• Rachel, actrice porno à la Sorbonne • Rencontre avec le sous commandant Marcos
• Hommes en jupe
« Mon resto préféré commence par un M » Un mois en « incapable caissière».
Bouffe, sexe, voyage, le cocktail idéal ? Par Alexandre Marchand, rédacteur en chef
Editorial
Et voilà le premier et dernier numéro 2 de LINTERVIEW.fr ! Vous avez été près de 2 000 (chiffre plus qu’honorable étant donné le peu de pub que nous avions fait) à solliciter le magazine de lancement et à ainsi nous conforter dans notre pari d’adapter la forme papier à l’Internet. Mais ce bon début n’est pas une raison pour nous auto complimenter et rester sur nos acquis. Nous sommes une fois de plus allés au bout de nous-mêmes pour vous concocter un numéro qui vous fascine, vous fasse rire, vous fasse rêver, bref vous fasse vivre ! Le MacDo, un des seuls endroits où manger (mal) pour pas (trop) cher mais aussi un endroit classique pour se faire un peu d’argent quand on est étudiant. Pendant un mois, aux risques et périls de sa ligne, notre journaliste s’est donc essayée à tenir la caisse d’un MacDo, a inversé les menus, a réussi l’exploit de répandre le caramel du Sundae dans les frites et a tenté de ne pas frapper les clients changeant constamment d’avis. Sortie à peu près vivante de cette épreuve, elle en revient avec un article drôle et décalé qui nous amène à la découverte de cet univers très particulier. Bouffe et sexe, le cocktail idéal ? Avec Rachel, étudiante à la Sorbonne et…actrice X, nous vous emmenons dans le surprenant envers du décor des films pornos. Une interview touchante et bien loin des habituels clichés sur le milieu. Enfin, nous ne pouvions pas publier un numéro sans vous faire partager notre passion du voyage. Dans un reportage photo, qui a bien failli disparaître dans un tragique accident de travail (les ordinateurs ne semblent apprécier que modérément d’absorber une pinte de bière par le clavier…), accompagnez notre reporter sur les routes du Mexique rencontrer avec lui le sous commandant Marcos. Au détour des nos pages vous découvrirez également que le journalisme est un mauvais plan pour serrer, que les hommes peuvent porter des jupes, que la pelote basque est décidément un sport bien bizarre et une foule d’autres choses essentielles (ou pas). LINTERVIEW.fr est donc bien vivant et débordant d’idées ! Ce n’est que le début d’une longue aventure…avec vous.
Sommaire La Une Mon resto préféré commence par un M
Portrait Rachel, étudiante à la Sorbonne et actrice porno 8 Portfolio Ma rencontre avec le sous commandant Marcos p12
Culture est société Folies vestimentaires
Sport Jean-Dominique Olharan, champion de pelote basque Etats généraux de la presse jeune Réplik Etudiant du monde Maria Martin Guitierez p37
Journal LINTERVIEW.fr / 32 rue de Montholon 75009 Paris / redaction@linterview.fr / 06-65-35-56-99 Fondateur, directeur de la rédaction : Louis Villers / Directeur de publication : Jean Massiet / Rédacteur en chef : Alexandre Marchand. Rédactrice en chef de « Culture Est Société » Alice Beauquesne Journalistes : Nadège Abadie (Photographies)/Nicolas Combalbert/William Buzzy/Baptiste Gapenne/Alan Kaval/Timour Adgioury/Vanessa Ferrere/Margaux Bergey/Maria Martin Guitierez/Raphael Miossec/ Bahia Beauvais/ Mise en page : L.V. Association LINTERVIEW.fr : Siège social : 32 rue de Montholon, 75009 Paris. Président : Louis Villers / Vice Président : Jean Massiet / Responsable financier : Alexandre Chavotier
En Une
Mon resto préféré commence par un M Un mois en « incapable caissière du Macdo » Par Alice Beauquesne.
Dans les coulisses du MacDo « On » m’avait prévenue : « le premier jour, tu ne voudras plus jamais revenir ». Et « on » avait raison.
Tout le monde fond face à cette odeur de graisse délicieuse, craque devant ces morceaux jaune doré ruisselants; tout brille, tout dégouline, tout est délice, tout est merveille. Tout le monde adore, mais personne n'ose l'avouer. Tout le monde critique ce restaurant qu'on a affligé de délit de « malbouffe », mais tout le monde y va. C'est prouvé. J'ai vu défiler à ma caisse toutes les tranches d'âge, tous les milieux sociaux, toutes les nationalités. Mac Donald's est une œuvre d'art culinaire ; preuve exacte que l'art peut venir de rien - un morceau de pain congelé devient facilement exquis. La caisse, c'est là que j'ai débuté. En tant qu' «employée polyvalente », comme indiqué sur mon contrat. J'ai appris sur le tas ; l'accompagnement pédagogique se fait en toute rapidité, en toute fluidité, c'est le concept du MacDo, après tout. Quatre heures de film sur l'aseptisation de la pelle à steak et sur le sourire qu'on doit mécaniquement présenter à chaque client, c'est le passage obligé avant la pratique.
Il y a quelques temps, j'étais de l'autre bord. C'est-à-dire que je prenais en pitié les « caissiers de Mac Do », parce que « les pauvres, tu vois, ils n'ont pas assez travaillé à l'école». D'une part. Et d'autre part parce qu'on ne les regarde jamais, on regarde toujours au dessus d'eux, ce qui est particulièrement dégradant quand on le vit. Ce qui est aussi absolument normal, car c'est l'endroit où sont affichées les commandes. Les « caissiers du Mac Do » n'existent pas. Enfin si, ils existent, mais sont connus pour se fourvoyer dans les commandes, par exemple. Les clients n'ont pas le sens de la délicatesse. Quelle est cette fâcheuse manie de vérifier à chaque fois si leurs menus à emporter sont bien complets, en sortant leurs aliments, un par un ? Ils sont aussi connus pour ne pas rendre assez de monnaie, pour nous faire attendre. Ils ne sont indéniablement pas humains. Ils n'ont pas de vie en dehors du Mac Do, ils sont mécaniques. Ils sont l'épreuve débile à franchir avant la bouffe.
« Il y a quelques temps, j’étais de l’autre bord »
En parlant de mécanisme … « Bonjour madame/monsieur, (…) en Maxi ou en Best-Of ? (…) Sur place ou à emporter ? (…) Avec vos frites, ketchup ou mayonnaise ? Sauce potatoes ? Merci, au revoir ». Ne pas montrer un signe d'animosité, surtout, précisément si « monsieur » passe ses nerfs sur vous. La souveraineté du malappris client reste difficile à supporter pendant les « rushes ». Traduction : les quelques heures durant lesquelles tout Paris et ses touristes se ruent à nos caisses, tourmentés d'avoir fait tant de queue. Et si les commandes ne sont pas encore prêtes (c'est en cuisine, c'est pas de notre faute !), peu nombreux sont ceux qui daignent patienter « trois minutes, s'il vous plait, les cheeseburgers sont en train de cuire ! ». Alors, c'est la ruée vers ce présentoir à hamburger; le stress de voir attendre le client. « Vite fait, mal fait ». Il faut connaître l'ordre des choses à apporter, tout est dans la technique ; l'écran nous l'indique. Moi, j'oubliais tout le temps. Frites, boissons, sandwich(s). Tout simplement parce que les frites sont au bout de la salle, ensuite se trouvent les boissons, puis les sandwichs. Pourquoi pas le contraire ? Et sur le plateau, il faut séparer les aliments froids des aliments chauds, pour éviter les changements de température, logique, me diriez-vous. Il faut donner des serviettes, proposer des sauces, et surtout, ne pas oublier de rappeler que les pailles se trouvent en salle ; sinon « le client » reviendra nous déranger.
L'esprit d'équipe est très présent. Heureusement. Les habitués sont facilement reconnaissables à leur vélocité, leurs automatismes, la façon mécanique dont ils viennent au secours des caissiers qui demandent de l'aide. Ils ont en général plus d'une dizaine d'années d'expérience, travaillent au Mac Do à temps plein. On peut cependant devenir rapide en quelques semaines - mais chez certains, c'est une vocation - on les appelle des « managers ». Ils ont un t-shirt d'une couleur différente de celle des employés polyvalent. Ils font donc partie d'un rang plus élevé sur l'échelle sociale du Mac Donald's. En trois petits coups sur l'écran tactile, ils règlent un problème de carte bleue impossible à lire, amènent la carte prodigieuse qui efface les commandes mal prises des clients qui changent d'avis, effectuent les remboursement. Si, derrière les caisses, tout paraît être un fourmillement incohérent, il y a réellement une vie, une toute petite société, une véritable usine structurée. Tout est organisé, tout est étudié pour aller encore plus vite, pour être encore plus efficace. Nous y apprenons la rapidité, l'efficacité, l'art du sourire artificiel. « C'était mon Coca ». On annonce les grosses commandes : « Trois grandes frites s'il te plait ». Et si plus de trois
Big Mac sont commandés, il faut demander « en cuisine » si il est possible de se servir, ou préférable d'attendre la prochaine fournée. « T'es aux boissons ? » signifie « Es-tu chargé de remplir les verres de Coca, et les cocas de glaçons, en suivant les indications de commandes inscrites sur le petit panneau juste au-dessus de ta tête ? ». « Le spécial, c'est pour qui ? » - traduction : « Qui donc a eu la chance de tomber sur un client qui voulait son Big Mac sans cornichons ni fromage ? ». « Pardon » (on se fonce dedans régulièrement). « Merde, faîtes gaffe avec vos frites » : « évitons de salir le sol, ça ne semble pas très propre pour les clients » . « Tu vas chercher des sauces ? », « Vas au lobby s'il te plait ». Le Lobby : la pire des tâches dans l'échelle mac donaldienne. Le lobby, c'est, pendant quatre heures d'affilée, pour les moins chanceux, s'avilir en salle, changer les poubelles, les jeter dans un espèce de long boyau qui les conduira dans une pièce ou quelqu'un d'autre les virera. Le mystère de la porte où il est indiqué le mot « privé » est enfin résolu : c'est simplement un local pour les poubelles, rien de très excitant, finalement.
La salle commune des équipiers.
Le lobby, c'est vider les plateaux des clients soidisant « distraits » qui partent, sans jeter leur plateau, devant nos yeux désabusés ; nettoyer les toilettes « toutes les demi-heures ». Comprendre : passer un rapide coup de balai par terre de trente secondes sans respirer. Nettoyer le sol, c'est passer à coté des gens qui bouffent sans faire attention à nous et ramasser les frites aplaties par terre à l'aide d'une balayette à manche long, et d'une pelle assortie. Pour les Fantas renversés, il faut s'aider d'un « Mop's » ; sorte de serpillière à franges sertie d'un manche. Et la cuisine. J'ai eu la chance de ne pas en faire partie. Si en tant qu'équipier, il nous est interdit de nous détacher les cheveux ; les règles d'hygiène sont encore plus strictes pour les cuisiniers. C'est un véritable travail à la chaîne. Un cuisinier pour les « chickens » et les « fishes », quelques autres pour tous les sandwichs à base de viande, et un autre qui met les sandwichs dans les boîtes et les fait glisser sur le présentoir. « Ma santé est entre tes mains », indique un petit dessin au-dessus du lavabo. Tout, absolument tout est calculé ; de la petite centaine de secondes pendant lesquelles doit cuire un steak haché, à la quantité de salade à disposer dans le sandwich. L'hygiène est censée être irréprochable. J'avoue toutefois avoir péché avec la pelle à frites. Cette malheureuse étant tombée par terre, j'ai demandé à une collègue ce que je devais faire vu le nombre restreint de pelles à frites, et l'impatience du client, j'avais tout intérêt à m'activer. J'ai donc suivi ses conseils pertinents. Je suis allée dans l'arrière cuisine, coin reculé, invisible aux yeux des clients ; compté jusqu'à dix, puis, suis revenue, la même pelle en main, comme si je venais d'en chercher une propre. Innocente et souriante. J'avoue aussi avoir péché avec les Cocas, ne sachant plus discerner les Lights des Zéros et des normaux, j'en ai pris, et ce, plus d'une fois, au hasard, suivant leur taille ; les clients n'y ont vu que du feu. Oui, les équipiers peuvent dîner et déjeuner au Mac Do. Les premiers jours sont difficiles. Impossible d'avaler une bouchée de Nugget's. Voir des hambugers en pleine préparation toute la journée décrédibilise la chose, même si le goût reste le même. L'aura du Mac Do tombe très facilement. Il est prélevé sur notre compte un peu plus d'une demi centaine d'euros par mois, et nous devons inscrire chaque repas que nous avons pris sur le tableau destiné ; sachant que nous avons le droit à un repas par service de quatre heures de travail ; les autres seront avalés officieusement. Les horaires de nuit, autant rémunérés les horaires de journée, amènent rapidement à « closer », c'est-à-dire participer à la fermeture du restaurant. Après le passage pénible du nettoyage de la machine à Sundae
« J’avoue avoir péché avec la pelle à frites. J’ai compté jusqu’à dix, puis, suis revenue, la même pelle en main, comme si je venais d’en chercher une propre. Innocente et souriante »
et à Mc Flurry, et dès que les managers tournent le dos pour comptabiliser les « pertes », il est fort possible que les quelques employés polyvalents présents se servent dans le frigo ouvert et remplissent leur sac de Gervais à boire et autres 1664. Arrive ensuite l'équipe de nuit, qui va faire la plonge, nettoyer la salle, de deux à sept heures du matin. Et c'est reparti pour une nouvelle journée.
Cet article n’a pas la prétention d’accuser la chaine de restaurants MacDonald’s. Il est purement personnel et ne se veut en aucun cas être un état des lieux général.
« Tu m’files un hamburger gratuit s’t’euplé mad’moiselle ? », me dit-il affalé sur ce qu'il croit être un comptoir de bistrot.
« Je voudrais un menu normal. » « Un menu BestOf ? » « Mais non, un menu normal. » « Donc un menu Best-Of. »
" Seventy-five Euros please"
« Il y a quoi dans un hamburger ? »
« Bonjour, je voudrais un sandwich » « Nous en avons plusieurs madame…lequel souhaitez-vous? » « Mais un sandwich, avec du pain, là ! »
« Je voudrais trois Croques MacDo sans jambon, deux Big Mac sans sauce, et un Sundae sans cacahuètes. »
« Vous êtes chiante »
"Neuf hamburgers s'il vous plait!" "Ce sera tout?" "oui."
Rachel
Une actrice porno à la Sorbonne
LINTERVIEW.fr : Rachel, peux-tu te présenter ? Rachel : Je m’appelle Rachel, j’ai 27 ans, je suis actrice porno et étudiante à la Sorbonne. LITW : T’es-tu lancée dans le X par plaisir ou par besoin d’argent ? R. : Je ne me suis pas lancée dans le X par besoin d’argent. Même si comme tous les étudiants j’ai eu besoin de travailler, j’aurai pu faire autre chose (j’ai mon BAFA par exemple). Je m’y suis lancée par hasard en fait. Je faisais les petites annonces pour poser dans des journaux gratuits diffusés à Paris. Et je suis tombée sur un encadré (avec un numéro de Siret, c’est pour cela que j’y suis allée) qui annonçait qu’on recherchait des modèles. Je suis tombée sur John B. Root avec qui j’ai fait quelques essais qui se sont bien passés. Du coup, il m’a demandé, en fin de tournage, si je voulais « faire » du lesbien. Moi qui avais des côtés « bi », je me suis dis qu’après tout, je ne risquais rien, que ce pouvait être une expérience comme une autre. Il n’était pas question de faire de l’ « hétéro » sur le moment. J’ai joué cette scène bi, et je suis revenue pour faire une autre scène où une
fille devait s’occuper un mec et moi m’occuper de la fille. Finalement, elle n’a rien pris en charge du tout, elle était très mal à l’aise, c’était une débutante, au même titre que moi. J’ai pris les devants, et c’est comme ça que j’ai fait ma première scène hétéro. Par la suite, tout s’est enchaîné, progressivement. La première année: environ une scène tous les deux mois pour John B Root; je ne travaillais avec personne d’autre que lui. Ensuite est venu le premier projet de long métrage. Au début, ce n’étaient que des scènes pour le site Internet de John B Root. Je me disais : « c’est cool, je suis déclarée, j’ai mes tests ». Ca change des dangers qui peuvent être liés à la photographie amateur, car on peut se retrouver chez des gens qu’on ne connaît pas, etc. On n’est alors pas toujours déclarés, sans contrats et c’est dans ce genre de situations qu’on peut être mise en danger. Pour ma part, lorsque je suis arrivée, j’étais dans un studio, j’étais protégée. Je me suis dis finalement: « trop cool ». Quand il m’a proposé de jouer dans « Ludivine », le premier long métrage, je me suis quand même posé des questions, car il y avait une
visibilité trop forte de mon image. Notamment sur Canal +. Comme mes parents étaient au courant, à ce moment là, du fait - je les ai un peu mis en face! - je me suis dis « après tout, allons-y »! Il s’agissait d’un voyage en Corse d’une semaine, un film sympa, puis les ambiances avec lui étaient cools. Et c’est à partir du moment où j’ai fait ce film là que d’autres producteurs ont commencé à me contacter, que j’ai commencé à bosser pour d’autres personnes. LITW : Il existe beaucoup de préjugés sur la pornographie notamment au niveau de la sécurité, maladie, de l’argent, de la drogue… R. : Je pense qu’il y a deux milieux dans la pornographie à l’heure actuelle. Il y a le milieu amateur, qui n’est pas du tout déclaré et qui est dangereux par rapport aux pratiques. De plus, les vidéos amateurs se baladent un peu partout sur internet. Moi j’ai toujours refusé ce genre de plans, j’ai toujours travaillé dans du professionnel. Et dans le professionnel, il y a des hauts et des bas comme dans n’importe quel travail. On était déclarés. Les gens qui font ce métier pour l’argent », oui, il y en a. Il y en a d’autres qui le font aussi pour le plaisir,
d’autres pour des pratiques échangistes ou encore pour une mise en valeur de soi. Certains le font aussi pour vivre. C’est comme dans tous les métiers, il y en a qui vont à l’usine, ce n’est pas parce que ça leur plait. Au niveau de la drogue, je ne pense pas qu’il y en ait plus que dans d’autres milieux, peutêtre même moins. Je n’ai pas vu de mecs se piquer ou prendre du viagra en tous les cas ! Je pense que cela peut exister aussi, mais la pornographie en France n’est pas du tout la même qu’ailleurs, elle est plus petite qu’à Budapest, par exemple. Il y a donc beaucoup moins de dérives. Et il y a des lois aussi. On est obligés de travailler avec des préservatifs. Moi j’ai refusé des tournages à l’étranger où la capote n’était pas obligatoire parce que je n’ai pas envie de véhiculer des pratiques à risques auprès d’un public! Après, effectivement, il y a aussi parfois des soucis. Ce que je n’aime pas en France dans la pornographie, c’est qu’il y a trop de filles sur le marché professionnel. Nous sommes donc toutes en concurrence, donc exploitées comme sur certains salons où nous signons des autographes et prenons des photos pendant 48h sans être rémunérées. C’est la
« Beaucoup ont l’impression que nous sommes des nymphomanes, qu’on se ballade sans petite culotte dans la rue »
même chose sur les magazines (interviews, posters…) ou nous ne sommes pas payées. LITW : Se lancer dans le X aujourd’hui, est-ce un moyen comme un autre de gagner de l’argent ? R. : Ce n’est clairement pas un moyen de gagner de l’argent. Ca l’a été pour certaines filles (Raphaella Anderson, Corlie trinie) il y a 5 ou 6 ans. Nous sommes en fait payées à la scène comme un forfait. Par exemple, si nous faisons une fellation ou une vaginale, ce sera moins payé qu’une sodomie ou qu’une double. Nous sommes payées de 200 euros à –très rarement- 500 euros. Finalement, pour deux scènes par mois, on ne peut gagner sa vie. Il faut avoir un petit boulot à coté, et aimer ca. LITW : As-tu déjà été dégoûtée ? R. : Je n’ai jamais été dégoutée. Je suis globalement tombée sur des mecs agréables, et je n’ai pas de problèmes au niveau des filles. Par contre, j’ai déjà été en difficulté, notamment sur certaines sodomies. Je n’étais pas forcément à l’aise au début. Après, tout dépend du réalisateur, soit il passe, soit il insiste, ce qui n’est pas toujours drôle. LITW : Finalement, une actrice porno prendelle du plaisir ? R. : Moi j’en ai pris, oui, j’ai aussi simulé bien sûr (rires) ! Il y en a beaucoup qui simulent c’est vrai. En fait tout dépend de la complicité que nous avons avec le partenaire et de la scène que nous tournons. J’ai fait par exemple une scène ou on m’introduisait un balais en annal car je jouais le rôle de Cendrillon…j’en garde un très mauvais souvenir. J’ai aussi découvert des pratiques sexuelles pendant les tournages où j’ai vraiment pris mon pied.
« Une actrice porno achète sa baguette de pain comme tout le monde sans se la mettre pour autant »
LITW : Ta vie sentimentale a-t-elle pris un coup ? R. : Oui. Un énorme. Quand j’ai commencé, j’étais avec un mec qui, quand il l’a appris, m’a jeté. Ensuite, il y a eu les profiteurs qui savaient que j’étais actrice porno et qui se la pétaient auprès de leurs potes « t’as vu, je sors avec une actrice porno, t’imagine même pas comment ça se passe à la maison… ». J’étais un peu un objet qu’on présentait en soirée. Depuis le mois de mai dernier, je suis avec un acteur porno. Tout se passe beaucoup mieux, car nous comprenons que le porno est un travail, nous le séparons de notre vie intime. LITW : Quels conseils donnerais-tu à une fille qui se lance dans le milieux du X R. : Ne surtout pas faire confiance à un prétendu « agent » sur internet. On n’a pas besoin d’un agent en France. Ensuite, travailler dans un milieu professionnel. C’est très facile d’appeler un magazine spécialisé qui va vous recentrer vers des productions et vers des castings. Surtout, ne pas le faire en amateur, car vous n’avez pas les garanties, vous pouvez tomber sur n’importe qui. LITW : Quel regard porte la société sur une actrice porno ? R. : J’ai eu de tout ! Dans mon entourage, la nouvelle est plutôt bien passé. Sinon, j’ai eu des mails insultants type « vous êtes une malade, une nymphomane… » Beaucoup ont l’impression que nous sommes des nymphomanes, qu’on se ballade sans petite culotte dans la rue. Arrêtons les clichés ! Nous allons acheter notre baguette de pain comme tout le monde sans se la mettre pour autant ! Les gens ont parfois l’impression que
nous sautons sur tout ce qui bouge. Nous avons aussi des fans, des gens subjugués par le fait que nous montrons l’acte. LITW : A la Sorbonne, le savent-ils ? R. : Oui, je l’ai dit à mon prof de thèse. Comme la Sorbonne est une fac réputée, je ne voulais pas qu’il ait des retombées plus tard. Il en a fait plutôt un jeu, il a accepté de répondre à des journalistes. Il distribue même mes interviews en cours ! Par contre, je sais que dans l’administratif, le fait que nous parlions de la Sorbonne sous cet angle-là n’est pas forcément bien vu. On verra si ils acceptent mon inscription cette semaine (rires) ! LITW : Est-ce dur de concilier ton boulot avec tes études ? R. : Non, c’était plutôt drôle au début quand les autres étudiants l’ont su. Quand j’ai commencé j’étais en Master 1. Je suis maintenant inscrite en thèse d’études cinématographiques. En plus de ma thèse, j’ai été admise en licence de « Mise en œuvre et conception de projets culturels », à l’université du Man. LITW : Tu arrêtes le X, quels sont tes nouveaux projets ? Avec mon ami, nous travaillons sur l’écriture d’un scénario pornographique. Le deuxième projet est un projet d’écrits. Je travail en effet pour un site internet spécialisé dans la pornographie (articles et interviews). Je suis aussi en contact avec un magazine papier actuellement qui me proposerai des micros trottoirs ou les courriers du cœur. Je vais aussi travailler dans une association. Propos recueillis par Louis Villers et Alice Beauquesne Photos : Michel Janvier
Ma rencontre avec le sous-commandant Marcos
Textes et photos : Nicolas Combalbert
Le grand Emiliano Zapata veille sur les enfants... tout un symbole...
Ami lecteur, vous êtes sur un territoire zapatiste en rébellion : ici le peuple commande et le gouvernement obéit
L'école primaire, une explosion de couleurs
El Subcomandante parle..
La cérémonie d'ouverture, avec ses consonances militaires, est le seul signe du passé de guérilla armée. Mais très vite, les musiciens zapatistes font oublier tout ça...
Les musiciens aussi sont zapatistes
Le temps consacré aux questions s'est écoulé...
Collection EZLN Printemps-été 2007, le passe montagne reste indémodable San Cristobal de las Casas. Chiapas. Mexique. 19 juillet 2007. 5h45. Ca y est, j’y suis. Après une journée de minibus, militaires, frontière, bateau, reminibus, re-militaires, rater de dix minutes la ligne pour Mexico tient du destin... Ce sera donc San Cristobal, les zapatistes, et cet étudiant qui vient de me proposer un toit. Ce soir, le sous commandant Marcos fait une conférence de presse dans la ville. Ni le taxi, ni ses collègues, ni les habitants ne savent où elle se déroule, mais tout le monde en a entendu parler. C’est déjà ça. Après quatre voies sans issues, huit demi-tours, cent quarante cinq blasphèmes, nous arrivons enfin… Et dire que la vraie réunion aura lieu quelque part dans les montagnes, à deux heures de route… Ca promet.
Oventic. 20 juillet 2007. Depuis l’aube, des colectivos (minibus) bondés affluent dans ce petit coin perdu dans les collines. Point de campagne médiatique classique, le bouche à oreille ainsi que les relais associatifs ont suffi à propager l’information : la « seconde rencontre des peuples
zapatistes avec les peuples du monde » aurait bien lieu, du 20 au 28 juillet, organisée par l’Armée Zapatiste de Libération Nationale (EZLN) du sous commandant Marcos. Deux raisons à cela : tout d’abord, dresser un bilan des avancées de l’autonomie pour les médias du monde entier, et, par la même occasion, lancer à appel à contribution aux supports financiers du mouvement. Il faut dire que depuis le soulèvement armé de 1994, lorsque l’EZLN s’est révélée, les choses ont quelque peu changé…
L’EZLN s’est constituée en secret de 1983 à 1994, réunissant armes et soutiens dans la population du Chiapas. Il faut savoir que le Chiapas est l’Etat le plus pauvre du Mexique, 50% de sa population vit sous le seuil de pauvreté. La majorité est d’origine indigène. Le mouvement zapatiste est donc une revendication autonomiste et identitaire.
Le 1er janvier 1994, alors que le Mexique entre dans l’Accord de Libre Echange Nord Américain (ALENA), le monde découvre un étrange guérillero caché derrière un passe montagne et une pipe. Porté par son verbe et par tout l’imaginaire que véhicule l’Amérique latine, il devient rapidement le nouveau Che. L’intérêt médiatique retombe à partir de 2001, lorsqu’il abandonne peu à peu la lutte armée, inefficace et coûteuse en vies humaines (provoquant assassinats et représailles envers la population), pour une voie plus pacifique. C’est donc par des actions comme la « Otra campaña », une tournée en moto à travers le pays lors de la campagne électorale de 2006, qu’il entend peser sur le débat politique. Tout en refusant de rentrer dans le processus électoral.
Arrivé au Mexique avec mon idéalisme d’occidental, je déchante un peu… Diana, une indienne ayant travaillé dans des communautés indigènes ne mâche pas ses mots : « Vous, les gringos vous arrivez avec vos idéaux « Marcos est génial, il est pacifique etc… » sauf que les paramilitaires continuent de tuer ici, et maintenant qu’il a déposé les armes, il nous défend avec quoi, sa plume ?! ». Sur place, ce fossé est encore plus présent. La
rencontre a lieu dans un Caracol, un village autonome, autogéré par une « junte de bon gouvernement » (qui n’a rien de militaire). Une rue principale, quelques bâtisses sommaires, les infrastructures essentielles : école, dispensaire, cantine… Les habitants nous regardent à travers leur cagoule ou leur foulard, impassibles. Pas très liants, on les comprend. Qu’est-ce qu’on fait là ? Nous, c’est-à-dire les sympathisants altermondialistes, journalistes ou simples curieux venus ici. Des curieux… Une sensation étrange monte, celle d’être en trop ici, pourquoi leur imposer notre présence ? La solidarité a ses contradictions. Bien vite levées d’ailleurs. Dès le soir même. La cérémonie d’ouverture officielle terminée, les musiciens zapatistes arrivent, et tout le monde danse au rythme lancinant de la cumbia. La magie prend finalement, quand on se rend compte qu’on est perdu dans les montagnes mexicaines, avec des gens que jamais on n’aurait pensé rencontrer.
Pendant deux jours, des intervenants se relaient lors de tables rondes sur des thèmes variés : la place des femmes, la santé, l’éducation, la réalisation politique de l’autonomie… On écoute, on prend des notes. Mais celui que tous sont venus voir, c’est Marcos. Il prend la parole, et le silence se fait, quasi religieux. D’une voix calme de conteur, il évoque les luttes passées des indiens Yaquis puis celles, plus actuelles, du Chiapas et de Oaxaca. Le public est subjugué. A ce moment précis, il pourrait me vendre n’importe quoi, j’achèterais… Ce que je fis quelques minutes plus tard. Les sympathisants/commerçants venus de la capitale : « Oui, on reverse les fonds à l’EZLN, je t’assure »… on veut bien y croire… L’EZLN fait vendre…
Il faut partir maintenant, le bus arrive et les questions affluent. Qu’est-ce que nous, occidentaux au niveau de vie cent fois supérieur, leur avons apporté ? Est-ce que cela changera quelque chose ? Et finalement, le veulent-ils vraiment, ou était-ce simplement une grande campagne de com’ ? Reste une certitude : celle d’avoir entrevu un monde qui, sans cela, serait resté oublié, aux marges de la mondialisation. C’est d’ailleurs leur slogan : « nunca mas un mundo sin nosotros », plus jamais un monde sans nous.
raiment très novateur comme concept. Bravo !Corine S. J'ai beaucoup aimé ce premier numéro. Merci ! Basile S. Très bonne continuation à toute l'équipe. Lucas. Il manquait ce type d’information sur internet. Lucie. Enfin du vrai journalisme ! Philou. Franchement je suis étonné par la qualité du site, c’est vraiment bluffant… Alex. Bravo à vous tous et vive Linterview ! Stéphanie. Merci pour ce journalisme de qualité qui manque tant à internet aujourd’hui. Keziah. Le résultat est meilleur encore que ce que j’avais imaginé. Philippine. Continuez ce travail. Jean-Marc. Je suivrai votre site avec intérêt. Luc. L’avantage d’être jeune, c’est qu’on peut tout demander, même aux ministres ! La Sorbonne. Pour un premier journal, c’est impressionnant ! Guillaume. Un ministre pour un premier numéro, on a vu pire… G. J. Continuez sur la différence, sur l’Info autrement, c’est très bon. Jean. Très bon article, Rare de voir des si belles enquêtes dans les journaux étudiants. M.A. Effectivement, une autre vision de la jeunesse… Chloé. Magnifique ce reportage ! Vraiment ! Bravo ! Photoman. Normalement on ne voit ce genre de trucs que dans des mags du type Le Monde 2 ou XXI! Pierre. Démarche intéressante. Michael. Comment fait-on pour vous rejoindre ? Caroline. Merci. Adelaïde. J’i
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Hommes en jupe Par Dominique Moreau
« Nous atténuons la pression sociale exercée sur les hommes du point de vue vestimentaire »
LINTERVIEW.fr : Comment vous est venue l’idée de créer l’association « Hommes en Jupes ». Dominique Moreau : L’idée est née grâce à internet. En effet, dans les années 2000 est né un forum dans lequel des hommes ont exprimé le besoin et l’idée de créer une association pour casser le tabou, casser les préjugés et faire avancer le droit vestimentaire des hommes. L’association a donc pour but de promouvoir le port de la jupe pour plus de liberté, de diversité. Il est monotone et même stupide de devoir porter le pantalon tout au long de sa vie d’homme. Nous avons donc essayé d’atténuer la pression sociale exercée sur les hommes du point de vue vestimentaire, qu’elle vienne de la conjointe, de la famille, du milieu professionnel, et secondairement du voisinage. Nous voulons éviter le « Qu’en dira-t-on.
« Nous ne revendiquons pas un homme féminin. Nous pensons que les clivages hommes/femmes sont artificiels, les femmes l’ont d’ailleurs prouvé en s’accaparant le jean. Une femme qui porte un jean devient-elle un homme ? Pourquoi un homme qui porte une jupe deviendrait-il une femme ? »
LITW : Pensez vous au coté pratique et esthétique?
D. M. : Oui, bien sûr. D’un point de vue pratique, la jupe nous procure une légèreté, une certaine aisance, un contact avec son corps que nous n’avons pas avec le pantalon. Dans ce dernier, les membres sont isolés les uns les autres, dans une matière rugueuse, alors qu’avec la jupe, c’est léger, flottant. Le pantalon est plus pratique, c’est vrai, mais la jupe est plus agréable. D’ailleurs, si on met une jupe courte, on peut faire un certain nombre de choses finalement.
Esthétiquement parlant, par rapport au pantalon, la jupe ne donne pas de silhouette ferme et élancée, encore qu’avec une jupe courte, on peut avoir quelque chose de dynamique. Inversement, la notion du « beau » évolue avec le temps, ce qui est considéré comme tel peut varier. Pour la société, un homme en jupe ne peut pas être beau. Nous pensons que si, la jupe peut donner de la sensualité, voir du romantisme que le pantalon ne le peut. Le pantalon est strict et fonctionnel. Je suis persuadé qu’il existe une esthétique du port de la jupe chez l’home. Bien sûr, il faut suivre certains conseils. Pour la matière, il ne faut pas en prendre de trop soyeuses, pour la forme il ne faut pas prendre une jupe trop évasée, ni de jupes a volant. Pour le coloris, ne pas prendre de couleurs trop tendres pour commencer et pour les motifs privilégier des motifs dynamiques, plus anguleux (éviter les fleurs).
LITW : Votre démarche peut-elle s’apparenter au Cross Dressing (mélanger les genres vestimentaires des hommes et des femmes) ? D. M. : Ce n’est pas notre idée. Nous ne revendiquons pas un homme féminin. Nous pensons que les clivages hommes/femmes sont artificiels, les femmes l’ont d’ailleurs prouvé en s’accaparant le jean. Une femme qui porte un jean devient-elle un homme ? Pourquoi un homme qui porte une jupe deviendrait-il une femme ? Pour nous, porter une jupe, c’est avancer dans l’humanité. Nous voulons que l’homme ne soit plus uniquement fonctionnel et qui ait droit à une sensibilité
corporelle, qui ait droit à une sensualité. Pendant des sicles, les hommes ont porté des jupes, des robes (moyen-âge, antiquité). Aujourd’hui encore, des dizaines de millions d’hommes, en Asie du sud notamment portent des jupes. Notre mouvement est juste un retour à la normale, une aspiration à plus d’humanité. Nous ne sommes pas du tout dans l’optique de nous féminiser, nous ne voulons pas d’un homme androgyne. Nous revendiquons notre liberté vestimentaire tout en voulant garder notre masculinité LITW : Quel message voulez vous faire passer aux jeunes ? D. M. : Ce n’est pas parce que nous portons un pantalon que nous sommes un homme. Le pantalon ne fait pas l’homme. Ce qui fait l’homme, c’est son physique. Il faut aller au delà des clivages qu’une société veut imposer. Il faut aller au delà des préjugés, il faut prendre le temps de réfléchir. Il ne faut pas nier le passé vestimentaire masculin et prendre le temps d’aller vers l’autre pour mieux connaître sa démarche, sa motivation, qui il est. Encore un message : le sexisme n’est pas à sens unique. Les hommes sont aussi victimes du sexisme et de la discrimination, nous considérons que nous en sommes victimes. Si on interdisait aux femmes de porter le pantalon, cela ferait un tollé extraordinaire. Ce que nous revendiquons est une abolition du sexisme et de la discrimination pour plus d’humanité. Nous voulons une nouvelle conception du masculin. Les hommes d’aujourd’hui ne doivent plus refouler leur part de féminité. Autrefois un homme ne pouvait pas chanter, danser, ne pouvait pas s’habiller en rose (considéré sinon come un homosexuel ou une femme). Il faut arrêter d’avoir peur de soit, et pour les femmes d’avoir peur des autres. Que les hommes assument pleinement leurs inspirations. Il faut aussi que les femmes cessent de vouloir un homme qui soit un « super mec », donc insensible. Il faut qu’elles arrêtent de concevoir les hommes comme des êtres complètements étrangers à ce qu’elles peuvent ressentir. Dire aussi aux jeunes femmes que les hommes ont accepté que les femmes évoluent, qu’ils ont accepté quelles s’approprient cératines activités masculines (et vêtements) et qu’elles nous renvoient la balle en acceptant les hommes tes qu’ils sont, et qu’elles n’exigent pas d’eux qu’ils soient des concepts sociaux complètement déconnectés du naturel. Propos recueillis par Alice Beauquesne Photos : Alice Beauquesne
« Si on interdisait aux femmes de porter le pantalon, cela ferait un tollé extraordinaire »
Jean-Dominique
Olharan LINTERVIW.fr : Avec un père professionnel que tu as suivi gamin et tes premières pelotes que tu touches à 3 ans, nous pouvons dire que ta destinée de pelotari était tracée? Jean-Dominique Olharan : Dès que je l'ai pu, j'ai commencé à suivre mon père partout où il jouait. Et dès qu'il arrêtait, je lui prenais son gant. Mais il ne m'a jamais poussé à jouer. Il m'a laissé faire, comme je voulais. Pour que j’aie un gant à ma taille, on m'en a fait faire un sur mesure que j'ai bien usé de 4 à 6 ans dans tous les frontons de France. J'ai tout appris de lui, sans qu'il me l'enseigne, mais en le regardant jouer, à toutes ses parties. En fait j'ai commencé la pelote pour faire "comme papa". LITW : Quelle est la place de la pelote dans ta vie? J. D. O. : La pelote, en plus d'être une passion est un grand plaisir, elle devient aussi un objectif. Tout mon programme de la semaine est aménagé en fonction d’elle. De toute façon, je pense que sans pelote je n'arriverai pas à tenir très longtemps. Au bout d'un moment, il faut que je joue, c'est dans la tête. LITW : Est-ce difficile de concilier tes études avec le haut niveau? J. D. O. : C'est assez difficile. Le fait d'avoir des entraînements toute la semaine et plusieurs parties le week-end me laisse peu de temps pour le reste. Cela implique de travailler tous les soirs jusqu'à très tard. Mais je n'ai jamais eu de problèmes dans mes études, c'est important pour moi de pouvoir les associer au sport. Les études sont une sécurité pour tout de suite et une obligation pour plus tard. D'abord parce que l’on est sûr de rien. Il suffit d'une blessure... Et ensuite parce qu'une carrière de sportif n'est pas éternelle. Les études c'est important, ne serait-ce que dans le cas où on a plus envie de jouer. Et même en jouant, c'est bien de s'aérer la tête, de ne pas penser qu'à ça toute la journée.
Champion de pelote Basque
LITW : A quel moment tu as pensé à devenir pro? J. D. O. : Depuis tout petit. Depuis que j'ai 3 ans je dis à qui veut l'entendre que je jouerai à Miami. Je crois même que je comptais arrêter l'école au CM2 pour y partir (rires). LITW : Pourquoi Miami? J. D. O. : Pour la plage et le soleil, c'est le rêve! (rires). Non sérieusement, Miami est le meilleur endroit au monde pour les professionnels de la cesta-punta. Pour son Jaï-Alaï de 10 000 places par exemple... LITW : Et à quel moment tu as senti que c'était possible ? J. D. O. : Quand on m'a dit que je ferai le championnat en Élite l'année dernière. Là j'ai compris que c'était le plus haut niveau, et que si j'arrivais à m'en sortir, alors je pourrai partir aux États-Unis. LITW : Quel est ton meilleur souvenir de pelotari? J. D. O. : Mon meilleur souvenir? C'est de m'être entraîné tout un été avec un des meilleurs professionnels français (ndlr: Pierre Etchalus, champion du monde de cesta-punta). C'était comme un rêve. Imaginez Zidane qui s'entraîne tout seul avec un jeune footballeur pendant 3 mois! J’ai énormément appris cet été là, c’était une expérience incroyable. LITW : Aucun regret? Aucune déception? J. D. O. : Les déceptions, les défaites... Tout cela fait partie du sport. Même dans le haut niveau, il faut savoir les accepter et prendre tout ça avec le sourire. Il n’y a pas de pire souvenir. La pelote c'est une passion, donc tout ce que je vis, c'est du plaisir. LITW : La saison en Élite, tu l'attendais? Tu l’as vécue comme une récompense ou tu pensais quand même être surclassé en senior?
J. D. O. : Je pensais jouer en Élite même en étant junior. J'aurai même dû commencer l'année d’avant, mais ça n'avait pas pu se faire. Ce que je n'attendais pas par contre, c’était de réaliser une saison aussi incroyable, aller aussi loin dans la compétition, gagner des parties où l'on pensait même pas faire 20 (ndlr: « faire 20 » = marquer 20 points. Une partie de cesta-punta se joue en 35 points). Ce sont des sensations bizarres, tu ne comprends pas comment c’est possible, comment tu peux les battre, jouer à leur niveau. LITW : Faire mieux qu’un titre et une finale, c’est plus que « bien figurer », non? J. D. O. : Bon d’accord, c’est deux titres! (rires) Évidemment on rêve de revivre les mêmes choses que l’année dernière. Mais il va falloir travailler très dur. LITW : Et à plus long terme, quels sont tes objectifs? J. D. O. : A plus long terme, c'est d’être sélectionné en équipe de France pour la coupe du monde 2009 aux Philippines, à Manille. Ensuite, je viserai les championnats du monde 2010 à Pau. LITW : Justement, puisque tu parles de ces championnats du monde en France, je crois t’avoir reconnu sur l’affiche officielle de la compétition. Je me trompe? J. D. O. : Ah oui c’est moi! Je ne le savais même pas! Je penses que le fait que je joue à Pau et que c’est là-bas que se déroule la compétition y est pour beaucoup. Honnêtement, c’est sympa, mais les championnats du monde, je préfère les faire qu’être sur l’affiche...
LITW : Comment expliques-tu que la pelote basque soit aussi peu médiatisée en France? J. D. O. : C'est avant tout parce que la télévision ne s'y intéresse pas. Si certaines parties était diffusée, ce sport serait mieux connu et donc mieux apprécié. On le voit pendant les JO: les gens s'intéressent énormément aux sports qu'ils n'ont pas l'habitude de voir. A Pau, depuis la construction du Jaï-Alaï, il y a de plus en plus de monde à chaque partie. Ça prouve que si on donne aux français la possibilité de voir de la pelote basque, ils répondront présent. LITW : Les championnats du monde 2010 pourraient donc être un tremplin médiatique pour la cesta-punta? Bien sur! C'est même le but. Le fait que ces mondiaux se déroulent en France va permettre une médiatisation plus importante. LITW : Les autres grandes nations de la pelote basque ont-elles les mêmes problèmes? J. D. O. : Pas vraiment. En Espagne par exemple, c'est un sport très médiatisé. La télévision basque a beaucoup de moyens là-bas, ce qui lui a permis de couvrir beaucoup de rencontres et d'attirer du monde dans les parties. Aux États-unis c'est pareil. Les plus grands professionnels évoluent à Miami, le Jaï-Alaï compte10 000 places, et il est toujours plein! LITW : Une dernière question: le « petit prince de la pelote », ça vient d’où? J. D. O. : ... Joker! (rires). Plus sérieusement, c’est un journaliste m’avais appelé comme ça dans un article. Mes amis ont diffusé le mot, et c’est resté... malheureusement! Propos recueillis par William Buzy Photos : Xavier Ges et William Buzy
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Etats généraux de la presse jeune
Nous avons rencontré la sympathique équipe de Réplik à l'occasion de la dernière édition u festival Expresso en mai. Impossible pour LINTERVIEW.fr, journal alors en construction, de rivaliser avec ce poids lourd de la presse jeune. Magazine remarqué et remarquable de Chelles, bien que pourtant pas tout jeune (12 ans d'âge !), Réplik nous a frappé par la qualité de son graphisme, son ton alliant humour et acidité et son côté décalé. Bref un magazine un peu rebelle et désinvolte comme il en faut !
« Réplik n’a aucune ligne éditoriale » LINTERVIEW.fr : Bonjour, pourriez-vous vous présenter ? Basile : Je suis Basile de Réplik, étudiant en géographie, surveillant de lycée et musicien. Vu qu’il me reste quelques trous dans mon emploi du temps, tous les jeudi, je rejoins les membres du collectif Réplik pour ‘faire’ un magazine destiné aux 15/25 ans, j’y suis tour à tour rédacteur en chef, simple rédacteur, secrétaire de rédaction, et même pour certains numéros simplement touriste. Paradoxalement, je n’ai aucune envie de faire carrière dans le journalisme. Eléonore : Je suis rédactrice à Réplik depuis 2 ou 3 ans et je suis étudiante en journalisme. LITW : Qu’est-ce que c’est Réplik ? B. : Réplik est un projet né il y a 12 années de ça, à l’initiative de la mairie de Chelles (77). Ce projet consistait à faire sortir la presse lycéenne des murs des établissements de la ville et proposer un journal à toute la jeunesse de Chelles et de ses environs. Le fonctionnement de ce journal était plutôt simple, réunir des gens intéressés par la presse, des graphistes, des photographes, des rédacteurs, de les laisser parler de ce dont ils avaient envie (interview, récit, diatribes, pamphlets …) et lorsque tout le monde était d’accord sur la maquette, celle-ci passait en mairie et allait se faire tirer chez l’imprimeur. Douze années après, Réplik c’est 40 parutions, une poignée de hors série, plus de 200 bénévoles
et une petite quinzaine de ‘Réplikants’ qui se réunissent chaque semaine. Des membres s’en vont, viennent, repartent et même parfois reviennent. C’est une sorte de ‘bac à sable’ journalistique, où théoriquement tout le monde peut dire ce qu’il veut, raconter sa vie, pousser une coup de gueule, dénoncer, faire rêver … à conditions de respecter la grammaire et le bon sens. Réplik n’a -donc- aucune ligne éditoriale, de plus le fait qu’au fil des années le ‘journal’ se transforme en ‘magazine’, on essaye de garder nos articles le plus intemporels possible, on reste dans un ‘bac à sable’, tout dépend de l’humeur ambiante, à chaque nouveau numéro on change de sujet. E. : La seule ligne éditoriale qu’on ait, le seul point commun entre les rédacteurs, c’est qu’on est de gauche. Mais on écrit rarement sur la politique. Pour les sujets, généralement, on se raconte nos vies jusqu’à tard dans la nuit jusqu’à ce que quelqu’un s’écrit : « Hé ! La provenance de la viande du kébab, ça pourrait faire un article ! » LITW : Une anecdote ? B. : Réplik est un très mauvais endroit pour serrer ! Personnellement je dirais que parfois on a de belles surprises mais de manière générale, si les gens veulent se faire des meufs, le journalisme c’est tout pourri, qu’il fassent plutôt grutier, maître nageur, ou publicitaire même, apparemment ça marche mieux ! J’ai une autre anecdote mais après on va dire qu’à Réplik on se la pète, mais
on a participé à deux éditions d’Expresso et les deux fois on est reparti les mains pleines de prix et de machines à café ! C’est juste que … enfin voilà quoi ! On a du bon café au local quoi … E. : Une anecdote racontable ? A chaque fois qu’on distribue Réplik dans les lycées, et que quelques jeunes gens ont l’air réfractaires, notre slogan c’est « Réplik, c’est vos impôts ! »
LITW : Comment vous financez-vous ? B. : Notre financement est assuré par la mairie elle-même. Chaque année, on nous donne le budget pour sortir 6 numéros et 1 hors série. On se sent un peu comme les petits bourgeois de la presse jeune française, mais on en est conscient tout le temps, on sait que certains ne peuvent pas se permettre d’être tirer à plus de 300 exp. tout en faisant payer leurs canards 50 centimes. Nous c’est gratuit et c’est tiré à 3'000 exemplaires. Les anciens Réplikants disent toujours aux nouveaux de considérer les cartons encore en stockage comme des lingots d’or… c’est pas faux, on est libre de dire ce qu’on veut, on ne paye rien pour ça, il n’y a pas de pubs, et en plus on distribue. C’est gratuit pour tout le monde !
« La presse jeune devrait être ce que Coluche était à la politique »
LITW : Pour vous le journalisme jeune qu’est-ce que c’est ? B. : Ce que devrait être le journalisme jeune à mon goût ? Pour moi en général c’est devenue une belle connerie. Une prostitution de l’information. La télévision remplit déjà ce rôle, elle est consensuelle, elle raconte ce que tout le monde a envie d’écouter. La presse jeune elle devrait être moins consensuelle elle aussi, à mon goût tout devrait être sarcastique, une presse comme ce que Coluche était à la politique un peu. Je veux dire par là un contrepoint extérieur, regarder ce monde et en rire : « allez-y tapez vous dessus, je vous regarde et je me marre bien ! ». Et puis être jeune c’est aussi être un peu rebelle, c’est con de dire ça, mais la presse jeune devrait oser ce qui ne se fait pas, oser le mauvais goût, le pastiche. Être désinvolte en fait ! E. : Je suis d’accord. Pour moi, le journalisme jeune devrait être bien plus énervé que celui de nos aînés, et surtout ne pas se prendre trop au sérieux. J’ai l’impression que les jeunes rédacteurs sont dans l’autocensure permanente ; leurs écrits sont souvent consensuels et essaient d’imiter les « vrais » médias… Mais on voit aussi de très bonnes choses sortir de la presse jeune, notamment dans le fanzinat. Plus d’informations : http://reclik.info/ Propos recueillis par Alexandre Marchand
Maria Martin Guitierrez E t u d i a n t e
LINTERVIEW.fr : Peux-tu nous expliquer qui tu es ? Maria Martin Gutierrez : Je m'appelle María, j'ai 18 ans et suis espagnole. J'habite à Madrid et étudie les sciences économiques à l'université Complutense de Madrid. Je suis venu plusieurs fois en France à la suite de divers partenariats avec d’autres étudiants. LITW : Peux-tu nous expliquer en quoi le système des études espagnol est différents du modèle français ? M. M.G. : En Espagne, on commence par la "escuela infantil" (la maternelle) à partir de l’age de 3 ans et pour une durée de 3 ans. . Après en rentre à la "escuela primaria" (primaire) qui dure 6 ans, et ensuite on passe à la "escuela secundaria" qui dure 4 ans. Les études sont obligatoires jusqu’à ce niveau là. Après nous pouvons continuer nos études, passer 2 ans de "bachillerato" et après passer un examen, "la selectividad", pour avoir accès a l'université. Comme en France, on peut choisir entre une éducation publique, gratuite, et un éducation privée. LITW : Aujourd’hui quelle est ta vie étudiante ? M. M.G. : L'université Complutense de Madrid est la plus grande d'Espagne et reste la plus ancienne de la capitale. Elle nous offre une grande variété d'études. On a des matières annuelles et d'autres que l’on étudie uniquement durant certains semestres. On travail environ 5 ou 6 heures par jour pendant les 2 premières années mais on travaille dans des entreprises, en alternance, tous les matins. Ici les études universitaires durent entre 5 et 6 ans. Il existe aussi des "diplomaturas" que durent 3 ans et des cours de " formación
e s p a g n o l e
profesional" pendant 1 ou 2 ans. LITW : Que faudrait-il changer dans le système universitaire espagnol? M. M.G. : En faite le système universitaire espagnol est en train de changer. Il y a quelques universités qui commencent à adopter le système européen, "el plan Bolonia". Cela va apporter plusieurs points positifs puisque c'est un enseignement unifié pour toute l'Union Européenne et que l'apprentissage des langues sera obligatoire. De plus, la relation entre les professeurs et les élèves sera renforcée. Mais il y a eu des problèmes pour les élèves qui avaient déjà commencé leurs études puisque certains ont préféré redoubler pour pouvoir profiter de la réforme. LITW : Pour le futur, penses-tu qu’il est facile de s’insérer dans la vie professionnelle en Espagne ? M. M.G. : En Espagne, c’est un peu comme partout, ça dépend des études, de la fac où l’on a étudié mais également de la note finale que l’on obtient. Pour ce qui est de notre emploi, on trouve généralement du travail dans les entreprises dans lesquelles nous faisons nos stages. Mais la plupart du temps, après avoir terminé les études, nous faisons un master pour se spécialiser dans une matière déterminée. Moi, par exemple, quand j'aurais finis mes études, j'aimerais faire un master sur la Bourse et l'activité financière. Propos recueillis par Baptiste Gapenne
 
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