Modus Operandi Lire la ville 8 commentaires de partenaires
2 COMMENTAIRES DE PARTENAIRES
de LIRE LA VILLE (VIII)
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Benoît Noël, Assistant social au service d’addictologie de l’hôpital psychiatrique de Montperrin, Aix-en-Provence
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otre service comprend deux psychiatres PH, un psychologue, des infirmiers et deux travailleurs sociaux. Cela fait plusieurs années que nous adressons des personnes à Lire la ville, une quinzaine ou un peu plus de patients toxicomanes, tous concernées par le VIH et le VHC. Et cela fait un moment que nous souhaitons vous communiquer les effets cliniques que nous constatons, nous aimerions même faire un écrit là-dessus. Voici en bref et dans le désordre, ce que nous constatons chez ces personnes. - Pour nous, nous ne savons pas comment, mais au niveau de la santé, « ça opère ». Ce que dit l’un des deux psychiatres en chef, c’est : « Je ne comprends pas comment ça marche, mais c'est génial, on y va ! » - En particulier, il y a un changement qui se produit dans le rapport de ces patients à l'écrit. Pour eux, cela devient plus facile, plus simple d’écrire une lettre, de se présenter, de demander quelque chose à une administration, ou simplement de nous laisser un Post it. Et à nos yeux, c’est spécialement important dans leur cas, parce que l'écriture c’est une trace autre que la piqûre. - Chez ceux qui reviennent de Lire la ville, nous voyons nettement remonter leur estime de soi. - Nous voyons accéder à un emploi des gens pour qui nous n'aurions jamais imaginé que cela soit possible. - Il y a un espace du possible qui s'ouvre à nouveau. Par exemple, en addictologie, les patients refusent assez systématiquement de consulter le psychologue. Ce que nous avons pu remarquer, c'est que 100% de ceux qui passent par Lire la ville demandent à le rencontrer ; et pour certains cela faisait 8 ou 9 ans qu'ils refusaient toute démarche en ce sens. 3
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Au début nous pensions nécessaire de sélectionner les personnes, si bien que nous n'adressions à Lire la ville que ceux que nous estimions proches de l'emploi. Mais, à l'expérience, nous avons renversé notre point de vue : nous envoyons à Lire la ville les gens les plus cassés, les plus déglingués. Le sentiment que nous avons du travail fait à Lire la ville, c'est que cela pose les choses. Un autre point important c'est que, pour eux, il n'y a pas d'échec possible : Lire la ville est un lieu où on ne leur demande rien, où l'on n'attend rien d'eux. Si cela ne donne rien, au pire il y aura eu quelques pages écrites. Le récit est un objet, et au minimum il y a ça. Lire la ville est un véritable espace de liberté et nous avons toujours évité le contact avec Lire la ville afin de préserver cette liberté pour eux. On suit ça de loin, à travers ce qu'on en voit et ce qu'ils nous en disent. « Là-bas, on ne me demande rien et si ça se trouve je vais pouvoir sortir avec un livre ! » Quelques fois, au milieu du gué, ils passent par une période de doute et viennent me voir : « Tu crois que ça va aboutir à un travail ? » Et puis, dans la plupart des cas, à la fin, ils me tendent leur récit « Tiens : le livre ! » Alors à un moment je deviens lecteur de ce qui est écrit et, quand je lis ça, ma place de travailleur social se trouve complètement déplacée, subvertie. À la lecture, le premier sentiment, c'est la surprise. Ce que j'apprécie particulièrement, c'est que le texte me donne le temps de m'approprier l'univers de quelqu'un, le temps d'entendre, de comprendre. Ce que j'apprécie aussi beaucoup c'est comment cela a pu être écrit dans la retenue. Et puis, bien sûr de voir les compétences plutôt que les failles mais aussi, comment la plainte apparaît peu, comment elle est, elle aussi, retenue.
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Nadine PIOT , de l’association HAS (Habitat Alternatif Social) à Marseille
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our les personnes qui sont accompagnées par Lire la ville, avant tout, je crois que la chose la plus importante que je remarque, c'est la valorisation. Je vois des personnes qui ont une énergie nouvelle pour aller vers la construction. Ça se traduit aussi physiquement par une attention nouvelle à soi, une réelle transformation et une assurance. Les personnes sont en mesure de se sentir à l'aise dans un projet et de l'assumer, ce qui leur permet de se présenter sous un autre jour et de mettre en valeur leur parcours de vie. Il y a une attitude vis à vis des autres et de soi-même qui change. En amont, faire le pas vers cet accompagnement à Lire la ville a parfois été difficile pour les personnes parce qu'il s'agit de faire confiance, de se lancer dans un travail inhabituel et qui oblige à se regarder autrement. Pour ces personnes, c'est une réelle aventure. Elles découvrent quelque chose qu'elles n'auraient jamais pensé faire, parce qu'il s'agit d'accepter de parler de soi. Mais le fait que ça soit en dehors d'une démarche thérapeutique, ça leur donne justement une ouverture et ça rend possible cette confiance et ce travail. Je vois la méthode de Lire la ville comme une démarche de dignité et je la trouve tout à fait originale. Cette idée, il fallait l'avoir ! On n'est pas dans la thérapie mais dans quelque chose de très concret qui, dans cette posture de non jugement qu'est celle de Lire la Ville, permet aux personnes de découvrir de manière sensible leur potentiel et de le réutiliser. La personne est prise en compte de manière humaine et sans les barrières du jugement. Cette démarche très noble, au service des exclus, leur donne une place belle et juste. Le fond est là : ce support leur permet de se reconstruire à partir de leur propre chemin. C'est un œil, une façon de voir l'autre qui est plus que de la générosité et ça marche, ça 5
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produit quelque chose d'énorme, une belle opportunité pour les gens qui vivent cette expérience. C'est un vrai plus pour eux qui découvrent qu'ils peuvent se positionner dans ce monde. À Lire la ville, on part de la personne pour aller vers la société et pas l'inverse. Dans le secteur de la réinsertion professionnelle, c'est une démarche totalement innovante qui, si elle n'existait pas, laisserait un vide. Dans un CV normal (normé), le parcours de vie n'est pas pris en compte contrairement à Lire la ville. Cette différence fait que c’est une démarche formidable.
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Voir aussi : http://issuu.com/lirelaville/docs/precaritetoxicomanie ; http://www.lalettredelamildt.fr/uploadedfiles/file/newsletter/mars-2011-n-45/synth-se-sminaire-de-rennes_21.10.10.pdf, p. 6-9.
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