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Vénérable Pomnyun L’École des mamans F renc h

Book Information

L’École des mamans (엄마수업) Jungto Publishing corp. / 2011 / 38 p. / ISBN 978898431511 For further information, please visit: http://library.klti.or.kr/node/772

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L’École des mamans Written by Vénérable Pomnyun

1 Comment l’enfant vient aux parents

Après le mariage, quand on vit seulement à deux, quelques disputes, voire conflits, ne prêtent pas à conséquence. Mais quand on décide de mettre un enfant au monde, tout change. Il est alors indispensable de mieux se comprendre mutuellement et de faire attention à l’autre. Cela est particulièrement vrai au moment de la conception, lors de la grossesse, puis durant les trois premières années. On peut affirmer que l’éducation proprement dite ne commence véritablement qu’à compter de trois ans. Naturellement, la manière dont les parents s’y prennent compte beaucoup, mais aussi comment l’enfant la reçoit. Mais, avant trois ans, la personnalité se construit passivement, uniquement par les apports extérieurs dont l’enfant n’est aucunement responsable. Ce sont au contraire les parents qui le sont entièrement. Durant toute cette période, afin de lui faire bénéficier d’un environnement favorable, il convient que la maman soit donc parfaitement paisible, en harmonie avec son conjoint. Si votre enfant vous pose des problèmes, repensez à l’époque de sa naissance. La plupart du temps on trouve une difficulté dans le couple. Peut-être même en étiez-vous arrivée au point de désirer quitter votre mari ? Cela a nécessairement causé chez l’enfant des troubles émotifs qui, la puberté approchant, se traduisent en comportements inquiétants. Si l’on considère un être humain du point de vue physique on appellera « vie


antérieure » toute la période qui précède sa conception et « vie présente » celle qui lui succède. Mais si on considère cela du point de vue spirituel, on dira que sa « vie présente » commence réellement à partir de trois ans. Car jusque-là il ne possède pas la conscience de soi-même. Lorsque nous jetons un regard rétrospectif sur notre existence, aussi loin que nous remontions dans notre mémoire, nos trois premières années nous échappent. On peut qualifier les expériences vécues durant cette période de « vie antérieure », non seulement parce que nous n’en avons aucun souvenir, mais aussi parce que nous étions incapables d’agir en tant que personnes. Or, passés trois ans, des enfants élevés de manière identique se révèlent différents. La même éducation aboutit à des comportements divergents. C’est que, placés dans un même milieu, chacun possède une individualité initiale qui réagit à sa façon. Des graines de soja donnent du soja, des graines de haricot rouge des haricots rouges. Il en va de même des êtres humains chez qui le devenir se détermine presque entièrement avant trois ans. En particulier, l’état d’âme des parents lors de la fécondation joue un rôle important. Au cours de la journée, notre humeur change. Nous sommes tantôt anges, tantôt démons. Nous voilà en colère, fronçant les sourcils, agressifs comme la vipère quand elle attaque. Puis nous nous montrons parfaitement aimables et tout sourire. Ainsi, du bonheur le plus céleste aux affres infernaux, nos états d’âme ne cessent jamais de varier. Dans cette fluctuation, l’état mental au moment de la fécondation joue sur la personnalité du futur enfant. Pour prendre une comparaison sur le plan biologique, des centaines de millions de spermatozoïdes font la course mais un seul s’unit à l’ovule. Parmi tous les candidats, la fécondation s’opère avec celui qui est le mieux en accord avec la mère, avec son karma, à ce moment-là.

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C’est pourquoi autrefois les époux de familles nobles commençaient par faire des prières, se faisaient désigner une date et une heure favorables, faisaient leur toilette et se préparaient spirituellement avant de se retrouver au lit. Faire un enfant n’était pas un simple acte sexuel mais un événement majeur. Ils accueillaient l’enfant dans la paix du corps et de l’âme en créant les meilleures conditions possibles. Or, quel est le résultat quand un homme va vers une femme dans le seul but de s’unir à elle ? Ou bien une femme vers un homme par intérêt, pour le séduire et se marier ? Que se passe-t-il si l’enfant naît d’un rapport sexuel motivé par le seul plaisir ? Autrement dit, un enfant qui vient sans que les parents se soient préparés, ou bien qui n’a pas été désiré, ne peut qu’être fondamentalement différent de celui qu’on a attendu de tout son cœur. Après le mariage, l’enfant ne vient pas forcément tout de suite. Des épreuves se présentent fréquemment avant d’y parvenir. Après plusieurs fausses couches, une femme m’a adressé la demande de conseil suivante : « Un mois après mon mariage je suis tombée enceinte mais peu après j’ai fait une fausse couche. Pour le deuxième enfant, on m’a dit qu’il y avait un risque, donc je me suis reposée pendant trois semaines mais ça n’a pas marché non plus. Un an est maintenant passé mais j’appréhende une nouvelle grossesse. Or, j’ai fait les 108 prosternations rituelles ce qui m’a beaucoup tranquillisée. J’ai donc envie d’entamer les 100 jours de prières. Si je suis enceinte de nouveau quel genre d’exercices spirituels bouddhiques dois-je faire ? » Certaines femmes souffrent en effet de ce genre d’accident. Elles sont heureuses à l’idée d’avoir un bébé et, la fausse couche survenant, se sentent accablées et découragées. Mais si l’on relativise la situation il n’existe aucune raison de s’alarmer. Si une fausse couche advient c’est que la naissance n’était pas opportune. Il faut au contraire en profiter pour se préparer sereinement à devenir maman. Ce faisant, vous changerez d’état d’esprit et la situation relationnelle changera également.

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« Après plus de dix années de mariage, me confie une autre, je n’ai pas pu avoir d’enfant et cela me peinait beaucoup. Écoutant en moi-même votre enseignement : " C’est aussi par la grâce de Bouddha que vous n’avez pas encore d’enfant ", j’ai commencé à faire les prières de reconnaissance. Alors, contre toute attente, je suis tombée enceinte. Que cela arrive maintenant, alors que je suis parfaitement apaisée, me remplit de joie. » Que la grossesse survienne après un tel apaisement donne toutes les chances de bonheur aussi bien aux parents qu’à l’enfant. C’est donc avant tout à la maman de bien se préparer. Si vous êtes nerveuse, inquiète, votre futur enfant a plus de risques de poser des problèmes. Devenir mère implique par conséquent d’avoir l’esprit en paix, plus que quiconque autour de vous, et d’être bien équilibrée afin de résister aux tentations du monde extérieur.

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De la naissance à trois ans : un dévouement inconditionnel

Tant que l’enfant est tout petit, la maman fait tout à sa place. S’il défèque pendant le repas elle s’occupera d’abord de lui, s’il fait pipi à deux heures du matin elle se lèvera pour le changer. Elle s’abstiendra de ce genre de réflexions : « Comment, tu fais pipi à deux heures du matin ? Quoi, tu fais caca à table ? » C’est cela être mère. C’est penser et agir prioritairement pour son enfant, de manière inconditionnelle. Cet amour plein et entier se communique à l’enfant en constituant sa « conscience » à lui. Cette dernière se forme d’abord à partir de la personnalité maternelle et l’amour ainsi reçu se mue en confiance en l’autre. Alors apparaît chez l’enfant ce qu’on appelle l’humanité. Sa mère l’aime sans condition et lui, il l’imite en façonnant sa conscience propre ainsi que son amour des autres. Durant cette période, il absorbe tout ce qui passe par cet amour maternel. Le nouveau-né est une page blanche. S’il grandit chez des Coréens il parlera coréen, chez des Anglais l’anglais, chez des Français le français ou chez des Japonais le japonais. Et si vous vous avisez de le placer dans une porcherie il imitera les cochons tout comme il deviendra loup parmi les loups. Ce n’est pas parce qu’il est issu de l’espèce humaine sur le plan biologique qu’il deviendra automatiquement un être humain. Pour cela il doit grandir parmi les humains et se forger une personnalité qui lui permettra de s’accomplir en tant qu’être humain à part entière. Trois années sont nécessaires pour que la page blanche reçoive les caractères de base nécessaires à l’émergence d’une personnalité. Durant ce laps de temps, tout ce qu’il voit et entend se grave en lui.

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Vous connaissez le proverbe : « Manie à trois ans, manie à quatre-vingts trois ans ». Il veut bien dire que le karma en train de se constituer à cet âge forme la personnalité fondamentale et qu’il est difficile d’en changer. Par exemple, un nouveau-né qui grandit entre sa maman et son papa trouvera naturelle la vie en couple composé d’une femme et d’un homme. Mais s’il naît d’un homme ayant plusieurs femmes, ou inversement, d’une femme ayant plusieurs hommes, il trouvera la situation tout aussi normale. Notre appréhension de ce qui est bien et de ce qui est mal, notre sens moral, notre éthique sont fonction de notre éducation. L’enfant enregistre tout ce qu’il vit et c’est ainsi qu’il se forme. Son caractère se dessine par imitation et, en particulier jusqu’à trois ans, cette impression s’effectue exactement comme l’empreinte d’un sceau. Durant cette période le moi de l’enfant se constitue et il faut donc que ce soit la maman qui l’élève. C’est ainsi qu’il devient vraiment votre enfant. Car s’il ne vous ressemble pas, pouvez-vous dire que c’est le vôtre ? Si c’est quelqu’un d’autre qui s’en occupe, ce quelqu’un prendra votre place de mère car l’enfant se fait à l’image de qui l’élève. Si vous souhaitez lui donner une bonne mentalité, consacrez-vous entièrement à lui avec calme. Mais alors, quel est donc le rôle du père ? Il faut dire qu’il joue ici un rôle secondaire. Se montrer prévenant avec sa femme afin de favoriser sa tranquillité rejaillira sur le bien-être de l’enfant. Quant à la grand-mère, si elle veut le bien de son petit-fils, elle peut agir indirectement sur lui en étant aimable avec sa belle-fille. Néanmoins, dans le cas d’un petit enfant, la principale responsabilité incombe à la mère. Quoi qu’il en soit de la belle-mère, du mari et même de la société en général, si une maman prend bien soin de son enfant il ne connaîtra aucun problème. Si un enfant élevé sans père se montre difficile en grandissant cette absence n’en est pas la cause. Le problème vient plutôt du fait que c’est la mère qui s’est trouvée désemparée par cette situation.

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Durant toute cette première période, l’enfant a un besoin absolu de l’affection de sa mère et l’on peut même affirmer que son avenir se joue dans cet amour-là.

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É ducation et vie professionnelle

Quand une femme travaille et qu’elle fait un enfant, généralement elle le confie ensuite à quelqu’un pour pouvoir reprendre son activité. En effet, si elle démissionnait il lui faudrait retrouver par la suite un emploi, ce qui n’est pas facile, sans parler de la question des revenus. Durant les premières années, l’enfant dont la mère travaille peut sembler aller tout à fait bien. Mais en règle générale c’est plus tard, quand la puberté arrive, que les problèmes apparaissent. La maman est alors contrainte d’abandonner son poste pour s’occuper de lui. Or, c’est souvent déjà trop tard. Au moment où l’enfant requérait toute l’attention, accaparée par sa profession sa mère le négligeait. Et lorsqu’il n’a plus besoin d’elle, elle ne le lâche pas et voudrait tout régenter. Cela ne peut que susciter des conflits entre eux. « Ce qui pouvait se résoudre tout de suite d’un simple coup de binette, maintenant une houe n’en viendra pas à bout. » Et pas même une pelleteuse ! Grandir protégé par sa maman est un droit absolu pour un bébé. Or, pour pouvoir travailler, à deux ou trois mois elle le confie à une tierce personne. Si l’on se place au point de vue du bébé, n’est-il pas en train de se faire voler l’amour et la protection de sa maman ? Quelle sera sa préférence, grandir près de sa grand-mère ou bien avec sa maman ? Avec sa maman bien sûr. Payer quelqu’un ne remplacera jamais la présence maternelle. Le nouveau-né a droit à l’amour ainsi qu’à la protection. De son côté, la maman a une responsabilité illimitée envers lui. Si tel n’est pas le cas l’enfant éprouvera de la difficulté à construire son bonheur et s’il ne trouve pas le chemin de l’indépendance ses parents devront le supporter toute leur vie.

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Autrefois, tandis qu’elles sarclaient le soja, les mères laissaient leurs enfants au bord du champ. Ils grandissaient très bien ainsi. Elles en faisaient sept, huit et tous grandissaient très bien. Pourquoi ? Parce qu’ils étaient assurés de l’amour maternel et poussaient en regardant leur maman travailler dur pour eux. Mais il en va différemment pour ceux qui en sont privés dès leur naissance. Ils souffrent d’une blessure affective. Afin de leur donner une bonne stabilité il vaut donc beaucoup mieux qu’ils soient élevés par les parents, mère ou père. Passer de main en main les rend nécessairement inquiets. Peu importe de leur donner des vêtements coûteux, de les envoyer dans une école privée et de leur payer des cours en plus de l’école. Un bébé n’a aucune conscience du prix élevé de ses habits. Seuls des parents stupides peuvent croire qu’ils manifestent ainsi leur amour pour leurs enfants. De nombreuses mamans qui travaillent pour gagner de l’argent ou bien pour leur accomplissement personnel le regrettent par la suite. « J’ai eu une activité professionnelle pendant plus de vingt ans et à la maison j’ai fait de mon mieux pour élever mes deux enfants, explique l’une d’elle. Mais, maintenant qu’ils sont adolescents, ils se bagarrent souvent. Mon mari préfère sortir avec ses collègues. Je me retrouve donc seule pour effectuer les tâches ménagères et gérer les problèmes des enfants. Je trouve cela injuste. En plus, eux et mon mari me reprochent de les stresser. Apparemment ma sensibilité et mon perfectionnisme leur rendent la vie difficile. J’ai envie de tout laisser tomber mais je n’en ai pas le courage car je m’inquiète pour mes enfants et c’est très dur. » Sans doute cette mère qui se lamente ainsi réalisait-elle correctement ses tâches professionnelles. Mais pendant ce temps elle n’a pas rempli son rôle de mère et en éprouve aujourd’hui un grand vide. Elle s’est dévouée en travaillant à l’extérieur pour le bien de sa famille mais ni son mari ni ses enfants ne lui en témoignent de gratitude. D’où son sentiment

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d’amertume et ses larmes. En cela elle se trompe. Sa vie professionnelle était son affaire à elle, non celle de son mari ni de ses enfants. Tout en ayant travaillé pour se réaliser elle-même, elle prétend l’avoir fait pour le bien de sa famille. En réalité, tout est question d’argent. Même si vous devez vivre dans une seule pièce, voire sous la tente, si vous aimez votre enfant vous devez l’élever vous-même lors de ses trois premières années. Voici ce qu’il faut se dire : « Même si je dois prendre un appartement réduit de moitié, je m’y consacrerai entièrement en m’engageant sans restriction. » Pour un enfant, sa vraie mère c’est la personne qui prend soin de lui. Mais on voit que cette maman, prise par ses activités professionnelles, ne s’est pas occupée de ses enfants. Ce n’est donc pas véritablement elle la mère. Elle, elle les a financés. Sans doute était-elle en mesure de leur acheter plein de vêtements et de jouets. Mais l’essentiel a manqué. Elle n’a pas pris le temps de les prendre sans ses bras et de leur prodiguer ses soins. Par conséquent, si vous confiez votre enfant à un tiers ne vous attendez pas à ce qu’il vous soit reconnaissant. Vous l’avez placé dans les mains d’autrui pour vous occuper de vos affaires. Comment espérer son affection en retour ? Dans ce cas vous allez forcément être déçue dans votre attente et souffrir. Il arrive souvent que le père soit laissé de côté au sein de la famille. En effet, lorsque les parents en viennent à se disputer, pour qui les enfants prennent-ils généralement parti ? Pour leur mère. Encore dénués de discernement, ils se rangent spontanément derrière la personne qui les protège et avec qui ils partagent le plus. Ainsi, si vous ne prenez pas le temps de vous occuper d’eux à l’époque où cela est vital, vous n’en retirerez aucune gratitude. Il en va d’ailleurs de même pour votre mari. Et plus tard, vous qui aurez pourtant travaillé rudement, vous en éprouverez une grande

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frustration. Dans un couple, il arrive souvent que les conflits éclatent quand le mari, entièrement préoccupé par ses activités à l’extérieur, rentre tard tous les soirs. La femme lui en fait donc le reproche. Or, que répond le mari ? En criant, il proteste ainsi : « C’est pour te rapporter de l’argent ! De l’argent pour le ménage ! » Pour lui, gagner de l’argent par son travail suffit à son rôle de père. Une maman qui se plaint d’avoir subvenu aux besoins de sa famille en travaillant durement dans un bureau n’agit pas très différemment. Pourtant, travailler, gagner de l’argent, ce n’est pas la totalité de son rôle. Cela la regarde, elle. Mais son mari a besoin, lui, d’une épouse, et ses enfants ont besoin, eux, d’une maman et non de quelqu’un qui rapporte un salaire. Vous protestez ainsi : « J'ai travaillé dur au bureau pour gagner de l'argent et améliorer la situation économique de la famille mais vous ne m’en êtes aucunement reconnaissants. » Or, cette revendication ne reflète que votre point de vue à vous. Attention, je ne suis pas en train de dire que les mamans ne doivent pas travailler et rester à la maison. Cela dépend de l'âge de l’enfant. S'il n’est pas encore scolarisé, il vaut mieux y renoncer, tout au moins réduire le temps de travail, pour donner la priorité absolue à son éducation. Quand il va déjà à l’école il est tout à fait souhaitable d’en parler avec lui. Il ne s’agit pas de justifier son choix mais bien d’avoir une vraie discussion : « Maintenant Maman dois travailler, qu'est-ce que tu en penses ? Toi tu as ta vie, moi aussi j'ai la mienne. Ton travail à toi c’est d’apprendre à l’école, moi j'ai besoin d’aller travailler. » Discuter avec un enfant en âge d’aller à l'école primaire est tout à fait possible. Mais il faut alors veiller à ne pas se mettre en situation de demander une permission. On voit

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quelquefois des parents qui demandent à leur enfant l’autorisation de faire quelque chose. Si vous le laissez décider pour vous cela vous vaudra des difficultés par la suite. C'est bien vous qui décidez de ce que vous devez faire mais rien n’empêche de lui parler simplement en lui demandant de comprendre votre point de vue. Ensuite, quand il est en âge d’aller au collège il n’est plus indispensable de s’en occuper tout le temps. Au contraire, à partir de ce moment-là mieux vaut s’éloigner un peu. Il ne s’agit pas, bien entendu, de vous en désintéresser, mais développer une forme d’amour plus distant afin de le laisser progressivement vivre par lui-même. En admettant la légitimité de votre souhait de travailler, si vous êtes une maman censée vous le ferez en fonction du développement de votre enfant.

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Le congé maternel de trois ans : une nécessité

Pour l'enfant, la période qui va de sa naissance à son troisième anniversaire est cruciale. C'est pourquoi il m’arrive de réprimander certaines mamans en ces termes : « Qu’est-ce que vos activités professionnelles ont de si important ? Pourquoi abandonner vos enfants pour votre propre convenance ? » Mais au fond de moi je comprends très bien ce qu'elles ressentent. Quand un couple a un enfant l’homme continue à travailler, tient son rôle de père et progresse dans sa profession. Pourquoi la femme n'aurait-elle pas le droit d’en faire autant ? Les mamans s’insurgent : « Pourquoi devrais-je être seule à me sacrifier ? » Mais si vous entrez sur ce terrain de revendications c’est l’enfant qui en subira entièrement les conséquences. De plus, quand il aura grandi, vous aurez à souffrir en retour de l’avoir délaissé. Ma défense des droits de l’enfant provient de mon attention primordiale envers lui, envers les mères et aussi en prévention des ennuis annoncés. Du point de vue du travail sur soi, tout se résout si vous renoncez totalement à votre ego. Naturellement, il en va différemment sur le plan social. Du point de vue du travail sur soi, je dis que si votre votre mari vous trompe vous devez l’appréhender en vous disant : tu es allé voir ailleurs parce que je ne suis pas parfaite. Sinon ce sera une torture que de garder la haine en vous-même. Ou alors il faut le quitter. Bien sûr il en va tout autrement du point de vue des institutions. En cas de divorce pour infidélité, la loi doit permettre de punir le fautif. Seulement, notre vie ne se passe pas exclusivement dans la sphère sociale. Quelles que soient les circonstances, il est donc important de se libérer des souffrances. C'est pourquoi, du point de vue du travail sur soi, il est salutaire de savoir admettre et pardonner. Ainsi en va-t-il pour ce qui concerne votre enfant. Mieux vaut renoncer à ses propres

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désirs et assumer pleinement ses responsabilités. Le système n’est en effet pas si facile à réformer et pendant que vous passez votre temps à vous battre contre lui votre enfant grandit. De plus, si vous pensez que le bouddhisme ne concerne que la responsabilité individuelle vous vous trompez. Le Bouddha a certes enseigné le renoncement par le travail sur soi mais il a aussi prôné l’amélioration du monde en vue de la « Terre pure ». Autrement dit, l’éducation d’un enfant relève à la fois de la pratique personnelle et de l’action sur la société. « Quoi qu’il vous en coûte, élevez vous-même votre bébé les trois premières années. » Tel est le conseil que je vous donne afin de vous épargner les souffrances, à votre enfant et à vous-même. Maintenant, si l’on voulait mettre en place un dispositif social qui le permette, le congé parental rémunéré sur trois années serait une hypothèse à étudier. L’enfant est d’abord un individu au sein de la communauté familiale. Mais ensuite, quand il a reçu une bonne éducation, il devient un citoyen de grande valeur pour la nation. Il serait donc tout à fait équitable que l’État prenne en charge trois années de congé payé pour les jeunes mamans. Si cela était trop difficile à réaliser on pourrait envisager un congé moyennant un demi-salaire ou encore un an complet de congé payé et deux années sans solde. Quoi qu'il en soit, une loi instaurant le congé maternel de trois ans est indispensable. Si cela ne peut se faire, les entreprises devraient organiser une structure d'accueil permettant aux mamans de venir travailler avec leur bébé ou bien prendre des dispositions favorisant le télétravail. L’informatique rend aujourd’hui possible cette forme de travail à domicile. De nos jours, la faiblesse de notre taux de natalité pose un grave problème social. Les femmes renoncent à procréer car, très occupées à gagner leur vie, il leur est trop difficile d’élever un enfant. Or, la baisse des naissances amoindrit notre dynamisme social ; elle a aussi des répercutions économiques. Quand une femme décide de devenir mère tout en continuant à travailler, donc en

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confiant son enfant à autrui, cela peut entraîner chez lui des troubles psychologiques. Plus tard il risque de connaître la dépression qui conduit, dans les cas les plus graves, jusqu’au suicide. De la sorte, on favorise la faiblesse du caractère. Et malgré l’instabilité psychologique ainsi créée on n’hésite pas à exercer une pression tellement énorme concernant les études que l’enfant ne peut la supporter. En fin de compte, l’absence de cohérence éducative aboutit à des dommages importants pour la santé publique. Dans l’avenir, le congé maternel rémunéré serait donc bienvenu et

l'État devrait

élargir sa prise en charge de l'éducation, aujourd'hui limitée à l’école primaire, au collège puis au lycée. Ce serait une voie vers la société du bien-être. Certains pensent que ce serait du gaspillage mais c’est faux. Au contraire, quand l’indice de bonheur d’un peuple augmente, quand il est fier de sa société, sa productivité croît. On parlait autrefois de l’« esprit de la faim ». On pensait que les gens travaillaient dur quand ils avaient le ventre creux et qu’ils s’arrêtaient dès qu’ils étaient rassasiés. Mais cette époque est bien passée. Aujourd'hui on ne travaille plus pour sortir de la pauvreté, poussé par la faim. Par conséquent, à partir d’un environnement de bien-être, dans lequel les gens ont des activités de travail sereines, la société pourrait encore progresser. Mais, pour revenir au point de vue maternel, quelle que soit la politique éducative actuelle, il est impératif d’élever par soi-même son enfant durant les trois premières années. Si vous êtes contrainte de travailler, n’hésitez pas à le prendre avec vous sur le dos. N’en ayez pas honte. Si votre employeur tente de vous en empêcher, défendez-vous. Faites valoir votre droit et exigez que les choses changent. Mais en réalité il est difficile pour des mamans occupées à élever leur bébé de se lancer dans l’action militante afin de faire évoluer la situation. De plus, avec l’esprit monopolisé par la lutte elles n’auraient plus la disponibilité requise pour soigner leurs enfants

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comme il faut. Une mère ne doit en aucun cas se laisser envahir par la colère car cette influence négative passe à l’enfant. Tout cela pour dire qu’il revient non pas à celles qui élèvent actuellement leurs enfants, mais à celles qui sont déjà passées par-là, ainsi qu’aux mamans de demain, d’agir pour instaurer cette disposition. Nous aurions tort de croire que l’emploi des femmes nuirait à la productivité à cause de ces trois longues années d’absence. Ne sont-elles pas nos épouses et les mères de nos enfants ? Ces derniers ne sont pas les enfants d’étrangers, ce sont les nôtres et ils sont partie intégrante de notre société. C'est pourquoi la discussion doit être portée au niveau de la société tout entière et que des efforts soient consentis pour mettre en place ce système. Il serait stupide de placer la réflexion au seul plan économique. Rien au monde n’est plus rentable que de bien éduquer un enfant. S'il tourne mal et cause des problèmes à sa famille ou bien à la société, combien de temps, d’argent et d’efforts seront alors nécessaires pour réparer a posteriori ? On sait trop qu’un jeune à la dérive peut être amené à commettre un crime et à provoquer des troubles. Assurément, pour des familles et une société en paix, rien n’est plus essentiel que le « congé maternel de trois ans ».

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De trois ans à la fin de l’école primaire : l’imitation des parents

Jusqu’à ce que l’enfant atteigne ses trois ans il faut lui accorder toute son attention. Après cette période, donner la priorité à votre mari devient bénéfique aussi pour votre enfant. En tout cas, l’homme doit d’abord prendre en considération son épouse et réciproquement. L’enfant passe désormais après. Quand l’homme est muté dans une autre région il est préférable que la femme le suive. Il arrive en effet que des couples vivent séparés pour éviter un changement d’école. Mais cela n’aide en rien l’enfant. Quand mari et femme forment mutuellement leur raison de vivre, l’enfant grandit sans aucun problème, quitte à changer dix fois d’école. Mais quand les parents placent l’enfant au centre et qu’ils cèdent à tous ses caprices, qu’ils vivent chacun de leur côté ou bien divorcent, il sera nécessairement abîmé. L’union ou la désunion du ménage exerce la plus grande influence. Vous aurez beau offrir tout ce qui existe de plus coûteux, rien n’égalera jamais l’harmonie entre des parents. Quand son père et sa mère s’aiment, l’enfant se sent assuré et puise dans leur amour la force de tout entreprendre. Quand votre foyer connaît la paix cela vous laisse la possibilité de vous tourner vers l’extérieur. Faites en sorte de vous laisser séduire non seulement par votre enfant à vous mais aussi par celui de vos voisins, sachez apprécier non seulement vos propres parents mais aussi vos voisins âgés. Ainsi votre vie se trouve enrichie et votre enfant prendra exemple sur votre comportement ouvert. Mais si vous disputez vos parents et si vous n’avez d’yeux que pour votre enfant, ce dernier vous décevra forcément par l’indélicatesse qu’il vous renverra. En revanche, si vous portez de l’attention à vos parents il vous imitera sans que vous ayez besoin de le corriger.

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Pour lui enseigner la politesse, il vous suffit d’être polie avec votre mari. Cela n’a rien à voir avec la relation entre homme et femme. Dans le couple, les époux sont égaux naturellement, mais en tant que maman surveillez simplement votre comportement. Vous êtes un modèle à suivre pour lui. Quand vous mangez, il mange. Quand vous lancez des injures, il lance des injures. Quand vous vous mettez en colère, il se met en colère. Quand vous éprouvez de la haine, il éprouve lui aussi de la haine. Si vous commettez un acte en lui disant : « Surtout ne fais pas comme moi » alors cela ne va pas du tout. Autrefois on disait : « Devant les enfants il ne faut même pas boire un verre d’eau sans réfléchir ». N’oubliez jamais que durant toute cette période vous avez une influence énorme sur lui car il vous imite en tout. À l’instar du code génétique vous lui transmettez votre personnalité. C’est pourquoi, s’il adopte un comportement problématique ce n’est pas lui qu’il faut mettre en cause mais il faut vous observer d’abord vous-même à travers lui. Pour l’enfant de trois ans jusqu’à la fin du primaire l’apprentissage est très aisé. Il assimile les connaissances sans y penser. À titre d’exemple, les chauffeurs indiens sont reconnus pour leurs compétences remarquables. Ce n’est pas un hasard. Ils n’ont pas commencé à conduire une fois devenus adultes. Dès l’âge de cinq ou six ans ils ont accompagné leur père et ont passé la plupart du temps dans sa voiture. C’est ainsi qu’ils ont appris à connaître toutes les rues par cœur, même sans plaques, et à repérer les distances dans la ville. L’apprentissage se faisant par imitation, la meilleure méthode sera que les parents montrent l’exemple. Au lieu de lui ordonner de faire lui-même il est plus efficace de lui apprendre par l’action. Nettoyez sa chambre et rangez ses vêtements avec votre enfant. Imaginons que vous ayez à planter un clou quelque part, demandez-lui de porter la boîte. Quand vous faites le ménage, proposez-lui de vous aider avec un chiffon. Il ne travaillera pas

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vraiment mais apprendra en vous imitant. Un enfant ainsi éduqué à la maison saura bien se comporter à l’extérieur. Mais, si vous le bichonnez comme un toutou il ne saura jamais rien faire et se contentera de s’amuser comme un petit chien. Vous serez obligée de le gronder parce qu’il n’obéira pas et sera incapable ne serait-ce que de ranger sa chambre. Quand on a montré une action pour la cinquième fois et qu’elle n’est pas comprise, il faut être prête à recommencer dix fois, vingt fois s’il le faut. Certaines mamans perdent leur calme et s’énervent lorsque leur enfant se trompe. Parfois, on en voit dans la rue se chamailler avec leur tout petit enfant. Cette attitude n’est pas convenable. Il faut surtout ne jamais se mettre en colère mais montrer le bon exemple avec patience. Si vous voulez que votre enfant acquière l’estime de soi vous devez vous-même avoir un esprit tranquille. Il ne faut pas confondre l’estime de soi avec la prétention ou l’arrogance. L’estime de soi se traduit par une attitude modeste alors que la prétention et l’arrogance viennent en réalité d’un sentiment d’infériorité. Certaines tentent de compenser ce manque par la consommation de produits de luxe ou un fort maquillage. Faute d’assurance fondamentale elles recourent à ces expédients de façade. Un enfant cantonné au rôle de serviteur devient servile, s’il apprend les manières nobles il acquiert de la dignité. Il est donc inutile de dire de faire ceci ou cela, le mieux est de le démontrer par votre propre comportement. Cela ne sert à rien d’interdire les gros mots quand le père en dit sans arrêt. Si ce père demande de rentrer de bonne heure alors que luimême rentre tard, l’enfant profitera de son absence pour agir exactement comme lui. Tout ce qu’il aura appris c’est à rentrer tard. Si le père dit n’importe quoi après avoir bu, l’enfant se jure à lui-même : « Jamais je ne serai comme lui ». Mais à l’âge adulte il reproduit le même travers. Face à des parents qui n’arrêtent pas de se quereller, l’enfant se dit : « Quand je serai marié jamais je ne me disputerai. » Mais une fois marié il fait de même. Alors que ses parents

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divorcent, l’enfant décrète : « Moi, jamais je ne divorcerai. » Mais plus tard, face à un problème dans son couple, lui aussi choisira la même solution. Ainsi, notre volonté ne suit pas nécessairement notre raisonnement. Elle obéit souvent à des comportements appris qui nous empêchent de nous conduire comme il serait souhaitable. Nos propres décisions se trouvent contrecarrées par notre inconscient. De ses trois ans jusqu’à la fin de l’école primaire, l’enfant apprend à parler, à se comporter et à agir au quotidien par imitation de ses parents. Ces derniers ont donc l’obligation de se surveiller d’abord eux-mêmes afin de se comporter correctement. L’essentiel n’est certainement pas de payer des cours de piano, de taekwondo et autres. La meilleure éducation réside d’abord dans l’harmonie entre les parents. Cette dernière donne à l’enfant la stabilité affective dont il a besoin et naturellement leur bon exemple de conduite.

alors il suivra

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À l’adolescence : un amour attentif mais distant

Autrefois les gens étaient pauvres et n’avaient pas les moyens de soigner leurs enfants ou de les envoyer à l’école. Mais aujourd’hui, la jeune génération est bien nourrie, bien portante et aussi très instruite grâce à toutes les études que leurs parents financent. Or, le problème est que les étudiants d’aujourd’hui ont des comportements de gamins. En faisant tout à leur place, leurs parents les ont empêché de devenir autonomes. Ils ont cru leur apporter tout leur amour mais ils les ont gâtés au contraire. L’intention était bonne mais totalement inadéquate aux besoins et à cette forme d’amour que requièrent les enfants. Les adolescents présentent des caractéristiques bien à eux. À la différence de leur enfance, les voilà en proie à des sentiments et pensées

contradictoires. Ils peuvent se

montrer sceptiques sur la vie, décrocher à l’école, manifester parfois des tendances suicidaires, déprimer, et commencent à s’intéresser à l’autre sexe. Mais le plus notable est leur volonté de tout expérimenter par eux-mêmes. Jusque-là ils apprenaient par imitation et obéissaient volontiers. Désormais, ils veulent voir de leurs propres yeux, marcher sur leurs propres jambes et tout essayer. C’est qu’ils sont en train de façonner leur conscience d’eux-mêmes. Les parents peuvent avoir le sentiment que leur enfant ne les écoute plus et se révolte. Avant, quand ils lui disaient : « C’est chaud, n’y touche pas » l’enfant obtempérait. Dorénavant, face à la même injonction il y met le bout des doigts et expérimente par luimême en criant : « Aïe, ça brûle ! ». Auparavant il ne pouvait vérifier ou non l’état de chaleur mais maintenant, par son propre toucher, il fait sienne la sensation de brûlure. Son apprentissage ne passe plus seulement par ce que disent les parents ou par la lecture. Il se forme désormais à travers ses propres tentatives. Il se lie avec une petite amie ou un petit ami et peut découvrir alors ce que veut dire la séparation, le chagrin, et il explore

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ainsi les relations interpersonnelles. Dans ces circonstances, tout ce que les parents ont à faire est de se montrer attentifs en se tenant à distance. En cas d’échec il faut résister à la tentation de voler immédiatement à son secours mais plutôt l’accompagner avec bienveillance. Pendant toute cette période, à travers ses tâtonnements son moi s’épanouit. Votre rôle à vous consiste à attendre, quand bien même il vous rendrait triste. En vous tenant dans cette position d’attention à distance, vous estimerez peut-être que vous ne jouez plus votre rôle et cela pourra même vous causer de l’inquiétude, voire de la souffrance. Mais pour son bien, soyez patiente. Si, au contraire, vous intervenez, jamais il ne saura se tirer d’affaire tout seul. Votre présence, certes affectueuse, serait ressentie comme un poids qui entrave son désir d’autonomie. Dans cette situation, vous vous épuiserez à agir contre son gré et lui, à endurer vos ingérences. Vous vous ferez mutuellement souffrir. Aux stades antérieurs vous vous êtes donnée beaucoup de mal pour vous occuper de lui en tout. Il est désormais temps de le laisser libre. C’est ainsi que vous connaîtrez la tranquillité et que lui éprouvera du plaisir à vivre sa vie. Or, ayant entouré leur enfant d’un soin protecteur depuis son plus jeune âge, bien des parents continuent à le faire alors qu’il a maintenant grandi. Beaucoup tombent dans ce piège. Autrefois c’était différent. Ils n’avaient pas la possibilité de s’occuper des enfants autant qu’il l’aurait fallu quand ils étaient petits, mais l’avantage c’est qu’ils les laissaient se débrouiller à l’adolescence. La génération qui constitue les parents actuels a connu une jeunesse très indépendante. Ce n’est pas que leurs propres parents aient été des experts en matière d’éducation, mais n’ayant tout bonnement pas de temps pour s’occuper d’eux, ils les ont laissé tranquilles. Cette non intervention a permis aux enfants de faire des expériences variées.

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Ils ont pu ainsi choisir tout seuls leur petite copine ou petit copain, leur université et leur emploi. Mais de nos jours les parents sont toujours là au moment où les enfants doivent faire l’apprentissage de leur autonomie. C’est pourquoi malgré leur physique d’adultes ils demeurent des gamins. Ils sont incapables de choisir leur université et ce sont les parents qui le font à leur place. Ce sont eux aussi qui s’occupent de leur trouver un partenaire pour se marier, qui leur achètent un appartement, leur trouvent un travail, s’occupent même des petits-enfants quand il y en a et les recueillent en cas de divorce. Et si leur progéniture ne les quitte pas pour se marier alors ils continuent à prendre soin d’elle tandis qu’elle reste vivre sous leur toit. Cela arrive même avec des enfants mariés. C’est ainsi que les parents ont parfois leurs enfants sur les bras jusqu’au bout. La faute n’incombe nullement à ces derniers mais à ceux qui les ont empêché de voler de leurs propres ailes, d’avoir une copine ou un copain et de suivre leur propre questionnement. La conséquence, ce sont des enfants affaiblis et des parents qui en payent le prix jusque dans leurs vieux jours. Si les parents entravent le mouvement d’autonomie des jeunes ces derniers se révoltent mais sans pour autant accéder à l’indépendance. Leur désir contrarié leur donne un sentiment de rébellion sans qu’ils parviennent à trouver les moyens de s’en sortir tout seuls. Alors, ce n’est pas de la reconnaissance qu’ils éprouvent envers leurs père et mère mais un profond ressentiment. Et pour finir, incapables de se débrouiller par eux-mêmes ils continuent à compter sur les parents. À l’état sauvage, le moment venu les animaux vivent leur propre vie. Mais si on les domestique en les nourrissant, au bout d’un temps que se passe-t-il ? Quand on les relâche ils n’osent plus s’en aller et reviennent, même si on les chasse, car ils n’ont pas appris à vivre dans la nature.

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Il en va de même chez les humains. Si vous protégez trop votre enfant vous êtes assurée qu’il constituera un fardeau jusqu’à la fin de votre vie. Il n’est donc pas forcément positif qu’étant petit il vous obéisse trop docilement, sans s’affirmer soi-même. Pensez-y. Quand un enfant a l’âge d’aller au collège il est bon de parler avec lui de personne à personne. Conversez simplement sans chercher à le persuader ni à le forcer à vous obéir. « T’as pas envie de travailler ? » « Non. » « Papa et moi non plus, nous n’avions pas envie de travailler à ton âge. » « C’est vrai ? » « Bien sûr que c’est vrai. » Tout cela est bien compréhensible en vérité. C’est vrai que préparer un examen n’a rien d’agréable. Il est donc important de partager son point de vue en rappelant votre propre passé. « Plus tard, tu veux quand même aller à l’université ? » « Non. » « Qu’est-ce que tu veux faire alors ? » S’il exprime un désir, alors autant lui ouvrir tout de suite les perspectives. S’il souhaite aller à l’université vous pouvez lui indiquer comment y parvenir. « Tu veux intégrer ce qu’on appelle une bonne université ou cela t’est égal ? » « Une bonne. » « Alors tu sais bien que dans notre système il faut travailler dur pour y arriver. Sinon, c’est impossible. Donc, si tu n’as pas envie de travailler mieux vaut renoncer à cette idée. » Au lieu de lui ordonner bêtement de travailler en lui fixant pour objectif d’intégrer une bonne université, mieux vaut s’entretenir calmement avec lui afin qu’il trouve de luimême la réponse qui correspond à son désir.

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Si vous cherchez à lui imposer vos propres envies en arguant de son futur il se rebiffera et vous pouvez être sûre qu’il se mettra à dérailler. Au fur à mesure qu’il grandit, laissez-le évoluer à son rythme. Tout ce que des parents peuvent faire est d’observer en donnant des conseils. Si, au nom de votre amour pour lui, vous empêchez votre enfant maintenant adolescent de faire ce qu’il veut cela relève plutôt de l’obsession. Si vous le délaissez quand il est petit cela le fait souffrir, si vous êtes trop intrusive quand il est grand cela l’opprime et l’incite à la révolte. Pendant l’adolescence, les parents doivent se tenir dans la posture d’observateurs, ce qui n’est pas facile, afin que l’enfant puisse faire ses propres expériences. Soyez attentive à tout ce qu’il entreprend et s’il échoue à trois ou quatre reprises alors vous pouvez l’aider d’un conseil. Il est important de lui donner des occasions d’essayer et même de rater, c’est-à-dire de mener des expériences qui favoriseront progressivement sa prise de conscience.

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Votre amour maternel passe par le respect de votre conjoint

Voici une maman qui s’inquiète pour sa fille. Jusqu’à l’école primaire, cette dernière était une enfant équilibrée, travaillant bien, mais voici qu’avec la puberté elle devient mélancolique et instable, les médecins ayant diagnostiqué un déficit de l’attention avec hyperactivité. É coutons-la : « Mon mari est un père aimant et attentionné. Moi j’étais plutôt en retrait mais patiente et observatrice. Lui-même doit sans doute présenter une sorte de déficit de l’attention avec hyperactivité car il est très sanguin. Cela me déplaisait et, sans m’en rendre compte, je l’ai souvent houspillé devant nos enfants. Dans ces moments-là, contrairement à son habitude, il explosait. Moi je ne le comprenais pas, cela me mettait moi-même très en colère mais je prenais sur moi. En tout cas, mon mari et moi, nous avons passé le plus de temps possible avec notre fille, sans trop insister sur le travail et en essayant de l’écouter. Mais elle nous reproche de ne l’avoir pas suffisamment respectée et demande de la laisser décider pour tout. Que pouvons-nous faire ? » D’après ce que dit cette maman, elle et son mari ont respecté les désirs de leur fille sans trop intervenir et le couple vivait en harmonie. Mais à y regarder de plus près il n’en va pas ainsi. En fin de compte, elle semble signifier que c’est le caractère de sa fille qui est en cause et qu’elle-même est en dehors du jeu puisqu’elle a tout fait pour respecter ses volontés. Or, contrairement à ce qu’elle semble croire, c’est bien elle la responsable de la situation. D’abord, le fait qu’elle ait houspillé son mari devant les enfants, au point de le mettre en colère, montre qu’elle a du mal à le comprendre et à adapter son comportement envers lui. Sur ce point elle manque d’attention. Ensuite, le sachant d’un tempérament

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sanguin, pourquoi l’irriter ? Mais c’est justement ce qu’elle fait. C’est idiot. Connaissant sa propension à se laisser emporter, pour prévenir ce genre de situation, le mieux serait de se soumettre de son propre gré. En fait, stressée par le tempérament sanguin de son mari, elle s’en trouve atteinte et en garde des séquelles. S’il se met en colère, le plus sage serait de se remettre en question : « Je ne l’ai sans doute pas bien compris, j’ai dû manquer d’attention. » Par ce moyen, vous éviterez de garder en vous de la rancune. Mais si vous l’incriminez en vous disant : « Le voilà qui pique encore sa crise » alors vous accumulez du ressentiment. Cela influence négativement votre fille. Ce ne sont pas seulement les affrontements physiques devant les petits qui sont nocifs pour eux et l’on peut estimer qu’un enfant mélancolique a subi le tempérament dépressif de sa mère. Tout d’abord, l’épouse peut s’abstenir de faire trop de remarques et quand son mari s’adresse à elle, répondre quelque chose du genre : « Oui, tu as raison ». Si vous vous taisez cela l’agacera car votre silence passera pour du mépris. À un mari colérique correspond deux types de femmes : soit elle a une propension à vouloir discuter et renchérir, soit elle ne répond rien au contraire. Ces deux attitudes le mettent hors de lui. De son point de vue, cette maman en question fait des réflexions pour le bien de sa fille mais cette dernière ne ressent nullement cette intention affectueuse. Elle pense même que sa mère ne fait rien pour elle et la trouve tout simplement embêtante. Alors, que faire ? Pour le bien-être de l’enfant, vous devez d’abord apprendre à respecter votre mari. Ce n’est pas envers votre enfant mais envers votre conjoint que votre amabilité doit s’exercer en priorité. Je ne suis pas en train de vous dire de lui obéir parce qu’il se montre agréable et attentionné mais simplement de lui manifester du respect pour le bien de l’enfant. Celui-ci a intériorisé votre amertume envers votre mari, par conséquent il faut absolument commencer par vous en défaire afin que votre enfant change fondamentalement

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d’attitude vis-à-vis de vous. Dans cette situation, laissez votre enfant libre d’agir comme bon lui semble. Évidemment, s’il embête quelqu’un, se montre violent ou s’il vole, il faut l’en empêcher. Mais tant qu’il ne nuit pas à autrui, laissez-le faire pour un temps. S’il ne range pas sa chambre ou bien s’il ne travaille pas et récolte de mauvaises notes à l’école ce n’est pas la peine d’intervenir. Cela ne dérange personne. La réprimande ne doit venir que s’il cause des dommages aux autres. Fixez ainsi la limite : « Tu peux te conduire comme bon te semble mais tu ne dois jamais causer de tort à autrui car nous vivons tous ensemble en société. Sinon, tes agissements auront plus tard des répercussions et ce n’est bon ni pour toi, ni pour les autres. » Pour le reste, laissez-lui sa liberté. Il est indispensable qu’il ne se sente pas bridé par sa mère et bien en paix.

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Diriger votre enfant suivant vos propres désirs génèrera des problèmes

La mère de trois enfants me questionne ainsi : « Depuis tout petit mon deuxième était plutôt calme et introverti. Alors que le weekend son frère aîné était tout le temps dehors pour voir ses amis, lui restait à la maison. Alors je l’ai souvent poussé : " T’as pas de copains ? Sors t’amuser avec eux. " Mais il préférait rester enfermé. Au collège, à partir de la deuxième année il a commencé à avoir des activités après la classe et à sortir. En troisième année, il s’est mis à sortir de plus en plus souvent pour s’amuser avec ses amis. Mais, il y a trois semaines, quatre enfants, dont le mien, en ont brimé physiquement un autre. Il s’avère qu’il fréquentait des adolescents violents, qu’il a apparemment commencé par jeu avant d’en arriver là. Que faut-il faire ? » Quand un enfant a un caractère calme et n’est pas très sociable il faut le prendre tel qu’il est. Mais au lieu de le laisser tranquille, cette maman a incité son fils à sortir pour se faire des amis. Or, c’était son désir à elle. Prenons par exemple une femme timide souhaitant rencontrer un homme. Sur quel type a-t-elle le plus de chances de tomber ? Sûrement pas un homme calme et passif mais plutôt quelqu’un qui fera le premier pas, donc d’un caractère entreprenant. Or, ceux qui se montrent empressés auprès des femmes sont souvent des séducteurs. Comme dit le proverbe, « méfions nous de l’eau qui dort », alors quoi d’étonnant à ce que ce soient les femmes les plus effacées qui connaissent les aventures les plus inattendues ? Ainsi en va-t-il de cet enfant timide. Il est incapable d’aller lui-même vers autrui pour nouer des amitiés. À tous les coups, il ne sortira que sous l’impulsion d’une personnalité active. Par conséquent, il existe de fortes chances pour que les gamins qui viendront vers lui

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soient des bons à rien qui se moquent bien de l’école. En voici un qui l’aborde, lui propose de sortir et l’entraîne avec eux. Dans un premier temps il assiste à leurs agissements et brutalités puis finit par y prendre part. Il est inutile de commencer à discourir sur le mode : « Mon fils est un garçon sage mais... » Si vous allez voir la famille d’un enfant qui s’est fait battre ou bien voler en disant à sa mère : « Mon fils est un garçon sage mais à cause de mauvaises fréquentations... » vous ne récolterez que des insultes. Dans cette situation, il faut réfléchir en tant que mère aux mesures à prendre et arrêter une ligne de conduite. Si vous vous dites : « Mon fils est d’un naturel trop timide, c’est bien qu’il ait des amis et devienne plus sociable, quitte même à causer quelques ennuis, à se faire réprimander à l’école et à recevoir des punitions », alors ne le grondez pas mais contentez-vous de le mettre en garde sur des points précis. Premièrement, ne pas causer de dommages aux autres en leur prenant leurs affaires ou bien en les battant. Ensuite, ne pas traîner ainsi en bande car il risque de se laisser aller à participer à une agression sexuelle, ce qui est un interdit absolu. Et c’est tout. Si vous craignez que ce genre de problèmes se répète, le déménagement peut constituer une solution. Mais votre fils vient de nouer une relation avec un copain et commence à bien se plaire avec lui. Si tout à coup vous l’empêchez de le voir cela peut se traduire en révolte contre vous. À cet âge, non seulement on préfère ses amis mais on s’accroche à eux d’autant plus qu’on était solitaire auparavant. Alors, déménagez dans la discrétion. En tant que parent, votre enfant passe avant tout. Changez donc de quartier ou de ville avant qu’il ne cause trop d’histoires et qu’il soit renvoyé de son école. Évidemment, changer de lieu de résidence ne résout pas tout. Il faut s’attendre à ce

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que votre fils, d’un naturel renfermé, éprouve des difficultés à s’adapter à son nouvel environnement. En tant que mère, vous désirez qu’il s’amuse avec ses copains mais sans s’écarter du droit chemin et tout en travaillant bien à l’école... Cela tourne à l’obsession. Mais comment faire pour qu’il étudie correctement, qu’il se fasse des amis – mais seulement les bons – et que s’il vient à avoir de mauvaises fréquentations il ne franchisse pas la limite ? C’est difficile à réaliser en effet. C’est bien entendu votre enfant, mais il est en même temps un individu à part entière. Si vous tentez absolument de le diriger en fonction de vos propres désirs vous allez nécessairement au conflit. Si vous le traitez maladroitement il va se rebeller. Autrefois, faute d’autre horizon il obéissait docilement à ses parents, désormais il a une autre perspective, ce sont ses « amis ». C’est pourquoi, en tant que maman, vous devez faire preuve de tact. Au fond de soi, le désir ressemble à une graine de soja. Il lui faut des conditions favorables pour germer. Suspendue au plafond elle ne donnera rien. Il faut qu’elle soit mise en terre avec une température et une humidité adéquates. Or, la bonne température et le bon taux d’humidité ne suffisent pas à faire pousser le germe. Il faut bien que la graine existe et agisse elle aussi. C’est ce qu’on appelle la « relation ». La rencontre d’une cause agissante avec un élément passif. C’est de leur rencontre qu’un effet se produit. Quel que soit le milieu, en finir avec une mauvaise graine intérieure, tel est le but des exercices spirituels. Quand on a en soi une mauvaise graine il est tout à fait possible de l’empêcher de germer en agissant par entraînement sur son environnement. Quel que soit l’enfant, il faut d’une part travailler sur soi pour s’éviter à soi-même les souffrances. Et d’autre part, quoi qu’il en coûte, il faut lui donner un nouvel environnement, c’est-à-dire améliorer l’élément passif. C’est justement pour cette raison, pour l’éducation de

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son fils, que la mère de Mencius a déménagé trois fois. Si vous en arrivez à la conclusion qu’un changement d’environnement sera bénéfique, alors il faut y consacrer tous les efforts nécessaires. Attention, le résultat n’est pas garanti d’avance. Peut-être aurez-vous l’impression d’avoir agi à hauteur de « 100 » et récolté à peine « 1 ». Mais, pour votre enfant, il faut le tenter. Si vous restez inactive, l’enfant peut-il aller mieux ? Assurément non. Et pourtant on fait comme si la vie était simple, on se contente d’en vouloir à son fils ainsi qu’à son mari et à la société quand tout ne va pas comme on voudrait. Rester à se lamenter n’arrange jamais rien. Faute de travail à l’école il faut s’attendre à voir ses notes baisser. Si l’on veut réussir il faut au contraire se donner du mal et renoncer à aller admirer les fleurs quand il fait beau. Quand vous-même avez semé une graine vous ne pouvez pas vous attendre à ce qu’il ne se produise rien ensuite. C’est donc maintenant à vous de décider ce qu’il convient de faire pour votre enfant.

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Se bagarrer apprend la sociabilité

Une maman m’a posé cette question : « Mon fils de huit ans s’est fait battre et j’en suis contrariée. En tant que mère soucieuse de lui donner une bonne éducation, je m’interroge. Faut-il lui conseiller de répliquer ou bien de ne rien faire ? » En réponse, je lui ai demandé à mon tour : « Préférez-vous qu’il frappe lui-même, quitte à devoir dédommager les parents, ou bien qu’il soit battu et vous retrouver en situation de réclamer ? » À quoi elle a répondu : « Je préfère qu’il frappe. » En grandissant, les enfants et en particulier les garçons se bagarrent parfois entre copains. Quand son gamin rentre après avoir reçu quelques coups la maman a l’impression qu’il est déjà perdant dans la lutte pour la vie : « S’il se fait battre comme cela à son âge, comment se défendra-t-il dans ce monde si dur ? » Voilà le genre d’inquiétude qui lui vient spontanément. Or, à huit ans, le coup reçu d’un camarade n’est pas bien grave. Quand bien même ils en auraient échangé beaucoup cela n’a pas grande importance. De plus, l’intention ne peut pas être foncièrement méchante. « Pourtant, ajoute-t-elle, comme cela se reproduisait tous les jours, j’aurais aimé qu’il rende les coups reçus. Alors, je lui ai dit de riposter. Mais comme il est très doux il n’y arrive pas. » Voilà une maman qui au fond d’elle-même regrette que son fils soit si doux. Mais s’il était capable de frapper, sans nul doute le ferait-il. Est-ce qu’il va se défendre parce que sa mère le lui ordonne ou bien va-t-il s’abstenir parce qu’elle le lui demande ? Ni l’un ni l’autre. Il faut au contraire tenter d’éprouver ce qu’il ressent. Quand il rentre après avoir pris

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un coup ou deux, il faut lui parler affectueusement : « Ton copain t’a battu, oh mon pauvre. Mais quand on est enfant cela arrive de se bagarrer comme ça, donc ne le prends pas trop mal. Ton ami devait être de mauvaise humeur. Il s’est peut-être fait gronder à la maison par sa maman. C’est probablement ça. C’est pas grave. » Le mieux est de le consoler ainsi. Ne dit-on pas qu’une bagarre entre enfants entraîne une dispute entre adultes ? Tout cela parce qu’une maman dont l’enfant s’est fait battre se précipite, en colère, chez la mère du fautif pour protester. Dans le temps, quand les frères d’une même famille étaient nombreux, ils se bagarraient fréquemment entre eux. Alors, comment voulez-vous qu’il n’y ait pas de bagarre à l’école entre camarades quand les enfants d’une même fratrie se battent ? À travers ces batailles, ils apprennent à vivre harmonieusement entre eux. Un grand s’en prend à son frère plus petit mais, de crainte de se faire gronder par leur mère, le voici qui se retient. Quant au plus jeune, s’il se conduit mal vis-à-vis de son aîné, il reçoit une tape et petit à petit se corrige de lui-même. Or, les enfants d’aujourd’hui sont élevés seuls à la maison et ignorent l’attention aux autres. En conséquence, lorsqu’un conflit survient il est souvent plus grave qu’autrefois. Or, les disputes font partie de la norme. C’est justement à travers les différends qu’ils apprennent à être mutuellement attentifs les uns envers les autres. C’est le genre de choses qui ne s’enseigne pas. En se bagarrant ainsi, les enfants font progressivement leur apprentissage de la sociabilité. Il ne faut donc pas prendre cela trop au sérieux. En revanche, il faut veiller à ne pas les blesser en faisant toute une histoire pour un petit coup reçu ou en les grondant pour cela. En elles-mêmes, les bagarres ne posent aucun problème. Qu’il y en ait dix, qu’il y en ait cent, pas de problème. Mais si l’enfant se sent humilié à cause d’elles, alors oui, il existe

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un risque de développer un complexe de victime. Si ce dernier sentiment reste enfoui il peut même rejaillir en désir de vengeance. Dans ce contexte, une bagarre peut déboucher sur un accident grave. Un enfant à bout et qui cherche une revanche est capable de provoquer de lourds dommages physiques à son adversaire. Mais s’il persiste à s’enfermer dans son attitude de victime cela l’empêchera de s’épanouir, il sera agressif et raisonnera de manière biaisée. C’est pourquoi il est si important de faire en sorte qu’il ne se sente pas blessé à cause de chamailleries entre gamins. Vous pouvez le rassurer ainsi : « À votre âge une bagarre n’a aucune importance, c’est pas grave. C’est comme si tu étais tombé alors relève-toi et oublie. » Entendons-nous bien, je ne veux surtout pas dire qu’il faut se laisser frapper et encore moins qu’il faut frapper soi-même. Je veux simplement avertir les parents de ne pas se mêler des bagarres des enfants en les incitant à porter des coups. Il arrive que l’un s’empare de force du jouet de l’autre parce qu’il lui plaît, tantôt les rôles peuvent s’inverser et le voleur devient le volé. Quand on y repense à l’âge adulte tout cela n’a vraiment aucune importance. Quand les parents s’immiscent dans les disputes alors qu’elles sont tout à fait dans l’ordre des choses ils ne font qu’envenimer la situation. Ils doivent absolument se retenir de prononcer des jugements du genre « Tu as tort » ou bien « Ton ami a tort ». De même, il faut s’abstenir de réflexions du genre : « Pourquoi tu te laisses battre ? Imbécile, tu n’es même pas capable de donner un coup. » A fortiori de l’entraîner par la main pour aller demander réparation. Ce type de réactions à une question dénuée d’importance peut en faire un enfant à problème. S’il rentre en pleurant après avoir pris quelques coups, sachez l’écouter calmement. Si, au contraire, vous vous emportez en lui disant : « Qui t’a fait ça ? Un voyou ! », vous

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justifiez la logique de représailles contre l’auteur des coups. Comme ce dernier est entièrement mauvais il faut donc se venger de lui. Vous venez de semer dans le cœur de votre fils une graine de vengeance avec l’obligation de l’accomplir, vous-même à sa place, ou bien lui-même plus tard. En cas de bagarre, apaisez le sentiment de vexation de votre enfant en disant par exemple : « Tu es fâché. Mais quand on est enfant ça arrive, ressaisis-toi ». Ou bien vous pouvez aussi l’emmener chez son adversaire et tenir ce discours afin de les réconcilier : « Vous vous êtes bagarrés tous les deux ? Ç a alors ! Ce sont des choses qui arrivent quand on joue ensemble. Allez, à partir de maintenant continuez à vous amuser en bons copains. » Il ne faut surtout pas être demandeur : « S’il te plaît, fais attention à mon fils », ni gronder l’autre mais simplement les consoler pour qu’ils se réconcilient et continuent de jouer ensemble.

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Une blessure autrefois causée reste ignorée de son auteur

Une fois, évoquant notre enfance avec des amis de la campagne, l’un d’eux, ayant bu, me prit tout à coup à partie : « J’ai un grief contre toi. » Il s’agissait d’un incident remontant à notre quatrième année d’école primaire mais lui s’en souvenait parfaitement. À l’époque, à la campagne, comme nous n’avions pas de ballon de foot nous en confectionnions un en roulant de la paille de riz et nous jouions ainsi avec. Un jour, après discussion nous avions décidé que chacun cotise dix wons pour acheter un ballon de caoutchouc. Chacun avait donc apporté ses dix wons sauf celui-là qui n’en avait même pas les moyens. Nous avions commencé à jouer avec notre nouveau ballon et lui aussi s’était mis de la partie. Alors je l’avais interpellé en ces termes : « Non, toi tu n’as pas le droit de jouer avec. » J’avais soi-disant réagi ainsi puisqu’il n’avait pas participé. Le fait est que je l’avais oublié. Pourtant, comme il me rappelait cette histoire, je me disais en moi-même : « Il est probable que j’ai agi ainsi. » Il faut dire qu’en ce temps-là j’étais délégué de classe et très à cheval sur les principes. J’ai donc fort bien pu me dire que n’ayant pas cotisé il devait s’abstenir de jouer. Ainsi agit une blessure intérieure. Elle subsiste très longtemps chez celui qui en est atteint. Ainsi on se souvient seulement de celles qu’on a subies et non de celles qu’on a infligées aux autres. Quand on reproche à quelqu’un : « Tu as été blessant envers moi », que répond l’autre ? « Moi ? Quand ça ? » ou bien : « Arrête de chicaner pour des broutilles ! » Et le courroux de celui qui s’estime lésé monte encore d’un cran. Au cours de la vie, pour des raisons diverses il existe de nombreuses occasions de se sentir ainsi blessé. L’origine en est souvent nos proches, comme les parents par exemple. On

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oublie les bienfaits qu’ils nous ont prodigués continûment mais on leur en veut pour ces faitslà : ne pas m’avoir envoyé au collège ou bien au lycée ou encore avoir envoyé l’aîné à l’université mais pas moi... Lorsqu’une maman élève deux garçons et qu’ils se disputent comment les calme-telle ? Tantôt elle demande au plus âgé : « Domine-toi, toi qui es plus grand, au lieu de te bagarrer avec un petit », tantôt elle s’adresse au plus jeune : « Toi qui es petit tu te comportes mal avec ton grand frère. » Or, devenus adultes, voici comment raisonne le plus jeune : « Elle m’a grondé tout le temps parce que j’étais le plus petit », et le plus âgé : « Elle m’a grondé tout le temps parce que je me disputais avec mon petit frère et m’a demandé de lui céder. » Au fond, tous les deux se sentent lésés. Ils ne se souviennent que des blessures qu’ils croient avoir endurées alors que les parents leur ont donné une éducation impartiale. Ainsi, chacun conserve en lui-même toute sorte de séquelles, continue de s’en plaindre et ne se sent pas heureux. En fin de compte, les faits en eux-mêmes ne sont pas si blessants que cela. Seulement, on garde sur le cœur le souvenir de telle ou telle souffrance ressentie dans une situation donnée. Si on comprend ce mécanisme de notre cœur et si on examine les blessures au fond de nous-mêmes on se sent libre à partir de ce moment.

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