La Multiplication des pains
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La multiplication des pains est un miracle réalisé par Jésus de Nazareth selon les textes des évangiles : Matthieu, chapitre 14, versets 14 à 21, puis à nouveau 15, 32-38 ; Marc 6, 34-44, puis à nouveau Marc 8, 1-9 ; Luc 9, 12-17 ; Jean 6, 5-14. Ce passage intervient après la décapitation de Jean-Baptiste sur ordre d'Hérode Antipas pour répondre au désir de sa fille Salomé, et de guérisons de malades. Il préfigure la cène, dernier repas de Jésus avec ses disciples, établissant le rite de l'eucharistie dans lequel le pain est réputé incarner le corps de Jésus, donné en sacrifice sur la croix pour sauver les hommes. Une seconde multiplication des pains a lieu ultérieurement qui implique un nombre différent de gens. Matthieu et Marc sont les seuls deux évangélistes à la relater. Une comparaison superficielle du texte amène certaines personnes à affirmer à tort qu'il y a contradiction entre les récits de la multiplication des pains lorsqu'ils comparent le premier de Luc et/ou de Jean avec le second de Marc et/ou Matthieu. En fait il s'agit de deux évènements différents. Le premier évènement fait état du même nombre de personnes dans les quatre évangiles, le second n'est relaté que par Matthieu et Marc. Jésus lui même fait ultérieurement référence rétrospectivement aux deux multiplications : cf. Matthieu chapitre 16, versets 6 à 11. Dans Jean 6, 26-27, il éclaire la dimension spirituelle symbolisée par la nourriture du pain : 26 Jésus leur répondit: En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non parce que vous 2
avez vu des miracles, mais parce que vous avez mangé des pains et que vous avez été rassasiés. 27 Travaillez, non pour la nourriture qui périt, mais pour celle qui subsiste pour la vie éternelle, et que le Fils de l'homme vous donnera; car c'est lui que le Père, que Dieu a marqué de son sceau.
Sources Nouveau Testament, traduction Louis Segond
Evangile de Matthieu 14, 14-21
14 Quand il sortit de la barque, il vit une grande foule, et fut ému de compassion pour elle, et il guérit les malades. 15 Le soir étant venu, les disciples s'approchèrent de lui, et dirent : Ce lieu est désert, et l'heure est déjà avancée ; renvoie la foule, afin qu'elle aille dans les villages, pour s'acheter des vivres. 16 Jésus leur répondit : Ils n'ont pas besoin de s'en aller ; donnez-leur vous-mêmes à manger. 17 Mais ils lui dirent : Nous n'avons ici que cinq pains et deux poissons. 18 Et il dit: Apportez-les-moi. 19 Il fit asseoir la foule sur l'herbe, prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux vers le ciel, il rendit grâces. Puis, il rompit les pains et les donna aux disciples, qui les distribuèrent à la foule. 20 Tous mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta douze paniers pleins des morceaux qui restaient. 21 Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille hommes, sans les femmes et les enfants.
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Evangile de Matthieu 15, 32-38
32 Et Jésus, ayant appelé à lui ses disciples, dit : Je suis ému de compassion envers la foule, car voici trois jours déjà qu'ils demeurent auprès de moi, et ils n'ont rien à manger ; et je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur qu'ils ne défaillent en chemin. 33 Et ses disciples lui disent : D'où aurions-nous dans le désert assez de pains pour rassasier une si grande foule ? 34 Et Jésus leur dit: Combien avez-vous de pains ? Et ils dirent: sept, et quelques petits poissons. 35 Et il commanda aux foules de s'asseoir sur la terre. 36 Et ayant pris les sept pains et les poissons, il rendit grâces et les rompit et les donna à ses disciples, et les disciples à la foule. 37 Et ils mangèrent tous et furent rassasiés ; et ils ramassèrent, des morceaux qui étaient de reste, sept corbeilles pleines. 38 Or ceux qui avaient mangé étaient quatre mille hommes, outre les femmes et les enfants.
Evangile de Marc 6, 34 – 44
36 renvoie-les, afin qu'ils aillent dans les campagnes et dans les villages des environs, pour s'acheter de quoi manger. 37 Jésus leur répondit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais ils lui dirent: Irions-nous acheter des pains pour deux cents deniers, et leur donnerions-nous à manger ?
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38 Et il leur dit : Combien avez-vous de pains ? Allez voir. Ils s'en assurèrent, et répondirent : Cinq, et deux poissons. 41 Il prit les cinq pains et les deux poissons et, levant les yeux vers le ciel, il rendit grâces. Puis, il rompit les pains, et les donna aux disciples, afin qu'ils les distribuassent à la foule. Il partagea aussi les deux poissons entre tous. 42 Tous mangèrent et furent rassasiés, 43 et l'on emporta douze paniers pleins de morceaux de pain et de ce qui restait des poissons. 44 Ceux qui avaient mangé les pains étaient cinq mille hommes.
Evangile de Marc 8, 1 - 9
1 En ces jours-là, une foule nombreuse s'étant de nouveau réunie et n'ayant pas de quoi manger, Jésus appela les disciples, et leur dit : 2 Je suis ému de compassion pour cette foule ; car voilà trois jours qu'ils sont près de moi, et ils n'ont rien à manger. 3 Si je les renvoie chez eux à jeun, les forces leur manqueront en chemin; car quelques-uns d'entre eux sont venus de loin. 4 Ses disciples lui répondirent : Comment pourrait-on les rassasier de pains, ici, dans un lieu désert ? 5 Jésus leur demanda : Combien avez-vous de pains? Sept, répondirent-ils. 6 Alors il fit asseoir la foule par terre, prit les sept pains, et, après avoir rendu grâces, il les rompit, et les donna à ses disciples pour les distribuer ; et ils les distribuèrent à la foule. 5
7 Ils avaient encore quelques petits poissons, et Jésus, ayant rendu grâces, les fit aussi distribuer. 8 Ils mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta sept corbeilles pleines des morceaux qui restaient. 9 Ils étaient environ quatre mille. Ensuite Jésus les renvoya.
Evangile de Luc 9, 12 - 17
12 Comme le jour commençait à baisser, les douze s'approchèrent, et lui dirent : Renvoie la foule, afin qu'elle aille dans les villages et dans les campagnes des environs, pour se loger et pour trouver des vivres ; car nous sommes ici dans un lieu désert. 13 Jésus leur dit : Donnez-leur vous-mêmes à manger. Mais ils répondirent : Nous n'avons que cinq pains et deux poissons, à moins que nous n'allions nous-mêmes acheter des vivres pour tout ce peuple. 14 Or, il y avait environ cinq mille hommes. Jésus dit à ses disciples: Faites-les asseoir par rangées de cinquante. 15 Ils firent ainsi, ils les firent tous asseoir. 16 Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux vers le ciel, il les bénit. Puis, il les rompit, et les donna aux disciples, afin qu'ils les distribuassent à la foule. 17 Tous mangèrent et furent rassasiés, et l'on emporta douze paniers pleins des morceaux qui restaient.
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Evangile de Jean 6, 5 - 14
Ayant levé les yeux, et voyant qu'une grande foule venait à lui, Jésus dit à Philippe : Où achèterons-nous des pains, pour que ces gens aient à manger ? 6 Il disait cela pour l'éprouver, car il savait ce qu'il allait faire. 7 Philippe lui répondit : Les pains qu'on aurait pour deux cents deniers ne suffiraient pas pour que chacun en reçût un peu. 8 Un de ses disciples, André, frère de Simon Pierre, lui dit : 9 Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons ; mais qu'est-ce que cela pour tant de gens ? 11 Jésus prit les pains, rendit grâces, et les distribua à ceux qui étaient assis ; il leur donna de même des poissons, autant qu'ils en voulurent. 12 Lorsqu'ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Ramassez les morceaux qui restent, afin que rien ne se perde. 13 Ils les ramassèrent donc, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux qui restèrent des cinq pains d'orge, après que tous eurent mangé.
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Première multiplication des pains selon Maria Valtorta
La première multiplication des pains
C'est toujours le même endroit. Seulement le soleil ne vient plus de l'orient en filtrant à travers le fourré qui borde le Jourdain en ce lieu sauvage près de l'endroit où les eaux du lac débouchent dans le lit du fleuve, mais il arrive, pareillement oblique, du couchant, pendant qu'il descend dans une gloire de rouge, en rayant le ciel de ses derniers rayons. Et sous l'épais feuillage, la lumière est très adoucie et tend vers les teintes paisibles du soir. Les oiseaux, enivrés du soleil qu'ils ont eu tout le jour, de la nourriture abondante qu'ils ont prise dans les campagnes voisines, se livrent à une bacchanale de trilles et de chants au sommet des arbres. Le soir tombe avec les pompes finales de la journée. Les apôtres le font remarquer à Jésus qui donne toujours son enseignement d'après les exemples qui se présentent à Lui.
"Maître, le soir approche, l'endroit est désert, éloigné des maisons et des villages, ombreux et humide. Sous peu, ici il ne sera plus possible de nous voir ni de marcher. La lune se lève tard. Renvoie le peuple pour qu'il aille à Tarichée ou aux villages du Jourdain pour acheter de la nourriture et chercher un logement."
"Il n'est pas nécessaire qu'ils s'en aillent. Donnez-leur à manger, ils peuvent dormir ici comme ils ont dormi en m'attendant." "Il ne nous reste que cinq pains et deux poissons, Maître, tu le sais." "Apportez-les-moi." 8
"André, va chercher l'enfant. C'est lui qui garde la bourse. Il y a peu de temps il était avec le fils du scribe et deux autres, occupé à se faire des couronnes de fleurs en jouant au roi." André y va vivement et aussi Jean et Philippe se mettent à chercher Margziam dans la foule toujours en déplacement. Ils le trouvent presque en même temps, avec son sac de vivres en bandoulière, un long sarment de clématite enroulé autour de la tête et une ceinture de clématite de laquelle pend, en guise d'épée, une massette dont la garde est la massette proprement dite, la lame sa tige. Avec lui, il y en a sept autres pareillement chamarrés, et ils font un cortège au fils du scribe, un enfant très grêle, avec l’œil très sérieux de qui a tant souffert qui, plus fleuri que les autres, tient le rôle de roi.
"Viens, Margziam. Le Maître te demande !" Margziam plante là ses amis et s'en va rapidement, sans même enlever ses... ornements floraux, mais les autres le suivent aussi et Jésus est vite entouré d'une couronne d'enfants enguirlandés. Il les caresse pendant que Philippe sort du sac un paquet avec du pain, au milieu duquel sont enveloppés deux gros poissons : deux kilos de poissons, un peu plus. Insuffisants même pour les dix-sept, ou plutôt les dix-huit avec Manaën, de la troupe de Jésus. On apporte ces vivres au Maître. "C'est bien. Maintenant apportez-moi des paniers. Dix-sept, un pour chacun. Margziam donnera la nourriture aux enfants ..." Jésus regarde fixement le scribe qui est toujours resté près de Lui et lui demande : "Veux-tu donner, toi aussi, la nourriture aux affamés ?" "Cela me plairait, mais moi aussi j'en suis démuni." "Donne la mienne. Je te le permets." "Mais... tu as l'intention de rassasier presque cinq mille hommes, et en plus les femmes et les enfants, avec ces deux poissons et ces cinq pains ?" "Sans aucun doute. Ne sois pas incrédule. Celui qui croit, verra s'accomplir le miracle." 9
"Oh ! Alors, je veux bien distribuer la nourriture, moi aussi !" "Alors, fais-toi donner un panier, toi aussi." Les apôtres reviennent avec des paniers et des corbeilles larges et peu profonds, ou bien profonds et étroits. Et le scribe revient avec un panier plutôt petit. On se rend compte que sa foi ou son manque de foi lui a fait l’a fait choisir comme le plus grand possible.
"C'est bien. Mettez tout ici devant et faites asseoir les foules en ordre, en rangs réguliers, autant que possible."
Et pendant cette opération, Jésus élève les pains avec les poissons par-dessus, les offre, prie et bénit. Le scribe ne le quitte pas un instant des yeux. Puis, Jésus rompt les cinq pains en dix-huit parts et de même les deux poissons en dix-huit parts. Il met un morceau de poisson, un bien petit morceau, dans chaque panier et fait des bouchées avec les dix-huit morceaux de pain. Chaque morceau en plusieurs bouchées. Elles sont nombreuses relativement : une vingtaine, pas plus. Chaque morceau est placé dans un panier, après avoir été fragmenté, avec le poisson.
"Et maintenant prenez et donnez à satiété. Allez. Va, Margziam, le donner à tes compagnons." "Oh ! Comme c'est lourd !" dit Margziam en soulevant son panier et en allant tout de suite vers ses petits amis. Il marche comme s'il portait un fardeau.
Les apôtres, les disciples, Manaën, le scribe le regardent partir ne sachant que penser... Puis ils prennent les paniers, et en secouant la tête, se disent l'un à l'autre : "Le gamin plaisante ! Ce n'est pas plus lourd qu'avant." Le scribe regarde aussi à l'intérieur et met la main pour tâter au fond du panier parce qu'il n'y a plus beaucoup de lumière, là, sous le couvert où Jésus se trouve, alors que plus loin, dans la clairière, il fait encore assez clair. Mais pourtant, malgré la constatation, ils vont 10
vers les gens et commencent la distribution. Ils donnent, ils donnent, ils donnent. Et de temps à autre, ils se retournent, étonnés, de plus en plus loin, vers Jésus qui, les bras croisés, adossé à un arbre, sourit finement de leur stupeur.
La distribution est longue et abondante... Le seul qui ne manifeste pas d'étonnement c'est Margziam qui rit, heureux de remplir de pain et de poisson les mains de tant de pauvres enfants. Il est aussi le premier à revenir vers Jésus, en disant : "J'ai tant donné, tant, tant !... car je sais ce que c'est que la faim ..." et il lève son visage qui n'est plus émacié qu'en un souvenir maintenant disparu cependant il pâlit, en écarquillant les yeux... Mais Jésus le caresse et le sourire revient, lumineux, sur ce visage enfantin qui, confiant, s'appuie contre Jésus, son Maître et Protecteur.
Tout doucement les apôtres et les disciples reviennent, rendus muets par la stupeur. Le dernier, le scribe qui ne dit rien. Mais il fait un geste qui est plus qu'un discours : il s'agenouille et baise la frange du vêtement de Jésus. "Prenez votre part, et donnez-m'en un peu. Mangeons la nourriture de Dieu."
Ils mangent en effet du pain et du poisson, chacun selon son appétit... Pendant ce temps, les gens, rassasiés, échangent leurs impressions. Même ceux qui sont autour de Jésus se risquent à parler en regardant Margziam qui, en finissant son poisson, plaisante avec les autres enfants.
"Maître, demande le scribe, pourquoi l'enfant a-t-il tout de suite senti le poids, et nous pas ? J'ai même fouillé à l'intérieur. Il n'y avait toujours que ces quelques bouchées de pain et cet unique morceau de poisson. J'ai commencé à sentir le poids en allant vers la foule, mais si cela avait pesé pour la quantité que j'ai donné, il aurait fallu un couple de mulets pour le transport, non plus le panier, mais un char complet chargé de nourriture. Au début, j'y allais doucement... puis je me
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suis mis à donner, à donner, et pour ne pas être injuste, je suis revenu vers les premiers en faisant une nouvelle distribution parce qu'aux premiers j'avais donné peu de chose. Et pourtant, il y en a eu assez."
"Moi aussi, j'ai senti que le panier devenait lourd pendant que j'avançais, et tout de suite j'ai donné abondamment, car j'ai compris que tu avais fait un miracle." dit Jean.
"Moi, au contraire, je me suis arrêté et me suis assis, pour renverser sur mon vêtement le fardeau et me rendre compte... Alors j'ai vu des pains et des pains, et j'y suis allé." dit Manaën.
"Moi, je les ai même compté pour ne pas faire piètre figure. Il y avait cinquante petits pains. Je me suis dit : "Je vais les donner à cinquante personnes, et puis je reviendrai." Et j'ai compté. Mais, arrivé à cinquante, il y avait toujours le même poids. J'ai regardé à l'intérieur. Il y en avait encore tant. Je suis allé de l'avant et j'en ai donné par centaine. Mais cela ne diminuait jamais." dit Barthélemy.
"Moi, je le reconnais, je n'y croyais pas. J'ai pris dans mes mains les bouchées de pain et ce petit morceau de poisson et je les regardais en disant : "À quoi cela va servir ? Jésus a voulu plaisanter !..." et je les regardais, je les regardais, restant caché derrière un arbre, espérant et désespérant de les voir croître. Mais c'était toujours la même chose. J'allais revenir quand Mathieu est passé et m'a dit : "Tu as vu comme ils sont beaux ?" "Quoi ?" ai-je dit. "Mais les pains et les poissons !... " 12
"Tu es fou ? Moi, je vois toujours des morceaux de pain." "Va les distribuer avec foi, et tu verras. J’ai jeté dans le panier ces quelques bouchées et je suis allé avec réticence… Et puis… pardonne-moi, Jésus car je suis pécheur !", dit Thomas. "Non, tu es un esprit du monde. Tu raisonnes comme les gens du monde." "Moi aussi, Seigneur, alors", dit l’Iscariote. "Au point que j’ai pensé donner une pièce avec le pain en pensant : "Ils mangeront ailleurs." J’espérais t’aider à faire meilleure figure. Que suis-je donc, moi ? Comme Thomas ou davantage ?" "Bien plus que Thomas, tu es "monde." "Mais pourtant j’ai pensé faire l’aumône pour être Ciel ! C’étaient mes deniers à moi…" "Aumône à toi-même et à ton orgueil et non pas à Dieu. Ce dernier n’en a pas besoin et l’aumône à ton orgueil est une faute, pas un mérite."
Judas baisse la tête et se tait. "Moi de mon côté, dit Simon le Zélote, je pensais que cette bouchée de poisson, ces bouchées de pain, il me fallait les fragmenter pour qu’elles suffisent. Mais je ne doutais pas qu’elles auraient suffit pour le nombre et la valeur nutritive. Une goutte d’eau, donnée par Toi, peut être plus nourrissante qu’un banquet." "Et vous, que pensiez-vous ?" demande Pierre aux cousins de Jésus. "Nous nous rappelions Cana… et nous ne doutions pas" dit sérieusement Jude. "Et toi, Jacques, mon frère, tu n’as pensé qu’à cela ?" "Non. J’ai pensé que c’était un sacrement. Comme tu m’en as parlé… Est-ce ainsi ou je me trompe ?" Jésus sourit : "Oui et non. À la vérité de la puissance d’une goutte d’eau, exprimée par Simon, il faut ajouter ta pensée pour une figure lointaine. Mais ce n’est pas encore un sacrement." 13
Le scribe garde une croûte entre ses doigts. "Qu’en fais-tu ?" "Un… souvenir." "Je la garde moi aussi. Je la mettrai au cou de Margziam dans un sachet.", dit Pierre. "Moi, je la porterai à notre mère." dit Jean. "Et nous ? Nous avons tout mangé…" disent les autres, mortifiés. "Levez-vous. Faites de nouveau le tour avec les paniers, recueillez les restes. Séparez les gens les plus pauvres d’avec les autres et amenez-les-moi ici, avec les paniers. Et puis vous, mes disciples, allez tous vers les barques et prenez le large pour aller à la plaine de Génésareth. Je vais congédier les gens après avoir fait une distribution aux plus pauvres et puis je vous rejoindrai."
Les apôtres obéissent... et reviennent avec douze paniers combles de restes, et suivis d'une trentaine de mendiants ou de personnes très misérables. "C'est bien. Allez."
Les apôtres et ceux de Jean saluent Manaën et s'en vont avec un peu de regret de quitter Jésus. Mais ils obéissent. Manaën attend, pour quitter Jésus, que la foule, aux dernières lueurs du jour, s'en aille vers les villages ou cherche une place pour dormir parmi les joncs hauts et secs. Puis il fait ses adieux. Avant lui s'en est allé le scribe, un des premiers même, parce que, avec son petit garçon, il a suivi les apôtres.
Lorsque tout le monde est parti ou s'est endormi, Jésus se lève, bénit les dormeurs et à pas lents se dirige vers le lac, vers la péninsule de Tarichée élevée de quelques mètres comme si c'était une avancée de colline dans le lac. Lorsqu'il en a rejoint le pied, sans entrer dans la ville, mais en la 14
côtoyant, il gravit le monticule et s'installe sur un rocher, pour prier, face à l'azur et à la blancheur du clair de lune dans la nuit sereine.
Seconde multiplication des pains selon Maria Valtorta
Je vois un endroit qui n'est certainement pas une plaine. Ce n'est pas non plus la montagne. Il y a des montagnes à l'orient, mais elles sont un peu loin. Puis il y a une petite vallée et des hauteurs plus basses et plates; des plateaux herbeux. Il semble que ce soit les premières pentes d'un groupe de collines. Le terrain est plutôt aride et sans arbres. Il y a une herbe courte et rare, disséminée sur un terrain caillouteux. Çà et là quelques rares touffes de buissons épineux. Du côté de l'occident, l'horizon s'élargit vaste et lumineux. Je ne vois pas autre chose comme nature. il fait encore jour mais je dirais que le soir commence, car l'occident est rouge à cause du crépuscule alors que les monts du côté de l'orient sont déjà violets dans la lumière qui devient crépusculaire. Un commencement de crépuscule qui rend plus sombres les failles profondes, et presque violettes les parties plus élevées.
Jésus est debout sur un gros rocher et il parle à une foule très nombreuse répandue sur le plateau. Les disciples l'entourent. Lui, encore plus haut sur son rustique piédestal, domine une foule de gens de tous âges et de toutes conditions qui l'entourent.
Il doit avoir accompli des miracles car je l'entends dire : "Ce n'est pas à Moi mais à Celui qui m'a envoyé que vous devez offrir louange et reconnaissance. Et la louange, ce n'est pas celle qui sort comme un souffle des lèvres distraites. Mais c'est celle qui monte du cœur et qui est le véritable sentiment de votre cœur. Celle-là est agréable à Dieu. Que ceux qui sont guéris aiment le Seigneur d'un amour de fidélité, et que l'aiment les parents de ceux qui sont guéris. Du don de la 15
santé retrouvée ne faites pas un mauvais usage. Plus que des maladies du corps, ayez peur des maladies du cœur. Et n'ayez pas la volonté de pécher. Car tout péché est une maladie. Et il y en a qui sont tels qu'ils peuvent donner la mort. Maintenant donc vous tous, qui à cette heure vous vous réjouissez, ne détruisez pas par le péché la bénédiction de Dieu. Votre joie tarirait car les mauvaises actions enlèvent la paix, et là où il n 'y a pas de paix, il n'y a pas de joie. Mais soyez saints, soyez parfaits comme votre Père le veut. Il le veut parce qu'Il vous aime, et à ceux qu'il aime, il veut donner un Royaume. Mais dans son Royaume saint n'entrent que ceux que la fidélité à la Loi rend parfaits. La paix de Dieu soit avec vous."
Jésus se tait. il croise les bras sur la poitrine et, les bras ainsi croisés, il observe la foule qui est autour de Lui. Puis il regarde tout autour. Il lève les yeux vers le ciel serein qui devient toujours plus sombre à mesure que la lumière décroît. Il réfléchit. Il descend de son rocher. Il parle aux disciples : "J'ai pitié de ces gens. Ils me suivent depuis trois jours. Ils n'ont plus de provisions avec eux. Nous sommes loin de tout village. Je crains que les plus faibles souffrent trop, si Moi je les renvoie sans les nourrir."
"Et comment veux-tu faire, Maître ? Tu le dis : nous sommes loin de tout village. Dans ce lieu désert, où trouver du pain ? Et qui nous donnerait assez d'argent pour en acheter pour tout le monde ?" "N'avez-vous rien avec vous ?" "Nous avons quelques poissons et quelques morceaux de pain : les restes de notre nourriture, Mais cela ne suffit pour personne. Si tu les donnes à ceux qui sont les plus proches, cela va faire du grabuge. Tu nous en prives et tu ne fais du bien à personne." C'est Pierre qui parle. "Apportez-moi ce que vous avez." Ils apportent un petit panier avec à l'intérieur sept morceaux de pain. Ce ne sont même pas des pains entiers. Il semble que ce soit de gros morceaux coupés dans de grandes miches. Ensuite les poissons petits, c'est une poignée de pauvres bestioles roussies. "Faites asseoir cette foule par groupes de cinquante et qu'ils restent tranquilles et silencieux, s'ils veulent manger."
Les disciples, les uns montant sur des pierres, les autres circulant parmi les gens, se donnent du 16
mal pour mettre l'ordre réclamé par Jésus. À force d'insister ils y réussissent. Quelque enfant pleurniche parce qu'il a faim et sommeil, quelque autre parce que, pour le faire obéir, la mère ou quelque autre parent lui a administré une gifle.
Jésus prend les pains, pas tous naturellement : deux à la fois, un dans chaque main, les offre et puis les pose et le bénit. Il prend les petits poissons. Il y en a si peu qu’ils tiennent tous dans le creux de ses longues mains. Il les offre eux aussi et puis les pose et les bénit aussi.
"Et maintenant prenez, faites le tour de la joule et donnez abondamment à chacun."
Les disciples obéissent.
Jésus, debout, blanche silhouette qui domine tout ce peuple assis en larges groupes qui couvrent tout le plateau, observe et sourit.
Les disciples vont et vont, toujours plus loin. Ils donnent et donnent encore. Et le panier est toujours plein de nourriture. Les gens mangent, alors que le soir descend et il y a un grand silence et une grande paix.
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Première multiplication des pains Evangile selon Saint Matthieu 14, 14-21
Première multiplication des pains 13 L’ayant appris Jésus se retira en bateau vers un lieu Désert, à l’écart. Mais les foules l’apprirent, à pied Depuis les villes, elles le suivirent. 14 En débarquant Il vit une foule nombreuse, il eut pitié D’eux et guérit leurs infirmes.
15 Or, le soir venu, Les disciples s’approchèrent et lui dirent ceci : “ Le lieu est désert, et l’heure est passée, renvoie Les foules pour qu’elles s’en aillent dans les bourgs acheter A manger. ” 16 Jésus leur dit : “ Elles n’ont pas besoin De s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. ” 17
Mais ils lui disent : “ Nous n’avons ici que cinq pains Et deux poissons. ” 18 Et il dit : “ Apportez-les moi Ici. ” 19 Il donna l’ordre aux foules de l’étendre Et ayant pris les cinq pains et les deux poissons
18
Regardant au ciel, il dit la bénédiction, Il rompit les pains et les donna aux disciples Qui les donnèrent aux foules. 20 Tous en mangèrent et furent Rassasiés, et l’on enleva ce qui restait Des morceaux : douze couffins pleins ! 21 Or ceux qui mangèrent Étaient environ cinq mille hommes, sans compter femmes Et enfants.
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Seconde multiplication des pains Evangile selon Saint Matthieu 15, 32-38
Seconde multiplication des pains
32 Jésus appela à lui Ses disciples et dit : “ J’ai pitié de cette foule, Car voilà déjà trois jours qu’ils restent avec moi, Et ils n’ont pas de quoi manger. Je ne veux pas Les renvoyer à jeun de peur qu’ils ne défaillent En chemin. ” 33 Les disciples lui disent : “ Où trouver Dans un désert assez de pains pour rassasier Une telle foule ? 34 Et Jésus leur dit : “ Combien De pains avez-vous ? ”, “ Sept avec quelques petits Poissons ”, dirent-ils.
35 Il ordonna à la foule De s’étendre par terre, 36 et il prit les sept pains Et les poissons, et rendant grâces, il les rompit ; Il les donnait aux disciples, les disciples aux foules. 37
Et ils mangèrent tous, ils furent rassasiés. Or ce qui restait des morceaux, on l’enleva : Sept corbeilles pleines ! 38 Quant aux mangeurs, ils étaient Quatre mille, sans compter femmes et enfants. Il renvoya les foules, entra dans le bateau, Puis il vint dans le territoire de Magadan. 20
Première multiplication des pains Evangile selon Saint Marc 6, 34-44
Première multiplication des pains
30 Auprès De Jésus, les Apôtres se rassemblent, alors Ils lui annoncèrent tout ce qu'ils avaient sait, tout Ce qu'ils avaient enseigné. 31 I1 leur dit : "Venez A l'écart, dans un lieu désert, reposez-vous Un peu."
Les arrivants et les partants étaient Nombreux et l'on n'avait pas le temps de manger. 32
Ils s'en allèrent en bateau dans un lieu Désert à l'écart. 33 On les vit partir. Beaucoup Les reconnurent et à pied, de toutes les villes, On y accourut, on les devança. 34. Il vit, En débarquant une foule nombreuse, il eut Pitié d'eux, car ils étaient comme des brebis Qui n'ont pas de berger. Alors il commença A lui enseigner beaucoup de choses. 35 Déjà l'heure Se faisait avancée, s'approchèrent de lui Ses disciples qui disaient : "Le lieu est désert,
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Déjà l'heure est avancée; 36 renvoie-les afin Qu'ils aillent dans les hameaux d'alentour et les bourgs Pour acheter de quoi manger."
37 Mais répondant, Il leur dit : "Donnez-leur donc vous-mêmes à manger." Ils lui disent : "Nous faudra-t-il aller acheter Deux cents deniers de pain pour que nous leur donnions A manger ?" 38 Mais il leur dit : "Combien avez-vous De pains ? Allez voir." S'étant assurés, ils disent : "Cinq, et deux poissons." 34 Alors il leur commanda De s'étendre tous par tablées sur l'herbe verte. 40
Ils s'étendirent par carrés de cent, par carrés De cinquante, 41 Ayant pris les cinq pains et les deux Poissons, ayant levé les yeux au ciel, il dit La bénédiction, rompit des pains, aux disciples Il les donnait pour les leur servir. Entre tous Il partagea les deux poissons. 42 Ils mangèrent tous Et furent rassasiés, 43 Alors on enleva Douze corbeilles remplies de pain et de poisson,
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Et ils étaient cinq mille hommes à manger les pains.
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Seconde multiplication des pains Evangile selon Saint Marc 8, 1-9
Seconde multiplication des pains
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En ces jours-là, comme il y avait de nouveau Une foule nombreuse et que l'on n'avait pas De quoi manger, il appelle à lui les disciples Et dit : " J'ai pitié de cette foule, car voilà Déjà trois jours qu'ils sont près de moi, ils n'ont pas De quoi manger. 3 Et si je les renvoie chez eux A jeun, ils défailliront en chemin, certains D'entre eux sont de loin !" 4 "Comment pourra-t-on ici, Lui répondirent ses disciples, les rassasier De pains en plein désert ? " 5 Ils les interrogeaient : "Combien avez-vous de pains ?" Alors ils dirent : "Sept."
Il prescrit à la foule ale s'étendre par terre. Il prit les sept pains, rendant grâces, il les rompit Il les donnait à ses disciples pour les servir, Ils les servirent à la foule. 7 Ils avaient aussi Quelques petits poissons et les ayant bénis Il les fit aussi servir. 8 Ils mangèrent et fusent Rassasiés. Des morceaux, on enleva des restes :
Sept corbeilles ! 9 Ils étaient environ quatre mille Et il les renvoya. 10 Montant dans le bateau, 23
Aussitôt avec ses disciples, dans la région De Dalmanouatha, il s'en vint.
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Première multiplication des pains Evangile selon Saint Luc 9, 12-17
Première multiplication des pains 12 Le jour se mit à baisser. S’avançant, les Douze Lui dirent :" Renvoie la foule qu’ils aillent dans les villages A la ronde et dans les hameaux, ils trouveront Logis et vivres, nous sommes dans un lieu désert Ici."
13 Mais il leur dit : "Donnez leur à manger Vous-mêmes." Il dirent : "Nous n’avons pas plus de cinq pains Et de deux poissons. A moins peut-être d’aller Nous-mêmes acheter à manger pour tout ce peuple." 14
Car ils étaient environ cinq mille hommes. Il dit A ses disciples : "Faites-les s’allonger par groupes D’environ cinquante." 15 Ils agirent ainsi et tous, Ils les firent s’allonger. 16 Ayant pris les cinq pains Avec les deux poissons, levant les yeux au ciel, Il les bénit et les rompit, il les donnait Aux disciples afin de les servir à la foule.
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Alors ils mangèrent et ils furent tous rassasiés, Et on enleva ce qui leur était resté De morceaux : douze couffins !
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Première multiplication des pains Evangile selon Saint Jean 6, 1-14
La multiplication des pains
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Après cela, de l'autre côté de la mer, De Galilée, de Tibériade, Jésus alla.
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Ainsi une foule nombreuse le suivait Parce qu'on voyait les signes qu'il faisait sur ceux Qui étaient malades. 3 Jésus gravit la montagne, Là, il s'asseyait avec ses disciples. 4 La Pâque, La fête des Juifs était proche.
5 Levant les yeux Et voyant qu'une nombreuse foule vint vers lui, Jésus dit à Philippe : "Comment pour que ces gens Aient à manger, pourrions-nous acheter des pains ?" Mais il disait cela pour le mettre à l'épreuve Car il savait, lui, ce qu'il allait faire.
7 Philippe Lui répondit ceci : "Deux cents deniers de pains Ne suffiraient pas pour que chacun en reçoive Un petit peu."
8 Et Jésus dit : "Faites s'étendre Les gens," parce qu'il y avait là beaucoup d'herbe. 26
Les hommes s'étendirent au nombre d'environ Cinq mille. 11 Jésus prit les pains, ayant rendu grâce, Il les distribua aux convives, et de même Des menus poissons, autant qu'ils le désirèrent.
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Et quand ils furent repus, il dit à ses disciples : "Ramassez les morceaux, qui sont restés afin Que rien ne se perde."
13 Alors ils les ramassèrent Remplissant douze couffins avec les morceaux Des cinq pains d'orge qui étaient (donc) restés après Qu'ils eurent mangé. 14 Les gens disaient, voyant le signe Qu'il avait fait : "Celui-ci est bien le prophète Qui doit venir dans le monde. " 15 Jésus, connaissant Qu'on allait venir l'enlever pour le faire roi, S'enfuit encore dans la montagne, tout seul.
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Première multiplication des pains selon Anne-Catherine Emmerich
Ce matin Jésus se rendit sur la montagne où il avait fait déjà, à plusieurs reprises, son sermon sur les béatitudes. Tout le peuple était déjà arrivé et beaucoup de malades avaient été rangés dans un emplacement commode et abrité : les autres apôtres et les disciples avaient tout préparé et ordonné. Jésus et les apôtres commencèrent à guérir et à enseigner. Beaucoup de gens qui, en cette occurrence, étaient venus à Capharnaüm pour la première fois, reçurent le baptême : on les fit s'agenouiller en cercle et ils furent baptisés par aspersion, trois par trois, avec de l'eau qu'on avait apportée dans des outres.
La sainte Vierge, ses demi sœurs et d'autres femmes étaient venues et elles s'occupaient des femmes et des enfants malades : mais elles ne parlèrent pas à Jésus et elles retournèrent à Capharnaüm d'assez bonne heure dans l'après-midi.
Jésus enseigna encore sur les huit béatitudes et il arriva aujourd'hui à la sixième. Il répéta aussi devant cette nombreuse assistance l'enseignement sur la prière déjà commencé dans l'hospice de Capharnaüm, et il leur expliqua les diverses demandes de l'oraison dominicale.
Cependant il était déjà plus de quatre heures et la multitude qui était là n'avait rien à manger. Ils étaient partis dès la veille pour le suivre, et les petites provisions qu'ils avaient apportées étaient épuisées. Plusieurs d'entre eux se sentaient très affaiblis et les femmes et les enfants souffraient de la faim. Quand les apôtres en furent instruits, ils vinrent trouver Jésus et le prièrent de terminer son instruction afin que ces gens pussent avant la nuit chercher un abri et acheter du pain, car les 28
forces leur manquaient déjà. Jésus leur dit : " Il n'est pas nécessaire qu'ils s'en aillent, donnez-leur à manger ." Philippe répondit : " Devons-nous aller acheter pour deux cents deniers de pain pour leur donner à manger " ? Il dit cela avec un peu de mécontentement, parce qu'il croyait que Jésus entendait qu'ils allassent avec de grandes fatigues recueillir du pain pour tout ce monde dans la contrée environnante. Mais Jésus leur dit : " voyez ce que vous avez de pain ", et il reprit son discours.
Il y avait là un serviteur qui avait apporté cinq pains et deux poissons pour les apôtres de la part de son maître et André le dit à Jésus en ajoutant ces mots : "Mais qu'est-ce que cela pour tant de monde? "Jésus leur commanda d'apporter ce qu'ils avaient et quand les pains et les poissons eurent été déposés près de lui sur le gazon, il continua à expliquer l'oraison dominicale et spécialement la demande relative au pain quotidien. Quelques-uns des assistants commençaient à tomber en défaillance et beaucoup d'enfants demandaient du pain en pleurant. Alors Jésus dit à Philippe : " Ou achèterons-nous du pain pour donner à manger à ces gens " ? Il disait cela pour l'éprouver, car il le savait préoccupé de la pensée qu'il leur faudrait aller chercher du pain pour cette multitude. Philippe répondit : " Deux cents deniers ne suffiraient pas pour nourrir tout ce monde. "
Jésus dit alors : " Faites asseoir le peuple, les plus affamés cinquante par cinquante, les autres cent par cent et apportez-moi les corbeilles à pain que vous avez là ". Ils lui présentèrent alors un certain nombre de corbeilles plates, faites d'écorce tressée, d'une forme assez semblable à celle des corbeilles à pain dont nous faisons usage en Westphalie, puis ils se répandirent parmi le peuple et le firent asseoir par groupes de cinquante et de cent autour de la montagne qui s'élevait en amphithéâtre et qui était couverte d'une belle herbe touffue. Ils se placèrent tous sur le penchant de la montagne, un peu plus bas que l'endroit où se tenait Jésus.
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Autour de la place où Jésus enseignait, le sol avait été relevé et formait comme un grand banc de gazon coupé par plusieurs brèches. Jésus y fit étendre une couverture sur laquelle on mit les cinq pains et les deux poissons. Les pains étaient placés les uns sur les autres : ils étaient plus longs que larges et avaient environ deux pouces d'épaisseur : la croûte en était jaune et mince ; à l'intérieur ils n'étaient pas parfaitement blancs, mais compactes et de belle qualité. Tous étaient comme divisés en compartiments par des raies que suivait le couteau, ce qui les rendait faciles à partager. Les poissons étaient de la longueur du bras : ils avaient la tête un peu proéminente et ne ressemblaient pas à nos poissons. Ils étaient déjà grillés et apprêtés : ils étaient déposés sur de larges feuilles. Un autre homme avait apporté en outre deux rayons de miel qu'on avait aussi placés sur des feuilles à côté du reste.
Pendant que les disciples faisaient le compte des assistants et les faisaient asseoir par cinquantaines et par centaines, ainsi que Jésus l'avait prescrit, Jésus entailla les cinq pains avec un couteau en os, il découpa transversalement les poissons dont la chair était déjà détachée dans le sens de leur longueur : après quoi il éleva un peu sur ses mains d'abord un des pains, puis un des poissons, en faisant une prière : je ne me souviens plus de ce qu'il fit pour le miel. Trois disciples étaient à ses côtés. Jésus bénit alors les pains, les poissons et le miel, et il commença à partager le pain en tranches dans le sens de la largeur, puis ces tranches eu petites portions. Chaque portion grandissait, elle avait aussi des entailles, et Jésus en faisait encore de nouvelles portions qui étaient assez grandes pour qu'un homme y trouvât de quoi se rassasier : il les donnait ensuite en y ajoutant des parts de poisson. Saturnin qui était à ses côtés mettait continuellement une part de poisson sur un morceau de pain, et un jeune disciple de Jean Baptiste, un fils de berger qui devint plus tard évêque, mettait par-dessus un peu de miel : et les poissons ne diminuèrent pas sensiblement et les rayons de miel aussi semblaient prendre de l'accroissement. Thaddée mit dans les corbeilles les portions de pain sur lesquelles était un morceau de poisson et un peu de miel, et on les porta d'abord aux plus affamés, ceux qui étaient assis par groupes de cinquante.
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Les corbeilles qui revenaient à vide étaient aussitôt remplacées par des corbeilles pleines, et ce travail dura environ deux heures jusqu'à ce que tous eussent reçu leur nourriture. Ceux qui avaient une femme et des enfants (lesquels étaient assis à part des hommes), se trouvaient avoir une portion assez forte pour pouvoir donner aussi à ceux-ci de quoi se rassasier. On but de l'eau qu'on avait apportée dans des outres : la plupart de ces gens avaient avec eux des gobelets d'écorce roulée en forme de cornets ou des calebasses creuses.
Tout cela se fit avec un grand déploiement d'activité, mais avec beaucoup d'ordre. Les apôtres et les disciples furent occupés la plupart du temps à porter, à rapporter et à distribuer ; mais tous étaient muets d'étonnement en voyant se produire cette incroyable surabondance. Les pains avaient à peu près cinq palmes de long (Anne Catherine les mesura sur son coude), et un cinquième de moins en largeur. Les cinq pains furent divisés chacun en vingt parties, cinq dans la longueur et quatre dans la largeur, en sorte que la substance de chaque partie se multiplia cinquante fois pour nourrir cinq mille personnes. Le pain était épais de trois doigts. Les poissons découpés en deux moitiés dans le sens de leur longueur étaient divisés par Jésus en un très grand nombre de parts, en sorte qu'il ne restait jamais que deux poissons dont toutefois la substance se multipliait d'une manière surprenante
Note : Il fut difficile à Anne-Catherine à cause de ses grandes souffrances, de décrire exactement la manière dont s'opéra matériellement la multiplication : cependant il parait résulter de ses paroles que ce fut moins une multiplication du nombre des pains et des poissons qu'un accroissement intérieur de la substance, et que cela ne se fit pas tout d'un coup, mais successivement à mesure qu'on faisait la distribution.
Lorsque tous eurent reçu leur part et furent rassasiés, Jésus dit aux disciples de parcourir la foule avec des corbeilles et de recueillir tous les restes afin que rien ne se perdît. Ils rapportèrent douze corbeilles pleines de morceaux. Mais beaucoup de personnes demandèrent qu'il leur fût permis de conserver de ces morceaux et les emportèrent avec eux comme souvenir. Je vis par là que déjà à 31
cette époque on conservait des objets sanctifiés, ainsi que nous le faisons maintenant pour les rameaux de la semaine sainte et d'autres objets semblables. Cette fois il ne se trouvait pas ici de soldats quoique j'en aie vu toujours beaucoup assister aux grandes prédications de Jésus. Ils étaient tous, en ce moment, rassemblés autour d'Hésébon où Hérode résidait.
Le peuple s'étant levé se divisa de nouveau en plusieurs groupes. Ce miracle du Seigneur avait rempli tout le monde d'étonnement et d'admiration et on entendait courir de bouche en bouche des paroles comme celles-ci : " C'est vraiment lui ! C’est le prophète qui doit venir dans le monde, celui qui a été promis, etc. "
Le jour tombait déjà et Jésus dit aux disciples d'aller près des navires et de s'embarquer sans lui pour Bethsaïde, ajoutant qu'il les suivrait lorsqu'il aurait congédié le peuple. Les disciples descendirent alors jusqu'au rivage avec les corbeilles pleines de morceaux et une partie d'entre eux s'embarqua pour Bethsaïde. Ils prirent le pain avec eux pour le distribuer aux pauvres de l'autre côté du lac. Les apôtres et quelques-uns des disciples les plus anciens restèrent encore quelque temps sur la montagne, puis ils descendirent jusqu'à l'embarcation de Pierre, qui était encore toute seule et sur laquelle ils montèrent.
Jésus alors congédia le peuple qui s'était rassemblé de nouveau autour de lui. Il leur parla de ce que Dieu venait de faire pour eux et récita une prière d'actions de grâces. La multitude était profondément émue, et à peine se fut-il retiré, qu'on entendit ça et là des voix qui disaient : " Il nous a donné du pain! C’est notre roi! Nous voulons qu'il soit notre roi "! Alors ils se dirigèrent en hâte du côté où ils l'avaient vu aller. Mais leur projet n'avait pas échappé à Jésus et ils ne le trouvèrent pas. Il s'enfuit sur une montagne dans un lieu désert, et il y pria.
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