Carnet Curieux | Façades Vécues

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FAÇADES VÉCUES Usages des épaisseurs en façade

Lina Rachedi | Carnet Curieux | S9 | Lab 43 Sous la direction de Rémy Marciano, Marion Serre et Philippine Moncomble


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SOMMAIRE

INTRODUCTION .......................................................7 I | LA FENÊTRE :

PREMIÈRE PERCÉE DU MUR

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17 A | LA FENÊTRE SUR RUE

25 B | LA FENÊTRE SUR PLACE

II | LA LOGGIA :

...................................................31

HABITER LE MUR ÉPAIS 33 A | LA LOGGIA SUR PORT

43 B | LA LOGGIA SUR PARC 53 C | LA LOGGIA COMME PIÈCE EN PLUS

III | DIVERSIFIER LES DISPOSITIFS : ........61 L’ÉPAISSEUR AU SERVICE DE L’USAGE

A | LA FENÊTRE ET LOGGIA SUR PARC 73

67 B | LE BALCON SUR MUSÉE

CONCLUSION .....................................................87 REMERCIEMENTS.....................................................95 ANNEXES .....................................................97


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INTRODUCTION

La façade dans sa définition la plus générale correspond à chacune des faces extérieures d’un bâtiment 1. Ici, deux notions liées à la façade apparaissent : l’extérieur et l’intérieur. Envisager la façade en architecture c’est prendre en compte l’épaisseur bâtie qui sépare ces deux espaces. L’architecture de la façade se doit de la rendre habitable, elle doit répondre aux usages des habitants. Dans son traité De Re Aedificatoria, Leon Battista Alberti explique qu’à l’origine l’architecture c’est le toit, le mur et l’ouverture 2. Chacun de ces éléments ne peut s’envisager sans l’autre et sans les rapports qu’ils entretiennent avec leur environnement. Il faut donc comprendre la façade comme une épaisseur à plusieurs faces où chacune d’elle répond à des contraintes particulières. L’image d’une ville peut être associée à un patchwork unique de façades. Kevin Lynch dit de cela en parlant de Boston que les gens [ont] une image mentale assez cohérente et détaillée de leur ville, image produite par une interaction entre soi et le lieu, et cette image était essentielle à la fois à leur fonction actuelle et à leur bien-être 3. Une réelle identité peut se dégager du paysage urbain formé par l’addition des façades, d’où l’importance de la compréhension des rôles de la façade dans la ville.

1 | LAROUSSE, définition du terme Façade 2 | Le toit, le mur et l’ouverture sont les trois principes du second groupe qui sont développés dans le premier livre. L.B.ALBERTI, La structure, Livre I, De Re Aedificatoria, XVème 3 | K.LYNCH, Reconsidering the image of the city, Cities of the mind : Images and Themes of the City in the Social Sciences, éd.Lloyd Rodwin et Robert M.Hollister, New York, 1984, p.155


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LA FAÇADE COMMENCE AVEC LE MUR C’est ainsi que Kahn l’explique, au début, les murs étaient épais. Ils protégeaient l’Homme. Celui-ci éprouva le désir de la liberté et la promesse du monde extérieur. Il fit d’abord une ouverture grossière. Puis il expliqua au mur malheureux qu’en acceptant une ouverture, le mur devait maintenant se conformer à un ordre plus haut avec, pour nouveaux éléments de valeur, des arcs et des pilastres 4. Dans l’épaisseur du mur, la distinction entre intérieur et extérieur est faite par l’architecture. Le mur à lui-même plusieurs épaisseurs, il faut distinguer ce qui relève de la structure de ce qui relève de l’enveloppe. L’ouverture qui perce le mur engendre des translations, se sont des passages qui peuvent s’effectuer à travers le mur. Les éléments de remplissage de l’épaisseur jouent aussi sur ses passages. La façade correspond alors à la dernière épaisseur séparant ce qui relève du public de ce qui relève du privé, de l’intime. Alors, l’architecte à pour tâche de faire vivre les surfaces qui enveloppent [les] volumes 5. Parler de façade c’est donc parler également de ce qu’il peut se passer sur chacune des faces de l’épaisseur : l’extérieur est le résultat d’un intérieur 6. Les rôles de cette épaisseur sont multiples, elle peut protéger, sécuriser, dominer, englober montrer ou cacher. Ils dépendent du programme et de l’usage qui sera fait du bâti. Ici, nous nous intéresserons aux typologies de logements collectifs, là où les appropriations sont les plus marquées. 4 | L.KAHN, Silence et lumière, éd. Du Linteau, Paris, 1996 5 |LE CORBUSIER, La Surface, in Vers une Architecture, éd.G.CRES et Cie, 1924, p.25 6 | LE CORBUSIER, in ibid


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LA FAÇADE COMME LIMITE ? La façade est le premier lieu de rencontre entre le regard public et privé, ils sont tous deux guidés par le dessin de l’architecture. Nous pouvons alors nous demander comment l’épaisseur de la façade est vécue aujourd’hui dans des dispositifs architecturaux aux typologies variées que l’on retrouve dans la métropole Aix-Marseille ?

Le contraste entre l’intérieur et l’extérieur peut être une manifestation majeure de la contradiction en architecture 7, les rapports qui peuvent avoir lieu entre ces espaces se font par des failles, des ouvertures. C’est avec son ouvrage De l’ambiguïté en Architecture que Robert Venturi ouvre les interrogations de la postmodernité. Ces ouvertures laissent pénétrer des fragments de ces espaces. Leurs formes sont nombreuses : de la porte à la fenêtre, aux claustras, balcons, loggias et terrasses. Ce sont ces dispositifs architecturaux qui jouent de l’épaisseur de la façade et mettent en relation extérieurs et intérieurs. Il advient alors de se demander en quoi l’usage de ces dispositifs en façade peut participer à la pratique de l’habitat ?

7 | R.VENTURI, L’intérieur et l’extérieur, De l’ambiguïté en architecture, New York, 1966, éd.Dunot, 1996


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L.RACHEDI, Obsevateurs de la ville : Vieux-Port, Joliette et Crottes, Marseille, 2017


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LA FAÇADE, ŒIL DE LA VILLE Les corps sont des acteurs de la façade. Ils sont d’autant plus actifs lorsqu’il s’agit de logements, c’est lorsque le dessin devient la propriété d’un individu que les dispositifs d’ouverture sont vécus. Cela ajoute une nuance au rôle de l’architecte, le dessin n’est peut-être pas la finalité de l’objet bâti. Alors, le degré d’appropriation d’une façade est-il lié au typologies d’ouvertures employées et dans ce cas jusqu’où peutil aller ? La Métropole marseillaise a connue un grand nombre de transformations dans son tissu et elle présente donc des typologies de bâti diverses et variées. Il est intéressant de s’attarder sur celles encore utilisées aujourd’hui. La question de la façade est d’autant plus marquée à Marseille, ville méditerranéenne, où le climat permet aux individus de vivre une partie de l’année à l’extérieur. Vivre dehors à Marseille c’est partager une partie de son intimité, un moment de son intérieur avec le regard public. Depuis leurs logements les habitants sont des observateurs de la ville (voir ci-contre). Du Vieux-Port au Crottes, ici la position des individus est la même : trois hommes accoudés à un garde corps sur la façade de leur logement. Mais la vie urbaine est différente dans caque cas. Dans le premier cas, sur le Vieux Port, les cars de touristes et autres bateaux de plaisance pour la plupart se succèdent à longueur de journée. Dans le second cas, à la Joliette, c’est une scène de vie qui interpelle l’observateur : un groupe de femme dans la rue se chamaillent. Dans le troisième cas, aux Crottes, ce sont les véhicules, rythmés d’un brouhaha infernal, qui se succèdent sous les fenêtres.


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L’attitude change, l’observateur ne contemple plus les scènes de la ville, il regarde au loin, comme pour échapper à cette folie. Le contexte semble donc également influer sur la vie de la façade et sur son usage et ce sont les appropriations qui en témoignent. Ici, nous pouvons nous demander dans quelles mesures, et avec quelles libertés les interactions entre individus et façades ont lieu dans la ville ? C’est en analysant les dispositifs de façade rencontrés à Marseille que nous montrerons s’il existe des identités associées aux typologies d’ouverture de la façade rencontrées sur le territoire de la métropole. Nous considérerons le premier groupe comme étant le percement du mur qui permet le passage du corps entier ou d’une partie du corps, il s’agit de la fenêtre. D’abord la fenêtre haussmannienne de la rue de la République. Puis la fenêtre en bandeau de logements sociaux neufs. Le second groupe quand à lui sera considéré comme le percement du mur permettant de prolonger le sol à l’extérieur du logement, il s’agit de la loggia. Emblématique à Marseille, à travers les cas de la loggia de l’unité d’habitation puis de celle de Pouillon au Vieux Port. Enfin, le dernier groupe étudié regroupe des dispositifs divers qui témoignent d’un besoin d’espace extérieur pour le logement et les habitants. D’abord avec la loggia et la fenêtre de la cité Consolat au nord de Marseille, puis avec le balcon de l’immeuble de rapport donnant sur la cour du FRAC PACA.


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I | LA FENÊTRE : Première percée du mur

Définition | Baie comportant une fermeture vitrée, pratiquée dans un mur d’un bâtiment pour permettre l’entrée de la lumière, la vision sur l’extérieur et l’aération.


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L.RACHEDI, Haussmann : Faรงade, Marseille, 2017


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Rue Vincent Leblanc


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A | LA FENÊTRE SUR RUE

Individualité et reconnaissance des corps

La rue de la République est marquée par l’architecture haussmannienne de la seconde moitié du XIXème. Intervention à Marseille en 1866 pour la rénovation d’une partie de la ville comme à Paris, le tissus ancien est rasé pour laisser place à une grande percé allant du vieux port vers le nord, la rue de la République. Les immeubles qui la bordent répondent à une même typologie, l’ensemble est uniforme. Ce nouveau tracé urbain Ces immeubles de rapport en pierre de taille se dressent rue de la République depuis. Ils répondent à tous les critères d’un immeuble de rapport haussmannien : - Ils n’excèdent pas les six étages, sauf pour rattraper les variations de topographie sur certaines parties du site - Sur la rue les balcons filants sont présents aux deuxième et cinquième niveaux, les rez de chaussée sont prévue pour des commerces, tous les îlots sont dotés d’une cours centrale - L’ornementation des façades reste sobre à l’exception de quelques immeubles bourgeois où figure des modénatures plus nombreuses. Aujourd’hui, la rue est plantée d’arbre où piétons, voitures et tramway se côtoient. A l’arrière de la rue plantée,un calme s’installe, seules des voitures sont stationnées, les rez de chaussée sont barricadés, laissés à l’abandon pour la plupart, quelques portes se démarquent, une d’entre elle est entrouverte.


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Elévation, Fenêtre habitée, Immeuble Haussmannien, 11 Rue Vincent Leblanc, Marseille


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Le dessin de la façade haussmannienne est des plus épuré dans son architecture, la pierre de taille figure au premier plan et dans toutes les modénatures. Ces dernières sont peu nombreuses. Les corniches, débords en pierre, soulignent chaque étage et les chambranles, reliefs en pierre, encadrent chaque ouverture. Les occultations sont des volets à persiennes de couleur bleu, nombre d’entre eux sont en position fermé, très peu sont entièrement ouverts. Ils témoignent de l’absence d’habitants lorsqu’ils sont fermés et alors la façade semble être désertée. Les dimensions des ouvertures permettent au modèle Haussmannien d’évoluer avec les mutations d’usages que l’immeuble peut connaitre. Ainsi, rue de la République, on retrouve dans la même typologie aussi bien des logements que des bureaux. Ces derniers s’installent dans des logements, seul l’usage est transformé. Cependant en façade aucune transformation architecturale ne se lit au delà du rez de chaussée. Seule l’absence d’appropriations peut en parler, comme une plante au garde corps ou du linge aux fenêtres. La rue voie le jour dans le courant du mouvement hygiéniste, les grandes hauteurs, la pierre et l’apport de lumière participe au bon vivre du logement, assainir la ville par l’architecture. Les modénatures sont modestes, le mur de façade correspond à l’épaisseur bâti, celle de la pierre de taille.


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Mur Pierre de taille

Chambranle

Corniche

Rideau

Balconnet Persiennes

Cuisine

Menuiserie

Coupe/Axonométrie, Fenêtre habitée, Immeuble Haussmannien, 11 Rue Vincent Leblanc, Marseille


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Au 11 rue Vincent Leblanc, ème 2 , à l’arrière de la rue de la République, cinq fenêtres du troisième étage se distinguent sur le mur en pierre de taille. Les modénatures sont au minimum : une corniche souligne chaque étage, des chambranles sobres en pierre encadrent chaque fenêtre qui est accompagné par un garde corps en applique. Ces balconnets en fontes sont une des rares richesses du dessin des ouvertures, celles d’un immeuble Haussmannien de la deuxième moitié du XIXème siècle. À la parfaite moitié de la hauteur de l’immeuble, les volets à persiennes en bois pliants bleus sont ouverts, et laissent entrevoir les menuiseries bois à grands carreaux des ouvertures. Certaines sont entrouvertes et laissent dépasser des rideaux. Ils ont été noués aux balconnets, sans doute pour laisser l’air circuler quelque temps. La façade étant exposée plein est, la lumière peut devenir gênante dans certaines pièces d’où le besoin d’occultations légères. De par leur couleur et leur position, ces cinq voiles rouges marquent une même habitation.

Ils parlent ainsi d’une habitude, du vécu de l’architecture par ses occupants. La série d’ouverture est interrompue par une gouttière seule élément technique qui émerge de la façade. Elle tranche avec la rigueur du dessin des éléments de façade. A l’arrière de la fenêtre haussmannienne une cuisine occupe l’espace, les odeurs s’en échappent dans la rue. L’unité de la façade est interrompue par des ajouts d’éléments non prévus lors du dessin initial, de la gouttière, aux ventilations, au linge étendu aux fenêtres. Ici, ce dernier est un caractère qui marque la perception des façades. Le linge étendu se lit comme l’appropriation du balconnet pour un usage du quotidien qui expose l’intimité du foyer, le linge de maison. Les draps battent le mur au rythme de la brise. Les appropriations peuvent aussi être marquées par des plantes suspendues aux balconnets. Ce sont ces appropriations qui caractérisent le lieu et les individus qui l’habitent.


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L.RACHEDI, Résidence Montfleuri : Façade, Carnoux-en-Provence, 2017


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A.AMORETTII, Résidence Montfleuri : Confort visuel pour tous, Atelier Serres et Fernandez Carnoux-en-Provence, 2016


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B | LA FENÊTRE SUR PLACE

L’ouverture dans le logement social contemporain

Dans le projet de la résidence Montfleuri à Carnouxen-Provence les ouvertures sont des fenêtres en bandeau à un ouvrant. Les menuiseries bois se détachent du mur de façade paré de briques blanches. Le bâtiment de 20 logements sociaux, réalisé par l’Atelier Fernandez et Serres et construit en 2014, est soumis à la RT 2012. Sur la question de la façade la réglementation impose uniformément à tous les bâtiments à usage d’habitation que la surface totale de baies soit supérieure à 1/6e de la surface habitable 1. Le but étant de favoriser l’éclairage et la ventilation naturels. Ici, la surface dégagée par les ouvertures en façade correspond exactement à 1/6ème de la surface globale des façades des niveaux habités. Les fenêtres en bandeau concentrent l’éclairage naturel sur une même ouverture en longueur. Ce choix répond au type de bâtiment, destiné à du logement social, le coût de réalisation du bâtiment doit être relativement faible. Ceci influe aussi sur le choix des matériaux, alors qu’en général elles sont préférées en PVC, ici il s’agit de menuiseries en 1 | RT 2012

bois massif, plus coûteuses. Cette réalisation est rendue possible par la rationalisation des modèles mis en œuvre. Les bandeaux, majoritaires, sont tous de même dimensions et les ouvertures plus fines, sont plus rares et ont des hauteurs correspondantes. La succession d’ouvertures se répète sur les 4 niveaux de logements Les habitants rencontrés expliquent que la qualité de leur logement est dû en grande partie à la taille des ouvertures. Ils se placent devant leurs fenêtres pour dîner, ils y installent un salon. Les chambres sont ouvertes sur toute la largeur du mur, l’allège est assez basse pour qu’elles cadrent le paysage sans dévoilé de l’intimité à l’extérieur, celui de la place de la mairie au premier plan et des massifs au second. Les matériaux influent aussi sur l’habité du logement. La brique blanche reflète la lumière par tout temps et donne de l’épaisseur au mur de façade. La résidence Montfleuri illustre le besoin du traitement de façade comme espace de vie du logement. Ce besoin présent dans tous les types.


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SYNTHÈSE I

La fenêtre haussmannienne permet au logement une entrée de lumière et une ventilation importante par ses dimensions élancées et l’ouverture à deux battants de la fenêtre. Lorsqu’une occultation est ajoutée par l’habitant, comme ici le rideau, elle montre que certains éléments, comme les volets à persiennes déjà en place ne suffisent pas au confort visuel depuis l’intérieur. Il montre le besoin du logement à rester ouvert à l’extérieur pour profiter de la circulation de l’air sans pour autant dévoiler l’intimité du logement. Dans l’architecture contemporaine, le dispositif de fenêtre en bandeau montré dans la résidence Montfleuri est mis en place dans un programme de logements sociaux, il apporte une qualité de vie au logement par la grande ouverture, la menuiserie en bois pleine et la continuité visuelle qu’elle apporte sur les espaces extérieurs tout en respectant les contraintes normatives avec les préoccupations environnementales. Les mécanismes d’ouverture peuvent être à battants ou coulissants. L’emprise que chacun à sur les espaces de part et d’autre de l’épaisseur varie et n’ont pas le même impacte sur les usages. Ainsi, la porte fenêtre à deux battants toute hauteur haussmannienne impose pour son fonctionnement un espace dégagé du sol au plafond pour l’ouverture complète. La fenêtre à un ouvrant de la résidence Montfleuri en se détachant du sol permet de dégager un espace sous l’ouverture qui peut être approprié par l’habitant pour divers usages. Dimensionnements et dispositifs de fenêtre impactent donc également les usages présents de part et d’autre de l’épaisseur.


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II | LA LOGGIA : Habiter le mur épais

Définition | Larousse Pièce, galerie largement ouverte sur l’extérieur par une colonnade, des arcades ou des baies libres, le plus souvent située en étage.


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L.RACHEDI, Unité d’habitation : Façade, Marseille, 2017


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A | LA LOGGIA SUR PARC

Quand le projet architectural accompagne le corps

Au 280 Boulevard Michelet, 8ème s’élève La Cité Radieuse de Le Corbusier. Achevée en 1952, c’est un des ensembles de logements les plus emblématiques de la métropole. Elle compte 337 logements allant du studio au duplex. L’architecture de béton se dresse au cœur d’une parcelle végétalisée, un parc aux arbres de hautes tiges. Ils isolent les habitants du bruit et du regard des passants et véhicules empruntant le boulevard à l’est. Les cinq points de l’architecture moderne 1 énoncés par Le Corbusier : le pilotis, le plan libre, la façade libre, la fenêtre en longueur et le toitjardin. Le sol de la parcelle est libre, le bâtiment se soulevant sur les pilotis de béton. La façade est rythmée par des ouvertures des loggias en longueur dans la peau massive de béton qui laissent apparaître les couleurs primaires (rouge, vert, bleu) des intérieurs, mais la vie reste cachée. Les menuiseries des grandes baies se font voir en arrière plan. La cinquième façade prend vie, la toiture terrasse domine la ville. Quelques émergences se font voir, les cheminées, le gymnase et l’école. C’est La maison du fada.

1 | L.CORBUSIER, Les cinq points de l’architecture moderne, 1927


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Elévation, Loggia habitée, Le Corbusier, Unité d’Habitation, Marseille


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Les loggias de l’Unité d’habitation constituent la dernière épaisseur séparant le public du privé. Avec leur 1.45 m de profondeur, elles permettent l’installation des habitants. Le mur en béton banché bois est percé par des ouvertures en bandeau, aucune menuiserie au premier plan. Rien n’interrompt l’architecture, le dessin domine les usages qui pourrait déformer la façade. Les seules mouvements visibles depuis l’extérieur sont ceux des baies qui s’ouvrent et se ferment dans la journée. La nuit, seul la lumière intérieure rayonne, aucun corps ne se fait voir de l’architecture. Elle est rythmée par les stores parfois présents et ouverts, autrement, la mono-matérialité est reine. Tous les réseaux sont en arrière, dissimulés par le mur de façade. La couleur apparaît par reflet et sur les stores déroulés, de face c’est la lumière qui la dévoile. L’alternance entre chaque ouverture casse leur rythme fixe, la couleur fait vibrer la façade. Au 4ème étage, nous rencontrons Emma. Elle habite au Corbusier, comme elle le nomme, depuis trois ans maintenant. Dans son récit, elle raconte qu’avec le temps, la cité se dévoile et la façon d’habiter son appartement suit cette évolution ne faisant qu’améliorer son habitat. Elle parle d’un dialogue entre le corps, le logement et le paysage.


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L.RACHEDI, Unité d’habitation : Traversée du regard, Marseille, 2017


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L.RACHEDI, Unité d’habitation : Paysage, Marseille, 2017


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Structure en béton

Tablette

Menuiserie bois

Claustra béton Table béton

Meuble tv

Baies

TV Magazines Table basse

Marche / Assise / RGT

R+1

Parquet

Coupe/Axonométrie, Loggia habitée, Le Corbusier, Unité d’Habitation, Marseille


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Le mur en façade prend de l’épaisseur, aux dimensions de la loggia : la structure interne s’étend vers l’extérieur, un volume ouvert vers le parc. L’installation de l’habitant pour la contemplation est facilitée par le mobilier dessiné et faisant parti de l’architecture comme la tablette en béton ou la marche de la baie. Sur la façade Est, la vie sur la loggia le matin est retenue, l’ensoleillement direct freine les occupations de l’habitant sur la façade. En milieu de journée, là où la lumière est la plus crue, la loggia prend tout son sens, l’ombre qui se dessine protège l’habitant qui commence à sortir occuper l’espace extérieur. Sur la façade ouest, c’est l’inverse, la pratique est d’autant plus difficile l’après midi avec le soleil de l’ouest, lorsque les rayons directs éblouissent les habitants. Les stores sont pour la plupart fermé sur cette face. La fin d’après-midi est le moment le plus apprécié lorsque l’architecture dissimule le soleil de l’ouest, fraîcheur par forte chaleur et douceur par temps frais. Le corps prend place sur la façade, toujours dissimulé des regards extérieurs par le

garde corps haut, la tablette en béton devient une assise, les baies s’ouvrent sur toute la largeur du logement, l’air et la lumière s’engouffrent jusqu’au bout du studio. L’espace donnant directement sur la loggia est le salon. Espace de convivialité, il est meublé par une télévision (le regard de ce qui est public depuis l’intimité du foyer), accompagné d’une table basse sur laquelle quelques magazines sont posés. La double hauteur démarre sur la loggia, les couleurs illuminent l’espace lorsque le soleil les atteint. Elle permet à l’air et à la lumière de pénétrer pleinement dans l’espace de vie. L’ouverture de la loggia cadre le paysage marseillais mêlant ville et massifs, le regard s’inverse, depuis l’espace intime, privé, c’est le rapport au lointain qui est privilégié. La loggia corbuséenne est un manifeste de la vie méditerranéenne dans la gestion du climat tout au long de l’année, cependant l’installation de l’habitant reste contrôlée par les dispositifs architecturaux.


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L.RACHEDI, Les quais du Port : Faรงade, Marseille, 2017


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Quai du Port


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B | LA LOGGIA SUR PORT Protéger le corps, cadrer le regard

Du 42 au 66 Quai du Port, Marseille 2ème, cinq immeubles font face au port sur le quai nord. L’architecture est celle du mouvement moderne, Il s’agit de l’ensemble d’immeuble de logements dessiné par Fernand Pouillon au milieu du XXème siècle. En 1943, milieu de la seconde guerre mondiale, les quais du port sont détruits par les forces allemandes. Lorsque la Reconstruction débute après la guerre, ils feront parti des premières interventions de reconstruction. Le projet est d’abord confié à l’architecte Henri Leconte en 1950. Mais, alors que le gros œuvre à déjà débuté, la municipalité décide d’arrêter l’avancement du chantier lorsque les dessins des façades de l’architecte sont publiées, elles sont jugées trop austères. Le contre projet dessiné par Fernand Pouillon et André Devin lui sera préféré en 1951 pour ses qualités d’insertion dans le site : une trame plus restreintes qui répond à celle du quai d’en face. Les travaux s’achèveront en 1955. Pierre Dalloz, architecte urbaniste et conseiller à Marseille, dans son livre Mémoire de l’Ombre dit du projet Nous choisîmes tous les trois le partie suivant : - ouverture des trois guichets - avancée de la façade (3,70 m) - construction d’un étage d’attique en compensation des appartements supprimés par l’ouverture des guichets Ici, c’est l’avancée de la façade qui permet la création de loggias, elles sont aussi un moyen de créer un passage couvert sur l’espace public. L’épaisseur de l’ouverture génère à la fois des rapports d’abord avec le logement, qui se prolonge à l’extérieur, et d’autres avec l’espace urbain public.


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ElĂŠvation, Loggia de contemplation, F.Pouillon, Quai du Port, Marseille


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La structure d’ensemble est un mur à double complexe, ce que Pouillon appelle la pierre banché. Une épaisseur de dalles de pierre est placée à l’intérieur de la face de la banche externe, des ressorts y sont encastrés, puis le ferraillage est inséré et une épaisseur de béton est coulée. Ainsi, le mur obtenu présente en façade extérieure de la pierre du pont du Gard, Pouillon combine la compression (pierre) et la flexion (béton). Il fait preuve d’un procédé qui combine tradition et modernité, restreignant le coût de construction en conservant une qualité de vie pour les habitants dans leur logement, un point important de sa réflexion architecturale. La pierre ainsi placée permet également de protéger la ferraille du béton armé de l’air marin qui pourrait les exposer puis dilater et alors ferait éclater le béton. Comme chez les modernes, les questions d’hygiènes sont fondamentales dans cette architecture. Les grandes hauteurs sous plafond permettent la ventilation des logements. La loggia y participe aussi puisqu’elle met à distance la vie dans le logement, par son épaisseur, de la route et donc du passage des véhicules. Au troisième étage, Josette vient d’emménager avec son époux. Cela fait deux mois que le couple s’est approprié l’appartement. Ils viennent de St-Giniez, un quartier plus au sud de Marseille,


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L.RACHEDI, Quai du Port : TraversĂŠe du regard, Marseille, 2017


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L.RACHEDI, Quai du Port : Paysage, Marseille, 2017


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Alcôve

Béton

Transat

Garde corps

Baie coulissante

Caisson

Salon

Pierre banchée

Coupe/Axonométrie, Loggia de contemplation, F.Pouillon, Quai du Port, Marseille

Bibliothèque


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La Loggia sur le port des immeubles du quai prolonge le sol intérieur, le salon s’ouvre sur le port. La pierre banchée reste apparente sur les murs extérieurs. L’ouverture sur le loggia, une baie vitrée à deux pans coulissants, donne à voir le paysage depuis le salon : les mats des bateaux amarrés soulignent la bonne mère au loin. Elle est de toute hauteur et de toute largeur. La menuiserie d’origine en bois à été remplacée par une menuiserie en PVC et un double vitrage pour augmenter les performances thermiques du logement. L’ouverture sur la loggia est totale, seuls les montants des baies apparaissent entre intérieur et extérieur, la continuité visuelle est conservée sur toute l’épaisseur de l’ouverture. La marche du seuil de porte en pierre, haute de 2cm marque le passage sur la loggia au niveau du sol. Le revêtement de celle est ci est fait de carreaux en terre cuite. Des alcôves sont creusées dans les murs latéraux, des pots de fleurs y sont disposés par les habitants. Cette élément est vécu comme une brèche du dispositif du mur, une opportunité d’appropriation.

Les habitants s’installent ici la journée, exposée plein sud, la lumière du soleil pénètre dans le logement sans être brutale. Le recul de près de 4m de la baie par les loggias protège l’intérieur de la surchauffe ou de l’éblouissement. La surface de la loggia permet aux habitants de placer une table où manger, des transats où s’allonger et de la végétation. C’est un jardin d’hiver par temps frais, une terrasse par jours d’été. Le plafond de la loggia est fait de caissons en terre cuite. Ce dispositifs permet d’abord d’alléger la structure de plancher entièrement en béton armé, puis, ils jouent aussi le rôle de caissons acoustiques, le bruit de la rue s’y perd en partie, ce qui facilite l’exposition à l’extérieur. Sur cette loggia, l’installation des habitants est plus libre de par la générosité des dimensions prises par l’épaisseur de façade. Le vécu du logement est d’autant plus marqué par le paysage magnifié par l’ouverture totale de l’intérieur. C’est le manifeste moderne du dispositif de la loggia.


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P.RUAULT, Quartier du Grand Parc, Avant et Après, Bordeaux, 2016


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L.RACHEDI, Le Grand Parc : Paysage, Bordeaux, 2016


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C | LA LOGGIA COMME PIÈCE EN PLUS Transformer l’existant par le dispositif de façade

Le besoin d’espace extérieur est encore d’actualité dans le logement contemporain. Comme montré précédemment, l’espace extérieur dégagé par la loggia peut devenir l’extension des activités intérieurs sur la façade. L’épaisseur du dispositif conserve l’intimité et offre la possibilité de vivre certains usages en profitant du climat. A Bordeaux en 2016, les architectes Lacaton & Vassal sont missionnés pour la reconfiguration des façades des ensembles de logements de la résidence du Grand Parc. Le dispositif choisis est celui d’une loggia, l’épaisseur qui lui est donnée forme la pièce en plus. Une surface de plancher non isolée est ajoutée en façade. Se sont des modules de 3 m de profondeur qui dégagent une surface assez grande pour permettre aux habitants d’y installer du mobilier de grandes dimensions comme des tables, chaises, et armoires pour en faire une pièce de vie du logement. Elle est d’ailleurs aménagée comme telle, un salon d’entredeux. C’est donc cette nouvelle épaisseur qui devient la façade du bâtiment. La séparation entre intérieur et extérieur est faite par de baies coulissantes toute hauteur en polycarbonate. La coursive extérieure permet l’entretien et la mise à distance des corps lors de l’ouverture de ces baies. Au tout dernier étage de la barre du bâtiment G, Denise nous accompagne jusque sur sa loggia récemment achevée. Elle a habité au Grand Parc bien avant la rénovation des barres et a donc vécu cette opération tout particulièrement. Pour elle, cette nouvelle pièce de vie ouvre une nouvelle façon d’appréhender son logement.


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L.RACHEDI, Le Grand Parc : La pièce en plus, Bordeaux, 2016


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L’installation dans la nouvelle épaisseur de façade est progressive. Les habitants n’ont pas le droit de peindre les faces de béton apparent, pour Denise, c’est une gêne, un frein à l’appropriation. Le béton brut lui apparaît non fini. Ce choix des architectes est dû au coût de réalisation bas de l’opération, une logique économique. Mais alors que ce canevas est justement laissé blanc pour permettre à chaque habitants une liberté d’appropriation cette dernière a été interdite par le bailleur et non pas par les architectes. Au début, certains habitants ne parviennent pas à s’identifier à ce nouvel espace, perçu comme étant trop triste, voir même pas fini. Les occultations font parties du dispositif, les rideaux ont été choisis par les architectes pour leur qualité thermique : en hiver, les rideaux sont tirés, leur face en aluminium positionnée vers l’extérieur récupère la chaleur et la diffuse à l’intérieur du logement. En été, ils sont ouverts par le système de baies coulissantes qui laissent circuler l’air dans le logement ainsi ventilé. Pour que le dispositif fonctionne ils ne peuvent pas être remplacés au choix des habitants par d’autres occultations. Cependant, progressivement, du mobilier est installé, une chaise, puis une bibliothèque, une table et des plantes signifient le «chez-soi». L’été, la loggia s’ouvre, les rideaux ne sont plus tirés, les baies sont ouvertes et le soleil pénètre. Les habitants profitent du temps sur cet espace d’entre-deux. C’est l’expression architecturale littérale de l’épaisseur vécue de la façade. Malgré les premières réticences, l’appropriation de la loggia à lieu et le dispositif dans sa totalité devient une extension vécue du logement, entre intérieur et extérieur.


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SYNTHÈSE II

Le juste équilibre entre épaisseur et habité de la loggia tient à sa profondeur, assez pour permettre aux habitants l’installation et donc l’appropriation, et permettre à la lumière d’illuminer le logement. La loggia joue aussi le rôle de protection solaire sur le territoire métropolitain. Dans l’Unité d’Habitation, l’espace dégagé par la loggia reste restreint mais les dispositifs extérieur prévus par l’architecture comme la tablette, la niche, la marche assez haute pour s’y asseoir, rattrapent le manque de surface au sol. De plus, la cinquième façade, réserve les usages qui pourraient prendre place sur la loggia et qui sont aussi communs à tous les habitants en les plaçant sur le toit. Dans les immeubles du Quai du port, c’est le juste milieu entre épaisseur et protection qui permet à la loggia d’être pleinement vécue par les habitants. Plus profonde et plus large que dans le cas précédent, les usages sont plus libres, laissés au grès des habitants. Ici aussi, l’ouverture sur la loggia est totale, le paysage fait parti intégrante du vécu du logement. L’intervention sur la résidence du Grand Parc reprend ces principes et les appliques à des logements plus modestes. La loggia n’est pas définie comme un extérieur mais plutôt comme possible extérieur. Cette variante permet d’augmenter la surface intérieur utile du logement à l’année puisqu’elle peut être entièrement isolée. Lorsque la façade s’épaissit, un nouvel espace pour le logement se dessine. Cet entre-deux ainsi définie par l’architecture participe au vécu du logement, le prolongement des usages de confort intérieur. L’épaisseur est habitée.


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III | DIVERSIFIER LES DISPOSITIFS : l’épaisseur au service de l’usage


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L.RACHEDI, La Barre Consolat : Faรงade, Marseille, 2017


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A | LA FENÊTRE ET LOGGIA SUR PARC

Transformer l’épaisseur pour un meilleur intérieur

Au bout de l’impasse Albert Malavasi, dans le quartier St Louis, Marseille 15ème, un grand ensemble se dresse. Il s’agit de l’une des copropriétés les plus endettées de la ville, la résidence Consolat, L’architecture est celle du mouvement moderne, le béton et les lignes droites s’associent. Construit en 1964 par Louis Olmeta, architecte marseillais, la cité compte 397 logements. Le bâtiment A présenté ici compte 192 logements, c’est le bâtiment le plus haut de l’ensemble résidentiel. Au moment de sa construction, la résidence était destinée aux travailleurs du port, non loin, puis ses habitants se sont succédés au fil des vagues d’immigration. Elle devient un temps le lieu d’accueil des rapatriés d’Algérie, puis celle des migrants maghrébins. Aujourd’hui toutes nationalités se rencontrent au sein de la résidence. Avec la crise et la baisse des activités du port autonome, les populations changent, tournent. Mais est-ce que la manière de vivre en façade suit ces changements ? La composition des façades suit une logique moderne : la répétition d’un modèle sur un schéma alternant fenêtres et loggia, c’est la rationalisation des ouvertures. Les ajouts en façade et les modifications des ouvertures sont faites par les habitants. Alors que celles-ci nécessitent une autorisation de la copropriété, aucune de celles qui ont été faites ne disposent d’une autorisation. Les habitants modifient leur propriété à leur grès et sans autorisations. Il y a une conscience commune qui dicte ces modifications.


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Elevation, Loggia et fenĂŞtre transformĂŠes, L.Olmeta, Consolat, Marseille


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Depuis 2006, les ajouts au delà du gardecorps comme les paraboles ou les tapis suspendus ont été interdits. Ils représentaient un danger pour les passants en cas de chute. Une porte s’ouvre au palier du 11ème étage du bâtiment A, du coté de l’entrée E. Pascale a d’abord vécue au sixième étage pendant un peu moins de dix ans en tant que locataire, puis lorsque l’opportunité s’est présentée et qu’un logement identique au sien a été mis en vente au onzième étage, elle a décidé d’en faire l’acquisition et a déménagé exactement cinq étages plus hauts. Habiter à Consolat a été un choix aussi bien pratique qu’esthétique. Mutée de Paris à Aix-en-Provence, elle cherchait un lieu où habiter à proximité de son lieu de travail, trente minutes par l’A55, passant à quelques centaines mètres de la résidence. Pascale explique ensuite que dans un logement, elle privilégie la vue avant tout. Pour elle, c’est ce qui fait la qualité de son habitat et de la façon de vivre son appartement, un traversant exposé nordouest/sud-est. La façade du logement compte quatre ouvertures: deux loggias et deux fenêtres. La vie dans l’appartement s’organise en fonction des saisons autour de ces ouvertures. En été, c’est sur la loggia sud est que Pascale aime s’installer sur une chaise, un livre à la main. En hiver, la loggia nord ouest profite au salon où il fait bon s’installer dans le fauteuil, à la chaleur du soleil couchant.


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L.RACHEDI, Consolat : TraversĂŠe du regard, Marseille, 2017


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L.RACHEDI, Consolat : Paysage, Marseille, 2017


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Volet bois plein

Fenêtre

Baie

Porte Fenêtre

Emplacement de la chaise pliante de Pascale

Pleine

Lisse évidée

Barreaux Acier

Plante

Coupe/Axonométrie, Loggia et fenêtre transformées, L.Olmeta, Consolat, Marseille

Table


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Les ouvertures sont de toute hauteur. Une porte fenêtre à deux ouvrants accompagnée d’un châssis fixe permet d’accéder sur l’espace extérieur. A l’intérieur, une partie de l’ouverture est cachée par du mobilier. Les biens de chacun ont une place, celle de la télévision, contre un mur et en face du fauteuil, qui lui, est placé face à l’ouverture. Par manque de largeur, le mobilier empiète sur l’épaisseur de la loggia et alors le dispositif dans sa globalité devient obsolète. A l’extérieur, l’appropriation continue. L’usage de la loggia au 11ème étage a poussé l’habitante à fermer l’ouverture par un vitrage, il y a une double épaisseur : la baie vitrée en limite de façade, à l’arrière du garde corps en acier puis les portes fenêtres dont la menuiserie a été changée pour un double vitrage et des montants en PVC. Cette double épaisseur isole thermiquement le logement mais conserve toujours la vue sur les massifs de la côte Bleue et le port de l’Estaque, limite nord de Marseille. Cette modification architecturale est faite sans autorisation, non pas parce que Pascale ne l’a pas demandé mais parce que c’est la copropriété

qui lui a conseillé de le faire, elle dit «beaucoup de gens l’ont fait chez eux sans en demander l’autorisation, certains ont même construit en dur alors que c’est interdit, et pourtant, personne ne dit rien». La loggia est devenue un espace de stockage en restant un espace de contemplation. Devant les portes fenêtres, une surface assez large pour y déplier une chaise est conservé. Par tout temps et grâce à la fermeture de la loggia, les habitants aiment s’y installer pour y lire un livre, ils restent à l’abri. Le percement du garde-corps permet de conserver la vue en étant assis. La porte fenêtre à deux ouvrants d’origine donnant sur la même façade est celle d’une chambre, elle a aussi été remplacée par Pascale, toujours pour des questions de confort thermique. La face intérieur de la façade a aussi été modifiée par l’ajout d’une épaisseur en parement bois derrière lequel un isolant thermique fin a été placé. Les dispositifs de loggia et fenêtre mis en œuvre à l’origine sont montrés insuffisants par les habitudes des personnes qui vivent les lieux. Ils doivent les modifier pour leur confort.


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L.RACHEDI, Boulevard de Dunkerque : Façade privé au regard public, vue depuis l’intérieur du FRAC, Marseille, 2017


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FRAC


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B | LE BALCON SUR MUSÉE

Témoignage du besoin de l’espace extérieur

Au 16 boulevard de Dunkerque deux typologies se font face, le Frac, réalisé par Kengo Kuma, architecte japonais, en 2013 et des immeubles de ville courants à Marseille du courant du XXème siècle. Ce cas d’étude offre une approche particulière à la question du vis à vis. Lors de la construction du musée, certains habitants des immeubles voisins ses sont manifestés pour arrêter l’avancé du chantier. En cause, le vis à vis généré par l’équipement public sur la façade alors privé des logements donnant sur le cœur d’îlot. Hors, lors des procédures judiciaires, il a été montré que la plupart des aménagements réalisés sur les balcons du n°16 étaient hors conformités. Il s’agit d’extension ou de fermetures partielles des balcons par une menuiserie ou une maçonnerie. Un accord a alors été passé entre les deux partis : conserver les balcons aménagés en acceptant le vis à vis créé par la terrasse du premier niveau du musée. Cependant certains habitants se trouvent aujourd’hui bien satisfaits de cette situation toute particulière. ils peuvent voir les expositions depuis leur «chez-soi» et le cœur d’îlot est resté calme. Et alors même, bien que les visiteurs peuvent sembler être des agressions du regard sur l’intimité du foyer, ils sont parfois considérés par certains comme des invités, des présences qu’il fait bon voir de temps à autre depuis sa fenêtre. Dans ce changement de rapport, les appropriations et usages ont-ils été conservés sur cette façade ?


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ElĂŠvation, 16 Boulevard de Dunkerque, Marseille


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L’immeuble, construit durant la seconde moitié ème du XX siècle, compte vingt-quatre logements, desservis par deux cages d’escaliers et répartis sur huit niveaux. La façade arrière de cet immeuble de logement est toute particulière. Lorsqu’elle à été conçue, elle entretenait un rapport de regard privé à privé avec les façades des autres immeubles donnant sur le cœur d’îlot. Hors, aujourd’hui avec la construction du musée, elle se retrouve dans un nouveau rapport, celui du regard privé à public. Elle devient donc une façade de rapport public. Les dispositifs architecturaux existants sont alors confrontés à ce changement et c’est dans l’usage que cette modification de statut se manifeste. D’abord, aucune modification n’est remarquée sur les balcons existants. Les aménagements réalisés ultérieurement sont restés, parfois des occultations sont ajoutés pour conserver l’intimité du foyer. Puis, certains usages sont restés, comme étendre le linge sur son balcon. C’est au premier étage que Monsieur et Madame Abdebou habitent. Ils ont vécu la construction du FRAC PACA sans avoir pris part aux procédures pour en empêcher la construction. Plutôt pour ne pas être embêté raconte Monsieur Abdebou, alors que pour Madame, la présence de l’équipement en face de sa cuisine et de sa chambre ne représente en aucun cas une gêne. Au contraire elle vit cela d’une manière toute particulière, et à l’inverse de certains de ses voisins.


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L.RACHEDI, Boulevard de Dunkerque : TraversĂŠe du regard, Marseille, 2017


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L.RACHEDI, Boulevard de Dunkerque : Paysage, Marseille, 2017


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Rangements

Extension

Volet

Garde corps

Porte fenêtre

Balcon

Faux plafond

Maçonnerie

Coupe/Axonométrie, Balcon approprié, 16 Boulevard de Dunkerque, Marseille

Carrelage

Lit


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Le vis à vis n’est pas vécu comme une gêne, les usages présents avant la construction du musée n’ont pas changé. Le balcon est resté un séchoir. Les extensions non conformes sont également restées. Les dispositifs d’origine comprennent un balcon accessible par des portes fenêtres, des volets métalliques à deux battants sont placés sur la face extérieur, une fois ouverts ils se dissimulent dans l’épaisseur du mur. Ils disposent chacun d’ouvertures en fente sur la partie haute. Au bout du balcon, se trouve un garde-corps à barreaux en acier. Une des pièces du logement a été prolongée sur le balcon par un mur en maçonnerie et la pose d’un vitrage sur une partie. La menuiserie ajoutée est un simple vitrage, l’ouverture a été créée pour apporter de la lumière à l’intérieur d’une des pièces de vie. Les visiteurs font aujourd’hui partis du quotidien des habitants, et pour Madame Abdebou ils sont les bienvenus, elle les appelle ses «invités». Ils sont présents dans les tâches du quotidien des habitants, lorsqu’ils cuisinent, lorsqu’ils étendent leur

linge sur le balcon. Ils participent à la vie de leur logement, ils rassurent et sont une distraction insolite. Le calme de la cour est dit conservé, les expositions sont vues depuis les logements, pas la peine de se déplacer pour les visiter. La famille Abdebou les a toutes vu et pourtant, elle n’est jamais entrée dans le musée. Cela leur paraît même absurde. Les dispositifs architecturaux sont simples ici. La façade n’est pas plus épaisse qu’un mètre. L’installation à l’extérieur est plus difficile pour des usages de contemplation. Le balcon devient alors un espace de stockage, une pièce en plus utile et technique. Dans le rapport qu’elle entretient avec le public, l’intimité est dévoilée par nécessité, c’est une conséquence non désirée mais acceptée de ‘l’usage qui est fait du balcon. La façade sur rue, boulevard de Dunkerque, plus bruyante et plus passante reste intacte. C’est sur la façade sur cour que l’individualité de chaque habitants se montre. Les modifications architecturales racontent aussi les habitudes et manières de vivre des habitants.


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SYNTHÈSE III

Ici il est montré que la façade n’est pas qu’une limite. L’intérieur du logement peut y déborder, c’est ce qui est montré par les usages que l’on y retrouve. L’épaisseur est un espace technique du logement, Les habitants ajoutent une qualification à la façade qu’il juge par là trop pauvre pour leur besoin par des modifications lourdes parfois. C’est en cela que ces cas se démarquent de l’épaisseur de la façade de l’Unité d’habitation, car ici le dessin originel ne prévoit soit pas assez soit trop les usages qu’elle peut accueillir. Alors, comme dans la résidence Consolat, des menuiseries sont ajoutée pour isoler thermiquement le logement. Dans le cas de l’immeuble de la rue de Dunkerque, ce sont même des ajouts de maçonneries, des constructions en dur, comme les appellent les habitants. Ce phénomène est aussi lié aux typologies de logements, parfois pas assez grand pour répondre aux besoins des familles. Alors, la façade devient le lieu de reprise des dilatations de l’espace intérieur vers l’extérieur. Les transformations se lisent en façade et sont la manifestations d’un dialogue entre habitant et logement, parfois violent pour le premier. L’ouverture s’obstrue pour gagner en qualité de vie intérieure. Cela peut alors apparaître comme une sorte de repliement sur le logement par les habitants qui se ferment à l’extérieur. Il y a une perte du rapport à l’extérieur, le vis à vis est oublié au profit d’usages techniques de l’épaisseur de la façade.


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Dispositif Type

Dimensions (Lxl)m

Épaisseur m

Paysage

I|A

fenêtre

2.5x0.9

0.6

Ville

I|B

fenêtre bandeau

1.1x2.4

0.3

Place

II | A

Loggia

4.7x3.8

2.1

Parc

II | B

Loggia

3.0x7.0

3.5

Port

III | A

Mixte

2.8x1.0

1.3

Massifs

III | B

Mixte

2.3x1.7

1.5

Musée

Usages Ventilations Observations Lumière Ventilations Observations Lumière Ventilations Lumière Protection Vent./Lum Protection Contemplation Observation Technique Thermique Technique Contemplation

Tableau récapitulatif, Composition de l’épaisseur de façade

Appropriations par transformations

Ø Ø Ø Ø


s

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CONCLUSION

Ainsi, nous avons rencontré ici divers dispositifs de façade sur le territoire de la métropole Aix-Marseille. La fenêtre Haussmannienne et contemporaine qui s’adapte dans son dessin aux besoins économiques et usages du logement. L’épaisseur qu’elle offre est trop restreinte pour y installer des usages de longue durée. Mais elle reste un espace vécu du logement. La loggia, Corbuséenne, et celle de Pouillon, qui est un outil de façade. Elle est préférable sur un site isolé avec peu ou pas de vis a vis pour permettre aux habitants de profiter pleinement d’une installation à l’extérieur. Au plus elle prend de l’épaisseur et au plus elle laisse libre les usages et appropriations. Cette épaisseur semble d’autant plus être légitime à Marseille où le climat offre la possibilité de vivre en partie à l’extérieur. Dans les cas où les dispositifs sont mixtes, les habitants témoignent d’un besoin spatial née de la maigreur du dispositif. Ils manifestent alors ce besoin par la réinterprétation et la modification des épaisseurs qu’ils disposent pour adapter un dispositif à leur vécu et alors en améliorer la valeur. Dans cette analyse la ville générique1 de Rem Koolhaas semble être d’ordre. Là où l’homogénéisation de la ville, des programmes et des typologies amène à une perte d’identité, dans la Métropole Aix-Marseille elle apparaît surpasser les dispositifs architecturaux. La façade raconte les habitants qui la vivent. Elle témoigne des situations économiques, politiques et sociales des habitants et de la ville. 1 R.Koolhaas, Junkspace, éd.Payot, 2011


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T.JALOCHA Quinta Monroy : Façade vécue, ELEMENTAL, Tarapaca, Chili, Courant des années 2000


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Les projets de logements, réalisés par l’atelier d’architecture chilien ELEMENTAL, par Alejandro Aravena, sont des figures architecturales qui mettent en exergue l’individualité de chaque logement dans un contexte économique et social en crise. La façade est l’enveloppe du logement qui offre dans son épaisseur toute la liberté d’appropriation de l’habitat. Les transformations se font avec la situation économique du foyer, ce qui est donné par l’architecture c’est une enveloppe capable, celle de la façade. Chez d’autres comme SANAA ou Shigeru Ban, japonais, la façade disparaît avec l’extinction du mur plein, la limite intérieur et extérieur devient inexistante, elle disparaît pour qu’intérieur et extérieur se mêlent. Cette approche à ce rapport est avant tout culturelle. La Maison Curtain Wall en est un exemple. Réalisé par Shigeran Ban en 1995 à Tokyo pour lui-même, l’architecte y reprend des éléments traditionnels de l’architecture japonaise et les applique à des technique set matériaux contemporains. Les parois de verre se dissimulent et la façade devient un voile léger ondulant avec le vent. C’est l’unique épaisseur, quelques millimètres, séparant le public de l’intime. Mais elle reste un expérimentations.


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Curtain Wall House : Façade légère, S.BAN, Tokyo, Japon, 1995


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C’est dans l’ouverture que la façade vie, qu’elle s’anime dans le logement. L’ouverture définie le confort du logement dans la lumière qu’elle apporte, mais aussi la vue. En effet, la notion de cadrage est présente dans tous les cas étudiés. Ils parlent de vis-à-vis, parfois faisant parti intégrante de la vie dans le foyer, ou bien du rapport au grand paysage. Cela fait donc appel à la perception de chacun des habitants. L’architecture de la façade développe des sensations qui influent sur le vécu même du logement. Dans la Métropole il y a d’abord la fenêtre, qui ouvre le regard de l’intimité vers l’extérieur et inversement. Puis la baie qui prolonge l’habitat vers l’extérieur. Et enfin la loggia, ou balcon, qui prolonge l’habité vers l’extérieur. Ces dispositifs de débordement du logement sont permis par le climat, et ils semblent nécessaire au bon vécu du logement sur ce territoire. Ce qui rend la façade comme limite ce sont les éléments qui isolent l’intérieur de l’extérieur, ils peuvent être une menuiserie, une occultations, une maçonnerie ou un vide. C’est l’épaisseur qu’ils prennent qui définit le type de façade et alors qui prévoit les types d’appropriations qui y seront possible : plaisance, extension intérieur, stockage, vide d’usage. La loggia se ferme, le balcon s’ajoute, la terrasse se densifie, l’ouverture disparaît et réapparaît. Chaque élément qui compose l’ouverture (jusque dans le détail de la menuiserie) doit être considéré comme un espace, une surface, disposée à l’appropriation. Le dessin n’est pas figé, fini.


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La façade est animée par les usages, leurs marques sont visibles lorsque l’architecture accepte de les montrer, lorsque ce n’est pas le cas, elle est porteuse de violentes marques, l’absence ou la transformation complète du dessin original, témoignant alors d’un dysfonctionnement. En se nourrissant de ces expérimentations, l’architecte peut comprendre les mécanismes à la fois techniques et d’appropriations qui peuvent amener une façade à être vécue. Les ouvertures en façade doivent jouer des niveaux d’intimité du logement, elles dévoileront le moins intime pour cacher d’autant plus des espaces qui le sont plus. L’épaisseur de la façade est le dernier passage, le lieu des porosités. A Marseille, les façades témoignent d’un besoin d’espace extérieur.


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REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier toutes les personnes ayant participé à la réalisation de ce Carnet curieux. D’abord Lucie Gualina et Loïs Gabriagues, amis et compagnons de travail de cette aventure qu’est le Carnet Curieux. Puis, aux enseignants et encadrants de cet exercice : Marion Serre, Remy Marciano et Philippine Moncomble pour leur partage et leur patience tout au long de ce travail de recherche. Enfin, je tiens à remercier toutes les personnes rencontrées qui m’ont fait partager un moment de leur intimité, l’épaisseur de leur façade : Emma de l’Unité d’habitation, Josette et Frank sur le Quai du Port, Denise à Bordeaux, Pascale de la résidence Consolat et Mr et Mme Abdebou au Boulevard de Dunkerque.

A mes proches, pour leur soutiens et relectures.


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ANNEXES


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I | A | La fenêtre sur rue I | B | La fenêtre sur place II | A | La loggia sur parc II | B | La loggia sur port III | A | La fenêtre et loggia sur parc III | B | Le balcon sur musée

LOCALISATION DES CAS D’ÉTUDE


99

MĂŠtropole Marseillaise


100

Rue de la RĂŠpublique, Marseille, 2017

Rue de la RĂŠpublique, Marseille, 2017

Rue Vincent Leblanc, Marseille, 2017

Rue Fauchier, Marseille, 2017

Rue Vincent Leblanc, Marseille, 2017

Avenue Roger Salengro, Marseille, 2017

Rue Gourjon, Marseille, 2017

Rue Malaval, Marseille, 2017


101

Avenue du Mont Fleuri, Carnoux, 2017

Rue Neuve St-Martin, Marseille, 2017

Boulevard Périer, Marseille, 2017

Résidence la Rouvière I, Marseille, 2017

Résidence la Rouvière II, Marseille, 2017

Boulevard Michelet, Marseille, 2017

Avenue de Mazargues, Marseille, 2017


102

Rue des MartĂŠgales, Marseille, 2017

Quai du Port, Marseille, 2017

Rue St-Laurent i, Marseille, 2017

Rue St-Laurent II, Marseille, 2017

Avenue du Prado, Marseille, 2017

Promenade G.Pompidou, Marseille, 2017

Impasse Malavasi, Marseille, 2017

Boulevard de Dunkerque, Marseille, 2017


103


104


105


106

La façade correspond à l’enveloppe bâtie qui délimite l’espace de vie. Elle prend de l’épaisseur pour accueillir des usages de transition (intérieur/extérieur). L’ouverture est un outil d’expression architectural de cette transition, c’est le moment où le mur est percé , de nouveaux rapports voient le jour entre la vie intime du foyer et le monde public de l’extérieur. Quelles épaisseurs peut-elle avoir ? Quels en sont les dispositifs ? Sur le territoire de la Métropole marseillaise, divers dispositifs de façade coexistent. Alors, comment chacun traite de ce rapport ? Quel en est leur vécu par leurs habitants ? Et que pouvons-nous en tirer quant à l’individualité ?

Lina Rachedi | Carnet Curieux | S9 | Lab 43 | Sous la direction de Rémy Marciano, Marion Serre et Philippine Moncomble


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