A l'occasion de la diffusion sur Arte, le 1er mai à 21h, du film de Walter Salles "Voyage à Motocyclette" (Diarios de Motocicleta), voici les photos du périple d'Ernesto Guevara à travers l'Argentine et toute l'Amérique Latine. Ernesto a 23 ans. Il a presque terminé ses études de médecine. Habité par une immense soif de découverte et d'aventure, il décide avec son ami Alberto d'entreprendre un voyage initiatique à travers toute l'Amérique Latine. Le 29 décembre 1951, les deux amis enfourchent une vieille motocyclette Norton 500cm3, la Poderosa (puissante) II. A l'arrière, un barbecue trône au sommet des sacs de couchage, de la tente et des quelques vêtements de rechange. Les parents ont du mal à cacher leur inquiétude. Ernesto doit promettre de ne jamais oublier sa ventoline (médicament contre l'asthme) et de revenir finir son doctorat. En partant, son père glisse son revolver dans le paquetage. On ne sait jamais...
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine. Photos ©OAH/Jazz Editions/Lightmediation Texte ®Jazz Editions Contact - Thierry Tinacci Agence Photo Lightmediation +33 (0)6 61 80 57 21 thierry@lightmediation.com
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-02: Ernesto Guevara hitch-hiking, 1952. Bolivia. / Bolivia /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-03: Ernesto Guevara (right) and Alberto Granado on a raft, the Mambo Tango, on the Amazon river, June 1952. Peru. / Peru /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-04: Press clip from a Chilean newspaper about "Two Argentinean experts in the field of leprosy". February 1952. Che Guevara and Alberto Granado. / Chile /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-05: Ernesto Guevara de la Serna on the raft "Mambo Tango". Amazon river. Peru. / Peru /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-06: Ernesto Guevara's first trip,January 1950. He has attached a small motor to his bike for the 850 kms trip to join his friend Granado who is working in a leprosy. / Argentina /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-07: Ernesto Guevara with his friends, the Granado brothers, in Argentina.1950. / Argentina /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-08: Friends Alberto Granado (left) and Ernesto Guevara (right) with girlfriends before their departure with their motorbike. Buenos Aires, December 1951. / Argentina /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-09: Ernesto Guevara with girlfriend Maria "Chichina" del Carmen, the daughter of baron Ferreira. Miramar, january 1952. / Argentina /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-10: Ernesto Guevara with girlfriends; Buenos Aires, 1951. / Argentina /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-11: Ernesto Che Guevara, Buenos Aires, Argentina. 1951. / Argentina /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-12: Ernesto Che Guevara aboard the freighter San Antonio, between Valparaiso and Bolivia. March 1952. / Bolivia /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-13: Ernesto Che Guevara. Santiago, Chile. 1 March 1952. / Chile /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-14: Ernesto Guevara. Machu Picchu, 4 April 1952. / Peru /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-15: Ernesto Che Guevara hiking with his friend Julio Caceres "El Patojo". / Guatemala /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-16: Ernesto Guevara with his uncle Jorge, taking flying lessons. Buenos Aires, 1950. / Argentina /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-17: Ernesto Che Guevara taking flying lessons. Buenos Aires, 1950. / Argentina /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-18: Che Guevara in Mexico, 1955. / Mexico /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-19: Ernesto Che Guevara's passport photo. 1952 / Argentina /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-20: Ernesto Guevara (1st, right) with his team mates of San Isidro de Buenos Aires Rugby Club, in 1947. Best friend Alberto Granado is third from right. / Argentina /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-21: Ernesto Guevara relaxing on his parents' appartment balcony, 2180 Araoz St. Buenos Aires. 1949. / Argentina /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-22: Ernesto Che Guevara's diploma in medicine. 1951. / Argentina /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-23: Ernesto Guevara (8th, 3rd row) studying anatomy at medical school in Buenos Aires. He graduated in 1953. / /
Le voyage d'Ernesto Guevara en Amerique Latine / 1622-24: Ernesto Che Guevara's press card. 1955. / Mexico /
Los Easy Riders Hermanos. Sur la route... A l'occasion de la diffusion sur Arte, le 1er mai à 21h, du film de Walter Salles "Voyage à Motocyclette" (Diarios de Motocicleta), voici les photos du périple d'Ernesto Guevara à travers l'Argentine et toute l'Amérique Latine. Ernesto a 23 ans. Il a presque terminé ses études de médecine. Habité par une immense soif de découverte et d'aventure, il décide avec son ami Alberto d'entreprendre un voyage initiatique à travers toute l'Amérique Latine. Le 29 décembre 1951, les deux amis enfourchent une vieille motocyclette Norton 500cm3, la Poderosa (puissante) II. A l'arrière, un barbecue trône au sommet des sacs de couchage, de la tente et des quelques vêtements de rechange. Les parents ont du mal à cacher leur inquiétude. Ernesto doit promettre de ne jamais oublier sa ventoline (médicament contre l'asthme) et de revenir finir son doctorat. En partant, son père glisse son revolver dans le paquetage. On ne sait jamais...
"Déjà, il va vers les plus déshérités comme s'il voulait connaître d'un seul coup toute la misère réunie de son Amérique." Alfredo Reyes Trejo.
Le mardi 19 février 1952, le journal local de Temuco, une petite ville du Chili, rapporte que "deux experts argentins en léprologie traversent l'Amérique du Sud à moto"
clandestinement, en "polizones", sur un cargo. Ils remontent vers la Bolivie où ils visitent les gigantesques mines de Chuquicamata, exploitées par les Nord-Américains. Révélation de l'injustice: "Par un tour de passe-passe qui échappe aux Indiens, raconte Alberto, leur terre rouge se transforme en billets verts". Les deux compères continuent vers le Pérou -le lac Titicaca, Cuzco, le Machu Picchu- puis direction l' Amazonie où ils débarquent à la léproserie de San Pablo. Plus de quarante ans après, les Indiens lépreux se souviennent encore de ces deux êtres quasi-surnaturels qui ne portaient pas de gants, leur serraient la main et jouaient au foot-ball avec eux. L'un d'eux, Silvio Lozano, qui tient maintenant un bar appelé Che, s'est confié au journaliste Andy Dressler: "En 1952, j'étais un de ces nombreux lépreux condamnés à mourir à brève échéance. Je n'avais plus que la peau sur les os. La lèpre me dévorait lentement et la douleur m'arrachait des larmes. Il était assis à même le sol comme un yogi. J'étais tellement affaibli que la force me manquait pour lui tendre la main. Il la saisit, la tâta longuement et... me dit:"votre nerf est touché, il faut opérer". Malgré la main fraîche sur mon front brûlant, je fus frappé d'épouvante. "Vous allez mourir si l'on ne fait rien, insista-t-il. Je criai comme un dément lorsqu'on me glissa deux aiguilles dans la plaie, puis je cherchai son regard et je m'évanouis. Il m'a sauvé. Ce fut le début d'une ère nouvelle à la léproserie, les instruments chirurgicaux n'eurent pas le temps de rouiller!"
Le docteur Granado et son "adjoint" Guevara traversent la cordillère des Andes, passent au Chili. Déjà la Norton agonise. En auto-stop, ils rejoignent Valparaiso où ils embarquent
Reconnaissants, les lépreux ont construit un radeau pour qu'Alberto et Ernesto puissent continuer leur voyage sur le fleuve Amazone. Comme les malades sont péruviens et les médecins argentins,
Interlude romantique La première étape est la station balnéaire huppée de Miramar où se trouve l'adorable Maria del Carmen, dite "Chichina", la fille du baron Ferreira et la petite amie d'Ernesto. Parmi les fils à papa de l'aristocratie argentine, Guevara est considéré comme un ours dont les réflexions tombent presque toujours comme un pavé dans la mare. Chichina n'est pas de cet avis: "Sa négligence vestimentaire nous faisait rire et nous rendait un peu honteux de notre propre soumission à la mode. Ses souliers, il se les achetait dans les bazars d'occasion, et ils les choisissait de manière à donner l'impression d'avoir des pieds de dimensions différentes. Face à notre snobisme, il acceptait nos quolibets avec la plus parfaite indifférence". "Le voyage, écrit en partant Ernesto dans son journal, était dans la balance, dans un cocon, subordonné au mot qui consent et qui lie". En cadeau d'adieu, elle lui donne un bracelet en or. Il lui laisse un petit chien baptisé "come-back" (reviens).
Médecins du monde
ils ont baptisé Mambo-Tango.
l'embarcation
"Pour nous faire leurs adieux, les malades se sont regroupés en un orphéon. L'accordéoniste n'avait plus de doigts à la main droite, il les avait remplacés par des tiges de bambous liées au poignet. Le chanteur était aveugle et presque tous étaient défigurés par la forme nerveuse que prend la maladie dans cette région. Tout cela à la lueur des falots et des lanternes. Un spectacle de film d'horreur, qui restera pourtant comme l'un des plus beaux souvenirs de ma vie." Visitant les ruines du Macchu Picchu, Ernesto rumine sur la misère des Indiens: "A cause des conditions dans lesquelles je voyageais, j'ai découvert qu'il était impossible de guérir des enfants malades à cause du manque de moyens, de la sous-nutrition et de la répression constante". Fin juillet 1952 à Caracas, après avoir bourlingué ensemble pendant sept mois, les deux compagnons se séparent. Ernesto n'a plus qu'un dollar en poche et il a promis à sa mère de rentrer finir ses études de médecine. L'avion-cargo qui le ramène à Buenos-Aires fait une escale forcée à Miami. En attendant qu'on répare, il lui faut survivre pendant 20 jours avec un seul dollar en poche dans une Amérique en plein Mac Carthysme. De septembre 52 à mars 53, il obtient son doctorat en un temps record. Il n' a pas encore 25 ans. Le "docteur" Guevara se fout de ce titre de notable. Il lui tarde de repartir. Le continent américain mérite une "auscultation politique systématique". Il repart au Pérou, reste un moment en Bolivie, traverse l'Equateur, le Costa Rica. Là, des exilés cubains, qui viennent de participer, le 26 juillet dernier, à la
première opération armée d'envergure contre le dictateur Batista, lui parlent de leur chef, un certain Fidel Castro Ruiz. Au Guatemala, il assiste à l'intervention des mercenaires formés par les Etats-Unis pour abattre le régime jugé trop progressiste du président Arbenz. Il rencontre Hilda Gadea Acosta, une militante péruvienne exilée. Elle le nourrit de nouvelles lectures: Lénine, Trotski et Mao. Les amants participent à la résistance mais doivent s'enfuir au Mexique. Avec son nouvel ami Julio Caceres "El Patojo", Ernesto survit en photographiant les amoureux ou les mamans qui promènent leur progéniture dans les parcs, "luttant pour les convaincre que le petit est vraiment très mignon et que cela vaut le coup de dépenser un peso pour cette merveille." L' agence Prensa Latina l'engage comme photographe pour couvrir les jeux Panaméricains.