Une vie de Chien

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LES EDITIONS CASSIUS PRESENTENT

UNE VIE DE CHIEN 12 AVRIL 2012

LE COMPTE À REBOURS A COMMENCÉ

 UN SUSPENSE INCROYABLE ENTRE LA NASA ET LE SAHARA, NOUS VIVONS L’HISTOIRE TREPIDANTE D’HELENE ELY ECRIT PAR SES AMIS SA FAMILLE. UNE MISSION COMPLETEMENT FOLLE À TRAVERS DES RECITS EXTRAVAGANTS.


CHAPITRE I

L ENIGME Hahaha le suspense…

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Un an et demi en arrière Hélène se souvient d’un bien mystérieux message téléphonique… ‐ « Bonjour Mademoiselle Ely, pour des raisons de confidentialité je ne peux malheureusement vous divulguer mon nom. Grrr… Je vous propose qu’on se retrouve demain à 14h00 dans Grrrr….Je compte sur vous… » -------------------------------------------------------------------Haï ma tête !!! Où suis-je ? J’ai l’impression d’être toute retournée. Non, ce n’est pas ma tête qui me joue des tours, je suis bien retournée enfin plutôt inclinée à 90 degrés sur une chaise malgré tout bien confortable. Est-ce l’alcool des derniers jours qui me fait perdre la tête ?


Tête à 90 degrés, l’estomac en vrac- j’ai l’impression de ne pas avoir mangé mais en même temps d’être remplie. J’aperçois mes jambes au dessus de moi, attachées, elles sont à la verticale, mais pas du bon côté, je suis assise sur un fauteuil incliné à 90 degrés. Qui m’a mise là ?, Dans quelle état étais-je hier soir pour être ce matin incapable de me souvenir de ce qui vient de se passer. Ho ma tête, elle s’entrechoque de gauche à droite et à chaque fois que je tourne ma tête j’ai le sentiment que la lumière s’éteint. Le vieux film des visiteurs me revient en tête et je joue à tourner de la tête : -jour- la tête en face – Nuit- je dévie ma nuque – jour- je reviens en position initiale- Nuit- Jour- Nuit – Jour- Et je joue pendant quelques minutes incessantes à tourner

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ma tête dans cette ambiance quelque peu inhabituelle. Ho ma tête, je comprends alors ; c’est la visière du casque qui me procure de la lumière. Pourquoi ce casque et c’est quoi qui bourdonne dans l’oreille ! Impossible de bouger mes bras, ils font 10 tonnes chacun, ils sont attachés mais je ne peux pas les voir. Je sens que ce casque est blanc J’imagine mes mains bloquées sur les accoudoirs, mon mal de tête incessant et ce bourdonnement qui ne veut pas STOPPER. Est-ce l’alcool qui me met dans cet état, vague souvenir. Suis sous camisole- m’a t’on enfermée ?? Pas encore j’espère, j’ai encore beaucoup de chose à vivre.


Oh ce bourdonnement, marre, marre marre, mais attend !!! Je l’entends, ce ne sont pas des acouphènes, c’est quoi cette langue ‐ « je ne parle que l’arabe !!!! » dis-je en haussant la voix dans ce casque où j’ai l’impression que personne ne m’entend ‐

Hé ho Wo are Ue ???? » continuais-je malgré moi

Ho mon anglais s’est bien décliné depuis que j’ai atterri au Maroc. Je suis une vraie bilingue marocaine et je m’appelle LALA HELEN- je secouais ma tête histoire de remettre mes idées en place ‐ « I’m zecaptain gimphordf gr…of takeofoff soone » avec le grain nazillard des mauvaises réception d’un avion low cost

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‐ « Who Are you ? crais-je- where Am I, HELP ME HEEEEEEEEELLLP – ha mon anglais is much better – pensais-je ‐ SHUT UP - Hélène » la voix m’a répondue. ‐ Hey c’est quoi le problème – marmonnais-je énergiquement !!! Je ne souhaitais que sortir de ce cauchemar ‐ « Helène – entendais à nouveau dans mes oreilles- Rassurez vous, j’ai bien conscience que ce n’est pas tous les jours qu’on vous propose cette mission, mais bon vous n’êtes pas » et le grésillement se remis à se produire Un décompte se mit en marche, j’ai compris que j’étais là mais que je n’avais pas le contrôle. Cette voix du fond de mon oreille était-elle celle d’un capitaine, d’une base militaire ??? d’un docteur


psy – ils sont tous tarés ces psy avec leurs expériences humaines et je sais de quoi je parle !!. S’agit-il d’une farce- j’aurai du mal à la digérer celle là ! je suis séquestrée !!! le décompte continuait et je me demandais encore qui m’avait foutue dans une telle situation. « 14, 13, 12. Il faut que je fasse quelque chose, je ne dois pas rester là- je bougeais énergiquement mon corps dans tous les sens – je veux m’enfuir- secouait des pieds et des bras pour me détacher- mais impossibilité de faire quoi que ce soit- et impossible de crier- j’vais encore me refaire engueuler ! Et le décompte continuait « 11, 10

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Je décidais de mon propre effort de ne plus entendre. De tout stopper. De trouver durant ces quelques secondes qui me reste le temps de me remettre de mes émotions et de retrouver ma mémoire - à savoir qui m’a mise ici ? « 9, 8 STOP – LE TEMPS S’ARRETTE Et comme par magie, j’ai le sentiment que le monde stoppe parce que je lui ai demandé. Un bon vieux Harry Potter n’aurais pas fait mieux ! -« pour une fois que tu m’écoutes toi » pensais-je J’ai enfin le contrôle, je sens que le temps s’est arrêté, le bourdonnement dans mes oreilles qui annonçait le décompte a décéléré, le mouvement de mon corps s’est alourdi comme si j’avais appuyé par hasard sur le bouton ralenti de la télécommande. Et je sens que je viens d’appuyer


sur la touche –Pause- d’un coup, d’un seul, le temps n’existe plus. Je souhaite retrouver la mémoire, ce qui m’a amené ici et pourquoi. ???

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« La vie, c’est comme une boite de chocolat » à ce qui paraît dans forest gump ! - Je ne suis pas forest gump et je ne cours pas… - Je suis Hélène Ely et je danse - Alors, la vie ; c’est comme une moutarde de Dijon avec ses grains de groseilles parfumés à la réglisse. Je décide donc de prendre une conserve de moutarde placée dans ma mémoire et imaginer mes amis, ma famille me raconter pourquoi j’en suis arrivée là Voici donc la règle du jeu que je me suis fixée avant de rappuyer sur la touche « play » de ma télécommande pour les quelques secondes qui me restent : ‐ imagine un bocal de moutarde ‐ Ouvre –le ‐ Regarde le thème apporté


‐ Et imagine mes amis et famille me conter mon histoire

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CHAPITRE II Le premier bocal de moutarde sur lequel je tombe est celui de la nourriture. Et oui entre la bourgogne et l’Angleterre, ma seule culture de la bouffe c’est le bœuf bourguignon -de Maman- au poulet curry -de Dadassaisonné de Fish and chips façon couscous !

NOURRITURE QUAND TU ME TIENS


“Hélène, tu vas manger où ?”. Visiblement, Hélène était comme moi, projetée dans un nouvel environnement et au milieu d'inconnus. Moi, je m'étais préparée... l'exil j'ai déjà connu ! « Viens avec moi si ça te dit, y'a un pote qui vient me chercher pour aller manger chez lui ». Regard interloqué et surpris de Hélène « mais euh... je sais pas... euh... je ne te connais pas et lui... euh... ça ne va pas le gêner si je débarque comme ça... ? ». Plus tard, je saurai que je me trouvais là face à l'une des caractéristiques de sa personnalité, probablement héritée d'une certaine british education. C'est quand même ma désinvolture toute méditerranéenne qui prima. Nous voilà donc sur un parking des zones sensibles à attendre Richard. À son arrivée nous embarquâmes à bord du camion, mi-chtie, mianglaise, mi-espagnole, mi-italienne, micambodgien mais bien sûr tous mi-français. Une Vie de Chien

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Autour d'un kebab nous découvrîmes nos premiers points communs, l'Afrique tout d'abord, puis la politique, le métissage, la rébellion, l'exil... nombreux sont ceux qui y firent suite. Ce fut une belle rencontre et le début d'une amitié intense marquée par le partage, le rire, le soutien, la complicité, les récits de voyage... et tant d'autres émotions positives. Bientôt nous formâmes une tribu et à l'Italie, l'Espagne, le Ch'Nord, la Grande Bretagne et le Cambodge s'ajoutèrent le Vietnam, l'Algérie, la Colombie et bien sûr le Brésil et la Capoeira. Les soirées se succédèrent sur un célèbre dance-floor privé du XVIIè enflammé par les pas de danse enfiévrés de Mehdi et Hélène au rythme de Michael Jackson et des « compils patients ». Ces inoubliables fiestas se terminaient invariablement par la tentative de séquestration de Aude et Jean-Marc sur l'initiative de l'insatiable désir de fête de Hélène. Les gens


comprirent alors que nous formions une team, et c'est ensemble que nous prîmes l'habitude de nous débaucher. Une fois, chez un certain maître de cérémonie, dj de son actif, il arriva même que, prises par une irrésistible envie de jouer, nous cassâmes le miroir sous le coup de hauts talons animés de l'énergie capoeiresque. Bon, à ce tableau idyllique, il faut ajouter une note de sincérité, car oui, comme dans toute amitié, nous avons aussi eu, Hélène et moi, des moments de déception et de désaccord. Le plus fort tourna autour des bisounours et de Inchallah mais nous parvînmes toutefois à surmonter cette terrible mésentente... Ah le cynisme ! Mais que serait Hélène sans son cynisme, l'humour noir à l'Anglaise avec la vanne à la Française... et ces nobles, belles et si imagées expressions qui lui sont propres « « C'est plus de la lèche, c'est carrément du brossage de poils de cul et après le Une Vie de Chien

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brossage, ça sera carrément du tressage de poils de cul ». Les années se déroulèrent ainsi entre gros mots, capoeira, fête, cours et mémoire, ponctuées par les actions de générosité et de bienfaisance lorsque Hélène scannait avec bienveillance les cours auquel j'étais empêchée d'aller en raison des horaires trop matinaux. Et Hélène évoluait ainsi entre psychologue et Mlle Moulin accompagnée de Cassius, son fidèle compagnon. Puis vient le moment où Hélène nous quitta...


"Bref, avec tout ça, on commençait à avoir faim...("pronto! La cuscina ? Ho fame!") Nous avons donc fait appel à un livreur de pizzas. Quand il est arrivé : quelle surprise de voir que ce visage ne nous était pas inconnu ! C'était Damiano! : le footballeur était donc désormais pizzaiolo! Que d'émotions pour Hélène qui ne s'attendait pas à voir débarquer son ex, en ouvrant la porte ! Sous le choc, Hélène perdit connaissance. Il ne lui suffit que de quelques secondes pour reprendre ses esprits. Elle se redressait, encore ébahie par la présence de son cher et tendre. Elle ne se rendit pas compte que dans la chute, le choc de son visage avait été amorti par le moelleux de la pizza ! C'est ainsi qu'elle leva la tête, le visage encore couvert de sauce tomate et de pèperoni : elle recroisait le regard de son amour de jeunesse Une Vie de Chien

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qu'elle avait rencontré un soir de nouvel an!! Ils échangèrent quelques banalités, ils semblaient gênés tous les deux. Damiano nous saluât de la main et il quitta rapidement les lieux... Mais il avait laissé son numéro de téléphone au dos dune brochure publicitaire qui affichait le slogan : "sandwich et sans reproches"! " Mais pizzas aussi….


Hélène était là, plantée à la sortie des arrivées, je ne pouvais pas la manquer, un t-shirt bariolé, une paire de sandales qui avait déjà quelques km au compteur, un sac de toile multicolore et le sourire aux lèvres évidemment. Elle était à l'heure, j'étais en retard, pour l'énième fois mon GPS m'avait menée droit à l'aéroport de Venise, elle m'attendait à celui de Trévise. On avait mille choses à se raconter, on avait deux semaines devant nous, mais il nous fallait quand même échanger sur le plus urgent le temps du trajet qui nous porterait à Artegna. Quel bonheur de la retrouver, je ne l'avais pas vue depuis des mois mais il me semblait l'avoir quittée la veille. Ses voyages, son Afrique, ses aventures et nos fous rires. Les montagnes du Frioul nous accueillaient déjà et le "rituel" nous attendait. Comme chaque année, nos retrouvailles se fêtaient dans un café perdu entre un chemin de Une Vie de Chien

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fer et des champs de mais. Notre entrée ne laissait pas les habitués indifférents, et c'est suivies de regards insistants que nous nous affalions sur une banquette aussi rude que les habitants du coin. Du marc de café, du sucre et un verre de Pampero cul sec, l'été pouvait commencer! Les verres s'enchainaient à mesure que des connaissances nous rejoignaient. Les yeux brillants et les joues rosées, nous quittions les lieux pour un dernier café. C'est dans notre mythique panda 4x4, un carrosse vieux de 15 ans, un peu capricieux au démarrage, que nous parcourions les quelques kilomètres qui nous séparaient de la Ledra, une pizzeria repère de touristes autrichiens et de camionneurs slovènes affamés de la région, mais ce n'est pas pour des clients gras et mal élevés que nous nous déplacions. Autour d'un cappuccino, boisson normalement consommée


uniquement par les italiens au petit déjeuner, nous refaisions le monde dès minuit sonné. Et ce soir là nous avions de la chance, un dénommé Claudio venait de faire son entrée. J'échangeais avec Hélène un regard complice qui en disait long, nous en aurions pour notre argent! Claudio, la quarantaine bien entamée nous avait d'emblée repérées, on pouvait lire en lui, la joie de nous découvrir attablées dans son restaurant préféré. Nous étions ravies également et pourtant il n'avait rien d'un top model. Une démarche plus qu'hésitante, un crâne bien dégarni, des vêtements trop courts et délavés, un léger strabisme et pour couronner le tout un TOC à faire sourire la plus sage des bonnes sœurs. Et c'était là notre plaisir malsain. Après les politesses habituelles, pour nous impressionner, Claudio rejoignait le piano. Comme à chaque fois, la première minute était Une Vie de Chien

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digne d'un virtuose et d'une note à l'autre, c'était le drame, les TOC prenaient le contrôle du clavier, il se mettait alors à taper de manière frénétique sur le pauvre instrument tout en imitant la poule. Difficile pour nous de garder notre sérieux. Mais comme si de rien n'était, il reprenait la mesure suivante et ainsi de suite pendant une demi-heure. Une sorte de duo poule/piano, un mélange détonnant qui avait sur nous un effet diabolique. Le concert privé terminé, c'est Hélène qui prenait le relais. Une guitare entre les mains, elle commençait par se chauffer avec un classique "Brown Sugar" et puis les reprises laissaient place aux improvisations et autres compositions personnelles. Il était tard, très tard, mais pas assez encore pour refuser la pizza qui s'offrait à nous. Une pizza au nutella, spécialement imaginée pour papilles affolées. Repues et


rincées, nous pouvions alors rentrer. Demain, le programme serait chargé, il fallait se reposer pour en profiter un maximum avant de laisser à nouveau filer Hélène vers d'autres contrées.

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CHAPITRE III Voilà d’où vient mon mal de ventre, dans cette situation, je comprends pourquoi mon estomac est retourné, il n’y a pas que le fait que je sois dans la position la plus déplaisante possible mais aussi le fait que j’ai habitué mon estomac à tant de vrac qu’il me le fait bien comprendre. J’ai encore le temps, je comprends que le décompte est toujours en pause, alors je cherche au fond de ma mémoire cette nouvelle moutarde inattendue. Prenons une autre boite de moutarde, celle là…. Elle ressemble à un tube de dentifrice. Est écrit tout autour : Curry of mustard with chutney and spraws… HUMM, cela me rappelle mon enfance et mes voyages… qu’est-ce qu’ils peuvent bien dire sur moi !

ENFANCE ET VOYAGE


Hélène, de retour de l’école, mange son petit goûter : une tranche de gâteau au chocolat généreusement arrosée d’une Danette au chocolat et non moins généreusement saupoudrée de Banania. Mais aujourd’hui le plaisir de déguster son mets préféré passe au second plan. Aujourd’hui elle est toute excitée, toute fière. Maman est déjà au courant mais… en fait c’est à Dad qu’elle tient tout particulièrement à annoncer la nouvelle. Mais Dad ne rentre pas avant dix-neuf heures ce soir ; elle n’a donc pas d’autre choix que de prendre son mal en patience en repassant sa cassette ‘Les Bronzés font du ski’. Arrivée à la scène où Gérard Jugnot s’apprête à dégeler la serrure de sa voiture enneigée, elle entend claquer la porte d’entrée suivi du bruit d’une paire de chaussures balancée le long du couloir. Dad est enfin rentré. Une Vie de Chien

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Elle met la cassette en pause pour savourer la suite de l’histoire plus tard (après tout, on ne sait jamais – Gérard Jugnot ne fera pas forcément la même erreur chaque fois) et descend l’escalier quatre à quatre. Dad est dans la cuisine, déjà en train de se mêler de ce que Maman prépare à manger pour le dîner. "Hello Dad!" Un grand sourire, mains derrière le dos, langue entre ses dents, Hélène se tortille fièrement devant son père. "Hello Pot. What are you looking so pleased about?" "Guess what; today I got eighteeeeeeeen out of twenty in English!!" "Oh!" répond son père, "What happened to the two other points?" Hélène s'en va. Gérard Jugnot l'attend.


Helen, alias Petite Biloute nous fit part de son désir de partir au loin, au pays du jamais jamais... Lorsqu'elle nous parlait de ce pays, nous ne la comprenions pas, "hamdoullah ceci, hadmoudillah cela..." Nous pensions qu'elle partait peut-être à la recherche de son prince, lorsqu'elle nous montrait sa valise pleine de robes de princesse, En réalité c'était autre chose qui l'appelait dans cette contrée lointaine, mais ça nous n'en sommes pas sûr, car elle est partie sans se retourner, avec pour seule protection son chapeau sur la tête...

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Hélène venait de se présenter. Elle se tenait debout, silencieuse, droite, stoïque. Elle tenait à la main gauche son appareil photo. Un appareil compact rouge de marque prestigieuse à grand angle, grand écran et stabilisateur. Il était équipé d’un capteur BCI CMOS avec 15 méga pixels sous le capot et une vidéo HD 720 p. Du matériel de pro. Un détail me frappa d’avantage. Elle avait équipé son appareil d’un pied articulé. Bien que recouvert d’une protection élastomère, je vis de suite qu’il s’agissait du nouveau pied alu 2.7 g /cm3 amovible sorti d’usine la veille. Du matériel de précision. A deux mètres de là se tenait un type à l’allure sportive, mais pas trop. Il semblait la surveiller du coin de l’œil derrière des lunettes noires. Son sac Quechua me permettait d’identifier sa nationalité française et son teint halé me laissait


à penser qu’il venait du sud. Il arborait pourtant fièrement un tee-shirt sur lequel on pouvait lire « wassington ».Ce jeu de mot humoristique ne pouvant venir que du nord de la France. J’en concluais que j’avais affaire à un nordiste refoulé. Un regard furtif circulaire me permit de voir une dizaine d’autres personnes. Des femmes essentiellement. Bref, je débutais de nouvelles vacances au Maroc. J’intégrais un groupe d’inconnus et c’est le superbe appareil photo d’Hélène qui a retenu mon attention. Bien sur, si l’une des autres personnes avait ramené 50 kilos de vêtements et autres tallons aiguilles, cela m’aurait d’avantage marqué…

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Le 1er soir fût l’occasion de mieux connaître chacun des participants. Au restaurant, Hélène s’assit en bout de table. Cette position lui donnait un angle de vue sur chacun d’entre nous pour mieux nous photographier. Lorsque se fût mon tour d’être dans l’objectif, je ne la vis pas changer le réglage du zoom optique 17.4 mm. Je compris qu’elle ne s’y connaissait pas plus en photo que Rick Hunter ne s’y connaît en femme. Mis à part cette terrible déception et la présence dans le groupe d’une fille désagréable, une emmerdeuse, disons le, la soirée répondait à mes attentes. Elle fût de courte durée car chacun d’entre nous était venu pour la suite… le grand raid aventure qui débutait dès le lendemain à l’aurore. Et quel raid ! Notre guide, un jeune berbère à l’allure élégante et à l’esprit humble nous avait


préparé un itinéraire ardu. Si les 35 kilomètres du premier jour furent parcourus d’un pas décidé et conquérant, il n’en était pas de même pour le reste de notre périple. Circonstance atténuante, les repas frugaux pris chaque soir ne permettaient pas d’emmagasiner suffisamment de forces pour le lendemain. Aussi, les conditions de vie dans le désert devenaient-elles de plus en plus effrayantes de jour en jour. Seule Hélène et moi étions visiblement suffisamment préparés pour ce qui devenait … le rallye de la survie. Je me souviens d’un soir ou l’un d’entre nous rompait les règles de solidarité établies pour chaparder un ridicule bout de fromage. Cette scène me ravive le souvenir douloureux du manque de nourriture. Je crois qu’Hélène portait sur moi un regard positif, admiratif parfois. A partir su 3ième jour, Une Vie de Chien

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elle commençait à se rapprocher de moi. Il est certain qu’en plein désert, alors que le soleil donnait sa pleine chaleur et que tout le monde se protégeait des atroces brulures qu’il engendrait, le fait de me promener bras nus et en short faisait de moi un héro de forte vaillance. Bien que discret, je sais que je donne parfois cette image. Je suis pourtant un UCPA ! Si Hélène et moi étions vraisemblablement les mieux préparés physiquement pour parcourir la distance dans le grand désert saharien, certains avaient préparé un kit de survie des plus complet. C’est ainsi que mon compagnon de bivouac pu m’aider à entretenir une hygiène salvatrice. Je l’en remercie encore et je sais que je m’inspirerai de son génie lors de prochaines échéances.


Les jours devenaient de plus en plus longs et parfois, le soir, des accès de folie me dominaient. Je voyais de faibles lumières quitter le camp pour se perdre dans les étoiles. Je ne pourrai détailler toutes les péripéties liées à ce fabuleux voyage, mais je garde un souvenir profondément ancré des personnes avec qui j’ai partagé ce moment. Je garde notamment l’image d’Hélène se dirigeant vers la gare pour d’autres aventures marocaines. Elle prit une dernière photo et se retourna pour un retour vers le futur

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Où l’on voit Hélène tomber la tête la première et retomber sur ses petits pieds… « Les voilà…. »… Comme chaque année de retour de Corse, MarieReine, Phil, Kevin et depuis peu Hélène passaient par Etaules, charmant petit village bourguignon, où je les attendais de pied ferme, avec Maman, mon frère et ma belle-sœur, Tata Ciecienne et Tonton Roger… Et comme toujours, après chaque long voyage, il était indispensable de veiller à descendre très rapidement Kevin et Hélène de voiture et avec précaution… mes neveux Ely respectant la tradition familiale du « mal de cœur » version « débordante » aux premiers âges de la vie !!!! Pas d’épisode spectaculaire à l’arrivée cette année-là… et immédiatement les discussions animées fusaient de toute part … avant le début du repas dehors sur la terrasse …


Tout à fait naturellement, Hélène, 2 ans, avait besoin d’assouvir un besoin naturel… Je la conduisais donc dans cette maison dans laquelle elle ne venait que pour la deuxième fois et où les toilettes étaient au premier étage, en haut d’un magnifique escalier en marbre…. Hélène marchant depuis ses 9 mois, sportive et dégourdie, il n’était pas venu à la tête de Tatie Kout de lui prendre la main pour descendre l’escalier… Et… voilà une superbe petite fille bronzée aux grands yeux ouverts sur le monde tombant la tête la première dans l’escalier… Tatie Kout pensa en un éclair à une, deux, trois, quatre… vies brisées… et voilà Hélène, au tournant de l’escalier se retournant et arrivant gentiment sur ses deux pieds, comme à la sortie d’un toboggan… A l’arrivée à la table où tous étaient réunis, Tatie Kout était en larmes… Et Hélène ne comprenant Une Vie de Chien

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pas disait « Pourquoi elle pleure Koutite ? » … car Hélène voulait toujours avoir des réponses à ses questions, par exemple le jour où … mais cela c’est une autre histoire…


Hélène ne s'en souvient sans doute pas ; c’était il y a quelques années… Oui, “cette année-là”, nous étions en Corse avec Kevin et Dad. On faisait des châteaux de sable, on s’éclaboussait, on se la coulait douce... Mais depuis quelque temps, je mangeais de plus en plus de yaourts. Psychologiquement, cela devait vouloir dire quelque chose. Bref, lorsque nous sommes rentrés à Lille, Place Simon Vollant, au 3ème étage mais ancien bâtiment donc sans ascenseur (précisions importantes), j’ai commencé à me poser des questions. Avais-je le mal de la Corse, le mal du soleil, le mal des vraies montagnes, le mal du retour au travail? Ce qu’il y a de sûr c’est que j’avais mal au cœur... J’ai très vite compris, j’étais contente Une Vie de Chien

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mais l’idée de revivre une galère de 9 mois entachait un peu ma joie. Tu te doutes bien que Dad était ravi!!! Kevin était, disons-le, plus intéressé par les canadairs et la musique à fond que par une éventuelle petite sœur. Septembre, Octobre sympathiques, pas besoin de régime, je décollais à vue d’œil. Par contre pour jouer au Handball cela devenait plus compliqué. C’était reparti : “retraite anticipée”, sports limités mais défoulement dans la montée et la descente des escaliers. Sérieusement comme exutoire c’était pas mal. A l’époque comme j’étais un cas au niveau médical, j’ai eu droit à de nombreuses échographies. J’ai donc pu te voir très vite. Franchement pas terrible, il fallait avoir une sacrée imagination pour voir quelque chose. Il


n’empêche que le Gynéco a tout de suite vu que tu étais une fille. Voilà donc pourquoi je me jetais sur les yaourts! Dans mon subconscient, tu avais déjà projeté de me pousser aux laitages. Punaise, tu faisais déjà de la psychologie à ton état de moustique. Je comprends à présent pourquoi j’avais l’impression d’un raz de marée permanent dans mes boyaux. - Mais non maman tu n’as rien compris, c’est

parce que j’ai commencé ma vie en Corse au bord de la mer! - Il n’empêche, je suis quand même un peu géographe, les marées de la Méditerranée ne sont pas celles de l’Atlantique! Ce n’est possible. Tu commences déjà à me contredire. Cela promet, "t’es comme ta mère !" aurait dit ma grand-mère. Pendant des semaines, des mois, je me suis vue non pas grossir mais enfler. Le jour où par hasard Une Vie de Chien

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je me suis aperçue de profil dans une glace, je t’ai dit: - As-tu vu le tableau? Et tu m’as répondu: - Tu sais, c’était bien pire avec Kevin, je me

rappelle que tu disais que tu avais l’impression de vivre 'Alien'. - Mais ce n’est pas croyable, tu ne peux pas te souvenir de tels propos, tu n’étais pas là. - Mais Monmon, tu les as tellement imprimés

dans ton crâne, que cela est réapparu quand tu t’es regardée dans la glace. Réfléchis un peu. - Maintenant tu te calmes car j’ai de nouveau le mal de mer et il m’est impossible de m’asseoir. - Pourquoi? - Tiens, tu ne devines pas cette fois-ci! C'est tout bête. Si je plie les jambes, je bascule en arrière. Le confort est donc bien limité. - Aïe, mais ça brûle. Qu'est-ce que tu fais?


- Je viens juste de poser ma tisane sur ma tablette improvisée. Désolée, je la reprends. Ainsi pendant toute cette période, nous discutons. Je pense que nous en avons un peu marre toutes les deux. Moi j'étouffe et toi tu es coincée. Que veux-tu, quand on a une mère haute comme trois pommes et demie, comme me disent mes élèves, les mouvements doivent être plus que limités. - D'accord, j'essaie de me calmer mais toi tu fais

ton possible pour me ménager une sortie prochaine même un peu anticipée. - OK, je fais mon possible. Quelques aller-retour dans les escaliers tant que Dad n'est pas là. Par contre pas de voiture, je ne peux plus atteindre les pédales car je dois reculer mon siège pour te permettre de t'insérer. Une ou deux balades supplémentaires aux "Piggies" avec Kevin Une Vie de Chien

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histoire de faire quelques déplacements à pied. Avec un peu de chance, on peut gagner une ou deux semaines. Maintenant il va falloir convaincre le gynéco car tu sais que nous aurons besoin de son aide. Que veux-tu, j'aime l'Histoire et une petite césarienne, c'est tout de même classe non!!! - Dans le fond tu as raison, je pourrais arriver

sans stress, pas de tête écrasée, de traumatisme quelconque. En un mot, j'arrive les yeux ouverts et prête à démarrer. Et voilà, c'est comme cela que tu es arrivée: plus ou moins deux semaines d'avance, les yeux grands ouverts, la voix un peu stridente. La meilleure, tu te souviens de ton retour à la l'appartement ?

- C'est drôle mais pas vraiment. Je crois que je me la pétais un peu auprès de Dad et de Kevin!!!


- Moi, je m'en souviens. On a eu toutes les peines du monde à rentrer car le jour de ta sortie de la Clinique, François Mitterrand alors Président de la République était à Lille pour inaugurer le métro avec Pierre Mauroy alors maire de Lille. Et ça tu le sais, nous habitions sur la place juste à côté de la Mairie. En un mot, dès ce moment-là, tu as su ce qu'était la fête et cela s'est bien imprimé dans ton… allez j'aime bien ce mot, SUBCONSCIENT. Et Hélène s'en est allée dans les bras de Morphée…

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CHAPITRE IV

Un estomac en vrac et une moutarde qui me prend au nez dont le bocal est complètement coudée ? – je vais lui mettre un pansement à cette belle petite moutarde. Elle fait des bruits bizarre – Plak Bong- Plak Bong – cette moutarde Qu’est que c’est que cette moutarde….. Dad doit avoir la solution. Je décide alors de rentrer dans l’imagination de Dad pour comprendre tout ça

DAD A LA SOLUTION


Hélène dormait quand ils sont arrivés. Nous aussi. "Police ! Ouvrez !" Pas le genre de locution qui tombe doucement sur l'oreille quand on est en train de gaver sa grasse matinée de sommeil en retard. Et ce n'est pas comme si on pouvait grommeler "Putain ! Qu'estce qu'elle a encore fait ?" - Hélène n'avait que deux ans et n'était récidiviste que dans son addiction pour le chocolat. Et son frère, Kevin, n'avait que 5 ans ; son seul crime était de rouler avec son petit tricycle sur le trottoir. Guère de quoi envoyer le GIGN chez d'honnêtes gens un samedi à l'aube. Je mis une robe de chambre et descendis obtempérer à la sommation. Ils s'étaient surement trompés d'adresse. Deux policiers m'attendaient devant la porte. L'un ressemblait à Élie Semoun mais en bien Une Vie de Chien

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moins marrant ; l'autre faisait penser au grand frère de Monsieur Propre et aurait pu constituer à lui seul la mêlée des All Blacks. Je me demandais lequel des deux était le gentil ; j'espérais que c'était le gros. Élie Semoun prouva qu'il n'était pas là pour rigoler en tendant vigoureusement sous mon nez un bras maigre tenant, au bout, sa carte de la Police Nationale. "Police criminelle. Vous êtes Philip Ely ?" aboya-til. "Oui pourquoi ? Qu'est-ce qui se passe ?" Monsieur Propre répondit avec une affirmation déguisée en question : "On peut entrer ?" Je fus tenté de répondre : 'Peut être, si je dégonde la porte et abats une partie du mur,' mais ne pensais pas que Monsieur XXXXL apprécierait. Une fois dans le salon, tout le monde piqué debout, Élie Semoun annonça la raison de leur


visite. "Nous avons de bonnes raisons de croire que votre fille, Hélène, est victime de sévices corporels et de maltraitance." Ebahi, je ne dis rien. Semoun poursuivit : "Crane ouvert, 6 points de suture ; luxation de l'épaule ; et le petit dernier : fracture du tibia. Vous n'allez quandmême pas me dire qu'une petite fille de deux ans a pu s'infliger de telles blessures toute seule ?" Un des nunchakus avec lesquels je m'amusais la veille était au sol près du fauteuil ; j'essayai de le repousser derrière avec mon pied. Malheureusement cela n'échappa pas à l'œil alerte de M. Semoun : "Vous initiez votre fille aux arts martiaux ?" "Euh, non, je m'entraine tout seul." "Ce n'est donc pas avec ça que vous avez ouvert le crane de votre fille ?" "Bien sûr que non ! C'est en jouant qu'elle a eu toutes ces blessures." Semoun prit un air cynique. Une Vie de Chien

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"En jouant à la poupée, peut-être ? Qu'est-ce qu'elle a comme poupée ? Chucky ?" Je pointai un doigt vers la porte du jardin : "C'était dans la cour. Elle roulait sur son tricycle, elle est tombée et a cogné sa tête contre le muret." "Donc elle ne portait pas de casque." "Son tricycle vient de Picwic, pas de HarleyDavidson." Monsieur Propre prit un air qui éliminait tout espoir que c'était lui le gentil. "Vus les soupçons qui pèsent sur vous, Monsieur Ely, à votre place je serais un peu moins facétieux." Après une pause aussi pesante que ses soupçons, il poursuivit : "Et la luxation de l'épaule. C'est en faisant du saut à la corde ?" "Non." J'adoptai la plus pathétique expression d'humilité. "C'est moi qui lui ai fait ça... " Semoun leva une main pour m'empêcher de poursuivre et lança un regard suggestif vers le nunchaku qui


traînait par terre. "Alors, laissez-moi deviner : Vous vouliez essayer une nouvelle technique martiale de luxation d'articulation. Votre femme était partie faire les courses ; votre fils roulait avec son tricycle sur les trottoirs du quartier…" ('Merde !' pensai-je, 'les salauds sont même au courant pour ça !') "… donc le seul cobaye disponible pour tester l'efficacité de cette technique infernale qui – rappelons-le – était utilisée par les Samouraï pour mettre hors de combat un assaillant surentrainé armé jusqu'aux dents était… " (pause dramatique) "…une petite gamine de deux ans." "Je marchais avec elle dans la rue, main dans la main. Elle s'est pris le pied dans quelque chose et se serait fait mal si je n'avais pas tiré sur son bras pour l'empêcher de tomber."

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"Beau reflexe, heureusement que vous étiez là. Si vous ne lui aviez pas luxé l'épaule, elle se serait fait vraiment mal !" "Je ne savais pas qu'elle avait l'épaule luxée. Je pensais qu'elle pleurait parce qu'elle avait eu peur. Elle a continué de pleurer pendant plusieurs heures…" "C'est alors que, ne pouvant plus supporter ses gémissements, fou de rage, vous lui avez fracassé le tibia." "Je ne l'ai pas fracassé, seulement légèrement fêlé..." M. Propre prit la relève : "Enfin, Monsieur Ely, on arrive aux aveux ! Et comment avez-vous 'légèrement fêlé' son tibia ? Nunchaku ? Pied de biche ? Batte de baseball ? Un coup de pied retourné à la Jean-Claude Vandamme ?" "C'était pas le même jour. On était dans un parc d'enfants. Je descendais un toboggan avec elle


assise entre mes jambes. Son pied est resté collé sur la paroi du toboggan et sa jambe s'est tordue sous mon poids. Arrivés en bas, je ne savais pas qu'elle s'était fêlé le tibia : je l'ai remise sur ses pieds et elle est devenue verte et s'est mise à pleurer." Silence. Maintenant que la véritable histoire était enfin dévoilée, je m'autorisai un petit sourire de soulagement. "Je peux vous offrir un petit café ?" Semoun se retourna vers Propre : "Coffre-moi cette ordure !" Menottes aux poignets, je fus donc propulsé vers leur voiture. Mais, contrairement à ce que l'on voit dans les séries policières, Monsieur Propre ne m'a pas fait baisser la tête avec sa main avant de me fourrer dans le véhicule ; ma tête a heurté le toit et j'ai dû perdre connaissance.

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Je me réveillai par terre à côté d'un lit, mais pas du genre sommier en béton et couvertures grises. C'était mon lit ; je reconnus le duvet et les draps. Ma tête me faisait mal. Je fermai les yeux. Peu après j'entendis un bruit bizarre ; quelque chose s'approchait : Pla-BONK… Pla-BONK… PlaBONK… J'ouvris les yeux et vit Hélène s'avancer vers moi sur son petit derrière, un gros plâtre sur la jambe gauche. "What you doin', Daddy ?" "Go away and leave me in peace," répondis-je, "or I'll break the other one." Hélène s'en alla. Pla-BONK… Pla-BONK… PlaBONK…


CHAPITRE V Oh je suis sortie de sa tête, je comprends maintenant pourquoi mon imagination me joue tant de tours et pourquoi j’ai le choix de stopper le temps- merci dad pour cette imagination débordanteTiens- Une moutarde qui n’en n’a pas l’air, je l’ouvre et un message digne de mission impossible avec tom cruise se met en route. La musique du film retentie en moi, je retire mes lunettes fashion à la James bond Girl et écoute le message et prends soin de jeter la moutarde au loin en écoutant l’autodestruction de ce message…. « Mlle Ely Bonjour, votre mission si vous l’acceptez est de résoudre l’affaire du cacao , pour cela nous vous donneront des transformations et

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je vous envoie directement au Maroc… aussi, si vous où l’un de vos personnages se ferait chopper, l’agence niera avoir eu connaissance de vos actes…. »

MISSION UN-POSSIBLE


Avant toute mission, Hélène s'est pris un verre de thé à la menthe, avec beaucoup de sucre. Elle l'a bu avec concentration. Puis, elle regardait lentement autour de soi, dans la tente, éclairée par une lampe de pétrole. La nuit dehors, noire, muette, au ciel à mille étoiles. Elle croisait mon regard (Laure) et là, je savais: j'étais morte. Les autres restaient immobiles. Seul notre ami à bosse, dehors, réagissait à ce meurtre nocturne: un son inouï (au sens premier du terme) ainsi qu'une bulle rose sortaient de sa gueule comme pour confirmer ce que désormais seuls nous trois savaient: Hélène était le loup-garou. Et ce n'était que sa deuxième nuit au Maroc.

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Hélène, peu de gens le savent, émet des ondes, des ondes négatives. L’homme au pyjama de soie le savait bien, lui. Il l’avait dit. Il avait senti cette présence hostile, ce regard sombre, cette agressivité larvée. Et voilà comment naissent de pseudo-vocations. Fi des discours progressistes et des vocations humanitaires. Poudre aux yeux ! Car tout cela ne fait que masquer cet attrait atavique pour tout ce qui est noir. Certaines âmes pures et bienveillantes ont bien cherché à la sauver, mais c’est ainsi qu’Hélène est partie vers le côté obscur.


Hélène, fourbue de ces aventures, se demandait si cela valait la peine, tous ces efforts pour sauver le monde, aider les gens… Et puis elle se souvint que des scientifiques, au même moment, planchaient sur une toute nouvelle manière de manger le chocolat par les oreilles et se rassura. Oui, tout cela avait un sens. Elle alluma alors deux bâtons d’encens devant son hôtel particulier au Dieu Cacao, fit résoudre à Cassius une série de fonction logarithmiques (pour entretenir sa forme psycho-canine, disait elle) et sortit. Nous avions rendez-vous et ce jour, notre mission était ardue. Il nous fallait sauver la veuve et l’orphelin d’après ce qu’on nous avait dit. La veuve habitait 7ème étage sans ascenseur d’un immeuble cossu. Nous nous rendîmes sur les lieux et découvrîmes l’ampleur du désastre. Dire de cela que c’était pire qu’une épilation ratée de Une Vie de Chien

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sourcils ou une frange coupée trop court serait encore un euphémisme. La veuve avait tenté l’autobronzant Novéa. La poire avait gobé l’espoir du teint de pêche à pleine dents. Nous avions devant nous Double-Face, bigoût mi-carotte, miraisin, un mélange vitaminé mais a-esthétique (« a » très privatif). Et pourtant nous en avions vu d’autres ! Hélène, très professionnelle, n’écouta que son courage, ne perdit pas son sang-froid ; elle se couru prestement dans la salle de bain, sur les traces du criminel. Elle surprit celui-ci tapis dans l’ombre d’une étagère, ricanant, fort de son forfait, près à récidiver sans l’ombre d’un remord. Elle s’approcha, trop confiante, de la bouteille, sans prendre le temps de vérifier si celle-ci était armée. Le capuchon fermé était un leurre, une ruse savamment orchestrée… Alors que Hélène posait la main sur la bouteille, celle-ci


chût violemment dans l’évier, révélant l’ampleur du piège : un bouchon bi-partite dont une pièce était dévissée. La crème jaillit de tous côtés, alors que je réagissais enfin, couvrant vivement le visage d’Hélène avec le tapis de bain. Je me précipitai, gantée, sur le traître contenant et, légitime défense, je le vidai dans l’évier d’une traite. La veuve regardait cela, interdite, muette. La violence de l’action eut sur son teint cet effet salvateur : elle pâlit tellement qu’elle devint uniformément livide. Pour reprendre des couleurs elle reprit la parole, trois verres, une bouteille de rhum et, nous servant généreusement, trinqua : « à ma santé, à la santé de Laure Feulain ». Nous bûmes donc un deuxième verre, car nous avions fait d’un sauvetage deux coups. Et qui dit deux coups dit deux verres, c’est la procédure. Nous avions une fois de plus fait la preuve aux yeux du monde, de Une Vie de Chien

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la bêtise du consumérisme exacerbé profitant aux firmes pharmaceutiques. Ivres de joie, nous quittâmes Laure. En bas, Hélène reçu un appel télé-hépatique : une nouvelle mission l’attendait. Le regard fier, elle partit.


Et hop, Hélène se retrouva donc coincée derrière la nuque luisante d’un homme enthousiaste, surnommé « Da ». Elle assistait à une succession d’individus stressés qui cherchaient désespérément à perdre du temps : un gnome à l’affut de toute intervention extérieure susceptible de meubler son vide intersidéral, une petite alcoolique recyclant des vieilles rengaines piagetiennes, un gentil petit père Noel passionné, un vieux russe fou de Giacometti, divers individus complexés en retard et en mal d’inspiration, et enfin le cher gourou de toute cette troupe flattant sa petite chouchoute, indienne. Le tout sous le regard libidineux de son admirateur secret déjà prêt à l’amener découvrir la jungle colombienne. Heureusement le destin la propulsa dans une petite voiture perdue sur le périphérique parisien avec 4 loulous amateurs de fiestas et d’aventures. Une Vie de Chien

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Après avoir mis le feu sur la célèbre piste de danse de la place Wagram et avoir assisté aux jalousies entre un coq noir et un grand chevelu, elle trouva urgent d’aller participer au plus fier colloque que la science psychologique ait organisé, grace à l’inspiration d’une expatriée au grand cœur : totem et communication (quel titre !) Une occasion rêvée pour se faire peloter par un pseudo guide sur l’ile de Gorée, chercher désespérément à pousser son ami Charles dans les bras d’une psychanalyste en chaleur, découvrir les dessous des voyages thérapeutiques pour jeunes délinquants, se sentir en danger dans les rues de Dakar, boire des Sobebra dans les maquis burkinabés, et fréquenter la crème du racisme et de la puanteur chez les expats belges et libanais. Heureusement, une grosse Béa et quelques bécanes poussées en


plein désert de Gorom Gorom l’ont sauvée du dégout définitif de toute expatriation. Il a fallu ensuite attendre une longue année pour s’envoler à nouveau vers des terres surchauffées susceptibles d’offrir de nouvelles sensations. Elle a fait des photos de quiches devant le Taj Mahal, s’est liée d’amitié avec un petit conducteur de rickshaw frustré, a essayer de fuir l’emprise malsaine de Babu, a découvert à ses dépens que les jeunes indiens adoraient avoir des films porno sur leurs portables, a silloné le désert à dos de chameau au coté d’une femme enceinte, s’est pris la saucée de sa vie dans le disneyland des babacools et a cherché à déchiffrer les propos délirants d’un ermite perdu au sommet de son temple et en manque évident d’eau potable. Quelques années plus tard, elle était devenue une fidèle habitante du 20ème arrondissement, que Cassius lui a fait découvrir dans ses moindres Une Vie de Chien

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recoins odorants. Elle décida alors d’aller contribuer à améliorer le sort des plus sacrifiés de notre planète. Le cœur brisé, sa fidèle voisine se rend régulièrement en pèlerinage sous sa fenêtre, prenant quelques instants pour se recueillir sur le courage et la générosité de son amie partie – et accessoirement faisant ses courses dans la magnifique superette halal en bas de chez elle. Fière de son amie, voisine, et camarade de voyage, elle espère alors qu’Hélène pourra repartir l’esprit léger vers d’autres terres lointaines… Elle partit donc vers un nouveau bocal à prendre. Missions accomplies-


CHAPITRE VI

Tiens, un bocal de moutarde en forme de téléphone… Il sonne, et je continuais la discussion. Je parle négocie, entretien et argumente …..

LE TELEPHONE SONNE

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Hélène raccrocha le téléphone. C'était Mikey, son fiancé. Elle n'arrivait pas à comprendre ce qui avait changé chez lui. Il semblait différent depuis son retour d'Asie une semaine auparavant. Il venait de lui annoncer qu'il ne pourrait pas participer à sa soirée d'anniversaire. Il avait un rendez-vous important qu'il ne pouvait pas annuler. Elle n'en sut pas plus. Vers 19h30, Faustine arriva. Elle était accompagnée de ses fidèles comparses, Stan, Kyle, Kenny et Éric. À eux six, ils étaient comme les cinq doigts de la main. Inséparables. Ils se connaissaient depuis le lycée. Ils avaient fait tellement de projets ensemble qu'une vie n'aurait pas été suffisante pour tous les accomplir. Ils avaient écumé les castings, rêvant de devenir stars. Ils avaient traversé l'Europe en autocar. Ils


avaient rencontré des tonnes de personnes de différents horizons. Ils avaient rêvé de soleil, de plage, de neige, de montagne. Finalement, Hélène s'était installée au Maroc, Faustine au Canada et les garçons, à Southpark. Ils ne se voyaient pas aussi souvent qu'ils le souhaitaient, mais chacune de leurs retrouvailles leur laissaient de nouveaux souvenirs impérissables. La fête battait son plein. Hélène, comme à son habitude, mettait l'ambiance. Toujours spontanée et infatigable. À 3h du matin, il ne restait plus que les six fantastiques. Hélène et Faustine étaient en grande discussion dans le salon pendant que les garçons faisaient cuire les dernières merguez sur le barbecue. Une Vie de Chien

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La soirée ne faisait que commencer ! La sonnette retentit vers 4h30 du matin. Hélène surprise, alla ouvrir la porte. Un paquet l'attendait. Elle guetta aux alentours pour voir qui avait bien pu déposer un colis à cette heure si avancée de la nuit. Elle ne vit personne. Elle rentra dans la maison, appela les autres, et ouvrir méticuleusement le colis. Il y avait une petite carte à l'intérieur : « Joyeux Anniversaire Hélène ! Mikey », et une boîte dans laquelle se trouvait une bague en jade. Elle ne comprenait pas pourquoi Mikey ne lui avait pas remis son présent en mains propres, ni pourquoi il lui offrait ce genre de bijou qu'elle n'avait pourtant pas l'habitude de porter, il le savait.


Elle garda ses doutes pour elle, mis la bague et retourna faire la fête avec ses amis. La soirée s'étirant, le besoin d'alcool fut grandissant. Kyle proposa donc d'aller à la cave chercher les bouteilles de Rhum qu'il avait ramené d'un précédent voyage à Cuba. Son absence commença à se faire ressentir quand trente minute après son départ, les autres ne l'entendirent plus déménager la cave au complet pour retrouver ses fameuses bouteilles. Hélène descendit le rejoindre et poussa un cri étouffé qui fit sursauter les autres. Kyle était allongé, inerte, baignant dans son sang. Il avait été poignardé. Stan aperçut alors un vieux polaroid accroché au pull de son ami.

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On pouvait y voir Kyle, vivant, dans la cave, en train de bouger un meuble. La mention « I see you » était écrite au verso de la photo. Toute la bande fut saisie d'effroi. Faustine tenta d'appeler la police, mais la ligne de téléphone avait été coupée. Impossible de joindre qui que ce soit avec les téléphones portables, la maison d'Hélène était perdue dans la campagne lilloise où aucun réseau ne passait. Les cinq amis voulurent fuir au plus vite et prévenir la police, mais les pneus de toutes les voitures avaient été crevés. Aucune échappatoire. Le plus proche voisin, Rémi, habitait à Aubers, à 10km en voiture de la résidence d'Hélène.


La tension continuait à monter. Ils étaient seuls, livrés à eux-mêmes, le cadavre de leur ami gisant dans le sous-sol. Faustine était inconsolable. Stan gardait les pieds sur terre et essayait de la consoler, Hélène tentait de réparer le téléphone et Éric … « - Où est Éric ? demanda Hélène. − Aucune idée, je ne l'ai pas vu depuis qu'on a découvert … Oh non, je ne peux pas y croire. Kyle ... » Faustine se remit à pleurer. Le climat devint de plus en plus suspicieux. Éric avait disparu juste après la découverte du corps de Kyle. Les quatre amis fouillèrent la maison de fond en comble. Aucune trace d'Éric.

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Avait-il fui ? Était-il coupable ou lui aussi victime ? Kenny sortit de la maison pour chercher Éric, emportant avec lui un long couteau de cuisine. On le vit revenir en courant cinq minutes après. Les yeux en pleurs, la bouge en sang ; il venait de découvrir le cadavre d'Éric, il le portait sur les épaules. Il s'écroula sur le sol de la cuisine. Lui aussi avait été poignardé. Tous deux avaient une photo d'eux placardé sur leur torse, elles avaient probablement été prises une minute avant leur assassinat. Et toujours cette mention « I see you » sur l'endos. Hélène ne put réprimer un cri : « -Oh mon Dieu, ils ont tué Kenny ! − Bande de … ! »


Faustine ne put finir sa phrase. Un énorme bruit se fit entendre au grenier. Les trois amis se regardèrent. « -On y va à trois, ou on reste ici, mais on ne se séparent plus. Ok ? Dit Stan, toujours étrangement serein face à la situation qui devenait de plus en plus dramatique. − Soit on découvre qui a tué nos amis, soit on reste là à attendre notre mort », reprit Hélène. Faustine approuva. Tous trois se munirent donc de tous les couteaux et de tous les outils que la maison pouvait contenir, ils montèrent au grenier. Et … rien. Personne. La fenêtre était entrouverte. Stan y passa la tête et c'est la dernière fois que ses amies le virent vivant.

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Son corps tomba à leurs pieds. Lui aussi avait eu droit à son portrait pris par l'assassin. Hélène et Faustine ne surent quoi faire. Fuir dans la campagne ? Attendre le matin ? À quoi bon, personne ne viendrait les sauver. Peut être serait-il trop tard... Hélène prit place dans le canapé, tenta de réfléchir. Faustine, à ses côtés, essayait de comprendre comment tout avait pu commencer et pourquoi ce malheur les avait-il touchés ? Ses yeux se posèrent sur les mains d'Hélène. « - Tu vas trouver ça absurde, mais j'avais entendu parler d'une malédiction. Quiconque ramènerait du jade d'Asie serait maudit. − Bah, ce sont des bêtises. Des choses qu'on fait croire aux touristes pour leur donner le


goût du risque, pour qu'ils achètent des bijoux … Super l'histoire de la bague magique ! − Oh arrête, on dirait Guggy Eye ! Mais quand tu y penses, le meurtre de Kyle a été précédé de peu par l'arrivée du colis de Mikey. − Tu n'insinues quand même pas que c'est lui le coupable. − Non, mais je trouve étrange la façon de te faire parvenir son cadeau. − C'est sûr, il a un comportement bizarre depuis son retour de Chine, mais de là à tuer tous nos amis. Et pourquoi ? Dans quel but ? − Je ne sais … La sonnette retentit de nouveau. Les filles se regardèrent. Elles prirent leurs couteaux. Mikey entra alors dans la pièce.

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« - Que viens-tu faire ici à cette heure-ci ? Lui demanda Hélène en le tenant en joug avec le couteau. − Je voulais m'excuser de mon comportement étrange de ces derniers jours et aussi de la façon dont je t'ai fait parvenir ton cadeau. Je n'ai pas été totalement franc avec toi. » Il sortit alors de son manteau un revolver, tira sur Faustine qui tomba sur le coup et blessa Hélène à l'épaule. « Je te voulais pour à moi seul. Tu n'as pas su me comprendre. » C'est alors qu'Hélène ouvrit les yeux et se réveilla en sursaut. « Oh mon Dieu, tout ça n'était qu'un rêve !


− En es-tu si sûre ? » Mikey saisit un couteau et Hélène se retourna... elle était énervée

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Hélène est encore énervée. - Mais maman, quand est-ce que tu comprendras que je suis du 12 avril et non du 14. C'est pas possible. Tu le fais exprès. Tous les ans c'est pareil. - Je n'en sais rien. C'est sans doute parce … - Et ne cherche pas à t'excuser ou à trouver des raisons. Il n'y en a pas. - Tu vois, c'est toujours pareil sur ce sujet. Et c'est parti, tu vas reprendre le refrain des voyages … - Exactement. Tu n'étais même pas là pour mes 9 ans. En Irlande avec tes élèves. Franchement, et quand je pense que tu as le culot de dire que tu n'aimes que le soleil! J'ai le droit de me poser des questions, non? - C'est vrai. Encore une fois je me suis emmêlée dans les dates. Tu sais bien que j'ai horreur des anniversaires et…


- Merci, c'est bon pour toi. Tu ne vas quand même pas me faire rater un gâteau au chocolat. - Je ne voudrais pas te contrarier mais c'est souvent plus un chocolat au gâteau que Dad te fait. - Ah! Ah! Ah! Et tu trouves ça drôle. Tu penses noyer le poisson avec ton humour à deux balles. - Je ne voudrais pas polémiquer mais en ce qui concerne les dates, tu n'es pas mal non plus. Un silence s'installe. Suspense. Hélène ne s'attendait pas à cette réplique. Mais que peut donc manigancer cette petite "3 pommes et demie" pour sa défense? - Ah! Ah! Ah! C'est à mon tour de rigoler. Et qui est-ce qui doit revenir fin novembre… fin décembre… courant janvier… plutôt courant mars… à moins que… - Arrête s'il te plait, ce n'est pas la même chose. Moi, j'ai des raisons valables. Une Vie de Chien

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- Mais oui bien sûr tes pauvres patients abandonnés, un lieu de vie idyllique pour les femmes! - Bon, on ferait peut-être bien d'arrêter pour cette fois. De toute façon, je ne sais pas quel jour on est mais il faut que je m'en aille.

(Ça tombe bien car j'ai une petite fête à préparer pour le 14 avril !)


CHAPITRE VII Oh LA cette dernière intermède sur mon anniversaire, les dates les moments.. cela me fait réfléchir et donc j’ouvre une moutarde simple mais compliqué, c’est bien le paradigme qui me correspond aujourd’hui Trois petites filles se dévoilent le mystère de leur naissance .La première dit « Moi mes parents m'ont fait venir de Toulon dans une caisse en bois des Iles » Doublée de coton" Moi dit la seconde, ils m’ont fait venir de Paris dans une caisse en or, doublée de soie" Moi dit la troisième, « mes parents sont trop pauvres pour m'avoir fait venir d'ailleurs. C’est eux qui m'ont fait »

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- Bébé Hélène est arrivée, Mamie ! Tel est le cri poussé par Kevin, son grand frère, en arrivant à la maternité. - Doucement, doucement…. - Pourquoi ? C'est un secret ? Elle a quelque chose de bizarre ? - Mais non, c'est juste une petite poupée un peu fragile. Tu comprends ? - Bébé Hélène une poupée. C'est pas une vraie petite sœur ? - Ouin, ouin, ouin ! Ces quelques cris s'échappent de la gorge du fameux bébé Hélène. Les yeux grands ouverts, visage rouge écarlate, elle semble à bout de souffle. Kevin s'enfuit et seule Mamie reste au bord du berceau. - Alors bébé Hélène. Tu protestes déjà ? Tu penses sortir, aller faire un tour ?


- Ouin, ouin, ouin ! Ce qui signifie : 'J'ai soif ! Tu n'aurais pas un peu de chocolat ? Le lait tout seul ce n'est pas terrible. Ouin,ouin,ouin, tu m'emmènes en balade dans ton petit sac ? Allez Mamie, sois sympa !' - Bon, mais on ne dit rien à personne. Kevin est avec Dad et Maman dort. Le temps a passé. Hélène a 8 ans. Elle revient de l'école avec des tonnes de questions à poser à Mamie. - C'est quoi une césarienne? Le sida, on l'attrape comment? C'est vrai que Dad ce n'est pas un vrai étranger ? Pourquoi la maîtresse, elle fume ? Je lui ai dit qu'elle allait mourir du cancer. Elle n'a pas trop aimé. Pourquoi ? C'est pas vrai ? - Stop ! Je n'arrive pas à suivre ! Finis ta mousse au chocolat et on discute. Et Mamie explique, sans omettre de questions. Le plus dur est sans doute pour une ancienne sageUne Vie de Chien

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femme fâchée avec l'Histoire d'expliquer pourquoi une césarienne s'appelle une césarienne. Encore quelques années et Mamie reçoit le titre de : "Meilleure Mamie du monde", un titre qu'elle estime ne pas mériter ! Hélène continue son chemin et un jour : - Mamie je suis psychologue. J'ai plein de projets. Tu vois, cette fois-ci plus de petit sac mais un énorme sac de voyage avec mes rêves d'hier… - Superbe, cela me rappelle lorsque je voulais aller faire la guerre d'Espagne avec la Croix Rouge. Alors c'est décidé, tu pars avec "Médecins sans Frontières". J'en suis toute chose ! Et Hélène s'éloigne vers de nouvelles aventures en emportant un peu de Mamie dans ses bagages !!!


Hélène et ses vêtements fut une histoire qui commença en l’an de grâce 2011. Ils partirent de Paris, avec Hélène, pour atterrir à Barcelone et y être délaissés en pension chez de généreux hébergeurs temporaires, tout ça car ils étaient trop beaux. Puis de là, ils voyagèrent à nouveau pour partir en Suisse, plus précisément jusqu'au bourg de Lausanne, entre les mains de fidèles convoyeurs. Le périple ne s'arrête pas là, car ils repartirent finalement pour échouer, tels une bouteille échappée de la mer, sur les plages nordiques et froides d’Amsterdam. Là, ils retrouvèrent leur premier possesseur, Hélène, afin qu'elle puisse s’embellir face a la fête Amsterdamoise, qui lui offrit de tout son cœur ses plaisir dont elle profita allègrement mais avec modération, le tout dans une débauche occidentale de sex drug and rock and roll, loin des responsabilités oujdiennes. Comme quoi des Une Vie de Chien

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vĂŞtements peuvent nous faire vivre des choses plus intenses que l'on ne le croit.

Â


Sluuurrrp. Hélène était assise à côté de moi. Nous commentions les derniers potins, les dernières blagues débitées par Max sur une radio que je ne n’écoutais pas. Sluuuuuuuuuurrrp. C’est

sacrément chaud dis donc ! C’est clair ! Tea time pour les copines sous les bons auspices d’un ersatz de serre tropicale un après-midi pluvieux.

Bon, et les amours ? À vrai dire, je ne saurais pas vraiment expliquer comment des sujets débattus aussi longuement pendant la semaine pouvaient encore donner lieu à d’interminables conversations capables d’occuper toute une bonne moitié de journée. Et pourtant. Sluurrrrrrrrrp. Maintenant que je m’en souviens, il y avait aussi les chansons, les nôtres. Pas au sens ou nous nous identifions avec, juste des versions très personnelles qui mettaient à l’épreuve à la fois notre sens du rythme et notre

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capacité à exprimer avec justesse et raffinement nos états d’âme. Slurrrrrp, cloc cloc cloc, slurrrrrrrrrrrrp, mmmmmmm ! Cette fois-ci, avec les cacahuètes. Grand’place de Lille un samedi. Nous étions quatre devant quatre bombes de glucose glacées, caramélisées, chocolatées ou crunchées. Là encore, ça durait des heures. Étude sociologique des passants à travers les vitres du premier étage. Hélène faisait déjà preuve d’une surprenante capacité d’interprétation et d’empathie pour ces pauvres bougres et ces jouvenceaux qui évoluaient sous notre regard scrutateur. Dimanche 12 janvier, 11h, rue de Béthune. Sluuuuuurrrp (eh oui, on ne s’en lasse pas). Je

suis le maître du moooooooooooooooooooooonde !


S’en sont suivis de long débats (pour changer) sur la coolitude de se déclarer fan de l’acteur principal du film.

Eh, les filles, excusez-moi de vous déranger mais je suis en galère sur un tournage, vous ne sauriez pas m’aider des fois ? Oui, nous sommes en Belgique. Le Titanic a coulé depuis plus de dix ans dans les salles obscures et pourtant, elle est toujours à mes côtés. Slurrrp, slurrr… pas le temps de finir le café que nous nous retrouvons entre deux acteurs qui s’affalent sur nous et nous jettent des coquilles de moules. Rires en boîte.

Coupez ! Slurp, slurrrrp. Dis, y’a encore du jus de pomme ?

Ché pas. Rires. Slurrrrp. La bouteille est tombée, défi accompli. Rires. ZZZzzz…

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Quinze ans donc, ponctués de thés consommés aux frais d’une boutique de produits « Nature », de glaces au topping, de coca sans bulles de ciné, de boissons de tavernes bruxelloises obtenues pour tout salaire au cours de notre brève carrière d’actrice et de spiritueux russes venant alimenter les conversations déjà babillardes n’ont pas étanché la soif de voyage de la belle

muchacha. Si l’amour était un grain de sable, je t’offrirais le Sahara était-il inscrit sur son agenda. Elle y est partie. C’était écrit. Mektub.


CHAPITRE VIII

La moutarde monte au nez, elle est en forme de caniche gris…. Intelligent, ce caniche me montre la voix du bonheur.

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Hélène camouflée derrière son écharpe se promène dans les rues du XXème arrondissement de Paris. - Franchement mais à quoi ai-je pensé? Comment ai-je pu être capable de m'infliger une telle honte? En plus être debout à 13 heures un dimanche matin avec tous ces gens qui parlent fort, avec ces odeurs de bouffe dans l'air? - Mais je ne t'ai rien demandé. Ce n'est pas de ma faute si je suis là. Maintenant tu n'as qu'à assumer. - Non, mais franchement voilà que j'ai des voix. Il parait que c'est mon métier de soigner les personnes un peu perturbées. D'ici peu je vais me mettre à parler toute seule. Et celui-là pourquoi il me regarde comme ça ? Eh, tu veux ma photo? Les kilomètres s'enfilent. Hélène marche de plus en plus vite, se surprend à parler à haute voix, à


des gens qui l'ignorent. Un mystère enveloppe ce dimanche matin un peu décalé. - Et dire que je suis dehors sans même avoir eu le temps d'avaler ne serait-ce qu'un petit morceau de gâteau au chocolat arrosé d'un petit "banania" dégoulinant le long de ma tasse. - Mais tais-toi et occupe-toi un peu de moi au lieu de regarder dans le vide ou de rêver encore à ta soirée avec ta bande de Psys. C'est quand même bien toi qui as décidé de m'adopter. Personne ne t'y a obligée. Tandis que la promenade se poursuit, le comparse d'Hélène rumine en silence. - Franchement ces êtres humains, je ne les comprends pas. Il me falloir rencontrer un psychodogue. J'ai un de mes copains du XVIème qui en voit un chaque semaine. C'est super. On fait un concours d'aboiements, du plus timide au plus effrayant. Tu vois le genre style loup aux Une Vie de Chien

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abords d'une bergerie et on finit la séance avec une tasse d'eau des sources de "Château la Pompe de l'Elysée". - Dis donc attention, tu as failli renverser un étal de bric-à-brac. Tu te prends pour qui ? Après tout n'oublie pas tes origines, tu es né dans le Pas-deCalais, non? - Ca y est, elle est réveillée. Il faut vraiment faire du bruit pour qu'elle sorte de sa torpeur le dimanche. Avoue, j'ai quand même la classe avec mon petit nez pointu, ma chevelure gris argenté, ma démarche souple et ma coupe à la parisienne de Kiraz. - Ah non, tu ne recommences pas avec ton pedigree, ta famille originaire de l'élevage du Chevalier de la toison d'or. Ce que je constate c'est que tu aimes manger n'importe quoi et encore je me retiens de ne pas te donner de précisions! Cela fait vraiment grand monde!


Le feu est passé au rouge. Les complices attendent. Hélène doit admettre que ce petit engin au bout de la laisse est quand même bien chou surtout lorsqu'il s'emploie à faire les yeux doux. - Ne sois pas si dur avec moi Hélène. Tu es quand même contente de me prendre sur tes genoux, de m'appeler "mon Doudou", de ramasser avec amour mes crottes dans la rue, d'attendre lorsque je lève la patte sur un réverbère. - Ça suffit, maintenant le feu est vert. On traverse et on rentre. Et si tu continues à faire ton cinéma, moi je vais t'envoyer gagner ta vie au théâtre. ‐ La porte claque, Hélène est retournée à la réalité.

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DENOUEMENT


Alors que la carlingue est parcourue des premiers soubresauts annonçant l’allumage des moteurs et un départ imminent, Hélène se replonge un an et demi en arrière et se souvient d’un bien mystérieux message téléphonique… ‐ « Bonjour Mademoiselle Ely, pour des raisons de confidentialité je ne peux malheureusement vous divulguer mon nom. Je fais partie d’une branche très spéciale de MSF et nous sommes à la recherche de profil comme le vôtre. Je ne peux vous en dire plus au téléphone. Je vous propose qu’on se retrouve demain à 14h00 dans mon bureau privé, au 45 rue de Brancion Paris 15ème. Vous aurez juste à sonner à la porte et vous annoncer, on vous ouvrira. Je compte sur vous… »

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‐ « Clic » Plusieurs secondes passent, l’oreille toujours vissée au combiné, sans qu’elle ne réagisse, qu’elle ne bouge. Comme transformée en pierre après avoir croisé le regard de la mythologique Méduse. Après une nuit blanche passée à réécouter en boucle le message, comme si elle pouvait percer un peu du mystère dans les craquements du combiné de son énigmatique interlocuteur, Hélène se rendit au lieu de rendez-vous. Est-ce quelque chose dans cette voix grave tintée de mystère ? Ou peut-être son irrépressible goût de l’aventure ? Toujours est-il qu’une intuition venue du plus profond d’elle l’a pressée de ne pas rater ce rendez-vous.


13h55. Après un moment à scruter la façade de ce bâtiment du plus pur style haussmannien, espérant un peu naïvement y percer le mystère, Hélène sonna à la porte. L’interphone se mit à crachoter : ‐ « Oui ? » ‐ « Oui bonjour je suis Hélène Ely, j’ai rendezv… » ‐ « Oui, oui entrez c’est au premier étage! » Hélène s’exécute, pousse la lourde porte cochère et se retrouve dans un hall d’entrée toujours dans le plus pur style 19ème. La moquette rouge au sol, courant de l’entrée jusqu’aux escaliers, rampant jusqu’aux étages supérieurs tel un aventurier assoiffé dans le désert, semblait avoir été foulée par de nombreuses générations avant elle.

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Elle gravit les escaliers 4 à 4, se rapprochant toujours un peu plus du dénouement de cet épais mystère. Sur le palier, comme sortant directement d’un épisode de « Sex and the City », l’attend une jeune femme coquette d’une trentaine d’années, lunettes Gucci, tailleur Chanel, escarpins Jimmy Choo, large sourire. ‐ « Bonjour Mademoiselle Ely, je suis la secrétaire personnelle de Monsieur Esposito. Il vous attend dans son bureau » Esposito. Enfin un nom mais elle n’est guère plus avancée. La secrétaire l’emmène jusque dans le bureau. ‐ « Monsieur Esposito, Mademoiselle Ely est là »


‐ « Parfait ! Veuillez vous asseoir Mademoiselle Ely. Je peux vous offrir un café ? » Instantanément Hélène reconnait cette voix qui l’a hantée une bonne partie de la nuit. Celle de cet homme d’une cinquantaine d’années, plutôt bel homme malgré une légère calvitie, yeux noirs rieurs tintés de mystère, lèvres pincées. ‐ « Je vous prie tout d’abord de m’excuser de vous avoir laissé ce message sans vous en avoir dit plus, mais vous comprendrez quand je vous aurais expliqué » Les lèvres pincées laissent place à un petit sourire en coin, les yeux toujours rieurs, un brin malicieux. ‐ « Je ne vais pas vous faire attendre plus longtemps, entrons dans le vif du sujet, j’ai malheureusement un emploi du temps Une Vie de Chien

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chargé cet après-midi et je ne pourrais la faire longue. Je suis responsable d’une branche spéciale de MSF quasi inconnue des gens qui y travaillent. Je suppose que vous savez ce que veulent dire le « S » et le « F » ? ‐ « Sans famille ?!» répondit Hélène avec malice, non sans une pointe d’agacement. Le sourire en coin du fringant quinquagénaire se transforma en un éclat de rire qui raisonna dans tout le bureau. ‐ « Je vois que vous ne manquez pas d’humour c’est bien. Je pense que vous en aurez besoin !» Le sourire en coin réapparait aux creux de ses lèvres pincées.


‐ « Trêve de plaisanterie. Si je vous ai fait venir ici c’est que je suis votre parcours depuis un certain temps. Et il est pour le moins impressionnant : Cameroun, Maroc, Congo, Irak, Afghanistan… Il me semble que vous avez plutôt bien intégré le « Sans Frontières » Toujours ce sourire en coin. ‐ « Et j’ai envie de dire que ça tombe plutôt bien vu l’endroit où je souhaite vous envoyer. A condition que vous acceptiez bien sûr. Si je vous dis qu’elle montre son visage entier une fois par mois et qu’elle ne se montre jamais de dos ça vous parle ?! » L’étrange message, la nuit blanche et maintenant cette parodie de jeu télé achèvent le peu de patience restant à notre French Doctor. Une Vie de Chien

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‐ « Ecoutez Monsieur, j’ai passé l’âge de jouer aux devinettes. Pourriez-vous aller droit au but ?! » ‐ « Oui, oui désolé » L’homme réajuste sa cravate comme pour indiquer qu’il reprenait son sérieux. ‐ « Voilà concrètement Mademoiselle Ely j’ai une mission à vous proposer… sur la Lune » Si elle n’avait pas été assise, Hélène se serait sans doute retrouvée admirant le parquet en chêne de ce coquet bureau du 15ème. ‐ « Ce que je vais vous dire est top secret et est classé secret défense. Depuis 1969, date du premier homme sur la lune, les américains ont travaillé sur un projet ultra secret de base lunaire. Base présentant un intérêt


stratégique sans précédent, tant du point du vue scientifique que militaire. La NASA m’a contacté il y a quelques semaines. Ils sont à la recherche d’un profil tel que le votre pour faire le suivi psychologique des hommes déjà sur place. Autant dire qu’il y a du boulot avec l’isolement, la vie en communauté restreinte, sans parler de la bouffe lyophilisée ! Bref vous disposerez d’une formation avancée au centre de Cap Canaveral qui vous apprendra les rudiments du voyage spatial ! J’aurais bien envie de vous dire que vous rentrerez dans l’Histoire, mais malheureusement vu le caractère ultra secret de cette mission…

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Alors qu’en pensez-vous mademoiselle Ely ? Comme je vous ai dit j’ai suivi votre parcours depuis le début et je sais que vous êtes notre hom… euh femme ! » Hélène en avait vu et entendu des vertes et des pas mûres au cours de sa carrière humanitaire, mais alors ça ! ‐ « Rassurez-vous j’ai bien conscience que ce n’est pas tous les jours qu’on vous propose une mission sur la Lune ! Mais bon vous n’êtes pas sans frontières pour rien n’est ce pas ! » Le sourire en coin du ténébreux quinqua se transforma à nouveau en un tonitruant éclat de rire qui semblait faire vibrer toutes les fenêtres du bureau. ‐ « Je vous laisse 2 mois de réflexion. J’ai conscience que c’est peu aux vues de la


mission, mais nos amis du département spatial américain ne sont guère connus pour leur patience ! » « 7, 6, 5, 4… » La voix de « Mission Control », un brin nasillarde et stridente à travers ses écouteurs, font revenir Hélène à elle. La voici de retour dans le cockpit exigu de la navette spatiale américaine. « 3, 2, 1 and we have lift off !» Alors que les 3000 tonnes de poussée propulse notre French Doctor vers l’astre sélène, elle ne peut s’empêcher de sourire en repensant à cette petite phrase prononcée un an et demi auparavant, expression qui finalement caractérise son parcours professionnel, mais peut-être plus encore, sa philosophie de vie. « Vous n’êtes pas sans frontières pour rien n’est ce pas ! »

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THE END


DANS L’ORDRE D’APPARITION Diane Juliette Emilie Dad & Mum Aude Philippe Tatie Mum Dad Laure Benjamin Marion Muriel Faustine Mum Alain Mum & Dad Medhi Adeline Cassius Kevin

Sous une idée originale de Laurent

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LES EDITIONS CASSIUS ONT PRÉSENTÉ

UNE VIE DE CHIEN  « LA VIE ; C’EST COMME UNE MOUTARDE DE DIJON AVEC SES GRAINS DE GROSEILLES PARFUMÉS À LA REGLISSE » HELENE ELY SE RETROUVE ENFERMEE DANS UN LIEU QU’ELLE NE CONNAIT PAS ET NE MAÎTRISE PASTOUT COMMENCE AVEC UN COUP DE TELEPHONE INTRIGUANT. AVEC SA PERSEVERANCE ET SON IMAGINATION HELENE ARRIVE A STOPPER LE TEMPS PRESENT ET À SE NOYER DANS DES RECITS DE SA VIE IMPROBABLES MAIS BIEN RÉELS….


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