française. Celui qui rêvait de devenir peintre d’histoire ne put que recevoir avec plaisir la commande des illustrations de Clio : en effet, Anatole France, lui-même féru d’histoire, brosse dans les cinq contes de ce recueil des portraits de l’Antiquité (Le Chanteur de Kymé), de la Gaule (Komm l’Atrébate) ou encore du Duecento italien (Farinata degli Uberti) pour ne citer qu’eux.

Broché. Petite taches au dos, sinon bon exemplaire. Mahé, II, 100.

N° 68

ANATOLE FR A N C E

1 800 €

LA RÔTISSERIE DE LA REINE PÉDAUQUE Paris, Éditions d’Art Édouard Pelletan, 1911. In-4 (275 x 208 mm) de 442 pp. Belle édition illustrée. Un des quelques 47 ex. num. (n° 66) sur Chine, non annoncés au tirage, avec 174 compositions sur bois d’Auguste Leroux, dont 19 hors texte. Carteret considère les illustrations de cet ouvrage comme le chef-d’œuvre d’Auguste Leroux.

Roman picaresque composé à la manière de Lesage et inspiré du Comte de Gabalis de Montfaucon de Villars (mais certainement aussi des écrits de Fulcanelli), c’est cependant la rencontre de Gérard Encausse avec l’auteur qui présida à l’élaboration de cette œuvre. Plus connu sous le nom de Papus, Encausse présenta à Anatole France ses expériences relatives à l’hypnose. France lui consacrera un article si élogieux dans Le Temps qu’il concourut à fonder la renommée de l’occultiste. Le récit, à forte connotation historique, se situe à la fin du XVIIIème siècle à Paris. L’on y voit le fils d’une rotissière, Jacques Ménétrier dit Tournebroche, placé sous la coupe d’un curé. Curé qui n’aura de cesse de lui prodiguer nombres d’enseignements, partageant avec lui son insatiable curiosité érudite.

Plein maroquin bordeaux, dos à nerfs orné de filets à froid, titre doré, date en pied, tranches dorées, reliure doublée de moire et encadrement de maroquin bordeaux, triple filet à froid, couv. et dos cons., prospectus relié en fin de volume. (Reliure signée de Creuzevault). Mahé, II, 131.

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ANDRÉ FRÉN AU D

600 €

L’ÉTAPE DANS LA CLAIRIÈRE Paris, Mercure de France, 1965. In-8 étroit (225 x 138 mm) de 18 pp. Édition originale. L’exemplaire comporte quelques corrections autographes de la main de Frénaud. Envoi signé :

« à mon cher Jean Follain, / sur la route ensemble. / Affectueusement / André Frénaud octobre 1965 »

Bien solitaire dans le paysage poétique de l’après-guerre, André Frénaud, en de longs poèmes méditatifs n’eut de cesse d’« affronter la nuit qu’il avait en lui ». Séparé des autres, de lui-même et du monde, sans Dieu ni espoir, sa poésie dit « le hors d’accès et l’imminence ». Imminence qui pourtant se diffère sans cesse. Au point de finir par toujours se dérober. André Frénaud rencontra Jean Follain avant la guerre, un poème qui porte son nom daté de 1939 marque déjà les affinités qui les lieront par la suite. En 1942, de retour de captivité, Frénaud est encouragé par Follain à publier ses poèmes. Une longue amitié suivra ces temps de guerre, amitié à laquelle Guillevic (cf. n° 79 et 80) prendra une large part. En octobre 1965, l’un et l’autre font un voyage officiel en Italie. De la bibliothèque de Jean Follain.

Agrafé sous étui-chemise de demi-maroquin gris, titre en long argenté. Excellente condition.

N° 70

ANDRÉ FRÉN AU D

1 200 €

LES MYSTÈRES DE PARIS Préface de Paul Éluard, pointe sèche de Jacques Villon Paris, Éditions du Seuil, s.d. Pet. in 4 (247 x 195 mm) de 57 pp. Édition originale. Un des 200 ex. num. (n° 13) sur vélin de Lana filigrané d’un tirage total à 225 ex. Joint : un exemplaire de la pointe-sèche de Jacques Villon, signée par l’artiste au crayon dans la marge inférieure.

« (…) je retourne au désert / emportant avec moi / le sel noir de tes larmes ». L’auteur de ces lignes écrivit son premier poème à l’âge de vingt-neuf ans. Sur le tard donc… Fait prisonnier en 1940, il continua d’écrire des vers que Pierre Seghers parvint à récupérer et à publier. Libéré, André Frénaud fera paraître ce recueil en 1944 demandant une œuvre originale en guise de frontispice à son ami Jacques Villon. Frère de Marcel Duchamp, cet artiste au pseudonyme choisi en hommage au poète médiéval, travailla une quarantaine d’années dans l’isolement de son atelier de Puteaux que seuls des initiés, tel l’auteur, connaissaient. Le galériste Louis Carré découvrit son œuvre dans les années quarante et concourut à forger sa renommée. En déchiffrant la justification (pas un modèle de clarté) de ce recueil publié en 1944, on comprend que 15 exemplaires, sur 4 des 5 papiers différents, comprenaient cette épreuve supplémentaire (avant état définitif, mais non signée).

Broché. Non coupé. État de neuf.

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ROMAIN G A RY

750 €

TULIPE Paris, Calmann-Lévy, 1946. In-12 (185 x 117 mm) de 173 pp. Édition originale. Un des 20 ex. hors-commerce marqués (P) sur vélin blanc. Envoi signé :

« à mon cher Francis Dumont, avec ma reconnaissante / amitié - merci d’avoir aimé cet homme / Romain Gary / Paris 1948 »

Jointe une carte de visite signée :

« cher Francis Dumont, / je suis à Londres et m’aperçois que / Gallimard vous a / oublié sur la liste – voilà qui / est réparé ! / Bien à vous / Gary »

Deuxième livre de Gary qui, rêvant alors d’être reconnu comme dramaturge, décida parallèlement de travailler à une adaptation théâtrale. Adaptation qu’il proposa à Jouvet. Bien que la pièce reçut un accueil enthousiaste de la part du metteur en scène, celui-ci, finalement, ne la montera jamais. Tulipe, rescapé de Bergen-Belsen, réside dans un sordide logement d’Harlem. En double littéraire de Gary, il est l’incarnation d’un idéaliste desespéré. Au prix d’une usurpation d’identité, il connaîtra les honneurs des médias. L’auteur, insolent et caustique, se livre à une virulente critique de l’économie, de la politique et de la bêtise humaine. Inspirée du théâtre de l’absurde, à en croire de Gaulle, ce roman constitue « une peinture admirable où se côtoient idéalisme et cynisme, apostolat et fumisterie, douleur et ricanement ». Francis Dumont, dédicataire de l’envoi réalisa la préface de la seconde édition de L’Éducation européenne.

Plein maroquin havane, double filet d’encadrement doré sur les plats, filet stylisé doré, fleuron central doré figurant une tulipe dont les pétales sont constitués de petites pièces de mosaïque rouge, dos à nerfs orné de filets dorés et à froid, titre doré en long, auteur en pied, tête dorée, filet intérieur doré, premier plat de couv. cons., étui.

N° 72

JE AN GENET

2 000 €

JOURNAL DU VOLEUR S.l., Aux dépens d’un ami, s.d. In-4 (292 x 205 mm) de 312 pp. Édition originale. Un des 400 ex. num. (n° 292) sur vélin de Lana (2e papier après seulement 10 ex. sur Arches). Signature de Genet au colophon.

Joyau de la littérature des fleurs du mal, le Journal du voleur est l’œuvre autobiographique d’un moraliste et d’un esthète de la délinquance. Faux diariste (il ne se soucie ni de la chronologie, ni de la datation), mais authentique poète picaresque des bas-fonds, Jean Genet séduit plus qu’il ne déroute lorsqu’il raconte ses transgressions (désertion, mendicité, vols, amours masculines, prostitution, trahison, trafic…). D’adord, parce qu’il le fait sans tricher, avec des accents de sincérité bouleversants. Ensuite parce que sa langue somptueuse a la puissance subversive d’un crime : elle transmue en vertus viriles les vices de la société répressive ! Irréconciliable ennemi de la civilisation,

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Genet n’est ni un révolté, ni un révolutionnaire : il lui suffit d’être poète sacrilège pour inverser les valeurs et faire de l’or avec la boue de la misère, du « sang, du sperme et des larmes ». Il lui suffit de chanter son irrésistible et merveilleux attrait pour le Mal, dans une prose poétique et musicale, pour que le lecteur partage son acharnement et son émerveillement à progresser dans la voie du vice. Il lui suffit de sublimer le sordide pour initier aux « fastes de l’abjection ».

En feuilles sous couverture rempliée. Non coupé. Excellent état. Dutel, II, 1811 ; Pia, 655.

N° 73

ANDRÉ GIDE

(sous le pseud. d’André Walter)

1 400 €

LES CAHIERS D’ANDRÉ WALTER Paris, Librairie de l’Art indépendant, 1891. In-12 (120 x 160 mm) de 4 ff. et 288 pp. Première édition en librairie. Elle succède à un tirage hors-commerce à 70 ex. paru le mois précédent, non diffusé. Un des 20 ex. num. (n° 37) sur Japon (2e papier).

André Gide écrivit Les Cahiers d’André Walter à l’âge de vingt ans. Si le grain ne meurt retrace la genèse de cette première œuvre : « Ce livre se dressait devant moi et fermait ma vue, au point que je ne supposais pas que je pusse jamais passer outre. Je ne parvenais pas à le considérer comme le premier de ma carrière, mais comme un livre unique, et je n’imaginais rien au-delà ; il me semblait qu’il devait consumer ma substance » (I, VIII). La mention « Œuvre posthume » qui figure au début de l’ouvrage n’est pas simplement un artifice littéraire teinté de romantisme. Pour le jeune écrivain qu’est alors André Gide, ce livre, apparaît comme « un des plus importants du monde » (Si le grain ne meurt, I, IX), et porte une parole définitive. En dépit de leur faible diffusion, Les Cahiers d’André Walter furent favorablement salués par le monde des lettres et Gide fit, grâce à eux, une entrée remarquée sur la scène littéraire. Journal intime tenu par un jeune homme de vingt ans, d’avril à novembre 1889, l’ouvrage comporte un Cahier blanc - composé d’avril à juin et dans lequel sont insérés des fragments de journaux des trois années antérieures -, et un Cahier noir qui rend compte, de façon minutieuse et presque quotidienne, d’une période allant de la fin de juin à la fin de novembre. Ces cahiers intimes relatent, en outre, l’expérience littéraire d’André Walter, lequel est en train de composer un roman. L’œuvre constitue pour Gide une sorte d’étape initiatique, importante pour son parcours littéraire. Les Cahiers d’André Walter mettent en effet en scène, à travers la constitution du personnage d’Allain, double fictif à la fois d’André Gide et d’André Walter, les affres de la création. Il y a là un processus de mise en abyme qu’exploiteront les grandes œuvres futures, Les Faux-Monnayeurs et Les Caves du Vatican. Le jugement de Gide, à l’époque de la maturité, sur ces Cahiers est sévère mais il reconnaît le profit tiré de ses premiers errements : « Peut-être fut-il bon, après tout, pour prendre nettement conscience de mes défauts, qu’ils m’apparussent projetés dans mon écriture, et, si je n’avais pas écrit ce premier livre, sans doute eussé-je moins bien écrit les suivants » (Préface).

Maroquin janséniste grenat, dos à nerfs, titre doré, tête et tranches dorées sur témoins, filets dorés sur les coupes, triple jeu de filets dorés et listel de maroquin noir en encadrement intérieur, tête dorée, couv. et dos cons., étui bordé. (Reliure signée d’H Huser). Exemplaire parfait. Naville, 4 ; Talvart & Place, VII, p. 37, n° 1.

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ANDRÉ GIDE

1 200 €

POÉTIQUE Genève, Ides et Calendes, 1947. In-12 (167 x 107 mm) de 92 pp. et 8 ff. Édition originale. Un des 36 premiers ex. num. (n° II) sur Chine, celui-ci imprimé nominativement pour Gide. Portrait en frontispice d’André Gide par A. Dunoyer de Segonzac. Jointe : lettre autographe signée de Gide à Richard Heyd, l’éditeur du volume (env. cons.).

En 1937, André Gide entreprend à la demande de Jacques Schiffrin, une Anthologie de la poésie française pour laquelle il écrira une très longue préface, publiée deux ans avant l’Anthologie sous le titre, Poétique. Commencée en septembre 1940, sans doute abandonnée puis reprise, cette poétique sera choisie par Gide comme premier texte de la petite série proposée à lui par Richard Heyd. En 1947, en effet, l’éditeur lausannois voulait éditer quelques petits volumes de textes, épars ou annexes dans l’œuvre gidienne ; l’auteur accepta sans ciller, donnant ainsi une suite à la méthode des Prétextes. De la bibliothèque Charles Hayoit, avec ex-libris.

Plein maroquin saumon orné d’un encadrement de filets dorés sur les plats, dos à nerfs orné de filets à froid et d’un triple caisson d’encadrement doré, titre doré, date en pied, toutes tranches dorées, chemise de demi-maroquin saumon à bandes, dos à nerfs orné de filets à froid, titre doré, date en pied. couv. et dos cons., étui-bordé (Reliure signée de H. Alix). Très bel exemplaire. Naville, 137.

N° 75

JE AN GIONO

800 €

LE GRAND TROUPEAU Paris, Gallimard, 1931. In-4 tellière (218 x 169 mm) de 267 pp. Édition originale. Un des 100 ex. num. (n° LXXV) sur pur-fil destinés aux bibliophiles de la N.R.F.

« Je ne peux pas [l’]oublier » avouera Jean Giono en parlant de la première guerre mondiale. Si nombre d’articles et d’essais pacifistes, à mesure que se précise la menace, témoigneront à la fin des années trente de sa hantise d’un nouveau conflit, Giono avait écrit dès 1931 Le grand Troupeau, texte déjà révélateur de ces aspirations humanistes. Par la voix d’un narrateur implicite mêlé aux soldats et aux paysans, l’auteur décrit au front comme à l’arrière les tragédies particulières que soulèvent immanquablement la guerre, sans doute la plus incohérente des activités humaines : « le tohu-bohu de la guerre était dépourvu d’architecture, ou tout au moins, je ne pouvais pas la découvrir ».

Broché. Excellent état. Talvart & Place, VII, p. 103, n° 10.

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JULIEN GR AC Q

1 000 €

LE ROI PÊCHEUR Paris, Librairie José Corti, 1948. In-12 (188 x 123 mm) de 149 pp. Édition originale. Un des 60 ex. num. (n° 77) sur pur-fil, seul grand papier après les 45 ex. de tête.

« Perceval, si les hommes se retournaient seulement une bonne fois, ils verraient se dresser derrière eux autant de Sodomes et de Gomorrhes levées de chacun de leurs pas et capables de les changer en statues de sel. » Justifiant, dans son avant-propos, l’emprunt qu’il fait pour cette pièce au mythe de la Table Ronde, parce qu’il convient de faire confiance au « pouvoir de renouvellement indéfini de la poésie la plus pure – la plus magique », Julien Gracq insiste sur ce qu’il lui semble, au cœur de ces légendes, ce « tête à tête fascinant et interminable avec ce que de lui-même il a tiré de plus pur, de ne pouvoir faire autre chose que de répéter l’exaltante et désespérante formule : “Je ne puis vivre ni avec toi, ni sans toi.” »

Broché et non coupé. Très bon état.

N° 77

JULIEN GR AC Q

2 800 €

LA LITTÉRATURE À L’ESTOMAC Paris, José Corti, 1950. In-16 (167 x 114 mm) de 73 pp. Édition originale. Un des 40 premiers ex. num. (n° 35) sur lafuma.

Cet ouvrage, expliquera un jour Julien Gracq, « s’en prenait seulement à l’introduction du non-littéraire dans la littérature ». Il fit cependant scandale. La critique rudement mise en cause, accusée de pervertir un public égaré, affûta ses armes. Cet essai n’en demeure pas moins admirable et tristement moderne : la littérature comme la cuisine est affaire de goût, chose intime. Or, les criticules, comme disait Vladimir Nabokov, fabriquent des gloires éphémères quand les fins lettrés, dans le secret, trouvent le chef-d’œuvre et délaissent d’emblée le reste, conscients que « le médiocre n’est justiciable que du silence, où l’entraîne une pesanteur naturelle ». À lire absolument.

Broché. Excellente condition. Rare en grand papier.

N° 78

[JULIEN GR AC Q]

1 200 €

GIVRE S.l.n.é., n.d. [1976]. Pet. in-4 (230 x 187 mm) de 92 pp. Premier numéro de la revue publié en mai 1976. Un des 50 ex. num. (n° 39) sur vélin du tirage de tête. Illustration en couleur à pleine-page de Jacques Hérold, signée.

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Tous les textes de cette revue littéraire ardennaise ainsi que leurs illustrations devaient être accueillis par La Grive, revue fondée en 1925 à Charleville-Mézière, et dont la disparition inopinée fit naître ce premier numéro de son anagramme, Givre. Cet ensemble d’études sur Julien Gracq représenta trois ans de travail mené sous la direction d’Hervé Carn. Parmi les dix-neuf collaborateurs figurent Maurice Blanchot, A. Pieyre de Mandiargues ou encore Georges Perros. La revue qui annonçait deux parutions par an, comptait consacrer un numéro pour chacun de ces deux derniers écrivains.

Broché. Excellente condition, non rogné.

N° 79

EUGÈNE GUI LLE V I C

450 €

TERRAQUÉ Paris, Gallimard, 1942. In-12 (187 x 123 mm) de 195 pp. Édition originale (avec fausse mention de 2ème édition au titre). Envoi signé :

« à Jean Cayrol / la gloire était pour lui … / (page 113) / avec mon estime, mon admiration / à l’aube d’une amitié / Guillevic / 5 oct. 45 »

Publié dans la plus totale indifférence, ce premier recueil d’Eugène Guillevic s’inscrit dans une démarche voisine du livre de Francis Ponge paru la même année, Le Parti des choses. Guillevic y interroge la chose simple, modeste, élémentaire, conférant à sa poésie l’objectivité louée par Rimbaud ; en opposition aux effusions propres aux Romantiques. Délaissant le concept et consacrant l’objet, le mot, chez Guillevic, semble parer l’Homme d’un voile, le couvrant de sa nudité face au monde et à lui-même. En un style épuré, faisant volontiers l’économie d’adjectifs et omettant les métaphores, il se dégage de ces écrits le sentiment d’une confrontation constante, l’impression d’un affrontement permanent du poète à l’écriture, « Toute langue est étrangère ». Face à la tentative de verbalisation de l’énigme du monde - et plus encore à sa tentative d’appropriation, voire de maîtrise - l’écriture semble, chez Guillevic, à la fois ressource et obstacle. Trouve place en fin de recueil, le poème Art poétique, posant les premiers fondements du texte éponyme ; et peutêtre de l’œuvre toute entière de l’auteur, si tant est qu’elle puisse être réduite et résumée à cette intangible volonté d’inscrire et d’organiser l’espace à l’échelle humaine.

Broché. Papier légèrement jauni.

N° 80

EUGÈNE GUI LLE V I C

2 000 €

L’HOMME QUI SE FERME Paris, Réclame, 1949. In-12 carré (194 x 145 mm) non paginé. Édition originale. Un des 75 premiers ex. sur Montval, celui-ci comptant parmi les 15 recèlant la suite des gravures refusées, la plupart num. et signées par Édouard Pignon. L’exemplaire est enrichi d’un dessin original sur double page de Pignon, figurant un faune musicien.

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« à mon vieux copain Lambert / bien amicalement / le 1er février 1950 / Pignon »

Appartenant à l’École de Paris, Édouard Pignon s’intalle dans la capitale vers 1920. De condition modeste, il devra à son ami Georges Dayez, de quitter son travail de manœuvre pour se consacrer tout entier à la peinture. En 1937, Pignon participe à « 50 peintres du temps présent », avec Bazaine, Gromaire, Tal Coat, Tanguy, Jacques Villon, et, pour la première du “14 juillet” de Romain Rolland, il expose aux côtés de ses aînés : avec Picasso, Matisse, Braque, Léger, entre autres. Dès lors Pignon sera l’ami de Picasso. Car bien que représentant après la guerre d’une tradition picturale figurative, Pignon non seulement exposera la plupart du temps auprès de ses amis abstraits mais déclarera préférer leur compagnie à celle des peintres figuratifs. Engagé dans plusieurs mouvements révolutionnaires anti-fascistes, Pignon entre en Résistance au début du conflit. Après la guerre, comme l’auteur, il concilie activité artistique et combat politique. C’est à l’époque de sa série des Mineurs, qu’il travaillera pour Guillevic, comme quelques années auparavant Jean Dubuffet, le premier à avoir illustré un recueil du poète. L’Homme qui se ferme sera repris dans Gagner aux côtés d’autres textes, recueil dédié à Jean Marcenac. Critique et historien d’art, poète, Jean-Clarence Lambert fut le compagnon de route des peintres non figuratifs : il organisa nombre d’expositions, fut le directeur de collection de plusieurs publications dans ce domaine dont la collection du “Musée de poche” où Henri Lefebvre publia son étude sur Pignon. Lambert et Pignon figurent en outre au sommaire de la revue Médiations publiée aux Éditions de Minuit en 1962.

Demi-maroquin noir à bandes, plats ornés d’une composition abstraite réalisée à partir de papiers contrecollés, dos lisse, titre doré, tête dorée sur témoins, couv. et dos cons. (Reliure signée de Martin, 1956). Exemplaire de choix, admirablement relié.

N° 81

SACHA GUITRY

1 800 €

JEAN DE LA FONTAINE In-4 (296 x 235 mm) de 185 pp. Épreuves corrigées de la main de l’auteur. Très nombreux repentirs et notes autographes, de plusieurs niveaux de lecture. Avec cachets de l’imprimeur : « Impr. Coulouma / 23 juillet / épreuves ».

Créée au théâtre des Bouffes-Parisiens, le 17 décembre 1916, cette pièce fut comme l’antichambre des revirements amoureux que vécut Sacha Guitry à la même époque. Elle fut aussi celle qui lança la carrière d’Yvonne Printemps, future madame Guitry. Dans ses souvenirs, la secrétaire de l’auteur, raconte comment Charlotte Lysès, comédienne et alors mariée à Guitry su prévoir le désastre conjugual que provoqua cette rencontre : « Il avait besoin d’un Rossignol, pour son Jean de la Fontaine, d’une belle fille, parlant, jouant, et surtout chantant bien. C’est moi qui la lui ai trouvée. C’est moi qui lui ai présenté cette ravissante Yvonnne Printemps (…). Il a mis son Rossignol en cage… et moi, j’ai dû m’en aller, car je ne suis pas prêteuse, comme la fourmi. » Les répétitions comme les représentations de cette pièce se passèrent donc dans la trouble atmosphère d’une rupture : en 1918, Lysès divorçait de Guitry qui épousait l’année suivante, Yvonne Printemps. Or, comble du sort, la répartition des rôles fut un tableau vivant de la réalité : Jean de la Fontaine (Guitry) est entouré de sa femme (Lysès) et de sa maîtresse (Printemps). Sur la page du manuscrit original, l’auteur avait noté : « Je dédie à ma 59


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femme cette comédie parce qu’il y a heureusement entre elle et madame de La Fontaine la même distance qu’il y a hélas entre Jean de La Fontaine et moi. » Il faut d’autre part rappeler que cette évocation de l’auteur des Fables ne se veut pas une transcription fidèle de sa vie mais un portrait romancé : Guitry, qui abordait ici pour la première fois un sujet tiré de l’histoire, se défendra dans la presse d’avoir voulu faire œuvre de biographe. Deburau, écrit en 1918, appartient aussi à cette approche anecdotique et légère d’un personnage historique. L’auteur disait : « (…) ne soyez pas non plus historien “de profession”, alors que cela peut-être un merveilleux métier de raconter l’histoire. (…) L’histoire ne se raconte pas un livreà la main gauche, un crayon à la droite ! » (in S. Guitry, Théâtre, je t’adore).

En ff. sous chemise cartonnée et étui de demi-maroquin marine, grains longs, dos lisse, titre doré. Excellente condition.

Joint : SAC HA GU I TRY. JEAN DE LA FONTAINE. Pièce en 4 actes. Paris, Javal et Bourdeaux, 1930. In-4 (280 x 225 mm) de 185 pp. Édition originale. Un des ex. num. (n° 226) sur vélin (2e papier). Broché. Superbe état.

N° 82

GEORGES HU GN E T E T HA N S B E LLME R

6 000 €

ŒILLADES CISELÉES EN BRANCHES Paris, Jeanne Bucher, 1939. In-16 (133 x 95 mm) non paginé. Édition originale. Un des 200 ex. num. (n° 164) sur Rives.

Sous l’influence du surréalisme, Georges Hugnet composa deux de ses plus beaux recueils : Œillades… et La septième face du dé. Les textes d’Hugnet et les 24 dessins d’Hans Bellmer sont comme enchâssés dans un véritable écrin - rose et parfumé. L’auteur s’inspira du thème de la Poupée de Bellmer pour écrire ces textes ; les deux artistes ayant une prédilection pour les jouets et autres colifichets ont créé ici une atmosphère poétique et ludique d’un rare raffinement. Magnifiques compositions dans le texte de Bellmer, en couleur.

Broché. Non rogné, bel état.

N° 83

VICTOR HUGO

800 €

THÉÂTRE EN LIBERTÉ Prologue | La Grand-Mère | L’Épée | Mangeront-ils ? | Sur la lisière d’un bois | Les Gueux | Être aimé | La Forêt mouillée Paris, Hetzel & Quantin, 1886. Gr. in-8 (260 x 190 mm) de 320 pp. et 2 ff. Un des 20 ex. num. (n° 36) sur Hollande. Carteret, p. 428.

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TOUTE LA LYRE Paris, Hetzel & Quantin, 1888 à 1893. 3 tomes gr. in-8 (260 x 190 mm) de 327, 345 et 298 pp. Un de 20 ex. num. (n° 43) sur Hollande. Toute la lyre regroupe des poèmes rédigés entre 1854 et 1875, souvent délaissés, et ici réhabilités. Chacun est classé selon sept cordes, à laquelle vient s’ajouter « une corde d’airain ». Disparate, le recueil permet toutefois d’embrasser l’ensemble de l’univers poétique hugolien. Carteret, p. 430. EN VOYAGE - FRANCE ET BELGIQUE Paris, Hetzel & Quantin, 1892. Gr. in-8 (260 x 190 mm) de 312 pp. Un des 10 ex. num. (n° 22) sur Hollande (seulement 25 grands papiers). Carteret, p. 429. CORRESPONDANCE 1836 - 1882 Paris, Calmann Lévy, 1898. Gr. in-8 (260 x 190 mm) de 387 pp. Un des 25 ex. sur Hollande, non justifié. Carteret, p. 430. Demi-maroquin rouge sang à coins, triple filets à froid sur les plats, dos à nerfs orné d’un double caisson d’encadrement à froid, filets à froid, titre doré, date en pied, tête dorée. Beaux ex., grands de marge, dans une élégante reliure uniforme.

N° 84

JORIS-K ARL HU YSMA N S

600 €

LA CATHÉDRALE Paris, Stock, 1898. In-12 (192 x 120 mm) de [vi] - 488 pp. et 2 ff. Édition originale. Envoi signé :

« à M. Louis Gondarex / hommage de l’auteur / Huysmans »

Durtal, le protagoniste de Là-bas et d’En route reparaît une troisième fois dans ce roman. Prétexte aux monologues de l’auteur, il contemple la splendeur, le mystère et l’immensité de la cathédrale de Chartres. Depuis Notre-Dame-de-Paris, il n’est pas plus important tribut des vraies lettres à la gloire médiévale : « Elles sont surhumaines et vraiment divines les cathédrales, s’exclame Huysmans. Parties dans nos régions de la crypte romane, de la voûte tassée comme l’âme par l’humilité et par la peur, se courbant devant l’immense Majesté dont elles osaient à peine chanter les louanges, elles se sont familiarisées, les basiliques, elles ont faussé d’un élan le demi-cercle du cintre, l’ont allongé en forme d’amande, ont jailli, soulevant les toits, exhaussant les nefs, babillant en mille sculptures autour du chœur, lançant au ciel, ainsi que des prières, jets fous de leurs piles ! ». Là où Victor Hugo donnait à la cathédrale le rôle de décor, l’auteur lui confère d’être un lieu de grâce et d’édification, le centre d’études actif pour l’âme et pour l’esprit. Enfin, il a été avisé de conserver la forme du roman ; alors que les érudits seuls auraient cru devoir s’intéresser à une série d’études abstraites, tout le monde croira les comprendre en ce livre qui reste clair et accessible en tout.

Demi-chagrin glacé bordeaux, dos lisse, titre doré, couv. cons. Premier plat restauré. Carteret, I, 442 ; Talvart & Place, p. 316, n° 20.

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LE CHÂTEAU Paris, Gallimard, coll. “Du monde entier”, 1938. In-12 (191 x 123 mm) de 256 pp. et 1 f. Édition originale de la trad. française. Un des 70 ex. num. (n° 20) sur pur-fil (seul grand papier).

Lorsqu’on ne tient pas compte des dernières volontés… Une lettre de Kafka à son ami Max Brod accordant à celui-ci la responsablitié des éventuelles éditions posthumes de son œuvre, le pria ardemment de brûler la plupart de ses livres : « De tout ce que j’ai écrit, seuls les livres Verdict, Soutier, Métamorphose, Colonie pénitentiaire, Médecin de campagne, et le récit Un artiste de la faim sont valables ». Exceptée cette courte liste, le choix était sans appel. Cependant, Brod fit publier Le Château deux ans après la mort de l’auteur… Entrepris au printemps 1922, ce livre reste un de ses récits les plus achevés bien que l’écrivain s’en défendit : « Je sais bien qu’il n’existe que pour être écrit, non pour être lu ». Il n’en reste pas moins que l’univers fantastique du roman nous plonge au cœur d’un monde qui, avec celui du Procès, fondera le fameux univers “kafkaïen” : l’humanité toute entière semble à tout prix vouloir nier votre propre existence d’être humain. Et Kafka d’illustrer le propos en manipulant insidieusement le mensonge et la subversion, tout en déléguant à ses personnages la double fonction de victimes et de fauteurs de troubles.

Demi-maroquin vert à bandes, filets dorés sur les plats, titre doré, date en pied, couv. et dos cons. (Reliure signée de Laurenchet). Ex-libris tamponné au faux-titre.

N°86

FR ANZ K AFK A

400 €

L’AMÉRIQUE Paris, N.R.F., coll. “Du monde entier”, 1946. In-12 (188 x 120 mm) de 344 pp. Édition originale. Un des 105 ex. num. (n° 39) sur pur-fil (seul grand papier).

Amerika aurait pu être une des pièces majeures de l’œuvre de Franz Kafka. Hélas, elle demeure inachevée, comme beaucoup de ses livres. Débutée avant 1913, date de la publication sous forme de nouvelle du premier chapitre, Le Chauffeur, la rédaction de ce « roman américain » semblait enchanter son auteur. Il y travaillait tous les jours, souvent tard dans la nuit. Parvenu au dernier chapitre, il s’interrompit brusquement, sans raison apparente. Selon ses propres dires, cette dernière partie devait constituer une sorte d’apothéose, une fin heureuse tout à fait inhabituelle dans son œuvre. Karl, héros du roman, devait, à l’inverse des personnages du Château (cf. n° précédent) et du Procès, trouver à la fin du récit un lieu où s’incarnerait son aspiration au bonheur, à la justice et à la compréhension mutuelle.

Broché. Excellente condition.

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PIERRE KLOSSOWSK I

500 €

ROBERTE CE SOIR Paris, Minuit, 1953. In-12 (186 x 119 mm) de 144 pp. Édition originale, un des 1500 ex. num. (n° 660) sur vélin supérieur Ghaldwill (2e papier après 50 ex. sur Chiffon), avec 4 compositions hors texte de l’auteur (seul le tirage de tête en comprend 6). Envoi signé :

« Ad usum Jean Paulhan, janvier MCMLIV, Pierre Klossowski »

Roberte, c’est une figure, un fétiche c’est Roberte comme « signe unique » disait Klossowski. Manipulée en tous sens, outragée, trahie, donnée aux amis pour mieux revenir à son pervers d’époux, elle pourrait s’apparenter à une Justine moderne si elle était candide et animée de bons sentiments. Mais Roberte n’est rien de cela : plus perverse encore que son mari, elle dissimule au monde son essence, se prend pour un esprit pur et jouit secrètement des outrages qu’elle subit. Dès la préface des Lois de l’hospitalité, Klossowski jette le soupçon sur elle en évoquant la « conspiration [qui] se trame sous l’épiderme de Roberte ». Il s’agit d’une conspiration du silence. Ainsi ce n’est pas tant l’outrage fait à son corps violenté qui appelle une réaction du lecteur, que l’outrage fait à la langue et au silence. Il s’agit de faire parler ce corps au dépens de son esprit car « comment serait-il si délicieux sinon en vertu de la parole qu’il cèle ? ». Les dessins de Klossowski transposent quant à eux les épisodes du livre, ils mettent le réel au même plan que la fiction. On assiste au dévoilement de Roberte montrée sous une apparence qu’elle feint de démentir. Ses agresseurs ne sont pas ici pour jouir d’elle mais pour opérer ce dévoilement dont ils sont les instruments. Ainsi « le colosse », esprit pur dans le texte, grise silhouette dans le dessin, pétrit la chair, cet « inviolable silence » de Roberte, tandis que le « cafard » sert de piédestal à son corps déséquilibré. Klossowski force là un aveu silencieux que seule la posture du corps révèle, quand les mains de Roberte, écrasant les yeux et la bouche de ses agresseurs, le désavouent et en désignent l’indicible. (Émilie Cappella, Sous l’épiderme de Roberte).

Broché. Bel exemplaire.

N° 88

ALPHONSE DE L A MA RTI N E

700 €

JOCELYN Journal trouvé chez un curé de village Paris, Librairie de Charles Gosselin, 1836. 2 vol. in-8 (220 x 138 mm) de 8 ff., 322 et 328 pp. Joint : billet autographe de l’auteur, « La Cie des Chemins de fer (…) etc. / Lamartine ».

« Jocelyn est un homme sensible et passionné que des circonstanes et des vertus jettent dans le sanctuaire, et qui devient curé de village. » Comme Lamartine en avertit son lecteur, ce texte est « un fragment d’épopée intime » qui doit « (…) être lu comme cela fut écrit. C’est un rêve d’un cœur de seize ans ». À ce « rêve », l’auteur travaillera pendant quatre ans et ce qui ne devait être qu’un pœmetto de deux chants devint une épopée qui en compte sept, composés de plusieurs milliers de vers, « demain je termine la copie de huit mille vers que j’ai promis à Gosselin », annonce-t-il à un ami le 14 novembre 1835. Enfin achevée, succède à la tâche d’écrire celle, dirait-on aujourd’hui, de promouvoir. Lamartine s’y attelle avec beaucoup d’ardeur, touchant nombre de critiques et d’influents personnages, mais sans se douter

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du succès qui allait survenir à quelques jours seulement de la sortie en librairie : « Jocelyn (…) a fait son trou plus large que je ne croyais. C’est une fureur, une rage. Cela passe les Premières Méditations en succès unanime. Cela se lit dans les cours de tous les professeurs, dans les collèges, et cela s’en va par milliers d’exemplaires » (lettre à Virieu) ; « Jocelyn triomphe d’heure en heure dans le cœur des femmes » confie-til encore à Sainte-Beuve) et, à Cazalès : « Je passe mon temps (…) à répondre à des billets parfumés ». Enfin, la gloire appportant avec elle l’argent, il écrit à un autre : « Mon poème a un succès inouï. C’est magnifique ! Je ne m’y attendais pas ! Mon libraire me dit que je gagnerai 400.000 francs ! »

Broché, rares piqûres dans le texte sinon bel état. Carteret, II, p. 24 ; Vicaire, IV, 976 ; Talvart & Place, p. 34, n° 19.

N° 89

PAUL LÉAUTAU D

1 200 €

LE PETIT AMI Paris, Mercure de France, 1903. In-12 (183 x 115 mm) de 208 pp. et 4 ff. Édition originale. Premier tirage avec l’adresse de la rue de l’Échaudé.

À contrepied des écrivains décadents et loin de la figure de misanthrope qu’il concourut à se forger au travers de son Journal, Paul Léautaud apparaît ici tel un homme goûtant pleinement les charmes de la vie parisienne. Autobiographique, le récit eut pu s’intituler Le Petit amoral, tant certaines confidences, en plus d’une grande liberté de ton, frisent parfois l’impudicité. En sybarite, Léautaud rend compte d’une existence davantage tournée vers les plaisirs qu’à l’exercice d’une activité tout aussi professionnelle que littéraire. Avec tendresse et ironie, il esquisse le portrait de la bohème de l’époque, sorte de transposition littéraire du Paris interlope s’affichant sur les toiles de Lautrec. Non sans nostalgie, il évoque son enfance, sa jeunesse, ce Paris révolu. Se refusant à faire montre de tristesse - tristesse qui malgré tout traverse de part en part ces mémoires, certaines blessures semblent d’ailleurs être demeurées plaies béantes - le récit demeure teinté de finesse et de légèreté. Cependant obombrées par une appréciable propension au sarcasme, ayant pour effet une cinglante et ironique distanciation de l’écrivain.

Demi-chagrin cerise à coins, double filet doré sur les plats, dos à nerfs orné de filets à froid, titre doré, date en pied, tête dorée, couv. et dos cons. Bel exemplaire. Talvart & Place, XII, p. 8, n° 1.

N° 90

PAUL LÉAUTAU D

1 200 €

JOURNAL LITTÉRAIRE (1893 - 1956) Paris, Mercure de France, 1954 - 1966. 19 vol. in-8 (214 x 143 mm). Édition originale. Un des 300 ex. num. (n° 292) sur Rives (2e papier après 30 Madagascar).

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L’atypique « ermite de Fontenay aux Roses » fut secrétaire de rédaction au Mercure de France de 1908 à 1941. Dès 1893, il commence à tenir son journal dans lequel il décrit ses contemporains et la société. Et il le fait sans complaisance : « C’est le juge impitoyable, l’entrepreneur en démolition quasi systématique, le destructeur de renommée, le concierge des Lettres ou son Attila. Où Léautaud passe, l’écrivain trépasse » dit-on de lui. Figurent dans le Journal une galerie de portraits de ceux qui fréquentèrent le Mercure de France : Vallette, son directeur et Rachilde l’épouse de celui-ci, Gide, Valéry, Duhamel, Apollinaire (qu’il fut le premier à publier) etc. Sa vie elle–même est passée au crible et au-delà de l’œuvre historique, transparaît l’œuvre autobiographique : son but n’était pas de faire de la littérature, mais de transformer ce qu’il vivait en matière littéraire : « Qu’est-ce qu’un homme qui tient un journal ? Un bavard, un collectionneur de propos, d’anecdotes. Cela ne requiert aucun talent. Rien d’un créateur. Autant dire un zéro » déclarait-il. Somme toute, ce Journal est un régal d’humour et de verve tenu par la plume d’un anti-conformiste solitaire et célibataire, amis des bêtes. Ses interminables récits de ses amours avec Anne Cayssac ou Marie Dormoy constituent des récits si crus que Paul Léautaud décida de les extraire du Journal Littéraire pour en faire un Journal particulier.

Brochés. Superbe état.

N° 91

G ASTON LEROU X

600 €

LE MYSTÈRE DE LA CHAMBRE JAUNE Paris, Pierre Lafitte & Cie, 1908. In-12 (188 x 118 mm) de 452 pp. Édition originale. Frontispice par Simont. Belle couverture illustrée.

L’intrigue de ce roman est telle que le lecteur ne pourra faire autrement qu’en poursuivre fiévreusement la lecture, tant son désir de connaître le dénouement sera immense. Chroniqueur judiciaire dès 1890, Gaston Leroux donna avec Le Mystère de la chambre jaune au roman policier naissant ses lettres de noblesse. En digne rival de Sherlock Holmes, Rouletabille est en prise avec ce qui ressemble au crime parfait. Son intelligence déductive annonce les prémices du journalisme d’investigation et permettra de faire toute la lumière sur ce meurtre perpétré dans une pièce hermétiquement close et fermée de l’intérieur lors de la découverte du corps. Si ce roman demeure le plus populaire de Leroux, il apparaît aussi comme le plus abouti. L’intrigue est élaborée avec rigueur et s’avère d’une rare ingéniosité. À cet égard, le succès est immédiat et ne se démentira jamais ; le texte connaîtra de nombreuses adaptations au théâtre et au cinéma.

Demi-maroquin vert-empire à la bradel, dos lisse, titre doré, couv. cons. Bel exemplaire. Rare.

N° 92

JACK LONDON

500 €

LE VAGABOND DES ÉTOILES Paris, Les Éd. G. Crès et Cie, 1925. In-12 (189 x 131 mm) de 288 pp. Édition originale de la traduction française. Un des 75 ex. num. (n° 23) sur pur-fil (seul papier, dont 15 hors-commerce).

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On a pour habitude de cantonner l’auteur de Croc-Blanc et de L’Appel de la forêt au rayon jeunesse mais Jack London a une œuvre beaucoup plus vaste, remplie de textes au discours politique subversif où des influences socialistes, anarchistes et individualistes s’unissent pour condamner le capitalisme sauvage. Cet auteur, parmi les grands écrivains américains les plus mal traduits, utilise un style direct, sans fioritures mais aussi très poétique, voire romantique. Avec Mark Twain, il est un des premiers à avoir utilisé le langage populaire parlé comme le feront Crane ou Hemingway. Ce roman fut rédigé à partir du témoignage d’un prisonnier de St Quentin en Californie. Le condamné à mort, prisonnier de sa camisole de force, laisse son esprit s’évader et prendre corps dans des périodes différentes de l’Histoire. Mystique, Jack London ? Fils naturel d’un astrologue et d’une spirite, il rejeta durant toute sa vie l’idée de l’au-delà. Il l’évoquait pourtant dans certains de ses romans comme celui-ci, considéré à la fois comme un plaidoyer en faveur du spiritualisme et comme son dernier acte de militant socialiste. L’impact du Vagabond des étoiles fut tel qu’il incita une réforme des prisons californiennes.

Broché. À grandes marges. Excellente condition.

N° 93

ANDRÉ MALR AU X

2 500 €

LA TENTATION DE L’OCCIDENT Paris, Bernard Grasset, 1926. In-12 (187 x 125 mm) de 205 pp. et 1 f. Édition originale. Un des 8 ex. sur Japon (2e papier après 5 ex. sur Chine).

Composé à la hâte pour sortir en même temps que Défense de l’Occident du maurassien Henri Massis et surtout lui opposer une vision radicalement opposée, cet ouvrage connut un succès plus que mitigé. Il semble devoir beaucoup à l’influence du philosophe allemand Oswald Spengler, qui avait publié en 1918 Le Déclin de l’Occident (philosophie de la décadence déclarant qu’il en est de la mort d’une culture comme de celle de n’importe quelle autre forme vivante), que Clara, la première femme d’André Malraux, fit découvrir à son mari lors d’un voyage à Berlin en 1921.

Broché, sous étui-chemise plein papier, titre doré. Bel exemplaire, rare en grand papier.

N° 94

ANDRÉ MALR AU X

1 200 €

HÔTES DE PASSAGE Paris, Gallimard, 1975. In-8 (197 x 124 mm) de 235 pp. Édition originale. Un des 120 premiers ex. num. (n° 80) sur Hollande.

Peu avant sa mort, Malraux agença pour Le Miroir des limbes une collection d’œuvres parues séparément dont Hôtes de passage. Ce texte, publié un an plus tôt, devait former le tome II des Antimémoires dont Le Miroir des limbes n’était qu’une partie. Les trois chapitres d’Hôtes de passage suivent une chronologie singulière, liée aux événements et aux rencontres que fit l’auteur lors de leur

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rédaction : d’abord à Dakar et en Casamance, en 1966, puis cette même année, Malraux perdant son ami Georges Salles se souvient de la visite de madame Khodari-Pacha ; enfin, l’auteur nous plonge dans l’actualité de mai 68.

Plein maroquin janséniste lie-de-vin, dos lisse, titre doré, date en pied, toutes tranches dorées, filet d’encadrement intérieur doré, couv. et dos cons., étui cartonné, bordé. (Reliure signée de Miguet).

N° 95

F. MARION C R AW FORD E T MA RC E L SC HWOB

600 €

FRANCESCA DA RIMINI Paris, Librairie Charpentier et Fasquelle, 1902. Pet. in-8 (212 x 138 mm) de 140 pp. Édition originale. Un des ex. sur Japon d’un tirage non précisé, imprimé spécialement « pour Madame E. Fasquelle » (mention manuscrite de son mari). Envoi signé :

« à madame Eugène Fasquelle / hommage respectueux des auteurs / F. Marion Crawford / Marcel Schwob »

Inspirée du 5ème chant de L’Enfer de Dante, cette adaptation théâtrale relate les amours tragiques de Paolo Malatesta et de Francesca da Rimini, tous deux assassinés par l’époux de celle-ci. Commandée par Sarah Bernhardt, Marion Crawford loua la traduction qu’en fit Schwob, son style n’ayant fait que réhausser la dimension funeste de cette passion médiévale, inspirant à Franseco Léoni un opéra.

Plein cartonnage moiré, dos lisse, pièce de titre de maroquin havane orné de filets dorés, titre doré, tête dorée. À grandes marges. Bel exemplaire.

N° 96

FILIPPO TOMMASO MA RI N E TTI

1 400 €

LES MOTS EN LIBERTÉ FUTURISTES Milano, Edizioni Futuriste di Pœsia, 1919. In-12 (193 x 123 mm) de 107 pp. Édition originale. Quatre planches dépliantes offrent des exemples typographiques percutants de ce que Marinetti proposait comme une rénovation totale du lyrisme.

Ce livre-manifeste de la poésie visuelle futuriste où l’écriture-sismographe traduit dans la vitesse et la « verbalisation abstraite » l’expérience sensible du poète éveillé, ne fut pas sans irriter André Breton qui déclara une fois pour toute son inanité : « il faut être le dernier des primaires pour accorder quelque attention à la théorie futuriste des Mots en liberté, fondée sur la croyance enfantine à l’existence réelle et indépendante des mots » (in Légitime défense).

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Broché. Excellent état. The Avant-Garde in Print, 1.3 ; Centre Pompidou, Exposition Dada, n° 1261 ; Andel, AvantGarde Page Design, n° 105.

N° 97

De la bibliothèque d’André Breton

3 000 €

PIERRE DE MASSOT ÉTIENNE MARCEL, PRÉVÔT DES MARCHANDS S.l.n.é., 1927. In-12 carré (168 x 148 mm) de 34 pp. Édition originale. Tirage unique à 200 ex. non num. sur vergé. Le coffret renferme, sous une plaque de plexiglas amovible, 5 feuillets manuscrits de l’auteur. Travail propédeutique qu’il utilisera lors de la rédaction finale de sa monographie, ces feuillets constituant les 10 dernières pages de son étude. Envoi signé :

« lolita darling, / cette statue de bronze où / j’espère un soir retrouver ma chair / love / Pierre / 27 »

Premier historien du mouvement Dada avec De Mallarmé à 391, paru en 1922, Pierre de Massot a signé deux portraits historiques « bien peu conventionnels » selon les spécialistes, Saint-Just en 1925 et Étienne Marcel. Sa rencontre avec André Breton fut stricto sensu fracassante : lors de la Soirée du Cœur à barbe où Massot jouait un rôle dans la pièce de Francis Picabia, Cœur à Gaz, les futurs surréalistes déclenchèrent une rixe à leur manière, Massot s’en sortit avec un bras cassé par André Breton. Première rencontre… Il n’en rejoindra pas moins le mouvement surréaliste quelques années plus tard et consacrera, sur le tard, en 1967, un texte à son chef de file : André Breton ou le septembriseur. L’auteur précise que ce livre a été refusé par trois éditeurs : Léon Pierre-Quint, Jean Paulhan et Benjamin Crémieux et expliquera en 1930 dans Prolégomènes à une éthique… que « Les essais (…) publiés en 1925, sur Saint-Just et en 1927, sur Étienne Marcel, paraîtront quelque jour réunis en un seul volume avec un troisième sur Dzerjinsky, sous le titre : Un seul Diable en trois personnes (…) [Seul] un fragment de Dzerjinsky aura paru dans La Révolution surréaliste en 1926 ».

Cousu, présenté sous un élégant coffret de pleine percaline doublé de velours, dos lisse, titre doré. Quelques très rares piqûres dans le texte. Très bel ensemble. André Gervais, Paul B. Franklin & Gérard Pfi fisster : Bibliographie de Pierre de Massot.

N° 98

GUY DE MAU PASSA N T CONTES DE LA BÉCASSE Paris, Rouveyre et Blond, 1883. In-12 (178 x 118 mm) de 298 pp. et 1 f.

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3 500 €


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Édition originale. Envoi signé :

« à monsieur Frère / cordial hommage / de Maupassant » Les Contes de la bécasse parurent le 5 décembre 1882, dans le journal Le Gaulois. Chaque automne, un vieux chasseur régalait ses amis de bécasses. Les têtes de ces délicieux oiseaux étaient données à un seul convive désigné par le sort. Et ce dernier, pour dédommager les autres, devait raconter une histoire. Les seize nouvelles de ce recueil se situent presque toutes en Normandie. Ses paysans chasseurs, ses aristocrates, sa rempailleuse, ses pêcheurs sont saisis sur le vif dans leur vie quotidienne. La folie de la femme qui a perdu toute sa famille, l’avarice sordide de la maîtresse du petit chien, la triste vieillesse des danseurs de menuet, la revanche de l’épouse bafouée, Maupassant voit tout dans les détails les plus poignants. Sans aucun doute le meilleur de ses recueils de contes. Normand comme l’auteur, Édouard Frère, libraire-éditeur à Rouen fut un bibliographe passionné qui, à l’exemple de Brunet, fit paraître un Manuel du bibliographe normand de référence. Il publia aussi un essai sur le poète Louis Bouilhet.

Demi-maroquin havane à coins, dos à nerfs orné de filets à froid, titre doré, date en pied, tête dorée, couv. cons. Exemplaire avec la bonne couv. Excellente condition. Carteret, II, p. 112 ; Vicaire, V, 109.

N° 99

ANDRÉ MAU ROI S

900 €

LE PESEUR D’ÂMES Paris, Antoine Roche, 1931. In-4 (292 x 232 mm) de 117 pp. et 8 pl. Édition originale. Un des 294 ex. num. (n° 122) sur vélin (d’un tirage total à 366 ex.). Illustré de 9 dessins en couleur de Francis Picabia (faisant partie de la série des Transparences), imprimés par Daniel Jacomet.

Production unique dans l’œuvre d’André Maurois, Le Peseur d’âmes est une nouvelle d’anticipation, presque fantastique. La rencontre avec Picabia n’en donne que davantage d’étrangeté et de beauté au texte : les superpositions de têtes, de jambes, de seins et de papillons de ces lithographies manifestent en effet les vapeurs des morts recueillies par le médecin de ce conte étrange. Quant au poids de l’âme…

Broché, sous étui éditeur, souvent manquant. Splendides compositions au pochoir, très légers frottements épars à l’étui-chemise, sinon parfait état. Monod, 7970 ; Skira, 285.

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ANDRÉ MAU ROI S

300 €

L’AMÉRIQUE INATTENDUE Paris, Éditions Mornay, 1931. In-12 (193 x 136 mm) de 2 ff., 186 pp. et 2 ff. Édition originale. Un des 72 premiers ex. num. (n° 1) sur Japon. Portrait de l’auteur en frontispice par Berthold Mahn.

En 1930, à l’occasion d’une chaire de littérature qu’on lui offre en Amérique, André Maurois part à Princeton, New Jersey, pour quelques mois. Ce voyage sera pour lui le moyen de donner aux Français une nouvelle vision de l’Amérique. L’agitation, la suprématie de l’argent, la violence, autant d’idées reçues que l’auteur renouvelle. Cet ouvrage est la réunion de plusieurs articles parus dans des journaux et revues à son retour. Dans l’introduction, Maurois cite Burke, qui en 1793, parlant de la France aux Anglais disait qu’ « On ne peut condamner une nation toute entière » ; et l’auteur de poursuivre en glorifiant son expérience personnelle : « Quand cette nation est jeune, vivante et ne demande qu’à nous connaître mieux, ne vous semble t-il pas plus humain et plus sage d’essayer de la comprendre que de la condamner ? »

Broché. Parfait état de neuf.

N° 101

HENRI MICHAU X

600 €

MES PROPRIÉTÉS Paris, J.-O. Fourcade, 1929. In-12 carré (193 x 143 mm) de 133 pp. Édition originale. Un des 250 ex. num. (n° 57) sur Hollande (2e papier).

Quatre ans après la publication de Mes propriétés, Michaux revient et insiste sur la fonction thérapeutique qu’opéra sur lui ce recueil, « Écrit par hygiène, pour [s]a santé ». Catharsis expiatoire, relevant - du point de vue littéraire - de l’émanation d’un éclat nerveux, involontaire, incontrôlé, plutôt que d’une construction consciente. Cette fiévreuse traversée des frontières corporelle, spirituelle, mais aussi formelle concourt à faire de la langue « non pas l’instrument d’un salut ou d’une prophétie, mais une sauvegarde. Une exploration des tumultes de l’imaginaire, une prospection des profondeurs de l’inconscient. Une activité extraordinaire et banale ». Michaux, déclarant que quiconque aurait pu écrire ce texte, formule ainsi au lecteur une invitation à effectuer sur soi un trajet identique à celui qu’il opère par rapport à lui-même. Travail de la conscience confrontée à tout ce qui, plus fort qu’elle, l’innerve, la nourrit, la meurtrit, la contredit, la détruit. Il explore ainsi une possibilité salubre, parfois allègre, et forcément désespérée : l’épopée individuelle.

Broché. Très bel exemplaire.

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HENRI MICHAU X

800 €

NOUS DEUX ENCORE Paris, J. Lambert & Cie, 1948. In-12 (186 x 120 mm) de 23 pp. et 3 ff. Édition originale. Un des 750 ex. num. (n° 213) sur vélin crèvecœur du Marais (seul papier).

Inspiré par la mort de sa femme, ce texte élégiaque sonne comme la dernière lettre d’amour d’Henri Michaux à Marie-Louise : « Lou, je parle une langue morte, maintenant que je ne te parle plus. (…) Aride, ma vie reprend. Mais je ne me reviens pas. Mon corps demeure en ton corps délicieux et des antennes plumeuses en ma poitrine me font souffrir du vent du retrait. Celle qui n’est plus, prend, et son absence dévorante me mange et m’envahit. » Ce bouleversant adieu fut écrit pour quelques amis et publié par le plus fraternel d’entre eux, Jacques-Olivier Fourcade, alias J. Lambert. Ce benjamin des libraires-éditeurs français publia Mes propriétés (cf. n° précédent) en 1929, fit faillite mais, par amitié pour Michaux, renoua avec l’édition après-guerre sous ce pseudonyme.

Broché. État de neuf.

N° 103

JULES MICHE LE T

1 800 €

INTRODUCTION À L’HISTOIRE UNIVERSELLE Paris, Hachette, 1831. In-8 étroit (230 x 144 mm) de 152 pp. Édition originale. Envoi signé :

« 18 avril 1831 / offert par l’auteur à monsieur de Férussac »

Rédigée au lendemain de la Révolution, ce livre développe ici une vision très personnelle de l’histoire, toute entière axée autour de l’idée d’un combat permanent entre liberté et fatalité. Faisant montre d’un libéralisme tant politique que philosophique, il considère que Christianisme, Réforme et Révolution sont les trois étapes capitales de l’Homme dans sa conquête de liberté. En philosophe de l’histoire, celui qui n’était encore que maître de conférences à l’École Normale célèbre l’éclosion de la nation perçue telle une unité autonome, centrée sur elle-même. À la monarchie de droit divin depuis peu balayée - et, avec elle, la figure centrale d’un roi transcendant et incarné - se substitue à présent un centre immanent et non matériel, porteur de modifications politiques et de mutations sociales. C’est précisément ce que tente de figurer l’auteur, dont Balzac dénonçait l’insuffisance dans Le Médecin de campagne ou La Peau de chagrin. Le baron de Férussac, fils d’un naturaliste distingué, fit lui-même une brillante carrière à l’Académie des sciences, Il est l’auteur d’ouvrages spécialisés sur les mollusques. Dans un soucis de rassembler les savants d’Europe et du monde il fonda le Bulletin universel des Sciences et de l’Industrie. Férussac mourut à Paris, cinq ans après la date de l’envoi.

Broché, étui-chemise de demi-box noir, dos lisse orné de double filets dorés, titre doré. État d’usage, sans défauts majeurs.

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ROGER NIMI E R

2 000 €

LE HUSSARD BLEU Paris, Gallimard, 1950. Gr. in-12 (212 x 143 mm) de 334 pp. Édition originale. Un des 48 premiers ex. num. (n° XXXIII) sur Lafuma.

Un des chefs-d’œuvre de Roger Nimier, ce roman sera jugé « épatant » par le redoutable Céline : « Je me marre dès la première page et, à la vingtième j’arrête plus ! Voilà un roman comme je les aime en direct et savant quand même oh subtil habile roublard… sensible - oh lala je désopile ! » (Céline, lettre à l’auteur, 15 oct. 1950). À l’époque de cette publication, Nimier dirige l’hebdomadaire Opéra, et fréquente le Tout-Paris littéraire et mondain. Au même titre qu’Antoine Blondin, Michel Déon, Jacques Laurent ou encore Félicien Marceau, l’auteur appartient à cette génération d’écrivains que Bernard Frank fédèrera dans Les Temps modernes sous la bannière de « Hussards ». Les jeunes gens se réclament de Marcel Aymé, Céline, Montherlant, Giono, Morand et Chardonne. Le milieu littéraire gauchisant, l’écriture de recherche lancée par Sarraute ou Blanchot représentent tout ce qu’ils abhorrent.

Broché. Bel exemplaire. Prière d’insérer cons.

N° 105

CHARLES NODI E R

1 400 €

SOUVENIRS DE JEUNESSE Paris, Librairie d’Eugène Renduel, 1834. In-8 carré (223 x 186 mm) de xviii, 377 pp. et 1 f. Édition originale collective. Ex. [unique ?] imprimé sur papier de Chine. Aucun ex. sur grand papier n’est annoncé pour cette édition. Une note manuscrite en tête de l’exemplaire indique « exemplaire unique sur Chine spécialement, tiré pour Eugène Renduel. » Montée en tête, une lettre autographe signée : « Mon cher ami / Je t’ai déjà ennuyé une fois pour un / jeune soldat de mon pays qui demandait / un semestre. – Tu as eu la bonté de le lui / faire obtenir, et aujourd’hui j’ai encore / recours à toi pour prolonger son congé (…). / Je te remercie d’avance de tout ce que tu / feras pour lui, et je te demande pardon / de t’occuper si souvent de mes protégés. / Tout à toi de cœur / Charles Nodier ».

L’évocation de ses souvenirs, est pour Charles Nodier l’occasion de « retourner par la pensée aux charmantes illusions » (préface) d’antan. Ces mémoires du Maître (terme plus qu’élogieux lorsqu’il vient d’Hugo lui-même), où se mêlent « roman, histoire et érudition - se prêtant mutuellement leurs ressources » revêtent un indéniable aspect onirique ; leur auteur se fondant ainsi avec délice dans une douceur qu’il ne saurait comparer à nulle autre. Larousse, dans son dictionnaire, relève qu’on ne connaissait aucun ennemi à l’écrivain. À cet égard, celui-ci confesse qu’il n’accomplissait son art que dans l’intention de se faire aimer. Sainte-Beuve le considérait d’ailleurs comme « le plus excentrique et le plus malicieux des inventeurs ».

Bel exemplaire, à grandes marges. Vicaire, VI, 177 ; Carteret, I, p. 231 (pour les Œuvres complètes) ; Clouzot, 226 ; Quérard, VI, 428.

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MARCEL PAGN OL

800 €

TOPAZE Paris, Fasquelle, 1930. Gr. in-8 (228 x 168 mm) de 284 pp. Édition originale. Un des ex. sur Japon impérial d’un tirage non précisé.

Le 9 octobre 1928, Topaze triomphe au Théâtre des Variétés. « En 1927, le Théâtre des Arts (…) jouait toujours ma seconde pièce, Jazz, et le Théâtre Guild, de New York, venait d’acheter les droits des Marchands de gloire. J’avais devant moi un capital qui représentait cinq ans d’enseignement à Condorcet. Je demandai donc un congé qui me fut accordé, je décidai de vivre en ermite, et de travailler dix heures par jour pour le théâtre : c’était le moment ou jamais. » C’est dans ces conditions favorables et abandonnant son poste de professeur d’anglais, que Pagnol écrivit ce chef-d’œuvre et qu’il trouva en la personne d’André Antoine son plus solide promotteur. Ce dernier, en effet, l’envoya chez Max Maurey, directeur des Variétés où la pièce fut montée ; Pagnol, qui avait d’abord adressé son manuscrit à plusieurs directeurs de théâtre sur les conseils de M. Compère, directeur d’une entreprise de copie, s’offrit le luxe, qui n’en était pas moins un dilemne, de choisir, puisque tous voulaient sa pièce. Antoine trancha pour lui, en homme de théâtre très avisé qu’il était. Qui est Topaze ? Un instituteur, pur et savant entraîné sans y rien comprendre dans de louches combinaisons et qui finira par y prendre part : « On dit parfois que le personnage de Topaze m’avait été inspiré par mon père. Ce n’est pas tout à fait vrai. En réalité, je l’ai inventé, d’après les conversations que j’ai entendues dans mon enfance entre mon père et ses amis. » (in préface).

Broché. Très bel exemplaire.

N° 107

JE AN PAULHA N

1 200 €

BRAQUE LE PATRON Genève, Les Trois collines, 1946. In-8 (247 x 192 mm) de 171 pp. + tables des textes et des reproductions. Édition originale. Envoi signé :

« pour Nush et Paul, qu’embrasse Jean P., ce 26 sept. 46 “L’histoire des arts offre une suite d’erreurs incroyables, qui viennent d’avoir cherché à faire beau.” »

Dans Paris occupé, à l’automne 1943, a lieu une importante rétrospective Georges Braque. Dans la foule des visiteurs, Jean Paulhan, ami du peintre et qui écrit sur son œuvre depuis 1942. Pour Paulhan, il existe une « Beauté moderne, près de laquelle pâlit la Beauté des Primitifs et celle des Classiques ». Et, si Georges Braque est le « Patron de la Peinture Moderne », c’est qu’il donne de cette peinture « l’idée la plus aiguë à la fois et la plus nourricière ». Les fragments qu’il écrit alors sur le peintre formeront en 1946, Braque le patron où des réflexions sur la peinture, le cubisme précèdent des propos du peintre recueillis « sur place ». Texte émouvant où l’auteur cherche à « être fidèle » à son ami et « tant pis, dit-il, si j’ai l’air sot. » De son œuvre « à tout instant étrangement pleine et suffisante », Paulhan cherche le secret mais « sitôt que je veux [le] nommer, dit-il, (…) voici ce que je trouve : c’est que Braque propose aux citrons, aux poissons grillés et aux nappes, inlassablement, ce qu’ils attendaient d’être.

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Ce après quoi ils soupiraient : leur spectre familier. » Pour l’auteur, les « cubistes ne craignaient pas, s’il le fallait, d’accueillir dans leur toile la mouche même, ou le journal. L’on nous disait jadis que l’art, c’est la nature vue à travers un tempérament. » Jean Paulhan rencontra Éluard en 1918, après avoir lu les Poèmes pour la paix qui devaient définitement le rallier à sa poésie. Leurs relations furent alors d’une grande richesse, comme en témoigne Paul Éluard & Jean Paulhan, étude publiée par les éditions Claire Paulhan en 2003. Notons enfin, que deux mois presque jours pour jours séparent cet envoi de la mort brutale de Nusch Éluard, l’épouse du poète.

Broché. Bon état.

N° 108

JE AN PAULHA N

800 €

LETTRE AU MÉDECIN S.l., s.é. [Pierre Bettencourt], coll. “L’Air du Temps”, s.d. [1949]. In-8 (194 x 123 mm) de 43 pp. et 1 f. Édition originale. Un des 50 ex. num. (n° 222) d’auteur sur Arches d’un tirage total à 250 ex. Envoi signé :

« oui, l’A. A. est très bien / Très amicalement / Jean Paulhan »

En exergue, avant le faux-titre, comme pour tous les ouvrages de la collection “L’Air du temps”, est mentionnée la date de naissance de l’auteur : Jean Paulhan, né en 1896. Or, Paulhan est né à Nîmes en 1884. Sur le présent exemplaire, la date est biffée et Paulhan a ajouté la mention « exagéré » ainsi que ses initiales.

Paru en 1930 dans le n° 2 de la revue Échanges, ce texte est publié en volume « pour la fine fleur des amis » de Jean Paulhan et cette épigraphe souligne à quel point son sens n’est immédiatement accessible qu’à une petite chapelle de happy-few. Pour l’éclairer, il convient de rappeler que cette lettre est répertoriée dans les contes et récits de Paulhan et que ceux-ci ont une fonction bien précise : attirer l’attention sur des évènements inaperçus qui s’avèrent complexes. Ici, il s’agit de signaler au praticien « quelques habitudes du corps » de son patient qui pourrait expliquer ses furoncles récurrents : « Je crois éprouver parfois que plusieurs gouttes de sang perdent en moi leur chemin, s’écartent et font une sorte de lac. Je reconnais l’endroit à l’embarras qui s’y produit. J’entends, avec l’oreille du dedans, une inquiétude s’y poser ». « Une inquiétude », dit-il, avouant l’origine psychosomatique de ses symptômes : « Dans la santé, je me sens fragile. (…) Certes, je ne doute pas de découvrir un jour la pensée qui m’assurera à tout instant le ravissement, l’absence d’ennui, mais tant qu’elle ne sera pas là, il faut bien avouer que la maladie, la fatigue ou la fièvre en tiennent, peu s’en faut, la place. » Pareille complexité désarmante explique la réponse du médecin : « puisque vous vous arrangez si bien de vos furoncles, le plus sage est de les garder » ! L’ouvrage provient de la bibliothèque de Jacques Brenner ; dans son envoi, Paulhan note « A. A. », faisant référence à l’Antonin Artaud de Brenner.

Broché. Excellente condition. Les Désordres de la mémoire, n° 191, p. 104.

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700 €

De la bibliothèque d’André Breton

JE AN PAULHA N LES CAUSES CÉLÈBRES Paris, Gallimard, 1950. In-12 (188 x 123 mm) de 131 pp. Édition originale collective. Un des ex. imprimés du service de presse. Envoi signé : « “si je te parle à l’envers, c’est / pour que tu comprennes mieux” (proverbes)

pour André Breton / avec l’affection de Jean Paulhan / 28.2.1950 »

C’est dans le Manuel de Physique à l’usage des Gens du monde (Paris, 1783) que Jean Paulhan est allé dénicher son titre et l’organisation des courtes nouvelles qui composent le recueil : 1° exposé de la cause, 2° le processus, 3° l’effet d’apparence paradoxale ; l’ensemble sous la contrainte d’une même longueur (2 pages) pour chacun des récits, « cernés par un trait sans défaut, et en même temps curieusement ouverts sur l’allusion et l’équivoque » (Gaëtan Picon, in prière d’insérer). La densité et la brièveté en résultent : Paulhan a fait de la « note » un genre personnel, avec, comme souvent dans ses envois, la présence d’un aphorisme ou d’un citation empruntée à un tiers.

Broché.

N° 110

GEORGES P E RE C

1 000 €

LES CHOSES Paris, Julliard, coll. “Les Lettres Nouvelles”, 1965. In-12 étroit (201 x 116 mm) de 128 pp. Édition originale. Un des ex. num. (n° 104) du « tirage spécial réservé aux amis, collaborateurs et abonnés des Lettres Nouvelles ».

Ce livre bref aura coûté à Perec quatre ans de travail et une traversée du désert pour sa publication. Voici, parmi les lettres de refus, celle des éditions Gallimard signée Georges Lambrichs : « Malgré les qualités d’intelligence évidentes, il semble que vous ayez perdu le pari de faire d’un livre sur l’ennui une lecture divertissante ou enseignante. Il est vrai que vos personnages sont ternes, un peu naïfs, sans frémissements réel. Croyez-moi, je suis bien déconcerté. » Fort de cette analyse, Perec remanie son texte et le renomme : la Grande Aventure devient Les Choses. Puis, grâce à Maurice Nadeau, directeur de collection chez Julliard, son manuscrit se retrouve sur le bureau de l’éminence grise de la maison, Christian Bourgois. Les Choses est finalement accepté. Fin octobre 1965, le roman est en train de devenir un succès de librairie ; le 21 novembre Perec reçoit le prix Renaudot et devient du jour au lendemain une célébrité nationale, photographiée, interviewée… Il n’a pas trente ans, reste simple et au lieu de s’alouer les services d’un agent, le romancier ne se déplace qu’en compagnie de sa petite filleule de treize ans, Sylvia, tandis que son livre figure déjà sur les listes officielles des best-sellers.

Broché. 79


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GEORGES P E RE C

2 000 €

LA DISPARITION Paris, Denoël, 1969. In-8 (216 x 128 mm) de 319 pp. Édition originale. Envoi signé :

« Pour R n D p str / ici plus qu’au quart / disparu / son ami / GP »

Nonobstant un travail harassant, nous n’avons pu voir qu’irration, fiasco ou hallali quant à l’organisation d’un synopsis clair, concis, amusant sur La Disparition. Nous laissons donc à M. Pigaud la voix quant à l’avant-propos du travail conçu par G.P., nul n’aurait fait plus malin ! Nous nous avouons quasi-vaincus, lui laissant illico la voix : « Trahir qui disparut, dans La Disparition, ravirait au lisant subtil tout plaisir. Motus donc, sur l’inconnu noyau manquant - un rond pas tout à fait clos finissant par un trait horizontal - blanc sillon damnatif où s’abîma un Anton Voyl, mais d’où surgit aussi la fiction. Disons, sans plus, qu’il a rapport à la vocalisation. L’aiguillon paraîtra à d’aucuns trop grammatical. Vain soupçon : contraint par son savant pari à moult combinaisons, allusions, substitutions, ou circonclusions, jamais G.P. n’arracha au banal discours joyaux plus brillants ni plus purs. Jamais plus fol alibi n’accoucha d’avatars si mirobolants. Oui, il fallait un grand art, un art hors du commun, pour fourbir un roman sans ça ! » Né à Jacmel, en Haïti, ville souvent évoquée dans son œuvre, René Depestre connaît en 1945 un franc succès avec Étincelles son premier recueil de poésie. En 1946, après son exil politique, Depestre poursuit des études de lettres et de sciences politiques à la Sorbonne. À Paris, il fréquente poètes surréalistes français et artistes étrangers, ainsi que des intellectuels se réclamant de la négritude, ceux-là même qui se trouveront plus tard réunis autour d’Alioune Diop et de Présence Africaine. Après un parcours riche d’expériences, convaincu par la révolution cubaine et à l’invitation de Che Guevara, Depestre entre au Ministère des Relations Extérieures. Ses œuvres et sa bibliothèque ont récemment rejoint le fonds de la bibliothèque de Limoges.

Boîte demi-box beige glacé, à-plats de papier mat noir, beige et sable, titre à l’oser blanc et noir, gardes de box glacé, chasse plein papier noir. (Reliure signée de Julie N ada ud). Très bel ensemble.

N° 112

GEORGES P E RE C

800 €

DICTIONNAIRE DES CINÉASTES Paris, s.é., 1981. Pet. in-16 (148 x 105 mm) non paginé. Édition originale. Un des 200 ex. num. (n° 104) du tirage total, celui-ci signé par Perec.

« 32 variations homophoniques » élaborées par Georges Perec à l’occasion de la présentation de ses vœux pour 1981. Au hasard de l’index dressé par l’auteur : Si Versailles m’était conté de Guitry a été transformé pour l’occasion en « Si, verse ! Aïe ! Mais t’es con, té ! »

En feuilles. Sous rhodoïd. Belle fraîcheur.

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BENJAMIN P É RE T

700 €

LA PAROLE EST À PÉRET Paris, Éditions surréalistes, 1943. In-12 (180 x 117 mm) de 47 pp. Édition originale. Un des 46 ex. num. (n° 3) après les 14 ex. de tête (2e papier). Photographie contrecollée en frontispice.

Les Surréalistes n’ont eu de cesse de porter un intérêt certain aux mythes. Témoin, cette anthologie de contes et légendes latino-américains établie par Benjamin Péret en 1943, depuis le Mexique où il s’est exilé. Or, son ample préface décidera André Breton, alors à New York, à donner une publication séparée de ce texte en français, sous le titre de La Parole est à Péret. Breton, mais aussi Marcel Duchamp, Charles Duits, Max Ernst, Roberto Matta et Yves Tanguy en sont les instigateurs, auxquels il faut ajouter un grand nombre de signataires cosmopolites, attestant ainsi de leur solidarité à l’égard de Péret, lequel était à leurs yeux : « un esprit d’une liberté inaltérable, que n’a cessé de cautionner une vie singulièrement pure de concessions ». L’auteur pour qui le mythe est à la fois « le premier état de la poésie et l’axe autour duquel elle continue de tourner à une vitesse indéfiniment accélérée » considérait que « le poète actuel n’a pas d’autre ressource que d’être révolutionnaire ou de ne pas être poète, car il doit sans cesse se lancer dans l’inconnu (…) » pour se tenir « à l’extrême pointe du mouvement culturel, là où il n’y a à recevoir ni louanges ni lauriers, mais à frapper de toutes ses forces pour abattre les barrières sans cesse renaissantes de l’habitude et de la routine. »

Broché sous couverture blanche imprimée.

N° 114

BENJAMIN P É RE T

900 €

LE DÉSHONNEUR DES POÈTES Mexico, Poésie et Révolution, 1945. In-12 (198 x 143 mm) de 14 ff. Édition originale. Un des 1000 ex. num. (n° 701) sur bouffant après les 20 ex. de tête. Envoi signé :

« à Gaston Puel / l’héritier des hérésiarques / Benjamin Péret »

Joint un feuillet imprimé (recto verso) consacré à Tzara et signé du même :

« à Gaston Puel / avec la joie de / le connaître Tristan Tzara / Toulouse, le / 17 janv. 41 » Cet ouvrage constitue la première publication d’Alain Gheerbrant, qui créa ensuite les éditions K. Le titre de ce recueil est une réponse à L’Honneur des poètes, anthologie de poésies de résistance que Péret jugeait médiocre et dont il accusait les auteurs, Aragon, Masson et Éluard, de « cesser d’être des poètes pour devenir des agents de publicité ». L’éditeur, en accord total avec le réquisitoire de Péret, revint sur la genèse de cette publication, véritable boulet tiré sur la poésie de circonstance : « Le Déshonneur des poètes dont Benjamin Péret, alerté par un ami commun, m’avait envoyé le manuscrit de Mexico, répondait directement à la question : vous savez sur qui ce texte tirait à boulets rouges. / La recherche d’un nom d’éditeur imaginaire mais non gratuit m’avait conduit à attribuer la publication de ce pamphlet à une certaine Poésie et Révolution, maison d’édition que je domiciliai à Mexico. »

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Gaston Puel est né en 1924 à Castres. À la Libération, il rencontre et correspond avec Joë Bousquet, René Char, André Breton. Il participe en 1947 aux activités du groupe surréaliste. En 1959, il fonde les éditions de la Fenêtre ardente qui publieront des auteurs comme Char, Pierre Albert-Birot, Pierre-André Benoit, Joë Bousquet, Jean Grenier, Jean Malrieu, Pierre Gabriel, René Nelli, ainsi que de nombreux livres d’artistes (Arp, Bajen, Ernst, Carrade, Miro, Dax, Dubuffet, Ubac, Tapies, Staritsky, Héraud, etc.).

Broché, couverture blanche imprimée.

N° 115

FR ANCIS PI C A B I A

900 €

UNIQUE EUNUQUE Avec un portrait de l’auteur par lui-même, préface de Tristan Tzara Paris, Au Sans Pareil, coll. “Dada”, 1920. In-12 (185 x 132 mm) de 38 pp. et 1 f. Édition originale. Un des 1000 ex. num. (n° 503) sur vergé.

Nonchalance, mépris de tout, pouvoir de séduction, humour corrosif, conversation étourdissante et nomadisme intellectuel caractérisent ce fatigué d’être qu’est Francis Picabia. Sa rencontre avec Tristan Tzara lui redonne le goût de vivre et de produire : ce seront des œuvres graphiques géométriques aux titres inappropriés (cf. son autoportrait en frontispice) et des textes dadaïstes qui font voler en éclats la logique contraignante du langage. Ces textes résultent clairement de la recette Pour faire un poème dadaïste : « Prenez un journal. Prenez des ciseaux. Choisissez un article ayant la longueur que vous comptez donner au poème. Découpez l’article. Découpez ensuite avec soin chacun des mots et mettezles dans un sac. Agitez doucement. Sortez chaque coupure l’une après l’autre. Copiez consciencieusement dans l’ordre où elles ont quitté le sac. » Ce travail de sape des valeurs littéraires enchante André Breton. Il intervient pour que paraisse Au Sans Pareil ce recueil qui inaugure la collection “Dada”, créée pour la circonstance. Le retentissement de cette publication fut tel qu’elle devint bientôt introuvable.

Broché. Bon état. Rare.

N° 116

FR ANCIS PI C A B I A

900 €

JÉSUS-CHRIST RASTAQUOUÈRE Dessins par Ribemont-Dessaignes Paris, coll. “Dada”, s.d. [1920]. In-8 carré (230 x 164 mm) de 66 pp. et 6 ff. Édition originale. Un des 1000 ex. num. (n° 405) sur vélin (tirage total à 1060 ex.). Introduction par Gabrielle Buffet et 3 illustrations à pleine page de Georges Ribemont-Dessaignes.

« Rastracuero » signifie traîne-cuir en espagnol d’Amérique et désignait un parvenu au XXème. Sous nos latitudes, le rastaquouère est « un étranger aux allures voyantes, affichant une richesse suspecte » indique Le Robert et c’est bien le sens que Francis Picabia entendait donner au mot. En juin 1920,

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rentré de Suisse un an auparavant comme ambassadeur de Dada, Picabia, interrogé par Maurice Sachs : « Mais enfin, pourquoi Jésus-Christ Rastaquouère ? » / « Parce qu’on ne sait pas de quoi il vit. » Aujourd’hui, ce vigoureux pamphlet, dédié « à toutes les jeunes filles », témoigne malheureusement de la pérennité du monde que pourfendait Picabia. À tous ceux qui veulent « faire de la vie un cimetière pour nouveaux-nés » et se « déguisent en honnête homme pour ne pas être honnête homme », Picabia répond qu’il se « déguise en homme pour n’être rien » et qu’il « [fuit] le bonheur pour qu’il ne se sauve pas ».

Dos gris et muet. Plats légèrement insolés. Très bel état, non rogné. Sanouillet, 143 ; Biro / Passeron, p. 332 ; Dachy, p. 219 ; Centre Pompidou, Exposition Dada, 1276.

N° 117

[FR ANCIS P I C A B I A ] TRI STA N TZ A R A

1 000 €

EXPOSITION DADA Francis Picabia, du 16 au 30 avril 1920. Paris, Au Sans Pareil, s.d. [1920]. Plaquette in-16 (162 x 127 mm) non paginé [4 ff.] Imprimée sur papier fort. Reproductions en sur-impression d’œuvres graphiques de Francis Picabia.

Tzara-Picabia.Voilà bien les deux noms majeurs de l’avant-garde européenne : ils ont l’un et l’autre fait entrer Dada à Paris. Novembre 1919 : Picabia publie le n° IX de 391, Tzara figure au sommaire aux côtés de Ribemont-Dessaignes et du peintre dont les toiles “mécanistes” viennent de faire scandale au Salon d’Automne. Deux mois plus tard le perturbateur zurichois débarque à Paris et s’installe chez le peintre tandis que René Hilsum, directeur des éditions du Sans Pareil, inaugure la galerie du même nom sise à la même adresse (avenue Kleber) où bientôt va se tenir cette exposition dont Tzara rédige le texte liminaire. Première manifestation privée du peintre dans la capitale, toute entière organisée et financée par lui, elle regroupe une vingtaine d’œuvres mécanophorbes dont certaines déjà avaient été exposées à New York. Tandis que l’évènement n’eut que peu d’écho, seul Ribemont-Dessaignes signa un article dans l’Esprit nouveau de Paul Dermée, Dada croisait André Breton. Plaquette historique à plus d’un titre.

Excellent état pour cette fragile publication. Très rare et fondateur.

N° 118

FR ANCIS PON GE

400 €

LA FABRIQUE DU PRÉ Genève, Skira, Les Sentiers de la Création, 1971. In-8 carré (227 x 168 mm) de 271 pp. Édition originale. Un des 1000 ex. num. (n° 465). Envoi signé :

« au docteur William Siraga, en admiratif hommage à la / sûreté de son diagnostic / je confie (avec inquiétude) / ces quelques révélations sur / le contenu de mon esprit… / Francis Ponge »

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C’est à Philippe Sollers, lors d’entretiens qui eurent lieu en 1967, que Francis Ponge expliqua la genèse de ce livre dont la première partie, Le Pré, venait de paraître dans sa version définitive : « J’ai d’abord eu, une fois (…) une émotion me venant d’un pré, au sens de prairie. J’ai commencé à vouloir rendre compte, éterniser si vous voulez, en quelque façon, par un texte, cette émotion, la garder devant et pour moi, écrire cela de peur de ne pas le retrouver. » Cette « besogne d’expression » comme il l’appelle, deviendra dix ans plus tard un travail autant sémantique que poétique et donnera lieu à cet ouvrage amplement illustré, sorte de carnet de travail de l’écrivain. Pour « mettre sur table les états successifs » de son livre, le poète a bel et bien décidé d’« étaler [ses] notes sur le pré ».

Plein skyvertex grenat de l’éditeur, double filet doré sur les plats, dos lisse, titre doré, étui cartonné, bordé. Très bel exemplaire, abondante iconographie. Les derniers cahiers sont imprimés sur papier vert. Excellente condition.

N° 119

K. G. PONTU S HU LTE N

500 €

THE MACHINE AS SEEN AS THE END OF THE MECHANICAL AGE New York, Museum of Modern Art, 1968. In-8 carré (245 x 218 mm) de 216 pp. et 1 f. Édition originale et seul tirage.

Catalogue de l’exposition organisée par Hulten. Divers textes et abondante iconographie consacrée à la machine dans l’art à travers des artsites comme Man Ray, Ribemont-Dessaignes, Duchamp, Moholy-Nagy, Calder, etc.

Sous couvertures en métal peint avec vue de la façade du MoMa en relief, par Osterlin d’après une photographie d’Alicia Legg, sous étui-emboitage plein papier à rabats d’origine. Parfait état de neuf, condition quasi-introuvable pour ce livre fragile : il a été depuis toujours conservé dans son emballage d’origine, tout juste ouvert.

N° 120

GISELE PR ASSI N OS

2 500 €

LA SAUTERELLE ARTHRITIQUE Avec une préface de Paul Éluard et une photographie par Man Ray Paris, G.L.M., coll. “Des Douze”, 1935. In-8 (160 x 220 mm), non paginé. Édition originale. Un des 25 premiers ex. num. (n° 6) sur Normandy vellum teinté d’un tirage total à 125 ex.

« De la comptine qui ouvre ce trop petit recueil jusqu’à la lettre hautaine qui le termine, une féérie bat des ailes parmi les charmes étranges d’un naturalisme crépusculaire » écrit Paul Éluard dans sa préface. C’est en 1934 que Mario Prassinos présente sa jeune sœur, alors âgée de quatorze ans, aux surréalistes. Surréalistes à qui elle donne lecture de textes composés selon la méthode automatique et qui lui

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vaudront reconnaissance et consécration. Ainsi André Breton fera paraître quelques textes de la jeune fille précoce dans la revue Minotaure. La Sauterelle arthritique constitue son premier receuil ; à l’instar de ceux qui lui succèderont, s’y côtoient non-sens, fantastique, onirisme et humour noir.

Broché. Très bel exemplaire. Coron, n° 57, p. 13.

N° 121

MARCEL PROU ST

1 800 €

LES PLAISIRS ET LES JOURS Paris, Calmann Lévy, 1896. In-4 (300 x 200 mm) de 3 ff., x, 273 pp. [mal ch. 271] et 1 f. Édition originale du premier livre de l’auteur. Préface d’Anatole France, avec des illustrations de Madeleine Lemaire et des partitions de Reynaldo Hahn.

Ce recueil de poèmes en prose et de nouvelles s’inspire fortement du décadentisme et notamment du travail de Robert de Montesquiou. Proust cherchera à en éviter la réimpression pendant la rédaction d’À la recherche du temps perdu. Belles compositions de Madeleine Lemaire chez qui Proust avait passé trois semaines pendant l’été 1895, dans sa résidence de Dieppe, que fréquentera également Reynaldo Hahn. Comme Trouville ou Cabourg plus tard, Dieppe, sa mer et sa campagne environnantes, seront absorbées dans la fiction de Balbec. Le petit poème en prose Sous-bois, daté par Proust d’août 1895 à Petit-Abbeville, (sic, pour Petit-Appeville), nous en apprend beaucoup plus sur ce séjour et reste fondateur de la musique proustienne à bien des égards ; c’est l’essence même du séjour débarrassé des tracas de santé et des préoccupations mondaines : « Couchés sur le dos, la tête renversée dans les feuilles sèches, nous pouvons suivre au sein d’un repos profond la joyeuse agilité de notre esprit qui monte, sans faire trembler le feuillage, jusqu’aux plus hautes branches où il se pose au bord du ciel doux, près d’un oiseau qui chante. Méditation qui devient communion quand élancés et debout, dans la vaste offrande de leurs branches, et pourtant reposés et calmes, les arbres, par cette attitude étrange et naturelle, nous invitent avec des murmures gracieux à sympathiser avec une vie si antique et si jeune, si différente de la nôtre et dont elle semble l’obscure réserve inépuisable (…) ». Prémices d’un style, d’une vision qui s’accompliront dans La Recherche et que Proust résumera en ces termes : « La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent pleinement vécue, c’est la littérature. »

Broché. Étui-chemise de demi-maroquin émeraude, dos lisse, titre doré, étui bordé. Très difficile à rencontrer ainsi, avec la fragile couverture sur papier glacé vert d’eau, illustrée. Bon état.

N° 122

R AYMOND R A DI GU E T

1 500 €

LE DIABLE AU CORPS. LE BAL DU COMTE D’ORGEL Paris, Grasset, 1923 et 1924. 2 vol. in-12 (190 x 162 mm) de 238 pp., le second, sans pagination.

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Précieux exemplaires des bonnes feuilles des deux romans de Radiguet dont un en épreuves avec nombreuses corrections, signées sur les couvertures d’attente par Jacques Lemarchand. Tirage non précisé pour le premier ; tirage de 20 ex. pour le second, chacun numéroté à la plume sur le premier plat. Exemplaires adressés à M. Martin du Gard. Celui-ci, correcteur officiel de la maison Grasset, à abondamment corrigé et annoté plusieurs passages, mots ou formules : elles seront toutes intégrées, à de rares exceptions, dans la version définitive du roman qui paraîtra quelques semaines plus tard. Ce « petit roman d’amour » qui, selon les propres termes de Raymond Radiguet, « n’est pas une confession, et surtout au moment où il semble davantage en être une », doit énormément à Jean Cocteau. C’est au cours de l’été 1921, sur le bassin d’Arcachon où il séjourne en sa compagnie, que Radiguet commence son roman. À l’automne Bernard Grasset, à qui Cocteau présente son protégé, est enthousiasmé par le roman mais demande au jeune auteur de retravailler les derniers chapitres. La sortie du livre, début mai 1923, fera date : elle est accompagnée d’une véritable campagne de publicité, avec affiches, tracts et même une réclame cinématographique. Mais Radiguet profitera peu de sa célébrité naissante. Frappé par la typhoïde, il annonce le 9 décembre 1923 : « (…) écoutez une chose terrible. Dans trois jours je vais être fusillé par les soldats de Dieu ». Trop belle pour être vraie ? On peut se demander si cette réplique n’a pas été « réécrite » par Cocteau. Quoiqu’il en soit Raymond Radiguet tînt parole et rendit l’âme le 12.

Brochés, sous étui-chemise de demi-box gris souris, dos carré, titre doré.

N° 123

PAULINE RÉ AGE

(Dominique Aury, sous le pseud. de)

500 €

HISTOIRE D’O Avec une Préface de Jean Paulhan À Sceaux, chez Jean Jacques Pauvert, 1954. In-12 (188 x 123 mm) de 242 pp. Édition originale. Un des 480 ex. num. (n° 178) sur vergé, 2e papier après les 20 ex. de tête sur Arches. Tirage entièrement hors-comm.

Quinze ans après la publication de ce classique de la littérature érotique, Dominique Aury en décrit, dans Une fille amoureuse, la genèse littéraire : « Une fille amoureuse dit un jour à l’homme qu’elle aimait (Jean Paulhan en l’occurrence) : moi aussi je pourrais écrire de ces histoires qui vous plaisent… Vous croyez, répondit-il. (…) Un soir, après ce “Vous croyez ?” cette fille, au lieu de prendre un livre avant de s’endormir, couchée en chien de fusil sur le côté gauche, un crayon bien noir dans la main droite, commença d’écrire l’histoire qu’elle avait promise (…). Puis par dix pages, cinq pages, chapitres ou fragments de chapitre, elle les mettait sous enveloppe à l’adresse d’une poste restante ». Aury soumit son texte au comité de lecture de Gallimard qui le refusa. Paulhan le proposa à Jean-Jacques Pauvert alors que, curieusement, il avait déjà laissé (ou fait ?) signer Aury avec René Defez des Éditions des Deux Rives. Pauvert lit le manuscrit et se précipite comme un furieux chez Defez, qui moyennement emballé par la perspective des emmerdements divers que ne manquera pas de lui procurer cette publication, est finalement plutôt soulagé de refiler la patate brûlante au jeune éditeur moyennant le remboursement de l’avaloir de 100 000 francs.

Broché. Parfait état. Pia, 586.

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HENRI DE RE GN I E R

3 800 €

LA CITÉ DES EAUX Paris, Blaizot, 1912. Gr. in-8 (305 x 205 mm) de 207 pp. Première édition illustrée. Un des 20 premiers ex. num. (n° 11), avec 3 états des 37 eaux-fortes. En plus de l’aquarelle originale annoncée, une seconde, rehaussée au pastel, est jointe à l’exemplaire et montée en tête à la suite de la première.

Jacques Rivière, dans une lettre du 19 août 1907 à Alain-Fournier, vantait un sonnet de La Cité des Eaux, le Vœu, où il y a une perpétuelle allitération en f : « Le nombreux univers en vous fut plus vivant / Qu’en ses fleuves, ses flots, ses fleurs et ses fontaines ».

Maroquin vert, décor mosaïqué serti d’une plaque à froid, encadrement de roses rouges à feuillage bleu, fontaine au palladium dans un jardin de haies de différents verts ; au second plat, vignette mosaïquée de maroquin vert clair avec tête de faune cracheur d’eau ; dos à nerfs, titre doré, date en pied, tête dorée, doublures de satin peint de deux compositions de Jouas, gardes de soies vertes à rayures jaunes, étui. (Reliure signée de René Kieffer). Très bel exemplaire relié par Kieffer en décor mosaïqué et serti. Carteret, IV, 334 « très belle publication, très côtée ».

N° 125

JULES RENA RD

9 000 €

HISTOIRES NATURELLES Paris, Flammarion, s.d. [1896]. In-12 carré (167 x 133 mm) de 155 pp. Édition originale. Un des 10 premiers ex. sur Japon.

Possédant un sens aigu de l’observation et du paradoxe, Jules Renard rend ici hommage à une nature dont il était très proche : cela donne une série de tableaux poétiques, drôles, tendres, savoureux, parfois cruels, où l’on retrouve l’âne et l’arbre, le crapaud et le paon, la chauve-souris ou l’alouette, l’oie de Toulouse et le coq de basse-cour… En véritable écrivain naturaliste, il fonde son écriture sur l’observation du quotidien, parfois exprimé en demi-teintes. Parmi les pièces qui composent le recueil, Au Jardin illustre, par exemple, en touches délicates la vie insoupçonnée d’un potager. Tout l’art de Jules Renard y est résumé : donner la parole aux petits riens est un exercice difficile qui relève parfois de la prouesse technique, mais que la passion rend instantanément poétique. À la fin de l’année 1895, Lautrec propose à Renard d’illustrer une huitaine de ces Histoires, de vendre cent exemplaires à 25 francs chacun et de partager les bénéfices. Ce projet ne verra pas le jour sous cette forme. En 1896, lorsque paraît chez Flammarion, la première édition des Histoires naturelles comportant 45 textes - celle-ci est ornée simplement par deux vignettes de Félix Vallotton. L’écrivain a retenu pour Vallotton vingt-deux textes et en 1899, l’éditeur Floury tira 100 exemplaires de ce chef-d’œuvre. L’ouvrage n’eut strictement aucun succès et dut être ultérieurement soldé. Mais il est aujourd’hui l’un des plus recherchés parmi les grands illustrés modernes.

Broché. Bel exemplaire, de toute rareté sur ce papier.

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JULES RENA RD

1 000 €

LE VIGNERON DANS SA VIGNE Paris, Mercure de France, 1901. In-12 (187 x 123 mm) de 261 pp. Édition originale. Un des 12 ex. num. (n° 4) sur Hollande (2e papier après seulement 2 ex. sur Chine).

Léon Guichard éditeur scientifique des Œuvres de Jules Renard en édition Pléiade, donna cette jolie image pour justifier le caractère disparate de ce recueil : « Le vieux dans sa vigne, c’est Renard à sa table, qui pioche lui aussi, et qui récolte ce que lui fournit sa vie d’homme de lettres et de campagnard. » En effet, les textes de ce recueil ont été rédigés entre 1893 et 1899, sur des thèmes très différents : bourgeoises et jeunes filles de Paris voisinnent avec les paysans du nivernais natal de l’auteur. Les unes sont des coquettes tout à leurs bijoux tandis que les Philippe, couple de fermiers, ont autre chose à penser : tuer le cochon, récolter les plumes d’oie à la bonne saison… Deux mondes, deux mentalités peints avec une grande justesse de trait par l’auteur. En son temps, Alphonse Daudet s’exclamait « je ne sais rien de plus parfait dans la littérature française » ; mais le plus bel hommage vint sous la plume d’André Gide qui écrivit dans L’Hermitage (déc. 1901) : « Je ne crois pas avoir eu l’occasion de dire combien j’admire Jules Renard. Je l’admire comme si il était mort, - tant je suis étonné qu’on écrive si bien aujourd’hui. »

Demi-maroquin cerise, filets à froid sur les plats, dos à nerfs orné de filets à froid, titre doré, date en pied, tête dorée sur témoins, couv. et dos cons. (Reliure de l’époque signée de Canape). Excellente condition, reliure parfaitement établie. Ex. à grandes marges.

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EDMOND ROSTA N D

900 €

LA PRINCESSE LOINTAINE Paris, Charpentier & Fasquelle, 1895. In-12 (190 x 126 mm), de 98 pp. et 1 f. Édition originale de la deuxième pièce de l’auteur. Un des 3 ex. d’auteur sur papier rose (seul papier, non annoncé à la justification).

Tout comme La Samaritaine, cette pièce en vers fut composée à la demande de Sarah Bernhardt ; laquelle avait été immédiatement séduite par ce jeune poète, tout à la fois merveilleux, spirituel et précieux. Elle endossera d’ailleurs tout naturellement le rôle de la princesse. La pièce connut un succès d’estime mais s’avéra un véritable désastre financier. Inspirée d’une légende médiévale, l’intention de l’auteur fut en quelque sorte de « s’emparer d’un rêve en action et de mettre dans l’action toute la beauté sublime d’un rêve héroïque ». La fable qui en résulte recèle une portée toute symbolique : quelque part, une princesse adorable, dont le charme n’a d’égal que la beauté, passe sa vie entière à poursuivre l’idéal… en vain. Et quand vient l’heure du trépas, déjà faut-il se satisfaire d’avoir senti, tutoyé et caressé cet idéal. Ne serait-ce que l’espace d’un instant. La pièce fut représentée pour la première fois à Paris, le 5 avril 1895, au théâtre de la Renaissance.

Pleine toile vert d’eau, motifs dorés sur les plats, dos lisse orné d’un décor stylisé doré, pièce de titre de maroquin, titre doré, toutes tranches dorées, couv. et dos cons.

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R AYMOND ROU SSE L

1 000 €

PAGES CHOISIES D’IMPRESSIONS D’AFRIQUE ET DE LOCUS SOLUS Paris, Alphonse Lemerre, 1918. In-12 (185 x 113 mm) de 472 pp. Édition originale. Premier tirage sans mention (pas de grands papiers).

Roussel, le « non-lu », a paradoxalement inspiré d’innombrables articles et livres. En 1989, l’ouverture d’un casier de garde-meuble révèle que tous ses papiers, lettres, albums photos et souvenirs dormaient depuis les environs de 1930 dans des cartons destinés par l’auteur lui-même à la Bibliothèque Nationale. Émergent alors des milliers de pages inédites. Impressions d’Afrique délivre le roman de tout lien avec la réalité. Son procédé d’écriture s’appuie sur l’utilisation du dictionnaire : un mot donne une idée et réciproquement, créant ainsi une chaîne de micro-événements puis une histoire. Son deuxième roman, Locus Solus, déstructure le récit conventionnel ; à travers la visite de la luxueuse villa du savant Martial Canterel, le lecteur est introduit dans un monde parallèle et merveilleux. Ce même Martial est également mentionné dans l’essai de psychiatrie De l’angoisse à l’extase écrit par Pierre Janet en 1926-1927, qui dissimula par ce nom l’identité de son patient Roussel. Ignoré par les éditeurs, admiré par les surréalistes (c’est la lecture de cet auteur qui incita Marcel Duchamp à abandonner la peinture), il est pour André Breton « le plus grand magnétiseur des temps modernes ». Raymond Roussel aura toujours été à la poursuite d’une reconnaissance qu’il n’aura pas eu de son vivant : « Je reviens sur le sentiment douloureux que j’éprouvais toujours en voyant mes œuvres se heurter à une incompréhension hostile presque générale. Et je me réfugie, faute de mieux, dans l’espoir que j’aurai peut-être un peu d’épanouissement posthume à l’endroit de mes livres. »

Demi-maroquin ébène, filets dorés sur les plats, dos à nerfs orné de filets à froid, titre doré, tête Alix). Superbe exemplaire, dorée, couv. et dos cons., sous étui cartonné, doublé. (Reliure signée d’A reliure parfaitement établie.

N° 129

ANTOINE DE SA I N T- E XU P É RY

3 500 €

TERRE DES HOMMES Paris, Gallimard, 1939. In-12 (186 x 118 mm) de 218 pp. Édition originale. Un des ex. imprimés du service de presse. Envoi signé :

« Mr Francis Carco / son fidèle lecteur, avec toute mon amitié / Antoine de Saint-Exupéry »

Après un accident très grave survenu au Guatémala, l’auteur, convalescent, commença ce livre à New York. Sur le même principe que Le Miroir de la mer de Conrad, Antoine de Saint-Exupéry travailla à partir de ses articles sur l’aviation : il les reprendra, poursuivant avec une rare exigence la perfection du style et de la pensée. Publié en France et aux États-Unis, Terre des hommes lui assura une célébrité égale des deux côtés de l’Atlantique.

Demi-maroquin havane à coins, filets à froid sur les plats, dos à nerfs orné de filets à froid, titre doré, date en pied, couv. et dos cons. (Reliure signée de Devauchelle).

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JE AN-PAUL SA RTRE

500 €

RÉFLEXIONS SUR LA QUESTION JUIVE Paris, Paul Morihien, 1946. In-12 (186 x 120 mm) 198 pp. Édition originale. Un des 3 000 ex. non num. sur vélin alfa (2e papier après les 120 ex. de tête). Envoi signé :

« Hommage de Jean-Paul Sartre »

Écrites à la hâte, au lendemain de la Libération (octobre 1944), les Réflexions sur la question juive ont été controversées, taxées de réductrices. Et il est vrai que Jean-Paul Sartre n’y traite que du Juif défini de l’extérieur (« un homme que les autres hommes tiennent pour juif ») et du Juif inauthentique (« se conduisant conformément à la représentation qu’on a de lui »). Mais, restons de bonne foi et souvenons-nous que Sartre est un écrivain « en situation » et engagé qui n’écrit, de fait, que sur ses contemporains et pour ses contemporains. Ainsi, plus qu’un essai sur la question juive, ses réflexions portent sur les Juifs dans la France des années 40. Plus embarrassantes sont les intentions : ce plaidoyer en faveur des Juifs victimes de l’antisémitisme est à la fois philosophique et politique. Il les invite à se libérer du mythe juif forgé par leurs ennemis et à « exister leur être » et, de surcroît, à faire la Révolution : « l’antisémitisme étant une représentation bourgeoise de la lutte des classes, il ne saurait exister dans une société sans classe ». Ainsi, au bout du compte, n’est-on pas en présence d’un prêche pour deux chapelles, marxiste et existentialiste ?

Broché. Non rogné. Très bel exemplaire.

N° 131

ERNST SCHU L ZE

900 €

LA ROSE ENCHANTÉE Paris, Éd. Boudet, Lib. Lahure, s.d. In-4 (288 x 205 mm) non paginé. Édition originale. Un des 300 ex. num. (n° 201) sur vélin du Marais (2e papier après seulement 25 Japon). L’exemplaire est agrémenté d’un magnifique frontispice en couleur lithographié dans l’esprit art-déco, ainsi que de nombreuses illustrations de Gaston Bussière.

Auteur jadis très renommé, le génie poétique de l’allemand Ernst Schulze se développa aussi vite qu’il s’éteignit, à l’âge de vingt-huit ans. Marqué par la disparition de son grand amour, Cécile, il lui dédia un poème romantique en vingt chants, Cécile. Après avoir participé à la campagne contre les Français en 1814, il entreprend un voyage sur les bords du Rhin au cours duquel il compose son charmant poème, La Rose enchantée, qui emporta le prix Urania proposé par l’éditeur de l’Almanach. Sentant sa fin prochaine, il partit pour sa ville natale, Celle, au printemps 1817 pour y mourir le 26 juin. De la bibliothèque de Paul Hébert.

Plein maroquin gris-perle orné d’un important décor mosaïqué dans des tons havane, chair, safran, turquoise, jaune, vert-bouteille, vert clair et bordeaux. Au premier plat, une femme dénudée sortant d’une rose sur fond de soleil irradiant dans un encadrement de maroquin havane avec fleurons d’angle de maroquin bleu à décor, le tout mosaïqué. Dos à 4 nerfs orné de filets à froid, décor mosaïqué figurant des roses stylisées, titre doré, le quatrième plat est bordé

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du même décor d’encadrement qu’au premier avec au centre, une rose mosaïquée, gardes de plein maroquin aubergine illustrées de deux larges filets d’encadrement de maroquin bordeaux, motif floral mosaïqué aux angles, filets dorés, roulettes dorées sur les coupes, toutes tranches dorées, chemise de demi-maroquin, dos à nerfs orné de filets à froid, titre doré, sous étui bordé, cartonné. (Reliure signée de G. Cours). Quelques rares piqûres dans le texte.

Mahé, III, 405.

N° 132

ÉTIENNE PIV E RT DE SE N A N C OU R

3 200 €

OBERMAN Paris, Cérioux, an XII [1804]. 2 vol. in-8 (212 x 134 mm) de 1 f., 384 pp. et 1 f. de table ; 2 ff., 384 pp. et 1 f. Édition originale.

L’auteur qui s’exila en 1789, non pour fuir la Révolution mais bien le séminaire auquel son père le destinait, se réfugia en Suisse. Les paysages de montagne, l’atmosphère particulière et arride de Charrières lui inspirèrent ici certaines descriptions alpestres. Sorte d’autobiographie spirituelle aussi triste que fut sa vie, Oberman n’eut que peu d’audience à sa parution. Certes à l’abri des modes et de l’enthousiasme populaire, cette œuvre allait toutefois connaître quelques années plus tard une destinée toute autre : tombée dans l’escarcelle des Romantiques, elle en devint l’une des références majeures. Sainte-Beuve, un des rares qui, à sa parution, l’avait défendu, dit à propos du héros d’Oberman ce qu’il aurait pu dire de son créateur, « (…) type de ces sourds génies qui avortent, de ces sensibilités abondantes qui s’égarent dans le désert, de ces moissons grêlées qui ne se dorent pas, des facultés affamées à vide (…) de ce qui, en un mot, ne triomphe et ne surgit jamais. » De la bibliothèque de Jean-Charles Chatelin, avec son ex-libris.

Demi-veau blond à coins, filets à froid sur les plats, dos à nerfs orné d’un important décor de fleurons dorés, double caisson d’encadrement, filets à froid, titres dorés, dates en pied, têtes Huser). Page de titre habilement restaurée. dorées sur témoins. (Reliures signées d’H Carteret, II, p. 332 ; Vicaire, VII, 473.

N° 133

GEORGES SI ME N ON

500 €

LE CHEVAL BLANC Paris, Gallimard, 1938. In-12 (188 x 118 mm) de 222 pp. Édition originale. Un des ex. imprimés du service de presse. Envoi signé :

« Au souriant et / percutant Dr Eriau en toute amitié / Simenon »

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Le docteur Eriau, dont la figure inspira à Georges Simenon l’un des personnages du Cercle des Mahé paru en 1946, était médecin en Vendée, à Saint-Mesmin ; c’est en sa compagnie que l’auteur passa plusieurs nuits agitées « sur le pré », entre le 25 août et le 1er septembre 1944. Notons encore qu’à l’initiative de l’auteur, le manuscrit de ce roman fut vendu aux enchères en 1943, au profit des prisonniers de guerre.

Broché. Premier plat à l’éclat légèrement altéré. Menguy, p. 58, n° 67.

N° 134

CL AUDE SIMON

500 €

LE SACRE DU PRINTEMPS Paris, Calmann-Lévy, 1954. In-12 (196 x 127 mm) de 276 pp. Édition originale. Un des ex. imp. du service de presse. Envoi signé :

« à Robert Mallet / hommage de l’auteur / Claude Simon »

Après la guerre, Robert Mallet obtient deux doctorats, l’un de droit et l’autre de lettres dédié à Francis Jammes. L’édition de la correspondance de ce dernier avec André Gide à la Librairie Gallimard lui est alors confiée. Recommandé par Paul Claudel et par l’auteur d’Isabelle, chez lequel il effectue par ailleurs des travaux de secrétariat, Mallet intègre en 1949 l’équipe éditoriale de la rue Sébastien-Bottin où il prend en charge deux collections, “La Bibliothèque Idéale” et “Jeune Poésie”. Parmi le travail accompli, on notera la participation à l’édition des œuvres complètes de Paul Claudel (à partir de 1950) et de Paul Valéry dans “La Bibliothèque de la Pléiade” (1957), ainsi que l’édition critique de nombreuses correspondances. On lui doit également la réalisation et la production d’émissions littéraires à la radio, parmi lesquelles figurent trente-huit entretiens avec Paul Léautaud. À la fin des années cinquante, Mallet quitte la Librairie Gallimard pour l’enseignement. Détaché à Madagascar en qualité de maître de conférences, il y fonde la faculté des lettres dont il est le premier doyen. Nulle surprise donc à ce que Simon, le seul prix Nobel né à Tananarive, lui envoie lors de cette même période un exemplaire de son ouvrage.

Broché, sous étui-chemise de demi-maroquin bleu-roi, dos lisse, titre frappé, doublures de daim. (Reliure signée d’A A. Devauchelle).

N° 135

[SURRÉALISME ] PATRI C K WA LDB E RG TRÉSORS DU SURRÉALISME Schatten van het surrealisme Knokke-le-Zoute, André de Bache, 1968. Gr. in-8 carré (240 x 182 mm) non paginé.

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1 200 €


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Édition originale. Exemplaire d’Émile Langui (cf. n° 61), co-réalisateur de l’exposition. Envoi signé :

« à Stephie et Émile Langui, en souvenir de nos combats pacifiques, de nos rencontres joyeuses et en témoignage d’amitié fidèle et confiante, très affectueusement, Patrick Waldberg, 29 vi 1968 »

Nombreuses reproductions des œuvres présentées dans le cadre de cette exposition qui s’est tenue de juin à septembre 1968. Réalisée par Patrick Waldberg, avec la collaboration de Félix Labisse et Émile Langui, elle présente plus de cent cinquante artistes. Waldberg, dans sa préface, définit l’aventure surréaliste ainsi : « (…) en opérant la synthèse de la nuit romantique et des correspondances illuminées du Symbolisme, le Surréalisme a restitué à l’art en notre temps, les assises spirituelles et le contenu magique qui sont inhérents à son pouvoir ». En regard de leurs œuvres reproduites, envois signés [à Émile Langui] de : Lucien Coutaud, Max Ernst [avec croquis], Maurice Henry, Georgette Magritte, Georges Malkine, Meret Oppenhein [avec croquis], Peverelli et Dorothea Tanning [avec croquis]. Chaque artiste est présenté par une courte notice biographique et quelques-unes de ses œuvres exposées (parmi les 137 œuvres reproduites au catalogue, citons, entre autres, Arp, Bellmer, Brauner, Breton, Dali, Desnos, Dominguez, Duchamp, Éluard, Fini, Giacometti, Lam, Masson, Matta, Mesens, Miro, Paalen, Picasso, Man Ray, Tanguy, Tanning, etc.). L’affiche de l’exposition et la couverture du catalogue sont des compositions originales de Max Ernst. Trois autres envois signés à Langui en page de titre. Le menu du dîner organisé à l’occasion du vernissage a été conservé, avec la même illustration qu’en couverture (en dessert, « bombe surréaliste » annoncée).

Broché, sous couv. à rabats rempliés. Bel exemplaire.

N° 136

ROL AND TOP OR

450 €

LE LOCATAIRE CHIMÉRIQUE Paris, Buchet / Chastel, 1964. Gr. in-12 (192 x 142 mm) de 185 pp. Édition originale. Un des ex. imprimés du service de presse. Envoi signé :

« avec l’admiration / et la sympathie de / Topor (comme d’habitude) / Roland »

D’origine polonaise tout comme Topor, Trelkovski, le protagoniste de ce roman, œuvre en qualité d’archiviste à Paris. Il emménage dans un logement précédemment occupé par une jeune fille qui vient de se suicider. Discret, distant et silencieux, ce locataire doit pourtant subir les avanies de son voisinage. À moins que celles-ci ne soient que pures productions de son imagination morbide… Topor, artiste éclectique et touche à tout de génie, signe à vingt-six ans son premier roman, après s’être fait remarquer au travers de ses dessins. Étouffant et sordide, ce livre offre véritablement une vision de l’univers du mouvement Panique, et laisse affleurer ce qui constitueront les caractéristiques de l’œuvre : singularité, goût prononcé pour l’imaginaire, difficulté d’être. 97


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Dès sa sortie, le livre connut un grand succès et fut adapté au cinéma par Polanski en 1976 ; le cinéaste incarnant lui-même le rôle du locataire. Broché. Exceptée une discrète pliure au premier plat, très bonne condition. Peu courant en premier tirage.

N° 137

PAUL VALÉRY

500 €

LA SOIRÉE AVEC MONSIEUR TESTE Paris, Éd. de la N.R.F., 1919. Pet. in-4 (244 x 195 mm) de 24 pp. et 4 ff. Édition originale. Un des 530 ex. num. (n° 14) sur Arches d’un tirage total à 550 ex.

Si la composition de ce texte demanda beaucoup d’opiniâtreté au jeune écrivain : « je bafouille de plus en plus avec M. Teste. Le Centaure me harcèle, le bonhomme (Teste) m’ennuie » écrit-il à Gide, il devint le plus célèbre de sa carrière. Écrit à vingt-trois ans, La Soirée avec Monsieur Teste parut en 1895 dans Le Centaure, revue confidentielle qui n’eut que deux numéros, avant cette édition à la N.R.F. Elle ouvrait un Cycle Teste formé de dix textes dont Gallimard donnera la version définitive en 1946. À M. Gould qui l’interrogeait à propos de sa genèse, Valéry expliquait : « Mon intention fut de faire le portrait littéraire aussi précis que possible d’un personnage intellectuel imaginaire aussi précis que possible. » Il revient à André Breton d’avoir, en 1914, porté le premier un hommage qui fera de cette œuvre de jeunesse une référence : « Outre La Soirée avec Monsieur Teste en laquelle le degré d’analyse et la faculté d’expression me font voir un des plus incontestables chefs-d’œuvre du symbolisme, je suis assez l’admirateur de vos poèmes… », écrit-il à l’auteur. Apprécié pour le nihilisme lucide de son personnage plus que pour sa poésie, Valéry sera encore l’élu des jeunes surréalistes lorsque Littérature lancera son enquête : « Pourquoi écrivez-vous ? » : « Par faiblesse » répondra-t-il.

Broché. Piqûres au premier et au dernier feuillet, sinon très bon état. Mahé, III, 600.

N° 138

PAUL VERL A I N E

1 400 €

LITURGIES INTIMES Paris, Léon Vanier, 1893. In-12 (188 x 122 mm) de 4 ff., 54 pp. et 2 ff. Édition en partie originale. L’exemplaire est enrichi de 10 beaux dessins aquarellés, à pleine page, dont l’auteur nous est malheureusement resté inconnu (cf. reproduction p. 104)

« Verlai ne est considéré comme le premier poète lyrique dont l’art reflète le renouveau liturgique opéré par Dom Guér anger. (…) La transcription d’impressions causées par les Vêpres et Complies, mais aussi et surtout la manière dont il chante les principales fêtes liturgiques dans Liturgies intimes sont autant de caractéristiques de son œuvre qui la placent au firmament. En somme, Verl aine a poussé jusqu’à la perfection les procédés techniques dont s’était alors servi Baudelaire ».

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Demi-maroquin tabac à coins, filets dorés sur les plats, dos à nerfs richement orné, titre doré, date en pied, tête dorée, couv. et dos cons. (Reliure signée de Champs-Stroobants). Clouzot, 268 ; Van Bever, p. 51; Carteret, II, p. 430 ; Vicaire, VI, 998.

N° 139

PAUL VERL A I N E

600 €

ŒUVRES POSTHUMES Vers et proses Paris, Léon Vanier, 1903. In-8 (213 x 147 mm) de 387 pp. Édition originale. Un des 15 ex. num. (n° 10) sur Hollande (2e papier après seulement 10 ex. sur Japon), paraphés par l’éditeur. Portrait gravé de l’auteur en frontispice.

« Cette édition des Œuvres posthumes est entièrement originale. Elle contient d’une part les recueils inachevés de Ver laine et des vers de jeunesse ; d’autre part quelques articles et fantaisies jadis publiés par lui dans des revues. On y retrouve Varia (qui devait faire suite à Épigrammes), Le Livre posthume, et les Nouvelles (fragment des Histoires comme ça). A été ajouté au recueil les pièces que le poète destinait à de nouvelles éditions de Parallèlement et de Dédicaces. »

Demi-maroquin rouge, dos lisse, titre doré, date en pied, couv. et dos cons. Bel exemplaire, à grandes marges. Montel, Bibliographie de P. Verlaine, p. 114 ; Tournoux, Bibliographie verlainienne, n° 90.

N° 140

ALFRED DE V I GN Y

3 200 €

CHATTERTON Paris, Hippolyte Souverain, 1835. In-8 (221 x 133 mm) de 3 ff. (dont 1 frontispice), 229 pp. et 1 f. Édition originale. Titre-frontispice par Édouard May, gravé à l’eau-forte. Montées en tête, lettres d’Alfred de Vigny et de Virginie Ancelot (épouse de l’auteur dramatique Jacques Ancelot, célèbre pour le salon qu’elle tenait) : « Ami / Ma fille m’a dit que vous pensiez à me procurer / les moyens de voir votre admirable Chatterton. Si / cela est vrai, voulez-vous que ce soit jeudi ? / Vous me feriez bien plaisir. / Dans tous les cas écrivez moi un mot qui / me dise quel jour je puis compter sur ce bonheur / afin que j’aie avec moi des personnes dignes de cette bonne fortune / votre amie / V. Ancelot ». « Il est bien rare que je puisse diner / hors de chez moi et demain je / reçois moi-même quelques personnes / mais dans l’avant-soirée [souligné] où vous / attendez m’avez-vous dit, vos amis, j’irais assurément vous voir demain / et vous prouver, autant qu’il est en / mon pouvoir, que personne / au monde ne vous est plus / attaché que moi. / Tout à vous mille fois. / Alfred de Vigny / 17 nov. 1838. »

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Reprenant le thème de Stello, roman philosophique que Vigny lui-même composa trois ans plus tôt, cette pièce est librement inspirée de la vie de Thomas Chatterton, poète anglais qui préfèra se suicider plutôt que d’affronter les accusations de plagiat pesant à son encontre. Mettant en scène cette destinée tragique, Vigny obtient ainsi son premier succès théâtral, et signe l’acte de naissance du héros romantique. Son personnage, intarissable source d’inspiration pour les écrivains d’alors et à venir, est pour Vigny l’occasion de se poser en inventeur du versificateur solitaire et du poète maudit. À l’évidence, lui-même s’identifia nettement à ce paria de la société, au drame enduré par l’artiste méconnu, condamné à la misère, l’incompréhension, la solitude, le désespoir. Outre incarner l’esprit romantique tout entier, ce texte, dénonçant le rejet amoureux et social dont est victime le poète, voit pour la première fois la poésie s’opposer avec véhémence à la société. Des bibliothèques Émile Henriot et Emmy Joubert, avec ex-libris. Entrée dans le monde parisien grâce à ses talents de peintre, Virginie Ancelot se révèle très tôt une femme de salon habile, qui épaule avec efficacité son mari, Jacques Ancelot, au sein de la jeune génération romantique sur laquelle s’appuie alors la Restauration. Sa vie se construit donc autour des salons et pendant plus de quarante ans, de 1820 à sa mort, par-delà les bouleversements politiques incessants, elle côtoie et accueille en effet le Tout Paris ; son influence est à son apogée sous la monarchie de Juillet, les personnalités les plus diverses croisent ainsi l’élite littéraire (d’Alfred de Vigny, Victor Hugo, Mérimée, Charles Nodier ou Stendhal jusqu’à Alphonse Daudet, dans les dernières années), artistique (des peintres comme Eugène Delacroix). Elle est l’auteur de vingtsix comédies et de plus de seize romans et nouvelles, sans compter ses articles de presse ; où elle défendra l’indépendance intellectuelle de la femme. Il ne s’agit pas pour elle de revendiquer quelque droit qui bouleverse l’organisation sociale, mais tout en préservant le cercle familial, d’inscrire la femme dans l’évolution générale qui, par l’éducation, doit faire de l’égalité le principe de la civilisation future : « il faut le dire et le répéter, la seule égalité qui existe en ce monde est celle de l’intelligence, de l’éducation et du savoir : jamais un homme ignorant et grossier ne sera l’égal d’un homme instruit et bien élevé, et chacun d’eux sentira la distance qui le sépare de l’autre ; aussi rien n’est plus étonnant à mon gré que de mettre l’égalité dans la loi sans y mettre l’éducation générale. C’est donc à cette égalité de lumière et de vertu que chacun doit contribuer de son mieux… Alors ! […] toute la France ne sera qu’un vaste salon rempli d’égaux qui se tiendront par la main. » Georges Lachaud, son petit-fils, a bien décrit cette vie de salonnière dans Histoire d’une âme, ouvrage consacré à sa mère, Louise Lachaud, la fille unique de Virginie Ancelot : Vigny en fera par ailleurs sa légataire, en mémoire des relations intellectuelles et affectives privilégiées qu’il entretenait avec la famille.

Plein chagrin ébène, filet d’encadrement gras à froid sur les plats, chiffre C.J. frappé à froid au centre du premier plat, dos lisse, titre doré en long, toutes tranches dorées. Bel exemplaire. Carteret, II, 458 ; Vicaire, VII, 1061.

N° 141

HOR ACE WA LP OLE LETTRES D’HORACE WALPOLE À GEORGES MONTAGU depuis 1736 jusqu’en 1770 À Paris, chez Louis Janet, 1818. In-8 (209 x 125 mm) de 1 f., xxiii, 448 pp. et 1 f. blanc. Édition originale de la traduction et des notes dues à Charles Malo.

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300 €


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Le talent de Walpole, grand ami de la France, se trouve autant dans le Château d’Otrante, roman noir, que dans sa correspondance, mine de renseignements sur l’Angleterre et l’Europe au XVIIIème siècle. Les lettres qu’il échangea avec Georges Montagu, dans lesquelles l’on recense de nombreuses tout autant que piquantes observations sur les mœurs de la société anglaise et sur la littérature, sont d’une importance capitale pour la compréhension de l’œuvre de Walpole. Montagu, pour sa part, était membre du parlement et secrétaire particulier de Lord North (alors Chancelier de l’Échiquier).

Plein veau havane orné d’une dentelle d’encadrement à froid sur les plats, dos à nerfs orné de filets dorés et à froid, fleurons dorés et à froid, roulettes dorées, pièce de titre de maroquin grenat, titre doré, semis de pointillés dorés sur les coupes, roulette intérieure dorée, tranches marbrées. (Reliure signée de Ducastin). Bel exemplaire.

N° 142

VIRGINIA WOOLF

1 400 €

THE COMMON READER London, Hogarth press, 1925. In-8 (222 x 142 mm) de 305 pp.

Opposée à la critique érudite des universitaires qu’elle juge stérile, Virginia Woolf a développé en la matière une œuvre aussi originale qu’exemplaire : « c’est dans l’évocation de la double et pourtant unique aventure, vie et littérature mêlées, qu’il faut voir l’essentiel de [sa] critique » écrit Jean Guiguet. Pour ce faire, l’auteur prend ici comme interlocuteur, le lecteur moyen, il faut entendre idéal, celui qui ne classe pas, ne juge pas mais aborde la littérature avec autant de simplicité que de passion. C’est ainsi qu’elle a toujours voulu elle-même parler des livres, des écrivains ou des personnages dont elle rend compte dans le recueil de Common reader. Entrée comme journaliste au Times Literary Supplement en 1903 ou 1904, elle y travaillera sa vie durant tout en collaborant à une trentaine d’autres revues ; une activité dont elle saura à la fois apprécier le côté lucratif « J’espère m’organiser de sorte à pouvoir écrire un joli petit article prudent me rapportant 25 livres chaque mois » et l’apport intellectuel, « J’ai appris des tas de choses sur mon art à décrire pour le Times Literary Supplement (…) et aussi j’ai été forcée de lire avec une plume et un calepin, sérieusement. »

Plein cartonnage de l’éditeur, illustré d’une composition de Vanessa Bell. Piqûres sur les plats, tranches piquées, sinon bel exemplaire.

N° 143

VIRGINIA WOOLF

1 600 €

THE YEARS London, The Hogarth Press, 1937. In-12 (188 x 123 mm) de 469 pp. Édition originale. Jaquette originale illustrée par Vanessa Bell.

Après avoir hésité entre la forme d’un essai et celle d’un roman, Virginia Woolf tranche pour un compromis : « Ce doit être un roman-essai intitulé The Pargiters, et il doit embrasser tout : sexualité, éducation, la vie, etc. ; et il doit arriver par les bonds les plus puissants et les plus agiles, comme un chamois

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franchissant des précipices, de 1880 à l’instant présent. (…) Tout coule de source pris par le courant comme avec Orlando. » Après au moins sept tentatives, elle arrête le titre de son roman, The Years ; roman qu’elle mettra plus de quatre ans à achever. Ce travail, qu’elle appelle son « affreux fardeau », recevra une critique très défavorable que l’auteur accepte d’autant mieux qu’elle y voit elle-même un ratage : « E.M. dit que The Years est mort et décevant (…) ainsi je suis démarquée et cet odieux pudding de livre est bien ce que je pensais : un infect navet. » No comment.

Cartonnage et jaquette illustrées de l'éditeur. Quelques piqures sur la jaquette avec d’infimes manques. Kirkpatrick, A22 ; Woolmer, 423.

N° 144

OSSIP Z ADK I N E

400 €

VOYAGE EN GRÈCE Trois lumières S.l.n.é., n.d. [1955]. In-12 (188 x 123 mm) de 136 pp. Édition originale. Tirage unique à 1003 ex. Nombreuses corrections manuscrites dans le texte (fautes typographiques, coquilles, ajouts et corrections). Envoi signé :

« à Mr Marchal mon ami, ce petit / livre à la naissance duquel il a participé O. Zadkine / le 12.8.1955 »

Joint : un feuillet d’avertissement dactylographié en feuilles, contrecollé au faux-titre : « La vente de l’ouvrage n’a jamais été prévue : il s’agit d’une première édition hors-commerce. »

Sculpteur émerite, Ossip Zadkine n’en est pas moins un authentique poète au lyrisme singulier. Ce texte, eu égard aux circonstances de sa publication, apparaît tel un hommage qu’un conventicule s’attacha à rendre au prosateur. Il y relate son départ pour la Grèce depuis Marseille, parsemant ses impressions de voyage d’un florilège de notes laissant apparaître son attrait pour la mythologie et le néo-classicisme. De la bibliothèque de Gaston-Louis Marchal avec ex-libris.

Broché. Exceptée une décharge de scotch au premier feuillet, bel exemplaire.

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ADDENDA

N° 145

LOUIS AR AGON

200 €

SERVITUDE ET GRANDEUR DES FRANÇAIS Scènes des années terribles Paris, La Bibliothèque française, 1945. In-12 (183 x 114 mm) de 231 pp. Édition originale. Envoi signé :

« à Mme Santini / son camarade / Aragon »

Louis Aragon justifia ici son choix de recourir à la forme brève du conte ou de la nouvelle en raison des conditions particulières de l’édition française durant la guerre : diffusion difficile et pénurie de papier. Prenant le contrepied de la littérature engagée d’alors (ici, nulle exhaltation de la figure du résistant), l’auteur trace des portraits d’hommes, tantôt héroïques, tantôt lâches. L’élaboration de ce recueil n’est pas sans faire référence à la pièce de Berthold Brecht, Furcht und Elend des Dritten Reichs – traduite en français par Grande peur et misère du Troisième Reich.

Broché.

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N° 146

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PIERRE BOU RGE A DE [MA N R AY]

500 €

BONSOIR, MAN RAY Paris, Belfond, 1972. In-8 (212 x 134 mm) de 157 pp. Édition originale. Envois signés enrichis de dessins originaux signés : l’un figurant un œil, avec en son centre indiqué « pour Sylvie / » puis une bouche, où il est écrit sur la lèvre inférieure « Messinger, Pierre B. » l’autre représente une main tendue, avec cette inscription :

« à Sylvie - / Main [sic] Ray »

Une même question traverse (depuis New York Party, son troisième livre) les romans de Pierre Bourgeade : comment s’opèrent les dérèglements des sociétés, les aberrations politiques, les décompositions de la mémoire et des sentiments ? Sous la trame d’une balade en pays de cocagne se cache un pamphlet contre la civilisation américaine, dans une ambiance noire : « Lorsqu’en 1969, mon roman New York Party a été publié par Georges Lambrichs dans “Le Chemin” (…), je ne lui ai jamais dit que de nombreux personnages étaient issus de la “Série noire”. Notamment le personnage principal qui arbore une cravate jaune avec des têtes de chevaux, un personnage de Chase… ou d’un autre. Peu après, j’ai rencontré Marcel Duhamel qui m’a dit “il est très bien votre roman, vous devriez faire un truc pour moi”. J’ai gardé cette phrase en mémoire. Lorsque j’ai donné ce livre (Pittbul, paru dans la collection “La Noire” en 1998) à Patrick Ray nal, l’actuel directeur de la “Série noire”, c’était au fond comme au lendemain de ma rencontre avec Marcel Duhamel » (entretien avec Éric Dussert, in Le Matricule des Anges, 1998). Une œuvre à (re)découvrir.

Excellente condition. Rare avec double envoi (très souvent signé par Bourgeade seul). Broché.

N° 147

HENRI CARTI E R- B RE SSON

3 200 €

THE EUROPEANS New-York, Verve, Simon & Chuster, 1955. Gr. in-4 (365 x 275 mm), non paginé. Édition originale américaine, parue simultanément à l’édition française. Envoi signé :

Gallagher], salutations, Henri Cartier-Bresson » « à Michaela [G

Trois ans après la parution d’Images à la sauvette, Henri Cartier-Bresson publie Danses à Bali. Il aura entre-temps parcouru le monde, devenant au passage le premier photographe européen à pouvoir travailler en U.R.S.S. À partir de ces photographies éxécutées entre 1950 à 1955, le complément d’Images à la sauvette prend forme : dans la campagne irlandaise, en Autriche, au Danemark, en Allemagne, à Rome ou dans les Abruzzes, des clichés composés comme par magie, auréolés de lumière, forment Les Européens. Livre cosmopolite, c’est l’éditeur grec Teriade qui publiera les 114 photographies, reflets d’une « Europe où les ruines accumulées, les masques de la faim et de la misère sur les visages apparaissent encore clairement », dira Jean Clair.

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Michaela Gallagher, galeriste new-yorkaise, organisa dès les années 60 une exposition consacrée à Henri Cartier-Bresson.

Cartonnage éditeur, ill. d’un dessin de Mirò. Bel exemplaire, bien complet du livret d’index volant. Rare signé ; ici de bonne provenance.

N° 148

MARC CHAG A LL

2 400 €

DESSINS POUR LA BIBLE Paris, Éditions de la revue Verve (vol. X, n° 37 et 38), 1960. In-folio (357 x 266 mm) non paginé. Édition originale illustrée de 96 reproductions en noir et 24 lithographies en coul. Les héliogravures en noir ont été tirées par Draegger, et la couverture, spécialement réalisée pour cet ouvrage, par Mourlot. Préface de Gaston Bachelard. Ce double numéro de la revue Verve comprend les dessins que Marc Chagall a exécuté en 1958 et 1959 sur des thèmes bibliques qu’il n’avait en majeure partie pas traités dans son illustration pour la Bible, gravée à l’eau-forte et reproduite dans le n° 33 / 34 de Verve. Le texte de Bachelard une introduction de trente pages - sera repris en 1970 dans Le Droit de rêver, recueil posthume de vingt-six articles, sous le titre Introduction à la Bible de Chagall.

Cartonnage en coul. de l’éditeur, illustré par Chagall. Début de fente à un mors, angles et coiffes très légèrement émoussés. Cramer, 25 et 42 ; Mourlot, 244.

N° 149

RENÉ CHAR

800 €

LE NU PERDU Paris, Gallimard, 1971. In-8 (217 x 149 mm) de 73 pp. Édition originale collective. Un des 50 premiers ex. num. (n° 24) sur Hollande.

Le recueil est composé de Retour Amont, Dans La Pluie Giboyeuse, Le Chien de Cœur, L’Effroi et la joie et Contre une maison sèche - ce dernier entièrement inédit (la première édition paraîtra en 1976, illustrée par Wilfredo Lam). La figure du peintre Georges de La Tour, déjà souvent intégrée dans la poésie de Char (notamment dans Fureur et mystère) sert encore ici de référence.

Broché. État de neuf.

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N° 150

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ALBERT COHE N

750 €

SOLAL Paris, Librairie Gallimard, 1930. In-12 (188 x 123 mm) de 348 pp. Édition originale. Un des 647 ex. num. (n° 24) sur vélin, seul papier avec les réimposés.

Gaston Gallimard découvrit la prose d’Albert Cohen dans un numéro de la Nouvelle Revue Française qui publiait, en 1922, Après minuit à Genève. L’éditeur est séduit au point d’envoyer le directeur de la revue, Jacques Rivière, au devant de l’étranger. Originaire de Corfou, l’inconnu réside à Genève où il fait profession d’avocat. Rencontre brève mais décisive. Rivière quitte la ville avec un contrat en blanc où Cohen s’est engagé pour cinq romans auprès de Gallimard, inscrivant le titre fictif d’une œuvre fictive : Rapides internationaux. Il n’a devant lui aucun projet littéraire mais il a signé. Aucune ambition au barreau non plus. Or, cet engagement lui vaut un poste à la division diplomatique du Bureau international du travail à Paris, sur recommandation de Rivière, et la direction d’une revue, qu’il crée en 1925 avec l’aide financière de Gallimard : La Revue juive. Que ne ferait pas son protecteur quand il « tient un auteur ». Et le roman, les romans promis ? L’éditeur devra attendre huit ans pour que paraisse, non pas Rapides internationaux, mais Solal.

Broché. Bel exemplaire.

N° 152

COLETTE

2 300 €

LA CHATTE Paris, Bernard Grasset, coll. “Pour mon plaisir”, 1933. In-12 carré (187 x 127 mm) de 207 pp. Édition originale. Un des 10 premiers ex. num. (n° 2) sur Japon. Joint un feuillet recto de la Recette-perception des impôts de la ville de Paris, 8ème arrondissement : « Sommation à tiers détenteur pour un débit chez son éditeur Bernard Grasset ». Amusante note administrative adressée à Bernard Gras set par Colette via les Contributions directes, pour une mise en demeure de la somme de 5782,57 francs, au titre des droits d’auteurs (à valoir sans doute pour cet ouvrage), en date du 2 juin 1934. Notes au crayon, « avisé monsieur Brun » (le secrétaire des éditions Grasset), puis « compte soldé ». Parfait état.

« Rarement madame Colette a été mieux inspirée que dans la Chatte », écrit Edmond Jaloux. Si le monde animal n’est pas un thème nouveau pour Colette, il y a ici une grande subtilité dans l’analyse des comportements humains à travers leur relation à un animal ; ce n’est pas un couple mais presque un ménage à trois que forment Alain, sa fiancée Camille et la chatte Saha. La présence de celle-ci va agir comme un révélateur et décider de l’avenir des deux jeunes gens.

Demi-maroquin bleu-roi à coins, filets à froid sur les plats, dos à nerfs orné de filets à froid, titre doré, date en pied, tête dorée sur témoins, couv. et dos cons. (Reliure de l’époque signée de Bunoz). Exemplaire à grandes marges. Dos insolé sinon excellente condition.

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N° 153

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JOSEPH CON R A D

500 €

SOUS LES YEUX D’OCCIDENT Paris, Éditions de la Nouvelle Revue Française, 1920. In-4 tellière (226 x 172 mm) de 310 pp. Édition originale. Un des 118 premiers ex. num. (n° XXX), imprimé pour M. Méric, réimposés au format in-4 tellière sur papier vergé Lafuma-Navarre.

Achevé de rédiger le 22 janvier 1910, Under Western Eyes « ne fut ni le plus long ni celui que Conrad mit le plus de temps à écrire, mais de tous ses écrits, c’est peut-être celui qui lui valut les plus grandes tensions psychologiques » (Najder, Joseph Conrad). Dès 1909, Conr ad avait évoqué dans une lettre à Wi lliam Rothenstein » la tension psychologique épouvantable « qu’il avait dû supporter pendant la composition du roman. » ; une dépression nerveuse dans laquelle il sombre plusieurs mois, où il « mêle l’action de son roman à la réalité et tient des conversations avec les personnages du roman. » À partir de mai 1910, Conrad reprend envie et santé, modifie plusieurs passages du texte et remet en ordre la manuscrit ; toujours en froid avec son éditeur, il prend un ami comme intermédiaire, Robert Garnett : « comme vous ne pouvez pas manquer de vous en souvenir, la dernière fois que nous nous sommes vus, vous m’avez dit que je ne vous “parlais pas en anglais” - c’est pourquoi j’ai demandé à Robert Garnett d’être mon porte-parole, du moins jusqu’à ce que mon discours s’améliore et devienne intelligible ». (Lettre à Pinker, 23 mai 1910). Conrad, c’est sûr, est à nouveau en pleine forme, binetôt il entreprendra la rédaction de Fortune.

Demi-maroquin rouge à grains longs, dos lisse, titre doré, date en pied, couv. et dos cons. Bel exemplaire.

N° 154

PAUL MOR A N D

750 €

PARIS - TOMBOUCTOU Paris, Flammarion, coll. "La Rose des vents", 1928. In-12 (178 x 132 mm) de 281 pp. Édition originale. Un des 75 premiers ex. num. (n° 19) sur Japon.

L’auteur lui-même présenta ce livre comme une sorte de guide fait pour « servir utilement à des gens qui ne sont ni commerçants, ni fonctionnaires, ni colporteurs, ni chasseurs d’ivoire, ni soldats… rien que des amateurs de voyages ». Alors que MM. Flammarion le sollicitaient pour inaugurer la collection La Rose des Vents, Paul Morand trouva dans ses papiers ces notes de voyages qu’il ne songeait pas à publier. Cependant persuadé que l’Afrique occidentale française dont il revenait serait bientôt une destination très prisée, il jugea que son périple qu’il avait en partie effectué avec le légendaire Albert Londres, constituait un « itinéraire-type ». Outre les pistes et les moyens de transports proposés à la fin de l’ouvrage, l’auteur n’a pas oublié certaines recettes pratiques destinées aux femmes où la nécessité ne cède rien à l’élégance : « (…) je conseille en outre le linge nansouk, qu’on sacrifiera sans regrets et les robes de mousseline à dessins, qui ne se fripent ni ne se tachent, tiennent peu de place et se mettent le jour comme le soir. » Après Voyage au Tchad de Gide paru en 1926, « Paris-Tombouctou, écrit Bernard Rafaelli, est le premier grand livre “africain” de l’époque, le premier essai de synthèse poétique et politique sur le continent mystérieux. »

Broché. Dos légèrement écrasé en pied, sinon très bon état.

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LE COIN des ARTISTES

ATELIE R-G ALERIE PIER A BREEDEN

CAEN 1 rue des Croisiers

PARIS 60 bd du Montparnasse

+33 (0)6 80 13 08 42

« Peindre : plus vite que l’œil, plus vite que la main, plus vite que le temps. Peu à peu, les mots reviennent, spectateurs. L’abstraction est présente comme une langue archaïque. Virginia Woolf entendait les oiseaux parler en grec. On la considérait folle. Actuellement des linguistes rendent compte que les grecs s’imprégnaient des chants d’oiseaux pour tisser leur langue antique, empreinte de sens humain. » Piera Breeden Les œuvres de Piera Breeden sont visibles sur rendez-vous à Caen et à Paris.


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Les ouvrages présentés dans ce catalogue seront regroupés à Paris et visibles à partir du 10 décembre dans les nouveaux bureaux parisiens de la librairie, au 60 boulevard du Montparnasse dans le XVème arrondissement, à deux pas de la rue de Rennes et de la gare Montparnasse. HORAIRES Sur rendez-vous : lundi, mardi, jeudi et vendredi, de 14h à 19h. +33 (0)1 45 44 30 87 +33 (0)6 74 25 29 79 contact@librairie-walden.com gwenola@librairie-walden.com

La librairie participera aux prochaines foires et salons suivants : Salon du Livre Ancien de Caen, janvier 2009 New-York Antiquarian Book Fair, du 2 au 5 avril 2009 London Antiquarian Book Fair, du 4 au 6 juin 2009 Foire Internationale du Livre Ancien, Paris, du 19 au 21 juin 2009 Foire Saint-Sulpice, Paris, du 25 au 30 juin 2009

En préparation : Catalogue Documents, avril 2009 Catalogue Spicilège II, avril 2009 Catalogue n° 19, juin 2009

Un bulletin mensuel des dernières acquisitions vous est proposé chaque début de mois. Vous pourrez le télécharger à partir de janvier 2009 sur le site de la librairie, ou le recevoir dès parution : pour cela, merci de nous communiquer une adresse électronique. Les membres des Bonnes Feuilles recevront ces catalogues automatiquement.


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CATALOGUE N° 18 Copyright © 2008 Librairie Walden

Notices & recherches bibliographiques Eva de Lamaze, Mathieu S. & Hervé Valentin Design & direction artistique weartlux@fluonoir.com Impression NII nii.lecolley@wanadoo.fr Typographies Didot, Eagle & Serifa

Ce catalogue a été imprimé à 1200 exemplaires, dont 60 exemplaires réservés aux Bonnes Feuilles et numérotés de I à LX.

LIBRAIRIE WALDEN Hervé Valentin

CAEN, FRANCE

PARIS, FRANCE

9 rue aux fromages

60 bd du Montparnasse (sur rendez-vous)

+33 (0)2 31 85 90 62

+33 (0)1 45 44 30 87

+33 (0)6 74 25 29 79 contact@librairie-walden.com www.librairie-walden.com

TVA FR-67432558294 Caisse d’Épargne Ile-de-France 52 avenue Leclerc, 75014 Paris IBAN : FR76 1751 5900 0008 2987 3911 163 BIC : CEPAFRPP751


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