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Bibliographie

Le Parisien non plus comme rare.

Les inondations issues de la montée des eaux seront aussi à prendre en compte. L’accélération de la fonte des glaciers et l’augmentation de la température des océans engendrent une augmentation significative de son volume , menaçant les zones de basses altitudes, parfois situées sous le niveau de la mer. Le trait de côte est aussi sujet à une érosion accrue qui s’accélère au fil des années.

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Une fois de plus, la catastrophe en Allemagne illustre cette problématique : « Pour la ministre de l’Environnement de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Ursula Heinen Esser, les bouleversements du climat sont les principaux facteurs du drame. « Le défi est que nous devons parfois faire face à une sécheresse extrême et parfois à des pluies extrêmement fortes ». Le sol était « à peine capable d’absorber davantage d’eau en raison de la sécheresse des années précédentes et des précipitations des dernières semaines », a-t-elle estimé, affirmant que dans cette situation, il était « pratiquement impossible de réagir à court terme ».

«Réagir à court terme » ; si certaines inondations (montée des eaux en périodes de crues) peuvent être prévisibles et lentes, certaines inondations sont d’une violence rare lorsque l’aléa est élevé.

Dans ce cas, les moyens mis en place comme la sensibilisation ou les plans d’évacuation ne suffisent plus à assurer la sécurité des habitants. L’imprévisibilité de ces types d’inondations peut entrainer des catastrophes, comme au Pays-Bas en 1953, lors d’une tempête particulièrement violente qui a eu pour conséquence la rupture de sa digue principale faisant plus de 1800 morts, ou en Nouvelle Orléan en 2005 avec 1500 décès. Panser les blessures, reconstruire et prier pour que le drame ne se reproduise pas ne peut plus être une solution. Aujourd’hui, il est nécessaire de tendre vers un nouveau paradigme pour réduire les conséquences des inondations. Plutôt que de se protéger à tout prix, on s’adapte et on comprend mieux les faiblesses des territoires.

En effet, s’il y a vulnérabilité d’un territoire, on considère qu’il peut y avoir résilience, qu’il faut accepter le risque, identifier les failles, afin d’atteindre une harmonie entre l’implantation humaine et les forces naturelles en œuvre. Notre confiance excessive dans les systèmes de protection a engendré une incapacité à se projeter et à imaginer une nouvelle manière de considérer l’eau sur le territoire. Cette confiance est aussi parfois à l’origine d’un déni de la part de certaines collectivités ou individus face au risque d’inondation. Cependant, les coûts d’adaptation d’un territoire au risque d’inondation sont très souvent largement inférieurs aux coûts de reconstruction d’une ville abîmée par les eaux.

C’est l’occasion pour nous autres, aménageurs, architectes et ingénieurs de retrouver un rapport d’humilité face à la nature, en imaginant comment adapter nos territoires pour réduire leur vulnérabilité face aux inondations et aux changements climatiques : vivre avec l’eau plutôt que contre.

Je décide de m’intéresser à cette problématique dans le cadre de mon projet de fin d’étude car il me touche personnellement. J’ai grandi dans un territoire extrêmement sensible aux éléments. L’érosion du littoral, les digues submergées, les inondations en zones marécageuses étaient des événements quotidiens qui me semblaient impressionnants mais normaux. Ce n’est que plus tard, quand je suis revenu sur le littoral de mon enfance, que j’ai réalisé par son paysage abîmé, à quel «Résilience » Cf annexe 1.

point il était vulnérable.

C’est aussi un sujet qui me tient à cœur puisqu’il est aujourd’hui extrêmement lié aux enjeux climatiques. En plus de représenter une problématique géographique et matérielle, c’est un sujet humain où la prise en compte des habitants et de leur ressentis est primordiale.

Je m’intéresse au territoire dans lequel j’ai grandi, le long de la Côte d’Opale, dans la Région des Hauts de France, et plus principalement à la ville de Dunkerque. Réel symbole de la culture du Nord et des Flandres, la ville de Dunkerque s’illustre par la gentillesse des gens, leur bienveillance et leur attache aux traditions qui font tout le caractère incontournable de cette région. Dunkerque, une ville portuaire qui a pour moi toujours représenté un mystère, une ville encore ancrée dans son histoire, lourde de souvenirs mais surtout d’avenir.

Les Wateringues, un territoire vulnérable

Le territoire des Wateringues au cœur de l’Europe du Nord Falaises du Cap blanc Nez. Les départements du Nord et du Pas-de-Calais, situés dans les Hauts de France, sont des territoires au relief plat, à la fois ruraux, agricoles et ponctués de nombreux villages. Si la région demeure aujourd’hui une des plus pauvres de France, c’est aussi la plus peuplée et la plus jeune du pays. Sa position stratégique entre Paris, la Belgique et l’Angleterre fait d’elle une zone multiculturelle qui rayonne dans le Nord de l’Europe par ses ports, son tunnel sous la Manche mais aussi par la métropole européenne de Lille.

Ce territoire à l’identité très forte a été façonné au cours des siècles par l’agriculture et le bassin minier faisant de la région un pôle industriel majeur en France. La Côte d’Opale située entre Berck (Pas-de-Calais) et Dunkerque, attire quand à elle de nombreux touristes dans ses stations balnéaires.

La région connaît un climat océanique tempéré avec des pluies hivernales et des hivers doux ainsi qu’un ensoleillement annuel réduit. Si ces conditions météo sont aujourd’hui peu appréciées, elles donnent cependant à cette région un climat propice pour se protéger des vagues de chaleurs estivales. D’un point de vue géographique, ce territoire entre terre et mer est très vulnérable aux aléas climatiques de part les courants de la Manche et les vents importants venus du Nord.

Je m’intéresse ici au polder des Wateringues, entre St Omer Calais et Dunkerque, où 400 000 personnes vivent sous le niveau de la mer. Ce territoire à cheval sur le Nord et le Pas-de-Calais est extrêmement vulnérable aux inondations continentales mais aussi à la submersion marine et l’érosion du trait de côte. Pour mieux comprendre ce rapport au risque, il est nécessaire de comprendre son histoire.

Dunkerque

Gravelines

Bergues

Watten

Saint-Omer Calais Dunkerque

Gravelines

Bergues

Watten

Saint-Omer Calais Dunkerque

Gravelines

Bergues

Watten

Saint-Omer

Création du polder

Pleine maritime au VIIe siècle Source : Centre de la Mémoire urbaine d’agglomération de la CUD - Archives de Dunkerque

Pleine maritime au VIIe siècle. Source : AGUR L’histoire du polder

Ce territoire de polder a été façonné par les éléments et artificialisé par nos ancêtres. Pendant des millénaires, les vents et marées ont amassé de grandes quantités d’argile des Flandres, formant des cuvettes et des dépressions au large de la Mer du Nord. Un cordon se crée peu à peu en s’allongeant dans le sens du courant. Après des siècles d’érosion, les dunes émergent peu à peu, la mer et les rivières se retirent en déposant leur limons, abandonnant une pleine fertile et extrêmement végétalisée. Cette immense plaine maritime devient un marécage couvert de forêts.

Lors d’une grande crise climatique au IVe siècle, la mer recouvre le pays. Lorsqu’elle se retire, elle laisse place à un marécage de tourbe. L’Aa, cours d’eau principal du territoire se creuse un cheminement naturel composé d’une multitude de bras. Au IXe siècle, les moines tentent vainement d’assécher ce delta de l’Aa, devenu une zone humide et source d’épidémies pour les populations. Faute de moyens, leur patrimoine religieux ne cesse d’être inondé par les marées.

Ce n’est qu’au XIIe siècle que le compte de Flandre Philippe d’Alsace parvient à assécher cette plaine maritime alors appelée les Moëres. C’est la conquête de la tera Nova qu’il définit comme « la terre qui a été soustraite de l’impétuosité des flots de la mer et des inondations, par l’homme et avec ses derniers ».

Un immense réseau de « wateringues » est alors créé, il découpe et fractionne le territoire et permet de drainer les eaux continentales qui prennent leurs sources dans les collines de l’Artois à Bourthes. Des travaux de digues sont ensuite menés pour permettre aux populations et une économie de s’y installer et fleurir.

C’est le nom du Polder transfrontalier France - Belgique

Fossé drainant encerclant les champs, issu des termes «water» et «ring» (cercles d’eau)

Ramification du territoire des Wateringues Les 4 écluses à Dunkerque. Photos personnelles. Les Wateringues aujourd’hui

Aujourd’hui, le territoire des wateringues abrite 430 000 habitants, il est composé à 65% de terres agricoles et est entièrement artificialisé. En plus des cours d’eau naturels, il existe un réseau de plus de 100km de canaux qui permet de drainer les terres et de récupérer les eaux des collines pour les emmener vers la mer. Plus de 1000km de wateringues quadrillent le territoire en délimitant les parcelles agricoles.

Jusqu’au années 70, l’ écoulement gravitaire des eaux douces à la mer était possible sur tout le territoire. Aujourd’hui, le réseau est composé d’une centaine de pompes qui permettent à l’eau de parcourir les 30km qui sépare les collines de la mer. Une fois arrivé sur le littoral, l’écoulement dans la mer par les exutoires ne peut se faire qu’à marée basse, quand le niveau de la mer est inférieur au niveau d’eau des canaux. Cet aménagement territorial est une réelle fierté pour la région. Les wateringues sont vus comme une protection sans faille capable de défendre les terres et les villes de l’eau. Le patrimoine composé par les écluses, barrages ou moulins et pompes anciennes est inestimable.

Cependant, ces aménagements ont entraîné un accroissement de la vulnérabilité du territoire. La part de zones humides est passée de 30% à 0,8% en quelques siècles engendrant une problématique de sécheresse et une perte de biodiversité.

De plus, ces aménagements défensifs dépendent en grande partie de la ressource en énergie électrique ainsi que du maintien des différentes digues dans les villes exutoires. Leurs entretiens et leurs fonctionnement représentent environ 5 milliards d’euros par an.

L’écoulement des eaux continentales sur le territoire Les champs inondés après le débordement de certains wateringues La digue de Malo les bains pendant la tempête Les risques présents sur le territoire

La colonisation du delta de l’Aa et du littoral par les populations a engendré une densification des zones côtières sous le niveau de la mer. Ces zones gagnées sur la mer sont aujourd’hui des territoires extrêmement vulnérables aux différents phénomènes d’inondation.

Les inondations continentales

Aujourd’hui, la principale source d’inondation sur le territoire, provient des ruissellements importants au niveau des pieds de coteaux, dans les terres. Les pieds de coteaux sont situés autour des petits monts sur lesquels se sont installés les villages et d’où proviennent les eaux continentales. Dans ces zones, les débordements de canaux sont fréquents. Combinés à l’agriculture intensive, les champs sont souvent recouverts d’eau lorsque les canaux ne peuvent plus s’écouler vers la mer. Heureusement, les nombreux villages présents dans ces zones se sont érigés sur les petits reliefs qui s’élèvent au dessus du niveau de la mer.

L’érosion du littoral et la submersion marine

Aux inondations continentales viennent s’ajouter la vulnérabilité des zones côtières. La Côte d’Opale, est exposée à la submersion marine et aux phénomènes d’érosion. De nombreuses stations balnéaires prisées par les touristes s’y sont développées (Le Touquet, Wimereux, Dunkerque...). Des fronts de mer ont été bâtis au plus proche de la mer, protégés par des digues qui limitent les entrées d’eau et le franchissement par les vagues. À mon échelle, j’ai pu voir le paysage se dégrader de manière significative ces dernières années. Les dunes s’abîment et le trait de côte recule, les grandes marées

La centrale nucléaire en bordure directe avec la mer, une digue de 3km est actuellement en construction pour l’encercler. Andia Les sols secs ne sont plus capables d’absorber les surplus d’eau de crue et de pluie générant un ruissellement en surface et des inondations. grignotent peu à peu les plages et s’approchent de la digue. Les fronts de mer sont submergés, empêchant le passage des promeneurs. Il en découle une destruction de la faune et de la flore locale, mais aussi un risque pour les constructions ayant pris le parti de trop s’approcher de la mer.

Ces phénomènes pourraient aussi entrainer des catastrophes bien plus importantes comme la rupture des digues ou le débordement des exutoires. La centrale nucléaire de Gravelines à proximité directe de la mer protégée par une digue fait l’objet de nombreux aménagements pour réduire sa vulnérabilité.

La sécheresse

Paradoxalement, pour la communauté urbaine de Dunkerque, les inondations ne représentent pas le risque prioritaire puisqu’il passe après le risque technologique lié aux usines du port industriel et après le risque de sécheresse.

La ressource en eau souterraine a toujours été préoccupante sur le territoire. Les eaux des nappes saumâtres dues à l’ancien marécages ne sont pas consommables, tout le Dunkerquois est donc fourni en eau provenant des monts et acheminée sur plusieurs km. De plus, le déficit de pluviométrie observé ces derniers étés entraine une sécheresse importante des sols. Le retrait des sols argileux fragilise alors les fondations de nombreuses habitations de la région.

Cette sécheresse, couplée aux terres labourées et urbanisées en excès accentue les risques d’inondation car les sols ne sont plus capables d’emmagasiner les masses d’eau. Ces dernières ne vont aller qu’en augmentant à cause des pluies diluviennes.

Dunkerque, une ville entre terre et mer

Grand port maritime Tixier Digue des Alliés Quatre ecluses

Déviation du canal de Bourbourg Fort Mardyck Canal de FurnesCanal exutoireMalo les Bains RosendaëlDunkerque Centre

St Pol sur

Mer Dunkerque Sud

Canal de Bourbourg Petite Synthe Canal des Moëres Canal de Bergues

Dunkerque, entre les canaux et la mer Le port industriel de Dunkerque Front de mer de Malo-les-Bains Il existe trois exutoires qui acheminent l’eau du bassin versant vers la mer : Calais, Gravelines et Dunkerque. A l’Est, des échanges avec les flamands sont effectués via les canaux de Furnes, des Moëres et de la basse Colme. Le territoire des Watteringues est tellement plat que dans certaines conditions, il est possible d’inverser le sens d’écoulement de quelques canaux pour désengorger certaines zones.

L’exutoire le plus important se situe à Dunkerque où le canal de Furnes, de Bergues, des Moëres et de Bourbourg affluent de tout le territoire pour se retrouver au site des quatre écluses et terminer dans le canal exutoire. La Communauté Urbaine de Dunkerque (CUD) compte 18 communes et 200 000 habitants.

Au nord, la ville entretient un rapport à la mer varié ; les plages se situent dans le quartier de Malo les Bains alors que le port industriel part du centre au ville et s’étend vers l’Ouest. Le port industriel de Dunkerque est le 1er port français d’importation de minerais et de charbon, le 1er de fret ferroviaire.

La ville présente un point culminant à 7m et un point le plus bas à -5m ce qui en fait un territoire relativement plat mais dont les différences de niveaux peuvent avoir des conséquences. En effet, la ville de Dunkerque est en tension avec d’un côté les eaux continentales qui affluent en quantités de plus en plus importantes et d’un autre un littoral menacé par l’érosion, les tempêtes et la submersion marine.

Ouvrage Tixier Écoulement normal à marée basse - Les pompes prennent le relais à marée haute - Rupture de la digue entraînant un débordement du canal exutoire. Une ville exutoire en première ligne du risque

Le risque d’inondation est principalement visible sur deux sites symboliques de la ville : L’ ouvrage Tixier au Nord de la ville, est une écluse située à l’interface entre le canal exutoire et la mer. Protégé par la Digue des Alliés, c’est ici même que se joue la rencontre entre l’eau des terres et l’eau de la mer. Le site des quatre écluses situé en plein centre ville est quant à lui le «carrefour» des nombreux canaux qui affluent dans la ville. C’est le lieu où les échanges sont réalisés pour désengorger les canaux en envoyant l’eau soit vers la mer, soit en Belgique.

Le risque d’inondation de la ville de Dunkerque est particulièrement perçu sur deux sites principaux.

Habituellement, l’eau s’écoule depuis les terres pour arriver au site des quatre écluses qui répartit les flux et les fait entrer dans le canal exutoire permettant l’évacuation vers la mer. L’ouvrage Tixier entre en jeux : à marée basse, les portes sont ouvertes permettant à l’eau de s’écouler gravitairement vers la mer. A marée haute, les portes sont fermées pour éviter à l’eau de mer de pénétrer dans le canal. Dans cette situation, les stations de pompage sont actionnées permettant de vider les eaux excédentaire du canal exutoire artificiellement dans la mer.

Si ce système fonctionne depuis des décennies, il existe une faiblesse principale qui pourrait être exacerbée dans les années à venir : la Digue des Alliés. L’événement le plus catastrophique serait une rupture de la digue pendant un événement climatique majeur. L’eau de mer viendrait alors s’engouffrer dans la brèche avec une vitesse et une force très importante. Autrement, dans le cas d’une augmentation

« Aujourd’hui, il n’y a pas du tout d’inquiétude particulière à avoir, ça ne veut pas dire qu’on sous-estime les situations à venir, mais on marche sur la lune, donc des solutions il y en aura toujours ».

« Si il y a un risque dans les zones inondables, ce serait suite à un gros événement climatique. Peut être que dans certains secteurs, dans les années à venir, on devra revoir les choses, mais on ne va pas non plus déplacer Dunkerque à l’intérieur des terres ! »

Canal exutoire vers la mer

Canal de Furnes

Écluse de Furnes submergée, entrée d’eau dans le canal de Furnes et inondation du quartier de Rosendaël Olivier Caillaud (Chef de service commun de défense contre la mer du pôle métropolitain de la côte d’opale) Philippe PARENT (directeur de l’institution intercommunale des wateringues) du niveau de la mer, l’eau salée parviendrait à passer au dessus de l’ouvrage Tixier ou de la digue de manière plus lente et moins catastrophique.

Ces deux événements feraient monter le niveau du canal exutoire par une entrée d’eau salée, l’eau douce en attente remonterait alors jusqu’au site des quatre écluses. Les quais à l’Ouest seraient rapidement inondés et ensuite les écluses en venant finalement remplir le canal de Furnes et inonder tout l’Est de Dunkerque.

Les cartes d’inondations ont alors été réalisées en se basant sur les hypothèses suivantes :

- Augmentation du niveau de la mer - Précipitations sur une période de retour centennal - Panne électrique sur l’ensemble du réseau - Rupture de la digue des alliés : brèche de 100m pendant 15 minutes : 1 chance sur 1000.

En observant la carte page suivante, on arrive facilement à identifier la manière dont les ouvrages et infrastructures faites par l’homme ont altéré le cheminement naturel de l’eau lors d’inondation.

Au Sud, la route départementale qui relie l’autoroute fait l’effet d’une digue. L’eau, bloquée ne peut plus venir s’étendre dans les espaces de champs qui pourraient représenter des réservoirs naturels.

A l’Est, le Canal de Furnes déborde sur Rosendaël en contrebas, sur sa rive droite, les champs sont sauvegardés grâce à leur niveau plus haut.

1 Débordement du canal exutoire à la hauteur du Pont de Rosendaël 2a Étalement des eaux vers le secteur de Rosendaël 2b Débordement du canal de Furnes vers Coudekerque-Branche 3a Débordement du canal de Furnes vers le secteur Sud Est de Rosendaël 3b Étalement des eaux vers le secteur de Coudekerque-Branche

1

2b 2a 3a

3b

Dans le cas d’une rupture de digue, les inondations viendraient se propager dans un premier temps à l’Est du quartier de Rosendaël, puis au Sud vers Coudekerque avant de continuer son avancée le long du Canal de Furnes au Sud de Rosendaël

Le sable prélevé dans le chenal est « recraché » par un tuyau sur la plage des Alliés. PHOTO MARC DEMEURE - VDNPQR Réensablement de la plage La gestion du risque à Dunkerque

Pour pallier à cette problématique, la ville de Dunkerque mise sur deux types de solutions :

A l’échelle du territoire : inonder les terres pour alléger les wateringues

Les différentes institutions gérant le réseau de Wateringues sont conscientes de ces problématiques d’inondation et face à la montée des eaux et l’augmentation des précipitations, elles commencent à réfléchir aux solutions à mettre en œuvre sur le territoire. Les systèmes de pompage sont actuellement en pleine révision pour prendre en compte les futures quantités d’eau dues au réchauffement climatique. La création de grandes zones de décharges et de stockage est en discussion sur le territoire. Cela permettrait la création de zones humides qui ne représentent aujourd’hui que 0,8% du territoire..

Cependant, il est extrêmement difficile d’anticiper avec précision les futures masses d’eau qui afflueront sur le territoire, de plus, la remise en question et l’acceptation du risque sur le territoire n’est pas encore très présente.

A l’échelle de la ville : sécuriser et renforcer la digue

La ville prévoit depuis plusieurs années de lutter contre l’eau avec le rehaussement de la digue par un réensablement sur plusieurs mètres. Un rechargement de sable est réalisé tous les 5 ans : 300 000m3 de sable ont été déversés en 2011, 1 200 000 m3 en 2014, puis 30 000 m3 en 2020. Ces tonnes de sables sont repêchées quelques km plus au large par de gros navires, avec un impact non négligeable sur la biodiversité marine et les espèces.

Si l’État a financé la construction de la digue à une certaine époque, la catastrophe de la Nouvelle Orléans en 2005 déclenche une prise de conscience sur la vulnérabilité de ce type d’ouvrage. Craignant une rupture violente et rapide de la digue, l’État décide d’identifier des zones inondables qui seraient touchés dans le cas d’une brèche. Malgré le caractère quasi improbable de cet événement, ces zones sont alors soumises à de nouvelles réglementations. C’est principalement le quartier de Rosendaël qui est exposé au risque de part son niveau légèrement plus bas que le reste de la ville et sa proximité avec les quatre écluses. C’est d’ailleurs ce quartier, qui en 1953 lors de la rupture de la digue, avait été le plus touché.

Aujourd’hui, l’intégralité du quartier est donc soumis à des contraintes urbaines, créant un conflit entre la communauté urbaine de Dunkerque et l’État.

Tous les nouveaux projets sur Rosendaël sont alors impactés par ces règles et doivent respecter une certaine résilience. Les habitants en zones à risque sont invités à réaliser des travaux de réhabilitation coûteux pour mettre leur habitations aux normes sous peine de ne plus être couverts par les assurances.

La communauté urbaine, en désaccord avec le PPRL, a proposé une alternative avec des mesures préventives face à ce risque :

- Gestion de crise : diffuser efficacement les alertes de crue et sensibiliser les habitants au risque. - Prévoir le ralentissement des écoulements par de nouveaux travaux - Bonne gestion des ouvrages de protection : identifier les défauts / dysfonctionnements : pérenniser, fiabiliser, optimiser les systèmes. A ce jour l’État n’a pas validé ce plan.

Plan de préven tion des risques du littoral

1575

1713

1890

Hameau de Rosendaël

1662

1830

1995 Dunkerque, ville résiliente

Bien que bénéficiant d’un patrimoine très important en matière de gestion hydraulique par ses canaux et ouvrages, Dunkerque a une culture très faible du rapport à l’eau. Cela est du en partie à l’histoire récente du territoire.

Une porte vers la mer, une ville sur la défensive

Au XIIe siècle, «Duynkercke» est une petite bourgade de pêcheurs et de paysans, son petit port s’ouvre peu à peu vers le commerce maritime. La médiocre configuration des voies terrestres depuis l’arrière pays lui donne un accès principal depuis la mer et une position privilégiée. En 1400, elle reçoit l’autorisation de fortifier son enceinte pour résister aux anglais. A l’époque, sa place privilégiée en tant qu’ouverture sur la mer du Nord est convoitée par les pays alentours. Les enceintes s’élargissent au fil du temps pour permettre à la ville de se développer et de se défendre. Le hameau de Rosendaël, aux portes de la ville, subit les attaques ennemies mais résiste et réussi à se développer.

La ville fortifiée a su maîtriser l’eau pour en faire une force et un atout économique et diplomatique. Si à tour de rôle, ses occupants se servent de cette forteresse pour la défendre, ils n’hésitent pas à la détruire dès lors qu’un autre pays s’en empare. Le visage de la ville ne cesse donc d’évoluer face à ces conflits diplomatiques, elle est en perpétuelle reconstruction.

Une ville en prise aux guerres mondiales

Lors de la première guerre mondiale, la ville de Dunkerque utilise sa puissance hydraulique en inondant le territoire pour éviter l’invasion allemande. Par

«L’église des dunes»

Inondations déclenchées pendant les 2 guerres - Destruction de la ville lors de la IIGM. Archives de Dunkerque Inondation de la rue Paul Dufour à Rosendaël - Etat de la digue après sa destruction. Archives de Dunkerque vengeance, la ville subit plus de 400 bombardements. Les fortifications se révèlent n’être plus d’aucune utilité et elles sont détruites pour favoriser l’expansion urbaine. A l’issu de la guerre, le canal exutoire et le site des quatre écluses sont construits et achevés en 1939.

Quelques années plus tard, c’est la seconde guerre qui va définitivement abîmer la ville. Encerclés sur le territoire de Dunkerque, 300 000 soldats alliés sont contraints d’embarquer pour l’Angleterre sous une pluie de bombe. En 1944 les allemands décident d’inonder le territoire La ville est détruite à plus de 70%.

Après la seconde guerre mondiale, la reconstruction du centre ville et du port industriel se font indépendamment. Le rapport à l’eau est ambiguë. Si la mer est liée à l’activité balnéaire sur le front de mer de Malo-les-Bains, elle l’est aussi au niveau du chantier maritime. Le centre ville est donc privé de ce rapport à la mer qui n’est pourtant pas loin.

Une ville vulnérable

En 1953, une tempête sur la mer d’Irlande entraine une surcote de 2m40. La force de l’eau et l’aléa climatique engendrent deux brèches dans la digue et l’eau envahit le quartier de Rosendaël en pleine nuit rappelant à la ville sa vulnérabilité mais aussi sa proximité à l’eau.

La digue est reconstruite et renforcée, mais la prise en compte du risque est minimisée, le quartier continue son expansion urbaine et les quartiers pavillonnaires s’installent.

Plan masse et croquis d’attention. Richard Rogers Retrouver un rapport à l’eau

En 1988 les chantiers navals ferment. Une immense friche apparaît alors au cœur de la ville. Le projet Neptune projette alors de réconcilier la ville et le port en déplaçant le cœur de l’agglomération autour des bassins portuaires du centre ville. L’eau prend alors une valeur économique, touristique et de loisir au niveau du centre ville. C’est l’architecte Richard Rogers qui est en charge de réaliser le Master plan de la ville.

Les objectifs sont nombreux : - Création de nouveaux ponts pour relier les terres pleins portuaires et le front de mer. - Création d’espaces publics, places et promenades sur les pourtours des bassins - Grande liberté de morphologie : les typologies sont laissées libres dans le respect des échelles.

Projet novateur à l’époque, il a fait face à de nombreuses difficultés telle que la cohabitation entre les objectifs d’une vision à long terme et les attentes des citoyens à court terme.

Le projet Grand Large

La deuxième phase de réhabilitation de la friche industrielle réside dans la construction de 1000 logements avec une certaine ouverture sur la mer, l’intégration de jardins et parcs ainsi qu’une mixité sociale.

Le projet essuie aussi de nombreuses critiques. La table rase a lourdement affecté l’ancienne friche faisant disparaître les grues et engins du chantier du paysage portuaire. Si il ne reste plus de trace du passé industriel de la friche, les architectes ont tenté de retrouver l’ambiance du port à travers les typologies et les matériaux des

Canal Exutoire au niveau du quartier Stade Tribut Canal de Furnes nouveaux bâtiments. Cette architecture «portuaire» qui renvoie à des formes du chantier maritime ou de maisons de pêcheurs est aujourd’hui symbolique dans la ville.

Le rapport à l’eau et les canaux

La ville de Dunkerque entretient un rapport ambiguë à l’eau. D’un côté, le projet Neptune, a su recréer un lien fort à l’eau du port et aux anciennes darses. Le port de plaisance est lui-même au cœur du nouveau centreville et fait le lien avec les anciens espaces portuaires. La digue permet aux habitants de réaliser un parcours de Malo les Bains jusqu’au centre ville, elle longe la mer et dessert le FRAC, véritable symbole de la ville. Il est d’ailleurs possible de traverser l’ouvrage Tixier et de découvrir le fonctionnement de cette écluse insolite.

Si il existe les nombreux parcours à vélo pour découvrir les wateringues de la région, la mise en valeur des canaux de Dunkerque semble rester secondaire dans la ville. Véritables symboles des wateringues dans la ville, ces canaux représentent aussi des sources de biodiversité. Supports de promenade ou de pistes cyclables, les canaux peuvent être facilement longés mais le rapport à l’eau n’est pas toujours évident. La végétation très dense limite les vues sur le canal, seuls les ponts, traversés rapidement, constituent des points de vue sur l’eau. Les activités nautiques et accès vers l’eau sont inexistants.

Depuis quelques années, la ville essaye de mettre en œuvre une valorisation de ses canaux dans son centre, par des promenades, pistes cyclables et par l’éducation à l’environnement et aux polders. Sur le site des 4 écluses, quelques panneaux explicatifs permettent aux promeneurs de comprendre le fonctionnement des différents ouvrages mais ces éléments restent peu mis en valeur.

Fond Régional d’Art Contem porain

Rosendaël, un quartier au cœur des enjeux

Quartier Corderie Stade Tribut Rosendaël

Carte de Dunkerque Photo aérienne de Rosendaël Est : les champs le long du canal de Furnes. URBIS Un quartier menacé par les inondations

Le quartier de Rosendaël, à l’Est de la ville, est un quartier particulièrement en lien avec les canaux. Il longe le Canal de Furnes, véritable autoroute fluvial vers la Belgique et il est connecté à Malo les Bains et son front de mer. Un peu plus de 17 000 habitants vivent dans ce quartier principalement résidentiel. A l’Est, les entreprises d’horticulture, les champs, les cultures, les jardins familiaux et les serres s’étalent le long du canal.

Aujourd’hui, le quartier est confronté à plusieurs problématiques. A l’image de la ville, Rosendaël perd des habitants chaque année : les plus jeunes se tournent vers les grandes villes pour continuer leurs études ou travailler, les plus vieux sont contraints de quitter le quartier pour des structures plus adaptées.

De plus, ce quartier dynamique est aujourd’hui lourdement menacé par le PPRL mis en place par l’Etat qui l’identifient comme zone vulnérable. Si le risque reste limité de part la probabilité faible d’une rupture de la digue, l’intégralité des projets urbains sur le quartiers sont aujourd’hui mis en arrêt ou refusés. La municipalité craint que le quartier ne se fige et que les habitants quittent peu à peu Rosendaël.

Dans cette problématique globale d’inondation sur le territoire et sur la ville, je décide de m’intéresser a l’avenir du quartier de Rosendaël dans ce PFE et plus particulièrement au quartier Corderie Stade Tribut situé à la jonction entre le Canal exutoire et le canal de Furnes.

Carte de Rosendaël avant la création de Malo-les-Bains. Source gallica.bnf.fr / BnF Guinguettes le «Jardins Mabille» et «A Bagatelle». Rosendaël, de mémoire vive. Jardins ouvriers. Rosendaël, de mémoire vive. Un quartier à l’identité forte

A l’origine, Rosendaël est un hameau de pêcheurs et de jardiniers aux portes de Dunkerque. Situé hors des fortifications, il fut longtemps martyrisé par les guerres, reconstruit et déplacé à plusieurs reprises avec l’expansion des murailles de la ville. Le hameau de Rosendaël a résisté pendant des siècles et à su se développer malgré sa situation fragile. C’est un symbole de résilience pour la ville.

Rosendaël devient commune de Dunkerque à la fin du 19e siècle et s’étend alors du canal de Furnes au bord de mer. C’est un village populaire à l’identité très forte , le travail dans les champs est difficile mais il représente une certaine fierté pour les habitants.

Son nom signifie «la vallée des roses». Il le tient de son activité horticole qui l’a rendu célèbre dans la région mais aussi à travers le pays et en fait encore aujourd’hui un pôle important d’horticulture. Anciennement appelé le « grenier de Dunkerque » il permettait à la ville d’être autonome en terme d’alimentation grâce à son maraîchage et ses terres extrêmement fertiles.

C’est aussi un village synonyme de joie et de bonne humeur, les guinguettes et cafés accueillent les bals du dimanche et animent les différents quartiers. A l’époque, c’est la commune privilégiée des ballades dominicales des Dunkerquois en manque de nature. Le Square Jacobsen, aujourd’hui devenu le stade Tribut, est un poumon vert dans la ville et marque l’entrée vers le centre ville et le pont de Rosendaël.

En 1891, la commune de Rosendaël se sépare de son front de mer avec la naissance de Malo-les-Bains. La partie Sud de Rosendaël, plus populaire, refuse d’être

Répartition des champs de fleurs le long du canal de Furnes. URBIS assimilée à la nouvelle station balnéaire tournée vers le tourisme. Elle préfère se concentrer sur son savoir faire en matière d’horticulture et d’industrie. En 1972, Rosendaël devient un quartier de Dunkerque.

A partir des années 1970, l’horticulture remplace peu à peu le maraîchage. Les terres ne permettent plus de faire pousser des fruits et légumes. De plus, le travail est moins laborieux et les fleurs, protégées dans des serres, sont moins touchées par les aléas climatiques.

Aujourd’hui, les marchés regorgent de fleurs mais sont très limités en fruits et légumes. Tout est importé de différents pays et du reste de la France, à l’exception d’un petit producteur local « Le maraîcher de la Tente Verte » . En 2010, sur 120ha de culture 19 entreprises pratiquent l’horticulture contre seulement 2 producteurs de légumes. Le quartier subit aujourd’hui une forte concurrence sur le marché de la fleur provenant des pays frontaliers (Belgique et Pays Bas) mais également de certains pays d’Afrique.

Depuis quelques années, Rosendaël a décidé de privilégier l’agriculture urbaine avec le programme «Passons au vert». Il propose une nouvelle manière de penser le quartier à travers une transition plus écologique et vertueuse. Des associations accompagnent les projets individuels des habitants pour leur permettre de se construire.

Le quartier Corderie Tribut, un laboratoire d’expérimentation pour un urbanisme résilient

Canal de la Cunette Square Jacobsen

1920

1936

1949 Un construction urbaine complexe

Ce quartier trouve son nom de ses anciens quais industriels qui accueillaient des usines et industries de corderie et par la présence de son stade Marcel Tribut qui rayonne à l’échelle de la ville.

Historiquement, les anciennes fortifications de la ville prenaient place au niveau du canal exutoire actuel. Réelle fracture entre le centre ville et Rosendaël, elles abritent le canal de la Cunette qui emmène les eaux des terres à la mer. Le parc Jacobsen marque l’entrée vers la vieille ville et permet une connexion verte avec le quartier. Celui-ci est accessible au Sud par un petit chemin et une passerelle qui rejoint Coudekerque.

Après la Première Guerre Mondiale, les fortifications disparaissent, le canal de la Cunette devient le canal exutoire. Le square Jacobsen disparaît pour créer un stade et un parc plus petit. Paul Dufour un industriel local, vend certaines de ses terres pour y construire des maisons ouvrières en brique. Elles viennent s’inscrire au milieu des champs et leur alignement crée deux nouveaux axes orthogonaux pour le quartier. Les industries prennent place le long des quais pour faciliter les acheminements. Les champs se transforment progressivement en jardins ouvriers.

Après la Seconde Guerre Mondiale, si le quartier est épargné par les bombes, le bout de parc restant sert au baraquement des troupes armées. A l’Est, un quartier d’urgence est construit pour les populations ayant perdu leurs habitations. Les champs sont encore bien présents et en activité.

1997

2000 1978

1987

Aujourd’hui Après le démantèlement du camps et de l’habitat temporaire, l’ancien parc devient un parking pour le stade. Il est aussi dimensionné pour désengorger le centre ville. Le pôle sport se développe avec de nouveaux équipements tandis que les industries continuent leur activité. Des maisons individuelles se construisent dans le quartier et font peu à peu disparaître les champs. Deux barres d’immeuble s’érigent au Sud-Ouest.

Dans les années 80, une route vient délimiter le quartier à l’Est. Elle permet de relier la nouvelle autoroute au centre-ville. Ses abords deviennent des espaces minéral servant de parking. Des pavillons s’étendent dans les zones de culture restantes.

Au fil des années, les industries disparaissent peu à peu laissant place à des nouveaux logements. Les logiques d’apparition de ces quartiers sont archaïques. Elles reprennent tantôt le tracé des anciens hangars industriels le long des quais, tantôt celui des axes existants pour créer des quartiers pavillonnaires «catalogues» desservis par la voiture.

Le quartier se cloisonne peu à peu, la départementale le prive de son contact avec le reste de Rosendaël, tandis que les logements pavillonnaires se referment sur eux même.

L’occupation des sols est saturée, les densités sont faibles, les espaces pour la plupart minéralisés : le quartier semble figé.

Maisons rue Paul Dufour Un tissu bâti hétérogène

Le quartier présente une diversité de typologie de logements qui fait de lui un laboratoire intéressant pour penser sa transition.

Les maisons ouvrières des années 30.

Lorsque Paul Dufour vend ses champs, les industriels et les jardiniers en profitent pour bâtir leurs maisons de briques le long de 2 axes orthogonaux.

Si les maisons se construisent au fil des années, elles sont toutes réalisées dans un style flamant avec des briques de teintes orangées et rouges. Chacune d’elle est différente en terme de hauteur, d’ouvertures, de pentes de toit ce qui donne à ces rues un charme particulier. Deux typologies sont identifiées : l’une avec rdc et garage à hauteur de rue, l’autre dont le rdc est ré haussé de quelques marches sur une cave.

Les maisons sont alignées et forment un front bâti de chaque côté d’une rue relativement large. A l’arrière, des jardins dans la longueur viennent cloisonner le cœur des îlots. Souvent, les habitants y ont construit des extensions et garages pour augmenter la surface de la maison. Entre chaque jardin mitoyen, des murets ont été érigés pour permettre l’intimité et la délimitation de parcelle.

Ces maisons de briques sont très présentes sur le reste du quartier de Rosendaël et sont le symbole, à l’image de nombreuses villes du Nord, d’un patrimoine ouvrier important pour la région. Leur échelle permet un rapport humain à la rue et aux habitations proposant un cadre agréable et peu oppressant.

Typologies de pavillons du quartier Les lotissement pavillonnaires

Apparus à partir des années 70 sur le quartier, ces lotissement proposent des typologies relativement classiques. On observe une uniformisation du quartier qui lui soustrait une part de son identité. Les pavillons, toujours constitués d’un R+1 sous comble peuvent être retrouvés dans de nombreuses banlieues ou campagnes françaises.

Leur développement successif dans le quartier leur confère une hétérogénéité en terme d’apparence mais aussi de plan d’implantation qui donne au quartier un aspect patchwork.

Ils sont le symbole d’un étalement urbain anarchique qui est venu grignoter le quartier dès lors qu’une parcelle se libérait et qu’un champ disparaissait.

Les jardins privés ont découpé le quartier et ont participé à le renfermer sur lui-même pour ne laisser que des routes bordées de maisons individuelles ou mitoyennes sans identité. Très présents dans les quartiers au Sud de Dunkerque de l’autre côté du Canal de Furnes ce type d’habitat est pourtant ici relativement proche du centre ville historique et ne correspond pas à une urbanisation de proximité. C’est surement la volonté de conserver un cadre de vie apaisé et familial qui a poussé les promoteurs à privilégier ce type d’habitat étalé mais aussi la remise en cause des barres d’habitations dans les années 80.

Un quartier cloisonné mais bien desservi

Aujourd’hui, le quartier est toujours soumis à un cloisonnement interne : les cœurs d’ilot sont quasiment invisibles depuis la rue et les jardins des pavillons sont fermés par des clôtures et murets.

A l’échelle de la ville, le quartier est également enclavé par la route et les canaux. Les échanges vers les différents quartiers ont alors lieu par l’intermédiaire de ponts souvent destinés à la voiture et peu ancrés dans les quartiers voisins. L’axe initial Nord-Sud symbolisé par la petite passerelle a aujourd’hui été oublié et peu mis en valeur, même si on remarque qu’elle est souvent utilisée par les piétons et cyclistes.

Finalement, les vues sont coupées, et les perspectives bloquées. Les routes sont les seules à ouvrir le regard dans le quartier, elles occupent une place prépondérante faisant de la voiture un élément omniprésent et ayant pour seul but de desservir les habitations. Les vues sur les autres rives ne sont pas mises en avant, elles sont bouchées par une végétation dense au niveau du canal exutoire. Seules les berges du canal de Furnes sont entretenues et valorisées.

Pont de Rosendaël

Passerelle 4 écluses Départementale et passerelle Des entrées sur le quartier anecdotiques.

Au Sud-Est c’est la départementale très passante qui donne à cette entrée un statut d’entonnoir. Encadrée par la clinique à droite et les fast food à gauche, cette entrée invite peu le piéton à pénétrer qui préférera la passerelle. Au niveau des Quatre Écluses, le passage est extrêmement étroit, il se fait sur un petit chemin au dessus de l’écluse qui est difficilement visible au loin. La presque île liée à l’écluse accueille une salle de concert dans un ancien bunker, un restaurant ainsi qu’une brasserie qui font de cette zone un réel pôle attractif. L’entrée débouche ensuite sur les deux barres d’immeuble dont les espaces verts sont semi privés.

Finalement au Nord, c’est le pont de Rosendaël qui marque l’entrée du quartier et qui débouche sur un immense parking en face du stade. C’est une zone de passage qui permet principalement de desservir le quartier et de prendre la route qui part dans le centre de Malo les Bains.

Ces entrées font difficilement le lien avec les autres quartiers. Le tissu urbain y est souvent hétérogène, elles sont peu cadrées ni accompagnées, les perspectives y sont coupées. Aucune accroche n’est clairement visible et on ne ressent pas le seuil du quartier Corderie Tribut . Finalement, on ne passe pas dans le quartier, on l’aperçoit, on le contourne.

Cependant, de nombreux axes de mobilité viennent contourner et irriguer le quartier lui donnant une position stratégique dans la ville :

Mobilité uviale Départementale Autoroute Vélomaritime Véloroute des Flandres Circuit ville port plage Variante piste cyclable

GARE Vers la Belgique

Vers le lac Teteghem

Passerelle des Corderies inaugurée en 1898 Canal exutoire arboré Un quartier avec du potentiel

La position du quartier est privilégiée dans la ville. A la limite du centre ville et du quartier de Rosendaël avec un accès direct à la mer, c’est un lieu parfait pour vivre entre ville et nature.

De plus, ce quartier représente une réelle rotule qui pourrait participer à renouer le lien entre Coudekerque, Rosendaël, Malo les Bains et le centre ville. C’est un nœud qui pourrait aujourd’hui devenir une réelle centralité en prenant en compte son potentiel.

Il est situé sur le tracé d’un corridor vert fragmenté qui s’étend du Nord par le Canal exutoire jusqu’au Sud par les espaces agricoles. Aujourd’hui, la trame verte ne rentre dans le quartier que par l’intermédiaire des quais arborés. En effet, si les cœurs d’îlots sont assez verts et représentent un vrai potentiel, le promeneur ne ressent pas la continuité verte dans ces îlots inaccessibles.

Malgré son rapport frontal à l’eau, le quartier ne s’attache pas aux canaux, ou semble leur tourner le dos. Les promenades le long du canal exutoire sont dissimulées sur des pelouses qui semblent mi privé mi publiques. Les accès physiques à l’eau sont inexistants et ne permettent aucun contact. Située en contrebas l’eau semble parfois même disparaître du paysage.

Champs

Squares et parcs

Végetation haute Trame verte : quelques parcs présents en ville, mais peu de continuité écologique avec le territoire.

Jardin des sculptures

Parc urbain du grand large

Parc de la marine

Jardin du souvenir Parc St-Gilles Parc Malo

Parc Ziegler

Parc du chateau Loubry

Square Parmentier

Square des marroniers

Square Hoche Parc du chateau Coquelle

Vivre avec l’eau

Aujourd’hui, en se promenant dans le quartier Corderie Tribut, il est difficile de s’imaginer les espaces de promenades de l’époque. Les commerces, cafés et guignettes renommés ont disparus du paysage du quartier. La place prépondérante de la voiture relègue le piéton au second plan, lui laissant quelques espaces de passage peu valorisés. Le promeneur tourne en rond dans le quartier, perdu au milieu des jardins cloisonnés. Les fast food semblent être la seule activité sur le quartier, visibles de loin, ils sont, avec la route, le symbole de notre société pressée.

Mais le charme des maisons ouvrières en briques rouges et le calme qui règne à Rosendaël laissent à imaginer un tout autre avenir pour le quartier. La présence de l’eau si proche nous rappelle la vulnérabilité de ce quartier mais aussi son potentiel qui jusqu’à aujourd’hui n’avait été que peu exploité.

Comment ré-ouvrir ce quartier figé à la ville ? Comment faire de la contrainte qui pèse sur lui à travers les nouvelles réglementations une force ? Comment utiliser cette vulnérabilité pour la transformer en un potentiel sans limite ?

Dans ce projet, il s’agit d’imaginer le futur du quartier de Rosendaël à travers une métamorphose de l’espace par l’eau. Je propose d’aller à l’encontre de nos habitudes en proposant d’inverser de manière radicale le paradigme. L’eau n’est plus bloquée, elle entre dans la ville et devient un élément vivant qui participe à la dynamique du quartier, à son nouveau visage et à ses temporalités. L’eau est le nouveau fil directeur qui permet de repenser les problématiques urbaines et sociales auxquelles le quartier fait face aujourd’hui. Elle est l’outil de sa revitalisation, le support de ses métamorphoses.

Repenser la ville par les inondations, c’est comprendre comment Dunkerque a accru son risque mais c’est aussi intégrer au projet les éléments qui aujourd’hui permettent de le réduire.

En effet, ce PFE n’a pas pour but de remettre en question la digue qui est aujourd’hui un réel symbole pour la ville et dont l’efficacité est indéniable sur le territoire. Il n’est pas non plus question de remettre en cause le réseau de Wateringues qui gère tous les jours des flux et des masses d’eau conséquentes à travers le territoire.

L’objectif de ce PFE est d’accorder à tous ces ouvrages leur légitimité tout en proposant des solutions plus poreuses pour permettre à un quartier soumis aux risques de vivre et d’évoluer malgré les réglementations qui pèsent sur lui.

La stratégie globale consiste donc à accepter le passage de l’eau, à s’en servir comme moteur de projet urbain. Cela permettra d’anticiper une rupture de digue par la création d’un nouveau chemin de l’eau sécurisé. La stratégie comprend également une création d’espaces inondables pour accueillir les quantités d’eau arrivant des terres et ainsi désengorger la Canal exutoire.

Le quartier devient une éponge, un réservoir géant qui s’insère, au même titre que la digue et les canaux, dans un aménagement à l’échelle de la ville et du territoire pour réduire sa vulnérabilité.

Il respecte le concept de transparence hydraulique pour permettre à l’eau de s’écouler naturellement. Les obstacles sont repensés ou réaménagés et les nouveaux aménagements paysagers permettent de guider l’eau sans en augmenter la vitesse et donc l’aléa.

Coudekerque

Aujourd’hui, la bretelle d’autoroute vient bloquer l’expansion des inondations créant une cuvette sur Coudekerque En rendant la route poreuse, l’eau peut se diriger vers les champs, l’alé inondation devient plus faible Une stratégie à l’échelle de la ville

La gestion des inondations ne peut se limiter à une zone de quartier lorsqu’elle pèse sur un territoire. La prise en compte des enjeux et des cartes d’inondations à l’échelle de la ville permet d’identifier les solutions à l’échelle du quartier. Il s’agit donc dans un premier temps de penser une stratégie à l’échelle de la ville, pour ensuite venir s’intéresser plus particulièrement au quartier Corderie Stade Tribut.

A l’échelle du grand territoire, les inondations en pieds de coteaux ont lieux dans des zones de champs peu vulnérables, les petits villages ayant pris le parti de s’installer en hauteur. Aujourd’hui, des mesures ont été mises en place pour inonder certains champs dans le cas de crues importantes.

A l’échelle de la ville, la zone inondable recouvre plusieurs centaines d’habitations. Elle se répartie principalement sur les quartiers de Rosendaël mais aussi de Coudekerque, plus au Sud.

La départementale qui relie l’autoroute au centreville est un élément perturbateur dans le cours naturel de l’inondation. En effet elle empêche aujourd’hui l’eau de s’étendre dans les champs à l’Est, créant une cuvette au niveau des habitations et accroissant leur vulnérabilité. Il s’agit donc dans un premier temps de reconsidérer cet ouvrage, de penser la relocalisation des flux qui transitent par cette route dans des espaces moins touchés à l’Ouest de la ville.

L’ancien tracé de la route devient un ruban vert perméable qui permet de venir accrocher le quartier du Stade tribut et le centre ville à la plaine agricole du territoire des Wateringues. Véritable corridor écologique, le

Ruban remet en question la route et inverse littéralement la perception de cet axe frontal.

A l’Est, il s’agit d’imaginer le déversement possible du canal de Furne vers les zones maraîchères de Rosendaël en proposant un nouveau rapport à l’eau entre la route, les pistes cyclables et le Canal.

Ces aménagements à l’échelle de la ville permettent de soulager le réseau dans le cas d’une grande arrivée d’eau depuis l’amont. De plus, le Ruban permet de créer un nouveau cheminement pour l’eau et ainsi éviter son passage dans les quartiers de Coudecekerque.

La stratégie à grande échelle nous permet d’imaginer de nouvelles mobilités pour desservir le quartier. Les routes sont pacifiées dans une lointaine temporalité, néanmoins toujours accessibles dans des temps plus courts. Des espaces de stationnement et des hub de mobilité permettent de continuer à desservir le quartier pour les habitants et les promeneurs. La voiture, véritable danger dans le cas de crue, est sortie du quartier pour rejoindre les zones non inondables. L’ancien axe ferroviaire est quant à lui réactivé, il permet de rejoindre 2 zones non inondables et sécurisée de la ville.

Le ruban Vert perméable vient remplacer la départementale dans le quartier Corderie Tribut

Trame verte et bleue existant sur le territoire des Wateringues. Source : AGUR Une stratégie à l’échelle du quartier

Le ruban vert vient prendre place dans le quartier et fait disparaître peu à peu la départementale par une transition plus joyeuse. L’ancien axe stressant, dangereux et rapide de la route se métamorphose en un pansement pour solidariser le quartier Corderie Stade Tribut et le reste de Rosendaël. Cette couture transversale permet des continuités vertes pour «tisser» des lien entre les quartiers. Le ruban représente le nouveau lien entre le grand territoire, le quartier et la mer.

Il permet de récupérer les eaux arrivant au niveau du stade et de les emmener plus au sud. Cette grande zone humides devient un espace de vie et de partage. Elle est le support d’une future densification de la ville et de promenades. Le ruban est un premier outil pour décloisonner le quartier vers l’extérieur.

Décloisonner le quartier

Les quais sont réaménagés dans leur intégralité. Ils permettent à l’eau de monter graduellement par des aménagements public et paysagers. Ils deviennent le support de promenades, événements et permettent de recréer un lien visuel avec les autres berges.

Les entrées sur le quartier seront retravaillées. Elles deviennent de véritables pôles plus vivants et dynamiques. Au Nord, l’entrée sur le stade tribu vient faire le lien entre la trame verte existante et le Ruban Vert par un grand parc urbain sur l’actuel parking. Un nouveau parvis pour le stade permet de gérer les flux des visiteurs arrivant en bus ou par des mobilités douces. Il s’agit aussi de relier les quais à l’Ouest à ce nouvel espaces, les berges seront activés par des aménagements sportif permettant de faire le lien entre le pôle sportif et la caserne de pompier et les colleges et lycées situés sur l’autre berge.

Le site des quatre écluses se réactive pour rayonner dans le quartier. Le caractère événementiel de la presqu’île est exacerbé, il devient une porte d’entrée curieuse sur le quartier. En plus de sa brasserie et de sa salle de concert, un nouveau pôle de médiation sur la thématique des inondations, de la gestion de l’eau et de la culture du risque vient s’intégrer. Situé sur l’ancienne porte de la ville, il permet un nouveau lien avec le centre ville et devient le point de départ de nombreuses promenades longeant les quais.

L’ancienne entrée générée par la départementale devient un hub de mobilité pour pénétrer dans ce quartier où la voiture est contrainte. Les anciennes zones de commerces et de fastfood côté Coudekerque laissent

place à des parkings silos réversibles et des points de mobilité douce. Ce pôle en lien direct avec le ruban vert apparaît comme une nouvelle centralité en terme de mobilité et permet de rendre plus douce et atténuée cette entrée vers le quartier.

Faire entrer l’eau

La stratégie de l’eau est double, d’un côté, le ruban vert permet d’emmener de grandes quantités d’eau vers les vastes champs agricoles au sud. D’un autre, le quartier profite du passage de l’eau pour irriguer ses terres et s’offrir un nouveau paysage plus humide. Telle une éponge, le quartier se gorge d’eau pour remplir ses nappes phréatiques et la stocke dans des espaces publics et privées.

Un urbanisme résilient et adapté limite la vulnérabilité du quartier face à l’eau : les aménagements permettent de diminuer la vitesse d’écoulement de l’eau pour réduire les aléas. Le projet privilégie donc la transparence hydraulique pour limiter les pressions sur le foncier ou les ouvrages existants.

A la manière des wateringues dans les terres, les eaux sont guidées par des ramifications de noues paysagères. L’eau est alors le support du développement de la biodiversité et peut aussi devenir une ressource pour le quartier.

Elle devient le fil directeur qui décloisonne le quartier. Elle vient s’installer dans les cœurs d’îlots et dans les jardins recréant des espaces de partage pour les habitants.

Continuer à vivre dans le quartier. Aujourd’hui, l’État demande aux habitants de réaliser les travaux à leur frais pour réhabiliter leurs habitations situées en zone inondables. Ces travaux, la plupart du temps très coûteux doivent impérativement être réalisés sous couvert de perdre l’assurance des logements. Cette contrainte va indéniablement pousser les habitants à quitter le quartier pour éviter des frais supplémentaires, mais aussi créer une offre de logements invendables sur le marché.

Le projet propose de penser une rénovation globale du quartier pour permettre de limiter les coûts des travaux de réhabilitation sur le bâti conservé et construire de nouveaux logements adaptés aux inondations.

Il s’agit d’imaginer le futur du quartier en questionnant la place des habitations existantes. Que vont devenir les maisons 1930 qui représeneant une réelle valeur patrimoniale ? Certaines habitations trop étalées et trop basses seront-elles amenées à disparaître ?

Le projet propose une réflexion sur la densification du quartier, qui face aux inondations, doit être prêt à accueillir de nombreux habitants. En construisant la ville sur la ville, des zones de nature conséquentes apparaissent ainsi que des zones plus ponctuelles et dynamiques qui viennent réintégrer le quartier au centre de la ville.

Les typologies des nouveaux habitats sont pensées pour s’intégrer au paysage plat de la ville. Ces nouveaux logements se veulent réversibles, avec peu d’impact sur leur milieu et adaptés aux inondations. Leur caractère multigénérationnel permet aux plus

jeunes de revenir à Dunkerque et au plus âgés de pouvoir finir leur vie dans le quartier dans lequel ils ont grandi.

Les axes internes au quartier sont le support de cette nouvelle urbanité. L’axe Nord-Sud historique et la passerelle devienne un axe privilégié et un axe transversal permet de créer de nouvelles percées vers Rosendaël. Au croisement, une nouvelle centralité à l’échelle du quartier est mise en place. Elle permet de dynamiser le cœur du quartier et de proposer des programmes de proximité pour les habitants.

Créer de nouvelles dynamiques

A l’image des dynamiques lancées par le quartier, le projet intègre des zones d’agriculture urbaine. Ces jardins partagés ou communs redonnent au quartier son âme d’entant et permettent aux habitants dont les jardins sont inondés de profiter d’espaces de culture. La production locale pourra aussi alimenter les différentes cantines alentours, aujourd’hui en quête de bons produits locaux .

Les moyens de transports sont repensés pour proposer de nouvelles mobilités en lien avec l’eau.

De nouveaux espaces partagés naissent dans le quartier pour les habitants qui ont perdus de la surface. Ils permettent de renouer des liens entre voisins et de générer un décloisonnement physique et humain.

Favoriser la biodiversité

Le paysage sera l’outil de la transition et de la métamorphose du quartier. Le projet s’attache à adapter les végétaux et plantations en fonction des orientations,

du type de sol, de la présence et de la salinité de l’eau, du statut de la zone...

Les anguilles sont très présentes sur le territoire. Elles descendent dans la mer pour se reproduire puis reviennent sous forme de têtards dans les terres. Les digues et écluses sont équipées de « civelles » pour laisser passer la faune marine. Leur cheminement naturel pouvant être affecté par les inondations, les aménagements paysagers les intègrent dans leur dessin et proposent des espaces de reproduction.

Les zones humides, sont le support d’une grande diversité d’espèces. Le changement de paysage créé par les différentes quantités d’eau qui s’y déversent propose un écosystème particulier, favorable à la croissance de nombreuses espèces de plantes et d’insectes, dont les libellules par exemple. La diversité des micro-climats présent dans le projet en fait un véritable incubateur de vie.

1. Quelques notions

Vulnérabilité ANNEXES

Vulnérabilité : « mesure selon laquelle un système peut être dégradé ou endommagé par l’évolution du climat. La vulnérabilité dépend non seulement de la sensibilité, mais aussi de l’adaptation du système à de nouvelles conditions climatiques. Cette notion combine le niveau de menace physique d’une société et sa capacité d’adaptation. Elle souligne donc le rôle des facteurs socio-économiques, qui vont amplifier ou atténuer l’impact des variations climatiques sur une société » Dictionnaire du développement durable.

Résilience

Le terme de résilience est largement présent aujourd’hui dans les discours en lien avec l’urbanisme. Mais c’est un terme rarement utilisé avant les années 2000. C’est essentiellement après les événements de Katrina que qu’il apparaît dans les discours politiques et dans les projets urbains.

Aujourd’hui, le terme résilience fait alors souvent écho à l’ensemble des mesures de préparation, de prévention et de gestion des crises et des risques. C’est un sujet culturel, qui évoque une transformation progressive des pratiques et des représentations.

Nous ne parlerons pas ici de résilience au terme politique, qui parfois est un moyen d’inciter ou d’imposer des choix de gestion urbaine sous prétexte d’un danger et d’une évolution très rapide. Ici nous parlons d’une résilience lente et accompagnée, une résilience du territoire mais aussi des habitants.

D’un point de vue technique, la résilience est décrite comme la capacité d’un système à rebondir, une aptitude à faire face, résister, absorber un choc, s’adapter.

Par une vision positive de la vulnérabilité d’un territoire et des phénomènes de crise comme les inondations, il est possible d’observer un changement du rapport à l’eau qui soit bénéfique. Elle permet de passer d’une culture défensive à une culture intégrée et partagée.

En effet, une nouvelle vision de l’eau dans la ville permet de passer d’une contrainte à une opportunité. L’ eau devient un élément positif, une marchandise, une richesse, une plus value, motrice de nouvelles dynamiques pour la ville. Une vision positive et optimiste de l’eau permet de repenser un cadre de vie qu’il se construit autour de cet élément.

On décrit l’état d’une ville après une crise comme suit : - Disparition définitive du système - Maintien du système sous changement, reconstruction à l’identique - Bifurcation : reconstruction différente.

Un système qui échappe à la crise est il alors résilient ? En évitant la crise, on évite la destruction et donc le moment où la résilience est nécessaire. On emploiera ici le terme résilience pour celui d’une transformation progressive des pratiques et des représentations, qui permettra de gérer les crises futures et d’être prêts à les vivre.

Urbanisme résilient

C’est un urbanisme qui accepte et s’adapte au risque qui fait de l’eau un bénéfice, un atout.

Il relie une double convergence : l’adaptation aux changements climatiques et la gestion des inondation.

La culture du risque

Un risque est un concept dual qui confronte un événement ou une suite d’événements aléatoires ou non aux conséquences qu’il engendre « Il y a un travail énorme à faire sur la culture du risque dans les territoires et sur la gestion de crise. Ne pas nier l’aléa est sans doute le premier élément pour fédérer les différents acteurs. Cela permet de mettre en place un dialogue plus apaisé entre les « experts » ou sachants et les « lus ». Cela permet aussi de se tourner vers la population en parlant d’aléa (quand il ne met pas directement en cause la vie humaine) non pas comme un événement tragique (même si il a pu l’être par mauvaise connaissance ou gestion) mais plutôt comme un événement fédérateur et historique d’une culture de territoire commune»

Atout risques, des territoires exposés se réinventent, Sous la direction de Frédéric Bonnet, Editions Parenthèses, 2016

La culture du risque s’entretient. Elle doit être apprise à l’école, dans les entreprises, elle doit être un sujet de sensibilisation important dans les zones vulnérables.

Intégrer la population à cette culture du risque doit se faire de manière accompagnée, sensible, elle ne doit pas être faite en jouant sur la peur mais plutôt par des événements joyeux, curieux, des actions de sensibilisation. Elles portent sur la compréhension du risque, son acceptation et le comportement à adopter.

Pour les individus, le déni du risque est un mécanisme psychologique normal , il prend d’autant plus d’importance lorsque le risque est perçu comme dévalorisant ou dangereux.

Précisions sur la problématique de la digue

Les digues sont des infrastructures essentielles qui ont longtemps été privilégiées dans la gestion du risque d’inondation, vitales au PaysBas, elles peuvent aussi être source de grande catastrophes dans le cas de leur rupture et demandent donc une surveillance et une maintenance continue. Ces ouvrages sont généralement dimensionnés pour une situation de référence (en l’occurrence une crue ou un événement antérieur). Les événements de rupture de digue représentent aujourd’hui les événements d’inondations les plus dangereux de par leur fort aléas (vitesse de l’eau

importante et temps très rapide).

Historiquement, le choix était plutôt porté sur la protection face aux aléas par l’installation de digues de protection derrière lesquels les hommes se sont installé des lieux de vie. Le risque induit par la rupture ou le dysfonctionnement des digues de protection se situe à l’interface entre le risque naturel et le risque technologique. On pense au passage de Katrina à la Nouvelle Ormléans en 2005 pou la rupture de la digue a entraîné la mort de 1500 personnes, ou Xynthia en 2011 en Charente maritime qui a fait 59 morts. Les digues de protection sont devenus des facteurs aggravants des risques en milieu urbain.

La digue est un moyen en soit de protéger une ville des inondations souvent dues à la submersion marine. Dans le cas de la ville de Dunkerque, elle permet aussi à l’eau des terres de s’écouler. Dans le cas où la digue serait fonctionnelle, les inondations dans les terres venant des sources en amont et dues aux précipitations continueront d’arriver sur le territoire et la digue finalement pourrait même devenir un réservoir et amplifier l’inondation.

Le risque de crue lente et relativement fréquente a été remplacé par celui d’un événement plus rare, mais beaucoup plus violent et dangereux : la submersion par une rupture brutale de la digue. La question de son maintien se pose. : son démontage partiel aurait un effet bénéfique aussi bien technique (réduction de la vulnérabilité en cas de rupture de l’ouvrage) que symbolique (lisibilité de sa fragilité, conscience de l’aléa) 2. Etat de l’art des stratégies face aux inondations

Les 5 archétypes par Nicolas Gilsoul

• L’Arche

De nouvelles structures urbaines insubmersibles sont construites au large des métropoles ou à la dérive sur les océans. Ex : Wetropolis Thailande.

• Le Mur

Un mur d’enceinte permet de protéger pendant un temps les citadins de la mer. La digue s’épaissie plutôt qu’elle ne s’élève, elle devient un nouveau milieu à coloniser, un projet architectural en elle même.

• L’éponge

La ville devient un socle poreux avec une capacité d’absorption et de rétention. Les berges accueillent l’expansion de crues pour inventer de nouveaux paysage urbains. Ex: Projet Madrid Rio, Seattle la porte de l’Alaska, Elliott Bay...

• L’étagement

La ville est mise hors d’eau au moyen d’un socle réhaussé qui invente un nouveau rapport au sol. La ville intègre l’eau et les terres basses pour l’agriculture, et se sert de l’eau pour la climatisation. Ex : Socle de Phase Shifts park Taiwan, Thu Thiem (Ho Chi Minh-Ville)...

• La déviation

Le flux des eaux est divisé pour en réduire la force dynamique et les dégâts collatéraux. La déviation ramifie, draine, guide, multiplie les réseaux de rues et de berges à habiter. Ex : Landscape Urbanism américain, Aogu Wetland and Forest Park, Taiwan, Rives d’Angers...

Les mesures à l’échelle du bâtiment préconisées par le CERP • Éviter

Faire en sorte que l’eau ne puisse pas atteindre les parties occupées du bâtiment. Cette technique est surtout utilisée pour le neuf. Différentes solutions ;

- La surélévation des bâtiments peut être assurée de manière artificielle (plateforme, pilotis...). -La création d’une zone refuge aménagée dans un étage élevé du bâtiment ou créée par ajout d’un plancher abrité permet d’assurer la sécurité et le ravitaillement des habitants. Il faut veiller à créer un accès en toute circonstance avec possibilité d’évacuation par des ouvertures (fenêtre, balcon...) - Bâtiment amphibie : construit à même le sol et capable de flotter dès lors que l’eau monte. Ils sont guidés verticalement par des ducs d’Albe. Les flotteurs sont réalisés en plastique, béton, ou acier.

• Résister (dry proofing)

Faire en sorte que l’eau ne puisse pénétrer dans le bâtiment (barrières temporaires, batardeaux..). Cette méthode peut s’adapter aux logements existants pour des crues tout les 50 ans.

- Barrières périphériques : dépend de nombreux paramètres, il faut avoir le temps de mettre en place les équipements, ils coûtent cher, l’insertion paysagère n’est pas optimale - Batardeaux : barrières provisoires de protection contre les inondations. Permet d’occulter les baies et portes. L’étanchéité n’est pas optimale et des pompes sont souvent nécessaires. - Technique du mur double : L’eau vient s’appliquer directement sur le mur qui est soit recouvert d’un nouveau mur, soit d’un enduit imperméable. Cependant, au-delà d’ 1m d’eau d’un coté du mur, celui-ci risque d’être détruit à cause de la poussée hydrostatique. De plus, le temps de crue doit être limité à moins de 48 heures. • Céder (wet proofing)

Laisser l’eau entrer dans le bâtiment. Uniquement pour le logement existant exposé à des crues de plus d’1m et d’une durée supérieure à 48h. Compte tenu de la limite de hauteur d’eau à ne pas infliger à un mur, il est plus judicieux de ne pas résister à la pénétration de l’eau. Cela nécessite des matériaux résilients, la mise en hauteur d’équipements sensibles, la réalisation de réseaux électriques descendants.

Attention, les matériaux de type pierre ou brique supportent bien l’eau et le séchage, cependant, l’isolation, plâtre, placo n’aime pas être mouillé. Pour les canalisations : installation de clapets anti-retour nécessaire pour éviter les remontées d’eau. Pour que cette stratégie soit rentable, il faut que le log soit exposé à des crues fréquentes ( tous les 25 ans).

La décision sur la stratégie à adopter dépend de nombreux paramètres que sont : les hauteur d’eau, les vitesses d’écoulement, la durée d’immersion. Le problème des pavillons de plein pieds : lorsqu’ils sont soumis à plus d’1m d’eau, il faut céder. Cependant il devient difficile de surélever toutes les installations, les dommages subis seraient trop importants. L’unique solution est de créer des zones refuge.

Les 6 principes d’aménagements du territoire pour un renouvellement urbain adapté aux inondations, CEPRI

• Inclure un système de protection dans l’aménagement urbain . (Concilier ouvrages de protection : digues et densification de l’espace urbain)

• Donner ou redonner plus de place à l’eau dans les centres urbains pour réduire l’aléa . Préserver les écoulements naturels de l’eau en conciliant la présence naturelle de l’eau et les aménagements existants et futurs. Respecter le principe de transparence hydraulique. Ces zones peuvent être intégrées dans le tissu urbanisé sous forme

de parc ou d’espaces récréatifs. Ou alors construction de nouveaux bâtiments avec la stratégie « éviter » pour permettre à l’eau de suivre son cours. Relocalisation d’ouvrages faisant obstacle à l’eau.

• Localiser les activités et les infrastructures urbaines : prendre en compte leur caractère vulnérable.

• Concevoir des bâtiments adaptés à l’inondation selon les différentes stratégies énumérées.

• Assurer le maintien du fonctionnement des réseaux techniques : besoin d’être alimentée en énergie, permettre la circulation des populations

• Créer des espaces intelligents pour la gestion de crise et la reconstruction : multiplicité des usages en temps normal et temps d’inondation. 3. Références, projets urbain et risque d’inondation

Transparence parking et faille

Transparence parking Transparence pilotis Transparence pilotis

Transparence allée verte

Transparence dans l’usine Quartier Matra, Romorantin-Lanthenay, France, 2010, Architecte : EricDaniel Lacombe : l’urbanisme résilient au service de la fabrique de la ville.

Le quartier de Matra est une ancienne friche industrielle composée d’anciennes usines. Devenue une opportunité foncière, il a été question de venir densifier cette zone selon le concept de «construire la ville sur elle-même» . Le projet présente une problématique d’urbanisation en zone inondable sur les berges de la Sauldre, un affluent du Cher. La ville et le site ont connu des crues centennales allant jusque 2,88m. Des étangs sont aménagés pour ralentir les crues décennales ou vingtenales, mais en cas de crues centennales, la zone est inondée. Le site est classé en zone d’aléas moyen, il doit alors respecter le principe de transparence hydraulique. Toute habitation doit être située au dessus du plus haut niveau d’eau. Le quartier a été pensé et dessiné comme un affluent temporaire de la rivière. Ici, deux stratégies sont utilisées :

- Une stratégie d’évitement : les maisons individuelles sont sur pilotis, l’emprise au sol est limitée à 20%, tous les réseaux sont réhaussés de 1m et enterrés sous les routes protégées par du béton. Les trottoirs sont surélevés, les toitures terrasses aménagées et accessibles en cas d’évacuation.

- Une stratégie d’acceptation de l’inondabilité du site (wet floodproofing) «Donner ou redonner plus de place à l’eau» : création d’un jardin d’expansion de crue, espaces publics inondables, le trajet de l’eau est prévu dans l’aménagement (pas de digues ou murets), les bas des immeubles sont composés de douves réservoirs d’eau, rez de chaussée en béton armés inondables...

La sémantique et la mise en scène de l’eau jouent un rôle important dans ce projet. L’architecte propose une ville poreuse, en jouant sur l’imaginaire, il contribue à la construction d’une réelle culture du risque. A proximité de la rivière, les courbes des bâtiments rappellent celle du cours d’eau. Les logements prés de l’eau sont des «bateaux lavoirs» Tous les tracés offrent des perspectives différentes sur l’eau. Le jardin met en scène les effets du climat.

Bassins Îlots constructibles

Espaces verts hydrauliques

Zones tampon

Bâti universitaire

Ouvrage Cadereau

Plan directeur d’aménagement du futur quartier, Source : Grumbach et associés

Schéma de principe des écoulements des eaux, Source : Grumbach et associés Eco quartier Hoche-Université, Nîmes, France, Architecte : Antoine Grumbach et associés, projet en cours de construction.

Ce projet de renouvellement urbain projette de reconstruire la ville sur elle même par l’occupation et la densification des friches hospitalières, militaires et ferroviaires du quartier Hoche a proximité du centre ville de Nîmes. Le projet propose d’insérer un programme de 1000 logements et d’un site universitaire. L’enjeu principal est de réduire le niveau d’exposition au risque d’inondation par des aménagements perméables favorisant l’expansion des crues. Le tout, en articulant le quartier aux autres sans les rendre vulnérables par le principe de non aggravation en aval.

- Capter les eaux de surface - Drainer les eaux sur des axes peu vulnérables - Ralentir et dissiper les écoulements - Diminuer le débit des crues - Servir d’entonnement des eaux dans le futur cadereau souterrain - Organiser la restitution du surplus aux quartiers existants en aval.

L’objectif de transparence hydraulique est assuré par le maintien du cheminement naturel de l’eau dans les bassins de retenue et d’écoulement. Ces espaces sont de véritables espaces publics, les écoulements superficiels sont répartis sur l’ensemble du réseau en privilégiant des axes capables d’accepter de forts débits. De plus, des espaces transversaux d’étalements des eaux sont créés. Les secteurs les plus favorables et les moins à risque sont densifiés. Les tracés des axes sont situés en cohérence avec l’orientation des flux venant de l’amont, des contraintes du bâti existant et des ouvertures générées par le nouveau quartier d’îlots bâtis perméables. La mise en place de cadereaux en plus de ceux existant est aussi intégré dans le principe d’écoulement des eaux.

Tout le long de l’écoulement, c’est la végétation qui accompagne l’eau au grès des jardins et des parcs.

Ville de Nîmes Quartier de Richelieu :

Le quartier de Richelieu se trouve au Sud du quartier précédemment présenté. Lourdement touché par des inondations en 1988, il est alors question de renouveler ce quartier situé en zone d’aléas très fort et l’intégrer dans la dynamique des autres quartiers. Les aménagements du quartier plus au nord permettent de limiter quelque peu l’aléa sur le quartier.

Deux leviers d’action :

L’îlot et le bâti sont repensés pour limiter la vulnérabilité des habitants : - création d’un espace refuge commun sur des plateformes - regroupement des logements verticalement pour créer des duplex en privilégiant les espaces de nuit à l’étage - transformation des rdc en fond de cour les plus sensibles en locaux communs et ceux situés en front de rue en locaux d’activités. - OU regrouper les logements verticalement et horizontalement cependant, cela engendrerait une offre de logement individuel ; les îlots perdraient alors beaucoup de logements d’où l’idée d’aller densifier ailleurs.

La rue devient un véritable espace public ou la voiture doit y disparaitre. Les voitures peuvent constituer des embâcles obstruant les rues. Les rues permettent de recréer des transparences hydrauliques et de revoir leur usage. Piétonisation du quartier en privilégiant les rues dans le sens de l’écoulement des eaux. Requalifier les espaces libres ou dents creuses pour les aménager en jardins partagés ou éphémères.

Leclercq associé Parc le vallon des aygalades, Marseille, France, architectes : Leclercq associés

Création d’un grand parc urbain inondable de 14 hectares sur le site d’euromed, au cœur d’un grand projet de renouvellement urbain qui envisage le risque d’inondation comme une opportunité de projet. Le projet vise à remettre à jour le fleuve côtier enfoui et rétablir le vallon qui avait été comblé au XIXe siècle. Initialement, c’était un vallon humide dont le cours d’eau a été recouvert, aujourd’hui, ce quartier est extrêmement densifié.

Ce parc est le réceptacle naturel des eaux pluviales du nord de Marseille fabriquant un nouveau milieu humide diversifié. Le principe d’aménagement du parc a été pensé pour différents visages en fonction des quantités d’eau à intercepter :

- Mise en eau du parc : petits débits d’eau provenant de la pluie : propose un faciès d’inondabilité graduellement varié en fonction de l’intensité des pluies - En cas de grande crue : le parc est recouvert par les inondations venant de l’amont, débit plus important sans que les limites du parc ne soient dépassées. - Profil en long, en escalier : pour limiter la pente moyenne (qui accélère les vitesses d’écoulement)installation d’une série de chutes séparant le linéaire de pente

Biodiversité : prise en compte des orientations solaires : rive sèche/ ombragée vs rive plus basse avec plus d’eau. Les différents milieux sont associés aux débits (mare, pelouses marécageuses, formations à hautes herbes, chenaie pubescente...) 20% espaces de loisirs, 80% espaces de nature

Gestion de l’eau : arrosage par traitement naturel de l’eau avec des filtres plantés dès l’entrée de l’eau sur le parc : dégrillage grossier et phytoépuration pour nettoyer les eaux. Une partie de l’eau traitée peut ensuite servir pour l’arrosage.

TOA Architectes Les rives du Bohrie, Ostwald, France, TOA Architectes

La conception du projet regroupe 6 grands objectifs ;

- Une qualité paysagère autour de l’eau : le quartier est situé autour de l’étang du Bohrie et proches de zones humides saisonnières et perma nentes. Mise en scène de l’eau : fossés, mares, prairies humides, noues.. Les circulations piétonnes : chemins sur digues, pontons d’accès. Participe à la trame verte du territoire.

- Habiter la nature : 60% des espaces sernt dédiés à la nature, seuls 30% seront urbanisées. Espaces libres : prairie hygrophile permettant des stoc ker les eaux en cas de crue, espace de renaturation, deux bois existants, 90 jardins familiaux, espace de maraîchage, étang du bohrie et berges aménagées.

- Espaces publics et privés de qualité : aires de jeux pour enfants dont les quartiers limitrophes peuvent bénéficier, espaces de promenade, réduc tion de la voiture.

- Quartier animé et ouvert sur la ville : commerces et services de proximité,

- Priorité aux mobilités douces : minimum de voies routières, stationne ments regroupés de véhicules à l’intérieur des parking silo ou en socle d’immeubles.

- 3 ambiances identifiées : formes urbaines différentes avec plusieurs manières d’habiter en tenant compte des contraintes liées à l’eau. -La ville à quai : logement collectif , expression de la densité, donner un statut au boulevard et support du tram. Concentre des équipements publics.. nouvelle centralité pour Ostwald. - L’île : défini sous forme d’une nappe ; habitat individuel sur pillotis. Harmoie avec la nature, reflexion sur des structures flexibles et évolutives, cheminement pietons et cyclistes. - Le quartier du point d’eau : logements collectifs : transition entre quartier nouveau et historique.

Bibliographie

Adaptation au changement climatique et projet urbain , sous la direction de Solène Marry, éditions Parenthèses, 2020

Assurer le maintien du fonctionnement des réseaux techniques, CEPRI, 2015

Atout risques, des territoires exposés se réinventent, Sous la direction de Fré déric Bonnet, Editions Parenthèses, 2016

Comment saisir les opérations de renouvellement urbain pour réduire la vulné rabilité des territoires inondables face au risque d’inondation ? Principes tech niques d’aménagement, Février 2015

Concevoir des bâtiments adaptés à l’inondation , CEPRI, 2015

DUNKERQUE, dunes briques et béton , Cahiers du patrimoine, 1995

Explorons nos futurs (heureux), revue Urbanisme n°74, 2020

L’urbanisme résilient, nouveau paradigme de la fabrique de la ville face au risque d’inondation ? L’exemple du quartier Matra à Romorantin-Lanthenay, Lenouvel J., 2020 ,Revue Urbanités, Chronique

Un logement “zéro dommage” face au risque d’inondation est-il possible ? No vembre 2009, CEPRI

Rosendaël, de mémoire vive , Centre communal d’Action Sociale, Edition Mé moires de territoires, 2010.

Villes inondables, prévention, adaptation et résilience , Sous la direction de Jean-Jacques Terrin, Editions Parenthèses, 2014

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