7 CULTURE ET URBANISME Urbex Art Contemporain Chef de projet évènementiel
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DANS LES RUES
LYON
Prostitution
Lyon par les lyonnais
Harcèlement
Etudiants étrangers Les petites cantines
24 PHOTO-REPORTAGE Praticienne - Céramiste - Illustrateur Psyco-praticienne - Scaphandrier
30 ENQUÊTE
39 PROGRÈS
Mixité sociale
Hyperloop
Nouvelles pédagogies
Cybercriminalité
Transhumanisme
Coding
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SANTÉ
PORTFOLIO
Courir pour Elles
Abysse - Sous les pavés, la ville
Musicothérapie
Achevé - Art de dénoncer
SOM MAIRE
ÉDITO
Un œil. Je ne suis qu’un œil. Et pourtant… Je fais bien plus que de simplement voir. Je suis une vision, la vision d’un monde meilleur. Un songe utopique qui appartient à ceux qui voudront bien le tenter. Un songe qui laisse libre cours à l’imagination et qui s’épanouit dans la liberté de concevoir différemment, de créer autrement, et de choisir véritablement. Un choix qui refuse l’imaginaire imposé du déclin, de la crise et de la tragédie d’une fin d’époque. Au contraire, je fais le pari d’un monde à venir qui serait celui de la jeunesse d’aujourd’hui et qui offrirait des opportunités d’accomplissement et de réalisation pour soi et pour autrui. C’est le défi que s’est lancé l’équipe éditoriale de ce magazine. Ne pas être naïvement optimiste mais bien critique et lucide. Aller à la quête d’un autrement autour d’une vision commune et volontairement un peu absurde : c’était mieux maintenant. C’est au travers d’enquêtes, d’articles, d’interviews et de portraits que nous mettrons en avant cette vision. Seize articles qui proposent d’observer la société sous un angle différent, en insistant d’abord sur les solutions plutôt que sur les problèmes. Des nouvelles pédagogies à la cybercriminalité, des coulisses des festivals à l’art contemporain en passant par des enquêtes fouillées sur la mixité sociale ou le transhumanisme, une diversité des thèmes pour rejoindre une même idée : le monde d’hier, d’aujourd’hui et de demain peuvent et doivent faire lien. Je ne suis pas le seul œil ici naturellement. Nous sommes tous des yeux. Des yeux qui observent le monde qui nous entoure et qui peuvent choisir de voir la beauté qu’il porte en lui: les couleurs de l’automne, la mélodie d’un orchestre, la douceur d’un dessert ou encore le parfum d’une femme. Choisir d’accepter de se laisser surprendre par la joie et l’espérance qui nous entoure. Choisir aussi de prendre la plume pour essayer de raconter et imaginer ensemble ce monde meilleur qui nous attend. L’œil, c’est ainsi que l’on m’appelle, est donc bien plus qu’un organe, il est un espoir.
C U LT U R E / U R B A N I S M E
URBEX : NE RIEN PRENDRE, NE RIEN LAISSER La première règle de l’urbex est : il est interdit de parler de l’urbex. La seconde règle : il est interdit de parler de l’urbex. Ce que l’on sait c’est que « l’urban exploration » consiste à visiter des lieux urbains abandonnés, de manière libre et autonome. Pratique dangereuse, recherche d’émotions, curiosité sur le passé… Enquête sur une pratique qui compte de plus en plus d’adeptes. PAR MANON ZACARIAS ET ZOÉ COLRAT
Découvrir. S’aventurer. Frissonner. Se faire courser par la police. Avancer dans l’ombre. Tomber. Le chemin de l’urbexeur est rarement tout tracé. Sur la grande route qui mène au sud, prendre la deuxième intersection. Traverser le ruisseau. Marcher 30 minutes vers l’est et escalader le muret qui entoure la bâtisse. Le journal local parlait d’une ancienne école municipale qui avait été abandonnée.
Aujourd’hui le bâtiment est considéré comme dangereux. Les murs de pierres sont fragilisés par le lierre qui y a élu domicile. Les vitres sont éparpillées au sol. Le toit offre de larges points de vue sur le ciel. Il faut monter avec prudence, redescendre, enjamber, éviter les obstacles, s’asseoir… S’arrêter un instant et sentir la mémoire et la puissance du lieu. Ce parcours d’un soir, ce lieu, cette adrénaline, c’est la quête de l’urbexeur. Pourtant, cette pratique est souvent le réceptacle de différents fantasmes : « c’est aller taguer de vieux endroits, c’est glauque, c’est de l’irrespect ». Il faut donc tenter d’aller plus loin et questionner la démarche, notamment dans ses liens avec le patrimoine, la mémoire, et l’identité.
Des enquêteurs passionnants et passionnés L’envie d’urbex provient de nulle part : un ancien qui initie, la découverte d’un lieu en rentrant chez soi, des connaissances… Les urbexeurs n’ont pas de prédestination, mais ils ont chacun à leur échelle un intérêt pour la découverte de lieux abandonnés. On en compte plus de 100 à Lyon. Dans l’urbex, on retrouve de réelles démarches d’investigation. Il faut être aux aguets de micro articles dans les journaux qui mentionnent un bâtiment abandonné et faire preuve d’observation constante pour l’identifier. S’interroger, et interroger les habitants environnants sur la vie antérieure du lieu. éplucher méticuleusement les archives et les documents officiels qui pourraient révéler une piste. ORIANE DUPASQUIER
ORIANE DUPASQUIER
« Ce parcours d’un soir, ce lieu, cette adrénaline, c’est la quête de l’urbexeur »
En bref, faire souvent un travail considérable avant la visite. Se rendre sur les lieux donne le piment, le frisson, le petit plus. Pour les vidéastes c’est le moment des prises de vues, pour les sportifs l’occasion d’explorer, pour les photographes l’opportunité de capturer le décor. Pour d’autres, c’est simplement l’adrénaline et la prise de risque. Le tout se fait essentiellement dans le respect des lieux, du matériel laissé sur place depuis des années et de la mémoire. Cela peut être contradictoire. L’urbex est dans les faits une intrusion dans un espace privé, appartenant ou ayant appartenu à quelqu’un, et c’est d’ailleurs ce qui rend la pratique illégale. Pourtant, les urbexeurs insistent sur le fait qu’ils ne sont que de passage et qu’ils ne volent ou ne dégradent rien. Ils souhaitent juste profiter du moment et se projeter dans l’histoire du lieu le temps d’un instant.
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On ne fait que passer La quête du paranormal et du surnaturel joue aussi un rôle important dans l’urbex. Certains pratiquants voient des esprits ou des manifestations anormales, d’autres simplement une ombre furtive sur un mur. La dimension culturelle rentre aussi en jeu. Dans un musée, les visiteurs ne détériorent pas les œuvres exposées. Dans un endroit abandonné, la règle est la même : on ne détériore pas les vestiges du passé. Pourtant la dimension « respect du patrimoine » n’est pas forcément importante chez beaucoup d’urbexeurs. Néanmoins, tous témoignent d’un respect naturel par rapport aux lieux, comme une sorte d’hommage à ce qui a été et qui n’est plus. Tous sont attentifs aux détails qui ont fait l’histoire et l’identité du lieu.
DU GRAND ART DANS UNE PETITE RUE Dans une petite rue située en bas des pentes de la Croix-Rousse se cache aujourd’hui un lieu d’art en pleine mutation. Cafés, boutiques de décoration, créateurs, c’est dans ce cadre animé que la rue Burdeau se démarque, jalonnée d’expositions de photographies ou de peintures. Avec une douzaine de galeries, c’est un lieu devenu incontournable à Lyon. PAR HORTENSE DE MISSOLZ ET LOUIS MASSERET
ORIANE DUPASQUIER
On le voit, l’urbex est d’abord et avant tout une pratique d’exploration libre et personnelle. Chacun s’approprie la démarche avec les outils et les raisons qui lui sont propres. C’est d’ailleurs peutêtre cette liberté qui rend la pratique si attrayante. Elle compte désormais ses anciens et ses nouveaux avec, comme toute pratique, des rivalités, des complicités et des opportunités de partage voire de création, notamment artistique. Mais comme le souligne un urbexeur interrogé, c’est avant tout l’éphémère de l’exploration qui compte : « je ne prends rien d’autre que des photos, je ne laisse rien d’autre que des traces de pas ».
Les galeries d’art sont avant tout un lieu social et de commerce où les artistes peuvent exposer dans le but de se faire connaître, rencontrer le public et vendre leurs œuvres. C’est dans cet esprit que s’inscrit la rue Burdeau avec ses nombreuses galeries. Parmi les plus emblématiques, la galerie du Réverbère qui a pignon sur rue depuis 35 ans. Historiquement, c’est elle qui a été la première à s’installer, favorisant ensuite l’installation d’autres galeries. Le Réverbère, c’est ainsi 300 m2 consacrés à la photographie contemporaine et exposés sous l’œil exigeant et délicat de Catherine Dérioz et Jacques Damez. Un public fidèle suit les cinq expositions organisées chaque année qui présentent des artistes talentueux et reconnus : William Klein, Denis Roche, Pierre de Fenoÿl…
« L’urbex est d’abord et avant tout une pratique d’exploration libre et personnelle »
Pour Catherine Dérioz, le public d’une galerie est « large car c’est un domaine à la mode, mais il est fragile ». Le plus souvent ce sont des amateurs d’art et des collectionneurs. « Nous créons des liens avec eux, nous apprenons à les connaître car ils suivent notre travail et parlent de nous à leur réseau » témoigne-t-elle. MARGOT ADNET
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Savoir sélectionner le bon artiste et au juste prix Faire vivre une galerie, c’est aussi se pencher plus concrètement sur les coûts financiers. Pour les expositions, le budget est restreint mais dépend évidemment des moyens de la galerie et de sa renommée. Pour le Réverbère, « il y a très peu de budget, c’est une petite entreprise (…) il y a les coûts fixes du lieu, les coûts de communication, les coûts de vernissage », détaille Catherine Dérioz. Les galeries ont bien sûr un pourcentage de commission sur les ventes de chaque œuvre. Les commissions sont variables et dépendent du prix de l’œuvre et de l’artiste exposé. « Nous conseillons aux jeunes artistes de vendre leurs œuvres peu chères. Le prix des œuvres pour un artiste confirmé oscille autour de 1 900 euros. Tout dépend de la côte de l’artiste, dont les œuvres peuvent atteindre 10 000 euros et audelà », nous expliquent les responsables de la galerie Pallade. Pour la galerie le Réverbère, « la commission est de 50% quand on représente l’artiste, c’est-à-dire qu’on stocke ses œuvres, qu’on les encadre et que l’on procède à l’accrochage ». Le choix des artistes pour une galerie est un savant travail d’équilibre entre la veille, les réseaux, les contacts et l’identité de la galerie. Pour Anne-Marie et Roland Pallade « chaque galerie a son histoire, certaines sont plus commerciales que d’autres ». Eux se positionnent plutôt sur le 1er marché de l’art, celui des œuvres neuves et jamais vues. Le 2ème marché inclut lui les œuvres qui circulent déjà sur le marché notamment dans des salles
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de ventes ou des catalogues. Dans la rue Burdeau, les artistes peuvent être connus, reconnus ou au contraire inconnus. C’est aussi l’intérêt du métier de galeriste que de prendre des risques pour faire découvrir de nouveaux talents. Ces derniers sont repérés et contactés par l’intermédiaire des festivals, des foires, des salons, ou grâce aux catalogues. « Un des critères du choix de l’artiste repose sur la relation de confiance », soulignent les galeries du Réverbère et Pallade. « Il est important d’apprécier la personne et d’aimer ses œuvres car se noue une relation de confiance sur le long terme. La galerie ne choisit pas ses artistes par copinage, mais pour un réel talent et potentiel », rappelle Catherine Dérioz.
Et du côté des artistes ? Claude Gazier est justement un des artistes exposés au cœur de la rue Burdeau. Artiste scénographe et peintre lyonnais, il a présenté à l’automne 2017 son exposition « Paysages » à la galerie Anne-Marie et Roland Pallade. Artiste depuis toujours, il a pourtant commencé par des études d’architecture et continue de donner régulièrement des cours dans cette discipline. « Il est difficile de vivre pleinement de sa peinture », admet-il. Il expose aujourd’hui dans différentes galeries dans le monde (Suisse, Suède, Maroc…) pour se faire reconnaître. Une galerie, aussi belle et renommée soit-elle ne suffit jamais.
« Devenir un artiste, c’est une vocation mais aussi un don » Il ne se classe pas parmi les artistes dits contemporains mais se dit plutôt intemporel. Il ne cherche pas à suivre l’évolution de ce qui se fait, mais recherche plutôt sa personnalité à travers des œuvres différentes. « Devenir un artiste c’est une vocation mais aussi un don », témoigne-t-il. On le voit, la rue Burdeau est aujourd’hui le foyer d’une véritable émulation artistique et créatrice. Elle permet de donner un éclairage nouveau sur l’art contemporain à Lyon, tout en facilitant l’accès au plus grand nombre. Une petite rue devenue grande avant tout grâce à la passion qui anime ses galeristes.
Péripéties d’un chef de projet événementiel
Selon l’Observatoire des Métiers (OPIIEC), le marché de l’événementiel représente désormais en France 8,2 milliards d’euros par an. Avec près de 2 000 festivals et 6 millions de festivaliers, le secteur se porte bien et crée des milliers d’emplois. PAR BAPTISTE ARNAUD ET PIERRE CHANEL NDAYIZEYE
Parmi ces emplois, celui de chef de projet. Il est celui qu’on assimile souvent au chef d’orchestre en charge du tempo de l’évènement. Découverte de ce métier plein d’imprévus.
« Il faut avoir une capacité à fédérer, ça c’est primordial »
Être chef de projet événementiel signifie souvent mener à bien un projet du début à la fin, en prenant en compte tous les paramètres essentiels à sa bonne réalisation. Sans ce marionnettiste en coulisse, pas d’évènement, pas de festival, pas de soirée, pas de rencontre. Comme le dit Baptiste Tuffereau, chef de projet à Keneo « le responsable événementiel ressent les choses, il les voit venir et anticipe tout, même ce qui ne peut pas arriver ! ». Pour mener à bien sa mission, il doit s’occuper de toute la chaîne de production d’un événement : gestion de projet, planning des opérations, logistique, déroulement de l’événement, hygiène, location des lieux, décoration etc… Mais ce n’est pas tout. Le chef de projet doit aussi s’assurer du respect des délais, de la juste rétribution des salariés et de la relation avec les artistes. Il doit savoir s’adapter parfaitement à la demande de son client tout en prenant en compte les contraintes budgétaires et logistiques liées à chaque événement.
ROMAIN CHALENDAR
Les vernissages sont des manifestations phares qui permettent de communiquer autour du travail de l’artiste et de la programmation de la galerie. Et pour favoriser cette communication, les galeries de la rue Burdeau organisent leurs vernissages en même temps en lançant des invitations à tous : 5 900 invitations en moyenne dont 750 pour les journalistes.
LE MARIONNETTISTE EN COULISSE !
Les aléas du métier Souvent, « les situations peuvent être périlleuses », témoigne Lola, chef de projet évènementiel chez Volcanic à Paris. Les problèmes peuvent être à la fois très différents et complètement imprévus : panne d’électricité, désistement d’artistes voire même absence de prestataires ! Malgré cela, il faut savoir garder son calme et trouver une solution de repli. « Il faut être capable de parer à toute éventualité, agir avec rapidité et efficacité », confirme Cédric, organisateur du Cinémade, festival de cinéma et de musique à Lyon. Le chef de projet doit ainsi garantir que l’évènement a lieu : « débrouillardise est le maître mot de ce métier », témoigne Lola. Comme on dit, « the show must go on ! ».
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DANS LES RUES
LUMIÈRE SUR LE MONDE
DES ESCORT-GIRLS ROMAIN CHALENDAR
Le monde digital ouvre aujourd’hui les portes à une forme de prostitution en plein développement : l’escorting. Qui sont ces filles qui ont investi le net et ont bouleversé le plus vieux métier du monde ? « Filles de joie, filles faciles », au-delà des stéréotypes qui reviennent souvent, dans quelles conditions celles qui ont choisi d’utiliser leur corps comme outils de travail exercent-elles ce métier ?
Savoir s’entourer d’une bonne équipe Le responsable événementiel est aussi et avant tout un chef d’équipe, et c’est là tout son art. Il travaille avec différents corps de métiers comme les réalisateurs, les photographes, les traiteurs, les mannequins, les comédiens, les décorateurs ou encore les restaurateurs. « Il faut avoir une capacité à fédérer, ça c’est primordial », nous explique Baptiste Tuffereau. « La capacité relationnelle est très importante. Si vous n’avez pas un peu de charisme, d’aura, de leadership, ce n’est pas évident que tout le monde vous suive », confirme Christophe Puginier, manager chez Amaury Sport Organisation. « C’est un véritable chef des armées ! » conclut Sébastien, chef de projet événementiel pour GL Events.
« Il faut être capable de parer à toute éventualité, agir avec rapidité et efficacité »
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Une fois l’événement ficelé, il faut passer à la communication pour tenter d’attirer un maximum de monde. Là encore, le chef de projet doit plancher sur les différents supports : communiqués de presse, presse digitale, campagnes de pub, affiches. C’est un moment clé, surtout quand le projet accroche auprès du public. « C’est excitant de voir une information se propager sur la toile », raconte Alexandra Arnal, chargée de communication pour Paris Cinéma. Pour assurer dans le job, ou tout simplement postuler, il faut souvent avoir enchaîné de nombreux stages dans différentes entreprises. D’un point de vue académique, un niveau BAC + 3 est préconisé pour rentrer dans l’évènementiel. Pour devenir chef de projet, il faut viser BAC + 4/5 tout en gardant en tête que « dans le métier, il faut accepter de commencer en bas de l’échelle », témoigne Valérie Briois du festival Solidays. Quoi qu’il en soit, une fois rentré dans l’univers de l’événementiel, il faut renoncer à la routine et accepter qu’aucune journée ne ressemble à une autre. Le chef de projet ne s’ennuie jamais face à l’ensemble des responsabilités dont il a la charge. « La clé, à mon avis, pour se lancer dans l’événementiel, c’est le réseau et l’abnégation », conclut Christophe Puginier.
PAR MIGUEL BUGABO ET CÔME EYRAUD
Étudiantes, mères au foyer ou travailleuses actives, il ne Pour Lydie : « La France tarde à établir une véritable semble pas y avoir de profil type d’escort-girl. Toutefois, Catégorie Sociale et Professionnelle dédiée aux services selon Lydie, escorteuse, on distingue deux catégories : sexuels. Une CSP qui permettrait de cadrer la profession, « celles qui exercent par défaut, avec pour seul but la comme c’est déjà le cas en Allemagne ou aux Pays-Bas ». rémunération et d’autres comme moi qui aiment la rencontre anonyme et le sexe. Dans ce dernier cas, le « Je suis avant tout entrepreneuse » métier leur réussit ». Prostituées Indoor selon le STRASS (syndicat du travail sexuel), les escort-girls ne vendent pas leur corps au client mais fournissent une prestation à Comme la majorité des escort-girls, Lydie utilise le monde du caractère sexuel moyennant contrepartie. À la différence digital : son site web lui est indispensable dans son quotidien. des prostituées classiques (prostitution Outdoor), leur Celui-ci peut néanmoins être fermé du jour au lendemain. service s’articule autour du bien-être des hommes, En effet, la loi du 13 avril 2016 qui vise à renforcer la lutte avec des prestations variant entre 200 € et 400 €. contre le système prostitutionnel et à accompagner les personnes prostituées pénalise désormais les clients et « La prestation à caractère sexuel fait toujours partie du tous ceux, qui d’une manière ou d’une autre, favorisent rendez-vous. La chorégraphie se nuance de « l’habituel à la la prostitution. Cela concerne donc toute entreprise ou performance », du soft au hard. C’est à chacun de placer ses webmaster qui réaliserait un site internet dédié à l’escorting limites. Être professionnelle n’est pas donné à tout le monde ». contre rémunération. Parce que la profession est victime de Ces services peuvent ainsi inclure une prestation à caractère préjugés, les escort girls préfèrent utiliser un pseudonyme sexuel, une soirée au restaurant, un massage, ou une simple sur internet. « Le plus souvent, les escort-girls françaises discussion. Selon un rapport de l’Assemblée nationale d’avril masquent leur visage pour ajouter une touche de mystère. 2011, la prostitution en France était exercée par 80 % de Ce qui n’est pas le cas de leurs concurrentes étrangères ». personnes étrangères, contre 20 % dans les années 1990. Ce sont d’ailleurs souvent elles qui sélectionnent leurs D’après l’OCRTEH (l’Office Central pour la Répression de clients : « Il y a toujours un contact téléphonique avant la Traîte des Etres Humains), plus de la moitié des escortune rencontre. Au-delà du prix, la voix est très importante. girls en France seraient des travailleuses indépendantes Le nombre importe peu, il faut se créer une clientèle fidèle », et l’autre moitié appartiendrait à des réseaux étrangers. raconte Lydie.
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FACE AU HARCÈLEMENT DE RUE, DES SOLUTIONS EXISTENT !
En France, 82 % des femmes ont déjà été victimes d’harcèlement avant l’âge de 17 ans et 76 % ont déjà été suivies dans la rue. C’est le constat alarmant que dresse le Haut Conseil à l’Égalité entre les femmes et les hommes, dans un rapport d’avril 2015. Au-delà des chiffres et des scandales récents, il s’agit désormais de se focaliser sur les solutions pour combattre le phénomène.
« C’est le côté fantaisiste et empathique qui m’anime »
Assurance maladie, congés maternité indemnisés, allocations familiales font partie des droits auxquels peuvent prétendre les travailleuses indépendantes déclarées comme Lydie. Entrepreneuse, elle doit également payer des cotisations sociales « J’exerce une profession libérale, il est normal que je cotise. L’idéal serait une organisation sous la forme d’un petit salon privé ou les filles seraient salariées », explique Lydie.
« Je suis amoureuse de plusieurs de mes clients » Pour Lydie, l’escorting va au dela d’une simple rencontre suite à un clic. Les demandes d’un homme ou d’une femme sont souvent dues à des besoins liés entre autre à la pression rencontrée au travail. Vient souvent ensuite le désir de trouver une évasion rapide : « Mes clients veulent du réconfort, une sorte de déconnexion qui libère leur tension émotionnelle. Ils aiment les sensations fortes, les conseils et l’interdit ». Outre les prestations sexuelles proposées par Lydie, certains clients font appel à elle comme GFE (girlfriend experience). Elle entre
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alors pour le temps d’un repas ou d’une soirée dans la peau de la « petite amie » : « C’est le côté fantaisiste et empathique qui m’anime ». Tous les clients ne sont donc pas à la recherche d’une relation sexuelle. Certains sont simplement demandeurs d’affection : câlins, attentions et conversations sont tout aussi recherchés. Cependant Lydie doit trouver le juste milieu entre vraie « petite amie » et son métier d’escort afin de ne pas basculer dans l’illusion et le mythe de la pretty woman. Quoi qu’il en soit, cette activité reste cernée par les préjugés et les jugements portés par la société. Il est ainsi souvent difficile pour celles qui le pratiquent d’en parler ouvertement et de faire reconnaitre leur pratique comme un véritable métier. Pourtant, quelle différence fondamentale entre une ouvrière qui utilise son corps pour fabriquer un produit et une escort-girl qui utilise le sien pour fournir un service ? Cette question, essentielle à la protection et à la sécurisation de ces femmes, mérite en tout cas d’être posée. « À ceux et celles qui doutent encore, je réponds que mes sensations et mon corps m’appartiennent ».
Le plus important, « c’est de penser à sa propre sécurité » Le harcèlement de rue est rabaissant, voire traumatisant. Sur 5000 femmes interrogées par le site Madmoizelle, 39,1 % d’entre elles ont peur en sortant de chez elles contre 4 % qui se sentent en sécurité. Pourtant, de nombreuses solutions existent pour mieux y faire face : nommer et dénoncer le phénomène. Ainsi, depuis les révélations sur l’affaire Weinstein, de nombreux hashtag comme #balancetonporc ou #metoo ont permis de libérer la parole, notamment sur les réseaux sociaux. Première étape d’une prise de conscience plus générale, ils ont rapidement été suivis d’appels à manifester publiquement avec de nombreux rassemblements partout dans la France autour du mot d’ordre « #metoo, dans la vraie vie ».
« Il ne faut pas essayer de marchander » et ne pas « s’excuser » Depuis, de nombreuses personnes cherchent à trouver des solutions concrètes pour calmer ces harceleurs. Répondre ? S’isoler ? C’est ce que pense Juliette Lancel, créatrice du Tumblr (plateforme de microblogging en ligne) « harcèlement de rue » qui réalise un travail d’information et de sensibilisation. Pour elle « porter des écouteurs permet de s’isoler » dans l’espace public. Mettre l’accent sur le comportement qui pose problème peut également fonctionner. Par exemple dire au harceleur « on est dans l’espace public, je ne vous ai rien demandé, c’est déplacé ». Chloé Vollmer-Lo, auteur d’un article sur les « zones sans relou » dans le magazine MadmoiZelle.com ajoute qu’il « ne faut pas essayer de marchander » et ne pas « s’excuser ». Juliette Lancel souligne néanmoins que le plus important, « est de penser à sa propre sécurité ». Pour TerraFemina, qui se définit comme « le média des femmes actives », une solution efficace existe à laquelle les femmes ne pensent pas forcément : l’humour !
GABIN VOLPATO
BAPTISTE HABOUZIT
PAR PHILIPPINE BOUFFARD ET PHILOMÈNE VEDRENNE
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GABIN VOLPATO
« Il faut donc réagir collectivement et sortir de l’impunité » Dans les cas de harcèlement, faire croire que l’on perd la tête, en s’arrachant les cheveux, en hurlant, en grognant ou encore en faisant des grimaces peut s’avérer très utile. Si le harceleur insiste, la solution peut être aussi d’essayer de le dégoûter en bavant ou en rotant afin de l’éloigner et de se sortir d’une situation délicate. Parfois, le harcèlement va plus loin que de simples mots. Se sentir oppressée et se faire toucher dans les transports peut ainsi relever de l’agression physique. Terrafemina a passé au crible 16 607 femmes venant de 22 pays et 42 villes différentes. 50 % d’entre elles affirment avoir déjà subi des caresses ou des attouchements sexuels. Dans ce cas, le blog Stop Harcèlement De Rue conseille d’identifier publiquement la personne pour qu’elle se sente mal à l’aise, en lui disant par exemple « vous, l’homme d’environ 35 ans avec un tee-shirt vert, vous avez votre main sur mes fesses et cela me dérange ». Dans les cas de harcèlement, on se focalise souvent uniquement sur la victime et ses réactions. Pourtant, dans de nombreuses situations, il y aussi des témoins qui peuvent devenir des alliés. Dans les affaires Harvey Weinstein et Tariq Ramadan, des journaux tels que l’Express ou 20 Minutes ont révélé que des témoins avaient eu connaissance des faits sans réagir. Lena Dunham, réalisatrice de la série Girls exprime
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PAGE BLANCHE, CE SERA UNE ILLU
dans le New York Times « quand nous restons silencieux, nous bâillonnons les victimes. Si nous nous taisons, nous validons ce comportement que nous ne pouvons pas cautionner ». Ainsi, une bonne méthode pour venir en aide à une femme en train de se faire harceler est de faire croire de la connaître pour déstabiliser le harceleur. Justine, 26 ans et vivant à Paris a déjà utilisé cette technique deux fois depuis le début de l’année, notamment en rentrant de son travail en début de soirée. Elle trouve cette méthode « efficace » seulement si la situation n’est pas trop dangereuse. Dans ce cas, le mieux reste quand même de faire appel à d’autres témoins et éventuellement d’appeler la police. Quoi qu’il en soit, pour Chloé Vollmer-Lo, « il ne faut pas avoir honte de chercher la réaction la plus confortable pour soi. Chacune sait ce qui lui convient le mieux ».
« Il ne faut pas avoir honte de chercher la réaction la plus confortable pour soi » En 2004, Florence Maillochon, directrice de recherche au CNRS, révélait que sur 7 000 femmes interrogées dans son étude, 100 % avaient affirmé avoir déjà été harcelées. Malgré la libération de la parole depuis quelques années, le harcèlement reste encore trop présent dans nos sociétés et ce depuis trop longtemps. Il est temps que cela cesse.
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ETIENNE VIBERTI
LY O N
UNE VILLE OÙ IL FAIT BON VIVRE Les lyonnais sont chanceux. Dans le classement The Economist 2017 des villes où il fait bon vivre, Lyon arrive à la première place en France, devant Paris. Au-delà des critères et des chiffres retenus par le magazine anglais, ce sont souvent les hommes et les femmes qui habitent la ville qui font sa réussite et sa beauté. Portraits. PAR UGO ESTIVALET ET LEXANE BIZEAU
« Je n’ai jamais eu l’intention de quitter Lyon » André Chenel, 83 ans, a passé toute sa vie à Lyon. A aucun moment il n’a pensé la quitter. Pour lui, la position de la ville est très confortable « on est à la porte de tout, pas loin de la mer et de la montagne ». Avec le temps, il a vu les lieux se transformer : « on a beaucoup évolué du point de vue urbanisme ». De l’aménagement des berges du Rhône à la nouvelle tour Incity en passant par la rénovation de l’Hôtel-Dieu, Lyon a ainsi connu de nombreuses mutations urbanistiques. Mais ce qu’André préfère par-dessus tout c’est « la beauté de Lyon la nuit ». En 2016, la ville lumière a ainsi accueilli plus de deux millions de visiteurs lors de la fête du 8 décembre. Et s’il fallait faire une critique ? André en convient, la ville pourrait davantage « développer les transports fluviaux » afin de tirer pleinement profit des deux fleuves qui la traversent.
« Lyon était une ville d’espoir » Au travers de son histoire, Lyon a aussi été une ville d’accueil des cultures et des peuples du monde. Trinité, 90 ans, d’origine espagnole, en témoigne: « Je suis arrivée en France en 1945 à la fin de la guerre ». Elle a traversé les Pyrénées à pied avec sa fille pour venir vivre ici. Trinité faisait ainsi partie des quelques 700 000 réfugiés espagnols qui sont venus s’installer en France pendant et après la Seconde Guerre Mondiale. « Mon mari était un opposant au régime franquiste, il est resté se battre en Espagne ». Pourquoi s’installer à Lyon et pas ailleurs ? « Lyon était une ville d’espoir, beaucoup d’espagnols se dirigeaient vers cette ville » nous confie-t-elle. C’est en effet dans le département du Rhône que beaucoup d’immigrés sont venus s’installer après la guerre en raison d’une forte demande de main d’œuvre liée aux différentes industries installées dans le département.
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« Capitale mondiale de la gastronomie » Pour Renée Richard, la fille de la mère Richard, grande figure de la gastronomie Lyonnaise, Lyon est avant tout une ville de la gastronomie : « à Lyon on a des étoilés, des gastro, des bistros, des brasseries… ». La ville se place ainsi dans le top trois des villes européennes les plus étoilées au guide Michelin avec pas moins de 21 étoiles qui flottent fièrement au-dessus de la ville. Renée va plus loin « Lyon est la capitale mondiale de la gastronomie ! ». Ce qu’elle apprécie le plus c’est « se poser sur la terrasse du musée des confluences, là où les deux fleuves se rejoignent, et puis tourner la tête vers Fourvière… » Entre tradition et modernité, l’histoire de Lyon semble ainsi se découvrir aussi dans les recettes qu’elle offre à ses visiteurs et ses habitants.
« Lyon est ma maison, ma ville de coeur » Marc de Montivault est un jeune non-voyant en première année de kiné. Après avoir vécu à Paris, il a décidé de s’installer dans le premier arrondissement de Lyon, pas loin de la place des Terreaux. Pour lui « Lyon est beaucoup plus agréable, il y a moins de pression ». La ville arrive ainsi en position honorable (6ème en France) dans le classement du stress ressenti dans les grandes villes du monde réalisé par le magazine Zipjet. Quid de son handicap dans une ville où tout est constamment en mouvement ? « On a de la chance sur ce point, la ville est bien adaptée (…) ». Néanmoins s’il devait changer quelque chose ce serait au niveau des zones piétons : « j’adore les villes où le centre-ville est piéton, ce serait quelque chose à améliorer ». Quoi qu’il en soit pour Marc, Lyon est sa nouvelle ville d’adoption. Comme il le dit lui-même : « Lyon est ma maison, ma ville de cœur, là où je me sens bien ».
« Pas une semaine sans soirée étudiante » Pour Auxence, étudiant à l’IAE de Lyon 3 et vice-président du BDE « il ne se passe pas une semaine sans qu’il y ait une soirée étudiante à Lyon ». Pour lui, « Lyon est la ville étudiante numéro une en France ». En certains classements semblent confirmer ce sentiment. En 2017, le magazine l’Étudiant mettait ainsi Lyon en première place des meilleures villes étudiantes de France après avoir été 4ème en 2016. Auxence nous explique ainsi que « Lyon est une plaque tournante de la musique […], les Nuits Sonores par exemple peuvent rassembler plus de 100 000 personnes sur 4 jours ». Le jeune étudiant lyonnais confirme « qu’ il y a de quoi faire à Lyon, hiver comme été, à n’importe quelle heure du jour et de la nuit ».
Que ce soit par son histoire, sa tradition d’accueil, sa gastronomie ou encore son dynamisme, Lyon est une ville bien vivante qui continue de charmer les curieux et ceux qui y vivent. Ses habitants le lui rendent bien en faisant souvent ses éloges tout en continuant d’y faire vivre ses traditions, son histoire et son identité.
ALEXIS BALINOFF
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ÉTUDIANTS ÉTRANGERS, BIENVENUE ! En 2017, selon le magazine l’Étudiant, Lyon comptait plus de 14 000 étudiants internationaux dans ses différents campus universitaires. Dans un rapport de 2015, le Sénat estimait leur nombre à plus de 300 000 en France, soit un étudiant sur huit. Retour sur leurs conditions d’accueil et de vie. PAR NADÈGE HAKIZIMANA
Soojin, 24 ans, sud-coréenne, fait partie de ces milliers d’étudiants étrangers. Elle raconte : « je suis venue à Lyon la première fois comme étudiante en échange et le choix de Lyon était un hasard. Après mon séjour, j’ai décidé de rester et d’arrêter mon université en Corée du Sud pour commencer des études d’art à Lyon ». Pourquoi avoir choisi de rester ? « J’ai senti une inspiration ici, à Lyon, c’était comme un déclic, comme si mon esprit se réveillait, ce que je ne ressentais guère en Corée. Ça fait maintenant deux ans que je suis à Lyon et j’aime beaucoup la culture française ».
L’accueil et l’intégration des étudiants
Des activités de loisirs (croisières Rhône-Saône, journées en Beaujolais, soirées terroir sont proposées trois à quatre fois par an » explique Martine Bleton, secrétaire générale de l’association. « Ces familles vont réconforter l’étudiant [...] autour d’un repas chaleureux et seront pour lui comme un repère quand il aura besoin de conseils, comme par exemple aller voir le dentiste ».
« Le logement n’a pas été un problème pour moi », dit Soojin, sud-coréenne Selon l’université Lyon 3, ces étudiants sont pour la plupart originaires d’Afrique (40 %), d’Asie (31 %), et d’Amérique (8 %). Ils arrivent en général seuls à l’aéroport ou à la gare, sans personne pour les accueillir. C’est pourquoi plusieurs propositions sont actuellement à l’étude dont le but est d’impliquer davantage les associations asiatiques et africaines de Lyon afin d’aider les jeunes dès leur arrivée, notamment pour obtenir leur titre de séjour. Les longues files d’attente devant les préfectures montrent que cette problématique est
encore loin d’être résolue. Quoi qu’il en soit, avec l’évolution du numérique, il est de plus en plus facile de prendre contact en amont avec les étudiants étrangers pour leur donner les informations clés et faciliter au mieux leur séjour. On le voit, la France attire toujours davantage d’étudiants étrangers et les dispositifs d’accueil et d’intégration se consolident afin de faciliter leur séjour ici. En retour, ces étudiants contribuent à la diversité des campus universitaires. Alors, la France, eldorado des étudiants étrangers ?
Quid du logement et de l’arrivée ? Pour ce qui concerne le logement, le Crous reste l’interlocuteur principal avec ses 8 500 places et ses 31 résidences universitaires dans l’académie de Lyon. Mais il existe aussi d’autres solutions. L’agence Expat Agency Lyon offre ainsi un accompagnement dans la recherche de logement : « Nous accompagnons environ 60 étudiants internationaux par semestre. Nous nous concentrons sur le séjour en famille pour étudiants internationaux en tant qu’hôtes payants. Soit les étudiants prennent connaissance de nos services via internet, soit nous avons des accords avec leurs universités ».
ROMANE FAVRE
Aujourd’hui, il existe plusieurs associations et agences qui s’occupent de l’accueil et du séjour de ces étudiants. Lyon International propose ainsi des repas conviviaux dans des familles lyonnaises pour faciliter l’intégration : « plus de 1 000 invités étrangers, représentant près de 100 nationalités sont reçues à la maison, pour un repas ».
Ce fut le cas de Soojin : « Le logement n’a pas été un problème pour moi parce que dans mon pays, il y avait une agence qui nous mettait en contact avec une entreprise de relocation d’ici, je suis arrivée avec déjà un logement. Je suis hébergée en famille comme hôte payante pour mieux apprendre le français ».
BERLINVENICEMEXICOMADRIDTOKYOMONTRÉALBUENOSAIRESMILANOLISBOANEWYORK 20 OSLOJOHANNESBURGMOSCOWBARCELONAREYKJAVIKEDIMBURGHZAGREBSALZLONDON 21 PRAGUEROMABRUXELLESZURICHBUCARESTSTOCKHOLMHELSINKITORONTOGENÈVEPORTOTORINO
LES PETITES CANTINES Quand la restauration fait société
Il y a de ces expériences qui redonnent de l’énergie et de l’envie. C’est le cas des « Petites Cantines », restaurant participatif installé depuis peu à Vaise. Ici, les clients sont des convives qui aident à la préparation du repas pour ensuite déjeuner tous ensemble sur des grandes tables. Portrait d’un restaurant qui ne fait rien comme les autres. PAR EDOUARD BLANCHET ET AUGUSTIN CAMUS
Une solution à la solitude des villes Ce cercle vertueux permet à certains de se réinsérer dans la société. Pour d’autres c’est simplement l’occasion de réapprendre à échanger avec des inconnus. Les Petites Cantines souhaitent ainsi créer un espace permettant la reconstruction d’un certain « nous » qui forme cette communauté de quartier. Ce « nous » qui a disparu au fil du temps dans des agglomérations toujours plus grandes et impersonnelles où l’esprit de communauté qu’on pouvait retrouver dans les villages s’est progressivement éteint.
Ces villes font aujourd’hui face à des problèmes d’exclusion sociale et d’isolement. Selon un sondage TNS Sofres de 2014, sept citadins sur dix reconnaissaient avoir souffert de solitude pendant l’année. Pour Alain Mergier, sociologue à la Fondation Jean Jaurès, cette solitude apparaît dans le quotidien quand les réseaux de socialisation comme la famille ou le travail, lâchent. Les Petites Cantines, en faisant participer tout le monde aux tâches et en recréant des repas qui peuvent rappeler à certains des grands repas de famille, essayent d’apporter une réponse à cette solitude.
Deux modèles qui s’opposent Aujourd’hui, les Petites Cantines font face à des concurrents sérieux qui incarnent un modèle opposé : Deliveroo, Foodora, Uberfood. Ces plateformes de livraison de repas à vélo connaissent un succès grandissant notamment dans les grandes villes. Grâce aux technologies et aux smartphones connectés elles offrent de la simplicité, du choix et de la rapidité. Aux Petites Cantines, on mange copieusement, sain et surtout ensemble. Tout le monde met la main à la pâte pour préparer le repas. Loin d’être une contrainte, c’est avant tout un moyen de rencontrer des personnes qui sont peut‐être des voisins à qui vous n’avez plus adressé la parole depuis dix ans. Ce n’est pas pour rien que ce quartier de Vaise a été choisi : professeurs, retraités, chômeurs, salariés ou étudiants cohabitent et se retrouvent ainsi régulièrement, à midi ou le soir, pour partager un repas. Des produits frais, locaux et bios sont proposés et le restaurant choisit de favoriser les circuits courts pour conserver des relations de proximité même avec les fournisseurs.
Et l’expérience semble marcher. Des nouvelles « cantines » vont ouvrir à Perrache, mais aussi à Lille ou encore Dijon dès 2018. Si une formule à 9 € par repas est suggérée, le prix reste libre et la question du modèle économique se pose. La solution est simple : les fondateurs font le pari que ceux qui viennent ont une envie de solidarité en commun. Un convive en précarité donnera donc un peu moins, et celui qui a une situation confortable participera davantage pour compenser.
Par contre, pour ce qui est du lien social, il ne faut pas y compter. C’est ce que confirme Blaise, livreur Deliveroo quand il résume ses interactions avec le client : «- C’est vous Paul ? -Oui. -Tenez, au revoir. - Merci, au revoir ». C’est bref, froid, efficace. Alors même si ces services de livraison sont « pratiques un dimanche pluvieux à midi », selon Domitille, une des services civiques employés par Les Petites Cantines, ils brisent le lien entre consommateurs et restaurateurs. Ce lien, même petit, permettait pour certains d’avoir un contact avec la société dans la journée. Un dimanche notamment. Même s’il semble illusoire de penser que le modèle des Petites Cantines arrivera à inverser la tendance à l’ubérisation de la restauration, le simple fait que cette alternative existe permet de semer des graines qui peut être germeront ailleurs, autrement, différemment mais fleuriront. Faisons le pari !
CLAIRE BODIN
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PHOTO REPOR
ISABELLE RICAUD NEUROFEEDBACK Le bien-être, c’est dans la tête !
TAGE
Isabelle Ricaud, praticienne en neurofeedback dynamique, pratique une technique influençant l’activité cérébrale, à l’origine de problèmes psychologiques ou physiques. Le patient, stimulé par une activité audiovisuelle, voit son activité cérébrale analysée à l’aide de capteurs. Lorsqu’une anomalie est détectée, le visionnage est volontairement interrompu, permettant au cerveau de corriger son erreur.
PHOTOGRAPHE : ROMANCE RICAUD
LYDIE PIERROT SCAPHANDRIER Une vie sous l’eau Lydie Pierrot, scaphandrier, est une « ouvrière du fond des océans », passionnée par les fonds marins. Elle participe à différentes missions non exécutables en surface, telles que des travaux subaquatiques, de dépollution, de minage ou encore de guidage. Ces dernières sont plus ou moins risquées selon les demandes. Il lui arrive de travailler pour la Marine Nationale.
PHOTOGRAPHE : BAPTISTE HABOUZIT
CÉCILIA SAGOUIS CÉRAMISTE Une vie sur terre Cécilia Sagouis, céramiste et potière, nous accueille dans un univers onirique et poétique. Elle travaille la faïence rouge et blanche décorée « d’engobes » et « d’oxydes ». Chaque pièce est unique, façonnée au tour, et décorée à la main de motifs colorés peints et gravés. Ces motifs sont fortement inspirés de l’univers japonais et sont propices à la rêverie.
PHOTOGRAPHE : CLAIRE BODIN
VALÉRIE THERNISIEN PRATICIENNE Les réponses aux questions de l’âme Valérie Thernisien, psycho-praticienne en langue profonde de l’être, travaille avec l’inconscient. Elle utilise différentes techniques telles que les cartes de voyance ou encore les boules de chi pour entrer en communication avec l’inconscient, afin de libérer des blocages psychologiques et des émotions enfouies.
PHOTOGRAPHE : CAMILLE TCHAGAH M.
CARLOS OLMO ILLUSTRATEUR Le prestidigitateur du trait Carlos Olmo, artiste français, est un illustrateur et dessinateur qui concentre lʼensemble de son travail principalement autour du cinéma. Sérigraphies, peintures ou encore croquis, ses oeuvres sont le fruit dʼun métissage souvent difficile entre art plastique et 7ème art.
PHOTOGRAPHE : CLÉMENCE VARENNE-SATRE
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ENQUÊTE
SOLIDARITÉ SOCIALE Vous reprendrez bien un peu de mixité ? À Lyon ou dans d’autres métropoles françaises, la mixité sociale est devenue un véritable enjeu. Le but est de lutter contre les phénomènes de ségrégation sociale et d’encourager les mélanges. Mais aujourd’hui, l’idée semble à bout de souffle. Enquête sur un concept qui fait débat.
Pour les villes qui n’ont pas encore instauré les 20 % de logements sociaux, des pénalités sont appliquées et l’État peut préempter des terrains pour construire lui-même ces logements. La mixité sociale est donc une politique prioritaire, comme l’indique le Plan de Cohésion Sociale du Ministère de l’Emploi, « un pays n’est puissant que par les hommes et les femmes qui le composent, par l’envie qu’ils ont de vivre et de construire ensemble ». D’ailleurs les effets de la mixité sociale peuvent se faire ressentir dès le plus jeune âge. Pour Nathalie Mons, présidente du Conseil national de l’évaluation du système scolaire, « la mixité sociale constitue un avantage indéniable pour tous les élèves, les bons et les mauvais, et ses bienfaits se répercutent ensuite sur l’ensemble de notre société ».
On se côtoie donc, mais surtout on s’évite. Chacun est dans sa sphère et n’interfère pas avec celle de l’autre. D’ailleurs, ce mélange n’est pas forcément voulu, dans certains quartiers il est seulement un moyen d’accéder à la propriété.
PAR JULIE CHOBEAU ET JEANNE LAPIERRE
Saint Paul
CONFLUENCE
« La mixité répond à une aspiration à davantage de liberté et de fraternité »
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« On ne veut pas que les pauvres restent avec les pauvres »
MARGOT ADNET
Le maire d’Oullins, lui, a fait de ces politiques de mixité une réalité. M. Perodet, habitant de la ville rencontré au marché, en témoigne : « mon quartier accueille une population beaucoup plus diversifiée qu’avant ». Françoise Barthel, autre habitante, le confirme : « il est important de partager des moments avec des gens issus d’autres milieux, cela évite la création de castes ».
Pourtant, en y regardant de plus près, mixité sociale ne rime pas toujours avec mélange et solidarité. Une dame d’une cinquantaine d’années interrogée place Guichard reconnaît qu’il y a une diversité dans son quartier mais admet ne côtoyer que des amis et de la famille. À Oullins, pour un couple d’octogénaire : « Non, chacun ses idées. On ne sort que pour faire nos courses et on rentre immédiatement ». Les groupes sociaux seraient ainsi difficiles à briser. Dans son ouvrage Crépsucule de la France d’en haut , Christophe Guilluy revient sur « les pratiques d’évitement des classes supérieures et la double dynamique de gentrification et d’immigration qui renforcent des ségrégations perceptibles dans l’ensemble des métropoles ». Aujourd’hui, « l’accentuation des inégalités spatiales montre que le modèle métropolitain ne favorise pas l’ouverture et la mixité, mais la ségrégation » soulignet-il. L’INSEE a étudié le phénomène à Lyon et le constat est sans appel : les populations aisées, c’est-à-dire dont le niveau de vie médian en revenus s’élève à 25 200 €, sont majoritairement représentées dans les 2ème, 5ème et 6ème arrondissements. Dans ces mêmes quartiers, les familles aux revenus modestes sont rares.
Ainsi, malgré la volonté de mixité sociale annoncée, l’augmentation des prix du m2 reste le premier facteur d’exclusion des plus pauvres. A contrario, dans les 8ème et 9ème arrondissements lyonnais, le phénomène s’inverse. On observe une surreprésentation des ménages dits modestes, dont le niveau de vie médian s’élève à 18 550 €.
MARGOT ADNET
Pour Maurice Blanc, professeur d’urbanisme à l’université de Strasbourg, « la mixité sociale est le refus du ghetto et de toute forme d’assignation à résidence ; elle répond à une aspiration à davantage de liberté et de fraternité ». L’enjeu est clair : lutter contre la ségrégation sociale. Ce terme définit la distance sociale imposée à un groupe du fait de sa race, de son sexe, de sa position sociale ou de sa religion, par rapport aux autres groupes d’une collectivité. Les politiques actuelles des métropoles françaises ont ainsi mis en place de nombreux plans, notamment la loi SRU, qui impose aux communes d’avoir au moins 20 % de logements sociaux.Objectifs : stopper les mouvements migratoires des catégories sociales les moins aisées en périphérie des villes et ralentir les phénomènes de ségrégation. Pour Thierry Repentin, président de la commission nationale SRU, l’efficacité de ces plans est au rendez-vous : « Entre 2014 et 2016, 190 000 logements sociaux ont été construits en France ».
Dans l’imaginaire collectif, c’est le bobo qui va aimer la mixité sociale
Mixité sociale, oui ! Mais jusqu’à quel point ? Pour Max Pacalet, auteur d’un mémoire en sociologie sur la question, « il faut réfléchir au problème en apportant un autre levier de réponses : celui de l’accessibilité. Le véritable enjeu est le changement de paradigme : sortir du fantasme de la mixité sociale et des sociétés mélangées mais plutôt ouvrir des perspectives à ces individus ». En effet, pousser les populations à aller chercher par elles-mêmes, c’est d’abord leur donner une indépendance pour ensuite accéder aux soins, à l’emploi etc. Il faut que cette mixité soit « une vocation à encourager les projets humains avec plus d’hétérogénéité, que ce soit un moyen et non une fin ». C’est pourquoi la manière dont on applique cette mixité est cruciale, il faut comprendre comme celle-ci peut s’intégrer et s’adapter, et non pas imposer une seule norme, un seul modèle à des territoires aux identités et aux histoires différentes. Cela ne veut pour autant pas dire que cette mixité sociale ne marche jamais. « Il existe des quartiers où c’est le fruit d’évolution indépendante des politiques de la ville », insiste Max Pacalet. Pour Nathalie Mons, professeur de sociologie à l’université « on ne veut pas que les pauvres restent avec les pauvres. On veut une République qui soit faite de population mélangée, il faut sortir du fantasme du communautarisme ». Alors mixité sociale, fausse bonne idée ? Le débat continue.
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SOMMES-NOUS PRÊTS POUR UNE NOUVELLE
BENJAMIN FAYOLLE
ÉDUCATION ?
Le fonctionnement de l’école française est aujourd’hui souvent remis en question. En réaction, des écoles nouvelles ou alternatives se développent et font de plus en plus d’adeptes. Malgré tout, l’Éducation nationale peine encore à évoluer et à s’adapter. Quelles sont donc les raisons qui expliquent ces blocages ? PAR MATHILDE PERRIN ET LIONEL MATONDE
L’étude
PISA, qui évalue l’usage et l’acquisition des compétences des élèves âgés de 15 ans dans 72 pays, révélait en 2015 que pour les différents tests de mathématiques, de sciences et de lecture, la France arrive en 27ème position, loin derrière la Finlande, l’Estonie ou encore le Viêtnam. Un classement qui interroge sur les capacités et les responsabilités de l’Éducation nationale. Jean-Michel Blanquer, nouveau ministre de l’éducation, a donc souhaité investir 1,3 milliard d’euros supplémentaires dans l’école. En 2018, le budget du ministère restera l’un des seuls préservé du gouvernement, et passera de 50 milliards d’euros à 51,3 milliards d’euros. Cette somme servira à mettre en œuvre les engagements du président
THOMAS LOPEZ
Emmanuel Macron, notamment le dédoublement des classes de CP et l’accompagnement personnalisé des collégiens. Toutefois, ces mesures restent des ajustements à la marge et ne semblent pas s’inscrire dans une volonté de réforme plus globale, voire plus fondamentale. Pourtant, de nombreux spécialistes insistent pour dire que la clé d’un apprentissage serein et efficace sont l’épanouissement personnel et la confiance en soi. Ces facteurs faciliteraient non seulement l’intégration à l’école, mais aussi et surtout l’intégration en société et au monde du travail. La question se pose donc : pourquoi n’inscrit-on pas aujourd’hui dans l’école française ces exigences comme priorités ?
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C’est au début du XXe siècle qu’apparaît le mouvement de l’Éducation nouvelle, avec la création des établissements Steiner-Waldor, Freinet ou encore l’école Montessori qui ouvre en 1907. Ces écoles posent la connaissance et la confiance en soi comme les conditions nécessaires de l’apprentissage du savoir. Le philosophe français Alain affirmait ainsi que « l’enfant n’est pas qu’un vase que l’on remplit, mais un feu qui s’allume ». Aujourd’hui, ces écoles continuent d’essaimer mais restent extrêmement minoritaires par rapport à l’ensemble des lieux éducatifs que compte le pays.
En outre, elles sont en grande majorité des écoles privées et coûteuses. Pourtant, cette préoccupation de l’épanouissement personnel de l’élève est de plus en plus partagée par le grand public. Et cela, surtout en réaction aux sentiments de rejet de l’école classique. Selon une étude de l’IFOP menée en 2014 auprès de parents d’élèves (école maternelle et primaire), 21 % d’entre eux affirmaient ainsi que leurs enfants nourrissaient « un dégoût de l’école » et 19 % assumaient avoir peur de l’échec.
pédagogie qui a cent ans d’existence, mais qui n’a pas forcément de recul en termes de recherches pédagogiques au quotidien », nous explique-t-elle. Elle en convient, une pédagogie aussi nouvelle et efficace soit-elle, ne pourra jamais convenir à l’ensemble des élèves. Pourtant c’est bien cette exigence d’égalité qui fonde l’Éducation nationale, notamment au niveau du socle commun de connaissances qui doit être transmis. Une éventuelle réforme du système devra donc associer à la fois le développement personnel et individualisé des élèves, tout en garantissant un cadre commun et égalitaire.
des Français interrogés qui partagent ce constat. Pour l’institutrice Héléna Hugot, les syndicats bloqueraient également la transition vers une nouvelle éducation : « Lorsqu’il y a de nouveaux programmes qui sont communiqués, à chaque fois, il y a un blocage des syndicats qui diront qu’on va remettre en cause ce qu’on a fait pendant 30 ans ». Quant à l’Éducation nationale, elle serait : « très lourde à gérer sans liberté pédagogique » et « vieillissante ». L’ancien fonctionnaire européen assure que les professeurs « ont un peu perdu courage ». Toutefois, pour lui, les choses évoluent et il estime à 30 % la part de la population européenne qui aurait déjà adopté ces nouvelles valeurs inspirées par les écoles nouvelles. Sauf que cette adoption se fait « en silence ». La jeune génération serait, quant à elle, déjà née avec ce nouveau paradigme. Le besoin de « sens » des élèves leur permettrait aujourd’hui de comprendre davantage les enjeux à venir et de trouver leur place dans ce monde en perpétuelle mutation.
Une même pédagogie pour tous ? Malgré un but commun, ces écoles n’emploient pas toutes les mêmes méthodes. Héléna Hugot, créatrice des Petits Plus, lieu éducatif agile à Lyon, voit une différence notable entre le système Montessori, dont les valeurs d’ordre et de calme sont primordiales, et l’école Reggio Emilia qui cultive davantage le rapport à la nature. Le choix se fait souvent en fonction des attentes et de la sensibilité des parents. Cette ancienne professeure de 6 ème a décidé de développer dès la maternelle une nouvelle pédagogie après avoir constaté qu’un tiers de sa classe avait des difficultés de lecture. L’enjeu était de s’inspirer des méthodes montessoriennes tout en essayant de « dépoussiérer cette
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La clé : un changement des mentalités ?
BENJAMIN FAYOLLE
Selon Marc Luyckx Ghisi, auteur, philosophe et ancien membre de la cellule de prospectives fondé par Jacques Delors à la Commission Européenne, le principal problème en France est la difficulté à faire évoluer la vision de l’Éducation nationale qui « ne voit même pas le nouveau paradigme ». Elle n’aurait pas encore amorcé le virage nécessaire pour être en phase avec les attentes du monde actuel et de demain. Ses priorités seraient toujours liées à un système économique industriel aujourd’hui dépassé. Dans l’étude de l’IFOP précédemment citée, c’est ainsi 33 %
On le voit, au commencement de toute mutation, il est donc souvent question de changements des mentalités. Mais pour de grandes institutions comme l’Éducation nationale qui emploie plusieurs milliers d’enseignants et qui a une histoire vaste et tourmentée, l’amorce de tels changements est souvent longue et douloureuse. Pour Marc Luyckx Ghisi : « Il faut compter 30 ans pour un changement de paradigme. Or, cela a commencé en 1993. Donc on y est presque ! ».
BENJAMIN FAYOLLE
Des « nouvelles » méthodes vieilles de 100 ans
« Les professeurs ont un peu perdu leur courage »
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LE CITOYEN D’AUJOURD’HUI ACCEPTE-T-IL L’HOMME DE DEMAIN ? Aujourd’hui, le transhumanisme est au cœur de nombreux débats. En souhaitant mettre fin aux maladies et en luttant contre l’idée même de mort, il ne cesse de repousser les frontières du vivant. Entre fascination, rejet, doute ou curiosité, il crée un véritable questionnement sur notre modernité. MINA RIGAL ET ADHÉMAR D’ALÈS
Transhumanisme, un mot qui peut paraître obscur et qui donne cours à différents fantasmes : les cyborgs de Transformers, une puce dans le cerveau ou encore des humains augmentés. Mais derrière ces images et ces fantasmes se cache en réalité un courant de pensée bien précis, d’origine essentiellement anglosaxonne. D’après l’Encyclopédie Universalis, le transhumanisme repose ainsi sur la conviction que l’évolution humaine peut être voulue, orientée et choisie grâce aux sciences et à la technique. Il s’inscrit contre l’évolution biologique, commandée et subie. Le problème est que ce choix technique du futur rêvé semble créer dès aujourd’hui des fractures dans la société, à la fois en termes d’accès à ces techniques et d’évolution des mentalités.
Ray Kurzweil, un des leaders du transhumanisme, qui travaille aujourd’hui en tant que directeur de l’ingénierie chez Google, prédit en 2040 le stage de singularité technologique. Cette étape théorique placera le progrès technologique dans les mains de l’intelligence artificielle plutôt que dans celles de l’humain. Google s’intéresse d’ailleurs énormément au domaine à travers son laboratoire de recherche Google X, dont le but est de s’attaquer « aux défis de l’âge et des maladies associées », selon le communiqué officiel. Fantasme ou réalité ? Pour Vincent Guérin, historien de la médecine et des arts et techniques, « il s’est produit en une décennie des choses qui était inimaginables au début des années 2000 » .
En démocratie, chaque un peuple nouveau
génération
est
Le second temps du transhumanisme est celui des mentalités. Les outils et les modes de vie peuvent évoluer rapidement, les mentalités, quant à elles, prennent leur temps. Alexis de Tocqueville, philosophe du XIXe siècle, expliquait qu’en démocratie, « chaque génération est un peuple nouveau ». Aujourd’hui, c’est ce peuple nouveau qui devra faire le choix ou non, du transhumanisme pour la génération de demain. Justement, que dit cette nouvelle génération et jusqu’où estelle capable d’aller ? À l’immortalité, Lina Gérard, 12 ans, répond « non, au bout d’un moment ça devient un peu chiant. On fait toujours les mêmes choses, il n’y a rien à faire après ». Pour Marie Destaing, 21 ans, si on lui proposait de gagner 10 ans de vie, elle accepterait car « 10 ans, c’est raisonnable, ce n’est pas l’immortalité ». L’immortalité semble ainsi être un horizon dont il serait raisonnable de se rapprocher, sans pour autant l’atteindre. Lorsque l’on interroge Louna Lecomte, 25 ans, sur un éventuel traitement capable d’augmenter l’une de ses capacités, elle nous répond qu’elle accepterait seulement après s’être renseignée sur « tout ce que cela implique autour ».
Cette réponse n’est pas isolée parmi les personnes interrogées. Elle montre que malgré la place des technologies dans notre quotidien, nous restons méfiants quand elles touchent au corps humain et à son intégrité. Quand on demande à Lina Gérard, 12 ans, et Valentine Courbon, 19 ans, si elles accepteraient une puce dans le cerveau pour devenir plus intelligentes, elles refusent toutes les deux. Il ne semble donc pas y avoir à ce jour de consensus de cette génération d’aujourd’hui par rapport au futur technologique proposé par le transhumanisme.
« Le développement d’une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à la race humaine » Outre les enjeux éthiques, des questions concernant un égal accès à ces technologies du futur se posent. En 2009, le site SingularityHub estimait ainsi le prix d’une prothèse bionique de bras à plus de 70 000 euros. En France, le coût d’une greffe est de 80 000 euros puis 20 000 euros par an ensuite. Les nouvelles technologies dans le milieu médical créent donc déjà une fracture sociale évidente. Pour Stanislas de Crécy, 22 ans, la situation est claire : « Aujourd’hui nous sommes face à une santé qui s’adresse à tous et remboursable par la Sécurité Sociale, mais nous allons vers une médecine personnalisée qui va coûter très cher et que seuls les plus riches pourront se permettre ». La tendance vers une société qui priorise ses malades se renforcerait donc. Quelle somme devra être engagée pour sauver un individu aux dépens de plusieurs autres ? Selon Baptiste Lang, étudiant en 2ème année de biologie à Lyon 1, « on va au-devant d’inégalités, d’injustices et de tensions ».
Un monde à deux vitesses ?
« Que dit cette nouvelle génération et jusqu’où est-elle capable d’aller ? »
Le premier temps du transhumanisme est celui du progrès technologique. Il faut être rapide, il faut que ça avance. Laurent Alexandre, grand spécialiste français du transhumanisme et dirigeant d’une entreprise de décryptage ADN, nous prédit ainsi que « le cancer sera une maladie chronique maîtrisée en 2030 ». Une vision qui s’appuie sur les progrès déjà réalisés ces dernières années. L’espérance de vie augmente ainsi tous les ans de 3 mois dans les pays industrialisés.
Le célèbre professeur Stephen Hawking reste, lui, très perplexe. Dans une interview récente, il déclarait : « les formes primitives d’intelligence artificielle que nous avons déjà se sont montrées très utiles. Mais je pense que le développement d’une intelligence artificielle complète pourrait mettre fin à la race humaine ».
« Le cancer sera une maladie chronique maîtrisée en 2030 » THOMAS LOPEZ
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PROGRÈS
On le voit, le transhumanisme n’est pas seulement un courant de pensée technique. En remettant en question notre rapport au corps, à la mort, et aux avancées technologiques, il nous confronte à des choix fondamentaux sur le monde d’aujourd’hui et de demain. Vecteur de progrès et de bienfaits, mais aussi de fortes inégalités et de dangers, il se pose comme un des protagonistes principaux de notre modernité face auquel le citoyen d’aujourd’hui devra décider pour l’homme de demain.
HYPERLOOP
UNE COURSE CONTRE LA MONTRE Tout va vite, de plus en plus vite. La science-fiction promet depuis longtemps aux hommes des déplacements plus rapides, voire instantanés. Aujourd’hui, la réalité semble rattraper la fiction. Le projet de train Hyperloop prévu pour 2021 envisage ainsi d’atteindre une vitesse de 1 200km/h.
GABIN VOLPATO
PAR MARGUERITE LOUIS ET AMICIE HONNEGER
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PATRICK LOUIS Spécialiste en géopolitique et économie politique, ancien président de la commission transport de la région Rhône-Alpes.
Que pensez-vous de ce projet ? « C’est un projet passionnant sous l’angle de l’innovation technologique. Je l’avais déjà préconisé dans un colloque fait à Barcelone en 1995 pour palier à la pollution liée au tunnel du Mont Blanc ». Pour Patrick Louis, ce projet résout deux problèmes : « le premier problème est celui de l’aération du tunnel. La ventilation est un impératif, elle limite la longueur des tunnels et ainsi augmente les coûts. Le second est la vitesse et le caisson étanche qui réduisent la quantité d’oxygène, donc permet un tunnel économique et très long. L’Hyperloop est d’autant plus avantageux pour permettre aux marchandises - et non pas aux passagers - de franchir les montagnes. L’Hyperloop peut partir de la base de la montagne, faire cent kilomètres et ressortir au pied de l’autre versant, donc pas de côtes à gravir, pas de pollution en zone de haute montagne ».
« Les besoins en énergie pour monter à la vitesse de 1 200 km/h sont gigantesques »
Pensez-vous que ce train va avoir des répercussions sur votre mode de vie ? Il va surtout avoir des impacts sur les autres modes de transport et sur leur économie. En 1995, Alstom « freinait des quatre fers » ce projet, car il produisait des essieux de wagons. Avec l’Hyperloop, plus d’essais, moins de fer, mais plus de champs magnétiques et d’électricité. Ceci va immédiatement concurrencer l’avion moyen-courrier et les TGV de surface (bruyants et encombrants). Ces producteurs ne voient pas cette technologie d’un bon œil car elle leur échappe.
Pour le consommateur, le transport sera rapide, et la pollution visuelle sera moindre et sans paysage… Il permettra d’optimiser le temps de trajet entre les aéroports excentrés et les centres-villes ».
Quid d’un arrêt d’urgence en cas de problème d’un passager ? Pour Patrick Louis la question du secours sera analogue à celle du secours en avion : « en cas de panne ou d’urgence médicale, pas d’arrêt possible car pas d’accès ».
GABIN VOLPATO
En tant qu’élève, que pensez-vous de ce projet Hyperloop ? Pensez-vous que dans 40 ans, vous vous déplacerez en voiture volante ? Ce projet est innovant et visionnaire pour le futur. Pensé par Elon Musk, il ne peut qu’être positif car il fait avancer la science et le futur de l’homme. Ce train reliera de nombreuses villes en très peu de temps et impactera un très grand nombre de personnes au sein de la population active. Pour Roch Honegger, « ce projet est l’archétype même du futur du progrès au service des autres. Je pense que cela est envisageable ». Le jeune étudiant va même plus loin : « Cela permet un progrès positif. Les voitures volantes sont le monde de demain mais de nombreuses inventions restent à découvrir. »
ROCH HONEGGER Élève en Première S de Sainte-Marie Lyon.
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CYBERCRIMINALITÉ,
GUILLAUME FLEURU Ingénieur, chef de projet industriel à Subsea 7.
En tant que scientifique, pensez-vous que ce projet pourrait-être réalisé en 2021 ? Si non, pourquoi ? Non. Si on prend l’exemple des éoliennes, hydroliennes, fermes photovoltaïques, les maturations de projets ont duré une décennie. À cette contrainte, il faut ajouter une fonction sur le Grand Paris Express : 5 ans pour le GPE. Étant un investisseur qui mène le développement de toutes les lignes de son réseau, je ne vois pas une ouverture au public et fret avant 2025 aux Etats-Unis et 2030 ailleurs.
UNE LUTTE QUI S’ORGANISE Aujourd’hui, avec l’océan de données qu’est devenu internet, la cybercriminalité et le hacking (piratage informatique) sont devenus des menaces majeures. En 2016, ce sont ainsi plus de 13 millions de Français qui ont été confrontés à différentes formes de piratages sur internet. Il existe pourtant des solutions et la lutte s’organise. PAR MIKE MENNOCK ET TIMOTHÉE LEFAS
En tant qu’écologiste, pensez-vous que ce projet peut avoir des impacts néfastes sur l’environnement, et si oui, lesquels ? Oui. Être écolo, c’est avant tout penser de manière globale et équilibrée la complexité de notre environnement social, économique, technologique et naturel de façon à laisser à nos enfants et petits-enfants un monde dans lequel ils pourront s’épanouir et élever leur famille dans de bonnes conditions », explique l’écologiste. « Concernant l’Hyperloop, cela va nécessiter, pour voyager sur une voie rectiligne, des infrastructures colossales (ponts, tunnels, viaducs...) dont on ne connaît pas le coût global, mais dont on sait qu’elles vont détruire de nombreux écosystèmes. En outre, les besoins en énergie pour créer le champ électromagnétique nécessaire pour monter à la vitesse de 1 200 km/h sont gigantesques, nonobstant le fait que sur une distance courte (Lyon/St Etienne), il sera difficile de monter à la vitesse de 1 200 km/h sans tuer les passagers », ajoute Monsieur Artigny. « Nous avons connu le Concorde, le minitel qui furent des technologies qui ont fait rêver mais qui ont été des échecs commerciaux cuisants soutenus par la puissance publique et donc nos impôts. Le développement du TGV à quasiment détruit les réseaux secondaires, d’où l’augmentation des trafics routiers dont on peut constater les conséquences néfastes dans le 5ème arrondissement de Lyon avec la saturation du tunnel sous Fourvière ».
BERTRAND ARTIGNY Élu de la métropole du 5ème arrondissement, président du groupe des élus écologistes.
On le voit, ce projet technologique innovant ne fait pas encore consensus. En promettant une révolution des transports avec une vitesse inégalée, l’Hyperloop risque de remettre en cause des modèles économiques bien ancrés, des écosystèmes naturels et plus profondément un mode de vie partagé. L’enjeu est donc bien celui du choix. Celui de choisir, de manière consciente et informée, quelle modernité nous souhaitons pour le monde de demain.
D’après le service de sensibilisation à la cyber-planète du Luxembourg, trois formes principales de cybercriminalité existent. La première vise à soustraire des informations personnelles aux utilisateurs tels que les usurpations d’identités, les extorsions de fonds ou encore les fraudes commerciales. La deuxième utilise des failles informatiques pour détruire des sites internet ou pénétrer dans les réseaux informatiques d’organisations publiques ou privées. La dernière et la plus grave implique des activités de cyberterrorisme, de pornographie illégale, de trafic d’armes ou de vente de drogues. Elle prospère dans des réseaux clandestins appelés deep web ou dark web qui fonctionnent comme une véritable économie souterraine virtuelle.
À l’opposé, on trouve le Black Hat Hacker , le hacker au chapeau noir, qui correspond davantage à la vision que peut s’en faire le grand public. Le plus souvent il s‘agit d’un internaute ou d’un groupe d’internautes qui s’introduit illégalement dans un système informatique pour le perturber ou en extraire des données. Parmi les outils les plus connus, on retrouve les attaques DDOS, le vol d’identité en ligne, les virus, le cheval de Troie etc…
Qui sont les Hackers ?
Les techniques des Pirates Ahmed El Jaouari, entrepreneur web spécialisé en sécurité informatique, explique que les hackers utilisent différentes techniques de hacking selon leurs connaissances et leurs besoins. Le phishing ou hameçonnage en français est une des méthodes permettant de récupérer les données d’un particulier en lui faisant croire qu’il utilise un site officiel.
D’après Cyril Lachkareff et Sébastien Olland, journalistes au journal Les Echos , David Seva, un internaute de Villeurbanne, « un internaute sur trois est concerné par en a fait l’expérience et détaille les conséle hacking » , qu’il soit hacké lui-même ou victime. quences : « après avoir installé un programme Pour Paul Gil, instructeur en informatique, craqué sur mon ordinateur, j’ai remarqué il existe deux principaux types de hackers. Le White peu de temps après qu’il contenait un cheval de Troie. Hat Hacker, le hacker au chapeau blanc, qui cherche En effet, mon ordinateur avait des comportements à aider les victimes de hack, à sécuriser les programmes bizarres ; des messages, images ou des signaux sonores d’organisations ou à combattre différentes formes de inhabituels, mon lecteur CD qui s’ouvrait et se fermait, cybercriminalité. Certains comme Dark Dante travaillent des programmes qui se lançaient sans que je touche mon aujourd’hui pour le gouvernement américain ordinateur » . dans la lutte contre les pédophiles sur « Un internaute sur internet. trois est concerné par le hacking »
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ARNAUD VITTE-BLIMER
LE CODING, PLUS QU’UN OUTIL, UNE PHILOSOPHIE
Autre méthode, le clickjacking pousse un utilisateur à cliquer sur de fausses pages officielles pour récupérer ses informations personnelles à son insu. Le mail bombing , lui, consiste à bombarder le mail d’un internaute jusqu’à ce que sa boîte mail soit saturée et inutilisable. Enfin, l’utilisation de malwares, ou logiciels malveillants comme des spywares (logiciels espions), adwares (logiciels publicitaires) peuvent entraîner le vol de données, un piratage de la webcam ou encore la destruction des fonctions centrales de l’ordinateur.
Comment se protéger ? Pour protéger son ordinateur il est important d’avoir des mots de passe solides (12 caractères au moins) et de ne pas utiliser le même pour des accès différents. Un logiciel antivirus ou un navigateur internet protège votre ordinateur contre les logiciels indésirables à condition d’être régulièrement mis à jour. Une autre solution consiste à mettre en place une barrière de protection ou fire wall pour garder vos informations entre l’ordinateur et le réseau, empêchant ainsi les piratages ou les intrusions dans votre ordinateur personnel. Bien sûr, la meilleure des solutions reste encore la prudence systématique, notamment lors de la réception de mails indésirables. Pour aider les internautes et les entreprises, le gouvernement français a mis en place en octobre 2017 un dispositif national de sensibilisation aux dangers
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et a augmenté les moyens de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) jusqu’ici débordée.
« Le code pénal sanctionne de 2 ans d’emprisonnement le simple fait de pirater un système informatique »
En outre, le gouvernement continue de renforcer son arsenal juridique et pénal sur les crimes commis en ligne. Par exemple, le code pénal sanctionne désormais de 2 ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende le simple fait de pirater un système informatique. Cette peine peut être portée à 3 ans de prison et 45 000 € d’amende si le piratage entraîne la modification de données ou l’altération du fonctionnement du système. Malgré ces dispositifs, la cybercriminalité gagne du terrain. Ainsi, en juin 2017, la multinationale Yahoo subissait un piratage entraînant le vol de millions de données et générant un manque à gagner de plusieurs milliards d’euros. Comme on le voit, la cybercriminalité a encore de beaux jours devant elle. C’est à chacun désormais de trouver les bons outils et les solutions appropriées pour protéger ses données et sa vie privée.
Notre quotidien est bercé par l’aire du numérique et le développement des nouvelles technologies. En moins de 30 ans, Internet a reconfiguré notre rapport au temps, à l’espace et à l ‘écriture. Avec le coding, le défi est désormais de savoir programmer, concevoir et anticiper. L’apprentissage du langage informatique ne devient plus seulement une mode mais une nécessité. PAR ANNE-CLARISSE DE VAUX ET THIBAULT MAZOYER
En 2016 selon l’INSEE, 86 % des ménages français avaient accès à internet. Si le numérique bouleverse notre monde, ce n’est pas juste par la vitesse à laquelle il se propage, c’est surtout parce qu’il s’inscrit dans une révolution des savoirs, des modes de pensée et donc aussi des modes d’apprentissage. On n’enseigne pas l’écriture en informatique, on apprend à coder, à programmer, à développer. C’est une étape primordiale pour la création et le développement de sites web ou de logiciels. C’’est pour répondre aux besoins énormes des particuliers, des entreprises et de la société en général que de nombreuses formations se sont développées autour du coding.
Les écoles de coding : « Une pédagogie innovante » Plus qu’une technique, c’est d’un langage qu’il s’agit. Pour le maitriser, de plus en plus d’étudiants choisissent de se former dans des écoles spécialisées. Parmi elles, deux se font remarquer: l’École 42 et l’École 101 créées par Xavier Niels, patron de Free. Leur philosophie : former les jeunes talents et les développeurs de demain par une pédagogie innovante : le peer to peer learning (apprentissage par les pairs), gamification et décloisonnement temporel.
Pour Anthony Zanon, ingénieur et expert en informatique chez Vivendi « le peer to peer n’est pas seulement une meilleure vision, c’est la clé de l’apprentissage ».
« Pas de cours, pas de professeur. Selon les moments et les besoins, on est tantôt formateur, tantôt apprenant » Pas de cours, pas de professeurs. Selon les moments et les besoins, on est tantôt formateur, tantôt apprenant, ce qui supprime les liens de subordination automatique. L’enjeu central est de savoir donner et recevoir les informations clés pour progresser sur des projets individualisés dans un cadre collectif. Pour Isabelle Bardousse, institutrice depuis 26 ans, il est ainsi « nécessaire de diversifier les supports d’apprentissages ». Ces formations du numérique offrent tout un panel d’accès à l’information que nous aurions tort de renier. Néanmoins, celle qui enseigne dans l’éducation classique met en garde sur « les outils numériques qui donnent la mauvaise habitude de trouver les choses rapidement sans trop avoir à chercher ». Cela rend les élèves moins combattifs, moins persévérants.
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SANTÉ Un internet libre et accessible à tous
Jeunes étudiants, futurs acteurs du changement
Parmi les origines du développement d’internet, Le coding transporte les étudiants dans un univers créatif il y avait cette idée qu’il devait être libre et accessible à tous. où la seule limite est l’imagination. Il faut pouvoir inventer, Pour Anthony Zanon, consultant en informatique, créer et résoudre des problèmes par la stimulation mentale. « les espaces numériques étant interconnectés avec Ne plus subir le savoir mais bien le co-construire. « Dans tout le monde entier, le numérique permet de s’étendre ce que j’ai fait, j’avais toujours la frustration de ne pas savoir à grande échelle très rapidement. Il n’y a plus aucune faire ou construire. Je veux devenir quelqu’un qui sait faire notion de distance ni de perte de temps due aux trajets, et non quelqu’un qui comprend vaguement […] », nous explique il est possible de s’affranchir de nombreuses contraintes, Xavier-Emmanuel Moreau, qui souhaite rejoindre l’École 101. étendre ses horizons… ». La force d’internet réside ainsi dans Au-delà de cette forme d’apprentissage, le coding tente la connexion de milliard d’utilisateurs, répartis dans des de préparer au mieux ses étudiants aux métiers de demain. millions d’endroits différents, pouvant Ce futur où les technologies de librement interagir selon leurs envies « Le coding transporte les étudiants l’information et de la communication et leurs besoins. Justement, les écoles dans un univers créatif où la seule seront au centre et où l’innovation limite est l’imagination » de coding essayent de s’inscrire sera la quête prioritaire. dans ce même mouvement. L’enjeu est ainsi de permettre à Ron Johnson, sénateur des Etats-Unis, disait récemment dans n’importe quel jeune de s’épanouir et de se créer de nouvelles une interview : « l’innovation est cette incroyable intersection opportunités, quel que soit son parcours, ses origines, ou son âge. entre l’imagination d’une personne et la réalité dans laquelle Même si les sélections à l’entrée de l’école sont elle vit ». Le coding souhaite permettre cette intersection. exigeantes, l’inscription ne nécessite aucun diplôme, Plus qu’un langage, il se pose avant tout comme une philosophie formation ou expérience précédentes. d’apprentissage continue où se dessine le monde de demain fait de transformation et de nouveautés...
LUTTE CONTRE LE CANCER Les associations au cœur de le bataille
Aujourd’hui, une femme sur huit développe un cancer du sein. Pour combattre cette maladie, de nombreuses personnes se mobilisent. Pourtant, entre sujet tabou et prévention limitée, le cancer reste une lutte constante. PAR MARINE D’ALLARD ET EMILIE JAZAT
En pensant au cancer, on est souvent amené à se poser plusieurs questions : que puis-je faire pour ne pas l’avoir ? Quelle image auront les autres de moi ? Quelles solutions existent ? Aurai-je toujours ma place dans la société ?
« Soixante pour cent des Français citent le cancer comme la maladie la plus grave et 37% considèrent que c’est un sujet tabou » Ces questions reflètent les risques qui existent aujourd’hui dans nos sociétés modernes. Industrialisation, facteurs de risques (alimentation, tabac, alcool…) et sédentarité expliquent ainsi en grande partie les 50 000 nouveaux cas de cancer du sein diagnostiqués chaque année. Pour le chirurgien et gynécologue Azzam Awada, si le panorama général montre qu’il y a une baisse générale de la mortalité par cancer, il reste cependant des cas particuliers comme le cancer du sein. Les médecins préconisent de faire du sport pour lutter contre la maladie. « Il est bien démontré maintenant qu’une activité physique adaptée, quel que soit le moment de la prise en charge du cancer, permet de réduire d’environ 30 % le niveau de fatigue […] induit par le cancer ou par ses traitements », affirme ainsi Bénédicte Etienne Mastroianni, docteur
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VICTOIRE JONCHERAY
en oncologie thoracique au Centre Hospitalier de Bron. « Cette prévention permet de limiter les risques de récidives. Elle fait partie des soins de support, non médicamenteux, apportés aux patients ». Néanmoins, pour le docteur Azzam Awada, « la véritable lutte contre le cancer reste, comme toujours, la prévention primaire ». Cette prévention en amont consiste toujours en une pratique sportive régulière et une alimentation équilibrée.
Une image du cancer controversée D’après l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) « 60 % des Français citent le cancer comme la maladie la plus grave et 37 % pensent que c’est un sujet tabou ». Le docteur Azzam Awada ajoute que « la population générale continue de percevoir le cancer comme étant une maladie terrible et toujours mortelle, ce qui n’est heureusement pas toujours le cas, loin de là ! ». Ainsi les médias ont longtemps transmis une image péjorative de la maladie, perçue comme un mal sans espoir. La figure du malade est souvent peu présente, voire invisible et les patients souffrent aujourd’hui du regard des autres. D’après de nombreuses études menées par l’INPES, le cancer serait ainsi un handicap majeur au travail.
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Pourtant selon ces mêmes études, des personnes plus informées adopteraient automatiquement un comportement plus adapté à la fois au niveau prévention et représentation du cancer. Partant de ce constat, plusieurs campagnes de sensibilisation se sont multipliées ces dernières années et les associations se mobilisent. Toutes ces démarches tentent de lever le voile sur le cancer.
« La vision du cancer change. Elle se transforme » « On pourrait penser que c’est un effet de mode… Mais je pense surtout que c’est une prise de conscience collective. Avant, ces maladies étaient vécues comme honteuses Maintenant que les médias en parlent, c’est devenu moins tabou », nous confie Géraldine Richard, une participante de l’association Courir pour Elles. Les gens réagissent et « indéniablement, pour ce qui concerne le cancer du sein, la mobilisation de la société civile est effectivement plus importante. De par la prise de parole, les actions des associations et les recommandations des médecins, la vision du cancer change. Elle se transforme », confirme le docteur Azzam Awada.
Courir pour Elles Au cœur de la bataille, il y a donc ces centaines d’associations qui luttent au quotidien pour aider les patients mais aussi pour changer les mentalités dans la société. Parmi elles, l’association Courir pour Elles qui propose chaque année à toutes les femmes des activités sportives à Lyon. L’événement majeur est la course à pied qui permet de récolter des fonds pour donner aux
patientes atteintes du cancer la possibilité d’avoir un coach sportif dans les hôpitaux. L’association compte déjà 380 bénévoles et 16 000 participantes pour la course annuelle de 2018. Cette mobilisation est avant tout une « aventure humaine et collective » selon le site officiel de l’association. La course a un double avantage : « tout le monde en tire un bénéfice : les gens bien portants, la prévention primaire, et les patients, la prévention secondaire », nous confie le docteur Bénédicte Etienne Mastroianni. « La prise en charge et le soutien psychologique des patients est beaucoup plus difficile lorsque la solidarité est absente » confirme Claire Lafitte, assistante en oncologie gynécologie. Pour Mme Jugnet, les bénéfices que l’activité physique lui apporte au cours de son traitement sont indéniables : « Je sais que l’activité physique conduit à la rémission, cela m’aide à rester positive. Aujourd’hui, je regarde devant moi plus sereinement, avec espérance et force ».
Une société rassemblée autour d’un mouvement solidaire Courir pour Elles s’inscrit donc dans une double démarche : un événement sportif et une bonne action. Pour Sophie Moreau, la présidente de l’association, le nombre grandissant de participantes montre que « les gens ont besoin de mettre du sens dans leur vie et qu’aider les autres met du sens, ça nous fait du bien et faire du bien fait du bien ». On le voit, même si le cancer reste une lutte inachevée, ce n’est plus une maladie sans espoir. L’aide des médecins, l’action des associations et le changement des mentalités permettent ainsi de changer la perception et l’accompagnement des personnes atteintes de la maladie. Alors, quand solidarité rime avec efficacité, c’est que la lutte est bien engagée !
Courir pour Elles, créée en 2009 par Sophie Moreau, défend plusieurs missions : sensibilisation, prévention primaire et secondaire. Elle mène ses actions grâce à l’argent récolté pour les soins de support des patientes. ORIANE DUPASQUIER
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LA MUSICOTHÉRAPIE Notre société est plus attentive au traitement de la douleur et à l’accompagnement des patients. C’est dans ce contexte que se développe depuis quelques années la musicothérapie, qui consiste à utiliser le sonore et le musical pour agir sur le cerveau et apaiser les maux. Reportage. PAR AURÉLIE COULAUX ET FAUSTINE MATZUZZI
Nouvelle pratique mais ... méthode ancienne La relation entre musique et système nerveux n’est pas récente. Platon considérait déjà la musique comme « une hygiène mentale indispensable » dans son livre La République. Dans le Théétète, il témoigne de ces sages-femmes qui allègent les douleurs par leurs mélopées. Plus récemment, au XIème siècle, Guillaume, abbé de Saint-Thierry, raconte que l’on fit venir au chevet de Saint Bernard une femme qui le guérit d’un violent mal de tête grâce à un chant magique. Selon l’époque ou la tradition, la musique semble ainsi avoir joué un rôle important dans les pratiques de soin.
ÉTIENNE VIBERTI
« La musicothérapie est pratiquée ou étudiée dans près de 400 centres hospitaliers » Martine Dard Melis, musicothérapeute stagiaire au centre des ressources spécialisées dans la mucoviscidose de Lyon explique: « Il est clair que la musicothérapie n’a pas de pouvoir de guérison à proprement parler, mais elle a le pouvoir d’apaiser le patient. Et changer l’humeur du patient ça change déjà tout ! »,
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Pour Martine Dard Melis, les séances de musicothérapie d’aujourd’hui peuvent se dérouler de plusieurs manières. Une séance active fait du patient un acteur de sa thérapie en exerçant lui-même l’instrument. « Lorsque le patient joue de la flûte cela lui permet d’entendre et de se rendre compte du dysfonctionnement de son souffle et donc de le corriger. C’est le biofeedback ! » explique-t-elle. La musicothérapie réceptive, elle, commence par un entretien clinique qui permet de définir la carte d’identité sonore du patient. Après le bilan, la musicothérapeute propose une bande sonore à son patient et démarre la thérapie à partir de ses goûts musicaux et de ses besoins. Une séance dite en L débute « par des sons rapides, aigus, qui progressivement descendent dans les graves, permettant de plonger le patient dans un état de détente complète. Cette séance est souvent utilisée avant l’anesthésie ».
Résurrection par le son Une thérapie particulièrement efficace pour certains publics En mobilisant l’attention ou en retrouvant une forme de communication avec un dialogue instrumentalisé, la musique permet de stimuler les deux hémisphères du cerveau et peut faciliter l’apprentissage de certaines compétences chez l’autiste. « Un enfant autiste que j’ai rencontré n’utilisait jamais son bras gauche. Dès la première séance de musicothérapie, il s’est mis à jouer du piano avec sa main gauche, c’était impressionnant » nous raconte Martine Dard Melis. Elle insiste sur les bienfaits de la musique pour ce public spécifique : « les enfants autistes ont un besoin de tout contrôler ce qui est très difficile pour les parents au quotidien. La musicothérapie permet de prendre le contrôle sur eux, en les emmenant à faire quelque chose sans qu’ils en soient conscients ». Pour Jesus Calabuig Lopez, kinésithérapeute respiratoire à Lyon, la musicothérapie « permet aux patients de travailler vraiment la respiration, mais pas que, on fait un réel travail sur les émotions ! ».
« On a obtenu des résultats qu’on n’aurait jamais soupçonné avoir »
Et du côté des patients justement ? Monsieur N, patient de Jesus et Martine, a vécu une greffe et tout le processus de rééducation qui suit. Il fait un retour sur son expérience : « J’ai commencé la musicothérapie après la période de réanimation. Mes séances ont duré approximativement un mois, trois fois par semaine pendant une heure. La musicothérapie active m’a permis de travailler mon souffle avec une flûte et les médecins ont vu des progrès très rapidement. Au niveau de la musicothérapie réceptive, les séances avec Martine me permettaient de ralentir mon rythme cardiaque et de me plonger dans un état de détente à l’approche d’examens désagréables, comme des biopsies par exemple. Avec du recul, je peux maintenant affirmer que la musicothérapie a accéléré mon processus de remise sur pied. Je conseille cette méthode à toutes les personnes qui pourraient être tentés d’essayer. Je regrette même de ne pas avoir eu de séance à la sortie de l’hôpital ! ».
Musicothérapie et sciences Bien sûr, la réussite d’un soin est à la fois liée à plusieurs facteurs et au type de patient soigné. Il est donc difficile d’évaluer exactement l’apport de la musicothérapie dans l’ensemble du processus de soin. Néanmoins, de premières études montrent des résultats encourageants. En 2010, l’université du Minnesota aux Etats Unis réalisait ainsi un test sur 58 adultes devant subir une transplantation d’organe pour évaluer les effets de la musique sur l’anxiété, la douleur ou encore la détente.
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Pour votre santé, écoutez cinq musiques par jour Musicothérapie et sciences Les conclusions ont montré que la musique permettait au cerveau de produire et de libérer de l’endorphine, de la sérotonine et de l’ocytocine. Ces hormones parfois qualifiés d’hormones du bonheur stimulent naturellement la motivation, réduit l’anxiété et influent favorablement sur notre état d’esprit. Plus récemment, en 2015, la revue Cochrane publiait une méta-analyse incluant six études regroupant 314 participants au total. Les résultats compilés montraient que la musique pouvait être efficace pour améliorer la qualité du sommeil chez les adultes présentant des symptômes d’insomnie.
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ETIENNE VIBERTI
PORT Quand on interroge les patients atteints de maladies graves, en soins palliatifs ou encore en dépression, ce sont souvent les mêmes mots qui reviennent quand ils commencent la musicothérapie : réconfort, pensée positive, espoir… Alors, en attendant des études plus approfondies et une reconnaissance scientifique, gageons que la musicothérapie continuera son chemin. Comme le disait le chanteur Jean-Jacques Goldman, l’important est que « la musique guide vos pas… ».
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ABY-SSE Oriane Dupasquier est une jeune graphiste lyonnaise, pleine d’ingéniosité et de curiosité. Cette créatrice nous fait partager ses découvertes visuelles et nous invite à créer nos propres rêves, boostant ainsi notre imagination. « Je voulais offrir une vision explosive d’un futur que nous n’aurions pas osé imaginer, une dimension qui nous dépasse ».
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Elise Morsetti est une jeune artiste lyonnaise, amoureuse de cinéma et de photographie. Sa sensibilité pour le noir et blanc nous captive et nous fait oublier le temps. S’éloignant de ses productions précédentes, elle s’ouvre ici à la photographie en couleur.
SOUS LES PAVÉS LA VILLE
« En mémoire du printemps 1968, je me suis demandée ce que l’on pouvait trouver sous les pavés maintenant goudronnés, sous les plaques d’égouts aux lignes espacées. J’ai baissé les yeux et ma créativité a pris le dessus ».
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ART DE
DÉNONCER Arnaud créatif de
Vitte-Blimer est un jeune lyonnais,
design
grand
graphique
amateur et
d’art
contemporain. Créateur en tout genre, ce « jeune amateur de l’image » nous ramène à la réalité avec goût et finesse.
« Je suis happé par les réflexions sociales et culturelles qui nous touchent aujourd’hui. C’est pour cela que je souhaiterais mettre en lumière les vices de notre société ».
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A C H -EVÉ François-Xavier Poy est un jeune lyonnais, amateur de voyages et paysages grandioses. Ses photos, empreintes d’expériences et d’ailleurs, nous font découvrir de nouveaux horizons. À travers ses pérégrinations humaines et artistiques, l’artiste se livre jusque dans l’intime.
« Je voulais représenter une transition entre l’un de mes voyages et mon retour chez moi. Cette année passée m’a permis de poser un nouveau regard sur ce qui m’entoure, et d’avoir la sensation de m’élever ».
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MAQUETTE Thomas Brossier, Julien Sermet Gestion de projet Alexis Balinoff Direction Artistique / Maquettiste Tiphaine Huet Direction Artistique / Maquettiste Romane Favre Direction Artistique / Maquettiste Numa Chassot Direction Artistique / Maquettiste Diane Velex Maquettiste Brune Henry Maquettiste Pierre-Marie Beuzit Maquettiste Paul-Albert Soury Maquettiste Louis Duteil Maquettiste
CONTRIBUTEURS
PHOTOGRAPHIE Stacy Dolbeau Chef de projet / maquettiste Oriane Dupasquier Photographe portfolio Élise Morsetti Photographe portfolio Arnaud Vitte Photographe portfolio François-Xavier Poy Photographe portfolio Romance Ricaud Photographe reportage Baptiste Habouzit Photographe reportage Claire Bodin Photographe reportage Camille Tchagah Photographe reportage Clémence Varenne Photographe reportage
ILLUSTRATION Elliot Barcet Chef de projet / maquettiste Benjamin Fayolle Graphiste / maquettiste Victoire Joncheray Graphiste / maquettiste Claire Bodin Graphiste / maquettiste Margot Adnet Graphiste / maquettiste Oriane Dupasquier Graphiste / maquettiste Gabin Volpato Graphiste / maquettiste Étienne Viberti Graphiste / maquettiste Baptiste Habouzit Graphiste / maquettiste Alexis Balinoff Graphiste / maquettiste Romain Chalendar Graphiste / maquettiste Thomas Lopez Graphiste / maquettiste Romane Favre Graphiste / maquettiste
SECRETAIRE REDACTION Élise Morsetti Chef de projet
Gabin Volpato Chef de projet Victoire Joncheray Secretaire de rédaction Tiphaine Huet Secretaire de rédaction Diane Velex Secretaire de rédaction Clémence Varenne Secretaire de rédaction Claire Bodin Secretaire de rédaction
REDACTION Manon Zacarias Zoé Colrat Rubrique culture/ubarnisme Hortense De Missolz Louis Masseret Rubrique culture/ubarnisme Baptiste Arnaud Pierre Chanel Ndayizeye Rubrique culture/ubarnisme Miguel Bugabo Côme Eyraud Rubrique culture/ubarnisme Philippine Bouffard Philomène Vedrenne Rubrique dans les rues Mickaël Mennock Timothée Lefas Rubrique technologie Ugo Estivalet Lexane Bizeau Rubrique Lyon Nadège Hakizimana Rubrique Lyon Edouard Blanchet Augustin Camus Rubrique Lyon Julie Chobeau Jeanne Lapierre Rubrique enquête Mathilde Perrin Lionel Matonde Rubrique enquête Mina Rigal Adhémar D’Alès Rubrique enquête Marguerite Louis Amicie Honneger Rubrique technologie Thibault Mazoyer Anne-Clarisse De Vaux Rubrique technologie Marine D’Allard Emilie Jazat Rubrique santé Aurélie Coulaux Faustine Matzuzzi Rubrique santé Stacy Dolbeau Rubrique photo Elisa Sibert Edito / Illustrations sommaire
Éditeur : MADE iN Sainte-Marie-Lyon 2 chemin de Montauban 69005 Lyon MADE-IN-SML.FR Avec le soutien de : Anna Rios-Bordes Responsable pilotage Guillaume de Chazournes Responsable éditorial Manon Dugravier Maquette Imprimé par Spektar Printing House Couvertures Oriane Dupasquier Contact : nathalie.chaurand@sainte-marie-lyon.fr