Génériques et ostéoporose

Page 1

Les génériques vont-ils tomber sur un os ? Mickaël ROUSIERE Service de Rhumatologie Hôpital Saint-Antoine Paris


Le marchĂŠ du mĂŠdicaments en France


Les ventes de mĂŠdicaments en pharmacie en 2009

Source: I MSHealth, ventes pharmacies deville2009


Répartition des dépenses de médicaments en 2008

Source: Comptes nationaux dela santé2008 - septembre2009


Quelles sont les sources d’économies possibles ?  Jouer 

réduire la prescription

 Jouer 

sur le volume de prescription

sur le choix des molécules de référence

privilégier les plus anciennes (mieux étudiées, moins coûteuses)

 Jouer

sur le prix du médicaments

baisser les prix

favoriser les génériques


Le développement des génériques


Schéma récapitulatif du cycle administratif de vie des médicaments


Médicaments génériques : historique • Acte de naissance : ordonnance du 24 avril 1996, relative à la maîtrise médicalisée des dépenses de soins • La loi du 23 décembre 1998 de financement de la Sécurité sociale pour 1999 a complété cette définition : « La spécialité de référence et les spécialités qui en sont • génériques, constituent un groupe générique » • La loi n° 2007-248 du 26 février 2007 a encore complété l’article L5121-1 du CSP en introduisant la possibilité de créer des groupes génériques sans spécialité de référence


Médicaments génériques : définitions Article L 5121-1 du Code de Santé Publique : « On entend par spécialité générique d’une autre spécialité, une spécialité qui a la même composition qualitative et quantitative en principes actifs, la même forme pharmaceutique, et dont la bioéquivalence avec l’autre spécialité a été démontrée par des études appropriées de biodisponibilité » Bioéquivalence: «équivalencedes biodisponibilités » Biodisponibilité: «vitesseet intensitédel’absorption dans l’organisme, à partir d’uneforme pharmaceutique, du principeactif ou desa fraction thérapeutiquedestinéeà devenir disponibleau niveau des sites d’action »


Médicaments génériques : en pratique • Commercialisé lorsque le brevet du princeps est tombé dans le domaine public • Son prix est inférieur de 30 à 50 % • Son autorisation de mise sur le marché est rapide à obtenir après la seule étude de bioéquivalence • Son nom peut être celui de la molécule suivi du nom du laboratoire (Alendronate TEVA) ou plus rarement d’un nom original • Il doit répondre aux même critères de qualité, d’efficacité et de sécurité


Le droit de substitution : 23 décembre 1998 

Définition : le pouvoir de substituer légalement une spécialité prescrite par un médecin par une autre spécialité

Cadre juridique : L5125‐23 Code de la santé publique 

Le pharmacien « peut délivrer par substitution à la spécialité prescrite une spécialité du même groupe générique à condition que le prescripteur n'ait pas exclu cette possibilité, pour des raisons particulières tenant au patient, par une mention expresse portée sur la prescription »

« Lorsque le pharmacien délivre par substitution à la spécialité prescrite une spécialité du même groupe générique, il doit inscrire le nom de la spécialité qu'il a délivrée. »


Aspects pharmacologiques des génériques


Pourquoi des études cliniques d’efficacité ne sont pas nécessaires ?  C’est

inutile

postulat : concentration identique → effet identique

les études pharmacocinétiques sont suffisantes

 C’est   Ce 

coûteux

… et le coût moindre des génériques en est dépendant n’est pas éthique d’exposer des patients inutilement


L’équivalence thérapeutique: c’est quoi ? 

Deux médicaments sont dits bioéquivalents s’ils ont la même biodisponibilité

La biodisponibilité : c’est quoi ? 

Quantité de principe actif qui atteint la circulation générale après administration de la forme médicamenteuse étudiée et vitesse à laquelle le principe actif y parvient

Se mesure par rapport à : 

une forme pharmaceutique de même type → biodisponibilité relative

une solution pour injection intraveineuse → biodisponibilité absolue


Mesure de la biodisponibilitĂŠ


Les études de bioéquivalence d’aujourd’hui Un médicament générique n'est jamais évalué sur des vrais patients 

Nombre de volontaires plus élevé : 24 à 48 sujets

Comparaison des AUC, du Cmax et Tmax

Comparaison par l’intervalle de confiance 90 % (entièrement dans l’intervalle 80-125%)


Les études de bioéquivalence d’aujourd’hui


Aspects pharmaceutiques des génériques


Les exigences de fabrication des génériques 

Respect des bonnes pratiques de fabrication 

Gestion de la qualité

Locaux, équipements

Formation

Documentation

Inspections

Autorisation de fabriquer

 mêmes exigences


Est-ce vraiment le même médicament ? « même composition qualitative et quantitative en substances actives et même forme pharmaceutique que le médicament princeps »… Mais ce n'est pas la copie conforme du médicament princeps Des différences sont tolérées (forme galénique, composition en excipients) à condition qu'elles n'affectent pas la bioéquivalence


La forme galénique 

Semblable, mais pas strictement identique

Si bioéquivalence démontrée → efficacité garantie, aucune influence !

Le confort de prise est à prendre en compte 

taille des comprimés

goût d’un sirop → observance ?

En faveur des originaux ou des génériques


La forme galénique 

Semblable, mais pas strictement identique

Si bioéquivalence démontrée → efficacité garantie, aucune influence !

Le confort de prise est à prendre en compte 

taille des comprimés

goût d’un sirop → observance ?

En faveur des originaux ou des génériques


Les excipients 

Peuvent modifier la cinétique → études de bioéquivalence

Peuvent conduire à des différences de tolérance individuelle

intolérance (ex. lactose)

allergies

Pas un critère de choix (imprévisible, individuel) sauf si des allergènes connus sont présents


Marché des génériques en France


Evolution des ventes de gĂŠnĂŠriques (France)


Evolution des économies liées aux génériques


Une réalité plus complexe… Evolution des prescriptions de génériques en France


Une réalité plus complexe…


StratÊgies des fabricants d’originaux


Stratégies des fabricants d’originaux 

Baisser le prix des originaux

Associations de molécules (ex : FOSAVANCE)

Mettre sur le marché des énantionères purs (« me too ») 

oméprazole → esoméprazole

« Découverte » peu avant la fin du brevet

→ apport thérapeutique ?? 

Mettre sur le marché ses propres génériques 

Biogaran… filiale de Servier

Winthrop… filiale de Sanofi-Aventis

Sandoz… filiale de Novartis

Plaider la non-équivalence… l’exemple de l’ostéoporose !


Génériques et ostéoporose


La persistance des génériques… moins bonnes ? 

Cohorte anglaise UK-THIN (The Health Improvement Network)

3492 patients (≥ 50 ans) avec une nouvelle prescription de RIS 

Patients poursuivant le RIS de marque (55 %)

Patients avec rotation pour l’ALN générique (45 %)

# Duration on RI Stherapy beforeswitch : 1.77 ± 0.03 years Ralston Set al. ECTS2009, abstract 336


La persistance des génériques… moins bonnes ? 

Arrivée des génériques au Canada : juillet 2005

Analyse rétrospective de 181 cas de femmes ménopausées ostéoporotiques (69 ans) traitées dans un seul centre spécialisé et ayant débuté l’ALN de marque avant juillet 2005

Suivi des prescriptions au-delà de juillet 2005 (après switch) 

arrêt de prise de l’ALN : 29 % (53/181)

arrêt de prise de l’ALN pour EI digestifs : 15 % (27/181)

déclin de la DMO : 14 % (27/181) Grima D et al. ASBMR 2008, abstract SA414


La persistance des génériques… moins bonnes ? Etude de registre canadienne (n=32.804) entre 2002 et 2007

n = 13 441 : RIS marque

n = 18 488 : ALN marque

n = 875 : ALN générique

Sheehy 0 et al. Osteoporos I nt 2008


La persistance des génériques… moins bonnes ? Etude de registre canadienne (n=32.804) entre 2002 et 2007

Sheehy 0 et al. Osteoporos I nt 2008


Tolérance digestive des génériques Etude de registre d’Israël (n=6962) entre 2001 et 2005

Halkin H et al. Ann Pharmacother 2007


Les génériques… moins efficaces ? 

Analyse rétrospective de 204 cas de femmes ménopausées ostéoporotiques traitées par bisphosphonates (suivi : 1 an)

alendronate de marque

risédronate de marque

alendronate générique

Méthodologie faible… mais avec une approche indépendante et institutionnelle (pas de financement industriel)

Le générique est associée à une moindre efficacité sur la DMO qui semble liée à une mauvaise observance pour intolérance RingeJD et al. Rheumatol I nt 2009


Les génériques… moins efficaces ?

RingeJD et al. Rheumatol I nt 2009


Moins efficaces‌ Pourquoi ? Moins bonne persistance

Moins bonne tolĂŠrance

94 % 84 % 68 %

RingeJD et al. Rheumatol I nt 2009


Moins efficaces… Pourquoi ? Différences de • Propriétés de désintégration/dissolution • Temps de transit œsophagien

Moins bonne biodisponibilité

Moins bonne tolérance

RingeJD et al. Rheumatol I nt 2009


Différences de • Propriétés de désintégration/dissolution • Temps de transit œsophagien

Dansereau RJ et al. Curr Med Res Opin 2008


Différences de • Propriétés de désintégration/dissolution • Temps de transit œsophagien

RIS

ALN Ge Novopharm

ALN Ge Teva

Temps de transit œsophagien des comprimés

Perkins ACet al. Clin Ther 2008


En conclusion : le patient reste au centre‌

Brennan TA et al. Ann I ntern Med 2004


Très bonne soirée à toutes et tous !

Diaporama disponible sur : http://rhumato-saint-antoine-upmc.canal-medecine.com


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.