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Joe le taxi, l’histoire d’une pionnière
chez elle, toutes personnes utilisant ses WC devaient payer les feuilles de papier toilette… » poursuit Johanne. Ensemble, elles participent au succès et à l’animation de plusieurs clubs et boîtes de nuit de la capitale avant que Joe obtienne sa licence gratuite en 2004.
Toute une époque oe le taxi, il va pas partout. Il marche pas au soda. Son saxo jaune connaît toutes les rues par cœur. Tous les petits bars, tous les coins noirs… » La chanson interprétée par Vanessa Paradis en 1987 décrit un vrai taxi parisien rencontré par le parolier Étienne Roda-Gil. C’est ce personnage devenu mythique dans la profession que nous fait découvrir à titre posthume Johanne Gabriel, sa compagne pendant 18 ans, dans son livre « Joe le taxi, la vraie histoire » réédité aux Éditions du Château blanc.
Figure mythique
« Autant le clip évoquait un grand black dans un taxi jaune, autant j’avais devant moi une petite Portugaise avec un taxi bleu », raconte Johanne Gabriel lors de sa première rencontre avec Joe le taxi. Maria-José Leao Dos Santos, surnommée « la Zéza » pour sa famille, alias « Joe le taxi » dans son métier et les nuits parisiennes, est née en 1955 et s’est éteinte après « soixante-trois ans au compteur de vie tumultueuse ». Fuyant une famille mal aimante et son Portugal natal, c’est en 1981 qu’elle obtient sa carte professionnelle de taxi parisien. « Comme si ce métier enfin stable allait lui permettre de trouver un équilibre financier comme un véritable statut », explique l’autrice. « 1982, une Opel Ascona blanche surmontée d’un lumineux taxi parisien et une place en tant que salariée dans la société Paris Taxis, dirigée par Joël, chauffeur lui-même, dont les encaissements de recettes se faisaient auprès de sa mère, qui comptait parfaitement bien jusqu’au centime près. Et comme la société était chez basée
Face à la dictature de Salazar des années 1960-1970 et à la misère que subissent les zones rurales du Pays des œillets, Joe quitte le Portugal qu’elle gardera toujours au cœur. Cette histoire est également celle de l’émancipation d’une femme lesbienne alors que « l’homosexualité restait listée dans les maladies psychiatriques jusqu’en 1993 au même rang que la schizophrénie ». Enfin, le récit écrit par Johanne Gabriel rappelle une époque que les taxis d’aujourd’hui n’ont pas connue. « Les débuts de chauffeur de taxi furent compliqués, surtout dans la compréhension de la langue française. Quand un client demandait d’aller rue de Paris à Bezons forcément, ça coince à l’arrivée lorsqu’il se retrouve rue de Bezons à Paris. Mais Marie-Jo est tombée à une période assez fructueuse : les taxis avaient le vent en poupe, elle arrivait à se faire des salaires nets de 8000 francs par mois. À cette époque, quasiment tous les chauffeurs avaient la citizen band, alias la cibi qui venait tout juste d’être légalisée en France, en 1981 exactement. Un réseau social sous forme de radio avec, dans chaque véhicule, un micro par lequel les chauffeurs se prévenaient de la présence de Papa 22 (la police), les bons plans restaurant ou hôtel, les accidents comme les bouchons, bref l’ancêtre du GPS et des applications comme WhatsApp ou Viber qui ont rendu la chose obsolète. »
Histoire secrète
Tube de l’été 1987, la chanson « Joe le taxi » devient un succès mondial qui lance la carrière de Vanessa Paradis alors âgée de 14 ans. Contrairement aux images du clip, elle n’est pas inspirée de la rencontre d’Étienne RodaGil et d’un taxi new-yorkais mais de celle avec la Parisienne Joe le Taxi. Une nuit de 1985, Joe prend un client pour une course Paris Ve pour Boulogne-Billancourt. C’est le parolier qui souhaite se rendre à son studio d’enregistrement après une nuit de fête. Sillonnant la Ville lumière, ils discutent. Elle lui raconte qu’elle a dû apprendre la topographie des rues de Paris pour avoir son permis, que malgré son surnom de « Pepsi » à la cibi, ce qu’elle préfère, c’est le champagne, que sa copine taxi, Biscotte, joue d’un saxo jaune lorsqu’elles se retrouvent sur le parking d’attente de l’aéroport Charles-de-Gaulle… « Elle aimait son travail, elle aimait Paris la nuit parce que ça brillait et que c’était beau mais surtout on ne se tapait pas les bouchons. Et elle aimait aussi la musique… » raconte Johanne Gabriel. Pour en savoir plus, lisez le livre ! HM
Pour obtenir le livre (prix 8,90€ hors frais de port), contactez les Editions du Château Blanc : editions.chateaublanc@gmail.com
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