Mémoire et Projet de Fin d'Etudes Architecture - Régénération identitaire et économique d'Aghmat

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Régénération identitaire et économique d’Aghmat

Réalisé par : Lina Ahrikat Encadrant : Mr. Mohammed Akazaf Membres du jury : Mme. Karima Berdouz Mr. Rachid Allilouch

Ecole Nationale d’Architecture Rabat 2017 - 2018



Régénération identitaire et économique d’Aghmat

Réalisé par : Lina Ahrikat

Encadrant : Mr. Mohammed Akazaf Membres du jury : Mme. Karima Berdouz Mr. Rachid Allilouch

Ecole Nationale d’Architecture Rabat - 2017 - 2018


Remerciements Je tiens tout d’abord à remercier mon encadrant Mr. Akazaf Mohammed pour le suivi attentif qu’il m’a apporté durant la rédaction de ce mémoire, pour sa disponibilité et sa patience. Ma reconnaissance va également aux membres du Jury Mme Karima Berdouz et Mr. Rachid Allilouch pour leur intérêt et leurs remarques pertinentes qui m’ont été d’une grande utilité. Finalement j’adresse mes remerciements à tous les professeurs, de l’ENA Tétouan et de l’ENA Rabat, qui ont contribué à ma formation.


Dédicaces À mes parents qui me soutiennent à chaque petit moment, j’exprime mon amour, mon respect et ma considération pour tout ce que vous avez fait pour moi. C’est grâce à vous que je suis arrivée à mener à bien ce parcours qui n’est le couronnement de vos efforts et vos sacrifices. J’adresse mes plus sincères remerciements à mes sœurs Ouiame et Houda qui me soutiennent, chacune à sa façon. Je remercie également leur mari Anass et Achraf pour leurs conseils et leur générosité. À mes neveux, Iyade et Ilyas qui m’apportent beaucoup de joie et de bonheur. À mes grands parents et mes proches. Je remercie chaleureusement Bouchra et Hind pour leur sincère amitié, et tous mes amis pour les moments partagés ensemble durant ces six dernières années. Une attention particulières à toutes les personnes que j’ai eu la chance de rencontrer à Aghmat et qui ont contribué à enrichir ce mémoire.



«La qualité existe dans tout lieu habité, le poète la dévoile et la fait connaitre aux hommes sensibles. S’il est éduqué dans ce but, l’architecte le dévoile avec l’architecture dans le cadre de ses devoirs.» Pasquale culotta


RÉSUMÉ


É

La réalité de l’espace rural aujourd’hui se résume en un espace résiduel à l’ombre de l’espace urbain qui se trouve quant à lui au cœur des préoccupations du milieu scientifique et fait l’objet de plusieurs études et théories d’aménagement. Le modèle urbain devient ainsi la référence dans de nombreuses stratégies de développement qui finissent par déstructurer le milieu rural. Aghmat, ancienne ville médiévale, et actuellement, bourg connu par la richesse de son patrimoine archéologique religieux et culturel, reflète parfaitement cette réalité vu les multiples transformations spatiales, sociales, et architecturales auxquelles il fait face, et qui sont engendrés sous l’influence de Marrakech se trouvant à proximité. Notre travail de fin d’étude s’inscrit comme une réponse à cette situation en s’orientant vers la recherche de nouvelles formes d’intervention sur Aghmat comme milieu à caractère rural. En se basant sur une approche contextuelle, ces interventions dépassent les stratégies de développement sectorielle pour miser sur l’attractivité du territoire par la mise en valeur de ses spécificités.


PRÉAMB

NB : En l’absence de mention de sources, toute illustration, photographie ou cartographie est un document personnel.


BULE Au Maroc, le monde rural a toujours occupé un poids socio-économique important : occupant plus de 90 % de la superficie du Royaume, sa population représente près de 42 % de la population totale. Malgré son importance et malgré ses multiples potentialités, le milieu rural est resté pendant longtemps en marge des changements significatifs que le Maroc a connus depuis son indépendance. Cela dessine aujourd’hui des réalités plurielles qui font de l’espace rural, en général, un territoire marginalisé, défavorisé, accumulant de grands problèmes d’ordre social, économique, et spatial. En dépit des efforts entretenus ces dernières années pour lutter contre les contraintes que confronte le monde rural dont la pauvreté et la précarité, le manque d’infrastructure et d’équipements, l’analphabétisme, l’abandon scolaire et le chômage, les disparités entre milieu urbain et rural continuent de se creuser. Pour expliquer ce constat il suffit de confronter les logiques d’intervention et le contexte actuel caractérisé par divers transformations et recompositions. La politique économique du Maroc, depuis l’indépendance, a accordé la priorité au développement du secteur agricole. Le Maroc s’est ainsi engagé dans un effort sans relâche de modernisation de l’agriculture. Ce choix stratégique partait de quelques constats liés à la vocation agricole du pays, la proportion importante de la population vivant de l’agriculture, la satisfaction des besoins d’une population croissante, et l’importance économique du secteur agricole. Et bien que la stratégie économique du gouvernement

mise sur le tourisme rural, l’agriculture garde toujours son rôle de moteur de développement rural. Ainsi la promotion de l’espace rural passe forcement par la promotion du secteur agricole. L’arrimage du développement rural à un développement agricole dans les démarches d’aménagement et d’équipements se confirme. Cependant, le milieu rural traverse depuis des années de profonds changements qui touchent sa composition socio-démographique, son système économique, ainsi que son organisation territoriale. En effet, loin d’être un espace figé, le milieu rural connait plusieurs facteurs d’évolution : croissance démographique, étalement urbain, rurbanisation, développement des communications et des moyens de transport, régression de l’activité agricole et diminution de la population agricole active au fil des ans… Ainsi on peut dire que les programmes de développement rural se retrouvent dépassés par le contexte actuel, car en tenant compte des mutations que la quasi-totalité des territoires ruraux connaissent, l’approche s’avère obsolète. Il est temps que le milieu rural passe d’un espace d’actions de rattrapage à un espace d’études, et que les interventions se pensent en fonction des évolutions et des particularités locales tout en intégrant défis et problématiques d’actualité.


SOMMA Résumé. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 Préambule. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

PROBLÉMATISATION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Introduction. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 La problématique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 Les hypothèses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

CADRE THÉORIQUE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9 L’ESPACE RURAL. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

I - Cadrage et définition . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 II - La rurbanisation signe de nouvelles possibilités. . . . . . . . . . . . . 21 III - Exemples : L’attractivité du territoire par des modèles alternatifs à l’urbanisation classique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 IV - Synthèse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .29 LE PATRIMOINE. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

I - Évolution de la notion du patrimoine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 II - le patrimoine rural. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37 III - Le rôle du patrimoine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43


AIRE

IV- L’attractivité par la ressource territoriale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45 V- le patrimoine rural comme facteur de développement . . . . . . . . 49 LE TOURISME. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54

I - Le tourisme rural en question. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 55 II- La mise en tourisme du patrimoine rural. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 65 III - Exemples : Projets illustrant le rôle du tourisme culturel dans la valorisation des territoires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

ÉTAT DES LIEUX. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 80 Contexte géographique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 81 Contexte historique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87 Lecture du paysage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93 Patrimoine. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115 Profil socio-économique. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133 Analyse spatiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 143 Matrice SWOT, objectifs, actions,. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159

LE PROJET. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167


PROBLÉ SATION


ÉMATI-


Introduction Aghmat, le site objet de l’étude ne fait pas exception, à l’image de la plupart des espaces ruraux marocains, il connait plusieurs transformations d’ordre social, économique, spatial et environnemental, lié a la fois aux pressions extérieures et à sa dynamique propre. Sa situation en zone périurbaine de Marrakech dont la tâche urbaine ne cesse d’évoluer et dont l’influence et l’attrait s’avère d’autant plus imposant avec le développement des réseaux routiers et des moyens de transport en commun- et sa localisation au pied de l’Atlas, sur l’axe reliant Marrakech à la zone des montagnes qui connait un grand essor touristique ces dernières années, sans oublier les dynamiques démographiques dont fait preuve la population d’Aghmat qui ne cesse de s’accroître, constituent des facteurs de pression qui favorisent la transformation et la recomposition de l’espace rural. Ainsi, l’accroissement de la population et des mobilités soulignent de nouvelles configurations spatiales, car les tendances d’urbanisation catalysées se reflètent dans les modes d’occupation et consommation du sol, et sur les formes d’appropriation de l’espace. Ils imposent également de nouveaux besoins en termes de logement et d’activité. Résultat : Les espaces agricoles se consomment et se fragmentent, de nouvelles formes d’habitat émergent avec des nouvelles localisations plus renforcées au niveau des axes, le fonctionnement des ménages change. En effet le manque d’opportunités et de perspectives pousse la classe active à aller chercher de l’emploi dans la ville de Marrakech, les déplacements quotidiens ainsi favorisés font que l’habitat ne rempli plus qu’une fonction de dortoir. D’un autre coté, l’attrait que constitue le composant paysager du site pour un nombre d’individus, surtout les étrangers et la classe dite aisée, induit de nouvelles tendances. Bien que le phénomène

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soit toujours assez limité il importe de le considérer comme un facteur déterminant vu les importants changements qu’il apporte. On constate donc l’installation d’une population urbaine pour qui le milieu rural est un lieu de loisirs, de temps libre et d’épanouissement. Leur fréquentation de l’espace rural est la traduction d’un désir de se rapprocher d’un environnement sain, naturel et tranquille. Ceci introduit une vision différente et permet ainsi de donner une nouvelle fonction à l’espace rural loin de sa vocation agricole, ce qui explique pourquoi ce phénomène s’accompagne souvent par l’activité touristique renforcé par la position du site comme lieux de passage entre Marrakech et Ourika. Cependant, l’offre touristique prend souvent la forme de grand projet consommateur d’espace et se révèle parfois inadapté au contexte rural. Éventuellement, le mode d’occupation de l’espace par cette nouvelle catégorie néo-rurale, caractérisé par l’expansion de l’habitat secondaire, favorise une urbanisation diffuse dont l’empreinte écologique démesurée entraîne une surconsommation des ressources naturelles non durable. Ces nouvelles tendances qui émergent dans le site d’intervention, avec leurs interdépendances et leurs retombées, traduisent de nouveaux besoins, de nouvelles exigences, et de nouveaux enjeux. Conjuguées aux différentes contraintes que confronte l’espace rural, (pauvreté, retard de développement, pression humaines exercé sur les ressources naturelles, insuffisance des équipements, manque d’attrait pour les jeunes…) il s’avère que l’étude et l’intervention sont nécessaires. Mais la question pertinente que le constat et l’identification de ces mutations suppose, reste la question du devenir d’Aghmat. Si aujourd’hui on n’assiste qu’aux prémices d’une urbanisation, ce phénomène ne fait que


s’accélérer et entraine la transformation d’Aghmat en zone hybride artificialisée, mi-rural et mi-urbaine, dépourvue de toute image ou spécificité. Une vision valorisante et prospective s’impose quand on prend compte les potentialités dont regorge le site. Considérée comme l’une des cités les plus anciennes du pays, Aghmat a connu un grand rayonnement à l’époque médiévale, sa situation géographique stratégique l’a qualifié comme un lieu de passage incontournable des caravanes de commerce. Élément essentiel dans l’islamisation du pays et berceau du soufisme, elle occupe une place scientifique et spirituelle importante dans l’histoire du Maroc. Ainsi, en plus des richesses naturelles et paysagères dont recèle Aghmat, elle abrite un patrimoine historique, archéologique, architectural et culturel riche et diversifié. La problématique née de la confrontation de ces deux réalités, la première celle d’un espace dévalorisé, défavorisé et soumis aux pressions urbaines qui le transforme et le défigure et la deuxième celle d’un territoire jouissant d’une variété de ressources et offrant une multitude de potentialités.

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La problématique La réalité d’Aghmat aujourd’hui ne reflète pas son potentiel. Aghmat non seulement n’exploite pas ses points forts et ses atouts pour sortir de sa situation d’handicap et de faiblesse et créer de l’attractivité et du dynamisme, mais en plus, elle les met de côté et les ignore pour adopter des stratégies de développement qui se base sur un modèle strictement urbain, inadapté qui défigure le territoire. Nous nous retrouvons face à un manque de valorisation des ressources et à l’inadaptation des interventions sur le site.

Les questionnements : La problématique est soutenue par les interrogations suivantes :

Comment faire revivre Aghmat, la faire sortir de sa léthargie et lui redonner une image? En quoi la valorisation des ressources peut elle être facteur d’attractivité ? Par quel moyen peut-on faire du potentiel et de la singularité local d’Aghmat un moteur de développement ? Dans un second lieu, on se demande quelle approche adopter face au contexte de mutation et de transformation d’Aghmat ? Aghmat étant un milieu résilient, son développement passe-t-il nécessairement par l’urbanisation développement passe-t-il nécessairement par l’urbanisation? La résistance et le repli identitaire sont ils la seule alternative ? Sinon, comment accepter et inclure le changement sans s’inscrire dans la continuité du modèle urbain ? Et finalement, que peut être le rôle de l’aménagement et l’intervention construite dans cette situation ? et comment peuvent-ils renouer avec le milieu ?

Territoire rural

Pour la formulation de nos hypothèses ainsi que l’élaboration de notre plan de travail on adoptera une lecture du territoire et du contexte qui passe par la décortication de ces aspects marquants : (schéma ci-contre)

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• Caractère rural

P

• Ric

et c • Dynamique d’urbanisation

• Hist


Les objectifs : Ainsi les objectifs peuvent être résumés comme suit: • Valoriser le territoire, ses ressources et son patrimoine; • Revitaliser et redynamiser Aghmat; • Transformer Aghmat d’un espace de transit qu’on traverse pour partir à Marrakech ou au Haut Atlas en une destination qu’on découvre et un espace qu’on s’approprie; • Affirmer l’identité et redessiner l’image d’Aghmat; • Maitrise des transformations et des mutations spatiales et architecturales;

Aghmat

Patrimoine

chesse du patrimoine

culture

toire importante

Tourisme

• Vocation touristique du territoire • Présence du tourisme rural et culturel

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Les hypothèses Hypothèse principale Le tourisme est un moyen de mobilisation de la ressource territoriale (patrimoniale) à des fins de développement et de revitalisation d’Aghmat

Territoire rural

Patrimoine

Tourisme

Support

Ressource

Moyen

Objectifs: revitalisation et renouveau

Hypothèses secondaires Les nouvelles tendances qui émergent dans le site d’intervention, avec leurs interdépendances et leurs retombés, traduisent de nouveaux besoins, de nouvelles exigences, et de nouveaux enjeux. Les mutations faisant partie de la réalité actuelle d’Aghmat, une vision valorisante et prospective s’avère plus adaptée qu’une approche rétrospective ou nostalgique. En se créant une image, les territoires arrivent à se différencier et à affirmer leur identité.

Une identité culturelle forte, un patrimoine et une culture propres peuvent aisément devenir des éléments singularisation et des facteurs d’attractivité pour les visiteurs extérieurs. La mise en valeur de ce patrimoine occulté et

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marginalisé jusqu’à maintenant, peut générer un flux touristique important, ce qui contribuera au développement économique du territoire.

La redynamisation passe avant tout par la diversification des activités qui permet de répondre aux attentes de la population croissante en termes d’emploi tout en redonnant une attractivité à Aghmat atténuant ainsi l’afflux vers Marrakech. L’insertion d’un programme touristique et son association avec un programme culturel participe à l’attractivité du site tout en renforçant son identité. Le développement du secteur de tourisme impose de la vigilance aux plans naturel et écologique et culturel. Les paysages naturels doivent être protégés contre les constructions qui les dénaturent, la culture contre les pratiques qui la déstructure.


Le plan de travail La recherche théorique est orienté de façon à répondre aux questionnements liés à chaque aspect relevé, ainsi elle se structure en trois parties : le territoire rural, le patrimoine et le tourisme.

Aghmat

Territoire rural

• Dans quel contexte géographique s’inscrit Aghmat ? Est-ce un espace rural ? périurbain ? • Quelle stratégie de développement est la mieux adapté pour ce territoire ?

Patrimoine

• Que peut-on considérer comme patrimoine ? Qu’est ce qu’on veut dire par patrimoine rural et que sont ces éléments ? • En quoi la valorisation patrimoine contribue-telle au développement et à la revitalisation d’Aghmat ? • Comment utiliser et exploiter le patrimoine pour ce but ?

Tourisme

• En quoi la campagne, après tant d'années de refus et de dévalorisation, répond-elle aujourd'hui à de nouvelles aspirations touristiques? Qu’est ce le tourisme rural et que sont ces spécificités ? • La mise en tourisme est-ce un facteur de développement ? que sont ces retombées sur le territoire ? • Quelle relation lie le tourisme et le patrimoine ?

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MĂŠthodologie

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Pour l’élaboration de ce mémoire de fin d’étude, la méthodologie d’approche adoptée pour ce travail sera scindée en quatre étapes : Première étape : La première étape consiste à faire une recherche bibliographique afin d’identifier les recherches et études similaires ayant traité la problématique que pose l’intervention dans un espace rural en mutation, ou qui concoure de manière transversale avec mon thème de mémoire. La lecture de ses ouvrages et recherches me permettra de recadrer ma vision et d’affiner ma problématique. Deuxième étape : Je m’intéresserai à la recherche des différents théories et courant de pensée en urbanisme, en patrimoine et mémoire du lieu, et en tourisme qui régissent le développement de l’espace rural. Je termine chaque partie par un benchmarking et exposition des différents projets dont l’analyse et la comparaison servira à nourrir la réflexion sur le projet. Des synthèses seront faites de manière critique afin de déceler les enseignements pertinents pour le cas de notre étude. Troisième étape : Il s’agira d’une approche analytique basée sur le terrain. L’enquête in situ, l’observation et l’analyse des différentes données du terrain, ce qui me permettra de bien comprendre le contexte d’intervention et ses caractéristiques. Quatrième étape : Sur la base de la recherche théorique et à la lumière de l’analyse, un programme d’intervention et une proposition à l’échelle urbaine et architecturale répondra aux exigences et spécificités de l’existant en gardant à l’esprit l’impact de chaque décision et prise de position sur le paysage naturel et culturel, les ressources naturelles et la population locale.

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CADRE THÉORI 9


IQUE L’espace rural Le patrimoine Le tourisme

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L’ESPAC RURAL 11


CE « La société de demain ne sera pas faite que de grandes agglomérations urbaines mais aussi de campagnes vivantes où cohabiteront des familles et des entreprises, des activités économiques diversifiées, des services sociaux, culturels et communautaires, des activités récréo-touristiques... dans un environnement naturel et bâti dont on aura le souci d’assurer la sauvegarde et la mise en valeur. » Bernard Vachon, Sauver les campagnes pour accueillir le XXIe siècle

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fi I - Cadrage et définition

Définition de l’urbanisation L’urbanisation apparait, comme un phénomène à plusieurs facettes, géographique, économique, social et culturel qu’on peut grouper et classer sous deux aspects complémentaires1 : ,

Dans les études statistiques, le terme urbanisation désigne le mouvement de croissance de la population urbaine. Urbain et urbanisation sont habituellement pris seulement au sens démographique. Un espace s’urbanise lorsqu’il est affecté d’un mouvement de croissance de la population ou d’une forme équivalente comme la construction de logements2. Cette définition apparait comme une utilisation abusive du terme car tout mouvement de croissance, ou de construction, n’est pas nécessairement du ressort de l’urbain. Néanmoins, on comprend que, une fois cette condition (origine urbaine) remplie, la définition reste valable. D’un point de vue spatial et géographique, la notion d’urbanisation renvoie à « une certaine répartition et une certaine concentration de niveaux de fonctions urbaines sur l’ensemble d’un territoire »3. Elle doit être entendue ici dans un sens physique restreint, la

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progression spatiale des logements, des infrastructures de transport, des zones industrielles, des entrepôts... Cette définition, permet de faire de l’urbanisation un instrument de mesure qui caractérise le rapport urbain/rural, et met en évidence les écarts réels entre ces deux espaces. Ainsi, l’urbanisation est donc un mode de consommation de l’espace par l’urbain, dont les effets spatiaux et le coût diffère selon les formes, on en compare quatre : les villes nouvelles, les ensembles collectifs ou individuels denses, les petites opérations concertées de logements individuels et le « mitage » résultant de constructions individuelles isolées ou de tout petits lotissements sans unité architecturale.4 La première forme aboutit à effacer localement l’espace rural par son ampleur. Les autres s’accommodent de son maintien, au moins provisoirement. En résumant, on peut dire que l’aspect physique de l’urbanisation se restreint à un constat spatial, démographique et économique. L’extension de l’espace bâti et des infrastructures urbaines, la concentration géographique de population et l’introduction d’activités non agricoles en sont respectivement des indices.


Asfalt Erik Johansson 2009

Dans ce deuxième aspect, l’urbanisation s’assimile à la diffusion d’une culture urbaine, c’est une diffusion géographique de valeurs, de comportements, de relations sociales, d’organisations et d’institutions urbaines, qui aboutit à «la projection d’un modèle de société, d’un ordre Social »6 .

1 FRIEDhfANN J. R., 1971 : 13-44; ~LAVAL P., 1976 : 12 284-12 285) , 2 Laurence Thomsin, Un concept pour le décrire : l’espace rural rurbanisé 3 Idem 4 Berger M., Frust J., Plet F., Robic M.1980. pp. 303-313;1980 : 230 5 Georges COURADE et RIichel BRUNEAU ; Développement rural et processus d’urbanisation Dans le tiers-monde (l 6 You N., NGSJYEN NGOC ANH, 1980 : 230

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Il faut noter cependant, que ce mode d’urbanisation n’implique pas une théorie générale des formations spatiales. L’harmonisation des conditions de vie, des modes de vie et des structures sociales des populations urbaines et rurales ne peut écarter l’existence de formes spatiales différentes7 , tout comme la diffusion d’objets matériels (urbanisation physique) n’est pas synonyme d’homogénéisation.

Nous comprenons donc que l’urbanisation est un processus d’intégration qui aboutit d’une part à une homogénéisation culturelle et sociale, et se manifeste sur le plan géographique par l’imposition d’un schéma spatial totalement étranger à la gestion habituelle de l’espace par les populations. Ces deux types d’urbanisation ne se manifestent pas en même temps et il peut y avoir décalage entre les deux, notamment dans le Tiers-Monde, l’urbanisation physique est souvent en avance sur l’urbanisation globale. L’urbanisation des campagnes, étant un thème largement étudié, il existe de nombreuses références appartenant à des courants de pensée différents. La vision « urbanisation des campagnes signifiant l’intégration par la ville de l’ensemble de l’espace humanisé »6 estimes que toute décision se prend en ville, que l’industrie et les autres fonctions urbaines dispersées dans les campagnes sont télécommandées depuis la ville, qu’il y a progression tout simplement, en termes d’organisation de l’espace, de l’agglomération urbaine, l’espace rural est ainsi un espace résiduel. Une autre vision la défini comme « la création d’une économie et d’une société nouvelles par l’association des citadins et des ruraux, d’où disparaîtrait la dichotomie ville-campagne, grâce à une certaine ruralisation de la vie citadine, autant qu’à une urbanisation de la société rurale »8 Sans pour autant nier ou s’opposer à ces visions, nous retiendrons, pour ce mémoire, la définition de l’urbanisation des campagnes qui désigne les divers aspects de la transformation des campagnes sous l’influence des villes. Défini sous cet angle, cette terminologie en contient d’autre : la périurbanisation ou la rurbanisation.

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Définition de périurbanisation Cette notion utilisée depuis les années 1970, et dont les multiples formes ont représenté un fait majeur des nouvelles modalités de peuplement de la société contemporaine, désigne « l’étalement centrifuge de la ville en couronnes dites périurbaines, autrement dit l’étalement urbain circulaire autour de la ville centre .»9 Ainsi, l’espace périurbain, est un espace à l’origine rural qui du fait d’une rapide et irréversible transformation, est devenu un espace « fonctionnellement urbain»10 situé à la périphérie d’une agglomération urbaine. Il constitue de fait, à cette étape-ci, la banlieue autour de l’agglomération urbaine ou la banlieue au sein de la région urbaine. L’étude de A. Rodrigues11 qualifie la périurbanisation comme « la densification de la dernière couronne des


6 You N., NGSJYEN NGOC ANH, 1980 : 230 7 Laurence Thomsin, Un concept pour le décrire : l’espace rural rurbanisé 8 Étienne JUILLARD, 1973, pp. 5-9. 9 La ville en mutation www.ville-enmutation.jimdo.com/la-rurbanisationet-ses-conséquences 10 Laurence Thomsin, Un concept pour le décrire : l’espace rural rurbanisé 11 l’INSEE Pays de la Loire 12 J. BONTRON, , n° 12, 1993, pp. 9

zip-city Erik Johansson 2009

villes » ou comme « l’étalement de la ville à ses franges ». Ces définitions font référence au développement spatial du phénomène urbain qui, comme conséquence, induit des transformations spatiales, le desserrement des fonctions urbaines et des changements démographiques désigné par le même auteur « l’implantation des familles dans l’espace périurbain et à la campagne ». Ce terme vise dès lors tantôt à désigner les nouvelles formes de production et d’implantation du bâti, tantôt à décrire les tendances récentes à l’étalement urbain et/ou - à l’exode urbain, voire encore à la redistribution de la population venue de zones rurales plus éloignées ou aux échanges à l’intérieur des franges urbaines.12 La périurbanisation n’est donc qu’une forme d’urbanisation, elle renvoie à un espace en transition, en marge de l’agglomération, soumis à un processus d’urbanisation fonctionnelle et morphologique.

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Définition de rurbanisation

« A la frontière des campagnes se sont créées des zones hybrides mi urbaines mi rurales qui sont les zones rurbaines. » 13

Le concept évolutif de « rurbanisation renvoie à un phénomène tant démographique que géographique né dans les années 1970 mais qui aujourd’hui encore prend de l’ampleur. La vulgarisation du terme « rurbanisation » en France s’est faite suite à la publication de l’ouvrage de G. Bauer et J.M. Roux 10 qui ont emprunté le terme à une terminologie adoptée dans les pays anglo-saxons surtout par des architectes et des sociologues. Pour mieux cerner la notion de rurbanisation, G. Bauer et J.M. Roux procèdent par élimination de ce qu’elle n’est pas : elle n’est assimilable ni au phénomène pavillonnaire («elle le contient», mais y ajoute la discontinuité et «la dissémination dans la campagne»), ni au « développement rural », ni à la décentralisation des activités et des hommes, ni à l’urbanisation socio culturelle. Mais c’est essentiellement dans leur premier chapitre que les auteurs définissent et évaluent la rurbanisation. Le néologisme « rurbain » est fondé sur l’association de deux concepts : Le concept « urbain » ; les espaces intéressés par la rurbanisation participent à la croissance urbaine dans la mesure où ils se situent dans les zones où se concentre la population. La rurbanisation est la « forme la plus récente de la croissance urbaine ». Les communes touchées par la croissance urbaine ont un marché foncier actif et un solde migratoire nettement positif, résultant de l’arrivée d’une « population principalement citadine ». Le concept « rural » se justifie par le mode d’occupation de l’espace, à très basse densité, par rapport à

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Villages durables / Campagnes vivante Passagers des Villes EAGD + BazarUrbains

la ville au sens strict. A la différence des banlieues classiques où l’espace bâti est continu, l’espace rurbain se caractérise par le maintien d’un domaine agricole majoritaire en superficie, l’espace construit étant discontinu. De cette définition donnée par ces deux auteurs, on


peut tirer deux caractéristiques essentielles du phénomène de rurbanisation, un dynamisme démographique lié à l’arrivée d’une population citadine d’un côté, et la conservation des formes de ruralité d’un autre. D’autres tentatives de définition se placeront dans la continuité de celle donnée par G. Bauer et J.M. Roux sans pour autant la restreindre aux aspects démographiques.

13 Laurence Thomsin, Un concept pour le décrire : l’espace rural rurbanisé 14BAUER G.et ROUX, J.– La rurbanisation ou la ville éparpillée 1976 15 Laurence Thomsin, Un concept pour le décrire : l’espace rural rurbanisé

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Comme celle de Laurence Thomsin15 : « Jugeant opportune la conceptualisation, sous le terme rurbanisation, l’ensemble des processus initiateurs de dynamiques nouvelles animant au cours des dernières décennies les espaces ruraux caractérisés notamment par des faibles densités. » « L’espace rurbain, quant à lui, résulte d’une transformation sur place de l’espace rural, produisant, in fine, un territoire, conservant des structures héritées, où s’épanouit une culture individualiste calquée sur la culture urbaine et relativement à l’abri des contraintes collectives propres à l’urbanisation classique. »

Vu sous cet angle, la rurbanisation apparait soumise à certains modes d’urbanisation (économique, morphologique, voire fonctionnelle), mais si l’urbanisation signifie l’appropriation définitive des territoires ruraux par des acteurs urbains et la disparition irréversible des spécificités de leur structure sociale, spatiale et économique, la rurbanisation s’en démarque par le maintien de certains aspects ruraux notamment l’aspect spatial (faible densité, dominance de l’espace agricole). « La rurbanisation ne serait donc pas un processus d’urbanisation comme on l’entend au sens usuel du terme, à savoir un processus de développement des villes et d’expansion de la population urbaine. Ce qui l’en rapprocherait le plus, c’est l’adoption concomitante par la population locale et la nouvelle population résidente d’origine à la fois rurale et

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pluri-urbaine, d’habitudes de consommation urbaines. Ce qui l’en éloignerait le plus, c’est l’absence d’importants enjeux économiques urbains planifiés et/ ou concentrés, qui dans l’accélération du processus d’urbanisation entraîne un besoin d’espace et une intense compétition pour le sol. »16

La notion de rurbanisation est souvent assimilée au concept de périurbanisation avec lequel on la confond. Pourtant, la périurbanisation, comme l’urbanisation des campagnes, ne sont pas des concepts adaptés pour interpréter les nouvelles dynamiques de l’espace rural. Ces concepts, tels qu’ils sont actuellement théorisés, sont trop figés pour être étendus à l’ensemble de l’espace rural en mutation. Si les deux notions (Rurbanisation et périurbanisation) désignent un espace en transition sous l’influence des villes, nous en sommes tenus à une définition étroite des espaces péri-urbains, les limitant aux franges des villes et des agglomérations. La rurbanisation quant à elle peut se développer à distance, parfois importante, de ces dernières. A. Rodrigues 17 parle « d’abandon du cadre urbain » et de « perte de vitesse du périurbain pur laissant place à des territoires à la frontière de l’espace périurbain et rural ». Ainsi les territoires concernés par les deux phénomènes sont à distance physique différente de la ville, mais la n’est pas le seul élément de distinction comme rendu explicite par Laurence Thomsin : « La périurbanisation et la rurbanisation ne sont nullement comparables par l’ampleur des transformations


paysagères et des surfaces nouvellement affectées, ni par le poids statistique des populations nouvelles, ni secondairement, par leur impact décisionnel local. Ils ne sont nullement comparables non plus par leur période d’apparition, par le contexte de leurs mécanismes respectifs, ni par leur intensité. »18 On ajoute donc l’intensité des transformations comme une différence fondamentale, mais aussi la date d’apparition des phénomènes. La rurbanisation est un phénomène consécutif à la périurbanisation puisque l’extension de l’urbain en périphérie des villes a précédé l’extension de celles-ci aux zones rurales. « La rurbanisation, phénomène économico-social nouveau plus complexe à saisir que la périurbanisation, est une évolution rurale non périurbaine. L’apparition du phénomène, postérieure au processus périurbain, a entraîné jusqu’ici son assimilation à une forme nouvelle d’urbanisation, définie, en l’état actuel des connaissances, comme transition vers une périurbanisation certaine. » 19

16 Laurence Thomsin, Un concept pour le décrire : l’espace rural rurbanisé 17 l’INSEE Pays de la Loire 18 Laurence Thomsin, Un concept pour le décrire : l’espace rural rurbanisé 19 Idem

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II - La rurbanisation signe possibilités La domination de l’espace rural par l’urbain «On nous avait incité à penser que les villes sont les seuls lieux où l’on peut agir de façon réelle et que, loin d’elles, il n’y a que le désert, l’ennui. Bizarre !» 20

En se référant au premier chapitre, la domination de l’urbain sur l’espace rural devient évidente. Dans le processus de transformation du rural, la ville constitue la première référence. Lieu de travail et de savoir, lieu de richesse et de pouvoir, « la ville est alors le modèle à imiter. C’est à partir de son image qu’est désormais pensé le remodelage, jugé nécessaire, de la campagne »21. Le premier chapitre, consacré au cadrage théorique nous prouve l’orientation des milieux scientifiques vers l’espace urbain, car finalement, les processus d’urbanisation des campagnes, ou de périurbanisation sont tous des concepts qui pensent l’évolution du rural comme une conséquence de mécanismes d’urbanisation au sens morphologique et fonctionnel du terme.

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Finalement, ces théories ne considèrent l’espace rural que comme une base arrière des espaces urbains. C’est un espace résiduel, un vide, une réserve d’espace ou un espace-support ‘’consommable’’ par les urbains. « Cette observation menée exclusivement sous un angle urbain n’a pu considérer l’espace rural dans toute sa spécificité mais a priori comme inerte : à son espace s’impose un ensemble de mécanismes qui ne peuvent être que d’origine urbaine. L’espace rural ne peut envisager son propre changement.» 22 Ainsi, le rural n’exprime par défaut que ce qui n’est pas encore affecté par l’urbanisation. Sous-estimées et sous-valorisées, sa gestion se fait au bénéfice des villes, soumise à leurs impératifs. « Du point de vue urbain, la campagne est un réservoir d’espace pour l’expansion des villes, un lieu où peut s’exercer l’agriculture, nécessité première pour assurer la nourriture des populations urbaines, (au prix le plus bas possible pour leur permettre d’assumer les coûts liés à l’habitat urbain : logement, transport, loisirs...), une réserve naturelle pour répondre aux besoins de loisirs et de vacances des citadins et une représentation bucolique d’un mode de vie idéalisé, appartenant à un temps passé, souvent associé à des souvenirs d’enfance, à des rêves d’évasion d’une vie trépidante et jugée insatisfaisante. » 23


e de nouvelles

Face à cette vision qui n’admet l’existence du monde rural qu’en résonance à la réalité urbaine et qui considère l’urbanisation des campagnes comme un mouvement irréversible, nous remettons en cause, ici, cette loi du développement spatial dicté par l’urbain et nous nous demandons : l’urbanisation est elle vraiment le seule moyen de développement et de modernisation du monde rural ? Un autre un autre scénario est-il possible ? Quelle autre méthode d’approche des transformations du rural doit être adoptée ?

20 Robert M. Persing Traité du zen et de l'entretien des motocyclettes. Points. Ed, du Seuil. Paris. 1978 21 Nicole MATHIEU, « La notion de rural et les rapports ville-campagne en France. Des années cinquante aux années quatre-vingts », dans Économie rurale, n° 197, 1990, pp. 35-41, cité par Laurence Thomsin, Un concept pour le décrire : l’espace rural rurbanisé 22 Laurence Thomsin, Un concept pour le décrire : l’espace rural rurbanisé 23 VACHON, Bernard - La passion du rural – Tome 2, Évolution récente du Québec rural, 1961-2014; de l’exode au puissant désir de campagne, Solidarité rurale du Québec

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L’espace rurbain, quel mode d’emploi ? Pour faire face aux mutations structurelles et tendances lourdes qui bouleversent l’organisation territoriale et l’activité économique et sociale des campagnes tout en s’opposant aux théories de l’annexion ou de la domination de l’espace rural démontré ci-dessus, plusieurs scénarios nous semblent possibles. Ces derniers dépendent du mode de représentation et d’interprétation du monde rural. Une première interprétation, basé sur le modèle des années 1950, soutient la dichotomie monde rural/ monde urbain selon laquelle les deux espaces sont antagonistes, la ville garde une spécificité technique et la campagne, inversement un milieu naturel dont l’identité doit être protégé et préservé. Cette vision qui fige l’espace rural s’inscrit dans une approche nostalgique en se tournant vers le passé. La deuxième forme de représentation va à l’encontre de la première « Une chose est certaine, pour faire face aux défis d’aujourd’hui et se préparer à affronter ceux de demain, notre démarche d’analyse doit être prospective, non rétrospective ou pire, nostalgique. La mission du chercheur n’est pas de reproduire le passé mais d’adapter le futur aux forces de l’évolution. » 24 « La campagne ne doit pas être associée à un monde révolu, passéiste et exclu de la société moderne. Au contraire, elle regorge de potentialités pour accueillir la nouvelle économie dématérialisée et déconcentrée et les modes de vie du XXIe siècle. Des pratiques rurales ont disparues, certaines se consolident, de nouvelles surgissent, d’autres sont en devenir. (...) »25 Adhérer à cette vision tout en s’inscrivant dans la réalité évolutive du monde rural d’aujourd’hui et en s’opposant au modèle de développement par l’urbanisation signifie qu’il faut revoir le mode d’emploi

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des territoires ruraux. Afin que l’espace rural cesse d’être objet de consommation et devient espace de vie, et afin de relever le défi de la reconstruction d’un monde rural moderne, la seule issue serait d’accepter et d’apprendre à lire et à comprendre les nouvelles tendances déjà établies. Le renouveau se fait ainsi en adhérant à un monde en mouvement et en s’ouvrant au changement et à de nouvelles dynamiques. Dynamiques qui, rappelons le, ne relève pas d’un processus d’extension urbaine mais d’une « combinaison de processus d’urbanisation (…) de mécanismes locaux de développement et de comportements novateurs des populations rurales autochtones et allochtones recherchant à valoriser une nouvelle hiérarchisation des valeurs.» 26 « Le monde rural dont nous parlons n’est plus le monde rural ancien tout occupé à des activités traditionnelles comme l’agriculture ou la pêche. Le monde rural d’aujourd’hui est un milieu de vie choisi, désiré. (…) Ce monde rural, ce chapelet de villages n’est pas en attente de devenir urbain. Nos villages ne sont pas des villes plus petites. Ils sont autre chose, autrement. (...) Ce que nous avons à offrir, c’est ce que nous sommes : des gens ayant choisi un autre mode de vie, un autre milieu de vie afin de parfaire une culture où le temps et l’espace passent autrement. » 27 Ce scénario présente un monde rural qui se construit une légitimité propre et parvient à offrir des options de développement diverses et équilibrées qui renvoient à la complexité de son tissu social et économique. On note que ce n’est nullement utopique dans la mesure où il approfondit des tendances qui s’ébauchent aujourd’hui, au Nord comme au Sud. Il porte en lui des changements majeurs qui lui donnent toute sa« modernité »28


Le rurbain comme nouveau scénario pour un espace rural moderne

concentration économique. Elles restent dominées par un environnement peu urbanisé, en contact direct avec l'agriculture tout enétant traversées par la modernité et le développement économique. »29

Nous l’avons vu, s’inscrire dans une vision prospective signifie accepter le changement et les nouvelles dynamique d’un monde rural, qui ne se laisse pas interpréter à partir du seul impact des évolutions urbaines. Certaines tendances actuelles, réelles rejoignent cette vision.

On comprend qu’il s’agit de dépasser les politiques de développement sectorielles (équipements et d’infrastructures, politiques d’aménagement hydroagricole…) en faveur de nouvelles opportunités et de nouvelles politiques qui passent sans aucun doute par l’innovation dans la valorisation des potentialités locales.

Plusieurs indices confirment la mise en place de mécanismes locaux, institutionnalisés ou individualisés, initiateurs de dynamiques endogènes ne découlant pas d’initiatives d’origine urbaine. On en énumère, le relevé dans l’espace rural d’une transformation sur place des esprits comme la valorisation des espaces ruraux comme site de résidence offrant une nouvelle qualité de vie ou le souhait grandissant d’une préservation des paysages. Sur le plan économique, la diversification des activités économiques sans passer par la suppression de l’activité agricole, et la mise en place, de nouvelles formes socioprofessionnelles favorisant l’intégration économique des populations exclues de l’agriculture. Et finalement, une nouvelle organisation spatiale de la croissance rurale au départ des petites localités et l’intégration des activités rurales à une économie mondiale. « La diversification économique des territoires ruraux est un nouveau scénario de développement régional. De nombreuses régions rurales prennent une physionomie nouvelle. Elles ne se confondent pas aux grandes zones métropolitaines, ni non plus aux régions de tradition industrielle et de grande

« Les potentialités économiques locales sont réelles, (…)La diversité des agricultures et des productions, la richesse des paysages« humanisés» et naturels, le climat, l’existence d’un patrimoine culturel et historique varié, d’un artisanat souvent très développé, de savoirs et de savoir-faire sont autant d’atouts qui ne sont que très peu mobilisés, et plus rarement encore aux bénéfices des populations résidentes. Cette nouvelle approche de l’économie des territoires appelle donc aussi à un renversement des valeurs et des perceptions. » 30

24 VACHON, Bernard - La passion du rural – Tome 2, Évolution récente du Québec rural, 1961-2014; de l'exode au puissant désir de campagne, Solidarité rurale du Québec 25 Bernard Vachon, Sauver les campagnes pour accueillir le XXIe siècle. Actes du Symposium sur la ruralité et le développement des petites collectivités. Printemps 1998, 26 Laurence Thomsin, « Un concept pour le décrire : l’espace rural rurbanisé 27 Jacques Proulx, Le monde rural a repris confiance Actes du Rendezvous des acteurs de développement local en milieu rural «Rebâtir les campagnes». Ed. Trois-Pistoles. 1997 28 CIHEAM, Les futurs agricoles et alimentaires en Méditerranée, MediTERRA 2008, Presses de Sciences Po 29 Michel Quévit, Le pari de l’industrialisation rurale. Editions régionales européennes. Lausanne. 1986 30 CIHEAM, Les futurs agricoles et alimentaires en Méditerranée, MediTERRA 2008, Presses de Sciences Po

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III - Exemples : L’attractivit par des modèles alterna l’urbanisation classique

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té du territoire atifs à e Éco-Quartier Rural Les coccinelles à Sainte-CroixAux-Mines, France L’accueil de nouveaux habitants contribue à générer une dynamique (économique, sociale, culturelle …) et permet de conforter les services et activités existants. A SainteCroix-Aux-Mines, la commune a expérimenté une approche plus durable face à l’extension des bourgs via les lotissements qui est une forme d’urbanisation dominante en milieu rural. Le site du lotissement est une friche située à proximité de la centralité existante du village le long d’un axe plus intime.

• Étudie la question de l’aménagement et de l’extension de bourgs • Propose une vraie alternative au lotissement et la maison individuelle standardisés • Participe à l’attractivité de la commune Source: gstudioarchitecture.com

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Source: gstudioarchitecture.com

La place Champ de Foire, Treffort-Cuisiat, France Source: publicspace.org

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• Constitue une réaction face à la banalisation des constructions et des paysages • S’inscrit dans une vision moderne du milieu rural

• Une insertion paysagère de qualité • Des constructions éco-responsables avec une architecture contemporaine • Absence de voirie interne • L’utilisation des noues, sorte de fossés peu profonds destinés à la récupération des eaux de pluies, comme limites séparatives entre les parcelles. Ils constituent une trame paysagère dense, fonctionnelle, économique et écologique qui unifie le nouveau quartier. • Utilisation raisonnée des poches foncières vacantes

Source: publicspace.org

• La recherche un équilibre entre une identité rurale forte et une urbanité qui se fait jour par la mise en place de matériaux simples et rustiques (béton-pierre, pré fleuri et terre stabilisée) et par la mise en valeur des éléments témoignant de l’histoire du lieu (fontaine-abreuvoir, poids public et murets). • L’attractivité et la revitalisation par la centralité

• L’approche environnementale :Les surfaces perméables occupent une grande surface de la place. Un grand nombre d’arbres a été préservé afin de protéger et valoriser la biodiversité. Un pré fleuri a été semé. • Une circulation automobile encadrée. • L’accent est mis sur l’espace public qui structure et articule les différentes parties du village • L’aménagement paysager :la convivialité, la promenade et la détente sont favorisées par la présence d’allées ombragées, bancs, fontaine et bassin.

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IV - Synthèse

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Faire la synthèse de tous les éléments étudiés dans cette section nous permet de marquer notre position : • D’après les définitions retenues et selon l’analyse d’Aghmat ou nous avons relevé des indices de ruralité et des dynamiques d’urbanisation, nous classons Aghmat autant qu’espace rurbain. • Nous nous opposons aux théories d’annexion et de domination qui se matérialise souvent par un une urbanisation inachevé et incomplète et dont la conséquence est espace hybride et banal. • Nous pensons que d’autres scénarios d’évolution sont possibles et que le développement rural ne passe pas exclusivement par l’adoption d’un modèle urbain mais peut suivre une logique propre qui émane de l’espace rural. • Nous nous opposons à la vision nostalgique qui fige l’espace rural et limite l’intervention dans une dimension de protection et de préservation. • Nous adhérons à la vision prospective qui aspire vers une modernité et le renouveau qui ne sont pas assimilation à l’urbain et dont l’ouverture au changement est un élément essentiel. Nous résistons donc à l’urbanisation et non au changement. • Nous nous orientons vers une démarche qui dépasse les stratégies de développement rural sectorielles (équipements, infrastructure) pour se baser sur la diversification des activités et la valorisation des potentialités locales.

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LE PATRI 31


IMOINE « Le patrimoine est l’ensemble de tous les biens naturels ou créés par l’homme sans limite de temps ni de lieu. Il constitue l’objet de la culture. Cette notion dynamique et prospective, manifestée avec acuité dans le développement de notre civilisation, est essentielle à l’hygiène et à la survie de la Civilisation. Outre la mission de conserver et de transmettre, elle implique la protection et l’exploitation du patrimoine acquis et du patrimoine futur » L’association générale des Conservateurs, 1969

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I - Évolution de la notion patrimoine Origine et usage de la notion du patrimoine Depuis l’antiquité jusqu’au 18 ème siècle, l’emploi du terme patrimoine est resté cantonné dans la sphère familiale et au droit31 .Le patrimoine correspond à la transcription du mot latin « patrimonium », qui dans ce sens étymologique « signifie littéralement l’héritage du père » 32, puis dans un sens juridique il désigne « Bien d’héritage qui descend, suivant les lois, des pères et mères à leurs enfants33». Ainsi, au départ, le patrimoine explicitait une relation particulière entre un groupe juridiquement défini, la famille, et certains biens matériels. Jean-Pierre Babelon et André Chastel 34 expliquent, que si l’on ne peut pas parler de patrimoine au Moyen Âge, les prémices de la notion de patrimoine se développent déjà à cette époque, reflété par des réflexions sur la sauvegarde et la préservation d’objets de valeurs qui relèvent du « fait religieux »

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et du « fait monarchique » (les reliques des saints, les collections des bibliothèques royales et princières, les archives d’institutions royales et religieuses, les édifices anciens).* Aujourd’hui, selon le Larousse, le patrimoine, c’est : l’héritage commun d’un groupe, d’une collectivité. Comme le présente Jean-Yves Andrieux : « Ce beau et très ancien mot était, à l’origine, lié aux structures familiales, économiques et juridiques d’une société stable, enracinée dans l’espace et dans le temps. Requalifié par divers adjectifs (génétique, naturel, historique...) qui en ont fait un concept «nomade», il poursuit aujourd’hui une carrière autre et retentissante.» 35 On est passé des biens familiaux à toute une autre conception du patrimoine englobant des biens collectifs, nationaux et même mondiaux. Comment est-on passé de biens individuels, familiaux, privés à une notion s’appliquant à des biens communs, voire publics ?


n du

Émergence de la notion du patrimoine autant qu’héritage collectif Si le caractère public du patrimoine n’est plus remis en question au XXe siècle, la naissance de l’idée de patrimoine au sens d’un héritage collectif date de la seconde moitié du XVIIIe siècle et reflète, en France, une conscience nationale qui réclame la nécessité de conserver les monuments témoins du «génie de chaque siècle» 36. Il renvoyait ainsi à un sentiment national comme en témoigne le discours de François Puthod de Maison-Rouge devant l’Assemblée nationale en 1791 : « L’orgueil de voir un patrimoine de famille devenir un patrimoine national ferait ce que n’a pas pu faire le patriotisme ». La Révolution est, en effet, un moment fort de la construction de la notion de patrimoine. Pour Jean-Pierre Babelon et André Chastel 37, le point de départ, autant que la première ouverture de la notion, remonte à l’inventaire

31 33DROUIN, Martin Le Combat du Patrimoine à Montréal (1973-2003), Montréal, presse de l‟université du Québec, 2007, 4 p. cité par fedia korso feciane, Tourisme Rural Vecteur De Développement Local Cas De La Région De Beni Snous, Université Abou BekrBelkaid De Tlemcen, Faculté de Technologie Département d‟Architecture 32 7Service pédagogique Château Guillaume le Conquérant. La notion de patrimoine, Falaise, Fiche enseignant, [http://www.chateau-guillaumeleconquerant.fr/web/pdf/servicepedagogique/dossiers-thematiques/ fiche-patrimoine.pdf] , cité par Fedia korso Feciane 33 Frédéric Jézégou - Jean-François Meylhoc.Dicocitations : le dictionnaire des citations, cité par Fedia korso Feciane J34 ean-Pierre BABELON et André CHASTEL, La notion de patrimoine, Paris, L.Lévi, 1994. chapitre I pp.1326 et chapitre II pp.27-48. Cité par Thibault Le Hégarat. Un historique de la notion de patrimoine. 2015. 35 Jean-Yves ANDRIEUX, Patrimoine et histoire, Paris, Belin, 1997, p. 18. Cité par Françoise CHOAY, L’allégorie dupatrimoine, Paris, Seuil, 1992, p. 9. CIT2 PAR Thibault Le Hégarat,2015. 36 Isac CHIVA, Une Politique Pour Le Patrimoine Culturel Rural, Rapport, Avril 1994 37 Jean-Pierre BABELON et André CHASTEL, La notion de patrimoine, Paris, L.Lévi, 1994. chapitre I pp.1326 et chapitre II pp.27-48. Cité par Thibault Le Hégarat, 2015

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des biens confisqués au clergé et à la noblesse et devenus communs à l’ensemble des citoyens. Cet inventaire, réalisé à partir de l’an II (février 1794) fonde le principe de rassembler des œuvres d’art en raison de leur intérêt pour la nation et de leur valeur esthétique et historique. Il faudra donc attendre la révolution française pour qu’une politique de conservation naisse. Les premières initiatives de sauvegarde viennent d’abord de municipalités, comme celle de Paris qui fut active dès 1789 « On assiste ainsi à Paris, dans les dernières années de l’Ancien Régime, à la formation d’une opinion éclairée décidée à lutter contre les pouvoirs publics pour éviter la destruction des monuments considérés déjà comme un patrimoine collectif»38 ou bien l’action d’intellectuels éclairés, tel l’abbé Mercier qui demande à Paris en 1783 : « Qu’aucun monument ancien ne soit détruit sans une enquête préalable de l’autorité publique ». 39 On s’aperçoit cependant, qu’en ce moment là, la notion de patrimoine reste confiné dans la notion de ‘’monument historique’’ avec laquelle elle se confond et dont elle ne s’émancipera que progressivement.

38 Jean-Pierre BABELON et André CHASTEL, La notion de patrimoine, Paris, L.Lévi, 1994. chapitre I pp.13-26 et chapitre II pp.27-48. Cité par Thibault Le Hégarat, 2015 39 Thibault Le Hégarat. Un historique de la notion de patrimoine. 2015 40 MARIE-Eve Breton .Le Patrimoine De Proximité En Contexte Urbain Comme Nouvel Espace D’identification Collective: Le Cas De La Rue Saint-Malo À Brest, Université Du Québec À Montréal, 2011 cité par Fedia korso Feciane 41 « Il est constitué a posteriori par les regards convergents de l’historien et de l’amateur, qui le sélectionnent dans la masse des édifices existants, dont les monuments ne représentent qu’une petite partie » extrait du livre par CHOAY, Françoise. L’Allégorie du patrimoine, Paris Editions du Seuil, 1992, 21p. 42 MARIE-Eve Breton .Le Patrimoine De Proximité En Contexte Urbain Comme Nouvel Espace D’identification Collective: Le Cas De La Rue Saint-Malo À Brest, Université Du Québec À Montréal, 2011, cité par Fedia korso Feciane 43 La tradition rassemblée: journées d’études de l’Université de Fribourg Par Simone de Reyff , 44 Gustavo GIOVANNONI, L’urbanisme face aux villes anciennes, Paris, Seuil, 1998.

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Élargissement de la notion du patrimoine « Si la notion de patrimoine a connu une évolution significative depuis son introduction au lendemain de la Révolution française, son utilisation au sens où nous l’entendons aujourd’hui, c’est-à-dire hors de son acceptation juridique, est très récente » 40 Comme le souligne Choay 41 , et comme en témoigne les multiples propos citées plus haut, le terme « monument » fut utilisé pour désigner la notion du patrimoine. Ces monuments font valeur de symbole et sont considérés, comme des pièces de musées en dehors de toute référence à leur environnement. « Dans les premiers temps de la mise en place des mesures de protection de l’héritage culturel, le monument historique apparaît exclusivement sous la forme d’un édifice isolé et prestigieux, à forte valeur historique ou artistique. Les églises, manoirs ou châteaux sont donc les premiers bâtiments à recevoir le titre de monument historique. »42 Ainsi l’élargissement de la notion de patrimoine passe d’abord par l’extension du concept de ‘’monument ‘’. qui s’opère en premier dans un contexte germanique en incluant le champ environnemental: Naturdenkmal (monument naturel) un terme forgé par Alexandre Von Humboldt en 1814.43 L’autre pas important dans la construction de la notion de patrimoine fut sa mutation dès la première moitié du XXe siècle avec la prise en considération des ensembles urbains et villageois qui continueront cependant à être traités comme des monuments historiques et non comme des milieux de vie. Choay attribue la paternité de l’expression de « patrimoine urbain » à l’architecte italien G. Giovanni qui employa le terme pour la première fois en 1930.44 Un pas a donc été franchi en débordant du monument historique isolé et en attribuant une valeur patrimoniale à des sites naturels et à des ensembles bâtis de plus en plus considérables.


Une des principales autre évolutions marquante de l’histoire du patrimoine, indéniablement liée à celle qui a porté sur les objets étudiés, concerne le public intéressé. Entre 1960 et 1970, on constate, pour reprendre les termes des historiens Daniel-Jacques Grangé et Dominique Poulot « le double abandon de l’ancrage patriotique et de l’exclusivité de la haute culture .»45 On peut ainsi suivre l’évolution du patrimoine comme le mette en lumière Jacques Limouzin et François Icher : « Après une période où sa préservation est le fait d’une élite culturelle, l’Etat s’empare du patrimoine pour en faire un instrument d’unification de la nation avant que les populations ne se le réapproprient .»46 L’histoire de la notion de patrimoine ne peut plus s’écrire, depuis les années 1970, sans prise en compte du public qui n’est plus un simple destinataire passif. Il manifeste désormais une capacité à exprimer un avis et à formuler des choix en matière de patrimoine. En 1980, il est invité par le Ministère de la Culture à enrichir les collections et les listes par ses suggestions. Cette démocratisation n’est pas sans incidences sur la notion de patrimoine qui, depuis, ne cesse d’élargir son périmètre. . on parle, en effet, « d’un patrimoine non seulement historique, artistique ou archéologique, mais encore ethnologique, biologique ou naturel ; non seulement matériel, mais immatériel ; non seulement national, ou local, régional, mais mondial, universel. » 47 L’extension du périmètre depuis les années 1980 est résumée par Jean-Yves Andrieux dans une énumération qui est elle-même significative du phénomène : « […] le patrimoine recouvre à la fois le temporel (le palais de l’Elysée) et le spirituel (le Sacré Coeur de Montmartre), le réel (le monument aux morts) et l’immatériel (la cérémonie du 11 novembre), le multiple (la langue) et l’unique (le sceptre de Charles V ou la chapelle-reliquaire de La Martyre), l’industriel (la fonte Art nouveau) et l’artistique (la maison de Victor Horta à Bruxelles, 1898), le tout (la Grande Guerre) et la patrie (Verdun), le genre (le patrimoine naturel) et l’espèce (le paysage), le signe (la cathédrale de Reims, le Panthéon) et le sens (la monarchie, la république). On pourrait décliner longtemps les formes de sa variété. » 48

La confusion contemporaine ou la fragmentation du patrimoine En nous restreignant toutefois au XXe siècle, nous nous limitons à une période où le sens du patrimoine conserve une certaine cohérence tout en connaissant d’importantes évolutions. Cependant, Le phénomène d’élargissement observé à la fin du XXe siècle se prolonge au XXIe par la banalisation du terme et une grande confusion autour de la notion qui est aujourd’hui en mal d’identité. Ce que l’on a appelé « l’extension patrimoniale », voire le « tout-patrimonial » 49 pour désigner l’élargissement patrimonial rend délicat toute tentative de le définir par des corpus d’objets tant la notion peut désormais accueillir tous les types. Le terme est devenu tellement englobant et ses contours très large qu’il se substitue à d’autres. On voit ainsi un glissement du terme « patrimoine » vers un autre sens « il se met à désigner tout ce qui fonde l’identité (culturelle) d’un lieu, d’un site, d’un peuple (en plus de l’héritage), sinon tout ce qui évoque le passé. »50 « Considérer tout ce qui est patrimonialisé, indépendamment de son origine ou de sa nature, permet de se focaliser sur les intentions et sur le sens d’un tel acte plutôt que sur l’objet considéré. »51

45 Daniel-Jacques GRANGE et Dominique POULOT, L’esprit des lieux : le patrimoine et la cité. Colloqueinternational, Conservatoire d’Art et d’Histoire, Annecy, septembre 1995, organisé par le Centre de recherche d’histoire de l’Italie et des pays alpins, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1997, p. 26, cité par Thibault Le Hégarat, 2015 46 Jacques LIMOUZIN et François ICHER, Regards sur le patrimoine, Montpellier, CRDP académie de Montpellier, 2008, p. 66,cité parThibault Le Hégarat, 2015 47 Le patrimoine et les aventure de la modernité, par Dominique POULOT, 7 P. , cité par fedia korso feciane, 48 Jean-Yves ANDRIEUX, Patrimoine et histoire, Paris, Belin, 1997, p. 18. Cité par Françoise CHOAY, L’allégorie dupatrimoine, Paris, Seuil, 1992, p. 9. CIT2 PAR Thibault Le Hégarat,2015. cité par Thibault Le Hégarat, 2015 49 Thibault Le Hégarat. Un historique de la notion de patrimoine. 2015. 50 Idem 51 Idem

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II - le patrimoine rural

Définition L’intérêt porté à l’héritage rural est une conséquence de l’élargissement de la notion de patrimoine. Cela s’explique par le passage d’une conception restreinte dans le patrimoine bâti monumentale à caractère beau exceptionnels et irremplaçables, à une notion englobant le « petit » patrimoine, qu’il soit naturel (les paysages), ou représentatif de genres de vie qui ont disparu ou qui disparaissent. Lorsqu’on parle de patrimoine culturel rural, on pense en premier lieu au bâti mais une vision plus globale, En adoptant l’approche de la définition par la négative, le patrimoine rural se détermine par « opposition au patrimoine urbain, « savant », industriel, citadin, d’autre part au patrimoine protégé au titre des monuments historiques, Le patrimoine rural est donc fortement lié au territoire et à l’environnement. »52 Le patrimoine rural correspond donc essentiellement

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à que l’on appelle également le patrimoine de proximité. Il se distingue des éléments exceptionnels et spectaculaires que sont les monuments historiques ou les sites prestigieux pour s’assimiler à des éléments quotidiens et parfois ordinaires, qui, du fait de l’étroite imbrication du naturel et de l’action humaine, constituent des témoignages de la vie évolutive et changeante des hommes sur un territoire. Il comprend ainsi l’architecture vernaculaire rurale, les lieux de vie, les objets d’art, les traditions populaires, les savoirfaire, les produits de terroir, les techniques, les outils et le patrimoine naturel (les paysages naturels et le continuum bâti – paysage). Face à cette définition qui assimile patrimoine et représentation d’un système disparu ou devenant de plus en plus rare, on se pose la question si, au lieu d’identifier quelques éléments du milieu rural porteurs de valeur patrimoniale, il ne serait pas plus pertinent de considérer le monde rural en général, dans son contexte actuel de mutations et transformations,


autant que patrimoine. En effet, les menaces que confronte la ruralité contemporaine sont multiples. Que ca soit à cause de facteurs externe tel l’expansion urbaine, la mondialisation ou l’homogénéisation des modes de vies ou par conséquences à des dynamiques internes comme l’exode rurale ou la dégradation de la condition socio-économique des communautés rurales, le monde rural voué à un déclin irréversible devient patrimoine. Les spécificités et les productions de l’espace rural ayant survécus- spatiales, socio-économiques, culturelles et architecturales acquiert ainsi une valeur patrimoniale.

52 Direction du tourisme, Conseil Général de la Côte-d'Or. Passé simple :RESTAURER LE PATRIMOINE RURAL NON PROTÉGÉ [https://www. cotedor.fr/files/content/sites/cg21-2/ files/conseilgeneral21/pdf-documentscg21/pdf-doc-culture-patrimoine/ PartrimoineRural-PasseSimple.pdf] , cité par fedia korso feciane

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Source: ourancientworld.com

Source: stimuler le tourisme rural, usaid Maroc

Source: stimuler le tourisme rural, usaid Maroc

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Source: stimuler le tourisme rural, usaid Maroc

Source: stimuler le tourisme rural, usaid Maroc


Les multiples dimensions du patrimoine culturel rural Le patrimoine matériel : Ce patrimoine est plus facile à localiser. Il se compose de différents éléments :

«Le paysage désigne le résultat des interactions entre les populations, leurs activités et les lieux qui les accueillent... C’est l’ensemble dynamique de relations entre les êtres vivants occupant un espace donné »53 Il est artificiel de séparer le bâti du paysage car il en fait partie, le structure, l’anime et le continuum édifice-village-site ne doit pas être brisé sous peine de le voir perdre sa cohérence en même temps que son authenticité. Le paysage est un enjeu pour la société extérieure qui demande à le découvrir, comme pour la société locale, G. Sautter écrivait, une des bases de l’identité collective est «l’aspect des lieux : comme appui concret d’une société qui a besoin, pour être, de se voir exister. Du même coup, le paysage devient une nécessité vitale, la forme des lieux se mue en enjeu». Il faut cependant noter que la perception du paysage diffère entre touriste et résident permanent. Le vécu local passe par un ensemble original composé à la fois par les formes paysagères et la représentation mentale. L’image mentale s’attache fortement à ces éléments : forme du parcellaire, haies, chemins, murettes, alignements d’arbres, bois, habitat..., autant d’éléments liés à un système de production spécifique ou, tout simplement, à des parcours quotidiens.54

Le bâti rural occupe une place prédominante dans le patrimoine rural, mais en laissant de côté les monuments et l’architecture vernaculaire - qui est une architecture de modèle sans architecte - incluant les habitations et

53 20Audrey Tessier, France St-Onge, Stéphane Gariépy. Le paysage rural au Québec : Enjeux agricole et solutions agroforesterie, Québec, Bibliothèque nationale du Québec,2009 , cité par fedia korso feciane 54 Isac CHIVA, Une Politique Pour Le Patrimoine Culturel Rural, Rapport, Avril 1994.

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les bâtiments d’exploitation agricole ou ceux liés à l’artisanat, l’industrie, la villégiature ou la vie collective, il existe un grand nombre de petits monuments sur lesquels se fonde l’identité du paysage rural : puits, lavoirs et abreuvoirs, fontaines, mégalithes, moulins, bornes anciennes, cimetières. Certains sont encore support de pratiques et de croyances et tous servent à organiser l’espace «vécu» de la communauté.

Ce sont les produits qui résultent d’une adaptation aux conditions locales et à des traditions de culture, d’élevage, de transformation et de préparation. Il témoigne des liens tissés entre le produit, l’homme et le terroir. On parle ainsi d’objets et d’outils qui relèvent aussi bien d’usages domestiques ou techniques (les meubles de styles régionaux et les outils) que religieux (le mobilier des mosquées), ou festifs. Ce sont aussi bien des variétés végétales (plantes, fruits, légumes…), des races animales locales que des produits plus élaborés ( fromages, charcuteries). Ce sont des produits du terroir, qui, à la différence des produits «modernes» standardisés et destinés à la consommation, présente des caractères d’authenticité et d’enracinement. Ils ont une spécificité et une excellence liées à un lieu, à une société, à une histoire reposant sur un ensemble de facteurs sociaux, de qualités techniques et de savoirs originaux, et peuvent servir de réservoirs génétiques ou d’emblème pour un territoire. Leur conservation implique le maintien de leur production dans les milieux qui les ont vus naître et se développer.

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Le patrimoine immatériel Ce patrimoine se compose d’un ensemble de biens immatériels qui sont indissociables du patrimoine matériel : • Les techniques et savoir-faire qui ont permis la création des paysages, la construction de maisons, la fabrication du mobilier, l’élaboration de produits de terroirs. La conservation, la protection, la valorisation et la transmission du patrimoine rural ne seront pas possibles sans ses savoir-faire paysagers, architecturaux, agro-pastoraux, artisanaux qui en ont permis la création et qui demeurent indispensables pour en rendre possible l’entretien, la restauration, la modification et la modernisation dans le respect de la logique de production et de l’esthétique de l’ensemble. • Les modes d’expression témoignent d’une inscription particulière de la communauté sur son territoire et plus généralement d’une façon particulière d’être ensemble. On inclut ici les parlers locaux, les noms des lieux (toponymes) qui reflètent des usages ou des représentations particulières, les contes et légendes qui font partie de l’histoire local, la musique, la littérature orale issue de traditions non écrites. • Les modes de sociabilité et des formes particulières d’organisation sociale comme certaines coutumes ainsi que des fêtes (calendaires, agricoles...) Tous ces éléments constituent un patrimoine vivant. Les différents acteurs du monde rural, en désignant et en s’appropriant ces éléments, leur confèrent un sens pour la collectivité et leur valeur patrimoniale. »


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III - Le rôle du patrimoine

Les éléments à valeur patrimoniale à occupent une place variable selon les cas. Dans certains orientations, ils vont être mobilisés comme éléments concourant à la définition d’une identité territoriale, dans d’autres, ils vont être supports de réseaux qui permettront de structurer ce territoire. Enfin, le patrimoine va constituer une ressource, de qualités spécifiques au territoire, à partir desquelles seront crées des activités nouvelles.

Nous avons parlé dans le chapitre précédent, du patrimoine et son rapport avec l’identité d’un territoire mais aussi comme élément de l’attractivité d’un territoire. Avec la montée du régionalisme et la concurrence des territoires, et considérant la forte demande d’identité et d’authenticité dans un monde de plus en plus globalisé, le patrimoine, grâce à son caractère « non reproductibles » et « non cessibles »55 devient une ‘’ressources spécifique’’ de plus en lus importante dans les processus de développement local au travers des stratégies de différenciation des territoires. Dans cette perspective, le patrimoine devient un élément exploitable dont la mise en valeur et l’usage passe par son association avec d’autres domaines. Il peut par exemple devenir une ressource pour le développement touristique ou bien un label ou une image de marque utilisé dans le marketing territorial, il peut aussi dans certain cas, déclencher des aménagements de réseaux qui font d’éléments du patrimoine des points focaux autour desquels ils se développent. (ex : terrasses, mosquées, châteaux).

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La reconstruction identitaire passe par la mise en place sur le territoire d’accueil de marqueurs symboles d’une histoire collective passée commune. Le patrimoine, source d’émerveillement, de ravissement, de connaissance de l’ancien temps, est le lieu de l’expression et de l’épanouissement de l’identité56 . Il devient ainsi une repère identitaire dont l’enjeu majeur est de la sauvegarde et la valorisation des identités territoriales. Contrairement à l’approche définissant le patrimoine autant que ressource utilisable dans la redynamisation économique ou le développement local, nous sommes ici dans une logique de conservation, de sauvegarde et de protection.

55 Angeon & Caron, 2004 56 (Bleton-Ruget, Commerçon, Lefort, 2011, p 215). Cité par Lindsay Chognon, L’attractivité touristique des territoires ruraux par la mise en valeur du patrimoine culturel immatériel Le cas des contes et légendes en forêt de Brocéliande, , 2015 – 2016, L’ISTHIA, l’Université Toulouse - Jean Jaurès, mémoire de première année

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IV- L’attractivité par la re territoriale Introduction Face à une urbanisation irresponsable du milieu, et au lieu d’une implantation irréfléchie d’équipements trop lourds, actes d’agressivité induisant un bouleversement de l’équilibre du milieu naturel et culturel, nous pensons que la revitalisation d’un territoire et sa redynamisation –qui est l’objectif affiché de ce mémoire-doit passer avant tout par l’utilisation de ses ressources qui deviennent des facteurs d’attractivité et source de singularité. Il nous a donc fallu s’attarder sur la notion de ressources territoriales dont nous retiendrons, en premier lieu, la définition proposée par Federica Corrado lors du colloque organisé par le laboratoire « Territoire » sur cette notion : « la ressource territoriale représente la découverte et l’actualisation d’une valeur latente du territoire par une partie d’une société humaine qui la reconnaît et l’interprète comme telle, à l’intérieur d’un projet de développement local »57.

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Ainsi, nous comprenons qu’une ressource n’existe que si elle est connue, révélée et exploitable, que si on lui attribue une valeur d’usage. Pour le cas des territoires ruraux, on de demande donc : En quoi consiste ces ressources et comment les reconnaitre, les identifier et les mettre en avant ? Comment les utiliser et les exploiter ? En quoi leur valorisation peut elle être un facteur d’attractivité et un moteur de développement ? Leur mise en tourisme peut elle être une réponse comme nous l’avons indiqué dans nos hypothèses ?


essource

Le patrimoine autant que ressource territoriale « Le patrimoine est donc lié à un héritage à transmettre, issu de l’histoire, plus ou moins ancienne, du territoire étudié. Le patrimoine, en ce sens, a nécessairement une dimension collective. Sa conservation relève donc de l’intérêt général. Il s’agit d’un bien collectif au sens économique du terme. Dès lors, comme tout bien, le patrimoine a une valeur en tant que ressource, susceptible de contribuer au développement du territoire qui l’a engendrée ».58 Les territoires quelle que soit l’échelle dans laquelle ils s’inscrivent (régions, provinces, communes…) se pensent désormais comme des entités ayant une identité propre. Ce ne sont plus seulement des parties du territoire national. Ils se mettent en concurrence, cherchent à développer leur image et leur marque territorial et sont en perpétuelle quête de singularité. Certains 57 (Corrado, 2004, p.23). 58 Michel Vernières. La contribution du patrimoine au développement local : enjeux et limites de sa mesure, Colloque La mesure du développement, CES-Université de Paris 1, 2012, 2 p. , cité par fedia korso feciane,

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de ces territoires ruraux n’ont parfois plus que les ressources culturelles et paysagères à avancer dans le développement de leur territoire parfois défavorisé sur le plan économique 59, ce qui est le cas notamment des territoires ruraux.

En effet, face à une demande d’identité des touristes de plus en plus forte du fait d’une société de plus en plus mondialisée, les milieux ruraux à ressources naturelles et économiques limitées peuvent profiter de cette demande, surtout puisqu’il est désormais acquis que la pauvreté, le sous-équipement et la dépendance de ces milieux ne peut être dépassée tant que l’objectif de développement rural reste fondé sur la seule activité agricole basée sur la ressource naturelle. Le patrimoine, dans sa définition large, englobant le matériel, l’immatériel et le naturel prend alors au milieu de tout cela une importance toute particulière. Étant propre à un territoire et à ses habitants, il est une marque idéologique et mythique.7 Sa sauvegarde et sa valorisation sont alors plus que jamais nécessaires pour des territoires qui ont besoin de se différencier, de montrer ce qu’ils sont d’une manière authentique. Il redonne un sens à ces espaces déstructurés par la modernité. Il est une dynamique pour les territoires et les groupes que l’on pourrait qualifier de mythe fondateur reconstruisant le passé pour les besoins du présent et les projets du futur.60 Le règlement CEE 2081/92 du 14 juillet 1992 l’a reconnu explicitement : «La promotion de produits présentant certaines caractéristiques peut devenir un atout important pour le monde rural, notamment dans les zones défavorisées ou éloignées, en assurant, d’une part, l’amélioration du revenu des agriculteurs et, d’autre part, la fixation de la population rurale de ces zones.» Dans cette perspective, les territoires ruraux, possèdent des atouts extraordinaires, car ils possèdent la plupart du temps une identité culturelle forte, un patrimoine et une culture propres qui peuvent aisément devenir des facteurs d’attractivité. Il est clair cependant, que leur mise en valeur ne suffit pas, il faut savoir

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capitaliser sur cette identité, cette culture et ce patrimoine propres à chaque territoire. Pour devenir une ressource, le patrimoine doit s’allier avec d’autres opérateurs. Sa mobilisation ne se fait qu’en association avec d’autres activités telles l’agriculture et le tourisme. On donne en premier lieu l’exemple de l’agriculture où le patrimoine assure un rôle d’opérateur : en soulignant l’existence de savoirfaire anciens, de liens avec un terroir particulier, il va concourir à la caractérisation du produit. En ce qui concerne le tourisme, la complémentarité entre ces deux secteurs est d’autant plus évidente. S’agissant d’un secteur dont le développement repose sur la mise en évidence d’une qualité spécifique, permettant de marquer le produit par rapport à d’autres, le patrimoine assure un rôle d’opérateur. 61 Grâce à l’identité, le tourisme l’utilise comme élément de distinction dans sa tentative de valorisation d’un territoire. Par exemple, la ville d’Amien se distingue en s’affirmant « Ville de Jules Verne ». Ce patrimoine littéraire est alors utilisé en tant qu’identité qui la distingue des autres villes françaises. La figure identitaire devient donc un argument de vente touristique et représente une affirmation en tant que lieu culturel. 62 Par ailleurs, le tourisme joue aussi le rôle d’opérateur, il révèle une ressource patrimoniale, qui peut générer de l’activité à différents niveaux : restauration de bâti ancien, activités éducatives et pédagogiques, sentiers thématiques, hébergement, etc. Les territoires ruraux se nourrissant de plus en plus des ressources patrimoniales, culturelles et identitaires, la mise en tourisme nous apparait comme un moyen qui permet leur mobilisation à des fins de développement et d’attractivité.


La mise en tourisme, un moyen de mobilisation de la ressource patrimoniale Comme nous avons rendu explicite plus haut, il existe une grande complémentarité entre le tourisme et le patrimoine autant que ressource territorial. Ainsi, le tourisme devient un véritable facteur de redécouverte des ressources de ces territoires qui tentent d’en faire un nouveau moteur de développement pour relancer l’attractivité des zones rurales. Et du fait de la concurrence omniprésente, la singularité devient une véritable ressource. 63 Ce sont ces ressources que les touristes viennent découvrir. C’est pour cela qu’ils effectuent des déplacements. Ces ressources singulières sont celles qu’ils n’ont pas chez eux. C’est en cela que le développement local des territoires ruraux peut reposer en partie sur la valorisation des ressources que présente le territoire, et le tourisme semble alors être un moyen de cette valorisation,64 à condition d’être bien encadré et réfléchi en prenant en compte la capacité de charge des sites patrimoniaux. Si le tourisme simplement considéré comme une activité annexe, est devenu souvent activité principale dans le développement des territoires, c’est parce que l’attractivité d’un territoire et son développement passe en partie par l’attractivité touristique qui repose sur la mise en valeur des ressources territoriales. L’identité culturelle et le patrimoine en général, apparaissent des lors comme une ressource unique du développement touristique. En effet, outre la définition donné plus haut, et dans une otique orientée vers le tourisme, la notion de ressource peut être définie par « un ensemble d’unités élémentaires physiques ou non, tangibles ou intangibles qui constituent pour le territoire un avantage compétitif au regard des touristes dans le choix de la destination ». Si puiser dans la culture et le patrimoine autant que ressources pour le développement et le renforcement de l’attractivité des territoires ruraux à travers le tourisme répond à nos questionnements posés au début de ce chapitre, il suscite bien d’autres questions qu’il nous revient de traiter par la suite : quelles formes prend le tourisme dans un territoire rural ? Et que sont ses retombés ? Comment peut-on définir la notion de patrimoine ? Et quelle relation lie le patrimoine et le tourisme ?

59 (Origet du Cluzeau, Tobelem, 2009, p 241), cité par Lindsay Chognon, L’attractivité touristique des territoires ruraux par la mise en valeur du patrimoine culturel immatériel Le cas des contes et légendes en forêt de Brocéliande, , 2015 – 2016, L’ISTHIA, l’Université Toulouse - Jean Jaurès, mémoire de première année 60 (Fournié, Crozat, Bernié-Boissard et al, 2013, p 105), cité par Lindsay Chognon, 2015 – 2016 61 Pierre-Antoine Landel, Pascal Mao.Le diagnostic de territoire et la création d’activités touristiques à partir du patrimoine, 2007 62 Lindsay Chognon, L’attractivité touristique des territoires ruraux par la mise en valeur du patrimoine culturel immatériel Le cas des contes et légendes en forêt de Brocéliande, , 2015 – 2016, L’ISTHIA, l’Université Toulouse - Jean Jaurès, mémoire de première année 63 Bleton-Ruget, Commerçon, Lefort, 2011, p 111).cité par Lindsay Chognon, 2015 – 2016 64 Origet du Cluzeau, 1999, p 17 75. cité par Lindsay Chognon, 2015 – 2016

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V- le patrimoine rural co de dĂŠveloppement

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omme facteur Village de Courgoul, Auvregne, France

Courgoul, un village de 55 habitants dans le département du Puy de Dôme). Il se trouve en limite du Parc Naturel Régional et n’y appartient pas. Petit patrimoine en question : “pailhats”, terrasses retenues par des murets de pierres sèches, témoins d'un mode d'agriculture ancestral.

Restaurés, les pailhats ont produit de l'événement : on en parle, des visites et des randonnées y sont organisées, des lycées agricoles envoient leurs jeunes, des stages de construction en pierres sèches attirent le monde et une fête annuelle autour des produits cultivés anime le village. Finalement, une démarche de gestion du paysage s'en est suivie.

Source : auvergne-tourisme.info

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beamish.org.uk

Beamish Museum (Angleterre), un musée vivant et attractif en territoire rural

Le Beamish Museum est le plus grand musée à ciel ouvert d’Angleterre. C’est un « musée vivant », qui donne à voir la vie quotidienne dans la région entre 1820 et la deuxième guerre mondiale. Un tramway, deux fermes, une ville et une cité minière d’époque sont notamment présentés.

• • Le musée, s’inscrit dans une stratégie de redynamisation touristique et économique d’un territoire encore marqué par l’agriculture et l’activité minière. • • L’implication des populations dans la constitution des collections et la programmation • • Le projet s’inscrit dans la volonté de représenter ce qui fonde l’identité régionale • • Il fait de l’histoire un facteur d’attractivité.

Une fonction mémorielle Lorsque le projet débute en 1970, le musée a essentiellement une fonction mémorielle. Il rassemble des objets donnés par les habitants et les conserve dans une maison de

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beamish.org.uk

campagne située sur un site de plusieurs hectares. L’accumulation de ces objets lui permet d’ouvrir ses collections au public en 1972. La reconstitution d’un village et d’un chemin de fer se fait par la suite, sur l’espace disponible, transformant le lieu en « musée vivant ». Une immersion Le Beamish Museum propose au visiteur l’expérience de s’immerger dans un village typique de la région durant l’âge d’or des mines, de l’agriculture et de l’industrie du chemin de fer. La reconstitution de l’architecture mais aussi des activités (transports en commun, artisanat, commerces, fêtes populaire) est proposée, avec la participation de volontaires et d’habitants de la région.

Le musée est devenu aujourd’hui devenir une des attractions majeures et facteur de visibilité du territoire.

• 589 000 visiteurs en 2012-2013 ; • Augmentation de 66% entre 2008 et 2012 ; • Hausse de 20% prévue d’ici 2021 ; • Revenus du musée liés aux billets annuels, aux évènements et aux activités commerciales (restaurant, boutique) en hausse ; • Ouverture d’un hôtel 4* Best Western aux abords du musée ; • Le musée a gagné 100 emplois supplémentaires entre 2008 et 2012.

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LE TOU 53


URISME « Rien n’est plus évocateur qu’un paysage campagnard, avec ses champs parés de couleurs estivales, ses fermes régulièrement disposées le long du chemin, ses clôtures de bois ou de pierres empilées, son semis de hameaux et de villages, et ses églises bâties sur le rebord d’une terrasse ou blotties au creux d’un vallon. (...) C’est ce tableau que les gens des villes vont quérir au hasard d’une promenade. Et c’est toujours cette image que les touristes recherchent quand ils nous observent de l’extérieur. Elle est fausse bien sûr et la plupart d’entre nous le savent bien. » Serge Courville, Le Québec Rural dans tous ses états.Sous la direction de Bernard Vachon. Boréal. Montréal.1991

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I - Le tourisme rural en q

Introduction Le tourisme est aujourd’hui un secteur de recherche bouillonnant au sein duquel émergent de multiples interrogations, qui portent tant sur les ressorts des pratiques touristiques, les logiques de développement et de transformation de l’offre que les multiples incidences du déploiement des activités touristiques dans les espaces récepteurs. Questionner le tourisme rural va donc bien au-delà d’un problème de définitions. Questionner le tourisme rural, c’est se poser la question des particularités de celui-ci notamment liées à sa dispersion, à ses difficultés d’organisation en une « destination », c’est étudier et analyser conséquences, ses apports et ses retombés sur les territoires qui accueillent l’activité touristique, c’est s’interroger sur la place de ce patrimoine rural que le touriste consomme, c’est se confronter aux problèmes des équipements et des aménagements touristiques.

Les différentes dénominations du tourisme rural Il nous a fallu tout d’abord revenir sur les différentes définitions qui nous serons utiles tout au long de notre réflexion. Et si on peut facilement considérer le touriste comme « toute personne en déplacement hors de sa résidence habituelle pour une durée d’au moins une nuit et de quatre mois au plus, pour l’un des motifs suivants : agrément (vacances, week-end), santé (thermalisme, thalassothérapie, etc.), missions ou réunions de toutes sortes (congrès, séminaires, manifestations sportives, pèlerinage, etc.), déplacements professionnels, voyages d’affaires et voyages scolaires », attribuer une définition au « tourisme rural » s’avère un peu plus épineux. Dans notre tentative de définition du tourisme rural nous somme confrontés à bien d’autres termes qui ont cours, tant chez les spécialistes que dans le public : le tourisme vert, l’écotourisme, l’agrotourisme, le tourisme de nature ou encore le tourisme doux… En effet, les formes variées du tourisme rendent cette activité difficile à définir, car les qualificatifs adjoints au tourisme, comme « tourisme rural», «tourisme alternatif », « tourisme durable» prête à confusion, d’autant plus qu’il n’existe généralement pas de définition

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question

officielle reconnue par tous, de façon internationale, pour ces différentes dénominations. Les différentes possibilités et approches de définition rendent la situation plus complexe, ainsi on peut définir les pratiques particulières de tourisme soit à partir de l’espace où se réalise l’activité (ex. la ferme en activité pour le cas agrotouristique), ou encore la localisation géographique (tourisme de montagne, tourisme du désert, tourisme des iles), soit à partir de la demande des touristes telles que les motivations de voyage ou les pratiques accomplies (tourisme d’aventure ou tourisme de randonnée, tourisme gastronomique, tourisme équestre). Cela implique qu’un tourisme «rural » en référence à une localisation c’est-à-dire ayany lieu à la campagne, n’exclut pas pour autant d’autres formes de tourisme, car dans un espace rural on peut pratiquer l’écotourisme, l’agrotourisme, le tourisme vert, le tourisme durable, mais aussi le tourisme culturel, sportif, etc.). La position du producteur ou du touriste est un autre élément qui change la donne, selon de qui il s’agit, l’activité n’est pas nécessairement nommée ni perçue, de la même façon. Par exemple, dans le cas de l’agrotourisme au Québec, le Groupe de concertation sur l’agrotourisme (1998) limite cette appellation aux visites touristiques effectuées sur une ferme en activité : « Une activité touristique complémentaire de l’agriculture ayant

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lieu dans une exploitation agricole ». Cependant, le touriste pourrait, pour sa part, considérer sa visite « à la campagne » comme une expérience « agrotouristique » 65

Dans sa définition la plus large : le tourisme rural c’est tout simplement la pratique du tourisme en espace rural (par opposition a l’espace urbain), quel qu’en soit la forme. On l’associe aussi au terme tourisme vert par opposition aux tourismes bleu (du littoral) et blanc (des sports d’hiver), mais cette définition pose plusieurs sortes de problèmes car un vacancier séjournant dans l’arrière pays du littoral dit avoir passé ces vacances «à la mer» puisqu’il il raisonne en terme de destination et non d’espace. De la même façon, l’espace montagnard est, par définition, rural et le tourisme de montagne, s’il est blanc l’hiver, est vert l’été. 66 Certaines définitions tendent à réserver cette dénomination « rurale » à certains comportements qualitatifs uniquement comme le respect des traditions, des ressources, et des paysages. Selon Henri Grolleau (1993), «... tourisme d’échelle locale, il est d’initiative et de gestion locales, il vise des retombées locales, il valorise les ressources naturelles, les paysages, les patrimoines et la culture locale » Et de sa part Euroter (1992) annonce que, «Le tourisme rural se définit dans l’économie globale du tourisme comme la valorisation touristique des espaces agrestes, des ressources naturelles, du patrimoine culturel, du bâti rural, des traditions villageoises, des produits du terroir, par des produits labellisés, illustratifs des identités régionales, couvrant les besoins des consommateurs en hébergement, restauration, activités de loisirs, animation et services divers, a des fins de développement local durable et de réponse adéquate aux besoins de loisirs dans la société moderne, dans une nouvelle solidarité sociale ville-campagne ».67 On notera cependant, l’importance de la dimension

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culturelle : « Le tourisme rural n’est donc pas seulement un enjeu permettant d’atteindre un développement touristique équilibré et de lutter contre le surdéveloppement du tourisme urbain ou côtier. Il constitue également une orientation nécessaire afin de maintenir, de protéger et de mettre en valeur tout ce qui vient de notre passé, et qui constitue notre patrimoine. »68 Le développement touristique d’une région rurale se fait donc à partir de l’utilisation, à des fins touristiques, des ressources naturelles et culturelles locales ; autrement dit, le tourisme rural prend appui sur l’espace ; il implique une participation active des populations locales à l’accueil des touristes ; il se concrétise par des produits.69

Lorsque l’on parle de « tourisme rural », bon nombre de personnes non familiarisées avec ses différents concepts, entendent « écotourisme ». « Je voudrais souligner que le tourisme rural n’est pas un simple gadget, et que l’écotourisme est beaucoup plus qu’une mode passagère. Il convient donc ni de confondre, ni d’interchanger ces deux concepts. Même si l’écotourisme constitue une composante importante du tourisme rural, le tourisme rural ne se limite pas aux voyages de découverte du milieu naturel…»70 La Société Internationale d’Écotourisme le définit comme « une façon responsable de voyager dans des zones naturelles tout en protégeant l’environnement et soutenant le bien-être de la population locale ». L’écotourisme est donc la manière de faire du tourisme fondée sur le désir de découvrir la nature, et de respecter, de préserver et de valoriser, les équilibres naturels et culturels des lieux et des populations où il s’exerce, ou en d’autres termes c’est une des formes du tourisme durable, plus centrée sur la découverte de la nature (écosystèmes, agro-systèmes, écologie urbaine). Cette définition démontre la dimension environnementale de l’écotourisme mais également sa dimension sociale inhérente.


Selon l’OMT il est possible d’en résumer les caractéristiques générales comme suit : • L écotourisme rassemble toutes les formes de tourisme qui ont axées sur la nature et dans lesquelles la principale motivation du tourisme est d’observer et d’apprécier la nature ainsi que les cultures traditionnelles qui règnent dans les zones naturelles. • Il comporte une part d’éducation et d’interprétation. • L’écotourisme s’accompagne de retombées négatives limitées sur l’environnement naturel et socioculturel.

65 (Marcotte, Bourdeau, and Doyon 2006).cité par Mycotourisme, pratique touristique pour un développement socio-économique durable et viable en régions forestières, les cahiers de l’institut EDS, universté Laval, Quebec, Avril 2016. 66 www.cheurfa.centerblog.net/3hebergement-touristique 67 Extrait de l’exposé de Suzanne Thibal, Secrétaire Général d’Euroter (Tourisme en Europe Rurale) au séminaire conjoint CEU – ETC en juin 1996 68 Extraits du discours d’ouverture prononcé par Francesco Frangialli, Secrétaire Général Adjoint de l’OMT à l’ouverture du séminaire conjoint CEU – ETC en juin 1996. 69 L’Organisation Mondiale du Tourisme (O.M.T.) STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU TOURISME RURAL, Etude préparée pour le Ministère de l’Economie, des Finances, de la Privatisation et du Tourisme ROYAUME DU MAROC 70 Extraits du discours d’ouverture prononcé par Francesco Frangialli, Secrétaire Général Adjoint de l’OMT à l’ouverture du séminaire conjoint CEU – ETC en juin 1996. 71 Intervention lors du Colloque « Le tourisme durable en montagne, 365 jours par an »organisé à Grenoble le 24 avril 2008 par l’Association nationale des élus de montagne (ANEM)

Source: stimuler le tourisme rural, usaid Maroc

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Selon Hugues François, spécialiste de l’aménagement du territoire au Cemagref, « le tourisme durable consiste essentiellement à renverser le modèle des années soixante qui a été construit comme un modèle de développement touristique a-territorial où les aménagements et les équipements priment sur la préservation de l’environnement et des paysages[…] A l’inverse d’un modèle a-territorial, le tourisme durable tente de valoriser les richesses, de révéler et de valoriser les ressources territoriales et de mettre en œuvre un tourisme de la spécificité. »71 La Charte européenne pour le tourisme durable dans les espaces protégés définit le tourisme durable de la manière suivante : « Toute forme de développement, aménagement ou activité touristique qui respecte et préserve à long terme les ressources naturelles, culturelles et sociales, et contribue de manière positive et équitable au développement économique et à l’épanouissement des individus qui vivent, travaillent ou séjournent dans les espaces protégés ».72 « Le développement du tourisme durable répond aux besoins des touristes et des régions qui les accueillent, tout en ménageant et améliorant les possibilités futures. Il doit se traduire par une gestion de toutes

Source :laketemiskaming.com

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les ressources permettant a la fois de satisfaire les besoins économiques, esthétiques et sociaux, et de préserver l’intégrité culturelle, les écosystèmes, la biodiversité et les systèmes de soutien de la vie. »73 À la lumière de ces définitions, on comprend que le tourisme durable s’appuie sur les es ressources touristiques locales – naturelles, historiques, culturelles ou sociale et visent leur valorisation et leur protection tout en proposant une offre touristique attrayante dont l’objectif est le développement économique équitable.

L’agrotourisme est une activité touristique complémentaire à l’agriculture. Il met en relation des producteurs agricoles avec des touristes ou des excursionnistes, permettant ainsi à ces derniers de découvrir le milieu agricole, l’agriculture et sa production a travers l’accueil et l’information que leur réserve leur hôte.74 L’offre agrotouristique se compose de catégories de produits et services : • Visite et animation a la ferme • Hébergement


• Restauration mettant en valeur principalement les produits de la ferme et en complémentarité l’utilisation des produits agroalimentaires régionaux, afin que ces deux sources de produits constituent la composition principale du menu. • Promotion et vente de produits agroalimentaires

Tourisme de nature : Une définition consiste à considérer cette notion comme englobant toutes les activités dont la pratique exige un cadre naturel. En France, le tourisme de nature est souvent assimilé aux activités de plein air et aux activités sportives dans la nature : tourisme d’aventure ou tourisme de randonnée…. À condition qu’il se pratique dans le respect de l’environnement, appartient à la catégorie de l’écotourisme.

72 En 1995, Europarc42, la Fédération des Parcs naturels d’Europe a pris l'initiative de mettre en place la Charte européenne pour le tourisme durable dans les espaces protégés. 73 La publication de l’OMT intitulée « Développement Durable du Tourisme – Guide à l’intention des autorités locales » 74 Extrait du document établi par le Groupe de Concertation sur l’agrotourisme au Québec, « définition de l’agrotourisme » – Mars 2001 Source : Pintrest

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Tourisme alternatif: C’est le nom générique donné aux différentes alternatives qui se démarquent des formes artificielles et impersonnelles du tourisme de masse, il désigne une attitude responsable, par différence avec le tourisme qui place en premier rang la satisfaction des clients ou la rentabilité économique. Tourisme intégré : Se définit comme « explicitement lié aux structures économiques, sociales, culturelles, naturelles et humaines des localités dans lesquelles il prend place ». Le tourisme intégré est a priori une voie positive pour l’ensemble des territoires ruraux sensibles.

Nous retenons donc que : Le tourisme durable est une manière de pratiquer le tourisme. Mais alors que l’écotourisme s’applique de façon privilégiée dans les espaces naturels, et le tourisme rural exclusivement dans les zones rurales, le tourisme durable est un concept qui s’applique à toutes les formes de tourisme : stations balnéaires ou de montagne intégrées, tourisme urbain, tourisme d’affaires et de congrès, tourisme de pèlerinage… Le tourisme rural, dès lors qu’il s’intègre dans une problématique de développement durable, contribue concrètement à la sauvegarde du patrimoine rural, naturel et culturel. Le tourisme rural s’appuie sur les ressources rurales locales (naturelles, paysages, les patrimoines et la culture). L’écotourisme s’intéresse aux espaces naturels, il peut ainsi être une composante du tourisme rural comme il peut le dépasser en se pratiquant de façon globale dans les espaces naturels peut importe leur localisation (espace rural ou urbain). L’agrotourisme est la pratique du tourisme en relation directe avec le monde des exploitants agricoles, il est aussi une composante du tourisme rural.

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Les spécificités du tourisme rural Nous avons vu que situer géographique le tourisme rural dans un espace rural ne suffit pas o le définir ou le spécifier, néanmoins son inscription dans contexte rural en plus de son caractère durable correspondant à la valorisation des ressources territoriales locales tel le paysage, le patrimoine, ou les produits du terroir permettent de tracer quelques traits distinctifs : • Situé en zone rurale ; • Fonctionnellement rural -- c’est-à-dire fondé sur les caractéristiques particulières du monde rural à savoir, la petite entreprise, les grands espaces, le contact avec la nature, le patrimoine, les sociétés et les pratiques "traditionnelles" ; • A l’échelle rurale -- du point de vue aussi bien du bâti que des unités de peuplement -- et par conséquent se pratiquer en général à petite échelle ; • Traditionnel de nature, de croissance lente et lié aux familles locales. Il doit être en général essentiellement placé sous le contrôle des collectivités locales et développé de façon à répondre à l’intérêt à long terme de la région ; • Viable en ce sens que son développement doit aider à maintenir le caractère rural particulier de la région et faire un usage des ressources locales qui soit viable à long terme. Le tourisme rural doit être considéré comme un outil potentiel de préservation et de durabilité et non comme un outil d’urbanisation et de développement ; • Propose aux visiteurs une expérience personnalisée, un aperçu culturel et humain de l’environnement rural et, autant que possible, de leur permettre de participer aux activités, modes de vie et traditions des communautés locales


Une liste des caractéristiques qui distinguent le tourisme urbain ou de stations de vacances et le tourisme rural pourrait être la suivante :

• Peu d’espace non bâti

• Grands espaces ouverts

• Forte densité de population

• Faible densité de population

• Environnement bâti

• Environnement naturel

• Nombreuses activités d’intérieur

• Nombreuses activités d’extérieur

• Beaucoup d’infrastructures

• Peu d’infrastructures

• Importante base de loisirs et de magasins individuelles

• Importante base d’activités

• Grands établissements

• Beaucoup d’activités à temps partiel dans le tourisme

• Beaucoup d’activités à plein temps dans le tourisme • Aucune activité agricole/forestière

• Petits établissements

• Activités agricoles/forestières

• Activités touristiques autonomes

• Activités touristiques aidant financièrement d’autres activités

• Les travailleurs peuvent habiter loin de leur lieu de travail

• Les travailleurs habitent souvent près de leur lieu de travail

• Rarement influencé par les saisons

• Souvent influencé par les saisons

• Nombreux visiteurs

• Peu de visiteurs

• Relations anonymes avec les visiteurs

• Relations personnelles avec les visiteurs

• Atmosphère cosmopolite

• Atmosphère locale

• Beaucoup de bâtiments modernes

• Beaucoup de bâtiments anciens

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Les retombées de la mise en tourisme en territoires ruraux Le tourisme s’impose comme un phénomène majeur de la fin de ce siècle. Les flux touristiques ne cessent de croître, également, le nombre des touristes. La mise en tourisme, notamment en territoire rural apparaît de plus en plus comme une solution alternative qui permet de redonner un nouveau souffle à ces localités marginalisées, et relancer le développement régional ou local. Les initiatives se multiplient, les projets fleurissent et les moindres ressources du territoire sont alors puisées afin d’entraîner des retombées économiques, sociales et culturelles. Revenus supplémentaires, nouveaux emplois, regain démographique, nouveaux équipements, mise en valeur du patrimoine rural et culturel sont des conséquences espérées d’un développement touristique. Mais ces développements comportent également, et particulièrement en milieu rural, des menaces sur les équilibres entre les activités économiques avec des influences du développement touristique sur le marché de l’emploi, sur les prix immobiliers, avec des risques de dénaturation du paysage et de la culture locale, avec des problèmes de circulation routière accrue. Ainsi, les développements touristiques impliquent des effets multiformes, difficilement quantifiables et souvent contradictoires. Une chose est sure, comme pour le paysage qui ne peut plus être vu quand trop d’observateurs bouchent l’horizon, la campagne est susceptible d’être profondément transformée là où se concentrent les consommateurs-touristes.

Faire venir des touristes sur un territoire notamment un espace rural, permet certainement des retombées économiques sur le territoire en question, les touristes pouvant consommer sur place, dormir, se restaurer. Il s’avère donc porteur de retombées économiques bénéfiques pour la population locale. Sa contribution se manifeste sur le plan économique,

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par la création et la diversification des emplois ainsi que par une augmentation de l’offre des équipements et des services. Ces deux conséquences ont pour principale effets l’accroissement de l’activité professionnel des populations locales (gîteurs, accompagnateurs, cuisiniers, muletiers, agences spécialisées, agences de transport, …), l’amélioration de la qualité de vie et le maintien de la population locale sur le territoire. Finalement, c’est l’emploi qui explique que les espaces touristiques sont souvent dynamiques sur le plan démographique. À côté des retombées directes, ce secteur d’activités repose sur de nombreux produits, services et équipements. Les offres touristiques peuvent alors générer d’autres activités économiques dans la région où elles seront offertes, il dynamise ainsi toute l’économie d’une région et contribuer au développement social et économique local. Cependant, bien que sont rôle d’outil de développement économique soit apparent, ses impacts sont en réalité contradictoires, car si le tourisme crée directement des emplois, une part élevée relève du travail est saisonnier, voire clandestin, et si les populations d’accueil profitent de l’apparition de métiers nouveaux, ces derniers accélèrent la disparition d’activités traditionnelles avec lesquelles il entre en concurrence par l’espace ou la main-d’œuvre. Le tourisme en milieu rural pose également des conflits d’usage et soulève des problèmes de cohabitation, tant avec des usages anciens des campagnes, comme l’agriculture, qu’avec des usages nouveaux, comme la fonction résidentielle. Aux conflits avec les agriculteurs et forestiers se sont ainsi ajoutés aujourd’hui de nécessaires arbitrages avec de nouvelles fonctions de la campagne.

Le tourisme n’est pas sociologiquement et culturellement neutre tant qu’il implique une rencontre entre des peuples ou des sociétés différentes. Néanmoins, l’accueil de populations issues d’autres cultures, ne fussent que des populations urbaines en milieu rural, engendre d’importants changements sur le plan social


et les sociétés d’accueil ne sortent jamais indemnes de la rencontre touristique. Suivant les lieux, mais aussi ses formes, son volume, le tourisme peut être tantôt un agent de subversion des sociétés traditionnelles, tantôt l’occasion d’une redécouverte du patrimoine et des spécificités culturelles. qui peut constituer un facteur de socialisation et d’échanges mais également une source de troubles et de conflits. Le développement économique lié au tourisme constitue par lui-même un important facteur de changement de la société en raison des échanges économiques, sociaux et culturels qui ont lieu directement entre les touristes et les collectivités d’accueil. Le tourisme favorise le développement social de par sa contribution à la création d’emplois, à la redistribution des revenus et à la lutte contre la pauvreté. D’un autre côté, le tourisme encourage l’importation des modèles de consommation étrangers ayant un fort pouvoir attractif, et allant aussi de pair avec certaines perversions de l’économie comme le commerce de la drogue. La confrontation avec les sociétés traditionnelles engendre des coûts sociaux qui découlent de la toxicomanie, du travail des enfants et de la prostitution.

du tourisme et l’écologie des lieux touristiques, et la difficulté pour trouver l’équilibre entre les trois dimensions : économie, société et environnement- l’objectif essentiel de tout développement durable- constitue une contrainte pour le développement du tourisme. En effet, son incidence sur le milieu naturel est tout aussi puissante. Les infrastructures de circulation et d’hébergement qui accompagne le développement touristique mai aussi les comportements individuels destructeurs que provoque le tourisme posent de réels problèmes : dégradation des sites, altération, voire destruction de milieux fragiles, pollution, et usage intensif des ressources naturelles. Ainsi, un développement inconsidéré du tourisme peut favoriser une utilisation intensive ou impropre des terres, facteur possible de déforestation, d’érosion des sols et d’amenuisement de la diversité biologique. D’intenses perturbations humaines de la végétation et de la faune par l’activité touristique peuvent causer des dégâts irréversibles à de précieux écosystèmes et mettre en péril ou détruire des activités traditionnelles.

Le développement touristique peut également avoir des effets nocifs lorsqu’il incite les habitants à l’imitation des visiteurs et à l’adaptation à la demande touristique. Principalement il s’agit d’un processus de perversion des mœurs et des modes de vie, qui se manifeste dans la désorganisation de la vie familiale, le bouleversement des pratiques religieuses, des modes d’habillement, des normes de comportement et des traditions…Un déséquilibre socio-économique donc s’opère, et la culture est remise en cause. On constate des manifestations de subversion : émergence de valeurs différentes, modifications des équilibres sociaux et politiques, rattachement à des réseaux culturels extérieurs.

Une activité touristique trop forte, comme toute concentration de population sur un espace restreint, a des conséquences souvent très lourdes sur l’environnement. La contradiction entre l’économie

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II- La mise en tourisme du rural Le patrimoine, une relation au tourisme difficile Tourisme, patrimoine culturel immatériel et identité sont des notions extrêmement liées, notamment dans un contexte de mondialisation. Le tourisme peut renforcer ou développer les identités locales qui s’expriment en partie à travers le patrimoine culturel immatériel. D’un autre côté, il répond à l’envie des touristes « d’authenticité » et de découverte de l’Autre. Et il permet désormais surtout de se différencier des autres territoires mais aussi d’apporter de nouveaux bénéfices à ces territoires. Un rôle économique lui est donc désormais accordé. Cependant, le patrimoine et notamment la culture ne sont pas habitués à ce rôle économique qui est souvent rejeté bien que leur sauvegarde, peut parfois passer par le vecteur touristique. Le tourisme culturel fait partie est donc une notion parfois compliquée.

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Cependant, les risque menaçant ces identités sont aussi directement liés au tourisme. La mise en tourisme doit se faire de façon contrôlée afin de respecter les enjeux patrimoniaux et identitaires auquel ne s’agrège pas le tourisme de masse. Les enjeux économiques ne doivent pas constituer une priorité mais plutôt le respect des enjeux de sauvegarde des patrimoines et identités culturelles dont la disparition est souvent irréversible. au Le tourisme culturel doit alors jongler avec ces différents enjeux pour tenter d’assurer un développement équilibré des territoires autour des ressources culturelles et patrimoniales.


patrimoine

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Culture et patrimoine comme piliers du développement touristique En parlant du patrimoine : . Il est une dynamique pour les territoires et les groupes que l’on pourrait qualifier de mythe fondateur reconstruisant le passé pour les besoins du présent et les projets du futur.75 La ressource patrimoniale est un potentiel largement utilisé pour le développement touristique, cela repose en partie sur le caractère authentique et difficilement imitable du patrimoine qui permet la différenciation des offres et la création d’expériences uniques, représentant ainsi un enjeu majeur dans l’attractivité territoriale. D’un autre côté, cette association tourisme – patrimoine est rendue d’autant plus facile lorsqu’on prend en compte que ce dernier répond en grande partie à l’une des quatre fonctions du tourisme que sont la détente, le divertissement, le développement.76 En effet la richesse culturelle et la diversité patrimoniale donne à chaque territoire un caractère propre, une « âme » particulière qui fait l’orgueil des habitants. Cet ensemble de traits caractéristiques au territoire est alors ce qui fait sa singularité et donc ce qui peut attirer le touriste en présentant ce qui est différent de son univers habituel. Ceci est valable peu importe la nature du patrimoine, qu’il soit matériel ou immatériel. Les monuments, les paysages, l’architecture attirent les touristes, tout comme le patrimoine culturel immatériel qui amène au même résultat : les touristes visitent quelque chose qu’ils ne pourront pas retrouver ailleurs, caractérisée par la singularité du territoire et ses sociabilités. La revitalisation de traditions, références culturelles du passé, savoir-faire, etc fait d’ailleurs partie des axes d’identification d’une destination touristique77. Puiser dans le patrimoine signifie offrir des produits authentiques et une expérience unique intimement liés à l’identité territoriale. Ceci qui répond aux réalités contemporaines caractérisées par la forte demande d’identité ou la recherche de sens perdus dans la vie moderne des touristes, qui influencent les tendances touristiques. Surtout, cette assimilation tourisme et patrimoine convient parfaitement aux

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territoires ruraux car elle permet de redonner un sens à ces espaces déstructurés par la modernité.

Tourisme culturel, définition et offre touristique Origet du Cluzeau définit en 2005 le tourisme culturel comme « un déplacement d’au moins une nuitée dont la motivation principale est d’élargir ses horizons, de rechercher des connaissances et des émotions au travers de la découverte d’un patrimoine et de son territoire ». Le tourisme culturel ne constitue pas un type de tourisme particulier. Ni par son inscription spatiale puisqu’il peut être urbain ou rural. Ni par son appartenance puisqu’il peut s’ajouter au tourisme d’affaires ou au tourisme sportif... et embellir surtout le tourisme d’agrément. Ni par ses rythmes puisqu’il peut s’intégrer aux vacances autant qu’aux week-ends et courts séjours. Il est donc élément de diversification et sans être une fin en soit, ou la raison qui a motivé le déplacement, il est l’occasion d’améliorer la qualité du voyage. Si le tourisme culturel se base sur le patrimoine en allant des constructions rurales au spectacle traditionnel en passant par les célébrités locales, l’offre qu’il propose reste très vairée. En dépassant les visites de musées ou de monuments historiques ou la fréquentation des festivals, les pratiques culturelle inclus désormais des activités d’apprentissage et l’enseignement artistique et artisanale tel les stages d’artisanat et les formations artistiques, des activités de semi-loisirs comme le jardinage ou encore les pratiques liées à la découverte des spécificités gastronomique locales.


Pourquoi le tourisme culturel ?

Contrairement à un le tourisme ne prend aucune considération de l’espace local33(*), la mise en tourisme du patrimoine, en participant à sa transmission, participe aussi à la sauvegarde de celui-ci. En effet, pour être transmis, un patrimoine doit exister aux yeux de ces générations, il doit être reconnu, identifié et approprié. La valorisation touristique du patrimoine joue un grand rôle dans cette première étape de valorisation patrimoniale car locaux et visiteurs, se retrouvent impliqué et concernés par cette mise en tourisme. La population locale, apprend à mieux connaitre son patrimoine notamment à travers des actions de médiation tout en développant un sentiment d’attachement et de fierté locale, et les touristes découvrent et s’approprient également cette héritage. Cette reconnaissance et appropriation permettent en partie la sauvegarde de ce patrimoine notamment dans l’imaginaire collectif. Elles lui donnent une existence et une identité, l’intérêt pour celui-ci peut aussi en être ravivé ce qui explique, par exemple, le maintien de certaines activités traditionnelles, comme la fabrication des tapis au Maghreb, la sculpture sur bois dans certains villages africains.. Ainsi une population qui a de l’intérêt pour son patrimoine fait déjà un grand pas pour la sauvegarde et la protection. Ainsi l’activité touristique, si elle est « respectueuse » du patrimoine et des cultures vivants, participe à la conservation à la gestion, et à la promotion du patrimoine pour en permettre une meilleure accessibilité aux communautés d’accueil mais aussi aux visiteurs. La Charte internationale du tourisme culturel adoptée par ICOMOS (International Council on Monuments and Sites) en 1999 À cet égard, Evelyne Lehalle, résume la relation tourisme – patrimoine en précisant que la culture apporte une

75 (Fournié, Crozat, Bernié-Boissard et al, 2013, p 105).cité par Lindsay Chognon, ,2015 – 2016 76 Ce sont celles définies par Joffre Dumazedier en 1962) et la socialisation (ajoutée par Rachid Amirou 77 Origet du Cluzeau, Tobelem, 2009, p 22-27). cité par Lindsay Chognon, ,2015 – 2016

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image, une notoriété et même un objectif de visite à assimiler à la destination. Le tourisme, lui, amène une fréquentation et des retombées pour ces sites culturels. En effet, le tourisme se nourrit énormément des atouts locaux et identitaires des territoires pendant que la culture profite de la nouvelle visibilité qu’engendre le tourisme.

La notion « d’authenticité » tant recherchée par les touristes et très présente dans le patrimoine culturel surtout l’immatériel. Il nous faudra nous demander cependant si ce patrimoine mis en scène correspond à une « authenticité » réelle ou une « authenticité » créé par et pour le touriste.

Le tourisme culturel répond au nouveau mode de voyage dont les séjours se font de plus en plus courts et se répartissent au long de l’année au lieu des longs séjour une à deux fois par an. Les séjours étant plus courts, un jour de pluie sur deux jours de séjour par exemple est beaucoup plus important qu’un jour de pluie sur un séjour de 15 jours.8 De ce fait, le tourisme culturel encourage des activités se détachant des aléas climatiques puisque ne recherchant plus exclusivement le soleil comme condition de réussite des vacances. Ainsi, la saisonnalité peut ainsi être modifiée par le développement du tourisme culturel.

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Du fait de ses enjeux de protection, le patrimoine et la culture sont apparus comme réservé à une élite (Viard, 1998, p 66). Par exemple, Hudson en 1975 estimait que le British Museum n’était pas fait pour être visité. Le moins possible de personnes devaient entrer dans le musée et ces personnes étaient triées sur le volet Les propos de Jean Mistler démontre bien ses valeurs élitistes et le trop grand égard à la « conservation » « le tourisme est l’industrie qui consiste à transporter des gens qui seraient mieux chez eux dans des endroits qui seraient mieux sans eux ». En rendant ce patrimoine touristique, on l’ouvre à ce qui est couramment appelé le « grand public». Dans la démocratisation de la culture à travers le tourisme, celui ci décomplexe les individus qui dans leur cadre habituel ne visitent pas forcément les sites culturels, comme les individus sont prédisposés à appréhender la culture (Bourdieu). Il devient partie intégrante des loisirs. Ce type de touristes représenterait 90% des visiteurs culturels, majoritairement composé des jeunes et des familles. le patrimoine culturel immatériel peut aussi permettre cette démocratisation en montrant la vraie vie selon les visiteurs qui sont à la recherche des modes de vie de l’autre. Les intérêts du tourisme et de la culture peuvent alors s’allier dans ce sens.


La valorisation du patrimoine via l’activité touristique peut être mise au service d’un développement local durable, répondant ainsi aux trois exigences fondamentales du développement durable : •

L’exigence économique: le développement du tourisme peut aider les pays d’accueil à mettre en valeur leur patrimoine culturel en incitant financièrement à investir dans les coutumes et cultures locales, à les promouvoir et à les préserver, il devient une source de croissance et de développement. A condition d’être bien gérées et encadrées, les cultures locales peuvent ainsi connaître un regain de vitalité grâce à la renaissance des métiers traditionnels et des fêtes locales. On peut ainsi donner un élan aux activités artisanales et à la création d’emplois. L’industrie touristique se caractérise par le fait qu’elle emploie une forte proportion de femmes et de jeunes.

• L’exigence sociale : le caractère local des initiatives prises autour du patrimoine rural, qui sont souvent d’échelle humaine, et la dimension identitaire de ce dernier, permettent la création de synergies entre différents acteurs, le renforcement des liens parmi les populations locales et l’intégration des nouveaux arrivants sur ces territoires, qui ont ainsi l’occasion de découvrir plus en profondeur l’identité du territoire qui les accueille. • L’exigence environnementale. Le tourisme patrimonial et culturel se fonde non seulement sur le patrimoine créé par l’homme, mais aussi sur le patrimoine naturel (par exemples les paysages). En d’autres termes, la préoccupation environnementale est au coeur de ce type de tourisme.

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Menaces accompagnant la mise en tourisme du patrimoine Nous avons vu que le patrimoine est un important facteur de développement touristique et que ce dernier peut permettre la promotion et la valorisation de l’identité d’un territoire. Néanmoins, des risques existent à considérer le patrimoine et l’identité comme une ressource touristique, ceux-ci peuvent aussi bien être menacée ou déstructurées du fait de flux de personnes, d’argent et d’images (Bleton-Ruget, Commerçon, Lefort, 2011, p 13).

les effets sociaux et culturels du tourisme sont particulièrement sensibles dans les pays en développement. F. VELLAS affirme : « L’arrivée de touristes étrangers venant des pays développés constituent souvent un choc entre deux types de culture et de modes de vie, avec un risque important de dégradation culturelle pour le pays d’accueil, puis une réaction de rejet. Ce choc est aggravé lorsque le flux touristique a beaucoup d’intensité dans le temps (saison touristique) et dans l’espace (zones ou régions à forte concentration touristique) mais il peut aussi se manifester de façon plus diffuse par des moyens très divers ».36(*) Le patrimoine et l’identité, du fait d’une commercialisation de plus en plus intense peuvent être mis en danger. Celui-ci peut se retrouver dénaturé par un recours trop important à la mise en scène, aux animations mais aussi aux technologies qui sont parfois plus adaptées aux parcs à thèmes qu’au patrimoine (Amirou, 2000, p 102). Les cultures peuvent alors subir des transformations du fait d’une mise en tourisme trop importante ou surtout ne respectant pas les intérêts de sauvegarde du patrimoine et de la culture. Nous parlons notamment de phénomène d’acculturation qui a lieu lors de l’interaction de différentes cultures en contact. Roger Mucchielli a défini ce phénomène comme les « modifications qui se produisent dans un groupe culturel (concernant la manière d’agir de 71

percevoir, de juger, de travailler, de penser, de parler) par suite du contact permanent avec un groupe (généralement plus large) appartenant à une autre culture ».15 Centre national de ressources textuelles et lexicales, Définition : acculturation. [en ligne] URL : http://cnrtl.fr/definition/acculturation (consulté le 16/02/2016) L’acculturation n’est pas un phénomène nouveau, puisque le contact et l’échange entre culture, dont le commerce est un des vecteur, existe depuis toujours, ni essentiellement négative, puisque l’identité, se construit aussi au contact avec d’autres cultures. Cependant, avec le tourisme, l’acculturation apparaît comme le résultat d’une société mondialisée où les cultures minoritaires perdent leur identité au profit de cultures plus majoritaires. En effet, du fait de l’adaptation de l’offre touristique à la demande, la mise en tourisme se fait dans le sens de ce qui est recherché par les visiteurs. Les intérêts culturels des populations disparaissent ainsi, au profit de bénéfices économiques issus d’une reproduction de modes de vie et de systèmes de production qui ne sont à l’origine pas propres à un territoire donné. Par exemple, lorsqu’on cherche à adapter les oeuvres d’art et d’artisanat et les pratiques culturelles aux goûts des étrangers, le résultat peut en être des produits de qualité médiocre, des pratiques commerciales répréhensibles, la production de fausses antiquités et la dénaturation des danses, des musiques et des fêtes traditionnelles. La conséquence direct de ce métissage culturel via le tourisme est tout naturellement la perte de l’identité territorial, et dans des formes plus poussées, l’annexion, culturelle, mais ce qui est encore plus dangereux serait- particulièrement dans les pays moins développés ou dans le cas de des populations non préparées – l’imitation du mode de vie illustré par les touristes, souvent porteur de dérives telles que la prostitution, la mendicité, la délinquance, etc


Les effets négatifs du tourisme culturel ne s’arrete pas au phénomène d’acculturation comme nous l’avons vu précédemment. Mais une autre menace plane sur l’identité et le patrimoine -surtout le patrimoine immatérielavec la mise en tourisme des territoires. Il s’agit de la folklorisation. Avant d’expliquer cette notion, il convient de définir le folklore. Celui-ci désigne « l’ensemble des pratiques culturelles (croyances, rites, contes, légendes, fêtes, cultes, etc) des sociétés traditionnelles ». Il est aussi qualifié « d’aspect pittoresque de ce qui tranche avec les habitudes, la vie ordinaire ».Cependant, une vision plus négative peut aussi s’agréger au folklore comme nous pouvons le voir avec la définition du qualificatif de folklorique qui correspond à ce « qui est pittoresque, original, mais dépourvu de sérieux ».17 Larousse, Dictionnaire en ligne [en ligne] La folkorisation Renvoie donc à au processus de simplification et de vulgarisation des traditions culturelles.18 Archi-mag, Essais et réflexions : Tourisme et folklorisation[en ligne] Il ne s’agit pas ici de la question du contact avec d’autres cultures mais plutôt de la manière dont est mise en tourisme la culture, le folklore d’un territoire. En effet, une mise en scène excessive, ou théâtralisation du patrimoine, peut entraîner la folklorisation de celui-ci. Et alors qu’il doit être sauvegardé il se retrouve modifié afin d’en faire quelque chose de plus séduisant, parfois non reconnaissable par les populations locales mais reconnue par le plus grand nombre. Les touristes qui recherchent « l’authenticité » se retrouvent face à une mise en scène comme l’on pourrait en trouver dans les parcs d’attraction. On s’éloigne alors des enjeux du tourisme culturel pour répondre à une demande récréative.

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III - Exemples : Projets illus rĂ´le du tourisme cultur valorisation des territoir

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Le musée Guggenheim à Bilbao (Espagne)

Ancienne cité industrielle, marquée par la sidérurgie et la chimie, la capitale de la région Biscaye était sinistrée économiquement avant l’arrivée du musée Guggenheim d’art contemporain en 1997. Le projet du musée arrive après l’élaboration du plan stratégique visant une rénovation urbaine du centre ville et une redynamisation économique de la région.

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Source : Flickr

politique fiscale de la province • Le musée Guggenheim,est un des exemples novateurs qui montrent que les signaux architecturaux combinés au dynamisme des industries culturelles et créatives peuvent générer des retombées économiques importantes. • Le musée Guggenheim à Bilbao, ouvert en 1997 sur le front d’eau de la ville, est un exemple de lieu culturel moteurs de l’attractivité du territoire et contribuant à la compétitivité et à l’amélioration sensible de la qualité de vie, qui a réussi le pari en s’inscrivant dans une stratégie plus large, à la fois urbaine, de développement économique, et d’attractivité. • Un exemple qui prouve que « la culture n’est pas une dépense, mais un moteur du développement économique ». directeur de la

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• La création du musée a induit 4 500 emplois directs et indirects. Le taux de chômage avoisinait les 20% en 1990 ; fin 2006, il n’est plus que de 4,1%. • 1,3 millions de visiteurs ont été enregistrés pour la première année au lieu des 500 000 attendus. • Le musée contribue à hauteur de 1,57 milliard d’euros au PIB régional (selon la région Basque). • L’apport du Guggenheim à l’économie locale fait l’objet d’étude dans les universités. À l’école de design de Harvard, on parle même désormais de l’« effet Guggenheim ».


• Transformation de l’image de la ville : Bilbao faisait fuir les touristes qui délaissaient la « déprimante Bilbao » et lui préféraient la cité balnéaire de Saint-Sébastien, aujourd’hui, la ville attire beaucoup de monde et son image a changé. • Remodelage du paysage : Le Guggenheim a servi de locomotive pour remodeler le paysage industriel de la ville. Dés l’inauguration du musée, les autorités ont lancé « l’opération Bilbao » pour reconstruire les 345 000 m² de terrain autour du musée et ont fait appel à des architectes de prestige (Norman Foster, Santiago Calatrava, Isozaki). La friche industrielle a disparu pour laisser la place à un « paysage urbain d’avant-garde et soigné »,

devenu un lieu de promenade prisé par les habitants de Bilbao. • Attractivité du territoire : anciennement connue pour son tourisme d’affaires, la ville est devenue une étape touristique importante en Espagne avec des voyageurs qui visitent spécifiquement le musée et qui restent en moyenne 2-3 nuits. • • Le musée avec ses 160 expositions en vingt ans, a été le catalyseur de l’essor économique et culturel de la ville. • «Ce projet a redonné aux habitants leur fierté d’habiter leur ville», Ana Luz, conservatrice de la fondation Guggenheim

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Dia:Beacon, un musée d’art contemporain en milieu périurbain région de New-York (États-Unis),

Le musée Dia:Beacon a ouvert ses portes en 2003 sur les berges de la rivière Hudson dans la petite ville de Beacon (30 000 habitants), située à 100 km au nord de New-York. Il est situé dans une ancienne imprimerie d’emballages, symbole du passé industriel de la ville, et présente des collections d’art de 1960 à nos jours.

• L’arrivée du musée a donné un nouveau souffle aux villes du comté qui après avoir ont connu une période de déclin après les années 1950, avec le départ progressif des industries et des commerces, se sont transformée en destination touristique dédiée à l’art. • Après l’ouverture du musée, la ville de Beacon se positionne comme destination d’art et lieu de résidence pour la classe créative. • Des galeries d’art, résidences d’artistes et ateliers se sont créés depuis l’ouverture du musée. • L’espace situé entre le centre-ville et le musée fait l’objet de nouveaux investissements, et la municipalité a modifié son zonage afin de permettre la construction de nouveaux commerces.

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L’architecture du site a été pensée pour respecter l’identité du lieu et de la ville, et un jardin évoluant au fil des saisons a été créé. Chaque galerie est dédiée à l’œuvre d’un artiste et des expositions pluriannuelles sont proposées. Le musée organise également des concerts, des discussions mensuelles autour du travail d’un artiste (Gallery Talks) et des actions d’éducation artistique. Une librairie et un café sont présents.

• Augmentation de la population de Beacon de 17% entre 1990 et 201054.


Source : ottodesigngroup.com

• Ouverture de galeries et de nouveaux commerces autour du musée. • Le Comté de Dutchess a été élu deuxième comté des États-Unis en 2015 pour l’utilisation des technologies de l’information et de la communication. • 75 000 visiteurs annuels ; • 48e lieu à visiter dans la vallée de l’Hudson selon TripAdvisor.

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ÉTAT DE LIEUX 79


ES Le contexte gĂŠographique Le contexte historique Lecture du paysage Patrimoine Profil socio-ĂŠconomique Analyse spatiale 80


CONTEXTE GÉO


OGRAPHIQUE 82


Situation nationale

Situation nationale Situation régionale L’aire d’étude relève de la province d’Al Haouz qui, elle-même, s’inscrit dans la région du « Marrakech-Asfi ». son périmètre s’étend sur une surface de 2300 Ha au sein du cercle d'Aït Ourir.

Safi

Rehamna Youssoufia

La commune est limitée comme suit : • La commune rurale de Tamazozt au Nord;

Marrakech

• La province de à Tahanaout l’Est; • Les communes rurales d’Ikfraoun à l’Ouest;

Essaouira

• La commune rurale d’Ourika au Sud.

Région Marrakech-Safi 83

Chichaoua

Al Haouz

El Kalaa des Sraghna


Position géographique stratégique Aghmat occupe une position stratégique dans une aire à forte vocation touristique. En se trouvant au centre des grandes destinations touristiques du pays à l’échelle nationale et internationale, elle agit comme un point de liaison avec des possibilités d’excursions et de visites en une journée.

Beni Mellal Errachidia Marrakech

Essaouira

30

9 20

Km

3h

2 Km 8h00 49

3h00 217Km

3h

40

40

Agadir

289

191

Km

Ouarzazate

Km

3h

1 - Lalla Takerkoust 2 - Parc national du Jbel Toubkal 3 - Vallée du Zat 4 - Kasbah de Telouet 5 - Aït-ben-Haddou

oubkal

Beni Mellal

11

Essaouira

Marrakech

Agadir

8 4

2

gha

7 - kelaat m’gouna

10 3

1

6 - Agdz Errachidia

12

7 5

Ouarzazate 6

9

8 - Gorges du Dadès

13 14 15

9 - Tinghir - Gorges du Todgha 10 - Ait Bouguemez 11 - Cascade d’Ouzoud 12 - Bin el Ouidane 13 - Arfoud 14 - Rissani 15 - Merzouga

84


Harbil

Ouahat Sidi Brahim

Saada

Marrakech

Tassoultante 15 Km

Al Ouidane

Oulad Hassoune

Sidi Abdellah Ghiat

20 Km 25 Km Tameslohte Aghmat

30 Km 35 Km

Tahannaout

Couronne périurbaine de Marrakech Le milieu naturel, dans son rapport avec l’armature urbaine régionale et l’organisation de l’espace met en évidence la dominance de Marrakech sur une série de petites villes et commune –dont Aghmat- constituant une couronne.

85


Aghmat : Élément clef de la zone métropolitaine de Marrakech Se situant à 30 km de Marrakech et au pied du Haut Atlas, le pôle de développement de Ghmat constitue un pivot de ce territoire pertinent à savoir la couronne Sud de Marrakech dans sa relation étroite avec les sites d’Ourika et Setti Fadma.

Setti-Fatma Oualmas

Haut Atlas

Aghmat

Vers Marrakech 86


CONTEXTE HIS


La ville d’Aghmat est considérée comme étant la plus ancienne des villes marocaines, son édification remonte à une époque où l’Islam n’a pas encore fait son entrée au Maroc, effectivement, son nom est mentionné dans les premières sources de l’histoire du Maroc. Les textes historiques sont unanimes à décrire une ville riche, un territoire fort bien aménagé grâce à une intense mise en valeur de l’irrigation, un commerce caravanier prospère et disposant durant le règne des Almoravides d’une bonne monnaie d’or frappée sur place : le dinar almoravide.

« (…) Les habitants d’Aghmat sont des Hawwara, ce sont des Berbères qui le sont devenus par suite de leur voisinage avec ceux-ci. Ils sont riches et ce sont des commerçants aisés. Ils se rendent aux pays des Noirs avec un grand nombre de chameaux chargés de tonneaux de trésors de cuivre rouge et de cuivre coloré, de tissus, de vêtements de laine, de turbans, de manteaux, de différents types de chapelets en verre, en nacre et en pierre, de divers genres d’épices, de parfums, d’ustensiles en fer forgé. Il n’y a pas d’hommes qui n’y envoie ses serviteurs et ses esclaves et qui ne dispose de caravanes de cent, quatre-vingts ou soixante-dix chameaux chargés. (…) Pendant la domination des Mulathathamûn (Almoravides), il n’était pas de gens plus riches et dans une meilleure situation que les gens d’Aghmat. Aux portes de leurs maisons, ils plaçaient des symboles indiquant l’importance de leurs richesses. »

STORIQUE

Al-Sharîf al-Idrîsî, 1154-1157, Nuzhat al-Mushtâq fî ikhtirâq al-âfâq

88


L’Islam Préislamique

Fondation de Marakech Période Musulmane

Apogée Ville prospère

Masmouda

Idrisside

Maghraoua

Connue autant que ‘’cité des Massmouda ‘’, elle fut occupé par des tribus masmoudiennes, qui demeurent dans des Ksours. Sa gestion fût assurée, de manière rotative, par ses habitants, qui choisissent parmi eux, sur la base d’un accord et d’un consensus, pour une durée d’une année, un homme (l’émîr) pour assurer cette mission.

Sous le règne des Idrisside, Aghmat fut connu autant que base Idrisside florissante et faisait partie du Sous Aqsa.

Capitale de l’émirat des « Maghraoua » jusqu’à la moitié du XIe siècle, période durant laquelle elle a connu des années prospères autant que passage incontournable pour les caravanes de commerce ainsi qu’une terre de rencontre, d’accueil et de résidence pour les savants et érudits.

Maghraoua une tribu berbère médiévale faisant partie de la confédération des Zénètes, tribus berbères arabisés ayant adopté l’Islam au viie siècle. 89

Capitale

Lieu d’exil

Almoravides Convoitée par les Almoravides elle devint leur base et capitale à partir de 1057 jusqu’à 1062, année de la fondation de la ville de Marrakech. Elle fut un point stratégique pour leur conquête du nord et joua un rôle central dans l’islamisation du Haut-Atlas.

Léon l’Africain ou Hassan al-Wazzan diplomate et explorateur d’Afrique du Nord des XVe et XVIe siècles

Dès la deuxième génération Almoravide, Aghmat déclina rapidement. La capitale déchue servit de lieu d’exil à des princes andalous détrônés (‘Abdellah Ben Balkine prince de Grenade, Al Mu’tamid Ibn Abbad roi de Séville). Malgré le recul d’Aghmat au profit de sa sœur Marrakech, qui la priva définitivement des moyens de se développer, la ville d’Aghmat conserve un rayonnement économique, religieux et intellectuel important, la région du Haouz demeurant le cœur de l’Empire des Almoravides, puis des Almohades.

Luis del Mármol Carvajal voyageur espagnol du début du XVIe siècle


Fin du règne Almohade

Déclin

Reconversion

Transition

Espace rural

XIVe siècle La prospérité d’Aghmat a été entamée vers la fin de l’époque Almohade, elle finit par sombrer dans la crise qui frappa l’ensemble du Maroc à la fin du XIVe et au XVe siècle (éparpillement du pouvoir, insécurité, épidémies et catastrophes naturelles). Ces deux siècles furent une période d’abondons et de marginalisation Léon l’Africain décrit une ville fantôme, abandonnée ‘’ un repaire de louds, de renard, de corbeaux et d’oiseaux ou bêtes de ce genre ‘’

est habité par des mystiques de la tribu des Masmouda qui vivent une vie d’ascètes. C’est la raison pour laquelle quelques habitants sont restés dans cette ville, tant ils les respectaient, et parce qu’ainsi les habitants de Marrakech et les Arabes ne les dérangeaient pas. La plupart d’entre eux travaillent dans les jardins, fabriquent de la poterie ou cultivent les champs. » Le voyageur décrit ici la présence des Soufis s’installant dans la ville désertée par les Mérinides.

Malgré sa déchéance en tant que cité, Aghmat ne fut pas complètement désertée, elle continua d’être l’un des pôles religieux de la région. Luis del Mármol Carvajal l’indique: « le palais

À partir du XIVe siècle, le terme Qarya (village) concurrence parfois dans les sources celui de Madina (ville) pour qualifier Aghmat.

XVe siècle

XVIe siècle,

Époque contemporaine

Le XVe siècle constitue un moment particulier, où Aghmat n’est déjà plus une ville, mais pas encore le centre d’un bourg rural dynamique, où les monuments non entretenus continuent à faire sens pour les habitants.

L’arrivée d’une confrérie soufie à Aghmat a été le moteur de la reprise agricole, Plus tard, au XVIe siècle, la localité se redynamisa et acheva sa reconversion agricole.

La commune d’Aghmat été crée le 02 décembre 1959 (l’une des anciennes communes au Maroc) et l’ancienne ville médiévale est aujourd’hui un site archéologique.

Entre un éclatement de l’habitat au profit de nouveaux douars et l’arrivée de nouvelles activités artisanales (le hammam est réinvesti comme atelier de potiers), les usages de l’ancienne ville et son économie sont durablement transformés. Ainsi la ruralisation s’installe, Aghmat devient un bourg abandonné aux seules activités agricoles et artisanales, en demeurant en même temps un foyer renommé du soufisme marocain.

90


Source : mtapost.com

American Anthropologist, New Series, Vol. 92, No. 3

Sa situation en plaine, au débouché de la vallée de l’Ourika, lui a permis de s’ériger autant que point d’intersection des routes caravanières. Peut-être premier débouché du commerce transsaharien avant l'islamisation, elle a su historiquement tirer profit de sa position géographique stratégique au débouché des voies de l’Atlas qui reliaient jadis l’Afrique subsaharienne à la Méditerranée occidentale. Véritable carrefour pour les régions environnantes, elle était non seulement un espace d’accueil des caravanes commerciales mais un centre de prise de décision et terre d’accueil, de rencontre et de résidence d’éminents savants, saints et érudits andalous et ifriquiens dans différentes disciplines, notamment les sciences théologiques.

Source : histoireislamique.wordp

91


Le rayonnement de cette ville, ainsi que sa place scientifique et spirituelle dans l’histoire du Maroc vont apparaître clairement dès qu’on procède à une énumération des noms de ceux qui ont forgé son histoire ou encore ceux qui se sont intéressés à cette ville et l’ont évoquée à travers divers ouvrages littéraires, des arts, de la science et de la spiritualité. Une importance tirée aussi du grand nombre de saints et érudits originaires de cette cité ou qui sont venus pour y s’installer définitivement, en provenance d’autres cieux. Les nombreuses personnalités, les hommes du pouvoir et ceux du savoir et de l’érudition ont fait de Ghmat un berceau du soufisme au Maroc

press.com

92


LECTURE DU PAYSAGE


(…) La cité d’Aghmat Ourika est au Nord et aux pieds de la montagne, au milieu d’une vaste étendue de sol excellent, couvert de végétation et de plantes et sillonné par l’eau qui y coule à droite et à gauche. Des sources coulent sur toute son étendue jour et nuit. Autour de la ville, il y a des jardins entourés de murs et de vergers remplis d’arbres touffus. Son site est un des plus magnifiques du monde, ses alentours sont riants et son sol est fertile. L’eau y est douce et l’air salubre. Une rivière peu considérable qui traverse la ville, y arrive du midi et en ressort au Nord. Elle fait tourner des moulins dans lesquels on moud du blé. On fait entrer les eaux dans la ville, les jeudi, vendredi, samedi et dimanche ; les autres jours de la semaine, on les détourne de la ville pour arroser ses jardins et ses terres, et aucune eau ne passe alors par celle-ci. La fonte des neiges a lieu vers la fin de l’hiver, et la neige descend alors le long de la montagne et devenue eau, elle coule jusqu’à Aghmat. Il arrive que la rivière gèle au milieu de la ville à tel point qu’elle peut être traversée à pied : elle est tellement gelée qu’elle ne se rompt pas ; nous avons été plusieurs fois témoins de ce type d’hivers. (…) Al-Sharîf al-Idrîsî, 1154-1157, Nuzhat al-Mushtâq fî ikhtirâq al-âfâq - Description de l’Afrique et de l’Espagne, traduction de Reinhart P. A. Dozy et Michaël J. de Goeje, Oriental Press, Amsterdam, 1969, republication intégrale de l’édition de Leiden, 1866.

94


Caractéristiques du site Climat

Température et précipitations moyennes

Températures maximales 95


Aghmat possède un climat aride avec une température moyenne de 26 c° et une température minimale et maximale variant entre 10 c° et 45 c°. Elle possède une pluviométrie faible et irrégulière.

Vents dominants : Sud Sud-Est et Nord Nord-Ouest

Rose de vents

Durant la saison estivale Aghmat a beaucoup de jours en dessus de 35°C. L’hiver, la majorité des jours enregistrent une température allant de 15°C à 20°C avec très peu de jours en dessous de 5°C.

Aghmat connait principalement des jours ensoleillés et partiellement nuageux alors que le nombre mensuel de jours nuageux reste réduit

Soleil, ciel nuageux et jours de précipitations

Selon Meteoblue

96


Caractéristiques du site Topographie

Territoire de plaine avec un Relief peu accidenté

Nature du sol :

Sol Isohumique sur alluvions Un type de sol lié aux dépôts récents des rivières et des fleuves qui se forment en région tempérée au climat sec. C’est un sol épais, noir, très riche en matière organique, fertile, facile à cultiver, et bien alimentés en eau (pourvu d’une nappe haute).

97


Couverture végétale Arbres fruitiers cultivées Oliviers

91 %

Amandiers

2.8 %

Agrumes

2%

Autres

4.2 %

Source :Monographie commune d’ Aghmat selon l’office régional de l’investissement agricole

« A onze heures nous entrons dans le labyrinthe des jardins d’Ar’mat... Les figuiers, les amandiers, les trembles, les grenadiers verdissent en bosquets touffus ; le chemin est maintenant bordé de chaque côté par de hautes corbeilles de ronces. Les branches des oliviers forment au-dessus de notre tête un berceau léger, ils sont en pleine floraison, et ils laissent tomber sur nous leurs petites corolles blanches, comme une neige subtile et parfumée. » E. Doutté, dl’Encyclopédie de l’Islam

98


Caractéristiques du site Occupation du sol agricole

Terre de culture bour

Plantations fruitières

Incultes

Terre de culture irriguée

Oued

Forêt

L’occupation du sol porte sur trois principaux groupes de cultures : • Les cultures fourragères (luzerne, et orge fourrager) • La céréaliculture (blé, et orge ) • L’arboriculture (olivier) Cette production, jouant un rôle important dans l’économie régionale, est constituée de : céréales, des légumineuses et des légumes, du maraîchage, les cultures fourragères, l’arboriculture constituée essentiellement d’oliviers, d’agrumes, d’abricotiers, de pommier….. Selon ORMVA Haouz

Culture irriguée Culture bour (agriculture pluviale)

34 %

Superficie agricole utile (SAU)

100 %

Selon ORMVA Haouz

99

66 %


Ressource en eau

2

1

Les ressources en eau sont relativement importantes en raison de la présence des chaînes de l’Atlas : Oued d’Aghmat, et d’Yssil la nappe phréatique du Haouz (nappe phréatique haute , de bonne qualité) et plusieurs systèmes de sagya.

Oued Saqya

1 Oued Aghmat 2 Oued Yssil

100


Le finage La production agricole SAU céréales

63 %

SAU cultures fourragères

8.7 %

SAU arboriculture

27 %

Selon ORMVA Haouz

Le système de production est du type dit « Polycultures –élevage » basé sur : • D es productions végétales à base principalement des cultures fourragères et des céréales et de l’arboriculture, • Des productions animales constituées par des bovins mixtes (lait et viande) et des ovins.

Domaines agricoles inférieurs à 5 Ha

57 %

Domaines agricoles entre à 5 Ha et 10 Ha

9%

Domaines agricoles supérieurs à 10 Ha

34 %

Total

100 %

Source :Monographie commune d’ Aghmat

Ce tableau illustre le morcellement important et la faible taille des terres agricoles.

101


L’auréole villageoise

La prolifération désordonnée des douars (Idghoughen, Ait Boummou, Inizltan, Lokrit, Ait Mzilat, Skoum, Ait Radi et Intran ) dispersé sur la totalité de l’aire d’aménagement, s’associe à l’insuffisance d’infrastructures contribuant à l’insalubrité de l’habitat et la défiguration du paysage architectural et

Le peuplement rural moderne s’est stabilisé sur un modèle éclaté en douars, qui se dissocie nettement de l’organisation de la ville médiévale. Ainsi, la commune est actuellement constituée de plusieurs douars groupés, (environ 51) de différentes tailles, en plus du centre de la commune qui est constitué d’un noyau principal groupant les équipements structurants de la commune (caïdat, commune, centre de santé, école, collège, centre agricole, souk, poste…).et dquelques habitations en R+1 et R+2 avec

environnemental.

RDC commercial.

102


Le paysage en photos

78

9 10 11 12

1

103

13

14

15

2

3


Carte de localisation des photos

5

4 6

104


105


Paysage immĂŠdiat

2 1

3 1 Tnin Ourika 2 Oued Ourika 3 Souk Tnin Ourika 106


107


Paysage immĂŠdiat

4 5

6 4 Voie panoramique 5 Village lkhmiss 6 Voie panoramique 108


109


Richesse et variété des paysages d’Aghmat

7 8

9

110


111


Richesse et variété des paysages d’Aghmat

12 10

11

112


113


13 14

15

114


PATRIMOINE


Aghmat dispose de plusieurs potentialités indéniables pour son développement. Elle renferme un patrimoine matérialisé par l’existence de plusieurs monuments historiques et vestiges archéologiques de l’ancienne cité enfouie, des édifices religieux et des monuments funéraires (zaouïas et 9 mausolées) , en plus d’un patrimoine culturel et oral dont l’organisation du Moussem Adgougan qui draine la population de plusieurs coins du pays.

116


Le site mĂŠdiĂŠval

117


Vestiges archéologiques Ponts et Moulins Réserve archéologique Enceinte médiévale

Architecture funéraire Cimetière 1 Mausolée Mutamid Ibn Abbad 2 Mausolée Abd El Jalil Ibn Ouayahlane 3 Mausolée Sidi Yaacoub Ibn Ali

Festivals et Moussem Emplacement du Moussem Idghoughan

Le site médiéval d’Aghmat est localisé à l’emplacement actuel du village moderne d’Aghmat, il se développe néanmoins sur une superficie bien plus importante que ce dernier couvrant plus de 30 hectares : Il se développerait de la seguia Sultania aux khetarras d’abord, puis des vestiges archéologiques à la huilerie ou aux remparts de l’ancienne Aghmat. Le fait que le noyau de peuplement contemporain n’occupe aujourd’hui qu’une superficie limitée du site médiéval, fait d’Aghmat une opportunité archéologique rare. L’époque médiévale, encore peu documentée au Maroc, du fait du développement des villes contemporaines sur les villes anciennes, trouve ainsi à Aghmat une source unique et précieuse de connaissance sur le Maroc médiéval.

La carte illustre l’emplacement des murailles médiévales et de la réserve archéologique qui est aujourd’hui classée entant que site historique et archéologique national, ainsi que les vestiges archéologiques visibles aujourd’hui.

118


Le site médiéval Les vestiges archéologiques

119


Aujourd’hui il ne reste de la muraille, que des traces d'un rempart construit de pierre et de pisé dont la largeur fait entre 1,90 m et 2,80 m et qui s’étend sur une centaine de mètres.

120


Le site médiéval Monuments funéraires

Passage obligé du commerce transsaharien, Aghmat attire commerçants et érudits de l’Ifriqiyya (Tunisie) comme d’al-Andalus (Espagne). Encore aujourd’hui, les cimetières de la ville abritent les tombeaux de rois (Abdallah Ibn Bûlûkhin de Grenade), de poètes, et de soufis venus de toutes les contrées pour y retrouver la science et la foi.

Mausolée Sidi Yaacoub Ibn Ali

Mausolée Abd El Jalil Ibn Ouayahlane

121


Le palais

Lettré andalou qui régnait à Séville à la fin du 11ème siècle, Mouatamid ibn Abbad, le prince-poète fit appel à l’émir almoravide Youssef Ibn Tachfine (ca.1009-1106) lors de la Reconquête. Mais par un retournement de situation, les émirs andalous durent combattre les Almoravides et ces derniers s’emparèrent de Séville en 1091. Mouatamid fut fait prisonnier et emmené à Aghmat où il mourut quatre ans plus tard. Le mausolée d’Al-Mutamid ibn Abbad où il repose avec sa femme Iîtimad Rmiqia ainsi que son fils a été construit en 1970.

122


Le site médiéval La réserve archéologique

Dans le cadre d’une convention entre l’Institut national des sciences de l’archéologie et du patrimoine et l’Université Vanderbilt à Nashville (Tennessee), des fouilles sur le site d’Aghmat ont débuté en 2005. Aujourd’hui, un travail de restauration et de fouille est toujours en cours.

Hammam

Mosquée

La fouille archéologique se concentre depuis 2009 sur la parcelle de terrain de 2,5 ha acquise par la Fondation Aghmat, qui constitue désormais une réserve archéologique précieuse. Le site des fouilles actuelles se compose de deux parcelles séparées par une voie de circulation.

Palais

40 m

Mosquée Hammam

Palais 1Source : Aghmat de la villeFig. aux champs… (relevé et DAO

123

Capel).


Le palais

Source : Fondation Aghmat

Le palais est un édifice rectangulaire organisé autour de trois bassins eux même entourés de part et d’autre par une enfilade de piliers formant des portiques. Au nord et au sud du bâtiment, deux salles d’apparat occupent l’ensemble des deux façades. Elles sont accessibles grâce à une grande porte.

Proposition de restitution des aménagements de la grande cour du palais d’Aghmat. Document Ch. Capel.

Le palais d’Aghmat est rattaché au 14e siècle mais révèle des réfections successives permettant de supposer son évolution sur une période historique importante avant son abandon. Il s’apparente à l’architecture palatiale andalou-maghrébine des 13e et 14e siècles telle qu’on l’admire encore à Grenade et à Séville.

124


Le site médiéval La réserve archéologique Le Hammam

Le Hammam représente le seul vestige encore entièrement debout de cette agglomération. Il est l’un des plus grands du monde musulman d’Occident et représente à ce jour, avec le cas de Volubilis, le seul exemple de bain d’époque médiévale entièrement fouillé au Maroc.

funéraire (au moins 5 tombes on été localisées sur le sol). Vers le 16 siècle un atelier de poteries s’est installé sous les voûtes et à l’extérieur, plus tard, le monument a presque entièrement disparu sous les remblais agricoles illustrant ainsi le processus de ruralisation de la ville.

Son niveau de construction originel remonte au 10ème siècle et son abandon date de la fin du 14ème siècle. À partir de cette date, il est reconverti d’abord en zone

Son plan épouse une forme trapézoïdale constituée de trois salles (froide, tiède et chaude) couvertes d’une voûte en plein cintre construite par des moellons de


l’oued inondés dans un mortier en chaux, tranchant ainsi avec les plans de hammams islamiques connus au Maroc et en Al-Andalus aussi bien à l’époque Almohade (Ksar es-Saghîr) qu’à l’époque Mérinide (Chellah, Fès, Rabat). Cependant, il présente des corrélations évidentes avec des hammams andalous des 11e – 12e siècles (Jaen, Valence...).

prolonge par une zone d’accueil, qui se présente sous la forme d’un petit espace carré, doté d’un bassin central octogonal, sans doute couvert à l’origine par une coupole, et encadré par une galerie remplissant à la fois un rôle dans la gestion des circulations et peutêtre également celui de vestiaire.

À l’avant des trois pièces humides, le hammam se

126


Le site médiéval La réserve archéologique La mosquée

La date de fondation de la mosquée n’est pas encore connue, mais elle présente plusieurs étages chronologiques et deux particularités : le minbar était amovible d'une part, et le mur de la qibla a fait l'objet d'une nouvelle orientation. La mosquée actuellement visible est construite en briques et en moellons une superficie de près de1000 m2. Sa salle de prière n’a pas encore été totalement fouillée mais mesure environ 45 m de large et comptait dans

127

son dernier état 11 nefs et 7 travées. La nef axiale, plus large que les autres, était entièrement décorée de plâtres sculptés et peints et conduisait au mihrab lequel comporte, également, une décoration épigraphique et florale sur plâtre. Immédiatement à côté du mihrab, la zone du minbar abrite un système de rails qui permettait le déplacement de la chaire. Les rails d’Aghmat sont parmi les premiers à être découverts et documentés par l’archéologie après ceux mis au jour dans la mosquée almohade de Sijilmassa dans les années 1990.


La grande mosquée d’Aghmat a accueilli de nombreux saints personnages qui y reposent désormais ou, après s’y être formés, sont allés s’installer dans d’autres cités. La symbolique du lieu explique donc sa survivance autant que son utilité rituelle et communautaire

128


L’architecture

129


130


Le patrimoine immatĂŠriel

Source : Comune d’Aghmat

Moussem Adghoughan

131


Source : Photo personnelle

Patrimoine musical et chorĂŠgraphique

132


PROFIL SOCIO-É


ÉCONOMIQUE 134


Caractéristiques démographique Nombre d’habitants Population Commune

25 210

Province d’Al Haouz

571 999

Source : RGPH 2014

Croissance démographique Population

Croissance démographique

1994

20 300

.....

2004

21 931

1.1 %

2014

25 210

1.15 %

Source : RGPH 2014

Tranches d’âge La structure des tranches d’âge de la commune est caractérisée par la dominance des tranches jeunes et celles qui sont en âge d’activité (1559) et qui représente 59,9%. Répartition selon les grands groupes d’âges Groupe d’âge

Masculin

Féminin

Ensemble

Moins de 6 ans

13 %

13.1 %

13 %

De 6 à 14 ans

17.9 %

18.6 %

18.2 %

De 15 à 59 ans

60.3 %

59.4 %

59.9 %

60 ans et plus

8.7 %

8.9 %

8.8 %

Source : RGPH 2014

135


Densité de population

Commune

Province

1994

171 hab /Km2

.....

2004

190 hab /Km2

78 hab /Km2

Le territoire de Ghmat bénéficie d’une situation remarquable, lieu de passage d’un trafic important, elle enregistre une densité élevée et une forte croissance démographique alimentée par un flux continu d’exode. Les centres et communes de la zone métropolitaine de Marrakech constituent un bassin traditionnel d’immigration, ces villes sont insuffisamment préparées pour recevoir ce flux continu de population.

136


Caractéristiques démographique Tendances d’émigrations L’intention d’émigrer est omniprésente chez la population du centre d’Aghmat, et ce malgré les avantages et les atouts que présente le centre d’Aghmat, en effet, on constate qu’une partie de sa population à tendance d’émigrer vers d’autres espaces notamment l’urbain du Maroc avec un pourcentage de 84,62%. En seconde lieu l’intention d’émigrer vers le rural avec un pourcentage de 15,38%. L’analyse des facteurs qui sont derrière cette tendance d’émigrer sont dominés par la dimension économique et la recherche du travail avec un pourcentage de 84,62%. Tandis que l’émigration pour des raisons familiales et les études représente 15,38% Source : Enquête ménage 2014

Caractéristiques des ménages Nombre de ménages par logement

Pourcentage

1 ménage

69. 75 %

2 ménages

21. 85 %

3 et 4 ménages

8. 40 %

Source : Rapport PDAR 2015

Taille moyenne des ménages

Commune d’Aghmat

Centre d’Aghmat

6 personnes par ménage

5 personnes par ménage

Source : RGPH de 2004

137

Propriétaires

83 %

Copropriétaires

8%

Locataires, logement de fonction ou logement gratuit

Rare

Cette situation démontre la domination de la famille nucléaire au centre d’ Aghmat et une tendance de la disparition de la famille élargie.


Emploi Masculin

Féminin

Ensemble

Population active

7451

779

8230

Population inactive

5528

11 452

16 980

Taux net d’activité %

82.6

9.3

47.3

Taux de chômage %

5.5

46.4

9.4

Source : RGPH de 2014

Féminin

Ensemble

Agriculture

1122

4122

Construction

0

2125

Services

700

2001

Total

1822

8248

On constate qu’environ 50 % de la population active travaille dans le secteur agricole.

Secteurs d’activités Aghmat est un espace à vocation de base agricole et naturel, mais la commune tend de plus en plus à diversifier son assise économique en abritant des activités secondaires et tertiaires en relation avec le tourisme, l’enseignement et le culturel.

Agriculture Avec des zones d’agriculture intensive (arboriculture) et des zones extensives (cultures variées), le centre de Ghmat est riche en oliveraies, en culture céréalière (blé, orge…) et en pépinière. En effet la richesse en eau et en terre fertile le prédispose à une activité agricole soutenue. D’une superficie agricole utile (SAU) de 5587 ha correspondant à 43% de la superficie totale de la commune, et en employant 50% de la population active, l’agriculture demeure l’activité dominante dans la commune. L’élevage constitue une des sources les plus importantes des revenus de la population de la région. Aghmat, ainsi que toute la zone du piémont présentant des périmètres irrigués, sont caractérisées principalement par la production de lait et l’élevage ovin.

138


Caractéristiques démographique Secteurs d’activités Activité commerciale et artisanale

Couture et broderie

Commerces

Commerces

139


PÊpinières

Menuiserie et ferronnerie

Travaux manuels

140


Étude de l’offre touristique Emplacement des structures d’hébergement et attractivités touristiques

1- ANIMA Garden jardin Handré Heller 2-Paradis du Safran 3-Jardin bio-aromatique de l'Ourika Structures d’hébergement 5-Riad clé de sol Aghmat 6-Riad clé de sol 7-Maison Jnane Ghmat 8-Ourik’arts Zoom

5

6

7

4 8

1

2 3

2 Km

141

N


Types d’hébergements

1-Le beau site Ourika 2-Les Jardins d'Ourika 3-Riad Paradise 4-Moorish house 5-Riad clé de sol Aghmat

6

6-Riad clé de sol

7

5

7-Maison Jnane Ghmat 8-Ourik’arts

4 8 2 1

3

Structures d’hébergement Maison d’hôtes Résidence touristique Hôtel / Hôtel club

On constate que l’offre touristique est non diversifiée, éparpillée, sous forme de structures renfermées sur elle-même tournant le dos à la population locale et à la composante paysagère spécifique à Aghmat

142


ANALYSE SPATI 143


IALE 144


Accessibilité Trame viaire

L’accessibilité du centre de d’Ahmat est assurée par plusieurs niveaux : •

RP 2017 La RP n°2017 reliant Marrakech et le centre comme artère RCprincipale ...

• La route communale RC 2023 comme voie de liaison de l’artère principale et la RN8 • Rues en état de piste Ces voies marquent profondément la configuration spatiale du centre et sa macro forme urbaine. 145

Voies de desserte interne Pistes et cheminements piétons


Voie communale

Voie aménagée

Piste aménagée

Voie provinciale Voie communale Voie aménagée Piste et circulation piétonne

Circulation piétonne 146


AccessibilitĂŠ Moyens de transports

147


Stationnement Taxi

Stationnement Bus

Arrêt fréquent

Arrêt moins fréquent

148


Équipements

149


La commune est constitué d’un noyau principal groupant les équipements structurants.

Cimetière Équipements administratif 1 Caida 2

Commune

Centre de santé Poste Mosquée Perimètre ville médiévale Réserve archéologique Foyer féminin et maison des jeunes Équipements d’enseignement Souk hebdomadaire

150


Caractéristiques du logement Distribution spatiale

Habitat aligné sur la voie

Habitat dispersé

Habitat groupé (hameaux) 151


Typologies Type d’habitat

Nombre de familles

Villa

13

Appartement

0

Maison marocaine

73

Habitat rural

3608

Bidonville

0

Autres

13

Total

3707

RDC

79 %

R+1

18 %

R+2

3%

Source : Enquête ménage 2014

Haut-Commissariat au plan 2004

L’habitat au centre de Aghmat est constitué de trois grands types : • L’habitat rural : renvoie au mode d’habiter traditionnel. Il est généralement à RDC avec de grandes superficies. Représentant 53,50 % du parc logement, ce type d’habitat comprend le logement proprement dit et les dépendances liées à l’activité agricole (Etables, aires de stockage, …) ;

Construction en pierre et béton

60.2 %

Autres matériaux

38.7 %

Source : Enquête ménage 2014

L’utilisation de différents matériaux de construction (pierre, agglos, béton, pisé,.. .) au centre d’ Aghmat participe à la production d’un paysage non homogène.

• La maison marocaine : Ce type d’habitat, également qualifié d’habitat économique. Représentant 42,50 % du parc logement. Il se concentre au niveau du noyau central, sous forme de constructions sur petites parcelles, généralement en alignement continu plus au moins régulier ; • L’habitat Spontané : Semblable à la maison marocaine par la taille et l’aspect extérieur, ce type d’habitat qui constitue 3,00 % du parc logement, se caractérise par son statut irrégulier et son sous équipement.

152


CaractĂŠristiques du logement Typologies

Habitat rural

Habitat rural

Villa

153


Maison marcaine

Maison marocaine

Habitat rural

154


Espace public

155


• L’espace public est majoritairement un espace de circulation, • Espaces non aménagés dominés par les hommes

156


Espace public

157


• Espace ouvert sur le paysage.

• Espaces restreints, limités par des murs de clôtures. 158


MATRICE SWOT OBJECTIFS, ACTIONS,

159


T,

160


Matrice AFOM / SWOT Atouts Qualité et richesse du patrimoine et de la culture Patrimoine archéologique (les vestiges de l’ancienne cité enfouie) Patrimoine bâti (mosquée et hameaux de village) Produit du terroir et artisanat Petit patrimoine rural Patrimoine culturel immatériel (traditions et coutumes berbères, savoir-faire, spécialités gastronomiques, la musique, la danse, Moussem Adghoughan) Patrimoine naturel (les paysages, le continuum édifice-village-site, faune et la flore, les pépinières)

L’importance historique du lieu Une des cités les plus anciennes du pays Ville médiévale prospère et rayonnante

Capitale des Almoravides avant Marrakech Occupe une place scientifique et spirituelle importante dans l’histoire du Maroc (élément essentiel dans l’islamisation du pays, berceau du soufisme) Personnages historiques ( zaynab nefzaouia, mutamid ibn abad et de nombreux poètes…)

Interne

Le maintien d’un caractère rural et de certaines formes de ruralité qui forge son identité rurale. La forte présence de l’activité agricole Modes d’occupation de l’espace (hameaux de village et architecture en terre) Ouverture de l’espace sur les paysages

Bonne accessibilité du territoire Reliée à Marrakech par un réseau de voies provinciales et communales

161


Faiblesses Rayonnement limité Faible sensibilisation du grand public à la culture et l’histoire d’Aghmat Absence d’image Manque d’attractivité et léthargie Territoire de passage / transit

Les principaux constats dégagés des différentes investigations (enquête, visite de terrain, exploitation de la documentation existante, contacts avec les personnes), ont permis de définir des forces distinctives et des opportunités sur lesquels on peut baser le projet, ainsi que des faiblesses et des menaces à surmonter :

Rural dévalorisé et défavorisé Regroupe des dysfonctionnements typiques à l’espace rural : Pauvreté Manque d’opportunités pour la classe active Faible qualification de la main d’œuvre et faible niveau d’instruction de la population Manque d’équipements et déficit en infrastructure de base

Activité économique peu développée Peu d’infrastructures permettant l’exploitation touristique et la valorisation du patrimoine (naturel, historique, etc.) Offre touristique mal structurée, non diversifiée et opportunités non saisies Production agricole non diversifié et non structuré Déclin de l’activité agricole qui perd sa valeur aux yeux des habitants

Pression humaines sur les ressources naturelles et le patrimoine Absence de mesures de protection/valorisation des espaces et ressources naturels Faible valorisation/visibilité du patrimoine

Dysfonctionnements spatiaux Morcellement important et la faible taille des parcelles agricoles. Manque d’axe de cheminement (doux) bien aménagés

Mutations et transformations Mitage des espaces agricoles Architecture standardisée et banalisée Défiguration et banalisation des paysages par l’aménagement et les matériaux de construction inadapté. Faible maîtrise des dynamiques et tendances d’urbanisation spontanées, inachevées et incomplètes Le particulier et le singulier laisse place au banal et au standard

162


Matrice AFOM / SWOT Opportunités Localisation stratégique Proximité d’un pôle urbain (Marrakech à 30 km) et de la montagne (Haut Atlas) Position dans une en zone à vocation touristique entre deux grandes destinations touristiques à l’échelle nationale et internationale, Marrakech le Haut Atlas (Vallée de l’Ourika, l’Oukaimden) Organisation de circuits et randonnées entre des destinations touristiques voisines.

Caractéristiques naturelles Richesse des ressources naturelles

Externe

Richesse et variété des paysages Topographie plate Potentiel de production d’énergies renouvelables

Caractéristiques démographiques Population jeune active

Opportunités économiques Évolution de la demande nationale et internationale vers le tourisme vert et le tourisme culturel

163


Menaces Activités humaines : menaces sur les milieux naturels Concurrence territoriale Pression urbaine sur les espaces agricoles Les stratégies de développement et les plans d’aménagements basés sur le modèle urbain Modes de consommation de l’espace Un territoire dépendant de Marrakech Accroissement des mobilités et liaison quotidienne avec la ville Un territoire qui rempli la fonction de dortoir pour la majorité de la population L’intention d’émigrer et e quitter Aghmat est omniprésente chez la population

164


Objectifs - Actions Architecture

Objectif : Architecture qui renoue avec son milieu

Actions: • Stratégies environnementales et bioclimatiques • Utilisation de matériaux locaux • Intégration paysagère de la forme architectural •

Aménagement urbain

Restauration du bâti ancien et valorisation de l’architecture vernaculaire des hameaux

Objectif : S’opposer au modèle d’aménagement classique (trame routière et zonage) et la préservation de l’environnement et des ressources naturelles

Actions : • Faire du patrimoine un élément structurant de l'aménagement du territoire • Protection des éléments à valeur patrimonial par des zones de servitudes non aedificandi plantées • La préservation des zones vivrières • Mise en valeur urbaine de la réserve archéologique

Mobilité et espace public

Objectif : Favoriser la circulation douce et multiplier les espace publics ouverts sur le paysage.

Actions : • Création cheminement et déambulation pour piéton et circulation en vélo • Création d’un itinéraire séquencé

165


Le programme

Objectif: Attractivité de l’offre touristique , prolongement des séjours, et lutte contre la saisonnalité des activités.

Actions: • Création d’un réseau d’attractions au lieu d’un projet indépendant ou de structures éparpillées • Favoriser les interactions et la mixité touriste – population locale • Diversification des activités ( patrimoine et culture – agriculture – éducation- télétravail) • Diversifier le parc hébergement (chez l’habitant, au cœur du village, gites, hôtels)

Développement local

Objectif : Développement locale orienté vers la population

Actions: • Prise en compte et intégration de la population dans le projet • Re-dynamiser la vie locale • Économie local : maintien et mise en valeur de l’activité agricole

Fiche récapitulative Un support : Centre d’Aghmat Objectifs : Revitaliser, valoriser, moderniser, protéger, découvrir, séjourner. Les Ressources :Activité culturelle, qualité du paysage, agriculture local. Moyens : Ponctuation d’événements et d’activités, circuits, équipement, espace public

166


LE PROJ


JET



Esquisse Au lieu de penser le projet comme un objet injecté dans le paysage, on le conçoit sous forme d’un réseau d’équipements intégrant un circuit touristique qui relie entre les différents éléments marquants, à grande valeur historique patrimoniale ou culturel, du site. Les équipements proposés deviennent ainsi des étapes dans un parcours valorisant le paysage et le patrimoine d’Aghmat ce qui permet un développement harmonisé du centre tout en restant fidèle à nos objectifs fixés : renforcer l’attractivité d’Aghmat et proposer un modèle d’aménagement rompant avec le modèle urbain. Rappel de l’état des lieux

Implantation du projet

Axe de circulation principal

Circuits touristiques

Axe de circulation secondaire


Concept


3 Douar Musée Ateliers d’artisanat Réserve archéologique

Oued Aghmat

Mausolée Hameau touristique

Bibliothèque

Monuments religieux

Vestiges Activité agro-touri stique

Accueil touristique

3 - Mise en réseau (Circuit touristique)

2

Douar Musée

2 - Insertion de programmes architecturaux

Ateliers d’artisanat Réserve archéologique

Mausolée Hameau touristique

Bibliothèque

Monuments religieux

Vestiges Activité agro-touri stique

Accueil touristique

1- Identification de la ressource patrimoniale

1 Douar

Réserve archéologique

Mausolée Douar

Monuments religieux

Vestiges

Oued Aghmat


50 0

N

250 100

500

Existant

Projets

Trame viaire et Parkings

Circulation douce

Place public

RĂŠserve archĂŠologique

Espace vert

Espace agro-touristique

Plan de masse


Longueur total : 6.2 Km

Longueur total : 3.6 Km

Circuit touristique Places publics Espace événementiel Réserve archéologique Marché des plantes Cente d’accueill touristique Centre socio-sportif Hébergement touristique Bibliothèque Musée Ateliers d’artisanat Espace agro-touristique


Traverser le parc archĂŠologique


Séquence 1





Séquence 2

S’ouvrir sur le paysage Séquence 3 Par l’ouverture sur le paysage agraire et fluvial et en intégrant les Saqya, on diversifie les tableaux visuels et les activités, enrichissant ainsi l’expérience touristique.


Réinvestir le hameau Par le réaménagement des espaces publics, la restauration des anciennes constructions en terre et l’insertion d’activités touristiques, on diversifie l’offre touristique et on améliore la qualité de vie des habitants.


Séquence 4

Activité agro-touristique Hébergement chez l’habitant Atelier de poetrie Atelier de cuisine marocaine Atelier travail de bois artisanal Atelier ferronnerie artisanale Atelier fabrication de tapis


Séquence 5

Aménagement basé sur la continuité des axes de circulation existants

Requalification des voies existantes et création e nouvelles liaisons

Création d’un pôle d’échange intermodal réunissant plusieurs modes de transport privés et publics.



10 300 m2

Marrakech

1

Situation

4 Circulation et places intĂŠrieures

2

Articulation av

5 DĂŠgagement de


Accès

vec le circuit touristique

3 Espace public et aménagements éxtérieurs

es vues sur l’Atlas

6 Dégagement des vues sur l’Atlas (étage)


Programme

REST FONCTION Salle de restauration Café W.C Cuisine Laverie Cuisson

Légumerie et préparatio Réserve Bureau Vestiaire personnel Total

FONCTION Hall de réception Bureau Bureau directeur W.C Local d’entretien Total

CENTRE D’INFORMATIONS TOURISTIQUES FONCTION

S. UTILE UNITAIRE

NOMBRE

S. UTILE TOTALE

FONCTION

Hall de réception

81.2

1

81.2

Hall de réception

Bureau

31.3

1

31.3

Salle d’exposition

155.7

1

155.7

27.9

2

55.8

W.C

324

Stockage

Salle d’information W.C Total

Salle de conférence

Total


TAURANT - CAFETRIA S. UTILE UNITAIRE

296.7

CENTRE DE DÉTENTE

NOMBRE

S. UTILE TOTALE

FONCTION

S. UTILE UNITAIRE

NOMBRE

S. UTILE TOTALE

3

527

Piscine couverte

1

296.7

Hall de réception

70.6

1

70.6

4

109

Vestiaire

46.3

1

46.3

60

W.C

6

2

12

Douches

9

5

9

Local d’entretien

5.6

1

5.6

314.6

10.5

1

10.5

12

1

12

1

10.8

5.8

1

5.8

Local technique

26.4

1

26.4

11

1

11

Piscine

144.7

1

144.7

9

1

9

on froide 10.8

992.7

Spa Hall de réception

673 139.4

1

Hammam

ADMINISTRATION S. UTILE UNITAIRE 123

NOMBRE

S. UTILE TOTALE

1

123

3

60.2

52.2

1

52.2

4.8

2

9.6

10

1

10 255

165.8

64.3

45.6

250.7

Hammam homme

52

1

52

Hammam femme

56

1

56

Douches

3.4

4

13.6

Vestiare

23.6

2

47.2

W.C

2.6

4

10.4

Local technique

27.2

1

27.2

Local du personnel

44.3

1

44.3

Salle d’attente

68.7

1

68.7

Espace commercial

81

1

81

Salle de massage

49.6

2

99

Espace de stockage

34.2

1

34.2

Total

987.6

COMMERCES

EXPOSITION S. UTILE UNITAIRE

139.4

NOMBRE

S. UTILE TOTALE

FONCTION

S. UTILE UNITAIRE

NOMBRE

S. UTILE TOTALE

Espace de vente

49

3

147

19.3

3

58

1

165.8

3

389

Espace de stockage

1

64.6

Total

2

73

1

45.6 738

205


4 2 1

3

1 2 2

1

4

2

12

2

1 13 6

18

4 11

5

18

14

4

18 12 11 7

15

15 13 13 1

RDC 1 Reception

10 Salle de conférence

2 Bureau

11 Local technique

3 Salle d’information

12 Local du personnel

4 W.C

13Vestiaire

5 Salle de restauration

14 Piscine

6 Cuisine

15 Hammam

7 Café

16 Salle de massage

8 Terrasse

17 Salle d’attente

9 Salle d’exposition

18 Commerces


4 11 9

10

9

9

8

5 5 4 7

16 16

12 17

r+1 N

0

10 5

50 25


B

A

A

B

Coupe AA

Coupe BB








Été

Hiver La performance thermique du bâtiment est amélioré par la grande épaisseur des murs en pisé qui atteignent les 60 cm. Vu l’inertie thermique que procurent ces murs nous n’avons pas besoin d’isolation qui ne fera que nuire aux capacités naturelles du matériau et perturbera son fonctionnement. Toujours comme stratégies bioclimatiques nous évitons de placer des ouvertures au Nord pour éliminer les déperditions thermiques l’hiver et nous réduisons celle à l’Ouest pour éviter les gains solaires et la surchauffe. Nous privilégions d’ouvrir les façades Sud d’abord a cause de la vue sur L’atlas, mais d’un point de vue bioclimatique, le gain solaire est beaucoup plus contrôlable au Sud par des avancées de toiture qui permettent de faire entrer le soleil l’hiver et protègent la façade l’été. L’orientation du bâtiment presque perpendiculaire à la direction des vents dominants Sud-est et Nord-ouest, permet une ventilation naturelle du bâtiment.


Bibliographie Section 1 : l’espace rural Jean-Claude bontron, le monde rural : un concept en évolution, revue internationale d’éducation de sèvres ,1996. Laurence Thomsin, un concept pour le décrire : l’espace rural rurbanisé, 2001. Berger Martine, Frust Jean-Pierre, Plet Françoise, Robic Marie-Claire, Rurbanisation et analyse des espaces ruraux périurbains, espace géographique, tome 9, n°4, 1980. Vachon Bernard, la passion du rural – tome 2, évolution récente du Québec rural, 1961-2014; de l’exode au puissant désir de campagne, solidarité rurale du Québec. Georges Courade et Riichel Bruneau, Développement rural et processus d’urbanisation dans le tiers-monde (l). Annarita Antonelli, Patrizia Pugliese, Omar Bessaoud, diversifier l’activité rurale, CIHEAM, 2009 Les futurs agricoles et alimentaires en méditerranée, CIHEAM, MediTERRA 2008, presses de sciences po. Bauer Gérard et roux, Jean-Michel, la rurbanisation ou la ville éparpillée, Éditions du seuil, 1976 Tastet Philippe , Quand les villes grignotent la campagne, 2012 Dynamique urbaine et développement rural au Maroc », études démographiques centre d’études et de recherches démographiques royaume du Maroc, Premier ministre ministère de la prévision économique et du plan. Références électronique Http://geoconfluences.ens-lyon.fr/glossaire/rurbanisation La ville en mutation www.ville-en-mutation.jimdo.com/la-rurbanisation-et-ses-conséquences

Section 2 : le patrimoine Thibault Le Hégarat. Un historique de la notion de patrimoine, 2015. CHOAY, Françoise. L’Allégorie du patrimoine, Paris, Éditions du Seuil, 1992. Isac CHIVA, Une Politique Pour Le Patrimoine Culturel Rural, Rapport, Avril 1994. Fedia Korso Feciane, Tourisme Rural Vecteur De Développement Local Cas De La Région De Beni Snous, Université Abou BekrBelkaid De Tlemcen, Faculté de Technologie. Jean-Marie Vincent, Conservation du patrimoine rural et politique qualitative de l’habitat, 2007


Section 3 : le tourisme Serge SCHMITZ & Jean Michel DECROLY, Éditorial : Questionner Le Tourisme Rural. Mycotourisme, Pratique Touristique Pour Un Développement Socio-économique Durable Et Viable En Régions Forestières, Les Cahiers De L’institut, Université Laval, Québec, Avril 2016. Janine Renucci , Aperçus Sur Le Tourisme Culturel Urbain En Rhône-Alpes : L’exemple De Lyon Et De Vienne Pierre-Antoine Landel, Pascal Mao, Le Diagnostic De Territoire Et La Création D’activités Touristiques À Partir Du Patrimoine, Article • Janvier 2007, Ilias Papageorgiou, Marie Guitton, Développer L’attractivité Des Territoires Ruraux grâce à Des Stratégies Collectives, Expériences Dans Les Montagnes Européennes, Étude Réalisée Dans Le Cadre De L’appel À Projet Du Ministère Français De L’agriculture Et De La Pêche, Janvier 2009. Benziane Hinde El Allaoui Sanae, El Fallah Hanane, Kolamo Josef, Le Tourisme Rural, Faculté Des Sciences Juridiques Économiques Et Social- Souissi,. Lindsay Chognon, L’attractivité touristique des territoires ruraux par la mise en valeur du patrimoine culturel immatériel le cas des contes et légendes en forêt de brocéliande, 2015 – 2016, L’isthia, L’université Toulouse - Jean Jaurès. Seloua Gourija, Tourisme Et Développement Durable: Quelles Conjugaisons? Cas Du Maroc, Université Du Littoral Côte D’opale - Docteur Es Sciences Économiques 2007. Stratégie De Développement Du Tourisme Rural, L’organisation Mondiale Du Tourisme (O.M.T.), Étude Préparée Pour Le Ministère De L’économie, Des Finances, De La Privatisation Et Du Tourisme Royaume Du Maroc, Madrid, Mars 2002. Les Stratégies Du Tourisme Et Le Développement Rural, Ocde, Organisation De Coopération Et De Développement Économiques Paris 1994

Analyse et état des lieux Violaine Héritier-Salama, Chloé Capel, Abdallah Fili, Ronald Messier, Aghmat de la ville aux champs… Colloques TransitionsHistoriques, Éditions de Boccard. SEATCO-SOMADRING, Rapport 4 : Programme d’aménagement, étude intégrée d’aménagement hydro agricole du piémont de la zone du Haouz, office régional de mise en valeur agricole du Haouz Commune d’Aghmat, Monographie d’Aghmat Abdallah Fili, Ronald Messier, Chloé Capel, Salima Naji, Laetitia Fili, Archéologie, restauration et mise en valeur bilan et perspectives du projet scientifique, Fondation Aghmat, 2013


2017 - 2018

RÉGÉNÉRATION IDENTITAIRE ET ÉCONOMIQUE D’AGHMAT

Lina Ahrikat


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