Livret "Le Poche qui nous a fait aimer les livres" Sélection de la Librairie Le Failler

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LE QUI NOUS A FAIT LES

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À la recherche des origines “Le livre de poche... celui dont on corne les pages, qu’on attend parce qu’on n’a pas les moyens d’acheter le grand format, celui qu’on glisse dans son sac, qu’on emporte en vacances, qu’on prête plus facilement, dont on a annoté toutes les pages, celui qu’on pioche dans la bibliothèque familiale, qu’on nous prescrit à l’école ou qui cale une étagère branlante... Celui, surtout, qui permet de lire et relire des textes qui nous ont touché, fasciné, convaincu, ému, transformé... En tant que libraires mais aussi en tant que lectrices et lecteurs, nous avons chacun été marqué par

un roman qui nous a donné le goût de la lecture ou en a transformé notre vision. Pour certains, c’était une première émotion littéraire, pour d’autres, le passage à une littérature plus adulte. Nous vous proposons dans ce livret, sur une idée de Valérie, de découvrir quels sont ces ouvrages qui nous ont fait aimer les livres... et il y en a pour tous les goûts !“ Propos recueillis par Camille, libraire au rayon... poche ! 2


soizic

LIBRAIRE polyvalente

“Quand j’étais plus jeune, je lisais les romans que récupéraient mes cousines – je me souviens notamment de Janine Boissard... Vers 15 ans, au début du lycée, des amies de mon grand frère m’ont conseillé Le parfum de Süskind et quelle découverte ! Impossible de lâcher le livre, c’était fou ! Cette capacité qu’a l’auteur à nous faire ressentir les parfums simplement par écrit... j’avais trouvé ça fabuleux ! Difficile par la suite de trouver des textes à la hauteur de celui-ci puisqu’il a clairement changé ma vision de la lecture...” Un orphelin rejeté de toutes parts réalise qu’il a un don : celui de sentir le moindre parfum. Aucune fragrance ne lui échappe et surtout pas celle des femmes à la chevelure rousse dont les senteurs le fascinent au point de le transformer en meurtrier. Comprenant qu’il peut avoir du pouvoir sur les hommes en manipulant leur odorat, il va partir en quête du parfum parfait et ce, sans aucune notion du bien et du mal...

Le parfum, Patrick Süskind, Le Livre de Poche

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vÉronique LIBRAIRE littérature

“Chez mes parents, il y avait cette pièce un peu mystérieuse qu’on appelait le bureau et dans laquelle se trouvait la bibliothèque pour les grands. J’avais des livres pour enfants mais, à l’époque, il n’existait pas de littérature destinée spécifiquement aux adolescents. Ma mère m’a longtemps interdit l’accès à cet espace parce que j’étais trop jeune. Un jour, vers 14 ou 15 ans, j’ai enfin pu y pénétrer et choisir ce roman : L’Atlandide, de Pierre Benoit. Quel chamboulement ! Mon premier livre d’adulte avec, en plus, un thème que je chérissais : le désert… Cette lecture m’a fait découvrir la complexité des sentiments amoureux, des relations, de la passion… je n’avais jamais lu ça, c’était tellement nouveau et bouleversant ! Même si, du haut de mon adolescence, j’ai trouvé la fin stupide et que ma mère m’a dit « tu comprendras que c’est compliqué quand tu seras plus âgée », ce récit

aux allures de conte merveilleux a vraiment été pour moi une ouverture sur la littérature adulte.” Grand Prix du Roman de l’Académie Française, ce texte relate l’histoire de deux officiers français perdus dans le Sahara et capturés par une mystérieuse reine qui va leur faire perdre la tête…

L’Atlantide, Pierre Benoit, Le Livre de Poche 4


rachel LIBRAIRE littérature

“J’aime beaucoup la fantasy. Quand ça s’est su au lycée, on m’a fortement conseillé de lire Waylander. Pour une fois, le héros était plus proche du mal que du bien et la frontière entre bon et mauvais était complètement brouillée : quelle

révélation, c’était totalement différent de ce que je lisais habituellement ! Adieu le tout manichéen... Le personnage est détestable mais on s’attache à lui et l’univers est extrêmement riche : des peuples et univers nombreux... Évidemment, j’ai lu tous les romans de David Gemmell par la suite ! J’avais 16 ans et ce livre a été le premier pas vers de l’heroic fantasy plus adulte, il m’a permis de passer à un niveau supérieur de lecture. ”

Un roi assassiné, une armée d’envahisseurs qui déferle sur le pays... Un seul espoir : celui qui est surnommé Waylander. Seul, il part en quête de l’Armure de Bronze qui pourra sauver la nation. Mais peut-on lui faire confiance ? Après tout, c’est lui qui a tué le roi... Waylander, David Gemmell, Milady

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sylviane LIBRAIRE polyvalente

“Quand j’étais petite, on me lisait les histoires de Delphine et Marinette dans Les contes du chat perché. Il me semble les avoir retrouvées lorsque j’ai appris à lire avec la méthode Boscher et ça a été un vrai plaisir que de s’y replonger quand j’ai été capable de lire seule ! Ça faisait écho à mes histoires, mon quotidien : il y avait beaucoup d’animaux dans les contes et j’avais le droit de dormir avec mon animal, c’était comme une connexion avec mon monde. Et puis les fillettes qui faisaient tout un tas de bêtises... évidemment que ça me plaisait ! Ce sont

des récits drôles et tendres qui ont vraiment marqué mon enfance.” Marcel Aymé décrit ses contes comme des récits pour « enfants âgés de 4 à 75 ans ». On y suit Delphine et Marinette dans leurs aventures avec des animaux doués de paroles, complices contre les adultes.

Les contes du chat perché, Marcel Aymé, Folio

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bénédicte LIBRAIRE polyvalente

“Ma sœur m’a prêté le roman Testament à l’anglaise quand j’avais une quinzaine d’années. C’était ma première lecture non prescrite en tant qu’adolescente ; elle a été pour moi très symbolique puisque d’une part, c’était quelque chose qui nous reliait, ma sœur et moi et surtout, un livre dans le choix duquel aucun adulte n’avait pris part : ni professeurs, ni parents, ni personne ayant autorité sur moi. En cela, j’ai vraiment pu m’approprier cette histoire et c’est d’ailleurs ce qui m’a donné envie de lire pour moi-même, de faire ma propre sélection en flânant dans les librairies et en parcourant les rayonnages de la bibliothèque du lycée. Comme un signe d’indépendance, de liberté.” Un jeune homme dépressif et agoraphobe est chargé d’écrire la chronique d’une illustre famille britannique. Au fur et à mesure des recherches, il découvre des vices et des méfaits d’une ampleur insoupçonnée... Un brillant récit entre roman policier et satire de la classe dirigeante.

Testament à l’anglaise, Jonathan Coe, Folio

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laura LIBRAIRE

polyvalente

“J’ai fait connaissance avec Le Seigneur des anneaux vers 13 ans. Avant ça, je lisais très peu. C’est par hasard que je m’y suis mise : j’ai découvert la trilogie grâce au concert d’un orchestre à vent qui interprétait la musique du dessin animé et j’ai poussé la curiosité jusqu’à acheter le premier tome. J’ai failli abandonner au début car c’était très dense, compliqué... bien m’en a pris de poursuivre : je n’ai plus réussi à le lâcher et j’ai lu les trois volumes à la suite. J’ai été happée par le suspense, le dynamisme de l’histoire, le fait que le point de vue soit différent à chaque chapitre... Et puis quel univers original : réaliser qu’un auteur est capable de créer un monde complet incluant une langue m’a totalement impressionnée ! Pour moi, c’est une

œuvre colossale et atypique, un incroyable voyage mental...” Frodon, un jeune hobbit, hérite d’un anneau magique destiné à asseoir le pouvoir du Seigneur des Ténèbres et à réduire le peuple en esclavage. Sa mission va être détruire l’anneau tout en luttant contre son pouvoir corrupteur. Un long voyage s’annonce...

Le Seigneur des anneaux, J.R.R. Tolkien, Fantasy Pocket 8


magali

LIBRAIRE polyvalente

“En cinquième, on nous a fait lire Les fleurs d’Hiroshima. C’est la toute première fois qu’une prescription scolaire m’a autant touchée et le premier livre qui a provoqué en moi une forte émotion littéraire. C’est un roman qui m’a beaucoup émue puisqu’il raconte la rencontre de deux milieux différents voire totalement opposés, l’histoire d’une famille japonaise qui met de côté sa douleur après Hiroshima pour aller à la rencontre d’un jeune américain vivant très loin de cela. J’ai adoré le fait d’apprendre des choses sur l’histoire et notamment sur les bombardements atomiques et l’après Hiroshima qui nous étaient peu enseignés à l’école. C’est un

récit sans pathos qui m’a donné envie de découvrir d’autres perles rares qui provoqueraient ce genre d’émotions en moi. ” Quinze ans après le bombardement d’Hiroshima, une famille tente de se reconstruire et d’avoir une vie normale. Arrive un jeune Américain qui loue une chambre, fort de sa jeunesse et de son innocence. Une rencontre forte entre ces deux univers dont l’un fait preuve de courage immense en cachant au reste du monde sa souffrance.

Les fleurs d’Hiroshima, Edita Morris, J’ai Lu 9


Lucien LIBRAIRE beaux-arts

“J’ai lu tellement, il est difficile pour moi de me rappeler les prémices de ce goût pour la lecture... Pendant des années, je lisais en moyenne un livre par jour ! Je dirais que Les météores, de Michel Tournier a été pour moi un roman extrêmement marquant – de là à savoir comment je l’ai découvert, c’était il y a beaucoup trop longtemps... J’avais environ dix-neuf ans et c’est le thème du récit qui m’a touché : l’histoire de deux jumeaux dont l’un veut rompre la fusion. Ce qui est étonnant, c’est le fait que je sois moi-même un vrai jumeau : mon frère est décédé alors que c’est lui qui aurait dû vivre. Ça a été un livre très fort pour moi. ”

Deux jumeaux, Jean et Paul, forment un couple fraternel tellement uni qu’on l’appelle Jean-Paul. Lorsque l’un des deux tente de prendre ses distances en se mariant, l’autre va tout faire pour faire échouer ce projet. C’est le début d’une longue quête pour ces deux personnages...

Les météores, Michel Tournier, Folio

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LIBRAIRE polyvalente “J’avais 13 ans quand je suis tombée sur Huis clos. Il se trouvait dans la bibliothèque de mes parents et m’a attirée au premier abord parce que je faisais du théâtre. Évidemment, je n’ai pas tout compris et j’ai eu le plaisir de le relire plus tard, avec du recul et un peu plus de maturité. Cette lecture m’a donné envie

de découvrir d’autres textes de Sartre et des livres d’adultes : j’avais aimé le fait que les personnages aient des facettes sombres et que la réflexion soit plus poussée que dans les livres pour adolescents que j’avais l’habitude de lire. Cela m’a amenée à me poser beaucoup de questions sur la philosophie et la littérature.” Trois personnages se retrouvent à leur mort dans une même pièce. Débute alors un procès à huis clos où chacun d’eux juge et est jugé sur les actes qui composent son existence...

Huis clos, Jean-Paul Sartre, Folio

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Lydie

COMPTABLE

“J’ai commencé à vraiment m’intéresser à la lecture quand j’étais en BTS, vers 19 ou 20 ans. Une amie à moi passait tout son temps libre à lire ; ça m’intriguait... Je pense que j’ai découvert Le pull-over rouge parce qu’il a été cité dans un cours sur la peine de mort. Et quelle découverte ! J’ai été confrontée à des questionnements passionnants, un suspense que j’ai trouvé fort... Le fait de ne pas vraiment savoir ce qu’il en est à la fin m’a d’autant plus séduite. C’est un livre qui m’a fait réfléchir en plus de m’avoir captivée, il m’a permis une nouvelle approche de la lecture. Par la suite, j’ai lu beaucoup de romans policiers pour retrouver la sensation d’être happée par un texte, puis j’ai élargi mes horizons à tous les genres de récits. ”

En 1978, Christian Ranucci est condamné à mort pour l’enlèvement et le meurtre d’une fillette. Dans un contexte particulier, l’enquête semble bâclée et, deux ans après l’affaire, Gilles Perrault publie Le pull-over rouge, plaidoyer contre la peine de mort et récit-documentaire dans lequel il reprend ce fait divers en essayant de prouver l’innocence du protagoniste.

Le pull-over rouge, Gilles Perrault, Le Livre de Poche 12


catherine COMPTABLE

“À 14 ans, j’ai découvert que la lecture pouvait être agréable ! Les classiques m’ennuyaient profondément parce qu’ils étaient trop loin de moi : les préoccupations des personnages n’étaient pas les miennes et je n’y trouvais aucun intérêt. Je ne sais plus comment je me suis retrouvée à lire Des cornichons au chocolat – peut-être était-ce un conseil du collège ? mais c’était la première fois que je lisais quelque chose qui parlait de ce que je ressentais, moi, en tant qu’adolescente. J’étais nettement plus intéressée ! Évidemment, j’étais persuadée que l’auteure Stéphanie existait réellement et avait le même âge que moi, ce qui rendait le livre encore plus attractif. Je me suis vraiment identifiée à cette fille et à ce qu’elle vit puisque ça faisait écho à mes propres questionnements, mon regard sur le monde des adultes... Ce côté histoire vraie m’a tellement plu qu’ensuite, j’ai lu tout un tas de récits du même genre, de L’Herbe Bleue à Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée...” Publié en 1983, Des cornichons au chocolat raconte la vie quotidienne de Stéphanie, une jeune fille de 13 ans, son chat Garfunkel, ses peurs, ses envies et ses rêves. Philippe Labro a initialement prétendu avoir accompagné Stéphanie dans l’écriture et n’a révélé que tardivement qu’il en était le seul auteur.

Des cornichons au chocolat, Philippe Labro, Le Livre de Poche 13


ludovic LIBRAIRE bd/polars/sf

“C’est ma sœur qui m’a prêté Le monde selon Garp que j’ai lu en quatre ou cinq jours alors que la lecture était loin d’être ma passion – je crois que les quelques scènes un peu osées ont bien plu à l’adolescent de 14 ans que j’étais. Ensuite, j’ai avalé tous les romans de John Irving ! Puis je

me suis mis à piocher dans la bibliothèque familiale et c’est là que tout a commencé...” Dans Le monde selon Garp, Jenny ne veut pas d’homme dans sa vie mais rêve d’avoir un enfant. Ainsi naît Garp, de père inconnu, que sa mère tentera d’éduquer seule. Garp devient écrivain, puis père de famille et n’aura de cesse de vouloir protéger à tout pris sa femme et ses enfants des malheurs qui, pense-t-il, les guettent à chaque pas, rêvant de s’isoler avec eux loin de la violence du monde...

Le monde selon Garp, John Irving, Points

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FRED

LIBRAIRE bd/polars/sf

“J’ai découvert L’île au trésor vers 11 ou 12 ans et ça a été pour moi une révélation : ça m’a vraiment ouvert les yeux sur ce qu’un livre pouvait m’apporter : rêves, aventures... Je voyageais en restant là ! À la récréation, moi qui adorais courir après les filles et jouer au foot, je m’installais dans un coin pour lire... À l’époque, il y avait très peu de littérature jeunesse de qualité. Par la suite, j’ai lu tout ce qui me tombait sous la main : six mois après cette découverte, j’étais plongé dans Régine Desforges. Ce sont les premières émotions que j’ai ressenties avec des livres.”

Au XVIIIe siècle, le jeune Jim Hawkins et le vieux loup de mer Long John Silver partent à la recherche d’un trésor dans l’île lointaine où des pirates l’ont enterré. Une quête pleine de rebondissements commence alors...

L’île au trésor, Robert Louis Stevenson, Le Livre de Poche

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marie-claire LIBRAIRE poche “Vol de nuit, c’est un roman qui m’a vraiment donné envie de lire beaucoup ! J’étais en cinquième et cette lecture m’a fait réaliser que je passais à côté de plein de choses en ne lisant pas. Après cette découverte, on ne m’a plus arrêtée.” On suit dans Vol de nuit des pilotes de l’Aéropostale mais surtout ceux et celles restés à terre : Rivière, le patron intransigeant mais pour qui la sécurité de ses employés est primordiale, la femme d’un pilote... Dans une langue fine et poétique, Antoine de SaintExupéry livre un beau témoignage sur des héros de l’aviation.

Vol de nuit, Antoine de Saint-Exupéry, Folio

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camille LIBRAIRE poche

“Pour mes 17 ans, ma grand-mère m’a emmenée dans une maison de la presse en me disant de choisir un ou deux livres qui me feraient plaisir. Au hasard d’un rayon, j’ai lu la quatrième de couverture du dernier Renaudot paru en poche, Mes mauvaises pensées. Après lecture des premières lignes, j’ai failli renoncer, tant la sensation de malaise que j’ai ressentie était violente. Je ne sais pas ce qui m’a décidée à le prendre malgré tout... sans doute l’impression que j’allais y trouver des réponses. Avant l’écriture, c’est le thème qui m’a fascinée. Je lisais déjà depuis des années et j’adorais la lecture. Mais

ce roman a été une vraie claque pour moi : il m’a fait réaliser que la littérature offrait d’immenses possibilités, des émotions allant au-delà du simple plaisir de lire, en écho à ce que je ressentais profondément. Par la suite, j’ai englouti toute l’œuvre de Nina Bouraoui dont j’admire le style très particulier, et poursuivi ma quête de lectures fortes...” Une femme se confie à un psychothérapeute et retrace l’histoire de son identité, de son désir et de l’écriture. Elle évoque ses racines algériennes, l’histoire de sa famille, ses amours et surtout ses peurs terribles, dans une écriture dense et juste.

Mes mauvaises pensées, Nina Bouraoui, Folio 17


noëmie LIBRAIRE jeunesse “Quand j’étais en troisième a débarqué dans la classe une prof de français remplaçante. Je me souviens très bien de son arrivée : c’était une femme a l’air très sec... qui s’est avérée passionnante par la suite ! C’est elle qui nous a conseillé la lecture de La nuit des temps. Si ce texte m’a autant marquée, c’est d’abord pour l’histoire d’amour impossible qu’il raconte et qui me parlait beaucoup du haut de mes 14 ans, mais aussi et surtout parce que j’avais l’impression que,

pour la première fois, on me considérait comme une adulte en devenir. Je me souviens notamment de quelques scènes osées qui m’ont confortée dans l’idée qu’on ne me prenait plus pour une enfant. Et ça faisait du bien, en plus d’être une ouverture sur un autre genre de littérature ! J’ai ensuite lu tous les livres de Barjavel puis des romans de type dystopie comme 1984 ou Le meilleur des mondes...” Lors d’une expédition en Antarctique, un groupe de scientifiques découvre sous la glace le corps de deux amants protégés par une capsule dorée, qui ont vécu des milliers d’années auparavant et sont les témoins du monde passé...

La nuit des temps, Barjavel, Pocket 18


CÉlestine LIBRAIRE jeunesse

“J’ai lu Les Liaisons dangereuses en terminale, pour le bac de français. Moi qui avais

toujours adoré les romans pour ados, je découvrais une nouvelle facette de la littérature : d’une part un style littéraire différent de ce dont j’avais l’habitude, d’autre part une intrigue étonnante et complexe. La construction est brillante : c’est un échange de lettres entre divers protagonistes dont chacun a une voix et une histoire uniques, un roman foisonnant et passionnant ! ”

Paru en 1782, ce récit épistolaire expose les amours et manigances de deux libertins : la Marquise de Merteuil et le Vicomte de Valmont, bien décidés à vivre selon leur bon vouloir et à pervertir quelques âmes innocentes...

Les Liaisons dangereuses, Laclos, Folio

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jean-marie LIBRAIRE

universitaire “J’avais 10-12 ans et j’étais en vacances chez mes grandsparents, qui vivaient en Kabylie. Dans leur bibliothèque, j’ai pioché Le fils du pauvre, un roman sur une famille vivant dans le village d’une montagne kabyle. Un livre extraordinaire ! J’y ai trouvé des sujets qui m’ont touché, dont j’avais entendu parler mais que je ne connaissais pas vraiment et qui ont réellement fait écho à mon histoire familiale. Il reste le plus beau livre que j’aie jamais lu. Suite à cette révélation, j’ai dévoré tous les livres qui croisaient mon chemin. ”

Mouloud Feraoun raconte sa propre histoire, celle d’un fils de kabyles vivant dans la pauvreté qui a eu la chance de pouvoir étudier et changer de vie. Ce récit est devenu un classique de la littérature en Algérie.

Le fils du pauvre, Mouloud Feraoun, Points

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anna

LIBRAIRE universitaire

“Quand j’étais en troisième, nous avions étudié l’incipit des Mémoires d’une jeune fille rangée. Quelques années plus tard, au détour d’une visite à Bécherel, je me suis décidée à l’acheter, en souvenir de cette étude et par curiosité. À 19 ans, j’ai donc redécouvert Simone de Beauvoir : ce texte a trouvé en moi un fort écho, aussi bien par rapport à mes questionnements qu’à un certain vécu. Il est un de ceux qui m’a le plus marquée personnellement, d’abord en tant que lectrice mais aussi parce que j’écris. J’ai poursuivi ma découverte avec la série autobiographique de l’auteure qui m’a elle-même donné envie de m’enrichir intellectuellement et de m’ouvrir à d’autres lectures.”

Ce premier volet de l’œuvre autobiographique de Simone de Beauvoir retrace les vingt et une premières années de l’auteure, de son enfance dans une famille bourgeoise désargentée à son indépendance à l’adolescence, et souligne sa volonté de se détacher de l’existence conventionnelle qu’on lui a tracée, grâce à la littérature et la philosophie.

Mémoires d’une jeune fille rangée, Simone de Beauvoir, Folio

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murielle LIBRAIRE

universitaire “Zola reste mon premier amour mais j’ai été passionnée par La Reine Margot ! On me l’a mis dans les mains vers 14 ans à la bibliothèque de mon village et j’y ai appris énormément : je crois que c’est le premier livre historique que j’ai lu. J’avais fait des fiches pour distinguer les catholiques et les protestants afin de pouvoir mieux suivre l’histoire et les enjeux des guerres de religion : c’était vraiment intéressant ! J’ai

adoré l’aspect fresque historique qui était nouveau pour moi et m’a beaucoup marquée... et, évidemment, j’ai été subjuguée par la beauté des amours de la reine ! ” Au lendemain de la Saint-Barthélémy, les amours contrariées de la reine Margot alors que sa mère, Catherine de Médicis, consulte ses astrologues et que les guerres de religion reprennent...

La Reine Margot , Alexandre Dumas, Folio

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josé

LIBRAIRE

universitaire “Quand j’avais 14 ou 15 ans, mon père, professeur de français passionné de littérature, a décrété qu’il en avait assez de me voir tourner en rond ou plongé dans des magazines de hard rock. Il ne comprenait pas que je puisse m’ennuyer puisqu’un lecteur a toujours de quoi voyager… En désespoir de cause, il m’a proposé de lire des textes de Lovecraft, plus précisément La couleur tombée du ciel. Les ambiances, le climat des différentes nouvelles m’ont complètement fasciné : autant les dialogues sonnaient faux – l’auteur étant un grand asocial – autant l’univers est incroyable. J’ai été surpris que cette lecture ait plus d’effets sur moi qu’un film et j’ai réalisé

que les mots avaient un pouvoir évocateur beaucoup plus fort que les images. Par la suite, je me suis plongé dans des romans de science-fiction ou de fantasy et puis j’ai appris à apprécier la lecture dans son ensemble. ” La couleur tombée du ciel est le titre d’une nouvelle du recueil éponyme en regroupant quatre. Une météorite atterrit sur Terre et, de son ventre, coule un liquide qui s’infiltre dans le sol, réduisant peu à peu l’humanité à la folie. Jamais dans la surenchère, toujours dans la suggestion, Lovecraft fait monter l’angoisse et l’horreur à chaque page, créant avec brio une atmosphère toujours plus oppressante. La couleur tombée du ciel , H.P. Lovecraft, Folio SF

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cÉline

LIBRAIRE scolaire

“ A 14 ans, j’ai étudié Germinal. Je ne l’avais pas terminé car l’atmosphère me pesait, c’était une lecture sombre… Mais j’ai décidé de ne pas abandonner Zola et de tenter ma chance avec Au Bonheur des Dames. Cette fois fut la bonne et le récit s’est avéré nettement plus lumineux : les descriptions de la boutique, de la profusion des étoffes, leurs couleurs chatoyantes, les nombreux clients… Je m’y voyais ! J’ai été épatée par le talent de Zola et l’ascension de Denise. J’étais déjà une lectrice

assidue mais ce roman m’a énormément marquée par cette immersion dans un milieu que je ne connaissais pas et la capacité que peut avoir un auteur à nous faire plonger au cœur de son univers. ” Un grand magasin parisien en 1883, Au Bonheur des Dames, connaît un immense succès mais provoque la fermeture des petits commerces du quartier. La provinciale Denise Baudu y est vendeuse sous les ordres du directeur Octave Mouret qu’elle convertira à l’amour…

Au Bonheur des Dames, Émile Zola, Le livre de Poche

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cÉline

RESPONSABLE bibliothèques

“L’été de mes 15 ans, j’ai eu envie de lire pour la première fois un roman policier. Lorsque j’ai aperçu Misery à la bibliothèque, je me suis souvenue que j’en avais entendu parler : on m’avait dit que c’était bizarre... Alors j’ai tenté !

J’ai été tellement prise par l’histoire qu’il m’a été impossible d’arrêter ma lecture. C’est un livre poignant et haletant jusqu’au bout, d’autant plus que le lecteur se glisse totalement dans la peau du personnage. J’ai été surprise de réaliser qu’un livre pouvait capter toute mon attention, m’envahir complètement... Jusqu’ici, je lisais des récits moins captivants et cette découverte a conditionné la suite : j’avais envie de découvrir des textes qui faisaient appel à d’autres émotions, je ne voulais plus me contenter de lire pour passer le temps, je voulais ressentir. En plus de ça, c’est quand même un sacré pavé et j’étais très fière d’avoir lu un livre d’adulte jusqu’au bout ! ” Misery est un huis clos dans lequel un écrivain ayant tué l’héroïne de son roman est kidnappé par une fervente admiratrice lui reprochant la mort du personnage... Misery, Stephen King, Le Livre de Poche 25


jean-yves RÉCEPTIONNAIRE “Je ne lisais pas beaucoup à l’époque. J’aimais surtout les épisodes de Blek le Roc qui s’achetaient en kiosque et je préférais me battre avec les copains plutôt que me plonger dans un livre. L’Assommoir nous a été donné à étudier au collège, j’avais 11 ou 12 ans. Ce qui m’a fasciné dans ce roman, c’est l’aspect vraiment visuel de l’écriture : pas besoin d’images pour imaginer l’intrigue, les décors ; rien que les mots qui permettaient de changer de vie en restant assis. ”

Fin du XIXème siècle, Zola dresse le tableau du milieu ouvrier et décrit les ravages causés par la misère et l’alcoolisme à travers l’histoire de Gervaise Macquart, blanchisseuse parisienne confrontée à la pauvreté et la rudesse de la société.

L’Assommoir, Emile Zola, Le Livre de Poche

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michel LIVREUR “ Je me souviens de L’Étranger, de Camus, qui nous a été conseillé par notre professeur de français en quatrième. Je garde de ce livre un souvenir fort même si je n’en avais pas nécessairement saisi toutes les subtilités. C’est un texte que j’ai plusieurs fois lu et étudié en classe ensuite, ce qui m’a permis de le redécouvrir chaque fois sous un angle différent. Chaque lecture était une nouvelle plongée dans l’esprit de Meursault... et de Camus, au cœur de ses questionnements sur la vie et la mort. Autant dire que c’est un roman qui m’a marqué...” Le récit intérieur de Meursault, un pied-noir employé de bureau, condamné à mort pour avoir tué un Algérien sur une plage. Un classique de Camus sur le sens de l’existence.

L’étranger, Albert Camus, Folio

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coline

GRAPHISTE webmaster

“Je n’étais pas une accro à la lecture mais j’aimais les romans policiers et la littérature pour ados. Lorsque j’avais 16 ou 17 ans, ma mère m’a prêté L’écume des jours, qu’elle avait dû parcourir une bonne vingtaine de fois puisqu’il était tout rafistolé et annoté. J’ai alors découvert l’absurde, le farfelu, l’imaginaire... un vrai régal ! Moi qui étais un peu rebelle, qui n’aimais pas les règles, j’ai été charmée par autant de liberté dans le texte. J’ai adoré le côté très visuel de l’écriture, le fait que l’on puisse se jouer des expressions, du véritable sens des mots. La littérature pour adultes n’était pas forcément ennuyeuse ! Je suis devenue grâce à Boris Vian et à ma maman (au regret de mes professeurs) une adepte du néologisme ! Je me suis ensuite plongée dans les lectures de Ionesco avec une passion débordante pour le texte de La cantatrice chauve, que j’ai lu et relu une bonne cinquantaine de fois ! ” Colin et Chloé vivent une belle histoire d’amour. Un jour, Chloé tombe malade car un nénuphar pousse dans son poumon. Son amoureux s’épuise à la soigner mais son état s’aggrave, si bien que leur maison rapetisse et devient étouffante...

L’écume des jours , Boris Vian, Le Livre de Poche

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aude

ASSISTANTE de direction

“À 16 ans, j’ai fait un stage dans une librairie spécialisée dans la SF et les romans policiers. Pour m’initier au genre, on m’a conseillé Des fleurs pour Algernon. Le début est curieux puisque le lecteur se place dans la tête du narrateur qui commence le récit avec beaucoup de fautes d’orthographe : une écriture bizarre, intrigante… Ce qui est passionnant puisque la capacité de rédaction se développe au fur et à mesure que l’intelligence de Charlie croît, créant une très forte empathie envers le protagoniste : on grandit avec lui et on est au centre de toutes ses émotions. C’est le seul livre qui m’a fait rire et pleurer dans le métro... Il y aussi l’histoire d’amour qui m’a amenée à beaucoup de réflexion : si j’étais à la place de cette femme, comment réagirais-je ? J’ai adoré l’aspect science-fiction qui était nouveau pour moi, tout autant que le fait que l’expérience semblait ancrée dans le réel. Avant cette découverte, j’étais surtout attachée aux romans ados de type réalistes alors elle a été pour moi une ouverture vers les romans d’anticipation, comme 1984 ou Le meilleur des mondes. Lorsque deux savants parviennent à décupler l’intelligence d’une souris nommée Algernon, ils décident de tenter l’expérience sur un simple d’esprit. Avec la participation d’Alice, une psychologue, ils appliquent le protocole sur Charlie qui découvre un monde qui lui avait jusqu’ici échappé. Alice et lui tombent amoureux mais, peu à peu, les facultés mentales du jeune homme régressent...

Des fleurs pour Algernon, Daniel Keyes, J’ai Lu SF 29


valÉrie

RESPONSABLE de la librairie

“Je lisais depuis toute petite : j’adorais dans la Bibliothèque verte les Alice et aussi les Bennett et Mortimer. Mais le premier livre « pour les grands » qui m’a embarquée, c’était Pagnol. Je me souviens encore de la couverture qui était rose pâle ! Vers 11 ou 12 ans, j’étais partie en vacances avec mes parents qui m’ont mis La gloire de mon père entre les mains et je m’étais alors retrouvée dans une autre vie : je venais de la ville et soudain, je plongeais au milieu de la garrigue ! C’était de nouveaux paysages, des lieux inconnus ; il y avait la chaleur, l’atmosphère provençale, des gens qui se chamaillent, d’autres qui font des bêtises et une forme de liberté… Le personnage principal étant un garçon de mon âge, je n’avais eu aucun mal à m’identifier à lui et à m’immerger dans le roman. Une fois l’histoire terminée, ma mère m’a emmenée dans toutes les librairies du coin où nous étions en vacances pour que je puisse lire tous les Pagnol… C’était un monde qui me faisait rêver, me faisait du bien et c’est toujours en partie ce que je recherche aujourd’hui dans mes lectures : une forme d’évasion et un style. ” La gloire de mon père est le premier livre de la série autobiographique de Marcel Pagnol. Il y raconte son enfance marseillaise et ses vacances dans la campagne provençale dont il tombe amoureux et qui sera le lieu de mille aventures…

La gloire de mon père , Marcel Pagnol, Fallois

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dominique RESPONSABLE de la librairie

“Le premier livre qui m’a vraiment donné envie de lire s’appelle La moisson de Louis Bromfield, mais il est malheureusement épuisé. Un roman qui a marqué mon enfance est La Joie de vivre, de Zola. J’avais 11 ou 12 ans et c’est un texte que ma sœur étudiait en terminale. Il m’a fasciné: l’écriture est superbe et j’ai toujours eu un attrait pour les ­his­toires réalistes donc je ne pouvais guère mieux tomber. Une scène m’a particulièrement frappé : le lecteur est au cœur d’une famille qui ne parle pas des sujets intimes. Une des jeunes filles a un jour ses règles et est alors persuadée qu’elle va mourir... Dans ma famille, on parlait très peu, on ne se disait pas les choses et j’ai reconnu cette attitude avec Zola, l’impression d’avoir grandi dans une famille du XIXème siècle ! C’est un sentiment très puis­sant de trouver dans un livre un écho à son propre vécu...J’ai lu toute la série des Rougon-Macquart, puis je me suis inscrit à la bibliothèque où j’ai trouvé tellement de possibilités de lecture que je suis allé vers ce qui m’intéressait : les ouvrages d’histoire. Ils m’ont passionné pendant des années et on renforcé mon goût pour les histoires proches du réel.” Pauline, une fillette de dix ans, devient orpheline à la mort de son père et est alors confiée à ses cousins, qui vivent au bord de la mer. Généreuse, elle emplit le foyer de joie jusqu’aux crises de gouttes qui paralysent son oncle et la dégradation de la santé mentale de son fils Lazare. Peu à peu, le foyer sombre dans la peine tandis que le village est rongé par la mer...

La Joie de vivre, Emile Zola, Le Livre de Poche 31


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