QUÉBEC VO1 #O5 | JUIN 2O16 CRÉPUSCULE PROFESSION: PERSONNIFICATEURS 2 NIGHTS TILL MORNING TICKLED DANSER SUR LES ROUTES FENOSA ET PICASSO FOOD TRUCKS ROADTRIP (F)ESTIVAL + LE PROGRAMME DE LA VIRÉE CLASSIQUE OSM 2O16
MNBAQ / PAVILLON PIERRE LASSONDE
Québec, ville culturelle
PHOTO : OMA
La Ville de Québec est fière d’avoir participé à l’agrandissement du Musée national des beaux-arts du Québec. Le pavillon Pierre Lassonde, un endroit à découvrir dès le 24 juin!
ville.quebec.qc.ca/culture
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RÉDACTION
Rédacteur en chef national: Simon Jodoin / Coordonnatrice à la rédaction et journaliste: Catherine Genest Chef de section musique: Valérie Thérien / Chef des sections scène et cinéma: Philippe Couture Chef des sections restos, mode de vie et gastronomie: Marie Pâris / Journaliste actualité culturelle: Olivier Boisvert-Magnen Coordonnatrice des contenus: Alicia Beauchemin / Producteur de contenus numériques: Antoine Bordeleau Correctrice: Marie-Claude Masse
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SCÈNE
Crépuscule La danse sur les routes
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MUSIQUE
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CINÉMA
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LIVRES
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DOSSIER
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ART DE VIVRE
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ARTS VISUELS
Profession: personnificateurs 2 Nights Till Morning Tickled Des mots... et des lettres Roadtrip (f)estival Food trucks à Québec Fenosa et Picasso
CHRONIQUES
Simon Jodoin (p6) Mickaël Bergeron (p14) Monique Giroux (p22) Normand Baillargeon (p30) Alexandre Taillefer (p64)
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SIMON JODOIN THÉOLOGIE MÉDIATIQUE
TERROIR ET TERRITOIRE Le PQ a perdu son chef. C’est dommage, c’est un peu tout ce qui lui restait. Toutes les économies du parti étaient misées sur ce nouveau sauveur tombé du ciel. Pour le reste, il y avait bien quelques placements dans le renouveau du discours nationaliste identitaire, un fonds à risque qui n’a toutefois rien rapporté de très convaincant jusqu’à maintenant. Bref, il ne reste plus grand-chose. Un héros qui pleure, sans même avoir eu le temps d’échouer, c’est rarement bon signe. Il faudra bien refaire un tour de manège. Et nous pourrons dans les prochaines semaines tenter de résoudre un mystère qui semble insoluble: le PQ doitil diluer son essence nationaliste et indépendantiste pour tenter de battre, enfin, le PLQ? Si oui, que faire alors avec la question du référendum et les politiques identitaires qu’il faudrait inévitablement mettre de côté si la seule promesse est de bien gouverner une province et former un bon gouvernement? Le gros problème avec le nationalisme, tel qu’il s’est déployé au PQ au cours des dernières années, c’est qu’il se pose presque exclusivement en réaction à une menace. On a mis beaucoup d’énergie à débusquer ce que nous ne voudrions pas être plutôt qu’à identifier ce que nous sommes. C’est ainsi qu’on a construit une sorte d’identité par négation: voici ce que nous ne sommes pas! Il s’agit d’un mécanisme de défense qui nous a sans doute bien servi par le passé et qui prend racine dans une version tragique de notre histoire: nous étions ainsi, nous ne le sommes plus, un péril nous guette, nous devons le refuser ou nous allons mourir. Ça nous a sauvés bien des fois.
Mais ce faisant, on se retourne pour contempler le chemin parcouru et on se rend compte que les seules balises que nous avons accrochées aux branches servent plus à marquer des frontières qu’à nous retrouver dans les sentiers sur lesquels nous avançons. Plus encore, les enjeux les plus discutés se concentrant presque exclusivement à Montréal et dans sa large couronne, on a aussi creusé tout un fossé entre la métropole et le reste de la province. Dans notre mythologie de l’actualité, seul l’unique autre pôle urbain de la province offre un contrepoids médiatique: Québec, la capitale. La clique du Plateau contre les radios de Québec. Ce couple d’opposition occupe, en tout cas dans l’imaginaire médiatique, presque tout le champ de l’identité et du positionnement politique en général. Si bien qu’à la fin, ils pensent quoi, hein, le fromager de La Sarre ou le brasseur de bière de L’Anse-àBeaufils? Et la fille qui fait la cueillette de salicorne quelque part dans les battures je ne sais plus où? Mis bout à bout, ça fait quand même tout un paquet de monde qui ne fait pas partie de la conversation. Ça doit bien vous arriver à vous aussi, non? Sur la route, lors d’une halte, dans un recoin de paysage. Faire le plein en silence et vous demander secrètement: «Non, mais, torvisse de dieu, il pense quoi de toutes ces histoires, ce sympathique pompiste?» Vous dire combien j’aime ce pays. Je pourrais en parcourir tous les rangs à pied, par simple désir. Et partout je suis confronté à cette question. À tous les coins de rue, ça me revient comme une comptine: «Mais toi, là, toi... tu penses quoi au juste?»
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Comme je suis un peu con, je n’ai jamais osé le demander. Il doit s’en crisser à fond, que je me dis. Et c’est ça que je n’arrive pas à m’expliquer. Parce que, OK, ça va, on est un peu de la même famille, toi et moi, non? Il y a là, quelque part dans l’idée de nation, une sorte d’appartenance, d’adhésion. Un truc qui nous branche tous les deux, et même nous trois, si tu insistes. Or voilà, j’ai beau nous avoir écouté débattre depuis des années, avoir entendu ces discours sur les valeurs québécoises, sur les menaces qui nous guettent et les combats à mener jusqu’à la délivrance, vraiment, je dois concéder que je suis solidement fourré. Car à la fin, je ne sais toujours pas ce que j’ai
à voir avec ce pompiste de Maniwaki. La seule chose que je sais, c’est que le Parti québécois ne m’a donné aucune espèce d’indice pour trouver une réponse intéressante. C’est un peu ça qui s’est passé depuis les 10 dernières années. En fait, ça fera 10 ans au printemps 2017. Il y a une décennie, en mars 2007, le Parti québécois devenait la troisième opposition, devancé par l’ADQ qui l’avait doublé sur le terrain identitaire. Un traumatisme qui a déclenché une sorte de monomanie qui se résume en quelques mots: il faut reconquérir les cœurs des bérets blancs et sauver les sapins de Noël! Au plus vite! Ça, et se trouver un héros. Pendant ce temps, le PLQ s’est confortablement et facilement installé dans un discours strictement
comptable. Presque sans opposition, il a pu imposer une vision purement gestionnaire de l’État où le citoyen est un client. Là comme ailleurs, la concurrence devrait suffire à créer des liens. Au plus fort la poche et que le meilleur gagne. Entre-temps, aux quatre coins du Québec, des gens font le pays. Ils inventent et réinventent, ils fabriquent, ils cultivent. Ils tissent le tissu social, ils labourent, ils créent des liens, revirent la terre, y font pousser du goût, mettent des mots dans nos bouches, des sons dans nos oreilles, des idées dans nos têtes. Et il y aurait tant à faire! Instaurer des marchés publics et maintenir des lieux culturels de proximité dans toutes les villes, développer des infrastructures de transport permettant la circula-
tion de tout ce beau monde, de leurs créations et de leurs produits, chérir notre patrimoine architectural et le préserver, valoriser le terroir et le territoire en assurant des liens forts entre les urbains et les paysans. Qui sait… Peut-être même que le choix entre un bon gouvernement et le projet de pays auquel se bute inlassablement le PQ depuis des années n’est qu’un faux dilemme. Pour le résoudre, il faudrait peut-être d’abord sortir le fil à coudre pour se raccommoder les mailles du filet avant même de songer à se trouver un nouveau héros ou une date pour un prochain référendum. Ça peut sembler évident, mais on ne tricote pas avec une paire de ciseaux. y sjodoin@voir.ca
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ce qui ne s’éteint pas tout au long de l’été dernier, ils ont illuminé la brunante de leurs acrobaties aériennes devant quelque 110 000 spectateurs. cette année, la compagnie circassienne Flip Fabrique revient animer l’agora du port de québec avec ses idées vertigineuses. MOTS | ÉMILIE RIOUX
PHOTO | PHILIPPE ARSENAULT
Raviver les braises, ce nouvel opus de la série Crépuscule, promet d’être à la hauteur de la réputation de la troupe. Déjà, le défi à relever en 2015 était de taille: perpétuer la tradition estivale des spectacles de cirque quotidiens à Québec, emboîtant ainsi le pas au mythique Cirque du Soleil. Après une saison couverte de succès, la Ville de Québec remet une nouvelle fois sa confiance entre les mains de l’équipe de Bruno Gagnon, directeur général et artistique de Flip FabriQue. «L’été dernier, c’était la première fois que Flip avait un mandat à aussi grand déploiement. Maintenant, on est deux fois plus forts qu’on était avant, beaucoup plus solides. Les sentiers ont été battus, tout est en place pour la deuxième édition.»
> (CI-CONTRE) VALAIRE
Théâtre Beaumont St-Michel
> Visiblement confiant et enthousiaste, Bruno fera aussi partie du groupe d’acrobates qui porteront (littéralement) le nouveau spectacle sur leurs épaules. Sur scène, 14 artistes et 5 musiciens souffleront sur les braises encore chaudes d’une terre imaginaire: un désert aride postapocalyptique conçu par la scénographe Véronique Bertrand, en étroite collaboration avec les lumières de Caroline Ross. Pour diriger cette imposante équipe de production, la troupe peut compter sur l’expertise d’Olivier Normand, un collaborateur de longue date ayant aussi signé la mise en scène de leurs précédentes créations. Après l’incendie Fort du travail accompli lors de la première édition de Crépuscule, le metteur en scène souligne toutefois la distinction à faire entre les univers considérablement différents des deux spectacles. «L’an passé, on traitait le crépuscule comme un moment suspendu. Là, on a décidé de le traiter comme un point d’entrée vers la nuit. La nuit, c’est un endroit où on peut être caché, mais où on peut aussi être totalement soi-même», une dichotomie qui se reflétera sur le décor rocheux, puisque l’environnement sera la métaphore des mystérieux protagonistes qui l’habite. «Les braises, c’est l’indice qu’il y a eu un feu... et que ça pourrait redevenir un feu. Comme une espèce de vie qui veut reprendre. […] Dans un univers où les personnages semblent tous anonymes ou masqués, qu’est-ce qui reste d’humain en eux? C’est quoi la petite braise qu’on peut rallumer? Qu’est-ce qui ne peut pas mourir malgré l’incendie?» Des humains qui savent voler Pour Olivier Normand et Bruno Gagnon, le concept développé est un terreau très fertile à l’élaboration de numéros de cirque. À quelques semaines du début des répétitions, la mécanique de travail développée par le metteur en scène et les acrobates s’apprête à se remettre en marche: un carrefour d’idées où la frontière technique et artistique est perméable, permettant au langage scénique de raconter une histoire de peu de mots. «Ce qui m’intéresse dans l’utilisation du cirque, c’est que les mouvements acrobatiques racontent quelque chose en tant que tel, explique le metteur en scène. Pour le public, ça donne un rapport au spectacle qui est très physique.» Assis sur le bout de leur chaise, le visage dans les mains, les spectateurs entretiennent un lien spécial avec les artistes. «On veut sentir à la fois que les acrobates sont très humains, mais qu’en même temps ils peuvent voler. C’est ce qui transporte le public. Il reconnaît les artistes comme des gens comme lui, mais qui ont des capacités extraordinaires. Quand on a ces deux pôles-là dans un spectacle, c’est réussi.» Revenir à la vie Une des nouveautés suscitant l’intérêt du public est sans doute la participation musicale de Valaire (anciennement Misteur Valaire), qui performera chaque soir au
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sein du dispositif scénographique. Les membres de Valaire, loin d’être un simple house band, seront le cœur de cette vie qui reprend au fil des numéros, profitant de la scène pour présenter leur nouveau matériel musical, à paraître en septembre prochain. «Les collaborations à grande échelle et à plus long terme comme ça, c’est rare qu’on a la chance de pouvoir le faire, indique Luis Clavis, porte-parole du groupe. […] On a parlé aux gens de Flip FabriQue et on a senti qu’ils voulaient avoir une vraie collaboration. Ils étaient ouverts à ce que notre milieu et notre expérience influencent leur spectacle, et vice versa.» C’est dans quelques semaines que se fera le nœud entre l’atmosphère festive de Valaire, l’imaginaire pragmatique d’Olivier Normand et l’instinct acrobatique de Bruno Gagnon. Une rencontre au sommet qui promet d’embraser l’enthousiasme estival des spectateurs de Québec, beau temps, mauvais temps. y
PHOTO | ALEXANDRE GALLIEZ
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Du 22 juillet au 4 septembre 2016 L’Agora du port de Québec
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danser sur les routes de la danse contemporaine au Festival du bûcheux de saint-pamphile ou sur la plage à saint-Jean-port-Joli? l’organisme la danse sur les routes du québec, avec son programme Jouer dehors, a montré que c’était possible et même souhaitable. à l’aube de la saison 2016, discussion sur une danse décloisonnée et démontréalisée, dans l’espace public. MOTS | PHILIPPE COUTURE
PHOTO | LAURENT OUELLETTE
DANSE DE MARCHÉ, DE LA COMPAGNIE DANSE TO DO
> Depuis cinq ans, la danse in situ (c’est-à-dire présentée en dehors des scènes classiques et généralement en plein air) a le vent dans les voiles au Québec. De nombreux artistes – Aurélie Pedron, Priscilla Guy, Gabrielle Surprenant-Lacasse, Milan Gervais – en ont fait une spécialité et prennent la route chaque année pour présenter leurs spectacles en bordure du fleuve sur le quai de Kamouraska ou dans une cour d’école à Roberval. Une manière agréable et efficace d’aller à la rencontre des gens et de briser d’un coup le mythe voulant qu’il n’y aurait pas de public de danse en région. L’expérience du programme Jouer dehors prouve assurément le contraire. «Il y a une recrudescence importante d’œuvres in situ au Québec, explique sa coordonnatrice Marie Bernier. Parce que l’accès aux salles et aux lieux de diffusion traditionnels est plus difficile pour la nouvelle génération, mais aussi par désir de rencontrer mieux son public, de nombreux jeunes artistes ont développé cette spécificité dans leur travail. Il faut dire aussi que Culture Montréal et de nombreux incitatifs financiers instaurés par la Ville de Montréal ont pu jouer un rôle dans le développement de cette filière. Pour nous, l’occasion était trop belle: il fallait proposer de la danse ainsi décloisonnée à de nombreux festivals en région, qui n’ont pas la danse contemporaine dans leur ADN, mais qui se font un plaisir de recevoir nos artistes quand ils constatent la simplicité et l’accessibilité des formes in situ. Et le public est au rendez-vous.» Les démarches varient beaucoup. Créer dans l’espace public, c’est d’abord voir le lieu public comme un espace de défi chorégraphique, intégrant les reliefs et les obstacles au mouvement. C’est aussi souvent s’intéresser au citoyen, créer des œuvres en rapport étroit avec la population locale. En entrevue avec Voir à l’été 2013, alors qu’elle préparait un spectacle de danse impromptue dans un café-bistro, la chorégraphe Priscilla Guy disait que «la danse in situ cultive la différence et permet de sortir des convenances pour trouver un rapport plus naturel avec le public et avec l’art». «Danser en public, c’est une prise de position. Le corps en mouvement est tabou dans l’espace public, dans une société individualiste comme la nôtre, donc je crois que c’est à ce formatage-là, de la société de consommation, que j’essaie d’échapper. Il s’agit de retrouver une liberté d’exister et de s’exprimer. Comme en démocratie.» Les démarches de ce genre sont de la partie cet été un peu partout sur les routes. Danse de marché, de Gabrielle Bertrand-Lehouillier, est spécialement créée pour les marchés publics et propose «une série de surprises chorégraphiques autour de l’univers
LES INSTALLATIONS MOUVANTES, PHOTO | OMER YUKSEK
maraîcher et culinaire», avec la complicité des marchands. Entre, d’Aurélie Pedron, est une expérience intimiste pour un spectateur à la fois, dans lequel la relation entre ce spectateur et le performeur est hyper privilégiée. Et ainsi de suite. Danser en région, sur les plages ou même sur des terrains de camping, c’est évidemment faire connaître la danse contemporaine à un public qui n’en a souvent jamais vu et qui, parfois, nourrit plein de préjugés à son égard. Un geste de démocratisation parfait. «L’exemple du Festival du Bûcheux, à SaintPamphile dans le comté de Bellechasse, est celui qui me touche le plus, s’émeut Marie Bernier. C’est un festival de compétitions forestières: lancer de la hache et démonstration de machineries forestières. Quand l’une de nos artistes originaire de Saint-JeanPort-Joli, Chantal Caron, a approché ce festival, elle est parvenue à toucher un public qui n’avait pour la plupart jamais vu de danse contemporaine. Et il paraît qu’ils ont aimé ça.» «C’est très difficile de développer un public pour la danse, selon Priscilla Guy. Les gens ont un préjugé défavorable. Je vois donc mon travail in situ comme une façon de présenter la danse autrement, sans tomber dans l’animation de rue, sans tomber dans le divertissement. C’est une démarche poétique avant tout, mais bien sûr, le fait de jouer dans les cafés ou dans la rue nous met toujours en contact avec des gens qui n’ont presque jamais vu de danse. Et on reçoit des témoignages vibrants chaque fois, de la part de ce public en pleine découverte d’une chose qu’ils ne soupçonnaient pas.» y Calendrier complet via ladansesurlesroutes.com
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mickaël bergeron ROULETTE RUSSE
Fuck les nordiques Quoi faire quand on apprend qu’il nous reste que six mois à vivre? Ou quelques semaines? C’est une question qui peut en figer plusieurs, malgré son manque d’originalité. Le spectacle Fuck toute, présenté en mai dernier à la Maison de la littérature, pose cette question aux spectateurs. Plusieurs s’abstiennent de répondre, comme s’ils étaient désarçonnés. On passe notre temps à dire que la vie est précieuse, mais on passe encore plus notre temps à perdre notre vie avec ce qui n’a aucune importance. Loin de moi l’idée de refaire un énième discours sur le vide de la société de consommation, parce que je n’ai plus besoin de m’en convaincre. Si vous n’êtes pas encore convaincus, c’est que vous refusez de voir. Mais si seulement ce n’était que le nouveau iPhone qui n’était pas important. J’ai connu des gens qui ont reçu ces difficiles diagnostics. À l’un, il ne lui restait que quelques semaines lorsqu’il l’a appris, pendant sa première semaine de retraite. Ça fesse. Deux autres avaient quelques mois à vivre. Une autre a écrit jusqu’à ses dernières heures. Dans le couloir de la mort, elle avait déjà fait un documentaire et publié son deuxième roman. Mot-clic inspirant. Dans Fuck toute, Catherine Dorion et Mathieu Campagna reprennent des textes de blogueurs aux mots aussi poétiques qu’acérés pour ouvrir la plaie, gratter le néant d’une existence basée sur des produits de consommation ou aseptisée. D’un point de vue artistique, la première à laquelle j’ai assisté gagnait à être légèrement resserrée, mais dans l’ensemble, l’œuvre brasse la caboche et fait du
bien. Parce que ça fait toujours du bien de pointer la connerie et de la dénoncer. Personnellement, la possible mort imminente est une question qui me hante depuis mon enfance. J’avais environ sept ans quand j’ai compris que la mort pouvait frapper n’importe qui autour de moi. Ou m’enlever de ce monde. Je me souviens d’avoir passé des soirées à me perdre dans un labyrinthe de questions et de remises en question. Comme j’étais déjà un athée convaincu, l’idée de complètement disparaître me figeait, me donnait le vertige. Ça me donne encore le vertige, d’ailleurs. Demain, ou tantôt, je peux mourir. Je trouve ça à la fois complètement absurde, mais aussi d’une beauté sans nom. Je suis amoureux de l’éphémère. La vie est d’une poésie infinie. Adolescent, j’étais très généreux en carpe diem (ou en #YOLO, si tu es plus jeune que moi). Foncer dans la vie et se foutre de demain. Avec le temps, je suis devenu plus sage qu’hédoniste. N’empêche, l’idée d’une mort imminente est là, constamment, dans ma tête. Mes choix, mes valeurs et mes priorités se basent sur cette fatalité. Et si je mourais demain, est-ce que je ferais le même choix? Vous n’avez pas idée à quel point je me pose souvent cette question. J’essaie constamment de revenir au plus important. Je refuse de perdre mon temps avec des trucs pour lesquels je me facepalmerais (vivement une francisation de cette expression) sur mon lit de mort. Pas de temps à perdre à savoir si ma lessive sera 30% plus blanche.
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6LWXÄH GDQV OD SLWWRUHVTXH %DLH 6DLQW 3DXO O $XEHUJH YRXV IHUD YLYUH HW GÄFRXYULU OD Je refuse de me trouver con sur mon lit de mort. Je ne parle pas de ne pas faire d’erreurs. Je revendique au contraire le droit à l’erreur. Il faut en faire. Mais je n’ai pas de temps à perdre à avoir peur de me tromper. Pas de temps à perdre à avoir peur, en fait, même si j’ai peur souvent. Et je fais souvent des erreurs, mais le plus possible en Êtant de bonne foi. La vie est trop prÊcieuse pour la salir avec la mauvaise foi. J’essaie le plus possible, par exemple, de ne pas faire de gestes basÊs sur l’orgueil.
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Pas de temps à perdre à me chicaner. Pas de temps à perdre à faire des reproches aux gens. Pas de temps à perdre à haïr quelqu’un. Pas de temps à perdre à me mÊfier des autres. Pas de temps à perdre à manigancer. Pas de temps à perdre à faire semblant. Pas de temps à perdre à attendre ma retraite. Pas de temps à perdre à espÊrer le retour des Nordiques.
malheureusement, l’être humain a un don exceptionnel pour se compliquer la vie. Dans un mois, ça sera mon anniversaire. Chaque fois, je trouve ça complètement dÊbile d’être encore en vie. Pas parce que j’ai une maladie grave ou parce que je suis passÊ à deux doigts de mourir, mais parce qu’une de mes très rares certitudes est que ma vie n’est pas Êternelle. Vieillir est de loin l’une des plus belles choses. Je ne peux pas faire autrement que d’essayer de faire le bien. Sinon je me mettrais la paume sur mon visage sur mon lit de mort.
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À Fuck toute, plusieurs personnes ont partagÊ leurs dernières volontÊs s’ils leur restaient que trois jours à vivre. Plusieurs souhaitent être avec leur famille, avec les gens qu’ils aiment, semer de l’amour autour d’eux. Certes, parfois ça sonnait clichÊ, mais j’attends encore l’argumentaire dÊmontrant que l’amour n’est pas l’essence de la vie. Malheureusement, l’être humain a un don exceptionnel pour se compliquer la vie. Pour se monter, aussi, de beaux grands bateaux (qui font de belles grandes vagues, dixit Gerry Boulet). Catherine Dorion et Mathieu Campagna prÊsenteront à nouveau Fuck toute à QuÊbec, à Premier Acte, du 24 novembre au 3 dÊcembre 2016. Vous pouvez y aller, ça ne sera pas une perte de temps. y
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PHIL, ELVIS ET DALIDA ILS GAGNENT LEUR VIE EN INCARNANT QUELQU’UN D’AUTRE ET SONT PASSÉS MAÎTRES DANS L’ART DE L’ILLUSION PARFAITE. QUI SONT CES CHANTEURS EXTRÊMEMENT HUMBLES QUI DÉDIENT LEUR CARRIÈRE AU RAYONNEMENT D’UNE AUTRE ÉTOILE? MOTS | CATHERINE GENEST
(CI-CONTRE) MARTIN FONTAINE, PHOTO | ERICK LABBÉ (PHOTO DU HAUT) JOAN BLUTEAU, PHOTO | VICTOR DIAZ LAMICH
Martin Levac, Martin Fontaine et Joan Bluteau ont ce point en commun: ils ont cumulé individuellement moult années d’expérience (voire une décennie) avant de respectivement reprendre les traits de Phil Collins, Elvis Presley et Dalida. Ce sont des interprètes aguerris qui ont fait leurs dents dans les bars, passage obligé, avant de parcourir le monde grâce à leur voix, comme Joan, femme du monde qui vit au jour le jour dans ses valises. C’est justement au retour d’une tournée avec le Cirque du Soleil, fidèle client depuis sa participation au mythique spectacle Alegria, qu’elle redécouvre la diva par pur hasard par le biais d’un reportage. «Je m’étais dit: “Mon dieu, il faut raconter cette histoire-là incroyable!” Et comme je suis chanteuse, j’ai tout de suite pensé à un spectacle. […] On parle de 30 ans de carrière. Dalida était de ces rares artistes qui ont touché à tous les styles et qui les possédaient chaque fois. Je pense au gitan, à La danse de Zorba et après ça, on tombe dans le disco des années 1970, la musique égyptienne avec Salma ya Salama… C’est quand même particulier!» Un terrain de jeu extraordinaire pour cette polyvalente performeuse qui s’est imposé l’étude du baladi pendant quatre ans, question de s’imprégner de «la gestuelle gracieuse et du petit côté méditerranéen» de l’icône LGBT par excellence dont elle revêtira les robes à paillettes très prochainement pour un important concert au Festival de Dbayeh au Liban. Martin Fontaine a lui aussi découvert son alter ego sur le tard avec les films d’Elvis diffusés sur les ondes
de Télé-Métropole – l’ancienne appellation de TVA. «Il est décédé en 1977 et c’est exactement à l’époque où l’album et le film Saturday Night Fever sortaient… Moi, j’écoutais Sold Gold, Ça tourne et toutes ces affaires-là à la télévision. J’étais vraiment passionné par le disco! […] Pour la musique populaire, c’est les Beatles qui m’ont donné le goût de jouer dans des groupes, d’apprendre la guitare et de chanter. J’ai eu mon premier groupe à 16 ans, ça s’appelait The Wheels et j’étais là-dedans avec mon frère. Mon rêve à ce moment-là, c’était éventuellement de remplacer John Lennon qui venait de mourir.» Une audition fortuite viendra toutefois le faire dévier (sérieusement) de sa trajectoire. Les prérequis Il ne suffit pas de savoir imiter un artiste, comme le ferait un Marc Dupré pré-Rythme FM, pour remplir le Capitole de Québec ou le Théâtre St-Denis. Une grande part du succès d’un personnificateur vient, ça va de soi, avec l’apparence, la ressemblance. En ce sens, Martin Levac est un grand privilégié, surtout si on le compare, par exemple, avec Joan qui ne partage avec Dalida qu’une taille de guêpe. Pour Martin Fontaine, le rouquin, son faciès et sa pigmentation constituaient même un handicap majeur qui inquiétait les producteurs d’Elvis Story aux premiers abords. «Je leur ai dit: “Vous voulez raconter l’histoire d’Elvis? Moi, je sais qu’Elvis a eu des phases dans sa carrière. Le jeune rebelle avec la mèche courte, le Elvis des films, celui de retour de l’armée, la superstar… Si tu prends quelqu’un qui
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Au cœur de la ville de Québec
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ressemble à un certain type d’Elvis, tu vas te limiter. Tandis que là, avec un canevas vide comme moi, on peut faire évoluer le personnage pendant les deux heures du show.” […] Ils ont trouvé l’idée ben, ben l’fun et c’est là qu’ils ont contacté Jean Bégin, un spécialiste de la transformation qui a fait beaucoup de Bye Bye à l’époque.» C’est lui qui lui a enseigné les rudiments de la métamorphose, des techniques que Martin utilise toujours 20 ans plus tard, une séance de maquillage très élaborée d’une durée de deux heures dont il ne peut se passer avant chaque entrée en scène. Le syndrome Gigi l’amoroso Faire carrière dans la peau d’un autre et séduire le public avec des chansons qu’on connaît déjà peut ouvrir les portes d’une carrière solo. C’est le constat de Martin Levac, sosie bien réel de Phil Collins et auteur-compositeur-interprète en parallèle. «Avec la personnification, j’ai rejoint du monde que je n’aurais pas atteint autrement. Moi, j’ai sorti mon premier album en 2000, un disque en français, et je n’ai pas rejoint grand monde avec ça même si j’avais été finaliste à Granby en 1996 et en 1998. […] Je savais que mon album 1985 plairait aux gens qui viennent voir Dance into the Light parce qu’ils sont nostalgiques de cette époque-là aussi.» En revanche, le chemin des personnificateurs vedettes est parfois parsemé d’embûches, d’échecs et de déceptions comme dans le texte de Gigi l’amoroso, emblématique pièce du répertoire de Dalida que Joan décortique comme personne. «Souvent, on va rire en l’entendant, mais c’est une chanson tellement magnifique! C’est l’histoire de l’artiste qui part de son petit village pour aller faire sa vie, sa carrière, et qui revient un peu penaud parce que ça n’a pas fonctionné. Mais son village le reprend et les gens de chez lui sont heureux de le revoir. C’est l’histoire d’à peu près tous les artistes.» Si Joan a vu son ambitieux spectacle Dalida: une vie s’éteindre pour de complexes questions de droits d’auteur dans l’Hexagone en 2006, Martin Fontaine panse quant à lui une blessure encore toute fraîche après le passage trop court d’Elvis Experience à Las Vegas, une reconstitution historique qui était présentée au même Hilton qui a accueilli le King au temps de toute sa gloire, un spectacle pour 32 musiciens approuvé par Priscilla Presley elle-même. Ce sceau d’approbation suprême aurait dû garantir presque à lui seul le succès de ce concert déjà réglé au quart de tour. «Mon incompréhension est dans le tapis en ce moment. […] On a adoré l’expérience là-bas. On était avec un partenaire qui, bon, était couci-couça, peu expérimenté dans le
MARTIN LEVAC, PHOTO | MARIE-JOSÉE BERTRAND
domaine, et il s’est retiré. Là, il s’agirait de se retrouver un autre partenaire plus solide pour faire perdurer tout ça.» N’empêche, le public sera toujours là pour appuyer Martin et, qui sait, peut-être lui permettre de rebondir aux États-Unis dans un futur proche. En mars dernier, son passage au Théâtre St-Denis a eu l’effet d’un bouillon de poulet pour l’âme. «C’était comme un retour triomphant. On arrivait de Vegas, on avait fait trois étés au Capitole et les gens n’avaient pas encore vu le spectacle à Montréal. […] J’ai senti un soutien plus grand que d’habitude, c’était chaleureux, il y avait une sorte de fierté. On s’est sentis portés par une vague.» y Elvis Experience (Avec Martin Fontaine) Du 20 juillet au 28 août au Capitole de Québec Lancement de l’album 1985 de Martin Levac 3 septembre au Centre d’art La Chapelle
O6 / 2O16
À ÉCOUTER
20
★★★★★ CLASSIQUE ★★★★ EXCELLENT ★★★ BON ★★ MOYEN ★ NUL
ANDY SHAUF THE PARTY (Arts & Crafts) ★★★★ 1/2 Mon dieu que ce disque est sublime! Il s’agit sans doute de LA parution du «rest of Canada» à écouter ce printemps. Originaire de Regina en Saskatchewan, Andy Shauf fait dans la douce pop raffinée, propulsée par la guitare acoustique, le piano, la batterie et des instruments à cordes et à vent. Les arrangements sont riches, et dans le rythme et le ton, Andy Shauf se rapproche de l’univers du duo français Air. La voix est céleste et délicate et nous emporte dans toutes sortes d’histoires, celles des invités à ce fameux party qui s’approprie le titre de l’album. D’une grande beauté, l’album est plus lumineux que son prédecesseur, The Bearer of Bad News, enregistré dans le sous-sol de ses parents. Andy Shauf sera-t-il le prochain grand auteur-compositeur canadien? On le souhaite. (V. Thérien)
AMYLIE LES ÉCLATS
BENT KNEE SAY SO
(Audiogram)
(Cuneiform Records)
★★★★
★★★★
Ce nouvel album d’Amylie est à la fois délicat et franchement groovy. Si le précédent Le Royaume (2012) était très ambitieux et touffu, celui-ci a les deux pieds sur terre et est réalisé avec grande classe. Les Éclats est une belle bulle intimiste dotée d’une sensibilité pop enviable. En accentuant le disque autour d’une voix pleine de chaleur et de confiance et de riffs de guitare électrique en douceur, l’univers des Éclats fait beaucoup penser à celui toujours enivrant de Feist. À travers la musique, on entend Amylie chanter avec honnêteté à propos de remonter la pente ou encore de la belle relation qui l’unit à ses sœurs. Et que dire des méchants bons grooves que l’on retrouve sur son premier simple L’amour à dos et en début de disque sur La hauteur. Irrésistibles! (V. Thérien)
HEAVEN’S CRY OUTCAST (Prosthetic Records) ★★★★ 1/2
L’une des grandes qualités de Wheels of Impermanence (2012) était le caractère enveloppant et immersif de la musique. De la première à la dernière chanson, on était aspiré dans l’univers sonore en constante évolution du groupe métal progressif montréalais. Le même phénomène se produit avec Outcast, un effet qui est encore plus efficace grâce au concept de l’album, qui porte sur l’évolution de la race humaine dans un contexte politique axé sur les profits, le pouvoir et le contrôle. Le concept prend vie autant à travers les textes interprétés avec conviction par le chanteurbassiste Sylvain Auclair que le tempo de la musique qui reflète habilement le développement de la trame narrative. En d’autres mots, le quatrième disque d’Heaven’s Cry est harmonieux, intense et accrocheur. (C. Fortier)
Troisième opus pour ce sextette de Boston qui propose un rock progressif tout à fait en phase avec le 21e siècle. Pas le genre bourré de solos de guitare, mais plutôt un son d’ensemble qui sert d’écrin à la voix, forte et distinctive, de la claviériste Courtney Swain. Ses petites histoires noires se racontent en mode pop songée dans des ambiances qui passent de l’orage au ciel bleu en un éclair. La guitare de Ben Levin et le violon de Chris Baum tissent de délicates mélodies que la basse de Jessica Kion et la batterie de Gavin Wallace-Ailsworth (qui a sans doute déjà entendu Phil Collins) appuient très solidement. La production hyper léchée du designer sonore Vince Welch ajoute une touche magique appréciable. (R. Beaucage)
BARRY GUY THE BLUE SHROUD (Intakt Records/Naxos) ★★★★ Un monument contre la guerre et la censure. Le «linceul bleu», c’est ce rideau que l’on plaça devant une reproduction du Guernica de Picasso, à l’ONU, et devant lequel Colin Powell annonça l’invasion de l’Irak en 2003... Ce n’est cependant pas pour son message qu’il faut écouter la musique de Barry Guy, mais tout simplement parce que ce disque est un foutu chef-d’œuvre. Durant 71 minutes, le compositeur, qui tient aussi la contrebasse, y dirige un ensemble de 13 musiciens entre des sections d’improvisation, des récitations (la chanteuse Savina Yannatou se donne par moments des airs de Dagmar Krause), des évocations de musique espagnole ou même des extraits d’œuvres baroques (Bach, Biber). Le tout s’imbrique à merveille et coule de source. De la très grande musique. (R. Beaucage)
21 DISQUES VOIR QC
SYLVIE PAQUETTE TERRE ORIGINELLE
O6 / 2O16
PAT METHENY THE UNITY SESSIONS
(Audiogram)
(Metheny Group / Nonesuch)
★★★★
★★★★
En remontant à la source des poèmes d’Anne Hébert, Sylvie Paquette livre un véritable hommage aux textes de la grande poète québécoise avec Terre originelle. Puisant au sein des multiples recueils de Hébert, des Songes en équilibre (1942) jusqu’aux récentes Œuvres complètes (2013), Paquette retrouve des titres qu’elle pose sur des mélodies discrètes et respectueuses. Enveloppant avec justesse les poèmes choisis, la mélodiste, accompagnée d’Yves Desrosiers et de Philippe Brault, se laisse guider par le rythme des vers, met en lumière les mots et les porte vers une renaissance musicale. On reconnaît la signature contemporaine folk du trio, tout en redécouvrant certains classiques de la poète et quelques textes moins connus de l’écrivaine. Alliant les mots d’espoir et de désespoir à des musiques minutieuses, Sylvie Paquette propose un charmant détour dans l’univers magnifié d’Anne Hébert. (J. Ledoux)
Notre ami Pat savait exactement ce qu’il faisait lorsqu’il a viré les claviers de son PM Group pour les remplacer par les cuivres de l’inépuisable Chris Potter. Dans le très homogène quartette Unity, c’est tous pour un, un pour tous. Les gars se donnent à fond, restituant le bonheur intense qu’ils ont vécu en tournée l’année passée. Mais ce volume double offre enfin une synthèse tangible de l’œuvre méthenienne dans son ensemble. De l’adagio d’ouverture pour guitare seule au duel final démentiel entre batterie et guitare trash, il y a de longues et belles plages; un flamenco épique, un standard joyeux (Cherokee), un arrêt obligé chez Maître Ornette (Police People), un medley de ses airs connus, mis bout à bout, comme à l’improviste. Il y a surtout cette cavalcade échevelée, Two Folk Songs #1, retour voulu sur l’emblématique album 80/81 paru chez ECM, il y a 35 ans… Quoi? Pas déjà! (R. Boncy)
CÉU TROPIX
SOULDIA X RYMZ AMSTERDAM
(Six Degrees)
(Silence d’or / Explicit Productions)
★★★ 1/2
★★★ 1/2
Je vous salue Maria do Céu, pleine de grâce... La petite fée de São Paulo possède une légion de fans au Québec depuis ses débuts en 2006 et elle nous rend visite pour la troisième fois, au Festival international de jazz de Montréal, toujours un 30 juin. Superstitieuse, la belle ensorceleuse? Pas vraiment. De plus en plus en contrôle de sa voix douce et son art électro-minimaliste, elle en maîtrise tous les aspects, les dosages délicats, signant les paroles et les musiques langoureuses de la quasi-totalité des chansons. Le départ de Beto Villares, remplacé par le batteur Pupillo, n’a rien changé à la démarche de l’artiste, à la fois glamour et très sobre. Il suffit d’écouter Amor Pixelado, Chico Buarque Song (qui rappelle Lucas Santtana) ou la sublime Sangria pour être immédiatement convaincus qu’il existe un nouveau Brésil inconnu des bornés de la bossa. (R. Boncy)
VO1 #O5
Cherchant à s’évader de leur virulent quotidien, là où les envies de «braquer la Garda» et «les violents excès de colère» côtoient les tentations fortes de la vie rapide, Souldia et Rymz trouvent refuge à Amsterdam, capitale emblématique de l’intoxication légale. À bord du KLM420, les deux acolytes reprennent leurs albums solos respectifs, entrechoquant leurs espaces artistiques avec une intensité naturelle qu’on devine spontanée et fraternelle. Armé d’un flow athlétique et précis, le Maskoutain d’origine Rymz fait preuve d’une prodigieuse polyvalence qui se mêle avec nerf au débit plus symétrique et prévisible de Souldia. Majoritairement soutenu par les sonorités sombres et acérées du Guadeloupéen Gary Wide, qui se fait plus prudent et moins aventureux que sur le dernier Rymz, ce premier album collaboratif saura rapidement rejoindre son public. (O. Boisvert-Magnen)
HOLY FUCK CONGRATS (Last Gang Records) ★★★★ On aura eu beau patienter pendant six ans avant d’avoir droit à un nouvel album d’Holy Fuck, on peut dire que l’attente n’aura absolument pas été vaine. Dès l’ouverture avec Chimes Broken, on sait que l’on a affaire à un disque étonnant. Les sonorités plus qu’agressives du groupe sont distorsionnées au maximum, assaillant les oreilles avec des rythmes acidulés et des basses qui veulent tout arracher. Arrivé à mi-course, l’intense House of Glass nous prend par le collet dès les premières notes et ne nous relâche qu’à la fin du tout dernier coup de caisse claire. Une des plus grandes qualités de ce nouvel opus est qu’il est constamment surprenant. À chaque détour, Holy Fuck envoie une décharge complètement inattendue qui nous prend par les tripes et nous oblige à nous brasser la tête en cadence. Le quatuor a su se réinventer sans se dénaturer, et offre avec Congrats une version raffinée de ce que l’on attend de lui. (A. Bordeleau)
22 MUSIQUE VOIR QC
VO1 #O5
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MONIQUE GIROUX SUR MESURE
SUR LA ROUTE DES CHANSONS Je ne me suis jamais intéressée aux pourcentages, données et autres statistiques. Je ne serai pas la Paul Houde de la chanson. Bien que j’admire sa capacité à gérer une quantité phénoménale de records olympiques et de noms imprononçables de joueurs de Bo-Taoshi, ce n’est pas mon truc. J’envie certainement ces performances de mémoire, mais je privilégie d’autres informations à stocker sur mon disque dur cérébral.
tout en te faisant traiter de bobo du Plateau montréalocentriste qui se prend pour le nombril de l’univers. Il n’en demeure pas moins que tu devras aller à Saint-Eustache, Terrebonne, Saint-Jeansur-Richelieu, au DIX30 en train de banlieue, bien sûr, parce que tu as vendu ta voiture car tu ne trouves plus de stationnement en bas de chez toi, pour applaudir tes artistes préférés ou ceux que tu souhaites découvrir.
Je suis donc bien incapable de vous dire combien de spectacles de chansons francophones sont présentés annuellement dans la métropole, mais je peux assurément vous asséner le coup fatal du il y en avait bien plus avant... et je peux aussi vous confirmer qu’il vaut mieux habiter la banlieue ou la province si on veut suivre l’actualité chanson. Pour vous démontrer ce que j’avance, je me dois de sortir la calculette, avec exemples à l’appui.
Les artistes iront donc tout près du public dans des lieux aux noms si jolis: Fabrique, Mouton noir, Vieux Treuil, Chasse Galerie, Ange Cornu, Zaricot, P’tite Grenouille, Cabaret de la dernière chance, Aux Pas Perdus...
Catherine Major sera en tournée à compter de septembre. À son agenda, 31 spectacles, un soir en supplémentaire au Gesù en novembre, suite de sa rentrée montréalaise qui se résumait à un soir à l’Outremont en mars dernier. Bernard Adamus: 50 spectacles entre février et novembre. Deux à Montréal, un en mars, un autre en juin. Safia Nolin: une vingtaine de spectacles, un seul à Montréal. Fred Pellerin a entrepris une tournée de 49 spectacles de chansons. Il a fait deux soirs à Montréal autant qu’à Saint-Hyacinthe, Rimouski et Shawinigan. Dans la plupart des cas, la représentation montréalaise figure au programme des FrancoFolies. Si t’es pas dans le coin ce soir-là ou alors si tu ne trouves pas de stationnement dans le Quartier des spectacles ou que la ligne orange du métro est interrompue ou que ton appli Téo plante (ce qui n’arrive jamais), tu peux crever la bouche ouverte
Parlons donc d’un temps que les moins de 30 ans n’ont pas connu… Michel Rivard a présenté son spectacle 32 fois par mois pendant 14 mois consécutifs en 1983. Ce spectacle, disponible en partie sur le web, me confirme, à moi qui l’ai vu 28 fois en payant chaque fois mon billet, que j’étais fan, que les billets n’étaient pas chers, que le public se déplaçait et que maudit que le Spectrum me manque. Qui fait aujourd’hui quatre soirs de suite dans la grande ville? Bon, OK, Leloup, d’accord. Il en fait même plus que ça. Mais l’exception ne confirme pas la règle. Dans les prochains mois, le Québec chantera au Festival de la chanson de Tadoussac, de la musique émergente d’Abitibi-Témiscamingue, de PetiteVallée, de Granby, d’été de Québec, à Envol et Macadam, MEG, Mutek, Vue sur la relève, aux Francouvertes, Pop Montréal, à Coup de cœur francophone, Coup de Grâce musical de Saint-Prime, au festival Accélération de camions de Saint-Josephde-Beauce qui doit bien recevoir un groupe rock ou
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deux, au Festival de la gibelotte, de la gourgane, de la patate, de la poutine, de l’épi, de l’érable, de l’oie blanche, des barres à Jack, du Bûcheux de Saint-Pamphile, du cheval de Princeville, de Saint-Cyprien toasté, de Saint-Zénon, de Piopolis-où-c’est-que-c’est-ça? Aucun des noms cités ci-haut n’a été inventé par l’auteure de ces lignes. Tous ces festivals existent vraiment. Je voudrais m’excuser auprès de ceux qui ne se reconnaîtraient pas, mais Voir m’autorise 1000 mots. N’y voyez pas de malveillance. Le site des FrancoFolies de Montréal annonce que cette année, un million de spectateurs pourront assister à 250 spectacles, dont 180 présentés par 1000 artistes provenant de 12 pays entre le 9 et le 18 juin. À leur première édition de septembre 1989, les FrancoFolies proposaient une quinzaine de spectacles au Spectrum offerts par 23 artistes. Le spectacle de clôture intitulé Bonjour la visite, et animé par le ci-haut cité Michel Rivard, avait été diffusé dès le lendemain sur les ondes de la télé de Radio-Canada et dans toute la francophonie. Vingt millions de personnes ont pu voir ce spectacle. Entendons-nous bien. J’adore les Francos, je les fréquente assidûment depuis 1989, j’y présente annuellement mes émissions, j’ai conçu et animé quelques spectacles d’ouverture et de clôture depuis 1992, dont plusieurs ont été diffusés à la télé et à la radio. Je hante le site de jour comme de nuit, je manigance des rencontres entre certains journalistes étrangers et certains artistes de chez nous. Je fais des apéros sur ma terrasse avec des journalistes d’ici et des artistes étrangers. C’est mon Noël en juin. Quel spectacle des FrancoFolies sera cette année capté pour une diffusion ultérieure, quelle qu’elle soit? Les télédiffuseurs affirment que les téléphages ne sont plus intéressés par la musique sur écran plat. Alors, quand on invite un chanteur à la télé, c’est pour lui faire boire des shooters en brassant une sauce à spaghetti, danser devant un juré, voyager autrement avec sa famille, remonter son arbre généalogique, se faire encenser par tout un village, chanter les chansons d’un autre, et encore, seulement un extrait en hommage à une autre vedette. Bazzo.tv, considérée par Ottawa comme une émission de variétés, a été retirée de l’antenne il y a quelques mois pour une nébuleuse question de crédits d’impôt. On en perd son latin en plus de tous sens communs. Détachons nos lacets de bottines, sortons de chez nous, dansons, buvons, aimons-nous quand même et chantons de Montréal à Moisie, en passant par RapideDanseur, Chicoutillette, Rivière-aux-Rats, Cap-Chat, Grandes-Piles, Parisville et puis Saint-Louis-du Ha! Ha! Finalement, c’est peut-être ça la bonne idée… y CHANSON SUGGÉRÉE: MANCHE DE PELLE, DE ROBERT CHARLEBOIS
SIMON BOUDREAU LE NOUVEL ALBUM
D E VA N T L E S P O S S I B L E S MAINTENANT DISPONIBLE
EN TOURNÉE
06.17 MONTRÉAL
08.06 ASBESTOS
Festival Folk de Montréal sur le canal
Microbrasserie Moulin 7
Fête nationale
06.30 SHAWINIGAN
08.13 MASCOUCHE
Le Trou du diable
07.15 LONGUEUIL
08.19 WOLINAK
06.23 LOUISEVILLE
Parc St. Mark
07.28 SAINT-ALPHONSERODRIGUEZ
08.12 LONGUEUIL Hommage à Ferland
Parc du Grand-Coteau Pow Wow
09.29 LAVALTRIE Chasse-galerie
11.04 TERREBONNE Le Moulinet
Parc des Arts
11.11 GATINEAU
Festival des 5 Sens
Le Magasin Général Lebrun
08.05 SAINTE-SOPHIEDE-LÉVRARD
La Grange
11.18 MASKINONGÉ
S I M O N B O U D R E AU.C O M
Romance du noRd PRemièRe incuRsion de maRie-Josée cRoze dans le cinéma finlandais, 2 NIGHTS TILL MORNING débaRque suR nos écRans avec son ambiance noctuRne et ses dialogues ciselés. un film intimiste dans lequel la comédienne bRille PaRticulièRement. MOTS | PHILIPPE COUTURE
C’est le premier film en anglais de Mikko Kuparinen, cinéaste finlandais qui s’offre une belle carte de visite sur la scène internationale avec cette œuvre charmante qui développe en deux temps une relation aussi sensuelle que complexe. Architecte française en voyage d’affaires en Lituanie, Caroline (Marie-Josée Croze) se laisse charmer par Jaakko (Mikko Nousiainen), un DJ finlandais à qui elle fait d’abord croire qu’elle ne parle pas anglais. Leur relation débute à mots discrets, par le dialogue des corps, puis se complexifie quand la parole s’en mêle. D’abord armures, les mots
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inspirent la confrontation et se font prolongement de leurs masques sociaux. Mais la vérité finira par éclater, et Caroline baissera la garde, dévoilant une grande vulnérabilité. Prix de la meilleure réalisation au Festival des films du monde, le film devrait connaître un bon parcours international, notamment en raison de l’interprétation nuancée de Marie-Josée Croze, qui donne à ce personnage un caractère somme toute discret et noble malgré les facettes sombres de sa personnalité, qui se dévoilent peu à peu.
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«Je pense que nous avons tous le fantasme de vivre un coup de foudre avec un étranger», disait récemment le réalisateur en entrevue avec Cineuropa. «Vous savez, ce fantasme de vivre quelque chose de fulgurant en dehors du quotidien, en voyage, une relation magique parce que hors-norme et impossible à vivre dans nos vies urbaines réglées.» En conférence de presse à Montréal en septembre dernier, il ajoutait que «les meilleures décisions que l’on prend dans la vie sont celles qui sont prises spontanément, en suivant son instinct». «Je vou-
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Direction générale et artistique Grégoire Legendre
24 juillet au 6 août 2016 Starmania opéra
Plamondon - Berger
Les quatre ténors Christophe Dumaux et Bernard Labadie Prima la musica, poi le parole Salieri Le directeur de théâtre Mozart Gounod à l’apéro La brigade lyrique Le serpent et le chat Opéra jeunesse
Les Grands Feux Loto-Québec
Festival Billetech
418 529-0688 418 643-8131
festivaloperaquebec.com
MIKKO KUPARI NEN
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lais explorer comment mes personnages se sentent tiraillés par des intrusions de leurs vies quotidiennes dans leur romance impromptue. Au moment où ils vivent quelque chose d’extra-quotidien, leurs vies réelles ne cessent de les importuner. Leur besoin de contrôle et de sécurité entre en conflit avec leur besoin, tout aussi grand, de folie et de spontanéité.» «C’est un film d’acteurs», disait le comédien Mikko Nousiainen, également en conférence de presse montréalaise. «Les personnages se développent de manière très élaborée et, dans la dynamique d’une relation à deux qui a tout le temps et l’espace pour s’affiner, dans un presque huis clos, il y avait un terrain de jeu génial. C’est du jeu d’acteur pur, si je peux dire.» De fait, le réalisateur a cherché deux acteurs dont les «rythmes s’accordent bien» et entre qui il a senti rapidement une «formidable chimie». Dans un scénario qui s’amuse à démonter les stéréotypes, la relation s’articule dans une forme particulièrement subtile d’inversion des genres. Même si c’est Jaakko qui semble en apparence prendre le rôle du séducteur et prendre les devants, les intentions de Caroline se révéleront moins innocentes qu’attendu, et son comportement en inadéquation avec l’image qu’elle affiche. Le film est d’ailleurs brillant dans sa manière de révéler la psyché de Caroline par étapes, comme un lent déshabillage, alors que la caméra ne la quitte jamais et nous mène avec elle de chambres d’hôtel en salles d’attente d’aéroports. Un film intimiste qui se prendra bien avant la déferlante de comédies estivales vitaminées. y
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MARIE-JOSÉE CROZE ET MIKKO NOUSIAINEN
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4CLCX EMǝRCP ƫ LMRPC #**# 1Ļ*#!2'-, "# 2 . 1 CR ƫ LMRPC !3'1',# +Ļ"'2#00 ,Ļ#,,#
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chatouilleR Jusqu’à la soumission suR inteRnet, des hommes s’excitent à RegaRdeR d’autRes hommes se faiRe chatouilleR Pendant de longues minutes. une PRatique qui a fasciné le JouRnaliste néo-zélandais david faRRieR. Jusqu’à ce qu’il en découvRe la facette sombRe. il en fait le Récit dans le caPtivant documentaiRe TICKLED, coRéalisé avec dylan Reeve. MOTS | PHILIPPE COUTURE
PHOTOS | ANTOINE BORDELEAU
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Journaliste à la télé, David Farrier est spécialiste de souscultures diverses. Il s’intéresse au bizarre, à l’insolite, à ce qui étonne et qui dérange, racontant l’humanité à partir de ses marges et de ses limites. Mais sa tâche n’est plus possible depuis l’explosion des réseaux sociaux, où tous ses sujets sont brûlés en quelques heures, publiés par les utilisateurs partout dans le monde et diffusés massivement en un temps record. «Or, dit-il, quand je suis tombé sur des vidéos de chatouillement, qui avaient tout l’air de faire partie d’une compétition officielle d’endurance au chatouillement, je me suis dit que j’avais trouvé le jackpot.» C’est un fétichisme comme les autres, qui peut être pratiqué sainement, dans des conditions respectueuses. David Farrier l’a lui-même testé, se rendant chez un adepte, Richard Ivey, et acceptant d’être attaché pour subir l’épreuve du chatouillement pendant 10 minutes. La scène n’est pas montrée dans le docu, mais on y voit un habitué se prêter au jeu, acceptant joyeusement son sort. «Il n’y a rien de mal à aimer se faire chatouiller ou à bander en regardant des hommes s’y adonner, précise Farrier. Richard paie des hommes qui sont consentants, qui savent que leur vidéo sera diffusée en ligne, qui peuvent exprimer leurs limites. Ce n’est pas toujours le cas.» En contactant une compagnie américaine qui semble spécialisée dans l’organisation de compétition d’endurance au chatouillement, Farrier reçoit des réponses agressives et homophobes. «Nous ne voulons rien avoir à faire avec un journaliste homosexuel», lui répond-on, avant de le couvrir de lettres d’avocats menaçant d’entamer des poursuites judiciaires. L’intimidation poussera le journaliste à vouloir en savoir plus. Il découvre une organisation qui met en ligne des vidéos sans le consentement des jeunes hommes qui y sont en vedette et qui ont eux aussi été victimes de diverses tactiques d’intimidation. Surtout, il découvre une organisation dont les moyens financiers semblent infinis et qui utilise son argent pour exploiter de jeunes hommes financièrement vulnérables. De manière détournée, David Farrier fut l’un de ceux-là. «Certaines lettres nous venaient de vrais avocats, explique-til. D’autres étaient fausses. Ce que ça met en lumière, c’est une culture radicale de la judiciarisation qui est très forte aux ÉtatsUnis dans certains milieux corporatistes et chez les nantis. Cette judiciarisation est bien sûr au service de ceux qui ont les moyens de la payer. Avec l’argent vient le pouvoir. Le film parle de gens qui exploitent d’autres gens à cause du pouvoir de l’argent.» Construit comme un thriller, Tickled développe une enquête fascinante et étonnante, qui se dévore comme un roman et dont, évidemment, nous ne dévoilerons pas ici tous les tenants et aboutissants. «Avec Dylan, il nous est apparu naturel de donner à ce documentaire une structure vraiment narrative. J’espère que le public y prendra plaisir. Car le chatouillement, ça devrait demeurer une pratique agréable.» y Bientôt disponible en VSD
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noRmand baillaRgeon PRISE DE TÊTE
ce fascinant débat suR le salaiRe minimum Tout a commencé aux États-Unis, où un mouvement pour la hausse du salaire minimum à 15$ l’heure des employés du secteur de la restauration rapide est apparu, puis s’est amplifié. Bientôt, cette même demande est arrivée au Québec. Notons qu’elle est moindre ici, compte tenu du fait que le salaire minimum est chez nous de 10,75$ l’heure alors qu’il est de 7,25$ aux États-Unis – en vertu de la loi fédérale, les montants diffèrent. Là-bas, le salaire minimum, en dollars constants, a été à son maximum en 1968: il était alors à 10$ l’heure. En moins de temps qu’il n’en faut pour crier «Lutte des classes!», les habituelles voix, celles-là mêmes qui n’ont jamais rien à dire de l’évasion fiscale, des paradis du même nom, ou des subventions aux BS corporatifs, celles-là, oui, se sont aussitôt fait entendre pour nous expliquer que la science économique, rien de moins, est formelle et unanime: hausser le salaire minimum est une bien mauvaise idée. Leur argumentaire repose essentiellement sur l’impitoyable loi de l’offre et de la demande. En bout de piste, elle nous montrerait que si on augmente le salaire minimum, les employeurs vont embaucher moins de travailleurs, devenus plus coûteux. Le résultat net de l’opération sera donc la création de chômage et la diminution globale de revenus, bien entendu parmi les gens au salaire minimum.
Vous vouliez les aider en invoquant l’exigence morale d’un salaire décent, permettant à chacun de vivre correctement? Vous avez empiré leur situation! Fixer par législation le salaire minimum est donc, en fait, une très mauvaise et aussi paradoxale affaire, parce qu’elle nous rappelle qu’en matière de politiques publiques, la morale et les bons sentiments sont de bien mauvais guides. Personne n’a dit tout cela mieux que ce bon vieux Milton Friedman. Écoutez-le: «De telles législations [sur le salaire minimum] sont un exemple aussi clair qu’on peut le souhaiter d’une mesure dont les effets sont précisément à l’opposé de ceux que cherchaient à provoquer les personnes de bonne volonté qui les ont promues. […] Si tant est que des lois sur le salaire minimum aient un effet quelconque, c’est clairement celui d’augmenter la pauvreté [ma traduction]» (Capitalism and Freedom, Fortieth Anniversary Edition, p. 180). Dossier clos? Affaire suivante? Un tout petit moment, je vous prie… Derrière le consensus allégué… Il y a au moins trois contre-arguments à la position de Friedman et consorts. Le premier est que les faits sont bien loin d’être unanimes à leur donner raison. Surpris? David Card et Alan B. Krueger, par
exemple, ont examiné aux États-Unis ce qui se passe quand au même moment un État augmente le salaire minimum et un autre pas (le New Jersey et la Pennsylvanie, en un cas). Leur conclusion, en un mot, est que l’influence de la mesure est négligeable, voire positive. Paul Krugman résume ainsi la situation: «Avant les travaux de Card et Krueger, la plupart des économistes, moi compris, pensaient qu’une hausse du salaire minimum aurait un réel effet négatif sur l’emploi. Mais ce qu’on a observé, c’est plutôt un effet positif. Ce résultat a depuis été confirmé avec des données de diverses sources. Il n’y a donc pas de preuve que hausser le salaire minimum va entraîner des pertes d’emploi, à tout le moins quand le plancher est aussi bas qu’il l’est aux ÉtatsUnis.» Il y a là matière à débat et à nuance, mais un fait demeure: la dramatique relation prédite est au moins bien loin d’être avérée. Le deuxième argument est que, comme on le devine avec ce qui précède, l’unanimité alléguée des économistes n’existe pas. En 2014, l’Economic Policy Institute des ÉtatsUnis publiait une lettre signée par plus de 600 économistes, parmi lesquels quelques «prix Nobel», demandant qu’on hausse le salaire minimum. Ils écrivaient notamment que des hausses du salaire minimum n’ont que peu ou pas d’effet négatif sur l’emploi
des travailleurs concernés, même quand le marché de l’emploi est faible, et ajoutaient que cette mesure pourrait même avoir un léger effet de stimulation de l’économie, puisque ces travailleurs dépenseront leur revenu additionnel. Le troisième est que cet argument est un troublant aveu: il nous dit que ce système économique, selon ses promoteurs, n’est pas en mesure de faire en sorte qu’en travaillant les gens sortent de la pauvreté, et ce, même après des années de croissance économique. Aux États-Unis, par exemple, la productivité de l’économie, selon Paul Krugman (2013), a presque doublé depuis un demi-siècle. Or, toujours selon lui, le pouvoir d’achat que confère le salaire minimum est aujourd’hui plus faible (je répète: plus faible) que durant les années 1960! Et que dire de cette tendance, devenue spontanée, à vouloir faire de l’économie le seul et décisif arbitre de ces questions qui sont pourtant politiques. Le type de société au sein de laquelle nous voulons vivre est une question qui ne se réduit pas à l’éco-
nomie et qui ne se résout pas que par elle. Entre aussi dans cette équation, par exemple, la valeur (pas le prix!) que nous accordons au maintien d’une certaine égalité de condition, sans laquelle la pleine participation politique de chacun est un objectif difficilement atteignable. Une petite énigme Au total, on est confronté à une sorte de petite énigme qui mérite réflexion: pourquoi donc les effets pourtant prédits par la théorie économique semblent-ils ne pas se produire? Une explication courante dit en gros ceci. La loi de l’offre et de la demande ne dit pas exactement que si le prix d’une chose augmente, la demande pour elle diminue. Elle dit que cela n’est vrai que si on ne tient compte de ces deux seules variables, sans prendre en compte une foule d’autres faits qui peuvent influer sur les prix. Or, justement, le marché du travail est extraordinairement compliqué, il est plein de distorsions et constamment en déséqui-
libre. Les gens décident de travailler ou pas, de travailler à quel endroit et combien de temps, pour une grande variété de raisons, qui ne sont pas toujours rationnelles, du point de vue de la rationalité de l’Homo economicus. Il en va de même pour les employeurs, qui embauchent leurs employés pour toutes sortes de raisons, elles aussi parfois bien étranges, toujours du point de vue de cette rationalité. Si les employeurs sont tenus de mieux payer leurs employés, ils vont chercher sans doute des manières de les rentabiliser davantage en les faisant mieux travailler. De plus, ces mêmes employés, jouissant dorénavant d’un meilleur salaire, vont ainsi travailler mieux, prendre plus au sérieux leur travail et tenter de le conserver. Henry Ford, rappelle Joseph Heath (dans son ouvrage Filthy Lucre), se félicitait d’avoir augmenté grandement le salaire de ses ouvriers: c’était, disait-il, la meilleure décision qu’il avait prise pour... réduire ses coûts de production. y
TRAIN SONGS Sortie : 10 Juin 2016 TRAIN SONGS
Festival international de jazz de Montreal 2016 Déambulatoire du 29 juin au 9 juillet Événement spécial SiriusXM, Scène TD, le 9 juillet
westtrainz.com
Escale à Québec! Festival d’été de Québec 2016 les 14 & 15 juillet
DES MOTS... ET DES LETTRES MOTS | FRANCO NUOVO
Je n’ai pas de Facebook. C’est un voleur de temps qui exige beaucoup trop d’attention et de surveillance. Du trouble, quoi!
de réflexions sur une liberté d’expression noyée dans la confusion. Est-ce suffisant pour illustrer ce tourment?
Par contre, je tweete. Rarement, mais je tweete quand même. En fait, je consulte davantage et je surveille, non sans intérêt mais avec modération, les tornades qui arrachent tout sur leur passage, qui sèment la désolation en enflammant les esprits, surtout les plus retors, et qui détournent de la réalité les luttes qui méritent d’être menées.
Toutefois, il y a des auteurs de tweets, des twitteurs donc, dont je lis les 140 caractères en me régalant. Des poètes à leur façon dont quelques mots à peine suffisent à mettre en évidence et leur talent et leur intelligence. Bernard Pivot, par exemple. C’est un délice de le suivre et de le lire; des idées, de l’amour, des sensations, de l’émotion, sans prétention.
Des exemples? Est-ce nécessaire?
Bon, allez! Laissez-moi citer quelques-uns des récents messages signés par celui qui fut l’inoubliable animateur de l’émission Apostrophes! Pour le plaisir, allez!
Les coulées de lave qui ont recouvert le corps froid de Jutra, les bavures qui ont dégouliné sur Olivier, un anodin gala, et l’abondance souvent indigeste
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Il y a quelques semaines, le 5 mai, monsieur Pivot célébrait son 81e anniversaire. Comme tant d’autres, il n’aime pas vieillir; plus que d’autres peut-être. Aussi écrivait-il en cette journée qui coïncidait cette année en France avec la fête légale de l’Ascension: Ce n’est pas parce que votre anniversaire coïncide avec la montée de Jésus au ciel que cela vous donne envie de l’imiter. Et ça aussi: Les pères s’excusent-ils jamais auprès de leurs enfants d’avoir participé à leur conception sans trop y réfléchir? En France tout comme ici, le printemps a tardé à venir, à se montrer le bout du nez. Or un dimanche de mai, sans crier gare, il est arrivé. Voilà un tweet écrit le 9 par Bernard Pivot: Soudain l’été, hier, à Paris. L’éclosion de la blancheur des épaules, des bras, des cuisses, des chevilles. Le soleil s’est régalé. Trois petites phrases peuvent-elles traduire plus de sensualité? Nouvelles éditions Dans un tout autre ordre d’idées… Ce mois-ci toujours, Le Larousse et Le Petit Robert ont lancé l’édition 2017 de leur dictionnaire. Ce sont des livres, des livres importants. L’académicien, Jean d’Ormesson, n’a-t-il pas dit que Le Petit Larousse est le seul ouvrage qu’il emporterait sur une île déserte? Beaucoup de nouveautés finalement, et beaucoup de mots liés aux nouvelles technologies. C’est vrai qu’en 2016, il faut suivre. Alors désormais, je sais qu’un dépendant du cellulaire s’appelle, allez savoir pourquoi, un nomophobe et que les geeks et les youtubeurs sont maintenant des mots de la langue française. Dans l’un des dictionnaires ou dans l’autre, il est question d’émoticônes, ces petites faces jaunes qui tantôt rient, tantôt grimacent, tantôt pleurent. Et comme on n’échappe pas à son époque, on retrouve aussi des mots ou des expressions engendrés par le terrorisme. Le loup solitaire et le complotiste se côtoient donc entre le plat recto et le plat verso du dico.
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Évidemment, Bernard Pivot, qui est un amant de la langue, n’est pas resté indifférent à tous ces ajouts. Comme le linguiste Alain Rey, il déplore bien sûr «l’afflux d’anglicismes», mais se réjouit de l’enrichissement provoqué par l’entrée en scène de certains vocables. Ce fou de soccer qui doit être très heureux que le buteur Lionel Messi ait réussi à compter même dans Le Robert a donc tweeté en termes sportifs: Carton or au Petit Robert pour les mots nouveaux: ubériser, viandard, youtubeur, mara (fraise), twittosphère. Carton or au Petit Larousse pour les mots nouveaux: yuzu (fruit asiatique), seul en scène (one man show), impermanence, europhobe. Carton rouge au Petit Robert pour les mots nouveaux: néonaticide (meurtrier d’un nouveau-né), geeker, matinalier. Carton rouge au Petit Larousse pour les mots nouveaux: spin-off, stand-up paddle, zadiste, mook. Quant au Québec, il a aussi son mot à dire avec balado, sans-allure et Xavier Dolan, qui figure à la lettre D du Larousse des noms propres, tout comme Ai Weiwei, qui se retrouve à la lettre A ou W. À 27 ans, le prodige du cinéma idolâtré en France apparaît donc dans le dictionnaire. Je crois qu’on peut dire que c’est une consécration. La question bien sûr est de savoir si, pour un réal, c’est plus important, plus fort, qu’un prix dans un festival. Le défi maintenant, c’est d’y rester pour vraiment passer à l’histoire. Je me demande quand même ce qu’on peut ressentir quand on apprend la nouvelle. Est-on consulté? Peut-on refuser? Sent-on sa tête enfler? Ou gagne-t-on quelques centimètres, ce qui dans le cas de certains est un cadeau? On a récemment beaucoup parlé au cours des derniers mois de notoriété, de la dictature de la pipolisation, de «la souveraineté du people», de déclinaison de la célébrité par lettre alphabétique. Or, sans contredit, même si on ne surgit qu’à D et qu’on se prénomme Xavier, une fois dans le dictionnaire, contre tous mais surtout envers, on est un A. y
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Sur les rayons
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DEUX JOURS DE VERTIGE EvElinE Mailhot
DISENT-ILS RachEl cusk (tRad. célinE lERoy)
Notabilia, 192 pages
Éditions de l’Olivier, 208 pages
Après le recueil de nouvelles L’amour au cinéma, l’auteure Eveline Mailhot nous livre ici un premier roman aux allures de huis clos léger, si ce n’était de Sara, cherchant toujours à approfondir et à pousser plus loin sa compréhension des autres et d’elle-même. La prémisse de départ ne pourrait être on ne peut plus simple: des amis se retrouvent dans un chalet des Cantonsde-l’Est pour une fin de semaine festive pour l’anniversaire de l’une des leurs. Entre autres, Hugo, un ami et l’ancien amant de Sara, se présente, question de compléter à merveille ce tableau fait de tension, de désir et d’hypocrisie. Deux jours de vertige: bien assez pour remettre en question une existence complète en ne faisant semblant de rien.
Lorsqu’on découvre Rachel Cusk à son huitième livre, Disent-ils, on se dit qu’on est passé à côté de quelque chose pendant trop longtemps. L’auteure britannique propose un roman à la déconstruction savante, où le discours des autres fait foi de tout, créant, comme sur un métier à tisser, une fresque sondant la condition humaine et la solitude des autres inhérente au discours qu’on crée sur soi. L’auteure, qui avoue ne pas lire ses contemporains et s’en tenir qu’aux classiques, livre pourtant ici un roman criant sur son époque et sur les ténus fils qui nous maintiennent en place dans un écosystème qui, parfois, semble aseptisé d’émotion et de réelle passion.
Autour de la fêtée, Félicie, une Française un peu bourge, se retrouve une constellation de connaissances liées tantôt par des anecdotes savoureuses, tantôt par des désirs inassouvis, ou encore par des histoires terminées trop abruptement. Comme point d’ancrage, et d’observation, nous aurons Sara, doctorante qui n’en finit plus d’en découdre avec ses études. Elle voit la candeur de sa fin de semaine voler en éclat lorsqu’Hugo, l’ayant laissée pour une autre fille et un autre continent, se présente au chalet. C’est sur ces notes que commence un grand tango de 48 heures où on changera souvent, ou pas, de partenaire. Autant bouleversée que fascinée par la présence d’Hugo, la narratrice devient introspective et hypersensible, alors que chaque regard oblique, chaque cigarette fumée, chaque longue accolade et chaque rire gras semblent cacher beaucoup plus que les sourires niais et teintés d’alcool que tous ont sur le visage. Il y a une simplicité déstabilisante chez Mailhot: tant dans une écriture qui ne force rien et qui montre pourtant beaucoup qu’avec une histoire banale et un lieu statique qui, toutefois, nous fascinent tant les réminiscences qui les accompagnent ont un parfum d’authenticité. Dans une concision narrative assez brillante, l’auteure parvient à dresser un portrait de société plutôt fascinant, celui des faux-semblants, des jalousies jalonnant l’amitié, des fantasmes peuplant trop souvent nos fraternités. Deux jours de vertige, c’est un week-end où on prend soudainement conscience du grand théâtre dans lequel on joue. C’est le vertige d’un quatrième mur qui nous éclate en plein visage. C’est le réel autour d’une bonne bouteille de blanc. (Jérémy Laniel)
Une écrivaine britannique quitte Londres pour se rendre à Athènes, où elle y donnera un atelier d’écriture. Et c’est tout. Pourtant, au détour de ce voyage, ce sont les conversations, dans lesquelles elle prendra part de manière on ne peut plus effacée, qui s’entrecroiseront pour créer l’essence même du roman. Peu avant son vol, elle déjeunera avec un milliardaire qui ne lésinera pas sur son automythification. Dans l’avion, elle rencontrera un quinquagénaire grec ayant échoué trois mariages. Un peu plus tard, ce sera un comparse romancier, attrapé dans un bar. Tantôt, une auteure féministe déblatérant sur sa plus récente tournée promotionnelle en Pologne. Ou encore ses élèves, tous d’horizons différents, qui se laisseront divaguer dans un discours sur la fiction et l’importance de (se) raconter. Plus on avance dans ce judicieux roman, plus on se rend compte qu’on ne connaît rien, ou à peu près, de cette écrivaine dont on suit les pérégrinations, car jamais on ne lui retournera la parole. Quelques bribes sur un mariage lointain, des enfants, et c’est à peu près tout. Reste que son écoute du sort des autres est tel que le lecteur ne peut faire autrement que de tendre l’oreille. Dans ce livre, tout se passe dans l’écriture et le style – saluons d’ailleurs la traduction. L’intelligence avec laquelle Cusk parvient à tourner les phrases, la justesse avec laquelle les mots sont choisis et l’empathie avec laquelle les personnages sont dépeints font de Disent-ils une lecture jouissive et fascinante sur notre relation aux autres. Rachel Cusk parvient à cerner notre rapport au discours de soi, à dépecer notre autofictionnalisation latente, dans laquelle on laisse trop rarement une place à l’autre. (Jérémy Laniel)
35 ROADTRIP (F)ESTIVAL C’est le temps de faire vos valises. on part sur la route! tous les mois, tous les jours même, voir vous parle de Ce qui se passe dans la Capitale et dans la métropole. mais aveC l’été qui arrive, ça nous démange un peu dans les mollets de nous lanCer dans des périples partout au québeC! et nous n’avons pas l’intention de nous ennuyer. sortez votre gros pouCe qui like au bord du Chemin! nous vous embarquons pour un roadtrip (f)estival! MOTS | SIMON JODOIN, VALÉRIE THÉRIEN, PHILIPPE COUTURE, MARIE PÂRIS, OLIVIER BOISVERT-MAGNEN, ANTOINE BORDELEAU ILLUSTRATIONS | ERIC GODIN
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GASPÉSIE & BAS DU FLEUVE si nous devions éCrire un roman kétaine, il porterait le titre aller à la renContre de la mer. ça CommenCerait aveC les plus beaux CouChers de soleil du monde, sur les battures, et ça se terminerait aveC un lieu mythique, un immense roCher aveC un trou dedans sur une Carte postale et une réserve d’oiseaux marins. ah! mais non. ça ne suffirait pas! C’est un réCit d’aventures qu’il nous faut! un vrai, aveC une bonne énigme et une fin étonnante! Car sous les CliChés, le bas-saint-laurent et la gaspésie gardent enCore tous leurs seCrets.
O1 NOVA LUMINA DE MOMENT FACTORY MOTS | VALÉRIE THÉRIEN
Fort du succès de son parcours nocturne multimédia Foresta Lumina, illuminant le parc de la Gorge de Coaticook depuis 2014, Moment Factory fait des petits. Cet été, la boîte montréalaise accroît son offre d’expériences touristiques québécoises uniques en proposant deux nouveaux événements du même type au Québec: Nova Lumina à Chandler, Gaspésie, ainsi que Anima Lumina au Zoo de Saint-Félicien, Saguenay–Lac-Saint-Jean. Les deux parcours ouvriront à la mi-juillet. «Cette idée de magnifier la beauté naturelle d’une forêt la nuit grâce à une expérience multimédia a marqué les imaginaires, indique Julie ArmstrongBeaulieu, responsable des communications chez Moment Factory. Nous souhaitons chaque fois que notre expérience soit unique, inspirée du lieu qui l’abrite, et respectueuse de son environnement.» Le parcours présenté à Chandler se situera à l’embouchure des rivières du Grand Pabos, dans un
sentier développé sur 1,5 kilomètre en bord de mer. La thématique sera cette fois-ci autour de la terre et du ciel. Voici les détails de Moment Factory: «Le concept du parcours est qu’à Chandler, pour une raison mystérieuse, les étoiles sont tombées du ciel et se sont échouées sur la grève. Guidés par les lumières de la voûte céleste, les visiteurs feront un voyage mythique entre ciel et terre. La mission qui leur sera confiée sera de porter la lumière d’une étoile tout au long du parcours et de la retourner au ciel.» Nova Lumina, tout comme son grand frère Foresta Lumina, saura à la fois vous émerveiller et vous faire vivre des émotions fortes. Une expérience à vivre en amoureux, entre amis ou bien en famille. Pour vous donner une meilleure idée du type d’expérience proposé par Moment Factory, Élise Magnan Bélanger, chargée de communication à la Ville de Montréal, nous a dit quelques mots sur sa visite de Foresta Lumina: «On se sent rapidement transporté dans un autre univers, avec les jeux de lumière, les sons et les différentes stations qui longent le parcours. Le fait que le parcours se déroule de nuit ajoute au sentiment de magie. On se promène en forêt, dans les magnifiques gorges. La traversée du pont suspendu, de nuit, est un peu effrayante. Il y a une porte illuminée qui nous attend à l’autre bout du pont et qui donne un peu l’impression d’une lumière au bout d’un tunnel. Ayant fait le parcours avec de
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jeunes enfants, j’ai trouvé ça fascinant de voir la magie dans leurs yeux tout au long du parcours. Ils étaient complètement émerveillés et on se laisse facilement emporter avec eux.» Pour ce qui est du parcours au Zoo de Saint-Félicien, on vous en glisse un mot dans les pages dédiées au Saguenay–Lac-Saint-Jean! novalumina.com zoosauvage.org/animalumina forestalumina.com
O2 BOIRE & MANGER La Gaspésie voit revenir de plus en plus de jeunes talents qui l’avaient quittée pour aller étudier ailleurs ou s’installer dans de grandes villes. Des cuisiniers, des brasseurs et autres jeunes entrepreneurs reviennent en terre natale pour mettre en valeur ses produits et son terroir. On citera ainsi Carl Pelletier, de Couleur Chocolat à Sainte-Annedes-Monts, ou la chef Colombe St-Pierre au Bic… En direction de Rimouski, une pause s’impose à Auclair, au domaine Acer, pour déguster et/ou acheter ses boissons alcoolisées issues de la vinification de la sève d’érable. Pour tout savoir sur l’érable, de l’arbre au verre, il y a même des visites commentées jusqu’en octobre. Pour ceux qui préfèrent le houblon, plusieurs arrêts microbrasserie sont à faire dans la région, notamment Aux Fous Brassant à Rivière-du-Loup et à Le Bien, Le Malt à Rimouski. La Tête d’Allumette, à Saint-André de Kamouraska, a la plus belle terrasse du Québec. On y va pour déguster de nombreux saucissons et fromages québécois accompagnés de leur bière – leur IPA est tout bonnement délicieuse. La Tête d’Allumette accueille également plusieurs concerts pour les mélomanes de ce monde. Ils font également des pogos à la saucisse de cerf sur place! La région de Kamouraska est aussi célèbre pour son agneau délicieux. Et la réputation des plantes marines comestibles n'est plus à faire pour épicer vos repas; vous pouvez vous procurer des herbes salées du bas du fleuve pour concocter un gigot d'agneau au goût renversant! Aux Jardins de la Mer, à Saint-Germain, on vous propose de découvrir les plantes marines comestibles via une initiation à la récolte respectueuse. On peut également suivre des
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ateliers pour en apprendre plus sur les tisanes sauvages et médicinales ou les recettes à base de plantes marines. Tout au bout de la péninsule, c’est la brasserie Pit Caribou qui remporte les honneurs. La brasserie comme telle se trouve à l'Anse-à-Beaufils tandis que le pub est situé dans le centre du village à Percé. La réputation de la brasserie dépasse largement nos frontières: leur Brown ale américaine a été déclarée meilleure bière brune au monde lors du plus récent World Beer Awards! Et pour pimenter un peu le voyage, réservez un repas à la Ferme BOS G: c’est la seule ferme du Canada qui élève des yacks…
O3 QUOI FAIRE Sea Shack, Sainte-Anne-des-Monts Tout l’été L’auberge festive de Sainte-Anne-des-Monts est un haut lieu d’amusement, de batifolage et de plaisir avec, en bonus, une vue féérique du SaintLaurent. Encore une fois cette année, la programmation musicale a de quoi provoquer une belle ride de char. Entre juin et août, s’y produiront Samito, Planet Smashers, Koriass, Quebec Redneck Bluegrass Project, Socalled et Groovy Aardvark.
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Festival en chanson de Petite-Vallée Du 30 juin au 9 juillet À titre d’artistes passeurs, Les Trois Accords seront en vedette cette année à Petite-Vallée, emblématique festival/école qui a permis de révéler Vincent Vallières, Daniel Boucher, Bernard Adamus et Louis-Jean Cormier sur une période de plus de trois décennies. Côtoyant de jeunes auteurs-compositeurs de la relève, plusieurs artistes bien établis donneront des prestations, notamment Chloé SainteMarie, Dumas, Plume, La Bronze et Mononc’ Serge. BivouaK’alooza, Saint-Jean-Port-Joli 27 août Même s’il est officiellement situé dans la nébuleuse région fourre-tout de Chaudière-Appalaches, ce tout nouveau festival de Saint-Jean-Port-Joli se pose comme l’un des premiers arrêts de qualité dans votre trip vers le Bas-du-Fleuve. Dans la lignée de certains autres nouveaux festivals, comme la Grosse Lanterne, BivouaK’alooza propose une expérience festivalière complète, incluant show, démesure et camping. Bernard Adamus, Canailles, Quebec Redneck et Phil Brach y seront. Irène sur Mars au Quai des arts de Carleton Du 12 juillet au 12 août Dans le paysage du théâtre estival, souvent ringard, l’équipe du Théâtre À tour de rôle fait un bel effort de création en laissant de côté les comédies puériles au profit d’un théâtre léger mais inspiré. Cet été, une nouvelle pièce de Jean-Philippe Lehoux propulse une mère de famille au cœur d’un projet de colonisation de la planète rouge. L’auteur est bien connu pour ses pièces qui posent un regard frais et allumé sur le tourisme et l’Occidental voyageur. Musique et littérature au Café de la Grave, Havre-Aubert, Îles-de-la Madeleine Si vous êtes déjà passés par les Îles, vous connaissez le Café de la Grave. On y va pour la bouffe du terroir, mais surtout pour les soirées de musique improvisées où les musiciens voguent de table en table dans la joie. Depuis quelques années, le Café est aussi devenu réputé pour ses soirées littéraires et citoyennes: hommage à Ducharme, Laferrière ou Miron… Contes sur la grève et marathon de pouce avec Patrick Dubois, Carleton Dès le 16 juin Voici un conteur pas comme les autres: Patrick Dubois a pris l’habitude de s’installer sur la grève de Carleton, au pied du phare, au coucher du soleil,
pour raconter les histoires oubliées de Carleton. Mais cet été, il invite aussi les Gaspésiens et les passants à un «marathon de pouce» visant carrément à encourager les gens à faire de l’autostop et à se conter des histoires sur la route.
O4 SUR LA ROUTE Premier conseil, lâchez l’autoroute 20 dès La Pocatière pour rouler tranquille dans le Kamouraska par la route 132. Et ensuite, aussi souvent que vous le pouvez, lâchez même la 132, que ce soit pour aller vers le fleuve ou vers les terres. Vous ne voulez pas manquer le rang Mississipi entre Saint-Germain et Saint-André. Vous y trouverez même une très chouette randonnée, par le sentier du Cabouron, qui offre une vue imprenable sur les terres et le fleuve. Le fleuve et les battures volent évidemment la vedette dans la région. Les occasions sont nombreuses pour une balade à respirer les effluves salins. Prévoyez impérativement un arrêt dans le parc côtier Kiskotuk entre Cacouna et L’Isle-Verte. Gros coup de cœur. Faites le «tour» de la Gaspésie en traversant la péninsule par la route 299, entre Sainte-Annedes-Monts et New Richmond, qui passe à travers le parc national en longeant la Cascapédia. Tellement plus joli. Prévoyez beaucoup de temps dans la baie des Chaleurs. Pensez à aller faire une balade dans le coin de Miguasha, au bord de l’eau, au bout de la pointe qui s’avance dans la baie, juste en bas du Camping de l’Érablière. Bonaventure et sa rivière du même nom ont aussi beaucoup à offrir, comme une saucette dans le rapide du Malin, un secret local bien gardé! La base de plein-air camping Cime Aventures offre aussi plusieurs bons plans pour goûter la rivière en kayak ou en canot. Percé, destination ultime et fort courue de la péninsule, a aussi ses secrets. D’abord, si vous arrivez par le sud, prenez la route d’Irlande, qui coupe à travers les terres à L’Anse-à-Beaufils, pour vous y rendre. L’île Bonaventure et le rocher se laisseront deviner peu à peu. Ne négligez surtout pas le réseau de sentiers en haut de la route des Failles. On y trouve une vue à couper le souffle. Et pour bien respirer le vent de la mer, avec un peu moins de monde, faites donc un tour du côté de la rue de la Plage, entre Coin-du-Banc et Rang-Saint-Paul... Vous vous souviendrez de ce conseil! y
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CÔTENORD & CHARLEVOIX en remontant la rive nord du fleuve, où les paysages de Charlevoix vous Coupent le souffle, vous aurez envie d’aller plus loin. toujours plus loin! osez donC un peu! roulez plus loin que tadoussaC, pour une fois! vous redoutez l’aller-retour? vous avez tort. le truC, C’est de prendre son temps et de ne pas s’arrêter aux mêmes endroits en revenant sur vos pas. parCe que C’est beau partout, la Côte-nord. une beauté rude et tranquille. n’hésitez plus! allez vous faire fouetter par le vent marin qui souffle au nord du 50e parallèle!
O1 LE FESTIF! MOTS | CATHERINE GENEST
Une vague humaine déferle sur petite ville champêtre de Baie-Saint-Paul, jardin d’Éden du peintre paysagiste un peu vieillissant en temps normal. Du 21 au 24 juillet, la rue Saint-Jean-Baptiste se fait belle pour accueillir les musiciens inscrits à l’affiche et les mélomanes qui, fait rarissime, trinquent (ensemble) sur les mêmes terrasses. Le genre de trucs qui ne peut arriver qu’au Festif!, un événement à échelle humaine inclusif et familial. D’ailleurs, que les mères et pères coolio se rassurent d’emblée: les poussettes sont plus que bienvenues à l’abord des scènes. Fondé en 2009 par un type ultra motivé répondant au nom de Clément Turgeon, Le Festif! gagne en notoriété à une vitesse folle. Après avoir accueilli des artistes de la trempe d’Alpha Blondy, le carnaval charlevoisien parvient à hameçonner Cat Empire pour une seconde fois en trois étés. Le genre de prise qui, forcément, doit faire pâlir leurs compétiteurs d’envie. Notez-le à l’agenda tout de suite: les membres du groupe australien, mélangeurs habiles de musiques latines, de ska et de reggae, feront cadeau de leurs chansons au jour 1 de l’événement, soit le jeudi 21 juillet à 21h30.
Les artistes de la Belle Province ne sont pas en reste, qu’ils soient en démarrage d’une prometteuse carrière ou au sommet de leur célébrité. Pensons, dans l’ordre, à l’attachante Safia Nolin et à Plume Latraverse, poids lourd indémodable enclin à un retour triomphant ces mois-ci. S’il fallait associer Le Festif! à un genre musical, on opterait sans hésiter pour le folk, à la crème de ce qui fait dans cette branche et ses dérivés bluegrass ou country au Québec. En rafale et pour vous convaincre, une liste d’invités tout sauf piquée des vers: Canailles (démarreurs de partys par excellence), la harpiste et chanteuse Basia Bulat, les poètes terre-à-terre d’Avec Pas d’Casque ainsi que les supervedettes montréalaises Half Moon Run. Un mince échantillon, il va sans dire. On tend à l’oublier, mais la foire de BSP fait aussi une belle place aux troupes circassiennes et autres amuseurs publics, comme en écho aux balbutiements du Cirque du Soleil, mythique compagnie fondée en ces lieux (précisément: au regretté Balcon Vert) il y a une trentaine d’années. Cette année, on aura droit aux tours de piste de la polyvalente formation clownesque The Brostreets et du duo Christophe et Bruno – des gars de Québec. La fiesta se poursuit après le couvre-feu, la nuit bien installée, sur le terrain de camping officiel en bordure du parc du Gouffre. Le choix d’hébergement optimal pour vivre l’expérience totalement, au rythme des petits concerts improvisés et autres shows qui se dévoileront à brûle-pourpoint via l’application ou simple par le bouche-à-oreille. lefestif.ca
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BOIRE & MANGER
QUOI FAIRE
La Route des Saveurs de la région de Charlevoix a été la première route gourmande créée au Québec, il y a 20 ans. C’est qu’il y a de quoi découvrir au rayon gastronomie! Envie de restos? On s’arrête d’abord au Mouton Noir, à Baie-Saint-Paul. À ses débuts, le bistro était une boîte à chansons gérée par des hippies. Au fil du temps, la vocation culturelle a laissé plus de place à la cuisine et aux produits locaux – mais des soirées musicales y sont encore organisées.
Festival de la chanson de Tadoussac Du 9 au 12 juin
La star de Charlevoix, c’est définitivement le veau. Osso buco, onglet, côtelettes... Sous l’appellation «Veau Charlevoix», créé il y a 35 ans, le veau est élevé dans un réseau de fermes familiales de la région et selon un cahier des charges rigoureux. Les Viandes Biologiques de Charlevoix ont aussi la cote. Ce label, qui prône l'élevage naturel de proximité, propose du porc, du poulet et des charcuteries. Sur la Côte-Nord, on s'arrête à la Maison de la Chicoutai pour goûter à ce petit fruit du terroir, un incontournable de la route des saveurs de la région. On mange ce fruit orangé dans des desserts, gâteaux ou yogourts, en confitures ou gelées, ou on fait infuser ses feuilles. Il existe aussi une liqueur québécoise à base de ce fruit, la Chicoutai. Pour découvrir d’autres produits de la région, rien de tel que de faire un tour des marchés publics de la Table Bioalimentaire de la Côte-Nord, qu’on trouve notamment à Tadoussac, Baie-Comeau, Sept-Îles et Longue-Pointe-de-Mingan. Côté houblon, on vous suggère de vous arrêter à la microbrasserie St-Pancrace, à Baie-Comeau, à la microbrasserie Tadoussac (censée ouvrir bientôt) et, surtout, à la Microbrasserie de Charlevoix. Avec une réputation qui n’est absolument plus à faire, elle est un incontournable de la région. Produisant depuis 1998 de nombreuses bières primées par les fanatiques brassicoles, elle est l’une des plus connues du Québec. La Dominus Vobiscum, dans toutes ses déclinaisons, est un élixir à la belge qui ne laisse personne indifférent. Et quoi de mieux pour accompagner sa pinte qu’un bon gros morceau de fromage? Là, le choix est vite fait: le Migneron de Charlevoix. Crémeux et aromatique, il est notamment parfait pour cuisiner, à faire fondre sur un plat. Un emblème de la région...
En 33 ans, le Festival de la chanson de Tadoussac en a fait du chemin. Ce qui était jusqu’en 1992 un événement somme toute confidentiel est devenu, avec les années, un incontournable du circuit des festivaliers québécois. La programmation mélange encore une fois révélations (Rosie Valland, Caroline Savoie, Safia Nolin, Ponteix, Pandaléon, CaltârBateau) et artistes établis (Thomas Fersen, Dumas, Isabelle Boulay, Les sœurs Boulay, Galaxie, Poirier). La Otra Orilla 7 juillet au Domaine Forget (Saint-Irénée) La salle Françoys-Bernier accueille Myriam Allard, spécialiste incontestée du flamenco contemporain et Andalouse de cœur. Elle nous présente Moi & Les Autres, solo rythmé par la présence de trois musiciens. Un spectacle qui s’inscrit dans le cadre du Festival international du Domaine Forget, avec une riche programmation majoritairement musicale étalée sur tout l’été. Festival Innu Nikamu Du 4 au 7 août (Mani-Utenam) Situé à une quinzaine de kilomètres de Sept-Îles, le village de Florent Vollant se fait hôte d’un des plus importants festivals de musiques autochtones du continent. Une 32e édition pour ce pow-wow nouveau genre et inclusif qui regroupera des artistes du Québec, du Labrador et des Amériques. Une occasion unique, et un cadre naturel enchanteur, pour découvrir la culture des Premières Nations. Festival du conte et de la légende de l’Innucadie Du 5 au 15 août (Natashquan) Que les admirateurs de Fred Pellerin se le tiennent pour dit: le conte se dépoussière bien au-delà des frontières de Saint-Élie-de-Caxton! À Natashquan, les amants de la tradition orale s’inspirent du voisinage entre Innus et Acadiens. Une démarche intrigante, originale et nécessaire.
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Ensuite, comme tout le monde, vous voudrez prendre une pause à Tadoussac. Bonne idée, mais vous n’êtes pas seuls à y avoir pensé… Allez donc voir du côté de GrandeBergeronne et Les Escoumins, juste un peu plus loin, où une promenade sur les caps rocheux – beaucoup plus tranquille – et une visite du Centre d’interprétation et d’observation de Cap-de-Bon-Désir s’imposent.
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L’image de l’archipel de Mingan étant devenue l’icône de la Côte-Nord, plusieurs semblent avoir l’impression qu’il faudrait s’y rendre à toute vitesse et en revenir. C’est un mauvais plan. Vous devez d’abord remonter lentement la rive nord du Saint-Laurent pour prendre le temps de bien goûter Charlevoix et ses nombreux attraits. Là, il faut s’arrêter partout: Petite-RivièreSaint-François, Baie-Saint-Paul, Île aux Coudres... la liste est longue. Ne manquez surtout pas le détour par Port-au-Persil dans le coin de Saint-Siméon et Capaux-Oies, entre Les Éboulements et Saint-Irénée.
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Aucun doute, c’est sur la Côte-Nord qu’on trouve les plus belles plages qui bordent le Saint-Laurent. Prévoyez impérativement un arrêt à Saint-Paul-du-Nord et à Portneuf-sur-Mer pour vous en rendre compte. Vous trouverez aussi des kilomètres de sable autour de SeptÎles, comme la plage de Val-Marguerite à l’ouest et les plages Monaghan, Ferguson, Routhier et Lévesque à l’est. Il serait dommage de ne pas prévoir une balade pieds nus. Reste qu’à partir de Sept-Îles, il n’y a qu’un seul chemin pour circuler d’est en ouest sur la rive nord du SaintLaurent et que la voie principale, la route 138, détermine inévitablement votre itinéraire. Vous serez certainement récompensés pour tous ces kilomètres en passant beaucoup de temps dans le parc national de l’Archipelde-Mingan, où il vous faut absolument vous rendre sur les îles. On ne vous a pas menti dans les publicités, c’est magnifique et dépaysant. Tentez donc le kayak de mer. Ensuite, vous avez le choix… Aller au bout de la route et revenir sur vos pas, ou partir encore à l’aventure vers la Basse-Côte-Nord par la mer jusqu’à Blanc-Sablon! De là, vous pourrez choisir de revenir à Baie-Comeau par le Labrador (1710 km!) ou encore traverser à Terre-Neuve pour revenir par les provinces maritimes…
LE PREMIER BAR À COCKTAILS EN VILLE !
Bon voyage! y
B I S T R O L’AT E L I E R 624, GRANDE ALLÉE EST 418 522-2225 BISTROLATELIER.COM
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MONTÉRÉGIE, ESTRIE, BEAUCE & CENTRE-DU-QC s’enfonCer dans les terres... C’est le projet qui vous attend en visitant la rive sud du saint-laurent entre montréal et québeC. on pourrait même parler du garde-manger de la provinCe pour désigner Cet oCéan de terres Cultivables! évidemment, l’estrie aveC ses jolies montagnes et ses beaux villages vole un peu la vedette dans nos imaginaires, mais il faut aller plus loin, Car des surprises vous attendent en desCendant la rivière Chaudière, en Coupant à travers les Champs en beauCe ou en longeant le fleuve. inutile de faire vos Courses avant de partir, vous trouverez tout sur plaCe!
O1 LA GROSSE LANTERNE MOTS | OLIVIER BOISVERT-MAGNEN
Un site enchanteur, une forêt mystérieuse, un camping au bord de l’eau, des mélomanes juste assez festifs, une programmation sans faille… Forte de deux éditions concluantes, La Grosse Lanterne de Béthanie se positionne comme l’une des meilleures expériences festivalières au Québec. L’influence des festivals à l’européenne (lire: ceux qui offrent la possibilité de «dormir» sur place) se fait de plus en plus vive au Québec. Après les exemples types/trash de Woodstock en Beauce et du Rockfest, voilà que sont récemment apparus Le Festif!, AIM Experience, Virage et La Grosse Lanterne. Plus que jamais, les organisateurs de festivals musicaux vendent une expérience complète plutôt qu’une simple programmation. Du lot, la GL se pose comme le meilleur entre-deux: un mélange assez naturel de folies nocturnes/
prématinales et de civisme ordonné, mené par un corps de sécurité aussi sympathique que rigide (notamment en ce qui a trait aux fouilles d’entrée et au bodysurfing, qui était curieusement interdit l’an dernier pendant Malajube). Bref, on peut faire la fête comme on l’entend et se rendre au bout du rouleau, sans toutefois encaisser les débordements inhérents aux autres festivals-campings chaotiques. Cette année, la programmation se diversifie avec panache, laissant de côté son parti pris hip-hop des dernières années pour mettre en valeur, plus généralement, les artistes locaux qui sont en voie de marquer l’année 2016. On pense notamment à Groenland, actuellement en studio, à Klô Pelgag, qui fera paraître en septembre un deuxième album, et à Lisa LeBlanc, qui aura potentiellement du nouveau matériel en français à proposer. Autrement, on aura droit à Dead Obies, Brown, Safia Nolin, Chocolat, et bien d’autres. Mais au-delà de la programmation, établie par Bonsound, qui coordonne l’ensemble de l’événement, le festival béthanien se démarque par la beauté de son site, un lieu conquis par les adeptes de cottes de mailles et d’épées en mousse qui s’y rendent pour d’incontournables jeux grandeur
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nature. Le temps d’une fin de semaine, la faune change, mais l’endroit reste tout aussi bucolique. À lui seul, le récit d’une journée typique a de quoi émerveiller (ou presque): on installe sa tente sur le bord de la rivière Noire, on tente d’aller s’y rafraîchir en s’égratignant le coude sur une roche, on pique une petite promenade dans l’off-road de la forêt, on va voir quelques shows dans un état de plus en plus second, on se met à jaser proche des grills/BBQ dans l’optique bien précise de se faire donner de quoi à souper, puis on s’installe pas trop loin du grand château, en fin de soirée, pour profiter des gros DJ sets et des basses fréquences qui empêcheront probablement Robin Kerr de dormir. En plus, c’est à 2h19 de Québec/1h30 de Montréal, et – nouveauté appréciable – il y a des navettes qui partent de la métropole si vous n’avez pas de permis et/ou de char et/ou de volonté de conduire en état semi-comateux. grosselanterne.com 12 et 13 août 1801 chemin de Béthanie
O2 BOIRE & MANGER Plusieurs festivals auront lieu cet été. Ça commence à Victoriaville avec Fromages, Bouffe et Traditions, du 17 au 19 juin. Au programme: des camions de bouffe de rue et des exposants qui cuisinent le fromage d’ici et plusieurs produits locaux. Et puis il y a le vétéran, le Festival de la Poutine de Drummondville, où l’on goûte à toutes sortes d’étranges, exotiques ou romanesques poutines du 25 au 27 août – tout en profitant de concerts. Pour un repas un peu plus fancy, un arrêt s’impose à Saint-Apollinaire, village de Lotbinière de 5000 âmes sis en bordure de l’autoroute 20. C’est là que le Canard Goulu y a fait son nid, une ferme artisanale qui enorgueillit (avec raison!) les habitants du comté. On profite de notre visite pour ramener leur succulente sauce à spaghetti et faire le plein de rillettes, en vue, pourquoi pas, d’un petit piquenique au majestueux Domaine Joly. En Estrie, on mange bien sûr du canard du lac Brome, une viande québécoise connue à l’international pour sa chair tendre et savoureuse. Élevé au bord du lac et sans gavage, ce canard se déguste sous forme de confit, pilons, rôti, rillettes, saucisse, pâté, terrine…
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Côté microbrasseries, on est gâtés: La Memphrée (Magog), Le Siboire (Sherbrooke), les Brasseurs de West Shefford (Bromont), La Société (SaintGeorges), Microbrasserie Coaticook (Coaticook), Microbrasserie Moulin 7 (Asbestos), Multi-Brasses (Tingwick), Microbrasserie BockAle (Drummondville), Microbrasserie l’Hermite (Victoriaville)… Et puis, il y a Frampton Brasse. Ce n’est pas qu’une simple microbrasserie: en plus de brasser des bières de dégustation équilibrées et raffinées, ses brasseurs cultivent sur le terrain même de la brasserie les différents houblons et l’orge destinés à leurs préparations. Leur Stout Impérial russe, avec ses arômes de chocolat et de fruit mûr, est un pur délice. Bien qu’assez élevée en taux d’alcool (10,5% alc./vol.), elle se laisse déguster tranquillement. Moins amateur de bière? Magog accueille la Fête des Vendanges les 12 et 13 septembre. L’occasion de goûter à différents crus locaux… Sur la route des vins, on peut notamment s’arrêter dans les Cantons-de-l’Est pour acheter le vin gris de l’Orpailleur. Arômes de litchi, pamplemousse… Il est vraiment surprenant, et pas mal plus original qu’un vin de glace.
O3 QUOI FAIRE La nuit du point couvert 20 et 21 août, Gould L’événement écoresponsable est voué à la rencontre avec les artisans et les producteurs locaux. Il y aura un grand événement musical avec Les Guerres d’l’Amour et Les Deuxluxes sous le pont couvert McVetty-McKenzie. Le Buvard, la librairie ambulante de l’auteur et éditeur Michel Vézina, sera sur place avec des auteurs et des musiciens, des bouquins et des rafraîchissements, tout comme l’autobus du Musée du Rock’n’roll pour de l’art visuel et de la musique! Sherblues & Folk 6 au 10 juillet, Sherbrooke Bien établi en plein cœur du centre-ville, le festival annuel est l’un des plus achalandés à Sherbrooke après seulement huit ans d’existence. C’est le groupe québécois Bears of Legend qui ouvrira le festival le 6 juillet alors que l’Algérien d’origine
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OBTENIR PLUS D’ARGENT POUR MANGER AU RESTO?
OUI C’EST POSSIBLE!
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Rachid Taha se chargera du concert de clôture le 10 juillet. Betty Bonifassi, Jim Zeller, Safia Nolin, Whisky Legs et Les Colocs avec Guy Bélanger et Élage Diouf y seront également.
faufiler dans les dédales de routes et bien prendre la mesure de ces paysages si distincts et uniques au Québec. Et pourquoi vous arrêter là? Les itinéraires possibles se marient si bien avec une visite de la Beauce et du Centre-du-Québec.
Beat & Betterave Tout l’été, Frelighsburg
Pour un beau circuit par le sud, rendez-vous entre Bedford et Dunham pour prendre la 237 vers Frelighsburg. De là, perdez-vous dans les petits chemins pour vous rendre à Abercorn ou vous emprunterez le chemin des Églises qui vous mènera sur le chemin de la Vallée-Missisquoi. Vous remontez ensuite vers le nord par la 243 qui passe par Mansonville pour vous rendre à Eastman. Dans les alentours, on vous conseille fortement un arrêt à Sutton pour le village et son parc d’environnement naturel ainsi qu’à Lac-Brome et Knowlton. Ce sont d’excellents ports d’attache pour visiter la région et vous ravitailler.
Nouveau petit café culturel situé sur la rue Principale du magnifique village de Frelighsburg, Beat & Betterave offre des concerts chaque semaine ainsi que la dégustation de produits alimentaires locaux. Pour son premier anniversaire le 10 juin, le café se paye le festif groupe Tintamare. Au cours de l’été, vous pourrez aussi y voir le groupe punk trad Carotté et le bluesman Bob Walsh. Les vendredis à la Fromagerie du Presbytère Tout l’été, Sainte-Élisabeth-de-Warwick Les fromagers en ont été les premiers surpris: le vendredi soir, les gourmands se sont mis à débarquer avec leurs chaises pliantes et leurs bouteilles de vin pour déguster du fromage frais et faire la fête au son des chansons jouées par quelques musiciens spontanés. L’événement a grossi, est devenu une tradition, accueillant des centaines de personnes. De mai à octobre, c’est la fête. Festival Ciné-Vue Du 1er au 7 août, en Estrie Visionner un film dans un train touristique reliant Sherbrooke, Magog et Eastman. Passer une soirée vin et cinéma à bord d’un bateau voguant sur le lac Memphrémagog. Regarder un long métrage sur grand écran au sommet du mont Orford. Ce sont quelques-uns des contextes inusités de projection que proposera le tout nouveau festival Ciné-Vue, un événement qui crée le dialogue entre tourisme et cinéma. Ça nous intrigue.
O4 SUR LA ROUTE Aller se perdre dans les cantons... Est-ce une expression qui existe? En tout cas, c’est sans doute l’objectif que vous devriez vous fixer pour vous
L’aventure dans les cantons continue après Magog et Sherbrooke. Un détour pour passer à North Hatley, très beau village au bord du lac Massawippi, un très bon plan pour faire vos emplettes, et à Coaticook pour aller visiter le parc de la Gorge vaut vraiment les quelques kilomètres vers le sud. C’est cependant vers le nord-est qu’il faudra possiblement continuer votre route. À partir de Cookshire-Eaton, prenez la 108 qui vous mènera au parc national de Frontenac en bordure du lac SaintFrançois et ensuite dirigez-vous vers Saint-Georges, en Beauce. De là, remontez vers le nord en longeant la rivière Chaudière en passant par Notre-Damedes-Pins et Beauceville. À Sainte-Marie, traversez la rivière pour rejoindre le rang Saint-Étienne sur la rive ouest et continuez de longer la rivière pour rejoindre la route 171 qui vous mènera jusqu’à SaintÉtienne-de-Lauzon et ensuite jusqu’à la 132, la route Marie-Victorin, qui longe évidemment le fleuve. Vous devriez saisir toutes les occasions de vous arrêter entre Saint-Nicolas et Gentilly. La balade vous offre plusieurs points de vue sur les terres agricoles et le fleuve tout en traversant plusieurs jolis villages. Après avoir passé le lac Saint-Pierre, à Yamaska, prenez la 235 qui longe la rivière jusqu’à Massueville. Vous pouvez ainsi continuer à travers les rangs pour vous rendre à Saint-Hyacinthe afin de visiter le marché public, un des plus vieux du Québec, ainsi que tout le quartier du centre-ville qui grouille de petits commerces. y
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LAURENTIDES, OUTAOUAIS & ABITIBI nombreux sont Ceux qui se rendent dans les laurentides ou dans l’outaouais pour un aller-retour vite fait au Chalet, au bord d’un laC. il y a pourtant un grand voyage à faire en passant par l’abitibi et le témisCamingue! rien à faire là, pensez-vous? allons donC! si vous n’avez jamais fait la grande bouCle pour traverser Ces quatre régions, il vous reste pas mal d’asphalte à avaler! il y a autre Chose que des épinettes et des mouChes noires dans Ces Contrées. Ce n’est pas si loin… suffit de prendre son temps.
O1 SAINT-JÉRÔME FOLK MOTS | ANTOINE BORDELEAU
Bien que la capitale des Laurentides soit trop souvent considérée comme seulement la porte d’entrée vers les montagnes et sites touristiques abrités par cette région luxuriante, il y a beaucoup à y faire et à y voir pour qui sait où regarder. Du nombre, on peut compter sur la présence d’un petit festival pas piqué des vers, âgé d’à peine un an. Le Saint-Jérôme Folk revient effectivement cet été, après avoir obtenu un succès plus qu’appréciable l’an dernier. Une première pour la région Initiative de la Ville de Saint-Jérôme, en collaboration avec En Scène, le festival a effectivement eu un achalandage souhaitable malgré son annonce assez tardive l’an dernier. «On cherchait avant tout à aller chercher le monde des Laurentides, et la réponse a été vraiment bonne. Surtout, c’était bien de voir la diversité du public; on avait beaucoup de jeunes autant que des plus vieux, particulièrement au show de Safia Nolin avec Richard Desjardins!», explique le programmateur David Laferrière. Un joli coup de programmation, il faut l’admettre!
Sous son œil aiguisé, le SJF s’axe sur des concerts de fin de semaine, plutôt que de tenter de s’étendre sur dix jours consécutifs. Il s’agit là d’un choix astucieux, puisqu’il peut être plus difficile d’aller chercher un large public un mardi soir à SaintJérôme pour un festival somme toute naissant. Le but ultime de l’organisation est toutefois de créer un engouement assez important pour permettre au festival de se concentrer. David mentionne que «déjà, on a resserré la programmation sur trois fins de semaine plutôt que quatre. D’ici quelques années, on devrait avoir assez d’attention pour faire ça sur plusieurs jours de suite». Le folk sous toutes ses coutures Comme son nom l’indique, c’est la musique folk qui fait battre le cœur du festival, mais pas seulement dans sa forme la plus pure. On peut également y entendre tout autant du country que du rhythm and blues, en passant par l’americana et le delta-blues. Bien que la programmation de cette année soit un peu plus pop que la dernière, il y en a assurément pour tous les goûts. Fait à noter, il s’agit pour la plupart de groupes qui n’ont pas joué dans la région cette année, et le SJF jouit donc d’une certaine exclusivité. On y va donc tout autant pour la découverte d’artistes un brin plus modernes que pour entendre des incarnations plus classiques du style. La programmation de cette année fait manifestement
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écho à cette volonté des organisateurs de jongler avec le neuf comme avec le vieux. En effet, alors que l’on pourra y entendre de jeunes artistes tels que Philippe Brach, Emilie & Ogden ou The Seasons, les vétérans québécois Plume Latraverse et Stephen Faulkner seront également de la partie. En plus du volet musical, le festival comptera cette année sur la présence de deux troupes de danse in situ, qui s’exerceront durant le dernier week-end: Danse To Go et Atypique – Le Collectif. sjfolk.ca
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croûte lavée, au Ménestrel affiné un an ou au Courtisane, un délicieux fromage à pâte molle… Et puis, il y a les festivals… Du 9 au 11 juin, le Festibière de Rouyn-Noranda rassemble des brasseurs de toute la province. À la mi-août, on va faire un tour à Ville-Marie pour profiter de la Foire gourmande de l’Abitibi-Temiscamingue et du Nord-Est ontarien, qui se tient du 12 au 14 août. Et le 21 août, c’est la Route du terroir d’Abitibi: un circuit de huit kilomètres qui propose des kiosques de produits locaux et régionaux, d’artisanat et de créations culinaires.
BOIRE & MANGER Impossible de faire un détour par les Laurentides sans faire un arrêt à la fabuleuse microbrasserie Dieu du Ciel! à Saint-Jérôme, endroit de choix pour les palais fins amateurs de houblons bien intenses. Avec vingt lignes de fût sur place, leur pub offre une sélection très étendue de leurs produits prisés. La succulente Disco Soleil, IPA brassée avec des kumquats, est la meilleure accompagnatrice lors d’une chaude journée d’été. À Mirabel, le voyageur fait un petit crochet à Négondos, un vignoble familial ambiance champêtre. On y déguste et achète des vins biologiques. À la carte: trois blancs secs, un vin mousseux blanc, deux rouges et un vin fortifié, mais aussi du sirop de cassis, des confitures et des vinaigres. On peut également y visiter les vignes, les machineries agricoles et le chai. Ceux qui feront la route vers l'Abitibi devraient trouver de quoi se mettre sous la dent à La Sarre, où la fromagerie La vache à Maillotte concocte des fromages parmi les plus délicieux du Québec. Notamment l’Allegretto, un fromage à pâte ferme fait de lait cru de brebis... En passant par Lachute, pensez à ajouter du bison à votre menu! La ferme Grand Duc, complètement autonome, se spécialise dans cet élevage et propose des viandes, saucisses, terrines et autres produits de bison garanti sans hormones de croissance ni antibiotiques. À Sainte-Adèle, Les Têtes de Cochon justifient une pause: à la fois restaurant, boucherie, épicerie fine et café-charcuterie, on y trouve aussi bien des mets préparés que des vins d’importations privées. Tous leurs produits sont bios et proviennent de producteurs locaux. Et les fromages? On se ravitaille à Sainte-Sophie, dans la ferme familiale et fromagerie biologique des Fromagiers de la Table ronde. Sus au Rassembleu et au Fleuron, des fromages à pâte persillée, au Fou du Roy, une pâte demi-ferme à
PHILIPPE BRACH, PHOTO | LE PETIT RUSSE
O3 QUOI FAIRE AIM Saint-André-d’Argenteuil Du 15 au 17 juillet 2016 Malgré une première édition quelque peu gâchée par la pluie, le festival électronique revient avec une deuxième édition prometteuse. Loin de l’espace
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formaté d’Île Soniq, AIM propose une formule 32 heures de musique non-stop avec camping aux abords du parc Carillon de Saint-André-d’Argenteuil, entre Lachute et Mirabel. Encore une fois, la programmation vaut à elle seule le détour, avec Carl Craig, Felix Da Housecat, H.O.S.H., Magda, Red Axes et Nick Holder. DesBouleaux Fest Mirabel – 19 et 20 août Le petit cousin du Rockfest propose deux jours d’humour, de skateboard et de musique punk/hiphop. Autoproclamé «le festival le plus convivial au nord du Rio Grande», le DesBouleaux signe une sixième programmation du tonnerre, avec le grand retour des Sainte Catherines, la virée hardcore d’Obey The Brave et le show rodé au quart de tour de Dead Obies. On pourra également y voir Get The Shot, Mute, Exterio, Solids et Dig It Up. Rockfest Montebello – Du 23 au 26 juin Même si plusieurs festivaliers ont encore de la difficulté à se remettre de leur 10e édition, il faut plus que jamais prendre son courage à deux mains et retourner affronter l’indomptable Rockfest. Comme d’habitude, Montebello sera viré à l’envers par des dizaines et des dizaines de milliers de festivaliers, prêts à tout pour vivre une expérience de rock aussi chaotique que stimulante. Jane’s Addiction, Ice Cube et Rise Against y seront. Festival des Arts de Saint-Sauveur Saint-Sauveur – Du 3 au 13 août La danse est la vedette de ce rendez-vous follement audacieux, un festival estival qui se démarque avec une programmation franchement très riche et axée sur les arts de la scène. Louise Lecavalier, increvable tornade blonde, y présentera par ailleurs So Blue, mémorable spectacle qu’elle a elle-même chorégraphié. Aussi inscrits à l’affiche: Yannick NézetSéguin (avec l’Orchestre Métropolitain), Martha Wainwright et Bryan Arias, qu’on a découvert comme interprète au sein de Kidd Pivot. La FÉE de l’Abitibi-Témiscamingue Amos – 19 au 21 août La Fête éclectique envahissante (FÉE) propose encore cette année une intéressante programmation composée surtout de groupes marginaux et alternatifs. Ça passe du gros rock psychédélique de
party (Les Hôtesses d’Hilaire) à la chanson humoristique (Émile Bilodeau) en passant par le hip-hop (Eman X Vlooper) et la pop-country (Mara Tremblay). Chose certaine, ce sera la folie dans les rues d’Amos pour la FÉE.
O4 SUR LA ROUTE «Monter dans les Laurentides»… L’expression est passée dans les usages. Ici, on va vous proposer plutôt d’y descendre! C’est-à-dire qu’on va d’abord monter vers le nord par le chemin le plus long, question de faire une boucle. On se rend d’abord à Ottawa, qu’il vaut bien la peine de visiter. D’ailleurs, il y a l’exposition de Joseph Beuys au Musée des beaux-arts du Canada. Vous devriez y aller lentement, en longeant la rivière des Outaouais, par la 344 et ensuite la 148. Prenez donc deux jours, tiens. Ensuite, après Ottawa, vous avez deux choix. Pour vous enfoncer dans l’Outaouais, vous vous lancez sur la route 105 et sortez à Chemindes-Pins pour prendre le chemin de la Rivière qui longe la Gatineau. Si vous continuez toujours tout droit, vous êtes en route vers Mont-Laurier. Mais pour faire une très grande boucle qui donne le sentiment de se rendre au bout du monde, il faut dépasser Ottawa par la 417 et rejoindre la route 17 en direction de North Bay. Mais vous n’y irez pas! À Mattawa, demeurez attentifs et prenez la 533, une petite route sinueuse qui coupe à travers la forêt. Vous êtes en route vers Témiscaming. Passez ensuite par Ville-Marie et prenez les routes qui vous plaisent pour vous rendre à Rouyn-Noranda! Et là, vraiment, cette ville a du beat. Posez-y vos valises pour visiter un peu la région. On note au passage la FAR, Foire d’art de Rouyn au Centre d’exposition, qui sera présentée tout au long de l’été dès le 10 juin. Et allez donc passer de bons moments au Cabaret de la dernière chance! Et voilà! C’est ainsi qu’ensuite, on descend dans les Laurentides! Vous traversez la réserve faunique de La Vérendrye par la 117 et vous arriverez très zen dans la région du Mont-Tremblant. Le parc national à lui seul vaut la visite. Entrez par le poste d’accueil du lac Caché à l’est de La Macaza et laissez-vous dévorer par la nature! y
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LANAUDIÈRE & MAURICIE elles vont si bien ensemble, Ces deux régions! surtout quand on CirCule par le haut pays, entre saint-donat et shawinigan. avouez que vous n’aviez pas pensé passer par Ces petites routes entre Champs et montagnes. vous devriez! C’est tout un périple qui vous attend, jusqu’à la rivière saint-mauriCe bordée par une des plus belles routes du québeC. vous pouvez aussi longer le fleuve par le Chemin du roy, plus vieille route du pays. auCun doute, si faire québeC-montréal ne vous prend pas deux semaines, C’est que vous avez roulé trop vite.
O1 FESTIVAL DES MARIONNETTES INACHEVÉES MOTS | PHILIPPE COUTURE
Trois-Rivières ne serait pas Trois-Rivières sans les Sages Fous. La compagnie de théâtre de marionnettes et théâtre d’objets, l’une des plus inventives au Québec en cette matière, profite depuis longtemps de la période estivale pour envahir le VieuxTrois-Rivières avec ses personnages fantasmatiques et ses histoires irréelles et oniriques. Une année sur deux, leur Théâtre Insolite s’installe aux abords de l’église Sainte-Cécile un week-end par mois et déploie ses mondes ludiques à la tombée de la nuit. L’année suivante, place au Micro-festival de marionnettes en chantier, qui se tient cette année du 7 au 11 juin et propose de voir le travail d’artistes des États-Unis, de la France, de Hongrie et du Québec. Deux lieux à retenir: la microbrasserie Le temps d’une pinte, qui accueille la soirée d’ouverture le 7 juin, et la Maison de la culture de Trois-Rivières, qui est l’hôtesse d’une soirée cabaret les 10 et 11 juin.
«Chez Les Sages Fous, dit l’adjointe à la direction Valérie Provost, on croit à l’expérimentation devant public. Le Micro-festival présente des spectacles de théâtre d’objets en cours de création, pour permettre aux artistes de se confronter au public en cours de route. C’est une célébration de l’imperfection. Les créateurs viennent chercher un retour sur leur travail, un dialogue constructif. C’est un moment privilégié pour participer à la fébrilité de la création théâtrale, pour goûter l’ivresse du saut dans l’inconnu, pour vivre les émotions fortes des premiers pas. On invite des compagnies d’expérience, certaines ayant une importante réputation internationale, et des compagnies de la relève, qui partagent la scène et s’accompagnent mutuellement dans leur étape de création.» Le festival accueille notamment une importante compagnie de Brooklyn, Lone Wolf Tribe, connue pour ses marionnettes expressives et son délicieux humour noir. De Hongrie, le Nylon Group débarque avec sa performance singulière dans d’immenses structures gonflables en forme de mains. De France arrive la compagnie Mouka, qui «aime à côtoyer l’onirisme et la réalité du quotidien, faisant s’entrechoquer le merveilleux et le monstrueux. Elle détaille l’Homme sous ses coutures les plus intimes et développe une esthétique de la scène oscillant entre une poésie fragile et un regard acéré sur notre humanité».
Le Micro-festival des marionnettes en chantier est aussi une vitrine sur quelques artistes québécois, notamment le délirant Théâtre Sous la Tuque, mené par le rigolo comédien Carl Vincent, ou la compagnie de théâtre multidisciplinaire Tenon Mortaise, spécialisée en théâtre de marionnettes pour jeune public.
O2 BOIRE & MANGER Aucun doute, Lanudière est une région gourmande. Du 8 au 10 juillet, on se rend à Saint-Calixte au Rendez-vous de la Grillade: plusieurs chefs et pâtissiers proposent des mets inspirés des saveurs du monde et offrent des démonstrations culinaires. Autre festival, les Délices de Lanaudière, à Saint-Zénon, où de nombreux produits du terroir lanaudois sont en vente sous un grand chapiteau (22 et 23 juillet). À faire aussi: le broue-pub de la Microbrasserie Trou du Diable. Situé à Shawinigan, le pub a une réputation qui le précède, car cette micro reçoit prix après prix depuis des années. Ses bières, en plus d’être illustrées d’étiquettes magnifiques, se laissent boire seules ou en accord avec toutes sortes de mets. Du lot, on pense tout de suite à l’excellente IPA «Tropicale» Les 4 surfeurs de l’Apocalypso, une bière forte qui sait étancher les plus grandes soifs. La Mauricie a aussi beaucoup à offrir. La fromagerie F.X Pichet, à Sainte-Anne-de-laPérade, propose parmi de nombreux produits biologiques et artisanaux Le Baluchon, un des meilleurs fromages bios de la province. Au centre du même nom, à Saint-Paulin, on teste le restaurant: la cuisine fait la part belle aux richesses du terroir et au savoir-faire des producteurs locaux. Question boisson, on passe par À la fut, une microbrasserie-coopérative de travail qui fait des bières incontournables et décorées de nombreux prix à Saint-Tite! On vous recommande aussi un arrêt à SaintGabriel-de-Brandon: le vignoble biologique et familial Saint-Gabriel propose aussi bien des rouges que des blancs et des vendanges tardives. Le personnel y est très sympathique, et on discute facilement avec ces passionnés sans voir le temps passer. Un plus pour tous les produits à base de lavande qu’on peut également s’y procurer. Pour les amateurs de tracteurs, le propriétaire a un petit musée de 100 véhicules anciens! Sinon, l’endroit est doté d’une très jolie terrasse, où
l’on peut boire tranquillement son vin accompagné de charcuteries et fromages, en regardant les vignes…
O3 QUOI FAIRE Philippe Brach en concert Aux berges du lac Castor Saint-Paulin, le 20 août Situé en pleine forêt, le site du lac Castor est un petit paradis pour les amoureux de pleinair: randonnées pédestres, kayak, rabaska et tutti quanti. Mais deux soirs par été, le site accueille un gros concert en plein air et on vous conseille vivement la soirée du 20 août avec Philippe Brach, qui vient défendre son album avec trois musiciens et sûrement quelques extravagances. Amenez vos amis en camping rustique ou dans la chaleur de l’auberge et sortez votre plus belle voix pour chanter en chœur. «Alice / Viens-t’en / On va escalader des bonsaïs!» Festival de Lanaudière 9 juillet au 7 août, Joliette La musique classique est mise en avant-plan pendant tout un mois pour une 37e année à Joliette. «Classique en pleine nature», dit le slogan du Festival de Lanaudière, événement qui présentera en ouverture le célèbre pianiste Alain Lefèvre qui jouera pour l’occasion le Concerto no 1, La tempête (op.18) et Roméo et Juliette de Tchaïkovski. Le pianiste Charles Richard-Hamelin et l’OSM seront aussi du festival. Festivoix de Trois-Rivières Du 24 juin au 3 juillet Arrêt obligatoire des artistes québécois dans le vent, le Festivoix nous revient avec une programmation tous azimuts et gonflée à bloc. On pourra y apprécier l’électro aux rythmes presque tribaux de Foxtrott, le flamboyant Anatole, les chansons de plus en plus uptempo de Cœur de Pirate et l’héroïne locale Ingrid St-Pierre, qui a par ailleurs pondu un fort joli disque (Tokyo) en novembre dernier. Festival Mémoires et Racines Du 27 au 30 juillet à Joliette et Saint-Charles-Borromée Joliette, c’est la ville fétiche de la musique trad au Québec et la région qui sait le mieux honorer les traditions québécoises en tous
51 genres. Proposant notamment cet été un spectacle de Nicolas Pellerin et les Grands Hurleurs, le festival Mémoires et Racines est également tout à fait ouvert sur le monde: on peut autant y voir un groupe de néotrad québécois qu’un band irlandais de passage.
O4 SUR LA ROUTE Lanaudière se trouve un peu coincée entre les Laurentides, région fort touristique aux populaires montagnes de ski, et la Mauricie, pays des rivières où règne le Saint-Maurice, si bien qu’on l’oublie trop souvent. C’est pourtant une région magnifique qu’on gagne à découvrir à travers des rangs qui forment une courtepointe chaleureuse que vous devriez parcourir en long et en large. Pour un premier plongeon en zone agricole, vous pourriez commencer par vous rendre à Sainte-Marcellinede-Kildare, au nord de Joliette, pour prendre le rang du Pied-de-la-Montagne. Il vous mènera jusqu’à la route 131 où vous pouvez ensuite remonter jusqu’à Saint-Jean-de-Matha. Passez le village et empruntez le rang Saint-François vers l’ouest qui vous mènera à Saint-Gabriel. Vous pouvez alors continuer par les terres pour vous rendre à Saint-Didace et ensuite Saint-Paulin, mais prenez le temps de
descendre la route 148 pour une balade au parc des Chutes-de-Sainte-Ursule. C’est un petit diamant local qui vaut certainement le détour. À Saint-Paulin, la base de plein air Aux berges du lac Castor est une des meilleures options pour poser vos valises quelques nuits. On y loue des huttes, chalets, chambres et terrains de camping au bord d’un lac sans voisins où il fait bon vivre. Un réseau de sentiers bien entretenus permet plusieurs circuits de courtes randonnées. Pour approcher la Mauricie, faites un détour par Saint-Élie-de-Caxton et prenez la 351 qu’on appelle aussi la Route des Lacs. Vous aurez ensuite le choix de rentrer dans le parc de la Mauricie par le chemin Saint-François ou aller vous poser à Shawinigan. Explorez abondamment cette région ainsi que le parc qui offre une multitude de possibilités pour la randonnée, les rives du Saint-Maurice, le lieu historique des Forges. Satisfaction garantie. Un autre coup de cœur, un peu plus à l’ouest, le parc régional de la rivière Batiscan. Un lieu idéal pour le camping et où on trouve plusieurs bons plans pour se dégourdir les jambes. La rivière à elle seule mérite vraiment le coup d’œil. Un excellent port d’attache pour visiter l’est de la rivière Saint-Maurice, notamment les jolis villages comme Champlain et Batiscan au bord du fleuve qu’il ne faudrait surtout pas oublier! y
SAGUENAY / LAC-SAINT-JEAN réglons quelque Chose: lâChez un peu les bleuets! oui, C’est vrai que C’est bon et qu’on s’en régale, mais on a fait le tour. le laC, C’est autre Chose! le saguenay aussi. il y a de l’aCtion par iCi. un beat inCroyable! on a parfois le sentiment d’être à la mer sur les plages magnifiques du laC et, en longeant le saguenay, on se sent minusCules, Comme entre deux oCéans. bon ça va… si vous insistez… prenez quelques bleuets en route, mais surtout, n’oubliez pas de prendre aussi un grand bol d’air!
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Ainsi est né Virage, une «fabrique d’idées», où l’échange et la rencontre se conjuguent à un brassage de réflexions et à un amour pour la musique.
O1 VIRAGE MOTS | OLIVIER BOISVERT-MAGNEN
Être sur le party tout en trouvant des pistes de solution pour la refonte de notre société, voilà l’intrigant défi que vous proposent de relever les organisateurs de Virage. Né des cendres du Fabuleux festival international du Folk sale, l’événement attire mélomanes, chercheurs, artistes, militants et curieux aux abords du magnifique fjord.
Copropriétaire de l’auberge Aventure Rose-des-Vents, à quelques secondes à peine du site du festival, Kim Limoges a assisté à la première édition du festival. «Les gens savaient pas trop à quoi s’attendre l’an dernier. On avait en tête le Folk sale, mais en même temps, on savait que ça allait être très différent», raconte l’aubergiste, qui compare l’événement à la défunte ÉchoFête de Trois-Pistoles. «Cette année, je pense que c’est beaucoup plus clair: il y a des conférences et des ateliers le jour, et le soir, c’est le party. D’ailleurs, il y a une dérogation de la municipalité pour le samedi 2 juillet afin que les festivités se poursuivent toute la nuit.» Ainsi, des chercheurs, politiciens et militants (notamment l’ex-chef d’Option nationale Jean-Martin Aussant et le politologue de l’IRIS Philippe Hurteau) côtoient des groupes folk punk festifs (entre autres Grimskunk, Carotté et Robert Fusil et les chiens fous) dans cette programmation, qui met également en vedette le collectif Nulle Part Nord et le rappeur montréalo-gatinois D-Track.
PHOTO | OLIVIER BOURGET
C’est en 2014, juste après la troisième édition du Folk sale (mythique festival aux contours trash qui attirait près de 3000 festivaliers), que la mini-municipalité de Sainte-Rose-du-Nord a manifesté avec fermeté ses volontés. Malgré les retombées économiques du projet, les quelque 400 résidents n’appréciaient pas le tapage et la déchéance sous-jacente à une foule bigarrée, composée de quelques éléments douteux. On raconte même que plusieurs individus allaient jusqu’à se baigner nu dans le fjord… C’est pour dire. Résultat: le festival, en dépit de sa constante croissance, a dû cesser ses activités. Loin de se décourager, les organisateurs ont eu la brillante idée de rectifier le tir et de préciser leur volonté primaire: celle de s’amuser dans un cadre écoresponsable.
La conscience environnementale est évidemment au centre de la démarche: on boit nos consommations dans un buck réutilisable, on met nos butchs dans nos poches et on évite les bouteilles en verre, vu que le camping (qui accueillera au maximum 500 festivaliers) est situé sur un «pâturage pour vaches et veaux». Loin de tomber dans la moralisation à outrance, les organisateurs font tout en leur pouvoir pour installer une ambiance sympathique et cordiale. Bref, à Virage, l’alcool et les festivités jusqu’à 4-5 heures du matin ne sont pas des obstacles à la réflexion. viragefest.com
O2 BOIRE & MANGER Pour goûter aux délices locaux apprêtés par un chef, on va souper au Bergerac. Dans ce restaurant bien établi depuis une vingtaine d’années, les mélanges de saveurs sont surprenants et sentent bon le terroir:
assiette de vivaneau, fenouil confit, mousseline de pois chiches, filet de cerf rouge, sauce aux noisettes et oignons confits… Autre endroit typique: le Café Cambio. Le temps passe, mais cette coopérative de travail poursuit sa mission sans en déroger. Ici, on mange bio et on boit équitable dans une ambiance franchement décontractée et chaleureuse. Gros bonus: la salle de spectacle Le Sous-Bois située juste en bas du resto. Après une balade aux abords du photogénique parc de la Rivière-aux-Sables, on étanche notre soif à deux pas de là et sur la «Main» de Jonquière, la fameuse rue Saint-Dominique. Fréquentée par les étudiants comme par les professionnels du coin, La Voie Maltée sert ses bières aux noms pittoresques comme La Gigonne (une stout à l’avoine) ou la Malcommode, blanche aux arômes de banane et de blé. Vous voulez plus de bière? Bâtie sur des valeurs d’attachement au terroir et un amour sincère de la région qui l’a vue naître, la Microbrasserie du Lac-Saint-Jean produit un grand nombre de brassins distinctifs. Situé à deux minutes du lac, le petit bistro annexé à la brasserie sert en fût toute sa gamme, en plus d’exclusivités passagères. Leur Tante Tricotante, une triple belge bien exécutée, vaut assurément le détour. Tant qu'à être à la microbrasserie, on fait un tour à la Fromagerie Médard toute proche, actuellement gérée par la sixième génération de la famille. On y sonne une cloche le matin quand le fromage en grains est prêt… À déguster après un bon repas typique de la région, une tourtière et un dessert aux bleuets! D’ailleurs, si vous aimez les bleuets, direction la Bleuetière et pépinière de Parisville: on peut aussi bien y cueillir des fruits qu’y acheter des plants à ramener chez soi. Il y a aussi les Délices du Lac, situé à Albanel, chouette commerce qui propose des chutneys, confitures, gelées, beurres, mais aussi des soins pour le corps. Aux bleuets, bien sûr. Pour ceux qui préfèrent le raisin (fermenté), le Festival des Vins du Saguenay fête cette année sa dixième édition. L’occasion de rencontrer des vignerons de partout dans le monde et de goûter à plein de bonnes bouteilles.
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QUOI FAIRE
SUR LA ROUTE
Anima Lumina – Saint-Félicien Dès la mi-juillet Moment Factory, studio montréalais qui perfectionne l’art des productions immersives, propose une nouvelle expérience multimédia au Zoo sauvage de Saint-Félicien. Anima Lumina est un parcours nocturne magique qui rend hommage au parc, à la faune et à la flore en mettant en lumière tous les sons de la Boréalie et de la vie animale. La nature n’aura jamais été si fantastique. Festival international des rythmes du monde Chicoutimi – Du 10 au 13 août Montées sur la rue Racine, véritable poumon de la vie socioculturelle chicoutimienne, les deux scènes de l’événement accueilleront une pléiade d’artistes d’ailleurs et d’ici pour un blitz musical de trois jours. Une 11e édition marquée par les percussions et la voix chaude du Sénégalo-Québécois Élage Diouf, l’afrobeat aux accents électro du talentueux Samito, les guitares tonitruantes de Galaxie et la pop raffinée d’Ariane Moffatt. La Fête des Saveurs et Trouvailles Jonquière – Du 5 au 7 août À la place Nikitoutagan, on mange le terroir! À déguster: charcuteries, chocolats, vins, cidres, fromages, bières… Et quand vous serez rassasiés, vous pourrez aller rencontrer des artisans de partout au Québec (plus de 90 entreprises représentées) et profiter des spectacles de cette 13e édition. Farces médiévales du Théâtre 100 Masques Pulperie de Chicoutimi Du 5 juillet au 24 août, les mardis et mercredis Au Saguenay, le Théâtre 100 Masques est l’une des rares troupes québécoises à oser un répertoire très peu fréquenté: des farces méconnues du Moyen-Âge! Pièces paillardes et coquines qui exposent des relations parfois violentes mais souvent amusantes, ce sont des comédies sans complexes, qui vont droit au but. Les titres, en soi, sont imagés et prometteurs: La farce du pet, La farce du cuvier et La farce du pâté et de la tarte. Le metteur en scène Dario Larouche, artiste de théâtre incontournable de la région, est aux commandes.
Sauf si vous êtes pressés – ce qui n’est vraiment pas le plan du siècle en vacances – et si la météo ensoleillée est de votre côté, rejoignez le Lac-Saint-Jean par la route 155 qui longe le Saint-Maurice. Franchement, on le redit, c’est magnifique. Les surprises du paysage compenseront largement les kilomètres à parcourir. Tout ça pour un coup d’œil, un seul! Juste avant Chambord, après avoir traversé les forêts entre La Tuque et Lac-Bouchette, lorsque vous apercevrez le lac. C’est une victoire sur la route. Vous êtes arrivés! Et c’est beau. Le lac à lui seul suffit comme attrait dans la région, mais ne manquez pas les jolis paysages qui se trouvent sur la rive nord, sur la route 169, entre Dolbeau-Mistassini et Alma. C’est là qu’on trouve le parc national de la Pointe-Taillon, endroit idéal pour un moment de plage, camper et se balader à vélo. Excellent plan familial. Une visite à La Pulperie de Chicoutimi s’impose pour aller visiter la maison d’Arthur Villeneuve, ce fameux peintre-barbier au coup de pinceau indiscipliné qui passait sa vie à peindre les murs de la résidence familiale, ce qui deviendra son magnum opus. Le Saguenay se savoure au fil de l’eau. C’est là qu’on prend la mesure du paysage. Par la route, transgressez la voie principale aussi souvent que vous le pouvez. Par exemple, entre Saguenay et La Baie, passez par le rang Saint-Martin et la route de l’Anse-à-Benjamin. Sur la rive nord, près de Sacré-Cœur, faites un détour par L’Anse-de-Roche en passant par le chemin de l’Anse-Creuse et le rang Saint-Joseph. Si vous le pouvez, revenez vers Québec en passant par la route 382, entre La Baie et Baie-Saint-Paul. Vous irez ainsi à la rencontre des montagnes de l’arrière-pays de Charlevoix en traversant le parc national des Grands-Jardins. Une route magnifique et méconnue. y
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Bouffe sur le Bitume À montréal, certes, mais aussi À DrummonDville, GranBy et alma, il est léGal D’offrir Des victuailles Dans un cornet/une assiette/un Bol/ en Brochette/sur une napkin, sur le pavé. À QuéBec, il y a encore Des Bâtons Dans les roues (De camion). MOTS & PHOTOS | CAROLINE DÉCOSTE
Personne n’en demande, paraît-il. Cette affirmation du maire Régis Labeaume de mars dernier a, pourrait-on dire, mis le feu au barbecue. Il n’y a pas que les journalistes qui s’en sont mêlés: les réseaux sociaux aussi, et même les pétitions en ligne («Légalisation des food trucks à Québec», plus de 4500 signataires à ce jour). Pourtant, il y a de la bouffe de rue en ville... Sur deux roues À bord de sa Bécane à bouffe, un vélo auquel elle a ajouté un module barbecue, Kathleen Roy sert des hot-dogs végé à base de tempeh. La Limouloise arpentera les événements et marchés publics tout l’été, sur deux roues et non quatre, et ce, tout à fait légalement. Parce que c’est pendant un festival, ou dans un lieu privé, ou dans un lieu géré par le fédéral et non l’administration municipale. C’est tout. Alors... pourquoi se lancer dans une telle entreprise? «J’en avais vu durant mes voyages, ça m’intéressait comme concept. Et comme on en parle beaucoup, je suis sûre qu’un jour, on aura le droit!» explique la cycliste-devenue-cuisinière-de-rue. «Honnêtement, la réglementation ne me dérange pas. Je comprends les restaurateurs [de s’opposer à la cuisine de rue]. Moi, je n’ai pas le goût de m’installer devant un resto pour lui faire compétition! Je pense qu’il y a moyen de collaborer pour avoir de la bouffe de rue dans des endroits stratégiques.»
D’autres camions de Québec et des environs nourrissent aussi les résidents, toujours selon les mêmes règles empêchant la cuisine de rue au sens propre: L’Épicurien mobile (remisé pour l’instant), La Shop, Les recettes paumées, La cuisine du Marché mobile, Le Chic Shack mobile, Nourcy, le Barbacoa. Le seul camion à avoir véritablement eu le droit d’occuper la rue, le Casse-croûte L’Express de Beauport, l’a perdu à la suite de l’harmonisation des règlements municipaux, après près de 28 ans de commerce. Des camions pas très mobiles À Québec, il arrive que l’on croise des camionsrestaurants ailleurs que dans les festivals, mais il est rare qu’on les dépasse... car ils sont garés, comme celui de la Baie de Beauport. Le food truck de la plage est géré par l’équipe du Garby’s (celle-là même qui nourrit Sir Paul McCartney quand il est en ville) et, selon le directeur général de la Baie de Beauport, représente tout à fait l’esprit du lieu. «Notre camion est stationné là, tout l’été. Je ne pars pas avec! Mais j’aimais beaucoup l’idée. Il y a là quelque chose de moins institutionnel qui va bien avec la vibe de la baie», explique Philippe Laperrière. «Le feeling est différent dans un camion, y a un côté convivial, chummy-chummy. Le gars qui te sert devient automatiquement ton ami même si tu le connais pas. À la limite, tu lui donnerais une bine sur l’épaule!»
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S’il ne peut pas (encore) le rendre mobile, Philippe aimerait bien que son camion ait un jour des copains à ses côtés, sur le sable. «J’ai une entente avec la Ville et on fait partie des privilégiés. Mais on serait contents qu’il y ait d’autres food trucks un jour. Pendant un festival de cuisine de rue, peut-être?» (On ne peut jurer de rien, mais il semblerait qu’on ait entendu le DG faire un clin d’œil à travers le téléphone.) Cependant, loin de Philippe Laperrière l’idée de brusquer les choses côté réglementation. «Il faut faire les choses dans l’ordre, écouter tous les intervenants: les restaurateurs, les propriétaires de camions, la Ville, la population aussi. Oui, Québec est rendue là.» De l’autre rive Québec est peut-être rendue là, mais Lévis l’a devancée. Début mai, le maire Gilles Lehouillier annonçait qu’un projet pilote allait être lancé cet été. Pour cette année, un seul camion aura droit de cité près de la piste cyclable, pas très loin de la traverse:
celui du Barbacoa. «C’est un précédent qu’on établit ensemble», relate non sans fierté Jason Savage, propriétaire du camion spécialisé en barbecue façon Memphis. «J’avais lancé l’idée sans trop d’espoir, en vérité! Le maire voulait dynamiser le parcours des Anses, il y avait une opportunité, et on le fait en bonne et due forme, avec un bail, des règlements.» Le restaurateur, qui possède aussi un établissement pas très loin, modère l’enthousiasme de ceux qui voudraient des food trucks partout. «Stationne un camion devant chez nous, l’été, au seul moment où je fais de l’argent pendant l’année, c’est sûr que je ne survivrai pas! Tout le monde veut sa place, et j’applaudis les entrepreneurs qui souhaitent se lancer dans la tendance. Je crois aux happenings, mais pas aux rassemblements plusieurs fois par semaine. Il n’y a pas assez de foodies pour faire vivre ça. Ce n’est pas un argument contre les food trucks, car ils sont des pôles d’attraction, sauf que les gens ne comprennent pas toujours toute la logistique et la business de la cuisine de rue.»
Bassin de population suffisant ou non, force a été de constater que la popularité de la popote roulante, supposément inexistante, est pourtant bien vibrante. Le 13 mai dernier avait lieu, encore à Lévis, le premier rassemblement officiel de camions-restaurants, organisé par le BBQ Fest à l’invitation de CHOI Radio X. De quoi «faire des jaloux, c’est sûr!» rigole Jason Savage en regardant vers l’autre rive. La semaine suivante, c’était au tour du FM 93 de créer son happening de food trucks, à L’Ancienne-Lorette. Des piques lancées par les maires Gilles Lehouillier et Émile Loranger à un collègue qui n’ose pas bouger? On le croirait. Finalement, la Ville de Québec a annoncé une consultation sur le sujet, qui pourrait mener à un projet pilote en 2017. D’ici là, Lévis pourra partager avec la voisine d’en face sa propre expérience... et les foodies de la rive nord devront faire des petites croisières sur le traversier s’ils veulent de la bouffe de rue. y
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l’art est une fête Point culminant d’une chaîne humaine tissée Pendant les dix dernières années, l’inauguration du Pavillon Pierre lassonde mettra Québec sur la carte du circuit muséal mondial. un événement réellement historiQue Pour la caPitale et, surtout, Pour l’art contemPorain de la Province tout entière. mots | catherine genest photos | jocelyn michel (consulat) & iwan Baan
Étendre le parc, celui des Champs-de-Bataille, en verdissant de tourbe les toits des trois imposants paliers d’un bâtiment de verre ultra-lumineux. C’est, grosso modo, le concept de la firme OMA menée par la super-vedette Rem Koolhaas. Des plans à l’avant-garde tranchant avec le conservatisme architectural relatif de la ville de Québec qui se sont vus matérialisés par Provencher_Roy, une entreprise de Montréal. Un écrin spectaculaire, lui-même étudié par les historiens de l’art, qui mettra forcément en valeur la collection du MNBAQ. Line Ouellet, directrice et conservatrice en chef de l’institution nationale, ne cesse de se pincer. «On a le sentiment d’accomplir quelque chose qui est beaucoup plus grand que soi et de participer à un grand moment qui nous porte à une échelle qui est difficile à décrire. […] Québec est une ville d’exception en Amérique du Nord par son échelle humaine, son histoire, son fait français. Tout cela a beaucoup inspiré nos architectes.» La concrétisation de ce titanesque projet est imminente. Le 24 juin, date à forte valeur symbolique, sera marqué par une grande fête populaire déployée jusqu’à la rue Cartier. L’intelligence vive et les folies d’Alexandre Fecteau, metteur en scène et auteur très en vue sur la scène théâtrale locale, seront mises à profit avec La folle foire, spectacle interactif multidisciplinaire présenté en matinée. C’est sur le coup de midi qu’on coupera le ruban et ouvrira les portes gratuitement, geste d’accueil suprême, à quiconque voudra visiter le pavillon Pierre Lassonde. Il en va de même, par ailleurs, pour le choix du porte-parole, un certain chanteur populaire répondant au nom de Pierre Lapointe. «Il est clair qu’une
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> institution comme la nôtre veut rejoindre le grand public. On cherche aussi quelqu’un qui va parler à notre clientèle spécialisée de façon crédible. […] Je pense que Pierre est l’une des rares personnes qui marie ces deux aspects: un amour de l’art qui est sérieux et qui est très profond et une façon d’en parler qui connecte avec le très large public.»
DaviD altmejD, THE FLUX AND THE PUDDLE, 2014. installation, matériaux Divers, 327,7 x 640,1 x 713,7 cm. photo | mnBaQ, marie-hélène raymonD
au musée Amoureux de l’art contemporain québécois, Pierre Lapointe est le porte-parole du pavillon Pierre Lassonde du Musée national des beaux-arts du Québec. De ses grands complices, quatre seront en vedette au MNBAQ dans le cadre de l’inauguration qui aura lieu le 24 juin à Québec. Il nous les présente. propos recueillis par catherine genest
David Altmejd (photo) «Il prend des matières très pauvres et très nobles en même temps comme des pierres, des animaux empaillés, des miroirs, du plastique ou du fil. Il fait des bijoux gigantesques à partir de ces matières-là et, pour l’avoir vu travailler de proche, c’est vraiment un don qu’il a pour animer la matière morte et la rendre vivante.» BGL «Je les ai découverts avec À l’abri des arbres au Musée d’art contemporain de Montréal, une installation qui était une espèce de labyrinthe. Je croyais que j’allais voir la plus grande mise en scène de ma vie au théâtre, en danse ou au cinéma, et puis je l’ai vue dans un musée d’art contemporain! Leur discours a, à mon avis, beaucoup de valeur, et ce n’est pas parce qu’ils se prennent la tête. Au contraire, c’est parce qu’ils sont drôles et rafraîchissants, et ça fait du bien dans le milieu de l’art contemporain d’avoir quelque chose de léger comme ça qui a autant de puissance et de cohérence.»
mnbaq.org
Lui-même illustrateur à ses heures – créations top secrètes qu’il décrit humblement comme des «vomis de cerveau» –, Lapointe a étudié les arts plastiques au cégep et à l’université avant de se tourner vers la musique. Un cursus scolaire de touche-à-tout entrecoupé par des cours en théâtre. «Je ne savais pas comment trancher, je ne savais pas ce qui m’intéressait le plus. La chanson, c’était la dernière chose sur ma liste et c’est ça qui a marché le plus. J’ai toujours utilisé la chanson comme vecteur pour toucher au théâtre, à l’art contemporain, au design, à la mode.» Avec le temps, il a été amené à travailler avec Dominique Pétrin et Doyon-Rivest, pour ne nommer qu’eux, et son personnage médiatique est devenu (par la force des choses) un canal de diffusion pour les artistes visuels qu’il admire, qui le nourrissent. Il embrasse donc son titre de porte-parole des festivités d’ouverture du pavillon Pierre Lassonde avec ferveur et franchise, une passion dégoulinante et contaminante. Son souhait le plus cher: amener les gens à être curieux, à s’ouvrir. «J’insiste toujours sur le fait que je ne viens pas d’un milieu élitiste. J’ai apprécié l’art sans avoir de bagage culturel hallucinant. […] Une œuvre, c’est là pour créer, susciter des réactions chez les gens, chez tout le monde. C’est comme la culture du vin: tu peux trouver un vin bon même si tu n’as pas le vocabulaire d’un sommelier. Tu peux trouver une œuvre abstraite belle et émouvante même si tu n’es pas capable de décrire exactement ce que tu as sous les yeux.» Libérez le trésor Jalousement cachée dans la réserve depuis un bail, la collection d’art contemporain du MNBAQ sera déployée pour la première fois dans les six salles du nouvel édifice. Des œuvres de 1960 à aujourd’hui – certaines sont d’ailleurs très récentes – réparties en quatre expositions distinctes: De Ferron à BGL, Arts décoratifs et design du Québec, Installations et Ilippunga, une sélection d’œuvres issues de la collection d’art inuit de la galerie Brosseau. Un anachronisme, penserez-vous peut-être? Que nenni! «C’est seulement au moment de leur sédentarisation et au contact des Blancs que se sont développés le marché et la pratique de l’art inuit. On oublie assez souvent cela, mais c’est la vérité, explique Mme Ouellet. C’est vraiment après la Deuxième Guerre mondiale que les marchés se sont internationalisés et qu’on a vu apparaître l’intérêt pour l’art inuit partout à travail le monde.»
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photo | courtoisie mnBaQ
Bernard Lamarche, ancien critique pour Le Devoir et conservateur de l’art actuel au MNBAQ depuis 2012, s’est fait commissaire pour Installations à grande échelle. «Une série d’expériences» tantôt spectaculaires et tantôt intimistes, mais toutes captivantes par leur théâtralité intrinsèque, qui l’animent depuis deux ans maintenant. «Au total, j’ai 9 salles et 34 œuvres sur plus de 3000 mètres carrés. Pour l’art québécois, sauf
Le nouveau pavillon Pierre Lassonde à Québec
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erreur, il n’y a jamais eu un volume aussi important consacré à une seule expo.» En plus d’occuper tout le rez-de-chaussée du pavillon Pierre Lassonde, le corpus s’étendra jusqu’au pavillon Gérard-Morisset. Un gros festin, mais un défi de taille pour redonner corps aux installations vieillottes (les plus anciennes remontent à 1977) qui ont été fabriquées à l’aide de technologies obsolètes ou d’objets fragiles qui ont brisé avec le temps. C’est le cas des capteurs de caoutchouc de POD, œuvre créée par Steve Heimbecker dans le cadre du Mois Multi de 2003 et conservée intacte en quasitotalité. «Beaucoup de gens [d’ici] vont s’en souvenir. C’est 64 diodes lumineuses qui s’allument et s’éteignent. Y a une espèce de mouvement qui est celui du vent. À l’époque, il y avait des capteurs qui étaient à l’extérieur et ils envoyaient par le web des données vers l’installation qui les traduisait en signaux visuels l’amplitude et la force du vent. […] Ce qu’on va voir, c’est des vents qui ont soufflé sur Québec au début du 21e siècle. Ça devient un voyage dans le temps.» C’est aussi l’unique secret que le présent article vous révélera, seule entrave à l’embargo très strict mis en place par l’équipe du MNBAQ qui ne vise qu’une chose: garder la surprise jusqu’à la toute fin! y
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(ci-haut) paBlo picasso, the lorD anD the Dama, 1973. gravure, 18 x 22 cm, collection FonDation apel.les Fenosa_gray (Ă gauche) apel.les Fenosa, teĚ&#x201A;te De Dora maar. paris 1941. Bronze , 25 x 13 x 15 cm, collection FonDation apel.les Fenosa
histoires de l’art aPel·les fenosa était, Pour ainsi dire, le sculPteur «PiPole» Par excellence de l’entre-deux-guerres. amant de coco chanel et Protégé de Pablo Picasso, le Parisien d’adoPtion a notamment réalisé les bustes de Jean cocteau et dora maar. mots | catherine genest
L’environnement dans lequel s’est épanoui Fenosa rappelle en tous points l’ambiance de Midnight in Paris, récent film de Woody Allen qui dépeignait l’effervescente scène artistique de la capitale française dans les années 1920. Le cocommissaire Clément Paquette a justement choisi d’articuler l’exposition du Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul autour des amis célèbres du Barcelonais, une porte d’entrée séduisante pour découvrir son travail. «Fenosa est passé à l’histoire parce que beaucoup de personnalités ont tourné autour de lui. On parle notamment de Cocteau et son amant Jean Marais, deux personnages qui ont fait faire leurs bustes par lui. Coco Chanel a aussi fait faire son buste par Fenosa. Avant qu’il ne rencontre Nicole, Fenosa a eu Coco Chanel comme maîtresse.» Justement, l’immortelle couturière est l’objet d’une section thématique meublée de lettres entre les deux amoureux, de photographies et d’une gravure de Salvador Dalí que Gabrielle avait offerte à sa tendre moitié. Paul Éluard, Tristan Tzara, Man Ray, Max Jacob et Jean Cocteau prêtent aussi leurs noms aux autres parties de l’exposition totalisant 114 œuvres, dont 24 de Picasso. «C’est une exposition qui démontre l’amitié qui a existé non pas simplement entre Fenosa et Picasso, mais bel et bien d’un groupe d’amis qui séjournaient occasionnellement dans la vie de ces deux êtres.» Très proches, les deux Espagnols exilés ont même été amenés à créer ensemble, en duo, pour la confection du buste de Dora Maar qui était alors l’amante de Pablo. Une œuvre de 1941 qu’on pourra par ailleurs admirer au MACBSP. «On raconte que ce buste a été réalisé à quatre mains, puisque lorsque Fenosa s’est retiré de l’atelier, Picasso a été ajouter quelques traits pour finaliser cette sculpture. Nous aurons le bronze, au musée, mais le modèle a été réalisé en terre glaise.» Amis depuis 1923, grâce au peintre catalan Pere Pruna qui avait joué les entremetteurs, ils ont évolué en tandem, et la production personnelle de Fenosa s’est vue grandement influencée par le grand maître du cubisme. «Au tout début, il n’aimait pas tellement ce que Picasso faisait parce que c’était très avant-gardiste comparativement à son travail. […] Au fil du temps, on voit qu’il se dirige vers des abstractions, le corps féminin se transforme et devient même une métamorphose au niveau d’un feuillage où on ne reconnaît plus
la femme, mais simplement la courbe.» De cette période, on pourra notamment apprécier la maquette du Monument aux martyrs d’Oradour-sur-Glane, œuvre qui témoigne du lien particulier et très émotif de l’artiste, anarchiste autoproclamé et déserteur, vis-àvis de la guerre. «Oradour-sur-Glane est une ville en France où il y a eu un massacre pendant la Seconde Guerre mondiale. […] C’est une ville où on a séparé les enfants et les femmes des hommes et on les a littéralement fusillés.» Pour Nicole Elle était danseuse de profession, modèle et muse pour son mari. Nicole Fenosa est de celles qui ont marqué l’histoire de l’art à leur manière, par leur grâce et leur dévouement survivant à la mort. Elle était veuve du sculpteur depuis une quinzaine d’années quand son chemin a croisé celui de Clément Paquette en 2004. Une rencontre qui constitue le point de départ, une bougie d’allumage pour cette exposition qui sera incessamment présentée dans Charlevoix. «C’est le hasard qui m’a amené vers elle. J’étais à Paris avec un ami galeriste de Montréal, Antoine Blanchette, et il m’a dit: “On va aller chez Mme Fenosa, je vais te la présenter et après on va à un vernissage.” Je ne connaissais absolument pas Apel·les Fenosa à ce moment-là. […] Quand nous sommes revenus du vernissage, elle m’a demandé si je pouvais organiser une exposition pour faire connaître Fenosa en Amérique.» Triste dénouement: Nicole, décédée en 2013, ne verra jamais la couleur dudit événement en hommage à son mari, projet qu’elle a elle-même idéalisé. M. Paquette a également pu compter sur d’autres spécialistes et proches parents des deux artistes. Le directeur de la Fondation Apel·les Fenosa José Miguel García en est et il partage avec lui les tâches de commissaire. L’expertise et la collection de Bertrand RuizPicasso, petit-fils de l’autre, ont également été mises à contribution. Une mobilisation Québec-Europe sans précédent pour célébrer un artiste qui n’avait jamais, de son vivant, mis les pieds de ce côté-ci de la mare. y Du 18 juin au 6 novembre 2016 Musée d’art contemporain de Baie-Saint-Paul
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alexandre taillefer De la main gauche
les régions, Qu’ossa donne? Je dois l’avouer, le discours des Montréalais est souvent unidirectionnel. Nous balayons trop souvent du revers de la main le sort des régions en insistant sur l’importance de Montréal à titre de centre économique du Québec.
en libre-service. Une ville où il fait bon marcher, échanger, faire partie d’une communauté. Où les citoyens veulent s’investir, s’impliquer socialement et faire une différence.
On se dit: « Si Montréal a du succès, les régions en bénéficieront». Cette mentalité n’est pas étrangère à l’approche économique promue par les néolibéraux, le trickle down effect ou l’effet de percolation. Si les riches s’enrichissent, ceci aura un effet bénéfique envers toutes les strates de la population.
La différence entre Montréal et Saguenay ce n’est pas une métropole versus une ville de région, c’est 25 quartiers versus un ou deux. La configuration des villes doit être revue en profondeur pour favoriser la marche, les échanges, le sentiment de communauté.
Nous savons aujourd’hui que cette approche économique ne fonctionne pas. Elle n’aura permis finalement qu’une concentration accélérée de la richesse. Ni pour Montréal, ni pour les centres urbains du Québec, ni pour le monde rural, un tel système n’est viable. Il faut changer notre approche. Un milieu de vie dynamique et réinventé Dédé Fortin chantait «qu’y est tombé une bombe su’a rue Principale depuis qu’y ont construit le centre d’achat!» De nombreuses villes ont en effet choisi d’adopter des stratégies semblables à celles que l’on a développées dans les banlieues des grandes villes au cours des années 1970, avec les effets catastrophiques que l’on connaît sur la vitalité de nos centres urbains et sur la qualité de vie. Les nouvelles approches urbanistiques favorisant un milieu de vie riche et les échanges humains ont toutes autant de chance d’obtenir du succès dans une ville de 50 000 personnes qu’une ville qui en compte 3,8 millions. À la base de ce renouveau des villes, on retrouve une philosophie de densification urbaine misant sur la force d’un milieu de vie où l’on peut acheter ses produits, consommer de la culture, étudier et travailler. Le développement d’un cocktail transport intelligent favorisant le transport en commun, l’utilisation de vélos ou la voiture
Des exemples sont heureusement à suivre. Victoriaville et Saint-Hyacinthe me viennent spontanément à l’esprit. Ce sont des villes où l’on concentre les activités dans un secteur, où l’on bâtit autour des forces de la topographie et de la concentration des infrastructures. Ces villes connaissent des croissances démographiques importantes justement parce qu’elles ont mis en place des quartiers où les gens veulent vivre et se retrouver. Malheureusement, tout concourt depuis une décennie au rétrécissement de nos communautés rurales. Fermetures de gares, raréfaction du transport interurbain par autocar, réseaux Internet et sans-fil déficients, voire inexistants, abandon des quais fédéraux, sous-financement des musées et des lieux patrimoniaux, centralisation des services publics, industrialisation de l’agriculture, mécanisation et robotisation en foresterie comme dans les mines. On prend ici un grand respire, et on continue: services postaux compressés, fermeture des Conférences régionales des élus et élues, sous-financement des centres universitaires. Tout se passe comme si le droit à l’existence, en région, devait se payer d’une lente agonie. La granularité des économies Les stratégies de développement économique des régions ont souvent reposé sur de grands projets liés à l’extraction des ressources, à des alumineries, à des développements énergétiques. Ce sont certes des projets porteurs, mais qui
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créent malheureusement une grande dépendance envers un seul donneur d’ouvrage. En suivant cette voie, nous ne développons pas une économie forte et résiliente. On extrait le meilleur, au moindre coût, le plus rapidement possible. Les économies fortes sont composées de nombreuses entreprises. Plus elles sont petites et nombreuses, moins la dépendance conjoncturelle est élevée. Oui à des locomotives industrielles, mais dans un cadre complémentaire, à condition qu’une économie locale se bâtisse dans la diversité. La mobilité L’accès facile au territoire est un réel enjeu. Rien ne favorise la mobilité aujourd’hui. Je suis convaincu que nous pouvons trouver des solutions innovantes pour le transport interurbain, comme il s’en développe dans les villes. Le transport ferroviaire est déficient et pourrait bénéficier d’investissements. Il y a des solutions possibles dans l’axe QuébecMontréal-Gatineau, et d’autres, pour relier les régions entre elles. Nous avons l’expertise à Saint-Bruno et La Pocatière pour construire des trains modernes et efficaces. Le transport aérien interrégional mériterait aussi un examen attentif. Le coût des billets d’avion pour les villes du Québec est actuellement complètement farfelu: 1000$ pour aller aux Îles-dela-Madeleine? Pas étonnant que l’on choisisse la côte Est américaine pour nos vacances… Culture et tourisme La renaissance de la ville de Québec n’est pas liée qu’à la plus forte cohérence de son modèle institutionnel comparé à celui de Montréal. Elle n’est pas non plus le fait exclusif du dynamisme du milieu des affaires. Il y a de cela plus de 20 ans, feu le maire JeanPaul L’Allier optait pour la culture et... la beauté. En peu de temps, la capitale est devenue une destination touristique de haut niveau. Une solide infrastructure touristique et culturelle génère de la richesse. Ajoutez de la recherche universitaire de créneau, des ponts avec le milieu des affaires, et vous obtenez le plein emploi. Je suis convaincu que nous pourrions revitaliser et développer l’ensemble de notre territoire en optant pour l’approche L’Allier. Restaurons nos plus belles églises, soutenons nos musées régionaux, préservons nos paysages et offrons au monde entier notre riche patrimoine.
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Nos infrastructures touristiques mériteraient qu’un vaste programme d’investissement soit mis en place. Si davantage de solutions de rechange de qualité jumelées à des stratégies de promotion étaient mises en place, je suis convaincu que les Québécois opteraient pour des vacances chez eux. Pour une réussite collective Si Montréal est souvent décrite comme le poumon économique du Québec, il est temps de reconnaître qu’un corps requiert de nombreux organes en santé. Et si nous nous unissions et travaillions tous ensemble à nous rendre respectivement plus forts et plus résilients, en reconnaissant les forces propres à chacune des régions du Québec, de Montréal à l’Abitibi, de l’Outaouais à la Côte-Nord? Être fier de Montréal n’est pas renier Québec ou Amos. Bien au contraire. Nous avons besoin de gens fiers de leurs régions et qui travaillent ensemble à notre réussite collective. y
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Des nouveautés télé pour cuisiner des repas festifs cet été : zeste.tv/ emissions
Émission présentée par
Mardi 19 h, s amedi 10 h 30 Chaque semaine, la pétillante KIMBERLY LALLOUZ vous convie chez elle. Pendant la saison estivale, son jardin de ville devient une extension de sa cuisine. Au menu, une cuisine simple, éclatée et contemporaine, à l’image de sa créatrice !
Retrouvez toutes les recettes de l’émission sur recettes.zeste.tv
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«Imaginer, explorer, douter… jusqu’à l’épuisement. Recommencer, passionnément, intensément, jusqu’à devenir réel.»
Téo, le taxi réinventé. Imaginé et créé par des gens d’ici.
Eric Godin
teomtl.com