IT-19_2014-10-01 L'Itineraire

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De plus en plus de pauvres se retrouvent

tout nuS dans rue


ANNONCEZ

dans L’Itinéraire

Dignité Pauvreté Dignité Pauvreté Dignité Dignité Pauvreté Dignité Pauvreté Pauvreté

Plus de six millions de personnes à travers le monde votent pour la dignité en achetant un journal de rue. En agissant ainsi, ils participent à changer la vie de 27000 camelots dans 40 pays, représentant plus de 120 journaux de rue différents. En retour, les lecteurs profitent d’un journalisme indépendant de qualité, tout en sachant qu’ils ont fait une différence.

Votez pour la dignité.

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Plus de six millions personnes à travers le monde votent Votez pour ladedignité. pour la dignité en achetant un journal de rue. En agissant ainsi, ils participent à changer la vie de 27000 camelots dans 40 pays, représentant plus de 120 journaux de rue différents. En retour, les lecteurs profitent d’un journalisme indépendant de qualité, tout en sachant qu’ils ont fait une différence.

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Assurez votre visibilité et aidez à faire avancer la lutte contre l’itinérance pour la justice sociale.

514 597-0238 poste 241 publicite@itineraire.ca


Geneviève bois-lapointe Camelot No : 1255 | Âge : 24 ans Point de vente : métro Laurier

L

e monde a basculé pour Geneviève lorsqu'elle a eu 19 ans. Elle était en bonne voie de terminer ses études collégiales lorsque ses parents se sont séparés. Ce fut le début d'une période turbulente qui mena à la pire expérience de sa vie.

Sur un coup de tête, elle abandonne ses études et part pour Montréal où elle vit dans la rue avec d'autres jeunes en quête de liberté et de sensations fortes. Un party qui s'étire de jour en jour et qui la mène à l'autre bout de la province à coup de rencontres impromptues. Tranquillement, elle sent son lien avec la réalité lui échapper. Un jour, elle dérange trop et c'est la police qui la ramène sur terre. Là c'est l'internement en urgence psychiatrique. Et puis le verdict tombe : psychose affective bipolaire ! Elle finit par retourner dans son Hull natal, en atterrissant à l'unité psychiatrique de l'Hôpital général de Hull. Deux semaines et demie d'enfer. Quatre dépressions, trois périodes de manie et deux psychoses viennent ponctuer ces cinq années de sa vie. En janvier 2014, elle quitte son emploi chez Tim Hortons à Hull pour revenir à Montréal et peu après son arrivée, Stéphane Avard, camelot au métro Place-d'Armes, la convainc d'essayer la vente du magazine. À L'Itinéraire, elle se sent à sa place et sa participation à la vie du groupe l'aide à retrouver ses repères. Elle s'implique et ses efforts sont appréciés. En avril, elle est élue au conseil d'administration du groupe, une expérience inédite pour elle et une grande opportunité d'apprentissage. «Cette période est vraiment un huit mois d'équilibre mental, assure-t-elle. J'ai finalement réussi à me trouver une certaine stabilité ici à Montréal.» Depuis septembre, elle suit le programme Transat vers l'emploi qui utilise l'art pour faire de la réinsertion socioprofessionnelle auprès de gens souffrant de troubles mentaux. Un avenir s'ouvre pour elle et tout redevient possible. teXte : GoPeSa PaQuette PHOTO : ADIL BOUKIND

1er octobre 2014 | ITINERAIRE.CA

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le  groupe  L'Itinéraire  a  pour  mission  de  réaliser  des  projets  d'économie  sociale  et  des  programmes  d'insertion  socioprofessionnelle,  destinés  au  mieux-être  des  personnes  vulnérables,  soit  des  hommes  et  des  femmes,  jeunes ou âgés, à faible revenu et sans emploi, vivant notamment en situation  d'itinérance,  d'isolement  social,  de  maladie  mentale  ou  de  dépendance.  l'organisme  propose  des  services  de  soutien  communautaire  et  un  milieu  de vie à quelque 200 personnes afi n de favoriser le développement social et  l'autonomie fonctionnelle des personnes qui participent à ses programmes.  sans  nos  partenaires  principaux  qui  contribuent  de  façon  importante  à  la  mission  ou  nos  partenaires  de  réalisation  engagés  dans  nos  programmes,  nous  ne  pourrions  aider  autant  de  personnes.  L'Itinéraire  c'est  aussi  plus  de 2000 donateurs individuels et corporatifs qui aident nos camelots à s'en  sortir. merci à tous !

noS PartenaireS eSSentielS de lutte Contre la PauvretÉ

la direction de L'Itinéraire tient à rappeler qu'elle  n'est pas responsable des gestes des vendeurs  dans la rue. si ces derniers vous proposent tout  autre produit que le journal ou sollicitent des  dons, ils ne le font pas pour L'Itinéraire. si vous  avez des commentaires sur les propos tenus  par les vendeurs ou sur leur comportement,  communiquez sans hésiter avec shawn Bourdages,  chef du développement social par courriel  à shawn.bourdages@itineraire.ca ou par  téléphone au 514 597-0238 poste 222.

PartenaireS maJeurS

nous  reconnaissons  l'appui  fi nancier  du  gouvernement du Canada par l'entremise du fonds  du Canada pour les périodiques, qui relève de  Patrimoine  canadien.  les  opinions  exprimées  dans cette publication (ou sur ce site Web) ne  refl ètent pas forcément celles du ministère du  Patrimoine canadien.

PrinCiPauX PartenaireS de ProJetS ISSN-1481-3572 n˚ de charité : 13648 4219 RR0001

DU MONT-ROYAL

Le magazine l'itinéraire a été créé en 1992 par Pierrette Desrosiers, Denise English, François Thivierge et Michèle Wilson. À cette époque, il était destiné aux gens en difficulté et offert gratuitement dans les services d'aide et les maisons de chambres. Depuis mai 1994, l'itinéraire est vendu régulièrement dans la rue. Cette publication est produite et rédigée par des journalistes professionnels et une cinquantaine de personnes vivant ou ayant connu l'itinérance, dans le but de leur venir en aide et de permettre leur réinsertion sociale et professionnelle.

Desjardins

l'itinÉraire eSt membre de

rÉdaCtion et adminiStration 2103, Sainte-Catherine Est Montréal (Qc) H2K 2H9 le CaFÉ 2101, rue Sainte-Catherine Est tÉlÉPHone : 514 597-0238 tÉlÉCoPieur : 514 597-1544 Site : WWW.ITINERAIRE.CA

rÉdaCtion Éditeur aux contenus : Sylvain-Claude Filion Chef de pupitre, actualités : Martine B. Côté Chef de pupitre, développement social : Gopesa Paquette infographe : Louis-Philippe Pouliot Stagiaires à la rédaction : Adil Boukind, Isaac Gauthier, Magda Ouanes et Laure Peinchina Collaborateurs : Simon Cordeau , Éric Godin, Denyse Monté et Ianik Marcil adjoints à la rédaction : Sarah Laurendeau, Hélène Filion, Lorraine Pépin, Hélène Mai, Carolyn Cutler, Marie Brion Photo de la une : Mario Jean/Madoc Studio révision des épreuves : Paul Arsenault, Audrey Besnier, Emmanuel Dupont, Lucie Laporte, Michèle Deteix

Convention de la poste publication no 40910015, no d'enregistrement 10764. retourner toute correspondance ne pouvant  être livrée au Canada, au groupe communautaire  l'itinéraire 2103, sainte-Catherine est,  montréal (Québec) h2k 2h9

Québecor est fière de soutenir l'action sociale de L'Itinéraire en contribuant à la production du magazine et en lui procurant des services de télécommunications.

adminiStration direction générale : Christine Richard Chef de l'administration et des ressources humaines : Duffay Romano Conseiller au développement social : Philippe Boisvert Chef du financement et des partenariats par intérim : Shawn Bourdages Conseillère au financement et aux partenariats : Élisabeth Julien-Rocheleau Chef des communicationsmarketing par intérim : Sylvain-Claude Filion

ÉQuiPe de Soutien auX CamelotS Chef du développement social : Shawn Bourdages agent d'accueil et de formation : Pierre Tougas agent de soutien communautaire : Geneviève Labelle agent de développement : Yvon Massicotte

ConSeil d'adminiStration Président : Stephan Morency vice-président : Gabriel Bissonnette Conseillers : Philippe Allard, Geneviève Bois-Lapointe, Martin Gauthier, Julien Landry-Martineau, Jean-Paul Lebel Jean-Marie Tison

GeStion de l'imPreSSion TVA ACCÈS INC. | 514 848-7000 direCteur GÉnÉral : Robert Renaud CHeF deS CommuniCationS GraPHiQueS : Diane Gignac CoordonnatriCe de ProduCtion : Édith Surprenant imPrimeur : Transcontinental

venteS PubliCitaireS 514 597-0238, poste 241 CONSEILLÈRES : renée larivière 450-541-1294 renee.lariviere18@gmail.com ann-marie morissette 514-404-6166 am.mori7@itineraire.ca Édith Provost (+1) 450-745-0176 eprovost@cgocable.ca


1er octobre 2014 Volume XXI, n˚ 19

aCtualitÉS Billet

7 Payer les pots cassés

par Sylvain-Claude Filion

Culture

13  hors Piste

37 Panorama

le pouvoir aux maîtres-chanteurs Par Jean-Marc Boiteau

8  rond-Point 10  rond-Point international ComPtes À rendre

11  Ça coûte cher, être pauvre

CarreFour

par Ianik Marcil

renContre

motS de CamelotS

23  françois gauthier 30   steve hall 32   Cybelle Pilon 33   Bill economou 40   Céline marchand

14 bruno blanchet anGe vaGabond

27  Carrefour

la simplicité volontaire, la vraie  richesses et autres confi dences  d'un globe-trotter.

28 Super pouvoirs

soCiété

26 la 25e nuit des sans-abri

dans la tÊte des Camelots

32  les CalePins de gérard-horaCe

rePortage

38  danielle Proulx une vie de Jeu

l'actrice revient dans unité 9 et monte  sur les planches d'espace libre

41  vivre 42  le Petit fléChé de Josée 43  l'itinéraire reCommande 44  livres 45  détente 46  À ProPos de...    les inégalités soCiales

33 Piste 35  info-raPsim

50 % DU PRIX DE VENTE DU LES CAMELOTS SONT DES MAGAZINE LEUR REVIENT TRAVAILLEURS AUTONOMES Poursuivre ses rêves

Nous avons rencontré Marie-Soleil Thibeault à son point de vente du Centre Épic, son vécu nous a touchés. Nous souhaitons qu'elle poursuive son rêve en retournant étudier. Continue sur ta lancée, Marie-Soleil : notre société a grand besoin de ton expérience! Nous sommes des lecteurs assidus et Marie-Soleil, merci de ton sourire; toute une belle jeunesse, l'avenir de demain : Une travailleuse sociale, une ps-

chologue, qui sait? Tout est possible. Michel et Jocelyne Tanguay Bois-des-Filion

bravo linda Pelletier

Je vous écris pour vous féliciter pour les beaux textes que vous publiez dans L'Itinéraire. Le texte qui me touche le plus (jusqu'à cette date) c'est celui paru le 1er juin où vous parlez de votre petite minette «Beauté». J'ai beaucoup aimé comment vous décrivez les

pensées de Beauté et la bonne relation que vous deux avez développé. Je peux m'identifier à votre histoire car à mon arrivée au Québec, j'étais isolée et j'ai décidé d'adopter un chat – Tanguy. (...) je vous encourage à continuer à publier vos récits. Je les aime beaucoup et en même temps, vous m'aidez à améliorer mon français. Mary C. Dominguez

ÉCRIVEZ-NOUS ! à Courrier@itineraire.Ca Des lettres courtes et signées, svp! La Rédaction se réserve le droit d'écourter certains commentaires.


L'Itinéraire accueille une nouvelle directrice générale

L

e Groupe L'Itinéraire est heureux d'annoncer la nomination de Madame Christine Richard au poste de directrice générale, dont l'entrée en fonction est survenue le 8 septembre dernier. Gestionnaire d'organismes non gouvernementaux et d'entreprises d'économie sociale depuis une vingtaine d'années, Madame Richard possède une riche expertise et jouit d'une solide réputation en matière de développement de projets innovants et de partenariats. Après avoir oeuvré au sein de la Fondation Ressources Jeunesse et du Centre de santé des femmes de Montréal, elle a été directrice du Réseau des services spécialisés de main-d'œuvre (RSSMO), puis Directrice générale du Regroupement québécois des organismes communautaires de lutte au décrochage. Jusqu'à tout récemment, elle était directrice générale du Comité des organismes sociaux de Saint-Laurent (COSSL). «Je me passionne pour l'économie sociale et l'action communautaire, a déclaré Madame Richard, car mon objectif est d'améliorer les conditions de vie des personnes en situation de vulnérabilité, dans une vision globale et à long terme. D'abord en tant que gestionnaire d'entreprises d'économie sociale ainsi que d'organismes communautaires, mais aussi sur la place publique, puisque ces dernières années l'action politique faisait partie de mes principales attributions.» Travailler sur le terrain auprès d'une clientèle parmi les plus démunies s'avère pour elle un défi des plus stimulants. «En un sens, travailler à L'Itinéraire représente un retour aux sources, poursuit-elle. Apporter ma contribution à un tel organisme, c'est plus qu'inspirant ! Les personnes vivant de la pauvreté extrême trouvent à L'Itinéraire une façon de reprendre leur vie en main, un milieu de vie stimulant, bref, ils y reprennent souvent espoir.» Le Conseil d'administration et toute l'équipe de L'Itinéraire se réjouissent de l'arrivée de Christine Richard à la direction générale, confiants qu'elle saura insuffler un nouvel élan à une belle aventure qui entre dans sa troisième décennie d'existence.

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ITINERAIRE.CA | 1er octobre 2014


Payer les pots cassés Nous vivons dans la richesse et l'abondance. Chaque jour, des milliards passent d'une main à l'autre sur les planchers boursiers du monde entier. Le problème, c'est que la richesse est aspirée par un club de plus en plus sélect qui ne sera bientôt constitué que d'une poignée d'individus.

billet

Sylvain-Claude Filion | Éditeur aux contenus

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l y a 25 ans, les 3 % des ménages américains les plus riches détenaient 44,8 % de l'ensemble des richesses. Aujourd'hui, ils en contrôlent 54,4 %. À voir le rythme auquel la classe moyenne s'effondre au Québec, on ne doit pas être loin d'une statistique analogue. Et le fossé se creuse à la vitesse grand V. La moitié des Canadiens vit d'une paye à l'autre, c'est le double d'il y a trois ans. Chez les travailleurs de moins de 30 ans, ils sont deux sur trois à vivre pareil stress. 20 % des Montréalais consacrent la moitié de leur revenu pour se loger. J'ai hâte qu'on arrête de nous seriner qu'il faut consommer et mettre de l'argent de côté pour ses vieux jours quand la moitié de la population peine à survivre au quotidien! En ce moment, Philippe Couillard fait du déficit zéro une obsession alors que la situation n'est pas plus dramatique qu'il y a vingt ans. Et partout où il coupe, il fait mal aux classes moyenne et défavorisée. L'effort devrait être collectif, soit, mais ceux qui en ont les moyens devraient contribuer un peu plus que les autres. On appelle ça la justice sociale. «Les plus riches doivent payer davantage, contribuer plus que les autres dans les schèmes d'imposition et par la taxation [...] parce qu'ils profitent davantage de la coopération sociale et des bénéfices collectifs produits.»1 Dans sa Cité idéale, Platon écrivait qu'il faut «instaurer une fiscalité qui sans cesse tende à rétablir l'égalité économique et de toute façon, dès qu'une famille jouira d'une fortune supérieure au quadruple de la valeur du «lot de famille», on lui confisquera le supplément.» Plus récemment, le philosophe américain John Rawls énonçait comme principe de justice qu'il faut «vivre dans une société qui maximise le bien-être des personnes les moins favorisées [afin de] procurer le plus grand bénéfice aux membres les plus désavantagés de la société.» Mais la classe politique ne prêche pas par l'exemple.

Avec le projet de Loi 3, le gouvernement veut augmenter la participation des employés de l'État à leur fonds de pension à 50 %. Sauf que les députés ne contribuent qu'à 21 % du leur. Le Parti libéral vient de tenir son caucus au chic Manoir Richelieu. Des ministres bien gras se remplissent les poches. Membres du gouvernement, ne venez pas demander au petit peuple de se serrer la ceinture quand il y a des coulisses de caviar sur vos cravates. Il n'y a pas que la gauche qui réclame une meilleure justice sociale. Le FMI, l'OCDE et le Forum de Davos s'inquiètent de l'hystérie Ne venez pas de la croissance économique qui crée des inégalités sociales de plus en plus demander au petit insoutenables. Comment la machine capitaliste fonctionnera-t-elle si la ma- peuple de se serrer jorité des citoyens n'a plus les moyens la ceinture quand de consommer ? La crise actuelle des fonds de retraite n'a il y a des coulisses pas fini d'envenimer le débat public. Dans de caviar sur son édition du 1er octobre, le magazine L'actualité évoque qu'à la religion et à la vos cravates. politique s'ajoute, dans les réunions de famille, le tabou des fonds de pension. Le peuple étouffe et la grogne s'étend. Une page Facebook vient de lancer un appel à la grève générale. Françoise David prédit une révolte sociale. En 1789, les Parisiens affamés ont marché sur Versailles. On ne s'étonnera pas si les Québécois décident un jour de marcher sur l'Assemblée nationale. Il y a des limites à toujours demander aux plus pauvres de payer les pots cassés. 1

David Robichaud et Patrick Turmel, La juste part: repenser les inégalités, la richesse et la fabrication des grille-pains, Montréal, Atelier 10, 2012

1er octobre 2014 | ITINERAIRE.CA

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rond-Point Plaidoyers pour la gratuité scolaire En 40 ans à peine, au Québec, la gratuité scolaire est passée du statut d'idée consensuelle à rêverie presque farfelue. Gabriel Nadeau-Dubois a réuni 15 personnes autour de ce sujet, de Normand Baillargeon à Micheline Lanctôt, qui côtoient les Michel Seymour ou Noam Chomsky. Extraits choisis de Libres d'apprendre, un ouvrage collectif dirigé par Gabriel NadeauDubois, Éditions Écosociété, 194 pages. (MBC) «On ne le dira jamais assez : l'éducation ne peut être la seule affaire des profs. Ce qui ne veut pas dire que les parents doivent s'impliquer dans l'école, mais qu'ils doivent donner à leur enfant, ne serait-ce qu'en se tenant à ses côtés lorsqu'il fait ses devoirs, le minimum d'amour et d'attention sans lesquels il ne pourra croire en lui-même, en cette intelligence et cette volonté qu'il se découvre en passant à travers la forêt obscure des devoirs et des règles.» Yvon Rivard, professeur de littérature à la retraite « Aujourd'hui, l'accès des femmes à l'éducation est LE facteur qui explique les Pauline Marois, Françoise David, Lorraine Pintal, Djemila Benhabib et Martine Desjardins. Il n'y aurait pas de femmes sur les devants de la scène sans accès aux études supérieures. Et qui dit accès dit gratuité. Fille de mécanicien avec une 4e année, Pauline Marois aurait-elle obtenu une maîtrise en travail social sans le gel des frais de scolarité de l'époque ? Ses quatre autres frères et sœurs auraient-ils tous pu fréquenter l'université sans cette idée phare de «l'école pour tous ?» Francine Pelletier, journaliste, scénariste et réalisatrice «Les universités seront désormais vues comme des boîtes à idées ou des moteurs au service du développement technico-économique. Dès lors, elles ne s'intéresseront plus à la culture, ni même à la science fondamentale, mais uniquement aux connaissances qui ont une application immédiate en termes d'innovations technologiques ou d'applications économiques quantifiables et mesurables. On comprend ainsi que la marchandisation de l'éducation dépasse largement la question de l'imposition d'un tarif d'entrée ; le problème est beaucoup plus profond, il tient à la barbarie qui s'installe dès lors que la culture est expulsée hors des murs.» Éric Martin, professeur de philosophie

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Par martine b. CÔtÉ, iSaaC GautHier, maGda ouaneS et laure PeinCHina

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où vont les femmes ? Les refuges et maisons d'hébergement pour femmes sans-abri croulent sous la demande, alerte la fondatrice et directrice générale de La rue des Femmes, Léonie Couture. La crise est tellement grave que plusieurs femmes considèrent ces endroits comme un «luxe», estime cette dernière. Trois actions sont à prendre, selon elle, pour redresser la situation : augmenter immédiatement le nombre de toits d'urgence, ajouter plus de logements abordables et créer des résidences répondant aux besoins relationnels et mentaux des utilisatrices. Les organismes d'aide aux sans-abri n'en sont pas à leur premier cri du cœur : la Maison Marguerite, devant un gouffre financier de 200 000 $, a été temporairement sauvée en juillet par la Ville de Montréal. La Maison Olga, autre refuge pour femmes, connaît une fréquentation hors norme, créant des cas de compétitions et de crises entre usagères. (IG)

Maison Olga

Photos : yvon rivard, dominiQue thiBodeau

ITINERAIRE.CA | 1 octobre 2014 er


GODIN DANS LA RUE

Se loger... un luxe ?

Un ménage ne devrait pas consacrer plus de 30 % de son revenu pour se loger. En 2013, pourtant, 37 % des locataires québécois ont dû dépenser plus du tiers de leur revenu à leur loyer selon le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU). Montréal est la triste championne : 1 locataire sur 5 accorde plus de 50 % de son revenu au logement et 1 locataire sur 10 va jusqu'à dépenser 80 % de son revenu pour son loyer. Le coordonnateur du FRAPRU, François Saillant, explique : «les loyers ont généralement augmenté plus rapidement que les revenus, 18 % contre 13 % entre 2006 et 2011. En même temps, le financement fédéral des programmes d'aide au logement baisse d'année en année. Étant donné l'ampleur de la situation, une enveloppe de 58 millions par année pour régler tous les problèmes de logement au Québec, c'est vraiment des pinottes», déplore monsieur Saillant, rappelant qu'on n'a pas vu une situation aussi alarmante depuis 1996. (MO)

4 balles contre un marteau

mitsou, marraine de minitrade Mesdames, vous ne savez plus quoi faire de vos vêtements griffés usagés ? Ne cherchez plus, Mitsou a la solution ! Créée en 2012, Minitrade est une boutique québécoise en ligne qui vend aux femmes, aux futures mamans et aux enfants des vêtements haut de gamme, neufs et usagés à prix réduit. Le principe est simple : les vêtements sont recueillis gratuitement via la poste ou le ramassage à domicile. Leur propriétaire reçoit un crédit pour acheter d'autres vêtements ou un montant d'argent. Mitsou prend son rôle d'ambassadrice très à cœur. Consommatrice de vêtements, compulsive parfois selon ses dires, elle préconise de saines habitudes de consommation tout en restant tendance. Minitrade explique le succès de son site par un tri rigoureux des vêtements. En outre, les articles non retenus sont donnés à des œuvres de charité. Pas de vêtement pour messieurs à ce jour, mais «c'est pour bientôt», confie Mitsou.(LP)

Aucune accusation ne sera déposée contre le policier impliqué dans le décès d'Alain Magloire, survenu le 3 février 2014. À la suite de l'enquête de la Sûreté du Québec, le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP) est convaincu que le policier en question a usé de force légitime lors de l'altercation. Rappelons que lors d'une violente dispute au centre-ville, Alain Magloire, 41 ans, a été abattu de quatre balles alors qu'il menaçait policiers et citoyens avec un marteau. Le père de famille, diplômé en biologie moléculaire à l'UQÀM, souffrait de problèmes de santé mentale et vivait dans la rue au moment de sa mort. Santé mentale et itinérance sont des réalités avec lesquelles les policiers doivent de plus en plus composer. Le coroner Jean Brochu, dans son rapport de 2012 à la suite d'un incident similaire, recommandait la révision des stratégies policières dans des situations de crises et l'utilisation d'armes non létales. (IG) illustration: iZemrasen

minitrade.ca

1er octobre 2014 | ITINERAIRE.CA

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rond-Point international

Les itinérants de San Francisco comptent sur la récupération de bouteilles pour un revenu d'appoint. La Ville a pris l'engagement d'être une «ville zéro déchet» d'ici à 2020, mais des supermarchés réfractaires à la présence des itinérants éliminent les centres de recyclage, quitte à assumer l'amende quotidienne de 100 $. Le conseil des autorités de surveillance de la ville a proposé un moratoire sur l'expulsion de ces centres des terrains des supermarchés. Si la ville souhaite remplir ces objectifs, il faudra augmenter significativement le nombre de centres de recyclage. (Street Sheet)

Photo : ian BarBer

aFriQue du Sud | Grand nettoyage

Dès 2016, l'Afrique du Sud instaurera une taxe sur le carbone. Le pays est le 12e plus grand émetteur de gaz à effet de serre : son économie repose lourdement sur des activités émettrices de carbone et 90 % de son électricité est produite par des centrales au charbon. La taxe s'appliquera aux activités minières et pétrolières ainsi qu'aux aciéries qui seront incitées à mettre en place des programmes de compensation pour jouir d'avantages fiscaux. Cela s'ajoute à l'ouverture d'un marché national du carbone qui reste pour le moment plutôt embryonnaire sur le plan international. (IPS)

royaume-uni | un pas en avant, deux en arrière

Un récent rapport conclut que les objectifs de diminution de la pauvreté infantile en Angleterre ne seront pas atteints en 2020. Le plan d'action gouvernemental adopté en 2010 visait à réduire de 5 % le nombre d'enfants pauvres. Le Social Mobility and Child Poverty Commission soutient que les mesures d'austérité adoptées depuis ont contribué à augmenter ce nombre en tablant sur les coupes dans les programmes de soutien aux familles et aux enfants au lieu d'augmenter les impôts pour résorber les manques à gagner de l'État. (The Conversation)

roumanie | mon ami Flipper

En début d'année, un politicien roumain a proposé au Parlement une loi visant à garantir aux dauphins des droits égaux aux êtres humains en les reconnaissant en tant que «personnes non humaines». Remus Cernea affirme que l'intelligence très développée des mammifères marins les rendrait égaux aux humains devant la loi. Si la loi est adoptée, tuer un dauphin équivaudrait à un meurtre et il serait interdit d'utiliser les mammifères à des fins de divertissement. Une mobilisation internationale a suivi le dépôt du projet de loi qui reste encore à être adopté. (Reuters)

L'Itinéraire est membre du International Network of Street Papers (Réseau International des Journaux de Rue - INSP). Le réseau apporte son soutien à plus de 120 journaux de rue dans 40 pays sur six continents. Plus de 200 000 sans-abri ont vu leur vie changer grâce à la vente de journaux de rue. Le contenu de ces pages nous a été relayé par nos collègues à travers le monde. Pour en savoir plus, visitez www.street-papers.org.

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ITINERAIRE.CA | 1er octobre 2014

Photo : reuters/adrian mylne

Photo : samantha leW

ÉtatS-uniS | Pas dans ma cour


Ça coûte cher, être pauvre

Comptes à rendre

Si vous devez 5000$ à la banque, c'est votre problème. Si vous lui devez 5 millions, c'est son problème. Les plus pauvres d'entre nous ont besoin d'argent, tout le temps, par définition. Et ils ont plus de difficulté à en trouver. Ça prend de l'argent pour faire de l'argent. ianik marcil | Économiste indépendant

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a très prestigieuse revue Science a publié, il y a quelques années, une étude fascinante intitulée «Some Consequences of Having Too Little» (Quelques conséquences d'avoir trop peu de possessions ). Les participants étaient placés dans une situation de pénurie et devaient répondre à un quiz. Chacun avait un temps plus ou moins long pour le faire. Ceux qui disposaient de moins de temps réussissaient moins bien et s'endettaient pour pouvoir sortir de leur pénurie. En deux mots, les auteurs de cette étude montrent que les plus riches réussissent mieux que les moins bien nantis et que ces derniers sont contraints d'emprunter pour atteindre leurs buts. Pourquoi ? Parce que lorsqu'on est pauvre, on se concentre sur sa situation et qu'on consacre beaucoup plus de temps à tenter de régler ce problème de pauvreté. Vous avez du mal à payer votre facture d'électricité ou de téléphone et on menace de vous « couper »? Il vous faudra quelques heures pour trouver l'argent, pour négocier tant bien que mal avec votre fournisseur. Votre tranquillité d'esprit en sera largement minée. Toutes ces choses sont étrangères aux plus riches, qui règlent leur facture en deux clics de souris et peuvent se concentrer à travailler plus efficacement ou, tout simplement, à profiter de la vie. Et lorsque vous serez contraints d'emprunter quelques centaines de dollars pour régler ces urgences, c'est-à-dire pour survivre, il y a de fortes chances pour que vous vous enfonciez dans la spirale descendante de l'appauvrissement. Les banques refuseront de vous accorder un prêt personnel qui permettrait de vous re-

mettre à flot et, peut-être, serez-vous contraint d'emprunter chez un usurier à des taux d'intérêts qu'en d'autres circonstances vous n'accepteriez jamais de payer. Ou encore, vous mettrez en péril des relations familiales ou amicales, qui créeront des malaises vous empêchant, par la suite, d'avancer et de vous sortir de votre précarité. La pauvreté est une forme de violence. L'auteur français Martin Hirsch a publié l'an dernier Cela devient cher d'être pauvre (éditions Vous avez Stock, 216p), un petit livre dont le titre inspire celui du mal à payer de cette chronique. Il y dévotre facture montre que les plus pauvres paient plus cher à peu près d'électricité tous les biens et services ou de téléphone qu'ils achètent et demeurent ainsi dans la précarité. Vous et on menace de avez besoin d'une nouvelle paire de chaussures ? La vous « couper »? meilleure décision est d'en acheter une paire de grande qualité, disons à 300 $, qui vous durera plus de 10 ans. Mais vous n'en avez pas les moyens : vous achetez donc une paire à 50 $, que vous devrez remplacer dans moins d'un an. Au bout de dix ans, vous aurez dépensé 500 $ en chaussures, soit beaucoup plus cher que ce que vous en aurait coûté la paire de qualité. Être pauvre, c'est être victime de violence économique, c'est-à-dire subir une situation qu'autrement, sans contraintes, nous refuserions. Et ça coûte cher.

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HorS PiSte

le pouvoir aux maîtres-chanteurs Les entreprises Rogers, Vidéotron, Telus et Bell Canada multiplient les filiales pour accaparer le monopole de la communication. Avec autant de filiales qu'une pieuvre a de tentacules, ces entreprises exercent un abus de pouvoir légal dirigé contre les plus vulnérables de notre société. Jean-marC boiteau | Journaliste de rue

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ous avez de la difficulté à payer vos factures mensuelles ? Vous désirez vous munir d'un téléphone ou du câble ? Bonne chance ! Vous devrez alors payer le mois courant et un mois d'avance pour des services que vous n'avez pas encore utilisés, en plus de faire l'objet d'une enquête de crédit ! Ces entreprises, qui possèdent le monopole de la communication, ont tous les pouvoirs légaux pour contraindre le client. Des lois abusives comme exiger le paiement de votre facture avant la fin du mois courant, sans quoi, à défaut de payer à l'échéance, un intérêt est automatiquement ajouté à votre compte. Bon gré mal gré, ces entreprises soumettent le client à une pression indue. Plus de 85 % des foyers au Québec Plutôt que de sont abonnés au câble, à l'Internet et au téléphone. Des 15 % restants, pluprendre une sieurs se sont fait débrancher sans mésemaine de nagement, étant dans l'impossibilité d'honorer une facture trop élevée. Les vacances cette entreprises Bell, Rogers, Telus et autres année, je vais Vidéotron savent que, privée de ces moyens de communication, la popuacheter un lation est amputée d'un lien important avec l'extérieur. Qui n'a pas besoin ne téléphone serait-ce que d'un téléphone pour une urgence ? un Montréalais

du pareil au même

Combien parmi nous, après plusieurs tentatives, ont tenté d'apporter des changements à leur forfait ou voulu faire part d'une erreur de facturation sans obtenir les corrections désirées ? Sachant qu'il est devenu aussi complexe de joindre le service à la clientèle

que de s'adresser au Pape en personne, il apparaît à certains plus aisé de changer de fournisseur que d'apporter un simple changement à leur forfait. Pas de chance, l'entreprise sollicitée est en réalité l'une des filiales de leur fournisseur actuel... Pas surprenant considérant le fait que Bell possède cinq filiales, que Rogers en compte cinq et Québecor, quatre. Ces compagnies qui opèrent main dans la main se sont en effet entendues pour acheter le compte en souffrance du client dit mauvais payeur afin de le compter parmi sa clientèle. Pour ce nouveau client, c'est du pareil au même puisque, de toute façon, les mêmes problèmes de facturation/communication sont inhérents à chacune de ces entreprises.

le privilège de communiquer

Lorsqu'une personne délaisse une entreprise à la faveur d'une autre, cette dernière achète le contrat du client, en plus d'obtenir son profil d'utilisateur-payeur. Le consortium tentaculaire Bell-Rogers-Telus-Vidéotron se permet de recourir à des agences de recouvrement comme Equifax lorsqu'aucun arrangement de paiement raisonnable n'est envisageable ! Leurs milliards d'actifs ne leur suffisent pas ! Ces maîtres-chanteurs exigent un montant en dépôt pour le câble, l'Internet ou le téléphone, incluant un compte d'avance pour des services pas encore utilisés, en plus d'exiger le paiement du compte courant en milieu de mois. Qui peut se passer du câble et de l'Internet de nos jours ? La preuve, c'est que certains sont contraints à des sacrifices déchirants : «Plutôt que de prendre une semaine de vacances cette année, je vais acheter un téléphone», se résigne un Montréalais. Conclusion :T'as pas un bon crédit ?Tu n'auras pas le téléphone, ni le câble, ni l'Internet !

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renContre

Ange vagabond

bruno blanchet

Célèbre pour ses aventures télévisuelles à N'ajustez pas votre sécheuse ou à La fin du monde est à 7 heures, ses imitations d'Anne-Marie Losique et ses personnages farfelus comme Tite-Dent et Le plombier magique, c'est à croire que le mot déjanté a été inventé pour décrire son humour, son personnage, ses personnages. Bruno Blanchet est aussi un insatiable globe-trotter, qui a publié le compte-rendu de ses périples improbables dans La Presse pendant plusieurs années et réunis en quatre volumes que l'on peut maintenant trouver en librairie. Il a accepté de poser nu pour L'Itinéraire, pour soutenir la cause, bien sûr, mais aussi parce qu'il est un parangon de simplicité volontaire. teXte : Sylvain-Claude Filion PHOTOS : MARIO JEAN/MADOC

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orsqu'il accepte de parler de lui, Bruno Blanchet ne ressemble à rien de ce que l'on connaît de lui. La voix feutrée, il s'épanche sans paravent. Ses propos sautillent à l'image de son esprit toujours partagé entre l'état d'alerte et la réminiscence, parfois ponctués d'un rire claironnant. Plutôt qu'un portrait, mieux qu'un dialogue, nous avons choisi de simplement mettre en scène ses confidences. Et puisque l'atmosphère s'y prête, «Monsieur Bruno» révèle d'emblée que lui aussi, il a déjà été littéralement «Tout nu dans rue»... «Je l'ai été de 18 ans à 22 ans. Je menais une vie de bohème et j'étais heureux comme ça. Pas d'appart, pas de maison, juste un sac pour trimbaler mes affaires à travers le Canada et les États-Unis. Je travaillais à la cueillette des cerises ou du tabac, je dormais dans les parcs ou au bord de la route. J'utilisais les toilettes des garages et je profitais de l'hospitalité des gens. Les Krishna, les Témoins de Jéhovah, les gens religieux ont tellement envie de parler, de te transmettre leur foi... Je faisais toujours du pouce et j'ai eu des lifts impossibles, comme cette dame de 85 ans, à Prince-George, qui a arrêté sa voiture devant moi, sur une route perdue. Elle disait que j'étais dans le bois, qu'il y avait des ours. Elle insistait pour que j'aille dormir chez elle, mais elle voulait me parler de son Jésus! Et quand venaient les temps froids, je descendais vers le sud pour dépenser un peu l'argent que j'avais gagné en plantant des arbres ou en cueillant des pommes.» C'est ainsi qu'il vagabonde, rencontre l'amour, conçoit au Mexique un fils qui naît au Guatemala en 1986, l'obligeant alors à changer de style de vie afin d'assurer la subsistance de ce dernier et la sienne. «J'avais 22 ans et je me suis dit qu'à 40 ans, j'allais pouvoir repartir en voyage. Parce que c'est le mode de vie que je préfère. Un mode de vie qui peut paraître un peu simple pour la plupart des gens : je ne veux pas de voiture, je ne veux pas de maison et dans la mesure du possible, je ne veux pas de téléphone.» Revenu au Québec, il retourne aux études, fait de la musique, se retrouve à la télé à Canal Famille (l'ancêtre

de VRAK.TV), puis gravite autour de Marc Labrèche (les beaux fous se reconnaissent entre eux...), crève l'écran dans La Grande Séduction. Après quelques années à distiller sa folie douce, il redevient électron libre. «Le timing était parfait : à 40 ans, je venais de passer plusieurs années à interpréter une multitude de personnages et là j'avais envie de redevenir moi, le moi qui était parti sur la route à 18 ans, qui avait cette espèce de grand besoin de liberté comme je l'ai toujours exprimé tout au long de ma carrière. C'est là-dedans que je suis heureux et que je m'accomplis. Aussi, je peux peut-être inspirer quelqu'un d'autre à aller au-delà de ses peurs. La peur de partir ou de laisser quelque chose derrière, la peur d'aller en avant...» Je lui demande s'il ne serait adepte d'une forme de «pauvreté volontaire» car pour lui, le bonheur, c'est ne pas avoir d'argent. C'est être libre de se colleter à ses propres peurs pour toujours aller loin, tant géographiquement qu'intérieurement. «Je reconnais que l'argent est utile et essentiel, ça aide à créer, à avancer, à se procurer de l'équipement, à se déplacer. Mais je pense que les plus grands moments de bonheur que j'ai vécus, c'est quand j'ai refusé d'y être attaché, de faire mon métier en fonction de gagner de l'argent, pour amasser, comme un écureuil, des économies qui me serviront dans mes vieux jours. Mes vieux jours, c'est tout de suite.»

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mois ailleurs... J'ai alors annulé tous mes billets d'avion. Je suis parti directement là où je voulais aller : en Asie. Je devais rester quelques semaines aux îles Fidji, mais j'y suis resté six mois. Je me suis mis à travailler comme maître de plongée. C'était pas du tout dans mon plan de vie, car moi, j'ai peur de l'eau! Je nageais pas très bien mais j'ai à pris à plonger. J'ai plongé pour vaincre mes peurs. Pour me mettre au défi. Parce que lorsqu'on arrête, on devient suffisant, paresseux, un peu inutile. Si on ne va pas plus loin que faire des affaires qu'on sait qu'on est capables de faire, à quoi ça sert?»

En 2004, il choisit de respecter le vœu qu'il a fait à la naissance de son fils devenu majeur : redevenir libre et prendre le large. Et surtout, à la veille du départ, il largue l'itinéraire minutieux et contraignant qu'il avait planifié. Pour se mettre au défi; pour vaincre ses peurs. «Au moment de partir, je n'avais plus envie, j'avais peur. C'est pas pour rien que j'ai intitulé mes chroniques «la frousse autour du monde»! J'avais un appart, une job, des dizaines et des dizaines de livres... et je tournais le dos à ça pour m'en aller. Je m'étais organisé bien à l'avance et aussitôt que ce truc organisé a débuté, j'ai réalisé que j'avais pas besoin de m'organiser, de tout savoir à l'avance. J'avais prévu deux mois en Nouvelle-Zélande jusqu'à telle date, un

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Et c'est parti. Il sillonne 80 pays. Se déplace au petit bonheur, en bateau, en camion, à bicyclette, à pied. Avec une simplicité qui frise le dénuement. Il vit avec le minimum. Son compte en banque est souvent près d'être à zéro, mais il est riche de rencontres. «Dans un hôtel cinq étoiles, tu ne rencontreras pas personne tandis que si tu vas dans un dortoir ou un bouis-bouis sur le bord de la route, c'est clair que tu vas tout le temps rencontrer quelqu'un. Tu apprends toujours quelque chose au contact des autres, t'apprends à mieux te connaître, à gérer des peurs, à dompter ta peur de te révéler à toi même. J'ai traversé la Turquie, la Syrie, la Jordanie, l'Égypte... Au Yémen, j'ai vécu des aventures fabuleuses. Pour moi, la découverte du monde musulman a été extraordinaire. J'avais peur comme tout le monde. Mais à n'importe quelle porte où je frappais, on m'ouvrait, on m'offrait le thé. Le beau musulman, il existe. Cette région du globe qui est en train de s'enflammer à cause des extrémistes, c'est tellement pas représentatif de leur générosité qui est véritable. J'ai des souvenirs tellement intenses qu'ils sont impossibles à décrire. Au Soudan, j'ai fait du pouce à quatre heures du matin, à la

Je ne veux pas de voiture, je ne veux pas de maison et dans la mesure du possible, je ne veux pas de téléphone

sortie d'un village où retentissait déjà l'appel du muezzin. La première voiture qui est passée s'est arrêtée pour me prendre. Ce sont des moments comme ça que je chérirai pour le restant de ma vie.» Ces récits de voyage, on les a savourés semaine après semaine dans le quotidien La Presse. Ces fameuses «frousses autour du monde» qu'il écrivait dans des cafés Internet bondés et tonitruants, sur des claviers bourrés de caractères manquants. Ses folles aventures, on peut maintenant les vivre à la télévision depuis la mi-septembre avec Les vacances de Monsieur Bruno, diffusée sur la chaîne Évasion le jeudi à 20 h. Il vient de passer l'été au Québec pour terminer le montage de la série Manger le monde, qui sera présentée à Zeste en janvier. Il y a quelques jours, Monsieur Bruno est reparti pour l'Asie, afin de retrouver la petite chambre dans laquelle il vit au-dessus d'une école de boxe, à Rangsit, à une heure de route de Bangkok. Il ne sait pas encore où il ira ensuite poser son sac à dos, mais il nous reviendra assurément avec de nouvelles aventures à raconter.


BRUNO À LA PLAGE

les unes que vous ne verrez pas Généreux et passionné sont deux autres qualificatifs qui siéent bien à Bruno Blanchet.

BRUNO VOUS SOUHAITE UNE EXCELLENTE JOURNÉE

BRUNO ROCK STAR BRUNO AVEC RIEN DANS LES MAINS

Malgré un horaire dément, il a non seulement accepté de nous accorder une entrevue, mais il s'est aussi investi pendant près de trois bonnes heures pour la séance photo. Il en est résulté quelques autres idées de page couverture...

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dossier

PAUVRETÉ : UN ÉTAT DES LIEUX Chaque année, le constat semble le même : la pauvreté augmente en étendue et en intensité. D'une main, les gouvernements parlent de plans d'action, mais ils coupent de l'autre dans les programmes qui aident de rééquilibrer les richesses au pays. Malgré le consensus croissant sur leur manque d'efficacité à résorber la crise en Europe, les politiques d'austérité arrivent au Québec. Des déclarations controversées de plusieurs politiciens soulignent un malaise persistant à l'égard des pauvres. Un mépris entretenu par les stéréotypes tenaces sur le manque de volonté de s'en sortir qui défend l'image d'une société méritocratique où l'on ne tient pas compte des blocages structuraux à la mobilité sociale. Dans ce dossier, on veut savoir ce qu'il en est de la pauvreté au Québec. Est-ce qu'il y a plus de pauvres qu'avant ? Est-ce qu'il y existe une réelle volonté politique d'éradiquer la pauvreté ? Par MARTINE B. CÔTÉ, MADGA OUANES COLLABORATION : LAURE PEINCHINA, ISAAC GAUTHIER et GOPESA PAQUETTE


le coût de la pauvreté En 2011, le Conseil national du bien-être social a évalué que la pauvreté coûte annuellement 25 milliards de dollars, alors que la moitié de cette somme suffirait pour que tous les Canadiens puissent vivre au-dessus du seuil de pauvreté. Voilà une idée qui risquerait bien de déplaire aux tenants de l'austérité. Par maGda ouaneS

A

u Québec, le coût global des effets de la pauvreté Québec entre 2008 et 2009. s'élève à 17 milliards de dollars par an, soit entre 5,8 % En se basant sur ces données, le et 6,3 % du PIB réel. Les seuls coûts sociaux regrou- rapport du CEPE estime qu'une pant soins de santé, juridiction et aide sociale sont estimés à augmentation du revenu des plus de cinq milliards de dollars par an. 20 % les plus pauvres au paNombre de contribuables perçoivent la réduction de la lier de revenu suivant perpauvreté comme un fardeau fiscal susceptible de miner leur mettrait d'économiser près du même situation. Or, la recherche en la matière dépeint une toute montant. Plusieurs études tenautre réalité : la pauvreté engendre une Meilleur dent à démontrer l'inpanoplie de coûts sociaux et économiques fluence de la précarité supplémentaires qui dépassent largement rendement économique sur les les dépenses nécessaires pour l'éradiquer. Selon les conclusions du dernier rapport économique, taux de criminalité. Sedu Comité d'étude sur la pauvreté et l'exclulon l'évaluation du CEPE, augmentation sion (CEPE), le fait de hausser le revenu du une amélioration du revenu cinquième le plus démuni de la population du cinquième le plus pauvre des recettes au niveau supérieur permettrait au Québec pourrait générer des éconofiscales, diminution mies de plus de 200 millions d'épargner 1,7 milliard en soins de santé. «Ce que nos élus ne parviende dollars par an en matière de des coûts de nent pas à comprendre, défrais juridiques. L'économiste Pierre Fortin afplore Serge Petitclerc, por- santé, baisse de la firme quant à lui que si la proporte-parole du Collectif pour criminalité, voilà tion de personnes sans diplôme un Québec sans pauvreté, passait de 12 %1 à 9 %, le Québec c'est qu'en limitant certaiquelques bonnes percevrait annuellement 1,3 milnes dépenses à court terme, le gouvernement creuse son raisons d'éliminer liard de dollars de plus en impôts. En plus des coûts généraux propre déficit à long terme». Par exemple, la pauvreté. découlant des effets de la paupoursuit-il, «plus de 20% des dépenses vreté, le CEPE soutient qu'on en santé sont directement liées à la doit tenir compte du manque pauvreté. Mais plutôt que d'agir en à gagner engendré par le fait amont en améliorant le revenu que les plus pauvres se privent d'une panoplie du cinquième le plus pauvre, le d'achats, une consommation qui viendrait stimugouvernement préfère payer ler l'économie. Les faibles revenus des familles pour des soins supplémentaires». Ce paradoxe peut également s'obà elles seules représentent une perte de plus de server dans les coûts des prestations d'aide sociale. Selon le 300 millions de revenus d'impôts par année. ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale, ces program1 Statistique Canada (2006) mes ont coûté 2,8 milliards de dollars au gouvernement du

Selon le Cnb, une place dans un refuge pour itinérants à Calgary coûte annuellement 42000$, alors qu'une place dans un logement supervisé coûte 15000$ par année et la moitié pour un logement à prix modéré. l'hébergement en prison ou en hôpital psychiatrique s'élève à 120000$ par personne, tandis que les frais de services sociaux et de logement prévus pour ces citoyens moins de 18000$. Pour une personne incapable de payer une amende de 150$ les frais d'incarcération s'élèvent à 1400$.

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doSSier

les grandes mesures gouvernementales Par martine b. CÔtÉ

la loi 112

Le Québec a été la première province canadienne à adopter une loi visant à contrer la pauvreté et l'exclusion sociale. Cette loi-cadre est née de façon novatrice : à la suite de la mobilisation de plusieurs groupes communautaires comme la Fédération des femmes du Québec, le Carrefour de pastorale en monde ouvrier et bien d'autres, autour du Collectif pour un Québec sans pauvreté. La Loi énumère plusieurs buts tels l'amélioration de la situation économique et sociale des pauvres, réduire les inégalités, favoriser la participation citoyenne des plus pauvres et renforcer le sentiment de solidarité. La Loi oblige le gouvernement à élaborer un plan d'action précis pour appliquer la loi et l'oblige à publier des bilans annuels des actions qu'il a prises. L'article 4 spécifiait que la Loi devait «amener progressivement le Québec d'ici l'année 2013 au nombre des nations industrialisées comptant le moins de personnes pauvres ».

Plan d'action de 2010-2015

Un investissement de 1,3 milliard de nouveaux investissements sur 5 ans. Deux exemples de mesures : › Crédit d'impôt pour la solidarité, qui inclut un montant pour compenser la hausse de la TVQ ; › L'indexation automatique des prestations d'aide sociale.

Plan d'action de 2015 dépôt prévu à l'automne 2015.

Plusieurs demandes sont faites au gouvernement : grande consultation préalable, indexation plus substantielle des prestations, réflexion autour de l'implantation d'un revenu minimum garanti, respect des mesures prévues dans le plan précédent qui ne sont pas encore implantées, etc.

l'assistance sociale

Depuis 1989, deux catégories de prestataires : aptes et inaptes au travail. Avant, on classait les gens selon leur âge. › En 2014, on compte 321 381 prestataires d'aide au dernier recours au Québec. Une hausse de 0.7 % comparé à juin 2013 ; › Aide moyenne versée : 748 $ par ménage, mensuellement.

Plan d'action de 2004-2010

Un investissement de 3 milliards sur 5 ans. Deux exemples de mesures : › On remplace le programme APPORT par la PRIME AU TRAVAIL : une aide financière pour soutenir les efforts d'insertion professionnelle des prestataires de l'aide sociale ; › On met en place le SOUTIEN AUX ENFANTS : un investissement de 1,1 milliard pour bonifier l'aide universelle. Cette aide supplémentaire vise les familles dont le revenu se situe à la limite des seuils de faible revenu.

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La prestation moyenne d'assistance sociale représente rarement plus de 62 % du panier de consommation établi par Statistique Canada. L'insuffisance elle-même des prestations maintient dans la pauvreté ceux et celles qui en reçoivent, selon l'IRIS. Le problème qui risque de surgir : le passage de l'âge minimum de 65 à 67 ans pour pouvoir bénéficier de la pension de la Sécurité de la vieillesse, versée par le fédéral, qui se traduira par une charge de plus pour le Québec, qui devra prolonger de deux ans ses prestations d'aide sociale aux personnes âgées démunies. Source : ministère de l'Emploi et de la Solidarité sociale


la pauvreté selon... «C'est l'incapacité de répondre avec le revenu qui nous revient aux besoins de base : se loger, se nourrir, se vêtir, se transporter. Plusieurs indicateurs mesurent la pauvreté, mais nous, nous travaillons surtout avec le «quintile inférieur», qui indique combien de gens, en raison de l'augmentation annuelle du coût de la vie, peinent de plus en plus à répondre à la satisfaction des besoins de base avec les prestations qui leur reviennent. On note une diversification du visage de la pauvreté: les gens issus de l'immigration sont en nombre croissant dans les profils de pauvreté. Et les personnes seules sont celles dont la situation n'a pas vraiment progressé malgré les deux plans d'actions du gouvernement.»

- Pierre Gaudreau, coordonnateur du réseau d'aide aux personnes seules et itinérantes de montréal (raPSim)

«On vit dans une société de droit : le Québec et le Canada ont signé des pactes internationaux, la Déclaration des droits de l'homme, etc. La pauvreté est un frein à la réalisation des droits, car quand tu es pauvre, tu n'as pas accès au droit de te loger, au droit à la santé. À la couverture des besoins de base. Il faudrait s'attaquer à toute la pauvreté, avoir une vision globale, mais nos gouvernements ont choisi d'aider surtout les familles au détriment des personnes seules, comme si la personne seule ou le couple sans enfant n'avaient juste qu'à se lever et aller travailler. Mais eux aussi ont des contraintes à l'emploi.»

- Serge Petitclerc, politologue et porte-parole Collectif pour un Québec sans pauvreté

«C'est très subjectif la pauvreté. Quelqu'un qui gagne 30 000 $ et qui a cinq enfants sera plus pauvre qu'une personne seule qui gagne 25 000 $. La précarisation des personnes pauvres m'inquiète : les changements à l'aide sociale forcent les gens à se débarrasser de tous leurs actifs, leur maison, par exemple, avant d'avoir droit à l'assistance. Et la réforme de l'assurance-emploi risque d'amener plus de personnes sur l'aide sociale. Pour une lutte à la pauvreté sensée, il faut viser le long terme, mettre en place des mesures dont les effets dépassent la population immédiate, par exemple les garderies subventionnées. Mais le temps des gouvernements est court, ça limite leur capacité à dire : faitesmoi confiance, on verra les résultats dans 10-15 ans.»

- Ève-lyne Couturier, chercheure à iriS

Ce que disent les politiciens à propos de la pauvreté «Il faut s'assurer que l'assurance-emploi ne soit pas un coussin sur lequel on s'assoit pendant des mois, à l'année longue, année après année.»

- bernard valcourt, ministre fédéral des affaires autochtones et du développement du nord canadien

«Nous voulons certainement que les enfants aillent à l'école le ventre plein, mais est-ce que c'est le travail du gouvernement d'être là pour servir leur déjeuner aux gens ? [...] Estce que c'est mon travail de nourrir l'enfant de mon voisin ? Je ne crois pas.»

- James moore, ministre de l'industrie du Canada

«Pour ce qui est des sans-emploi [...] je ne me sens pas particulièrement mal pour beaucoup de ces gens. Ils ne se sentent pas mal pour ça non plus, tant qu'ils reçoivent de généreuses prestations d'aide sociale et d'assurance emploi.»

- Stephen Harper, premier ministre du Canada

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dossier

L'austérité n'est pas la solution Partout où elles sont appliquées, les politiques d'austérité ont un effet contreproductif. Alors que la zone Euro semble reprendre le chemin de la récession, l'Institut de recherche et d'information socio-économique (IRIS) craint que ces mesures restrictives n'entrainent le Québec et le Canada dans le piège d'un perpétuel marasme économique. Par Magda Ouanes

L'obsession du déficit zéro compromet la reprise économique au Québec, favorise le surendettement des ménages et risque de faire exploser les coûts économiques et sociaux découlant de l'atteinte rapide de l'équilibre budgétaire, indique l'IRIS. Dans une étude publiée en 2013, les chercheurs Éric Pineault et Simon Tremblay-Pepin dépeignent une économie prise au piège dans une «trappe d'austérité stagnation». «Comme nous l'anticipions il y a un an, le Québec est pris dans une spirale d'austérité stagnation, explique Simon Tremblay-Pepin. Cela veut dire que les compressions budgétaires qu'il poursuit ralentissent la croissance économique, ce qui fait diminuer les recettes fiscales et oblige le gouvernement à sabrer davantage pour atteindre son objectif. En somme, il est constamment rattrapé par sa propre action.» Si les politiques fiscales et budgétaires sont marquées par l'austérité, les politiques à l'égard des marchés financiers sont, elles, agressivement expansives, précise l'étude. Paralyser l'économie réelle en limitant les dépenses et l'investissement, soutenir l'accès au crédit des ménages pour que l'économie ne sombre de nouveau dans une récession, telle est la politique qui maintient le Québec et le Canada dans ce cercle vicieux «d'austérité stagnation». «On a voulu créer un mécanisme qui se répète et qui chaque fois qu'il se met en marche fait reculer l'intérêt général au profit des intérêts d'une élite financière et d'une minorité qui s'enrichit toujours davantage», déplore Guillaume Hébert sur le blog de l'IRIS.

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mot de Camelot les mots de la pauvreté mesure du panier de consommation (mPC)

Un indicateur dont on se sert depuis 2009 au Québec pour évaluer la pauvreté. Il permet de repérer un niveau de revenu sous lequel une personne ou une famille ne dispose pas du montant requis pour acheter un panier de base de biens et de services de première nécessité. La MPC comporte cinq sections : l'alimentation, les vêtements, le logement, le transport et une section autres qui comprend divers items d'usage courant comme le téléphone, l'ameublement, les soins d'hygiène, les frais scolaires, les loisirs, les dépenses personnelles, le tout en quantités limitées. Elle détermine ce qu'on appelle le revenu disponible à la consommation. On estime qu'il faut ajouter en moyenne environ 7 % au montant de la MPC pour estimer le revenu après impôt (et transferts) nécessaire pour pouvoir acheter le panier au-delà de ces dépenses non incluses.

mobilité sociale

La possibilité qu'a un individu de changer de statut social, par sa profession ou son revenu, au cours de sa vie. Le niveau de mobilité sociale dans une société reflète le niveau réel d'égalité des chances. Elle dépend de facteurs économiques et sociaux comme le revenu, le réseau social, les diplômes, etc.

trappe de pauvreté

Le risque qu'une personne pauvre ne trouve plus aucun avantage financier à travailler quand les montants gagnés sont totalement déduits de ses prestations de dernier recours. lectif pour unPour Québecidentifier sans pauvreté – Version du 9 septembre 2014 comme critère le taux effectif marginal d'imposicette trappe, on utilise tion (TEMI), c'est-à-dire l'imposition effective du dernier dollar gagné, compte tenu des changements de prestations, de taxation ou de palier d'imposition. Pour les plus pauvres, existe certaines situations où le taux est de 100 %, donc où chaque dollar gaanier deilconsommation et les seuils demarginal faible revenu gné est reversé à l'État. Les prestataires d'aide sociale ont droit à 200 $ supplémentaires sans pénalité, après quoi, chaque dollar gagné est retiré à 100 % de la prestation, encourageant peu le retour au travail.

où se situe le Québec ?

trébucher et tomber La pauvreté, ça nous tombe dessus sans qu'on s'y attende! Il y a une vingtaine d'années, j'ai souffert de problèmes émotifs. Hospitalisé pendant un mois, je me suis retrouvé avec un chèque d'aide sociale pour la première fois de ma vie et j'ai vécu dans un foyer d'accueil pendant 4 ans. Il est très difficile de s'ouvrir aux autres lorsque nos moyens financiers ne permettent pas de socialiser. Comment inviter quelqu'un quand on ne peut même pas lui payer une consommation ? J'ai donc vécu en marge de la société quelques années, toujours en mode de survie. Ma famille n'a pas compris ce qui m'arrivait et a rompu les liens avec moi. Avec le temps, j'ai pu améliorer mon sort avec de petits emplois à droite et à gauche. Maintenant, ma santé va mieux et je me sens plus autonome que par le passé.

FranÇoiS GautHier Préposé à la réception

Le taux de faible revenu selon la mesure du panier de consommation (MPC) :

2002 : 10,8 % de la population 2007 : 8,3 % de la population ommation (MPC) sert depuis 2009 de repère au Québec pour les 2011 : 10,7 % suivre de la population int de vue de la couverture des besoins de base. Source : Centre d'étude sur la pauvreté et l'exclusion (CEPE)

evenu qui a fait consensus tant du côté gouvernemental que citoyen sur Ce qui un peuou mieux ermet de repérer un niveau de revenu sous lequel unevapersonne une › La situation des familles : en 2002, 8,1 % des fantant requis pour acheter un panier de base de biens et de services de milles ne couvraient pas leurs besoins de base. En 2010, ce taux a baissé à 6,1 %

Ce qui coince encore

› La pauvreté globale a diminué, mais l'extrême pauvreté est en croissance ; › La couverture médiatique : selon Influence Communication, en 2012, le thème de la pauvreté s'est retrouvé en 17e rang des sujets couverts lors de la campagne électorale de 2012 ; › La pauvreté chez les autochtones.

ns une zone de seuils de faible revenu, la MPC se trouve en bas de zone. equel on se trouve en déficit humain, ce qui conduit à des stratégies en es dollars vitaux pour couvrir ses besoins. On prend dans son espérance de

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doSSier

des pistes de solutions Un peu partout sur la planète, des idées naissent ici et là pour tenter d'enrayer la pauvreté. Tour d'horizon d'actions concrètes qui ont donné des résultats. Par martine b. CÔtÉ

viva brasil ! Depuis 2003, le programme Bolsa família (bourses familiales) instauré par le gouvernement Lula a fait ses preuves. Le concept est presque trop simple pour être vrai : l'État verse une somme d'argent aux plus pauvres. Les familles au revenu mensuel de 65 $ et moins - et elles sont nombreuses - ayant un enfant de moins de 17 ans, reçoivent un montant d'environ 70 $ par mois. La seule condition : envoyer ses enfants à l'école et leur assurer un suivi médical. Notons que toute personne gagnant moins de 35 $ par mois – nombreuses, elles aussi - reçoit aussi ce montant d'environ 70 $, même si elle n'a pas d'enfant. Dix ans plus tard (tadam !), le taux de pauvreté a été réduit de moitié et une forte majorité des bénéficiaires travaillent. Rien n'est parfait, mais une réduction de 15 % des inégalités a été notée. Ce programme repose sur une idée inspirante : s'assurer que la deuxième génération d'une famille pauvre augmente ses chances de sortir de la pauvreté par l'éducation et une bonne santé.

aventure manitobaine Le Manitoba, terrain d'une expérience de revenu minimal garanti ? C'était dans les années 1970, ça n'a duré que quatre ans, mais les résultats ont été probants. La chercheure Evelyn Forget a observé que les taux d'hospitalisation avaient diminué de 8,5 % et que les enfants qui avaient connu le programme ont eu tendance à prolonger leurs études. La ville de Dauphin avait été choisie parce que son économie reposait surtout sur l'agriculture. Les années de mauvaises récoltes, ce revenu de base donnait un peu de répit aux citoyens. Au final, c'est 30 % de la population qui en a bénéficié. L'inscription au programme Mincome était volontaire et l'attribution se faisait à l'image d'un impôt négatif, c'est-à-dire un ajustement en cours d'année. Le couperet est tombé sur ce projet pilote en 1979 avec l'élection d'un gouvernement Progressiste-Conservateur.

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expérience africaine Deux petits villages de la Namibie, un pays aux inégalités particulièrement visibles, ont expérimenté une allocation garantie. Le projet, pendant ses deux années de vie, a eu un effet sur le taux de malnutrition, qui a chuté de 42 % à 10 %. Les prestataires n'avaient pas à expliquer comment ils dépensaient cet argent. Fait à noter, les propriétaires de bars s'étaient entendus pour ne pas ouvrir leur établissement le jour de la remise des allocations. Juste au cas...

un salaire minimum à 15 $ Le 29 mai 2014, la ville de Seattle est devenue l'endroit où le salaire minimum est le plus élevé en Amérique du Nord : 15 $ de l'heure. Aux États-Unis, il est actuellement d'un maigre 7,25 $. Le bond est immense ; la lutte qui a mené à ce projet de loi l'est tout autant. Le conseil municipal et les grandes entreprises ont tout tenté pour faire mourir le projet de loi, mais le secret du mouvement 15NOW, c'est entre autres la mobilisation citoyenne, une pression de la base qui fut sans relâche. Les politiciens n'ont eu de choix que de céder. Parions que les inégalités sociales vont rétrécir dans la ville du grunge. (Sources : IRIS, 15now.org)


La journée mondiale du refus de la misère Reconnue par les Nations Unies depuis près de 20 ans, le 17 octobre, journée mondiale du refus de la misère, est devenu le rendez-vous incontournable de tous ceux qui s'engagent pour refuser la misère et ceux qui la vivent au quotidien. ATD Quart Monde, mouvement international de lutte contre la pauvreté et précurseur de cette journée, organise des rassem­ blements, des évènements culturels et des marches à travers le monde. Par Magda Ouanes

1. Paris (France)

Hommage aux victimes de la misère sur le parvis des droits de l'Homme et des libertés du Trocadéro avec témoignages, ateliers et jeux de sensibilisation aux préjugés. Aussi, une exposition au Sénat contre les idées fausses sur les pauvres et leurs conditions de vie.

2. Namur (Belgique)

Inauguration d'une peinture collective géante au Parlement Wallon et rassemblement devant la dalle des droits de l'homme installée à l'intérieur du Parlement afin de témoigner et de rendre hommage aux victimes de la misère.

3. Dublin (Irlande)

Le Comité du 17 octobre invite les citoyens à se rassembler pour une commémoration autour de la dalle des droits humains installée proche des sculptures illustrant la famine irlandaise du XIXe siècle.

4. New York (États-Unis)

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Le mouvement ATD Quart Monde commémore la Journée internationale du refus de la misère au quartier général de l'ONU. Plusieurs activités majeures seront prévues, dont une réception à la Maison Quart Monde à New York.

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5. Ja-Ela (Sri Lanka)

L'association Purnodoya, qui vient aide aux familles démunies, présente le livre Joseph, une biographie du père Joseph Wresinski, fondateur du mouvement ATD Quart Monde, traduit en Sinhala pour l'occasion. Les enfants du centre Purnodoya présenteront trois pièces de théâtre sur sa vie.

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6. Kibera (Kenya)

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L'organisation Young Single Mothers Empowerment Group organise une grande marche contre l'extrême pauvreté en mémoire des personnes qui ont perdu la vie à cause de la misère et de l'instabilité qui règne dans ce pays. Témoignages et discours de sensibilisation sont prévus dans les quartiers les plus pauvres.

7. Kinshasa (Congo)

Projection du film Je mange donc Je suis de Vincent Bruno à la maison de Laïcité. L'objectif est de permettre aux consommateurs congolais de réfléchir et d'agir pour lutter contre la faim et la misère en RDC.

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PAR ÉLISABETH JULIEN-ROCHELEAU ET GOPESA PAQUETTE

Blé dingue Le vendredi 5 septembre dernier se déroulait l'épluchette de blé d'Inde annuelle des camelots de L'Itinéraire sous le pont JacquesCartier. L'événement, organisé par Claudine Boucher, aide aux loisirs de L'Itinéraire, ainsi que par l'équipe du développement social et du financement, fut empreint de joie et d'échanges. C'est par un après-midi ensoleillé qu'avait lieu cet événement festif et rassembleur pour la grande famille de L'Itinéraire. Camelots, stagiaires ainsi qu'an ciens et nouveaux employés étaient au rendez-vous. Pour l'occasion, les propriétaires de La Fruiterie du Petit SaintJacques (1907, rue Amherst), M. Claude Plouffe et M. Jonathan Plouffe, offraient, pour la troisième année consécutive, plus de 40 douzaines d'épis pour le plus grand bonheur des invités. Nous souhaitons remercier tous ceux qui ont contribués de près ou de loin à faire de cette journée un succès. (EJR)

L'Itinéraire à 35 000 pieds d'altitude Les passagers d'Air Canada pourront voir l'histoire de notre camelot de la station Cadillac, Rheo Gallant, durant tout le mois de novembre, alors le film Rheo de la cinéaste Claire Sanford sera diffusé à bord de ses appareils. Le documentaire sillonnera ainsi le pays et sera aussi présenté lors du Air Canada enRoute Film Festival qui aura lieu dans les grandes villes canadiennes jusqu'au 1er janvier 2015. Bravo Claire pour ton succès et de permettre à l'histoire de Rheo et de L'Itinéraire de voyager ainsi ! (GP) Photo : Claire Sanford

L'art : bienfaits à long terme L'art occupe une place importante dans la vie de L'Itinéraire, autant pour les employés, les camelots ou les participants aux programmes de réinsertion socioprofessionnelle. C'est le cas d'un de nos commis de bureau, Gilles Leblanc, qui pratique les arts visuels depuis des décennies. Il fait partie des personnes sur lesquelles le réalisateur Jean-Sébastien Ouellet a porté son regard. En se collant au quotidien de Hugues, Gilles, Dany, France, Sophia, Véronique et la famille Boivin, le film répond à une question toute simple : «Comment la découverte, la pratique et l'amour des arts visuels peuvent-ils faire une différence dans la vie des gens?»

L'art qui fait du bien

Lundi 13 octobre, 21h, Les grands documentaires de Télé-Québec Photos : Philippe Boisvert

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danS la tÊte deS CamelotS

Super pouvoirs Chacun d'entre nous a déjà rêvé d'avoir des pouvoirs magiques. Ouvrir le champ des possibles. Rêver sans contraintes, sans limites. Certains d'entre nous y songent peut-être encore. C'est sans doute ce pourquoi les super héros, de Superman à Thor, nous émerveillent toujours. Nous avons demandé à nos camelots d'oublier leur condition humaine un instant, et laisser place à leur imaginaire. Abracadabra, que la magie opère!

vibrer au positif marie-Soleil thibault

le pouvoir d'être champion

Camelot, angle Beaubien/30e Avenue

Jean-Pierre ménard

Camelot, angle Sainte-Catherine/Université Si j'en avais le pouvoir, je ferais en sorte que jamais plus personne ne vive dans la rue et que tout le monde soit valorisé. Dans un monde idéal, cela passerait par la pratique des sports pour que ceux qui vivent dehors passent du statut d'itinérant à celui de champion.

Parvenir à toujours être positive et véhiculer cet état d'esprit à tout le monde autour de moi. Je pense qu'on a le pouvoir de s'auto-influencer, mais encore faut-il que les gens soient réceptifs, alors je ferais en sorte qu'ils soient toujours ouverts à l'idée d'être heureux pour ne pas me sentir mal d'être toute seule heureuse.

Plus de sans-abri Claudine boucher Aide aux loisirs

Sortir les gens du milieu de l'itinérance. Je trouve qu'il y a en a beaucoup trop, mais je suis certaine qu'on peut tous les aider à s'en sortir. C'est exactement ça que je ferais si j'avais un pouvoir magique.

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le pouvoir de faire rire benoît Chartier

Camelot, IGA Place Bercy et Métro Radisson Si j'avais un super pouvoir, je ne choisirais pas des ailes. Je voudrais plutôt rendre les gens heureux. Quoi de plus triste que de voir les mines abattues des gens en général ? J'aimerais leur redonner le sourire et un peu de joie de vivre. Pour l'instant, même si je ne possède pas ce super pouvoir, j'essaie tout de même de voler un sourire aux gens. Mon secret, c'est l'humour ! Je ne suis pas un humoriste pour autant. Une petite blague bien placée peut faire toute une différence dans une journée. «Un petit trois dollars pour 48 pages d'excellente lecture pour lutter contre la pauvreté ! J'accepte aussi les 20, les 50 et la gomme balloune.» Souvent, quand je prononce cette phrase, les gens ont un sourire en coin. Quelle différence cela ferait si chacun(e) utilisait l'humour dans son quotidien ! Sur ce, gardez le sourire et bonne journée.


enfant de cœur Johanne besner

Préposée à la réception Si un génie pouvait me donner un pouvoir, je bâtirais des maisons pour subvenir aux besoins des familles, des enfants, des personnes seules, des personnes âgées. D'un coup de baguette magique, ils auront de quoi se vêtir, de l'aide pour apprendre à lire et à écrire, de la compagnie et plein de bonnes choses à manger dans leur frigo.

Guérison instantanée raoul Joubert

Camelot, métro Montmorency J'aimerais guérir le monde, prendre soin de ceux qui sont malades. Je souhaiterais avoir le pouvoir de les toucher et de les soigner instantanément. Plus besoin de prendre une pilule !

repartir à zéro

denis bourgeois alias Cléon Préposé à la cuisine

Je m'en irais à Stockholm. Juste en claquant des doigts je pourrais me rendre là où j'ai envie. Je ferais le tour du monde, mais d'abord j'irais vivre en Suède parce que je suis un grand fan du groupe ABBA. J'aime bien le Québec, mais je rêve de partir pour laisser tous les mauvais souvenirs derrière moi et recommencer une vie meilleure.

libre comme l'air Cindy tremblay

Camelot, angle Beaubien/28e Avenue

l'homme invisible Junior Petit-Frère Préposé à la cuisine

J'adorerais avoir le pouvoir d'être invisible pour voir ce que les gens font lorsqu'ils sont tout seuls. C'est drôle, mais j'ai toujours été curieux de voir ce que les gens faisaient lorsqu'il n'y a personne.

Je voudrais avoir le pouvoir d'avoir la liberté d'être qui on est, de faire ce qu'on a envie de faire, la liberté de pouvoir nous exprimer librement, sans crainte des religions, des normes, des règles, sans peur du jugement des autres. Je pense que le gouvernement et la société exercent un pouvoir sur nous. On nous dit qu'on a un pouvoir avec le vote, mais c'est faux parce qu'on n'a pas vraiment le choix. On nous dit constamment quoi faire, comment agir, ce qu'on a le droit de faire et de ne pas faire. Pour moi, ça, ce n'est pas être libre.

l'abondance partagée

vivre en paix

Bénévole à la distribution Pouvoir faire apparaître de l'argent à volonté ! Voilà quel serait mon pouvoir magique. Ça serait merveilleux. Je me ferais plaisir, j'offrirais un tas de choses à mes amis et on ne manquera jamais de rien. C'est vrai que l'argent n'arrange pas toutes les choses, mais 99.9 % par exemple !

Hôpital Saint-Luc

michel Houle

France b.

Si j'avais un pouvoir magique, il n'y aurait plus de guerre, plus aucune violence ni aucune injustice commise sur terre. Je ferais disparaître tous ceux qui voudraient nuire et empêcher le monde de vivre en paix.

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mot de Camelot «lâche pas mon homme !» Bonjour, je m'appelle Steve et je travaille depuis quelques mois en tant que camelot pour le magazine L'Itinéraire. J'ai été, dans le passé, plusieurs années dans la rue. Heureusement, même si cela prit un certain temps, j'ai maintenant un logement plus que convenable. En février dernier, j'étais de retour aux études, en dessin industriel. J'ai eu cent pour cent à mon premier examen. Je n'ai pas besoin de vous dire à quel point mon enthousiasme était à son maximum. Je n'étais plus dans la rue, je ne consommais plus et de plus j'en étais à terminer mes études avec brio. Malheureusement, trois semaines plus tard, je me brisai la jambe à trois endroits en marchant. Était-ce dû à mon surplus de poids accumulé en thérapie ou simplement à des faiblesses de mes os, dû à mon passé ? Bref, toujours est-il que j'ai dû subir une intervention au niveau de la jambe, de chaque côté. Suite à mon opération, ma condition physique ne me permettait plus de retourner sur le marché du travail. Après avoir passé deux ou trois heures debout, j'ai les jambes en compote. De plus ma cheville ne me permet plus pour l'instant de transporter de lourdes charges.

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Évidemment comme tout le monde, j'ai passé à travers une certaine période de noirceur. Heureusement, un ami m'a parlé du magazine L'Itinéraire. Vendre le magazine me permet de gagner ma vie dans la dignité. Lorsque je suis fatigué, je peux aller m'asseoir quelque temps pour me reposer. Il est évident que cela ne me serait pas possible si j'avais un emploi régulier. Cela me permet aussi de pourvoir à mes besoins quotidiens malgré mes limitations physiques. Je suis très satisfait jusqu'à présent.

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la nuit des sans-abri a 25 ans «Personne n'est à l'abri» : plus que jamais, le slogan de la Nuit des sans-abri semble pertinent et prend tout son sens en ces temps d'austérité. L'événement célèbre cette année son quart de siècle. Par martine b. CÔtÉ

G

rande victoire pour le milieu communautaire : l'administration Coderre consacrera 1M$ aux enjeux associés à l'itinérance à Montréal. «C'est un clou sur lequel on tape depuis le début de la Nuit des sans-abri», explique Isabelle Renaud, coordonnatrice de l'intervention à l'Auberge Le Tournant, impliquée depuis des années dans l'organisation de l'événement. Mais si un pas vient d'être franchi pour l'aide aux personnes itinérantes, d'autres nuages planent : le gouvernement Harper menace de réorienter la Stratégie des partenariats de lutte contre l'itinérance. Rien ne semble jamais acquis au pays de la rue. Pour sa 25e édition, la Nuit des sans-abri sera plus visible en installant son campement en pleine rue, angle Saint-Denis et de Maisonneuve, plutôt que dans le stationnement du Comité social Centre-Sud qu'elle occupait depuis quelques années. La soirée du 17 octobre commence par un rassemblement à 18 h au Square Philips. Après quelques prises de parole, les gens seront invités à marcher jusqu'à leur gîte d'un soir, en pleine rue, à l'angle de Maisonneuve et Saint-Denis. C'est la troisième fois qu'une marche vers le lieu de la vigile est organisée: «ça permet d'être plus visible, de scander des slogans, de distribuer des tracts, de ramasser en chemin des gens», explique Mme Renaud.

Événement souligné dans 32 villes du Québec

En 25 ans d'existence, la Nuit a grandi et se tient dans 32 villes du Québec. Isabelle Renaud explique : « Avant, les gens se disaient que la pauvreté et l'itinérance, c'était un phénomène uniquement montréalais, mais des gens démunis, il y en a dans plus de villes et ils sont de plus en plus visibles». Sutton, Trois-Rivières et même les Îles-de-la-Madeleine tiennent maintenant des versions locales de la Nuit des sans-abri. Ce qui attend les participants? Une soirée en trois temps. Une période plus festive avec le rendez-vous à 18 h, les discours, les prestations musicales, la marche puis l'arrivée sur le lieu de la vigile. Vers 23 h, l'ambiance change, «c'est plutôt silencieux, les gens discutent en petits groupes, se

confient, certains découvrent que leur voisin est un ancien itinérant ou au contraire quelqu'un de bien nanti.», raconte Mme Renaud. Puis, au lever du jour, vient le petit-déjeuner des braves, pour celles et ceux qui ont réussi à tenir toute la nuit. C'est avant tout une expérience de sensibilisation à l'idée que vivre dans la rue, c'est fatiguant. La coordonnatrice ajoute : «essaie, après ça, d'aller te trouver une job quand tu n'as pas dormi de la nuit, que t'as pas mangé et que tu as fait tes besoins sur un coin de rue.»

Entre 700 et 1000 courageux sont attendus par l'organisation montréalaise le soir du 17 octobre. Mme Renaud précise : «Même si ça semble peu, on ne sait jamais quel impact ça aura sur les gens. Je me souviens de toute une classe de l'école SainteJulienne qui est venue une année... Va savoir ce que ces jeunes ont réalisé cette nuit-là. Tout ne peut pas être quantifié ni calculé.» Chose certaine, l'événement compte son lot de belles histoires et de témoignages qui prendraient mille et une nuits à raconter.

Rassemblement à 18 h au Square Philips nuitdessansabri.ca

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mot de Camelot la vie et son cycle Je pense, je rêve, je vis. Je contrôle ma pensée et mon esprit. Je tente de mon mieux de m'imprégner aussi de mes rêves et de toutes ses belles couleurs. Je les vois et je veux les reproduire. Pourquoi ? Serait-ce le début d'un rêve de pouvoir ? Quand j'ai l'impression que mon interlocuteur exerce une certaine emprise, tout de suite, je pense à la drogue. C'est dans le rêve que je l'ai rencontré, avec son odeur envoûtante. C'est aussi dans les histoires secrètes que j'ai lu ses crimes et ses passions. Comme un fossile imprégné en moi. Le fantasme incarné, d'un visage, d'un mot qui passe, qui traverse mon esprit fébrile. Soit, je ne peux gouverner mes rêves vulnérables. Pourtant je tente de les reproduire. Des images s'accumulent dans ma tête. Des couleurs de joie me rappellent mon enfance et toute l'innocence qui m'imprègnent aujourd'hui. J'ai l'impression de penser, de respirer et de vivre. L'aberration est de respecter l'ignorance.

Cybelle Pilon Camelot, angle Pie-IX/Ontario

les calepins de Gérard-Horace Les gestes que l'on pose pour soi ont souvent sur les autres des conséquences que nous ne soupçonnions pas. Les gens qui nous entourent sont tous un peu fêlés. C'est quoi une qualité morale, tu dis? C'est quelque chose qui se situe tellement haut par rapport à ta médiocrité que de le concevoir, si jamais c'était possible, te donnerait le vertige. Prurit. Il n'y a rien d'immuable. Si le changement fait peur, c'est qu'on a peur de mourir. C'est comme ça. Enfant, je croyais en Dieu ; adulte, j'ai cessé d'Y croire. Est-ce que c'est important? Absolument pas. Croire ou ne pas croire ne changera rien au fait que, bientôt, on va tous crever. Même Dieu n'a aucun pouvoir là-dessus. L'Ennemi est coriace et n'abdique jamais. On ne le voit pas, mais il est là. Tapi. Silencieux comme un guépard. Fourbe comme Scapin. Cruel comme le Destin. Toi, naturellement, tu t'imagines peinard, vautré que tu es dans le char d'assaut de ta petite vie horizontale. Quelle innocence! Quelle imprudence! Pour un peu, tu te sentirais satisfait. Et puis soudain, puf. La roquette en pleine gueule. «Chéri, tu sais quoi? J'ai oublié de prendre ma pilule, ce mois-ci.» Un père devrait avoir le droit de choisir son enfant. Comme on choisit un navet au comptoir des légumes. Ça réglerait bien des problèmes. Faire chier quelqu'un, ça peut justifier et modeler toute une existence. II faut être con pour accepter de vivre quand il faut vivre en acceptant d'être con. C'est là le grand paradoxe de l'humaine condition. Les pauvres, c'est comme les singes. Quand on regarde un documentaire sur les bonobos, on les trouve fascinants, bien sûr, sympathiques et tout, on s'émerveille de leurs moeurs évoluées, de la complexité de leurs structures sociales, on s'étonne de leur ressemblance avec la nôtre, de leur intelligence, on s'indigne de la déforestation dont ils sont les victimes, on s'identifie à eux et on les aime, oui, mais on n'irait pas vivre avec eux dans un arbre. Pierre Saint-amour Camelot, métro Université-de-Montréal


mot de Camelot

PiSte Pour innover socialement tous ensemble piste.itineraire.ca CommunautÉ luc Parlavecchio : sport d'équilibre pour jeunes en difficulté Cet homme au parcours déjà riche en engagement, arrive au Québec en 1998, devient intervenant jeunesse avant d'être directeur d'Environnement Jeunesse, une organisation qui œuvre en éducation en environnement auprès des jeunes. C'est en 2006, alors qu'il est directeur général par intérim du Fond d'Action Québécois pour le Développement Durable, qu'il crée DesÉquilibres, une coopérative de solidarité qui utilise le sport comme outil psychosocial afin de favoriser l'engagement social des jeunes en difficultés.

Superpowers I've read about many superpowers that have existed in history. Some of them were the Babylonian, MedoPersian, Greek and Roman Empires. These empires were powerful in their time and had great influence on the world. However all their rules eventually ended. This past century the Germans succeeded for a few years during World War II in dominating much of Europe and parts of Africa. Later the Germans lost the war and the country was divided. The United States and the Soviet Union were allies during this war, but later competed against each other as superpowers. God Almighty is the one I look up to, who is omnipresent and eternal. Even though these superpowers have been dominant in the world, I look forward to the Lord Jesus Christ's Kingdom on earth, which will be better.

bill eConomou Camelot, Marché Atwater

SantÉ l'écoute plutôt que la camisole de force revenu recycler pour un monde meilleur loGement États-unis. vétérans relogés 1er octobre 2014 | ITINERAIRE.CA

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mot de Camelot nuit blanche et noire Un jour, un moment, une nuit, un instant Ton souvenir, tes yeux pétillants Ton sourire est gravé à travers le temps Tes mains sensuelles et baladeuses Ta bouche chocolatée et pulpeuse Ton corps de dieu! Comme j'étais chanceuse. Ton regard perçant et tatoueur, me donnant des frissons Faisant la course du haut de mon épaule jusqu`au bout de mon orteil Parcourant mes bras, chatouillant mon cou et redescendant le long de ma cuisse. Je me sentais chassée... nous nous sommes embrassés. Tu m'as caressée, tu m'as regardée; comme si j'étais une œuvre d'art! Le désir était de feu, la passion enflammait nos cœurs. Un jour, un moment, une nuit, un instant Mes pupilles ont photographié la scène Tu n'étais qu'un inconnu plus tôt et tes pouvoirs Sensoriels, qui ont ensorcelé mon âme, Ont réveillé la panthère en moi. Cette nuit-là, j'ai cru que j'allais pleurer... Pleurer de joie! Tu m'as fait sentir vivante, tu m'as fait sentir belle, Tu m'as fait sentir femme. Tu as lu en moi. Les étoiles ont fait de ce moment une nuit éternelle...

Cindy tremblay Poète de rue Camelot, angle 28e avenue/Beaubien

Une Centrale au service des personnes, en mouvement avec son temps

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LUCA LE LIRA


un recul important dans la lutte à l'itinérance

inFo raPSim

Pierre Gaudreau | Coordonnateur du RAPSIM

U

n solde de 3,2 millions $ demeurait disponible pour l'année 2014-2015 dans le cadre de la Stratégie de partenariats de lutte à l'itinérance (SPLI) : l'Agence de la santé et des services sociaux a finalement lancé en septembre un important appel de projets en lien avec ces fonds disponibles. L'approche privilégiée de cet appel est la Stabilité résidentielle avec accompagnement (SRA), une nouvelle terminologie qui se situe en ligne directe avec celle du Housing first promue par le gouvernement fédéral. C'est avec beaucoup de mécontentement que les organismes ont reçu cette invitation, qui exclut tout projet en immobilisation de même que toute intervention en prévention de l'itinérance, ce qui constitue des reculs importants.

des exclusions contradictoires

construction de 800 logements sociaux, d'hébergement et de refuges. Plusieurs organismes ont pu se doter d'équipements et d'installations grâce à la SPLI : les locaux de l'Itinéraire, Dopamine, le motorisé de l'Anonyme, alors que de nombreux autres groupes tels le Pas de la rue, MultiCaf, la Maison des Amis du Plateau et le Comité social Centre-Sud ont eu des contributions importantes pour rénover et améliorer leur installations. Ce ne sont pas le gouvernement du Québec ni la Ville qui pourront remplacer tous ces investissements cruciaux dans la lutte à l'itinérance.

3,2 millions $ pour la stabilité résidentielle en quelques mois?

L'échéancier de l'appel est un autre élément qui dérange. Les organismes devaient développer et déposer un projet en trois semaines pour le 16 septembre. Ceux-ci devront se réaliser du 1 er octobre au 31 mars. Or les projets ne peuvent débuter sans approbation et, depuis 2001, ces délais ont toujours été de nombreux mois. Mener en quelques mois un projet pour stabiliser des personnes en logement relève d'un vœu qui ne sera pas facile à concrétiser.

Alors que la Politique nationale de lutte à l'itinérance adoptée au Québec prône une approche globale pour Ensemble prévenir la rue et en sortir, les balises conclues entre les deux gouvernements pour lancer cet appel en font fi. On ne mentionne même pas cette Politique. Pourtant, dans une lettre au RSIQ datée du 13 août dernier, la ministre fédérale d'État au développement social, Candice Bergen, afer firme que cet appel se fera de façon «harDéjà, pour l'année en cours, un montant de 4,6 millions $ avait été engagé pour mainmonisée» avec la Politique québécoise en tenir les différentes interventions soutenues par la SPLI, soit près de 90 postes en itinérance ! La prévention est exclut de cet intervention dans plus de 50 organismes à Montréal. Dans moins de 180 jours, cela appel qui vise l'application de la SRA pour vient à terme, tout comme les projets qui doivent se développer cet automne. des personnes en situation d'itinérance Les balises de la SPLI 2015-2019 résulteront de la signature d'une Entente chronique et épisodique, mais pas pour les Canada-Québec, toujours en négociation. Dans le passé, les différentes ententes personnes à risque. Il est pourtant crucial signées par les gouvernements québécois, tant libéraux que péquistes, ont toujours d'agir de façon forte en amont pour prépermis le déploiement de l'aide fédérale, en respect des modèles d'interventions exisvenir l'itinérance, comme pour tout autre tants et des priorités régionales. Les balises du présent appel sont donc un précédent phénomène ! plus qu'inquiétant. Que permettra la SPLI au 1er avril prochain ? Pour une lutte efficace L'exclusion de tout projet immobilier est à l'itinérance, il est crucial que l'aide fédérale soutienne une diversité d'actions pour un autre recul majeur. Depuis 2001, l'aide prévenir et réduire l'itinérance. Ces réalités sont multiples, les solutions le sont aussi. fédérale à Montréal a contribué à réduire et prévenir l'itinérance en contribuant à la

l'enjeu du 1 avril prochain

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PAR sylvain-claude filion

panorama

Félix Leclerc (1951)

Photos : Félix Leclerc (1951) ©Ronald Desmarais/Collections BanQ, Dominique Michel (1952) ©Ronald Desmarais/ Collections BanQ et Louis Armstrong (1967) ©Ronald Desmarais/Collection Ronald Desmarais/Getty Images

Gaby, oh Gaby Il a vécu à Hollywood et à Monaco et il a ouvert son premier studio à Montréal en 1947. Gabriel Desmarais (1926-1991), mieux connu sous le pseudonyme de Gaby, a vu défiler devant son objectif les plus grandes stars du XXe siècle. À travers sa lentille, les caractères s'affirDominique Michel (1952) ment et les auras s'animent. Afin de raviver le souvenir de ce photographe émérite auprès de ceux qui le méconnaissent aujourd'hui, la Grande Bibliothèque et le Quartier des spectacles présentent une rétrospective d'une cinquantaine de ses meilleurs portraits.

GABY – MAÎTRE DU PORTRAIT

Jusqu'au 7 juin 2015 Grande Bibliothèque et Quartier des spectacles Louis Armstrong (1967)

Chanson de geste

L'opéra contemporain Notre Damn est une création qui défie toute classification. Chorégraphie et chant opératique dans une langue inventée à partie de l'anglais et du latin constituent le langage choisi par OPÉRA FOE, avec Marie-Annick Béliveau, Anne Julien et Sarah Williams (La La La Human Steps) pour raconter une histoire improbable étalant rapports mères-filles. On est curieux.

NOTRE DAMN

Du 30 septembre du 4 octobre Théâtre La Chapelle lachapelle.org

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DANIELLE PROULX

Une vie de jeu De la mère dans C.R.A.Z.Y, jusqu'à l'itinérante antisociale d'Unité 9, en passant par nombre de pièces jouées en été, la comédienne entrelace cinéma, télé et théâtre depuis plus de 30 ans. Pour cette femme aimée de tous, aussi mère d'Émile Proulx-Cloutier et tante de Catherine Proulx-Lemay, la soif d'apprendre et les liens familiaux sont au cœur de sa vie. PAR MARTINE B. CÔTÉ PHOTOS : MARIO JEAN/MADOC

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our la première fois depuis longtemps, Danielle Proulx a passé la saison chaude sur le bitume montréalais plutôt que près du fleuve, au Théâtre Beaumont-Saint-Michel, où elle a joué pendant neuf étés consécutifs. Elle a plutôt passé une bonne partie de l'été dans les entrailles de la tour de Radio-Canada, pour y incarner ­Henriette, une itinérante aux traits durs comme l'asphalte. Un été en prison pour la belle Danielle, qui doit passer des heures au maquillage pour devenir cette femme mystérieuse, nouveau personnage apparu dans la série vers la fin de la saison dernière. Impossible de savoir ce qui attend Henriette, «même les actrices d'Unité 9 reçoivent les informations au ­compte-gouttes», précise-t-elle. Dix épisodes sont déjà dans la boîte, 14 restent à tourner. Madame Proulx ne ménage pas les éloges envers l'auteure de la série, ­Danielle Trottier. «Elle a une lunette tellement humaniste pour regarder ses personnages. On rencontre les femmes avant de rencontrer leur crime. Ça change la donne. Elle nous montre avec quoi elles se débattent, leurs ressources, ce qu'elles vivent, avant et après leur arrivée en prison.»

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Dans les souliers de Jehane Benoît

L'actrice a constamment alterné le travail sur les planches et à l'écran, le petit comme le grand. «Je fais partie des chanceuses qui n'ont pas connu de trou dans leur carrière», avoue-t-elle. Ces jours-ci, c'est Le pain et le vin, plus récente création du Nouveau Théâtre Expérimental qui l'occupe. Et elle s'amuse ferme avec cette compagnie qu'elle fréquente «avec amour» depuis les débuts. Danielle Proulx se souvient avec émotion de Vie et mort du roi boiteux, «cette épique épopée de 15 heures faite avec une passoire et des rideaux». Elle a aussi tâté de l'impro de la LNI, créée par Robert Gravel, «mais c'était pas mon genre de jeu. J'avais entre autres de la difficulté à porter un costume unique. J'avais tendance à jouer toujours des tom boy parce que je portais des espadrilles et un grand chandail ! C'est fou, je sais, mais quand je crée un personnage, j'aime ça savoir quelle sorte de souliers il porte ; des escarpins très hauts, des souliers fermés plutôt plats, j'ai besoin de savoir c'est quoi son ancrage au sol, dans quoi mon personnage marche», explique-t-elle. Ce sont les chaussures de Jehane Benoît qu'elle enfile ces jours-ci dans Le pain et le vin, troisième exploration du Canada français de 1608 à 1998 par le tandem formé par Son personnage d'Henriette, dans Unité 9, a passé quinze ans de sa vie dans la rue. «C'est normal qu'elle ait les griffes toujours sorties et plus tellement de vernis social.»


entrevue Quand je crée un personnage, j'aime ça savoir quelle sorte de souliers il porte, dans quoi mon personnage marche. DANIELLE PROULX

Alexis Martin et Daniel Brière. Les mœurs alimentaires des autochtones, des colons, la disette, l'abondance actuelle, la bouffe est explorée sous toutes ses coutures, pour son côté politique, aussi. «C'est à la fois un immense travail de recherche et c'est complètement loufoque», ­résume-t-elle. Alterner comédie estivale et création plus cérébrale, pour elle, n'est que pure normalité : «jouer, c'est un seul métier, mais avec plein de couleurs». Elle se fait vive défenseure de la comédie, «l'une des plus grandes écoles pour un acteur, une école d'écoute. Et ce qui est formidable, c'est de jouer longtemps. En saison régulière, on joue une vingtaine de soirs, juste le temps de faire lever la pâte. Dans les théâtres d'été, on joue 58, 60 représentations du même spectacle. On a le temps de développer la mécanique de la comédie. Et en comédie, le public est un personnage : les gens ne réagissent jamais de la même manière d'un soir à l'autre.»

Le fossé des générations

L'auteure d'Unité 9, qui s'est inspirée de plusieurs femmes vivant l'itinérance à Montréal, a créé «un personnage troublant, mais loin de la caricature», se réjouit l'actrice. «L'itinérance m'a toujours troublée, Encore plus chez les personnes plus âgées, confesse Danielle Proulx. Henriette, par exemple, est arrivée dans la rue à 45 ans. Qu'est-ce qu'elle a bien pu vivre pour en arriver là ? Pour une femme, une nuit dans la rue, c'est la jungle. Imagine pendant 15 ans ! C'est normal qu'elle ait les griffes toujours sorties et plus tellement de vernis social.» Pour l'actrice, l'engament social prend plusieurs formes. Marraine La fois où Danielle Proulx s'est sentie le plus démunie de L'Auberge du centre sud-ouest, C'est le jour où j'ai dû annoncer à ma mère qu'elle allait mourir... Qu'il lui restait entre 24 h destinée aux 18-30 ans, pendant et une semaine à vivre. Les médecins étaient prêts à l'opérer, mais ils lui ont dit qu'il y avait vingt ans, elle est aussi très sensible peu de chances que ça fonctionne, qu'elle risquait de ne pas se lever de la table d'opération. aux questions qui touchent les rapComment on dit ça, à sa propre mère, que sa vie achève ? Je n'avais pas de mots. En plus, ports familiaux, les liens entre les ma mère était très croyante et elle se demandait si cette décision-là était un genre d'acte générations. «Le premier projet par suicidaire. Elle disait «je suis désappointée», elle se demandait pourquoi Il lui demandait de rapport à des enfants, c'est d'en faire faire ce choix. Elle a toujours cru qu'Il viendrait la chercher. Je me sentais vraiment démunie. de bons humains. Des gens instruits, des citoyens productifs, tout ça

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mot de Camelot

Me semble que c'est avec plus de fraternité, plus de conscience des autres qu'on ferait de meilleurs humains. DANIELLE PROULX

part de la petite enfance. J'en reviens pas du peu qui est consacré aux garderies, aux écoles publiques, à l'éducation. C'est la base. Ne serait-ce que pour avoir une bonne santé.» Sans jamais abandonner ce ton de voix rassurant qui la caractérise, elle plaide pour une meilleure cohésion entre les générations : «La population vieillit. Je viens d'une famille de 10 enfants. On s'est occupés de nos parents jusqu'à la fin. Pourquoi y'a pas plus de regroupements de grands-parents qui vont faire la lecture aux enfants ? Pourquoi on n'amène pas les enfants des garderies visiter des centres de personnes âgées ? Y'a un collège près de l'Hôpital SainteJustine : pourquoi les jeunes ne vont pas aider les enfants malades à faire leurs devoirs ? Me semble que c'est avec plus de fraternité, plus de conscience des autres qu'on ferait de meilleurs humains. Et ça, faut l'inculquer aux enfants en bas âge, qui sont, en plus, une belle pâte tellement facile, affamés de tout ce qu'on peut leur donner, leur apprendre.»

Le pain et le vin

Espace Libre Jusqu'au 11 octobre

Unité 9

Les mardis 20 h Ici Radio-Canada Télé

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a propos de danielle Ce qui me frappe chez Danielle Proulx, c'est la passion qui l'habite, son humanisme et aussi sa façon de favoriser le pur, le vrai, l'émotion brute. Elle ne fait rien à moitié, pas de demi-mesure pour elle. On l'aime pour son talent, mais aussi pour la femme humaine et inspirante qu'elle projette si fort au cinéma comme au théâtre et à la télé. Elle dévoile son âme en finesse et en douceur. En même temps, elle te déchire et te recoud. De haut en bas, de long en large, elle t'amène partout. Elle nous fait vivre ou revivre selon le cas. Bravo à vous Danielle et à vos personnages !

CÉline marCHand Camelot, angle Saint-Denis/Ontario


vivre

Par Denyse Monté

Le yoga qui vient vers vous

Le viniyoga s'adapte à vous et non l'inverse. La posture n'est pas la finalité, c'est le bien-être de la personne qui prime. Grosse différence avec les notions de performance, de dépassement et de défi que l'on intègre dans notre vie, souvent à notre détriment. Il diffère aussi du hatha-yoga, dont les asanas peuvent rebuter bien des débutants. « Ce type de yoga est le plus doux, le plus adapté aux limites de chacun et chacune», explique Louise Labelle, instructrice de viniyoga qui a étudié au réputé Centre Viniyoga montréalais Lily Champagne. Selon elle, c'est par la respiration dans le mouvement que notre corps nous amène plus loin. La professeure Labelle applique la philosophie du viniyoga en aidant les élèves à habiter leur corps avec respect et prudence. Bien sûr, il faut se forcer un peu pour augmenter notre souplesse, « mais jamais se pousser ».

Devenir fan des fanes

Pourquoi jeter les feuilles des radis, carottes, betteraves, céleris ou des échalotes ? Les fanes, c'est leur nom, peuvent être apprêtées de multiples façons : blanchies, sautées, frites, en potage, dans des purées, pestos, quiches, salades et même dans vos smoothies. Bien lavées, les fanes (non flétries) des plantes potagères sont délicieuses en plus de regorger de vitamines et d'antioxydants. Surtout si elles sont bios. Pour concocter une recette désintox, par exemple, un velouté de fanes de radis fera des merveilles. Et puis, aimer les fanes, c'est une délicieuse façon de lutter contre le gaspillage.

Source : doctissimo.fr et evacuisine.fr

Ahhhye !

Photos : 123fr.com/loganban, kodda et sifotography

Bâiller permettrait d'abaisser la température du cerveau, évitant ainsi la surchauffe cérébrale responsable de plusieurs maux. Des scientifiques autrichiens ont provoqué des bâillements par l'effet de contagion chez des passants pour compiler des données sur ce sujet. Le cerveau est très sensible à la température et doit conserver une certaine température pour fonctionner efficacement. Si la thèse du bâillement refroidisseur de la température du cerveau se confirme, bâiller deviendra peut-être un traitement de choix pour soigner l'insomnie, les migraines, l'épilepsie, la dépression, mais gare au décrochement de la mâchoire comme effet secondaire ! Pour une mine de renseignements supplémentaires sur le sujet : le site baillement.com.

Soleil de plomb D'accord, nous ne sommes pas encore prêts à abandonner nos automobiles mues par les bonnes vieilles batteries traditionnelles pour passer au transport électrique, collectif ou actif, mais au moins cette dépendance au plomb peut être mise à profit. Des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) ont trouvé le moyen de recycler le plomb contenu dans les batteries d'autos pour en faire des panneaux solaires. En plus de réduire la pollution que cause ce métal hautement toxique dans l'environnement, le procédé de recyclage mis au point par le MIT pourrait ultimement alimenter une trentaine de maisons en électricité solaire. Source : futura sciences

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Dorénavant, à chaque numéro, Josée Cardinal, qui travaille depuis plusieurs années à la distribution du magazine L'Itinéraire et qui se passionne pour les mots et les jeux, propose un petit fléché à nos lecteurs.

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Réponses du 15 septembre 2014 Réponses du 1er Octobre 2014 meure potentilles

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Solution dans le prochain numéro

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L'itinéraire recommande théatre Le carrousel

La grande Sylvie Drapeau dans un percutant solo de l'auteure Jennifer Tremblay Gratuit 7 octobre, 20h, Maison de la culture Frontenac 9 octobre, 20h, Maison de la culture Côte-desNeiges

Le vertige

De Evguénia S. Guinzbourg 30 actrices et acteurs sur scène pour cette adaptation théâtrale des mémoires d'Evguénia Guinzbourg, une intellectuelle soviétique emprisonnée pour ses positions politiques dans les années 30. Espace Go Jusqu'au 11 octobre

Et au pire, on se mariera

de Sophie Bienvenu Le premier roman de Sophie Bienvenu adap-

Danse Elsewhere

De Heidi Strauss La chorégraphe torontoise revient en sol montréalais après 12 ans d'absence dans un spectacle autour de notion de résilience. Les cinq danseurs explorent la capacité du corps à se transformer Du 1er au 4 octobre Théâtre Prospero

Soif – O Vertigo

De Ginette Laurin Du 2 au 4 octobre, 20 h Théâtre Maisonneuve

Loops

De Ismaël Mouaraki Un spectacle de danse urbaine créé d'abord dans le métro, inspiré par le son des rails, qui repasse par Montréal après avoir roulé jusqu'à New York. Auditorium Le Prévost Gratuit 10 octobre, 20 h Accesculture.com

té pour le théâtre est aussi en cours d'adaptation cinématographique par Léa Pool. Théâtre Prospero Jusqu'au 11 octobre

Being at home with Claude

De René-Daniel Dubois Marc Béland et Benoît McGinnis se partagent les rôles de l'enquêteur et du suspect. Jusqu'au 11 octobre 2014 Théâtre du Nouveau Monde

Qui est ce Ionesco?

De Richard Letendre Du théâtre dans le théâtre pour explorer l'univers du maître de l'humour absurde. Salle Fred-Barry du Théâtre Denise-Pelletier Jusqu'au 18 octobre

Depuis 2011, cette pièce se promène sur toutes les scènes, faisant rire et réfléchir autour du thème de la quête d'identité d'un franco-ontarien. Du Patrice Desbiens comme on l'aime Théâtre La licorne Du 6 au 24 octobre

Pour réussir un poulet

De Fabien Cloutier L'univers cinglant de Cloutier dans la bouche, entre autres, de Denis Bernard. Jusqu'au 1er novembre Théâtre La licorne

L'homme invisble/the invisible man De Patrice Desbiens

spectacles One Mado Show

La seule et unique Mado monte sur scène pour un premier spectacle solo, alliant humour et variétés, inspiré par plus de 25 ans de carrière et de vie de drag-queen. Gesù 30 septembre, 3 et 4 octobre, 20 h

Alexandre Désilets Club Soda 13 octobre 20 h

Placebo

Metropolis 13 octobre, 20 h

Loreena McKennitt Théâtre Maisonneuve 16 octobre, 20 h

Clémence Desrochers Théâtre Outremont 17 et 18 octobre, 20 h

Photo: Rolline Laporte

arts visuels De Van Gogh et Gauguin à Kirchner et Kandinsky : L'Expressionnisme allemand et la France

Musée national des beaux-arts de Montréal Du 11 octobre au 25 janvier 2015

Fresh paint/Frais peint

Maison culturelle et communautaire de Montréal-Nord Rétrospective d'artistes fortement influencés par les mouvements Graffiti et Street Art. gratuit Jusqu'au 19 octobre

Hommage à la Catalogne : 5 regards du Québec

Maison de la culture de Côte-des-Neiges Cinq artistes réinterprètent l'icône catalane la plus représentative de la chute de Barcelone : le célèbre tableau Onze de Setembre (1907) du peintre catalan Antoni Estruch. gratuit Jusqu'au 9 novembre accesculture.com

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Par Martine B. Côté, Simon Cordeau et Pierre Saint-Amour

Livres

L'angoisse des mots La poésie peut souvent être une expression de la beauté des mots. Dans Où irez-vous armés de chiffres ?, elle est l'expression de l'angoisse, du mal-être et du cynisme face au monde. Monette y dénude le monde sombre des pertes d'emploi, de l'économie en crise, de la mort des relations humaines, de l'image des femmes. Elle y mêle l'imagerie forte et mystérieuse de la poésie à la fluidité informelle de la prose. Pour le rythme, c'est plus compliqué. Sans ponctuation, les phrases se confondent, les idées se mêlent, le sens mute constamment. En tentant de déchiffrer ces pensées, on se sent perdu. Angoissé. Comme dans le monde. Lecteurs craintifs ou déprimés s'abstenir. (SC)

Où irez-vous armés de chiffres ? Hélène Monette, Boréal, 130 pages.

Femmes cinéastes : 40 ans d'histoire En quelle année le premier long-métrage signé par une Québécoise a-t-il pris l'affiche dans un cinéma ? En 1972, c'était La vie rêvée de Mireille Dansereau. Par de courts entretiens bien punchés et des photos de tournage, on découvre 59 femmes qui ont fait l'histoire du cinéma d'ici, d'AnneClaire Poirier à Micheline Lanctôt, en passant par Léa Pool et la toute jeune Chloé Robichaud. Leurs débuts, leur rapport au fait d'être une femme et leurs influences tissent les entrevues. On referme le livre ravie de ce panorama passionnant, au ton accessible, mais devant le constat que dans l'histoire du cinéma québécois, rares sont les réalisatrices qui ont bénéficié de gros budgets, comme si elles étaient condamnées à un cinéma plus intimiste. (MBC)

40 ans de vues rêvées

Droit, valeurs et démocratie En démocratie, la désobéissance civile est-elle une option socialement acceptable ? Certainement, affirme Guy Durand, car même si cette mesure peut sembler dérangeante, «elle fait partie du jeu démocratique». Professeur émérite, théologien, juriste et éthicien, Guy Durand aborde les grandes questions sociales ou politiques qui ont récemment défrayé la manchette : charte des valeurs, euthanasie, laïcité, avortement, éducation, paradis fiscaux, etc. En interrogeant le droit et les valeurs à partir desquelles il s'articule, l'essayiste propose une définition de la démocratie telle qu'elle devrait être... idéalement. L'impression générale que l'on éprouve à la lecture de cet essai, c'est que les solutions proposées par l'auteur sont fondées sur un robuste bon sens, contrairement à celles prises au jour le jour par la plupart de nos dirigeants. Un ouvrage accessible, agréable à lire et qui ébranle. (PSA)

Brouillon de culture québécoise pour une démocratie authentique Guy Durand, Fides, 167 pages.

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Ouvrage collectif, sous la direction de Marquise Lepage, Somme toute, 252 pages.

Poésie, politique et plaque lumineuse Catherine Dorion a frappé l'imaginaire avec sa publicité électorale de 2012, succès sur YouTube, dans laquelle elle se moquait allègrement des politiciens en place. Depuis, elle a fait une autre campagne électorale pour Option Nationale et continue son exploration des splendeurs et misères du Québec, sur les scènes de théâtre et sur son blogue. Dans ce court recueil de poésie, on retrouve la beauté de sa plume, le côté brusque de ses propos, bref une poésie engagée, qui donne envie de continuer à se battre pour réaliser ses rêves, les politiques et les autres, même si les temps sont sombres comme le derrière d'un gros mammifère. (MBC)

Même s'il fait noir comme dans le cul d'un ours Catherine Dorion, Éditions Cornac, 62 pages.


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Mots croisés L'Itinéraire - 1er octobre 2014 Mots croisés L'Itinéraire - 15 septembre 2014 1

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1. Vaut quelque chose si elle est numérotée. 2. On ne lui obéit pas - Une île pour Tintin. 3. Appartient au mariage. 4. On y fait le fromage d'Auvergne - Ne partit pas. 5. Mauvais jour pour César - Ut ou fa - Comporte une date. 6. Négation - Avant déjà - Ancêtre de l'ONU. 7. Très étonnés - La fin de l'État. 8. Au centre de Berlin - Textuel - Portique japonais. 9. Allégée - Sinon, c'est l'aile? 10. Juguler - Quartier de Berne. VERTICALEMENT

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1. Gaspilleras du temps. 2. Imperceptible. 3. Marquis - Disque solaire. 4. Donne dans l'exploit - Détériorer. 5. Câble marin - Arbuste. 6. Utile en cas de crevaison. 7. Bouts de forêt - Dans la ponctuation. Terre - Liquide. 8. Tours de réalisé par MaxwoodMedia 9. Peut être chiche - Le petit est très corsé. 10. Interruption - Suivent Q. 11. Dublinoise. 12. Zone de libre-échange - Complet.

Solution dans le prochain numéro

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HORIZONTALEMENT Monte-en-l'air. A des fleurs jaunes - Serai au courant. Pépée - Patientes. Râper - Trois sur six. Spécialité égyptienne - Voisin du poivre. La fin des Goths - Corps halogène. Permission de sortir - Timorés. Article - Cigarette - Si anglais. Guigne - Morceau de Telemann. Délaissée - A servi à Moulinsart. VERTICALEMENT Affectionnent les salles obscures. On paie pour se confier à lui. Équiper - Pas payé. Condamnai - Arrêt total. Début de régime - Facile à toucher. Sécheresse. Ne va plus à la guerre - C'est pour bientôt. Volige - Héréditaire. Attrapée - Peuvent être noires. Y aller, c'est voter. Fait disparaître - Réservoir. En quarantaine - Tourné dans la plaie.

1. Monte-en-l'air. | grille@maxwood.ca 2 fleurs jaunes 2. A des - Serai au courant. 3. Pépée - Patientes. 8 NIVEAU DE DIFFICULTÉ : MOYEN Solutions du 15 septembre 4. Râper - Trois sur 2014 six. 5. Spécialité égyptienne - Voisin du poivre. SOLUTION du 15 septembre 2014 3 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 6. I LaT fin des Goths - Corps halogène. H O G R A P H I E 1 L 2 A I E R N N O I R E 7 7.NPermission de sortir - Timorés. 6 2 4 5 3 M A T R I M O N I A L E 4 B8.UArticle R9 O N - Cigarette R E S T- A Si anglais. 4 5 I D E S C E E U N E 9. Guigne Morceau de Telemann. 6 N I O R E S S D N 2 7 E B A U B I S N A T 10.L Délaissée - AT servi à Moulinsart. 8 R S I C O R I I 9 A E R E E C U I S S E 5 VERTICALEMENT

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1. Affectionnent les salles obscures. 7 9 4 5 2 4 3 8 7 6 9 1 2. On paie pour se confier à lui. 3 9 8 6 2 1 7 4 5 4 6 3 3.1 Équiper 6 7 9 5- Pas 4 2 payé. 8 3 5 1 2 7 9 - 4Arrêt 3 6 total. 1 4.8 Condamnai 7 4 9 8 3 6 1 5 2 5.2 Début de régime - Facile à toucher. 3 6 1 4 5 9 7 8 3 2 7 1 Page 1 6.9 Sécheresse. 7 2 5 1 3 8 6 4 Solution dans le prochain numéro 8 5 4 9 2 3 1 7 7.6 Ne va plus à la guerre - C'est pour bientôt. 4 1 3 7 6 8 5 2 9 Jeu réalisé par Ludipresse | info@les-mordus.com 8. Volige - Héréditaire. Page 1

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Placez un chiffre de 1 à 9 dans chaque case vide. Chaque ligne, chaque colonne et chaque boîte 3x3 délimitée par un trait plus épais doivent contenir tous les chiffres de 1 à 9. Chaque chiffre apparaît donc une seule fois dans une ligne, dans une colonne et dans une boîte 3x3.

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à propos de...

LES INÉGALITÉS SOCIALES La fraternité a pour résultat de diminuer les inégalités tout en préservant ce qui est précieux dans la différence. ALBERT JACQUARD

La confiance dans les autres diminue quand l'inégalité augmente. Les gens qui se font confiance coopèrent, consacrent du temps et de l'argent aux institutions charitables, croient à des valeurs partagées, obéissent aux lois - sans compter que leur vie est plus longue et plus saine.

La propriété foncière est mère d'inégalité et de brutalité. JEAN JAURÈS

Il faut trouver le bon dosage entre l'équité et l'efficacité. Trop d'inégalités sociales créent de grands drames humains, mais trop de droits acquis pervertissent le système. PETER PRAET

Nous sommes tous égaux devant l'inégalité qui régit notre planète.

Vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n'est à personne. JEAN-JACQUES ROUSSEAU

La lutte contre les inégalités sociales est le grand dessein collectif qu'une nation devrait se donner. JACQUES DE BOURBON BUSSET

JACQUES STERNBERG

SUSAN GEORGE

Dans un monde où les inégalités de revenus primaires s'accroissent dans des proportions démesurées, les riches exigent et obtiennent que leurs impôts diminuent. Ils veulent toujours moins d'État, toujours moins de fonctionnaires. Nous n'avons plus affaire à une logique d'efficacité économique, mais à une dynamique de pouvoir. Ce glissement inquiétant, de la recherche du profit à celle du pouvoir, traduit la mutation du capitalisme, passé par étape du stade industriel au stade financier.

Quand les riches se font la guerre, ce sont les pauvres qui meurent.

JEAN-PAUL SARTRE

EMMANUEL TODD

Une société où l'économique domine le politique (et dans l'économique, la compétition donc le calcul et l'appétit du gain, ce qui est la définition même d'une économie de marché) est une société qui crée des inégalités insupportables.» PAUL RICOEUR

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ITINERAIRE.CA | 1er octobre 2014

L'inégalité n'est pas un état naturel. C'est le fruit de choix politiques et sociaux. ALAIN NOËL



Chez Tim Hortons, si nous ne pouvons servir notre café de première qualité dans les vingt minutes suivant sa préparation, nous ne le servons tout simplement pas. C’est pour cette raison qu’à chaque nouvelle carafe que nous préparons, nous y inscrivons l’heure. De cette façon, vous êtes assurés que nous vous servons un café toujours savoureux.


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