Magazine Voir Montréal V01 #05 | Juin 2016

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MONTRÉAL VO1 #O5 | JUIN 2O16 2 NIGHTS TILL MORNING TICKLED MURAL HIP-HOP AUX FRANCOS SURVOL FESTIVAL DE JAZZ ESPACES ÉPHÉMÈRES URBAINS DANSER SUR LES ROUTES LE RETOUR DU COCKTAIL SPEAKEASY ROADTRIP (F)ESTIVAL + LE PROGRAMME DE LA VIRÉE CLASSIQUE OSM 2O16

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O1 O5 MONTRÉAL | JUIN 2016

RÉDACTION

Rédacteur en chef national: Simon Jodoin / Chef de section musique: Valérie Thérien Chef des sections scène et cinéma: Philippe Couture / Chef des sections restos, mode de vie et gastronomie: Marie Pâris Journaliste actualité culturelle: Olivier Boisvert-Magnen / Producteur de contenus numériques: Antoine Bordeleau Coordonnatrice des contenus: Alicia Beauchemin / Correctrice: Marie-Claude Masse

COLLABORATEURS

Ralph Boncy, Réjean Beaucage, Catherine Genest, Christine Fortier, Julie Ledoux, Jérémy Laniel, Franco Nuovo, Monique Giroux, Alexandre Taillefer, Normand Baillargeon, Émilie Dubreuil, Eric Godin

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Directeur adjoint aux ventes: Jean Paquette / Ventes régionales: Céline Lebrun Représentantes aux ventes nationales: Isabelle Lafrenière, Nathalie Rabbat Représentants: Catherine Charbonneau, Antonio Genua

OPÉRATIONS / PRODUCTION

Directrice du marketing et des communications: Sylvie Chaumette Coordonnatrice marketing et projets spéciaux: Danielle Morissette Directeur du développement web: Simon Jodoin / Administrateur réseau et système principal: Derick Main Chef de projets web: Jean-François Ranger / Développeur: Mathieu Bouchard / Infographes-intégrateurs: Sébastien Groleau, Danilo Rivas, Thearron Sieng-you / Développeurs et intégrateurs web: Emmanuel Laverdière, Martin Michaud Développeur web: Maxime Larrivée-Roy / Commis de bureau: Frédéric Sauvé / Chef d’équipe administration: Céline Montminy Coordonnateur service à la clientèle: Maxime Comeau / Service à la clientèle: Sophie Privé Chef de service, production: Julie Lafrenière / Directeur artistique: Luc Deschambeault Infographie: René Despars / Impression: Imprimerie Chicoine

PHOTO COUVERTURE Jocelyn Michel | leconsulat.ca

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«J’AI TOUJOURS UTILISÉ LA SCÈNE COMME UNE PLATEFORME D’EXPÉRIMENTATION POUR COMPRENDRE MON MÉTIER DE CHANSONNIER.» Photo | Jocelyn Michel / Consulat Assistants | Renaud Robert et Jean-Simon Voghel Maquillage et coiffure | Sophie Parrot Retouches | Visual Box Production Consulat | Sébastien Boyer

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SCÈNE

Espaces éphémères urbains La danse sur les routes

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MUSIQUE

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CINÉMA

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ARTS VISUELS

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DOSSIER

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ART DE VIVRE

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LIVRES

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QUOI FAIRE

Âge d’or et néo-rap queb Survol Festival de jazz 2 Nights Till Morning Tickled L’art sous pression Roadtrip (f)estival

Le retour du cocktail Speakeasy Des mots... et des lettres

CHRONIQUES

Simon Jodoin (p6) Émilie Dubreuil (p14) Monique Giroux (p26) Normand Baillargeon (p34) Alexandre Taillefer (p58)


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SIMON JODOIN THÉOLOGIE MÉDIATIQUE

TERROIR ET TERRITOIRE Le PQ a perdu son chef. C’est dommage, c’est un peu tout ce qui lui restait. Toutes les économies du parti étaient misées sur ce nouveau sauveur tombé du ciel. Pour le reste, il y avait bien quelques placements dans le renouveau du discours nationaliste identitaire, un fonds à risque qui n’a toutefois rien rapporté de très convaincant jusqu’à maintenant. Bref, il ne reste plus grand-chose. Un héros qui pleure, sans même avoir eu le temps d’échouer, c’est rarement bon signe. Il faudra bien refaire un tour de manège. Et nous pourrons dans les prochaines semaines tenter de résoudre un mystère qui semble insoluble: le PQ doitil diluer son essence nationaliste et indépendantiste pour tenter de battre, enfin, le PLQ? Si oui, que faire alors avec la question du référendum et les politiques identitaires qu’il faudrait inévitablement mettre de côté si la seule promesse est de bien gouverner une province et former un bon gouvernement? Le gros problème avec le nationalisme, tel qu’il s’est déployé au PQ au cours des dernières années, c’est qu’il se pose presque exclusivement en réaction à une menace. On a mis beaucoup d’énergie à débusquer ce que nous ne voudrions pas être plutôt qu’à identifier ce que nous sommes. C’est ainsi qu’on a construit une sorte d’identité par négation: voici ce que nous ne sommes pas! Il s’agit d’un mécanisme de défense qui nous a sans doute bien servi par le passé et qui prend racine dans une version tragique de notre histoire: nous étions ainsi, nous ne le sommes plus, un péril nous guette, nous devons le refuser ou nous allons mourir. Ça nous a sauvés bien des fois.

Mais ce faisant, on se retourne pour contempler le chemin parcouru et on se rend compte que les seules balises que nous avons accrochées aux branches servent plus à marquer des frontières qu’à nous retrouver dans les sentiers sur lesquels nous avançons. Plus encore, les enjeux les plus discutés se concentrant presque exclusivement à Montréal et dans sa large couronne, on a aussi creusé tout un fossé entre la métropole et le reste de la province. Dans notre mythologie de l’actualité, seul l’unique autre pôle urbain de la province offre un contrepoids médiatique: Québec, la capitale. La clique du Plateau contre les radios de Québec. Ce couple d’opposition occupe, en tout cas dans l’imaginaire médiatique, presque tout le champ de l’identité et du positionnement politique en général. Si bien qu’à la fin, ils pensent quoi, hein, le fromager de La Sarre ou le brasseur de bière de L’Anse-àBeaufils? Et la fille qui fait la cueillette de salicorne quelque part dans les battures je ne sais plus où? Mis bout à bout, ça fait quand même tout un paquet de monde qui ne fait pas partie de la conversation. Ça doit bien vous arriver à vous aussi, non? Sur la route, lors d’une halte, dans un recoin de paysage. Faire le plein en silence et vous demander secrètement: «Non, mais, torvisse de dieu, il pense quoi de toutes ces histoires, ce sympathique pompiste?» Vous dire combien j’aime ce pays. Je pourrais en parcourir tous les rangs à pied, par simple désir. Et partout je suis confronté à cette question. À tous les coins de rue, ça me revient comme une comptine: «Mais toi, là, toi... tu penses quoi au juste?»

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Comme je suis un peu con, je n’ai jamais osé le demander. Il doit s’en crisser à fond, que je me dis. Et c’est ça que je n’arrive pas à m’expliquer. Parce que, OK, ça va, on est un peu de la même famille, toi et moi, non? Il y a là, quelque part dans l’idée de nation, une sorte d’appartenance, d’adhésion. Un truc qui nous branche tous les deux, et même nous trois, si tu insistes. Or voilà, j’ai beau nous avoir écouté débattre depuis des années, avoir entendu ces discours sur les valeurs québécoises, sur les menaces qui nous guettent et les combats à mener jusqu’à la délivrance, vraiment, je dois concéder que je suis solidement fourré. Car à la fin, je ne sais toujours pas ce que j’ai

à voir avec ce pompiste de Maniwaki. La seule chose que je sais, c’est que le Parti québécois ne m’a donné aucune espèce d’indice pour trouver une réponse intéressante. C’est un peu ça qui s’est passé depuis les 10 dernières années. En fait, ça fera 10 ans au printemps 2017. Il y a une décennie, en mars 2007, le Parti québécois devenait la troisième opposition, devancé par l’ADQ qui l’avait doublé sur le terrain identitaire. Un traumatisme qui a déclenché une sorte de monomanie qui se résume en quelques mots: il faut reconquérir les cœurs des bérets blancs et sauver les sapins de Noël! Au plus vite! Ça, et se trouver un héros. Pendant ce temps, le PLQ s’est confortablement et facilement installé dans un discours strictement

comptable. Presque sans opposition, il a pu imposer une vision purement gestionnaire de l’État où le citoyen est un client. Là comme ailleurs, la concurrence devrait suffire à créer des liens. Au plus fort la poche et que le meilleur gagne. Entre-temps, aux quatre coins du Québec, des gens font le pays. Ils inventent et réinventent, ils fabriquent, ils cultivent. Ils tissent le tissu social, ils labourent, ils créent des liens, revirent la terre, y font pousser du goût, mettent des mots dans nos bouches, des sons dans nos oreilles, des idées dans nos têtes. Et il y aurait tant à faire! Instaurer des marchés publics et maintenir des lieux culturels de proximité dans toutes les villes, développer des infrastructures de transport permettant la circula-

tion de tout ce beau monde, de leurs créations et de leurs produits, chérir notre patrimoine architectural et le préserver, valoriser le terroir et le territoire en assurant des liens forts entre les urbains et les paysans. Qui sait… Peut-être même que le choix entre un bon gouvernement et le projet de pays auquel se bute inlassablement le PQ depuis des années n’est qu’un faux dilemme. Pour le résoudre, il faudrait peut-être d’abord sortir le fil à coudre pour se raccommoder les mailles du filet avant même de songer à se trouver un nouveau héros ou une date pour un prochain référendum. Ça peut sembler évident, mais on ne tricote pas avec une paire de ciseaux. y sjodoin@voir.ca


LES JARDINS GAMELIN


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Créer aveC le vrai monde «des vendeurs de CraCk ont nourri mon proCessus de Création!» la Citation est de l’auteur et metteur en sCène Gabriel plante, qui s’est installé aux Jardins Gamelin l’été dernier pour un labo partiCipatif et sportif menant à la Création de sa pièCe PLYBALL. au-delà de la boutade, voilà qui en dit beauCoup sur la manière dont les nouveaux espaCes éphémères urbains deviennent des lieux de Création pas Comme les autres. MOTS | PHILIPPE COUTURE

PHOTOS | ULYSSE LEMERISE

C’était dans le cadre du OFFTA 2015. Pour inventer sa pièce de théâtre qui utilise le sport comme métaphore d’une société normée et réglée par des cadres et des règles qu’on ne sait plus contester, Gabriel Plante a installé aux Jardins Gamelin son gros dispositif de plyball. Une structure de bois et de grillages, deux balles de tennis, un panneau expliquant les règlements de ce sport qu’il a inventé pour les besoins de la cause. Pendant trois semaines, les passants sont venus jouer, deux par deux, devant l’auteur qui observait, prenait des notes et ne se faisait pas prier pour discuter avec les sportifs amateurs. Une expérience de création ancrée dans le bitume et qui a bénéficié de la popularité des Jardins Gamelin, ce nouvel espace public transformant la place Émilie-Gamelin en haut lieu de réjouissances avec son agriculture urbaine chatoyante, son barterrasse et ses événements incessants.

Dialoguer avec la ville

La même chose s’est produite avec le karaoké ambulant du jeune metteur en scène Félix-Antoine Boutin, qui a invité le monde à chanter aux Jardins Gamelin dans ce qu’il a imaginé comme une étape de travail de son projet Orphée-Karaoké. Plus tard, le Festival international de littérature a aussi invité des artistes à mêler leur travail à celui de la foule bigarrée des Jardins, où se côtoient les travailleurs du centre-ville et les sans-abri du quartier. Ailleurs, au Village éphémère Pied du Courant, au pied du pont Jacques-Cartier, ce sont les artistes visuels qui ont le plus investi les lieux. Au Marché des Possibles, rue Bernard, les initiatives furent de nature moins expérimentale, mais le potentiel est là.

À l’image de ces nouveaux espaces souvent conçus dans un esprit participatif ou carrément mis en place par des citoyens qui mettent la main à la pâte, l’art qu’on y présente et qu’on y crée est un véritable art de dialogue avec la ville et avec ses passants. «On ne va pas aux Jardins Gamelin juste pour aller voir un spectacle, mais bien pour vivre une rencontre sociale», dit Pascale Daigle, directrice de la programmation du Quartier des spectacles. «Le mouvement actuel dans lequel on a voulu s’inscrire avec les Jardins en est un de réappropriation des espaces par les habitants de la ville. Pour que ça marche, il faut impliquer le plus de monde possible et réfléchir à la programmation en fonction des populations urbaines qui fréquentent déjà les alentours du lieu. La place Émilie-Gamelin est le repaire de nombreux itinérants et de petits vendeurs de drogue. L’idée était de transformer le lieu pour qu’il attire d’autres Montréalais sans pour autant chasser ceux qui avaient l’habitude d’y traîner. Force est de constater que ça a bien marché.» Ça aurait pu n’être qu’un vœu pieux. Mais si on se fie aux propos de Gabriel Plante, son jeu de plyball a bel et bien été un espace de mixité sociale inattendu. «C’était fréquent de voir un touriste français un peu bourgeois jouer au plyball avec des habitués du parc, des gens assez défavorisés. On n’a pas tout gardé dans le spectacle final présenté au Théâtre La Chapelle, mais les situations que ça créait étaient très intéressantes. Il y avait notam-

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ment ce groupe de jeunes d’origine haïtienne, dont je parlais plus tôt, que j’aimais beaucoup parce qu’ils jouaient de manière exubérante et qu’ils donnaient un bon show. Ils ont été très stimulants dans mon processus de création, et j’ai appris seulement à la fin qu’ils étaient à la tête du petit réseau de vente de crack dans le parc. C’était des rencontres étonnantes, à hauteur d’homme et sans jugement. Je n’avais pas imaginé que ça fonctionnerait aussi bien.» Toujours dans le cadre du OFFTA, les artistes belges et québécois qui participaient au MIXOFFS, créant pendant quelques semaines dans des conteneurs installés aux Jardins Gamelin, ont presque tous choisi de travailler le thème de l’itinérance. «Une vraie création pour l’espace public, dit Pascale Daigle, tient toujours compte de l’espace immédiat dans lequel elle s’insère. On est vraiment heureux que les Jardins ne soient pas qu’un espace de diffusion. C’est un lieu qui influence directement l’art qui y est présenté.» L’avenir Cet été, on dénombre un peu moins de projets dans lesquels des artistes investissent les lieux aussi longtemps que l’ont fait l’été dernier les invités du OFFTA, un peu moins également de créateurs ayant imaginé des projets de création directement inspirés par les lieux. Mais des artistes profiteront notamment du festival Escales improbables pour faire des créations spontanées aux Jardins Gamelin. Des organismes comme Culture Montréal et des universités locales avoisinantes (McGill et l’UQAM) s’intéressent en tout cas beaucoup au phénomène. En décembre, le colloque Faire la place faisait le point sur les nouvelles relations entre l’art et l’espace public, constatant une recrudescence de l’art public dans un Montréal transformé par les projets de placemaking. On y a entendu les têtes pensantes de Pépinière & CO (créateurs des espaces Gamelin et Pied du Courant) ou de Project for Public Spaces (actifs dans une quarantaine de pays): des designers et architectes qui croient à la réappropriation de l’espace urbain dans la concertation avec les citoyens et dans une volonté de créer des structures temporaires simples, sans moyens financiers démesurés. Comme le font les designers de ces lieux, qui agissent en étant sensibles au contexte préexistant et qui pensent avant tout à l’inclusion de diverses populations, les artistes qui seront invités à créer dans ces nouveaux espaces ont en quelque sorte le devoir de valoriser les talents et les perspectives des citoyens et des commerçants qui habitent le lieu et qui le font vivre. Les pistes à exploiter sont nom-

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breuses et peuvent faire appel à la mémoire des lieux et à la mémoire des gens, comme aux possibilités spontanées d’interaction entre les passants dans un espace public repensé. Les possibilités de ces nouveaux espaces éphémères, en tout cas, sont grandes. Et comme il reste beaucoup de friches industrielles inexploitées à Montréal, ou d’espaces vides laissés à l’abandon par des promoteurs négligents, on peut rêver à une multiplication d’initiatives du genre. Les Montréalais ont prouvé l’été dernier qu’ils en sont friands. y

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danser sur les routes de la danse Contemporaine au festival du bûCheux de saint-pamphile ou sur la plaGe à saint-Jean-port-Joli? l’orGanisme la danse sur les routes du québeC, aveC son proGramme Jouer dehors, a montré que C’était possible et même souhaitable. à l’aube de la saison 2016, disCussion sur une danse déCloisonnée et démontréalisée, dans l’espaCe publiC. MOTS | PHILIPPE COUTURE

PHOTO | LAURENT OUELLETTE

DANSE DE MARCHÉ, DE LA COMPAGNIE DANSE TO DO


Depuis cinq ans, la danse in situ (c’est-à-dire présentée en dehors des scènes classiques et généralement en plein air) a le vent dans les voiles au Québec. De nombreux artistes – Aurélie Pedron, Priscilla Guy, Gabrielle SurprenantLacasse, Milan Gervais – en ont fait une spécialité et prennent la route chaque année pour présenter leurs spectacles en bordure du fleuve sur le quai de Kamouraska ou dans une cour d’école à Roberval. Une manière agréable et efficace d’aller à la rencontre des gens et de briser d’un coup le mythe voulant qu’il n’y aurait pas de public de danse en région. L’expérience du programme Jouer dehors prouve assurément le contraire. «Il y a une recrudescence importante d’œuvres in situ au Québec, explique sa coordonnatrice Marie Bernier. Parce que l’accès aux salles et aux lieux de diffusion traditionnels est plus difficile pour la nouvelle génération, mais aussi par désir de rencontrer mieux son public, de nombreux jeunes artistes ont développé cette spécificité dans leur travail. Il faut dire aussi que Culture Montréal et de nombreux incitatifs financiers instaurés par la Ville de Montréal ont pu jouer un rôle dans le développement de cette filière. Pour nous, l’occasion était trop belle: il fallait proposer de la danse ainsi décloisonnée à de nombreux festivals en région, qui n’ont pas la danse contemporaine dans leur ADN, mais qui se font un plaisir de recevoir nos artistes quand ils constatent la simplicité et l’accessibilité des formes in situ. Et le public est au rendez-vous.» Les démarches varient beaucoup. Créer dans l’espace public, c’est d’abord voir le lieu public comme un espace de défi chorégraphique, intégrant les reliefs et les obstacles au mouvement. C’est aussi souvent s’intéresser au citoyen, créer des œuvres en rapport étroit avec la population locale. En entrevue avec Voir à l’été 2013, alors qu’elle préparait un spectacle de danse impromptue dans un café-bistro, la chorégraphe Priscilla Guy disait que «la danse in situ cultive la différence et permet de sortir des convenances pour trouver un rapport plus naturel avec le public et avec l’art». «Danser en public, c’est une prise de position. Le corps en mouvement est tabou dans l’espace public, dans une société individualiste comme la nôtre, donc je crois que c’est à ce formatagelà, de la société de consommation, que j’essaie d’échapper. Il s’agit de retrouver une liberté d’exister et de s’exprimer. Comme en démocratie.» Les démarches de ce genre sont de la partie cet été un peu partout sur les routes. Danse de marché, de Gabrielle Bertrand-Lehouillier, est spécialement créée pour les marchés publics et propose «une série de surprises chorégraphiques autour de l’univers maraîcher et culinaire», avec la complicité des marchands. Entre, d’Aurélie Pedron, est une expérience intimiste pour un spectateur à la fois, dans lequel la relation entre ce spectateur et le performeur est hyper privilégiée. Et ainsi de suite. Danser en région, sur les plages ou même sur des terrains de camping, c’est évidemment faire connaître la danse contemporaine à un public qui n’en a souvent jamais vu et qui, parfois, nourrit plein de préjugés à son égard. Un geste de démocratisation parfait. «L’exemple du Festival du Bûcheux, à Saint-Pamphile dans le comté de Bellechasse, est celui qui me touche le plus, s’émeut Marie Bernier. C’est un festival de compétitions forestières: lancer de la hache et démonstration de machineries forestières. Quand l’une de nos artistes originaire de Saint-Jean-Port-Joli, Chantal Caron, a approché ce festival, elle est parvenue à toucher un public qui n’avait pour la plupart jamais vu de danse contemporaine. Et il paraît qu’ils ont aimé ça.» «C’est très difficile de développer un public pour la danse, selon Priscilla Guy. Les gens ont un préjugé défavorable. Je vois donc mon travail in situ comme une façon de présenter la danse autrement, sans tomber dans l’animation de rue, sans tomber dans le divertissement. C’est une démarche poétique avant tout, mais bien sûr, le fait de jouer dans les cafés ou dans la rue nous met toujours en contact avec des gens qui n’ont presque jamais vu de danse. Et on reçoit des témoignages vibrants chaque fois, de la part de ce public en pleine découverte d’une chose qu’ils ne soupçonnaient pas.» y Calendrier complet via ladansesurlesroutes.com

montrealcompletementcirque.com

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émilie dubreuil SALE TEMPS POUR SORTIR

féministe assumée Il y a les bras de l’homme dans lesquels il est doux de se lover, l’épaule virile sur laquelle il est très, très bon de poser sa tête, le BBQ qu’il allume comme pas un, son sexe dur, le sommeil en cuillère, l’apaisement, l’abandon, l’orgasme. Il y a les paroles viriles et droites qui vous rassurent, vous remettent les pendules à l’heure, et dont vous avez besoin. Il voit la vie, la vie. Il la voit plus simplement que moi, que nous. Ben voyons, ma chérie. Fais ça! Dis ça! Je m’en occupe! Il y a les blagues un peu nounounes et son linge qu’on n’aime souvent pas, mais ça n’a pas trop d’importance. Enfin, il y a le regard de l’homme sur la vie, son regard différent sur l’amour, sur le quotidien, ce regard que l’on cherche toujours. Dans la vie d’une femme hétérosexuelle, le bonheur de dormir avec l’homme avec un grand H n’est pas mineur. On cherche, d’ailleurs, l’épaule et la cuillère toute notre vie. Une femme, même en couple, cherche le couple. Tomber, tomber en amour. On se fend le cœur pour vivre à deux, on se rattrape et puis on devient vieux, chantait Laurence Jalbert, il y a un siècle ou deux. Il y a des refrains, comme ça, qui s’inscrivent, indélébiles, dans ma tête. C’est un peu tannant. Or ça me frappe ces dernières semaines, alors que je me fais souvent penser à Vincent Lindon dans La crise: la femme moderne possède, au-delà de l’homme avec un grand H, une richesse inouïe: des amies avec un grand E. Évidence? Peut-être. Mais, je crois que ces manifestations d’amitié autour de ma «crise existentielle» incarnent, au-delà de ma situation personnelle, un phénomène sociologique relativement neuf. Évidemment, les femmes d’autres cultures, d’autres époques, ont été solidaires entre elles. Évidemment, les femmes ont toujours eu des amies, mais je pense bien qu’il ne s’agit pas de la même chose, du même type de rapports. Ma grand-maman Lulu, par exemple, avait des amies «de femmes». Elle disait ça, «mes amies de

femmes», un anglicisme de son temps. Mais mon grand-père comblait son monde. Son mari, c’était son univers. Il y avait aussi sa sœur, sa mère, ses enfants. Ses amies de femmes, elles, constituaient des personnages satellitaires, un peu secondaires dans la pièce de théâtre de son existence. Or la pièce de théâtre dans laquelle jouent les femmes de ma génération est complexe et son univers affectif l’est aussi. L’homme, même avec un grand H, ce n’est plus assez. Plus assez pour parler politique, prendre des décisions professionnelles, confronter ses peurs, partager ses joies. Mes amies de femmes à moi jouent un rôle majeur dans la pièce de théâtre de ma vie. Comique ou tragique. Dans mon cas, les scènes sont souvent, à la fois, comiques et tragiques. Mais ça, c’est une autre histoire. Selon l’Institut de la statistique du Québec, il y a plein de chiffres et c’est un peu lourd. Mais ils sont éloquents. Par exemple, en 1945-1946, 90% des adultes étaient mariés. Aujourd’hui, c’est 27%. Bon. Ça, c’est pour le mariage pas très populaire au Québec, où l’on préfère les unions libres. Or 33% des couples en union libre se séparent au bout de 10 ans, et 30% des couples en union libre avec enfant se séparent, aussi, au bout de 10 ans. Bref, c’est d’même. L’amour est mouvant. C’est une des explications de l’importance actuelle de l’amitié féminine. Mais je crois que cette solidarité est aussi, sinon plus, due au fait de l’émancipation professionnelle des femmes et des difficultés inhérentes à cette émancipation. Les filles ont, plus que jamais, besoin des filles. Parce qu’être une fille, c’est difficile en christ. En amour, comme au boulot. Rien d’évident. Encore. On nous a fait croire qu’on avait réussi. Qu’on avait les mêmes chances. Oui. Sans doute.

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Mais quand je suis en colère, je suis difficile à gérer. Mon collègue, lui, a du caractère. Bref, je pourrais m’étendre, mais la misogynie actuelle, plus subtile qu’autrefois, appelle l’esprit de corps. Un féminisme appliqué, de base, actif, 101. Il s’incarne, ce féminisme, ce grand mot qui fait peur à certaines, le plus souvent dans de petits gestes, de petits verres, de petits services, de tout petits textos: Tu vas bien? As-tu pris une décision? Acceptes-tu le contrat? J’ai une perceuse pour tes travaux! Que penses-tu de la décision de PKP? J’ai eu des souris moi aussi, j’ai encore du poison si tu veux. Des petits mots, des petits gestes qui disent quelque chose de grand dans la vie: Je suis là, si t’as besoin de moi. Je suis là. Un féminisme-soldat. Un féminisme maternel de ses pairs. Ce féminisme de facto ne nie absolument pas le besoin de l’homme dans nos vies. Même si on parle ici d’amour. Un amour qui porte et soutient. Un sentiment simple et fort à la fois. C’est du sérieux. Ça traverse le temps. C’est un engagement. C’est intense, parfois trop. Souvent très, très léger aussi. Mais c’est

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là. Comme jamais avant dans l’histoire. C’est un ciment quotidien. Une source de réconfort. C’est le mari des temps modernes à côté du mari ou du chum. À la différence du mari, cette affection naît du sentiment d’être dans le même bateau, des passagères soumises aux mêmes intempéries insufflées par l’époque. Et quand je pense à mes amies Marie-Claude, Marie-Louise, Esther, Marie-Eve, Isabelle, Séda, Sylvie, Elsa, Zoé, Hélène, Sophie, Jo-Ann, Vali, Geneviève, Judy, Betty, Raf… bref, quand je pense à mes amies, je suis émue par nos forces, nos faiblesses, nos névroses. Je regarde vos vies, vos amours, vos jobs, et puis nos fous rires devant nos vies de folles. Et ces fous rires me remplissent de fierté et j’ai un peu le motton. Et quand j’ai le motton, je me demande comment des femmes peuvent sérieusement dire qu’elles ne sont pas féministes. Merci les filles, d’être là. Je plains celles qui n’ont pas compris cette richesse. P.-S. Je crois, humblement, qu’on devrait me nommer présidente du Conseil du statut de la femme. :)) En tout cas. y

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La forêt n’a pas bougé pierre Lapointe reprend intégraLement aux francofoLies un spectacLe qu’iL a présenté pLusieurs fois partout au québec, LA FORÊT DES MAL-AIMÉS. mots | Valérie thérien

photo | jocelyn michel (consulat)

«Moi, quand je vais voir un spectacle, je veux voir l’artiste. Je veux qu’il me surprenne, qu’il me prouve qu’il est capable d’aller plus loin que ce que j’ai entendu. C’est ce que j’ai voulu faire.» Voilà ce qu’affirmait Pierre Lapointe à Voir dans un entretien en 2005. Travaillant «toujours trois pas avant tout le monde», il en était déjà à présenter son nouveau spectacle La forêt des mal-aimés alors que son célébré premier album éponyme venait de sortir et se vendait par dizaine de milliers. C’est qu’il fut une époque où Pierre Lapointe travaillait ainsi: spectacle, puis disque. «Quand j’arrivais en studio, les chansons étaient déjà solides», explique-t-il en entrevue. C’est ce même spectacle qu’il revisitera 10 ans plus tard à l’occasion des FrancoFolies de Montréal, avec les mêmes musiciens qu’à l’époque. L’équipe tente de rester le plus fidèle possible au spectacle original. «Le concept est que je n’ai pas le droit de faire les chansons qui ont été écrites après la fin de la tournée de La forêt des mal-aimés, autour de 2007. Pour les arrangements, on risque de partir beaucoup de ce qu’on faisait à l’époque – ce sera drôle parce qu’y a des trucs qui ont vieilli. Mais ça va vraiment être un retour dans le temps, La forêt des mal-aimés qui n’a pas bougé.» C’était le début d’une époque tout à fait étourdissante mais valorisante pour Pierre Lapointe. De sa première au Théâtre Corona en octobre 2004 jusqu’en 2007, le spectacle La forêt des mal-aimés a été présenté aux quatre coins du Québec plusieurs fois ainsi qu’en Europe. Le public était témoin de l’éclosion totale d’un artiste amoureux de la scène,

assoiffé de ses possibilités et franchement bien entouré. Le spectacle et les chansons du disque La forêt des mal-aimés sont aux couleurs des musiciens qui entouraient Pierre Lapointe à l’époque. «Tout ça s’est fait avec une personne du milieu trad (Josianne Hébert), une personne issue du rock (Philippe B, auparavant dans Gwenwed), une personne du monde expérimental (Guido Del Fabbro), une personne qui faisait plein d’affaires en pop (Philippe Brault) et moi, le chansonnier qui arrivait avec la tradition française. On était en tournée, on écoutait les disques que tout le monde apportait. Tout se mélangeait et j’écrivais très rapidement. Une chanson comme Nous n’irons pas, c’est un clin d’œil à ce que j’avais appris de la chanson trad. Ça n’aurait pas donné ça si Josianne n’avait pas été à côté de moi. Même chose pour les sonorités étranges, les échantillonnages qu’on a trouvés pour le spectacle, c’est vraiment Guiddo qui a amené ça. Donc La forêt des mal-aimés est vraiment devenu une pâte commune où tout le monde pouvait mettre son grain de sel.» Sans hésiter, tous ces joueurs – qui ont tous aujourd’hui des carrières enviables dans le monde de la musique – ont accepté l’offre des FrancoFolies, un festival qui a toujours donné à Pierre Lapointe son terrain de jeu désiré. «Entre moi et les FrancoFolies, ce n’est pas juste une fidélité, c’est quasiment dangereux!, rigole-t-il. Ils m’ont aidé à réaliser mon but premier: faire de la scène. C’est ma grande force. J’ai toujours utilisé la scène comme une plateforme d’expérimentation pour comprendre mon métier de chansonnier.»

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LE FESTIVAL DÉBARQUE BIENTÔT ! BILLETS EN VENTE MAINTENANT

LES RYTHMES

LES NUITS

TERRACE MARTIN

CHINESE MAN

CLUB SODA – 22 h

En ouverture POIRIER Migration Soundsystem

1er JUILLET

1er JUILLET

MÉTROPOLIS – 20 h 30

LES COULEURS

BETTY BONIFASSI

DANNY BROWN

8 JUILLET

MÉTROPOLIS – 20 h 30

LOMAX

5 JUILLET

CLUB SODA – 18 h

JAZZ DANS LA NUIT

THE TALLEST MAN ON EARTH

en collaboration avec

CHARLIE HUNTER

BASIA BULAT

TRIO

1er JUILLET

GESÙ – 22 h 30

BILLETTERIE

Club Soda 514 286-1010 / clubsoda.ca Métropolis 1 855 790-1245 / ticketmaster.ca Gesù 514 861-4036 / 1 855-790-1245 / admission.com

MONTREALJAZZFEST.COM

PROGRAMME DOUBLE

7 JUILLET

MÉTROPOLIS – 20 h 30 30


> Mutantès, présenté à l’été 2008, est l’un des nombreux projets multidisciplinaires de la riche carrière de Pierre Lapointe. Il explique que les moyens offerts par le festival ont alors permis à ses acolytes (chorégraphes, scénographes, danseurs, par exemple) de briller sans le stress financier, ce qui est assez rare. «On a eu énormément d’argent pour ce spectacle-là, précise-t-il. On a eu la possibilité d’aller au bout. Pour Frédérick Gravel, le chorégraphe, c’était la première fois qu’il était payé autant. Avec ce genre d’opportunité aux FrancoFolies, je donnais la possibilité à d’autres créateurs de créer quelque chose à la hauteur de ce qu’on voulait.» Pierre Lapointe a toujours été un pôle d’attraction pour les artistes de toute discipline, souhaitant présenter au public des collaborations inattendues, des événements uniques. Son éclat à Tout le monde en parle en avril, où il prônait la diversité culturelle à la télévision plutôt que d’y voir toujours les mêmes personnes, est en synthèse avec ce qu’il a accompli ces dernières années avec, entres autres, le sculpteur David Altmejd, le collectif d’art BGL, le photographe et vidéaste Pascal Grandmaison et plus récemment l’illustratrice Catherine Lepage, avec qui il a pondu un livre, Le tragique destin de Pépito. Avec ces collaborations, le chanteur met en lumière des artistes géniaux mais peu connus du grand public. Le chanteur souhaite que les gens découvrent ainsi leur travail et continuent de les suivre dans d’autres projets.

au musée

«J’ai toujours intégré des artistes en arts visuels, des chorégraphes, des metteurs en scène, des scénographes, des musiciens. Je m’arrange pour avoir des équipes. C’est des gens qui sont rendus très, très loin dans leur tête et dont le travail n’est pas diffusé. Moi, je leur laisse toujours une place de choix dans mes projets en leur laissant la possibilité de s’exprimer et d’aller là où ils veulent.»

David Altmejd (photo)

Et c’est cet esprit d’équipe, si brûlant à l’époque du spectacle de La forêt des mal-aimés, avec lequel il renouera aux FrancoFolies. y

BGL

Amoureux de l’art contemporain québécois, Pierre Lapointe est le porte-parole du pavillon Pierre Lassonde du Musée national des beaux-arts du Québec. De ses grands complices, quatre seront en vedette au MNBAQ dans le cadre de l’inauguration qui aura lieu le 24 juin à Québec. Il nous les présente. propos recueillis par catherine Genest

«Il prend des matières très pauvres et très nobles en même temps comme des pierres, des animaux empaillés, des miroirs, du plastique ou du fil. Il fait des bijoux gigantesques à partir de ces matières-là et, pour l’avoir vu travailler de proche, c’est vraiment un don qu’il a pour animer la matière morte et la rendre vivante.»

Pierre Lapointe sera également du spectacle de clôture Intemporelle, Diane Dufresne - Un temps pour elle à la Maison symphonique le 18 juin à 20h.

«Je les ai découverts avec À l’abri des arbres au Musée d’art contemporain de Montréal, une installation qui était une espèce de labyrinthe. Je croyais que j’allais voir la plus grande mise en scène de ma vie au théâtre, en danse ou au cinéma, et puis je l’ai vue dans un musée d’art contemporain! Leur discours a, à mon avis, beaucoup de valeur, et ce n’est pas parce qu’ils se prennent la tête. Au contraire, c’est parce qu’ils sont drôles et rafraîchissants, et ça fait du bien dans le milieu de l’art contemporain d’avoir quelque chose de léger comme ça qui a autant de puissance et de cohérence.»

francofolies.com

mnbaq.org

En concert sur la grande scène extérieure Bell de la place des Festivals le 11 juin à 21h, dans le cadre des FrancoFolies de Montréal.


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Âge d’or et néo-rap queb L’intérêt actueL pour Le rap québécois n’est pas sans rappeLer ceLui qui, au tournant du troisième miLLénaire, étabLissait L’esthétique du genre. mise au point avec six artistes qui prendront part aux francofoLies. mots | oliVier BoisVert-maGnen

photo | antoine Bordeleau


Majoritairement issue de Montréal-Nord, de SaintMichel et de la Rive-Sud de Montréal, la vague hiphop québécoise de la fin des années 1990 a été accompagnée d’un engouement généralisé, de concert avec un fort intérêt médiatique de la part de MusiquePlus. Inspirée par le rap new-yorkais du milieu de la décennie, une horde de rappeurs, de DJ et de producteurs ont mis la hache dans le rap franchouillard des Dubmatique, LMDS et La Constellation de ce monde en proposant une esthétique plus rude aux thèmes sombres et au joual métissé. Une décennie plus tard, la réforme du «néo-rap queb» a été initiée par le phénomène des Word Up! Battles et l’album 4,99 d’Alaclair Ensemble, catalyseur d’une esthétique hip-hop libre et décomplexée, dont l’impact a encore énormément d’écho aujourd’hui. Natifs des grands axes urbains de la province (principalement Québec et Montréal, mais aussi Longueuil et Laval), les principaux artisans de cette seconde vague bénéficient d’une enviable couverture médiatique et d’un jeune public fidèle. Aux premières loges de cette mouture, les rappeurs Snail Kid (Dead Obies, Brown), Ogden (Alaclair Ensemble, Rednext Level) et Lary Kidd (Loud Lary Ajust) discutent avec SP (Sans Pression), DJ Crowd et le producteur Toast Dawg (Traumaturges, Atach Tatuq, Payz Play, Brown), trois vétérans qui voient la scène hip-hop québécoise évoluer depuis une vingtaine d’années. Incessamment colporté dans les médias depuis plus de deux ans, le sujet du franglais se pointe le bout du nez assez rapidement dans la conversation. Après tout, ce dialecte codé au potentiel créatif probant résonne sur la scène hip-hop québécoise depuis l’époque de 514-50 dans mon réseau, classique premier album de Sans Pression paru en 1999. «Ça a été un record extrêmement marquant pour moi», admet Lary Kidd, recueillant l’approbation de ses acolytes. «Je me rappelle que Franglais Street Slang m’avait beaucoup influencé à l’époque», ajoute Ogden, à propos d’une chanson qu’il considère comme emblématique, voire prophétique, pour le hip-hop d’ici. Humble, SP nuance de quelque peu ce recul historique. «C’était juste une chanson qui disait qu’on jasait en franglais dans le street… Je la voyais pas vraiment comme une célébration du rap en franglais», dit le rappeur. «À l’époque, je venais à peine de faire le switch de l’anglais au français, après avoir entendu KC LMNOP rapper en joual avec l’accent. Le franglais était en moi, mais y avait encore beaucoup de retenue. C’est pas comme maintenant avec des groupes comme LLA qui y vont à fond dans le mélange des langues.»

Hip-hop plus libre et éclaté C’est d’ailleurs cette absence de retenue (et, par conséquent, cette plus grande liberté artistique) qui différencie, de l’avis général de SP, Crowd et Toast Dawg, les deux époques. «Dans l’temps, il y avait plein de trucs qu’on pouvait pas faire. Par exemple, ça aurait été impossible pour moi d’enregistrer une chanson comme Le cœur de Montréal en 1999», explique SP, déplorant le climat hermétique de l’époque. «Maintenant, il y a moins de cadre fixe. Je peux me permettre, si ça me tente, de rapper sur un beat portugais.» «Nous, on était déjà plus left field avec Traumaturges en 2000», indique Toast Dawg, mentionnant comme principale influence le hip-hop expérimental et indépendant américain des années 1990. «Reste que nos thèmes étaient résolument rap. On parlait de weed, pis c’était pas mal ça.» Loin du cadre rigide de l’âge d’or, Snail, Lary et Ogden explorent divers thèmes et espaces musicaux depuis le début de la présente décennie, repoussant ainsi les limites du genre. «C’est vraiment 4,99 qui est venu changer la game», croit Snail Kid. «Y avait quelque chose de vraiment mystérieux là-dedans. Ça sortait des codes habituels du rap.» «Par-dessus tout, je pense que cet album-là a montré que le rap, ça pouvait être plein de choses en même temps», poursuit Ogden. «De voir des gars comme KenLo, Eman ou Claude Bégin commencer à déconner, alors qu’auparavant, ils faisaient des trucs plus sérieux, ça a ouvert les esprits.» Et les élans pop, eux non plus, ne sont plus boudés. Brillant mélange de house, de rythmes tropicaux et de rap, le projet Rednext Level en est la preuve la plus convaincante, à l’instar de Brown, un alliage accrocheur de funk, de soul, de reggae, d’électro et de rap. «On est tous passés par l’époque des couplets denses, mais là, on n’est plus dans le même état d’esprit», explique Snail Kid, qui forme Brown avec son frère Jam, son père Robin Kerr et Toast Dawg. «Maintenant, on ne s’empêche plus d’inscrire notre rap dans une forme plus pop.» Figure de proue d’une période où le rap puriste avait la cote, SP cultive quelques regrets. «J’aurais dû être plus ouvert d’esprit à l’époque», confie-t-il. «Mais bon, on dirait que j’étais tellement sur mon grimy shit que j’pouvais pas me permettre d’écrire une chanson d’amour, par exemple. L’environnement était pas propice à ça, j’imagine…» y Reportage complet sur Voir.ca

Événement d’ouverture des FrancoFolies de Montréal avec Brown, Alaclair Ensemble, Dead Obies et Loud Lary Ajust: 9 juin 2016, 18h – Scène Ford

SP (accompagné par DJ Crowd): 10 juin 2016, 23h – Scène La Presse+

Rednext Level: 16 juin 2016, 23h – Scène La Presse+


taylor mcFerrin, photo | simon Benjamin

Les passages obLigés encore une fois, Le festivaL internationaL de jazz de montréaL offre cette année une brochette d’artistes gigantesque où iL peut être difficiLe d’arrêter ses choix. À travers Les Légendes, Les jeunes taLents en pLeine montée et Les pLus méconnus, voici une séLection pas piquée des vers pour tout méLomane en quête d’aiguiLLage. mots | antoine Bordeleau

Les monstres sacrés

Les nouveaux joueurs

Évidemment, qui dit FIJM dit artistes influents qui ont marqué le paysage musical de manière indélébile. Cette édition ne fait pas exception à la règle, les étoiles y seront encore une fois en grand nombre. Au rang des incontournables, on retrouve entre autres Dr Lonnie Smith, cet organiste de génie qui a accompagné George Benson dans les années 1960 avant de se tourner vers une carrière solo prolifique de 24 albums. Passant aisément du jazz standard aux styles plus «fusion», on sait qu’il présentera principalement des titres de son plus récent album, Evolution. Autre formation qu’on ne peut omettre d’évoquer, Kool & The Gang sera de passage pour faire groover les festivaliers. Véritable légende du funk et du disco, le groupe se passe de présentation. Une performance qui risque d’être explosive! On peut également compter sur la présence du grand Joey DeFrancesco cette année, autre organiste mythique. Un soliste incroyablement précis qui réussit à combiner une virtuosité extrême à une sensibilité très blues dans sa musique.

Le FIJM, ce n’est toutefois pas seulement que des superstars de la musique. On y va tout autant pour voir les grandes idoles que pour découvrir les futurs gros noms. Parmi ceux-ci, on peut assurément compter Taylor McFerrin. Fils de l’illustre Bobby, ce jeune musicien profite d’un talent qui lui coule dans les veines. Par contre, il n’est pas seulement là parce qu’il est le fils de l’autre. Son album Early Riser, paru en 2014, prouve qu’il reprend le flambeau à merveille, livrant un R&B et une soul empreints de modernisme et de finesse. Il saura certainement faire vivre l’héritage du nom McFerrin pour encore de nombreuses années. Plus près de nous, l’excellent pianiste Jean-Michel Blais livrera aussi en concert son tout premier album, II. Sa musique, bien que provenant résolument du monde classique, explore des terrains alternatifs qui lui ouvrent les portes d’un public beaucoup plus large. Sa présence au FIJM lui vaudra probablement de nombreux nouveaux fidèles qu’il mérite amplement.


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Au-delà des icônes incontournables et des petits nouveaux, il y a également au FIJM un grand nombre de musiciens incroyables qui roulent leur bosse depuis longtemps sans être très (assez?) connus du grand public. De ce nombre, on peut notamment compter Charlie Hunter. Muni d’une guitare comprenant trois cordes de basse et cinq de guitare, il joue simultanément lignes de basse, accords et mélodie et possède un groove des plus contagieux. Sa grande virtuosité se combine à un sens de l’improvisation impressionnant pour livrer avec son trio des concerts toujours étonnants. Du côté des cuivres, le trompettiste Erik Truffaz sera également de la partie cette année. Combinant des éléments hip-hop, rock et dance à des sonorités jazz plus standards, il a un son réellement unique. Il sera accompagné de son plus récent quartette, qui ajoute également des voix maliennes par-dessus ces bases solides. Un concert qui devrait certainement brasser les conventions.

Du 29 juin au 9 juillet montrealjazzfest.com

Kool & the GanG

Les méconnus


À écouter

24

★★★★★ classique ★★★★ excellent ★★★ Bon ★★ moyen ★ nul

andy shauf the party (Arts & Crafts) ★★★★ 1/2 Mon dieu que ce disque est sublime! Il s’agit sans doute de LA parution du «rest of Canada» à écouter ce printemps. Originaire de Regina en Saskatchewan, Andy Shauf fait dans la douce pop raffinée, propulsée par la guitare acoustique, le piano, la batterie et des instruments à cordes et à vent. Les arrangements sont riches, et dans le rythme et le ton, Andy Shauf se rapproche de l’univers du duo français Air. La voix est céleste et délicate et nous emporte dans toutes sortes d’histoires, celles des invités à ce fameux party qui s’approprie le titre de l’album. D’une grande beauté, l’album est plus lumineux que son prédecesseur, The Bearer of Bad News, enregistré dans le sous-sol de ses parents. Andy Shauf sera-t-il le prochain grand auteur-compositeur canadien? On le souhaite. (V. Thérien)

amyLie les éclats

bent Knee say so

(Audiogram)

(Cuneiform Records)

★★★★

★★★★

Ce nouvel album d’Amylie est à la fois délicat et franchement groovy. Si le précédent Le Royaume (2012) était très ambitieux et touffu, celui-ci a les deux pieds sur terre et est réalisé avec grande classe. Les Éclats est une belle bulle intimiste dotée d’une sensibilité pop enviable. En accentuant le disque autour d’une voix pleine de chaleur et de confiance et de riffs de guitare électrique en douceur, l’univers des Éclats fait beaucoup penser à celui toujours enivrant de Feist. À travers la musique, on entend Amylie chanter avec honnêteté à propos de remonter la pente ou encore de la belle relation qui l’unit à ses sœurs. Et que dire des méchants bons grooves que l’on retrouve sur son premier simple L’amour à dos et en début de disque sur La hauteur. Irrésistibles! (V. Thérien)

heaven’s cry outcast (Prosthetic Records) ★★★★ 1/2

L’une des grandes qualités de Wheels of Impermanence (2012) était le caractère enveloppant et immersif de la musique. De la première à la dernière chanson, on était aspiré dans l’univers sonore en constante évolution du groupe métal progressif montréalais. Le même phénomène se produit avec Outcast, un effet qui est encore plus efficace grâce au concept de l’album, qui porte sur l’évolution de la race humaine dans un contexte politique axé sur les profits, le pouvoir et le contrôle. Le concept prend vie autant à travers les textes interprétés avec conviction par le chanteurbassiste Sylvain Auclair que le tempo de la musique qui reflète habilement le développement de la trame narrative. En d’autres mots, le quatrième disque d’Heaven’s Cry est harmonieux, intense et accrocheur. (C. Fortier)

Troisième opus pour ce sextette de Boston qui propose un rock progressif tout à fait en phase avec le 21e siècle. Pas le genre bourré de solos de guitare, mais plutôt un son d’ensemble qui sert d’écrin à la voix, forte et distinctive, de la claviériste Courtney Swain. Ses petites histoires noires se racontent en mode pop songée dans des ambiances qui passent de l’orage au ciel bleu en un éclair. La guitare de Ben Levin et le violon de Chris Baum tissent de délicates mélodies que la basse de Jessica Kion et la batterie de Gavin Wallace-Ailsworth (qui a sans doute déjà entendu Phil Collins) appuient très solidement. La production hyper léchée du designer sonore Vince Welch ajoute une touche magique appréciable. (R. Beaucage)

barry guy the Blue shroud (Intakt Records/Naxos) ★★★★ Un monument contre la guerre et la censure. Le «linceul bleu», c’est ce rideau que l’on plaça devant une reproduction du Guernica de Picasso, à l’ONU, et devant lequel Colin Powell annonça l’invasion de l’Irak en 2003... Ce n’est cependant pas pour son message qu’il faut écouter la musique de Barry Guy, mais tout simplement parce que ce disque est un foutu chef-d’œuvre. Durant 71 minutes, le compositeur, qui tient aussi la contrebasse, y dirige un ensemble de 13 musiciens entre des sections d’improvisation, des récitations (la chanteuse Savina Yannatou se donne par moments des airs de Dagmar Krause), des évocations de musique espagnole ou même des extraits d’œuvres baroques (Bach, Biber). Le tout s’imbrique à merveille et coule de source. De la très grande musique. (R. Beaucage)


25 disques VOIR MTL

syLvie paquette terre oriGinelle

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pat metheny the unity sessions

(Audiogram)

(Metheny Group / Nonesuch)

★★★★

★★★★

En remontant à la source des poèmes d’Anne Hébert, Sylvie Paquette livre un véritable hommage aux textes de la grande poète québécoise avec Terre originelle. Puisant au sein des multiples recueils de Hébert, des Songes en équilibre (1942) jusqu’aux récentes Œuvres complètes (2013), Paquette retrouve des titres qu’elle pose sur des mélodies discrètes et respectueuses. Enveloppant avec justesse les poèmes choisis, la mélodiste, accompagnée d’Yves Desrosiers et de Philippe Brault, se laisse guider par le rythme des vers, met en lumière les mots et les porte vers une renaissance musicale. On reconnaît la signature contemporaine folk du trio, tout en redécouvrant certains classiques de la poète et quelques textes moins connus de l’écrivaine. Alliant les mots d’espoir et de désespoir à des musiques minutieuses, Sylvie Paquette propose un charmant détour dans l’univers magnifié d’Anne Hébert. (J. Ledoux)

Notre ami Pat savait exactement ce qu’il faisait lorsqu’il a viré les claviers de son PM Group pour les remplacer par les cuivres de l’inépuisable Chris Potter. Dans le très homogène quartette Unity, c’est tous pour un, un pour tous. Les gars se donnent à fond, restituant le bonheur intense qu’ils ont vécu en tournée l’année passée. Mais ce volume double offre enfin une synthèse tangible de l’œuvre méthenienne dans son ensemble. De l’adagio d’ouverture pour guitare seule au duel final démentiel entre batterie et guitare trash, il y a de longues et belles plages; un flamenco épique, un standard joyeux (Cherokee), un arrêt obligé chez Maître Ornette (Police People), un medley de ses airs connus, mis bout à bout, comme à l’improviste. Il y a surtout cette cavalcade échevelée, Two Folk Songs #1, retour voulu sur l’emblématique album 80/81 paru chez ECM, il y a 35 ans… Quoi? Pas déjà! (R. Boncy)

céu tropix

souLdia x rymz amsterdam

(Six Degrees)

(Silence d’or / Explicit Productions)

★★★ 1/2

★★★ 1/2

Je vous salue Maria do Céu, pleine de grâce... La petite fée de São Paulo possède une légion de fans au Québec depuis ses débuts en 2006 et elle nous rend visite pour la troisième fois, au Festival international de jazz de Montréal, toujours un 30 juin. Superstitieuse, la belle ensorceleuse? Pas vraiment. De plus en plus en contrôle de sa voix douce et son art électro-minimaliste, elle en maîtrise tous les aspects, les dosages délicats, signant les paroles et les musiques langoureuses de la quasi-totalité des chansons. Le départ de Beto Villares, remplacé par le batteur Pupillo, n’a rien changé à la démarche de l’artiste, à la fois glamour et très sobre. Il suffit d’écouter Amor Pixelado, Chico Buarque Song (qui rappelle Lucas Santtana) ou la sublime Sangria pour être immédiatement convaincus qu’il existe un nouveau Brésil inconnu des bornés de la bossa. (R. Boncy)

VO1 #O5

Cherchant à s’évader de leur virulent quotidien, là où les envies de «braquer la Garda» et «les violents excès de colère» côtoient les tentations fortes de la vie rapide, Souldia et Rymz trouvent refuge à Amsterdam, capitale emblématique de l’intoxication légale. À bord du KLM420, les deux acolytes reprennent leurs albums solos respectifs, entrechoquant leurs espaces artistiques avec une intensité naturelle qu’on devine spontanée et fraternelle. Armé d’un flow athlétique et précis, le Maskoutain d’origine Rymz fait preuve d’une prodigieuse polyvalence qui se mêle avec nerf au débit plus symétrique et prévisible de Souldia. Majoritairement soutenu par les sonorités sombres et acérées du Guadeloupéen Gary Wide, qui se fait plus prudent et moins aventureux que sur le dernier Rymz, ce premier album collaboratif saura rapidement rejoindre son public. (O. Boisvert-Magnen)

hoLy fucK conGrats (Last Gang Records) ★★★★ On aura eu beau patienter pendant six ans avant d’avoir droit à un nouvel album d’Holy Fuck, on peut dire que l’attente n’aura absolument pas été vaine. Dès l’ouverture avec Chimes Broken, on sait que l’on a affaire à un disque étonnant. Les sonorités plus qu’agressives du groupe sont distorsionnées au maximum, assaillant les oreilles avec des rythmes acidulés et des basses qui veulent tout arracher. Arrivé à mi-course, l’intense House of Glass nous prend par le collet dès les premières notes et ne nous relâche qu’à la fin du tout dernier coup de caisse claire. Une des plus grandes qualités de ce nouvel opus est qu’il est constamment surprenant. À chaque détour, Holy Fuck envoie une décharge complètement inattendue qui nous prend par les tripes et nous oblige à nous brasser la tête en cadence. Le quatuor a su se réinventer sans se dénaturer, et offre avec Congrats une version raffinée de ce que l’on attend de lui. (A. Bordeleau)


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monique giroux sur mesure

sur La route des chansons Je ne me suis jamais intéressée aux pourcentages, données et autres statistiques. Je ne serai pas la Paul Houde de la chanson. Bien que j’admire sa capacité à gérer une quantité phénoménale de records olympiques et de noms imprononçables de joueurs de Bo-Taoshi, ce n’est pas mon truc. J’envie certainement ces performances de mémoire, mais je privilégie d’autres informations à stocker sur mon disque dur cérébral.

tout en te faisant traiter de bobo du Plateau montréalocentriste qui se prend pour le nombril de l’univers. Il n’en demeure pas moins que tu devras aller à Saint-Eustache, Terrebonne, Saint-Jeansur-Richelieu, au DIX30 en train de banlieue, bien sûr, parce que tu as vendu ta voiture car tu ne trouves plus de stationnement en bas de chez toi, pour applaudir tes artistes préférés ou ceux que tu souhaites découvrir.

Je suis donc bien incapable de vous dire combien de spectacles de chansons francophones sont présentés annuellement dans la métropole, mais je peux assurément vous asséner le coup fatal du il y en avait bien plus avant... et je peux aussi vous confirmer qu’il vaut mieux habiter la banlieue ou la province si on veut suivre l’actualité chanson. Pour vous démontrer ce que j’avance, je me dois de sortir la calculette, avec exemples à l’appui.

Les artistes iront donc tout près du public dans des lieux aux noms si jolis: Fabrique, Mouton noir, Vieux Treuil, Chasse Galerie, Ange Cornu, Zaricot, P’tite Grenouille, Cabaret de la dernière chance, Aux Pas Perdus...

Catherine Major sera en tournée à compter de septembre. À son agenda, 31 spectacles, un soir en supplémentaire au Gesù en novembre, suite de sa rentrée montréalaise qui se résumait à un soir à l’Outremont en mars dernier. Bernard Adamus: 50 spectacles entre février et novembre. Deux à Montréal, un en mars, un autre en juin. Safia Nolin: une vingtaine de spectacles, un seul à Montréal. Fred Pellerin a entrepris une tournée de 49 spectacles de chansons. Il a fait deux soirs à Montréal autant qu’à Saint-Hyacinthe, Rimouski et Shawinigan. Dans la plupart des cas, la représentation montréalaise figure au programme des FrancoFolies. Si t’es pas dans le coin ce soir-là ou alors si tu ne trouves pas de stationnement dans le Quartier des spectacles ou que la ligne orange du métro est interrompue ou que ton appli Téo plante (ce qui n’arrive jamais), tu peux crever la bouche ouverte

Parlons donc d’un temps que les moins de 30 ans n’ont pas connu… Michel Rivard a présenté son spectacle 32 fois par mois pendant 14 mois consécutifs en 1983. Ce spectacle, disponible en partie sur le web, me confirme, à moi qui l’ai vu 28 fois en payant chaque fois mon billet, que j’étais fan, que les billets n’étaient pas chers, que le public se déplaçait et que maudit que le Spectrum me manque. Qui fait aujourd’hui quatre soirs de suite dans la grande ville? Bon, OK, Leloup, d’accord. Il en fait même plus que ça. Mais l’exception ne confirme pas la règle. Dans les prochains mois, le Québec chantera au Festival de la chanson de Tadoussac, de la musique émergente d’Abitibi-Témiscamingue, de PetiteVallée, de Granby, d’été de Québec, à Envol et Macadam, MEG, Mutek, Vue sur la relève, aux Francouvertes, Pop Montréal, à Coup de cœur francophone, Coup de Grâce musical de Saint-Prime, au festival Accélération de camions de Saint-Josephde-Beauce qui doit bien recevoir un groupe rock ou


>

deux, au Festival de la gibelotte, de la gourgane, de la patate, de la poutine, de l’épi, de l’érable, de l’oie blanche, des barres à Jack, du Bûcheux de Saint-Pamphile, du cheval de Princeville, de Saint-Cyprien toasté, de Saint-Zénon, de Piopolis-où-c’est-que-c’est-ça? Aucun des noms cités ci-haut n’a été inventé par l’auteure de ces lignes. Tous ces festivals existent vraiment. Je voudrais m’excuser auprès de ceux qui ne se reconnaîtraient pas, mais Voir m’autorise 1000 mots. N’y voyez pas de malveillance. Le site des FrancoFolies de Montréal annonce que cette année, un million de spectateurs pourront assister à 250 spectacles, dont 180 présentés par 1000 artistes provenant de 12 pays entre le 9 et le 18 juin. À leur première édition de septembre 1989, les FrancoFolies proposaient une quinzaine de spectacles au Spectrum offerts par 23 artistes. Le spectacle de clôture intitulé Bonjour la visite, et animé par le ci-haut cité Michel Rivard, avait été diffusé dès le lendemain sur les ondes de la télé de Radio-Canada et dans toute la francophonie. Vingt millions de personnes ont pu voir ce spectacle. Entendons-nous bien. J’adore les Francos, je les fréquente assidûment depuis 1989, j’y présente annuellement mes émissions, j’ai conçu et animé quelques spectacles d’ouverture et de clôture depuis 1992, dont plusieurs ont été diffusés à la télé et à la radio. Je hante le site de jour comme de nuit, je manigance des rencontres entre certains journalistes étrangers et certains artistes de chez nous. Je fais des apéros sur ma terrasse avec des journalistes d’ici et des artistes étrangers. C’est mon Noël en juin. Quel spectacle des FrancoFolies sera cette année capté pour une diffusion ultérieure, quelle qu’elle soit? Les télédiffuseurs affirment que les téléphages ne sont plus intéressés par la musique sur écran plat. Alors, quand on invite un chanteur à la télé, c’est pour lui faire boire des shooters en brassant une sauce à spaghetti, danser devant un juré, voyager autrement avec sa famille, remonter son arbre généalogique, se faire encenser par tout un village, chanter les chansons d’un autre, et encore, seulement un extrait en hommage à une autre vedette. Bazzo.tv, considérée par Ottawa comme une émission de variétés, a été retirée de l’antenne il y a quelques mois pour une nébuleuse question de crédits d’impôt. On en perd son latin en plus de tous sens communs. Détachons nos lacets de bottines, sortons de chez nous, dansons, buvons, aimons-nous quand même et chantons de Montréal à Moisie, en passant par RapideDanseur, Chicoutillette, Rivière-aux-Rats, Cap-Chat, Grandes-Piles, Parisville et puis Saint-Louis-du Ha! Ha! Finalement, c’est peut-être ça la bonne idée… y CHANSON SUGGÉRÉE: MANCHE DE PELLE, de roBert charleBois

SIMON BOUDREAU LE NOUVEL ALBUM

D E VA N T L E S P O S S I B L E S MAINTENANT DISPONIBLE

EN TOURNÉE

06.17 MONTRÉAL

08.06 ASBESTOS

Festival Folk de Montréal sur le canal

Microbrasserie Moulin 7

Fête nationale

06.30 SHAWINIGAN

08.13 MASCOUCHE

Le Trou du diable

07.15 LONGUEUIL

08.19 WOLINAK

06.23 LOUISEVILLE

Parc St. Mark

07.28 SAINT-ALPHONSERODRIGUEZ

08.12 LONGUEUIL Hommage à Ferland

Parc du Grand-Coteau Pow Wow

09.29 LAVALTRIE Chasse-galerie

11.04 TERREBONNE Le Moulinet

Parc des Arts

11.11 GATINEAU

Festival des 5 Sens

Le Magasin Général Lebrun

08.05 SAINTE-SOPHIEDE-LÉVRARD

La Grange

11.18 MASKINONGÉ

S I M O N B O U D R E AU.C O M


28 cinéma VOIR MTL

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Romance du noRd PRemièRe incuRsion de maRie-Josée cRoze dans le cinéma finlandais, 2 NIGHTS TILL MORNING débaRque suR nos écRans avec son ambiance noctuRne et ses dialogues ciselés. un film intimiste dans lequel la comédienne bRille PaRticulièRement. MOTS | PHILIPPE COUTURE

C’est le premier film en anglais de Mikko Kuparinen, cinéaste finlandais qui s’offre une belle carte de visite sur la scène internationale avec cette œuvre charmante qui développe en deux temps une relation aussi sensuelle que complexe. Architecte française en voyage d’affaires en Lituanie, Caroline (Marie-Josée Croze) se laisse charmer par Jaakko (Mikko Nousiainen), un DJ finlandais à qui elle fait d’abord croire qu’elle ne parle


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pas anglais. Leur relation débute à mots discrets, par le dialogue des corps, puis se complexifie quand la parole s’en mêle. D’abord armures, les mots inspirent la confrontation et se font prolongement de leurs masques sociaux. Mais la vérité finira par éclater, et Caroline baissera la garde, dévoilant une grande vulnérabilité. Prix de la meilleure réalisation au Festival des films du monde, le film devrait connaître un bon parcours international, notamment en raison de l’interprétation nuancée de Marie-Josée Croze, qui donne à ce personnage un caractère somme toute discret et noble malgré les facettes sombres de sa personnalité, qui se dévoilent peu à peu. «Je pense que nous avons tous le fantasme de vivre un coup de foudre avec un étranger», disait récemment le réalisateur en entrevue avec Cineuropa. «Vous savez, ce fantasme de vivre quelque chose de fulgurant en dehors du quotidien, en voyage, une relation magique parce que hors-norme et impossible à vivre dans nos vies urbaines réglées.» En conférence de presse à Montréal en septembre dernier, il ajoutait que «les meilleures décisions que l’on prend dans la vie sont celles qui sont prises spontanément, en suivant son instinct». «Je voulais explorer comment mes personnages se sentent tiraillés par des intrusions de leurs vies quotidiennes dans leur romance impromptue. Au moment où ils vivent

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> quelque chose d’extra-quotidien, leurs vies réelles ne cessent de les importuner. Leur besoin de contrôle et de sécurité entre en conflit avec leur besoin, tout aussi grand, de folie et de spontanéité.» «C’est un film d’acteurs», disait le comédien Mikko Nousiainen, également en conférence de presse montréalaise. «Les personnages se développent de manière très élaborée et, dans la dynamique d’une relation à deux qui a tout le temps et l’espace pour s’affiner, dans un presque huis clos, il y avait un terrain de jeu génial. C’est du jeu d’acteur pur, si je peux dire.»

MIKKO KUPARI NEN

De fait, le réalisateur a cherché deux acteurs dont les «rythmes s’accordent bien» et entre qui il a senti rapidement une «formidable chimie».

TRAIN SONGS Sortie : 10 Juin 2016 TRAIN SONGS

Festival international de jazz de Montreal 2016 Déambulatoire du 29 juin au 9 juillet Événement spécial SiriusXM, Scène TD, le 9 juillet

westtrainz.com

Escale à Québec! Festival d’été de Québec 2016 les 14 & 15 juillet


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Dans un scénario qui s’amuse à démonter les stéréotypes, la relation s’articule dans une forme particulièrement subtile d’inversion des genres. Même si c’est Jaakko qui semble en apparence prendre le rôle du séducteur et prendre les devants, les intentions de Caroline se révéleront moins innocentes qu’attendu, et son comportement en inadéquation avec l’image qu’elle affiche. Le film est d’ailleurs brillant dans sa manière de révéler la psyché de Caroline par étapes, comme un lent déshabillage, alors que la caméra ne la quitte jamais et nous mène avec elle de chambres d’hôtel en salles d’attente d’aéroports. Un film intimiste qui se prendra bien avant la déferlante de comédies estivales vitaminées. y

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chatouilleR Jusqu’à la soumission suR inteRnet, des hommes s’excitent à RegaRdeR d’autRes hommes se faiRe chatouilleR Pendant de longues minutes. une PRatique qui a fasciné le JouRnaliste néo-zélandais david faRRieR. Jusqu’à ce qu’il en découvRe la facette sombRe. il en fait le Récit dans le caPtivant documentaiRe TICKLED, coRéalisé avec dylan Reeve. MOTS | PHILIPPE COUTURE

PHOTOS | ANTOINE BORDELEAU


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Journaliste à la télé, David Farrier est spécialiste de souscultures diverses. Il s’intéresse au bizarre, à l’insolite, à ce qui étonne et qui dérange, racontant l’humanité à partir de ses marges et de ses limites. Mais sa tâche n’est plus possible depuis l’explosion des réseaux sociaux, où tous ses sujets sont brûlés en quelques heures, publiés par les utilisateurs partout dans le monde et diffusés massivement en un temps record. «Or, dit-il, quand je suis tombé sur des vidéos de chatouillement, qui avaient tout l’air de faire partie d’une compétition officielle d’endurance au chatouillement, je me suis dit que j’avais trouvé le jackpot.» C’est un fétichisme comme les autres, qui peut être pratiqué sainement, dans des conditions respectueuses. David Farrier l’a lui-même testé, se rendant chez un adepte, Richard Ivey, et acceptant d’être attaché pour subir l’épreuve du chatouillement pendant 10 minutes. La scène n’est pas montrée dans le docu, mais on y voit un habitué se prêter au jeu, acceptant joyeusement son sort. «Il n’y a rien de mal à aimer se faire chatouiller ou à bander en regardant des hommes s’y adonner, précise Farrier. Richard paie des hommes qui sont consentants, qui savent que leur vidéo sera diffusée en ligne, qui peuvent exprimer leurs limites. Ce n’est pas toujours le cas.» En contactant une compagnie américaine qui semble spécialisée dans l’organisation de compétition d’endurance au chatouillement, Farrier reçoit des réponses agressives et homophobes. «Nous ne voulons rien avoir à faire avec un journaliste homosexuel», lui répond-on, avant de le couvrir de lettres d’avocats menaçant d’entamer des poursuites judiciaires. L’intimidation poussera le journaliste à vouloir en savoir plus. Il découvre une organisation qui met en ligne des vidéos sans le consentement des jeunes hommes qui y sont en vedette et qui ont eux aussi été victimes de diverses tactiques d’intimidation. Surtout, il découvre une organisation dont les moyens financiers semblent infinis et qui utilise son argent pour exploiter de jeunes hommes financièrement vulnérables. De manière détournée, David Farrier fut l’un de ceux-là. «Certaines lettres nous venaient de vrais avocats, explique-til. D’autres étaient fausses. Ce que ça met en lumière, c’est une culture radicale de la judiciarisation qui est très forte aux ÉtatsUnis dans certains milieux corporatistes et chez les nantis. Cette judiciarisation est bien sûr au service de ceux qui ont les moyens de la payer. Avec l’argent vient le pouvoir. Le film parle de gens qui exploitent d’autres gens à cause du pouvoir de l’argent.» Construit comme un thriller, Tickled développe une enquête fascinante et étonnante, qui se dévore comme un roman et dont, évidemment, nous ne dévoilerons pas ici tous les tenants et aboutissants. «Avec Dylan, il nous est apparu naturel de donner à ce documentaire une structure vraiment narrative. J’espère que le public y prendra plaisir. Car le chatouillement, ça devrait demeurer une pratique agréable.» y Au cinéma du Parc (Montréal) le 24 juin Bientôt disponible en VSD


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noRmand baillaRgeon PRISE DE TÊTE

ce fascinant débat suR le salaiRe minimum Tout a commencé aux États-Unis, où un mouvement pour la hausse du salaire minimum à 15$ l’heure des employés du secteur de la restauration rapide est apparu, puis s’est amplifié. Bientôt, cette même demande est arrivée au Québec. Notons qu’elle est moindre ici, compte tenu du fait que le salaire minimum est chez nous de 10,75$ l’heure alors qu’il est de 7,25$ aux États-Unis – en vertu de la loi fédérale, les montants diffèrent. Là-bas, le salaire minimum, en dollars constants, a été à son maximum en 1968: il était alors à 10$ l’heure. En moins de temps qu’il n’en faut pour crier «Lutte des classes!», les habituelles voix, celles-là mêmes qui n’ont jamais rien à dire de l’évasion fiscale, des paradis du même nom, ou des subventions aux BS corporatifs, celles-là, oui, se sont aussitôt fait entendre pour nous expliquer que la science économique, rien de moins, est formelle et unanime: hausser le salaire minimum est une bien mauvaise idée. Leur argumentaire repose essentiellement sur l’impitoyable loi de l’offre et de la demande. En bout de piste, elle nous montrerait que si on augmente le salaire minimum, les employeurs vont embaucher moins de travailleurs, devenus plus coûteux. Le résultat net de l’opération sera donc la création de chômage et la diminution globale de revenus, bien entendu parmi les gens au salaire minimum. Vous vouliez les aider en invoquant l’exigence morale d’un salaire décent, permettant à chacun de vivre correctement? Vous avez empiré leur situation!

Fixer par législation le salaire minimum est donc, en fait, une très mauvaise et aussi paradoxale affaire, parce qu’elle nous rappelle qu’en matière de politiques publiques, la morale et les bons sentiments sont de bien mauvais guides. Personne n’a dit tout cela mieux que ce bon vieux Milton Friedman. Écoutez-le: «De telles législations [sur le salaire minimum] sont un exemple aussi clair qu’on peut le souhaiter d’une mesure dont les effets sont précisément à l’opposé de ceux que cherchaient à provoquer les personnes de bonne volonté qui les ont promues. […] Si tant est que des lois sur le salaire minimum aient un effet quelconque, c’est clairement celui d’augmenter la pauvreté [ma traduction]» (Capitalism and Freedom, Fortieth Anniversary Edition, p. 180). Dossier clos? Affaire suivante? Un tout petit moment, je vous prie… Derrière le consensus allégué… Il y a au moins trois contre-arguments à la position de Friedman et consorts. Le premier est que les faits sont bien loin d’être unanimes à leur donner raison. Surpris? David Card et Alan B. Krueger, par exemple, ont examiné aux États-Unis ce qui se passe quand au même moment un État augmente le salaire minimum et un autre pas (le New Jersey et la Pennsylvanie, en un cas).


> Leur conclusion, en un mot, est que l’influence de la mesure est nĂŠgligeable, voire positive. Paul Krugman rĂŠsume ainsi la situation: ÂŤAvant les travaux de Card et Krueger, la plupart des ĂŠconomistes, moi compris, pensaient qu’une hausse du salaire minimum aurait un rĂŠel effet nĂŠgatif sur l’emploi. Mais ce qu’on a observĂŠ, c’est plutĂ´t un effet positif. Ce rĂŠsultat a depuis ĂŠtĂŠ confirmĂŠ avec des donnĂŠes de diverses sources. Il n’y a donc pas de preuve que hausser le salaire minimum va entraĂŽner des pertes d’emploi, Ă tout le moins quand le plancher est aussi bas qu’il l’est aux États-Unis.Âť Il y a lĂ matière Ă dĂŠbat et Ă nuance, mais un fait demeure: la dramatique relation prĂŠdite est au moins bien loin d’être avĂŠrĂŠe. Le deuxième argument est que, comme on le devine avec ce qui prĂŠcède, l’unanimitĂŠ allĂŠguĂŠe des ĂŠconomistes n’existe pas. En 2014, l’Economic Policy Institute des ÉtatsUnis publiait une lettre signĂŠe par plus de 600 ĂŠconomistes, parmi lesquels quelques ÂŤprix NobelÂť, demandant qu’on hausse le salaire minimum. Ils ĂŠcrivaient notamment que des hausses du salaire minimum n’ont que peu ou pas d’effet nĂŠgatif sur l’emploi des travailleurs concernĂŠs, mĂŞme quand le marchĂŠ de l’emploi est faible, et ajoutaient que cette mesure pourrait mĂŞme avoir un lĂŠger effet de stimulation de l’Êconomie, puisque ces travailleurs dĂŠpenseront leur revenu additionnel. Le troisième est que cet argument est un troublant aveu: il nous dit que ce système ĂŠconomique, selon ses promoteurs, n’est pas en mesure de faire en sorte qu’en travaillant les gens sortent de la pauvretĂŠ, et ce, mĂŞme après des annĂŠes de croissance ĂŠconomique. Aux États-Unis, par exemple, la productivitĂŠ de l’Êconomie, selon Paul Krugman (2013), a presque doublĂŠ depuis un demi-siècle. Or, toujours selon lui, le pouvoir d’achat que confère le salaire minimum est aujourd’hui plus faible (je rĂŠpète: plus faible) que durant les annĂŠes 1960! Et que dire de cette tendance, devenue spontanĂŠe, Ă vouloir faire de l’Êconomie le seul et dĂŠcisif arbitre de ces questions qui sont pourtant politiques. Le type de sociĂŠtĂŠ au sein de laquelle nous voulons vivre est

une question qui ne se rÊduit pas à l’Êconomie et qui ne se rÊsout pas que par elle. Entre aussi dans cette Êquation, par exemple, la valeur (pas le prix!) que nous accordons au maintien d’une certaine ÊgalitÊ de condition, sans laquelle la pleine participation politique de chacun est un objectif difficilement atteignable.

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Une petite ĂŠnigme Au total, on est confrontĂŠ Ă une sorte de petite ĂŠnigme qui mĂŠrite rĂŠflexion: pourquoi donc les effets pourtant prĂŠdits par la thĂŠorie ĂŠconomique semblent-ils ne pas se produire? Une explication courante dit en gros ceci. La loi de l’offre et de la demande ne dit pas exactement que si le prix d’une chose augmente, la demande pour elle diminue. Elle dit que cela n’est vrai que si on ne tient compte de ces deux seules variables, sans prendre en compte une foule d’autres faits qui peuvent influer sur les prix. Or, justement, le marchĂŠ du travail est extraordinairement compliquĂŠ, il est plein de distorsions et constamment en dĂŠsĂŠquilibre. Les gens dĂŠcident de travailler ou pas, de travailler Ă quel endroit et combien de temps, pour une grande variĂŠtĂŠ de raisons, qui ne sont pas toujours rationnelles, du point de vue de la rationalitĂŠ de l’Homo economicus. Il en va de mĂŞme pour les employeurs, qui embauchent leurs employĂŠs pour toutes sortes de raisons, elles aussi parfois bien ĂŠtranges, toujours du point de vue de cette rationalitĂŠ. Si les employeurs sont tenus de mieux payer leurs employĂŠs, ils vont chercher sans doute des manières de les rentabiliser davantage en les faisant mieux travailler. De plus, ces mĂŞmes employĂŠs, jouissant dorĂŠnavant d’un meilleur salaire, vont ainsi travailler mieux, prendre plus au sĂŠrieux leur travail et tenter de le conserver.

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Henry Ford, rappelle Joseph Heath (dans son ouvrage Filthy Lucre), se fĂŠlicitait d’avoir augmentĂŠ grandement le salaire de ses ouvriers: c’Êtait, disait-il, la meilleure dĂŠcision qu’il avait prise pour... rĂŠduire ses coĂťts de production. y

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L’ART SOUS PRESSION MURAL EST DEVENU L’UN DES PLUS GRANDS RASSEMBLEMENTS D’ART URBAIN EN AMÉRIQUE DU NORD. POUR SOULIGNER SA QUATRIÈME ÉDITION PARTICULIÈREMENT GARNIE, NOUS METTONS EN LUMIÈRE COMMENT LE GRAFFITI EST DEVENU ACCEPTABLE SOCIALEMENT ET NOUS NOUS ENTRETENONS AVEC LE COLLECTIF A’SHOP, FIGURE DE PROUE DU GRAFFITI À MONTRÉAL. MOTS | ANTOINE BORDELEAU

Forme de revendication ancestrale, le graffiti remonte à la Rome antique, selon des traces qui ont été trouvées. C’est toutefois l’urbanité étouffante du New York des années 1960 qui a vu naître sa forme la plus reconnue. Ces lettrages souvent cryptiques et difficiles à déchiffrer qui ornent les trains et les murs de toute cité qui se respecte ont énormément évolué au fil du temps, au point où l’on peut aujourd’hui assister à la création de véritables chefs-d’œuvre de plus de dix mètres de haut. Cette forme d’art urbain a même réussi à se faufiler hors de son statut d’illégalité pour devenir respectée et reconnue en dehors du cercle restreint de la sous-culture qui l’a engendrée. Des événements massifs tels que le festival MURAL sont d’excellents témoins de la place de choix qu’occupe maintenant le graffiti dans le monde des arts visuels. S’étendant sur un long tronçon du boulevard Saint-Laurent, cet incontournable des amateurs d’art urbain montréalais invite des artistes de partout dans le monde pour laisser ceuxci s’exprimer sur de gigantesques murs de la métropole. Mais le festival ne laisse toutefois pas de côté les artistes d’ici. Effectivement, plusieurs gros noms du graff montréalais seront de la partie cette année. Du nombre, on peut compter sur la présence de deux membres du collectif A’shop, les artistes FONKi et ZEK.

Fondé en 2009, A’shop (prononcé comme un «à la shop» bien québécois) s’emploie à produire des œuvres pour différents clients commerciaux et privés. Passant des murs à la toile et tout ce qu’il y a entre les deux, les artistes du collectif maintiennent un souci esthétique qui s’ancre fortement dans leurs origines de tagueurs. Reconnus tous deux comme de réels pionniers de l’art urbain à Montréal, ZEK et FONKi étaient un choix évident pour les programmateurs de MURAL. Institutionnaliser l’illicite Mais comment s’est opérée cette transition de la rue vers les galeries pour un art somme toute rebelle? Selon FONKi, le shift s’est fait un peu avant sa propre venue sur la scène: «Moi, on peut dire que je suis dans la bonne génération. J’ai suivi les pas de ceux qui ont ouvert la voie. Quand j’étais très jeune, j’ai observé beaucoup d’artistes défoncer les portes. Fluke et ZEK ont réellement démocratisé cet art.» Cette acceptation du graffiti comme un art respectable est toutefois venue un peu plus tard à Montréal que dans les berceaux de l’art urbain. Effectivement, autant à New York qu’en France, les artistes initiateurs des années 1970-80 ont rapidement rejoint des cercles plus élitistes, tandis qu’ici on peut dire que c’est à la fin des années 1990 et au début des années 2000 qu’un public plus large s’est intéressé au graffiti.

> (EN HAUT) BICICLETA SEM FREIO, PHOTO | MURAL (EN BAS À GAUCHE) MISS TERI ET FONKI (À DROITE) FONKI PHOTOS | GRACIEUSETÉ FONKI


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> Alors qu’on peignait auparavant à la va-vite sur des murs ou des wagons dans la peur constante des autorités, on pouvait désormais combiner le côté rebelle du graffiti à des créations commanditées et des œuvres plus «acceptables» socialement. C’est cette révolution qui a préparé le terrain à la venue de nouvelles formes légales permettant aux artistes de démocratiser leur art et de le faire connaître sans être forcés d’œuvrer dans un anonymat total. La création en 1995 du festival Under Pressure, véritable messe sacrée du graffiti à Montréal tenue chaque année sur la rue Sainte-Catherine, a probablement été un des premiers signes probants d’un changement d’attitude de la Ville envers le pressionnisme. Le graff rejoint l’«establishment» Progressivement, l’art de rue est devenu une curiosité attrayante pour le commun des mortels. De plus en plus de commerces se targuent d’arborer un mur peint par tel ou tel artiste, et la vente de canettes va bon train. La fondation même de collectifs légitimes comme A’shop est une preuve notable de la bonne santé du milieu du pressionnisme. Lorsque Fluke a fondé la compagnie il y a sept ans, plusieurs artistes montréalais donnaient déjà dans la commande privée et commerciale. Certains d’entre eux n’avaient toutefois pas des aptitudes très développées de gestion et d’entrepreneuriat, ce qui aurait pu leur nuire à la longue. Possédant lui-même de bonnes capacités dans ces domaines, Fluke a donc roulé ses manches et s’est affairé à trouver des collaborateurs avec qui démarrer une entreprise qui offrirait à ses clients le talent d’artistes du graff tout en aidant ces derniers à gérer les aspects plus administratifs de leur art. Du côté de MURAL, c’est en 2013 qu’est né le festival. Il donne donc depuis la réplique à Under Pressure, s’établissant comme un peu moins «street» que son prédécesseur. On y vient comme amateur d’art, avant tout, alors que le public d’Under Pressure s’intéresse tout autant à l’ensemble de la sous-culture du graffiti qu’à l’art lui-même. MURAL répond à un groupe un peu différent, et montre que des artistes de tous horizons arrivent désormais dans le milieu du graff. On peut y voir des créateurs qui étaient, à la base, graphistes ou illustrateurs qui se lancent dans une forme plus massive d’art. Le pressionnisme a donc fait un tour complet. Partant au départ de manipulateurs de canettes nés de la rue, devenant ensuite une forme d’art établie, le street art est maintenant rejoint par des artistes qui viennent de milieux tout autres et qui n’ont pas nécessairement appris à la dure en peinturant dans la peur constante des policiers. Cette arrivée d’artistes de tous horizons sur la scène de l’art urbain dans les dernières années insuffle une nouvelle vitalité au mouvement. Les créations varient de plus en plus, et on assiste à des innovations dans un milieu qui aurait pu se mettre à stagner. De son côté, FONKi est d’avis que ce melting-pot est positif: «C’est un gros zoo! C’est comme un grand champ de campagne. Y en a qui aiment les pissenlits, d’autres qui disent que c’est de la mauvaise herbe, et des Italiens qui vont en faire une salade! Y en a pour tous les goûts de nos jours.» Une citation qui résume bien l’état actuel dans lequel se trouve l’art urbain, jouissant d’un dynamisme qui ne semble pas près de s’éteindre. y

BOUTIQUE

av. Mont-Royal/Fabre www.lebalconier.com

MURAL se tiendra du 9 au 19 juin 2016 sur le boulevard Saint-Laurent et tout autour, du Quartier des spectacles jusqu’au Mile-End


39 ROADTRIP (F)ESTIVAL C’est le temps de faire vos valises. on part sur la route! tous les mois, tous les jours même, voir vous parle de Ce qui se passe dans la Capitale et dans la métropole. mais aveC l’été qui arrive, ça nous démange un peu dans les mollets de nous lanCer dans des périples partout au québeC! et nous n’avons pas l’intention de nous ennuyer. sortez votre gros pouCe qui like au bord du Chemin! nous vous embarquons pour un roadtrip (f)estival! MOTS | SIMON JODOIN, VALÉRIE THÉRIEN, PHILIPPE COUTURE, MARIE PÂRIS, OLIVIER BOISVERT-MAGNEN, ANTOINE BORDELEAU ILLUSTRATIONS | ERIC GODIN


40 ROADTRIP (F)ESTIVAL VOIR MTL

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GASPÉSIE & BAS DU FLEUVE si nous devions éCrire un roman kétaine, il porterait le titre aller à la renContre de la mer. ça CommenCerait aveC les plus beaux CouChers de soleil du monde, sur les battures, et ça se terminerait aveC un lieu mythique, un immense roCher aveC un trou dedans sur une Carte postale et une réserve d’oiseaux marins. ah! mais non. ça ne suffirait pas! C’est un réCit d’aventures qu’il nous faut! un vrai, aveC une bonne énigme et une fin étonnante! Car sous les CliChés, le bas-saint-laurent et la gaspésie gardent enCore tous leurs seCrets.

O1 NOVA LUMINA DE MOMENT FACTORY MOTS | VALÉRIE THÉRIEN

Fort du succès de son parcours nocturne multimédia Foresta Lumina, illuminant le parc de la Gorge de Coaticook depuis 2014, Moment Factory fait des petits. Cet été, la boîte montréalaise accroît son offre d’expériences touristiques québécoises uniques en proposant deux nouveaux événements du même type au Québec: Nova Lumina à Chandler, Gaspésie, ainsi que Anima Lumina au Zoo de Saint-Félicien, Saguenay–Lac-Saint-Jean. Les deux parcours ouvriront à la mi-juillet. «Cette idée de magnifier la beauté naturelle d’une forêt la nuit grâce à une expérience multimédia a marqué les imaginaires, indique Julie ArmstrongBeaulieu, responsable des communications chez Moment Factory. Nous souhaitons chaque fois que notre expérience soit unique, inspirée du lieu qui l’abrite, et respectueuse de son environnement.» Le parcours présenté à Chandler se situera à l’em-

bouchure des rivières du Grand Pabos, dans un sentier développé sur 1,5 kilomètre en bord de mer. La thématique sera cette fois-ci autour de la terre et du ciel. Voici les détails de Moment Factory: «Le concept du parcours est qu’à Chandler, pour une raison mystérieuse, les étoiles sont tombées du ciel et se sont échouées sur la grève. Guidés par les lumières de la voûte céleste, les visiteurs feront un voyage mythique entre ciel et terre. La mission qui leur sera confiée sera de porter la lumière d’une étoile tout au long du parcours et de la retourner au ciel.» Nova Lumina, tout comme son grand frère Foresta Lumina, saura à la fois vous émerveiller et vous faire vivre des émotions fortes. Une expérience à vivre en amoureux, entre amis ou bien en famille. Pour vous donner une meilleure idée du type d’expérience proposé par Moment Factory, Élise Magnan Bélanger, chargée de communication à la Ville de Montréal, nous a dit quelques mots sur sa visite de Foresta Lumina: «On se sent rapidement transporté dans un autre univers, avec les jeux de lumière, les sons et les différentes stations qui longent le parcours. Le fait que le parcours se déroule de nuit ajoute au sentiment de magie. On se promène en forêt, dans les magnifiques gorges. La traversée du pont suspendu, de nuit, est un peu effrayante. Il y a une porte illuminée qui nous attend à l’autre bout du pont et qui


donne un peu l’impression d’une lumière au bout d’un tunnel. Ayant fait le parcours avec de jeunes enfants, j’ai trouvé ça fascinant de voir la magie dans leurs yeux tout au long du parcours. Ils étaient complètement émerveillés et on se laisse facilement emporter avec eux.» Pour ce qui est du parcours au Zoo de Saint-Félicien, on vous en glisse un mot dans les pages dédiées au Saguenay–Lac-Saint-Jean! novalumina.com zoosauvage.org/animalumina forestalumina.com

O2 BOIRE & MANGER La Gaspésie voit revenir de plus en plus de jeunes talents qui l’avaient quittée pour aller étudier ailleurs ou s’installer dans de grandes villes. Des cuisiniers, des brasseurs et autres jeunes entrepreneurs reviennent en terre natale pour mettre en valeur ses produits et son terroir. On citera ainsi Carl Pelletier, de Couleur Chocolat à Sainte-Annedes-Monts, ou la chef Colombe St-Pierre au Bic… En direction de Rimouski, une pause s’impose à Auclair, au domaine Acer, pour déguster et/ou acheter ses boissons alcoolisées issues de la vinification de la sève d’érable. Pour tout savoir sur l’érable, de l’arbre au verre, il y a même des visites commentées jusqu’en octobre. Pour ceux qui préfèrent le houblon, plusieurs arrêts microbrasserie sont à faire dans la région, notamment Aux Fous Brassant à Rivière-du-Loup et à Le Bien, Le Malt à Rimouski. La Tête d’Allumette, à Saint-André de Kamouraska, a la plus belle terrasse du Québec. On y va pour déguster de nombreux saucissons et fromages québécois accompagnés de leur bière – leur IPA est tout bonnement délicieuse. La Tête d’Allumette accueille également plusieurs concerts pour les mélomanes de ce monde. Ils font également des pogos à la saucisse de cerf sur place! La région de Kamouraska est aussi célèbre pour son agneau délicieux. Et la réputation des plantes marines comestibles n'est plus à faire pour épicer vos repas; vous pouvez vous procurer des herbes salées du bas du fleuve pour concocter un gigot d'agneau au goût renversant! Aux Jardins de la Mer, à Saint-Germain, on vous propose de découvrir les plantes marines comestibles via une initiation à la récolte respectueuse. On peut également suivre des

NOVA LUMINA

ateliers pour en apprendre plus sur les tisanes sauvages et médicinales ou les recettes à base de plantes marines. Tout au bout de la péninsule, c’est la brasserie Pit Caribou qui remporte les honneurs. La brasserie comme telle se trouve à l'Anse-à-Beaufils tandis que le pub est situé dans le centre du village à Percé. La réputation de la brasserie dépasse largement nos frontières: leur Brown ale américaine a été déclarée meilleure bière brune au monde lors du plus récent World Beer Awards! Et pour pimenter un peu le voyage, réservez un repas à la Ferme BOS G: c’est la seule ferme du Canada qui élève des yacks…

O3 QUOI FAIRE Sea Shack, Sainte-Anne-des-Monts Tout l’été L’auberge festive de Sainte-Anne-des-Monts est un haut lieu d’amusement, de batifolage et de plaisir avec, en bonus, une vue féérique du SaintLaurent. Encore une fois cette année, la programmation musicale a de quoi provoquer une belle ride de char. Entre juin et août, s’y produiront Samito, Planet Smashers, Koriass, Quebec Redneck Bluegrass Project, Socalled et Groovy Aardvark.


42 ROADTRIP (F)ESTIVAL VOIR MTL

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Festival en chanson de Petite-Vallée Du 30 juin au 9 juillet À titre d’artistes passeurs, Les Trois Accords seront en vedette cette année à Petite-Vallée, emblématique festival/école qui a permis de révéler Vincent Vallières, Daniel Boucher, Bernard Adamus et Louis-Jean Cormier sur une période de plus de trois décennies. Côtoyant de jeunes auteurs-compositeurs de la relève, plusieurs artistes bien établis donneront des prestations, notamment Chloé SainteMarie, Dumas, Plume, La Bronze et Mononc’ Serge. BivouaK’alooza, Saint-Jean-Port-Joli 27 août Même s’il est officiellement situé dans la nébuleuse région fourre-tout de Chaudière-Appalaches, ce tout nouveau festival de Saint-Jean-Port-Joli se pose comme l’un des premiers arrêts de qualité dans votre trip vers le Bas-du-Fleuve. Dans la lignée de certains autres nouveaux festivals, comme la Grosse Lanterne, BivouaK’alooza propose une expérience festivalière complète, incluant show, démesure et camping. Bernard Adamus, Canailles, Quebec Redneck et Phil Brach y seront. Irène sur Mars au Quai des arts de Carleton Du 12 juillet au 12 août Dans le paysage du théâtre estival, souvent ringard, l’équipe du Théâtre À tour de rôle fait un bel effort de création en laissant de côté les comédies puériles au profit d’un théâtre léger mais inspiré. Cet été, une nouvelle pièce de Jean-Philippe Lehoux propulse une mère de famille au cœur d’un projet de colonisation de la planète rouge. L’auteur est bien connu pour ses pièces qui posent un regard frais et allumé sur le tourisme et l’Occidental voyageur. Musique et littérature au Café de la Grave, Havre-Aubert, Îles-de-la Madeleine Si vous êtes déjà passés par les Îles, vous connaissez le Café de la Grave. On y va pour la bouffe du terroir, mais surtout pour les soirées de musique improvisées où les musiciens voguent de table en table dans la joie. Depuis quelques années, le Café est aussi devenu réputé pour ses soirées littéraires et citoyennes: hommage à Ducharme, Laferrière ou Miron… Contes sur la grève et marathon de pouce avec Patrick Dubois, Carleton Dès le 16 juin Voici un conteur pas comme les autres: Patrick Dubois a pris l’habitude de s’installer sur la grève de Carleton, au pied du phare, au coucher du soleil,

pour raconter les histoires oubliées de Carleton. Mais cet été, il invite aussi les Gaspésiens et les passants à un «marathon de pouce» visant carrément à encourager les gens à faire de l’autostop et à se conter des histoires sur la route.

O4 SUR LA ROUTE Premier conseil, lâchez l’autoroute 20 dès La Pocatière pour rouler tranquille dans le Kamouraska par la route 132. Et ensuite, aussi souvent que vous le pouvez, lâchez même la 132, que ce soit pour aller vers le fleuve ou vers les terres. Vous ne voulez pas manquer le rang Mississipi entre Saint-Germain et Saint-André. Vous y trouverez même une très chouette randonnée, par le sentier du Cabouron, qui offre une vue imprenable sur les terres et le fleuve. Le fleuve et les battures volent évidemment la vedette dans la région. Les occasions sont nombreuses pour une balade à respirer les effluves salins. Prévoyez impérativement un arrêt dans le parc côtier Kiskotuk entre Cacouna et L’Isle-Verte. Gros coup de cœur. Faites le «tour» de la Gaspésie en traversant la péninsule par la route 299, entre Sainte-Annedes-Monts et New Richmond, qui passe à travers le parc national en longeant la Cascapédia. Tellement plus joli. Prévoyez beaucoup de temps dans la baie des Chaleurs. Pensez à aller faire une balade dans le coin de Miguasha, au bord de l’eau, au bout de la pointe qui s’avance dans la baie, juste en bas du Camping de l’Érablière. Bonaventure et sa rivière du même nom ont aussi beaucoup à offrir, comme une saucette dans le rapide du Malin, un secret local bien gardé! La base de plein-air camping Cime Aventures offre aussi plusieurs bons plans pour goûter la rivière en kayak ou en canot. Percé, destination ultime et fort courue de la péninsule, a aussi ses secrets. D’abord, si vous arrivez par le sud, prenez la route d’Irlande, qui coupe à travers les terres à L’Anse-à-Beaufils, pour vous y rendre. L’île Bonaventure et le rocher se laisseront deviner peu à peu. Ne négligez surtout pas le réseau de sentiers en haut de la route des Failles. On y trouve une vue à couper le souffle. Et pour bien respirer le vent de la mer, avec un peu moins de monde, faites donc un tour du côté de la rue de la Plage, entre Coin-duBanc et Rang-Saint-Paul... Vous vous souviendrez de ce conseil! y


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CÔTENORD & CHARLEVOIX en remontant la rive nord du fleuve, où les paysages de Charlevoix vous Coupent le souffle, vous aurez envie d’aller plus loin. toujours plus loin! osez donC un peu! roulez plus loin que tadoussaC, pour une fois! vous redoutez l’aller-retour? vous avez tort. le truC, C’est de prendre son temps et de ne pas s’arrêter aux mêmes endroits en revenant sur vos pas. parCe que C’est beau partout, la Côte-nord. une beauté rude et tranquille. n’hésitez plus! allez vous faire fouetter par le vent marin qui souffle au nord du 50e parallèle!

On fait des mauvais jeux de mots mais...

ON SAIT FAIRE DE LA BONNE BOUFFE!

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O1 LE FESTIF! MOTS | CATHERINE GENEST

Une vague humaine déferle sur petite ville champêtre de Baie-Saint-Paul, jardin d’Éden du peintre paysagiste un peu vieillissant en temps normal. Du 21 au 24 juillet, la rue Saint-Jean-Baptiste se fait belle pour accueillir les musiciens inscrits à l’affiche et les mélomanes qui, fait rarissime, trinquent (ensemble) sur les mêmes terrasses. Le genre de trucs qui ne peut arriver qu’au Festif!, un événement à échelle humaine inclusif et familial. D’ailleurs, que les mères et pères coolio se rassurent d’emblée: les poussettes sont plus que bienvenues à l’abord des scènes. Fondé en 2009 par un type ultra motivé répondant au nom de Clément Turgeon, Le Festif! gagne en notoriété à une vitesse folle. Après avoir accueilli des artistes de la trempe d’Alpha Blondy, le carnaval charlevoisien parvient à hameçonner Cat Empire pour une seconde fois en trois étés. Le genre de prise qui, forcément, doit faire pâlir leurs compétiteurs d’envie. Notez-le à l’agenda tout de suite: les membres du groupe australien, mélangeurs habiles de musiques latines, de ska et de reggae, feront cadeau de leurs chansons au jour 1 de l’événement, soit le jeudi 21 juillet à 21h30. Les artistes de la Belle Province ne sont pas en reste, qu’ils soient en démarrage d’une prometteuse carrière ou au sommet de leur célébrité. Pensons, dans l’ordre, à l’attachante Safia Nolin et à Plume Latraverse, poids lourd indémodable enclin à un retour triomphant ces mois-ci. S’il fallait associer Le Festif! à un genre musical, on opterait sans hésiter pour le folk, à la crème de ce qui fait dans cette branche et ses dérivés bluegrass ou country au Québec. En rafale et pour vous convaincre, une liste d’invités tout sauf piquée des vers: Canailles (démarreurs de partys par excellence), la harpiste et chanteuse Basia Bulat, les poètes terreà-terre d’Avec Pas d’Casque ainsi que les supervedettes montréalaises Half Moon Run. Un mince échantillon, il va sans dire. On tend à l’oublier, mais la foire de BSP fait aussi une belle place aux troupes circassiennes et autres amuseurs publics, comme en écho aux balbutiements du Cirque du Soleil, mythique compagnie fondée en ces lieux (précisément: au regretté Balcon Vert) il y a une trentaine d’années. Cette année, on aura droit aux tours de piste de la polyvalente formation clownesque The Brostreets et du duo Christophe et Bruno – des gars de Québec.

La fiesta se poursuit après le couvre-feu, la nuit bien installée, sur le terrain de camping officiel en bordure du parc du Gouffre. Le choix d’hébergement optimal pour vivre l’expérience totalement, au rythme des petits concerts improvisés et autres shows qui se dévoileront à brûle-pourpoint via l’application ou simple par le bouche-à-oreille. lefestif.ca

O2 BOIRE & MANGER La Route des Saveurs de la région de Charlevoix a été la première route gourmande créée au Québec, il y a 20 ans. C’est qu’il y a de quoi découvrir au rayon gastronomie! Envie de restos? On s’arrête d’abord au Mouton Noir, à Baie-Saint-Paul. À ses débuts, le bistro était une boîte à chansons gérée par des hippies. Au fil du temps, la vocation culturelle a laissé plus de place à la cuisine et aux produits locaux – mais des soirées musicales y sont encore organisées. La star de Charlevoix, c’est définitivement le veau. Osso buco, onglet, côtelettes... Sous l’appellation «Veau Charlevoix», créé il y a 35 ans, le veau est élevé dans un réseau de fermes familiales de la région et selon un cahier des charges rigoureux. Les Viandes Biologiques de Charlevoix ont aussi la cote. Ce label, qui prône l'élevage naturel de proximité, propose du porc, du poulet et des charcuteries. Sur la Côte-Nord, on s'arrête à la Maison de la Chicoutai pour goûter à ce petit fruit du terroir, un incontournable de la route des saveurs de la région. On mange ce fruit orangé dans des desserts, gâteaux ou yogourts, en confitures ou gelées, ou on fait infuser ses feuilles. Il existe aussi une liqueur québécoise à base de ce fruit, la Chicoutai. Pour découvrir d’autres produits de la région, rien de tel que de faire un tour des marchés publics de la Table Bioalimentaire de la Côte-Nord, qu’on trouve notamment à Tadoussac, Baie-Comeau, Sept-Îles et Longue-Pointe-de-Mingan. Côté houblon, on vous suggère de vous arrêter à la microbrasserie St-Pancrace, à Baie-Comeau, à la microbrasserie Tadoussac (censée ouvrir bientôt) et, surtout, à la Microbrasserie de Charlevoix. Avec une réputation qui n’est absolument plus à faire, elle est un incontournable de la région. Produisant depuis 1998 de nombreuses bières primées par les fanatiques brassicoles, elle est l’une des plus connues du Québec. La Dominus Vobiscum, dans toutes ses déclinaisons, est un élixir à la belge qui ne laisse personne indifférent.


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Et quoi de mieux pour accompagner sa pinte qu’un bon gros morceau de fromage? Là, le choix est vite fait: le Migneron de Charlevoix. Crémeux et aromatique, il est notamment parfait pour cuisiner, à faire fondre sur un plat. Un emblème de la région...

O3 QUOI FAIRE Festival de la chanson de Tadoussac Du 9 au 12 juin En 33 ans, le Festival de la chanson de Tadoussac en a fait du chemin. Ce qui était jusqu’en 1992 un événement somme toute confidentiel est devenu, avec les années, un incontournable du circuit des festivaliers québécois. La programmation mélange encore une fois révélations (Rosie Valland, Caroline Savoie, Safia Nolin, Ponteix, Pandaléon, CaltârBateau) et artistes établis (Thomas Fersen, Dumas, Isabelle Boulay, Les sœurs Boulay, Galaxie, Poirier). La Otra Orilla 7 juillet au Domaine Forget (Saint-Irénée) La salle Françoys-Bernier accueille Myriam Allard, spécialiste incontestée du flamenco contemporain et Andalouse de cœur. Elle nous présente Moi & Les Autres, solo rythmé par la présence de trois musiciens. Un spectacle qui s’inscrit dans le cadre du Festival international du Domaine Forget, avec une riche programmation majoritairement musicale étalée sur tout l’été. Festival Innu Nikamu Du 4 au 7 août (Mani-Utenam) Situé à une quinzaine de kilomètres de Sept-Îles, le village de Florent Vollant se fait hôte d’un des plus importants festivals de musiques autochtones du continent. Une 32e édition pour ce pow-wow nouveau genre et inclusif qui regroupera des artistes du Québec, du Labrador et des Amériques. Une occasion unique, et un cadre naturel enchanteur, pour découvrir la culture des Premières Nations. Festival du conte et de la légende de l’Innucadie Du 5 au 15 août (Natashquan) Que les admirateurs de Fred Pellerin se le tiennent pour dit: le conte se dépoussière bien au-delà des frontières de Saint-Élie-de-Caxton! À Natashquan, les amants de la tradition orale s’inspirent du voisinage entre Innus et Acadiens. Une démarche intrigante, originale et nécessaire.

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O4 SUR LA ROUTE L’image de l’archipel de Mingan étant devenue l’icône de la Côte-Nord, plusieurs semblent avoir l’impression qu’il faudrait s’y rendre à toute vitesse et en revenir. C’est un mauvais plan. Vous devez d’abord remonter lentement la rive nord du SaintLaurent pour prendre le temps de bien goûter Charlevoix et ses nombreux attraits. Là, il faut s’arrêter partout: Petite-Rivière-Saint-François, Baie-Saint-Paul, Île aux Coudres... la liste est longue. Ne manquez surtout pas le détour par Portau-Persil dans le coin de Saint-Siméon et Cap-auxOies, entre Les Éboulements et Saint-Irénée. Ensuite, comme tout le monde, vous voudrez prendre une pause à Tadoussac. Bonne idée, mais vous n’êtes pas seuls à y avoir pensé… Allez donc voir du côté de Grande-Bergeronne et Les Escoumins, juste un peu plus loin, où une promenade sur les caps rocheux – beaucoup plus tranquille – et une visite du Centre d’interprétation et d’observation de Cap-de-Bon-Désir s’imposent. Aucun doute, c’est sur la Côte-Nord qu’on trouve les plus belles plages qui bordent le Saint-Laurent. Prévoyez impérativement un arrêt à Saint-Pauldu-Nord et à Portneuf-sur-Mer pour vous en rendre compte. Vous trouverez aussi des kilomètres de sable autour de Sept-Îles, comme la plage de Val-Marguerite à l’ouest et les plages Monaghan, Ferguson, Routhier et Lévesque à l’est. Il serait dommage de ne pas prévoir une balade pieds nus. Reste qu’à partir de Sept-Îles, il n’y a qu’un seul chemin pour circuler d’est en ouest sur la rive nord du Saint-Laurent et que la voie principale, la route 138, détermine inévitablement votre itinéraire. Vous serez certainement récompensés pour tous ces kilomètres en passant beaucoup de temps dans le parc national de l’Archipel-de-Mingan, où il vous faut absolument vous rendre sur les îles. On ne vous a pas menti dans les publicités, c’est magnifique et dépaysant. Tentez donc le kayak de mer. Ensuite, vous avez le choix… Aller au bout de la route et revenir sur vos pas, ou partir encore à l’aventure vers la Basse-Côte-Nord par la mer jusqu’à Blanc-Sablon! De là, vous pourrez choisir de revenir à Baie-Comeau par le Labrador (1710 km!) ou encore traverser à Terre-Neuve pour revenir par les provinces maritimes… Bon voyage! y

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MONTÉRÉGIE, ESTRIE, BEAUCE & CENTRE-DU-QC s’enfonCer dans les terres... C’est le projet qui vous attend en visitant la rive sud du saint-laurent entre montréal et québeC. on pourrait même parler du garde-manger de la provinCe pour désigner Cet oCéan de terres Cultivables! évidemment, l’estrie aveC ses jolies montagnes et ses beaux villages vole un peu la vedette dans nos imaginaires, mais il faut aller plus loin, Car des surprises vous attendent en desCendant la rivière Chaudière, en Coupant à travers les Champs en beauCe ou en longeant le fleuve. inutile de faire vos Courses avant de partir, vous trouverez tout sur plaCe!

O1 LA GROSSE LANTERNE MOTS | OLIVIER BOISVERT-MAGNEN

Un site enchanteur, une forêt mystérieuse, un camping au bord de l’eau, des mélomanes juste assez festifs, une programmation sans faille… Forte de deux éditions concluantes, La Grosse Lanterne de Béthanie se positionne comme l’une des meilleures expériences festivalières au Québec. L’influence des festivals à l’européenne (lire: ceux qui offrent la possibilité de «dormir» sur place) se fait de plus en plus vive au Québec. Après les exemples types/trash de Woodstock en Beauce et du Rockfest, voilà que sont récemment apparus Le Festif!, AIM Experience, Virage et La Grosse Lanterne. Plus que jamais, les organisateurs de festivals musicaux vendent une expérience complète plutôt qu’une simple programmation. Du lot, la GL se pose comme le meilleur entre-deux: un mélange assez naturel de folies nocturnes/

prématinales et de civisme ordonné, mené par un corps de sécurité aussi sympathique que rigide (notamment en ce qui a trait aux fouilles d’entrée et au bodysurfing, qui était curieusement interdit l’an dernier pendant Malajube). Bref, on peut faire la fête comme on l’entend et se rendre au bout du rouleau, sans toutefois encaisser les débordements inhérents aux autres festivals-campings chaotiques. Cette année, la programmation se diversifie avec panache, laissant de côté son parti pris hip-hop des dernières années pour mettre en valeur, plus généralement, les artistes locaux qui sont en voie de marquer l’année 2016. On pense notamment à Groenland, actuellement en studio, à Klô Pelgag, qui fera paraître en septembre un deuxième album, et à Lisa LeBlanc, qui aura potentiellement du nouveau matériel en français à proposer. Autrement, on aura droit à Dead Obies, Brown, Safia Nolin, Chocolat, et bien d’autres. Mais au-delà de la programmation, établie par Bonsound, qui coordonne l’ensemble de l’événement, le festival béthanien se démarque par la beauté de son site, un lieu conquis par les adeptes de cottes de mailles et d’épées en mousse qui s’y


Location de véhicules rendent pour d’incontournables jeux grandeur nature. Le temps d’une fin de semaine, la faune change, mais l’endroit reste tout aussi bucolique. À lui seul, le récit d’une journée typique a de quoi émerveiller (ou presque): on installe sa tente sur le bord de la rivière Noire, on tente d’aller s’y rafraîchir en s’égratignant le coude sur une roche, on pique une petite promenade dans l’off-road de la forêt, on va voir quelques shows dans un état de plus en plus second, on se met à jaser proche des grills/BBQ dans l’optique bien précise de se faire donner de quoi à souper, puis on s’installe pas trop loin du grand château, en fin de soirée, pour profiter des gros DJ sets et des basses fréquences qui empêcheront probablement Robin Kerr de dormir. En plus, c’est à 2h19 de Québec/1h30 de Montréal, et – nouveauté appréciable – il y a des navettes qui partent de la métropole si vous n’avez pas de permis et/ou de char et/ou de volonté de conduire en état semicomateux. grosselanterne.com 12 et 13 août 1801 chemin de Béthanie

O2 BOIRE & MANGER Plusieurs festivals auront lieu cet été. Ça commence à Victoriaville avec Fromages, Bouffe et Traditions, du 17 au 19 juin. Au programme: des camions de bouffe de rue et des exposants qui cuisinent le fromage d’ici et plusieurs produits locaux. Et puis il y a le vétéran, le Festival de la Poutine de Drummondville, où l’on goûte à toutes sortes d’étranges, exotiques ou romanesques poutines du 25 au 27 août – tout en profitant de concerts. Pour un repas un peu plus fancy, un arrêt s’impose à Saint-Apollinaire, village de Lotbinière de 5000 âmes sis en bordure de l’autoroute 20. C’est là que le Canard Goulu y a fait son nid, une ferme artisanale qui enorgueillit (avec raison!) les habitants du comté. On profite de notre visite pour ramener leur succulente sauce à spaghetti et faire le plein de rillettes, en vue, pourquoi pas, d’un petit pique-nique au majestueux Domaine Joly.

En Estrie, on mange bien sûr du canard du Lac Brome, une viande québécoise connue à l’international pour sa chair tendre et savoureuse. Élevé au bord du lac et sans gavage, ce canard se déguste sous forme de confit, pilons, rôti, rillettes, saucisse, pâté, terrine… Côté microbrasseries, on est gâtés: La Memphrée (Magog), Le Siboire (Sherbrooke), les Brasseurs de West Shefford (Bromont), La Société (Saint-Georges), Microbrasserie Coaticook (Coaticook), Microbrasserie Moulin 7 (Asbestos), Multi-Brasses (Tingwick), Microbrasserie BockAle (Drummondville), Microbrasserie l’Hermite (Victoriaville)…

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Et puis, il y a Frampton Brasse. Ce n’est pas qu’une simple microbrasserie: en plus de brasser des bières de dégustation équilibrées et raffinées, ses brasseurs cultivent sur le terrain même de la brasserie les différents houblons et l’orge destinés à leurs préparations. Leur Stout Impérial russe, avec ses arômes de chocolat et de fruit mûr, est un pur délice. Bien qu’assez élevée en taux d’alcool (10,5% alc./vol.), elle se laisse déguster tranquillement. Moins amateur de bière? Magog accueille la Fête des Vendanges les 12 et 13 septembre. L’occasion de goûter à différents crus locaux… Sur la route des vins, on peut notamment s’arrêter dans les Cantons-del’Est pour acheter le vin gris de l’Orpailleur. Arômes de litchi, pamplemousse… Il est vraiment surprenant, et pas mal plus original qu’un vin de glace.

O3 QUOI FAIRE La nuit du point couvert 20 et 21 août, Gould L’événement écoresponsable est voué à la rencontre avec les artisans et les producteurs locaux. Il y aura un grand événement musical avec Les Guerres d’l’Amour et Les Deuxluxes sous le pont couvert McVetty-McKenzie. Le Buvard, la librairie ambulante de l’auteur et éditeur Michel Vézina, sera sur place avec des auteurs et des musiciens, des bouquins et des rafraîchissements, tout comme l’autobus du Musée du Rock’n’roll pour de l’art visuel et de la musique!

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Sherblues & Folk 6 au 10 juillet, Sherbrooke

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Bien ĂŠtabli en plein cĹ“ur du centre-ville, le festival annuel est l’un des plus achalandĂŠs Ă Sherbrooke après seulement huit ans d’existence. C’est le groupe quĂŠbĂŠcois Bears of Legend qui ouvrira le festival le 6 juillet alors que l’AlgĂŠrien d’origine Rachid Taha se chargera du concert de clĂ´ture le 10 juillet. Betty Bonifassi, Jim Zeller, Safia Nolin, Whisky Legs et Les Colocs avec Guy BĂŠlanger et Élage Diouf y seront ĂŠgalement. Beat & Betterave Tout l’ÊtĂŠ, Frelighsburg Nouveau petit cafĂŠ culturel situĂŠ sur la rue Principale du magnifique village de Frelighsburg, Beat & Betterave offre des concerts chaque semaine ainsi que la dĂŠgustation de produits alimentaires locaux. Pour son premier anniversaire le 10 juin, le cafĂŠ se paye le festif groupe Tintamare. Au cours de l’ÊtĂŠ, vous pourrez aussi y voir le groupe punk trad CarottĂŠ et le bluesman Bob Walsh.Â

O4 SUR LA ROUTE Aller se perdre dans les cantons... Est-ce une expression qui existe? En tout cas, c’est sans doute l’objectif que vous devriez vous fixer pour vous faufiler dans les dÊdales de routes et bien prendre la mesure de ces paysages si distincts et uniques au QuÊbec. Et pourquoi vous arrêter là ? Les itinÊraires possibles se marient si bien avec une visite de la Beauce et du Centre-du-QuÊbec.

'( 5$%$,6 685 &200$1'( 3285 (03257(5 5(67$85$17 725,, 686+, %28/ /( &$55()285 /$9$/ 4& + 6 - 725,,686+, &20

Pour un beau circuit par le sud, rendez-vous entre Bedford et Dunham pour prendre la 237 vers Frelighsburg. De lĂ , perdez-vous dans les petits chemins pour vous rendre Ă Abercorn ou vous emprunterez le chemin des Églises qui vous mènera sur le chemin de la VallĂŠeMissisquoi. Vous remontez ensuite vers le nord par la 243 qui passe par Mansonville pour vous rendre Ă Eastman. Dans les alentours, on vous conseille fortement un arrĂŞt Ă Sutton pour le village et son parc d’environnement naturel ainsi qu’à Lac-Brome et Knowlton. Ce sont d’excellents ports d’attache pour visiter la rĂŠgion et vous ravitailler. L’aventure dans les cantons continue après Magog et Sherbrooke. Un dĂŠtour pour passer Ă North Hatley, très beau village au bord du

Les vendredis Ă la Fromagerie du Presbytère Tout l’ÊtĂŠ, Sainte-Élisabeth-de-Warwick Les fromagers en ont ĂŠtĂŠ les premiers surpris: le vendredi soir, les gourmands se sont mis Ă dĂŠbarquer avec leurs chaises pliantes et leurs bouteilles de vin pour dĂŠguster du fromage frais et faire la fĂŞte au son des chansons jouĂŠes par quelques musiciens spontanĂŠs. L’ÊvĂŠnement a grossi, est devenu une tradition, accueillant des centaines de personnes. De mai Ă octobre, c’est la fĂŞte. Festival CinĂŠ-Vue Du 1er au 7 aoĂťt, en Estrie Visionner un film dans un train touristique reliant Sherbrooke, Magog et Eastman. Passer une soirĂŠe vin et cinĂŠma Ă bord d’un bateau voguant sur le lac MemphrĂŠmagog. Regarder un long mĂŠtrage sur grand ĂŠcran au sommet du mont Orford. Ce sont quelques-uns des contextes inusitĂŠs de projection que proposera le tout nouveau festival CinĂŠ-Vue, un ĂŠvĂŠnement qui crĂŠe le dialogue entre tourisme et cinĂŠma. Ça nous intrigue.

lac Massawippi, un très bon plan pour faire vos emplettes, et Ă Coaticook pour aller visiter le parc de la Gorge vaut vraiment les quelques kilomètres vers le sud. C’est cependant vers le nord-est qu’il faudra possiblement continuer votre route. Ă€ partir de Cookshire-Eaton, prenez la 108 qui vous mènera au parc national de Frontenac en bordure du lac Saint-François et ensuite dirigezvous vers Saint-Georges, en Beauce. De lĂ , remontez vers le nord en longeant la rivière Chaudière en passant par Notre-Dame-desPins et Beauceville. À Sainte-Marie, traversez la rivière pour rejoindre le rang SaintÉtienne sur la rive ouest et continuez de longer la rivière pour rejoindre la route 171 qui vous mènera jusqu’à Saint-Étienne-de-Lauzon et ensuite jusqu’à la 132, la route Marie-Victorin, qui longe ĂŠvidemment le fleuve. Vous devriez saisir toutes les occasions de vous arrĂŞter entre Saint-Nicolas et Gentilly. La balade vous offre plusieurs points de vue sur les terres agricoles et le fleuve tout en traversant plusieurs jolis villages. Après avoir passĂŠ le lac Saint-Pierre, Ă Yamaska, prenez la 235 qui longe la rivière jusqu’à Massueville. Vous pouvez ainsi continuer Ă travers les rangs pour vous rendre Ă SaintHyacinthe afin de visiter le marchĂŠ public, un des plus vieux du QuĂŠbec, ainsi que tout le quartier du centre-ville qui grouille de petits commerces. y


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LAURENTIDES, OUTAOUAIS & ABITIBI nombreux sont Ceux qui se rendent dans les laurentides ou dans l’outaouais pour un aller-retour vite fait au Chalet, au bord d’un laC. il y a pourtant un grand voyage à faire en passant par l’abitibi et le témisCamingue! rien à faire là, pensez-vous? allons donC! si vous n’avez jamais fait la grande bouCle pour traverser Ces quatre régions, il vous reste pas mal d’asphalte à avaler! il y a autre Chose que des épinettes et des mouChes noires dans Ces Contrées. Ce n’est pas si loin… suffit de prendre son temps.

O1 SAINT-JÉRÔME FOLK MOTS | ANTOINE BORDELEAU

Bien que la capitale des Laurentides soit trop souvent considérée comme seulement la porte d’entrée vers les montagnes et sites touristiques abrités par cette région luxuriante, il y a beaucoup à y faire et à y voir pour qui sait où regarder. Du nombre, on peut compter sur la présence d’un petit festival pas piqué des vers, âgé d’à peine un an. Le Saint-Jérôme Folk revient effectivement cet été, après avoir obtenu un succès plus qu’appréciable l’an dernier. Une première pour la région Initiative de la Ville de Saint-Jérôme, en collaboration avec En Scène, le festival a effectivement eu un achalandage souhaitable malgré son annonce assez tardive l’an dernier. «On cherchait avant tout à aller chercher le monde des Laurentides, et la réponse a été vraiment bonne. Surtout, c’était bien de voir la diversité du public; on avait beaucoup de jeunes autant que des plus vieux, particulièrement

au show de Safia Nolin avec Richard Desjardins!», explique le programmateur David Laferrière. Un joli coup de programmation, il faut l’admettre! Sous son œil aiguisé, le SJF s’axe sur des concerts de fin de semaine, plutôt que de tenter de s’étendre sur dix jours consécutifs. Il s’agit là d’un choix astucieux, puisqu’il peut être plus difficile d’aller chercher un large public un mardi soir à SaintJérôme pour un festival somme toute naissant. Le but ultime de l’organisation est toutefois de créer un engouement assez important pour permettre au festival de se concentrer. David mentionne que «déjà, on a resserré la programmation sur trois fins de semaine plutôt que quatre. D’ici quelques années, on devrait avoir assez d’attention pour faire ça sur plusieurs jours de suite». Le folk sous toutes ses coutures Comme son nom l’indique, c’est la musique folk qui fait battre le cœur du festival, mais pas seulement dans sa forme la plus pure. On peut également y entendre tout autant du country que du rhythm and blues, en passant par l’americana et le delta-blues. Bien que la programmation de cette année soit un peu plus pop que la dernière, il y en a assurément pour tous les goûts. Fait à noter, il s’agit pour la plupart de groupes qui n’ont pas joué dans la région cette année, et le SJF jouit donc d’une certaine exclusivité.


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450-227-0218

On y va donc tout autant pour la découverte d’artistes un brin plus modernes que pour entendre des incarnations plus classiques du style. La programmation de cette année fait manifestement écho à cette volonté des organisateurs de jongler avec le neuf comme avec le vieux. En effet, alors que l’on pourra y entendre de jeunes artistes tels que Philippe Brach, Emilie & Ogden ou The Seasons, les vétérans québécois Plume Latraverse et Stephen Faulkner seront également de la partie. En plus du volet musical, le festival comptera cette année sur la présence de deux troupes de danse in situ, qui s’exerceront durant le dernier week-end: Danse To Go et Atypique – Le Collectif. sjfolk.ca

O2 BOIRE & MANGER Impossible de faire un détour par les Laurentides sans faire un arrêt à la fabuleuse microbrasserie Dieu du Ciel! à Saint-Jérôme, endroit de choix pour les palais fins amateurs de houblons bien intenses. Avec vingt lignes de fût sur place, leur pub offre une sélection très étendue de leurs produits prisés. La succulente Disco Soleil, IPA brassée avec des kumquats, est la meilleure accompagnatrice lors d’une chaude journée d’été. À Mirabel, le voyageur fait un petit crochet à Négondos, un vignoble familial ambiance champêtre. On y déguste et achète des vins biologiques. À la carte: trois blancs secs, un vin mousseux blanc, deux rouges et un vin fortifié, mais aussi du sirop de cassis, des confitures et des vinaigres. On peut également y visiter les vignes, les machineries agricoles et le chai. Ceux qui feront la route vers l'Abitibi devraient trouver de quoi se mettre sous la dent à La Sarre, où la fromagerie La vache à Maillotte concocte des fromages parmi les plus délicieux du Québec. Notamment l’Allegretto, un fromage à pâte ferme fait de lait cru de brebis... En passant par Lachute, pensez à ajouter du bison à votre menu! La ferme Grand Duc, complètement autonome, se spécialise dans cet élevage et propose des viandes, saucisses, terrines et autres produits de bison garanti sans hormones de croissance ni antibiotiques. À Sainte-Adèle, Les Têtes de Cochon justifient une pause: à la fois restaurant, boucherie,

épicerie fine et café-charcuterie, on y trouve aussi bien des mets préparés que des vins d’importations privées. Tous leurs produits sont bios et proviennent de producteurs locaux. Et les fromages? On se ravitaille à Sainte-Sophie, dans la ferme familiale et fromagerie biologique des Fromagiers de la Table ronde. Sus au Rassembleu et au Fleuron, des fromages à pâte persillée, au Fou du Roy, une pâte demi-ferme à croûte lavée, au Ménestrel affiné un an ou au Courtisane, un délicieux fromage à pâte molle… Et puis, il y a les festivals… Du 9 au 11 juin, le Festibière de Rouyn-Noranda rassemble des brasseurs de toute la province. À la miaoût, on va faire un tour à Ville-Marie pour profiter de la Foire gourmande de l’AbitibiTemiscamingue et du Nord-Est ontarien, qui se tient du 12 au 14 août. Et le 21 août, c’est la Route du terroir d’Abitibi: un circuit de huit kilomètres qui propose des kiosques de produits locaux et régionaux, d’artisanat et de créations culinaires.

O3 QUOI FAIRE AIM Saint-André-d’Argenteuil Du 15 au 17 juillet 2016 Malgré une première édition quelque peu gâchée par la pluie, le festival électronique revient avec une deuxième édition prometteuse. Loin de l’espace formaté d’Île Soniq, AIM propose une formule 32 heures de musique non-stop avec camping aux abords du parc Carillon de Saint-André-d’Argenteuil, entre Lachute et Mirabel. Encore une fois, la programmation vaut à elle seule le détour, avec Carl Craig, Felix Da Housecat, H.O.S.H., Magda, Red Axes et Nick Holder. DesBouleaux Fest Mirabel – 19 et 20 août Le petit cousin du Rockfest propose deux jours d’humour, de skateboard et de musique punk/hip-hop. Autoproclamé «le festival le plus convivial au nord du Rio Grande», le DesBouleaux signe une sixième programmation du tonnerre, avec le grand retour des Sainte Catherines, la virée hardcore d’Obey The Brave et le show rodé au quart de tour de Dead Obies. On pourra également y voir Get The Shot, Mute, Exterio, Solids et Dig It Up.


51 Rockfest Montebello – Du 23 au 26 juin Même si plusieurs festivaliers ont encore de la difficulté à se remettre de leur 10e édition, il faut plus que jamais prendre son courage à deux mains et retourner affronter l’indomptable Rockfest. Comme d’habitude, Montebello sera viré à l’envers par des dizaines et des dizaines de milliers de festivaliers, prêts à tout pour vivre une expérience de rock aussi chaotique que stimulante. Jane’s Addiction, Ice Cube et Rise Against y seront. Festival des Arts de Saint-Sauveur Saint-Sauveur – Du 3 au 13 août La danse est la vedette de ce rendez-vous follement audacieux, un festival estival qui se démarque avec une programmation franchement très riche et axée sur les arts de la scène. Louise Lecavalier, increvable tornade blonde, y présentera par ailleurs So Blue, mémorable spectacle qu’elle a elle-même chorégraphié. Aussi inscrits à l’affiche: Yannick NézetSéguin (avec l’Orchestre Métropolitain), Martha Wainwright et Bryan Arias, qu’on a découvert comme interprète au sein de Kidd Pivot. La FÉE de l’Abitibi-Témiscamingue Amos – 19 au 21 août La Fête éclectique envahissante (FÉE) propose encore cette année une intéressante programmation composée surtout de groupes marginaux et alternatifs. Ça passe du gros rock psychédélique de party (Les Hôtesses d’Hilaire) à la chanson humoristique (Émile Bilodeau) en passant par le hip-hop (Eman X Vlooper) et la pop-country (Mara Tremblay). Chose certaine, ce sera la folie dans les rues d’Amos pour la FÉE.

O4 SUR LA ROUTE «Monter dans les Laurentides»… L’expression est passée dans les usages. Ici, on va vous proposer plutôt d’y descendre! C’est-à-dire qu’on va d’abord monter vers le nord par le chemin le plus long, question de faire une boucle. On se rend d’abord à Ottawa, qu’il vaut bien la peine de visiter. D’ailleurs, il y a l’exposition de Joseph Beuys au Musée des beaux-arts du Canada. Vous devriez y aller lentement, en longeant la rivière des Outaouais, par la 344 et ensuite la 148. Prenez donc deux jours, tiens. Ensuite, après Ottawa, vous avez deux choix. Pour vous enfoncer dans l’Outaouais, vous vous lancez sur la route 105 et sortez à Chemindes-Pins pour prendre le chemin de la Rivière qui longe la Gatineau. Si vous continuez toujours tout droit, vous êtes en route vers Mont-Laurier.

PHILIPPE BRACH, PHOTO | LE PETIT RUSSE

Mais pour faire une très grande boucle qui donne le sentiment de se rendre au bout du monde, il faut dépasser Ottawa par la 417 et rejoindre la route 17 en direction de North Bay. Mais vous n’y irez pas! À Mattawa, demeurez attentifs et prenez la 533, une petite route sinueuse qui coupe à travers la forêt. Vous êtes en route vers Témiscaming. Passez ensuite par Ville-Marie et prenez les routes qui vous plaisent pour vous rendre à Rouyn-Noranda! Et là, vraiment, cette ville a du beat. Posez-y vos valises pour visiter un peu la région. On note au passage la FAR, Foire d’art de Rouyn au Centre d’exposition, qui sera présentée tout au long de l’été dès le 10 juin. Et allez donc passer de bons moments au Cabaret de la dernière chance! Et voilà! C’est ainsi qu’ensuite, on descend dans les Laurentides! Vous traversez la réserve faunique de La Vérendrye par la 117 et vous arriverez très zen dans la région du Mont-Tremblant. Le parc national à lui seul vaut la visite. Entrez par le poste d’accueil du lac Caché à l’est de La Macaza et laissez-vous dévorer par la nature! y


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LANAUDIĂˆRE & MAURICIE elles vont si bien ensemble, Ces deux rĂŠgions! surtout quand on CirCule par le haut pays, entre saint-donat et shawinigan. avouez que vous n’aviez pas pensĂŠ passer par Ces petites routes entre Champs et montagnes. vous devriez! C’est tout un pĂŠriple qui vous attend, jusqu’à la rivière saint-mauriCe bordĂŠe par une des plus belles routes du quĂŠbeC. vous pouvez aussi longer le fleuve par le Chemin du roy, plus vieille route du pays. auCun doute, si faire quĂŠbeCmontrĂŠal ne vous prend pas deux semaines, C’est que vous avez roulĂŠ trop vite.

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O1 FESTIVAL DES MARIONNETTES INACHEVÉES MOTS | PHILIPPE COUTURE

Trois-Rivières ne serait pas Trois-Rivières sans les Sages Fous. La compagnie de théâtre de marionnettes et théâtre d’objets, l’une des plus inventives au Québec en cette matière, profite depuis longtemps de la période estivale pour envahir le Vieux-Trois-Rivières avec ses personnages fantasmatiques et ses histoires irréelles et oniriques. Une année sur deux, leur Théâtre Insolite s’installe aux abords de l’église Sainte-Cécile un week-end par mois et déploie ses mondes ludiques à la tombée de la nuit. L’année suivante, place au Micro-festival de marionnettes en chantier, qui se tient cette année du 7 au 11 juin et propose de voir le travail d’artistes des États-Unis, de la France, de Hongrie et du Québec. Deux lieux à retenir: la microbrasserie Le temps d’une pinte, qui accueille la soirée d’ouverture le 7 juin, et la Maison de la culture de Trois-Rivières, qui est l’hôtesse d’une soirée cabaret les 10 et 11 juin. «Chez Les Sages Fous, dit l’adjointe à la direction Valérie Provost, on croit à l’expérimentation devant public. Le Micro-festival présente des spectacles de théâtre d’objets en cours de création, pour permettre aux artistes de se confronter au public en cours de route. C’est une célébration de l’imperfection. Les créateurs viennent chercher un retour sur leur travail, un dialogue constructif. C’est un moment privilégié pour participer à la fébrilité de la création théâtrale, pour goûter l’ivresse du saut dans l’inconnu, pour vivre les émotions fortes des premiers pas. On invite des compagnies d’expérience, certaines ayant une importante réputation internationale, et des compagnies de la relève, qui partagent la scène et s’accompagnent mutuellement dans leur étape de création.» Le festival accueille notamment une importante compagnie de Brooklyn, Lone Wolf Tribe, connue pour ses marionnettes expressives et son délicieux humour noir. De Hongrie, le Nylon Group débarque avec sa performance singulière dans d’immenses structures gonflables en forme de mains. De France arrive la compagnie Mouka, qui «aime à côtoyer l’onirisme et la réalité du

quotidien, faisant s’entrechoquer le merveilleux et le monstrueux. Elle détaille l’Homme sous ses coutures les plus intimes et développe une esthétique de la scène oscillant entre une poésie fragile et un regard acéré sur notre humanité». Le Micro-festival des marionnettes en chantier est aussi une vitrine sur quelques artistes québécois, notamment le délirant Théâtre Sous la Tuque, mené par le rigolo comédien Carl Vincent, ou la compagnie de théâtre multidisciplinaire Tenon Mortaise, spécialisée en théâtre de marionnettes pour jeune public.

O2 BOIRE & MANGER Aucun doute, Lanudière est une région gourmande. Du 8 au 10 juillet, on se rend à Saint-Calixte au Rendez-vous de la Grillade: plusieurs chefs et pâtissiers proposent des mets inspirés des saveurs du monde et offrent des démonstrations culinaires. Autre festival, les Délices de Lanaudière, à Saint-Zénon, où de nombreux produits du terroir lanaudois sont en vente sous un grand chapiteau (22 et 23 juillet). À faire aussi: le broue-pub de la Microbrasserie Trou du Diable. Situé à Shawinigan, le pub a une réputation qui le précède, car cette micro reçoit prix après prix depuis des années. Ses bières, en plus d’être illustrées d’étiquettes magnifiques, se laissent boire seules ou en accord avec toutes sortes de mets. Du lot, on pense tout de suite à l’excellente IPA «Tropicale» Les 4 surfeurs de l’Apocalypso, une bière forte qui sait étancher les plus grandes soifs. La Mauricie a aussi beaucoup à offrir. La fromagerie F.X Pichet, à Sainte-Anne-de-laPérade, propose parmi de nombreux produits biologiques et artisanaux Le Baluchon, un des meilleurs fromages bios de la province. Au centre du même nom, à Saint-Paulin, on teste le restaurant: la cuisine fait la part belle aux richesses du terroir et au savoir-faire des producteurs locaux. Question boisson, on passe par À la fut, une microbrasserie-coopérative de travail qui fait des bières incontournables et décorées de nombreux prix à Saint-Tite! On vous recommande aussi un arrêt à SaintGabriel-de-Brandon: le vignoble biologique et familial Saint-Gabriel propose aussi bien des rouges que des blancs et des vendanges tardives. Le personnel y est très sympathique,


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et on discute facilement avec ces passionnés sans voir le temps passer. Un plus pour tous les produits à base de lavande qu’on peut également s’y procurer. Pour les amateurs de tracteurs, le propriétaire a un petit musée de 100 véhicules anciens! Sinon, l’endroit est doté d’une très jolie terrasse, où l’on peut boire tranquillement son vin accompagné de charcuteries et fromages, en regardant les vignes…

O3 QUOI FAIRE Philippe Brach en concert Aux berges du lac Castor Saint-Paulin, le 20 août Situé en pleine forêt, le site du lac Castor est un petit paradis pour les amoureux de plein-air: randonnées pédestres, kayak, rabaska et tutti quanti. Mais deux soirs par été, le site accueille un gros concert en plein air et on vous conseille vivement la soirée du 20 août avec Philippe Brach, qui vient défendre son album avec trois musiciens et sûrement quelques extravagances. Amenez vos amis en camping rustique ou dans la chaleur de l’auberge et sortez votre plus belle voix pour chanter en chœur. «Alice / Viens-t’en / On va escalader des bonsaïs!» Festival de Lanaudière 9 juillet au 7 août, Joliette La musique classique est mise en avant-plan pendant tout un mois pour une 37e année à Joliette. «Classique en pleine nature», dit le slogan du Festival de Lanaudière, événement qui présentera en ouverture le célèbre pianiste Alain Lefèvre qui jouera pour l’occasion le Concerto no 1, La tempête (op.18) et Roméo et Juliette de Tchaïkovski. Le pianiste Charles RichardHamelin et l’OSM seront aussi du festival. Festivoix de Trois-Rivières Du 24 juin au 3 juillet Arrêt obligatoire des artistes québécois dans le vent, le Festivoix nous revient avec une programmation tous azimuts et gonflée à bloc. On pourra y apprécier l’électro aux rythmes presque tribaux de Foxtrott, le flamboyant Anatole, les chansons de plus en plus up-tempo de Cœur de Pirate et l’héroïne locale Ingrid St-Pierre, qui a par ailleurs pondu un fort joli disque (Tokyo) en novembre dernier. Festival Mémoires et Racines Du 27 au 30 juillet à Joliette et Saint-Charles-Borromée Joliette, c’est la ville fétiche de la musique trad au Québec et la région qui sait le mieux honorer les

traditions québécoises en tous genres. Proposant notamment cet été un spectacle de Nicolas Pellerin et les Grands Hurleurs, le festival Mémoires et Racines est également tout à fait ouvert sur le monde: on peut autant y voir un groupe de néotrad québécois qu’un band irlandais de passage.

O4 SUR LA ROUTE Lanaudière se trouve un peu coincée entre les Laurentides, région fort touristique aux populaires montagnes de ski, et la Mauricie, pays des rivières où règne le Saint-Maurice, si bien qu’on l’oublie trop souvent. C’est pourtant une région magnifique qu’on gagne à découvrir à travers des rangs qui forment une courtepointe chaleureuse que vous devriez parcourir en long et en large. Pour un premier plongeon en zone agricole, vous pourriez commencer par vous rendre à Sainte-Marcelline-de-Kildare, au nord de Joliette, pour prendre le rang du Pied-de-la-Montagne. Il vous mènera jusqu’à la route 131 où vous pouvez ensuite remonter jusqu’à Saint-Jean-de-Matha. Passez le village et empruntez le rang Saint-François vers l’ouest qui vous mènera à Saint-Gabriel. Vous pouvez alors continuer par les terres pour vous rendre à Saint-Didace et ensuite Saint-Paulin, mais prenez le temps de descendre la route 148 pour une balade au parc des Chutes-de-Sainte-Ursule. C’est un petit diamant local qui vaut certainement le détour. À Saint-Paulin, la base de plein air Aux berges du lac Castor est une des meilleures options pour poser vos valises quelques nuits. On y loue des huttes, chalets, chambres et terrains de camping au bord d’un lac sans voisins où il fait bon vivre. Un réseau de sentiers bien entretenus permet plusieurs circuits de courtes randonnées. Pour approcher la Mauricie, faites un détour par Saint-Élie-de-Caxton et prenez la 351 qu’on appelle aussi la Route des Lacs. Vous aurez ensuite le choix de rentrer dans le parc de la Mauricie par le chemin Saint-François ou aller vous poser à Shawinigan. Explorez abondamment cette région ainsi que le parc qui offre une multitude de possibilités pour la randonnée, les rives du Saint-Maurice, le lieu historique des Forges. Satisfaction garantie. Un autre coup de cœur, un peu plus à l’ouest, le parc régional de la rivière Batiscan. Un lieu idéal pour le camping et où on trouve plusieurs bons plans pour se dégourdir les jambes. La rivière à elle seule mérite vraiment le coup d’œil. Un excellent port d’attache pour visiter l’est de la rivière Saint-Maurice, notamment les jolis villages comme Champlain et Batiscan au bord du fleuve qu’il ne faudrait surtout pas oublier! y


O1 VIRAGE MOTS | OLIVIER BOISVERT-MAGNEN

Être sur le party tout en trouvant des pistes de solution pour la refonte de notre société, voilà l’intrigant défi que vous proposent de relever les organisateurs de Virage. Né des cendres du Fabuleux festival international du Folk sale, l’événement attire mélomanes, chercheurs, artistes, militants et curieux aux abords du magnifique fjord. C’est en 2014, juste après la troisième édition du Folk sale (mythique festival aux contours trash qui attirait près de 3000 festivaliers), que la mini-municipalité de Sainte-Rose-duNord a manifesté avec fermeté ses volontés. Malgré les retombées économiques du projet, les quelque 400 résidents n’appréciaient pas le tapage et la déchéance sous-jacente à une foule bigarrée, composée de quelques éléments douteux. On raconte même que plusieurs individus allaient jusqu’à se baigner nu dans le fjord… C’est pour dire. Résultat: le festival, en dépit de sa constante croissance, a dû cesser ses activités. Loin de se décourager, les organisateurs ont eu la brillante idée de rectifier le tir et de préciser leur volonté primaire: celle de s’amuser dans un cadre écoresponsable. Ainsi est né Virage, une «fabrique d’idées», où l’échange et la rencontre se conjuguent à un brassage de réflexions et à un amour pour la musique. Copropriétaire de l’auberge Aventure Rose-des-Vents, à quelques secondes à peine du site du festival, Kim Limoges a assisté à la première édition du festival. «Les gens savaient pas trop à quoi s’attendre l’an dernier. On avait en tête le Folk sale, mais en même temps, on savait que ça allait être très différent», raconte l’aubergiste, qui compare l’événement à la défunte ÉchoFête de Trois-Pistoles. «Cette année, je pense que c’est beaucoup plus clair: il y a des conférences et des ateliers le jour, et le soir, c’est le party. D’ailleurs, il y a une dérogation de la municipalité pour le samedi 2 juillet afin que les festivités se poursuivent toute la nuit.»

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SAGUENAY / LAC-SAINT-JEAN réglons quelque Chose: lâChez un peu les bleuets! oui, C’est vrai que C’est bon et qu’on s’en régale, mais on a fait le tour. le laC, C’est autre Chose! le saguenay aussi. il y a de l’aCtion par iCi. un beat inCroyable! on a parfois le sentiment d’être à la mer sur les plages magnifiques du laC et, en longeant le saguenay, on se sent minusCules, Comme entre deux oCéans. bon ça va… si vous insistez… prenez quelques bleuets en route, mais surtout, n’oubliez pas de prendre aussi un grand bol d’air!

Ainsi, des chercheurs, politiciens et militants (notamment l’ex-chef d’Option nationale Jean-Martin Aussant et le politologue de l’IRIS Philippe Hurteau) côtoient des groupes folk punk festifs (entre autres Grimskunk, Carotté et Robert Fusil et les chiens fous) dans cette programmation, qui met également en vedette le collectif Nulle Part Nord et le rappeur montréalo-gatinois D-Track. La conscience environnementale est évidemment au centre de la démarche: on boit nos consommations dans un buck réutilisable, on met nos butchs dans nos poches et on évite les bouteilles en verre, vu que le camping (qui accueillera au maximum 500 festivaliers) est situé sur un «pâturage pour vaches et veaux». Loin de tomber dans la moralisation à outrance, les organisateurs font tout en leur pouvoir pour installer une ambiance sympathique et cordiale. Bref, à Virage, l’alcool et les festivités jusqu’à 4-5 heures du matin ne sont pas des obstacles à la réflexion. viragefest.com


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BOIRE & MANGER

QUOI FAIRE

Pour goûter aux délices locaux apprêtés par un chef, on va souper au Bergerac. Dans ce restaurant bien établi depuis une vingtaine d’années, les mélanges de saveurs sont surprenants et sentent bon le terroir: assiette de vivaneau, fenouil confit, mousseline de pois chiches, filet de cerf rouge, sauce aux noisettes et oignons confits… Autre endroit typique: le Café Cambio. Le temps passe, mais cette coopérative de travail poursuit sa mission sans en déroger. Ici, on mange bio et on boit équitable dans une ambiance franchement décontractée et chaleureuse. Gros bonus: la salle de spectacle Le Sous-Bois située juste en bas du resto. Après une balade aux abords du photogénique parc de la Rivière-aux-Sables, on étanche notre soif à deux pas de là et sur la «Main» de Jonquière, la fameuse rue Saint-Dominique. Fréquentée par les étudiants comme par les professionnels du coin, La Voie Maltée sert ses bières aux noms pittoresques comme La Gigonne (une stout à l’avoine) ou la Malcommode, blanche aux arômes de banane et de blé. Vous voulez plus de bière? Bâtie sur des valeurs d’attachement au terroir et un amour sincère de la région qui l’a vue naître, la Microbrasserie du LacSaint-Jean produit un grand nombre de brassins distinctifs. Situé à deux minutes du lac, le petit bistro annexé à la brasserie sert en fût toute sa gamme, en plus d’exclusivités passagères. Leur Tante Tricotante, une triple belge bien exécutée, vaut assurément le détour. Tant qu’à être à la microbrasserie, on fait un tour à la Fromagerie Médard toute proche, actuellement gérée par la sixième génération de la famille. On y sonne une cloche le matin quand le fromage en grains est prêt… À déguster après un bon repas typique de la région, une tourtière et un dessert aux bleuets! D’ailleurs, si vous aimez les bleuets, direction la Bleuetière et pépinière de Parisville: on peut aussi bien y cueillir des fruits qu’y acheter des plants à ramener chez soi. Il y a aussi les Délices du Lac, situé à Albanel, chouette commerce qui propose des chutneys, confitures, gelées, beurres, mais aussi des soins pour le corps. Aux bleuets, bien sûr. Pour ceux qui préfèrent le raisin (fermenté), le Festival des Vins du Saguenay fête cette année sa dixième édition. L’occasion de rencontrer des vignerons de partout dans le monde et de goûter à plein de bonnes bouteilles.

Anima Lumina Saint-Félicien Dès la mi-juillet Moment Factory, studio montréalais qui perfectionne l’art des productions immersives, propose une nouvelle expérience multimédia au Zoo sauvage de Saint-Félicien. Anima Lumina est un parcours nocturne magique qui rend hommage au parc, à la faune et à la flore en mettant en lumière tous les sons de la Boréalie et de la vie animale. La nature n’aura jamais été si fantastique. Festival international des rythmes du monde Chicoutimi – Du 10 au 13 août Montées sur la rue Racine, véritable poumon de la vie socioculturelle chicoutimienne, les deux scènes de l’événement accueilleront une pléiade d’artistes d’ailleurs et d’ici pour un blitz musical de trois jours. Une 11e édition marquée par les percussions et la voix chaude du Sénégalo-Québécois Élage Diouf, l’afrobeat aux accents électro du talentueux Samito, les guitares tonitruantes de Galaxie et la pop raffinée d’Ariane Moffatt. La Fête des Saveurs et Trouvailles Jonquière – Du 5 au 7 août À la place Nikitoutagan, on mange le terroir! À déguster: charcuteries, chocolats, vins, cidres, fromages, bières… Et quand vous serez rassasiés, vous pourrez aller rencontrer des artisans de partout au Québec (plus de 90 entreprises représentées) et profiter des spectacles de cette 13e édition. Farces médiévales du Théâtre 100 Masques Pulperie de Chicoutimi Du 5 juillet au 24 août, les mardis et mercredis Au Saguenay, le Théâtre 100 Masques est l’une des rares troupes québécoises à oser un répertoire très peu fréquenté: des farces méconnues du MoyenÂge! Pièces paillardes et coquines qui exposent des relations parfois violentes mais souvent amusantes, ce sont des comédies sans complexes, qui vont droit au but. Les titres, en soi, sont imagés et prometteurs: La farce du pet, La farce du cuvier et La farce du pâté et de la tarte. Le metteur en scène Dario Larouche, artiste de théâtre incontournable de la région, est aux commandes.


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O4 SUR LA ROUTE Sauf si vous ĂŞtes pressĂŠs â€“ ce qui n’est vraiment pas le plan du siècle en vacances â€“ et si la mĂŠtĂŠo ensoleillĂŠe est de votre cĂ´tĂŠ, rejoignez le Lac-SaintJean par la route 155 qui longe le Saint-Maurice. Franchement, on le redit, c’est magnifique. Les surprises du paysage compenseront largement les kilomètres Ă parcourir. Tout ça pour un coup d’œil, un seul! Juste avant Chambord, après avoir traversĂŠ les forĂŞts entre La Tuque et Lac-Bouchette, lorsque vous apercevrez le lac. C’est une victoire sur la route. Vous ĂŞtes arrivĂŠs! Et c’est beau. Le lac Ă lui seul suffit comme attrait dans la rĂŠgion, mais ne manquez pas les jolis paysages qui se trouvent sur la rive nord, sur la route 169, entre Dolbeau-Mistassini et Alma. C’est lĂ qu’on trouve le parc national de la Pointe-Taillon, endroit idĂŠal pour un moment de plage, camper et se balader Ă vĂŠlo. Excellent plan familial.

Une visite Ă La Pulperie de Chicoutimi s’impose pour aller visiter la maison d’Arthur Villeneuve, ce fameux peintre-barbier au coup de pinceau indisciplinĂŠ qui passait sa vie Ă peindre les murs de la rĂŠsidence familiale, ce qui deviendra son magnum opus. Le Saguenay se savoure au fil de l’eau. C’est lĂ qu’on prend la mesure du paysage. Par la route, transgressez la voie principale aussi souvent que vous le pouvez. Par exemple, entre Saguenay et La Baie, passez par le rang Saint-Martin et la route de l’AnseĂ -Benjamin. Sur la rive nord, près de SacrĂŠ-CĹ“ur, faites un dĂŠtour par L’Anse-de-Roche en passant par le chemin de l’Anse-Creuse et le rang Saint-Joseph. Si vous le pouvez, revenez vers QuĂŠbec en passant par la route 382, entre La Baie et Baie-Saint-Paul. Vous irez ainsi Ă la rencontre des montagnes de l’arrière-pays de Charlevoix en traversant le parc national des Grands-Jardins. Une route magnifique et mĂŠconnue. y

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ALEXANDRE TAILLEFER DE LA MAIN GAUCHE

LES RÉGIONS, QU’OSSA DONNE? Je dois l’avouer, le discours des Montréalais est souvent unidirectionnel. Nous balayons trop souvent du revers de la main le sort des régions en insistant sur l’importance de Montréal à titre de centre économique du Québec. On se dit: « Si Montréal a du succès, les régions en bénéficieront». Cette mentalité n’est pas étrangère à l’approche économique promue par les néolibéraux, le trickle down effect ou l’effet de percolation. Si les riches s’enrichissent, ceci aura un effet bénéfique envers toutes les strates de la population. Nous savons aujourd’hui que cette approche économique ne fonctionne pas. Elle n’aura permis finalement qu’une concentration accélérée de la richesse. Ni pour Montréal, ni pour les centres urbains du Québec, ni pour le monde rural, un tel système n’est viable. Il faut changer notre approche. Un milieu de vie dynamique et réinventé Dédé Fortin chantait «qu’y est tombé une bombe su’a rue Principale depuis qu’y ont construit le centre d’achat!» De nombreuses villes ont en effet choisi d’adopter des stratégies semblables à celles que l’on a développées dans les banlieues des grandes villes au cours des années 1970, avec les effets catastrophiques que l’on connaît sur la vitalité de nos centres urbains et sur la qualité de vie. Les nouvelles approches urbanistiques favorisant un milieu de vie riche et les échanges humains ont toutes autant de chance d’obtenir du succès dans une ville de 50 000 personnes qu’une ville qui en compte 3,8 millions. À la base de ce renouveau des villes, on retrouve une philosophie de densification urbaine misant sur la force d’un milieu de vie où l’on peut acheter ses produits, consommer de la culture, étudier et travailler. Le développement d’un cocktail transport intelligent favorisant le transport en commun, l’utilisation de vélos ou la voiture en libre-service. Une ville où il fait bon marcher, échanger, faire partie d’une communauté. Où les citoyens veulent s’investir, s’impliquer socialement et faire une différence.

La différence entre Montréal et Saguenay ce n’est pas une métropole versus une ville de région, c’est 25 quartiers versus un ou deux. La configuration des villes doit être revue en profondeur pour favoriser la marche, les échanges, le sentiment de communauté. Des exemples sont heureusement à suivre. Victoriaville et Saint-Hyacinthe me viennent spontanément à l’esprit. Ce sont des villes où l’on concentre les activités dans un secteur, où l’on bâtit autour des forces de la topographie et de la concentration des infrastructures. Ces villes connaissent des croissances démographiques importantes justement parce qu’elles ont mis en place des quartiers où les gens veulent vivre et se retrouver. Malheureusement, tout concourt depuis une décennie au rétrécissement de nos communautés rurales. Fermetures de gares, raréfaction du transport interurbain par autocar, réseaux Internet et sans-fil déficients, voire inexistants, abandon des quais fédéraux, sous-financement des musées et des lieux patrimoniaux, centralisation des services publics, industrialisation de l’agriculture, mécanisation et robotisation en foresterie comme dans les mines. On prend ici un grand respire, et on continue: services postaux compressés, fermeture des Conférences régionales des élus et élues, sous-financement des centres universitaires. Tout se passe comme si le droit à l’existence, en région, devait se payer d’une lente agonie. La granularité des économies Les stratégies de développement économique des régions ont souvent reposé sur de grands projets liés à l’extraction des ressources, à des alumineries, à des développements énergétiques. Ce sont certes des projets porteurs, mais qui créent malheureusement une grande dépendance envers un seul donneur d’ouvrage. En suivant cette voie, nous ne développons pas une économie forte et résiliente. On extrait le meilleur, au moindre coût, le plus rapidement possible. Les économies fortes sont composées de nombreuses entreprises. Plus elles sont petites et nombreuses, moins la dépen-


dance conjoncturelle est élevée. Oui à des locomotives industrielles, mais dans un cadre complémentaire, à condition qu’une économie locale se bâtisse dans la diversité. La mobilité L’accès facile au territoire est un réel enjeu. Rien ne favorise la mobilité aujourd’hui. Je suis convaincu que nous pouvons trouver des solutions innovantes pour le transport interurbain, comme il s’en développe dans les villes. Le transport ferroviaire est déficient et pourrait bénéficier d’investissements. Il y a des solutions possibles dans l’axe Québec-Montréal-Gatineau, et d’autres, pour relier les régions entre elles. Nous avons l’expertise à Saint-Bruno et La Pocatière pour construire des trains modernes et efficaces. Le transport aérien interrégional mériterait aussi un examen attentif. Le coût des billets d’avion pour les villes du Québec est actuellement complètement farfelu: 1000$ pour aller aux Îlesde-la-Madeleine? Pas étonnant que l’on choisisse la côte Est américaine pour nos vacances… Culture et tourisme La renaissance de la ville de Québec n’est pas liée qu’à la plus forte cohérence de son modèle institutionnel comparé à celui de Montréal. Elle n’est pas non plus le fait exclusif du dynamisme du milieu des affaires. Il y a de cela plus de 20 ans, feu le maire Jean-Paul L’Allier optait pour la culture et... la

beauté. En peu de temps, la capitale est devenue une destination touristique de haut niveau. Une solide infrastructure touristique et culturelle génère de la richesse. Ajoutez de la recherche universitaire de créneau, des ponts avec le milieu des affaires, et vous obtenez le plein emploi. Je suis convaincu que nous pourrions revitaliser et développer l’ensemble de notre territoire en optant pour l’approche L’Allier. Restaurons nos plus belles églises, soutenons nos musées régionaux, préservons nos paysages et offrons au monde entier notre riche patrimoine. Nos infrastructures touristiques mériteraient qu’un vaste programme d’investissement soit mis en place. Si davantage de solutions de rechange de qualité jumelées à des stratégies de promotion étaient mises en place, je suis convaincu que les Québécois opteraient pour des vacances chez eux. Pour une réussite collective Si Montréal est souvent décrite comme le poumon économique du Québec, il est temps de reconnaître qu’un corps requiert de nombreux organes en santé. Et si nous nous unissions et travaillions tous ensemble à nous rendre respectivement plus forts et plus résilients, en reconnaissant les forces propres à chacune des régions du Québec, de Montréal à l’Abitibi, de l’Outaouais à la Côte-Nord? Être fier de Montréal n’est pas renier Québec ou Amos. Bien au contraire. Nous avons besoin de gens fiers de leurs régions et qui travaillent ensemble à notre réussite collective. y

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Le grand retour du cocktaiL exit Les méLanges fLuo, Lourds et sucrés des années 1980: 30 ans pLus tard, Le cocktaiL revient en force pLus fin et éLégant. À La maison ou au resto, tout Le monde s’y met. et aLors que Les bars spéciaLisés se muLtipLient, La profession de bartender reprend ses Lettres de nobLesse... Le cocktaiL est mort, vive Le cocktaiL! MOTS | MARIE PÂRIS

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Qui a tué le cocktail? «Tom Cruise», rigole Marilyne Demandre, la cofondatrice d’Invasion Cocktail. Quand elle a lancé ce festival il y a trois ans, peu de barmen savaient vraiment faire de bons mélanges, et il était encore difficile de se procurer certains alcools ou accessoires de mixologie. Avec les années disco, les cocktails étaient devenus plus colorés, et l’industrialisation dans le domaine de l’alimentation et des jus avait fait sévèrement baisser la qualité et la popularité du cocktail... Mais on assiste aujourd’hui à sa renaissance: les Old Fashioned de Don Draper ont définitivement remplacés les Blue Lagoon que Tom Cruise mixait dans Cocktail. Un engouement grandissant que Maryline Demandre voit se manifester autour du festival: «On est passés de 22 à 36 établissements participants, et on inclut de plus en plus de restos.» La tendance a commencé à se faire sentir vers 2007 avec l’ouverture de bars spécialisés, comme la Distillerie, l’Assommoir et le Lab à Montréal, ou l’Atelier à Québec. «Le vrai boom, je l’ai senti en 2013, raconte Patrice Plante, mixologue et propriétaire de l’Atelier. Il y a eu l’influence de la série Mad Men et on a commencé à voir des chroniques mixologie dans les médias. Les clients se sont mis à poser plus de questions, à se renseigner sur les spiritueux utilisés...» Si le cocktail était auparavant considéré comme une boisson pour les filles ou pour les jeunes, c’est fini: il est reconnu aujourd’hui comme un mélange complexe, une véritable cuisine liquide pour fins palais. «Le cocktail est apprécié différemment. Ce n’est pas une mode, mais bien un nouveau mode de consommation, indique Marilyne. Avec le festival, on veut montrer qu’il y a une diversité dans les écoles de pensée, et montrer la recherche et le travail derrière un cocktail. On fait la promotion de boire moins mais mieux; bref, d’une meilleure consommation.»

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> Menu cocktails et mĂŠlanges maison Les classiques comme les Negroni redeviennent tendance, et on recherche des mĂŠlanges mieux balancĂŠs avec des ingrĂŠdients frais et lĂŠgers. Il n’y a qu’à voir l’Êvolution de la consommation des clients de l’Atelier – oĂš des brigades de bartenders vont d’ailleurs ĂŞtre mises en place, comme en cuisine: ÂŤEn 2012, on nous commandait 30% de cocktails et 70% de bières et vins; en 2016, c’est l’inverse, affirme Patrice. On a aussi observĂŠ une diminution de 70% de demandes de “cocktails mortsâ€? [ceux de Tom Cruise]Âť. Et la tendance ne gagne pas en popularitĂŠ que dans les bars: alors qu’avant on commençait volontiers l’apĂŠro Ă la maison avec un vin mousseux, on voit maintenant ĂŠmerger le cocktail, qui permet plus de fun et de crĂŠativitĂŠ que le vin. ÂŤEn AmĂŠrique du Nord, on n’est pas des sorteux, et on aime recevoir: on s’est donc naturellement mis au cocktail maison, explique Patrice. On peut aussi plus impressionner ses invitĂŠs en leur faisant un mĂŠlange qu’en dĂŠbouchant simplement une bouteille de vin...Âť Les cours d’œnologie ou de cuisine si populaires ont peu Ă peu ĂŠtĂŠ remplacĂŠs par un intĂŠrĂŞt pour la mixologie â€“ intĂŠrĂŞt qu’on constate notamment chez les 18-20 ans, une gĂŠnĂŠration qui n’a pas (encore) connectĂŠ avec le vin. Le cocktail se consomme aussi en mangeant, comme le souligne l’apparition de menus cocktails au resto. Si avant on faisait seulement appel aux mixologues pour crĂŠer les cartes, il y a aujourd’hui des barmen Ă temps plein dans les restaurants; bref, la renaissance du cocktail a aussi entraĂŽnĂŠ le renouveau de la profession. ÂŤCe mĂŠtier, c’est un savant mĂŠlange entre le savoir-faire, qu’on retrouve dans le terme “mixologueâ€?, et le savoir-ĂŞtre, sous-entendu dans le terme “bartenderâ€?Âť, souligne Patrice dans une jolie mĂŠtaphore liquide. La crĂŠativitĂŠ dans le shaker quĂŠbĂŠcois Un mĂŠtier qui demande une vĂŠritable intuition culinaire, une capacitĂŠ Ă bien doser et ĂŠquilibrer, une rigueur et de la crĂŠativitĂŠ – les mĂŞmes qualitĂŠs qu’un bon chef, en somme. Face au manque de main-d’œuvre qualifiĂŠe

pour assurer ce grand retour du cocktail, Patrice a crĂŠĂŠ trois ĂŠcoles de mixologie au QuĂŠbec. ÂŤĂ€ l’Atelier, un bartender sur deux veut en faire une carrière, assure-t-il. C’Êtait une profession de plan B qui devient maintenant reconnue.Âť D’autant qu’il y a de la demande, alors que de plus en plus d’ÊvĂŠnements connexes veulent intĂŠgrer de la mixologie dans leurs soirĂŠes. MĂŞme son de cloche chez Invasion Cocktail: ÂŤC’est une profession qui a beaucoup changĂŠ, oĂš il faut maintenant promouvoir sa marque professionnelle.Âť Certains s’en sortent plutĂ´t bien cĂ´tĂŠ branding, comme Romain Cavelier, auparavant bartender au Mal nĂŠcessaire Ă MontrĂŠal, et nommĂŠ meilleur mixologue du Canada lors de la finale du concours Made with Love en 2015, ou Andrew Whibley, ancien mixologue du Mme Lee et barman en chef au Cloakroom, qui a remportĂŠ la compĂŠtition Bacardi Legacy. De son cĂ´tĂŠ, Patrice Plante reprĂŠsentait le Canada Ă la finale du Concours Courvoisier, en mai dernier Ă Paris. Autant de noms qui montrent que le QuĂŠbec est plutĂ´t bien placĂŠ dans le domaine... Et pour cause: les QuĂŠbĂŠcois sont plus crĂŠatifs! BrimĂŠs par la lĂŠgislation provinciale, ils ont su tirer profit de cet inconvĂŠnient, comme l’explique Maryline: ÂŤLes QuĂŠbĂŠcois doivent faire preuve de plus de crĂŠativitĂŠ, car ils ne peuvent par exemple pas faire infuser leurs alcools â€“ une pratique qui se fait beaucoup aux États-Unis. La forte crĂŠativitĂŠ quĂŠbĂŠcoise se retrouve donc dans le cocktail...Âť ObligĂŠ de contourner la loi, Patrice fait par exemple vieillir ses sirops en fĂťt, au lieu d’y mettre ses alcools. Selon la cofondatrice d’Invasion Cocktail, si la Colombie-Britannique ĂŠtait en avance sur le QuĂŠbec, ça n’est plus le cas maintenant. D’ailleurs, sur les 14 Canadiens finalistes de la compĂŠtition de mixologie Made with Love 2015, les 3 premiers ĂŠtaient quĂŠbĂŠcois - cette annĂŠe, deux QuĂŠbĂŠcois ĂŠtaient sur le podium, dont le grand gagnant. Une fiertĂŠ que partage Patrice Plante: ÂŤIci, on est chaleureux et pas très gĂŞnĂŠs, ça aide dans les compĂŠtitions! Et je pense vraiment que d’ici cinq ans le QuĂŠbec aura une place ĂŠtablie dans le monde du cocktail...Âť y

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ambiance prohibition entrée dissimuLée, déco des années 1920 et atmosphère tamisée: La tendance est aux speakeasys. ces étabLissements qui imitent Les bars américains À La fin de La grande dépression font notamment Leur apparition À montréaL. Le concept: se cacher… pour mieux attirer Les cLients. MOTS | MARIE PÂRIS

PHOTO | DREAMSTIME.COM

«La Loi: – Laissez vos armes à l’entrée – La politesse est de mise, respectez vos voisins – Les demoiselles ne sont pas là pour vous. Amenez les vôtres – Pas de limite sur les boissons tant que vous pouvez les tenir – Pas de cellulaires! Socialisez! – Ne parlez pas de politique, religion ou futur braquage – Les bagarres sont interdites, les cuisiniers sont armés – En cas de descente policière, chacun pour soi – Ce qui se passe au Speakeasy reste au Speakeasy – Bienvenue chez vous.» La Loi, affichée en évidence en face de l’entrée, donne le ton aux clients arrivant au Speakeasy, qui a ouvert ses portes fin avril dans le Vieux-Montréal. Mais il faut d’abord trouver le bar; si une enseigne sur la rue indique le nom de l’endroit, on est un peu surpris de se retrouver devant une sandwicherie toute simple... Ceux qui creusent un peu l’affaire trouvent alors une porte blanche au fond de la petite boutique, qui donne sur le bar. Il faut mériter son cocktail! Le Speakeasy tient son nom des établissements clandestins qui servaient de l’alcool pendant la Prohibition, alimentés par des contrebandiers. Cachés, souvent au sous-sol, ces bars étaient pour-

vus de portes dérobées pour s’échapper plus vite en cas de descente de police. Le terme speakeasy signifie en anglais «parlez doucement», une consigne que les bartenders répétaient à l’envi à leurs clients pour ne pas se faire repérer dans le voisinage – selon une autre hypothèse, le nom provient du fait que la consommation d’alcool déliait les langues et les conversations. «Les gangsters gentlemen, les vrais» Le thème des gangsters gentlemen est décidément à la mode. Alors que le premier bar du genre a ouvert en 2007 à New York, la ville compte désormais une soixantaine de speakeasys. Et à Montréal? «Ça fait deux ans et demi que je travaille sur le projet, raconte Cédric St-Onge, copropriétaire du Speakeasy. Au début, rien n’existait…» L’année dernière, le Quartier latin accueillait Le 4e Mur, puis le bar Cloakroom, ouvert en décembre dernier à l’initiative notamment du réputé mixologue Andrew Whibley. Ce bar est situé dans la boutique d’un tailleur et barbier haut de gamme pour hommes, dans le centre-ville; une fois dans cette belle maison à l’intérieur lambrissé et bois verni, il faut trouver le faux mur… Pour Andrew, «l’expérience commence à la porte». Derrière l’entrée dérobée se présente un long couloir sombre où nous accueillent des photos en noir et blanc de Gainsbourg ou Mas-

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troianni – c’est clair, gentlemen only. Quand on est installĂŠs dans le bar, au fond, on se sent comme un ĂŠlu: il n’y a qu’une petite vingtaine de places. Si un jeu de miroirs agrandit l’endroit, le bar est en rĂŠalitĂŠ minuscule, mais Ă´ combien chic... Ici, pas de menu ni de serveur. On parle de ses envies et de ses prĂŠfĂŠrences en spiritueux avec le bartender, qui revient ensuite avec un cocktail prĂŠsentĂŠ dans un très joli verre vintage et fait sur mesure - les glaçons sont mĂŞme taillĂŠs Ă la main. Un sommelier venu prendre un verre confirme: ÂŤIls tombent toujours exactement sur ce que j’ai envie de boire.Âť Le bar ne sert que des cocktails centenaires, des classiques de 1860 Ă 1920 lĂŠgèrement changĂŠs. ÂŤQuand j’ai ouvert, j’ai achetĂŠ plus de 150 livres de cocktails pour trouver des recettes que personne ne connaĂŽtÂť, raconte Andrew. Il a ĂŠvacuĂŠ les sirops et autres purĂŠes sucrĂŠes très utilisĂŠs dans la plupart des bars Ă cocktails: ÂŤJ’ai laissĂŠ de cĂ´tĂŠ tout ça pour me concentrer plus sur les mĂŠlanges d’alcools.Âť Derrière le comptoir, il n’y a qu’un seul sirop – et 200 bouteilles de liqueurs. Souper sans cellulaire Si le Speakeasy n’est donc pas le premier de MontrĂŠal, il se targue en tout cas d’être le seul restaurant. DotÊ d’une cuisine ouverte et de 65 couverts, il se spĂŠcialise notamment dans les huĂŽtres. On y vient pour un 5 Ă 7, pour souper ou pour un late diner, le resto ĂŠtant ouvert jusqu’à 1h du matin. ÂŤDans le coin, il n’y a pas d’option pour souper tard, explique Nicolas Delrieu, l’autre propriĂŠtaire. On ne rĂŠinvente pas les cocktails ou la cuisine, mais on offre de bons classiques bien maĂŽtrisĂŠs.Âť De toute façon, on ne vient pas au Speakeasy pour la cuisine, mais bien pour le concept. Dans ce resto-cocktailÂť, les murs sont ornĂŠs de photos d’Al Capone, John Dillinger ou Baby Face Nelson – ÂŤles gangsters gentlemen, les vrais gangsters, ceux qui volaient les richesÂť, commente Cedric. Sous un ĂŠclairage tamisĂŠ, on s’assoit sur des canapĂŠs en cuir matelassĂŠ et on se fait servir par un bartender en bretelles. La carte des boissons est dissimulĂŠe dans de vieux romans. ÂŤOn veut montrer une ambiance un peu diffĂŠrente, dit CĂŠdric. Celle d’un souper en gang autour d’une table, sans cellulaires, oĂš les hommes sont des gentlemen et les femmes sont des dames‌ C’est une ambiance rĂŠvolue, et on s’est dit que ça serait bien qu’une place Ă MontrĂŠal la ramène.Âť

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CLOAKROOM

Pas de cellulaire, en 2016? ÂŤIl faut lire la loi! prĂŠvient Nicolas. On n’interdit pas de prendre un selfie, mais on vous recommande de parler Ă la personne qui vous accompagne, elle est plus intĂŠressante que Facebook.Âť On risque pourtant de recevoir des messages de nos amis, nous demandant si c’est vraiment dans une sandwicherie qu’on se retrouve. Car la boutique en devanture, si elle sert en effet des lunchs, est seulement un prĂŠtexte pour cacher le resto Ă l’arrière. Et l’enseigne ĂŠvidente sur la rue? ÂŤFaut aider un peu les gens qui ont travaillĂŠ toute la journĂŠe et pas leur compliquer la vie, pense CĂŠdric. On indique l’adresse, mais ça ne veut pas dire qu’ils s’attendent Ă ce qu’il y a derrière‌

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D’autres ĂŠtablissements jouent un peu plus le jeu. Pour aller au 4e Mur, ce n’est pas le site web ou la page Facebook qui va nous aider; il faut envoyer un courriel pour recevoir les informations. Et encore, vous risquez de passer plusieurs fois devant la porte avant de repĂŠrer l’entrĂŠe, cachĂŠe derrière un mur de briques. Le Please Don’t Tell, le pionnier de New York, s’est amusĂŠ encore plus: il faut appeler depuis la cabine tĂŠlĂŠphonique d’un petit restaurant voisin pour ĂŞtre acceptĂŠ dans le bar interdit. Et surtout, speak easy‌ y

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DES MOTS... ET DES LETTRES MOTS | FRANCO NUOVO

Je n’ai pas de Facebook. C’est un voleur de temps qui exige beaucoup trop d’attention et de surveillance. Du trouble, quoi!

de réflexions sur une liberté d’expression noyée dans la confusion. Est-ce suffisant pour illustrer ce tourment?

Par contre, je tweete. Rarement, mais je tweete quand même. En fait, je consulte davantage et je surveille, non sans intérêt mais avec modération, les tornades qui arrachent tout sur leur passage, qui sèment la désolation en enflammant les esprits, surtout les plus retors, et qui détournent de la réalité les luttes qui méritent d’être menées.

Toutefois, il y a des auteurs de tweets, des twitteurs donc, dont je lis les 140 caractères en me régalant. Des poètes à leur façon dont quelques mots à peine suffisent à mettre en évidence et leur talent et leur intelligence. Bernard Pivot, par exemple. C’est un délice de le suivre et de le lire; des idées, de l’amour, des sensations, de l’émotion, sans prétention.

Des exemples? Est-ce nécessaire?

Bon, allez! Laissez-moi citer quelques-uns des récents messages signés par celui qui fut l’inoubliable animateur de l’émission Apostrophes! Pour le plaisir, allez!

Les coulées de lave qui ont recouvert le corps froid de Jutra, les bavures qui ont dégouliné sur Olivier, un anodin gala, et l’abondance souvent indigeste

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Il y a quelques semaines, le 5 mai, monsieur Pivot célébrait son 81e anniversaire. Comme tant d’autres, il n’aime pas vieillir; plus que d’autres peut-être. Aussi écrivait-il en cette journée qui coïncidait cette année en France avec la fête légale de l’Ascension: Ce n’est pas parce que votre anniversaire coïncide avec la montée de Jésus au ciel que cela vous donne envie de l’imiter. Et ça aussi: Les pères s’excusent-ils jamais auprès de leurs enfants d’avoir participé à leur conception sans trop y réfléchir? En France tout comme ici, le printemps a tardé à venir, à se montrer le bout du nez. Or un dimanche de mai, sans crier gare, il est arrivé. Voilà un tweet écrit le 9 par Bernard Pivot: Soudain l’été, hier, à Paris. L’éclosion de la blancheur des épaules, des bras, des cuisses, des chevilles. Le soleil s’est régalé. Trois petites phrases peuvent-elles traduire plus de sensualité? Nouvelles éditions Dans un tout autre ordre d’idées… Ce mois-ci toujours, Le Larousse et Le Petit Robert ont lancé l’édition 2017 de leur dictionnaire. Ce sont des livres, des livres importants. L’académicien, Jean d’Ormesson, n’a-t-il pas dit que Le Petit Larousse est le seul ouvrage qu’il emporterait sur une île déserte? Beaucoup de nouveautés finalement, et beaucoup de mots liés aux nouvelles technologies. C’est vrai qu’en 2016, il faut suivre. Alors désormais, je sais qu’un dépendant du cellulaire s’appelle, allez savoir pourquoi, un nomophobe et que les geeks et les youtubeurs sont maintenant des mots de la langue française. Dans l’un des dictionnaires ou dans l’autre, il est question d’émoticônes, ces petites faces jaunes qui tantôt rient, tantôt grimacent, tantôt pleurent. Et comme on n’échappe pas à son époque, on retrouve aussi des mots ou des expressions engendrés par le terrorisme. Le loup solitaire et le complotiste se côtoient donc entre le plat recto et le plat verso du dico.

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Évidemment, Bernard Pivot, qui est un amant de la langue, n’est pas resté indifférent à tous ces ajouts. Comme le linguiste Alain Rey, il déplore bien sûr «l’afflux d’anglicismes», mais se réjouit de l’enrichissement provoqué par l’entrée en scène de certains vocables. Ce fou de soccer qui doit être très heureux que le buteur Lionel Messi ait réussi à compter même dans Le Robert a donc tweeté en termes sportifs: Carton or au Petit Robert pour les mots nouveaux: ubériser, viandard, youtubeur, mara (fraise), twittosphère. Carton or au Petit Larousse pour les mots nouveaux: yuzu (fruit asiatique), seul en scène (one man show), impermanence, europhobe. Carton rouge au Petit Robert pour les mots nouveaux: néonaticide (meurtrier d’un nouveau-né), geeker, matinalier. Carton rouge au Petit Larousse pour les mots nouveaux: spin-off, stand-up paddle, zadiste, mook. Quant au Québec, il a aussi son mot à dire avec balado, sans-allure et Xavier Dolan, qui figure à la lettre D du Larousse des noms propres, tout comme Ai Weiwei, qui se retrouve à la lettre A ou W. À 27 ans, le prodige du cinéma idolâtré en France apparaît donc dans le dictionnaire. Je crois qu’on peut dire que c’est une consécration. La question bien sûr est de savoir si, pour un réal, c’est plus important, plus fort, qu’un prix dans un festival. Le défi maintenant, c’est d’y rester pour vraiment passer à l’histoire. Je me demande quand même ce qu’on peut ressentir quand on apprend la nouvelle. Est-on consulté? Peut-on refuser? Sent-on sa tête enfler? Ou gagne-t-on quelques centimètres, ce qui dans le cas de certains est un cadeau? On a récemment beaucoup parlé au cours des derniers mois de notoriété, de la dictature de la pipolisation, de «la souveraineté du people», de déclinaison de la célébrité par lettre alphabétique. Or, sans contredit, même si on ne surgit qu’à D et qu’on se prénomme Xavier, une fois dans le dictionnaire, contre tous mais surtout envers, on est un A. y

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LE JOYAU DE LA PETITE ITALIE vous fera voyager au cœur des sensations où beauté et émotion se rencontrent.

Sur les rayons

DEUX JOURS DE VERTIGE EvElinE Mailhot Notabilia, 192 pages Après le recueil de nouvelles L’amour au cinéma, l’auteure Eveline Mailhot nous livre ici un premier roman aux allures de huis clos léger, si ce n’était de Sara, cherchant toujours à approfondir et à pousser plus loin sa compréhension des autres et d’elle-même. La prémisse de départ ne pourrait être on ne peut plus simple: des amis se retrouvent dans un chalet des Cantonsde-l’Est pour une fin de semaine festive pour l’anniversaire de l’une des leurs. Entre autres, Hugo, un ami et l’ancien amant de Sara, se présente, question de compléter à merveille ce tableau fait de tension, de désir et d’hypocrisie. Deux jours de vertige: bien assez pour remettre en question une existence complète en ne faisant semblant de rien. Autour de la fêtée, Félicie, une Française un peu bourge, se retrouve une constellation de connaissances liées tantôt par des anecdotes savoureuses, tantôt par des désirs inassouvis, ou encore par des histoires terminées trop abruptement. Comme point d’ancrage, et d’observation, nous aurons Sara, doctorante qui n’en finit plus d’en découdre avec ses études. Elle voit la candeur de sa fin de semaine voler en éclat lorsqu’Hugo, l’ayant laissée pour une autre fille et un autre continent, se présente au chalet. C’est sur ces notes que commence un grand tango de 48 heures où on changera souvent, ou pas, de partenaire. Autant bouleversée que fascinée par la présence d’Hugo, la narratrice devient introspective et hypersensible, alors que chaque regard oblique, chaque cigarette fumée, chaque longue accolade et chaque rire gras semblent cacher beaucoup plus que les sourires niais et teintés d’alcool que tous ont sur le visage. Il y a une simplicité déstabilisante chez Mailhot: tant dans une écriture qui ne force rien et qui montre pourtant beaucoup qu’avec une histoire banale et un lieu statique qui, toutefois, nous fascinent tant les réminiscences qui les accompagnent ont un parfum d’authenticité. Dans une concision narrative assez brillante, l’auteure parvient à dresser un portrait de société plutôt fascinant, celui des faux-semblants, des jalousies jalonnant l’amitié, des fantasmes peuplant trop souvent nos fraternités. Deux jours de vertige, c’est un week-end où on prend soudainement conscience du grand théâtre dans lequel on joue. C’est le vertige d’un quatrième mur qui nous éclate en plein visage. C’est le réel autour d’une bonne bouteille de blanc. (Jérémy Laniel)

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Sur les rayons

DISENT-ILS RachEl cusk (tRad. cĂŠlinE lERoy) Éditions de l’Olivier, 208 pages Lorsqu’on dĂŠcouvre Rachel Cusk Ă son huitième livre, Disent-ils, on se dit qu’on est passĂŠ Ă cĂ´tĂŠ de quelque chose pendant trop longtemps. L’auteure britannique propose un roman Ă la dĂŠconstruction savante, oĂš le discours des autres fait foi de tout, crĂŠant, comme sur un mĂŠtier Ă tisser, une fresque sondant la condition humaine et la solitude des autres inhĂŠrente au discours qu’on crĂŠe sur soi. L’auteure, qui avoue ne pas lire ses contemporains et s’en tenir qu’aux classiques, livre pourtant ici un roman criant sur son ĂŠpoque et sur les tĂŠnus fils qui nous maintiennent en place dans un ĂŠcosystème qui, parfois, semble aseptisĂŠ d’Êmotion et de rĂŠelle passion. Une ĂŠcrivaine britannique quitte Londres pour se rendre Ă Athènes, oĂš elle y donnera un atelier d’Êcriture. Et c’est tout. Pourtant, au dĂŠtour de ce voyage, ce sont les conversations, dans lesquelles elle prendra part de manière on ne peut plus effacĂŠe, qui s’entrecroiseront pour crĂŠer l’essence mĂŞme du roman. Peu avant son vol, elle dĂŠjeunera avec un milliardaire qui ne lĂŠsinera pas sur son automythification. Dans l’avion, elle rencontrera un quinquagĂŠnaire grec ayant ĂŠchouĂŠ trois mariages. Un peu plus tard, ce sera un comparse romancier, attrapĂŠ dans un bar. TantĂ´t, une auteure fĂŠministe dĂŠblatĂŠrant sur sa plus rĂŠcente tournĂŠe promotionnelle en Pologne. Ou encore ses ĂŠlèves, tous d’horizons diffĂŠrents, qui se laisseront divaguer dans un discours sur la fiction et l’importance de (se) raconter. Plus on avance dans ce judicieux roman, plus on se rend compte qu’on ne connaĂŽt rien, ou Ă peu près, de cette ĂŠcrivaine dont on suit les pĂŠrĂŠgrinations, car jamais on ne lui retournera la parole. Quelques bribes sur un mariage lointain, des enfants, et c’est Ă peu près tout. Reste que son ĂŠcoute du sort des autres est tel que le lecteur ne peut faire autrement que de tendre l’oreille. Dans ce livre, tout se passe dans l’Êcriture et le style – saluons d’ailleurs la traduction. L’intelligence avec laquelle Cusk parvient Ă tourner les phrases, la justesse avec laquelle les mots sont choisis et l’empathie avec laquelle les personnages sont dĂŠpeints font de Disent-ils une lecture jouissive et fascinante sur notre relation aux autres. Rachel Cusk parvient Ă cerner notre rapport au discours de soi, Ă dĂŠpecer notre autofictionnalisation latente, dans laquelle on laisse trop rarement une place Ă l’autre. (JĂŠrĂŠmy Laniel)

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QUOI FAIRE

MUSIQUE

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THE CURE C e n t r e B e l l – 14 j u i n

Le lĂŠgendaire groupe rock enflammera les planches du Centre Bell. Les fans aguerris pourront se rĂŠjouir de ce spectacle de cette mythique formation britannique. Le dernier passage de The Cure Ă MontrĂŠal remonte Ă 2013 lors du festival Osheaga.Â

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DÔMESICLE SoCiété deS artS teChnologiqueS d è S l e 16 a o û t

Les partys Dômesicle sont de retour pour une troisième tournée cet été à la SAT, tous les jeudis, avec une nouvelle série de 11 nuits. Ces soirées aux saveurs électroniques et immersives avec plus de 40 artistes sous le dôme et la superbe terrasse plairont aux fanatiques de tape art, de mapping et de musique électro.

THUS OWLS l a V i t r o l a – 4 j u i n

Accompagné de la voix sublime d’Erika et de Simon Angell à la guitare, le rythme enivrant de ce couple franco-suédois s’accorde à merveille. Ils seront à leur deuxième prestation cette année à Montréal, ayant fait la première partie de Marie-Pierre Arthur lors de la Nuit Blanche 2016. Le duo s’aventurera au travers les chansons de sa dernière mouture, Black Matter.

FRANCOFOLIES DE MONTRÉAL q u a r t i e r d e S S p e C ta C l e S – d è S l e 9 j u i n

ARTS VISUELS

Les FrancoFolies, qui transforment le cœur de Montréal en spectacle à ciel ouvert depuis 1989, constituent un pilier des festivals de la musique francophone. Avec leurs 70 spectacles en salle et 180 concerts extérieurs gratuits, les FrancoFolies témoignent de la réjouissante qualité, diversité et vitalité de leur riche programmation.

MURAL B o u l e Va r d S a i n t-l a u r e n t d u 9 a u 19 j u i n

Le boulevard Saint-Laurent deviendra exclusivement une voie piétonne et explosera de festivités durant le festival MURAL. La programmation intense et ambitieuse de cette attraction mondiale du street art demeure un incontournable à Montréal. Regroupant des artistes muralistes, une foire d’art, des conférences, des ateliers d’art, des tours guidés et, bien évidemment, des blocs partys endiablés, MURAL saura vous épater grâce à sa créativité.

CITÉ MÉMOIRE V i e u x-p o r t d e M o n t r é a l d è S l e 18 M a i

Ce nouveau concept se veut un parcours multimédia revisitant l’histoire de Montréal. Au total, 23 tableaux constitueront ce déambulatoire imagé. Ce projet érigé par les artistes Michel Lemieux et Victor Pilon, en collaboration avec le dramaturge Michel Marc Bouchard, sera à sa toute première conception. Ce circuit historique reviendra en 2017 pour les festivités du 375e anniversaire de la ville.


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GALERIE COA d è S l e 14 j u i n

ÉVÉNEMENTS

L’exposition REMIX exploite le travail collectif d’une douzaine d’artistes visuels, dont les Montréalais Éric Godin et Sandra Chevrier. La galerie COA déploie un éventail d’œuvres d’art contemporaines durant cet événement.

FESTIVAL MONDIAL DE LA BIÈRE palaiS deS CongrèS – dèS le 8 juin

S’adressant tant aux néophytes qu’aux fins connaisseurs, ce festival mondial réunira un panel d’exposants, de restaurateurs et d’ateliers, puis offrira des cours de l’école de biérologie aux intéressés. Cette aventure brassicole qui arrime les saveurs, les bières et les mets demeure un véritable parc d’attractions gustatif.

VILLAGE AU PIED DU COURANT e n d e S S o u S d u p o n t j a C q u e S -C a r t i e r – d è S l e 2 j u i n

Né d’un projet de réappropriation citoyenne de l’ancienne chute à neige Fullum située dans le quartier Centre-Sud, le Village est devenu au fil des années un incontournable des activités estivales à Montréal. Cet espace convivial et bouillonnant d’activités devient l’endroit idéal pour décrocher de nos rythmes de vie effrénés tout en relaxant et en observant la vue du pont près du fleuve. >

photo | jean-MiChael SeMinaro


Des nouveautés télé pour cuisiner des repas festifs cet été : zeste.tv/ emissions

Émission présentée par

Mardi 19 h, s amedi 10 h 30 Chaque semaine, la pétillante KIMBERLY LALLOUZ vous convie chez elle. Pendant la saison estivale, son jardin de ville devient une extension de sa cuisine. Au menu, une cuisine simple, éclatée et contemporaine, à l’image de sa créatrice !

Retrouvez toutes les recettes de l’émission sur recettes.zeste.tv


«Imaginer, explorer, douter… jusqu’à l’épuisement. Recommencer, passionnément, intensément, jusqu’à devenir réel.»

Téo, le taxi réinventé. Imaginé et créé par des gens d’ici.

Eric Godin

teomtl.com


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