Les cours d’eau existants visibles ou couverts mais oubliés en milieu fortement urbanisé Utopie ou réel besoin de réhabilitation ?
Rauleac Luiza-Andreea Promoteur : Benoît Saint-Amand Haute École Charlemagne de la Fédération Wallonie Bruxelles Liège - Verviers - Huy - Gembloux Catégorie agronomique Travail de fin d’étudesen: Architecture des Jardins et du Paysage – Gembloux Bachelier Année Académique 2016-2017, 2ème session
Remerciements
Ce mémoire n’aurait pas été possible sans la contribution de toutes les personnes qui m’ont offert leur soutien pratique ou moral. Tout d’abord, j’aimerais exprimer mes remerciements à mon promoteur Benoît Saint-Amand pour m’avoir suivie dans ce voyage et pour ses conseils. Je tiens également à remercier toutes les personnes que j’ai rencontrées pendant l’écriture de ce travail et qui m’ont offert inconditionnellement leur aide et leurs connaissances dans ma tentative de comprendre tout le mécanisme autour des cours d’eau en milieu urbain. Merci à Chloé Deligne pour la discussion que nous avons eue et toutes les données supplémentaires qu’elle m’a fournies. Une partie conséquente de mes écrits concernant l’histoire de la Senne à Bruxelles est par ailleurs basée sur son travail de doctorat. Merci à Marco Ranzato pour sa vision critique, pour m’avoir guidée et pour son expertise en matière de conception durable de l’eau. Merci à Michel Bastin membre des Etats généraux de l’eau à Bruxelles (EGEB) pour son temps, l’intérêt qu’il a manifesté dans mon projet et pour toutes les données qu’il m’a fournies. Merci à Gwen Brees, pour tout le temps qu’il m’a accordé, pour la balade autour de la Senne et pour toutes les informations concernant l’histoire de cette rivière. Merci à Geneviève Kinet, habitante active de la commune de Forest pour toutes les informations qu’elle a partagées avec moi et pour le temps qu’elle a consacré à la visite du site. Il n’y a pas assez de remerciements pour mes amis et pour leur soutien continu. À Aurore Mignolet, pour son investissement profond dans la correction de mon texte et pour être toujours là, supportant mes hauts et mes bas. À Yann-Aël Le Borgne, pour la correction du texte également et pour tout son soutien moral. À Bianca Fanta pour tous ses conseils très précieux. À Benjamin, Zoé et tous mes amis pour m’avoir soutenue. Et enfin à mes parents, ma plus grande appréciation pour tout ce qu’ils ont fait jusqu’ici, leur foi, leur soutien et pour leur encouragement.
« The water body in a city is like an organism. It has different ways of interacting »1 Herbert Dreiseitl
1. «L’eau dans une ville est comme un organisme. Elle a différentes façons d’interagir» cité par Herbert Dreiseitl
SOMMAIRE
Contexte Introduction
Chapitre 1 : L’eau dans la ville: sa place dans la ville à travers le temps 1.1 Introduction 1.1.1 L’eau, moteur du développement urbain 1.1.2 Les moulins, moteurs d’une première hydraulique 1.2. Principales causes de la dénaturation et de l’oubli des cours d’eau 1.2.1 D’une gestion privée à une gestion publique 1.2.2 Les premiers tentacules hydriques 1.2.3 Disparition des viviers et de leur rôle régulateur 1.2.4 Croissance urbaine, industrialisation, pollutions, inondations 1.3 Conséquences 1.3.1 Voûtement des cours d’eau 1.3.2 Réformation de l’espace 1.3.3 Imperméabilisation des sols
Chapitre 2: Les cours d’eau dans le milieu urbain. Aspects environnementaux et tech-
niques
2.1 La restauration des cours d’eau 2.1.1 Analyse de la dynamique des cours d’eau 2.1.2 Les berges : rôle paysager et écologique 2.1.3 Protection des berges 2.1.4 Renaturation des berges des cours d’eau et phytorémediation 2.1.5 Réconfiguration des berges dans le milieu urbain 2.2 Habitat, flore, faune dans la région bruxelloise 2.3 Typologies et catégories : navigables, non-navigables 2.4 Législation sur les cours d’eau
Chapitre 3: Réflexions autour de l’importance d’un cours d’eau dans la ville dans le présent. Utopie ou réel besoin de réhabilitation ? 3.1 Quel est le rôle de l’eau dans le présent et comment l’aborder dans un contexte de densité urbaine ? 3.1.1 Le milieu urbain et la restauration des cours d’eau : Défis et opportunités 3.1.2 Typologie des différentes mesures à prendre pour la restauration des écosystèmes liée à l’eau
3.2 Quelles sont les synergies possibles entre les différents aspects relatifs à l’eau au cœur de la ville? 3.2.1 Gestion durable de l’eau 3.2.2 Énergie 3.2.3 Multifonctionnalité 3.2.4 Possibilités récréatives 3.2.5 Valeur vécue et reçue 3.3 Le cas de Bruxelles: contexte actuelle 3.3.1 EGEB: l’eau comme bien commun 3.3.2 Les nouvelles rivières urbaines 3.3.3 Le maillage bleu bruxellois
Chapitre 4: : Études de cas : réhabilitation d’un cours d’eau dans différentes villes 4.1 Projet urbain : « Les Rives de la Haute Deûle » à Lille - France 4.2 Réouverture d’un cours d’eau : la rivière Melaan à Malines - Belgique 4.3 Accessibilité : la rivière Dyle - Belgique 4.4 Métamorphose : le « Vieux Emsher » - Landschaftspark Duisburg Nord - Allemagne
Chapitre 5 : Dans le futur? La ville sensible à l’eau Conclusion Table des matières Bibliographie Lexique
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CONTEXTE
A l’origine de ce mémoire, il y a une forte curiosité par rapport aux concepts de la présence et de l’oubli dans le milieu urbain. Le milieu urbain me semble le territoire le plus dynamique où à travers le temps, divers éléments le constituant sont devenus imperceptibles, cachés, alors qu’ils sont toujours présents, ici ou là, quelque-part. C’est le cas notamment des cours d’eau, pôles de configuration urbanistique autour desquels les villes conçoivent leurs formes ayant perdu leur place primordiale et laissés à la dérive au fil des siècles. Après des discussion plus concrètes sur ce sujet avec ses habitants, j’ai réalisé que Bruxelles, la ville où je vis pour le moment, en est un exemple très concret. Ici aussi une ville fortement urbanisée a presque complètement perdu tout lien avec ses cours d’eau. J’ai trouvé ainsi très surprenant que sa principale rivière, la Senne, soit complètement enfouie, cachée à tel point que son existence se trouve niée pour toute personne ne la connaissant pas. C’est pourquoi, j’ai choisi de m’attarder plus particulièrement sur le cas de Bruxelles afin d’étudier la problématique de l’eau en milieu urbain, en approfondissant les aspects: • Historiques: en remontant aux origines de la ville de Bruxelles, au Xème siècle, et en résumant son évolution jusqu’à nos jours • Juridiques: en résumant les différents contextes légaux, en particulier issus de l’avénement des directives européennes • Écologiques: en donnant un aperçu des écosystèmes présents à Bruxelles, et en mettant en évidence les synergies possibles pour restaurer le lien entre le milieu urbain et les cours d’eau existants. A travers ces différentes perspectives, j’explore les questions de la gestion durable de l’eau et de l’énergie à Bruxelles, et du concept de ‘nouvelle rivière urbaine’. Les réponses à ces questions sont le fruit de rencontres originales avec des fonctionnaires des institutions publiques de la région bruxelloise liées à l’environnement, de chercheurs, et de citoyens. Différentes stratégies mais également défis pour une réintégration des cours d’eau dans le milieu urbain sont analysés dans le cadre de ce travail de fin d’année. La recherche autour des cours d’eau dans le milieu urbain est axée sur le cas de Bruxelles, ville qui a perdu presque complètement les liens avec ses cours d’eau. Des idées de développement sont proposées, s’inspirant de projets récents à Malines, Belgique; Lille, France; et Duisburg Nord, Allemagne, où je me suis rendu pour explorer les alternatives possibles.
Mots-clés : Activité humaine - Aménagement du territoire - Cours d’eau - Environnement - Hydrologie Pollution - Biodiversités - Développement durable - Écologie – Écosystème
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INTRODUCTION
L’urbanisation, la crise écologique et le changement climatique sont plusieurs des défis contemporains de notre société, exigeant un examen fondamental de la planification et de la conception de nos paysages, en particulier en ce qui concerne les enjeux environnementaux et la durabilité. À l’heure actuelle, il apparaît clairement que l’activité humaine est l’agent écologique dominant. Nous ne pouvons plus établir facilement une distinction entre les processus naturels et les processus humains, le milieu urbain et les artefacts urbains devenant une hybridation de ces processus complexes. Cette dynamique complexe est très évidente dans le cas des villes qui ont grandi le long d’un cours d’eau et où nous trouvons souvent une relation conflictuelle entre les besoins de la métropole - à la recherche de terres pour se développer - et l’existence d’un hydro-environnement. A travers ce mémoire, mon but est de comprendre comment et pourquoi un cours d’eau d’élément central de la ville en devient périphérique, en utilisant comme exemple la ville de Bruxelles. Comment faire pour lui rendre sa place dans un milieu densément urbanisé l’ayant oublié et comment le réintégrer dans la ville. Mais aussi pourquoi et dans quelle mesure cela est souhaitable, et dans quelle mesure cela n’est pas non plus utopique. En partant de ce questionnement, j’aimerais dans mon mémoire essayer de comprendre la place qu’un cours d’eau occupe dans une ville et les enjeux qui y sont liés. Le premier chapitre de ce travail est une introduction au parcours et à l’importance de l’eau dans la ville à travers le temps, en prenant Bruxelles comme exemple. Ceci aidera ensuite à mieux comprendre la relation passé-présent et les changements qui peuvent exister. Ce premier chapitre vise également à mettre en lumière le rapport que les humains ont entretenu avec l’eau au cours des âges. Le deuxième chapitre est constitué par l’aspect environnemental, technique et la législation des cours d’eau dans le milieu urbain, en particulier en terme de directives européennes. Ensuite, dans le troisième chapitre, différentes synergies actuelles et possibles seront étudiées. Des réflexions autour de l’importance d’un cours d’eau dans la ville dans le présent seront menées. Le quatrième chapitre est dédié à l’analyse de différents projets d’aménagement autour de cours d’eau. Le point commun de ces projets est une tentative de réintégration de ceux-ci dans la ville. Ceci me donnera des pistes pour mieux comprendre la problématique dans lequel nous nous trouvons. Le cinquième et dernier chapitre sera consacré au questionnement lié à la place des cours d’eau dans le futur.
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CHAPITRE 1 L’eau dans la ville Sa place dans la ville à travers le temps
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INTRODUCTION
Chaque ville a son propre caractère territorial influencé par différents contextes : historiques, économiques, politiques, environnementaux,… Il est de ce fait impossible de parler de façon généraliste de l’histoire de l’eau dans une cité fortement urbanisée. J’ai donc dû choisir un cas concret où une analyse de la disparition des cours d’eau dans un milieu fortement urbanisé pourra être mené. Beaucoup de grandes agglomérations urbaines ont totalement perdu le lien avec leurs cours d’eau, Bruxelles est l’une de celle-là. En examinant les cartes (Fig.1,2,3) ci-dessous on peut percevoir comment un «enterrement» des principaux cours d’eau s’y est opéré à travers le temps. Estimant qu’une réflexion par rapport à cette problématique est indispensable, j’ai décidé d’étudier le cas de cette ville dont l’eau est présente jusque dans son nom. Bruxelles vient en effet de bruoscella qui signifie « implantation au bord du marais ». Les cours d’eau occupent une place primordiale dans la constitution de l’espace urbain. Pourtant leurs rôles et leurs places autrefois essentiels se sont totalement transformés avec le temps. Une illisibilité ou disparition complète des cours d’eau s’est produite dans le tissu urbain où des rivières ont été « noyées » à l’intérieur de la ville. Par ailleurs, les traces des bassins versants et des vallées sont devenues invisibles ou difficiles à percevoir dans la métropole dense/confuse. Dans ce chapitre, j’examinerai les transformations subies par les cours d’eau à Bruxelles, depuis le Moyen-âge jusqu’à maintenant et chercherai à en comprendre les raisons.
Fig.1. Réseau hydrographique aux environs de 1770. Carte de Ferraris. ©Bruxelles Environnement, 2015
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Fig.2. Réseau hydrographique en 1858. Carte de Vandermaelen. ©Bruxelles Environnement, 2015
Fig.3. Aujourd-hui. Carte de Urbis. ©Bruxelles Environnement, 2015
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1.1.1 L’EAU MOTEUR DU DÉVELOPPEMENT URBAIN
Il est très rare qu’une ville ne soit pas née à coté d’un cours d’eau et que son développement ne soit pas lié à celui-ci. Bruxelles ne fait pas exception. « Les bras multiples, les îles créées ou entretenues au cœur du noyau urbain, bien visibles sur les plans anciens, ont des traits trop communs pour être uniquement dus à des coïncidences topographiques. A ce titre, il est intéressant de constater que les villes qui émergent dans le Brabant entre le 10e et le 12e siècle sont établies sur un cours d’eau; elles n’occupent ni les flancs de colline, ni les crêtes » (DELIGNE, 2003, p.45). Sa configuration telle qu’on la perçoit encore aujourd’hui, a été modelée par sa principale rivière, la Senne, qui coulait à travers une vaste vallée marécageuse. L’hydromorphologie façonne l’identité visuelle d’une ville : les cours d’eau avec ses vallées créent la configuration spatiale de celle-ci. Pendant des siècles, Bruxelles a profité de cette situation géographique favorable pour se développer (Fig.4). La création des premières colonies humaines a été rendue possible par la présence d’un réseau d’eau, qui a fourni par l’entremise des moulins l’énergie nécessaire à l’agriculture et aux activités agricoles. « Une cristallisation de l’habitat s’est produite (…) à la rencontre du fleuve et de la route, aux passages d’un pont, aux endroits utilisés par les courants de circulation terrestres dotés d’une valeur commerciale et stratégique » (LEGUAY, 2002).
Fig.4. Evolution du paysage bruxellois à travers le temps. ©Metropolitan-estudio, 2016
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cours d’eau terrain sec marrais
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D’après différents historiens, les premiers noyaux d’habitats naquirent sur un groupe d’îlots marécageux, l’îlot Saint-Géry, où débouchaient dans la Senne différents cours d’eau du pays. « La première implantation fut une massive tour fortifiée, destinée à protéger la ville. Au fil des ans, le noyau de la ville s’étendit autour du Treurenberg (Montagne des Lamentations) avec la Cathédrale Saint-Michel et le nouveau fort datant du onzième siècle. Ce noyau fut entouré de remparts » (CORIJN, VLOEBERGHS, 2009). Il est intéressant de voir la configuration de l’espace et de l’habitat (Fig.5) qui a commencé à se créer autour des rivières, de ses affluents avec les points d’eau, des puits et des fontaines. Le cœur économique de la cité se repère ainsi à la densité des points d’eau et des moulins. On retrouve cette densité à l’intérieur de la première enceinte. Les annexes hydrauliques Les viviers, les étangs, les lacs, les réservoirs ou encore les anciens méandres constituent ce que l’on appelle les annexes hydrauliques. Elles étaient autrefois très nombreuses dans la ville. A Bruxelles, depuis toujours, une grande importance leur était accordée. La présence d’étangs, et plus généralement d’annexes hydrauliques sur un cours d’eau ont un rôle important sur la qualité et la cinétique des eaux d’une rivière. Des processus qui modifient la qualité des eaux ont lieu dans chacune de ces annexes qui fonctionnent comme de «petites boîtes» au sein d’un système écologique plus vaste. Les annexes hydrauliques jouent le rôle de bassins régulateurs. « Accumulant l’eau de ruissellement derrière leur digue, ils absorbent les crues ou permettent de faire des réserves en cas de sécheresse. Ces retenues d’eau constituent, en outre, des réserves énergétiques pour les moulins « (DELIGNE, 2003, p.131).
1.1.2 LES MOULINS, MOTEURS D’UNE PREMIERE HYDRAULIQUE L’histoire de l’eau est aussi celle des moulins. Le moulin joue un rôle médiateur entre communautés humaines et ressources naturelles. Selon Chloé Deligne, il n’est pas exagéré de les considérer comme la marque anthropique la plus durable sur la morphologie des cours d’eau du bassin bruxellois. « Dans le bassin de la Senne, au moment où les principautés du Brabant et du Hainaut étaient encore en formation, les moulins constituèrent les moteurs d’une première hydraulique (aménagement de barrages, de digues, dédoublement de la rivière). Leur détermination apparaît de manière singulièrement éclatante dans le cas de Vilvorde et Bruxelles » (DELIGNE, 2003, p.81). Ces infrastructures (Fig.6) avec leurs rôles économique et stratégique deviennent vite des outils de développement territorial. Ils occupent en effet une place centrale dans l’économie agricole puis industrielle. On compte plus d’une centaine de moulins dans un rayon de 15km autour de Bruxelles au tournant de l’époque médiévale et moderne. « La généralisation de ces moulins a assuré ce qu’on a pu appeler ‘la révolution industrielle du Moyen Âge’ » (VAN WIJNENDAELE, 2008). Les moulins et leur succession au fil de l’eau amènent à envisager une gestion collective de la rivière et participent à une économie d’échanges à court ou plus long rayon d’action.
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Moulin Points d’eau (puits, sources)
Fontaine Cours d’eau
Fig.5 Réseau hydrographique de Bruxelles au Moyen Age ©La villle, un milieu vivant, ULB/ pdf, 2015
Fig.6. La petite Senne, le moulin Stockmans et le pont de la chaussée de Mons en avril, 1926 (collection Ministère des Travaux Publics). Cliché de l’auteur.
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PRINCIPALES CAUSES DE LA DÉNATURATION ET DE L’OUBLI DES COURS D’EAU
1.2.1 D’UNE GESTION PRIVÉE A UNE GESTION PUBLIQUE
A l’époque médiévale, la gestion de l’eau était l’affaire de personnes privées et ne relevait donc pas de l’État. Le bassin versant faisait aussi l’objet d’une gestion particulière. Il existait diverses conventions pour l’entretien du réseau aquatique comme par exemple, l’aménagement des points d’eau. Cette gestion collective assurée par la population permettait la coexistence de nombreux usages. Peu à peu, les responsabilités en matière hydraulique sont passées à des administrations publiques. Le premier ouvrage d’adduction d’eau est réalisé avec la création d’un réseau de fontaines destiné avant tout aux classes les plus aisées. La construction et l’entretien du réseau étaient pris en charges par des nouveaux experts, les maîtres fontainiers. Au milieu du 14ème siècle apparaissent les experts hydrauliques qui sont alors chargés de résoudre les litiges liés à la gestion des eaux. Ainsi, la gestion collective réalisée en concertation avec les différents usagers de l’eau, caractéristique de l’hydraulique médiévale se transforme avec l’arrivée des experts. La gestion de l’eau passe donc d’une gestion privée à une gestion publique exercée par le pouvoir organisateur. Les pouvoirs et les élites sont maintenant libres de privilégier une fonction de l’eau au détriment des autres.
1.2.2 LES PREMIERS TENTACULES HYDRIQUES A partir de l’époque moderne, des réalisations techniques qui pour la première fois modifient l’équilibre des usages antérieures des cours d’eau, vont se concrétiser. L’hydraulique bruxelloise a été affectée par deux réalisations majeures : le canal de Bruxelles construit en 1561 et la machine hydraulique de Saint-Joose-Ten-Noode en 1601. Ils constituent les premiers tentacules hydriques qui s’étendent au-delà de leur propre territoire. Le canal de Bruxelles est le fruit de longues négociations et de luttes de pouvoir entre les villes de Malines, Bruxelles et Anvers. La réalisation de la voie d’eau reliant Anvers directement à Bruxelles permettait à cette dernière d’échapper à la dépendance économique que tentait d’exercer sur elle Malines. Par conséquence ce canal permettait à Bruxelles d’asseoir son pouvoir économique face aux villes concurrentes. Le canal réduisait la distance entre les deux villes, passant des 120km de méandres de la Senne dont les chemins sinueux et l’eau peu profonde étaient cause de nombreux conflits, aux 30km en ligne droite.
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La création de cette voie d’eau créa des déséquilibres profonds pour la Senne. Une partie de ses eaux était en effet prélevée par le canal pour assurer ses fonctions. Ce dernier demandait par ailleurs des moyens considérables pour son entretien et sa réparation. La proximité avec la Senne et l’ensablement étaient les principaux problèmes auquel le canal devait faire face : il fallait sans cesse réparer et consolider les berges et éviter au maximum les rejets, afin de conserver sa profondeur. Le captage des eaux de la Senne pour le canal provoqua des manques chroniques d’eau, dont les meuniers, boulangers, brasseurs et les poissonniers furent les premières victimes. « Mais le canal constituait un enjeu majeur pour les autorités et ne pouvait être mis en péril par « quelques activités ». Désormais Bruxelles donnait la priorité économique au commerce faisant passer la production industrielle et artisanale, et avec elle la Senne, au second plan » (GARDIEN, 2015). Une autre réalisation majeure est la machine hydraulique de Saint-Joose-Ten -Noode qui permettait d’élever les eaux d’un affluent du Maelbeek, le Brobaelaer, afin d’alimenter en eaux pures les fontaines et autres agréments des jardins du Coudenberg, le palais de Bruxelles, ainsi que le palais lui-même. Cette machine utilisait la force motrice de l’eau d’une façon nouvelle, puisqu’il s’agissait de la projeter du bas vers le haut. « Cette prouesse technologique destinée à alimenter les jardins royaux et la cour en eau, entraîna une rupture définitive de l’équilibre précaire qui existait déjà avec la saturation des usages du réseau hydraulique depuis le 15ème siècle. Il amena la disparition des usages antérieurs de la rivière dont les utilisateurs n’étaient plus pris en compte dans les décisions relatives à la gestion des eaux » (GARDIEN, 2015). L’innovation technique et ses répercussions Avec les nouvelles réalisations techniques, les usages innovateurs prennent le dessus sur les usages antérieurs des cours d’eau. Ils excluent ainsi certains usagers de l’accès à la ressource. La priorité est désormais à la réalisation effective d’une nouveauté, quel qu’en soit le prix à payer. Comme Chloé Deligne le relève, les ingénieurs, dépositaires de l’ingéniosité mécanique de ces innovations ne prirent guère en compte les besoins et savoirs faire des anciens usagers. « Le passage de la gestion spécialisée, rarement innovatrice des waterschutters et des molenslagers aux projets techniques ambitieux inaugura une ère nouvelle dans la gestion des eaux qui ne laissait que peu de place à la concertation entre toutes les parties concernées » ( DELIGNE, 2013).
1.2.3 DISPARITION DES VIVIERS ET DE LEUR RÔLE RÉGULATEUR Simultanément à ces réalisations techniques, la disparition des viviers et de leur rôle régulateur aggrave encore les conséquences des dérèglements hydrauliques. Les pièces d’eau jouaient en effet le rôle de jardins d’orage absorbant les crues et constituaient des réserves d’eau pour les périodes de sécheresse. Ils permirent jusqu’au 15ème siècle de contrebalancer les effet du déboisement et de l’expansion urbaine. Il est intéressant d’observer dans les cartographies annexes (Fig.7,8,9) leurs disparitions au fil du temps. Luiza Rauleac - Les cours d’eau existants visibles ou couverts mais oubliés en milieu fortement urbanisé. Utopie ou réel besoin de réhabilitation ?
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Marais Bois Bâti Etangs et rivières
Fig.7. Région de Bruxelles en 1775. ©La villle, un milieu vivant, ULB/ pdf
Fig.8 Région de Bruxelles en 1854. ©La villle, un milieu vivant, ULB/ pdf
Fig.9 Région de Bruxelles en 1990. ©La villle, un milieu vivant, ULB/ pdf
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La disparition des pièces d’eau, l’urbanisation croissante et la modification du cycle de l’eau par les ouvrages hydrauliques, ont eu des conséquences notables sur l’augmentation de la fréquence et la violence des inondations ainsi que sur le manque chronique d’eau. Les ingénieurs tentaient de résoudre ces problèmes mais ils le faisaient sans aborder la question à l’échelle du bassin versant. La nouvelle gestion voyait en effet dans une évacuation rapide de l’eau, la seule solution possible. Il aurait fallu une compréhension approfondie, alors absente de ce raisonnement, envisageant la rétention et le relargage progressif des eaux usées et de ruissellement.
1.2.4 CROISSANCE URBAINE, INONDATIONS
INDUSTRIALISATION, POLLUTIONS,
L’urbanisation croissante est une autre cause majeure de la dénaturation et de l’oubli des cours d’eau à Bruxelles. Au 13ième siècle, les rivières et ruisseaux sont déjà profondément modifiés dans leur morphologie, en fonction des exigences humaines. Cette époque voit un accroissement du commerce et de l’artisanat accompagné par les débuts de l’industrialisation. L’air particulier de la vallée de la Senne qui permet la fermentation sans adjonction de levure, attire les brasseries. Par ailleurs, l’industrie textile s’installe près de la Senne où elle réalise des travaux de lavage, de teinture et d’impression des toiles. Une fois réglé le problème de la navigation avec la création du canal, la Senne tend à devenir un égout à ciel ouvert. Les poissons et volailles non vendus et impropres à la consommation doivent ainsi par exemple être jetés dans la Senne par ordre de police Par ailleurs, une pollution produite par les eaux usées des différentes industries et des particuliers rend très vite les quartiers insalubres et le choléra devient endémique. A cela on peut encore rajouter les inondations régulières qui propagent d’autant les risques de maladies infectieuses. «Or, Bruxelles s’est justement développée sur le lit majeur de la Senne, zone qui récolte et accueille les pluies et les eaux de ruissellement » (Publications/maillagebleu. pdf). « Au cours du 19e siécle, la ville de Bruxelles connaît une croissance démographique exponentielle : elle augmente de plus de 300 % au cours de la seconde moitié du siècle alors de la population du pays n’augmente « que » de 50 % environ » (BASTIN, 2013). Cet accroissement de la population et du nombre des activités industrielles provoque une augmentation de la quantité de déchets déversés dans les cours d’eau. L’envasement de la rivière dont les boues sont amenées par les eaux usées et les détritus qui y sont jetés ainsi que l’insuffisance du curage causent des inondations et des dégâts de plus en plus récurrents. La pression démographique ne fait qu’aggraver les dégâts.
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1.3
CONSEQUENCES 1.3.1 VOÛTEMENT DES COURS D’EAU Vers 1861, pour combattre la pollution très importante, une commission technique se met en place pour étudier les solutions possibles. Leurs conclusions donnèrent le jour aux premiers projets d’assainissement. Ces derniers comprenaient: - Un premier voûtement vers 1867 de la Senne dans sa partie agglomérée, ce qui permettait également de créer un grand boulevard; - La séparation des eaux de la rivière des eaux d’égout. Ces dernières devaient être conduites vers une station d’épuration encore à construire. Le réseau d’égouts fut aménagé entre 1848 et 1880. L’impact de l’urbanisation s’est fait sentir sur l’ensemble du réseau hydrographique, même si le voûtement de la Senne (fig.10, 11) est le plus connu. Plusieurs cours d’eau ont entièrement
Fig.10. La Senne avant son voûtement. Photographie par Ghémar, 1867
Fig.11. Voûtement de la Senne en 1867. Photographie extraite de : M. Gustave ABEELS. La Senne, 1983. Cliché de l’auteur
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disparu, comme par exemple la rivière Maelbeek en rive droite de la Senne et située dans le centre-ville. A l’exception du Canal, il n’existe quasiment pas aujourd’hui de masse d’eau de surface qui coule entièrement à ciel ouvert à Bruxelles. Voûtement de la Senne On peut observer comment la Senne est progressivement effacée du paysage. Sur les cartes de Vandermaelen (1858) (fig.12) et du Service des Egouts de la Ville de Bruxelles, elle présente encore de nombreux méandres et dérivations. « Si son premier voûtement a bien répondu aux problèmes sanitaires et d’inondations dans le bas du Pentagone actuel, il est resté sans effet pour les communes périphériques. La Senne y était toujours très polluée, et les déversoirs vers le Canal ne suffisaient pas à empêcher les crues d’inonder encore régulièrement certains quartiers. En 1930, la « Société Intercommunale pour le détournement et le voûtement de la Senne » est créée pour étendre le voûtement de la Senne à la quasi-totalité de sa traversée de l’agglomération bruxelloise et la détourner des boulevards centraux pour lui faire longer le Canal sous les boulevards extérieurs de la petite ceinture. « (Bruxelles Environnement - Etat des lieux.pdf). Un deuxième voûtement ne sera terminé qu’en 1955. Les pertuis désaffectés des boulevards centraux ont été utilisés pour la réalisation de la ligne Nord-Sud du pré-métro, inaugurée en 1976.
Fig.12.. Vallée de La Senne avant son assainissement © Bruxelles Environnement - Etat des lieux.pdf
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1.3.2 RÉFORMATION DE L’ESPACE
Le premier voûtement de la Senne est l’exemple le plus dramatique d’une reformation de l’espace. C’était bien entendu une solution «efficace» à un problème de santé, mais c’était avant tout une occasion « rêvée » de démolir les quartiers les plus pauvres de Bruxelles - stimulée par la peur du choléra et des classes ouvrières. Il offrait l’opportunité de rivaliser avec les attraits des nouveaux quartiers des communes voisines par la création des larges boulevards bordés de bâtiments prestigieux (Fig.13,14) tels que la Bourse, le Palais du Midi, les Halles centrales qui furent conçus dans le cadre de concours architecturaux. Ces travaux qui modifièrent le paysage architectural bruxellois furent entamés au milieu du 19ième siècle et commencèrent par les travaux d’assainissement des abords de la Senne du Pen-
Fig.13. Vue génerale vers la bourse par Léon Suys, Boulevard Anspach, vers 1900 (Archives d’Architecture Moderne, 1997. Cliché de l’auteur
Fig.14. « Hôtel Terrasse» dans le style neo-Moorish, au coin du Boulevard du Midi et le boulevard M.Lemonnier, vers 1900. Vieille carte (J. Lanckmans Collection). Cliché de l’auteur.
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tagone ainsi que tous ses affluents ou Zinnekes. Un millier d’habitations et d’ateliers furent subséquemment expropriés et les maisons détruites afin de permettre l’aménagement de grands boulevards à la parisienne, tels que le boulevard Jacqmain et le boulevard Adolphe Max. On peut parler d’un bouleversement physique et psychologique de la ville, qui, en temps de paix, voit la disparition d’environ 1100 maisons, de quinze ponts, de nombreux moulins ainsi que la perte de sa rivière, la Senne. Des quartiers entiers sont déchirés, détruisant d’un coup le tissu de l’artisanat et de l’industrie qualifiés.
1.3.4 IMPERMÉABILISATION DES SOLS Le réseau hydrographique bruxellois a été progressivement complété ou remplacé par des réseaux artificiels, qu’il s’agisse de réseaux de navigation (canal et port), d’adduction d’eau potable (réseau de distribution) ou d’évacuation des eaux usées (réseau de collecte). Également, au cours du temps, de multiples étangs ont été creusés (pour assurer des réserves d’eau, de poissons et de glace, et prévenir les inondations) ou ont été asséchés (pour être transformés en terrains à bâtir). Une autre conséquence de l’urbanisation est l’imperméabilisation des sols (fig.15). Alors que le taux d’imperméabilisation en région bruxelloise est de 27% en 1955 , il passe à 47% en 2006. Près de la moitié de la surface du sol est donc imperméabilisée. Les multiples incidences sur les masses d’eau due à l’imperméabilisation des sols sont: - L’augmentation du taux de ruissellement des eaux pluviales. Celles-ci vont vers les réseaux d’égouts de type unitaire et augmentent la mise en fonction des déversoirs avec un impact sur la qualité des masses d’eau de surface - La diminution de l’infiltration des eaux et donc de l’alimentation des masses d’eau souterraine - La diminution de l’évaporation et l’évapotranspiration (impact sur le microclimat urbain).
Fig.15 Évolution de l’imperméabilisation des sols dans le bassin de la Senne, comprenant la Région bruxelloise. Bruxelles Environnement, Projet de plan de gestion de l’eau de la RBC, 2013-2021(bassin versant de la Senne), ULB-IGEAT, 2006 Luiza Rauleac - Les cours d’eau existants visibles ou couverts mais oubliés en milieu fortement urbanisé. Utopie ou réel besoin de réhabilitation ?
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CHAPITRE 2 Les cours d’eau dans le milieu urbain Aspects environnementaux et techniques
2.1
LA RESTAURATION DES COURS D’EAU
La restauration de l’état naturel des cours d’eau améliore la résilience des systèmes fluviaux et permet à ceux-ci d’être utilisés de manière durable et plurifonctionnelle, en soutenant la biodiversité, les loisirs, la gestion des inondations et le développement du paysage. Ainsi, une approche pluridisciplinaire, qui se réfère à une variété de mesures de gestion et de pratiques dans les domaines écologiques, physiques et d’aménagement des espaces est visée. Actuellement, de plus en plus de possibilités existent pour la restauration des cours d’eau dans le milieu urbain. On constate que de nombreuses villes redécouvrent la valeur des cours d’eau autour desquels elles s’étaient initialement organisées et développées et, dans ce contexte, de nombreuses municipalités lancent des projets de restauration. En particulier, les rivières urbaines deviennent une priorité importante pour la restauration, ces projets offrant une opportunité pour la planification et le développement de l’avenir de la ville. le milieu urbain. Cependant, dans les zones urbaines, où l’espace disponible est limité, les projets de restauration des cours d’eau sont fréquemment restreints. Pourtant, ce serait aussi l’occasion d’éliminer les structures et les bâtiments redondants, pour gagner plus d’espace aux côtés des cours d’eau afin de rendre leur restauration possible. En outre, en raison du manque d’espace dans les zones urbaines, certaines villes ont développé le concept de «pierre intermédiaire» pour restaurer leurs réseaux de cours d’eau. Ces approches impliquent que la restauration commence en périphérie et dans l’espace périurbain, et se déplace petit à petit vers les zones urbaines centrales, qui sont plus difficiles à restaurer. Dans l’optique de la restauration d’un cours d’eau, il est important de savoir que son évolution, de sa source à son embouchure, dépend d’énormément d’éléments. Parmi ceux-là on peut énumérer l’écosystème, les conditions de vie, ainsi que tous les processus des cours d’eau et leur dynamique qui changent de façon continue l’eau courante. Sans une analyse précise et une compréhension profonde de ces aspects, une restauration adéquate des cours d’eau ne pourrait pas être réalisée.
2.1.1 ANALYSE DE LA DYNAMIQUE DES COURS D’EAU Les rivières sont soumises à un mouvement constant. Le déplacement perpétuel du parcours d’une rivière qui peut façonner des paysages entiers, crée un système complexe et en constante évolution. La dynamique d’une rivière est ainsi difficile à comprendre et de ce fait peu prise en considération. Même si les forces dont elle dérive sont bien présentes et toujours puissantes, on ne perçoit qu’une partie de sa dynamique (par exemple aux temps d’eau extrême ou basse). Cette dernière ne devient perceptible que lorsqu’on observe le développement historique d’un cours d’eau sur de longues périodes. Les processus et les forces motrices Le soleil est la source d’énergie (Fig.16) à la base du processus dynamique d’une rivière et du cycle naturel de l’eau. Il provoque l’évaporation de l’eau : la vapeur s’élève en hauteur où elle
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se condense et se transforme en neige ou en pluie. L’énergie potentielle stockée de cette manière est transformée en énergie cinétique lorsque l’eau tombe sous forme de pluie et coule sur les collines. En contact avec la terre ou la roche, l’énergie cinétique de l’eau peut éroder le matériau et ainsi façonner le terrain. La force de traction de l’eau qui coule porte le matériau dégagé en aval. En principe, par l’érosion et la sédimentation, les rivières usent constamment les paysages qui se trouvent en hauteur et augmentent les espaces des rivières inférieures. Ces processus ne sont pas constants et linéaires, mais se produisent dans des phases irrégulières: il y a des phases plus silencieuses et plus dynamiques, mais aussi des événements soudains tels que les grosses averses et les inondations qui donnent naissances à des catastrophes naturelles telles que les glissements de terrain. Processus 1: fluctuations verticales du niveau d’eau (Fig.17) Le niveau de l’eau dans la rivière et pendant les inondations dans la plaine d’inondation est en corrélation directe avec l’écoulement depuis le bassin versant. Cette corrélation directe peut être décrite comme le rapport entre le niveau d’eau et l’écoulement. Les différents niveaux d’eau, bas et hauts, ont des conséquences diverses pour l’écosystème et l’utilisation humaine. Quand l’eau présente un niveau haut, les inondations constituent un danger pour les zones riveraines et peuvent modifier de façon permanente la composition des espèces dans un écosystème. Quand celle-ci se trouve dans un niveau bas, elle peut entraîner de sérieux problèmes par rapport à la navigation et au refroidissement des centrales électriques. Processus 2: propagation latérale de l’eau (Fig.18) L’eau en niveau haut se rend particulièrement visible au moment des inondations. Quand il y une augmentation mineure des niveaux d’écoulements, ce surplus d’eau peut être normalement retenu dans la surface de la rivière. Lors d’augmentations du niveau de l’eau plus importantes, la rivière déborde ses rives et couvre la plaine adjacente d’inondations. Cela a un effet correctif: en inondant l’espace adjacent, qui normalement présente une plus grande rugosité, l’énergie de l’eau est dissipée et sa hauteur et vitesse sont réduites. Lorsque la rivière n’est pas modifiée par l’action humaine, les inondations sont limitées aux frontières de la vallée. Les mesures de protection contre les inondations telles que les digues provoquent une limitation artificielle de la propagation de l’eau et ainsi de la zone d’inondation. Processus morphodynamiques (Fig.19) L’apparition d’une rivière dans le paysage est le résultat d’un développement morphodynamique multiple et complexe. Le courant de la rivière est la force motrice qui permet son apparition. Celui-ci à son tour présente une multitude de sous-processus.
Fig.16. Illustration de la force motrice du processus dynamique d’une rivière et du cycle naturel de l’eau. Prominski Martin, 2013, p.19. Cliché de l’auteur. Luiza Rauleac - Les cours d’eau existants visibles ou couverts mais oubliés en milieu fortement urbanisé. Utopie ou réel besoin de réhabilitation ?
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Fig.17.Illustration du processus 1: fluctuations verticales du niveau d’eau. Prominski Martin. - River.Space.Design, 2013. Cliché de l’auteur.
Fig.17. Illustration du processus 2: propagation latérale de l’eau.. Prominski Martin. - River.Space.Design, 2013. Cliché de l’auteur.
Fig.18. Illustration du processus morphodynamiques. Prominski Martin. - River.Space.Design, 2013. Cliché de l’auteur.
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Le courant primaire porte l’eau dans la vallée. Le courant secondaire est la rotation de l’eau autour de la direction d’écoulement principal. Les causes de cette rotation sont premièrement, les différents débits près des berges, où l’eau est ralentie par le frottement et deuxièmement, l’écoulement plus rapide de l’eau au milieu de la rivière. Le flux d’eau provoquant l’érosion et la sédimentation le long du cours d’eau soumet l’espace de la rivière à une altération morphologique continue. Dans ces processus morphodynamiques, celui du déplacement de la sédimentation (processus 1) dans le cours d’eau, peut être distingué des changements dans le cours lui-même (processus 2). Les déplacements de sédimentation dans le cours d’eau s’expriment principalement à travers les caractéristiques et la structuration du lit de la rivière, et sont dans une certaine mesure réversibles. Avec la dynamique inhérente du cours d’eau, cependant, celui-ci se déplace et entraîne une restructuration irréversible dans l’ensemble de l’espace de la rivière. Le flux d’eau L’espace des flux peut être défini comme «l’expression formelle des structures pour la fourniture d’aliments, d’énergie et d’eau douce, le soutien au transport, à la production, au cyclage des nutriments, aux services sociaux tels que les loisirs, la santé et la régulation du climat, les inondations et les déchets de l’eau » (NIJHUIS & JAUSLIN, 2015, p.23). L’attention portée au flux offre à l’architecture du paysage, et à d’autres disciplines, le potentiel d’une force opérationnelle dans les processus de transformation territoriale. Comprendre le paysage comme un espace de flux et de mouvement peut faciliter la relation entre les systèmes naturels et humains, entre les processus et l’environnement bâti. Ces paysages, ou paysages d’écosystèmes, deviennent alors des structures opérationnelles qui créent des conditions pour le futur développement et visent la durabilité. Ainsi, le paysage n’est pas compris comme une structure stable mais plutôt comme un système d’actions dynamiques, contenant un réseau d’interrelations entre l’espace et les processus.
2.1.2 LES BERGES : RÔLE PAYSAGER ET ÉCOLOGIQUE Un cours d’eau est un milieu vivant participant à sa propre évolution, mais il faut aussi prendre en considération les écosystèmes qui le bordent. Ainsi, un cours d’eau est composé non seulement de l’écosystème de son lit mineur, mais aussi de l’écosystème de ses berges et des rives autour de lui. La gestion de l’eau comprend donc aussi la gestion des sols, ces deux éléments étant indissociables. La restauration d’un cours d’eau se fait ainsi à une large échelle en tenant compte de tous les éléments qui lui sont liés. Une berge est un élément du paysage très important du point de vue écologique et paysager, faisant la transition entre l’eau et la rive. Elle participe au paysage aquatique de la rivière, présente une qualité paysagère associée à l’accessibilité et un support à la découverte. Les berges ont dans la nature une fonction importante de « corridor biologique » et souvent de « zone tampon ». Elles sont aussi source d’une « pluie » de nourriture vers l’eau. Son intégration (transition, harmonie) est un concept qui doit être pris en considération lors de toute intervention. La gestion de la berge influence fortement le paysage et les services écosysLuiza Rauleac - Les cours d’eau existants visibles ou couverts mais oubliés en milieu fortement urbanisé. Utopie ou réel besoin de réhabilitation ?
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tèmes qu’il peut fournir. Une gestion écologique et différenciée permet de restaurer une fonction de corridor écologique et d’abri-écotonial pour de nombreuses espèces. Le contraire de l’insertion est l’artificialisation du cours d’eau en utilisant, par exemple, des ouvrages bétonnés ou empierrements pour la consolidation des rives. Celles-ci posent de graves problèmes d’écologie du paysage, car outre le fait qu’elles font perdre aux berges leur fonction de corridor biologique, elles entravent les échanges normaux terre-cours d’eau (perte de connectivité écologique).
2.1.3 PROTECTION DES BERGES Les différentes techniques pour la consolidation et protection des berges sont: • Techniques lourdes ou minérales : elles constituent des méthodes d’aménagement moins esthétiques et moins écologiques. Énumération: les gabions, les palplanches, l’enrochement • Techniques douces ou végétales : « l’aménagement de la berge peut se faire à partir de matériaux végétaux vivants en vue d’une végétalisation de la berge et d’une future protection de celle-ci une fois que la végétation sera installée. Par ailleurs, le pied de berge à partir peut être protégé par des matériaux végétaux inertes qui constituent en fait des travaux complémentaires et intégrés dans le paysage dans l’attente que les systèmes racinaires des végétaux soient suffisamment développés pour stabiliser la berge » ( SEREXHE, 2003-2004). «L’idée est que si le but de la protection est seulement le risque de glissement, il n’est pas du tout nécessaire de revêtir la berge jusqu’en haut. Mais si en plus la berge est sensible à l’érosion, il faut continuer la protection vers le haut par un revêtement minéral ou de préférence par des techniques végétales » (DEGOUTTE, 2012). Techniques végétales La protection des berges par des techniques végétales est une évolution des politiques environnementales pour la qualité du milieu aquatique. Comme Gérard Dégoutte l’affirme, les techniques dites végétales sont des techniques ancestrales, redécouvertes en France à la fin du XXe .siècle. Celles-ci reprennent l’ensemble des techniques faisant appel aux végétaux vivants ou morts. Au sein de ces techniques, seules les techniques utilisant des matériaux vivants relèvent du génie biologique. On peut aussi noter que les techniques végétales vivantes sont très couramment utilisées sur les cours d’eau à pente faible ou moyenne. Je vais décrire succinctement différentes techniques végétales utilisant le bois ou les végétaux vivants (Fig.19-24) utilisés pour la stabilisation des berges.
Fig.19. Ensemencement. Disponble sur : http://www.genie-vegetal.eu/technique/croquis
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ENSEMENCEMENT • Il permet une protection complémentaire à celle de la végétation ligneuse ; • Les racines renforcent la tranche superficielle du sol, et les tiges assurent une couverture protectrice contre l’érosion ; • Il est utilisé sur une berge terrassée en pente douce.
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BOUTURES • Cette technique, économique et simple, convient bien pour stabiliser des berges soumises à une érosion faible • Tous les types de saule peuvent convenir. Fig.20. Bouture. Dégoutte Gerard -Diagnostic, aménagement et gestion des rivières (2e éd.), 2012
Fig.21. Mise en place d’une plantation. Dégoutte Gerard -Diagnostic, aménagement et gestion des rivières (2e éd.), 2012
Fig.22. Fascines. Dégoutte Gerard -Diagnostic, aménagement et gestion des rivières (2e éd.), 2012
PLANTATIONS • Les plantations peuvent être réalisées au pied de la berge, à mi-berge ou au sommet, selon la nature de l’arbre et selon l’objectif. Elles peuvent aussi être réalisées sur la rive ; • Les espèces conseillées pour la fixation des berges, sont les espèces buissonnantes: prunellier, aubépine, noisetier, saule et les arbres: saule, aulne glutineux, frêne-en pied de berge, cerisier, merisier, sorbier des oiseleurs, tilleul, chêne-en haut de berge. FASCINES • Ce sont des fagots constitués de branches et de rameaux vivants de saule, orientés dans le même sens et serrés ; • Ils sont efficaces pour protéger les pieds de berge ; • En complément, il est nécessaire de protéger le reste de la berge, qui est généralement l’objet de terrassement, par un tapis vivant ou par un ensemencement.
TREILLIS DE BRANCHES • Ils sont utilisés pour remblayer une anse d’érosion dans une berge ; • L’eau qui passe sur le treillis est ralentie et dépose des matières en suspension qui peu à peu comblent la berge érodée. Fig.23. Treilis de braches(en plan et en coupe). Dégoutte Gerard -Diagnostic, aménagement et gestion des rivières (2e éd.), 2012
Fig.24. Epis vivant (en plan et en coupe). Dégoutte Gerard -Diagnostic, aménagement et gestion des rivières (2e éd.), 2012
EPIS VIVANTS • Ils sont constitués d’une cage en pieux de 1 à 3 m contenant un paquet de branches ; • Ils sont une variante aux protections longitudinales ; • Ils approfondissent le lit de la rivière et favorisent les dépôts contre la berge entre les épis successifs ; • Cette technique n’est pas recommandée pour les rivières étroites.
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Rôle de la végétation dans la stabilisation des berges Les végétaux des abords des cours d’eau jouent un rôle prépondérant dans la stabilisation des berges. Par leurs structures aériennes et racinaires de même que par leurs positionnements sur le profil transversal, ils peuvent jouer un rôle négatif ou positif selon le cas. La protection est d’autant plus efficace que les végétaux sont adaptés aux diverses crues. « Les végétaux permettent une protection dont l’efficacité croît au fur et à mesure de leur développement. Mais l’action de l’aménageur n’est pas terminée à la fin du chantier, contrairement aux techniques minérales » (DEGOUTTE, 2012).
2.1.4 RENATURATION DES BERGES DES COURS D’EAU ET PHYTOREMEDIATION Bien que les techniques végétales soient d’application de longue date pour fixer les berges de cours d’eau, elles font maintenant partie d’une réflexion plus générale avec la prise en compte des besoins écologiques des écosystèmes des rivières et le développement de l’ingénierie végétale. La phytoremédiation représente un groupe de technologies innovantes qui utilisent des plantes et des procédés naturels pour la réduction du risque in situ et / ou l’élimination des contaminants des sols contaminés, de l’eau, des sédiments et de l’air. (Fig.25) La phytoremédiation est une méthode énergétique, esthétique et écologique pour la renaturation des sites avec des niveaux de contamination faibles à modérés. Un autre avantage de la phytoremédiation in situ est celui de son coût relativement faible par rapport aux autres méthodes de traitement telles que les excavations. Dans de nombreux cas, le coût de la phytoremédiation a été inférieur de moitié à celui des méthodes alternatives. La phytoremédiation offre également une renaturation in situ permanente plutôt que de simplement déplacer le problème. En outre, le procédé produit de la biomasse qui peut être utilisée pour la production d’énergie, tout en stabilisant les contaminants extraits.
2.1.5 RECONFIGURATION DES BERGES DANS LE MILIEU URBAIN Dans le milieu urbain, pendant longtemps, les berges répondaient à un problème de défenses techniques contre les inondations. Actuellement, les possibilités d’utilisation récréatives deviennent de plus en plus importantes car les cours d’eau commencent à être explorés en tant qu’espaces de contemplation et de détente. Ainsi, la façon de restaurer un cours d’eau passe de l’ingénierie hydraulique technique à l’ingénierie biologique semi-naturelle pour façonner les cours d’eau comme lieux multifonctionnels pour la flore, la faune et les humains. Les cours d’eau qui se trouvent dans le milieu urbain, si ils ne sont pas déjà voûtés, ont dans la plupart des cas des berges consolidées par des murs bétonnés, avec très peu de rôles esthétiques et surtout écologiques. Cependant, il existe maintenant d’autres approches plus sensibles à l’eau, tentant de lui donner davantage d’espace par la restauration des berges. Différents exemples sont repris dans le livre « River.Space.Design » où diverses méthodes sont analysées
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dans une nouvelle approche par design. Celui-ci cherche à comprendre les dynamiques de l’eau ainsi que tout le mécanisme autour. Les stratégies de reconfiguration présentées dans leurs propositions prennent en compte les fluctuations verticales et la propagation latérale de l’eau. Les stratégies de conception consistent à façonner les éléments de telle sorte qu’ils puissent être submergés lorsque le niveau de l’eau augmente sans subir de dégâts. Ils sont capables de «tolérer» l’eau montante. Une autre stratégie consiste à concevoir des éléments capables de «s’adapter» à l’élévation des niveaux d’eau. Un vaste champ de propositions pour la reconfiguration des berges dans le milieu urbain existe. Dans cette partie de chapitre j’examinerai quelques méthodes existantes pour la reconfiguration et/ou la suppression des berges existantes.
PHYTOEXTRACTION
PHYTOSTABILIZATION
BIOVENTILATION
PHYTOVOLATILIZATION
RHIZODEGRADATION
AGRICULTURE
Fig.25. Techniques de phytorémediation. ©Urban Design Studio, 2012. Cliché de l’auteur.
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D’une berge bétonnée vers une zone riveraine différenciée Par ce type de transformation, la ligne que représente la berge perd son caractère de séparation et devient ainsi une zone de transition entre l’eau et la terre. • Expansion spatiale linéaire (Fig.26) Cette stratégie de reconfiguration présente diverses possibilités d’expansion linéaire pour différencier plus fortement la berge et créer en même temps un peu plus d’espace pour que l’eau se propage de côté. Cela est obtenu en reconfigurant les murs des rives. La limite d’inondation se déplace vers l’intérieur, et l’eau peut se propager sur les terrasses ou les escaliers. Cette reconfiguration de la berge permet d’entrelacer directement la structure urbaine avec l’espace de l’eau. Les cours d’eau non perceptibles ou dégradés sont rendus à nouveau accessibles, le contact direct avec l’eau étant facilité.
Niveaux intermediaires
Terraces
Des marches larges vers la rivière
Fig.26. Illustration d’un exemple d’expension spatiale lineaire. Prominski Martin, 2013, p.52,53. Cliché de l’auteur.
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• Expansion spatiale sélective (Fig.27) Contrairement au type d’expansion précédemment présenté, ici la limitation verticale continue de l’espace est ouverte à un seul endroit sélectionné. Un accès étroit vers l’eau par une rampe ou une terrasse est créé et se finit par une pente vers le lit de la rivière. Dans cette stratégie, la limite d’inondation est repoussée, et l’espace qui émerge est soumis à des variations dans le niveau de l’eau. Les fluctuations du débit volumique de la rivière peuvent être plus visibles, contrairement à la paroi de remblai abrupte. Dans ce cas on peut noter que ces zones à débit réduit de l’eau agissent comme des petites niches écologiques en milieu urbain. Ainsi, malgré l’artifice du cours d’eau, de petits habitats peuvent se développer.
Accès à la rivière parallèlement à la berge
Accès à la rivière perpendiculairement à la berge
Fig.27. Illustration d’un exemple d’expansion spatiale sélective. Prominski Martin, 2013, p.54,55. Cliché de l’auteur.
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• Paysages riverains dynamiques (Fig.28) D’une berge contraignante vers une rivière serpentant dynamiquement : la berge au niveau de la ligne d’eau moyenne est déplacée ou supprimée ; un espace fluvial avec sa propre dynamique de développement évolue et change continuellement. « Cette technique représente la manière la plus simple et la plus radicale de restaurer une rivière à sa dynamique naturelle. L’objectif de cette stratégie est que le cours d’eau peut atteindre un état quasi naturel avec un canal sinueux sans intervention humaine supplémentaire, uniquement par ses propres processus dynamiques » (PROMINSKI, 2013). Si une rivière est capable de retrouver son équilibre dynamique dans un délai raisonnable, cette approche sans intervention artificielle est avantageuse à la fois pour des raisons économiques et écologiques. Dans ce cas, il faut surtout tenir compte du fait que ce développement autodynamique nécessite un espace suffisant.
Enlèvement de la berge bétonné
Gestion riveraine semi-naturelle
Régulation de l’extraction de l’eau
Fig.28. Illustration d’un exemple de paysage riverain dynamique. Prominski Martin, 2013, p.134, 135. Cliché de l’auteur.
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2.2
HABITATS, FLORES, FAUNES AQUATIQUES DANS LA REGION BRUXELLOISE
A l’origine, Bruxelles était une ville d’eau, passée d’un réseau hydrographique relativement dense à un réseau réduit et discontinu en surface. D’après les donnés de Bruxelles Environnement, la région bruxelloise compte environ 91 km de cours d’eau - dont 60 km à ciel ouvert - ainsi qu’un canal qui la traverse sur une longueur de 14,5 km. En terme de superficie, les étangs occupent 101,4 ha et le canal 81,6 ha, ce qui au total représente un peu plus de 1% de la superficie régionale. Pour améliorer les habitats aquatiques, la qualité physico-chimique et écologique des cours d’eau est prise en compte. A Bruxelles, depuis plusieurs années, ceux-ci font l’objet d’un suivi pour l’estimation de leur qualité. Les cartographies ci-dessous (fig.) montrent l’état des principaux cours d’eau, notamment le Canal et les rivières Senne et Woluwe sur plusieurs années. Sur les cartes (Fig 29, 30), la Senne est une masse d’eau en mauvais état, tant sur le plan écologique que chimique. Comme Bruxelles Environnement le précise, elle connaît de multiples pressions très significatives : près de 80% des charges polluantes ponctuelles et diffuses arrivant en eaux de surface à Bruxelles, pression hydromorphologique la plus importante de par son voûtement (Fig.31), perte de beaucoup de ses affluents vers le Canal ou le réseau d’égouttage. Le Canal est une masse d’eau artificielle, ce qui a une influence dans l’évaluation des pressions et incidences. Ici, les pollutions sont importantes mais cependant moins que dans le cas de la
Bon Mauvais
Bon Mauvais
Bon Mauvais
Fig.29. Représentation cartographique de l’état chimique des masses d’eau de surface entre 2009-2012. ©Bruxelles Envirronement, 2014
Qualité biologique Potentiel maximal Bon potentiel Moyenne Médiocre Mauvaise Non applicable Non disponible Réseau hydrographique
Fig.30. Qualité écologique des masses d’eau de surface 2004-2013 ©Bruxelles Envirronement, 2014
Fig.31.La Senne souterraine à Bruxelles. Reportage par Tchorski, 2009
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Senne. Comme on peut le constater sur les cartes, il se trouve actuellement dans un mauvais état du point de vue chimique. Par contre sa qualité biologique est jugée moyenne. Les parties périphériques du canal, où les berges sont végétalisées, tiennent une place importante du point de vue écologique (du côté d’Anderlecht, la richesse spécifique est particulièrement élevée). Un rôle de refuge et de corridor est joué par celles-ci. Par contre, dans la zone urbanisée, ses berges sont complètement bétonnées. Dans le cas de la rivière Woluwe on observe que la qualité physico-chimique de son eau est estimée comme étant plutôt bonne. Par contre, elle se trouve dans un mauvais « état chimique » à cause des polluants présents. Sa qualité biologique n’est pas encore assez bonne. Même si les résultats sont plutôt mauvais, on peut constater une amélioration de la qualité de l’eau dans les dernières années ; ceci grâce, entre autres, à la multiplication des stations d’épuration, notamment dans la vallée de la Senne. FLORE Les plantes aquatiques jouent un rôle très important dans l’écosystème des cours d’eau. Leur développement est le meilleur dans les sites où le fond de l’eau présente une pente très graduelle. Dans les endroits où le débit de l’eau est lent on peut aussi observer une plus grande diversité de plantes. A Bruxelles, dans certains cours d’eau et étangs , là où l’eau est de bonne qualité, on trouve quelques espèces (Fig.32) ; parmi celles-là, la Ceratophile , le Nénuphar jaune, les algues du genre Chara, et diverses espèces de potamots. Elles participent à l’oxygénation et à l’épuration de l’eau et procurent nourriture et abri à toutes sortes d’animaux.
Ceratophyllum demersum
Iris pseudacorus
Nuphar lutea
Phragmites communis
Chara algae
Typha latifolia
Potamogéton crispus
Carex riparia
Fig.32. Flore retrouvé dans certains cours d’eau et étangs à Bruxelles. Illustrations sur Pinterest.com
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On retrouve également à côté des bords de l’eau des plantes hélophytes (semi-aquatiques). Leurs tiges et leurs feuilles sont aériennes, alors que leurs racines sont dans l’eau. Un bon exemple de celles-ci est l’iris jaune, emblème de la région bruxelloise ou encore le Roseau commun, la Massette, le Rubanier, les Carex, la Baldingère,… FAUNE Il est important de savoir qu’à chaque cours d’eau correspond une faune et une flore spécifiques. Un rôle essentiel dans les écosystèmes aquatiques (Fig.33) est joué par les invertébrés d’eau douce (insectes au stade larvaire). Ceux-ci sont souvent peu visibles et extrêmement divers. On peut énumérer parmi ceux-là: les phryganes, les éphémères, les libellules, les moustiques et les chironomes. On y trouve également des vers, des moules, des escargots et des sangsues. Encore moins connus et moins visibles, on trouve également des crustacés, des vers plats et des mites d’eau. Dans les cours d’eau, on peut également retrouver des amphibiens, des reptiles, des poissons et des mammifères (ex. : le rat musqué). En consomment des bactéries, ainsi que des matières mortes et en décomposition, ils réussissent à accélérer la reminéralisation. Ainsi, un recyclage des nutriments dans la rivière est possible.
Fig.33. Exemple de faune retrouvé dans les écosystèmes aquatiques. Illustrations sur Pinterest.com
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2.3
TYPOLOGIE ET CATÉGORIES: NAVIGABLES, NON NAVIGABLES
Catégories Les cours d’eau de la Région wallonne sont classés selon leur importance en diverses catégories. On distingue d’une part les cours d’eau navigables et d’autre part les cours d’eau non navigables. Cours d’eau navigables Par définition, il s’agit de cours d’eau d’un gabarit plus important que les cours d’eau non navigables. En Région Wallonne sont listés une série de cours d’eau réellement navigués ainsi que des parties de cours d’eau qui ne font pas réellement l’objet d’une navigation. Entrent notamment dans cette classification : • La Meuse, l’Escaut, la Lys, la Sambre • Des parties de cours d’eau comme l’Ourthe, l’Amblève, la Lesse etc • Une série de canaux. Le seul cours d’eau navigable en Région de Bruxelles-Capitale est le Canal Charleroi - Bruxelles Son tracé s’étend sur 14 km. Il traverse de part en part la ville et relie Anvers à Charleroi. Il relie également Bruxelles à l’Escaut. Il est desservi au sud du pont Van Praet par un port maritime, ce qui signifie qu’il est accessible en permanence pour les unités fluviales et maritimes d’une capacité pouvant aller actuellement jusqu’à 4.500 tonnes. D’après les données de l’IBGE, chaque année, environ 6 millions de tonnes empruntent la voie d’eau régionale dont plus de la moitié sont embarquées ou déchargées dans le Port de Bruxelles. En permettant de soulager la circulation routière, la présence du canal et du Port de Bruxelles constitue un atout considérable pour la Région en terme de politique de mobilité. Cours d’eau non navigables Tous les cours d’eau qui n’entrent pas dans le classement des cours d’eau navigables sont considérés comme des cours d’eau non navigables. Ces derniers sont eux-mêmes subdivisés en première, deuxième, troisième catégorie et non classés suivant l’ampleur de leur bassin versant. Les principaux cours d’eau non-navigables à Bruxelles sont la Senne et la rivière Woluwe. La Senne a un bassin hydrographique qui couvre une superficie de 1.160 km² et s’étend sur les territoires des trois Régions : 580 km² en Région wallonne, 160 km² en Région de BruxellesCapitale et de 420 km² en Région flamande. Seule voie d’écoulement naturelle, la Senne prend sa source dans les environs de Soignies pour atteindre la Région de Bruxelles-Capitale à Anderlecht. Les principaux affluents de la Senne sont : • En rive droite : la Woluwe, le Hollebeek-Leibeek, le Zwartebeek • En rive gauche : le Molenbeek, le Maalbeek, le Neerpedebeek et le Zuunbeek
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La Woluwe est le principal affluent de la Senne. Son bassin couvre un tiers de la superficie régionale et son cours totalise environ 15 km. Elle se forme à la sortie de l’étang du Moulin à Watermael-Boitsfort. Elle est composée de 3 cours d’eau qui prennent leur source en Forêt de Soignes : le Vuilbeek, le Karregatbeek et le Zwanewijdebeek. Classement des cours d’eau Juridiquement, les cours d’eau non navigables sont classés en trois catégories (Loi du 28 décembre 1967, relative aux cours d’eau non navigables) : • Première catégorie : les parties des cours d’eau non navigables en aval du point où leur bassin hydrographique atteint au moins 500 hectares; • Deuxième catégorie : les cours d’eau non navigables ou parties de ceux-ci qui ne sont classés ni en première ni en troisième catégorie; • Troisième catégorie : les cours d’eau non navigables ou parties de ceux-ci, en aval de leur origine, tant qu’ils n’ont pas atteint la limite de la commune où est située cette origine. (Les données de l’IBGE : «L’eau à Bruxelles»,pdf) Les cours d’eau de première et deuxième catégories sont gérés par la Direction Eau de l’Administration de l’Equipement et des Déplacements (AED). Les communes sont quant à elles responsables de l’entretien des cours d’eau de troisième catégorie. L’IBGE s’occupe de la gestion journalière des cours d’eau de 2ème catégorie et gère également les étangs situés dans les espaces verts régionaux. En Région bruxelloise (Fig.34), seule la Senne est un cours d’eau de première catégorie.
Cours d’eau à ciel ouvert Cours d’eau en pertuis Masse d’eau de surface Étang
Fig. 34. Réseau hydrographique en Région Bruxelloise dans le présent, ©Bruxelles Environnement, 2014 Luiza Rauleac - Les cours d’eau existants visibles ou couverts mais oubliés en milieu fortement urbanisé. Utopie ou réel besoin de réhabilitation ?
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2.4
LÉGISLATION SUR LES COURS D’EAU
Une bonne connaissance du réseau hydrographique et de ses caractéristiques administratives et légales est un élément majeur de la trame sur laquelle se construit une gestion environnementale relative à l’eau. Cette partie est destinée à la présentation du cadre réglementaire européen mais aussi régional visant les directives sur les cours d’eau. La réglementation européenne L’Union européenne formule des lois qui sont appelées des « directives ». Celles-ci sont valables pour tous les États membres. Chaque pays intègre le contenu de ces directives au niveau de sa législation nationale. Les quatre directives européennes les plus importantes en ce qui concerne la gestion des cours d’eau et la protection des milieux naturels sont : • La « directive cadre sur l’eau » • La « directive sur les inondations» • La « directive oiseaux » • La « directive habitats » Les deux dernières directives constituent le cadre légal de base pour la formation du « réseau Natura 2000 » couvrant l’Europe entière. La « directive cadre sur l’eau » adoptée en 2000 est la principale législation européenne soutenant la restauration des rivières. Elle a introduit une approche intégrée de la gestion de l’eau par le développement de la gestion des bassins hydrographiques. Elle a pour but ultime d’atteindre un « bon état » de toutes les eaux communautaires. La directive pour les eaux de surface implique le respect de certaines normes de qualité concernant l’état écologique (structure de l’habitat, faune et flore présentes, ...) et la composition chimique du milieu. La directive vise la protection des eaux de surface intérieures (toutes les eaux courantes et stagnantes à la surface du sol), des eaux de transition (masses d’eau de surface à proximité des embouchures de rivières), des eaux côtières et des eaux souterraines. L’objectif est entre autres : • De prévenir toute dégradation supplémentaire, de préserver et d’améliorer l’état des écosystèmes aquatiques ainsi que, en ce qui concerne les besoins en eau, des écosystèmes terrestres et des zones humides qui en dépendent directement ; • De promouvoir une utilisation durable de l’eau, fondée sur la protection à long terme des ressources en eau disponibles ;
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• De renforcer la protection de l’environnement aquatique ainsi que de l’améliorer par des mesures spécifiques ; • D’assurer la réduction progressive de la pollution des eaux souterraines et de prévenir l’aggravation de leur pollution ; • De contribuer à atténuer les effets des inondations et des sécheresses. (Étude Provinciale Cour d’eau non-navigables.pdf) La directive cadre prévoit que chaque État membre doit recenser les bassins hydrographiques qui se trouvent sur son territoire national et doit les rattacher à des districts hydrographiques. La « directive sur les inondations » oblige les États membres à évaluer le risque d’inondation de tous les cours d’eau présents sur leur territoire. Les plans de gestion des risques liés aux inondations axés sur la prévention, la protection et la préparation sont établis conformément à des cartes qui sont en train de mappage. La « directive oiseaux » est une mesure prise par l’Union européenne dans le but de promouvoir la protection et la gestion des populations d’oiseaux sauvages du territoire européen. Elle impose aux États membres de classer en zones de protection spéciale (ZPS) les zones les plus appropriées à la survie des espèces d’oiseaux plus particulièrement menacées. Par la « directive habitats », l’Union européenne charge les Etats membres de désigner sur leur territoire des zones spéciales de conservation (ZSC). Il s’agit de sites importants pour la sauvegarde des habitats naturels ainsi que des espèces animales et végétales qualifiés « d’intérêt communautaire ». Ces deux dernières directives ont été intégrées dans la législation wallonne par le décret du 6 décembre 2001 relatif à la conservation des sites « Natura 2000 » ainsi que la faune et la flore sauvage, pris sur base de la loi sur la Conservation de la Nature. L’atlas des cours d’eaux non navigables En exécution de la loi du 7 mai 1877, les autorités provinciales ont établi pour chaque commune du royaume, des « atlas » des cours d’eau non navigables. Ces atlas contiennent une série de documents, à savoir : • Un état indicatif de tous les cours d’eau non navigables situés sur le territoire de la commune • Un tableau descriptif où figurent une série de données concernant l’état des cours d’eau ; • Les procès-verbaux dressés pour les ouvrages existant sans droit sur ou le long des cours • Un état des terrains à récupérer sur les riverains ; • Des copies des plans cadastraux indiquant le lit de chaque cours d’eau et les parcelles cadastrales adjacentes. (Étude Provinciale - Cour d’eau non-navigables.pdf) Les cours d’eau qui ne sont pas repris dans l’« Atlas des Cours d’Eau » ne sont pas classés.
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CHAPITRE 3 Réflexions autour de l’importance d’un cours d’eau dans la ville dans le présent Utopie ou réel besoin de réhabilitation ?
Fig. 35. La rivière Cheonggyecheon mis au ciel ouvert en 2005. ©KCET.com.
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3.1
QUEL EST LE RÔLE DE L’EAU DANS LE PRÉSENT ET COMMENT L’ABORDER DANS UN CONTEXTE DE DENSITÉ URBAINE ?
Dans le contexte actuel où le réchauffement climatique, l’urbanisation et la demande croissante de ressources limitées prennent de plus en plus d’ampleur, surgissent de nouvelles façons de penser la situation des cours d’eau dans le milieu urbain. Une approche intégrée de la conception de la ville est devenue une nécessité pour concilier les défis de la gestion des ressources, de la protection de l’environnement et de la qualité de vie humaine. Les cours d’eau peuvent être des composants importants dans le milieu urbain et environnemental. Les écosystèmes des cours d’eau peuvent fournir de nombreux bénéfices comme: le filtrage d’air, la régulation du microclimat, la réduction du bruit, le drainage de l’eau de pluie, le traitement des eaux usée, loisirs et valeurs culturelles. Les cours d’eau comme tampon pour les inondations Les inondations sont fréquentes dans de nombreuses villes lors des fortes pluies. La réduction visible des eaux de surface rend le drainage urbain fort dépendent du réseau de canalisations municipal. Cette situation mène rapidement à un engorgement de ces dernières. La restauration et la gestion des cours d’eau dans les zones urbaines pourront aider à une prévenir les inondations. Pour une meilleure compréhension des zones inondée, des études qui prennent en considération les anciens niveaux de l’eau devront être réalisées. Les cours d’eau comme réducteurs de pollution Une berge avec une végétation riche pourrait aider à nettoyer l’air et fonctionner comme une «barrière verte». Ainsi, la pollution des gaz d’échappement des véhicules et la pollution sonore pourront être isolés. L’eau comme régulateur écologique dans l’environnement piétonnier urbain Les cours d’eau peuvent jouer un rôle important dans la régulation du microclimat de la ville. La restauration des cours d’eau peut réduire l’effet de «l’îlot » de chaleur urbaine et des pollutions sonores en améliorant ainsi la qualité de l’espace urbain. « En construisant un parc riverain le long de la berge, un espace piéton urbain très accessible peut être créé. Les projets encouragent le retour des réseaux routiers favorables aux piétons. En ce qui concerne les projet de réhabilitation d’un cours d’eau, la conception d’une route piétonnière le long de la berge devrait intégrer la végétation naturelle et les végétaux qui purifient l’eau » (TONGYU, 2017). En conséquence, les zones riveraines pourront faire partie de l’écosystème et peuvent servir comme régulateur écologique. L’eau comme moteur pour augmenter l’habitabilité du paysage urbain Avec l’urbanisation croissante, l’espace piétonnier de la ville s’est resserré petit à petit et le trottoir est devenu ce lieu de passage exigu où les passants se croisent dans un tempo toujours plus accéléré. Au contraire, un environnement urbain avec des cours d’eau restaurés pourrait offrir une expérience agréable et ralentir la vitesse des rythmes de vie. Un environnement plus naturel et confortable qui stimule les différentes activités pourrait être envisagé.
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3.1.1 LE MILIEU URBAIN ET LA RESTAURATION DES COURS D’EAU : DÉFIS ET OPPORTUNITÉS
Diverses manières de récréer des liens entre le milieu urbain et le cours d’eau existent. Comme présenté dans les chapitres précédents, la restauration des cours d’eau apporte une amélioration tant du point de vue écologique que social et sociétal. Ces opérations diffèrent de celles réalisées en milieu rural car elles nécessitent des aménagements particuliers. En milieu urbain, on rencontre beaucoup plus de contraintes du fait d’une situation territoriale souvent enclavée. Ces réalisations sont aussi beaucoup plus visibles aux yeux de la population. Il est intéressant d’en profiter pour sensibiliser les autorités publiques aux enjeux et aux intérêts que représentent des cours d’eau en bon état. Davantage de ressources sont allouées à la restauration des rivières urbaines par rapport aux autres rivières (BERNHARDT, 2005). On peut noter aussi que leur niveau de dégradation et les impératifs politiques jouent un rôle considérable par rapport à leur restauration (BERNHARDT, PALMER, 2007). Défis particuliers entre les rivières urbaines et les rivières dans le milieu rural (Fig.36) Le premier défi consiste en ce que le contexte urbain accentue les conflits entre la gestion des ressources en eau et la restauration des rivières. Un grand nombre de personnes et d’entreprises opérant dans les bassins versants signifie en effet que les rivières urbaines sont, presque inévitablement, des environnements fortement contestés. Leur gestion aborde un large éventail de conflits sociaux, culturels, économiques et environnementaux.
Environnement naturel
lit mineur lit majeur
Environnement urbain
IMPERMÉABILISATION DES SOLS
INONDATION DU LIT DE LA RIVIÈRE
Fig. 36. Environnement rural et urbain. Coupe technique. ©Metropolitan e-Studio
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Le deuxième défi est que les bassins versants urbains sont susceptibles d’être plus dynamiques (en termes socio-économiques) que les bassins ruraux. En milieu urbain les rivières risquent d’être soumises à un taux de changement plus élevé et en conséquence, sont soumises à des pressions de plus grande envergure qui amènent une plus grande incertitude pour l’avenir. Troisièmement, la restauration en contexte urbain doit prendre en considération les opportunités disponibles, y compris financières, pratiques ou politiques. La demande dans le milieu urbain par rapport à la terre et les ressources en eau peuvent augmenter le coût de la restauration des rivières. Acheter des droits fonciers ou de l’eau, modifier les pratiques d’utilisation des terres ou encore améliorer la santé des rivières est susceptible d’être plus coûteux dans une zone urbaine par rapport à une région rurale. Les contraintes pratiques peuvent exister en raison des niveaux de développement existants. Par exemple, la reconnexion d’une rivière avec sa plaine d’inondation peut être pratiquement (ou politiquement) impossible là où la croissance urbaine s’est répandue. La plaine d’inondation qui peut provoquer une augmentation du risque de l’inondation des maisons est beaucoup moins susceptible d’être acceptée que dans le cas d’inondations de terres agricoles. Un quatrième défi est que les bassins hydrographiques urbains sont plus peuplés. Cela signifie qu’un plus grand public est concerné et l’attention politique va augmenter en conséquence. Une plus grande population signifiera une plus large gamme de parties prenantes, exigeant une approche plus complète. Les cours d’eau en milieu urbain offrent des défis comme des opportunités importants. Leur connexion directe avec les gens signifie que, par exemple, des bénéfices tels que l’amélioration de la santé ou des valeurs d’agrément peuvent être proportionnellement plus grands pour les rivières urbaines que pour les rivières rurales. 3.1.2 TYPOLOGIE DES DIFFÉRENTES MESURES A PRENDRE POUR LA RESTAURATION DES ÉCOSYSTÈMES LIÉE A L’EAU Modification du débit La modification du débit vise à restaurer le régime d’écoulement d’une rivière. Ceci s’exprime principalement par des mesures visant à modifier les flux dans une rivière, y compris: modification du volume, la fréquence, la durée ou la synchronisation des flux. D’autres types de mesures peuvent également avoir un impact sur le régime des flux comme la gestion des eaux pluviales, l’enlèvement ou l’adaptation de barrage, la reconnexion des plaines d’inondation. Les mesures qui impliquent la modification du régime d’écoulement visent généralement à restaurer les variables hydrologiques écologiquement importantes. Importance du régime de débit de l’eau : • Le débit est un déterminant majeur de l’habitat physique dans les cours d’eau et les rivières. • La faune diffère selon les flux naturels rencontrés tout au long du cours d’eau • Les flux maintiennent des schémas naturels de longueur (en amont aval) et latérale (par exemple, plaine d’inondation) Enlèvement ou réaménagement des barrages Cette intervention consiste à éliminer ou modifier les barrages ou autres infrastructures existantes pour réduire leurs impacts négatifs sur l’écologie. Les effets et impacts significatifs des barrages et autres infrastructures existantes sur l’état des Luiza Rauleac - Les cours d’eau existants visibles ou couverts mais oubliés en milieu fortement urbanisé. Utopie ou réel besoin de réhabilitation ?
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rivières sont : • Les changements du régime d’écoulement • Le trappage des sédiments et des nutriments derrière un barrage peuvent entraîner une perte d’habitat écologiquement important • Le blocage de la migration des organismes aquatiques: les barrages sont une cause majeure de la fragmentation de l’habitat, réduisant le mouvement des espèces en haut et en bas du couloir fluvial La gestion des eaux pluviales Les zones urbaines ont souvent un modèle hydrologique altéré en raison de l’importance des surfaces imperméables. Celles-ci empêchent l’infiltration de l’eau dans le sol et augmentent considérablement le taux de ruissellement, entraînant parfois des inondations rapides et une augmentation de l’érosion des berges des cours d’eau. Les eaux pluviales peuvent également porter des charges polluantes. « Le ruissellement des eaux pluviales à partir de surfaces imperméables est le facteur de stress primordial pour les rivières urbaines.» (WALSH et al., 2005) Cette mesure consiste en la construction et la gestion des structures (étangs, zones humides et des écoulements régulateurs) dans les zones urbaines qui modifient la cinétique des eaux du ruissellement avant qu’elles se jettent dans les cours d’eau. Les mesures de restauration et de gestion des eaux pluviales visent à améliorer une gamme de facteurs pertinents pour la santé des rivières et comprenant: • Le flux: en minimisant les impacts de l’urbanisation sur les caractéristiques hydrologiques d’un bassin versant. • La qualité de l’eau: en minimisant la quantité de pollution qui rentre dans le système d’eaux pluviales et en enlevant une quantité appropriée de toute pollution résiduelle • La biota : en maximisant la valeur des origines indigènes, végétation de la plaine d’inondation et de la forêt • L’habitat: en maximisant la valeur des habitats physiques et la faune aquatique dans le système d’eaux pluviales. Reconnexion du plan d’inondation Les plaines d’inondation sont l’une des plus précieuses stratégies productives et économique des écosystèmes dans le monde (OPPERMAN et al., 2010). Elles jouent un rôle essentiel dans le maintien d’un bon état des rivières et contribuent aussi à l’augmentation de la faune terrestre. Ceci est une conséquence à la fois de l’apport de nutriments de l’eau de crue et de la libération de carbone et nutriments par la plaine d’inondation. Lorsqu’il existe une connectivité hydrologique, les inondations peuvent permettre à la faune de se déplacer entre le cours d’eau et la plaine d’inondation, en ajoutant la biomasse produite dans la plaine d’inondation vers le système de la rivière. Les plaines d’inondation fournissent également un stockage temporaire pour les eaux de crue, en retardant et réduisant la taille des pics d’inondation, et peut être une source importante de recharge des eaux souterraines (OPPERMAN, 2014). Gestion riveraine La gestion riveraine comprend des mesures liées à la revégétation de la zone riveraine. Elle comprend également le contrôle ou l’enlèvement d’espèces invasives. La gestion riveraine vise à améliorer la capacité des zones riveraines à contribuer à la santé des rivières. Ceci agit comme un tampon entre la rivière et les activités à proximité du bassin versant. La zone riveraine peut capter le ruissellement des sédiments, aider à filtrer les éléments nutritifs ainsi que maintenir la nourriture et d’autres éléments importants qui créent des liens entre les milieux terrestre et aquatique. 48
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3.2 QUELLES SONT LES SYNERGIES POSSIBLES ENTRE LES DIFFÉRENTS ASPECTS RELATIFS A L’EAU AU CŒUR DE LA VILLE? 3.2.1 GESTION DURABLE DE L’EAU Aujourd’hui, les villes fortement urbanisées sont confrontées à des nombreux défis en ce qui concerne les domaines de l’eau. Une des préoccupations les plus sérieuses est liée à la gestion de l’eau. Au cours de son cycle, l’eau est soumise à de nombreuses sources de polluants : réseaux routiers, industries, zones urbaines, exploitations agricoles, ménages, etc. Il est actuellement de plus en plus important de gérer durablement l’eau. La gestion durable de l’eau limite non seulement le risque d’inondation mais est également nécessaire pour assurer à tout moment une alimentation suffisante en eau potable. Pour cela, les eaux usées et les eaux pluviales devront être efficacement collectées et traitées afin d’assurer le retour dans le milieu naturel d’une eau de qualité. La gestion durable de l’eau passe par la réalisation et l’utilisation d’ouvrages durablement performants afin de limiter les interventions de maintenances et éviter l’apparition de dysfonctionnements préjudiciables pour la santé et l’environnement. Gestion intégrée de l’eau dans le milieu urbain Aujourd’hui, la gestion de l’eau dans le milieu urbain est définie par un système dans lequel l’approvisionnement en eau, l’assainissement, les eaux pluviales et les eaux usées sont gérés chacun séparément par des entités isolées. L’introduction de la gestion intégrée des eaux urbaines comme concept de planification peut améliorer la gestion de l’eau en reliant ces différents aspects de l’eau. Cette gestion offre un ensemble de principes qui se traduisent par une meilleure coordination et gestion durable. Les objectifs de la gestion intégrée des eaux urbaines sont d’assurer l’accès à l’eau et aux infrastructures et services d’assainissement, gérer l’eau de pluie, les eaux usées, le drainage des eaux pluviales et la pollution par les eaux de ruissellement, contrôler les maladies d’origine hydrique et épidémies, réduire le risque de dangers liés à l’eau, y compris les inondations, les sécheresses et les glissements de terrain. Parallèlement, les pratiques de la gestion de l’eau doivent prévenir la dégradation des ressources. La gestion intégrée de l’eau dans le milieu urbain appelle à un alignement du développement urbain et de la gestion des bassins vers des objectifs économiques, sociaux et environnementaux durables. Une gestion intégrée de l’eau se caractérise par : • Prendre en considération la gestion de la ressource d’eau dans la zone entière du bassin ; • Différencier les qualités et les utilisations potentielles des sources d’eau ; • Considérer comme partie prenante du même cycle de gestion des ressources, les éléments naturels dans les villes (lacs, rivières et cours d’eau) en les intégrant dans la gestion de l’eau urbaine (abstraction, stockage, réutilisation, décharge, etc.) ainsi que l’infrastructure technique ; • Chercher à protéger, conserver et exploiter l’eau à sa source ; • Prendre en compte les utilisateurs en dehors de la ville et qui dépendent de la même source d’eau ;
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• Reconnaître les relations entre les ressources en eau, l’utilisation des terres et l’énergie ; • Poursuivre simultanément l’efficacité économique, l’équité sociale et la durabilité environnementale ; • Encourager la participation de toutes les parties prenantes.
3.2.2
ÉNERGIE
L’eau et l’énergie sont des éléments essentiels du bien-être de l’homme et du développement socio-économique durable. Actuellement, les principales crises régionales et mondiales (climat, pauvreté, famine, santé et finance) qui mettent en péril la subsistance de bon nombre de personnes sont interconnectées aux problématiques de l’eau et de l’énergie. Selon le diagnostique du Rapport mondial sur l’eau et énergie, environ cinq milliards de personnes n’ont pas d’accès à l’eau potable, à l’assainissement ou n’ont toujours pas d’électricité. Pendant longtemps, les relations entre l’eau et l’énergie se sont limitées à la question des barrages et de l’hydroélectricité. « Leurs différences de production, de transport, de distribution ainsi que la nature des produits ont contribué à éloigner les deux secteurs, malgré leur interdépendance naturelle : il est, en effet, impossible de produire de l’eau potable sans énergie, et il est impossible de produire de l’énergie sans eau, de toute nature qu’elle soit : fossile, électrique, hydroélectrique, nucléaire ou même issue des biocarburants » (CFC, 2014). Aujourd’hui, des synergies exploitant des nouveaux champs tentent de rapprocher les deux secteurs. Parmi ceux-ci on peut énumérer: le champ politique (avec la reconnaissance d’un droit à l’accès aux services essentiels), le champ de l’avenir de la planète (avec la gestion des ressources rares dans une perspective de développement durable), le champ de l’innovation technologique (avec, par exemple, les réseaux intelligents et les stations de traitement à énergie positive). L’énergie incorporée - l’intensité énergétique de l’utilisation de l’eau Au cours des dernières années, de nombreuses études ont développé le sujet de la relation entre l’utilisation de l’eau et l’énergie. Plusieurs étapes sont nécessaires afin d’obtenir l’eau que nous consommons. Celles-ci exploitent l’environnement et consomment plus d’énergie qu’on pourrait le croire. L’énergie incorporée (ou la soi-disant «énergie virtuelle») est la quantité totale d’énergie calculée sur l’ensemble du système, requise pour l’utilisation d’une quantité donnée d’eau dans un lieu spécifique » (deMONSABERT, BAKHSHI, 2009). L’énergie incorporée dépend principalement de la qualité et du type d’eau, des exigences de pompage pour la livraison (selon l’emplacement, la fonction), de l’efficacité des systèmes d’eau ainsi que son utilisation finale (Fig.37). Dans le graphique annexée (Fig.38) nous pouvons suivre le cycle urbain dans les étapes suivantes: l’extraction d’eau des sources, le traitement de l’eau, la distribution, le traitement des eaux usées, la collecte et l’utilisation finale. L’énergie est généralement le premier poste budgétaire des installations d’approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées. Des économies énergétiques et financières considérables pourraient être réalisées grâce à des contrôles visant à identifier et à réduire les pertes en eau et en énergie et à améliorer l’efficacité des installations. 50
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La future consommation hydrique et énergétique d’une ville nouvelle ou en pleine expansion peut être réduite dès les premières étapes de l’aménagement urbain en regroupant les constructions et en investissant dans des systèmes de gestion intégrée de l’eau de ville. On compte parmi ces systèmes et ces pratiques la conservation des sources d’eau, l’utilisation de sources d’eau multiples (y compris la collecte des eaux de pluie, la gestion des eaux pluviales et la réutilisation des eaux usées), ainsi que le traitement de l’eau au niveau de qualité souhaitée en fonction de son utilisation, plutôt que de transformer toutes les eaux en eau potable. L’eau de source utilisée pour les piscines, l’eau potable et les douches doivent satisfaire aux normes conventionnelles. Cette eau proviendra donc des infrastructures municipales existantes. Cependant, pour réduire la consommation globale d’eau, l’eau de pluie pourra être utilisée pour les toilettes ou laver les voitures. Cette technique réduira la consommation d’eau municipale et, par conséquent, l’énergie utilisée pour la produire. Une fois souillée, cette eau sera dirigée vers les eaux usées.
Fig. 37. Energie d’utilisation finale d’eau. ©Metropolitan e-Studio
Décharge dans l’environnement
Pompage Réserve d’eau Source d’eau naturelle
Pompage
Traitement des eaux usées System de collection des eaux usées
System de distribution de l’eau
Énergie incorporée dans le traitement des eaux usées (KWH/GAL.) Énergie incorporée dans le système de collecte des eaux usées (KWH/GAL.)
Énergie incorporée dans la station d’épuration (KWH/GAL.)
Traitement de l’eau
Énergie incorporée dans le système de distribution de l’eau (KWH/GAL.)
Les utilisateurs finaux
Fig. 38. Composants de l’énergie incorporée dans le cycle de l’eau. Sharon deMonsabert et Ali Bakhshi, 2009
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Un autre exemple pourrait être l’eau des piscines, qui impliquent un volume significatif d’eau. Pour que cette eau ne soit plus envoyée vers le traitement dans une station d’épuration, la fourniture et l’utilisation de savons biodégradables devraient être encouragées. De cette façon, en raison du contaminant relativement connu et minimal dans l’eau de la piscine, cette eau peut être purifiée sur place. Un procédé recommandé pour la purification sur place des eaux usées est une zone humide construite (Fig. 39). L’eau usée se déplace à travers une série de canaux avec des plantes qui filtrent les particules et les micro-organismes et imite le processus de purification qui se produit dans les zones humides naturelles. À la fin du processus, l’eau peut être évacuée vers le cours d’eau le plus proche. Non seulement la zone humide évite que les eaux usées soient transportées vers une station d’épuration, mais elle offre un paysage naturel. En outre, les surfaces perméables évitent que l’eau de pluie ne soit redirigée vers la canalisation d’égout. L’énergie de l’eau Au cours du 19ème siècle, le développement industriel des villes a eu lieu grâce à des sources d’énergie spécifiques. C’est le cas des moulins qui, transformés en petites usines textiles utilisent l’énergie de l’eau des rivières. Cette production se déroule dans une relation étroite et profonde avec l’infrastructure hydroélectrique et la topographie.
Fig. 39. Diagramme de section d’une zone humide construite à l’horizontale et des espèces végétales appropriées. Fallon Walton,, Recherche technique, 2017
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La production hydroélectrique, de façon générale, parce qu’elles coupe les cours d’eau a des effets cumulés importants sur l’état et le fonctionnement des milieux aquatiques. D’autres inconvénients sociaux et environnementaux particulièrement dans le cas des barrages sont observés comme le déplacement de population, éventuellement les inondations de terres agricoles, les modifications des écosystèmes aquatique et terrestre ou le blocage des alluvions, etc. Des alternatives à la production de l’énergie plus durable et plus respectueuse de l’environnement sont nécessaires. Par exemple, les eaux usées non traitées représentent une importante source d’énergie encore peu exploitée. Les substances organiques contenues dans celles-ci contiennent suffisamment d’énergie chimique pour compenser la quantité d’énergie nécessaire pour leur traitement et même pour générer un surplus. Cette énergie est aujourd’hui sous-utilisée par les stations d’épuration, qui fonctionnent en utilisant principalement deux techniques : les techniques physico-chimiques et les procédés biologiques (aussi bien pour le traitement des eaux usées que pour la production d’eau potable). Afin de mieux exploiter le potentiel énergétique considérable des eaux usées (Fig.40), un nouveau processus de traitement des eaux usées a été développé, entre autre, par le Centre de compétences eau, Veolia Allemagne et la Régie de l’eau de Berlin. Le projet vise à exploiter au maximum ce potentiel pour produire de l’électricité. L’énergie présente chimiquement dans les eaux usées peut servir à cuisiner et à chauffer les habitations, ainsi que de carburant pour les véhicules et les centrales, ou encore d’énergie d’exploitation de l’usine de traitement elle-même. Ce biogaz remplace les combustibles fossiles, réduit la quantité de boue à éliminer et dégage des économies financières pour la centrale.
3.2.3 MULTIFONCTIONNALITÉ C’est particulièrement dans les villes que le caractère hybride des cours d’eau se manifeste: ils sont à la fois artificiels et naturels. Les cours d’eau urbains sont des infrastructures hydrauliques, contrôlés artificiellement et enfermés spatialement. En outre, ce sont des écosystèmes linéaires qui relient les villes et les régions à l’ensemble de leurs bassins versants - l’eau des régions en amont s’écoule dans les régions en aval et crée ainsi un sentiment de communauté et une relation dépendante entre les habitants riverains. Dans le même temps ils peuvent être des espaces récréatifs importants pour les citadins.
biomasse de la saule pour l’énergie
Traitement des eaux usées et réutilisation
fumier à partir d’engrais usagé
Fig.40 Nouveaux principes de traitement des eaux usées ©Bioenergie.fr
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La multifonctionnalité est considérée comme une mesure «win-win» qui peut ramener plusieurs synergies et mettre en œuvre différentes politiques telles que la Directive cadre sur l’eau (gestion intégrée de la gestion de l’eau en Europe), la directive sur les inondations et la directive habitats. Les multiples exigences fonctionnelles sur la conception des espaces urbains autour des cours d’eau peuvent être combinées et les demandes doivent être conciliées avec la dynamique interne naturelle de l’eau elle-même. La compréhension du processus dynamique interne des rivières sert de point de départ à tous les projets interdisciplinaires durables. Cela peut répondre à une meilleure intégration des nombreux et divers besoins et défis rencontrés dans la conception de la restauration des cours d’eau dans le milieu fortement urbanisé.
3.2.4 POSSIBILITÉS RÉCRÉATIVES Un point important dans l’aménagement des cours d’eau en milieu urbain est que ceux-ci peuvent offrir de nombreux usages récréatifs. Cela peut être une promenade à pied ou en vélo, une place de détente pour lire , admirer les oiseaux, etc. et où les gens pourront avoir l’opportunité de toucher et interagir avec le cours d’eau dans des endroits appropriés. En même il faudra aussi veiller à un équilibre entre l’accès au public et la protection de la rivière.
3.2.5 VALEUR VÉCUE ET REÇUE Le cours d’eau fait la relation entre le passé et le présent, et celui-ci peut être de ce fait ressenti comme un lieu de mémoires. Actuellement en milieu urbain, ceux-ci sont malheureusement souvent inaccessibles ou très peu perceptibles. Dans la psychologie de la connaissance spatiale des personnes, la vue de la rivière se dissout progressivement en arrière-plan. «Cependant, dans la théorie de Kevin Lynch d’une carte cognitive, un facteur très important est la connaissance de la distance spatiale par une personne. Quand une zone de la ville devient attractive, elle rend la perception subjective des gens de la distance plus petite que la réalité. En ce sens, les petites et moyennes rivières, une fois conçues pour être plus attrayantes, pourraient jouer le rôle de compresseur de la connaissance spatiale de la ville « (TONGYU, 2017). Un cours d’eau dans le milieu urbain est utile pour construire un système de paysages piétonniers. Marcher est différent que conduire une voiture ; lorsque les gens traversent l’espace de la ville, ils ne se sentent pas nerveux et pressés, leur connaissance de l’espace est plus claire et complète. Les paysages avec une grande qualité dans les espaces riverains contribuent à former une interface piétonnière urbaine continue. En conséquence, les gens ont une connaissance psychologique plus complète lors de leur promenade dans la ville.
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3.3
LE CAS DE BRUXELLES: CONTEXTE ACTUEL
La gestion de l’eau à Bruxelles (Fig.41) a été conçue dans une logique de lutte contre les inondations et non dans une logique de protection environnementale. Des déversements et des inondations sont néanmoins toujours observés. Ces inondations sont liées principalement au débordement du réseau d’égouttage à cause de la présence d’un réseau d’assainissement unitaire, et à des surfaces imperméables. Ce réseau d’assainissement unitaire, qui a été conçu au 19ème siècle, est basé sur le « tout à l’égout ». Cela signifie que les eaux usées sont mélangées aux eaux de ruissellement, et même à des eaux claires provenant des nappes souterraines ou de certains cours d’eau, pour être rapidement évacuées. La conséquence est qu’en cas d’orage, le réseau sous pression décharge l’excès dans le canal, qui a une fonction de bassin d’orage, ainsi que dans la Senne et d’autres rivières dans la région.
En temps sec
eau pollué eau nettoyé collecteur
basin d’orage
déversoir
Senne
collecteur
basin d’orage
déversoir
Senne
En temps humide eau pollué eau nettoyé eau de ruissellement pollué
Fig. 41. Environnement urbain, le cas de Bruxelles. ©Metropolitan e-Studio
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« Les bassins d’orage sont également utilisés pour réduire l’impact des inondations en stockant temporairement l’excès d’eau du système de drainage pendant de fortes pluies. Il libère progressivement l’eau vers les égouts après le pic pluvieux.» (IGBE: «L’eau à Bruxelles») En conclusion, même si la situation s’est fortement améliorée ces dernières décennies, différentes améliorations (relatives à la collecte, à l’épuration ou à la lutte contre les inondations) restent encore à faire. (Fig.42) Actuellement, parmi les principaux acteurs de la mise en œuvre de la politique de l’eau à Bruxelles, on peut compter l’IBGE (Institut Bruxellois de Gestion de l’Environnement). Il s’occupe des cours d’eau non navigables, y compris la Senne, sauf dans son parcours souterrain géré lui par la commune de Bruxelles (Bruxelles-ville). Pour l’eau de pluie, lorsqu’elle est trop abondante et déborde des «rivières égouts» souterrains, c’est la SBGE (Société Bruxelloise de gestion de l’Eau) qui en assure le contrôle. La gestion des bassins d’orage est faite par Vivaqua, et le Port de Bruxelles assure l’évacuation des eaux de la Senne dans le canal. Cependant, chacun a ses missions prioritaires et ses intérêts, ce qui ne facilite pas le dialogue avec les citoyens ni le développement intégré de la gestion de l’eau.
Projets principaux
Rivières réaménagées
Réseau d’eau en présent Espaces verts
Inondations
Fig. 42. Cartographie avec la situation actuelle reprenant les inondations, les cours d’eau et l’espace verte de Bruxelles Ville. ©Metropolitan e-Studio
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3.3.1
EGEB: L’EAU COMME BIEN COMMUN
Une belle initiative en vue de réconcilier Bruxelles avec l’eau a été prise par les Etats Généraux de l’Eau à Bruxelles (EGEB). Ils sont nés d’un appel publié à la suite de la crise de la station d’épuration Nord en 2010, et portés par une plate-forme de citoyens et d’associations. D’une manière générale, les EGEB ont pour tâche de rendre le sujet de l’eau politique. Leurs désirs est de substituer l’eau technique, invisible, marchande, par une eau vivante, écologique et participant aux cycles de vie de la ville, une eau commune et urbaine. Les EGEB utilisent des dispositifs sociaux et collectifs en travaillant à l’échelle des bassins versants, ceux-là mêmes qui ont façonné le paysage de Bruxelles. Des nouvelles réflexions, plus globales, plus environnementales et plus sociales sont portées par des mouvements de citoyens qui pensent l’eau non simplement comme un objet de vente et de consommation, mais comme un facteur de sociabilité potentielle. « Comme un bien inaliénable qui doit être géré par l’ensemble de la communauté (bien commun) et non par des entités compartimentées, fussent-elles publiques, comme un élément d’un ecosociosystème complexe, c’est-à-dire par définition instable » (LESTEL, CARRE, 2017). Que l’eau soit un bien commun dans la réalité concrète des humains suppose quelques exigences. A la base de la formulation de propositions de l’EGEB sont des exigences qui construisent une position citoyenne et experte. Les EGEB proposent d’autres possibilités pour traiter les questions hydriques où l’ingénieur et le financier ne seront plus les seuls experts. Ils seront accompagnés de l’architecte, de l’urbaniste, de l’artiste, du géologue, du jardinier, du sociologue, de l’animateur de quartier, des habitants... Par son intervention et sa participation, le citoyen devient également coproducteur. Les EGEB pensent aussi que la décentralisation de l’économie pourra créer de nouveaux métiers et emplois urbains. «La question n’est plus seulement : comment gérer l’eau ensemble, mais quelle eau pour quelle ville ? » (EGEB, 2017). Dans leurs propositions, ils intègrent une perspective à long terme, en formulant l’hypothèse de nouvelles rivières urbaines et une gestion participative de l’eau « A ce titre, ils sont de plus en plus nombreux à penser que les inondations qui empoisonnent un certain nombre de quartiers ne sont (et ne seront sans doute) pas résolues par la mise en place d’infrastructures lourdes faites de bassins d’orage et de tuyauteries. En contrepoint, ils bâtissent des alternatives basées sur le concept de «Nouvelles rivières urbaines» (MAHAUT, 2009) et plaident, aussi pragmatiquement que poétiquement, pour une autre appréhension de la pluie!» (LESTEL, CARRE, 2017).
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3.3.2
LES NOUVELLES RIVIERES URBAINES
Au sein d’une ville très urbanisée comme Bruxelles et où, semble-t-il, les anciennes rivières ne pourront plus être retrouvées, un nouveau concept commence à émerger. Il repose sur l’imagination d’une nouvelle hydrographie contemporaine libérée de la nostalgie d’une rivière idyllique. Les nouvelles rivières urbaines sont une invitation à repenser l’hydraulique de la vallée (Fig.43), à réinventer, profondément et de manière créative, le concept de rivière en zone urbaine. Ce concept ouvert et contemporain a été développé dans le cadre d’une thèse de doctorat par Valérie Mahaut qui propose une autre stratégie pour ramener l’eau à la surface. Des propositions de réinterprétation des cycles naturels d’origine sont développées où l’eau de pluie et de captage restera à l’écart du réseau d’égouts. Avec cette approche neuve, les nouvelles rivières doivent répondre à un impératif hydrologique qui comprend les nouveaux enjeux urbains en termes d’usage et d’appropriation de l’espace public. Elle prend en considération chaque point du bassin versant en fonction de ses particularités topographiques, climatiques, pédologiques, géologiques et hydrographiques (la pente des rues, les crêtes, les fonds de vallée, l’allure des versants, les anciennes sources, les traces laissées par les anciens ruisseaux, le patrimoine hydrique, la qualité du sous-sol).
Fig. 43. Infiltrer - évaporer - évapotranspirer- retarder. ©Halau.be
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Une réconciliation entre ville et nature est proposée en considérant l’eau et ses cycles même au cœur du bâti. Cette nouvelle conception tient également à renverser la problématique et à valoriser ce qui paraît être un problème : l’imperméabilisation prononcée des différents quartiers denses est pris comme une réelle opportunité urbaine où la source potentielle d’eau irriguerait la ville. Les nouvelles rivières urbaines peuvent trouver leur source sur chaque toit de maison. A partir des espaces privatifs — où elles peuvent être mises à profit dans des citernes, des toitures végétales ou des jardins d’orage privés — elles coulent vers l’espace public. Les voiries et trottoirs imperméabilisés sont autant de nouvelles sources d’eau de ruissellement qui pourront alimenter les eaux des nouvelles rivières par temps d’orage (Fig.44). En prenant en considération la topographie des versants de la vallée, ces nouvelles rivières devront ralentir leurs eaux dans des espaces prévus à cet effet : parcs ou jardins d’orage, places submersibles, ronds-points de stockage d’eau, etc. Les eaux parasites provenant des anciennes sources pourront aussi être déconnectées du réseau d’égouts et retrouver une place en surface. Tout cela peut contribuer d’une manière originale à réaliser un réseau séparatif. Les égouts existants pourront conserver leur fonction d’évacuation des eaux sales et les nouvelles rivières pourront gérer les eaux de pluie et de sources en surface, en évitant le tuyau. Ce type de réseau séparatif présente les avantages de ne pas augmenter le volume d’eaux usées à traiter dans les stations d’épuration. Cela peut éviter les rejets d’eaux non traitées vers la Senne et limiter l’engorgement local du réseau d’assainissement de même que les inondations qui se produisent souvent en cas de gros orages. Ce réseau séparatif proposé par les nouvelles rivières pourrait être réalisé par phases lors des réaménagements progressifs des voiries et des espaces publics. La déconnection des eaux de pluie et de sources par rapport à l’égout pourra donc se faire sur le long temps avec une vision globale. Le projet de nouvelles rivières urbaines est un projet de discussion permanente. Actuellement, beaucoup de questions par rapport à sa faisabilité sont posées. Ce type d’approche avec la nouvelle conception des cycles urbains de l’eau est très complexe et dépend d’un grand nombre de facteurs. «L’arène des acteurs impliqués dans la gestion de l’eau s’élargit considérablement. Les nouvelles rivières urbaines exigent la contribution essentielle de tous les acteurs responsables de l’espace traversé par l’eau, qu’elle soit publique ou privée. La contribution des citoyens, par
Fig. 44. Exemples de cheminements nouvelles rivières urbaines. ©Innovativebrussels.irisnet.be
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exemple, serait essentielle. La sensibilisation du public, réalisée par l’information, la consultation et le dialogue, ainsi que la conception interactive, serait cruciale pour favoriser l’assemblage du nouveau système d’approvisionnement en eau et pour assurer sa gestion collective (Fig.45) à long terme » (MARCON, PIRE, 2017).
3.3.3 LE MAILLAGE BLEU BRUXELLOIS L’un des projets les plus excitants pour la gestion de l’eau à Bruxelles est le «Maillage vert et bleu», promu par la région Bruxelles-Capitale. L’objectif du programme est d’assurer une planification à long terme considérant la ville dans le contexte de son environnement naturel. Pour cette raison, le projet fait partie de la réglementation urbaine, ce qui constitue l’outil pour sa réalisation. Le programme porte sur de nombreux thèmes, mais son principal objectif est de réintégrer l’élément naturel dans le contexte urbain, d’améliorer la gestion des flux naturels et de l’utiliser comme un mérite pour la ville.
Fig. 45. Maillage des dispositifs alternatifs à l’échelle de la parcelle. Dans le cadre de séminaire par Mahaut Valérie -Nouvelles rivières urbaines, 2008
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Le maillage bleu (Fig. 46) vise à redonner vie aux cours d’eau bruxellois, aux étangs et aux zones humides subsistantes. Ceci passe par 5 types de mesures : • Assurer la séparation des eaux usées et des eaux propres ; • Restaurer écologiquement ces milieux et rétablir autant que possible la continuité des rivières ; • Valoriser ces milieux sur le plan paysager, récréatif et urbanistique ; • Gérer ces milieux pour préserver leur richesse écologique ; • Surveiller et garantir la qualité de l’eau par suppression des rejets polluants. En ce qui concerne les débits d’eau, il prévoit avant tout de franchir la limite du système collecteur unifié, visant à minimiser les déchets d’eau et à améliorer la fonction de l’infrastructure. Ce changement impliquerait non seulement une meilleure dimension écologique, mais aussi une utilisation plus efficace de l’ensemble du système de traitement des eaux usées. En outre, le programme vise à réintégrer la présence de l’élément naturel dans la vie des citoyens, en rétablissant les cours d’eau et les zones marécageuses canalisées. « Ces zones feraient partie d’un «réseau vert» capable non seulement d’améliorer le mode de vie des citoyens et du paysage de la ville, mais aussi d’améliorer la fonction de l’ensemble du réseau d’eau, de résoudre au moins en partie les problèmes d’inondation.» ( Bruxelles environnement, 2013). Pour revitaliser l’environnement biologique, il prévoit d’inclure le cycle naturel de l’eau dans le tissu urbain et d’établir un équilibre entre ces deux éléments.
MAILLAGE BLEU Projets principaux
Rivières réaménagées
Réseau d’eau en présent
Espaces verts
Fig. 46. Maillage bleu bruxellois ©Metropolitan e-Studio
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CHAPITRE 4 Études de cas Réhabilitation d’un cours d’eau dans différente villes
Sommaire
Dans ce chapitre, chaque étude de cas présentée a été sélectionnée pour sa pertinence pour l’intégration d’un cours d’eau dans le milieu urbain. Bien que chaque étude de cas offre des façons différents de réhabilitation ou de transformation des trajets de cours d’eau, dans l’ensemble, ces projets peuvent être considérés comme des exemples de réconciliation des cours d’eau avec le milieu urbain. Parce que le réaménagement des cours d’eau dans les zones urbaines représente un défi délicat, il était important de passer en revue des projets qui ont déjà été mis en œuvre. Le périmètre d’études est resté local, en choisissant des projets qui se trouvent en France, en Allemagne et en Belgique. Ces études de cas fonctionnent comme des inspirations pour de possibles réaménagements de cours d’eau en milieu urbain.
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4.1
PROJET URBAIN
« LES RIVES DE LA HAUTE-DEULE » A LILLE Maîtrise d’œuvre : Atelier de paysages Bruel-Delmar Design et réalisation du projet: 2008 -2015 Localisation: Lille, France
Le projet urbain des Rives de la Haute Deûle se situe de part et d’autre de la Deûle, à cheval sur Lomme et Lille (France). Il s’étend sur un territoire d’une centaine d’hectares et constitue une vaste opération de renouvellement urbain. Comme dans de nombreuses villes, l’eau a été oubliée pendant une longue durée, alors qu’elle participe à la fois à l’origine de la cité, à son développement au cours de l’histoire et à son quotidien. Le projet des rives de la Haute Deûle s’appuie sur les traces de cette mémoire. En regardant les cartes de réaménagement (Fig 47,48) on peut apercevoir le projet pressenti autour de la Haute Deûle. Les principaux axes sur lesquels le projet a été construit sont les suivants: • Territoire et accessibilité qui visent un projet global de développement urbain où l’espace public et le paysage urbain sont continus, unifiés et accessibles. • Genius loci, ce principe signifiant que l’aménagement paysager est conçu en fonction de l’endroit. Grâce à ce projet, une nouvelle relation se crée entre le territoire horizontal des anciens marais et le maillage urbain, doublé d’un maillage de canaux formant des chemins d’eau. Le point de départ de la reconquête de l’eau est le château industriel Leblanc-Lafond isolé au cœur
Fig. 47. Carte de réaménagement des berges de la Haute Deûle - Nouveau district durable. ©Atelier de Paysages Bruel-Delmar
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de l’ancienne friche. Il est aujourd’hui réhabilité en pépinière pour start-up. Des aménagements autour de ce dernier sont prévus : grande prairie ouverte sur le bras de Canteleu, mail - rues perpendiculaires à la voie d’eau irriguant en profondeur le tissu d’activités, quai Hegel réaménagé, gare d’eau transformée en port de plaisance, nouveau pont, parc des bord de la Deûle, etc. Des solutions de traitement des eaux pluviales ont été par ailleurs mises en place. • Le tissu urbain, espace fermé /espace ouvert, ville continue/ville jardin où deux types de liaisons ont été imaginées ; une première au niveau du bâti avec la réalisation d’une continuité urbaine entre espaces résidentiels et industriels et une deuxième au niveau de la végétation avec une liaison entre les rues urbaines, le patrimoine industriel et la Deûle par la biais de la végétation. Un point intéressant dans ce projet est le jardin d’eau qui permet la gestion des eaux pluviales et la phytoremédiation. (Fig. 49-51). Celui-ci évolue au rythme des pluies et devient le lieu emblématique de ce travail avec l’eau. L’établissement d’un écosystème dynamique est obtenu grâce à des semis naturels de jeunes saules et une végétation qui se bonifie chaque année. Un autre élément fort du projet est le parcours végétal (Fig.52) autour de l’eau qui met le promeneur en contact avec la nature. La diversité de la végétation utilisée est par ailleurs très intéressante si on se place d’un point de vue écologique. Enfin le jardin aquatique, qui joue le rôle de stockage et de phytoremédiation, donne beaucoup de charme à l’endroit.
Fig. 48. Fragment urbain autour de la liaison Nord / Sud. ©Germeetjam
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Fig. 50. Pont en fer - jardin d’eau Cliché de l’auteur, 29/03/2017
Fig. 51. Gradenne vers le jardin d’eau Cliché de l’auteur, 29/03/2017
Fig. 49. Jardin d’eau - gestion des eaux pluviales et phytoremédiation. Cliché de l’auteur, 29/03/2017
Fig. 52. Début quartier Bois-Blanc Cliché de l’auteur, 29/03/2017
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4.2
RÉOUVERTURE D’UN COURS D’EAU :
LA RIVIÈRE MELAAN A MALINES Maîtrise d’œuvre des espaces publics : OKRA Design et réalisation du projet: 2006 Localisation: Malines, Belgique
Un autre projet que j’ai choisi de visiter se trouve à Malines (Belgique), une ville qui semble entretenir une relation assez forte avec l’eau. « Les canaux étroits, les vlieten, autour desquels des rues traditionnelles et des maisons ont été construites, sont de vieilles branches et affluents qui ont été rétrécis par le limon construit. En raison de raisons sanitaires et d’odeurs, les canaux ont été plafonnés au début du 20ème siècle et, par conséquent, les rues n’étaient plus proportionnées. Il n’est pas clair pourquoi le profil est aussi large ou pourquoi, pour une grande partie, les bâtiments ont le dos dans la rue, car il n’y a plus de preuve des voies d’eau historiques.» (Source: http://www.okra.nl/en/projects/demelaan/) Un programme de revalorisation de l’eau a été entrepris à Malines à travers deux projets: • La réouverture d’anciennes rivières canalisées (Melaan) • Le traitement des berges de la Dyle dont je parlerai dans le chapitre suivant. Il est intéressant de savoir que le Melaan a été un des derniers ruisseaux visibles parmi ceux traversant jadis la ville de Malines. Il a été comblé seulement en 1913. Melaan est également le nom de la rue où l’aménagement nouveau dont il est question ici a été réalisé. La rivière a été réouverte en 2006 grâce au projet européen « l’eau dans les centres villes historiques». La rivière Melaan est par ailleurs liée en souterrain avec la Dyle, qui coule juste à proximité. Deux bâtiments, le Conservatoire de musique et le Centre culturel, sont intégrés dans le projet.
Fig.53. Plan d’aménagement Melaan. ©Okra
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OKRA, le réalisateur de ce projet de réaménagement, a ramené la relation entre la taille et l’échelle en réintroduisant l’eau. Le Melaan a été ramené à la lumière du jour selon un tracé qui, si il est irrégulier, ne respecte cependant pas exactement le parcours original de la rivière. Cette irrégularité crée une distribution spatiale tout à fait intéressante. Un changement de niveau crée une différenciation entre les rues dédiées aux voitures et l’espace piéton. Les quais du Melaan sont en contrebas par rapport aux axes routiers. Ce contrebas crée de longues banquettes de pierre, le long de l’eau, où les passants sont invités à s’asseoir. Les anciens murs du quai ont été réutilisés comme bord du canal. Dans ce projet (Fig.54-58), je trouve intéressant de voir qu’une partie d’une rivière a pu être ramenée à la surface. On peut donc en conclure que la réouverture d’un cours d’eau est possible. Cela dépend cependant beaucoup de l’endroit où la rivière devenue souterraine se trouve. En effet dans certains cas, de tels projets seraient difficilement envisageables. Un autre aspect positif par rapport à ce projet est la liaison qui était créée avec le bâtiment du Conservatoire, avec les ponts et l’implantation des bancs qui permet de découvrir l’eau.
Fig.54. Alignement des arbres Melaan Cliché de l’auteur, 13/04/2017
Fig.57. Vue coté est de la rouverture du Melaan. Cliché de l’auteur, 13/04/2017
Fig. 55. Liaison voirie et bâtiment Conservatoire Cliché de l’auteur, 13/04/2017
Fig.56. Melaan. Cliché de l’auteur, 13/04/2017
Fig. 58. Melaan devant le Conservatoire. Cliché de l’auteur, 13/04/2017
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4.3
ACCESSIBILITÉ :
RÉAMÉNAGEMENT DES BERGES DE LA RIVIÈRE DYLE
Maîtrise d’œuvre des espaces publics : OKRA Design et réalisation du projet: 2005-2010 Localisation: Malines, Belgique
Le projet de revalorisation de la rivière Dyle, consiste en l’aménagement d’un sentier flottant en bois, le «Dijlepad». Cette esplanade flottante piétonnière relie le port de plaisance avec le centre de la ville. Pour réaliser une meilleure connexion entre le nouveau centre et le Vismarkt (marché aux poissons), un pont piétonnier et cycliste a été réalisé. On peut par ailleurs noter que la passerelle, ainsi que le pont supplémentaire pour piétons/ cyclistes sur la rivière ont considérablement amélioré la mobilité des piétons dans le centre historique de la ville. Une première phase a été réalisée en 2005. Un an plus tard, la passerelle flottante a été officiellement inaugurée, bien que le projet soit seulement achevé en 2010. Les points principaux de cette idée sont les suivants : • Le revêtement de la passerelle est réalisé en bois dur ne craignant pas les intempéries. Il est également antidérapant ; • Un système de guidage assure que la passerelle flottante monte et descende avec le niveau de la rivière ; • La légère balustrade au bord de la rivière permet aux passants d’avoir une belle vue sur l’eau ;
Fig. 59. Passerelle flottante. Cliché de l’auteur, 13/04/2017
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• Des rails de sécurité ont été installés ; • L’accès aux rives se fait par l’intermédiaire d’escaliers qui s’inclinent automatiquement selon le niveau de l’eau ; • Pour les PMR (personnes avec mobilité réduite), des accès spéciaux ont été créés. Un rôle important en ce qui concerne l’implication de l’eau dans ce projet a été joué par les «Waterways & Zeekanaal» (le ministère flamand de la mobilité et des travaux publics). La construction de la passerelle flottante a été réalisée dans le cadre d’un projet Inerreg-Illb «Beleef het Water» (Vivez l’eau). Le chemin le long de la rivière avec la passerelle et le projet de rénovation de la zone urbaine avoisinante ont reçu le prix «Home in the City» (Chez soi en ville) décerné par le gouvernement flamand pour la réhabilitation des quartiers « exclus » de la ville. En outre, Malines a gagné le trophée «Good-on-its-way» (bien sur son chemin) qui est décerné par Komimo (une organisation flamande qui chapeaute les projets pour l’environnement et la mobilité), pour des initiatives exceptionnelles pour une ville sans voiture. Je trouve que ce projet est intéressant du point de vue piétonnier en laissant découvrir l’eau au passant et en lui donnant la sensation de «flotter au dessus» de la rivière.(Fig.59-62). Egalement, une attention particulière a été apportée à la diversité des plantes aquatiques et semiaquatiques, là où c’était possible (Fig.63).
Fig. 60. Vue depuis la place Vijfhoek. Cliché de l’auteur, 13/04/2017
Fig. 61. Berges et vue vers l’église Arsenaal/Lazarus. Cliché de l’auteur, 13/04/2017
Fig. 62. Vue depuis le Vismarkt vers la passerelle. Cliché de l’auteur, 13/04/2017
Fig. 63. Aménagement des berges. Cliché de l’auteur, 13/04/2017
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4.4
MÉTAMORPHOSE :
« VIEUX EMSCHER » - LANDSCHAFTSPARK DUISBURG NORD Maîtrise d’œuvre des espaces publics : Latz + Partner Design et réalisation du projet: 2002 Localisation: Duisburg Nord, Allemagne
Le projet de Landschaftpark est une métamorphose d’un site industriel en un parc paysager, avec une forte empreinte de mémoire (Fig.64). Il est intéressant de noter que pour le concepteur du projet, Latz + Partner; la mémoire ne symbolise pas nécessairement une préservation, mais plutôt une qualité transitoire. Un des défis pour l’implémentation de ce projet était la contamination du site, qui représentait un défi plus important que les structures industrielles restantes. Il y avait des sols contenant de l’arsenic et /ou du cyanure, sols qui devaient donc être complètement retirées du site ou enterrées. Un des grands soucis était aussi l’état de la rivière Emsher qui pendant longtemps était devenue l’exutoire des eaux usées domestiques et industrielles dans l’ensemble du district de la Ruhr. Dans le cadre de la transformation et de l’aménagement du Ladschaftpark le canal d’eaux usées ouvert de la rivière Emscher, traversant le parc d’est en ouest, a été transformé en un canal d’eau claire avec des ponts (Fig.65) et des sentiers (Fig.66), tout en étant alimenté exclusivement par l’eau de pluie claire. Ce nouveau canal «Clear Water» a été ainsi construit sur la ligne d’origine du vieux Emsher, ce dernier passant par un tuyau souterrain. Des constructions existantes ont été utilisées pour créer un système d’eau propre et écologique. Également une installation d’énergie éolienne a été montée dans la tour du moulin de l’ancienne usine sidérurgique pour assurer le nettoyage et le transport de l’eau.
Fig. 64. Vue depuis un des bâtiments industriels vers le parc paysager. Cliché de l’auteur 28/05/2017
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Le canal d’eau et l’ensemble du système d’eau sont un artefact qui vise à restaurer les processus naturels dans un environnement de dévastation et de distorsion. On peut noter que ces processus font partie des règles de l’écologie, mais sont initiés et maintenus au moyen de la technologie. Ainsi, l’homme utilise cet artefact comme un symbole pour la nature, mais reste responsable du processus, ce système étant à la fois entièrement naturel et entièrement artificiel. Ainsi, le profil du « Vieux Emscher » a été reformulé afin d’augmenter sa valeur écologique et récréative. Aujourd’hui, ce canal d’eau est un élément important du concept d’eau du Landschaftpark. Avec son parcours droit, les zones d’eau profonde alternent avec des eaux peu profondes, et dans plusieurs endroits, il y a des accès à de petites terrasses (Fig.68) juste à côté de l’eau. Ce projet du Landschaftpark a gagné divers prix et récompenses internationaux comme le Prix Green Good Design 2009, le Prix EDRA Places 2005, le Prix Play & Leisure 2004, la Grande Médaille d’Université d’Académie d’Architecture Paris 2001, le 1er Prix Européen pour l’Architecture Paysagère Rosa Barba Barcelone 2000. Ce qui me semble le plus important dans ce projet est que comme le degré de contamination et de pollution de l’eau était très élevé, la solution n’était pas de restaurer le vieux cours d’eau, mais de créer un autre cours alimenté entièrement par l’eau de pluie. Ainsi, comme Latz affirme, le procédé peut se développer comme une métamorphose.
Fig. 67. Plaine de jeux ou l’eau est intégrée. Cliché de l’auteur, 28/05/
Fig. 65. Pont traversant le vieux Emsher. Cliché de l’auteur, 28/05/2017
Fig. 68. Terrasse en bois à côté de l’eau Cliché de l’auteur, 28/05/2017
Fig. 66. Vieux Emsher et un des chemins accessibles également pour les vélos. Cliché de l’auteur, 28/05/2017
Fig. 69. Jardins d’orage et phytorémediation. Cliché de l’auteur, 28/05/2017
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CHAPITRE 5 Dans le futur?
LA VILLE SENSIBLE A L’EAU
La Ville du futur appelle à une approche ‘sensible à l’eau’ qui fait le lien entre la gestion de l’eau, l’aménagement du territoire urbain et la perception urbaine. La restauration des cours d’eau dans le milieu fortement urbanisé, comme présenté dans les chapitres précédents, est possible et souhaitable. Les cours d’eau peuvent être réintégrés et naturalisés dans le but de restaurer la biodiversité et les caractéristiques terrestres modifiées pour intercepter, infiltrer, évaporer et conserver l’eau. Des espèces indigènes, dans des associations naturelles, et des plantes connues pour la faune pourront construire un milieu naturel et écologique. Par la restauration des cours d’eau, une connexion entre l’amont et l’aval pourrait être créé, aidant ainsi les villes à vivre mieux. Les cours d’eau en milieu urbain devront aussi être pensés dans une gestion intégrée et durable de l’eau. Pour cela tous les éléments liés à l’eau - eau de pluie ou eau de source - doivent être envisagés de façon globale, comme un ensemble. Une série de mesures alternatives - ou sensibles - de gestion de l’eau devront être mises en place pour rendre cela réalisable. Par exemple, les cours d’eau pourront aussi être alimentés par l’eau de pluie, après que diverses solutions pour leur épuration, comme la phytoremédiation, leur soient appliquées. Celle-ci à son tour pourra être stockée dans des noues ou des jardins de pluie, augmentant ainsi la qualité des eaux et la biodiversité. Entendues au début comme des solutions techniques, ces mesures ne sont en fait que la première étape d’une vision plus large où la ville intègre tous les types d’eaux en son sein. La ville sensible à l’eau peut être comprise comme une solution aux risques hydrologiques mais aussi comme un moyen d’adaptation aux changements climatiques tout en intégrant l’aspiration des habitants à entrer en relation avec le milieu urbain. Les caractéristiques d’une ville sensible à l’eau couvrent une bonne gouvernance de l’eau, la participation active des habitants, l’équité à l’accès au service public de l’eau, la productivité et l’emploi, le bien-être des humains, la qualité de l’espace urbain, un réseau adaptable aux changements climatiques et une efficacité dans l’utilisation des ressources. Dans le futur, les cours d’eau pourront reprendre leurs places, et l’eau dans sa totalité devra être gérée durablement. Cela constituera une véritable opportunité de créer un habitat aquatique et de restaurer la biodiversité dans les déserts urbains gris où beaucoup d’entre nous vivent. Le chemin vers une ville sensible à l’eau peut réduire l’impact sur l’environnement. Je pense que les citoyens de la future ville sensible à l’eau verront plus d’eau et profiteront de plus d’interactions avec celle-ci. Une fois que l’eau est mise en évidence et est amenée à la surface, les habitants peuvent profiter mieux de leur environnement. L’eau soulève notre curiosité et nous fascine. Elle stimule l’expérimentation et encourage l’imagination. La mise en réseau de l’espace public de la ville et l’infrastructure écologique avec ses cours d’eau et l’eau de pluie, visibles du public, sont la base d’une approche axée sur le futur.
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CONCLUSION
Les villes sont le résultat d’une superposition complexe de différentes transformations spatiales, politiques, écologiques et sociales au fil du temps. Par conséquent, tout en essayant de s’attaquer aux problèmes urbains, il est important pour nous, architectes paysagistes, urbanistes et concepteurs de comprendre la ville par couche en étudiant ses complexités cachées. La même philosophie s’applique à l’étude des systèmes d’eau naturels dans la ville. Les chevauchements historiques depuis sa naissance dévoilent la relation étroite de la ville avec l’eau. Dans le cas de Bruxelles, au fil des ans, chaque modification définit sa propre façon de s’attaquer au système d’eau. Cela a parfois non seulement modifié la structure spatiale de la ville, mais a également joué un rôle important dans la dynamique socio-économique de la ville. Par conséquent, l’état actuel de la structure de l’eau ou le problème qui lui est associé est une série de transformations et de traductions différentes. Pour cela on peut se rappeler que les villes ont toujours grandi au milieu des zones les plus riches en biodiversité, où le sol, l’eau, le climat et l’altitude permettent aux différentes espèces de se développer au mieux. Actuellement il existe un fort besoin d’évoluer vers une situation où la ville et l’eau interagissent à nouveau, et ce de façon résiliente. Il est temps que nous concevions l’idée d’une «adaptation urbaine», une adaptation de l’eau et de la ville allant au-delà de la construction de digues, ou de la canalisation des eaux torrentielles. C’est une quête de stratégies efficaces de fusion de l’eau et de la ville qu’il faut mener. Pour cela on peut penser la ville et l’eau en tant qu’organisme. Un organisme, entendu comme une organisation composée de parties interdépendantes, est capable de s’adapter aux conditions changeantes. En ce qui concerne la ville et l’eau en tant qu’organisme, il existe un besoin évident d’adaptation urbaine, où une adaptation de conception devrait être faite à partir d’une compréhension du processus - comment les choses fonctionnent dans le temps et dans l’espace. Dans cette philosophie, la conception devrait être holistique, être un dialogue ouvert entre différentes disciplines et s’efforcer d’intégrer l’architecture, l’ingénierie, l’architecture paysagère, l’urbanisme et l’écologie.
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TABLE DES MATIÈRES
Contexte
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Introduction
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Chapitre 1 : L’eau dans la ville: sa place dans la ville à travers le temps 1.1 Introduction 1.1.1 L’eau, moteur du développement urbain 1.1.2 Les moulins, moteurs d’une première hydraulique 1.2. Principales causes de la dénaturation et de l’oubli des cours d’eau 1.2.1 D’une gestion privée à une gestion publique 1.2.2 Les premiers tentacules hydriques 1.2.3 Disparition des viviers et de leur rôle régulateur 1.2.4 Croissance urbaine, industrialisation, pollutions, inondations 1.3 Conséquences 1.3.1 Voûtement des cours d’eau 1.3.2 Réformation de l’espace 1.3.3 Imperméabilisation des sols
10 11 12 14 14 15 17 18 20 21
Chapitre 2: Les cours d’eau dans le milieu urbain. Aspects environnementaux et techniques 2.1 La restauration des cours d’eau 2.1.1 Analyse de la dynamique des cours d’eau 2.1.2 Les berges : rôle paysager et écologique 2.1.3 Protection des berges 2.1.4 Rénaturation des berges des cours d’eau et phytorémediation 2.1.5 Réconfiguration des berges dans le milieu urbain 2.2 Habitat, flore, faune dans la région bruxelloise 2.3 Typologies et catégories : navigables, non-navigables 2.4 Législation sur les cours d’eau
24 27 28 30 30 35 38 40
Chapitre 3: Réflexions autour de l’importance d’un cours d’eau dans la ville dans le présent. Utopie ou réel besoin de réhabilitation ? 3.1 Quel est le rôle de l’eau dans le présent et comment l’aborder dans un contexte de densité urbaine ? 3.1.1 Le milieu urbain et la restauration des cours d’eau : Défis et opportunités 3.1.2 Typologie des différentes mesures à prendre pour la restauration des écosystèmes liée à l’eau
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3.2 Quelles sont les synergies possibles entre les différents aspects relatifs à l’eau au cœur de la ville? 3.2.1 Gestion durable de l’eau 3.2.2 Énergie 3.2.3 Multifonctionnalité 3.2.4 Possibilités récréatives 3.2.5 Valeur vécue et reçue 3.3 Le cas de Bruxelles: contexte actuelle 3.3.1 EGEB: l’eau comme bien commun 3.3.2 Les nouvelles rivières urbaines 3.3.3 Le maillage bleu bruxellois
49 50 53 54 54 55 57 58 60
Chapitre 4: : Études de cas : réhabilitation d’un cours d’eau dans différentes villes
4.1 Projet urbain : « Les Rives de la Haute Deûle » à Lille - France 4.2 Réouverture d’un cours d’eau : la rivière Melaan à Malines - Belgique 4.3 Accessibilité : la rivière Dyle - Belgique 4.4 Métamorphose : le « Vieux Emsher » - Landschaftspark Duisburg Nord Allemagne
65 68 70 72
Chapitre 5 : Dans le futur? La ville sensible à l’eau
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Conclusion
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Table des matières
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Bibliographie
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Lexique
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BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGES ET MONOGRAPHIES 1. CHEN, Daniel. Sustainable Water Management. Édition CRC 2017 2. CIRIACONO, Salvatore. Eau et développement dans l’Europe moderne. Paris : Éditions de la maison des Sciences de l’homme, 2015 3. CLARK, Nancy. Urban Waterways. Evolving Paradigms for Hydro-based Urbanism. Roma : Edizioni Nuova Cultura, 2016 4. CORIJN Eric, VLOEBERGHS Eefje. Bruxelles!.Asp : Vubpress / Upa, 2009 5. DÉGOUTTE, Gerard. Diagnostic, aménagement et gestion des rivières (2e éd.). Tec & Doc : Edition Lavoisier, 2012 6. DELIGNE, Chloé. Bruxelles et sa riviére. Génese d’un territoire urbaine (12e -18e siécle). Turnhout : Brepols, 2003 7. DONOSO, Maria Concepcion, SETEGN Shimelis Gebriye. Sustainability of Integrated Water Resources Management: Springer, 2015 8. DUNOD, Alain Damien. The biomasse énergie: Définitions, ressources et modes de transformation. Paris, 2008-2013 9. HUNT, Constance Elizabeth. Thirsty Planet: Strategies for Sustainable Water Management . Zed Books Ltd, 2013 10. GRANT, Gary. The Water Sensitive City. UK : Wiley Blackwell, 2016 11. KIBEL, Paul Stanton. Rivertown: Rethinking Urban Rivers. Londre : The MIT press, Cambridge Massachusets, 2007 12. LEGUAY, Jean-Pierre. L’eau dans la ville au Moyen Âge. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2002 13. LESTEL, Laurence, CARRE, Catherine. Les rivières urbaines et leur pollution. Paris : Editions Quae, 2017 14. NIJHUIS, Steffen, JAUSLIN, Daniel, VAN DER HOVEN. Flowscapes: Designing infrastructure as landscape. Pays-Bas : TU Delft, fevrier 2016 15. PERRINI, Katia, SABBION Paola. Urban Sustainability and River Restoration: Green and Blue Infrastructure. UK : Wiley Blackwell, 2017 16. PETTS Geoff, HEATHCOTE, John, MARTIN, DAVE. Urban Rivers : Our inheritance future, UK : Iwa publishing and environment agency, 2002 17. PROMINSKI Martin, STOKMAN, Antje, STIMBERG, Daniel, et alii. River.Space.Design: Planning Strategies, Methods and Projects for Urban Rivers. Basel : Birkhauser, 2012 18. RANZATO, Marco. Water vs Urban scape, Exploring integrated Water- Urban arrangements. Berlin : Jovis, 2017 19. TATE, Alan. Great City Parks. Routledge, UK, 2015 20. VAN WIJNENDAELE, Jacques. Promenades insolites dans Bruxelles disparu. Bruxelles : Editions Racines, 2008 21. YOUNOS, Tamim, PARECE Tammy. Sustainable Water Management in Urban Environments, Springer 2016
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TRAVAIL NON PUBLIÉ 1. CHEN, Yun-Shih. The sensitive river scape, the sinuous territory , Transforming Dajia River Basin as a Water-Sensitive Landscape Infrastructure. Postgraduate Master et Strategies d’Urbanisme et Design pour les villes et territoires, TU delft - Faculté d’architecture et d’Environnement bâti , Delft , 2017. 244 p. 2. CLISSEN, Jérôme. Techniques écologiques d’aménagement des berges de rivières. Application à un site et création d’un parcours de découverte: Le confluent Ourthe Ambléve. Mémoire en Architecture des jardins et du paysage à la Haute Ecole Charlemagne, ISI Gembloux, 2003 3. COLINET, Thomas. L’aménagement d’un port de plaissance fluvial et ses abords. Mémoire en Architecture des jardins et du paysage à la Haute Ecole Charemagna, ISI Gembloux, 2003 4. DENS, Stefanie, BASIL Descheemaker et alii. Water Urbanism: Towards resilient design proposals. Master en sciences appliquées et Enginèrie architecturale, KU Leuven, 2011. 122 p. 5. DESCY, Sébastien. La mise en valeur des zones humides et des abords de cours d’eau. Mémoire en techniques et gestion horticoles à la Haute Ecole Charlemagne, ISI Gembloux, 2005 6. GARDIEN, Camille. (Re) Integrer la ville sans l’espace de la ville, Enjeux et opportunités d’une gestion intégrée de l’eau et des ressources dans la métropole Bruxelloise. Travail de fin d’études à l’ULB La Cambre Horta, Bruxelles, 2015 7. PANAYOTOPOULOS, Dimitris. Eleonas. Urban Voids as Opportunity for a Water Sensitive Approach to the Design of Cities. Master en Arts et Architecture à l’ULB faculté d’architecture La Cambre -Horta Architecture, Bruxelles, 2015. 107 p. 8. SEREXHE, Pauline. L’aménagement des berges: Aspects techniques et botaniques. Mémoire en techniques et gestion horticoles à la Haute Ecole Charlemagne, ISI Gembloux, 2004 9. TOTOIANU, Alexandra. Sustainable water management strategies - A future tool for decreasing the water end-use energy. Bachelier en Technologies Architecturales et Gestion de la Construction, VIA University College, Aarhus, Danemarque, 2015. 43 p. 10. WALTON, Fallon. The Marineterrein Bathhouse: Bridging the flows of waste, energy & water in Amsterdam. Document de recherche technique, Amsterdam, 2017, 49 p.
OUVRAGE COLLECTIF
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ARTICLE ÉLECTRONIQUE 1. BAHRI, Akiça. « Integrated Urban Water Management ». Global Water Partnership, Technical Committee (TEC), 2012, [consulté le 15.07.2017], URL: http://www.gwp.org/globalassets/global/toolbox/publications/background-papers/16-integrated-urban-water-management-2012.pdf 2. BASTIN, Michel. « Histoire d’eaux aristocratiques, publiques, voire démocratiques? ». Eau Propre | Proper Water, EGEB [en ligne]. 2013, 265 p. [consulté le 14.05.2017], URL: http://www.egeb-sgwb.be/article225.html
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TABLE DES ILLUSTRATIONS Fig. 1. Réseau hydrographique aux environs de 1770, Carte de Ferraris (circa 1770), ©Bruxelles Environnement, Extrait de PROJET DE PLAN DE GESTION DE L’EAU DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE 2016-2021, 2015, p. 58 Fig. 2. Réseau hydrographique en 1858. Carte de Vandermaelen, ©Bruxelles Environnement, 2015, Extrait de PROJET DE PLAN DE GESTION DE L’EAU DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE 2016-2021, 2015, p. 59 Fig. 3. Aujourd-hui, Carte de Urbis, Extrait de PROJET DE PLAN DE GESTION DE L’EAU DE LA REGION DE BRUXELLES-CAPITALE 2016-2021, pdf. 2015, p. 59 ©Bruxelles Environnement, 2015 Fig.4. Evolution du paysage bruxellois à travers le temps. ©Metropolitan-estudio, 2016 Fig.5. Réseau hydrographique de Bruxelles au Moyen Age ©La villle, un milieu vivant, ULB/ La disparition de l’eau à Bruxelles. pdf, 2015 Fig.6. La petite Senne, le moulin Stockmans et le pont de la chaussée de Mons en avril, 1926(collection Ministère des Travaux Publics), Anderlecht sur Senne, Anderlecht 2006, p.49. Cliché de l’auteur. Fig.7. Région de Bruxelles en 1775. ©La villle, un milieu vivant, ULB/ La disparition de l’eau à Bruxelles, 2015 pdf Fig.8. Région de Bruxelles en 1854. ©La villle, un milieu vivant, ULB/ La disparition de l’eau à Bruxelles, 2015 pdf Fig.9. Région de Bruxelles en 1990. ©La villle, un milieu vivant, ULB/ La disparition de l’eau à Bruxelles, 2015 pdf Fig.10. La Senne avant son voûtement. Photo, Ghémar 1867, sur le site : https://www.panoramio.com Fig.11. Voûtement de la Senne en 1867. Photographie extraite de : M. Gustave ABEELS. La Senne, 1983 Cliché de l’auteur Fig.12. Vallée de La Senne avant son assainissement © Bruxelles Environnement - Etat des lieux.pdf Fig.13. Vue générale vers la bourse par Léon Suys, Boulevard Anspach, vers 1900 (Archives d’Architecture Moderne), Brussels and the Senne, 1997, p. 25. Cliché de l’auteur. Fig.14. « Hôtel Terrasse» dans le style neo-Moorish, au coin du Boulevard du Midi et le boulevard M.Lemonnier, vers 1900. Vieille carte (J. Lanckmans Collection). Extrait de : Archives Luiza Rauleac - Les cours d’eau existants visibles ou couverts mais oubliés en milieu fortement urbanisé. Utopie ou réel besoin de réhabilitation ?
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d’Architecture Moderne, Brussels and the Senne, 1997, p. 25. Cliché de l’auteur. Fig.15 Évolution de l’imperméabilisation des sols dans le bassin de la Senne, comprenant la Région bruxelloise, Bruxelles Environnement, Projet de plan de gestion de l’eau de la RBC, 2013-2021. bassin versant de la Senne), ULB-IGEAT, 2006. Disponible sur : http://www.environnement.brussels/sites/default/files/user_files/rap_projet-pge2016-2021_ fr.pdf Fig.16. Illustration de la force motrice du processus dynamique d’une rivière et du cycle naturel de l’eau. Prominski Martin, River.Space.Design, 2013, p.19. Cliché de l’auteur. Fig.17. Illustration de la processus 1: fluctuations verticales du niveau d’eau. Prominski Martin, River.Space.Design, 2013, p.20. Cliché de l’auteur. Fig.18. Illustration du processus morphodynamiques. Prominski Martin. - River.Space.Design, 2013. Cliché de l’auteur. Fig.19. Ensemencement. Croquis. Disponible sur : http://www.genie-vegetal.eu/technique/croquis Fig.20. Bouture. Dégoutte Gerard -Diagnostic, aménagement et gestion des rivières (2e éd.), Tec & Doc : Edition Lavoisier, 2012 Fig.21. Mise en place d’une plantation. Dégoutte Gerard -Diagnostic, aménagement et gestion des rivières (2e éd.), Tec & Doc : Edition Lavoisier, 2012 Fig.22. Fascines. Dégoutte Gerard -Diagnostic, aménagement et gestion des rivières (2e éd.), Tec & Doc : Edition Lavoisier, 2012 Fig.23. Treilis de braches(en plan et en coupe). Dégoutte Gerard -Diagnostic, aménagement et gestion des rivières (2e éd.), Tec & Doc : Edition Lavoisier, 2012 Fig.24. Epis vivant (en plan et en coupe). Dégoutte Gerard -Diagnostic, aménagement et gestion des rivières (2e éd.), Tec & Doc : Edition Lavoisier, 2012 Fig.25. Techniques de phytorémediation. ©Urban Design Studio, Université, IUAW de Venice, Paola Vigano, 2012 Fig.26. Illustration d’un exemple d’expansion spatiale linéaire. Prominski Martin, River.Space. Design, 2013, p.52, 53. Cliché de l’auteur. Fig.27. Illustration d’un exemple d’expansion spatiale sélective. Prominski Martin, River. Space.Design, 2013, p.54, 55. Cliché de l’auteur. Fig.28. Illustration d’un exemple de paysage riverain dynamique. Prominski Martin, River. Space.Design, 2013, p.134, 135. Cliché de l’auteur. Fig.29. Représentation cartographique de l’état chimique des masses d’eau de surface entre 2009-2012. ©Bruxelles Envirronement, 2014 Fig.30. Qualité écologique des masses d’eau de surface 2004-2013 ©Bruxelles Envirronement, 2014 Fig.31.La Senne souterraine à Bruxelles.Reportage par Tchorski. Disponible sur : http://tchorski.morkitu.org/ 2009 Fig.32. Flore retrouvé dans certains cours d’eau et étangs à Bruxelles. Illustrations sur Pinterest. com Fig.33. Exemple de faune retrouvé dans les écosystèmes aquatiques. Illustrations sur Pinterest. com Fig. 34. Réseau hydrographique en Région Bruxelloise dans le présent. ©Bruxelles Environnement, 2014 Fig. 35. La rivière Cheonggyecheon mis au ciel ouvert en 2005. ©KCET.com. Fig. 36. Environnement rural et urbain. Coupe technique. ©Metropolitan e-Studio Fig. 37. Énergie d’utilisation finale d’eau. ©Metropolitan e-Studio Fig. 38. Composants de l’énergie incorporée dans le cycle de l’eau. Sharon deMonsabert et Ali Bakhshi, 2009 Fig. 39. Diagramme de section d’une zone humide construite à l’horizontale et des espèces végétales appropriées. Fallon Walton,, Recherche technique, 2017 84
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Fig.40 Nouveaux principes de traitement des eaux usées. Disponible sur : https://www.bioenergie.fr Fig. 41. Environnement urbain, le cas de Bruxelles. ©Metropolitan e-Studio Fig. 42. Cartographie avec la situation actuelle reprenant les inondations, les cours d’eau et l’espace verte de Bruxelles Ville. ©Metropolitan e-Studio Fig. 43. Infiltrer - évaporer - évapotranspirer- retarder. Disponible sur : http://www.halau.be/ portfolio/architecture/ Fig. 44. Exemples de cheminements nouvelles rivières urbaines. Disponible sur : www.innovativebrussels.irisnet.be/ Fig. 45. Maillage des dispositifs alternatifs à l’échelle de la parcelle. Dans le cadre de séminaire par Mahaut Valérie, Nouvelles rivières urbaines, 2008. Disponible sur : http://www.egeb-sgwb.be/IMG/old/nouvellesrivieresurbaines/mahaut-seminaire12082008.pdf Fig. 46. Maillage bleu bruxellois ©Metropolitan e-Studio Fig. 47. Carte de réaménagement des berges de la Haute Deûle - Nouveau district durable. ©Atelier de Paysages Bruel-Delmar Fig. 48. Fragment urbain autour de la liaison Nord / Sud. ©Germeetjam. Disponible sur : http://www.germeetjam.com/projet-urbain-rives-haute-deule-826 Fig. 49. Jardin d’eau - gestion des eaux pluviales et phytoremédiation. Cliché de l’auteur, 29/03/2017 Fig. 50. Pont en fer - jardin d’eau. Cliché de l’auteur, 29/03/2017 Fig. 51. Gradenne vers le jardin d’eau. Cliché de l’auteur, 29/03/2017 Fig. 52. Début quartier Bois-Blanc. Cliché de l’auteur, 29/03/2017 Fig.53. Plan d’aménagement Melaan. ©Okra. Disponible sur : http://www.okra.nl/en/projects/ de-melaan/ Fig.54. Alignement des arbres Melaan. Cliché de l’auteur, 13/04/2017 Fig. 55. Liaison voirie et bâtiment Conservatoire. Cliché de l’auteur, 13/04/2017 Fig.56. Melaan. Cliché de l’auteur, 13/04/2017 Fig.57. Vue coté est de la rouverture du Melaan. Cliché de l’auteur, 13/04/2017 Fig. 58. Melaan devant le Conservatoire. Cliché de l’auteur, 13/04/2017 Fig. 59. Passerelle flottante. Cliché de l’auteur, 13/04/2017 Fig. 60. Vue depuis la place Vijfhoek. Cliché de l’auteur, 13/04/2017 Fig. 61. Berges et vue vers l’église Arsenaal/Lazarus. Cliché de l’auteur, 13/04/2017 Fig. 62. Vue depuis le Vismarkt vers la passerelle. Cliché de l’auteur, 13/04/2017 Fig. 63. Aménagement des berges. Cliché de l’auteur, 13/04/2017 Fig. 64. Vue depuis un des bâtiments industriels vers le parc paysager. Cliché de l’auteur 28/05/2017 Fig. 65. Pont traversant le vieux Emsher. Cliché de l’auteur, 28/05/2017 Fig. 66. Vieux Emsher et un des chemins accessibles également pour les vélos. Cliché de l’auteur, 28/05/2017 Fig. 67. Plaine de jeux ou l’eau est intégrée. Cliché de l’auteur, 28/05/ Fig. 68. Terrasse en bois à côté de l’eau. Cliché de l’auteur, 28/05/2017 Fig. 69. Jardins d’orage et phytorémediation. Cliché de l’auteur, 28/05/2017
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LEXIQUE
Affluent : cours d’eau qui se jette dans un autre cours d’eau, en général au débit plus important, au niveau d’un point de confluence. Un affluent ne se jette donc pas directement dans une mer ou un océan, ce qui le distingue d’un fleuve. Amont et aval :la partie plus élevée du cours d’eau par rapport à l’observateur s’appelle l’amont, la partie moins élevée s’appelle l’aval. Il faut se tourner dans le sens de l’écoulement du cours d’eau (de l’amont vers l’aval) pour définir la rive droite et la rive gauche d’un cours d’eau. Bassin sédimentaire : relative dépression de la croûte terrestre située sur un continent émergé, un plateau continental, ou encore dans un océan, formée par subsidence thermique et/ou tectonique et qui recueille des quantités relativement importantes de matériaux sédimentaires qui, par des phénomènes de diagenèse, se transforment ensuite petit à petit en couches stratifiées de roches sédimentaires. Bassin versant : l’espace drainé par un cours d’eau et ses affluents. L’ensemble des eaux qui tombent dans cet espace convergent vers un même point de sortie appelé exutoire : cours d’eau, lac, mer, océan, etc. Biotope : type de lieu de vie défini par des caractéristiques physiques et chimiques déterminées relativement uniformes. Ce milieu héberge un ensemble de formes de vie composant la biocénose : flore, faune, fonge (champignons), et des populations de micro-organismes. Bras : une partie d’un cours d’eau reliant souvent deux entités hydrographiques. On distingue : le « bras principal », le « bras secondaire », le « bras mort » (où l’eau ne circule plus). Cinétique : théorie expliquant un ensemble de phénomènes à partir des seuls mouvements des particules matérielles. Confluent ou point de confluence : lieu où se rejoignent plusieurs cours d’eau, ou langues glaciaires. Cours d’eau : tout écoulement d’eau entre une source et une embouchure avec un débit à module supérieur à zéro. Ce flux d’eau est souvent continu mais il peut être temporaire sur une assez longue durée. Débit d’un cours d’eau : le volume d’eau liquide traversant une section transversale de l’écoulement, par unité de temps. Il comprend tout ce qui est transporté avec cette eau, comme les matières solides en suspension (exemples : le sable, les sédiments), les produits chimiques dissous (exemples : le calcaire, les sels dont les nitrates, sulfates, chlorures et phosphates), des éléments biologiques (exemple : les diatomées). Déversoir ou évacuateur de crue : structure construite pour dériver ou évacuer l’eau retenue derrière un vannage ou barrage fixe, dont la hauteur excèderait une certaine limite (par exemple la crête de l’ouvrage).
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Drainage naturel dans l’environnement : écoulement de l’eau dans le sol, notamment de la nappe phréatique vers un cours d’eau. Écologie : science qui étudie les êtres vivants dans leur milieu et les interactions entre eux. Écologie du paysage : étude de la variation spatiale dans les paysages à différentes échelles, incluant les causes biophysiques et sociales et les conséquences de l’hétérogénéité écopaysagère, ce qui en fait une branche nécessairement interdisciplinaire des sciences. Environnement est « l’ensemble des éléments (biotiques ou abiotiques) qui entourent un individu ou une espèce et dont certains contribuent directement à subvenir à ses besoins », ou encore comme « l’ensemble des conditions naturelles (physiques, chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) susceptibles d’agir sur les organismes vivants et les activités humaines ». Érosion : processus de dégradation et de transformation du relief, et donc des roches, qui est causé par tout agent externe (donc autre que la tectonique). Étang est une étendue d’eau stagnante, peu profonde, de surface relativement petite (jusqu’à quelques dizaines d’hectares), résultant de l’imperméabilité du sol. Fleuve : cours d’eau important, long et au débit élevé, comptant de nombreux affluents et se jetant dans la mer (ou parfois dans une mer intérieure). Les fleuves côtiers sont de petits cours d’eau se jetant directement dans la mer. Habitat : partie de l’environnement définie par un ensemble de facteurs physiques, et dans laquelle vit un individu, une population, une espèce ou un groupe d’espèces. Ensemble de faits géographiques relatifs à la résidence de l’homme (forme, emplacement, groupement des maisons, etc.) : L’habitat rural, urbain. Hydrologie : science de la terre qui s’intéresse à la branche terrestre du cycle de l’eau, c’est-àdire aux échanges entre l’atmosphère, la surface terrestre et son sous-sol. Hydromorphologie : étude scientifique de la partie de la géomorphologie qui est due à l’eau (hydrologie). Génie écologique regroupe un ensemble de techniques issues de l’ingénierie classique et de l’écologie scientifique et se définit par la finalité des actions menées, qui ont comme objectif de contribuer à la résilience de l’écosystème. Inondation : submersion temporaire, naturelle ou artificielle, d’un espace avec de l’eau liquide Lit : le lit désigne tout l’espace occupé, en permanence ou temporairement, par un cours d’eau. Lit mineur : la zone limitée par les berges. Lit majeur : l’espace occupé par le cours d’eau lors de ses plus grandes crues. Marais : région recouverte par des eaux peu profondes, en partie envahie par la végétation. Méandres : un méandre est une boucle formée par le cours d’eau.
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Rempart : massif de terre élevé portant le parapet et les banquettes de défense, qui constituait l’essentiel des enceintes fortifiées. Ripisylve : ensemble des formations boisées, buissonnantes et herbacées présentes sur les rives d’un cours d’eau, d’une rivière ou d’un fleuve, la notion de rive désignant le bord du lit mineur (ou encore lit ordinaire, hors crues) du cours d’eau non submergée à l’étiage. Rivière : en hydrologie, ce terme désigne un cours d’eau moyennement important, à l’écoulement continu ou intermittent, suivant un tracé défini et se jetant dans un autre cours d’eau, un lac, une dépression ou un marais. En géographie physique, ce terme désigne un cours d’eau faiblement ou moyennement important, recevant de l’eau d’autres cours d’eau tributaires (les affluents), et se jetant dans un cours d’eau de plus grande importance. Ruisseau : petit cours d’eau, ni très large ni très long, alimenté par des sources naturelles d’eau, souvent affluent d’un étang, d’un lac ou d’une rivière. C’est la taille plus que le débit qui fait la différence entre un ruisseau et une rivière. Ruissellement : phénomène d’écoulement des eaux à la surface des sols. Il s’oppose au phénomène d’infiltration. Ce phénomène se produit quand l’intensité des précipitations dépasse l’infiltration et la capacité de rétention de la surface du sol. Sédiment : ensemble de particules en suspension dans l’eau, l’atmosphère ou la glace et qui a fini par se déposer sous l’effet de la gravité, souvent en couches ou strates successives. Sédimentation : processus dans lequel des particules de matière quelconque cessent progressivement de se déplacer et se réunissent en couches. Les facteurs induisant la sédimentation peuvent être variés en nombre et en proportion. Versant : surface topographique inclinée, située entre des points hauts (pics, crêtes, rebord de plateau, sommet d’un relief) et des points bas (pied de versant, talweg). Vallée : dépression géographique généralement de forme allongée et façonnée dans le relief par un cours d’eau(vallée fluviale) ou un glacier (vallée glaciaire). Un espace en forme de vallée, mais de taille modeste est dit vallon.
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