La force du rire

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Dessins humoristiques engagĂŠs

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De nombreux artistes utilisent le dessin, l’affiche, l’illustration… pour traiter par l’humour de thèmes sociaux ou politiques. Souvent avec un minimum de mots, ils réussissent à transmettre un point de vue et à faire réfléchir.

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1 Mix & Remix | 2 ARES | 3 Atena Farghadani | 4 POV | 5 Firuz Kutal | 6 Mikhail Zlatkovsky | 7 Jean Jullien


Le Didacteur de Charlie Chaplin

Dans ce film sorti en 1940 aux États-Unis, Chaplin critique Hitler en le ridiculisant. Il a l’audace de réaliser ce film avant que les États-Unis ne déclare la guerre au Japon et aux puissances de l’Axe, ce qui lui a valu des critiques de la part de certains responsables politiques, qui pensaient qu’il incitait les États-Unis

à entrer en guerre. Le régime hitlérien a tenté d’empêcher la production de ce film. Le Dictateur traite clairement du régime nazi et de l’antisémitisme. Ce film, le plus grand succès commercial du cinéma de Chaplin, a inspiré d’autres films comme La Vie est belle du réalisateur italien Roberto Benigni.


Charles Chaplin, Le dictateur, 1940.


Le rire dans les tranchées

Pour faire face aux conditions effroyables de la vie dans les tranchées pendant la Première Guerre mondiale, des journaux humoristiques sont édités pour animer la vie des soldats.

Certains, comme L’Écho des Gourbis dans le numéro de février 1916, utilisent l’humour pour caricaturer la puissance ennemie.



Yue Minjun

Yue Minjun est un artiste chinois dont les peintures et les sculptures critiquent la propagande officielle chinoise. Dans ses œuvres, tout le monde rit, se ressemble, et semble être détendu. Cependant, ces rires mettent mal à l’aise et paraissent faux. Dans son tableau The Execution, l’artiste applique les codes de la propagande officielle à la représentation d’une exécution. Tous les protagonistes rient, l’artiste laissant au spectateur le soin de donner un sens au contraste entre une scène dramatique et une expression forcée de bonheur. Ce tableau est inspiré de peintures plus anciennes : ce même motif est présent dans des œuvres de Goya et Manet.

Yue Minjun, The Execution, 1995. Huile sur toile.


Dans ses sculptures « A-maze-ing Laughter », installées sur une place publique à Vancouver (Canada), l’expression dynamique du rire contraste avec le silence et la forme figée des sculptures de bronze. « Je voulais par cette œuvre toucher le cœur de chaque visiteur » déclare l’artiste.

Yue Minjun, A-maze-ing Laughter, 2009. Sculpture en bronze.


Pierre Desproges

Pierre Desproges est un humoriste français, réputé pour son humour grinçant et anticonformiste. Lors d’une émission de France Inter, le Tribunal des flagrants délires, il a énoncé cette formule devenue depuis une véritable maxime : « On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde. » Depuis les attentats de Charlie Hebdo de 2015 et le mouvement de défense des libertés d’expression qui a suivi, cette question du droit à l’humour dans l’espace public est devenue une question sensible et largement débattue.


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On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde.

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Carnaval

Carnaval de Nice 2019


Folie Un charlatan disait en plein marché Qu’il montrerait le diable à tout le monde ; Si n’y eût nul, tant fût-il empêché, Qui ne courût pour voir l’esprit immonde. Lors une bourse assez large et profonde Il leur déploye et leur dit : Gens de bien, Ouvrez vos yeux ! Voyez ! Y a-t-il rien ? - Non, dit quelqu’un des plus près regardants. - Et c’est, dit-il, le diable, oyez-vous bien ? Ouvrir sa bourse et ne voir rien dedans. Melin Saint-Gelais (1574)

Au Moyen-Âge, le temps du carnaval donnait lieu à des fêtes où tout était permis. C’était l’occasion de chanter, de danser, de mettre en scène

les conflits entre groupes sociaux ou professionnels, entre la ville et la campagne, et de se moquer des personnages du pouvoir. Aujourd’hui encore,

les carnavals représentent une forme d’expression populaire, où tourner en ridicule et donner à rire tiennent une place importante. Sur les places publiques

au Moyen-Âge, des bonimenteurs maniaient l’humour pour développer une satire sociale, comme l’atteste ce poème du XVIème siècle.


Le rire comme arme de contestation

Des groupes militants utilisent le rire et l’humour comme « arme de dérision massive ». Cette photographie, où un clown fait face à la police, est parue dans le magazine Lutopik du 4 septembre 2014. Ces groupes se donnent souvent des noms évocateurs, où l’humour se glisse dans des sigles d’organes officiels : les Clowns à Responsabilité Sociale (CRS), la Brigade Activiste des Clowns (BAC), le Groupement d’Intervention des Gros Nez (GIGN).


ARME DE DÉRISION MASSIVE


Les clowns hospitaliers

L’intervention de clowns en milieu hospitalier est un mouvement largement diffusé à travers le monde. Davantage orienté vers les patients enfants, il s’adresse également aux familles, au personnel soignant et aux patients adultes. Par l’humour et la poésie, la présence inhabituelle des clowns à l’hôpital apporte un temps de répit dans la routine des soins et, pour certains, soulage les douleurs.


Association Enfance Majuscule


Vedem

Un garçon de 13 ans, Hanuš Hachenburg, enfermé dans le ghetto tchèque de Terezin en 1943, participe à un journal clandestin appelé Vedem (Nous menons, en tchèque). Il y publie de la poésie, et une seule pièce de théâtre qu’il intitule « On a besoin d’un fantôme ». Il représente le régime nazi de manière totalement absurde, avec ironie, et il tourne en ridicule ses bourreaux. Le jeune auteur mourra assassiné un an plus tard, au camp de Birkenau.


Le roi (au micro)

À tous mes sujets. Dès à présent, j’ordonne que tous les vieux os de n’importe quelle origine soient ramassés par les organes exécutifs des Analphabètes Idiots. On ramasse tous les ossements d’origine humaine et animale de plus de soixante ans. Si quelqu’un omet une personne ou un animal qui soit en obligation d’être ramassé, il sera puni par la mort éternelle au feu infernal. Moi, le roi Analphabète Gueule Ier, illuminé par Dieu (il s'adresse au Ministre et au Policier), de ces ossements collectés, je construirai, sachez-le, mes chers collaborateurs, un squelette qui hantera les gens et répondra ainsi à toutes les exigences de l’homme moderne.

Le Ministre et Le Policier Génial !

Ils applaudissent. Rideau.

Extrait de « On a besoin d’un fantôme »


Ridiculiser les puissants

Les présidents des États puissants sont souvent l’objet de caricatures. Ici, le président des États-Unis apparaît au centre d’un dessin de Nate Beeler, paru dans le journal Colombus Dispatch de la ville de Colombus (Ohio, USA). Les astronomes ont découvert un nouveau trou noir. « Regarde ce puits sans fond, aucune lumière ni aucun fait ne peut s’en échapper ! », dit l’un d’eux.


Nate Beeler, Black Hole Trump, 2016. The Columbus Dispatch.


Caricatures

Utiliser le dessin de caricature pour se moquer ou ridiculiser un personnage ou un groupe social est une tradition ancienne. Les périodes de révolutions ou de conflits sont propices à l’émergence de ces formes de satire graphique. En exagérant les défauts réels ou supposés des sujets, le dessin prête à rire et porte un message d’impertinence, de moquerie ou de contestation.

Dessin de l’époque de la Commune de Paris.


Dessin de Charles LĂŠandre, paru dans le journal Le Rire, mai 1905.



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