FRANCK LOZAC'H
LA CITE INTERIEURE
PREFACE
La Cité intérieure est un ouvrage de synthèse formé de tous les recueils de Messages qui s’étalent sur une période de deux ans - 95 et 96, et formé également de tous les recueils de Résonances s’étalant sur la période 97-98.
Douze recueils ont donc été exploités, synthétisés, prélevés pour obtenir cette étrange mosaïque de réflexion imagée concernant l’activité intime du poète. Dans son introduction à La poétique de l’espace Gaston Bachelard pose la pertinente question sur l’origine phénoménologique des images.
On nous demandera peut-être, pourquoi, modifiant notre point de vue antérieur, nous cherchons maintenant une détermination phénoménologique des images. Dans nos travaux précédents sur l’imagination, nous avions en effet estimé préférable de nous situer, aussi objectivement que possible, devant les images des quatre éléments de la matière, des quatre principes des cosmogonies intuitives. Fidèles à nos habitudes de philosophe des sciences, nous avions essayé de considérer les images en dehors de toute tentative d’interprétation personnelle. Peu à peu, cette méthode, qui a pour elle la prudence scientifique, m’a paru insuffisante pour fonder une métaphysique de l’imagination. À elle seule, l’attitude “ prudente ” 2
n’est-elle pas un refus d’obéir à la dynamique immédiate de l’image ? Nous avons d’ailleurs mesuré combien il est difficile de décrocher de cette “ prudence ”. Dire qu’on abandonne des habitudes intellectuelles est une déclaration facile, mais comment l’accomplir ? Il y a là, pour un rationaliste, un petit drame journalier, une sorte de dédoublement de la pensée qui, pour partiel qu’en soit l’objet - une simple image -, n’en a pas moins un grand retentissement psychique. Mais ce petit drame de culture, ce drame au simple niveau d’une image nouvelle, contient tout le paradoxe d’une phénoménologie de l’imagination : comment une image parfois très singulière peut-elle apparaître comme une concentration de tout le psychisme ? Comment aussi cet événement singulier et éphémère qu’est l’apparition d’une image poétique singulière, peut-il réagir - sans aucune préparation - sur d’autres âmes, dans d’autres cœurs, et cela, malgré tous les barrages du sens commun, toutes les sages pensées, heureuses de leur immobilité ? Au chapitre VIII de la poétique de l’espace, il esquisse admirablement le problème de l’immensité intime : L’immensité est, pourrait-on dire, une catégorie philosophique de la rêverie. Sans doute, la rêverie se nourrit de spectacles variés, mais par une sorte d’inclination native, elle contemple la grandeur. Et la contemplation de la grandeur détermine une attitude si spéciale, un état d’âme si particulier que la rêverie met le rêveur en dehors du monde prochain, devant un monde qui porte le signe d’un infini. Par le simple souvenir, loin des immensités de la mer et de la plaine, nous pouvons, dans la méditation, renouveler en nous-mêmes 3
les résonances de cette contemplation de la grandeur. Mais s’agit-il vraiment alors d’un souvenir ? L’imagination, à elle seule, ne peut-elle pas grandir sans limite les images de l’immensité ? L’imagination n’est-elle pas déjà active dès la première contemplation ? En fait, la rêverie est un état entièrement constitué dès l’instant initial. On ne la voit guère commencer et cependant elle commence toujours de la même manière. Elle fuit l’objet proche et tout de suite elle est loin, ailleurs, dans l’espace de l’ailleurs (1).
Quand cet ailleurs est naturel, quand il ne se loge pas dans les maisons du passé, il est immense. Et la rêverie est, pourrait-on dire, contemplation première. Si nous pouvions analyser les impressions d’immensité, les images de l’immensité ou ce que l’immensité apporte à une image, nous entrerions bientôt dans une région de la phénoménologie de la plus pure - une phénoménologie sans phénomènes ou, pour parler moins paradoxalement, une phénoménologie qui n’a pas à attendre que les phénomènes de l’imagination se constituent et se stabilisent en des images achevées pour connaître le flux de production des images. Autrement
dit,
comme
l’immense
n’est
pas
un
objet,
une
phénoménologie de l’immense nous renverrait sans circuit à notre conscience imaginante. Dans l’analyse des images d’immensité nous réaliserions en nous l’être pur de l’imagination pure. Il apparaîtrait alors clairement que les œuvres d’art sont les sous-produits de cet existentialisme de l’être imaginant. Dans cette voie de la rêverie d’immensité,
le
véritable
produit, 4
c’est
la
conscience
d’agrandissement. Nous nous sentons promus à la dignité de l’être admirant. Dès lors, dans cette méditation, nous ne sommes pas “ jetés dans le monde ” puisque nous ouvrons en quelque sorte le monde dans un dépassement du monde vu tel qu’il est, tel qu’il était avant que nous rêvions. Même si nous sommes conscients de notre être chétif - par l’action même d’une brutale dialectique - nous prenons conscience de la grandeur. Nous sommes alors rendus à une activité naturelle de notre être immensifiant. L’immensité est en nous. Elle est attachée à une sorte d’expansion d’être que la vie réfrène, que la prudence arrête, mais qui reprend dans la solitude. Dès que nous sommes immobiles, nous sommes ailleurs ; nous rêvons dans un monde immense. L’immensité est le mouvement de l’homme immobile. L’immensité est un des caractères dynamiques de la rêverie tranquille.
(1) Cf. SUPERVIELLE, L’escalier, p. 124. “La distance m’entraîne en son mouvant exil.”
5
Pourtant il ne s’agit pas ici uniquement d’images consacrées à l’espace intérieur. Il s’agit également de considérations conflictuelles entre un Moi pensant, évoluant et un Moi critique condamnant la situation analysée. De cette violence est sorti un nombre considérable de poèmes et de textes que l’on pourra découvrir au fil des pages. Les derniers endroits de l’ouvrage recèlent des fragments à caractère philosophique où l’influence de Martin Heidegger ne saurait être minimisée.
Franck Lozac’h
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STUCTURES DEMISES
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Messages I
Labyrinthe
J'étais dans une de ces recherches où l'espoir n'a pas les moyens d'exister, ou seuls l'impossible et le néant pénètrent. Mon investigation poétique était nulle, et je n'obtenais aucun résultat. J'abandonnais ce terrain et laissais à d'autres ces étranges servitudes. L'avenir de trouver m'était retiré. Pourtant quelque fois, une brise illuminée venait caresser mon visage comme pour me dire : Ne te désespère pas. Investis encore. Investis.
Je m'imposais à découvrir avec une force renouvelée, avec une véhémence nouvelle. Je tentais encore de pénétrer des secrets dont l'essentiel tenait dans de l'impalpable et de l'inexpliqué.
Peu s'essaient à comprendre, à violer. Ils préfèrent conquérir sans la peine. C'est parfois à la jeunesse de tenter dans sa source d'accéder au delta.
Qu'ai-je réellement compris ! Peu de chose, mais je cherche encore.
8
Pénètre-la
Pénètre-la au plus profond de la chair ! Impose-toi à creuser ! Peut-être y trouveras-tu la substance de l'esprit subtilement cachée ?
L'homme s'exhale
L'homme s'exhale inexorablement. L'homme dont la recherche interne est de comprendre. Il se nourrit d'autrui, s'instruit de l'inconnu et tente par l'alchimique effort de réduire, d'étendre, d'élever.
L'homme qui use de prémonitions, d'avenirs proches, se plonge dans le passé, et se construit de l'intérieur.
Aux uns, l'insignifiance de la poésie. Aux autres la sublimation du verbe. Offrir cette création, orienter la lumière, pour qui ? Nous tentons stupidement de plaire, mais la clé de la métaphore est seulement accessible à l'élite.
Nous superposons des dimensions et des espaces les uns sur les autres, nous franchissons des portes au-delà de l'audace et pénétrons dans l'invisible. Mais qui pour nous suivre ?
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Je pris ta divine lampe
Je pris ta divine lampe et enfermé en moi-même, je pensai : "Heureux, fils, heureux, je connais la voie."
Le ciel était plus pur quand je partis empruntant la route éclatante de lumière, je parlais en ma chair et disais : "Inspire-moi, ô sublime puissance, mon feu intérieur s'éteint et va mourir".
La pensée intérieure
La pensée intérieure s'ouvre et telle une corolle et un bouquet d'idées remplis de vertiges et d'images resplendit tout à coup sous ce vaste dôme :
Pyramides bleues, cyclones d'espoir, fluides lumineux qui jaillissent comme des boules multicolores, Tournesol voltigeant, oeil d'extase enivré de folies très légères, Puissances de sonorités, chambres de notes, monologues aigus et incompris, Souffles, raisons exquises enrubannées de douceurs adorables, Tourbillons, vapeurs rousses qui s'élèvent dans la nuit de jade, Envolées de lumières, ailes claires tachetées de blanc,
Je m'endormis, j'inventais mon sommeil, je contemplais la nuit se draper de signes lumineux :
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Femmes vivantes, bracelets de chair et de flammes, îles ardentes qui respirent les parfums aériens, Sources élégantes, chevelures floues et vaporeuses, bras de mouvances là-bas dans l'interdit, derrière la porte de sang.
Pourtant j'attendais stupidement qu'une présence féminine s'en vint. Rien que le silence énorme éclatant sous un soleil invisible d'ombre, de néant. Il y avait nul espoir de changement. Qui pouvait venir ? J'entendis une rumeur de pieds bruyants circuler dans les ruelles de l'esprit.
Parle-moi, ô fille ! Est-ce toi ? Fille de l'agonie ? Tu n'as pas de voix ? Il y a du sang, il y a des pieds déchiquetés, souffrants sur les ronces, des habits déchirés, Il y a ta chevelure d'or.
N'y a-t-il pas de bouleversantes femmes qui tourbillonnent sur l'herbe sacrée, dans l'essaim vert et les feuilles d'or ?
Je crois entendre des cris là-bas de femmes claires qui circulent vers l'aube chantante. Non, il n'y a pas de mort, il y a la vie au bord de cette source aveuglée pourtant.
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La beauté est difficile à voir. Je la cherche près de la source, loin des ruelles. Elle brillera peut-être dans la nuit immortelle.
Me voilà à présent assis sous l'arbre de tourmaline, quémandant quelques explications, tandis que de superbes vierges s'offrent voilées de mousseline.
Mais quelle importance ? Pour quelle utilité ? En moi-même se construit cette géométrie interdite de poète, cette volonté mathématique de chiffres et d'invisibles structures. Hélas, Hélas ! Ce n'est qu'un mirage.
Voici la nuit saignante avec ses tessons de vers, ses corps de poignards dans la rose écartelée, voici la nuit avec cette fille de fleur qui hurle, et son sang gicle et se répand sur sa robe blanche.
Voici la nuit avec ses lumières de laser coupantes, avec son silex moderne et ses invisibles douleurs, Voici la nuit qui arrache, qui écorche, Le poète souffre, hurle, plonge dans la poussière et supplie.
Faut-il ramper ? Faut-il gémir ? Quelles possibilités nouvelles pour que l'esprit inventif s'élève plus pur encore, pour que flammes et incendies irradient l'intérieur du crâne, pour que source et images viennent féconder l'univers spéculatif ?
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Un esprit de génie
Un esprit de génie qui conçoit prend des risques. Ses rumeurs et ses chocs l'éloignent du commun des mortels. Il est un incompris. On le fuit, on l'évite, mais parfois l'on peut être ébloui.
L'homme pense, évalue, transforme. Et cette tête pleine est immense et difforme. Il s'abaisse parfois et cause avec les plus humbles de la pluie. Mais c'est un souffle puissant qui mugit en son crâne.
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Perçus dans l'esprit
Perçus dans l'esprit Des sons curieux, incompatibles, Bruits plutôt que phrasés, parlés Et assourdissant la pensée, Échos perturbateurs et monotones Que la conscience offre puis cache, Et enfin détruit, efface. Sans s'associer, ils se répondent. Les uns accrochés mollement aux autres, Ils sont syllabes cacophoniques, Expressions indistinctes.
Là, au fond de la cervelle Les sons résonnent Et veulent voir le jour, Puis hésitent, se refusent pour disparaître.
Le poète chemine, attrape et tente De saisir l'instant.
À peine se sont-ils offerts Subrepticement, qu'il marche Dans son âme, précipice, miroirs Et sources renouvelés de mots inconnus.
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Je fuis
Je fuis ce moi-même, Je m'envole loin de cette phrase décadente, Concept et proposition d'autrefois. Les mots s'assemblent mal, S'intègrent mal les uns dans les autres. Et le réservoir de sonorités, de syllabes Où je plonge mon esprit Est lavé de coups douteux, De solutions discutables.
Je voudrais creuser Aller au plus profond de la terre, de ce moi Aux racines des synapses Dans l'inconnu du langage.
Devant mon frontispice, il y a les volets De la conscience, toujours en éveil Constamment en attente, Possédant une patience de prisonnier.
Il y a l'intérieur, La pensée associée à la vitesse. Qu'espèrent-elles ? Que peuvent-elles ?
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Le langage désire, Le langage parie et refuse.
Je rentre encore en moi-même, J'apparais là tout au fond. Je suis spectre, hallucinations, Gaze inconnue et Volonté délétère.
Là encore est le vide Avec ces doutes, son écriture fantoche, Ses incertitudes, Ses images ridicules et détestables, Ses risques.
Je nage dans les images Et l'oeil retourné veut puiser dans la mémoire, Puis des cloches, des sons, Cela semble une rumeur et des crissements, Cela semble vouloir parler, Est-ce prodige ? Est-ce gain ?
Oui, je suis dedans, je vis à l'intérieur Est-ce l'oeil de la conscience ? Puis le silence, le vrai silence Silen
rien.
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Le lac de mots
Ma mémoire ? Une réserve, Un réservoir sans fond, ni dimension Aux contours indéterminés, vagues et abstraits. L'oeil est à l'intérieur, il observe, Tente de comprendre cette masse lourde et épaisse Où nagent parfois des résidus de mots.
J'apprends à me débattre, je devrais faire Christ Et marcher sur moi-même. Donc je dois aller du point A au point B Sur ce lac stupide de mots Sans couler, sans me noyer.
J'observe ces syllabes confuses qui grouillent Comme des vers sur une plaie sanglante. Ce lac est ébullitions épais et flasque. Des sons comme des bulles d'ombres ou ocres Sautent ici et bas, et se gonflent pour éclater.
Je vais puiser dans cet amas indescriptible Pour en extraire des signes. Je vais m'en gargariser. Non, l'eau de ce lac ne se boit pas.
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Alors qu'en faire de tous ces mots ? Les quérir avec une épuisette Et les assembler pour obtenir un poème ?
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Femme bleue
Femme bleue dans les airs Seule, idéalisée, impossible battements.
La pensée cherche Le coeur espère
Brûlante d'immobilité D'extase bouillonnante tourbillonnante Elle s'élève sans pleurer Parmi les hautes fleurs de fille.
Elle est Éclatante dans la lumière du jour Vaste espace que sillonnent des mots clairs Elle s'épanouit devant mes yeux, Bondit sublime d'irréel
Je conçois mon éternelle, La vois très nettement J'évolue dans mon imaginaire.
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Espace
Espace Espace mien Qui voltige, tourbillonne Se pense, s'engendre et jamais ne cesse
Au plus profond de ma chair, Est-ce un monde
Qui conçoit, qui écrit ?
Qu'est-ce ?
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La jeune fille
La jeune fille sublime et inconnue traverse la raison, se perd dans mon esprit, et confuse, alerte ou libertine cherche un endroit pour se cacher.
Pourquoi désire-t-elle couvrir sa nudité quand nul, à l'exception de mon oeil interne, ne peut l'observer. Subrepticement elle s'empare de mon silence, et tente de s'en vêtir comme d'un pagne.
Je la vois, je ris de sa gène et je lui offre quelques légers brouillards confus de la raison dont elle s'habille rapidement. La voilà qui sourit, qui s'esclaffe et offre un premier chant à mes oreilles caressées.
Elle évolue dans une attitude d'un pas de deux, sensible et légère. Mais il est des actions, des gestes et des comportements que je ne puis comprendre. L'ensemble parfois me semble incohérent, saugrenu et irresponsable. Je m'en amuse pourtant...
Elle circule à présent dans les méandres de l'interdit, se glisse, semble fuir et disparaître pour revenir nourrie de fantasmes nouveaux, de possibilités audacieuses... Voilà donc sa culture ! Voilà ce qu'elle reçoit et ingurgite sur le chemin du risque...
Mais oui ! Tout à coup, je comprends : elle quitte mon âme, jaillit par mes yeux, bondit sur le sol et se dimensionne, comme par un 21
effet magique, en quelques instants, à l'échelle de la femme - là devant mon regard ! Sa nature humaine m'étonne, mais je m'engaillardis, la saisis par la hanche et la fait tourbillonner sur elle-même afin que le personnage puisse renaître et se comporter comme ma raison l'avait imaginée.
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Dans la pensée obscure
Dans la pensée obscure de ma raison défaite, il m'oublie, il se cache comme un serpent de verre qui apparaît, qui disparaît.
Enfoui en moi - je connais pourtant son nom - il est là timoré, fourbe, vicieux et parfois sexuel - il attend pour sortir que la nuit commence (il faut déterminer par quels moyens l'inspiration poétique, sa soeur, conception absurde etc. se manifeste).
Eh oui, enfoui en moi, soupirant, noir comme le charbon dans ma cervelle stupide, la tête toute fécondée d'espoirs nouveaux, j'attends, l'éveil du souffle de vie...
Qui est-il ? Où est-il ? Pourtant je sais qu'il se terre. J'entends même les premiers suintements de syllabes prononcées. (Quand tu es absent, je me crois libre. Le suis-je réellement ?)
J'attends comme l'enfant. Je m'angoisse de cet instant. Je déteste ce moment construit sur l'éphémère et sur l'insignifiant.
Puis sonal, sonnerie en quelque lieu de délice, du coeur de ma cité (- vérité d'image comprise ou refusée par le lecteur ?) l'obsession Baudelairienne travaille les âmes poétiques... Tu vois, je ne dormais pas, j'espérais, j'attendais seulement.
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Je prends donc ce support de poésie en forme de rose de Pasolini, pour tenter de produire, mais que puis-je ?
Agacé, dans la pensée sombre, j'emprunte quelques mots, quelques idées. Je ne les couche pas en italique. Puis comme une muse qui s'épanouit : "Est-il satisfait de ce que tu obtiens ? Poursuis... continue...".
Concept ridicule par le travail d'autrui Médiocre moi-même qui cherche toutefois Concept rêvé par la pure intelligence Que je ne possède pas, que jamais Je ne posséderai.
Forêts de lettres, masses touffues d'images, Comme je cherche pour ne rien découvrir !
Je n'ai que cela ? Hélas ! Hélas ! Toutes ces pertes que je subis comme je voudrais les récupérer et travailler sérieusement. Être comblé de bons résultats, et non pas de cette abjecte stupidité ! Quelle idée de suffisance ! En qui puis-je espérer ? Mes recherches poétiques ? A quelles raisons ? Vers quel avenir ? C'est encore un prétexte de faiblesse, de ridicule et d'insignifiance.
Peu et très mal, - très faible. Rien, rien et rien.
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Tout en soi-même
Tout en soi-même, il a cherché Souhaitant extraire, Ou pénétrer au plus profond, Désirant se délecter De sa propre substance
Il pensait s'endormir Dans l'ombre immense de sa chair Reposer dans un lieu de bien-être et de quiétude
Le temps disparaissait Inutile d'angoisse et de crainte Son être s'épuisait En secondes lourdes de jouissance Son être était apaisé
L'âme était dans le corps Le corps était dans l'âme L'esprit voulait-il revivre ? La raison se dresser, penser Et encore exploser Beauté transparente d'idéale ?
25
Dans l'inconnu où naît l'impalpable Où commence l'insignifiant, Le grain de sens s'écoulait Pour aller se baigner dans sa source claire.
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Mots
Mots, impossibilités d'associations, de combinaisons défuntes, tirés de la cervelle féconde, tentatives difficiles du langage, entre les bons coups et les risques insolites, solutions accumulées sur la page stérile, qui veulent s'enchaîner les uns aux autres.
On cherche, on s'épuise, on croit découvrir et cela semble peu, cela semble ridicule. Mais comment penser autrement ? Trouver d'autres exigences.
Insistance de cette raison où éclatent des offres poétiques. Cervelle nourrie de laitance d'autrui après avoir malaxé ce vrac de syllabes.
Puis cette armée de substantifs, pronoms, verbes dans ordre et désordre, petits soldats obéissants ou cavaliers solitaires.
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Mots extraits
Mots extraits, tirés de quelque néant, là tout proche, qui semble éloigné pourtant. Combinaisons audacieuses ou insolites qui se croisent ou s'encastrent en une phrase parfois. Les solutions s'enchaînent, semblent former une ronde organisée par la main du poète. Ainsi se conçoit l'acte sublimé dans sa petitesse, dans sa grandeur aussi.
C'est geste solitaire d'une plume habile qui prétend animer un dialogue interne.
Tu organises un songe et tu veux y régner.
Accède à l'impossible.
Nourris-toi de la chair sublime du poème !
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Messages II
Parler avec soi-même
Par la fente on observe L'instantané passer Comme des particules en suspension Dans un rai de lumière. Il y a l'imperceptible presque, L'inaudible, l'improbable et le doute Qui s'entrecroisent, se juxtaposent Et tentent de cohabiter.
Au-dedans, il y a des sortes de tentacules Légères, invisibles et silencieuses. Elles préfèrent délicatement les propositions offertes. À l'extrémité de leurs doigts sont des yeux D'une acuité visuelle extrême, Ils touchent, voient et palpent, Refusent ou prennent. À quelles raisons, décident-ils ces doigts ? Qui ponctionne, qui retire ou exploite ?
À l'extérieur, on peut supposer Qu'il y a un front, sorte de muraille, D'épaisse Carcassonne. Mais dedans ? Là des idées changent de formes 29
Sont acheminées, transmises Par un dialogue intérieur, Par une activité électrique encore inconnue.
D'autres d'espèce chimique S'évaporent, disparaissent pour s'associer ailleurs.
C'est donc échos, lumière déversée, Brassages d'images, fluidité de désirs, Maîtrise temporelle, échappée de seconde
Segments, fragments de bouts, de propositions, Associations contrôlées, libérées.
L'esprit extrait des mots, des groupements. Qui fusionne, qui combine ?
Les ressemblances épousent l'analogie Et le contraire se juxtapose rapidement. Le mensonge tire son origine de la vérité, La vérité tend vers la sagesse poétique.
Parler longtemps avec soi mène à quelque chose.
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Nuit
Nuit Comme un front rempli de torpeurs De lumières sombres, d'accidents éblouissants. S'éloignent, s'entrecroisent les feux Et les phosphores dans les miroirs de la raison.
Encore la sainteté avec pureté d'ailes blanches, Avec écrasement et douleurs infinies.
Le ciel ouvre les murs Et apparaissent les Dieux, Beauté et Beauté.
Retours au travail, en soi, par autrui, Par Eux, par la blancheur spirituelle.
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Je suis sans être
Je suis sans être, épanouissement de mon néant, plénitude de mon vide.
Puis je plonge dans ce lac de pensées Où grouillent confusément les perceptions du langage, Où les grondements entendus Par l'alchimique opération Se transforment en cristal de musique.
Apparaissent les vagues successives d'analogie, Images dérisoires ou sublimes symboliques. Les concepts et leurs contraires participent À la construction du raisonnement.
Les symétries, les parallèles S'entrecroisent et s'imposent. Jusqu'à l'effacement final Pour la mort du poème.
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L'écho
Je suis infiniment rien, Je plonge dans le néant. Au-dedans de moi-même, Je perçois un lac de mensonges. Le vertige porte mes pas. J'écoute une parole conçue et pensée Par l'imaginaire, par la raison, par la folie. Les mots pensent pour moi, Je suis l'écho qui projette une rumeur.
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La cité intérieure
Environné d'espoirs Souffle immense de rumeurs Grandes silhouettes impalpables Alors je pense, j'entends Je conçois Les perceptions sont irréelles Inaudibles - tout se fait et se défait Autour de moi.
Donc j'avance dans mon centre Dans ma pensée circulaire. Oui, j'avance Au milieu des graines illuminées de phosphore, de néant de certitude et d'imbécillité J'avance de manière sereine.
J'entends un murmure plaintif Y a-t-il bourdonnements d'images ?
À présent je produis quelque peu Je tire des signes Un espoir est planté dans la cervelle
comme un drapeau noir sur blanc 34
comme des signes sur une feuille de papier.
Le poème s'élabore. Voilà, Dans ma ville poétique, Je réveille les néons, Quelques lampes s'éclairent Je prends en moi, je vole à autrui Je déambule sur les traces de mes idées bric à bric d'étincelles Maintenant je marche à droite, à gauche, je décris ce que je vois.
Façade belle de femme, serrure de sexes odeur de salpêtre Oui, comme une statue de marbre puis portique, comme intérieure Va-et-vient du passant balance, oscillations et toujours ces silhouettes formes impalpables, inexplicables mais présentes Je cherche dans cette rue l'extase Mes yeux chavirent, brillent, miroirs captivants. 35
L'avenir toujours est interne, occulte, sous un flot de transparences sous des folies de merveilles Il brille de femmes, de feu, d'orgasmes Tout se mêle, se dissipe, se recrée dans la grandeur du Temple On entend des voix monter, supplier, quémander, On entend des gémissements l'âme se plaint, interroge et veut jouir comme une fille en rut dans l'épanouissement. Les souffles lentement s'éloignent.
Me voilà à nouveau titubant cherchant un principe absolu qui m'échappe qui m'égare.
Au milieu des réverbères, je tiens ma lanterne allumée de certitude certitude ? A rire
Me voilà couvert de la cendre des étoiles ! Je cherche un nouveau quartier un lieu où l'être comprendrait 36
sa durée, son génie, son invention. Une porte pour l'être ? Non ! une voie sans issue je cherche encore donc j'écris.
Chaque lettre s'associe, se confond, se mêle, va puiser dans la mémoire quelques possibilités la ténacité persiste elle ressasse et veut exploiter.
Au centre de la place, il y a un jet d'eau, un arbre fluorescent, est-ce pensée suprême est-ce coeur de la ville ?
J'avance à grands pas dans la cité solitaire Les immeubles couvrent de leurs ombres le seul passant hagard que je suis. Je cours mais je me crois immobile je suis comme soufflé, aidé par mes pensées pourtant je n'ai pas même l'impression d'avoir marché. Je crois être resté moi-même, au même endroit... 37
Le temps semble le même, et instable à la fois.
Oui, j'écrivais donc à la lumière de ma cité dans le dédale de ma raison en absolu de croyance en certitude d'éternité et de prétention.
Ainsi j'achève l'acte, le mouvement de mon propos avec conscience de perte et de faiblesse avec l'espoir de chasser l'infamie.
Je me parle encore, mais l'autre dort. Entends-tu ? Non je dors. J'avance dans le noir, seul.
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Inspiration
À peine éveillée, encore endormi, j'écoute cette masse inerte de conscience qui balbutie des sonorités, qui propose des images douteuses.
Ma pensée est ankylosée, elle se meurt lentement comme un ivrogne rempli de mauvais vins. Mais elle se plaît de cette fatigue, de cette langueur de reptile allongé au soleil. Ou mieux, elle flotte dans les relents du langage.
J'entends un mot qui me parle comme un écho. Puis j'entends un autre mot différent. Je tente de les associer les uns aux autres dans ce dédale de vocabulaire, dans ce vacarme de nuit bleue. Oui, j'essaie.
Pourtant je me crois dans un désert d'images, l'immensité de ma stérilité m'arrête là.
39
Question
Pensée Pensée qui se conçoit sans cesse qui se nie et s'engendre qui s'associe et se perd dans l'espace de ma nuit
mot qui cherche mot qui circule dans l'imaginaire je veux mêler, faire fusionner, engendre, croiser
de nulle part doit venir l'espoir de gain de conquête de résultat positif
Est-ce poésie que de supposer ainsi ? Qu'est-ce alors ?
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Sound and music
J'entends passer des sons du brouhaha confus qu'il faut purifier,
Je les vois parfois ces volumes d'intensité, ils sont sphériques et renferment des idées
Je suis l'intermédiaire, une sorte de mauvais médium J'entre, je suis dedans Je peux m'entendre, les sons viennent-ils de moi ?
Je carambole comme un joueur de dés Il y a cascade d'aigus, de clairs architecture d'éclatantes de graves La belle harmonie consiste à placer aux bons endroits, à organiser - toujours organiser en couplage, en tierce.
Je cherche le silence il ne s'invente pas Je veux construire 41
dans cet espace, le mien Tout se situe dans l'esprit Il faut trouver encore un principe d'harmonie.
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Sphère de mots
Tu évolues dans une sphère de mots. La fille aux lèvres belles toutes les nuits, s'exhibe nue et lancinante à ton bureau. Quand ta bouche parle, elle commence une transe sexuelle, retirant de manière vicieuse ses habits. Elle ne garde que ses cuissardes noires. À tes pieds, elle supplie. Elle apporte des lances, des sagaies, des armes, t'implore de la tuer.
Toi, tu ne sais que faire. Elle est belle, brune aux lèvres rouges. Elle ressemble à la femme de Putiphar et tu te prends pour Joseph.
Il y a autour de toi, il y a... Non, il n'y a personne. Tu l'entraînes dans ton lit. Des ombres te fixent. Tu feins de les ignorer. Tu la prends, la tords. Tu exploites tous les chemins qui mènent à la jouissance, dessous, dessus, dedans. Tu bois la coupe de feu. Elle n'est pas innocente, elle est chair et aime. Tu te reprends dans ses viscosités, dans ses méandres luxueux, de poils d'odeurs entremêlés.
Sur ton sommier, elle est araignée vicieuse, géniale, tu te répands, tu jouis, tu expulses, tu dictes ce que tu veux écrire. Tu te sers de l'image. Tu évolues dans une sphère de mots.
43
Couloirs, couloirs
Couloirs, couloirs désespérés de la raison Où l'on court pour fuir sa folie Portes ouvertes, portes à défoncer Obligations, interdictions. Il y a des chambres, des bibliothèques, Des lieux de plaisirs, de prières Chaque ouverture débouche sur une mémoire De soi, d'autrui, de social.
Dans la chambre poétique On ne joue plus aux cartes Mais des bijoux de femmes se pavanent sur des sofas Il y a chairs de chevelures tumultueuses et ébouriffées d'araignées blondes.
A la sortie du rêve après avoir franchi la limite du front l'oeil extérieur m'éclaire me propose d'autres images De lumière, de sang, d'orage.
Je prends, j'exploite, j'écris entouré d'ombres il n'y a nulle chair vivante 44
je marche là autour du bureau j'écrase les idées, je les piétine comme un raisin moyenâgeux pour en extraire du vin.
Il est transfiguré, il est sacré Sa chambre se situe au centre du monde La pensée s'y nourrit avec joie L'esprit s'éveille la nuit L'esprit l'embrasse La beauté lumineuse est transparente de vérité la certitude dit : oui.
Les scorpions, les rats, les barbelés, Les épines dans la chair, les piquants Les feuilles d'exorcisme, les crucifix
L'architecte, l'espoir du penseur Le fils inconnu de l'église L’oint civil le voyant lave ses yeux
Les murs transpirent d'invisibles de morts de vice et de honte Les souffles pourris des ombres 45
circulent dans les airs.
L'intelligence veut instruire l'homme le temps est ennemi Il entrevoit, désire obtenir la gloire de n'être pas Il hait cette stupide nécessité de vivre.
Aimer est Dieu comme deux amants qui se supposent qui se savent, qui se sont vu Le désir élève vers l'au-delà la raison voltige tourbillonne et s'envole
L'homme subit l'esclave du mal Il ne peut s'en défaire La cruauté est l'immense dominateur.
Le réel n'est pas tangible Qui croirait ? Qui accepterait de croire ?
Rien, nul fantôme. Tout est mensonge et fausseté, 46
évidemment !
Il y a masse de violence blanche non, ceci est imagination.
47
Je suis dans l'invisible
Je suis dans l'invisible, je suis dans l'impalpable. Pourtant je croise une ombre qui épouse une Personne et je la vois flotter là en face de moi comme un songe monstrueux composé d'un univers de morts. Puis un oeil me fixe, faiblement éclairé par une lumière interne.
48
Tombeau caché
Toujours vers moi pour produire jusqu'à déplacer ma main
L'instant qui court m'échappe quels que soient les chemins que j'exploite.
Je leur préfère ma sérénité cachée Tu peux me faire disparaître Mon avenir est en moi-même au plus profond de mon esprit
J'accède au point ultime La lumière est bien à l'intérieur ! Ma parfaite négation saura me détruire pour me faire oublier de tous.
49
Le marcheur solitaire
Je n'étais cette nuit-là qu'un esprit qui pense Aussi la concentration était sereine Au centre de la raison Je me mis à poursuivre l'image qui fuyait Fade coureur, je chutais sur moi-même Je m'étalais toujours plus en avant.
Venues d'un toit invisible, des bulles de mots Poussées par le vent Plongent soudainement dans ma pure certitude Des roses noires porteuses de pensées Les accompagnent Elles désirent convaincre ma volonté. De quoi ? Me faut-il deviner ? Je dois savoir.
La chute légère d'une bulle caresse l'eau, Enivre ma raison de questions insensées. Je m'éveille au milieu de sensations douteuses Et je poursuis mon investigation Cherchant vers l'avenir.
Le sentier de l'audace est là, un peu plus loin Vais-je l'emprunter ? Audace ! Comme je préférerais le survoler ! Je réfléchis, j'hésite, que faire ? 50
J'entendis s'éloigner une ombre peureuse, Était-ce l'image qui fuyait ? Je décidai de m'en retourner, Je regagnais le centre de la raison pour enfin dormir.
51
Lumière
Tout s'éclaire : La pensée est à l'intérieur Légèreté vivante J'existe dans mon espace, là est ma demeure
L'ombre des morts est remplie de vide est perte funeste.
Dans le ciel de ma raison je délimitais mon cercle clair nourri constamment par mes dieux espérant une consolation.
Que seront les livres ? Quel avenir sous mon soleil ?
52
L'éclair de sel
Dans l'éclair d'une pensée obscure Une solution évidente Fracasse la voûte de ma raison. Je protège ma tête Entre ces vastes mains qui écrivent.
Sans aucun doute une sonorité Venue du préconscient... Utile pour quel poème ?
Fallait-il qu'elle me réveillât Sur la portée de l'inspiré Au terme d'une image De fausseté, de dérisoire ? Ne pas critiquer est acte de sagesse...
Prends ta cervelle, écoute-la Poète à la réflexion ridicule !
Ce signal zébré dans ton ciel Mille fois recommencé N'est pas un espoir tari Mais une étincelle nourrie de sel À l'avenir certain.
53
Messages III L’insomnie L’insomnie de la nuit circule dans ma cervelle comme un long fleuve impétueux.
La pensée reste constamment en éveil, semble se plaindre et demande à se poser à une raison sur un support viable.
Ou ce sont encore des vagues successives cherchant à regagner un rivage qui se dessine avec difficulté.
Il y a un gardien du songe prêt à exploiter sa mémoire pour accommoder des mots ou des solutions d’écriture. Il est là ce vigile de minuit zélé, capable de bondir.
Des possibilités auditives ou vocables cherchent à monter assourdies ou cristallines, et cela se compare aux accords d’un orchestre avant le premier mouvement. Je n’entends pas de voyelles, mais je perçois des mots, des sonorités, des claires, des aiguës associées à des consonnes pour former des coups musicaux. L’alphabet est déjà constitué. Des productions se conçoivent sous le front, et la bouche articule et mastique ses aliments. 54
Elle pense, elle espère Elle pense, elle espère, s’élève, se foudroie, se détruit et renaît. La voilà sur la pointe des pieds, fille sautillante, légère et vagabonde. Je l’appelle Idée, - belle dans sa nudité, recouverte d’un voile. Elle pénètre l’esprit, elle va vers l’intérieur, atteint cette espèce de masse noirâtre qui bouche l’horizon. Mais elle plonge pourtant dans cet amas visqueux et glaireux là où l’intelligence refuse de s’aventurer. Parfois des jets lumineux semblent bondir de cet étonnant réservoir où le retour de l’homme paraît impossible. L’obscurité y règne. Parfois encore des souffles mugissent comme pour venir y chercher une respiration, puis ils replongent pour disparaître dans les profondeurs. Pourtant cette fille s’éloigne et atteint les premiers rocs rougeoyants. L’oeil fasciné du poète la regarde aller toujours plus loin, vers l’intérieur.
55
Je marche
Je marche sur de la matière endormie, point de formes, à peine quelque masse supposée ici ou là. J’avance pied droit, pied gauche. Alors jaillit à quatre pas de moi, une sorte de geyser vert et jaune. Étonné, je recule. Dans ce jet, apparaît une femme d’abord lumineuse et fluorescente. Lentement la couleur change et devient bleue. Cette femme, qui bizarrement correspond à mon idéal de beauté, s’étonne, s’observe et commence à se déplacer, à tenter de vivre. Là voilà à présent tourbillonnant sur elle-même, et riant de ses belles dents toute nacrées. Elle danse ou se plaît à bouger. J’observe sa plastique puisqu’elle est mienne. Sa nudité l’amuse. De temps à autre, elle me regarde et semble dire : “Voilà, je t’aime. Je suis Elle, l’as-tu compris ? Me veux-tu ? Je te dis que c’est moi.” Elle se balance, cherche l’équilibre entre le désir et la retenue. Ce n’est point une représentation audacieuse que me joue la raison, car elle est femme et existe vraiment. Du moins je veux le supposer. La raison du poète est souvent mensongère. C’est la parfaite idée que je puis avoir de ma moitié, - oui, femme perpétuelle dans la mémoire d’un songe, qui naît de l’intelligence et se met au service de la sublimation poétique. Oui, belle et vivante, pensée de l’intérieur, flamme de feu et de sang.
Toute composition idéale est naissance encore renouvelée.
56
L’imagination Il m’était difficile de soupçonner mon imagination capable de n’offrir quelque chose d’utile ou d’efficace. J’étais à l’entrée de mon âme et prétendais l’aptitude créatrice creuse sans possibilité d’élévation. Cela paraissait faible, relativement ridicule là devant mes yeux, sans le moindre soupçon d’image ou d’idée. Je décidai de faire demi-tour. Alors apparue l’irascible femelle, souveraine de mes misères et de mes splendeurs, femme fatale au collier noir, cruelle et dominatrice, comme suppliante et implorant je ne sais quoi. Pourtant je refusais de lui demander de se justifier.
Cette frénétique salope, ce bourreau sexuel était là à quémander selon le raffinement de sa sensualité supérieure. Elle se voulait domestiquée, soumise à mes superbes connaissances et désirait mon esprit de vouloir l’instruire. Dans la mémoire d’hier, vacillaient encore des fantasmes de bulles claires, de filles-serpents, de femmes-loups. Elles étaient ligotées à ma potence de chair érectée.
Alors je me suis vu grandir, bondir hors de ma raison et regagner le pur lac de mon enfance où j’ai commencé à vivre.
57
Pas assez creusé
Pas assez creusé, pas assez cherché, encore, au plus profond, en soi. Je ne suis qu’une ronde pénétrante, qu’un homme de l’ombre qui descend, descend, qui remonte et n’extirpe rien d’utile. Je poursuis ma folle plongée. Etc.
Dis-moi, stérilité
Dis-moi, stérilité, pensée façonnée par le temps, ne veux-tu pas descendre au plus profond pour y extraire de la lumière, une étincelle de vie, un brouhaha de paroles pour qu’enfin jaillissent des grandes feuillées dans le vagabondage de la raison ?
Ne jamais dormir, constamment réfléchir les yeux ouverts vers l’intérieur pour rêver de femmes dansantes, de soleils éclatants, de souffles exaltées. Etc.
58
Messages IV
I J’ouvre l’oeil intérieur Apparaît la femme errante et nue bondissante et dansante
Elle lutte avec le tigre s’éprend du taureau supplie le serpent Des agneaux s’enfuient là-bas dans la brume.
II
Le ciel condamne la bestiale.
Une sainte approche vêtue de pureté, c’est une pluie de soie dans le miroir invisible
Mille éclats explosent Hurle la pécheresse qui se tord dans le feu et retourne à la poussière. 59
III
Emmuré en soi-même pour accéder à l’éblouissement Je conçois de l’intérieur Je produis des pensées Je capte des couleurs
Des sonorités aiguës ou violentes s’accrochent aux parois des oreilles Les signes d’abord amorphes et volatiles se cristallisent dans la réserve de mots Bouche d’intelligence qui ne malaxe que du mensonge Luminosité qui éclaire les caractères de l’inutilité. Oui, l’ensemble se combine pour éclater en splendeur de pacotille de ridicule de poésie Je fuis mon ombre j’avance dans la certitude 60
au milieu de forêts fantomatiques évitant les constructions invisibles du souffle D’autres éléments défilent Je les embrasse en tâtonnant Sont-ce des vérités ? Sont-ce des images ?
Dans cet espace personnel, je ne fais que penser.
61
Pensées souveraines
Pensées souveraines Déployées sur mon front
Par des certitudes poétiques Se construit l’écriture
Les doigts agrippent le calame Obéissant encore Obéissant et disciplinés
Le mot poursuit le mot L’accompagne, le devance, L’entrecroise La main questionne l’oeil : Produire ou attendre ? Des spectres d’images Commencent à apparaître Par la féerie créatrice
La feuille lourde exige une soeur pure La page remplace la page
62
L’œil intérieur contrôle Phare toujours ouvert
Cherche en toi, La nuit s’illumine de mystères !
Pensées souveraines Déployées sur mon front
63
La phrase
Je fuis cette phrase insipide j’en cherche une autre
Les mots apparaissent çà et là dans des clignements d’yeux Ils essayent de briller pour que je les capture, les saisisse papillons de fortune
Puis ce sont des flux et reflux de syllabes accompagnés de sonorités bizarres, aiguës, agressives
Tout se situe dans le front la pensée s’y répand elle essaie constamment d’accorder le signe d’encre avec l’idée l’imperceptible se mêle au perçu le pressenti à l’insoupçonné L’écriture se conçoit le langage balbutie, hésite, et propose d’étonnants babillages 64
Je cherche à converser avec moi-même Je navigue bêtement baigné de doutes La vérité n’existe pas L’image, l’inspiration, les chiffres : Tout est trompeur Jusqu’à ce bruit sourd, sorti d’une sorte de chaos qui bourdonne dans ma cervelle J’espère encore observateur à l’oeil inversé obtenir une autre phrase de qualité cette fois
65
Les pensées, ces fleurs Je pénètre dans l’âme qui ouvre Sur le jardin poétique
Les pensées semées ici et là s’élèvent et tournoient sur des tiges invisibles
Elles se balancent à droite, à gauche tombent et se meurent
Elles essaient de tenir sur cette page pour produire quelque arôme parfumé de charme, enivré de liberté de délicat et de subtil
Elles ondulent en mouvement imprégné de grâce et de douceur, se ploient et se déploient lentement tourbillons légers ballets de fleurs
Elles sont le poème que nous ne parviendrons jamais à écrire Les paroles parfaites qui échappent à l’inspiré 66
Elles sont cet autre chose imperceptible et irréel
Elles sont ce que la plume nous conseille de dire ce délétère, ce soupçon évadé à jamais enfui.
67
Éblouissements de nuit
Éblouissements de nuit nous voyons sous l’invisible des traces de vérités phosphorescentes Tout se situe à l’intérieur nous y montons, y descendons cherchons encore
La pensée coupante tel le diamant pourfend la chair, la déteste, détruit le corps
Le temps, éclair ou éternité s’immobilise dans l’âme du poète qui est violence, qui est colère foudre jaillissant des yeux
Idole se détruisant, admirant son génie contemplé de personne méprisé de tous,
Toi qui te vois et t’observes 68
priant ton propre soleil lion et force rugissante, es-tu lumière ? Scintillements imperceptibles ? as-tu rencontré d’autres soleils ? Certitudes de minuit nous prions ensemble dans l’ardeur et le feu du savoir L’esprit nourrit sa pensée de gerbes fluorescentes La lumière embrasse des présences pour disparaître oubliée dans une forêt de syllabes et de phrases
69
Une existence d’effacement
Être sans être dans un parfait silence dans l’épanouissement du néant au-delà du principe temporel dans l’éternelle immobilité de la seconde où se développent, vivent, naissent et disparaissent des bulles de syllabes, sublimes confusions de langage C’est encore la construction d’images pour le vide intérieur où la symétrie côtoie le déséquilibre où la mémoire bondit constamment C’est le soleil noir sans aurore ni crépuscule sans éclipse ni clarté C’est exister dans un monde d’effacement
70
La cité intérieure
A la lumière de ma certitude, la nuit pénètre dans ma demeure sa forme blanchâtre caresse les constructions invisibles
Je descends au plus profond du silence essayant dans l’opacité de l’avenir d’accéder à quelque délire L’ensemble des signes souhaite élaborer un poème
Des architectures sont en mouvement sur les structures de la pensée La puissance de l’esprit échafaude leur montage
Un refus de la conscience les atomise en un laps de temps insignifiant
Des briques sur des briques flottent, se posent, s’installent
Un ciment vulgaire grossier de et de ou 71
par ses propriétés grammaticales cherche à solidifier l’ensemble J’erre donc sur un liquide épais compressant les images pour en extraire une essence Je pénètre l’âme des poètes, j’en tire leur génie je m’applique à les imiter avec plus ou moins d’aptitude
Je flotte sur leur catafalque de gloire ma richesse est délétère faite de vibrations émotives
Rien ne résiste, tout s’envole, s’enfuit, Nuages... nuages
Constamment, incessamment, se croisent et s’entrecroisent dans le miroir de l’invention des figures inouïes L’ensemble participe à l’édification de l’oeuvre 72
Est-ce oeuvre ? Monticule de livres ?
Cela se situe dans le front c’est un hymne de syllabes qui mugit sa puissance ou son délire infini
Vapeurs, tourbillons, nuées, chevauchées et fuites,
voilà ce qui se passe dans la cité intérieure
73
Il n’y a pas d’issue
Je suis accroupi et nu au milieu de mon cercle que je délimite avec l’aura de mes pensées.
Dans la pureté de ma nudité, mes yeux sont tournés vers l’intérieur - je me nourris de mon passé, j’habite un présent, puis-je concevoir pour l’avenir ? Je me replie, m’enferme dans la chair, je veux écrire.
Les idées sont éloignées, il y a des brumes de nuages là-bas. Au centre du paysage, un immense trou. J’y jette mon esprit. Au fond une étendue d’eau. La nourriture de la mémoire s’y est déversée. Tout est irréel, onirique ou virtuel. C’est un possible que j’invente ! que personne ne lira, que Dieu connaît. La vérité refuse d’ouvrir la porte, le possible tourne et tourne sur soi-même comme une toupie qui cherche.
Où suis-je ? Où en étais-je ? J’espère encore, supposant mon futur. Il n’y a pas d’issue. Cela va disparaître. Je le sais bien.
74
Il n’y a pas d’issue
Je suis accroupi et nu au milieu de mon cercle que je délimite avec l’aura de mes pensées.
Dans la pureté de ma nudité, mes yeux sont tournés vers l’intérieur - je me nourris de mon passé, j’habite un présent, puis-je concevoir pour l’avenir ? Je me replie, m’enferme dans la chair, je veux écrire.
Les idées sont éloignées, il y a des brumes de nuages là-bas. Au centre du paysage, un immense trou. J’y jette mon esprit. Au fond une étendue d’eau. La nourriture de la mémoire s’y est déversée. Tout est irréel, onirique ou virtuel. C’est un possible que j’invente ! que personne ne lira, que Dieu connaît. La vérité refuse d’ouvrir la porte, le possible tourne et tourne sur soi-même comme une toupie qui cherche.
Où suis-je ? Où en étais-je ? J’espère encore, supposant mon futur. Il n’y a pas d’issue. Cela va disparaître. Je le sais bien.
75
Vaste labyrinthe L’âme est un vaste labyrinthe où des pieds sonores courent et circulent. Je les écoute caché dans l’ombre. Je les espère comme des talons aiguilles de femme, et ne vient : qui est-elle ? Est-ce ? C’est bien dans l’âme une étrange confusion de sons, d’ivresse, d’espoirs et d’imagination fantasmatique.
76
Messages V
A personne
Je ne lègue à personne Ma part de poèmes, de rythmes Qui s’élaborent dans mon désert
Enfermé en moi-même Au plus profond de l’exil Nourri d’imaginaire
Sans contradiction, mais sachant Évidence immuable L’organisation de l’homme est facile Collectionneur d’images, de sons, d’invisible Proposant des fréquences, Je fomente dans mon âme fertile.
77
*
Voilà, voilà encore cette impossible recherche, désespérée, désespérante, au plus profond du moi scrutant et intérieur, désireuse d’obtenir un splendide résultat. A-t-elle quelques moyens ? Pourra-telle se prévaloir de pénétrer l’immense conscience que le poète suppose posséder ? L’esprit attend cette formidable décharge de la cervelle, cet élan de vie intellectuelle permettant d’accéder au Poème.
Et quel est son futur, à ce poème ? Quel avenir, lui déjà à jeter dans les tiroirs de l’oubli, dans la satisfaction personnelle mais stupide ? Car le poète est imbu de son Moi, il se gargarise de sa propre substance. Il possède la certitude de sa capacité... Il ne saurait en démordre.
78
* Quelque chose d’infiniment ridicule qui doit s’ajouter sur une perception presque blanche, inconnue ou livide. L’oeil se balade, spécule, cherche, l’oeil au fond de lui-même.
Négligemment attendant, espérant un Je suis dérisoire. Et c’est ce rien qui se propose, à la vue de mon visible intérieur Cette pensée, et voilà - n’est-ce donc que cela ?
79
Non pas un monde, mais des mondes
Non pas un monde, mais des mondes inclus, s’ignorant dans des espaces où le temps varie où le temps décide de l’existence
avec un catalyseur un instrument de passage de convertibilité
pourtant incapables de communiquer les uns les autres, interdits d’accéder à du franchissable Passer d’un monde à l’autre mourir Là-bas, j’étais mort
je suis redevenu vivant
Là-bas, c’est la connaissance du futur donc un autre monde Là-bas, je serai
ici, je n’existe pas
Être ici est impossible mourir ce n’est pas être mais c’est s’en retourner à son néant Je sais ma survie Je ne recherchai ni consolation ni espoir d’avenir pourtant
80
c’est
Un autre monde
Un autre monde, certainement avec des perceptions plus pures, plus vraies où l’oeil est perçant Un monde parfait d’avenir, de passé, de conscience exacte de certitude
Un monde supérieur, éternel régénéré nourri de sa propre substance où le temps est aboli, ou intégré, du moins compris Voilà pour l’hypothèse est-ce possible ?
Monde pensé par des Verbes d’éblouissements internes
Je dis : est-ce possible ?
81
I
Par la fenêtre, nulle ouverture mais de l’intérieur
Fenêtre ouverte, fenêtre non il faut donc passer par le mur
Le soir toujours le soir avec soi Le grand agitateur de l’esprit l’emportement dans l’immense brouillard noir pour la lumière
alors du fond
du fond de soi
extirpe, tire, exploite, prélève impose à la cervelle d’obtenir mieux, plus Voilà l’image, la voix, les mots les premières formes une sorte de lumière c’est ça : travaille
82
En toi
Ce qui est au plus profond de toi est inconnu
Le souffle dort-il caché en soi ?
83
I
Du clair penser Extrait de substance mienne. Au sortir de l’esprit, L’élan de la mémoire, Son parcours avec le temps.
La matière : Les lettres, ses fils - les signes.
À la recherche du possible, De l’audace, du risque. Plus loin, toujours en soi. S’éblouir dans l’orgasme Du poème qui croît Se questionner avec Gerbes ou pétales
Moi, encore Nourri de silence
84
Sur le bord du rêve, tombant Ressuscitant Avec front soucieux
À nul, lisible Pour la fabuleuse compréhension Intérieure.
II
Toi, donc, quelles évidences ? Toujours refus, rejet toujours L’esprit, le coeur, la raison, Où se situe le siège ?
Le Conseiller Secret, Un moi-même inconnu, Caché là, avec sa femme, La Conscience L’oubli éternel, dit-il La ténèbre à vide Est-ce ?
85
Messages VI
Enfouies les racines
Enfouies les racines A l’intérieur. Sur le bord des lèvres, Le murmuré, le poussé, Exil au plus profond : L’esprit cherche ce qu’il y a, ce qu’il croît. Plongée qui n’en finit pas. Oui, la mienne, encore, Dans l’errance maîtrisée Sur l’aile de l’Esprit.
Il faut produire de la parole. L’inspi, l’inspi offre, espère, Une fuite par le haut.
A tisser, à construire Perception fragile, C’est encore de la plainte inaudible, Pour une ligne de sillage sur le papier. Obscurcir ? Quoi ? 86
dans l’oubli du néant, on y songe on y songe Pensées brisées, basculées, tordues et bondissantes dans l’orgueil de l’espace intime Donc c’est l’appel du souffle il faut mémoriser, inscrire cette perception avec souffrance - il faut Mes yeux, orifices de l’écriture Gavés d’ombres lisent ce fini et le méprisent.
87
Recherches de distances
Recherches de distances, ce sont les mémoires d’une même oscillation d’un imperceptible à définir sans connaître exactement l’origine
ce sont des tentatives des volontés de savoir des pénétrations très à l’intérieur
Des miroirs de plus en plus petits pour une sorte de calcul infinitésimal de décomposition de substantifs de prélèvements de verbes
Il faut aboutir dans le profond du Moi pour y extraire, - quoi ?
88
1 D’éclats percuté, d’éclats éblouissants pour une vision obstruée de l’extérieur mais vivante
en
D’images bariolées, d’images voltigeantes compressées, agglomérées indiscernables, à décanter
Les yeux plongent au plus profond du Moi
2
Il y a montée, jaillissement immense exaltation puis inquiétude volonté de maîtriser l’action, de contenir le verbe L’esprit peut-il ? Du moins, il s’y essaie. S’imposer d’ignobles coexistences de combinaisons audacieuses et grotesques, de solutions fantaisistes ou absurdes
Mais comment faire ? Comment
89
Mémoire
Mémoire : vaste splendeur intérieure amas d’êtres, réels et d’images infinies où s’intensifie le sentiment J’oublie parfois la souffrance
Le souvenir se cache, revient, se transforme, gomme ses apparences, se nourrit de vérités erronées, - ce qui l’arrange
Je ne puis décider de mes souvenirs.
Le temps éloigne la certitude mêle du pur à de l’impur
Le temps construit sur du délétère égrène, efface fabrique du mensonge qui jure dire l’exactitude Mémoire
90
Obsession consiste
Déchirure intérieure de douleurs inconnues au plus profond du non-Moi, cachée peut-être mais perçue, suc, par la sensibilité par la vibration émotionnelle du poète qui pense Plus loin dans les dédales de l’âme à jamais invisibles des images échappées, fuyantes, effrayées L’obsession du producteur consiste à faire remonter le fugace, l’imperceptible, l’oublié dans la nuit noire et marécageuse, l’obsession consiste...
91
I
Plongeant en toi-même Au plus profond du Sahara De stérilité, d’aridité
Fuyant pourtant ton ombre de médiocrité fantasque et insignifiante
Ce que tu peux penser te concernant Est bien la vérité cruelle Ce n’est pas un modèle unique de critique détestable Il y a la lumière du dedans brillante et blanche qui sait hélas
92
II
Lumière intérieure de vérités de certitudes préceptes lointains d’où la pensée tire quelque essence
Oui, tout là-bas dans la cavité interdite avec miroir et torche pour y remonter de subtiles indices poétiques raréfiés par un air inexistant
Enfin Moi qui tente et espère
93
L’esprit avance L’esprit avance. Le jour est presque clair. Où en suis-je, où puis-je aller ? Je dois me supporter ou tenter de spéculer avec du matériel délétère. La confusion est dans cette tête. La lumière qui la définit, est parfois ténébreuse, occulte, délimitant l’extrême à atteindre. Je ne vois que du vide, et bien sûr, il me faut le remplir. Je me reconnais, - oui, c’est moi, dans cet espace virtuel de possibles, d’inexistants et de probables. Je m’épanouis accompagné de cette curieuse lumière et j’organise le déplacement des objets. Je désire maîtriser mes mouvements. Je m’y essaie plutôt mal : tout semble s’activer si vite, et la pensée s’enfuit. Rien ne me sera donné. Je m’étais pourtant promis quelque triomphe obscur d’inconnu à satisfaire.
La nuit est tombée. Tu ne plongeras pas dans ce précipice où le vertige excite ton possible. Tu en prends du plaisir à déplacer l’effroi et la crainte du Néant. Tu avais autrefois glissé là tout au fond, tu y avais remonté ton absence, une souffrance inconnue, une certitude de faiblesse. Tu sais à présent ce que tu as fait.
94
La lumière insistait
La lumière insistait et cherchait éternelle et superbe à éclairer mes pauvres yeux gisant dans l’ombre. Je voulais échapper à la pensée grise et terne qui constamment pénétrait mon esprit. Je croyais voir des possibilités suprêmes d’intelligence autre. Je n’étais qu’un pantin articulé courant désespérément dans cette chair intime.
Tout mon mal résidait dans les limites de mon aptitude. Je n’avais en moi qu’une médiocrité détestable bloquant toute recherche de progrès. Je voulais changer cette durée qui rongeait mon avenir.
95
La nuit, je pénètre La nuit, je pénètre l’épaisse broussaille où s’endort mon sommeil. Du charbon plein les yeux, j’avance en tâtonnant pour atteindre une sorte de labyrinthe où s’irriguent constamment les sources de la douleur et du Mal réunis. Je me calfeutre dans cette espèce de buissons d’épines pour essayer d’y prendre quelque repos. Des torches flamboyantes illuminent parfois cet univers marécageux où je vois d’autres poètes qui y croupissent avec leurs âmes. Certains implorent et me supplient de les délivrer de ce lieu impossible. Quelques fois, il semble que le jour veut poindre dans leurs yeux de misère. Ho ! Lieu sordide, nuit de l’extrême, s’engouffrer dans ton vertige pour y disparaître à tout jamais, pour fuir dans l’infini de l’oubli, et aller de peu à peu, et de peu à plus rien comme un mouvement qui s’arrête ! L’espérance est dans la mort qui annule la vérité de la naissance.
96
Au plus profond du Moi Au plus profond du Moi
ainsi je m’enfonce
seul, seul, sans
personne pour m’accompagner
Nulle beauté bleue le soleil est de l’intérieur si soleil, il y a
Tout se cache dans le front Si je trouve, j’accède au triomphe nul ne le saura tant pis dit-il et tant mieux La justice soufflera-t-elle comme une tempête d’honnêteté ? Je me plante dans des sables blancs, d’une finesse absolue et parfaite je puis m’extraire quand bon me semble
Où est ma force ? Je ne suis que faiblesse
Si du moins je pouvais construire un chemin invisible sur une sorte d’immense jeu d’échecs car demain c’est ma mort, c’est ma fin
97
En moi toujours cette pensée répétitive :
la splendide trace où quelques oiseaux hagards viennent se poser
Constante est cette certitude dans son esprit.
98
À la recherche du Non-signifiant C’est dans cette boîte de cervelle qu’il te faut puiser et extraire regarde bien à l’intérieur il y a d’éblouissantes semences des jaillissements de germes des champs d’expectative à explorer des terres et des terres favorisées par la pluie jamais encore piétinées ou caressées sublimations hypothétiques dans l’obscur de ta conscience
fuite, élévations, puits qui jaillit
Je veux prendre le silence pour y planter quelques possibilités de son, de langage pour y jeter des graines d’avenir. j’ai besoin du syllabaire secret d’odyssées Elytis “Brave, écrit-il, maintenant tu sais me lire.”
Je dois donc travailler, puiser, plonger pour y capter le Nonsignifiant.
99
Le Temple
Je décidais donc de me construire un Temple éphémère ou immortel, un espace dans lequel reposerait mon âme.
Ô Temple de moi-même, éternel édifice Rare construction plongeant au précipice D’un néant inconnu, enfoui dans le Moi J’y puise un mendiant, un apôtre et un roi. La pure lumière venait s’y écraser, amante insatisfaite de la pensée volage. Ici une sorte d’accouplement devait s’opérer dans une vérité de songe, dans un idéal chimérique. La parole du poète comme un écho s’apprêtait à retentir dans cette pièce immense.
Tant de mémoire des auteurs disparus, tans de fantômes rôdant pour un idéal d’écriture, génies fortunés que j’invoquais et suppliais.
Des variables de sonorités semblaient courir ou percuter le vaste dôme serein et puissant.
100
Je caressais des statues de femmes d’une beauté inouïe et j’accédais au vertige de la contemplation fabuleuse - c’était une sorte d’orgasme cérébral quand la perfection esthétique atteint son paroxysme.
Puis là-bas, dans un halo concentrique composé de lumière éparse, elle, presque bleue au souffle clair constellé d’or, s’avance et s’assoie sur les dalles de mon Temple.
Elle, au plus près de la conscience certifiant la fuite de la gloire. En face, l’homme de l’indifférence détestant la volupté, niant sa puissance virile, refusant de respirer la chaude toison de son entrecuisse. Je préférais me servir de l’écritoire pour y transcrire les limites de l’Azur, pour accéder aux oiseaux au-delà de mon Temple, par degrés infinis.
101
Le puits
Ainsi je me courbai pour pénétrer en moi Un immense puits pour y chercher quelque substance J’en ignorai la profondeur
102
Résonances I
Je te devance Je te devance, tu me crois meilleur, m’espère Propose pour toi de toi à toi. Un nouvel être mieux formé, plus précis. Une fièvre intérieure, d’aventure. Avançons, disais-tu. Je t’aide, t’aide ; il faut du encore, du mieux. Corrections, neurones, cerveau, ce mécanisme associatif. Cette volonté d’ajouter. Protège-toi, évolue, monte. Recueille des produits nouveaux.
On saisit le fulgurant, au bord de son tremplin, de vide, de rien. Qu’est-ce que la pré-inspiration divine ? Cet impalpable de substance créatrice ? Oui, dans l’insécurité de l’invention où l’on cherche du valoir.
103
Marché en soi-même
Comment marcher en soi-même ? Comment aller vers sa propre écoute ? Comment s’élever ? Je ne suis qu’une onde infiniment rien qui pénètre, sillonne, s’enfuit désireuse d’atteindre le lieu secret de la raison prétendant y découvrir un soleil C’est un rêve de chaleur poétique un flux constant de désirs qui nourrit ma nuit J’enveloppe ma chair intérieure, je la dénude et la pousse aux soupirs comme avec une femme épuisé, serein, exténué, je m’endors
repu parfois Qui me soutiendrait ? J’ai dans la tête des glaces évocatrices des miroirs courts, menteurs, faussés
104
Non, je veux m’étendre sous des braises exhalées chaudes et phosphorescentes
Peut-être y trouverai-je l’or que j’y cherche ?
105
Où es-tu Où es-tu pour m’ignorer ? Suis-je insignifiant ? D’ailleurs, qui m’entend ?
Ainsi, dans cet espace, étranger près de la porte édifiée, - par-là je monte et espère.
Qui sait réellement quoi ?
Je traverse, transpose, prétends
106
Vide créateur L’âme plonge dans le vide créateur
La pensée foudroyée est morte, est vivante
du moins sa lumière est phosphorescente
Au plus profond, La fille s’étire Penser est un vice avide qui se dévide
tout élan est un infime commencement de l’intelligence
Il construit dans le rien, dans le peu, dans le mièvre il y cherche des preuves L’univers en soi Étire sa toute puissance
107
Le miroir J’en ai la certitude, c’est bien délibérément que je m’en retourne à cette unicité de l’être humain où s’agite le miroir du moi-même pour apercevoir quelques images fugaces des variables de différences en halos, halos qui s’enfuient Je m’attache vainement à des souvenirs anciens pour toujours revenir ver toi Tu déplaces une vérité pour éblouir ma conscience “ d’autrement vrai ”
Ma pensée est une interrogation qui tente une possibilité de probables et désire comprendre ce que le hasard a entrevu
Il fait gratifier la lucidité du mensonge
Es-tu perte avec déformation truquée de la vie exacte ? Tu souffres d’indifférence dans ta bulle irréelle. Tu insistes seulement compris de ton image Parce que ta tête est pleine, tu la crois utile mais elle n’intéresse personne.
Quelle aube ? Quelle connaissance ? Les actions s’effacent par la purification de l’esprit 108
Il faut passer par l’ombre Pour accéder à ta lumière Projette-toi dans le futur, si tu t’en crois capable Ou encore s’en référer à Dieu, au Père etc...
Ta vie sera une constante médiocrité de toi-même
Espère le contraire.
109
Je parle seul Je parle seul, j’espère. Je suis peut-être dans un état de recherches, d’attente, d’espoirs.
Il y a un vacarme intérieur, inconnu pour une grande oreille plaintive.
110
Homme puissant
Homme puissant, caché, invisible au-dedans homme incertain blessé, de sang bleu il parle dans son silence à sa femme
homme poète
Syntaxes
Syntaxes
justesse de mon être qui plonge en soi
et remonte
quelque chose d’aléatoire et de risqué ego renvoyé Le sang, le phosphore, l’énergie mentale
Syntaxes de modernité d’avenir ?
Que sais-je ?
111
Remonte Remonte au-delà de l’utopie reviens produire encore Le je sais
le je-ne-sais-pas balance
contrebalancée
dans l’illusoire
de l’oscillation double raison d’ambiguïté de bi-certitude encore Moi Fantôme désirant désiré en prise
en prisme
sous le voile d’un christ
La cité désertique
Parole sur parole Conçois ta cité désertique Passe devant les seuils, les grandeurs, les temples, les statues
112
* On voit en soi l’autre Soi Dérivé, varié, autre Une infinité de tons D’humeur, de feelings De sentiments - palette De peintre mêlant ses couleurs Pensant, changeant, concevant On ne sait jamais, on espère Que fais-tu ? Qu’as-tu voulu faire ? Est-ce là ta pensée Intégrée dans la matière ? Tu es fragile, existant à peine, Pouvant t’effacer, te nier, Trompeur, trompé - qui le saura ?
113
Je m’exile Au plus profond du Moi, je m’exile ou me cache Je ne veux pas me gaver de mémoire Comme un vieillard sans avenir Dans l’inutilité de son histoire Ma vie n’est qu’un long silence Sans éditeur, sans lecteur, sans métier Enveloppé dans la mort Je tremble face à cette femme ridée et vieille Oui, c’est moi qui frémis de crainte, de certitude Et de futur perdu
114
Je m’enfonçais Je m’enfonçais, Dans la certitude certitude d’être un incompris
Que me fallait-il faire pour que cela plaise ? Années d’agonie d’agonie en moi-même
Reste en toi, en toi, Ici ma vérité vérité poétique !
115
Résonances II
Des mots
Des mots secrets et interdits cachés au plus profond de l’être Guérissons-nous de nos souffrances ? Dans les plis de la certitude l’union s’impose nous espérons sans réel avenir
Par où
Mots, Par où la pensée pleure : l’homme - le reflet - la nudité la surprise - je veux, je cherche, origine le propice, le souhaitable, le médiocre, le Moi, encore - écrire.
116
Une aptitude
Une aptitude
ne pas ne pas cela seulement
à plusieurs que faisons-nous ?
volumes, reliefs, Tri-D dans la mémoire avec constructions de mots, de solides, ainsi une architecture.
Je vais à ma fenêtre dans la conscience J’ignore le rayonnement mon ombre, ce soir D’autres exigent un théâtre, une scène, une vitrine, de l’extérieur
117
Par l’œil Par l’œil pour l’intérieur l’esprit le mental, l’action la production, la méthode, le principe, le système, la programmation Et quel but ? quelle satisfaction doit-il atteindre ? Y parviendra-t-il réellement ?
Sera-t-il considéré, rejeté, méprisé, haï, à côté, éloigné - ne sait...
118
Sa transparence
Quand il revient, il voit sa transparence, il l’habite il conçoit à nouveau la pureté intime, intérieure, de saint
il revient en lui-même, conscient de sa perfection de son idéal d’être Il embrasse d’autres saints, d’autres saintes tout s’éclaire
blanc, éblouissant
de lucidité
Victoire du torturé sur la souffrance sur l’excrément de la violence du Mal
119
Ce matin-là
Les premières senteurs matinales l’ivresse d’un réveil l’effacement du rêve, la conscience m’appelle au présent
Je rentre dans mon histoire journalière avec ses obligations, ses déceptions, ses répétitivités Je m’attelle au présent
mais je cherche un autre temps peuplé de mémoire, où le souvenir côtoie l’oubli dans sa profusion d’erreurs, de mélanges, de dérives
Si ce matin-là pouvait satisfaire mes désirs !
120
Soir pensé
Soir pensé de sueurs productrices, soir stupide ou génial enrichi de pensées déployées en gerbes soir dans l’intimité d’une richesse unique
Le poète
Pénétrer dans sa complexe intelligence excita sa convoitise. Il voulait se faire et se défaire du poème stupide à la vibration émotive, douteuse pour avancer rationnellement. Il croyait parfois accéder à quelque chose de délicat, de difficile. Il ignorait que la résistance était en science et en science appliquée.
Nul ne voulut le suivre. Il insista, dans sa splendide solitude, auréolée de sa propre gloire, - enfin il se supposait, car nul ne l’avait encensé.
121
Pour soi-même, uniquement
1
Se poursuivre dans le labyrinthe de soi-même L’univers curieux du poème L’aventure interne, vers le génie d’autrui vers la spiritualité
Fougueuses passions de la femme qui inspire l’homme qui juge, refuse, rejette
perplexes, complexes sinusoïdaux, courbes extrêmes
La pensée experte dans ses hésitations jamais n’entra l’autre Tissage d’une forme présente et invisible pour qui ? pour soi, uniquement.
122
2 À l’intérieur, un bruit sourd à exploiter, à extraire. Jean-Luc Steinmetz écrit : Le soleil, chevelure du géant peinte et tressée. Donc, je descends, j’avance. Il ajoute : Une feuille bouge, s’enflamme. Les grains éclatent en formant des jardins. L’ovale de ma bouche me conseille d’écouter ce qui sort, ce qui se propose. Pourtant je n’ai pas entendu, - je dois croire encore. L’inaudible, l’indiscernable, le moi-manquant - certains paramètres poétiques, en vérité.
3
Je veux donner aux structures quelques assises. Les groupes de pensées, de mots croissent et se développent de manière anarchique. Alors tu prétends intervenir pour juguler l’ensemble, le maîtriser et lui donner un mouvement d’actions cohérent.
Ainsi tu interviens, faiblement, avec une censure de vieillard timoré et tu laisses aller le tout où bon lui semble, avec liberté. Certains prétendent que cela s’appelle de la poésie. Enfin, - verra bien !
123
4
Les mots éclatés. Je les expulse et veux les arranger autrement.
Je relis sans patience, sans méthode, sans principe mallarméen, sans alchimique effort.
Quelques explosions sporadiques ! Activation de l’intelligence, - du moins on le prétend ! ce qui vibre, s’exulte, s’expulse dans le souffle de l’écriture s’obtient faiblement Mais que faire ?
124
Il espère être
A Il espère être. Il demeure. Recherches hexagonales d’alvéoles, de grenades, de constructions internes, de connexions, ensembles complexes avec mémoire, avec mathématiques spéculatives, avec risques de l’esprit.
Tentatives insignifiantes, oubliées dans des archives du temps passé. Il échoue, le sait. Il ne doit pas perdre son oeuvre, il la conservera pour lui seul. L’associatif offre des possibilités d’écriture. Dehors, tout est connu, il faut donc assembler autrement : nature, homme, travail, femme, sexe, etc. Et. C’est encore une durée, une limite, j’offre ces syllabes et, cae, tera et je prétends pouvoir poursuivre cette recherche de mots, de combinaisons, de vie peut-être.
Ou reprise, conception nouvelle avec du matériel ancien.
125
B
maison intérieure avec calculs, je voudrais tant. Par toi. Mais toi ? la pensée s’élève, l’âme veut la contourner je, - et quoi ?
126
1
Oui, un développement de la pensée en exploitant le poème de l’autre C’est donc un système de variantes de dérivées
[Mathieu Bénézet écrit toie avec un e - pas mal !]
On pousse, pousse doucement pour obtenir quelle finalité ?
2 l’imaginaire. corrections. pensées. en moi. pour explorer, développer comprendre cette ténèbre vers une certitude de phosphore Une tête de poèmes
127
3
Encore dans mon désordre, dans mon errance cherchant quelques vérités floues
Extrêmement noble, actif dans ma région cérébrale Je puise des vérités refusées qu’importe ! mon temps est pour plus tard.
4 Pourquoi tenter de s’élever quand le bonheur est en soi-même ? A la recherche des formes fluides scintillantes, rayonnements, éclats, poèmes etc... Être ensemble au fond du Moi, Est-ce sagesse ?
128
5
La pensée détruite : certitude de rien pour toujours D’un bond à l’autre de la raison balancement, tangage et fuite vers la nullité
129
Le fils du néant
Le fils du néant dans son pseudo-savoir avec pensées irréelles sur une certitude qui frémit De l’abstrait palpable, du concert invisible Va s’éclairer de lumière noire
Éternel à renaître Du possible, de l’indécidable, de l’extrêmement faux, du poème, en vérité
Le poète avec son propre risque, ses méthodes, ses principes de pénétration plonge dans son mystère à la recherche d’un commencement d’éternité
130
Pensée
Pensée Qui cherche la certitude De sa profondeur
Supérieure Par élévation, par onction D’un dieu fait de lumière
Espérant telle beauté d’écriture De poésie impossible
Espérant De ce souffle
Assurant sa production
131
Cette même pensée
Cette même pensée hier tu l’exploitais autrement elle gît là au fond du Moi sifflements et murmures Tu la sens, elle t’apparaît perte Tu soupires, veux t’exalter Tu cherches à faire vibrer l’émotion pour percevoir, - quoi ? L’heure n’est plus souveraine, tu ne dictes plus, tu subis la vérité aléatoire C’est une angoisse sous cette carapace cervicale dans ce cortex spongieux région que nul ne pénètre à l’exception de Dieu Tu divagues, encore désirant l’essence d’un songe, la fluidité d’une image Je te laisse à ta confusion
132
Dans mon front
Dans mon front, et ce qui pense le pronom je
est clair
il n’y a que du vide à remplir la certitude en moi, le vouloir le conglomérat - l’éblouissement l’association
Encore
Les mots exploités - je les veux synergiques, alchimiques, évocateurs nourris de sève spirituelle
Je réemploie le dérisoire, le faible J’interprète (mal) le matériel Il y faut de l’élan, une forme, de la lumière intérieure Et l’ensemble est déception on espère autrement, avec nouveauté On reprend d’autres mots pour d’autres poèmes etc.
133
Résonances III L’aventure interne
Surgit le cygne sublime et blanc Qui est symbole encore Comme l’âme a plongé au fond de soi-même Pour y chercher science et a-science Il y faut de la vitesse, des battements d’aile Impétueux, de l’extase, quelques vérités, Du vin et de l’ivresse
Et ces pensées mal maîtrisées, triste sort De ma condition, ces pensées s’agitent encore Quand j’essaie de bondir, de m’extraire, De m’éloigner de ce vil environnement J’ai besoin d’extravagance pour mon esprit Ou de sucs subtils, cartésiens, pascaliens C’est encore une immense aventure interne.
134
Les limbes Les premiers souffles clairs s’exaltent, je m’extrais Doucement de l’évanouissement de mon rêve vers mon Rêve envolé. Je conçois quelque peu dans la Conscience du vrai. J’étais dans un autre temps. Voici que la valeur converge vers la lucidité. Je délaisse l’amoncellement d’images floues, J’accable l’avenir de ne pouvoir se mieux dessiner. Le cycle temporel de l’homme, présent, passé, Futur, imaginaire, espaces parallèles, tourbillonne Pour une certitude aléatoire. Vais, vais et reviens. Je m’offre un reste dans ma mémoire où le temps circule Avec l’espace. Je crois abolir l’oubli de ma folie Réelle, pensée, en fuite. C’est encore un matin D’éveil, et l’ivresse active ma raison sereine.
135
Le miroir entr’ouvert Je rêve que l’Esprit enveloppe ma chair, La purifie, l’envole, l’exile dans les airs. Je me crois entouré d’un éclatant soleil Qui offre à ma raison des substances vermeilles. Et l’on verse en mon âme une paix de sagesse Sainte, remplie d’extase, infiniment sublime.
Seigneur, je suis encore au beau milieu des hommes Attendant patiemment que ce miroir s’entrouvre. Je suis toujours pressé et je veux aller voir, Je subis le Néant de ma propre misère. Et les années s’écoulent pour cette délivrance, Ce départ, cet élan vers un nouvel espace. L’avalanche de mots me rappelle en moi-même La médiocrité de ma raison réelle.
136
Intermède
Sont entassées les images de la nuit, Restées pensées mortes dans la conscience obscure. Cette volonté d’imiter, d’exploiter, de faire varier La proposition de l’autre, ces résonances. Donc connexion, associations.
Miroitements
Faibles miroitements incisés dans le temps que j’essaie de capter, qui m’échappent Le visage dans l’éparpillement du Moi l’homme par fragments de vers éclatés essaie de reconstruire le monde
137
Visible à soi L’homme visible à soi invisible aux autres Descend, plonge l’homme demi-dieu, sauvage construit un langage réel incompris, inconnu, libre, réglé et finit absorbé dans sa propre lumière
138
L’effort
Caché, enfoui, Subissant sa propre dérision Essayant de s’en défaire La raison pour certitude Le sens exact jamais trompé, Toujours vrai, Avec l’esprit vaillant, prêt à agir, À bondir,... enfin... Je n’ai qu’à penser, qu’à choisir, Combiner, exploiter, utiliser autrui, Sa substance, son génie, le dériver, Le compresser, le condenser, En vérité, Travailler avec l’intelligence. J’ai besoin d’une force Pour que la Nuit fructifie Pour que le Mystère s’éclaire Je m’exalte d’une immense joie
139
1
SU : pensée inerte - mélange, pieds, lourdeur, accumulation de fausses vérités de certitudes douteuses
au plus loin dans cette chose combinant toujours avec explications on ne sait pourquoi
puis ton visage de beauté blême et j’en cesse avec ma tâche
2 Les erratiques sauts d’humeur compressant la pensée lui infligeant d’exploser
qui y a-t-il à extraire - y a-t-il ? (Etonnante cage de résonance où le Moi tremble pour l’Autre) puis le retour stable
140
3 Ceci n’est pas obscur c’est du côté de la glace probable - sûr - en pensées poursuivies esquissant le lointain établissant des faisceaux de grâce à suivre - la ligne modulée avec effets de danseuse en fuite de mouvements décide ce qui doit être
4 Impossibilité d’accéder à une sensibilité extrême Je pénètre dans des espaces sombres et je ne puis m’orienter Quel espoir de revenir en arrière ? Y a-t-il une issue réelle ?
141
5
Pénétrer sa propre absurdité c’est la nécessité d’aller au-dedans avec contradictions, luttes, fluctuations, rejeter son pire, aller vers son meilleur - Quoique... le pire est parfois exploitable de New York à Londres, de Paris à Tokyo et vivre, voyager, extirper, prendre, toujours en soi, le moi-je
Oui, oscillations, giclées et petites trouées
ci
os
ti
la
ons
donc des actions avec sels et amertumes, vieillissements et rides, mais que faire ?
142
6
Avec ses Ups avec ses Dows avec ses Rises et ses espoirs ne serait-ce qu’une réplique ? n’y a-t-il pas progression ? Répé titi vité
répé
pourquoi pas, plus ? mieux, autrement ? - car vous n’en êtes pas capable, me dit-on, prétend-on !
143
I
Agite-toi, poète, Fais valser ces pensantes d’idées ces possibilités douteuses ou insignifiantes qui doivent par la magie de l’écriture produire un texte. Exploite ces souffles chauds venus de l’intérieur, ces nouvelles qui semblent flotter dans l’espace de l’imaginaire
II
Reposent insensées encensées dans les stances de la mémoire
se nourrissent du silence
Et quelles, elles ? oubliées dans le puits du Moi Agitées dans l’ombre qui feront quelques particules dorées
à rapprocher de tes yeux 144
comme larme sèche irisée de mots et d’effets
III L’impubliable de toi à moi
tourbillonne mon front constellé de sueurs Tout est pour l’intérieur nul est lecteur, qu’importe !
145
L’insignifiance du don
Tu te déplaces à travers ta propre vérité. Prétends posséder une réelle certitude. Ton but Est de parvenir à comprendre un peu mieux Ce qui se passe en toi, et ce que tu produis.
Un flamboiement confus délire dans le soir. Mais bientôt au levant surgit et se dilate Une lune d’affront, d’opprobre et d’écarlate, Écrit Borges à la mémoire de Quevedo.
Tu regardes ta vie dans ton triste miroir. Levant les yeux très haut, tu imploses l’Immortel Qui n’entend et ne veut te concéder d’aumône.
Le soir tombe, te voilà tête basse cherchant Encore quelques possibilités d’écriture poétique, Tu comprends enfin l’insignifiance de ton don.
146
Le vrai sens Les pensées chaudes de la nuit, les cendres d’hier S’envolent dans le tourbillon du matin. Le front Rouge de sueurs et de sang coagulés, l’espoir Disparu, enfin dans les méandres de l’amertume.
Je perds pieds, chancelle et tombe enfin. C’est bien un marais fangeux, livide et infecté De noires créatures qui tout à coup surgissent M’assaillent, me persécutent, encore ! C’est ça :
Ma fin désastreuse, détestable, ridicule, - la mort Les insultes, les rejets et la honte. Je suis Prêt à mourir, à recevoir les haleines, les lances, La bataille, la vengeance, moi qui n’ai pu Découvrir le vrai sens de ma vie, qui n’ai pu Accéder au suprême intérieur jamais conquis.
147
1 L’insoupçonné, la variation sensitive Le Moi tenant à Lui La fragilité décomposée en substances aléatoires
comme un cristal qui se crispe, qui cède à l’élan au souffle d’air quand s’agite l’âme quand vibre sa certitude le front en sueurs invisible
2
Nul effet ici pénétrer pour l’intérieur à l’ombre des yeux accéder au vide parfait enfouie par l’unité du langage la lettre cherche à se déployer dans des fonds bizarres, hétéroclites, non c’est du rien s’y accumulent des ruines 148
le magma nécessaire à tout acte créatif, puis, l’explosion !
3
Substances inouïes
la feuille délétère, légère
puis la trace d’encre le silence du poète, aller percer l’invisible, l’indiscernable,
et peu quels satisfecit ? encore enfouies dans le néant de l’écriture l’imperceptible battement d’aile, ....effacé
la couleur fascinante du mot, le sens, l’envie le déplacement
149
4
Au profond clair. Descendre encore accroché à une chevelure de femme. Y frotter des fragments d’étoiles. Filer le long de la tresse pour y chercher un idéal, un interdit, un autrement. Se saisir de signes, figurer l’image, la soupçonner. L’impossible est à déplacer L’inconcevable ne peut plus même être pensé, par le concept de l’imaginaire.
150
Je m’abolis en toi
Les premières ténèbres de la vie - la certitude Dans la conscience - le drame associé au tragique, Je comprends - lucidité exceptionnelle de véRités - je m’attends au pire, sachant. Il faut M’accabler, car ce passé dans ces pensées cycliques Éternelles de retour - me dicte la raison, ... Quoi ? Réellement ? L’histoire quotidienne du peu Oui, un jour ou l’autre qui m’extrait, m’expulse de mon Sort, - que je puisse effacer de ma mémoire Car le temps est une aide, je vais vers l’oubli. C’est à vous, c’est à toi aussi - pour l’envolée, est-ce Possible ? - Je dois abolir cette vérité, a ! Ma chair, mon corps, mon visage et la charité Effaçant le geste - je m’abolis en toi.
151
Le voile discret et la pudeur Le clair fini dans l’imperceptible silence, Le rêve élevé, inaccessible à l’âme.
Je perçois avec Toi dans cette permanence intime, Je capte l’instant usuel espérant obtenir quelque écriture nouvelle.
Il est une pénombre pour que cet entretien épouse le voile discret de la pudeur. La pensée est frôlée doucement, caressée et s’évade comme un parfum délétère pour capter un souvenir bleu, insignifiant,
symbole effacé, mystérieux paysage invisible de désir poétique.
152
L’insatisfait
La pensée extraite, extirpée de la raison, que Vaut-elle réellement ? Est-ce de la piètre Poussière cérébrale inapte à rivaliser avec la Substance philosophique, ne contenant aucune Proposition utile ou intéressante ? L’insupportable réalité poétique du médiocre, de L’insignifiant. - Oui, ses regards interrogatifs Tournés vers l’intérieur essaient de savoir, De prétendre ! ...
Il cherche, il renvoie dans sa nuit. Que renferment ces possibles ? Quelles méthodes, Systèmes, mécanismes mentaux ?
Dans le lointain, la mutation, le dérivé Des formations, l’acte prime, la consolidation, La condensation, que sais-je ? Que puis-je ? Et lui avec ses défauts, ses craintes, ses objectifs Qui n’a pu s’assouvir, se satisfaire.
153
Les espaces d’écriture
Remplir le vide, noircir le blanc Pour la pression interne Assouvir sa force, exciter sa raison Quand il suscite de l’action Il pénètre des espaces d’écriture On le prétend rassasié, Il se nourrit encore Dans la dimension de l’homme Avec son temporel, que Représente sa forme délétère ?
Fixant sa pensée avec la cendre De ses idées, il pénètre l’inconnu Au lointain de l’être, en soi Par la saveur du poème à naître
154
La pensée Elle s’élargit enfin Dans l’espace intérieur Elle déplace la frontière Elle prétend savoir Elle pousse l’inconscient Se fortifie sur l’intuition Active l’imperceptible
Elle est dans la durée, Dans l’espace-temps donné à tous Elle arrange des éléments Préexistants, elle les modifie A volonté et produit autre chose
Pour la spiritualité L’intelligence, la création, etc. Est-ce travail habituel de la pensée ?
155
Pénétrer encore
Il y a une sorte de fond Que l’on essaie de pénétrer encore, Plus loin, plus loin comme une extase Sexuelle, - il faut pousser Dans la raison, l’audace et le risque Il y faut du travail, du travail d’homme L’on croit apercevoir un espace autre Le pénétrer n’est pas s’en satisfaire Il y a toujours déception, volonté Autre, décision nouvelle, soi En vérité
156
La zébrée
Fulgurante et docile, Obéissante et douce, Dans les tremblements de l’imperceptible, Dans les bruissements aléatoires de la raison.
Je te donne vie, avec obscurité, avec Sensibilité - avec conscience et vérité.
Toi, stérile devenue femme par mon vouloir, Je te mêle et t’emmêle dans le mystère Et le silence. Je t’imprègne de sueurs, Tu accèdes à mon espace qui n’est point créatif. Vitesse, accélération et je t’emporte, toi l’inconnue La presque rien, l’inexistante, je produis de l’élan, je te conçois dans le Moi.
Immense, les pieds sonores, contemple les splendeurs D’autrefois, dans ma voûte, tu me suis, Légère et fugace avec effleurement. Tu es, tu n’es pas, je te fais disparaître, T’efface, j’efface tes traces, Je mémorise tes rumeurs, - toi 157
Pour quelle utilité à présent ? - Rien Donc te revoilà :
Fulgurante et docile, Obéissante et douce, Dans les tremblements de l’imperceptible, Dans les bruissements aléatoires de la raison.
Je referme les portes de ma conscience, Plus personne ne peut y entrer.
158
D’après J.P. Sartre Une idée fondamentale de la phénoménologie de Husserl : l’intentionnalité L’Esprit-Araignée attire les choses dans sa toile, Les mastique, les couvre de sa bave blanche, Lentement les déglutit et les réduit à sa propre Substance. Il y a l’aliment avalé, les choses perçues De loin, l’état de ma conscience, mon Aptitude de perceptions.
Oui, nutrition, alimentation, assimilation, J’agis, - je vais des choses aux idées Des idées aux idées, - de l’idée à l’esprit.
Les résistances sont rongées, ainsi tout est Assimilé, unifié, identifié, - la matière Est pensée. Tout ce qui n’est pas esprit Devient brouillard, ouate, filament.
En vérité, peut-on dissoudre toutes les choses Dans la conscience ? Cet arbre-là
159
N’est pas de même nature que ma conscience, Il ne peut entrer dans ma conscience D’après Husserl. La conscience et le monde sont donnés d’un seul coup. Si je veux connaître, je m’éclate vers, Je m’arrache, je file, j’atteins l’arbre, Lui et moi, moi et lui, séparés toutefois. Maintenant j’imagine une suite d’éclatements, Je vais vers l’extérieur, dans la poussière Sèche du monde, sur la rude terre, Parmi les choses, monde indifférent, hostile, Rétif. “Toute conscience est conscience de quelque chose”, D’après Husserl. “Être, c’est être-dans-le-monde” D’après Heidegger. Exister comme conscience autre que soi, c’est L’intentionnalité.
160
A la représentation de l’objet, j’y ajoute Le sentiment.
Irai-je au Traité des passions ?
161
Contre-ut
Je ne sais que trembler, trembler parmi les fleurs, au centre de l’éphémère, de l’impalpable, du cristal, Par cette tension artistique qui électrise mes fibres émotives.
Je ne fais que vibrer Au plus profond du Moi, dans mon labyrinthe intellectuel. Je suis devenu une vibration Impossible, irréelle, délétère. J’accède à une forme de conscience épurée, translucide, je rejette la confusion. Je reconstruis le monde avec des concepts autres, nouveaux, interdits. Cette passion dévorante anime, produit de l’activité. Je veux aller outre, au-delà de cette fragilisation De moi-même. Je ne crains pas l’idée de la mort, Je sais pertinemment que rien ne restera.
162
Des vérités bleues
Ainsi pendant la nuit, Je conçois à travers le prisme des lumières, Et je prétends posséder. Quel pouvoir ?
Des vérités bleues, claires apparaissent, Semblent s’étendre. Toujours très à l’intérieur. Descendre vite ou très lentement ? Je refuse le silence, j’agite des idées. Encore l’éveil, l’esprit, la conscience. Pourquoi dormir, pourquoi ? Je crois observer d’infimes particules Brillent devant mes yeux.
163
Résonances IV
1
Au-delà de cette mémoire, de cette parabole de certitude, - oui, par le triomphe, pour la gloire aujourd’hui proposés dans quelque grimoire moderne numérique encore, je m’installe en moi-même, espérant malgré ce manque de science réelle, accéder à l’Oeuvre. Resserré en deux piliers, de bouquins spirituels et d’herbiers poétiques, - le moi s’achemine et avance.
Si je me compare à Toi, ô Grand Frère, je ne puis que ricaner bêtement, trop conscient de ma pâle réalité.
2
Oui, doubler, tripler la pensée, pour la rendre profonde, inconsciente, au-delà. Oui, s’approfondir dans son pur midi. Soit - immense et inconnu, nourri de vues et de visions - “ si nous le visitons... ” veut se parer d’une lucidité belle, sans jardins de fleurs exhalées.
164
Aller par l’élan, supporter par l’Idée, accompagné de l’Antique beauté grecque ou latine ; oui, surgir - tel d’un bond - recommencé - et grandir dans l’orgueil de sa raison - si orgueil se doit...
Avec miroitements insensibles sur la fragilité de l’épiderme variations et décalages visage en vibrations à l’image dérivée S’envolent des effets d’ombres dans le pur néant de ma vision interne
165
a
Sur la hanche de la femme pigmentation de chair
les fourmis s’activent
toi Mygale perverse t’accaparant de la substance de l’homme
b
Le corps fuyant le corps s’enroule dans le vent du désir le corps éclaté éblouissant d’orgasmes
il explose en idéal impossible Lui - l’autre Christ - pendu - maudit au gibet et moi cherchant le vertical - le temps dimensionnant mon espace malgré l’apesanteur désireux de me parfaire, d’ajouter de pénétrer plus encore l’amère difficulté poétique volonté de se fortifier
166
c
Dans ton espace - dis-tu espace et imaginaire ou créer des Nords libres de toute contingence, est-ce possible ? L’avenir ne se conçoit qu’avec du passé.... Faut-il la délivrer de la raison ? lui offrir de l’audace du libre accès ? Toi toujours dans la fuite, dans l’envol avec volonté de construire une base déplacer la sécurité l’exigence la solidarité ainsi redéfinir la rigueur
167
Accéder à Accéder à l’épuisement sublime éternellement seul en plénitude du Moi Prétendre s’élever encore, exploitant à merveille l’énergie mentale déployée en son extrême puis en apothéose d’agonie mourir enfin ! Sur l’ordre de sa voix produire encore dans cet espace-risque où la pensée se nourrit d’imaginaire Concevoir de l’inconnu, .... et toi tu m’es chancelante, ô nuit d’extase
accidents et faits mentaux dérivés, combinés, extrapolés Tu redoutes de rencontrer tu préfères fuir sur du délétère
Tu erres sur des traînes infinies qui n’ont nulle plénitude d’avenir la charge émotionnelle déployée n’est qu’un leurre, qu’une variable de combinaison douteuse L’œil se remplit pour l’intérieur 168
tu inventes la réponse - nulle question n’était posée la vérité se déploie comme un arc-en-ciel
La route est certainement mensongère, mais que faire ? En cesser là ? Poursuivre toutefois ? Déplace les distances - et insiste encore.
Y aurait-il un lieu ? - Marcher ! Errer ! Est-ce aventure de poète ?
Va, rampe, progresse, - jamais renoncer pénètre Nulle halte, nul arrêt, décampe, toi, l’incertain ! Poursuivre l’écho - l’écho de ta propre voix oui, là, là-bas, à l’affût
Peut-être découvriras-tu ce que tu t’étais évertué à fuir ? Oui - toujours s’obstiner avec aptitude et force intellectuelle mêlées
169
1 C’est encore une question de limite d’aptitude à aller outre. Est-il possible d’ajouter sur soi ? N’est-ce pas un besoin d’homme de toujours vouloir faire plus, faire mieux ? J’ai grande pitié de moi, Le mensonge se complique.
2
Entends encore l’élan irrationnel qui s’évertue à s’implanter en toi
est-ce possible ? toujours dans ton attente d’illuminée l’idée reviendra plus tard
Qui se souviendra de toi ?
assourdi en ses pensées funèbres
170
espaces arides où la certitude prétend circuler Librement - librement !
3 Au commencement c’est une intention, un fragment de perception à associer Le poète dit : j’invoque dans le silence la vibration émotive... ......... peut-être
Combinaison phonétique mal agencée avec un matériel de mots
Certains offrent avec limpidité, lucidité d’autres cryptent, symbolisent, font fusionner des élans incompatibles
De la variation infinie
Le poème résonne
171
Définition de la pensée
Au-delà de la conscience personnelle du temps, j’ai besoin de recherches logiques, j’ai besoin de comprendre l’association pure de l’élément simplifié. Il ne s’agit pas ici de synthèse passive, car l’espace dans lequel l’élément s’impose - est un espace conscient où le travail de l’esprit s’assume. L’élément s’associe à l’élément. C’est un point-source, une énergie d’atome, une lumière d’étoile dans mon ciel constellé de vie. Je dois connecter. Je dois aussi comprendre son origine - ses parties - ses caractères. Il n’est pas apparition, il est emplacement, chargé de mémoire, apte à s’associer, objet scintillant, vérité en soi-même, - il contient du pur, du vécu. S’il s’associe - il se déplace - il va vers de l’expérience, et produit un nouveau caractère avec l’élément qu’il a conquis. C’est une sorte de fait mental - une charge dans une niche de neurones. Oui, je veux encore étudier son caractère.
De tout cela, de tous ces faits ponctuels, mentaux, qui s’associent, s’éloignent, se connectent et s’engendrent, je sais qu’il y a la pensée. 172
De cette pensée, j’en tire ma certitude, ma conscience, ma réalité d’homme existant en vérité.
173
1
Espacer - compresser combiner - rattacher un espace pour l’imaginaire puis raisonner dans l’audace il n’y a ni fuite ni envol il y a donne nouvelle du matériel connu il faut menacer la sécurité défaire les solidarités matérielles et logiques
aller autre Redéfinir le rôle de la rigueur
2 La création pour l’impossible pour l’interdit en Absurdie - c’est conscience pour fabriquer de l’image
Volume, élans, actions, souffles
Quels sont mes pouvoirs ? Où sont mes facultés ? 174
l’acte d’imagination - ce qu’il produit vient de la mémoire activée
3 C’est ignorer le beau, l’offre poétique, la volonté grecque et latine est-ce pour l’intérieur, pour l’espace-soi ? Faut-il rendre absent le monde ? est-ce possible, d’ailleurs ?
Je gère ma fuite, ou construis ma maison
Je doute au fond du puits Si je constate l’intelligence de l’autre, je la veux en alliance C’est une volonté d’accumuler du poème pour l’avenir
175
4
Le choix sensible la perception vibratoire j’interroge l’espace-mémoire espérant y concevoir des connexions de qualité
176
Recherche
Réfléchissons : il doit bien y avoir une perception émotive plus fine, plus subtile comme un fragment d’onde sensibilisée possédant un spectre compressé de propriétés inconnues, mêlées, mélangées peut-être difficiles à dissocier mais réelles toutefois N’est-ce pas dans cet espace de vérités filantes que le poète doit composer, connecter, redéfinir, extraire, rejeter, prendre, associer, enfin agir Capter n’est pas suffisant - il faut fragmenter, symboliser, fusionner.
177
Mémoire et Temps 1
La conscience compressée du temps trompeuse, mensongère, excavée, avec choix, avec rejets, avec refus, avec mensonge de faiblesse - cette étrange constitution de l’esprit !
Une corbeille, une armoire à tiroirs avec papier jauni, clés oubliées, rangement certain, etc ... Ou j’imagine un horizon jalonné d’années, afin de restituer, de recomposer ce qui a été compressé, je vois, j’entrevois, je retrouve. C’est un passé déterminé, non pas conçu de vides, mais possédant de la mémoire douteuse peut-être mais de la mémoire toutefois
2
Il y a un entonnoir gigantesque dans lequel le présent plonge dans le passé. Ceci est une chute sans fin, libre, infinie, constante, fuyante.
178
L’homme a conscience de sa fuite, de son absorption par le Néant, et c’est acte de non-croyance.
179
1
La perception, je la veux songeuse au bord du désespoir pour extraire l’impossible
Les mains tremblantes pour la grande respiration l’élan, le retour, le calme et les battements du sang le cri dans les veines l’écho dans les tempes
Mais soudain le blocage, Pourtant j’accomplissais un parcours dans la mémoire
2 C’est un lieu d’avenir une structure vide à remplir fragilité intentionnelle que je m’efforce de capter avec conscience du néant où tout pourrait disparaître
.....être et disparaître peut-être
180
3
Ainsi croyais percevoir des vérités nouvelles éblouissantes révélations de points pigmentés dans l’aube de soi-même
Etaient-ce des pensées à saisir dans le déchirement de l’esprit ?
Je devais percevoir, pénétrer les lignes de forces concevoir dans le désir de vibration
4 J’activais ces points-réponses, mes yeux au centre j’esquivais une réponse vraie, fausse, qu’importe !
Je passais sur du délétère croyant à ma force c’est ça : je captais
Elle ondoyait sur des feutres crissants Les paupières clignotaient, aptes à percevoir le message Je plongeais dans des vagues océanes,
181
coulais, remontais quelques poissons d’argent, - c’étaient mes points-réponses.
5
Ces perceptions grossières, je veux les affiner - comprendre le point son origine, sa vérité, son association.
Je me fuis pour me retrouver ce n’est plus la clé pour le silence, ce n’est pas un code à composer, c’est la puce à intégrer, le plus petit de l’oeil à la loupe de la loupe au microscope pour définir le caractère de l’apparition. La conscience de l’image, sa pigmentation ses points composés pour fabriquer la trace l’origine de cette organisation non pas la fonction d’apparition mais la vérité sur le point
182
6 Il ne s’agit pas ici d’être spectateur mais d’analyser les mécanismes conscients et inconscients du Moi Il faut donc être actif pour l’intérieur
Ne pas réduire, mais comprendre les attractivités, les inclusions d’espaces dans les espaces
183
a Je l’ai pensé insignifiante, Je la faisais ondoyer au milieu dans mes cieux la perdais désireux de trouver la réponse l’associais, la dérivais, la faisais bondir je plongeais frémissant j’aillais outre
b
Atteindre la vérité sublime tu avançais dans la simplicité de ta raison tu observais le puits, le chemin, tu te déplaçais encore dans un espace
Le repère était la certitude logique tu exploitais cette énergie l’avancée pas à pas se voulait souveraine
Obéissant à la voix inconnue était-ce un toi-même enfoui dans l’ombre, était-ce un Dieu sublime imposant sa décision, tu t’es risqué à l’écriture poétique
184
c
Tu ne sais que produire Peux-tu prétendre que ton résultat est satisfaisant Pour quel but véritable ? Quelle verticale ? Bondir sur la distance
Tu cherches l’extase
Oui, pénétration et prétendre à la fabrication artificielle d’un espace inconnu
185
1
Le tu avec le moi Pensée qui se dédouble A l’intérieur
Le corps
puis le monde
cette armure
La bouche
instrument de transmission
Toujours du vécu pour de l’avenir
La chair féminine, Quelques gouttes de sperme
2
La lutte interne Définir du complexe, Le pénétrer, Savoir en produire, L’offrir et se crédibiliser
3
Bondissait la fumée D’un avenir à transformer, A faire apparaître Dans l’ombre se concevait 186
Le feu. Tu offrais tes yeux A ta conscience
Le geste intérieur Décrivait des courbes L’élan était pensé
Il désirait se mieux concevoir
4
Dehors, pour le dedans Tu empiles de la mémoire En strates infinies
Faiblesses, néant, inutilités Nuages, bulles ou Segments, droites, axiomes Par la mathématique imaginaire
Exaltation du Moi Toujours en egocratie Pour rien peut-être
La fixité et l’attention Pour la perception interne 187
Le sourire de l’ange Pourtant tu n’es jamais satisfait
6
Le Moi en lamelles Le je suis relié par le cordon d’argent Les dés pipés du destin La vérité en prescience Le présent à réaliser. La grâce, où est la grâce, si ? Etc.
Tes yeux palpent Il faut lécher, sucer la peau de l’autre La femme en idéale de sainte
Un concept contrit en trois dimensions Là face à Moi splendide et vrai. Oui, je te contemple L’avancée constante en soi Le tremplin, le mur, le tremplin, le mur
La matière-vitesse à expliquer La certitude qui stagne Et ne peut se déplacer 188
L’alphabet éclaté Le désir qui nous harcèle
7
Construisant, vidant La corbeille de tête
Des bulles de vérités A douter, à éclater. D’autres bulles L’attention des yeux La fixité échappe,
La finalité est douteuse Comment élaborer, Architecture avec de l’illusion ? L’esprit face à l’âme la raison et le spirituel Le savoir explose En gerbes de confettis - Reconstruire le puzzle
189
8 L’hallucination verbale Le sacrifice du poète
Au fond du miroir Soi face à Soi, Face à l’autre Dans la pensée équivoque Narcissisme - ego, plato L’écriture, la fureur L’oeil renversé La chair qui pend en moi L’immense ouverture - la plongée
9
Le savoir
la pensée
les yeux
L’élan galvanisé pour produire Ses gerbes d’ombre
Absorbe ta substance Le fluo, pense
190
Limpidité, élégance du choix De la pureté pour accéder Au cristal.
10
Suis-je moi, ne suis-je pas constamment en train de déplacer la vérité ?
Est-ce une proposition qui désigne la certitude du moment ? Car cette substance fuit, échappe, s’éloigne encore quand je prétends la contrôler La pensée m’écrase, m’inflige son joug despotique. Elle déteste ce que j’aimerais lui faire exécuter. J’entends mon doute s’esclaffer, s’indigner, m’accompagnant toutefois dans ce labyrinthe insupportable
Je devrais être un autre.
191
Bornes
Bornes, - bloquées - bornes à déplacer.
Vers est la volonté de tendre, de pousser Je marche avec l’attente les portes que je pousse, les marches que je monte les pas qui descendent Je vis ou survis sans m’arrêter
Quelle hauteur génitrice ? Quel au-delà supérieur ? Je fais valdinguer les quatre dimensions connues, moi le sage - ma frontière ?
Nulle patience Dans la nuit, avec ta marche ou courir pour atteindre les extrémités Cet espoir dans le lointain constellé de galaxies, de points infiniment peu, infiniment grand,
toi, dans ta quête éternelle, impossible, folle exploitant l’émotion douloureuse, 192
perverse ou ambiguë dans ton volume de rêves
193
* Ainsi d’une méthode. Me pénétrer. Ce principe d’investigation cérébral. Combinaisons brutes à purifier. Au-dedans, plus loin, encore. A l’envers, à l’endroit. En moi. Au-delà de l’absurde, chercher, trouver. Démence et rage d’écrire. Toujours. Sans jouissance. Pour quelle extase intellectuelle ?
194
*
Tant de nuits se ressemblent. Je commence par marcher, marcher pour ne plus m’arrêter, ne plus m’arrêter pour aller en Toi. Oui, encore. Je suis l’amant d’un poète. Continuellement, je t’obéis. Tu penses, j’écris. Je te relis. Attention. Évitons de commettre des erreurs. Travaillons. Il tressaille, j’écoute. Je vis avec son ombre.
195
*
Les consciences se superposent en strates, les unes sur les autres Une cervelle à étages à degrés
Des voûtes, des voûtes, bleus, noires, claires
Passer de la certitude princière à l’élévation la plus élaborée à une perception supérieure et limpide
Accéder à la lumière suprême
Mêlez, mélangez, embrouillez-vous ! Tu es : l’Action pensive, l’esprit intensif sans invention.
196
* Cette fois encore Profondément
c’est de l’énergie mon apparat
qui donc es-tu ?
Que représentes-tu ? Je t’ai su, vautour Avec mon âme perdue dans ses gaspillages
Je me suis exilé dans des souffles D’applaudissements
La quantité obtenue, la mort désirée, L’écrit achevé La complicité de l’un avec l’autre
Inquiet, insomniaque, attendant - quoi ?
Sonné, sonnant, bouche auréolée D’orgasmes poétiques chanteurs Ho ! Suavité enchanteresse, qu’il dit ! A lire ....... à entendre, en vérité. Légèreté de style, d’audace Poursuis encore
197
pour ma misère
*
Nul ne sait qui je suis. J’habite une bulle métaphysique J’accède à mon vide, je le nourris de phosphore, Je palpe du silence. Je broie de la Lumière, je l’accouple avec de l’Ombre. Le Mystère se conçoit, se développe, s’impose.
Qui prétend accéder à mes limites ? Je dénonce les distances, je les déplace, je pousse les bornes.
Suis-je seul, de Moi à Moi, Quelle avancée ? Jusqu’où ?
Décalez-vous sur mes limites. Ajoutez, allez plus loin.
198
1
La semence L’intérieur La durée avec de l’énergie mentale dans l’actif - le cerveau
produire - penser - produire - essayer ce langage. Construire avec la confusion d’images dans l’ombre de soi réalités trompeuses, mensongères en vérité - matériel de poète. Vue et envoyée sur le papier entrecroisements de voyelles et de consonnes sensations magiques - esprit magnétique il s’autorise - il risque - il prend
2
Battements
énergie en soi
situation de combinaisons à caramboler Dans les synapses - la poussée pousser du langage 199
pour le dehors
Nulle patience pourtant - le coup à espérer à prendre le coup
Hiéro - le sacre de soi-même la certitude de la valeur
Les siècles des autres poètes - des littéraires Mon langage expiatoire - qui ? quoi ? Écrire - ne pas dire - se taire - Écrire Tu assassines des mots - pourquoi ?
200
* Descends dans l’ombre escalier plus bas
encore
au plus profond encore
Creuser dis-tu dans ce dédale avec confusion, espaces réduits, interdits, bouchés Nulle clarté - j’amasse de l’ombre carbone sans cristal.
Ne rien voir, ne rien entendre puis des lettres, des signes là-bas au fond
Le rouge de ton coeur, la femme-passion - la flamme braises claires le fleuve sang de l’amour
201
descends
*
Bornes détestables - limites haïssables d’interdits
de blocage
de liberté concise
ennemis qui me brident, que l’on m’empêche de déplacer
Mes bases, mes sommets, mes étendues
Ces bulles religieuses de belle atmosphère, suffis-t’en ! suffis-t’en !
Les pas, la vitesse sur le cercle-limite toujours tourner - toujours !
Hauteur intérieure qui espère faire exploser ce couvercle bloquant
Je parlerai plus tard de la dimension temporelle, principe à intégrer dans l’espace poétique mien.
202
*
Une conscience de difficultés de solitude d’exclusion
de soi à soi
libre mais seul à l’intérieur
Toujours plus
la voûte
il faut concevoir
Épurer la raison, éclairer la certitude
Travail intensif Volonté interne - désir de s’élancer C’est donc de l’énergie mentale mise au service de la poésie. Pour quel résultat réel ?
203
*
Douleur âme légère
plaisir
trois filles
le pied libre
Devant mes yeux
le corps voltigeant
dans le front
l’espace du mensonge La bouche intérieure Grâces ou Muses, qu’importe !
La parole
un seul auditeur
moi-même
la connaissance pour mon éternité cérébrale J’efface les filles.
Que reste-t-il devant mes yeux ?
L’intemporel, l’immuable, l’inusable
204
*
Au-delà des limites pour l’élan, pour la vie, pour l’espoir, pour la construction interne et invisible, Voilà la vérité !
Dans le royaume des airs ? Pourquoi pas ! De bons souffles d’oxygène. La bouche y est meilleure. Elle y produit de doux vocables. Dans ce monde, la pensée se conçoit. L’esprit la comprend. Et l’image, alors ? Les amitiés vaines que l’on appelle âmes !
205
Dans ces rues…
Dans ces rues, des flux de pensées circulent. Méandres, superpositions des idées, de la sensibilité. Cerveau accomplissant, ayant accompli encore et se ... Cherchant à entreprendre, à reproduire, ignorant L’ordre de l’événement. Transmettre ! Se cogner ! Pénétrer ! L’élan de l’esprit se déplace Essayant de rendre cohérents des semblants Délétères d’entités.
Écrit autrement : sur la page Tu frissonnes, la pression, entrecroisements, lignes et Figures. Tes flammèches d’idées. Plans D’espaces, dis-tu pour construire, virgules à l’infini. La plume se mêle à la nuit noire. La main Prétend conserver la matière. La boue coule Sur le papier. Que la lie soit féconde !
206
*
Bornes qui explosent, qui se déplacent, Bornes fragmentées.
Ma reconsidération, ma certitude, mon espoir d’actions. Avec bases, verticales et sommets. Poussées et montées dans le petit, l’insignifiant.
207
Résonances V C’est une série C’est une série d’arrangements, de combinaisons, de choix Car il faut abolir le hasard, - ou le bien tenir Serré, sérieux ; ce sont parfois ces traces insoupçonnées, Puériles, douteuses que l’esprit doit considérer pourtant. Projections dans l’âme ; déplacer le sens des mots ; L’orgasme de la poétesse en gémissant ; attributs Et grammaire, - suivre ; faux, sembler, imiter. L’étendue qui protège ; nulle part et absence ;
Quant à la médiocrité, - elle est toujours présente. Mon double s’épongeant, tremblant, cachant Les vieux rictus de l’échec. La salive âcre
Accumulée dans la bouche. Et pour quelle jouissance ? Le Temps compresse le passé. - Le résultat est vain. L’avenir du Moi ? - Une vulgaire inutilité, en fait.
208
Le parcours de la conscience De nulle part. De l’éphémère insoupçonné comme Intuition, peut-être - pas encore - substance, Lancée indistincte de l’esprit avec facteur G De Spearman sans doute. A la recherche de L’algorithme parfait, de la synthèse, du saut, De la fusion - du risque, de l’audace - outils D’autrefois. Mais la pensée s’efface, et je veux Accéder aux plus belles productions de la raison. Encore avec intelligence, et langage - y faisant
Exploser le désir, pour obtenir la sublime émotion. A moins que je puisse espérer l’intuition pure Il ne faut pas douter ! - plus tard encore la Conscience réflexive me nourrira de ses secrets. Et J’irai puiser quelque message au plus profond de l’inconscient.
209
Doubles consciences
Doubles consciences communicantes Claires, saines et séparées Il y a transfert d’idées, d’énergie Pour l’intérieur - à deux - y arriverons-nous ?
Élans, volontés - actions - combinaisons Oui, toujours. Vérités simultanées de certitudes gémellaires, La trace - le fantôme sont derrière Comme l’ombre et la silhouette Mais l’ombre se dégageant de la silhouette Peut anticiper le pas, le provoquer, - le suggérer.
210
Doubles consciences
Doubles consciences communicantes Claires, saines et séparées Il y a transfert d’idées, d’énergie Pour l’intérieur - à deux - y arriverons-nous ?
Élans, volontés - actions - combinaisons Oui, toujours. Vérités simultanées de certitudes gémellaires, La trace - le fantôme sont derrière Comme l’ombre et la silhouette Mais l’ombre se dégageant de la silhouette Peut anticiper le pas, le provoquer, - le suggérer.
211
Le schéma intérieur L’obscurité dans la tête. La lumière tout autour. La recherche du progrès. L’évolution. La plate-forme. La volonté de voir au-delà. Apprendre, comprendre - appliquer Le chuchotement domestique, le peut-mieux-faire.
Avec art, quelle évolue ! Avance ! Le moteur, Les déchirures. Avide, le mystique - copiste. C’était hier ! L’oeil conçoit un espace, tourne, virevolte, pour qui ? La pensée triomphante, dit-il, d’une voix endormie.
Allez ! Couvre la table, plume et manuscrits. Hiéro Glisse sur la feuille de papier. Et quelle valeur ? Absolument, le temps, le recul, l’analyse, la cer
Titude, de soi ? Te voilà décrépi, vieillard. Sénile à la parole tremblante. Et ma patine pour vous ? Ressuscite, renais, deviens quelqu’un pour autrui.
212
Topologies Le rapport de l’homme à l’être. Vivre en soi, Avec soi en exploitant Autrui. Se rencontrer Sur son propre chemin. Croisements, lieux et Espaces communs. Une contrée d’hommes, de savoirs, De savants, d’expériences accumulées, de spiritualité. Une surprenante topologie où l’on cherche sa localité. Pour sa transcendance, il y a métamorphose, changement, Brassage différent, reprises, apprentissages, audaces.
De Moi à Vous, de Moi à Moi, dans mes démarches. Je m’en retourne à l’intérieur. En actions premières, Dernières. Sortir hors de soi et mourir. Accéder À l’Être Suprême. Chercher encore, Là-haut, Connaître, comprendre, apprendre, le discernement, Cette immense tolérance avec l’amour de l’autre.
213
La clé
La stupide histoire des métaphores. La relation objet-sujet. Exprimer, représenter, la mise en chair idéalisée De la pensée : langage ? Vocabulaire varié, variant Les concepts, les idées de tous - la réduction du critique. Quel crédit, quelle efficacité pour l’instrument poétique ? Qui possède la clé pour comprendre, s’émouvoir ? Qui ? La représentation non pas de l’arrangement, de la combiNaison mais de l’agencement. L’intuition de l’alexandrin, Est-ce possible ? Dans l’essence intérieure, subjuguante ; la Théorie de la communication. De Moi à Moi, sans l’Autre. Avec les mots, faire le travail, les phonèmes, les
Fréquences des signes, les mots écrits, les sons. Et quel ordre ? Est-ce expérience, outil, instrument de pénétration cérébrale ? Le besoin de mêler, d’associer, de produire et d’extraire.
214
La raison du questionnement
Toujours en soi, le pourquoi, le comment ? À demander, l’inaptitude à répondre. “ L’homme a Suffisamment de sagesse pour poser des questions, il n’en À pas suffisamment pour y répondre ”. Implorer,
Supplier, chercher le progrès. Est-ce la pitié de la Pensée ? Toujours à apprendre, ne jamais rien savoir. Le temps du questionnement, la brièveté de la vie. Et Pour quels résultats, le vide interrogatif. Sinistre néant ! L’origine de la question ? La sortie hors du Jardin Nécessitant la résolution de problèmes matériels. Dans Le Jardin, l’insouciance. Hors du Jardin, la nécessité.
La nécessité engendre la satisfaction. La satisfaction, le Questionnement. La question est dans l’être, étant comme telle. L’étant : c’était et est : l’être est l’étant, et sera quoi ?
215
Le questionnement de l’Être La pensée n’est qu’une réponse au questionnement de l’Être. La réflexion est un déroulement d’idées. Connexion, Correspondance, mémoire, activations, dérivations, intégrations. - Outils employés par l’être pour trouver la réponse.
La parole semble inutile. Y a-t-il dialogue parole-pensée Dans l’homme ? Le rôle du langage. Les relations à L’être : langage et sensibilité par les sens des organes. Les possibilités physiques de l’homme. Impossible à nier. L’esprit perçoit les actions du Monde qu’il comprend Ou cherche à comprendre. “En attente du savoir”, “Je Redéfinirai mieux avec du temps, plus tard.” Savoir, Percevoir, attendre. Il faut réduire l’action nécessaire Pour rendre possible l’action de compréhension.
216
En soi
Accéder à sa possibilité extrême, se pénétrer, s’ouvrir, Tenter de percevoir ses propres limites, - se choisir, Être-pour-soi. Être-par-le-monde toutefois. Monde visible et invisible - de savoir, de compréhension, De mystère. Le projet du progrès. Dans toutes les structures De l’être ! Pure possibilité de liberté. Le dessein. Pouvoir dire : Je suis. Je deviens sujet et objet de Moi-même. J’accède à ma propre analyse. Ainsi ce sont Les capacités associées au choix. L’être-dans-son-monde.
Est-ce singularité absolue ? Est-ce création unique D’humain ? Pourquoi investir en soi ? L’apothéose avant La déchéance fatale ? Élans et curiosité ? Comprendre, Apprendre, appliquer, percevoir, désirer, créer, découvrir. Quelles finalités ? Société, nature, spiritualité, liberté, Art ?
217
Procédé mental
Suppose et décide. Perçois autrement. Avance Vers l’avenir. Bondis avec le verbe, et cherche Ton progrès. Emprunte les mille chemins des hommes. À l’aube de toi-même, à l’intérieur, l’esprit S’éclaire lentement. Quand le monde pense, tu en Profites. Nous implorons les Dieux, et avançons vers L’inconnu. La consistance de ton Être ? Penser c’est Ajouter sur ce qu’aucun homme n’a pu supposer. Encore pour le plus, est-ce l’évolution de l’Être ? Le résultat pensé, la nécessité de l’expérience ? L’objet contient la pensée de l’homme. L’on fabrique Des pensées avec de l’expérience, de la mémoire, de l’acTivation, de l’association dérivée. Processus mental ?
218
La pensée : Élan d’action mentale possédant une charge. N’existe, N’est opérationnelle qu’en synergie d’action avec une autre Pensée. Alvéolée avec une autre alvéole. Nécessité De groupement, d’association. N’a nulle fondation.
Éveil et disponibilité dans une direction incertaine Pour un but inconnu. Nécessité de charge. Aller Avec mémoire. Avenir aléatoire. Il lui faut de L’appui, c’est-à-dire des congénères, autrui, Autrui dedans, autrui-dehors. Elles s’organisent pour Former une configuration. Leurs charges indiquent les Marques : techniques, philosophiques, pratiques, spirituelles, etc. Pour construire dans l’homme, l’homme avec l’homme, Avec machines, puis société, civilisations, - évolution Continuelle pour obtenir des objets nouveaux et utiles.
219
L’audace spéculative L’audace spéculative en forme délétère d’apparaître Possède un nuancier subtil ou contradictoire. AdMet l’embrouillamini, le marquant, le saut, le risque. Va outre ; ne cherche pas toujours à voir, mais bondit D’audace en plate-forme, redescend, remonte, - agile ! Ferme les yeux dans sa clarté, appelle l’intuition, sa Sœur cachée au fond de la conscience. En repos, puis Erective. Semble tenir quelque chose. Prétend aller Dans un entrouvert de vérités futures à exprimer. S’associe à l’ombre, travaille avec l’heuristique. Miroitements, éclats, pépites, légers brillants apparaissant. C’est chercher un espace où l’intelligence offrira une Constatation solide et vraie, c’est élaborer pour du concret Et du réel pour un dessein de futur accompli.
220
Une sorte d’intuition
Ne sait, ne sait pas, suppose. Va voir, ça peut-être, Avec points de suspension. Semble sortir. Perception Difficile, indéterminée. Jaillissements internes de lumière. Ou noir, - moins noir ; est-ce un ouvert ? C’est déjà Audace et prétention que de parler de la sorte. Je Dirais, à peine perceptible, peut disparaître à tout Instant.
Pourquoi la conscience y croit ? Pourquoi demandeT-elle à poursuivre ? Cela serait lié à son degré de Curiosité, lui-même propriété de la masse cérébrale agissante L’accumulation de neurones connectés engendre la volonté De curiosité, qui elle-même essaie d’ouvrir des portes, De déplacer des bornes, d’associer des incompatibles, de Défaire du noué. Étude biochimique du cerveau ? L’intuition S’effacera derrière la compréhension du mécanisme cérébral.
221
Le retrait de la présence
Le retrait de la présence. Conscience de la Représentation de l’ouvert, de l’extérieur. Analyse Du degré d’utilité, détermination de la valeur. Mise en garde pour soi-même. Après questionnements : refus. C’est le retrait avec l’expérience. C’est donc : Le-non Vers-l’homme, l’exclusion, le non au partage. Pourquoi ?
La représentation extérieure est ordinaire, Inutile, en perte de temps, de composants, de structures. La valeur de l’analyse est fondée sur du vrai, du moins Sur du vrai personnel. Aspire à autre chose. La Clairière Est dedans. Pour un déploiement en soi. Une sauvegarde. Volonté d’accéder à une autre expérience. Détermine Son matériel de pensées, ses outils, sa façon, sa finalité. Sans l’autre peut-on réellement être soi ? Répondre.
222
L’un et l’un Le je, à moi seul, l’un et l’un. Encore “l’être”. La cohérence dans l’analyse, le pouvoir de pénétration. Introspection psychologique, désir absolu de comprendre Le sujet : c’est-à-dire Soi. L’observable dans le temps, Avec son langage, son espace, ses structures.
Comment Analyser avec l’oubli, le manquant, le perdu ? Il faut Couper, découper, penser, repenser, se lire, se comprendre, “ L’être mesure en tant que lui-même son enclos, qui par là Est enclos, en sorte que dans la parole il est ” écrit Heidegger. Le langage permet d’articuler les combinaisons, Les solutions, il offre la construction du parlé délétère.
Se montrer plus que se prouver - investigation pour comprendre.
A quelle finalité faut-il accéder ? Pourquoi ? Car le temps Est compté ! Alors jouissance cérébrale ? Plaisir de l’intellect ?
223
Insister, c’est espérance pour l’esprit
Insistant, insistant, répétant, répétant, questionnant, Je prouve que j’existe. Je suis tel. J’ai donc Une forme de vérité, puis-je accéder au mystère ? Si je suis, puis-je questionner sur l’inconnu, sur le Je-ne-sais-pas ? Suis-je un pensant-errant ? Comment Par quels mécanismes cérébraux, puis-je accéder au dévoilement ?
Je fabrique de la nouvelle vérité dans mon espace, créé Par l’homme, pour l’homme. Je ne découvre pas toujours De la dissimulation de la nature. J’ai besoin d’insister, De pénétrer, de savoir, d’avancer, pour l’intérieur, pour L’extérieur, - élan mental, curiosité, envie, c’est De l’énergie intellectuelle. Il ne s’agit pas de transfert Sexuel - ou de quelque chose de cet ordre. Il y a volonté D’aller au-delà du soi, c’est espérance pour l’esprit !
224
La négativité
La négativité, est-ce conscience réelle du vrai ? Est-ce angoisse ? Analyse exacte de la situation ! Il n’y a pas brouillage, mais séparation, décision, Volonté objective de concevoir le réel. C’est prétendre Possible l’action de ces paramètres dans le futur. C’est Spéculation de l’être lui-même, c’est manière de penser. Dévoilement à soi de l’hypothèse plausible d’avenir. C’est l’intégration du temps avec chemin caché,
pour prendre Soin de se prémunir. A quelles lumières ? Perceptions délétères, Assemblage de fragments, expérience ? L’être condense Son vrai. Il est à lui-même certain. Le dialogue est clos.
225
Résonances VI
Le laboratoire de papier
Un poème est un laboratoire pour le langage, une Sorte de risque chimique de combinaisons interdites, Explosives, denses, nouvelles. C’est un outil pour faire Avancer le génie de la langue.
Parfois bijou ciselé, Objet d’art, de retour éternel, - moyen de fixation De l’image mentale. C’est également un outil d’extraction De soi à soi, - pénétrer dans son inconnu, mixer, mélanger Du matériel nouveau par l’apport extérieur. De l’évolution de l’appareil intellectuel, du mécanisme interne Pour élaborer le produit différent. Recherche d’une Équivalence de valeur avec les autres disciplines - se situer Par rapport - être l’égal de … tirer autrui vers le haut. Mais c’est utopique, car ailleurs il y a mieux - en plus fort, Plus complexe, plus difficile, plus subtil, - comment leur dire ?
226
Détermination de la valeur
Se jette stupidement sur le carré blanc, pollue Le purifié ;
Crainte de la valeur, de la détermination, Ne sait convertir la lettre ne chiffre.
Ce qui semble connu, Certain - son dérisoire - sa crainte ; l’homme caché, replié, Honteux, homme de la peur ;
Le murmure éternel lui dit : Faible, - peu - progresse - élève-toi. Qu’est-ce qu’un poète ? Peut-on déterminer son utilité ? Il modifie encore l’ordre De sa mémoire, espérant quelque situation favorable D’associations alphabétiques. Son immense silence dans La nuit étoilée !
Veut crier dans le dédale de soi-même, Invoque les Dieux ; nulle réponse. Habitude, habitude !
227
Toujours, miroir en soi, hors soi qui se double et se dédouble Puis l’exercice scientifique de pénétration de profondeur de connaissance
La feuille grecque avec spéculation refusant le mauvais hasard
Est-ce toi, toujours toi qui cherches à te reconsidérer à te modifier à volonté ? dans l’éclatante volte-face par mille effets conjugués pour un dérisoire, détestable : “Ce n’était que cela ?” L’œuvre était accomplie et j’attendais encore.
228
Encore
insaisissable,
encore
comprendre, Supposer, et prétendre élans efféminés de l’intérieur amant proche de la séduction, de la séparation des mots et des signes qui évoque sa musique dans le miroir de l’âme, et cherche désespérément la promiscuité de l’extase
229
-
pour
I A l’intérieur pour l’ermite toujours là - enfermé - obscurité et lumière en plénitude idéale du Moi ne jamais sortir La balance s’agite et suppose ton poids prétend avec erreurs.
II
Pour quelle clarté ? La lumière se dérobe, inquiète, effarouchée, fille savante si troublée dans sa vérité, angoissée déjà !
Difficile de jouir de ces grâces éblouissantes ! La conscience se ferme, le visage vieillit.
230
Une pensée d’étoile
Une pensée d’étoile obscurcie, une pépite de trésor enfouie un et un seul pour essayer de découvrir
Une jeune fille qui gicle dans l’Etre pour élaborer une forme et qui devient une femme reconstruit notre espace
231
La luminosité prospective
La luminosité prospective, - moment de chercher, De découvrir - éveillée par la curiosité - aller Au fond d’elle-même. Quelle est l’origine de cette Volonté intentionnelle ? Pourquoi le Moi décide-t-il De se transcender ? Parviendra-t-on un jour à comprendre Les mécanismes qui régissent l’acte de création ?
232
Cérébralement différent
Transformer le mécanisme de penser. Délaisser une Partie de l’identité passée et lui offrir ou lui imposer Un système d’extraction ou de production autre. Il ne s’agit pas de passer de l’homme à l’Etre, Mais de reconsidérer l’appareil productif interne De l’homme. Prétendre différemment les possibilités De l’action humaine. Appréhender l’étant avec Plus d’efficacité, d’objectivité, de réalisme. Il ne faut pas nier l’éphémère, l’impalpable, le délétère, L’intuition sensible, ou artistique, mais il faut mieux Canaliser. L’évolution dans la Nature engendrera-t-elle Un homme historique nouveau ?
233
Les structures métalliques Des yeux scrutant à l’intérieur, Repensant de nouveaux espaces, Le vide, le désert, la construction, La Nuit - moins la Nuit - le plus clair. L’Eternel Néant - la volonté d’échafauder, Structures métalliques invisibles à perte de vue.
Puis des visages, des corps, des sexes, des femmes, Je regardais ma face sur ces structures Qui renvoyaient son image - je glissai Le long des structures. Éternellement je recommençais, Les structures réapparaissaient.
Je repensais le tout avec déformations scientifiques Désireux d’y injecter du sensible et de l’émotion.
234
Les gerbes d’or L’esprit, chercher encore cette solennité poétique y descendre par l’échelle créatrice pour y trouver un être ou l’Etre
Le prodige de sentir le soleil sous soi mais plus solennelles encore les gerbes d’or de la moisson ressuscitées au clair de ma conscience offertes en profusion de saveurs à l’âme littéraire désireuse de se nourrir d’Essence
235
Les intensités suprêmes
Les intensités suprêmes de la pensée avec l’immense lassitude de l’esprit Nul hommage intérieur une conscience de honte et de médiocrité La rare apparition, - la fille sublime telle une intuition géniale mais l’Éternité révèle l’insignifiance de l’homme Son espoir est dans une possible esquisse d’immortalité entourée de quelques élus sublimes seulement
236
La douleur absolue
La douleur absolue L’exil au plus profond du Moi
La transe, la mémoire pour produire pour ne pas oublier La substance pour se mouvoir L’œil ouvert pour l’intérieur, L’impossibilité d’en cesser avec la violence et la chute éternelle dans les tempes
237
La plongée et la crainte
Entendus seul de moi à moi des mots inutiles pour couvrir une ombre
La pensée comme un écho lointain se baigne dans l’inutile
Marcher, peut-être, marcher en soi pour espérer trouver autre chose Attendre la lettre - l’autre lettre - mais quoi ?
Sous la braise - les mots - le soleil - la braise Se noyer dans l’ombre de soi-même bêtement, faiblement L’ouverture pour le front Surplomber son immense paroi cérébrale, craindre de s’y jeter, de se faire foudroyer par l’éclair
La plongée et la crainte
238
Transfert Ils se pénètrent, s’approfondissent ; un Moi inconnu envoie une pensée profonde par l’image que je dois défaire pour reconstruire un espace invisible, caché, dedans
Eclipses, interdits à comprendre. Soumis à interpréter. Je dois expliquer.
Une mémoire
Une mémoire stupide qui carambole encore ici s’achève un commencement J’ai voulu fuir mon corps J’ai marché dans ma raison
239
La perception insignifiante Le besoin d’extraire pour fuir mon néant Une envolée d’extase
une esquisse fébrile
Un faible filament
et cette perception insignifiante saura-t-elle porter l’écrit nouveau ? Je m’essaie en toi, je risque, j’expérimente si le terme est juste j’attends l’instant satisfaisant j’associe liberté et force pour l’exaltation du poème Ta passion m’éclaire d’une gerbe des saveurs Nulle élégance, nul rythme, mais une violence qui m’obsède pour une verticale impossible à atteindre - ta verticale !
240
La piètre maison Là où supplie l’intelligence un progrès quelconque demeure une certitude de médiocrité et d’insignifiance
La nuit des Dieux est sourde et refuse d’entendre la supplique Je construis l’intérieur de ma piètre maison
Nul commencement nouveau, Le corps veut se détruire Le domaine est à l’esprit Il n’y a nul chaos invisible mais chaque élément, chaque brique se place et s’entrepose
La langue parle simplement, logiquement avec raison - dialogue de construction L’esprit offre à la bouche et la bouche à la main qui noircit la feuille
Quels résultats ? 241
Ténacité de l’écrivain Écrire c’est prétendre découvrir autre chose, c’est avoir la certitude d’exploiter un nouvel espace, c’est encore s’accoupler avec des mots pour espérer une sorte de ballet nuptial - le plus souvent détestable, perdu en vérité. C’est une sorte de recherche impossible. L’écrivain désire ardemment obtenir une page ou un poème rares. Y parvient-il ? Jamais ! Il quête “ l’albatros ” il invoque “ La jeune Parque ”, mais il se sacre de dérisoire - de son dérisoire.
Il veut imiter, ressembler à - il chancelle dans son impossible pari. Il échoue, se meurt et renaît. Enfin il y croit. Et pourtant ! Que de déchets ! Et combien de maigres espoirs anéantis à tout jamais !
Enfin il insiste.
242
Épilogue
Chercher sans réellement découvrir dans la rumeur de soi avec tangage de langage, - chercher
Quand la gestuelle pensante est monotone sait pertinemment que demain sera comme hier une vaste déception cérébrale d’élans cassés d’avancées perdues, de futurs inutiles
Alors pourquoi cet étonnant labyrinthe en soi-même, cette vaste cité intérieure ? est-ce volonté de comprendre, de développer une capacité interne ?
Est-ce aventure personnelle ? Fuite en soi ? Nulle réponse simple n’offrira de réelle vérité. Est-ce travail d’homme ? De pseudo-penseur ? De poète ?
Que répondra le lecteur ?
243
PERIMERTRES ET FLUIDITES
244
Suites/Relances I
J’observais au fond du Moi Ce vocabulaire amorphe Inapte à s’associer Pour obtenir des coups heureux
Jamais je ne parviendrai A l’optimiser Cette matière douteuse Détestable et stupide La faute m’en incombe D’autres, autrement Avec leurs réels moyens
Sont parvenus à purifier, Elever, simplifier, charmer Et je pense à Jiménez.
245
Éloignée
Éloignée, en soi-même Au moment de la toucher A l’infini vers moi, Pourtant tu disparais
Ma bouche cherche un songe Afin d’y fixer l’oubli ; Les ombres que tu vois Chancellent librement dans mon âme. Je t’offre l’incendie Nourri de braises claires, D’idéal purifié
Seuls ou encore à deux Soleil et lune sexuels, L’énergie harmonieuse.
246
Autres limbes J’avançais indistinctement dans ces limbes nocturnes, Où la confusion cotonneuse rend informe Tous les objets de la veille. Je glissais Dans ces espaces mystérieux où l’irréel côtoie Le possible, où l’interdit semble aboli, - sorte De transe imaginative offerte à la raison Toutefois.
Des élans de pensées jaillissaient çà et là, Surgissant devant mes yeux, jaunes ou phosphorescents. C’était une lumière nerveuse pénétrant l’esprit Accompagnée d’images indistinctes qui suggèrent Par recomposition et mémoire activée des souvenirs D’autrefois. Puis j’entendis douloureusement la voix Suave du Christ qui m’invitait à le suivre Et à l’imiter dans son impossible perfection céleste.
247
Incolore Incolore, bleu pâle dans l’âme Avec élans jaillissant clairs, La voûte cérébrale s’illuminait parfois Ce soir, c’est un Néant intérieur. Je suppose dans l’ombre des audaces accessibles, J’avance chancelant sur des houles imaginaires, Je perçois le crissement d’un cristal parfait, Choses étonnantes difficiles à saisir, A rendre par l’image en si peu de temps. Il n’est pas question de se souvenir, Il faut percevoir ou comprendre la nouveauté, La création étant trop pompeuse. Ainsi il S’élève logiquement pour des strates indéfinies Construisant encore contre cette voûte cérébrale.
248
L’invasion de mots
Une invasion de mots Comme des cavaliers blancs Recouvrant l’espace Inondant la voûte poétique :
La cervelle est encerclée De syllabes, de chocs de mots De paroles, de conflits de syntaxes.
Pour écraser le silence Dans des batailles tumultueuses Des hordes pénètrent en lui.
De cette violence aberrante De résistance et de furies Explose en gerbes multicolores Le poème inconnu qui vient de naître.
249
Être
Être c’est prétendre vivre à l’intérieur du Moi Que peut l’Autre pour Moi ? dans mon étendue cérébrale ? pour ma construction interne ?
Les murs. Grand nombre de portes, Ouvrir pour l’infini inutile, Elaborer sur des assises incertaines.
250
Construction architecturée
Construction architecturée sur un socle structuré Vaste bâtisse équilibrée et harmonieuse Je t’observe au parfait du Midi !
Ta pensée est mûre, tes tours édifiées. Ô monument d’éternité, Quelle beauté de rigueur tu formes ! Elaborée par des siècles d’apprentissage, Et d’imitation, ta façon Semble régner dans la quiétude.
Hautaine et debout, crains gloire De briques, fragile géant, crains Qu’un Dieu invisible et superbe, rageur Destructeur ne vienne ridiculiser ton orgueil Et te réduise à un tas d’immondes poussières.
251
Des espaces, des lieux
Des espaces, des lieux, des volumes ouverts ou clos, Inclus, connus, inconnus, à énigmes ; difficiles À délimiter, avec passerelles, tunnels d’approches Ce qui les sépare - ce qui les convertit.
Espaces techniques, économiques, sexuels, virtuels. Sont-ce des espaces, d’ailleurs ? Ou plus exactement Des moments de l’activité humaine ? L’espace, à l’intérieur, toujours renouvelé. Lavant Et relevant les images floues, s’octroyant Un rôle de maître absolu cherchant et décidant. Le propriétaire de Soi. Le retrait de l’Etre. La mise en hibernation, Le refus de l’Autre. La suffisance intellectuelle, Le vieillissement cérébral, la mort ou la mémoire ?
252
L’homo desertus (L’homme du désert)
Waldlichtung, la clairière en forêt ; je Lui préfère le désert en soi - le vide - l’espace Infini, sans. C’est libre, c’est ouvert, c’est visible. C’est le rien. Avancer ou construire ? Avec quel Matériel ? C’est en marchant que l’on rencontre d’autres Paysages. Il faut donc accomplir de l’action.
Les horizons du temps et la taille de l’espace, Ces dimensions universelles y sont également représentées. L’intensité de la lumière est fonction de la lucidité De l’œil. Prétendre constituer ou reconstituer Du vrai en marchant. Degré de subjectivité De la conscience ?
Pensée intuitive, pensée Spéculative - réside déjà la possibilité De choisir le mode d’actions - ébauche de liberté.
253
Suites/Relances II
Evanescence et périmètre
De si loin pensées au plus profond transmissions concevables sans doute agitées par ma mémoire lancées, montées, explosées
Là enfin poussés par le souffle Quelques mouvements dans nos rêves des mots offerts
De moi-même, évanescence incandescence pour l'élaboration de l'œuvre
J'observe fixement l'exaltante envolée des feuilles voltigeant
pensées englouties irréelles surgissantes déplacées
J'y perçois quelque lumière...
254
Des groupes de mots, des familles, des appartenances avec l'analogie, la symbolique etc...
Un mécanisme bien huilé, en vérité.
Voilà le périmètre insignifiant de mon esprit.
255
Syntaxes amoindries
Insufflées poussées extases d'écrivain
Le non-probable, la certitude de l'échec
Associe tes coups mélange avec ta substance amoindrie pour tes quantités multiples
Il est nécessaire d'aller longtemps puiser au fond de soi-même
256
J'ai dé-pensé
J'ai dé-pensé me déplaçant perforant ce mur d'incertitudes cherchant le monde naissant derrière, ou à côté
Une pénétration sans expérience par ressemblance prolongée exploitant, refusant l'autrefois
Oui, rendre possible un avenir inconnu
Comment rendre un autrement vraisemblable ?
257
Le mot cherche
Le mot cherche se détermine d'après autour de lui
Il flotte ici un parfum d'images irréelles déplacées agressées par le temps
Le mouvement clair enflamme s'étire emporté par le soleil intérieur tout en fixant le vide
Je confonds le ciel cérébral de mon espace imaginaire avec une possibilité d'invention poétique
258
L’image et le mot
L' image et le mot l'un avec l'autre tout dépend de l'hémisphère cérébral !
Les yeux voient ce que l'esprit écrit
La pensée rôde, esquisse en mouvements le poème
Comment fixer le silence dans le vertical de son vide invisible ?
259
La nuit noire, mauve
La nuit noire, mauve et bleue, le regard Cherche en lui quelque quiétude aérienne. L'invasion des nuages déplace la pensée, La vitesse des traits et des images emporte Les mots hors du champ de conscience, la lancée Des possibilités poétiques chargées de musc, De parfums, d'aigreurs se déploie en gerbes Multicolores.
Il faut apaiser l'ardeur, calmer L'élan fougueux du jeune homme qui inspire, Certifier l'espace de sa transcendance interne, Maîtriser cette ventilation en soi pour le hors soi.
Car la vitesse jette, déplace, mange, oublie Parfois l'essentiel, parfois le pseudo-insignifiant Qui est le nouveau vecteur ou le schème de conduite.
260
L'immense réservoir humain
Ne parlons pas d'Art - Ceci serait prétentieux, Parlons d'écriture ou de poésie - Le cadre dans lequel Se situe l'auteur est plus modeste...
S'installer, lancer De l'énergie, combiner une sélection de mots d'aPrès des critères de ?...(Trop long à expliquer Sur un sonnet)
L'espace mental, l'action visuelle Quelles vérités scientifiques pour comprendre et analyser Le geste de composer ? Informatique et Biologie Pour supposer cette dimension cérébrale, cette possibilité de sublimation humaine! Le sixième continent, Comprendre L'intelligence avec son intelligence, Le cerveau avec son cerveau.
Temps, Moyens, Travail en commun, synergie de la compréhension Pour accéder à l'immense réservoir humain.
261
L’air éclate
L'air éclate comme une séquence impossible, je Prétends voir la matière. Les doigts sont ouverts Au magma. Des effets lumineux très pervers. Un souffle crache de la poussière mentale. Le Long de ma paroi interne suinte de la vérité à Lécher. La pensée frappe les structures des tempes et Cherche à sortir. La fille se retire, la fille S'étire. J'embrasse ses paupières, elle disparaît.
Le jeu de la tête à représenter. La démonstration Verbale. Une vraie logique d'artiste avec du Manquant et de l'inspiration.
Où allons-nous tous deux ? L'histoire d'un ridicule accouplement. Fade miroir de Ses yeux ou sublime soleil sexuel ? Que dit-il lui le Lecteur voyeur, critique subtil, méprisant toutefois ?
262
Au zénith
Au zénith, la nuit obscure dans la tête. La volonté de comprendre, d'aller outrer. Sous le poids de l'ignorance. Méninges, rapiécer avec techniques, espère-t-il les éléments. L'œil plonge dans son espace, la main récolte les caractères et syllabes.
Demi-tour, à l'intérieur ! La pensée prétend triompher et ressuscite. Je dirai d'une voix basse : "Tel est ton triomphe, - cela et rien de plus. Le poème est écrit."
263
Au fond du Moi
Au fond du Moi, il insiste, encore et maintenant. Il prétend respirer, il dicte, souffle haletant hors d'atteinte l'autre
contemple la Cité et cette logique de mots, de constructions de langage et d'assemblage forme irréelle ou fantomatique structure délétère.
264
Suites/Relances III
Son but
Se déplacer lentement dans l'étonnant labyrinthe De son âme était pour lui un jeu intellectuel, L'univers du poème un espace curieux à Concevoir. L'aventure d'un possible audacieux, parFois. Etait-ce une passion, un vice, une dose D'exercices quotidiens ? Il voulait tenter de Déterminer sa propre limite, reconsidérer son Complexe, élargir les moyens de comprendre. Y parvenait-il ? Il prétendait avec hésitations Régler l'ordre, l'agitation et le tumulte, Il prétendait... Mais ce n'était que chimères, Qu'espoirs vainement soufflés par l'orgueil du Moi, Que folie permise par un idéal poétique rêvé : La probabilité réelle de sa réussite était nulle.
265
Des labyrinthes fangeux
Des labyrinthes fangeux, des structures internes Complexes et déplorables, un néant à combler Par le travail, par la studieuse constance pour Obtenir le : oui. Alors il avance bêtement, Besogneusement. Retours dans l'illusion, dans L'impensable, l'impossible - c'est ça : il avance. Seul, toujours seul.
Qu'importe d'être compris, d'être Lu, qu'importe ! Algèbre et ténèbre, solitude, oublis ! N'est-ce point là le lot de l'infortune poétique ?
Comment achever cette vie inutile faite de rejets, De déceptions et de pleurnicheries ? N'est-il pas Un séjour de paix où l'âme sera satisfaite ? Car de tombeau de gloire, il n'en est pas question; Des labyrinthes fangeux, des structures internes.
266
Entre dans toute joie
Entre dans toute joie : (Mise à la disposition du vers pilé) d'une clairière uniquement chancelante.
Cépages. Arbrisseaux. Ecobuages.
Donc le balancement des idées. Les sublimes soupirs à ébaucher - le tintamarre plus que parfait.
En toute gratuité, pour nul connaisseur L'entrelacement des triangles :
Pensées-applications-lecteurs, D'autres triangles.
Je reviens à ton a-forêt, pipeaux sylvestres tes gradins d'écriture, base et élévation - monte Mais l'a-forêt ?
Toi dans le lieu, nulle âme autre La tienne seulement la goutte perle, se distille. 267
Nulle célébration du lieu,
mais la goutte -----) qui est signe. Cela s'accumule, n'est-ce pas ?
Parc, sentiers, squares corrects -----) je te dis que l'oeuvre avance, que le tout s'organise. Tu ne sais pas lire ?
Tout est construit - qui voudrait s'y promener ?
268
Suites/Relances IV
Mouvements de pensées
Mouvements de pensées si subtilement maîtrisés Dans l'aurore virtuelle de l'esprit. Dodelinements De la tête de jeune éléphant qui active Sa mémoire et dit oui et dit non. Fibres et Fièvres de l'activité avec doutes parsemés d'éveil.
Dans ce Néant presque, haute entreprise ; les rayons À larges jets diffusent quelques élans clairs. Des vents légers et aériens ; le ciel se charge De rouge incandescent - c'est l'aurore explosive, Le brasier, les cendres rougeoyantes, la violence
De l'écriture, et des applications pour la feuille De papier. De ce magma, que restera-t-il Réellement d'utile ?
Des manières poétiques, Des élans stupides que tous rejèteront, en vérité.
269
Ce qui s’échappe
Ce qui s'échappe, ce qui m'échappe Filaments clairs dans l'obscurité de l'âme Puis ta houle intérieure, inventive Ta nébuleuse intuitive qui se conçoit en dehors de ton temps
La pensée suppose, implose Pour s'éjecter sur le rectangle blanc
L'oeil qui étudie Le choix dans l'éclair
270
J’ai cherché
J'ai cherché, c'était hier, un monde un songe ou une vapeur d'idée
J'avançais avec une pensée monotone et monocorde
J'avançais
Je percevais leurs souffles, je pénétrais leurs labyrinthes subtils ou insensés prétendant retrouver leur centre
Je rêvais de leurs formes, de leur méthode, de leur formule - les poètes m'étaient indispensables -
271
Écho
Mais à l'intérieur ?
Echo faisant place écho
Sans les mots pour l'écrire
Qui prétend
Qui prétend penser, agir, avancer ; et cependant il parle, ou construit, extrapole, etc.
Poussières encore ! Mais toute cette accumulation de fragments construit la stèle - les pensées associées, pulvérisées, agglomérées offrent la structure..
Primitif d'un tout !
Déformer la réduction, imposer un surcroît - plus encore...
Cela scintille et c'est soudure.
272
Les espaces obstrués
Encore les espaces obstrués Le vide à soi, le vide
Une faille peut-être
Espérant une nouvelle matière Il suppose en creusant
L'espace décomposé en soi
Traduire l'infinité
Te rencontrer encore après bien des années perdu dans ces labyrinthes d'écriture pour ces impossibilités littéraires à atteindre
La structure démantelée est à refondre
De nouveau, il explose
Le sens se liquéfie et apparaît quand il l'atteint
Le sens du continu 273
Inventé par soi-même
Pour un nouvel espace inventé par soi-même
Bleu ou blanc cosmique épuré ou vrai
Mais comment concevoir autrement ?
L'air cent fois transformé
274
Et là indistinct
Dans mon front, et là indistinct la substance cohabite avec l'inutile l'effort est vain
Sage, et toi dans le bleu ~ je te convie à la lumière pour l'immortelle semence d'être et d'être encore !
Sacrée - en demeure sacrée où les flots sirupeux et les excréments se déversent
Sacrée, ô demeure de moi-même dans l'attente d'un meilleur
Pour l'espace aisément difficilement pour l'espace
Mon temple refaçonné, purifié je me rejoins dans l'innocence d'un saint, j'accède, j'atteins Exigences de certitudes, de vérités
Déchirures qui renaissent qui relancent la haine 275
Ici à repenser et décider une nouvelle définition
Compressé, condensé, déplacé, ailleurs, autrement - l'ordre !
L'ordre et la construction des mots pour une architecture nouvelle.
Mais quoi ? Et avec qui ?
276
De rechercher en
De rechercher en de nouveaux domaines de claires résidences non pas des labyrinthes ou des cloisonnements mais l'espace intérieur inconnu à découvrir
C'est encore soi, mais un soi ignoré de sa propre conscience C'est une sorte d'aventure de l'esprit - ce qui est caché - invisible encore qui doit apparaître toutefois
De-ci de-là très à l'intérieur cherchant et balançant lumière claire, fluides de phosphore
Trajectoires inventées, déplacées, reconsidérées
Mais avec quelles matières cérébrales, quelles traces à appliquer ?
Un monde toutes les nuits qui échappe, s'enfuit 277
Infini et Un, qui se construit et délivre un message poétique
Quel message ?
278
Yeux en moi
Yeux en moi aveugles Yeux du dedans je dois mourir
Lancées et miroirs intérieurs Par le souffle, en contre bas, j'explose
Sangs jetés dans le corps, mourir L'un et l'autre - les deux
La chute, la faille, tombés
Cris pensés après cris repensés Cristal de haine, aux abois
Je verse dans le délire Tu vois, je souffre encore
Chair et nuit se tenant Dans l'angoisse et l'horreur
La fuite la mort ton Néant
279
Déplacé - repensé
Déplacé - repensé ailleurs et autrement Le territoire de la repense !
Ecriture noyée, focalisée, hérétique, agressive et violente - Ecritures !
Sans être lu mais se lire plié, à l'intérieur
Ecrasé par ses rayons monstrueux, roule en toi-même ou grimpe du moins agis
Dans ce champ mental, aie soucis de toi
Non, point souci des autres mais soucis des poètes morts - avec leur substance, ma cosubstance !
Voir à travers eux ! ou fluidifier d'autres mots
Une sorte de réplique revisitée, intemporelle - une sorte de réplique !
Et pour viser à quoi ? 280
Structures sensibles
Structures sensibles ici, structures poétiques
Le grand ouvert bouche bée pour comprendre et apprendre
Invisiblement repensé, restructuré, ailleurs
Nuits bleues d'humeur volatiles Parties de poésie jouées avec soi-même
Ombres et vols - mais repensé avec âme délétère
Serrures, sensibles, - grand ouvert c'est encore vous !
Paroles, et cette soif jamais assouvie Paroles
et
pensées
pour
s'octroyer
quelques
fragments
supplémentaires
Un instant, l'écrit, le trait mais rejeter l'agglomérat
Des routes, des réseaux, des sorties - longues avancées en soi
281
Traces de plus en plus visibles - traces -
Surfaces parallèles - en décalage - surfaces
Tombées, retombées dans tes versants
L'emporte comme s'étale
Surcroît, s'efface et cherche
Défalquer dans la transparence, le reprendre avec soi pour saisir cette trace dans cette opacité mienne
S'y perdre en plongeant Limites perpétuelles franchies - limites
Ai trouvé une trace - nuit d'aveugle
282
Endormies sur le feu
De grandes fluidités
De grandes fluidités mauves envahissent l'horizon poétique puis vont se dispersant sous la tiédeur endormie.
Qui erre ici et là dans l'oubli fatal de l'infortune ? Pour l'amour infini interdit, es-tu ma délivrance ? Une vive éclaircie dans le lointain espère quelques flamboiements extrêmes. Sont-ce des illusions du tout au tout, du supposé possible à la rumeur absurde ?
Ou de chastes soupirs ~ de purs alanguissements ~ des sursauts sporadiques ?
Vous, dans cette diaspora universelle, ô comètes de l'esprit - je veux vous rassembler dans la synthèse subtile pour un bégaiement aléatoire.
Qui invoqua ces pseudo-répliques mentales, ces intercesseurs de l'écriture, ces génies de la syntaxe ?
Au plus profond du Moi, quelqu'un y songe à mes dépens.
283
Pénétrant, et cette fièvre
Pénétrant, et cette fièvre pénétrant dans le flou, dans la haine, dans l'élan mais pénétrant encore
Là, là encore dans les flux et les élans, dans les poussées incolores de soi à soi Oui, mais en dedans
Mémoire pensée et repensée pour cette fluide ténèbre j'avance songeant à déplacer, à reconsidérer ce décor de décrépitude
Par mille profondeurs, en d'autres lieux internes te guidant - et tu réponds par le regard en avançant
D'impossibles, de riens à reculer là ici déplaçant le repos
Oui cette forêt de liens indéfaisables puis ramilles légères dans l'ombre de mon corps
Mélange de lianes, de fougères, d'élans de branches entortillées et fuyantes et ronces
Moi ayant toujours cherché et visitant
Dans le néant de mon extase, je m'illumine encore 284
La belle obscure
De toi à moi, l'obscur - dans le foisonnement Intérieur - l'obscur. Que viennent tant d'ombres Sombres et d'obscurs ! Pour que surgisse la Lumière claire enchevêtrée d'amoncellements De synapses dans l'immense luxuriance du don !
Et paix sans l'accomplissement du Moi, paix tandis Que croît, s'élance et se fortifie la ramifiCation de feuillage obscur ! La belle en glissades De courbes, en fuites éperdues, en élans inCessants, en délires de dires et pour l'écrire - l'obscur !
Ne te précipite pas, ralentis cette course folle et Figurative, ou plonge encore dans l'immanence Insouciante de la raison, dans la vasque remplie De saveurs et de haine, d'amour et d'infini.
285
Figures pensantes
Plus encore de Néant et d'obscur pour que surgissent De l'ombre des fumées enivrantes. Dans cette immense Luxuriance avec le jeu des lumières, s'élaborent de Longs filaments aériens. Le règne s'accomplit. Quel Règne ? La folie contrôlée élabore quelque peu.
Que la bouche s'y essaie ! Que la langue engluée S'exalte et se libère pour qu'il croisse et envahisse D'autres espaces clairs ou invisibles ! Un futur se propose…
286
Dans le vide
Figures disposées dans le vide Figures pensantes et articulées Dans les sinuosités angulaires escarpées Et tranchantes qui se renvoient Avec leur logique désordonnées des fragments D'images bariolées
En approche de l'esprit, les constructions Se désintègrent de couleurs en lumière, Lambeaux de toiles mortes, Vieilles souvenances oubliées
Figures déployées sur l'écran de la mémoire Là le mensonge éblouit Pour la renaissance des châteaux En élaborations incomprises
287
Pour que surgissent
Plus encore de Néant et d'obscur pour que surgissent De l'ombre des fumées enivrantes. Dans cette immense Luxuriance avec le jeu des lumières, s'élancent Longs filaments aériens. Le règne s'accomplit. Quel Règne ? La folie contrôlée élabore quelque peu.
Que la bouche s'y essaie ! Que la langue engluée S'exalte et se libère pour qu'il croisse et envahisse D'autres espaces clairs ou invisibles ! Un futur se propose…
288
Absence sinistre
Absence sinistre. Yeux à l'intérieur, est-ce là ? Le paysage se dresse d'un coup. Quelles sont les limites possibles ?
Seule l'écoute est admise. Carambolages de mots.
Comme tracée dans l'invisible, une ligne éphémère semble poindre.
J'écrase les débris de la veille ~ dédales, décombres et âme. Le silence écrase l'oubli, et l'imaginaire semble renaître.
289
Un mot cherche un mot
Un mot cherche un mot qui refuse de lui Répondre Ici commence la guirlande accrochée Aux neurones de l’âme Et quelle est cette chose Qui forme le poème ? D’autres jets lumineux Semblent pourfendre l’esprit et se répondrent Dans de sombres galaxies. Au plus profond du Moi Git un tas de sinistres poussières. J’offre mon Négatif à mon aigle crucifié. Des larmes de Sang jaillissent ici et là dans l’armature Du Néant. J’attends mon auréole et je demande Jésus. Un regard bienveillant se tourne vers La Coupole. Des cercles et d’autres cercles évasifs Toutefois. L’amour est à refaire. Une rumeur De haine circule dans la ville. J’écris encore.
290
Pour, Pour, dès qu’elle survivra à l’orée des tempêtes enrubannée d’orgasmes pensée et recomposée dans l’essence aérienne Et tel un glissement qui rebondit dans l’éveil enchanteur pour déborder d’espoirs
Ici et là et à côté ~ la localité se précise dans un centre focalisation Ce fluide, je l’entrevois comme un plasma frivole
291
Une parole déchirée Une parole déchirée dans l’air se détache et atteint son paroxysme pour éclater en mille fragments de syllabes.
Il te faut donc poursuivre, ajouter et constamment considérer l’Au-delà. Plus loin, là-bas ~ oui, l’Au-delà. Plus haut, à la recherche d’un autre signifiant, éloigné de la logique, dans du vrai pourtant. -
Silence. Et substance émanée par le songe Paroles menteuses mais créatrices cherchant une nouvelle essence de l’être. Qu’elles puissent s’associer, se concevoir pour un sublime agencement poétique !
Hauteur des mots. En soi démesurément Pour l’élévation à strates infinies, et entrevoir quelques traces de profondeur 292
Je te sais : constamment absent Ici une volonté autre - est-ce dépassement ? Le support, l’élan
Condenser la pensée pour la faire exploser en gerbes d’applications Espace très à l’intérieur Espace et toi sur le versant T’essayant à quelques délires
Et là au plus loin, puis retour en soi-même te discernant , je te dis avec combinaisons et luxes d’audaces Sur la matière, tu n’es plus Tu ne sais pas comprendre et ta perception du réel en est faussée Le vrai t’échappe, tu prétends le saisir, il est ailleurs, là évidemment ! Déplace ta certitude, redéfinis ton vrai - mais comment ? Décalant ton orgasme - en toi, profusément
293
La pensée s’enflamme et cherche à te détruire immensément
294
Futur comme toi Futur comme toi dans l’idéal incompris ~ insensé, Inconnu plaçant quelques spectaculaires estocades ~ Dans la fraction du temps ~ intervalle qui semBle ne pas suffire ~ et appliquer toutefois. L’espace en soi se déploie, élabore quelques délétères Possibilités, est au loin s’éclaire. Sur les regoupeMents, les anticipations, les interdits organisés A la demande, pour l’imparable extase.
Le trait redescend mat et impuissant, la pensée Contingentée dans des délires douteux - optique de Reproches et d’incertitudes. Puis l’omission, le rejet, Le Néant - la parenthèse - le Néant. Et toute Cette recherche, pourquoi ? Quel aspect nouvelLement créé ou quel ridicule numéro de poésie ?
295
Déplacé dans l’impossible
Déplacé dans l’impossible menteur à la Trace trompeuse ~ nulle part, en toi ~ nulle Part. Au travers, se supposait au travers. Et de s’entendre dire : va à l’âme. Tourbillons De choses floues ~ dans une spirale d’idées-fleuve, Au-delà du silence ~ oui, accrochée à l’espoir. Dedans, l’unique construction délétère, fuyante, ~ de passer par un centre ~ avec réparations intimes. Invisiblement, la fluidité déferlante se rejoint, Monte et s’étire, apposant du plasma à l’esprit.
Ainsi de la lumière visqueuse, presque sensuelle Puis ces strates gris clair solidifiant l’écrit Et l’abandon des choses souterraines ~ j’applique Le sceau sacral, et je prétends produire !
296
Promptitude, attention souhaitées
Promptitude, attention souhaitées
Accumulation de points, de signes - ils ont été numérisés pour passer de paroles ennuyeuses à des applications abstraites
Convertibilité d'images au moyen de rapports
Recherches encore pour la symbiose ou la symbolique déplacée
Créant une structure vide et inutile pour un seul exploitant
Moi toi, tu es là : ta pensée s'ouvre, toi suspendue dans l'espace que tu conçois déplaçant les stations successives du temps et de la création
Les distances et les limites forment des cobordismes douteux
297
Reconstituer la Vérité
Je reste constamment enfermé en moi-même comme si cet espace insignifiant allait me permettre de reconstituer la Vérité.
Toujours plongé, à la recherche de la lumière où le soleil fond comme une éclipse. Des labyrinthes épais ouverts sur des portes en trompe-l’œil. Je cherche pourtant. Je veux fixer l'immobilité du Réel sachant toutefois que cela est mensonge.
J'avance dans mon silence espérant y entendre le Cri. Encore, encore je suis immobile. J'impose à mon esprit de mieux penser. Halluciner est un moyen. Les Temples s'ouvrent devant mes yeux.
Ces espaces, ces espaces pour comprendre. Tu t'es enfoui dans l'intimité du Moi. La nuit est claire. Elle te nourrit de subtils savoirs.
J'abandonne mes pas poussé par une errance, titubant, titubant, avançant toutefois, quand une jetée de cendres me recouvre entièrement pour me plonger dans mon Néant.
298
299
TABLE DES MATIERES
Préface
Structures démises
Messages I
Messages II
Messages III
Messages IV
Messages V
Messages VI
Résonances I
Résonances II
Résonances III
Résonances IV
300
Résonances V
Résonances VI
Périmètres et fluidités
Suites/relances I
Suites/relances II
Suites/Relances III
Suites/ Relances IV
Endormies sur le feu
301