TLmag 23

Page 1

www.tlmagazine.com

23

France: 12,50€ BE/LUX/ES/GR/IT/NL/Port Cont: 12,50€ AU/DE: 15,00€; GB: £10,00 Suisse: CHF 15,00 US: $ 15; Canada: CA$ 20 HK: HKD 110; Taïwan: NT$ 430 China: CNY 110; Singapore: SGD 20 Japan: ¥ 1700; Brazil: REAL 45

ISSN 2031 8316 / X P47002

Printemps-été / Spring-Summer 2015 Juin / June 2015

M 05934 - 23H - F: 12,50 E - AL

3’:HIKPTD=YVWZU^:?a@k@c@d@p";

True Living of Art & Design

peopl e Paola Antonelli George Beylerian Michael Bierut Dan Flavin Eva Franch Diane von Furstenberg Joseph Grima

Cara McCarty Marie-Josée Lacroix Luis Laplace Chahan Minassian Dennis Oppenheim Jackson Pollock Larry Rivers

Americas All That Jazz

Stefan Sagmeister David Salle Andres Serrano Robert Wilson Pierre Yovanovitch Zanini de Zanine

p lac es Revisiting Artists Studios in the Hamptons, Havana, Los Angeles, Montreal, New York, Rio de Janeiro


À couper le souffle. Nouvelle Audi TTS Roadster. Relevez le défi.

Volkswagen Group France S.A. au capital de 7 750 000 € – 11 avenue de Boursonne Villers-Cotterêts – RCS Soissons B 602 025 538. Audi recommande Castrol EDGE Professional. Vorsprung durch Technik = L’avance par la technologie. Gamme Audi TT : consommation en cycle mixte (l/100 km) : 4,2 - 7,5. Rejets de CO2 (g/km) : 110 - 173.


TLmag 23

A ge n da

TLmag 23

22

A gen d a

23

Glass is Tomorrow Book x Stockholm Nationalmuseum

Sélection de la rédaction de TLmag / Selection by TLmag editors

Editions Pro Materia / Archibooks Stockholm, Suède / Sweden 17/6 —> 23/8/2015 Au terme de neuf workshops co-financés par le programme Culture de l’Union européenne réunissant des designers et des souffleurs de verre dans des manufactures historiques à travers toute l’Europe, Glass is Tomorrow publie un ouvrage rétrospectif de 280 pages, en parallèle de son exposition itinérante qui vient s’installer tout l’été au National Museum Design / Kulturhuset de Stockholm. Concluding a European Union co-funded 9-workshop programme, bringing together designers and glassblowers in historical glassworks throughout Europe, Glass is Tomorrow releases a retrospective 280-page book. The full collection continues its exhibition run to Stockholm’s Nationalmuseum Design at Kulturhuset this summer.

Nucleo Ammann// Gallery, Cologne, Allemagne / Germany —> 31/6/2015 Après le succès de sa présentation dans le cadre du salon Collective Design qui s’est tenu à New York, Ammann// Gallery expose les dernieres pièces en date de Nucleo, un collectif de design de Turin. Exclusivement produites pour la galerie, ces nouvelles collections baptisées Stone Fossil et Metal Fossil seront présentées en juin à la galerie de Cologne aux côtés d’une série de mobiliers de toute beauté coulés dans de la résine. After a successful presentation at New York’s Collective Design Fair, Ammann// Gallery will showcase the latest works by Turin design collective Nucleo, exclusively produced for the gallery, at its Cologne home-base through June. These new editions – Stone Fossil and Metal Fossil – join an already viscerallystunning collection of resin-submerged furnishings. www.ammann-gallery.com

Glasstress 2015 Gotika Berengo Studio x Hermitage x Venice Art Biennale 2015, Venise, Italie / Venice, Italy 9/5 —> 22/11/2015

www.glassistomorrow.eu www.nationalmuseum.se

Design Parade 10

Reproducing Scholten & Baijings

Villa Noailles, Hyères, France 16 —> 21/6/2015

Editions Phaidon —> Sortie / Release: 2/2015

La Villa Noailles accueillera la 10e édition de Design Parade, qui présente les résultats d’une compétition hautement sélective fondée sur la remise de divers prix, dont celui des jeunes talents. La programmation proposera une exposition et des séries de débats auxquels seront conviés de célèbres designers, des pointures de l’industrie, des journalistes et le grand public. As the annual outcome of a highly selective competition – based on multiple awards – in which young talents are spotlighted, Villa Noailles hosts the 10th edition of Design Parade. The programme offers both an exhibition and discussion series; gathering well-known designers, industry heavyweights, journalists and the general public.

Le nouvel ouvrage de Phaidon, Reproducing Scholten & Baijings, puise dans le savoir-faire du design graphique du Néerlandais Joost Grotens et de la critique-auteure Louise Schouwenberg. Cette remarquable monographie de 352 pages décrit sept projets emblématiques qui ont forgé la carrière de l’illustre duo Scholten & Baijings, basé à Amsterdam. New Phaidon edition Reproducing Scholten & Baijings pulls in the know-how of Dutch graphic design of Joost Grotens and critic-cum-author Louise Schouwenberg. The stunning 352-page-thick monograph tracks seven iconic projects that have defined the career of seminal Amsterdam-based design duo Scholten & Baijings. www.scholtenbaijings.com de.phaidon.com

Le musée de l’Hermitage de Saint-Pétersbourg et studio Berengo ont uni leurs forces pour présenter Gotika, la dernière installation de Glasstress, à l’occasion de l’édition 2015 de la biennale d’art de Venise. Conjuguant des pièces historiques issues de l’immense collection du musée à de nouvelles œuvres, cette exposition prétend explorer le rôle de l’influence gothique sur le verre dans l’art contemporain. The State Hermitage Museum Saint Petersburg and Berengo Studio have teamed up to present Gotika – the latest installment of Glasstress – during this year’s Venice Art Biennale. Combining historical pieces from the museum’s vast collection with new works, the showcase looks to explore the role of gothic influences on contemporary glass art. www.glasstress.org www.berengo.com www.hermitagemuseum.org

www.villanoailles-hyeres.com

Les Belges Bozar x MAD Brussels « An Unexpected Fashion Story » Bruxelles, Belgique / Brussels, Belgium —> 10/9/2015

DesignMiami/ Basel Bâle, Suisse / Basel, Switzerland 16 —> 21/6/2015 Pour ses dix ans, Design Miami/ Basel affiche une impressionnante sélection des plus grandes galeries d’art et de design au monde. Au programme de l’édition de 2015, la nouvelle initiative Design Curio complétée par Design At Large, avec une sélection d’œuvres grands format réalisée par l’une des stars du monde de l’hospitalité, André Balazs. Celebrating its 10th Anniversary, Design Miami/ Basel returns with an impressive grouping of the world’s top art-design galleries. This year’s offering will be joined by the new Design Curio and Design At Large programmes, for which the star hotel entrepreneur André Balazs will curate a selection of large-scale works. www.designmiami.com

Jasper Morrison A Book of Things x « Thingness » CID Grand Hornu, Belgique / Belgium Editions Lars Müller —> 10/9/2015

Les termes « surréaliste », « avant-garde » et « explicite » sont tous trois utilisés pour décrire la mode belge de renommée internationale. Raf Simons, Martin Margiela, Jean-Paul Lespagnard et beaucoup d’autres sont la preuve que cette identité va bien au-delà du simple groupe des « Six d’Anvers ». Sur une scénographie signée Richard Venlet, le commissaire de l’exposition, Didier Vervaeren, mène une enquête attendue depuis longtemps. ‘Surrealistic’, ‘avant-garde’ and ‘explicit’ are all terms used to describe internationally recognized Belgian fashion. With Raf Simons, Martin Margiela, Jean-Paul Lespagnard and many others are all evidence of how this identity goes far beyond the staple Antwerp Six. Curator Didier Vervaeren makes a well-overdue survey with scenography by Richard Venlet.

La publication du dernier livre de Jasper Morrison, intitulé A Book of Things et édité par Lars Müller, est combinée à une exposition elle aussi rétrospective organisée en Belgique, au Centre d’Innovation et de Design (CID) au Grand-Hornu. L’ouvrage et l’exposition rendent tous deux hommage à l’approche « super normale » du designer britannique. The release of Jasper Morrison’s latest edition A Book of Things – published by Lars Müller – is echoed by an equally retrospective exhibition at Centre Innovation et Design (CID) Grand-Hornu in Belgium. Both publication and showcase pay homage to the British Designer’s ‘Super Normal’ approach.

www.bozar.be www.madbrussels.be TL # 23

www.jaspermorrison.com www.lars-mueller-publishers.com www.cid-grand-hornu.be

Calico Wallpaper x BCXSY Direction New York / Brooklyn Le papier peint Calico offrait une bouffée d’air frais au milieu de la folie ambiante de la semaine du design de Milan 2015. Inspirée par la NASA et développée en partenariat avec BCXSY (Boaz Cohen & Sayaka Yamamoto), cette collection a été choisie pour recouvrir les murs de l’annexe du deuxième étage de l’espace Rosanna Orlandi. Ce papier peint est conçu sur mesure et chaque mètre carré est unique. Through the madness of Milan Design Week 2015, Calico Wallpaper presented something of a breath of fresh air: their NASA-inspired wall-coverings line developed with BCXSY (Boaz Cohen & Sayaka Yamamoto) covered the second-floor annex at Rosanna Orlandi. Entirely bespoke, no two metres of wallpaper are repeated. www.bcxsy.com www.calicowallpaper.com

Fondazione Prada Milan, Italie / Italy —> à découvrir / To discover Au milieu de l’effervescence qui régnait à Milan, la Fondazione Prada flambant neuf a beaucoup fait parler d’elle. Cette distillerie rénovée par OMA – Rem Koolhaas et transformée en un complexe artistique héberge une grande partie de la collection de la fondation, mais également un cinéma, une tour dorée à la feuille d’or 24 carats et même un café dessiné par Wes Anders. With much abuzz in Milan these days, the brand new ‘gilded’ Fondazione Prada keeps people talking. The new OMA–Rem Koolhaas renovated distillery turned arts complex houses much of the foundation’s collection but also a cinema, 24-carat gold-leaf-clad tower and even a Wes Anders-designed cafe. www.fondazioneprada.org


S p e c ia l G u e sts / S tefa n S a g meister

41

© John Madere, Sagmeister & Walsh

© Henry Hargreaves, Sagmeister & Walsh

Appetizers

Quand les attitudes deviennent  / When Attitude Becomes

Design Interview par / by Jean-Philippe Peynot

2.

Stefan Sagmeister

1 — Stefan Sagmeister & Jessica Walsh 2 — Stefan Sagmeister, 2008

Stefan Sagmeister est l’un des designers graphiques les plus créatifs du xxie siècle. Il est doté d’une imagination capable, par l’opération d’une mystérieuse alchimie, de transformer tout ce qui se présente à elle en un formidable succès commercial. Les Rolling Stones, les Talking Heads, Lou Reed et même Jay-Z ont fait appel à ses services. L’alchimiste est ainsi devenu une star, voire un gourou, et a suscité un regain d’intérêt pour le design graphique. Le travail de Stefan Sagmeister semble se dissocier de ses fins commerciales, se rapprochant ainsi de l’art contemporain au point de déconcerter le designer lui-même. TLmag a eu l’honneur de s’entretenir avec cette forte personnalité du design basée à New York.

TL # 23

TLmag : Jusqu’à présent, les designers graphiques restaient dans l’ombre. Si les œuvres de Jean Wiedmer, Cassandre et Marcel Jacno sont familières à des millions de personnes, leur nom ne l’est pas pour autant. Les designers graphiques sont

désormais sous les feux des projecteurs ; c’est vrai pour votre génération, et plus particulièrement pour votre cas. À quoi ce changement est-il dû ? Stefan Sagmeister : Avec les progrès fulgurants de la technologie, tout le monde est devenu designer graphique à ses heures perdues. La plupart des gens ont déjà composé un ou deux travaux de graphisme, qu’il s’agisse d’une carte de vœux ou d’une invitation pour une fête d’enfant. Cette tendance a considérablement accru l’intérêt du grand public pour ce que font les designers professionnels. Prenons l’exemple du basket : si vous en faisiez au lycée, vous êtes probablement plus curieux de suivre ce que font les professionnels de ce sport. TLmag : Vous donnez de nombreuses conférences, façon shows à l’américaine. Quelle importance leur accordez-vous ? S. S. : Si je le fais, c’est parce que cela me plaît. C’est un merveilleux moyen de voir le monde, de rencontrer des gens qui pensent comme vous

et de se rendre compte que vos œuvres peuvent créer des liens. TLmag : Quels sont les designers graphiques qui vous ont le plus influencé ? S. S. : Lorsque j’étais étudiant, Bob Gill m’a beaucoup influencé ; ensuite, ma plus grande source d’inspiration et mon mentor a été Tibor Kalman. TLmag : En 1999, vous avez créé un poster pour l’Institut américain des arts graphiques (American Institute of Graphic Arts, AIGA), pour lequel vous avez demandé à un assistant de graver toutes les informations sur votre torse au moyen d’un scalpel. Ce genre d’œuvre se rapproche davantage des œuvres de Gina Pane, Chris Burden ou Santiago Sierra que du travail de designers graphiques. Qu’en pensez-vous ? S. S. : Pendant la création de ce poster, j’avais un article de presse en tête. Il parlait d’un follower de Bachar Al-Assad qui avait gravé le nom du Syrien sur sa peau. Des années plus tard, je me suis rendu compte


Appetizers

42

3.

que les actionnistes viennois m’avait sans doute eux aussi inspiré. J’ai beaucoup suivi leur travail pendant mes années d’études à Vienne. TLmag : Quelle influence les actionnistes viennois ont-il eue sur vous ? S. S. : Ils m’ont appris à tout extérioriser, de quelque façon que ce soit. TLmag : Les artistes que j’ai mentionnés vous ont-ils eux aussi influencé ? S. S. : J’ai aimé la dernière exposition de Chris Burden au New Museum et j’ai visité celle de Santiago dans ma ville d’origine, à Bregenz, en Autriche. Mais le poster dont vous parlez a presque vingt ans aujourd’hui et, à l’époque, je ne connaissais pas ces artistes. TLmag : Dans presque tous vos projets, vous contextualisez des lettres en utilisant des objets du quotidien disponibles dans notre environnement immédiat. S. S. : Le design graphique travaille à partir de mots et d’images, qui normalement se côtoient. Aujourd’hui, notre désir tend à les combiner de façon plus étroite, à créer des mots faits d’images et que ces deux réalités n’en fassent plus qu’une.

TLmag : Chaque jour, le goût pour les objets associés au design graphique et au design lui-même croît, tout comme la valeur culturelle qui leur est associée. La place qu’ils occupent dans les collections des musées ne cesse de grandir, en particulier au MoMA et au Centre Pompidou. Le statut du design graphique a-t-il changé au fil des dernières années ? S. S. : Oui. C’est le design qui façonne le monde dans lequel nous vivons : le design graphique, mais aussi le design de produits, la mode et la planification urbaine. La plupart des gens vivent aujourd’hui dans des villes qui ont été dessinée à 100%. Les institutions qui se consacrent à la culture visuelle devraient se pencher sur ce phénomène.

4.

S. S. : Je parle du studio. Aucune de ces œuvres n’est le fruit de mon travail individuel, puisque tous les projets de notre studio impliquent toujours le travail de plusieurs personnes. TLmag : D’où vient ce désir ? D’où tirez-vous votre inspiration ? S. S. : Je tire en partie mon inspiration des voyages, et en particulier de ceux que je fais en train. La possibilité de réfléchir à un projet tout en étant en mouvement, en regardant les paysages défiler, me semble offrir une bonne combinaison.

«  . . .c r é e r des m ots faits d ’ images et q ue ces deux r é alit é s n ’ en fassent plus q u ’ une .   »

TLmag : Le point de départ de vos projets est en quelque sorte lié à votre approche. Serait-ce une possible définition de l’art ? S. S. : Il me semble en général que la différence entre le design et l’art réside dans la fonctionnalité. Comme l’a un jour dit Donald Judd, « le design doit fonctionner, pas l’art ». C’est le cas de la plupart des travaux

TLmag : Pour les designers qui ont étudié au Bauhaus, l’école d’arts appliqués à Zurich ou à Ulm, on ne peut se limiter à la dimension visuelle : il existe d’autres considérations à prendre en compte, de nature sociale, politique et artistique. S. S. : Je ne suis pas un grand fan du Bauhaus ni d’Ulm. Ces idées sont bancales depuis le départ ; aujourd’hui, elles se sont souvent révélées tout à fait fausses. Le fait que l’on enseigne encore ces philosophies dans des écoles de design et d’architecture comme des paroles d’Évangile me semble ahurissant.

que nous avons accomplis jusque-là. Mais l’idée de rechercher un design non fonctionnel à l’avenir m’intéresserait ; mon travail se rapprocherait alors vraiment de l’art. TLmag : Les œuvres de Jeff Koons connaissent un grand succès. Elles se prêtent très bien à la spéculation financière et peuvent même être utilisées pour décorer un hall ou avoir leur place dans une « expo » organisée à Versailles. S. S. : Les sculptures de Jeff Koons n’ont pas de fonction définie. La spéculation pour laquelle certains les utilisent n’est pas leur fin véritable, du moins je l’espère. TLmag : Qu’il « fonctionne » ou non, le poster AIGA Detroit exprime un aspect de votre personnalité et de votre sensibilité. Sa forme est la conséquence directe de votre approche, comme c’est le cas de la plupart de vos designs ; ce processus est similaire à celui d’Harald Szeemann. S. S. : J’ai récemment participé au débat sur les différences existant entre l’art et design ; je l’ai fait à reculons et uniquement parce qu’on me l’a demandé. En tant qu’observateur, je pense qu’il est inutile d’établir une telle dichotomie. Tout ce qui m’intéresse, c’est de savoir si une œuvre est bonne ; peu m’importe si elle a été composée par un artiste ou par un designer.

TLmag : Êtes-vous en contact avec des designers tels que Ron Arad ou Ingo Maurer? S. S. : J’adore travailler avec Ron et Ingo. Ron est mon ami ; j’ai déjà rencontré Ingo et j’ai ses lampes dans mon salon.

TL # 23

TLmag : Vous dites : « notre désir » ; pourriez-vous préciser votre pensée ?

S p e c ia l G u e sts / S tefa n S a g meister

TLmag : Aujourd’hui, le design graphique semble plus libre et plus efficace que l’art. Si Andy Warhol avait été de votre génération, n’aurait-il pas été intéressant pour lui de se limiter au domaine de la pub ? S. S. : Warhol était un artiste commercial à succès. Il a gagné plusieurs médailles d’or pour son illustration de l’Art Directors Club de New York avant de se consacrer aux Beaux-Arts. Je ne sais vraiment pas si aujourd’hui il préfèrerait être designer. Ce que je sais, c’est que certaines de ses meilleures œuvres, comme la pochette de l’album Banana

des Velvet Underground ou sa photo de braguette pour les Rolling Stones sont de véritables pièces de design graphique. TLmag : Qu’est-ce qui différencie un bon d’un mauvais design graphique ? S. S. : Un bon travail de design graphique plaît à son public ou l’aide à quelque chose. Un mauvais travail de design ne fait ni l’un ni l’autre. TLmag : Vous avez décidé d’« anticiper » votre retraite en prenant une année sabbatique tous les sept ans, un peu comme Ferran Adrià. Pensez-vous que si nous avions tous cette possibilité, nous serions plus créatifs ? S. S. : Oui, je pense qu’une telle opportunité serait bénéfique à toutes

43

les personnes dont le travail consiste à produire des idées. TLmag : Ferran Adrià a été invité à la dernière édition de « Documenta ». Le considérez-vous comme un artiste ? Le connaissez-vous personnellement ? S. S. : J’ai effectivement rencontré Adrià et je le considère comme un artiste, peut-être le seul parmi les chefs qui me sont familiers. Ce qui nous unit, c’est l’idée de prendre une période sabbatique et peut-être le désir de créer quelque chose de nouveau, même s’il s’est avéré bien meilleur que moi sur ce dernier point. 3 — AIGA Detroit, affiche / poster, 1999 4 — Sagmeister & Walsh, bureaux new-yorkais / New York offices 5 — Having guts always works out for me, 2004 6 — Banana Wall, Deitch Projects New York, 2008

all images © Sagmeister & Walsh

S p e ci al G u e s ts / S te fan Sagmeister

© Mario de Armas, Sagmeister & Walsh

Appetizers

5.

6.


S p e ci al G u e s ts / S te fan Sagmeister

TLmag : Diego Rivera et Frida Kahlo, Jean Arp et Sophie Taeuber, Jean Tinguely et Niki de Saint-Phalle, Ilia et Emilia Kabakov, Gilbert et George : tous incarnent différentes façons de forger des dynamiques de duos ou de couples d’artistes. Jessica Walsh travaillait pour vous en tant que designer graphique en 2012, lorsqu’elle est devenue votre partenaire. Comment travaillez-vous ensemble ? S. S. : Jessica et moi travaillons ensemble, mais nous ne sommes pas un couple. Elle vient d’ailleurs d’épouser un cinématographe. Ces derniers temps, nous avons généralement partagé les mêmes intérêts ; mais nous sommes

Appetizers

44

des personnes très différentes et nous poursuivons ces intérêts de manière distincte. C’est ça qui est intéressant. TLmag : Comment cette collaboration a-t-elle changé votre façon de travailler ? S. S. : Elle me permet notamment de me concentrer davantage sur des projets tels que Happy Film et Happy Show, sur lesquels nous travaillons désormais depuis un bon moment. TLmag : Vous être l’auteur de l’identité visuelle de la Casa da Música (la « Maison de la Musique ») de Porto.

7 — Obsessions make my life worse but my work, 2008 8 — Aizone, identité visuelle / visual identity 9 — Frooti, identité visuelle / visual identity, 2015

7.

Sa salle de concert a été dessinée par Rem Koolhaas et aménagée par Maarten Van Severen. Son logo se compose quant à lui de six vues orthogonales du bâtiment (nord, sud, est, ouest, dessus et dessous) et chacune d’entre elle adopte les couleurs de l’environnement visuel dans lequel elle est placée. Ce projet a utilisé un logiciel capable d’attribuer automatiquement des couleurs à l’image que l’on souhaite utiliser. Comment les nouvelles technologies ont-elles transformé le design graphique et plus particulièrement votre travail ? S. S. : Rem Koolhaas a dit que cet édifice était un logo lorsqu’il en a présenté les plans, donc le lien a vite été établi entre cette notion et notre identité. La technologie a toujours constitué un moteur de changement dans le monde graphique : de Gutenberg à Steve Jobs, c’est toujours l’innovation technologique qui a entraîné les transformations les plus profondes. Stefan Sagmeister is one of the most recognised graphic designers of the 21st century. Anything that pops into his imagination transforms, through some mysterious alchemy, into a brilliant commercial success. The Rolling Stones, Talking Heads, Lou Reed and even Jay-Z have competed for his services. The alchemist became a star or even a guru, inspiring a renewed interest in graphic design. Sagmeister’s work seems to separate itself from its commercial purpose, thus approaching true contemporary art to the point of being confused for it. TLmag had the honour of speaking to the New York-based authority. TLmag: Until now, graphic designers remained in the shadows. Jean Wiedmer, Cassandre and Marcel Jacno’s works are recognised by millions but not their names. Within your generation and specifically for you, graphic designers are now in the limelight. What caused this change? Stefan Sagmeister: Because of the giant leaps in technology, everybody has become a ‘sometimes’ graphic designer. Most people have designed a thing to two, whether a birthday card

45

9.

or children’s party invitation. Because of that, the interest in what professional designers do has increased enormously among the general population. I guess, if you played basketball in high school, you might be more interested in what professionals do. TLmag: How are the many lectures (American-style “shows”) you give important? S. S.: I do talks because I like doing them. It’s a wonderful way to see the world, to get to know likeminded people and to see if the work we do connects. TLmag: Which graphic designers have influenced you the most? S. S.: When I was a student, Bob Gill was a major influence but after that, my biggest inspiration and mentor was Tibor Kalman.

TL # 23

8.

S p e c ia l G u e sts / S tefa n S a g meister

all images © Sagmeister & Walsh

Appetizers

TLmag: In 1999 you created a poster for AIGA, American Institute of Graphic Arts, in which you had an assistant cut out all of the information into your torso using an X-acto knife. This type of work is closer to art conceived by Gina Pane, Chris Burden or Santiago Sierra

than graphic designers. What gave you the idea? S. S.: While creating the poster, I reffered to a newspaper article about a follower of Bachar el-Assad who had cut his name into his skin. Years later, I realised that the Viennese actionists must have also influenced me. I was very aware of them during my studies in Vienna.

“A g o o d piece o f g r aphic design eithe r delights o r helps the viewe r . A bad o ne d o es neithe r .”

TLmag: How did the Viennese actionists influence you? S. S.: What I took from the actionists was to go all out, by any means possible. TLmag: And the artists I mentioned, did they influence you too? S. S.: I enjoyed Burden’s recent New Museum show and saw Sierra's exhibition in my home town Bregenz,

Austria. But the poster you are referring to is now almost 20 years old but I wasn’t aware of these artists back then. TLmag: In almost all of your projects, you contextualise letters using everyday objects one finds in their immediate surroundings. S. S.: Graphic design deals with words and images, normally side-by-side. It has been our desire to combine the two more closely, to have words made out of images and to have them become one. TLmag: You said “our desire”; could you be more specific? S. S.: The desire of the studio. None of this work is done by me as an individual as multiple people in our studio are always involved in any given project. TLmag: Where does this desire come from? Where does your inspiration come from? S. S.: Some of my inspiration comes from travel, especially by train. The possibility to think about a project while in forward motion, looking at landscapes flying by seems to be a good combination.


S p e ci al G u e s ts / S te fan Sagmeister

Appetizers

46

TLmag: What’s the difference between a good and a bad graphic design? S. S.: A good piece of graphic design either delights or helps the viewer. A bad one does neither. TLmag: You decided to “anticipate” your retirement by taking a sabbatical every seven years, somewhat like Ferran Adrià. Do you think that if we all had this possibility we could be more creative? S. S.: Yes, I do think that everybody who has to come up with ideas would benefit from that. And yes, Adrià was actually a direct influence on my sabbatical idea.

11.

10.

13.

TLmag: Ferran Adrià was invited to the last edition of ‘Documenta’. Do you consider him to be an artist? Do you know him personally? S. S.: Yes, I’ve met Adrià and actually do think that he’s an artist, possible the only one among the chefs I’m familiar with. The connection we have is the sabbatical and possibly

12.

TLmag: The starting point for your projects are some how linked to your approach. Could this be one possible definition of art? S. S.: In general, I think the difference between design and art is functionality. As Donald Judd once said “Design has to work, art does not.” Most of the work we have done so far has to work. But I would be interested in pursuing non-functional design in the future, and that then, might be really close to art. TLmag: Jeff Koons’ art works very well. However, they are very useful for financial speculation and can even be used to decorate a lobby or a “show” at Versailles. S. S.: There is no true function in Jeff Koons’ sculptures. The fact that some people use it to speculate in finance is not its true purpose, I would hope.

S. S.: Ultimately, I’ve participated in the discussion on the differences between art and design reluctantly and only because I’m asked. As a viewer, such a dichotomy is not important. My interest lies in whether it’s good, not whether it was made by an artist or a designer.

considerations, not just visual. S. S.: I’m not a big fan of the Bauhaus or Ulm. The ideas were flawed from the beginning and in many cases have now turned out to be completely wrong. The fact that these philosophies are still taught in design and architecture schools as gospel is baffling to me.

TLmag: Every day, the appreciation and cultural value of objects associated with graphic design and design itself grows. They occupy an increasingly important place in museum collections, especially for MoMA and Centre Pompidou. Has the status of graphic design changed in the last few years? S. S.: Yes. Design in general – not just graphic design but also architecture, product design, fashion and urban planning – shapes the world we live in. Most people in the world now live in cities which are 100% designed. Institutions that deal with visual culture should be interested in this phenomenon.

TLmag: Are you in contact with designers such as Ron Arad and Ingo Maurer? S. S.: I love the work of Arad and Maurer. I'm friends with Arad, met Maurer and have his lamp in my bedroom.

TLmag: For designers who studied at the Bauhaus, the school of applied arts in Zurich or Ulm, there were other social, political and artistic

TLmag: Today, graphic design seems more free and effective than art. If Andy Warhol was from your generation, would it have been interesting for him to have only worked in advertising? S. S.: Warhol was a successful commercial artist. He won a couple of gold medals for his New York Art Directors Club illustration before he moved into fine art. I have no idea if he would prefer to be a designer today. I do know that some of his best work, like the Banana album covers for The Velvet Underground and Zipper

TL # 23

TLmag: The AIGA Detroit poster, whether it ‘worked’ or not, expressed something about your personality and sensibilities. Its shape, like most of your designs, resulted directly from your approach, a process that is similar to Harald Szeemann.

S p e c ia l G u e sts / S tefa n S a g meister

for Rolling Stones were proper pieces of graphic design.

all images © Sagmeister & Walsh

Appetizers

the desire to create something new, even though he has been much more successful at the latter. TLmag: Diego Rivera and Frida Kahlo, Jean Arp and Sophie Taeuber, Jean Tinguely and Niki de Saint-Phalle, Ilia and Emilia Kabakov, Gilbert and George all represent different ways of forging duos or artist couple dynamics. Jessica Walsh was working for you as a graphic designer when, in June 2012, you made her your partner. How do you work together? S. S.: Jessica Walsh and I work together but we’re not a couple. In fact, she just got married to a cinematographer. Ultimately, we have the same overall interest but as we are very different people, we pursue that interest in different ways, which makes it interesting. TLmag: How has this collaboration changed your way of working? S. S.: Among many other things, it allows me to concentrate more on projects like the Happy Film and Happy Show which we have been doing for a while now.

47

TLmag: You created the visual identity for Porto’s Casa da Música. The philharmonic was designed by Rem Koolhaas. The logo consisting of six orthogonal views of the building (north, south, east, west, above and below); each face takes the colours of the visual context in which the logos are placed. This project includes a software that automatically assigns colours to the image that you want to use. How have new technologies changed graphic design and your work in particular? S. S.: Koolhaas talked about the building being a logo when he presented the plans, so it was a short link from that notion to our identity. Technology was always the big game changer in graphics: from Gutenberg to Jobs, it has always been technological innovation that has altered the field most profoundly. www.sagmeisterwalsh.com

10, 11, 12 & 13 — Aizone, identité visuelle / visual identity 14 — Casa de Música, identité visuelle / visual identity, 2007

14.


Appetizers

1.

George Beylerian Ad Vitam æternam Interview par / by Adrian Madlener

© Gregory M. Beylerian

À l’occasion de la semaine du design de Milan, George Beylerian a lancé Design Memorabilia, une collection d’objets réédités mais abordables qui puise sa source dans le vaste réseau et l’histoire du designer. TLmag a profité de cette occasion pour s’entretenir avec cet personnalité non conformiste.

2.

TLmag : Quel a été votre premier contact avec le design ?

TLmag : Entre la forme, la fonction et le matériau, quel critère privilégieriezvous dans le choix des pièces à promouvoir ? Comment le poids de ces critères a-t-il évolué avec le temps ? G. B. : Je pense que j’ai d’abord été attiré par la forme puis par le matériau, ce qui explique mon récent intérêt pour l’exposition « Mondo Materialis » et pour Material ConneXion, l’entreprise que j’ai fondée en 1997.

TL # 23

1 — Material ConneXion 2 — Hommage à / homage to Magritte 3 — Catalogue de Scarabaeus / Catalog, 1970 4 — Livre miniature de chaises miniatures, collection de George Beylerian / Miniature book of miniature chairs, George Beylerian's collection

À la manière d’un « homme qui tirerait les ficelles depuis les coulisses », George Beylerian a influencé le design américain par son intuition depuis les années 1960. Basé à New York, il a en effet su se réinventer régulièrement et a été le premier à porter le design italien moderne d’après-guerre sur le devant de la scène. Tout en entretenant sa propre collection, George Beylerian s’est consacré à Material ConneXion, son véritable patrimoine de producteurvendeur : une base de données durable largement utilisée et destinée à soutenir le développement de produits.

George Beylerian : Mon inclination pour le design est génétique. Je n’ai reçu aucune formation en tant que telle, mais je viens d’une famille extrêmement sensible à l’art. Je suis né à Alexandrie, en Égypte, de parents arméniens. Après mes études, j’ai eu envie d’ouvrir ma boutique ; je n’avais encore aucune expérience dans le domaine de l’achat, mais j’ai décidé de mettre ce projet à exécution et j’ai commencé à choisir des meubles. J’ai été fasciné par l’exposition minimale d’art populaire indien et mexicain organisée dans l’Est du quartier Midtown, à Manhattan.

S p e c ia l G u e sts / G e orge B ey leria n

Material ConneXion conseille actuellement des entreprises figurant sur la liste Fortune 500 et repose sur neuf bureaux implantés à travers le monde ; nous couvrons par ailleurs plus de 7 500 matériaux durables, 40 nouveaux processus, 200 partenariats universitaires et 1 million de membres actifs. Au terme de mon second contrat de cinq ans avec Steelcase, j’ai eu une révélation : un nouveau type d’objet ou d’endroit où les matériaux seraient exposés après avoir été examinés par des jurés qualifiés.

TLmag : Pourriez-vous nous expliquer comment l’intégration du design haut de gamme dans des hôtels et d’autres espaces commerciaux avec des stars comme Philippe Starck et Marcel Wanders est devenue la norme ? G. B. : Je pense que la nouvelle approche consistant à créer des ambiances insolites dans les hôtels est devenue une tendance et un outil marketing pour les hôtels particulièrement désireux de se démarquer. Marcel Wanders a suivi Philippe Starck, qui a fait des merveilles d’innovation.

TLmag : En 1964, vous avez ouvert la boutique Scarabaeus. Quel a été la réaction des New-Yorkais et des Américains face aux derniers designs européens ? G. B. : Ils se sont montrés extrêmement enthousiastes. Ce succès s’est encore trouvé renforcé par ma collaboration avec Thayer Coggin, qui fournissait à l’époque tous les vendeurs « contemporains » en meubles et jouissait d’une grande popularité. Le directeur de design Milo Baughman m’a choisi comme « source » officielle pour tous les accessoires offerts à ses clients. Aujourd’hui, le design jouit d’une plus grande visibilité sur le marché international. L’établissement d’un Who’s who mondial a d’ailleurs relevé la barre du design américain.

TLmag : Vous avez mené une critique du bon design aux États-Unis. Quelles sont vos prévisions pour l’avenir ? G. B. : J’espère que les États-Unis seront capables de « traverser les océans » et de puiser leurs idées à l’étranger. Seule la reconnaissance internationale que se sont attirés

3.

55

les dirigeants géniaux d’Apple, de Microsoft, de Google, de 3M, de GE et de Tesla dépasserait alors la portée de tels efforts. As something of a ‘man behind the scenes pulling the strings,’ New York-based George Beylerian has intuitively influenced American design since the 1960s. Reinventing himself time and time again, the self-educated enthusiast was the first agent to bring Mid-century modern Italian design to the American forefront. Maintaining his own unmatched collection, Beylerian’s true producer-cum-retailer legacy is Material ConneXion – a widely employed sustainable database aimed at supporting product development. TLmag caught up with the industry-maverick during this year’s Milan Design Week, where

4.


S p e ci al G u e s ts / G e orge B eyler ian

56

Join us for the 10th Anniversary of Design Miami/ Basel The Global Forum for Design/ June 16–21, 2015/

© Interior Design magazine

Appetizers

Design Galleries/ Armel Soyer/ ArtFactum Gallery/ ammann//gallery/ Antonella Villanova/ Caroline Van Hoek/ Carpenters Workshop Gallery/ Carwan Gallery/ Cristina Grajales Gallery/ Dansk Mobelkunst Gallery/ Demisch Danant/ Elisabetta Cipriani/ Erastudio & Apartment Gallery/ Franck Laigneau/ Friedman Benda/ Galerie Eric Philippe/ Galerie Jacques Lacoste/ Galerie kreo/ Galerie Maria Wettergren/ Galerie Matthieu Richard/ Galerie Pascal Cuisinier/ Galerie Patrick Seguin/ Galerie VIVID/ Galleri Feldt/ Galleria O./ Galleria Rossella Colombari/ Gallery ALL/ Gallery FUMI/ Gallery SEOMI/ Hostler Burrows/ Jousse Entreprise/ LAFFANOUR – Galerie Downtown/ Louisa Guinness Gallery/ Magen H Gallery/ Marc Heiremans/ Moderne Gallery/ Nilufar Gallery/ Ornamentum/ Patrick Parrish Gallery/ Pierre Marie Giraud/ Priveekollektie/ R & Company/ Sarah Myerscough Gallery/ Southern Guild/ Thomas Fritsch – ARTRIUM/ Victor Hunt Designart Dealer/

5.

he launched Design Memorabilia – a re-edited yet affordable collection that pulls from his extensive network and history. TLmag: What was you’re first contact with design? George Beylerian: I was genetically inclined towards design. Though I had no formal training, I came from a highly art-conscious family. Beylerian was born in Alexandria, Egypt to Armenian parents. After my studies, I had the impulse to open a store with no prior ‘buying’ experience but went ahead, selecting furniture. I was always fascinated by the minimal displays of Indian and Mexican folk art that Herman Miller mounted in Midtown East, Manhattan. TLmag: Between form, function and material, what criteria did you follow in choosing the best pieces to promote? How has this changed over time? G. B.: I think my principal attraction was form, followed by material; hence my later interest with the Mondo Materialis exhibition and Material ConneXion – the company I founded in 1997. Advising fortune 500 companies with 9 offices across the globe, Material ConneXion currently counts over 7.5 thousand sustainable materials, 40 new processes, 200 university partnerships and 1 million active members. At the end of my second five-year tenure with Steelcase, I had a ‘flash:’ a new kind of thing or place where materials would be displayed after being scrutinised by qualified jurors.

5 — George Beylerian, Hall of Fame 6 — Exposition / Exhibition « Mondo Materialis »

the then popular furniture resource to all ‘comtemporary’ retailers. Design director Milo Baughman selected me as the official ‘source’ for all accessories offered to their customers. Today, the market is more aware of design on an international scale. The American standard has leveled-up with a global list of ‘who’s who.’ TLmag: Describe how integrating high-end design (Starck and Wanders) into hotels and other commercial spaces became a benchmark? G. B.: I think that the new ‘origin’ approach to creating unusual environments in hotels became a trend and a marketing tool for venues that needed specific distinctions. Marcel

Wanders followed Philippe Starck, who made wonders with their techniques. TLmag: Having guided an appreciation for good design in United States, what do you forecast for the future? G. B.: I’m hoping that the United States will be able to ‘cross the oceans’ and take their ideas from overseas. These endeavours could only be surpassed by the worldwide acclaim that the leading genius of Apple, Microsoft, Google, 3M, GE and Tesla have gained. www.beyleriancollection.com www.materialconnexion.com TL # 23

TLmag: You opened the Scarabaeus store in 1964. How did New Yorkers and Americans respond to the latest European designs? G. B.: They were extremely positive. The success was further reinforced by my involvement with Thayer Coggin,

6.

The Global Forum for Design June 16–21, 2015/ Preview Day/ June 15

Galleries/ Curio/ Design at Large/ Collaborations/ Awards/ Talks/ Satellites/

Hall 1 Süd Messe Basel, Switzerland

designmiami.com


Jackson Pollock /

L’autre icône Another américaine  American Icon

Photography & art direction

Yves Lavallette


Jackson jean Napapijri, tee shirt H&M, chemise / shirt Ben Sherman, montre / watch Casio, chaussures / shoes G.H. Bass & Co Lee robe / dress Espace Kiliwatch, manteau / coat Ba&sh, chaussures / shoes Napapijri


Jackson veste / vest Strellson, jean Bonobo, tee shirt H&M, pull vintage / vintage sweater Land End, casquette / cap Stetson Lee polo blanc à manches courtes / white short-sleeve polo Montagut, chemise en jean / jean shirt Ben Sherman


Jackson veste / vest Strellson, jean Bonobo, tee shirt H&M, pull vintage / vintage sweater Land End, casquette / cap Stetson, chaussures / shoes G.H. Bass&Co Lee jean Element Eden, polo blanc à manches courtes / white short-sleeve polo Montagut, chemise en jean  / jean shirt Ben Sherman, chaussures / shoes Just Fab

Texte par / Text by Silvano Mendes Impossible de voir une toile giclée de peinture sans penser à Jackson Pollock. Figure emblématique de l’expressionnisme abstrait et « artiste cowboy » au parcours aux airs épiques, entouré de son épouse Lee Krasner et de sa mécène Peggy Guggenheim, l’Américain a laissé avec son Action Painting une trace indéniable dans l’histoire de l’art. Mais au-delà des musées, son œuvre est une influence constante pour les designers, de Dolce & Gabbana à Kris Van Assche chez Dior, en passant par Dries van Noten, Isabel Marant et Alexander McQueen, qui n’ont pas hésité à reprendre sa technique pour illustrer ses propos sur les podiums. Sans oublier que le personnage incarnait aussi, à sa manière, une certaine mode américaine. Avec ses vêtements en denim, ses t-shirts blancs et ses pantalons retroussés, qui auraient inspiré le personnage de Marlon Brando dans Un tramway nommé Désir, il a développé un style au-delà des frontières de sa ferme-atelier du East Hampton. TLmag a décidé de rendre hommage à celui qui a transformé la peinture américaine en phénomène international et a déplacé, après la Seconde Guerre mondiale, le centre du monde de l’art de Paris vers New York.

It’s impossible to see a paint-dripped or splattered canvas without thinking of Jackson Pollock – the ‘cowboy’ icon of Abstract Expressionism. Accompanied by artist wife Lee Krasner and patron Peggy Guggenheim, this American artist and his action painting left an indelible mark on art history. But even beyond museum walls, his work is a constant influence on designers from Dolce & Gabbana to Kris Van Assche at Dior, as well as Dries van Noten, Isabel Marant and Alexander McQueen; none of whom have hesitated to use his technique to illustrate their concepts on catwalks worldwide. In his own way, the man embodied and even defined american style. With his denim clothes, white t-shirts and rolled-up trouser legs – which influenced Marlon Brando's look in A Streetcar Named Desire – he developed a style beyond the boundaries of his farm-studio in East Hampton. TLmag continues its focus on East End Long Island’s artist studios by paying homage to Pollock and his transformation of American painting into an international phenomenon; who exemplified the art world’s shift from Paris to New York after World War II.

Jackson jean Penguin, blouson en jean / jean blouse Kiliwatch, tee shirt H&M, montre / watch Casio, chaussures / shoes G.H. Bass&Co


Jackson jean Bonobo, chemise en jean  / jean shirt Kiliwatch, tee shirt H&M, pull vintage / vintage sweater Espace Kiliwatch, chaussures vintage peintes / vintage painted shoes Lee jean Bonobo, pull / sweater Boden, polo blanc / white polo Montagut, manteau / coat Ba&sh, chaussures / shoes Chocolate Schubar


Jackson chemise jean / jean shirt Bonobo à droite / on the right hand side: jean Kiliwatch, veste en jean / jean vest Kiliwatch, tee shirt H&M, ceinture / belt Strellson, montre / watch Casio


Jackson jean vintage / vintage jean, tee shirt H&M, chaussures vintage peintes / vintage painted shoes à droite / on the right hand side: Jackson chemise en jean / jean shirt Kiliwatch Lee polo blanc / white polo Montagut Jackson jean vintage / vintage jean, veste / vest Strellson, tee shirt H&M, ceinture / belt Strellson, pull / sweater Espace Kiliwatch


Jackson jean Penguin, chemise / shirt Bench, tee shirt H&M, ceinture / belt Strellson, chaussures / shoes Pantanett, montre / watch Casio Lee robe / dress Boden, chaussures / shoes Chocolate Schubar


Jackson jean Kiliwatch, veste en jean  / jean vest Kiliwatch, tee shirt H&M, ceinture / belt Strellson, chaussures / shoes Pantanett, montre / watch Casio Lee pantalon / pants See You Soon, polo blanc / white polo Montagut, chaussures / shoes G.H. Bass&Co à droite / on the right hand side: Jackson jean vintage / vintage jean, veste / vest Strellson, tee shirt H&M, ceinture / belt Strellson, pull / sweater Espace Kiliwatch, montre / watch Casio, casquette / cap Stetson, chaussures / shoes G.H. Bass&Co, écharpe vintage / vintage scarf Espace Kiliwatch Peggy robe / dress Boden, broche langouste / crayfish broche Rhodriguez, bague / ring Rhodriguez

Jackson Pollock est joué par l’acteur  / is played by actor Yannick Debain, Lee Krasner est jouée par l’actrice  / is played by actor Sarah Adler, Peggy Guggenheim est jouée par l'actrice / is played by actor Marine Blake Maquilleur / Make-up: Stéphane Dussart Coiffeurs / Hairdressers: Sandra Lamzabi & Miguel Pinto Rodriguez Crédits maquillage / Make-up credits: MAC, Too Faced, Urban Decay, Benefit, Estée Lauder, Tom Ford Beauty Crédits coiffure / Hairdressing credits: L'Oréal, Redken Remerciements particuliers à / Special thanks to: Michel Parys pour toutes les scènes d’atelier, Rémy pour sa figuration en cameraman, l’entreprise Duval et Mauler pour son aide technique pour les accessoires de peinture, l’hôtel Gabriel à Issy-LesMoulineaux pour la mise à disposition de leurs locaux, Rent Car Issy-LesMoulineaux pour leur aide

Photographed & directed by Yves Lavallette www.yves-lavallette.com


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.