QUÉBEC VO1 #O9 | OCTOBRE 2O16 MAUVES SARATOGA KARINE LEDOYEN STOCKHOLM, LE SYNDROME GIACOMO PUCCINI DOSSIER VIE DE DJ TWO LOVERS AND A BEAR LA BIBLIOTHÈQUE, LA NUIT VICKY SABOURIN LÉGUMES DES MERS MINI-MAISONS
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MARC-ANDRÉ GRONDIN
Le lait bio d’ici, pour le maintien de notre biodiversitÊ.
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O1 O9 QUÉBEC | OCTOBRE 2016
RÉDACTION
Rédacteur en chef national: Simon Jodoin Coordonnatrice à la rédaction et journaliste: Catherine Genest / Chef de section musique: Valérie Thérien / Chef des sections restos, mode de vie et gastronomie: Marie Pâris / Journaliste actualité culturelle: Olivier Boisvert-Magnen Coordonnatrice des contenus: Alicia Beauchemin / Producteur de contenus numériques: Antoine Bordeleau Correctrice: Marie-Claude Masse
COLLABORATEURS
Émilie Rioux, Caroline Décoste, Patrick Baillargeon, Ralph Boncy, Julie Ledoux, Christine Fortier, Réjean Beaucage, Monique Giroux, Mickaël Bergeron, Jean-Baptiste Hervé, Normand Baillargeon, Delphine Jung, Franco Nuovo, Alexandre Taillefer, Eric Godin
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OPÉRATIONS / PRODUCTION
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MARC-ANDRÉ GRONDIN MULTIPLIE LES PROJETS, DES FILMS D’AUTEUR AUX SÉRIES TÉLÉVISÉES GRAND PUBLIC EN SE FAUFILANT À L’OMBRE DES TAPIS ROUGES ET DU GLAMOUR. Photo | Jocelyn Michel (Consulat) Assistant | Renaud Lafrenière Maquillage | Sophie Parrot Illustration | Audrey Fortin
Production Consulat | Eliane Sauvé
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SCÈNE
Karine Ledoyen Stockholm, le syndrome Giacomo Puccini
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MUSIQUE
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DOSSIER
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CINÉMA
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ART DE VIVRE
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LIVRES
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ARTS VISUELS
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QUOI FAIRE
Mauves Saratoga
Vie de DJ
Two Lovers and a Bear Légumes des mers Mini-maisons
En as-tu vraiment besoin? Vicky Sabourin La bibliothèque, la nuit
CHRONIQUES
Simon Jodoin (p6) Monique Giroux (p24) Mickaël Bergeron (p34) Normand Baillargeon (p44) Alexandre Taillefer (p64)
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6 CHRONIQUE VOIR QC
VO1 #O9
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SIMON JODOIN THÉOLOGIE MÉDIATIQUE
IL FAUDRAIT QU’ON LE REDISE Je vous écris du passé. Au moment où vous lirez ces lignes, vous serez à la veille de connaître le dénouement de cette trop longue course à la chefferie du PQ, si vous ne le savez pas déjà. J’espère qu’il vous plaît, en tout cas. Je dis «il», car c’était vraiment un combat de cons, un mot étrangement masculin. J’ai aussi passé la soirée d’hier à écouter le débat entre Hillary Clinton et Donald Trump. De ça, je ne vous dirai rien, sinon que Trump n’est un monstre que parce que la mythologie politique a besoin de ce genre de créature. Il ne ment pas, il invente. Son discours est plus une fabrication qu’une contrefaçon. Le monde a besoin de héros, mais pour avoir des héros, il faut des monstres à abattre. J’allais vous écrire comment je trouve ça plate, la politique. Pas «le» politique... «la» politique. Cet art oratoire plein de sparages, de promesses décourageantes, de mises en scène, de costumes et d’allégories. Comme Lisée, avec sa superbe et ses effets de toge, qui sort un tweet de Charkaoui pour planter Cloutier. Tiens! Un monstre! Laissez-moi saisir mon épée! Ah! ah! Coquin! Viens que je t’assassine! Vois comment je suis fort, moi! La mythologie, encore. J’allais vous parler de tout ça, avec le sentiment de radoter. J’ai certainement dit ça mille fois, que du haut de ces tribunes en carton, ceux qui veulent gagner un concours m’ennuient profondément. J’avais écrit un texte long comme ça, sans doute très plate, lui aussi. Je m’apprêtais à l’envoyer à la correction lorsqu’une nouvelle est apparue dans les grands titres. Quelque chose d’étonnant, enfin: «Gabriel Nadeau-Dubois et Jean-Martin Aussant s’unissent dans un projet politique.» Vous ai-je dit que je trouve, aussi, les grands titres plates? Ce projet est en fait porté par cinq personnes. À ces deux gentlemen, il faut ajouter Claire Bolduc, Maïtée LabrecqueSaganash et Alain Vadeboncœur qui proposeront dans les prochaines semaines une «vaste tournée de consultation
citoyenne sur l’avenir du Québec». Pour le spectacle, on aura choisi les deux noms les plus connus sur l’affiche. Pas leur faute. C’est ainsi qu’elle se fabrique, la mythologie politique, avec des noms de héros. Reste que j’y ai vu une jambette assez amusante. À une semaine de l’élection du chef du PQ, lancer un tel projet, ça ne pouvait pas être un hasard. Une manière de jeter du sable dans l’engrenage déjà rouillé, ou une pelure de banane que le PQ aurait oublié de s’envoyer à lui-même. Au téléphone, Gabriel Nadeau-Dubois n’accepte pas ma théorie du croc-en-jambe: «La plus pure vérité, c’est que c’est un hasard. Nous avions commencé nos rencontres, les cinq, avant que la date de l’élection du nouveau chef au PQ soit annoncée. Nous avons décidé que ça ne nous dérangeait pas. Nous avons choisi de lancer ce projet-là en nous tenant le plus loin possible des sphères partisanes.» Pas de manigances? Allons... Si vous le dites. Mais tout de même… Un bon timing, non? Je ne suis pas complotiste, mais j’ai peine à croire qu’un tel projet ne pouvait pas être lancé à un autre moment. Je ne m’en plains pas, remarquez, mais c’est assez fort de café de vouloir me faire croire à un pur hasard. Vous n’avez quand même pas lancé un dard sur un calendrier avec les yeux bandés. Quoi qu’il en soit, se lancer dans une telle aventure c’est dire que la conversation politique est minée par la partisanerie et que, donc, au sein des partis, on ne peut plus se parler. «Oui, c’est un de nos constats, m’explique Nadeau-Dubois. Trop souvent, avant de parler du projet de société, on est tout de suite empêtrés dans des enjeux partisans. Tous ces débats masquent le vrai problème qui se résume à une question: c’est quoi la proposition globale que les progressistes ont à faire? Je pense qu’il y a plein d’éléments, il y a plein d’idées, mais lorsqu’il s’agit de mettre de l’avant un projet cohérent, je pense qu’on a pas mal de questions et assez peu de réponses pour y parvenir.»
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Ce constat résume une idée qui ne semble pas avoir été suffisamment méditée du côté gauche de la paroisse. Ces dernières années, de l’indignation, on en a eu en masse. Des mouvements comme les camps d’occupation jusqu’à l’encerclement des écoles avec le slogan «Je protège mon école publique» en passant par le printemps étudiant, les multiples oppositions aux projets pétroliers et autres concerts de casseroles. Ajoutons volontiers quelques poings levés au gré de l’actualité. Or malgré tous ces cris indignés, rien ne semble poindre comme projet politique. Une situation qui nous mène à une question un peu embarrassante: se pourrait-il que la gauche progressiste, loin d’être le vecteur de changement qu’elle aimerait être, soit devenue dans les faits un agent d’immobilisme? «Malheureusement, la gauche – qui est ma famille politique –, dans l’esprit de bien des gens, en est venue à incarner le statu quo, la protection des choses telles qu’elles sont, plutôt que de représenter le changement social. Par un revirement de situation que je considère comme absurde, c’est une certaine droite qui s’est approprié le discours du changement social, ce qui place les progressistes dans une position inconfortable, qu’ils ne devraient pas adopter, qui est purement défensive, voire, à certains égards, conservatrice.»
Cette réponse de Gabriel-Nadeau Dubois illustre à la fois le cul-de-sac dans lequel se trouvent les progressistes et le piège que le projet Faut qu’on se parle s’est peut-être tendu à lui-même et duquel il devra inévitablement sortir. Dans le communiqué annonçant le projet, Claire Bolduc souligne que «trop souvent, on entend les mêmes débats entre les mêmes personnes qui s’échangent les mêmes arguments». C’est bien beau de le dire, mais ce n’est certainement pas parce que les arguments exotiques pour la gauche, sur les questions que les protagonistes de ce projet de conversation souhaitent aborder, ne sont pas déjà bien déployés sur la place publique. En somme, s’il faut sortir la gauche progressiste de l’impasse, on aurait peut-être plus besoin de s’écouter que de se parler, pour une énième fois. Sinon, tout ceci pourrait ressembler à une habile opération de relooking, de bonne foi, sans doute, mais avec tout le marketing que cela sousentend pour nous vendre le même produit dans un nouvel emballage. On verra, comme disait un autre qui voulait qu’on se parle, il n’y a pas si longtemps. y sjodoin@voir.ca
9 SCÈNE VOIR QC
VO1 #O9
DANS LE CREUX DE L’OREILLE AVEC DANSE DE NUIT, KARINE LEDOYEN SE LIVRE À UNE SÉRIE DE CONFIDENCES, DE DOUCES INDISCRÉTIONS QU’ELLE CHUCHOTERA EN SON NOM AU PUBLIC. MOTS | CATHERINE GENEST
PHOTOS | DAVID CANNON
Après avoir fait bouger 192 feuilles de papier (nous y reviendrons) puis offert une distribution de braves comédiens dont Lucien Ratio et Charles-Étienne Beaulne, Karine Ledoyen entame un nouveau cycle de création, un nouveau chapitre de son histoire artistique déjà très riche et profondément ancrée à Québec. «Pour Trois paysages et Danse de garçons, j’étais dans mon yin yang. Il y en a un qui était dans la dentelle, quelque chose de très travaillé, d’écrit, de chorégraphié au quart de tour. Pour l’autre, on était dans le chaos, et on le laissait vivre. Là, je suis entre les deux.» La thématique de cette nouvelle production, sa première en trois ans et depuis son retour sur les bancs d’école, est annoncée d’emblée par le titre. Un mot universellement évocateur, au champ lexical très large, un terreau fertile, un terrain de jeu stimulant pour cette artiste qui ne se répète jamais et qui est allée puiser une part d’inspiration avec sa maîtrise en littérature, arts de la scène et de l’écran qu’elle complète actuellement à l’Université Laval. «À un moment ou un autre, le spectateur va inévitablement se sentir happé par un aspect de la nuit qu’on présente. On est dans les extrêmes. La nuit, c’est les secrets, les étoiles, la poésie, mais aussi l’agression, le côté obsessif. C’est une pièce obsessive et, à la limite, on est dans la perversion, on est dans le voyeurisme à fond la caisse.» Toutes les sous-facettes de l’obscurité, en fait, seront abordées, explorées dans le spectacle: la peur, la fragilité et la perte de repères, par exemple. La femme de danse a également
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Vedettes, découvertes et gastronomie !
MERCREDI 20H en rappel dimanche 13h
> choisi de bifurquer par moments vers la noirceur du ventre de la mère, le huis clos le plus tendre qui soit. Bien que sombre par moments, la pièce compte aussi des portions ludiques. Le cœur gros Après une collaboration fructueuse, Ledoyen réinvite Patrick St-Denis, patenteur de génie et idéateur de cette machine si high-tech qui avait marqué les esprits en 2013 à L’Agora de la danse puis à la Salle Multi de Méduse, celle de Trois paysages qu’on évoquait plus tôt. Un décor extrêmement complexe, mais léger en apparence, actionné par une myriade de petits ventilateurs et synchronisé avec le mouvement des interprètes. Cette fois, l’artiste-inventeur agit comme concepteur sonore et technologique. Voilà le titre que sa collègue lui a donné. «On est encore dans une belle bébelle! Aussi, mais ce n’est pas encore écrit dans les programmes, Patrick sera sur scène avec moi en plus des deux danseurs. […] Lui et moi, nous sommes dans un état performatif. Le spectacle qui va jongler entre la performance et la danse.» C’est Fabien Piché, très demandé, et Odile-Amélie Peters, révélée dans un vidéoclip très doux de Ghostly Kisses, qui se mouvront sous le regard inquisiteur d’une caméra manipulée par la chef d’orchestre elle-même. Des images qui seront retransmises en direct, projetées lors de chaque représentation pour dévoiler, notamment, le détail de la gestuelle. Poser notre regard sur les soubresauts contrôlés qui nous échappent du haut des gradins, maximiser un effet de proximité. La chorégraphe, quant à elle, s’adressera directement aux spectateurs, elle jouera son propre rôle. «C’est très intime comme proposition, la nuit appelle ça aussi. […] Les spectateurs vont avoir l’impression que je suis en train de leur dire un secret, comme sur l’oreiller.» D’ailleurs, des matelas gonflables de camping seront disposés au sol comme pour rappeler les partys-pyjamas de sous-sol, un concept cher à toute jeune adolescente. Cette idée d’intimité sera poussée encore plus loin avec l’environnement sonore de St-Denis puisque le public aura l’impression de pénétrer le corps et l’âme de Peters. Littéralement. Une idée radicale sur papier, mais rendue possible grâce à de simples bracelets de gym portés aux avant-bras. Des capteurs qui récolteront des données (en l’occurrence, le rythme cardiaque de la danseuse) pour les transformer en musique, en bruit sur lesquels il fera bon tanguer.
Karine Ledoyen a fait sa marque, son originalité nous a charmés, idem pour sa polyvalence extrême. Si bien qu’elle a aujourd’hui le loisir de s’entourer des meilleurs pour pousser ses idées au niveau supérieur. La scénographe et musicienne Maude Audet, qui signe ici les costumes, ainsi que l’éclairagiste Sonoyo Nishikawa, complètent la constellation de concepteurs issus des ligues majeures. «Elle est originaire du Japon et habite ici depuis 20 ans, c’est Robert Lepage qui l’a amenée. Elle a travaillé avec lui sur plusieurs productions, de même qu’avec Marie Brassard. […] C’est l’une des meilleures au Canada.» Nul doute que sa lumière ajoutera une plus-value de taille à cette pièce déjà hautement prometteuse, le retour tant attendu de celle qu’on a un jour surnommée Spéciale K. y Danse de nuit Du 26 au 28 octobre à la Salle Multi de Méduse Une présentation de La Rotonde
12 SCÈNE VOIR QC
VO1 #O9
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L’ABSURDITÉ BUREAUCRATIQUE LE SYNDROME DE STOCKHOLM, PAR DÉFINITION, EST UN PHÉNOMÈNE PSYCHIQUE AU COURS DUQUEL UN LIEN D’EMPATHIE SE TISSE ENTRE LA VICTIME D’UNE SÉQUESTRATION ET SON RAVISSEUR. MOTS | ÉMILIE RIOUX
PHOTO | CATHERINE GENEST
La victime; l’ensemble des employés d’un modeste bureau d’assurance. Le ravisseur; un obscur joueur de cricket insatisfait de son assurance vie, déterminé à réclamer une destinée qui lui revient de droit. La prémisse de ce tout premier texte théâtral de Gabriel Fournier promet des dialogues d’une savoureuse absurdité, à huis clos dans un lieu des plus banals. Même si le syndrome peut paraître comme l’élément fondateur du scénario, il n’en est rien, précise l’auteur. «Le titre est bien choisi, mais il peut porter à confusion. Le syndrome est un prétexte à l’histoire. Ce n’est pas le sujet», c’est plutôt la forme que prendra la montée dramatique. Telle une contagion virale, la sympathie se développera chez les multiples personnages, à l’instar du phénomène qui donne son titre à la pièce. De quoi rythmer une séquestration de belle manière, au fil d’une intrigue sans queue ni tête. Vaincre le syndrome Comédien actif sur la scène de Québec, Gabriel Fournier signe également sa toute première mise en scène dans le cadre de ce projet audacieux, qu’il tient à bout de bras depuis près de deux ans. D’abord présenté en 2015, sous forme de lecture aux Chantiers du Carrefour international de théâtre de Québec, le texte était alors inachevé. C’est d’ailleurs pour outrepasser le traditionnel syndrome de la page blanche que l’auteur y a soumis son projet. «C’est un texte qui a été fait par balbutie-
ments. J’ai voulu me provoquer à écrire. Je me suis inscrit aux Chantiers pour avoir un deadline. Et ça a fonctionné [...] À tâtons, j’ai écrit une première page. Puis, une deuxième. Quand j’ai commencé à avoir une quinzaine de pages, j’ai commencé à avoir une idée d’où je voulais m’en aller avec ça.» Dans la salle, le jour de la lecture publique se trouvait Jean-Michel Déry. Faisant maintenant partie de la distribution, l’acteur se souvient avoir été marqué par la plume de son metteur en scène. «La langue, le ton, ça faisait un peu Ionesco, mais plus contemporain. J’aime beaucoup l’absurde et ce que ça offre dans le jeu. Ce qui est l’fun, c’est qu’il n’y a pas de demi-mesure. Les personnages sont clairs, convaincus et essaient de convaincre les autres. On est dans la caricature et l’archétype.» Celui qui était également de la distribution de Rhinocéros (mis en scène par Alexandre Fecteau en 2013) ajoute que les occasions de jouer ce genre de texte à Québec sont plutôt rares, particulièrement dans un contexte de création. Expérimentations publiques C’est donc avec beaucoup de liberté et une douce folie que l’équipe de Stockholm, le syndrome aborde la production. Il faut dire que le cadre au sein duquel les jeunes compagnies de théâtre peuvent maintenant évoluer, quoique précaire, encourage mieux la création et sa diffusion dans la Capitale. «Premier
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Acte y laisse toute la place. C’est sa mission», souligne Denis Marchand, comédien nouvellement joint à la distribution. «Les grandes compagnies de théâtre vont moins oser se mettre en danger, bien souvent à cause d’une question de sous.» Néanmoins, la popularité grandissante de ces plateformes de la relève (Festival du Jamais Lu, Les Chantiers) favorise indéniablement l’essor des nouveaux auteurs, tout en leur assurant les outils nécessaires à la réalisation de leurs projets.
alors que des alliances naîtront entre les victimes, tentant de survivre à leur agresseur sportif. Comme la pièce est plongée dans un registre quasi cartoonesque, doublé d’absurdité, le public risque fort de se faire entraîner, malgré lui, dans la folie des protagonistes. Expérimentale, cette approche théâtrale atypique de Gabriel Fournier? «Je pense que c’est rafraîchissant, affirme-t-il. [...] Chose certaine, c’est pas très 2016. Les gens risquent de sortir perplexes. Perplexes, et souriants!» y
Dans ce contexte, on peut s’attendre à tout de cette mise en scène, qui nous promet un décor minimaliste, où les éclairages de Jean-François Labbé et les ambiances sonores de Mathieu Campagna seront au cœur de l’action scénique, qui se déroulera en temps réel. Loin d’être statique, le huis clos bureaucratique se déploiera à un rythme effréné,
Stockholm, le syndrome Du 11 au 29 octobre à Premier Acte
AUDREY LA ROSE ZICAT
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20 ANS
LA SŒUR ET LE VOLEUR EN PRÉSENTANT LE DUO SUOR ANGELICA ET GIANNI SCHICCHI DE GIACOMO PUCCINI AVEC UNE DISTRIBUTION À 90% QUÉBÉCOISE, L’OPÉRA DE QUÉBEC PROUVE QUE L’ART LYRIQUE LOCAL A UNE SOLIDE RELÈVE. MOTS | CAROLINE DÉCOSTE
PHOTO | COURTOISIE OPÉRA DE QUÉBEC
LA ROTONDE 01 les caveaux Alan Lake Factori(e) 11. 12. 13. 14. 15 octobre 2016, 19h Point de départ : Hall de l’édifice CSQ / Lieu secret
Même en ignorant tout de l’art lyrique, on reconnaît aisément O mio babbino caro tiré de Gianni Schicchi, l’air le plus connu pour soprano et pièce préférée de Maria Callas. Pour la production d’octobre de l’Opéra de Québec, c’est à la jeune Lévisienne Audrey Larose-Zicat que reviennent le plaisir et le défi de le chanter. «C’est pour moi une chance de jouer Lauretta, c’est mon premier opéra professionnel en sol nord-américain. Faut pas se planter avec Mio babbino!» explique la soprano en riant. «Schicchi, c’est une belle introduction pour ma carrière à Québec: c’est connu, c’est comique, c’est fun! C’est un super opéra pour ceux qui connaissent un peu moins ça. Avec Suor Angelica, ça donne deux opéras d’une heure chacun, c’est facile de suivre l’histoire. Parfait pour ceux qui ont tendance à suivre plus les sous-titres que ce qui se passe sur scène!»
En coproduction et en coprésentation avec Alan Lake Factori(e)
Née à Lévis dans une famille de musiciens, Audrey a grandi entourée de musique et, à 10 ans, se mettait déjà à l’opéra. «Ce n’était pas de gros airs, sauf que ce n’était pas ça que je voulais faire! On me répétait tout le temps “voix de tête, voix classique”, mais ça ne m’intéressait pas. En fait, je ne connaissais même pas ça!» À 16 ans, elle découvre Norma de Bellini, monté à l’Opéra de Québec. Révélation. «C’était comme du théâtre et Broadway mis ensemble, mais classique!» Audrey se lance alors dans des études de chant, à Québec puis à Montréal. Elle part ensuite pour l’Allemagne, où elle travaillera pendant six ans. En 2015, elle décide finalement de revenir dans la Vieille Capitale. «Je suis partie en Allemagne parce que je n’avais pas nécessairement de carrière ici. Je revenais chaque été, et je voyais le Festival d’opéra grandir chaque année. C’est en pleine effervescence!» Il n’aura fallu qu’un an pour que la chanteuse réalise son rêve de chanter en soliste avec l’Opéra de Québec, avec d’anciens collègues d’études ou de chœur. «C’est comme retrouver la famille!»
Théâtre jeunesse Les Gros Becs
La relève lyrique se porte bien à Québec, autant de l’avis d’Audrey que du directeur général et artistique de l’Opéra de Québec, Grégoire Legendre. «C’est fort au Québec, l’art lyrique. Plusieurs carrières internationales ont commencé ici! Avec ces deux grosses distributions, probablement les plus grosses que l’Opéra a eues, ça nous permet d’engager des chanteurs d’ici.» L’intérêt de présenter Suor Angelica et Gianni Schicchi, tirés d’Il Trittico (Le Tryptique) réside aussi dans le génie de leur créateur. «C’est Puccini, c’est du grand répertoire!» s’exclame Grégoire Legendre. «Suor Angelica n’a que des airs magnifiques. Et Schicchi, c’est burlesque. On commence dans le drame et on finit dans la comédie. Puccini sait comment allier musicalité et dramaturgie. C’est comme la vraie vie.» On pleure, on rit, on chante, quoi. y Les 22, 25, 27 et 29 octobre 2016 au Grand Théâtre de Québec
Photo: Mathieu Doyon
5 ans et +
02 Nous ne sommes pas des oiseaux? Code Universel, Théâtre du Gros Mécano Famille : 23. 30 octobre 2016, 11 h et 15 h
EN COPRÉSENTATION AVEC
Photo: David Cannon
03 dans e de nuit Danse K par K 26. 27. 28 octobre 2016, 20 h Méduse salle Multi
Photo: David Cannon
LAROTONDE.QC.CA / 418 649.5013
418 643.8131 / 1 877 643.8131
16 MUSIQUE VOIR QC
VO1 #O9
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CE QU’ON A BESOIN SARATOGA, DUO FORMÉ PAR LE COUPLE CHANTAL ARCHAMBAULT ET MICHEL-OLIVIER GASSE, SOUHAITE GARDER SA FORMULE INTIMISTE LE PLUS LONGTEMPS POSSIBLE. mots | Valérie thérien
photo | lepetitrusse
«Nous autres, maudit que ça va ben, mais dans le monde, pas tant que ça. On va-tu vraiment faire un album où on dit qu’on va ben?», lance MichelOlivier Gasse. «On est déjà cutes, là, on va pas se mettre à faire chier avec notre bonheur!» Les voix de Michel-Olivier et de sa compagne Chantal Archambault chantent donc surtout à propos des autres sur le premier album complet du duo qu’ils forment depuis près de deux ans, Saratoga. Sur Fleur, ils relatent doucement des sentiments ou des situations qui font écho dans chacun de nous à travers l’univers folk intimiste qu’on leur connaît. «Y a tellement de richesse dans ce que les gens vivent», dit Chantal, qui sort de son confort avec cet album, en quelque sorte, puisqu’elle chantait à propos de ses sentiments sur ses albums solo précédents. «Ça nous permet de nous plonger dans un univers qui ne nous appartient pas dans le moment, mais qu’on a sans doute vécu. Et comme on parle de gens qui sont proches, ça touche un peu comme si on le vivait par procuration.» Sur l’album, ils nous racontent l’histoire d’un personnage qui a du mal à remonter la pente, d’un autre qui rapetasse sa vie constamment, de celle d’une personne aimée partie trop tôt, une ode à une vie plus reposante, à ralentir le rythme. Malgré leur volonté de garder ça relax, Chantal et Michel-Olivier ont quand même vécu un petit stress alors qu’arrivait la deadline de l’album, réalisé par leur ami Guillaume Bourque. «Saratoga, c’est un projet où les choses se font en temps et lieu; on fait ça pour être bien, on n’est pas pressés – pis on s’est ramassés quand même à vivre ça. Je me disais: “Voyons, y a pas moyen de sortir du moule jamais!”», se remémore Chantal. Mais tout est bien qui finit bien.
Nouvelle maison Fleur surprendra sans doute les fans de Saratoga puisqu’on y entend des clarinettes, des hautbois, et autres instruments qui se fondent dans le décor. «Les gens sur la route nous ont aimés simples, à deux, et nous ont dit: “Ne changez jamais ça”. On avait donc un souci de ne pas trop avoir d’arrangements. Mais on l’a fait parce que l’emballage rend service au disque.» Douillet, l’album Fleur est aussi teinté de nature (ils ouvrent le disque avec l’image d’un lac gelé, par exemple) et de contemplation, puisque le décor de leur quotidien au moment de composer s’y prêtait. «On a écrit l’album à l’hiver dans notre nouvelle maison, dans un village où on connaît personne», précise Michel-Olivier. «L’hiver y a pas un chat, tout le monde est terré dans un abri-tempo. On regardait par la fenêtre et c’est ce qu’on voyait: la rivière, la glace, les oiseaux, de la neige.» En juin dernier, le duo chantait dans l’église de ce village, dans les Laurentides. Le contexte est à l’image de la centaine (et bien plus) de concerts qu’ils ont donnés à la suite de la parution d’un premier EP en 2015. Concerts tout simplement à deux – à moins d’exception –, avec une guitare sèche, une contrebasse, un banjo, et dans de petites salles, là où l’acoustique du huis clos sied bien à l’intimité de la musique. Les débuts de Saratoga étaient très humbles, sans qu’ils aient de réelles attentes à part passer de belles soirées, diffuser leur musique et faire des rencontres. «Au début, on s’était dit: “Au pire, on part sur la route et on joue pour le chapeau”. En Louisiane, on a été inspirés par tous ces gens qui font juste jouer. C’est comme ça qu’ils deviennent meilleurs.» Effectivement, le duo nous confirme que les nombreux concerts de Saratoga ont solidifié leur son, leurs voix et leur aisance sur scène.
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Duo d’enfer pour du BBQ à l’année
BBQ NON-STOP SAMEDI 18H en rappel dimanche 17h
19
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La bulle Saratoga a jouĂŠ dans des maisons, lors de shows de salon. Une expĂŠrience des plus privĂŠes et motivantes. Avec une formule qui rend la vie facile aux soundmen de ce monde et qui rend l’expĂŠrience prĂŠcieuse pour le public, chaque concert est un bonheur pour tout le monde. ÂŤLe nombre de fois dans tous les shows qu’on a faits oĂš on ĂŠtait avec du monde qui pourrait venir souper Ă la maison n’importe quand‌ relate MichelOlivier. ÂŤOn rencontre du monde tripant et on se retrouve dans les gens qui viennent nous voir. C’est ce qui fait en sorte que tu finis par avoir une “addictionâ€? Ă la route parce que t’es un peu chez vous partout.Âť C’est d’une importance capitale de conserver cette bulle. Pour les deux comparses, pas question de faire de grosses scènes. Mais considĂŠrant que leurs affaires vont bon train, de telles offres ne vont sans doute pas tarder. Michel-Olivier: Ça me chienne un peu ce qui s’en vient parce que ça fait un an qu’on se fait dire: “Vous savez que vous avez quelque chose de spĂŠcial, hein?â€? OK‌ alors qu’est-ce qui s’en vient? Les SĹ“urs Boulay disaient que la tournĂŠe de leur premier album les avait usĂŠes ben raide et elles ont dĂť prendre un mĂŠga recul. On n’a pas 22 ans non plus‌ Chantal: ÂŤOn a la chance d’avoir des portraits de nos amis qui font de la musique – Michel-Olivier a fait beaucoup de tournĂŠes avec Vincent Vallières par exemple – et on peut se situer lĂ -dedans. On veut faire des choix ĂŠclairĂŠs, ĂŞtre Ă l’Êcoute de ce qu’on veut et de ce qu’on a besoin. Les gens nous souhaitent le succès et disent: “Ah, pourquoi vous ĂŞtes pas connus?â€? et on se dit: “C’est quoi pour eux le succès et c’est quoi d’être connu?â€? On se sent vraiment bien oĂš on est, on est parfaitement heureux, on est capables de vivre de notre musique, on est occupĂŠs mais pas trop dans l’jus. On se considère vraiment chanceux d’être Ă 35 et 38 ans plus que d’être Ă 25 ans et faire: “AH YES, ça pogne!!! Je dis oui Ă tout!â€? et se laisser embarquer.Âť
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Michel-Olivier: ÂŤUn monsieur nous a dit un jour: “Je vous souhaite la pĂŠrennitĂŠ.â€? Il a tout compris! C’est aussi ce que je me souhaite. Je veux pas que ça pogne en malade, je veux juste faire ça tout le temps et ĂŞtre bien lĂ -dedans encore dans 20 ans.Âť ,%3 ",5%"%,, 3)34%23 n ./6
Et la vie de couple dans tout ça, ça tient le coup?
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Chantal: On s’est demandÊ si ça nuirait à notre couple, mais on a passÊ le test. Michel-Olivier: L’idÊe c’est de se doser, d’être capable d’être quand même tout seul même si on est tout le temps ensemble. Dans notre village, y a rien, rien! Pas vraiment de place pour s’Êvader. Elle s’est pognÊ un kayak solo et je me suis pognÊ un fat bike! On a nos activitÊs solo pour s’Êvader un peu. Chantal: On est un peu fusionnel. On s’entend tellement ben. On Êtait amis avant d’être en couple donc on se plaisait dÊjà à être ensemble. Michel-Olivier: Ce qui est cool, c’est qu’il y a pas de rancune. Quand y a un fuck, ça dure pas longtemps. Le char reste un lieu idÊal pour se pogner. Tu regardes en avant, t’es pas face à face. On s’arrête, on règle, on prend notre gaz et on est correct. Je peux pas imaginer faire ce showlà et faire semblant d’être bien. Longue vie à Saratoga! y
Fleur (DuPrince) Sortie le 14 octobre
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-ONTMAGNY OU SANS FRAIS
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ON ENTEND LES ÉCHOS DE CHARLEBOIS SUR LE NOUVEAU MAUVES. UN EXERCICE D’ÉCRITURE IDENTITAIRE, PROFONDÉMENT QUÉBÉCOIS, MAIS SURTOUT UN PONT ENTRE LES LÉGENDES ET LA NOUVELLE GÉNÉRATION. mots | catherine genest
photo | laurence poirier
21 MUSIQUE VOIR QC
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> Il a eu les débuts beatlesques, le simple Annie Hall puis la sortie de Cinéma Plymouth. Deux automnes plus tard, suit une déclaration d’amour prog avec Le faux du soir, un album cérébral et bourré de réverbérations, qui tranche avec Coco, le petit dernier. «Au premier degré, parfois, il n’y avait rien qui pouvait t’accrocher, expose le covocaliste et auteur Alexandre Martel. Il fallait que tu creuses… Cette fois, ce n’est pas moins réfléchi ou profond, mais le premier niveau de lecture est tout aussi significatif que les autres.» Plus directes, les paroles empruntent la méthode de travail et même une des lignes préalablement entonnées par un gars ben ordinaire. C’est spécifiquement le cas sur la chanson inaugurale J’ai tout essayé, mais aussi sur la plage 7. «Nouvelle-Calédonie reprend son style, une espèce d’antipoésie. Cette idée de droper des noms de villes, c’est très Charlebois et, à la limite [ça peut aussi rappeler] Beau Dommage. Sinon Longtemps, c’est vraiment Beau Dommage rencontre Renée Martel.» Il y a aussi, forcément, un clin d’œil à leur père spirituel Sylvain Lelièvre, regretté Limoulois parti trop tôt qui partage avec eux chauvinisme, prose tendre, mais aussi un certain penchant pour les arrangements jazzy, ou «jazzés», comme on l’aurait prononcé à l’époque. «Ce n’était pas le chanteur de nos parents, ils n’écoutaient même pas ça, se défend Julien Déry. Alex et moi, on l’a découvert en cherchant des vieux vinyles québécois.» Avec Les mots de la gare, on sent que le pianiste et compositeur de Québec a laissé une forte empreinte sur eux, particulièrement en raison du solo de basson feutré et doux écrit par leur ami new-yorkais Damon Hankoff (Out of Sight of Land) et interprété par Marie-Renée Sheridan. Une partition que Lelièvre doit jalouser du haut de son nuage. Quelque part, si Dieu existe, l’auteurcompositeur-interprète et pianiste veille sur eux, sourire en coin. Bien avant cette idée d’albumhommage, pour lequel ils n’ont injustement même pas été invités, les garçons reprenaient déjà Hiroshima en concert. Hommes du 20e siècle Cynique, mais pas complètement désabusé, le bassiste Cédric Martel signe pour sa part une pièce country et galopante un rien pince-sans-rire. Une chanson légère, quoiqu’un brin apocalyptique et politique, posant un regard amusé sur notre époque.
Depuis leurs débuts, les frères Martel et Julien cultivent une esthétique sonore près des seventies. Une décennie qui leur sied bien, un goût pour le vintage que le réalisateur Emmanuel Ethier (Peter Peter, Jimmy Hunt) a bien capté. Le Montréalais n’a pas changé grand-chose aux maquettes qui avaient été enregistrées sans lui, pour reprendre les mots d’Alexandre. «Ce qu’il a vraiment amené, c’est une espèce de vibe à l’album. Il avait une idée claire de ce qu’il devait dégager. Il a choisi, par exemple, de faire jouer des lignes de guitare qu’on avait déjà écrites, qui sont identiques, mais avec une 12 cordes électrique au lieu d’une 6 cordes électrique. Ça donne une espèce d’aura qui rappelle la côte Ouest américaine, les années 1960-1970. Il a aussi beaucoup utilisé de claviers Rhodes. Il choisissait des instruments dont les sonorités inscrivaient l’album dans un certain mood.» Coco, c’est aussi le commencement d’un nouveau cycle pour le quatuor, l’inévitable remaniement causé par le départ du batteur Jean-Christophe Bédard Rubin vers Toronto. Un type éminemment sympathique qui a choisi de parfaire ses connaissances dans le domaine du droit – il est déjà avocat – en entamant une maîtrise. C’est Charles Blondeau, aussi collaborateur de Camille Poliquin pour KROY et de Simon Kingsbury, qui le remplace. Un ami de longue date rencontré à leur passage aux Francouvertes qui n’a pas hésité une seule seconde avant, promet Julien, de combler le siège vide. Infatigables, les trois membres originels papillonnent et expérimentent en solo lorsqu’ils ne sont pas ensemble. Alexandre enfile son léotard squelettique pour devenir Anatole, libidineux personnage androgyne, Julien se fait ironique avec Notre Père et Cédric accompagne Tire le coyote. Des explorations musicales et artistiques diversifiées qui ont pour effet d’enrichir leur travail commun, leur priorité, on le sent bien. Malgré le temps qui passe, les rides qui commencent à s’inscrire sur leurs visages, Mauves ne sera jamais qu’un projet de jeunesse. y Coco Disponible dès maintenant (Coyote Records) Jeudi 6 octobre à 21h au centre en arts actuel Le Lieu, à Québec
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À ÉCOUTER ★★★★★ classique ★★★★ excellent ★★★ bon ★★ moyen ★ nul
THE PIXIES head carrier
KNLO long jeu (7 e Ciel) ★★★★ L’attente en aura valu la peine. Plus de 15 ans après ses débuts discrets sur la scène rap de Québec, KNLO propose un remarquable premier album officiel, dont il assure lui-même la réalisation et le mixage. Mélomane indéfectible, le rappeur et producteur d’Alaclair Ensemble embrasse les musiques fondatrices du hip-hop (le jazz, le soul, le funk) et flirte avec les éléments qui cisèlent actuellement le style (les basses lourdes, les ambiances psychédéliques, les flows chantés). Prenant du recul sur plusieurs épisodes de sa vie, le Montréalais d’adoption livre des textes impressionnistes qui, au-delà de leur structure désordonnée, portent en eux de judicieuses réflexions sur la pauvreté (Soleil), la drogue (Coquillages), la criminalité (Justeçayinque) et, surtout, «l’inflation sur le prix de la laitue verte» (@ L’église). (O. Boisvert-Magnen)
(Pixiesmusic)
LISA LEBLANC Why you Wanna leaVe, runaWay queen?
★★★ 1/2
(Bonsound)
Ils ont fait paraître une poignée de disques majeurs durant les années 1980 et début 1990, ont influencé un bon nombre de groupes devenus euxmêmes fort influents, se sont séparés en 1993, reformés en 2004, ont changé deux fois de bassiste depuis 2013 pour finalement accoucher d’un nouvel album en 2014, Indie Cindy, 23 ans après le précédent. Comme pour tout groupe sur le retour, les fans ont vite constaté que les belles années étaient loin derrière. Jusqu’à ce Head Carrier qui pourrait bien faire changer d’avis ceux qui ont enterré les Pixies un peu trop vite. Avec ce sixième effort, le premier conçu avec la nouvelle bassiste Paz Lenchantin, Frank Black et sa bande ont semble-t-il renoué avec l’inspiration des débuts. Ce ne sera jamais Surfer Rosa ou Bossanova, mais on retrouve là toute l’essence des Pixies, les sons, les arrangements, les mélodies. OK, Frank Black ne crie plus autant comme un cochon qu’on égorge, c’est peut-être un peu moins intense parfois, mais c’est quand même pas mal crédible dans l’ensemble. (P. Baillargeon)
LUISA MAITA Fio da memoria (Cumbancha) ★★★ C’est un joli coup de la petite étiquette Cumbancha du Vermont d’avoir signé, il y a six ans, cette belle Brésilienne, inconnue au bataillon mais basée à Sao Paolo comme CéU et pouvant plaire au même public. Sauf que cette fois, au lieu de sortir les remix bien après le disque officiel – comme ce fut le cas pour Lero Lero –, la fille se lâche lousse dans la vague low-fi electronica. D’une langueur presque excessive, l’album, sensuel à souhait, se vautre dans un shoegaze vaporeux et parfois très minimaliste. Dixit la principale intéressée: «Ce disque parle de ce qu’est le Brésil aujourd’hui, esthétiquement, dans l’âge de l’électronique.» Dont acte… (R. Boncy)
★★★1/2 De retour avec un nouvel album studio de 12 morceaux solidement réalisés par Joseph Donovan, Lisa LeBlanc plonge tête baissée et avec aplomb dans des compos anglophones, alors qu’elle se fait plus rageuse, tout en s’adonnant aujourd’hui au storytelling moins nombriliste. Si elle offre quelques passages d’un doux folk avec des titres banjo-voix comme I Ain’t Perfect Babe ou 5748 KM, elle balance aussi des mélodies plus rock sur sa guitare électrique avec Could You Wait ’Til I’ve Had My Coffee, City Slickers and Country Boys ou au banjo avec sa reprise de Ace of Spades. Elle change de registre lors d’un western hawaïen sur Dump the Guy ASAP et lors d’une percée progressive avec Why Does It Feel So Lonely (When You Are Around?), mais la production finale reste somme toute un brin formatée, atténuant la spontanéité qu’on lui connaissait. (J. Ledoux)
BRUCE LEVINGSTON dreaming aWake (Sono Luminus/Naxos) ★★★★ Voici une belle sélection d’œuvres pour piano de Philip Glass, interprétées avec tout le romantisme qu’elles commandent. Il y a déjà plusieurs enregistrements des Études de Glass, mais ceux de Bruce Levingston valent le détour pour leur interprétation très juste, d’abord, et pour les pièces qui les accompagnent: The Illusionist Suite, transcrite par le pianiste d’après la partition accompagnant le film; Metamorphosis II, où le style de Glass trouve sa justification dans l’œuvre de Kafka; Dreaming Awake, dont le titre ne saurait être plus approprié; et surtout Wichita Vortex Sutra, où Glass reprend sa collaboration avec Allen Ginsberg par la mise en musique de cette ode contre la guerre datant de 1966, lue ici par un Ethan Hawke traversé par la voix du poète. (R. Beaucage)
23 DISQUES VOIR QC
SONATA ARCTICA the ninth hour
JAZZAMBOKA jazzamboka
(Nuclear Blast)
(Le Lab / 270 sessions)
★★★1/2
★★★★
C’est après avoir choisi le titre de son neuvième album que le groupe finlandais a réalisé que l’expression The Ninth Hour (dans la Bible, la neuvième heure correspond au moment où Jésus est mort sur la croix) convenait tant au contenu des textes qu’à l’illustration de la pochette signée ToxicAngel (Nightwish, Tarot). On comprend ce lien quand on prête attention aux textes du chanteur Tony Kakko, qui portent sur l’état du monde et de la planète. Leur gravité est atténuée par la belle voix de Kakko et la musique, un mélange de power métal symphonique et de rock progressif aux qualités cinématographiques. Sonata Arctica ne se réinvente pas, mais il a toujours le don de composer des chansons mémorables. (C. Fortier)
Il ne faudrait surtout pas qu’à cause de leur jeunesse, les musiciens de ce nouveau quintette (moyenne d’âge: 24 ans et demi) soient pris pour de quelconques imitateurs, voire des novices de service. Un: ils ont beau clamer ne pas faire de jazz, ils sont tous habités par les démons de l’improvisation et mus par la fièvre des grooves africains. Deux: la grande originalité de ce produit polyrythmique à outrance vient des deux percussionnistes d’origine congolaise. Elli Miller-Maboungou joue de trois tambours ngoma (c’est assez rare dans le jazz, merci!) et l’impressionnant batteur Noel Mpiaza, qui enchaîne les breaks et les changements de rythmes comme un vrai casse-cou, délire au micro un mélange de spoken word, de chant soufi et de fête au village. Écoutez Montreal by Night et dites longue vie à Jazzamboka! (R. Boncy)
PREOCCUPATIONS preoccupations (Jag jaguwar) ★★★1/2 Viet Cong, ça ne passait pas. Les apôtres de la bonne conscience indie se sont indignés. Pop polémique et rectitude rock. À force de se faire pointer du doigt et annuler les concerts, le groupe s’est résigné et a opté pour Preoccupations. Et avec le changement de nom est venu un certain changement de son. Sur ce premier album sous ce nouveau vocable, la formation de Calgary semble avoir un peu perdu de son mordant. Le son est moins agressif, les guitares moins incisives, les rythmiques moins angulaires. Des morceaux comme le sublime Continental Shelf, vous n’en trouverez pas sur Preoccupations. Mais vous trouverez autre chose. Pour ceux qui souhaitaient une démarche un brin plus pop, l’offre est loin d’être négligeable; Preoccupations est plus nuancé, plus poli, plus surprenant parfois (la courte Forbidden) et sans doute plus travaillé que le précédent Viet Cong. Une belle suite logique. (P. Baillargeon)
LUC DE LAROCHELLIÈRE autre monde (Disques Victoire) ★★★1/2 Après un album en duo avec sa conjointe Andrea Lindsay (2012), puis un autre en groupe avec le laboratoire créatif Sept jours en mai (2016), Luc De Larochellière revient avec un 11e album en 30 ans de carrière. Il s’est associé cette fois-ci à Philippe Brault (Salomé Leclerc, Philémon Cimon) afin de livrer un album à la fois onirique et énergique (Naître personne en début de parcours est assez groovy, par exemple). C’est un disque apaisant et surprenant, aux arrangements enchanteurs, à son meilleur sur la pièce titre, où piano et instruments à cordes se marient avec grande classe. Des 12 titres, dont l’énergique premier simple d’État en état sur lequel il compare la vie à un grand voyage, l’auteur-compositeurinterprète nous emporte surtout dans les nuages et dans ses pensées. (V. Thérien)
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WE ARE WOLVES Wrong (Fantôme Records) ★★★ Le trio électrorock We Are Wolves revient pour ce cinquième opus avec quelque chose d’un peu différent, mais qui ne dépaysera absolument pas les amateurs. On y retrouve la fougue initiale mieux canalisée, mieux dirigée. Le travail de sonorités est plus recherché que sur l’album précédent, et les timbres agressants sont utilisés avec brio pour ajouter de l’impact à des compositions bien construites. On y sent toutefois un certain manque d’originalité. Certes, l’album est bon, mais le groupe avait amené quelque chose de plus novateur sur la table avec La Mort Pop Club (2013). Alors que ce sera un peu décevant pour certains, ceux qui désiraient more of the same seront servis. We Are Wolves ne se réinvente pas ici, mais poursuit le raffinement de son identité. (A. Bordeleau)
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MONIQUE GIROUX sur mesure
LES TROPHÉES ÇA FAIT PLAISIR, MAIS … La statuette et le dérouleur de tapis rouge se font aller par les temps qui courent. On ne fournit plus en petites bouchées et en tenues de soirée. On s’étale le catalogue des talentueux designers québécois. À la question qui vous habille, j’ai déjà répondu: «Je vous ferais vendre plus de copies si je vous disais qui me déshabille.» L’année suivante, je faisais le tapis rouge au bras de ma blonde. Bon, là n’est pas le propos, bien que le sujet du tapis rouge mériterait une thèse à lui seul. Tous les ans, quand arrive septembre, on n’a pas aussitôt fini d’égrainer le chapelet des événements culturels qu’on se tartine le gala, qu’on se congratule la production de l’année passée et qu’on discourt de remerciements, des sanglots dans la voix. Je suis bon public, espérant toujours passer un pas pire dimanche. Je ne doute pas une seconde de la véritable émotion de Guy A. Lepage alors qu’il dédie son trophée à son père spirituel Jean Bissonnette. Je ne doute malheureusement pas non plus de l’insouciance de certains jeunes artistes qui bientôt iront chercher leur Félix et qui peineront à faire un discours cohérent. Louis-José Houde n’a d’ailleurs pas hésité à dire, sur la scène des Gémeaux de cette année et avec l’humour qu’on lui connaît, que les discours y étaient de haut niveau, ce qui n’était pas toujours le cas dans son gala. «On y travaille», a-t-il ajouté. Je me souviens d’ailleurs de sa tête, à Louis-Josée Houde, quand, en 2014, Klô Pelgag a reçu le Félix Révélation de l’année dans son gala: «Salut, je me sens vraiment drôle, je suis super contente, je fais un sourire pour démontrer mon bonheur, je remercie les gens parce que c’est ça que les gens font, je remercie mes parents d’avoir fait l’amour, j’espère que c’était une bonne fois… je remercie tous les musiciens qui ont travaillé avec moi, merci d’accepter de vous faire pitcher de la sauce St-Hubert
sur la tête pendant les spectacles, j’aime la cuisine. Je remercie Messmer de m’inspirer dans tout… Je vous souhaite le bonheur.» Tous les lauréats, et peu importe le gala, ne doivent pas dans leurs remerciements revendiquer, lever le poing, appeler à la révolution, mais tous devraient consacrer au moins autant de temps à articuler deux phrases qu’à choisir la couleur de leur vernis à ongles ou leur cravate. Celui à qui l’on doit le discours le plus percutant de l’histoire de l’ADISQ, le plus efficace et donc le plus mémorable aussi, c’est Plamondon. 1983, Luc et Robert Charlebois reçoivent le Félix Chanson de l’année pour J’t’aime comme un fou. Plamondon sort de ses gonds: «Les trophées, ça fait plaisir, mais ce qui nous ferait encore plus plaisir, ce serait de gagner des droits d’auteur. Je voudrais profiter de l’occasion, au nom des auteurs-compositeurs du Québec, pour dire à tous les producteurs de spectacles qui sont réunis ce soir ici qu’on a trouvé votre attitude absolument révoltante lors des audiences devant le tribunal d’appel du droit d’auteur en février dernier. Quand le président de l’ADISQ qui est assis ici à côté du ministre des Affaires culturelles ose écrire une lettre contre les créateurs disant qu’on va jeter l’industrie du spectacle par terre si on demande des droits d’auteur, je trouve ça scandaleux, scandaleux. On va le gagner notre combat, on va mettre cinq ans, on va mettre dix ans, mais on va le gagner. On est la matière première de votre industrie, votre industrie n’existerait pas s’il n’y avait pas des chansons, s’il n’y avait pas des auteurs-compositeurs derrière.» Imbattable discours. Le 19 septembre dernier avait lieu la 11e remise des prix de la Fondation SPACQ, la Société professionnelle
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des auteurs et des compositeurs du Québec fondée justement par Plamondon et Diane Juster en 1981 pour mener ce combat. À l’abri des caméras et loin des tapis rouges, une centaine de personnes – auteurs, compositeurs, créateurs de chansons toutes générations confondues, artisans du métier et représentants des entreprises commanditaires – allaient se faire le plus beau de tous les galas. On allait remettre 11 prix assortis d’un chèque et d’une œuvre du peintre Marc Séguin.
Charlebois: «J’ai rencontré Claude Robinson. Il s’est battu pendant 10 ans sans pouvoir dessiner un trait. Je ne veux pas me battre pendant 10 ans pour exister et ne pas pouvoir composer une note ou une ligne de chanson. Victor Hugo disait: “Une bonne idée sans appui financier ne fait qu’élargir les tablettes des œuvres inutiles.”»
Louise Forestier, animatrice de la soirée, a dit en présentation de Diane Dufresne: «Elle a mangé, digéré, craché les chansons, elle les a chantées, mais elle les a surtout partagées.»
En rentrant chez moi, encore émue de ce que nous avions vécu, vu et entendu, je me suis demandé ce qui pouvait bien planer ce soir-là, à ce gala-là, et je me suis dit contre mon gré que c’était peut-être le parfum de la fin d’un monde.
Diane Dufresne salue Lucille Dumont récemment décédée à l’âge de 97 ans, sans que jamais l’ADISQ lui ait rendu hommage: «Lucille Dumont, pour ma mère, c’était la classe, je ne savais pas ce que ça voulait dire, mais je voulais être comme elle. À 14 ans, j’ai gagné un concours de chant. Le prix, c’était un duo avec Lucille Dumont. Ce soir, je remporte un prix qui porte son nom. Merci pour tout, Madame.» Pagliaro: «Les concours, c’est la loterie, tu prends un ticket, tu gagnes, tu fais un cover, pis tu pars en tournée. Les concours, c’est bien, y en a toujours eu, y en aura toujours, mais les concours, c’est pas la culture. Laissez les artistes travailler.»
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Claude Dubois: «Merci à chacun de vous qui encouragez la chanson, elle est l’âme d’une nation.»
Si vous voulez, jeunes artistes qui allez monter sur scène chercher votre Félix cette année, ne pas faire œuvre inutile et participer à enrichir l’âme d’une nation, travailler à sa culture, partager vos chansons, faire tout ça avec classe et qu’un jour peut-être un prix porte votre nom, levez-vous tôt demain matin et attelez-vous à la tâche en pensant avec respect à ceux qui ont battu la terre pour en faire des chemins. y CHANSONS À ÉCOUTER MISS PEPSI, robert charlebois et mouFFe MERCI LUCILLE, louise Forestier, extrait de DEMAIN MATIN, MONTRÉAL M’ATTEND
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SOUPERS e SPECTACLES
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Du 12 au 22 octobre Programmation et détails
Aviatic.ca/festival
418 522-3555 450, Gare Du Palais, Québec
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VIEDEDJ
SOUVENT ASSOCIÉE AU PARTY, AU CHAMPAGNE ET AUX AUTRES STÉRÉOTYPES DE LA VIE DE DAVID GUETTA, LA ROUTINE DES DJ A DE QUOI NOUS FASCINER. CUMULANT PLUS DE 10 ANS DE MÉTIER CHACUN, LES MONTRÉALAIS PAOLO ROCCO, POIRIER, MATHIEU BEAUSÉJOUR, MISSTRESS BARBARA, DJ MANIFEST ET TIGA SAVENT TOUTEFOIS QUE LA RÉALITÉ EST FORT DIFFÉRENTE. INCURSION DANS LE QUOTIDIEN DE CES DJ À TEMPS PLEIN. MOTS | OLIVIER BOISVERT-MAGNEN ET VALÉRIE THÉRIEN
C’est un jeudi matin inhabituel pour Mathieu Beauséjour. Lève-tard, il a dû faire une exception afin de nous rencontrer en milieu de matinée, tout près de chez lui, dans un café du Village. «Je mixe les mercredis soirs à la Rockette depuis quatre ans. J’me lève plus tôt qu’avant le jeudi, mais disons que ça reste pas mal tout le temps entre 10h et 13h», dit-il, après s’être hâtivement commandé un hot-dog. Moins surchargé qu’avant, le quotidien de Beauséjour se résume actuellement aux jeux vidéo, au cinéma de répertoire et aux découvertes foodies avec sa blonde. «À mes débuts, par contre, je passais mes temps libres à écouter de la musique», nuancet-il. «Quand j’animais à CISM, je m’imposais l’écoute de 60 albums par semaine! Avec toutes ces recherches-là, j’ai fini par avoir un gros bagage rock, punk, post-punk, krautrock, hip-hop… J’écoute encore quelques nouveaux groupes, mais pas tant que ça.»
PHOTO | SATY PRATHA
Reconnu pour son expertise rock rétro implacable, ce qui lui assure des semaines bien chargées depuis une décennie, le DJ peut maintenant se la couler un peu plus douce. Évidemment, la réalité d’une grande majorité de DJ n’a rien à voir avec celle-ci. Figure incontournable de la scène électronique locale, Poirier doit constamment rester à l’affût des nouveautés, qu’elles soient dancehall, hip-hop ou électro. «En une semaine, je dois passer 15 heures à écouter de la musique. La plupart du temps, je finis par inclure environ une chanson de toute cette écoute-là à mes gigs», explique-t-il. Poirier consacre également beaucoup de ses temps libres à l’administration de ses affaires: «Quand je suis à Montréal, je fais beaucoup de job de bureau, notamment de la promo pour mes albums et mes soirées mensuelles. C’est essentiel si je veux que ma musique soit diffusée.»
POIRIER
Si on le connaît davantage pour ses albums et ses remix à saveur soca, reggae ou dancehall, Poirier plonge aussi dans plein d’autres styles musicaux. Il a lancé huit albums de musique originale et a une double vie sous le nom de Boundary, projet plus minimaliste né autour de 2013 et sous lequel il a sorti deux disques dans les dernières années.
On peut le considérer comme un habitué des chaudes soirées mensuelles montréalaises puisqu’il était de Bounce Le Gros (2005-2007), puis Karnival (2009-2012), puis Sud-West – devenu Nord-East à la TOHU cet été. Il y a aussi Qualité Deluxe, qu’il présente tous les mois à Artgang (et à l’occasion à Toronto) avec Kyou et Mr. Touré! «C’est dédié à l’afropop, au soca et au dancehall. Y a beaucoup d’habitués qui reviennent aux soirées. Ça va très bien en ce moment, mais ç’a été une lente progression et là on a une belle vibe. À Montréal, en ce moment, on est dans une belle période où y a plusieurs soirées comme la nôtre qui vont bien et où l’accent est mis sur la musique et pas sur les noms étrangers. C’est pas les invités qui font l’attrait, c’est le lien de confiance établi entre le public et les DJ résidents.» Poirier présentera son spectacle Migration Sound System avec chanteurs et danseurs sur scène, dans le cadre de M pour Montréal en novembre, et souhaite l’emmener en tournée au Québec et en Europe l’été prochain. (V. T.)
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TIGA, PHOTO | FEMME DE $ARKOZY
Actif depuis 1990, le DJ électro Tiga occupe son quotidien montréalais d’une façon similaire à celle de Poirier. «Je m’occupe principalement de ma business et de mon label», dit-il, à propos de Turbo Recordings, fondé en 1998. «Mes journées sont toutes vraiment occupées. Je passe beaucoup de temps à trouver de la musique et à la classifier dans différents dossiers sur mon ordinateur. Parfois, je me sens comme un bibliothécaire.» Misstress Barbara vit une situation semblable avec la musique. Active depuis 1996 dans le nightlife montréalais et à l’international, la mélomane a vu son quotidien changer radicalement dans les dernières années: «Depuis que toute la musique est numérique, ce n’est plus 400 sorties par semaine que je dois surveiller, mais bien 40 000! Je dois recevoir environ 100 MP3 promos par jour dans mes courriels… J’essaie d’en écouter le plus possible pour me faire une idée.» L’Italo-Montréalais Paolo Rocco mène également une vie rangée lorsqu’il est loin des podiums. Ses chansons originales et ses remix étant pressés sur vinyle, le fondateur du collectif électro RAWMoments passe beaucoup de temps chez lui à coordonner tout ça, en plus de composer et de gérer sa boutique en ligne. Autodidacte lui aussi, DJ Manifest divise actuellement son temps entre la production de beats et le défrichage
de nouveaux contrats. Fort de son expérience derrière les platines avec Koriass, ce qui lui a assuré un gagnepain fiable pendant plus de cinq ans, il veut maintenant diversifier son offre. «J’écoute beaucoup de funk, de rock et de reggae. Je tends peu à peu à m’éloigner du rap pour intégrer d’autres milieux», indique celui qui a récemment accompagné la chanteuse pop Liana lors d’une soirée de lancement. Lire la foule Cette ouverture musicale est généralement bénéfique pour tout DJ désirant évoluer longtemps dans le métier. Mélomane sans frontières, Poirier sait qu’il gagne à s’adapter à son public en spectacle. «Souvent, j’essaie d’arriver au moins une heure d’avance afin de me familiariser avec la vibe de la foule», dit-il. «Une fois monté sur scène, je regarde beaucoup les gens devant moi. Ça influence souvent le choix de ma prochaine track.» Mathieu Beauséjour doit constamment s’adonner à cet exercice. Lors de sa résidence du vendredi à la Rockette, il doit même contrôler la foule. «En fin de soirée, quand ça brasse trop et que les gens commencent à briser leurs pintes sur le plancher, je dois calmer le jeu avec une toune plus tranquille», assure-t-il.
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«Tout est très spontané de mon côté. Cinq minutes avant d’embarquer, je ne sais pas quelle sera ma première track», indique Misstress Barbara. «En revanche, tout le travail se fait avant. C’est là que mon bagage musical entre en jeu.» Tout comme Misstress et Poirier, Paolo Rocco se fait un devoir de «lire la foule». «Habituellement, je ne prépare rien avant une gig parce que j’aime bien m’adapter à l’ambiance», explique-t-il. «Je m’arrange aussi pour ne pas accepter n’importe quel contrat. Par exemple, je n’irais jamais jouer au Beachclub avant Hardwell!» Financièrement avantageux, les contrats indésirables font partie intégrante de la vie des DJ. Du lot, les mariages ne sont pas particulièrement appréciés. «J’en ai déjà fait et j’ai trouvé ça difficile. La plupart du temps, on nous impose une liste de chansons», admet DJ Manifest. Souvent appelé à mixer lors d’événements privés, Mathieu Beauséjour a récemment passé un mauvais quart d’heure lors d’un party de la compagnie Frank & Oak. «C’est la pire soirée de toute ma vie! Pendant sept heures, je me suis fait blaster parce que les gens aimaient pas ma musique. J’osais même pu aller aux toilettes!» raconte-t-il. «La seule fois où je suis allé fumer dehors, y a quelqu’un qui est allé déplugger mon gear pour mettre son iPhone. Depuis ce tempslà, j’y pense deux fois avant d’accepter un contrat.»
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«À la Rockette, c’est très rare que je bois, mais disons qu’à L’Esco les jeudis, c’est plus difficile, vu que le DJ booth est proche du bar. Faut dire que l’ambiance est vraiment l’fun: c’est comme si j’étais dans mon salon et que je mixais pour mes amis qui m’amènent des shots.» À 42 ans, Tiga a lui aussi récemment diminué le nombre de soirées arrosées. «Pendant 25 ans, mon quotidien se résumait à faire le party, alors à un certain moment, j’ai eu envie de faire différent. J’aime maintenant me lever à sept heures du matin quand je suis chez moi. Je trouve ça exotique!» explique-t-il. Pour DJ Manifest et Poirier, il semble impératif de rester professionnel, peu importe les offres et les tentations. Alors que le premier se fait un devoir de ne jamais se «péter la face en travaillant, que ce soit pendant un gros show ou une gig dans un bar de quartier», le deuxième tente de garder la tête hors de l’eau «dans un milieu d’abus où il y a parfois beaucoup de drogue».
Party, santé
Misstress Barbara garde la même attitude face aux excès: «Le jour où j’ai décidé de devenir DJ, j’ai mis une croix sur le party. Je voulais m’assurer de jouer des tounes qui me donnent des frissons à jeun, et non pas sur l’influence d’une pilule. Par contre, je demande généralement deux bouteilles de champagne dans mon contrat. Ça me donne un pétillant de bonheur, ça me réveille. Je suis parfois pompette, mais ça reste toujours professionnel.»
Pour Beauséjour, l’ambiance est autrement plus agréable et festive lors de ses résidences hebdomadaires. S’il se dit généralement moins porté à faire le party qu’à ses débuts, il admet être enclin à quelques dérapages contrôlés de temps à autre:
Les horaires irréguliers forcent également les DJ à faire des sacrifices en ce qui a trait à leur vie familiale et leur santé. Manifest a toutefois tiré des leçons de ce mode de vie: «Quand mes affaires ont commencé à bien marcher, j’étais tout simplement obsédé par
TIGA Vétéran de la scène techno de Montréal, Tiga amorce sa carrière au début des années 1990 avec des remix fort appréciés, dont Sunglasses at Night, son premier grand succès aux côtés de Zyntherius. Il enregistre trois albums de matériel original entre 2006 et 2015, sur lesquels on peut aussi entendre sa voix. Le 27 octobre prochain, il présentera pour la première fois un grand spectacle qui mêlera la musique live aux arts visuels, un nouveau défi qui lui permettra de revenir sur plusieurs chansons-clés de son répertoire. «Ça fait des années que j’ai en tête de faire un spectacle du genre – ce qui fait changement d’un typique DJ set –, depuis le temps de mon premier album Sexor», dit-il. «Ce n’est qu’en mars ou avril 2015 que j’ai commencé à y travailler sérieusement. Je suis allé en studio et j’ai commencé à construire des versions différentes de mes chansons, à penser à celles que je pourrais inclure. C’est pas tant un concert de mes plus grands hits. Y a beaucoup de musique qui n’a jamais été jouée en live là-dedans.» (V. T.)
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la musique. Je mangeais pas bien, je dormais presque pas, je laissais tomber mes amis‌ J’ai finalement compris que la clÊ Êtait dans l’Êquilibre. J’ai rÊalisÊ que de nÊgliger ma santÊ, mes amis et ma famille, ça me faisait beaucoup plus de mal à long terme que de perdre un contrat. Conscient de la prÊcaritÊ de son mÊtier, Mathieu BeausÊjour a gÊnÊralement de la difficultÊ à refuser une offre. Les mois de mars et d’avril sont pas mal tranquilles, alors je ramasse pas mal tous les partys de NoÍl qu’on me propose. Ça devient fatigant de travailler cinq à six soirs par semaine durant cette pÊriode-là , admet-il.
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Même si le marchÊ international s’offre à eux, Tiga, Misstress Barbara et Paolo Rocco constatent Êgalement l’instabilitÊ de leur mÊtier. La clÊ pour perdurer dans ce milieu compÊtitif? Chaque cinq ans environ, il faut renouveler son image et sa musique, croit Rocco. C’est impossible d’Êvoluer en tant que DJ en faisant toujours la même chose. L’assiduitÊ est Êgalement très importante. Si tu ne tournes pas tout le temps, t’es vite mise de côtʝ, observe Misstress Barbara. Tu ne peux pas te permettre de prendre six mois en dehors du circuit parce que la crowd Êlectro est gÊnÊralement ÊphÊmère. Le jeune fan de 20 ans qui vient te voir en show, il ne sortira peut-être plus dans deux ans. (O. B-M.)
DJ MANIFEST
VÊtÊran de la scène hip-hop locale, DJ Manifest met toute son Ênergie au service de la musique depuis près de 20 ans.
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DĂŠcrochant un emploi Ă l’hĂ´pital Saint-Luc au tournant du millĂŠnaire, le MontrĂŠalais n’a alors qu’une seule mission: amasser beaucoup d’argent pour s’acheter l’Êquipement de base du DJ. Souhaitant se faire un nom sur la scène rap montrĂŠalaise, alors en pleine effervescence, il s’incruste hebdomadairement Ă l’Êmission Hip Hop Non-Stop Ă CIBL. ÂŤJ’allais lĂ seulement pour observerÂť, se souvient-il. ÂŤPeu Ă peu, j’ai rencontrĂŠ pas mal tous les acteurs importants de la scène. Ça m’a aidĂŠ Ă avoir ma première chance comme DJ.Âť Obtenant sa première rĂŠsidence au dĂŠfunt bar FĂŠlix, puis au Petit Campus, Manifest fait ensuite graduellement sa marque comme producteur. Dans la deuxième moitiĂŠ de la dĂŠcennie 2000, il compose des chansons pour L’AssemblĂŠe, Dramatik, BBT et Koriass, qu’il accompagne d’ailleurs en spectacle dès 2008. Plus que jamais dĂŠcidĂŠ Ă faire sa marque en solo, il dĂŠsire maintenant accumuler les contrats dans les bars et les ĂŠvĂŠnements. ÂŤPendant près de 10 ans, j’ai ĂŠtĂŠ vu comme “le DJ de Koriass’’. J’ai beaucoup aimĂŠ l’expĂŠrience, mais lĂ , j’approche de la quarantaine et je veux dĂŠvelopper ma carrièreÂť, explique celui qu’on peut voir mixer occasionnellement au Don B Comber. (O. B.-M.)
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MISSTRESS BARBARA
DJ «slash» producteur «Je ne me considère pas avant tout comme un DJ, mais plutôt comme un créateur de musique.» Poirier croit (avec raison) qu’il est important de réitérer les nuances de son métier. Oui, lorsqu’on parle d’un DJ, on parle d’une personne appelée à diffuser et à mixer de la musique pour une foule, mais les pièces choisies ne sont pas toujours la musique des autres. Les rôles de remixeur ou de producteur (ou de compositeur) se greffent souvent à celui de DJ, ce qui fait que la musique originale de l’artiste est également diffusée.
«Pour moi, jouer en DJ, c’est une façon de représenter la musique que je compose et que j’aime, au même titre que les groupes de musique qui vont en tournée pour présenter live la musique qu’ils ont composée», précise-t-il. «Le DJ/producteur, qui est un terme assez commun à présent, est un peu différent du producteur (ou du compositeur) traditionnel parce que les deux choses se nourrissent», explique Tiga. «Ça, c’est absolument mon école: les points forts du travail de composition en studio viennent du DJing. On développe une connaissance de ce qui fonctionne et de ce qui
MISSTRESS BARBARA
Barbara Bonfiglio célèbre cette année ses 20 ans de carrière. Au milieu des années 1990, elle s’est vite imposée sur la scène techno internationale alors qu’il n’y avait pratiquement pas de femmes DJ. «J’ai vite compris que pour me faire respecter, il fallait que je fasse de la musique. Je me suis donc équipée, j’ai commencé mon studio en 1996, et en 1999, j’avais mon label. C’est difficile parce que c’est un milieu très, très gars.»
Il a fallu repousser bien des avances et travailler fort pour se faire respecter. «Le fait d’être une femme, ça m’a ouvert les portes à travers la curiosité, mais y avait de la jalousie tout le temps. Je pense qu’il y a eu de l’évolution parce qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de femmes DJ.»
Misstress Barbara a également sorti deux albums où elle troquait les platines pour le micro: I’m No Human (2009) et Many Shades of Grey (2012). Dans les prochaines années, elle souhaite poursuivre son travail de DJ tout en continuant à produire de la musique pour le cinéma, la télé et la publicité à travers sa jeune boîte Bon x Papa. «Je développe de plus en plus ma carrière de réalisatrice d’album parce que je pense pas qu’à 60 ans je vais encore être DJ!», dit-elle, en mentionnant qu’elle devra aussi défoncer des portes dans ce métier puisqu’il n’y a pas vraiment de femmes. (V. T.)
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MATHIEU BEAUSÉJOUR, PHOTO | ANTOINE BORDELEAU
ne fonctionne pas, on essaie de comprendre la dynamique de l’énergie et en particulier les arrangements. Y a une confiance qui naît d’une grande exposition aux danceclubs et aux foules.» Alors que Paolo Rocco a débuté en tant que DJ et s’est développé un intérêt pour la production plus tard, Poirier, lui, a fait le parcours contraire. Il a d’ailleurs signé beaucoup plus d’albums de musique originale que le DJ/producteur moyen. «Jouer en DJ, ça me donne une autre compréhension de la musique et ça se reflète après dans la composition. Migration, que j’ai lancé cette année, c’est mon 10e disque de matériel original et je connais pas beaucoup de gens qui ont fait ça. Y en a qui pensent que je suis juste DJ dans la vie et je suis comme: wô, attends minute!»
Toutefois, c’est aussi possible de préférer ne garder qu’un chapeau, question de mieux maîtriser sa force en mixing. Manifest, par exemple, s’est replongé davantage dans son rôle de DJ récemment. «Ce que j’aime le plus en ce moment, c’est mixer. On me voyait beaucoup plus comme producteur, c’était ben à la mode de le mettre en valeur il y a quelques années. Je poussais aussi fort pour avoir des gigs, mais ça se passait pas à mon goût. J’ai un studio, je fais de la musique, je suis ouvert aux rencontres, mais je suis pas le meilleur producteur, tandis qu’en tant que DJ, je suis plus en contrôle.» (V. T.)
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MATHIEU BEAUSÉJOUR
DJ rock notoire de la métropole, Mathieu Beauséjour développe d’abord sa passion sur les ondes de CISM. Animateur des Éboueurs du rock entre 1998 et 2012, le diplômé en communication au Conservatoire Lasalle fait ensuite sa marque comme DJ dans les partys étudiants, avant d’avoir sa vraie chance en résidence au défunt Roy Bar en 2003.
«Après ça, le téléphone s’est mis à sonner», raconte-t-il. «C’est pas mal à ce moment que j’ai réalisé que je pouvais crisser là ma job au centre d’appel pour me concentrer uniquement sur mes contrats dans les bars. J’avais jamais pensé que mon émission de b-sides punk obscurs pourrait m’amener là…» Au milieu de la décennie 2000, Beauséjour décroche des contrats de résidence durables à L’Esco et à la Rockette, là où il mixe encore chaque semaine d’ailleurs.
Spécialiste probant du rock underground et mélomane de haut vol, s’intéressant autant au reggae qu’au hip-hop old school, il obtient sa chance dans plusieurs autres bars maintenant fermés, notamment le Panda Bar, le Salon Officiel et, plus récemment, le Perfecto.
À l’aube de la quarantaine, celui qui multiplie aussi les mariages et les événements corporatifs se questionne: «Je suis pas encore tanné de faire ça, mais je sais pas ce que ça va donner à long terme… Je suis en train de penser à un plan B, peut-être revenir à mes premiers amours de communication.» (O. B.-M.)
33 Fatigue internationale Un métier qui permet de composer, de diffuser de la musique et de voyager, on s’entend que c’est pas mal cool. Mais une chose qui revient, lorsqu’on discute avec les DJ qui font de la tournée à l’international, c’est que l’aspect transport peut être brutal. C’est sans doute le gros point négatif du métier, d’ailleurs. «Les gens pensent qu’il y a pas mal plus de glamour dans la vie de DJ qu’il y en a réellement», explique Paolo Rocco. «Ils te voient prendre des avions pour aller jouer dans les clubs et pensent que tu fais des dizaines de milliers de dollars, mais c’est pas vraiment ça. Parfois, t’es dans un vol de merde ou t’as une correspondance de 10 heures ou le diffuseur a oublié de te réserver un hôtel. C’est pas juste un ciel bleu et des arcs-en-ciel tout le temps!» «Je peux te donner un exemple récent, dit Poirier, qui s’envole souvent vers l’Europe. Je jouais au Métropolis de 20h30 à 21h30; à 21h35, j’étais en route vers l’aéroport et j’ai pris l’avion directement. Je n’ai pas vraiment dormi dans l’avion, j’ai atterri à Marseille et j’ai pris un train de huit heures pour aller jouer au festival Garorock. Ce sont des choses qui arrivent.» Pour sa part, Tiga voyage intensément en Europe – tous les week-ends du printemps et de l’été –, ce qui crée de la fatigue mentale et physique. «C’est vraiment plate, mais c’est une réalité, dit-il. Objectivement, c’est le meilleur métier du monde. Chaque jour est incroyable, t’es dans une nouvelle ville, t’es bien traité, tu te fais payer pour faire jouer de la musique à un party. Le seul hic à la fin, c’est que tu peux ne pas dormir pendant trois jours et au lieu de te promener dans les rues de Rome, tu fais une sieste.» À ce sujet, Misstress Barbara a ralenti le rythme pour reprendre son souffle et vivre sa vie pleinement, plutôt que de ne vivre que du DJing. «Je ne tourne pas autant qu’avant parce qu’après 20 ans de carrière, j’ai besoin de plus de repos après mes week-ends. J’ai une vie plus complète, disons, que juste le travail. Je fais plein de choses: de la voile, du tennis, de la moto. Je suis très heureuse comme ça.» (V. T.) y
PAOLO ROCCO Paolo Rocco est un DJ et producteur italo-montréalais de 30 ans. Il amorce sa carrière au milieu de la précédente décennie, d’abord en mixant, puis en produisant sa musique quelques années plus tard. «Quand j’ai fait mes débuts en DJing, honnêtement c’était pour l’argent, dit-il. J’étais assez jeune et j’ai commencé ça plus comme une business. Plus je m’y faisais, plus mes goûts en musique se définissaient. Ce que j’aimais le plus, c’était la musique house underground, à l’époque une petite clique assez tissée serrée qui n’acceptait pas souvent de nouveaux joueurs. Je prenais n’importe quelle opportunité qui venait à moi: des gigs de hip-hop, de musique commerciale, de house, etc.» Il économise de l’argent et l’investit dans de l’équipement de production pour créer ses propres pièces. «Ç’a commencé à bien aller en Europe avec quelques tracks et puis la scène montréalaise s’est ouvert les yeux par rapport à mon travail. À ce moment-là, j’ai commencé à ne faire que la musique que j’aimais.» Aujourd’hui, on peut le voir souvent au réputé Stereo. Il a la liberté de choisir ses gigs et de faire de petites tournées au Canada ou ailleurs. Outre ses DJ sets, il travaille de jour à bâtir RAWMoments, un collectif de passionnés de musique électronique qui présentent fréquemment des soirées en ville. (V. T.)
34 DOSSIER VOIR QC
VO1 #O9
1O / 2O16
MICKAËL BERGERON ROULETTE RUSSE
PLATE COMME DU GYPROC Après avoir passé six belles années sur une Côte-Nord magnifique, mais assez homogène, un des plaisirs de revenir vivre dans le centre-ville de Québec est de retrouver une mixité sociale. En me promenant dans le quartier Saint-Roch, mon quartier professionnel, je peux croiser en deux minutes un punk, une hippie, un complet-cravate, une musulmane, des ados, un itinérant, une sportive, et j’en passe. On retrouve de tout et c’est franchement magnifique. Plus c’est éclectique, plus je trouve ça beau. Dans mon quartier résidentiel, je retrouve moins une mixité culturelle, mais il y a quand même une mixité sociale. Les jeunes familles cohabitent avec des jeunes professionnels, des artistes, des personnes âgées, des vieux garçons comme moi ou des jeunes étudiants avec peu de moyens. Ce n’est pas aussi varié que de l’autre côté de la rivière Saint-Charles, mais il y a un mélange du Limoilou ouvrier d’antan et du Limoilou plus branché d’aujourd’hui. L’an dernier, des bancs publics sur la 3e Avenue ont commencé à être enlevés. Cet été, il n’en restait qu’un sur quatre, à mon coin de rue. Lui aussi a fini par disparaître. Résidente du quartier farouchement contre l’exclusion sociale, Véronique Laflamme a lancé une alerte sur les réseaux sociaux. Le mot s’est vite propagé et la conseillère municipale Suzanne Verreault a rapidement réagi pour non seulement remettre ce dernier banc récemment enlevé, mais tous les autres bancs du coin de la rue sont aussi revenus. L’affaire, c’est qu’un commerçant du quartier se plaint que ce sont souvent les mêmes résidents du quartier qui s’y assoient pour jaser ensemble, regarder le monde, fumer des cigarettes. Des messieurs qui n’ont absolument rien de méchant. Ils sont toujours bien tranquilles sur leur banc.
Il semble qu’ils dérangent quand même notre commerçant. Ou il dira que ça incommode sa clientèle. Je ne vois pas trop comment, mais les demandes obscures des clientèles servent souvent d’excuses aux commerçants pour faire des trucs niaiseux. Un peu comme la majorité silencieuse. On fait dire bien ce qu’on veut à ce silence. Je suis un peu troublé par la réponse de la Ville de Québec. Un commerçant se plaint, et hop! on enlève le banc! Pourtant, ni la conseillère municipale ni la SDC (Société de développement commerciale) de la 3e Avenue ne disent encourager cette pratique. Comment la plainte du commerçant a-t-elle pu être écoutée aussi facilement, alors? Quelqu’un nous bullshite quelque part. Sauf qu’en économie et en politique, la bullshit est malheureusement fréquente. Je m’inquiète davantage de l’exclusion sociale qui se cache derrière ce geste qui semble anodin. De quel droit un commerçant peut-il décider qui va s’asseoir sur un banc public situé près de son commerce? En fait, de quel droit quelqu’un pourrait-il décider ça, point? Je n’ai jamais compris comment des êtres humains pouvaient se croire supérieurs à d’autres. Pourquoi vouloir exclure ceux qu’on ne comprend pas, ceux qui sont différents? Royauté ou orphelin, riche ou pauvre, éduqué ou non, athée ou théiste, grand ou nain, mince ou gros, personne n’est au-dessus de personne. Personne ne m’est supérieur et je ne suis supérieur à personne. Plusieurs gestes a priori banals démontrent une étrange croyance de supériorité, ou que le monde tourne autour de nous. Se donner des droits que l’on n’accorderait pas à une autre personne est une forme de supériorité.
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Je connais des gens qui, par exemple, font du travail au noir, mais vilipendent ceux qui, par d’autres moyens, fourrent le système. Tu ne peux pas te donner le droit de voler le gouvernement et en même temps blâmer quelqu’un d’autre de le faire. Ce n’est pas conséquent, ni juste. Et si tu penses que c’est différent pour toi, que ton contexte si unique et particulier te le permet, dis-toi que ton voisin aussi doit penser que son contexte est unique et particulier. Tu ne peux pas vouloir exclure une communauté culturelle et ensuite déchirer ta chemise parce que ta culture est rejetée par d’autres. Tu montres de l’ouverture en espérant retrouver une ouverture chez les autres, ou tu assumes que des gens, comme toi, rejettent d’autres personnes. D’un côté, si tu souhaites que le gouvernement règle tes problèmes, tu ne peux pas, par la suite, chialer contre un «gouvernemaman». Si tu veux vraiment un État moins interventionniste, alors il ne sera plus là pour toi non plus. Si tu veux empêcher des gens de s’asseoir sur un banc public, j’espère que tu es prêt, un jour, à te faire interdire de t’asseoir dans un lieu public pour des raisons aussi connes que les tiennes. Vouloir que les gens nous ressemblent est aussi une énorme croyance de supériorité. C’est croire que nous représentons ce qu’il y a de mieux sur la Terre. Il faut être pas pire imbu. L’uniformisation me fait peur. Crime que je ne voudrais pas un monde rempli de Mickaël Bergeron.
«VOULOIR QUE LES GENS NOUS RESSEMBLENT EST AUSSI UNE ÉNORME CROYANCE DE SUPÉRIORITÉ. C’EST CROIRE QUE NOUS REPRÉSENTONS CE QU’IL Y A DE MIEUX SUR LA TERRE.» Êtes-vous déjà allé dans le nouveau quartier autour du prolongement de Robert-Bourassa avec des noms rues internationaux? Ça n’a pas d’âme. Tous les bâtiments sont pareils. La couleur, la hauteur, l’architecture, tout est pareil. C’est plate comme du Gyproc. C’est tellement déprimant. Je serais curieux de voir le taux de dépression qu’il peut y avoir dans ces quartiers. Imaginez maintenant que les gens soient aussi ternes et similaires, plaqués comme du Gyproc. Imaginez que tout le monde se ressemble. Vous trouvez peut-être ça sympathique si cette ressemblance est la vôtre. Imaginez si, au lieu de vous ressembler, tout le monde ressemblait plutôt à Donald Trump, ou encore à Poutine, ou au punk sur lequel vous levez le nez quand vous le croisez dans SaintRoch. Et là, êtes-vous à l’aise avec cette idée? Moi, je veux être libre d’être qui je suis et de pouvoir m’asseoir où je veux. Et toi, veux-tu pouvoir t’asseoir où tu veux? Alors, montre l’exemple. Sinon, toi aussi tu vas finir par te faire dire que tu déranges, sans raison valable. y
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24.O9
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Never Apart : Equinox
Une Conversation avec Iggy Pop
AURORA HALAL / BLUNTMAN DEEJAY / DJ RICHARD / HASHMAN DEEJAY / MATHEW JONSON / MIKE SERVITO / RROSE / SARAH DAVACHI / SOLPARA / XOSAR / /||\||\
> 24 Sept. > 28 Oct.
Info et billetterie mtl.redbullmusic academy.com
ET LE JOURNALISTE MUSICAL CARL WILSON
27.O9
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Édition Chicago
Fucked Up & Tanya Tagaq
THE BLACK MADONNA / SADAR BAHAR / PAUL JOHNSON
EMMA-JEAN THACKRAY / THE VENOPIAN SOLITUDE
29.O9
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O1.1O
O1.1O
Le Fréqulator
Drone Activity In Progress
Super Samedi Soir
EX EYE
DÂM-FUNK / INVISIBLE CITY EDITIONS / THE GOODS / PATRICK MOCAN / CHLOE MARTINI / MODVO
EX EYE (COLIN STETSON, GREG FOX, SHAHZAD ISMAILY, TOBY SUMMERFIELD) / DERADOORIAN / MERK / SOFIE WINTERSON
JUST BLAZE / DJ DEEON / GARY CHANDLER / RIVER TIBER / KUCKA / DRIPPIN / TASKFORCE / KIDÄ / BEATRICE / LOA / OCEANTIED / SAYGE / MIRAC / ISKELETOR / SHAKE IT MASCHINE / SWISHA / RAYRAY
ÂMES SANGLANTES / AWAY / BLACK MECHA / DRAINOLITH / ECHO BEACH / KARA-LIS COVERDALE / MELANIE MONGEON + TOPON DAS / NEIGE ET NOIRCEUR / THISQUIETARMY / TIM HECKER / VENETIAN SNARES / ET PLUS
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Piknic Électronik
Ondulations
Insomnie Collective
THEO PARRISH / UNDERGROUND RESISTANCE PRES. DEPTH CHARGE / BRANKO / RACE BANYON / AAAA / ET PLUS
SUZANNE CIANI / KAITLYN AURELIA SMITH / VERONICA VASICKA / MARIE DAVIDSON / YOUR FRIEND / MALIBU / LAMUSA / JOHAN CAROE / TIDE JEWEL / MIIIN / INVISIBLE CHURCH
Cascades : CFCF et Jean-Michel Blais
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15.1O - 12.11
15.1O
Haute Résolution ~ Une Soirée 1080p
Open Ouvert
Exposition Björk Digital
Turbo Crunk
PROJECT PABLO / MAX MCFERREN / RIOHV / ADAM FEINGOLD / RAMZI / KEITA SANO
DÉCOUVREZ LE QUARTIER GÉNÉRAL DE RED BULL MUSIC ACADEMY, SES STUDIOS, L’ÉNERGIE ET L’AMBIANCE CRÉATIVE QU’ON Y TROUVE
UHAHUH / BUEN CLIMA
UNE EXPOSITION IMMERSIVE REGROUPANT NOTAMMENT LES PROJETS DE RÉALITÉ VIRTUELLE DE L’ARTISTE ISLANDAISE
BLACK COFFEE / KARIZMA / PASSARANI / DENIS SULTA / LUNATE
247ESP / ANGO / CLAMS CASINO / DRE SKULL / ECLAIR FIFI / GHOSTBEARD / JACQUES GREENE / JUBILEE / LUNICE / MACHINEDRUM / SUICIDEYEAR / TYGAPAW
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19.1O
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Round Robin
Sampha
Kaléidoscope 1754
IMPROVISATIONS À RELAIS : AUSTIN TUFTS / CRAIG PEDERSEN / D’EON / FOXTROTT / MARK HAYNES / MAURO PEZZENTE / REBECCA FOON / RICHARD REED PARRY / SANDRO PERRI / SARAH NEUFELD / SOCALLED / YOUNG PARIS / ET PLUS
KELSEY LU
RP BOO / JLIN / DORIAN CONCEPT / DJ TAYE / IDGY DEAN / HYROGLIFICS / DAUDI MATSIKO / NIELS BROOS / NICHOLAS G. PADILLA / GHOST WAVVVES / SCHMIEDS PULS / FAZERDAZE / JULIÁN MAYORGA / ET PLUS
Québec Électrique : Montréal Discoville
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Métriques Synthétiques
Dans les Cieux
Dans les Abysses
PAULINE OLIVEROS « SOUNDING THE STARS » / JOAN LA BARBARA / LUCRECIA DALT / PAN DAIJING
DOPPLEREFFEKT / LORENZO SENNI / DJ STINGRAY JOUE DREXCIYA / JOEL CAHEN / CAO / SELFIR / SIGN LIBRA
La Sélection de Björk
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27.1O
28.1O
Le Gonzervatoire : En Concert avec Chilly Gonzales
No Fantasy Required
Ce n’est qu’un au revoir
JACQUES GREENE (A/V) / DEADBOY / MICHELE NOX / THINGAMAJICKS / KAMRON SANIEE / ABOUT:BLANK / UNBROKEN DUB / THE SINE PAINTER / ETYEN / OK LOU
CHILLY GONZALES ET SIX ARTISTES DU RBMA 2O16 / SOCALLED
TIGA (LIVE) / THE MARTINEZ BROTHERS / MATIAS AGUAYO / ET PLUS
ROBERT OUIMET – 1972 / MICHEL SIMARD – 1976 / LOST HEROES – 1979 / ALEXANDER ROBOTNICK – LE VISITEUR / FRANCE JOLI / ET PLUS
UN DJ SET PAR UNE FIGURE EMBLÉMATIQUE
#RBMAMTL
39 CINÉMA VOIR QC
VO1 #O9
LA RUMEUR DU MYSTÈRE DISCRET, MARC-ANDRÉ GRONDIN MULTIPLIE LES PROJETS, DES FILMS D’AUTEUR INDÉPENDANTS AUX SÉRIES TÉLÉVISÉES GRAND PUBLIC EN SE FAUFILANT À L’OMBRE DES TAPIS ROUGES ET DU GLAMOUR. MOTS | SIMON JODOIN
PHOTO | JOCELYN MICHEL (CONSULAT)
Pour plusieurs, c’est ce jeune comédien qu’on a découvert en 2005 dans l’objectif de Jean-Marc Vallée alors qu’il tenait le rôle de Zachary Beaulieu dans C.R.A.Z.Y. C’était pourtant, déjà à l’époque, un comédien expérimenté qui avait passé sa vie, depuis sa tendre enfance, sur des plateaux de tournage. Aujourd’hui, une douzaine d’années après cette révélation mémorable, il est toujours là, travailleur patient, sans la grosse tête. Grondin, c’est un gars relax qui garde un regard lucide sur son métier, sur le monde de la production cinématographique et la culture télévisuelle. Alors qu’il vient de terminer le tournage de Goon II (oui, il y aura une suite à cette comédie sportive!), on le retrouve lors d’une rare pause de tournage pour se prêter au jeu d’une séance photo pour la couverture du magazine. Nous regardons l’écran où défilent les clichés de son visage. — Comment tu trouves ça? Ça te plaît? — C’est cool. Mais c’est quand même juste ma face! Il arrive tout juste du coin de Ham-Nord, près d’Asbestos, où il tourne pour le prochain film de Robin Aubert, Les affamés, qui prendra l’affiche en 2017. Un film de peur où des êtres inhumains mangent des humains. «Ce n’est pas un film de zombies, tient-il à préciser, c’est un film d’auteur avec des zombies. Je pense que les amateurs de films de genre vont être contents, mais ça reste un film d’auteur, on a quelque chose à défendre. Il y a toute cette poésie qui est dans l’œuvre de Robin Aubert qui me fait triper.»
«Ça fait longtemps que je veux travailler avec lui, comme acteur ou réalisateur. Quand je l’ai rencontré, il m’a envoyé un courriel, pour me dire qu’il avait un rôle à m’offrir, qu’il aimerait ça me rencontrer... Et il commence son courriel: “Bonjour, mon nom est Robin Aubert, je suis réalisateur...” J’étais comme, man! Je te connais, là! Et quand je l’ai rencontré, il me disait: “Ouais, je sais que t’aimes pas faire de la promo, si tu ne veux pas faire de la promo pour mon film, je comprends ça, là!” J’ai dit: “Ben non, j’en fais de la promo, c’est simplement que ce n’est pas mon trip, je ne vais pas faire de quiz télé, c’est juste ça.” Ç’a bien cliqué dès le départ.» C’est un peu la réputation que Grondin s’est taillée dans le milieu, celle du comédien qui fait profil bas, qui ne court pas sous les projecteurs et qui ne fait pas les couvertures de magazines à potins pour raconter sa vie de couple ou son régime alimentaire. Il garde le cap sur son métier sans snober les productions plus populaires, pour autant qu’il puisse y trouver son compte. Il tient d’ailleurs le rôle principal dans L’imposteur, la série phare de TVA cet automne. Une production diffusée sur un réseau grand public qui offre néanmoins un scénario solide, bien ficelé, qui n’a pas grand-chose à envier aux succès du genre qu’on peut voir depuis quelques années sur Netflix ou HBO. Difficile de parler de cette série sans vendre un punch, car des surprises, il y en a toutes les quinze minutes dans ce scénario. Nous sommes loin du téléroman fleuve et plate. Au moment où vous lirez ces lignes, trois épisodes seront diffusés au gré des
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LE CERCLE
1er ACTE
PUP 15 octobre
Stockholm, le syndrome 11 au 28 octobre
Le Quatuor Crema, Philip Glass au cinéma 16 octobre
Envies 1 au 4 novembre
KNLO + invités 19 octobre Safia Nolin 3 novembre Duchess Says 5 novembre Plants and Animals 11 novembre Elliot Maginot 10 décembre Milk & Bone 15 décembre
Parfois la nuit, je ris tout seul 15 au 18 novembre Fuck toute 24 novembre au 3 décembre Les Contes à passer le temps 9 au 18 décembre Le Jeu 17 janvier au 3 février Froid 14 février au 3 mars 2017 Trafiquée 14 au 24 mars [MAL]heureuses 4 au 21 avril Pan to gému 2 au 5 mai
SALLE SALLE PROMUTUEL EDWINASSURANCE BÉLANGER Jean-Claude Gélinas 29 octobre (Montmagny)
Bousille et les justes 22 octobre (Montmagny)
Florence K 5 novembre (Montmagny)
Hotel 28 octobre (Montmagny)
Les Bluebell Sisters 19 novembre (Montmagny)
La tournée des Idoles 2 30 octobre (Montmagny)
Steve Hill 24 novembre (Montmagny)
Michel Barrette 12 novembre (Montmagny)
Yves Lambert 3 décembre (Montmagny)
François Bellefeuille 26 novembre (Montmagny)
Heymoonshaker 15 décembre (Montmagny)
M. Ibrahim et les fleurs du Coran 27 novembre (Montmagny)
CABARET CHEZ ROMÉO Fred Dubé 2 décembre (Montmagny)
Tocadéo 11 décembre (Montmagny) Caboose Band 14 janvier (Montmagny)
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cases horaires. Aux côtés de Grondin, il faut mentionner le jeu de Guillaume Cyr qui tient fidèlement la barre dans le rôle de son frère, solide comme un roc. L’action est si intense et l’énigme si imprévisible qu’on se demande même si la télévision demeure le bon véhicule pour de telles productions. Mais qu’avons-nous d’autre pour diffuser du contenu? «On est une société de variétés et de téléromans. C’est dur casser ça. Là, on n’a pas le choix, car la jeune génération commence à prendre le contrôle, mais c’est difficile de casser ce carcan-là. Je ne pense pas qu’on peut concurrencer Netflix, le choix est trop énorme. C’est comme la Toile du Québec contre Google. Mais je pense que c’est possible de lancer une plateforme avec du contenu canadien. Là, Radio-Canada et TVA sortent deux nouvelles séries à 21h, moi, en tant que gars de 32 ans, je m’en !%&?%* que les deux séries jouent à 21h. Je peux en enregistrer une et regarder l’autre, je peux regarder les deux. Les gens qui sont plus jeunes, c’est eux qu’il faut aller chercher. Une concurrence comme ça, entre les réseaux, est un peu inutile. La solution serait une collaboration entre les différents réseaux pour offrir du contenu québécois, à tout le monde, d’une nouvelle façon.» C’est que Grondin connaît les forces et les limites de notre terroir télévisuel. Du haut de ses 32 ans, justement, il a vu neiger. Ces dernières années, il a pu prendre part à des séries à l’étranger, notamment dans Spotless, une production française et anglosaxonne diffusée d’abord sur Canal+ en France et ensuite sur Netflix. Sans qu’on puisse parler d’un succès colossal, l’expérience lui a quand même permis de voir ce qui se fait ailleurs. «Il y a beaucoup de prises de conscience et de solutions à trouver en télévision au Québec, parce qu’il y a de moins en moins d’argent. On fait des séries avec du monde très talentueux, mais tu n’as pas le temps de ne rien vivre, tu n’as pas le temps... J’ai tourné Spotless qui était 10 fois une heure. Ici, pour l’imposteur, j’ai fait 10 fois 44 minutes. Là-bas, c’était en 117 jours, ici, on l’a fait en 53 jours. Il faut que tu sois bon dans la première prise. Tu fais des compromis tout le temps. C’est tough d’avoir une liberté.» Mais la contrainte n’est-elle pas, parfois, un gage d’agilité, de débrouillardise et de créativité? Pas toujours. «La contrainte sur un film reste quand même confortable, comparée à la contrainte sur une série. En télé, tu n’as pas de marge de manœuvre, tu as tellement de choses à tourner.» Si on dit parfois que les séries sont les nouveaux lieux de la cinématographie, dans les faits, rien n’est moins
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«JE SUIS ZÉRO MYSTÉRIEUX! C’EST JUSTE QUE TU NE ME VOIS PAS LA FACE PARTOUT, TU NE SAIS PAS DE QUOI Ç’A L’AIR CHEZ NOUS, TU NE SAIS PAS AVEC QUI JE FOURRE.» sûr. La date de diffusion à la télévision n’attend pas. Lorsque les ententes sont prises avec les diffuseurs, il est presque impossible de reporter la première d’une série sur un grand réseau. Il faut livrer. Le cinéma, lui, peut attendre. C’est ainsi qu’entre tous ces lieux de création, MarcAndré Grondin fonce dans les prochains mois où on pourra voir son nom sur plusieurs affiches: une série grand public à TVA, un film d’auteur indépendant de genre signé par Robin Aubert et une suite pour un film comico-sportif sans autre prétention que de faire rire les foules dans les salles. L’homme aux multiples visages continue toutefois d’entretenir le mystère. S’il n’a pas sa langue dans sa poche lorsqu’on lui parle d’économie culturelle, des chantiers qu’il faudrait entreprendre et des enjeux qui touchent à son métier, il n’est pas pour autant enclin à mettre sa face sur les panneaux-réclames pour la vendre comme on vend des bonbons au rabais. Mystérieux? Vraiment? Pas aussi simple... C’est pour lui un investissement qui lui permet de durer. «Je suis zéro mystérieux! C’est juste que tu ne me vois pas la face partout, tu ne sais pas de quoi ç’a l’air chez nous, tu ne sais pas avec qui je fourre, avec qui je sors, avec qui je suis ami. Je ne suis pas là sur les tapis rouges à faire: “Ahh! Je l’adore ce film-là!” Je suis discret et, à cause de ça, on a l’impression que je suis mystérieux. Mais je pense qu’au final, c’est peut-être payant sur le long terme. Ça me permet de me fondre dans des personnages. Je reste un acteur, et non une personnalité publique.» y
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PREMIER FILM EN ANGLAIS POUR L’OSCARISÉ KIM NGUYEN, TWO LOVERS AND A BEAR EST L’OCCASION DE FAIRE UNE RIDE DE SKI-DOO À VIVE ALLURE ET DE PARLER AVEC UN OURS DANS UNE LUMIÈRE DIVINE. NOUS AVONS RENCONTRÉ KIM NGUYEN POUR EN DISCUTER. MOTS | JEAN-BAPTISTE HERVÉ
«Il a fallu se battre pour filmer à Iqaluit», nous dit Nguyen. «J’ai commencé par visiter Kuujjuaq, puis Puvirnituq pour finalement atterrir sur la terre de Baffin. C’était un univers impossible à recréer en studio et j’aimais le paradoxe de la ville d’Iqaluit en plein Arctique: un aéroport aussi grand que Charles-De-Gaulle pour poster des bombardiers en cas d’attaque soviétique pendant la guerre froide. Je voulais propulser mes personnages dans tous ces paradoxes-là.» Le scénario de Two Lovers and a Bear, sur lequel ont travaillé Denis Villeneuve et Jean-Philippe Duval avant qu’il n’atterrisse entre les mains de Kim Nguyen qui l’a retravaillé, est inspiré par une nouvelle de Louis Grenier, le propriétaire de Kanuk. Fasciné et touché par le Nord, ce dernier adressa alors une longue lettre à ses amis au sujet de ses nombreux voyages et de ses rencontres. C’est de cette missive qu’est née la volonté de faire un film sur le Nord sous l’impulsion du producteur Roger Frappier. L’histoire du film suit la trajectoire de deux amants. Roman mène une existence recluse et discrète, il est l’amant de Lucy, une métisse qui conduit un taxi. Jusqu’au jour où Lucy reçoit la confirmation qu’elle doit partir vivre au Sud. Leur rencontre est le prétexte à une forme d’exorcisme qui se matérialisera par un voyage au cœur du froid arctique en motoneige. «Beaucoup des gens du Sud qui se retrouvent dans le Nord sont des gens mésadaptés qui fonctionnent mieux dans cet univers-là», poursuit le réalisateur. «Il y a quelque chose dans la géographie... il y a une élasticité de l’espace-temps dans l’Arctique. J’utilise souvent cette métaphore de la base lunaire pour décrire mon expérience là-bas. C’est tout à fait unique.» Le cœur de ce film est le voyage qu’entreprennent Lucy et Roman. Un voyage qui nous fait réaliser l’immensité du territoire nordique, une immensité qui semble presque les avaler. Le segment le plus jouissif du long métrage arrive pendant ce
voyage, alors qu’ils doivent affronter un terrible blizzard et trouvent sur leur chemin une station radar abandonnée comme il y a en a tant dans le Nord canadien. Il se crée alors un terrain de jeu pour les amoureux dans ce qui fut alors de véritables stations de surveillance des activités soviétiques. Une complicité évidente est créée à l’écran entre les deux comédiens Dane DeHaan et Tatiana Maslany. «J’avais vu Dane dans The Place Beyond the Pine et il m’avait fasciné. Je pensais qu’il était le produit d’un casting sauvage puis j’ai réalisé qu’il était un comédien de métier, j’ai tout de suite voulu travailler avec lui. Quant à Tatiana, elle fut de loin celle qui s’est imposée à nous lors du casting. Leur couple à l’écran a rapidement fonctionné et c’est dû en grande partie à leur générosité.» Il y a ce couple, mais il y a évidemment, comme le titre l’indique, un ours. Et pour le casting, ce fut tout un défi logistique que de trouver cet ours blanc domestiqué. C’est le seul ours blanc en Amérique du Nord disponible et pendant un moment, la production s’est même demandé si elle ne travestirait pas un ours brun. Puis ils sont tombés sur Haguy, 15 ans de métier et 20 ans d’âge. Haguy avait sa propre loge sur le plateau et était de loin l’acteur le plus exigeant. «Lors des scènes avec les comédiens, c’était tendu. Il y avait constamment un fil électrique entre les comédiens et l’ours. On a dû effacer ce fil en postproduction. C’est très drôle, car à un moment l’entraîneur de l’ours, en voulant nous rassurer, a mis la main sur le fil électrique pour bien nous montrer que ce n’était pas chaud... cela a eu l’effet inverse...» Après avoir tourné au Congo pour Rebelle et sur la terre de Baffin pour ce film-ci, Kim Nguyen complète actuellement un autre film au Maroc. Comme quoi l’inconfort de tourner dans des lieux inconnus peut parfois se transformer en moteur pour la création. En attendant, vous avez un rendez-vous dans la baie de Frobisher un certain soir d’octobre en ouverture du Festival du nouveau cinéma, à Montréal. y
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NORMAND BAILLARGEON PRISE DE TÊTE
MALAISE DANS LA CONVERSATION DÉMOCRATIQUE Vous l’avez peut-être noté: une nouvelle expression est apparue cet été, celle d’«ère postfactuelle», dans laquelle nous serions entrés. Elle a fait mouche et pour cette raison s’est vite répandue.
n’est ni le mensonge usuel ni non plus l’art de dire des conneries (on a traduit son livre en France sous ce titre), mais plutôt ce qu’on a envie d’appeler le baratin, le boniment, la poutine.
Ce qu’on désigne par là, c’est un certain état de la conversation démocratique dans lequel nous nous retrouverions et qui serait caractérisé par ceci que les faits, et partant la vérité, n’ont plus guère d’importance, voire plus du tout. L’hypothèse est en effet plausible et elle est extrêmement troublante.
La possibilité de clairement distinguer le mensonge (ce qui manifeste tout de même une certaine préoccupation pour la vérité, ne serait-ce que pour l’occulter) du baratin a fait et continuera de faire couler de l’encre.
Bienvenue dans l’ère postfactuelle La campagne de Donald Trump est souvent donnée en exemple: le candidat républicain peut en effet, semble-t-il, lancer une chose un jour et le lendemain son contraire, sans souci aucun ni pour la vérité ni même, ce qui est navrant, pour le souci de la vérité que pourrait éventuellement avoir son auditoire. La campagne pour ou contre le Brexit aurait donné un autre exemple notoire de ce qui rend notre époque postfactuelle. Comme c’est souvent le cas, un philosophe avait pressenti tout cela. En 1986, Harry Frankfurt a en effet publié un article qui, repris en livre, deviendra un best-seller en 2005, sous le titre Bullshit. En gros, ce qui caractérise la bullshit, dit Frankfurt, comme l’ère postfactuelle, ce
Mais quoi qu’il en soit, il me semble que cette idée que la vérité et les faits ne soient plus tellement importants met le doigt sur quelque chose qui décrit bien notre époque. Mais je dois aussitôt ajouter que ce quelque chose n’est pas non plus entièrement nouveau. Une tendance lourde… Prenez le cas tout récent de cet Office national de l’énergie, sorte de tribunal consultatif supposément impartial: les trois commissaires qui dirigeaient le comité d’audience sur le projet énergétique Énergie Est de TransCanada se sont, comme on sait, récusés, après que les partis-pris évidents de deux d’entre eux pour le projet de pipeline eurent été dévoilés – et après avoir vigoureusement nié les faits qui les révélaient, comme cette rencontre avec Jean Charest, qui était alors rémunéré par le promoteur du projet en tant que consultant.
Ce qui se mettait alors en place et qui se serait poursuivi sans les dénonciations de ces commissaires, c’est une volonté de donner l’apparence de la recherche de la vérité et de la réunion impartiale des faits, alors qu’on a d’avance décidé de la conclusion à laquelle on aboutira. Pour y arriver, on baratine, et si on baratine, c’est parce que l’on procède à l’envers d’une démarche objective et impartiale, où on réunit d’abord les faits et les arguments, avant de proposer une conclusion. Or il existe depuis longtemps, dans nos sociétés, des institutions qui se consacrent précisément à cet exercice, qu’on appelle pudiquement de relation publique, de publicité ou de communication. Le client, qui a les moyens de se payer ce service, indique la conclusion à laquelle il veut qu’un public ciblé arrive; le fournisseur de service baratine dans le but de lui faire admettre cette conclusion, sans se soucier de savoir si elle est vraie ou non et en mobilisant les faits et les arguments qui lui donneront l’apparence de la vérité. ... mais présentant des traits inédits… Je ne veux pas non plus nier que ce que nous vivons a aussi quelque chose de particulier. J’en donnerai simplement quelques aspects, qui me paraissent frappants et préoccupants.
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D’abord, ce déclin de l’importance des faits et de la vérité semble bien se généraliser et même être accepté; il apparaît plus ou moins comme dans l’ordre des choses. Il en résulte une sorte de cynisme paralysant dans lequel il n’est pas interdit de reconnaître quelque chose de ce relativisme postmoderne qui a sévi dans les universités il y a deux ou trois décennies. Et si les faits (allégués) et la vérité (supposée) peuvent être dérangeants, on peut s’épargner de se confronter avec eux en restant avec ceux qui pensent comme nous. Il y a bien, hélas, quelque chose de cela dans ces refus de débattre qui affligent jusqu’à l’université actuelle. Un autre aspect de cette ère postfactuelle concerne ce que j’appellerais l’instantanéité sollicitée des réactions, qui est entretenue par les nouveaux médias et le web 2.0. Entre les faits (si tant est qu’il y en ait encore) et la conviction, il y a ce moment de
prise à distance, de réflexion, que justement l’école doit instituer chez l’enfant. Mais l’étape est allègrement franchie, même par des adultes, quand, sous la surabondance des informations, on est sans cesse invité à cliquer, à liker, à tweeter, à partager ou à commenter. Un mot nouveau est d’ailleurs apparu, qui veut cerner une partie du phénomène: la «virocratie», le pouvoir de ce qui devient viral. Ce sont alors les sentiments et les émotions qui prennent le pas, et il me semble voir ici une part de ce qui explique ces postures morales, assurées, indéfectibles, dans lesquelles on veut se poser et être reconnu, et au nom desquelles on fustige ceux et celles qui n’adoptent présumément pas les mêmes que nous. Tout cela parfois tient non seulement désormais lieu de débat, mais finit par l’interdire, dans une atmosphère viciée où grandit ce qui ressemble de plus en plus à des échanges d’ad hominem sur les stéroïdes.
… et inquiétants J’aimerais me tromper. Parce que la conversation démocratique mérite infiniment mieux. Parce qu’elle se nourrit du choc des idées. Parce qu’aucun sujet ne devrait y être tabou. Parce qu’on n’avance pas si on se contente de se poser comme moralement supérieur ou en insultant les gens. Parce que nos idées sont plus solides de s’être confrontées à qui les conteste. Et pour finir, il est bon de rappeler qu’une montre arrêtée indique tout de même l’heure juste deux fois par jour. Ainsi, [insérez ici le nom de votre commentateur honni] pourrait, qui sait, détenir une part de vérité. y
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À LA DÉCOUVERTE DES LÉGUMES DES MERS LES EAUX GASPÉSIENNES REGORGENT DE TRÉSORS QUI FINISSENT DANS NOS ASSIETTES. PARMI EUX, LES POISSONS ET LES CRUSTACÉS, MAIS AUSSI LES ALGUES, QUI GAGNENT EN POPULARITÉ GRÂCE À LEURS QUALITÉS NUTRITIONNELLES. EN PLUS D’EN DÉFENDRE LEURS BIENFAITS, LEURS ADEPTES EN PROFITENT POUR REVENDIQUER LA RICHESSE DU TERROIR QUÉBÉCOIS. MOTS | DELPHINE JUNG
Au large du Saint-Laurent, il traîne son panier derrière lui et plonge ses mains dans les eaux gaspésiennes à la recherche de légumes des mers: les algues. Stéphane Albert est cueilleur d’algues depuis 2014, et sa forêt à lui, c’est le fleuve. Il n’hésite d’ailleurs pas à dire que son lieu de travail, c’est «la plus belle place au monde». De mai à octobre, il enfile sa combinaison de plongée dès la marée basse et coupe du wakamé atlantique, du kombu, de la dulse ou encore du nori. Des algues essentiellement consommées au Japon et que Stéphane Albert cueille avec parcimonie. «Je ne prends pas toutes les algues que je trouve, j’en laisse toujours un peu pour ne pas abîmer la canopée marine», précise-til. Une fois son panier plein, il accroche les algues dans un séchoir qu’il a fabriqué lui-même à Capau-Renard. «Je ne les rince pas à l’eau claire mais dans le fleuve, sinon ça enlèverait tous leurs bons nutriments, puis elles vont sécher en 24 heures environ si les conditions sont bonnes...» Ce qui est sur le rivage y reste. «Je veux de la fraîcheur. Les algues qui sont échouées sur les plages, je ne sais pas depuis combien de temps elles sont là», explique Stéphane, qui aime se faire appeler le «paysan des mers». Une fois qu’elles sont séchées, Stéphane Albert va mettre les algues en sachet et les vendre un peu partout au Québec. Par exemple à la boutique Accommodation bio de Québec, qui propose différentes sortes d’algues. «Il y a un
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intérêt grandissant pour ces aliments, car les consommateurs sont de plus en plus sensibles aux questions nutritionnelles et à la santé. Ils veulent manger des choses de moins en moins transformées», assure Naïm Savoie, le gérant de la boutique. «L’intérêt pour les algues vient de l’engouement pour les sushis, mais aussi parce qu’elles font partie des aliments santé», théorise pour sa part Éric Tamigneaux, titulaire d’une chaire de recherche industrielle sur les macroalgues marines au Cégep de la Gaspésie et des Îles. «Une vraie ressource renouvelable» En effet, leurs propriétés semblent intéressantes. «Les algues sont riches en minéraux, 100 grammes de certaines variétés contiennent plus de calcium que le lait, d’autres contiennent beaucoup de B12, de fer et même de protéines. Elles sont un excellent aliment de substitution pour ceux qui suivent un régime végétarien par exemple», poursuit le chercheur. Naïm Savoie ajoute qu’elles sont une source de sodium naturel. Quant à Stéphane Albert, le côté terroir des algues serait selon lui aussi déterminant. Pourtant, il n’est pas facile de convaincre les consommateurs occidentaux. «Le seul contact qu’ils ont longtemps eu avec les algues, c’est avec celles échouées sur la plage, en train de pourrir, recouvertes de mouches», avance Éric Tamigneaux. La plupart des gens en consomment pourtant sans
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le savoir. «Des algues, on en trouve dans beaucoup de produits. Elles sont utilisées comme gélifiants, stabilisateurs ou épaississants. On les trouve aussi dans les produits cosmétiques, les peintures, et même les couches pour bébé», ajoute le chercheur. Les mentalités changent doucement, et aujourd’hui les algues se vendent entières, en flocons ou en poudre. Et pour Naïm Savoie, leur prix affiché qui peut sembler élevé ne doit pas refroidir les gourmets: «Il en faut en faible quantité pour en savourer le potentiel, alors je ne trouve pas que c’est un produit spécialement dispendieux.» Elles ont même réussi à trouver leur place dans les cuisines des chefs, comme le confirme Pierre-Olivier Ferry, du restaurant des Jardins de Métis, en Gaspésie: «Le SaintLaurent est un peu une extension de nos jardins, alors pourquoi ne pas profiter des légumes qui y poussent en abondance? C’est une vraie ressource renouvelable.» Depuis quelque temps, il cuisine donc wakamé atlantique, kombu royal, dulse ou encore laitue de mer. Ressource en danger «Pour ceux qui veulent les découvrir, je leur conseille d’en faire des bouillons. C’est très facile et goûteux», indique-t-il. La dulse devient chips entre ses mains professionnelles, le wakamé est servi en salade, la laitue est même poêlée et un beurre d’algues accompagne ses crevettes. «Au début ce n’est pas facile, car ce ne sont pas des
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«LE SAINT-LAURENT EST UN PEU UNE EXTENSION DE NOS JARDINS, ALORS POURQUOI NE PAS PROFITER DES LÉGUMES QUI Y POUSSENT EN ABONDANCE?»
ingrédients que l’on a l’habitude de cuisiner, admet le chef. On n’est pas familier avec le temps de cuisson, il faut faire des tests, oser... Le plus simple, c’est de les utiliser séchées.» Et le goût? «La laitue goûte la mer, c’est comme une bouffée d’air sur le bord du fleuve. Le kombu, lui, est plus sucré. Le wakamé a un goût très doux et plus végétal que minéral», explique Stéphane Albert. Mais cette ressource est en danger. «La première grosse menace est la prolifération d’oursins dans les eaux du Saint-Laurent, un des impacts de la surpêche. Les oursins sont des gros consommateurs d’algues, ils broutent tout sur leur passage, laissant des rochers nus. Pendant deux ou trois ans, aucune algue ne repoussera là-dessus», détaille Éric Tamigneaux. Le réchauffement climatique risque également d’entraîner leur migration vers le Nord, d’après le chercheur. «Elles laisseront alors leur place aux algues d’eaux chaudes», conclut-il. Stéphane Albert milite également contre la construction du pipeline: «Les projets pétroliers constituent une menace directe pour notre écosystème, et donc pour notre garde-manger. Les risques de fuite des pipelines qui passeraient par la région sont énormes». Car pour les défenseurs des algues du Saint-Laurent, le travail de l’identité culinaire du Québec passe aussi par la défense de son environnement. y
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MAISON MODÈLE RÉDUIT SI AU DÉBUT DU MOUVEMENT DES MINI-MAISONS LES ADEPTES ÉTAIENT SURTOUT DES JEUNES CHERCHANT UNE SOLUTION MOINS COÛTEUSE AU LOGEMENT TRADITIONNEL TOUT EN RÊVANT DE MOBILITÉ, LA TENDANCE EST AUJOURD’HUI AUX MINUSCULES INTÉRIEURS DE LUXE ET ÉCOLO-ÉPURÉS, DONT LE COÛT DÉPASSE PARFOIS LES 100 000$... MOTS | MARIE PÂRIS
PHOTOS | DREAMSTIME.COM
On en entend de plus en plus parler depuis un an ou deux, mais la vague des mini-maisons a commencé au début des années 2000. D’abord avec ces habitations de 800 à 1000pi2, puis avec les micromaisons, de 400pi2 et moins, sans fondation et installées sur roues. Des habitations attirantes pour différentes raisons, dont celle surtout de l’atout financier. «Ce type d’habitation est né aux ÉtatsUnis pour pallier l’offre de logements très restreinte et chère», explique Samuel Leroux, cofondateur de l’entreprise de conception de micro-maisons Concept Tiny inc. «Ça vient d’un désir populaire de se libérer des lourdes hypothèques; une micro-maison coûte le tiers d’une maison traditionnelle et se revend facilement avec peu ou pas de perte de valeur.» En outre, cette option permet de se libérer des taxes municipales tout en diminuant les frais d’habitation. Les micro-maisons peuvent être hors grille (indépendantes du réseau électrique et d’aqueduc), ce qui constitue leur autre avantage: la mobilité. «C’est comme une transition vers un mode de vie nomade, pour expérimenter les voyages tout en restant chez soi», indique Samuel. «C’est un investissement permettant de voyager à faible coût…» La demande est énorme aux États-Unis, notamment dans l’Ouest. Les gens ne font pas que voyager avec leur micromaison: ils en font souvent leur habitation principale. Si les lois américaines sont plus permissives en la matière, au Canada on peut stationner un véhicule d’habitation mais pas y vivre. «Certaines personnes profitent malgré tout du vide juridique et mettent leur véhicule sur briques pour pouvoir y habiter», raconte Samuel. «C’est très surveillé à Montréal, mais dès qu’on sort de la ville c’est un peu le free-for-all!»
Freiner le consumérisme Plusieurs PME canadiennes se sont lancées récemment sur le marché des mini et micro-maisons, tandis que de plus gros manufacturiers de l’habitation comme Laprise, Confort Design ou Pro-Fab se sont mis à la page en lançant des collections de minimaisons. «Le mouvement a commencé au Québec il y a six ou sept ans», raconte Robert Yelle, l’organisateur du salon Expo Habitation. «Mais il y a quatre ans encore, aucune municipalité n’acceptait les micro-maisons. Ç’a démarré à Lantier avec un projet de quartier, puis quelques municipalités en Estrie ont suivi. Et je pense qu’il va y en avoir de plus en plus…» Depuis deux ans, l’Expo Habitation compte un village de mini-maisons, qui s’avère être un gros succès, selon l’organisateur: «On se rend compte qu’on répond à un besoin.» Un besoin qui, s’il concernait auparavant surtout les baby-boomers nomades, s’étend à une population de plus en plus jeune et variée. Les mini ou micro-maisons représentent pour les jeunes familles un pied-à-terre en campagne accessible, et un espace suffisant et pas cher pour habiter quand on vit seul – les célibataires représentant notamment 30% des locataires à Montréal. Et puis surtout, le réduit est à la mode. On sort de plus en plus, on mange dehors, les familles sont plus petites… Alors pourquoi investir un grand espace? La taille ne compte plus. «C’est une tendance qu’on voit même sur le marché des condos à Montréal: on veut des habitations plus petites», souligne Robert Yelle. Lean is better, small is beautiful, comme disent les anglais.
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Les terrasses rétractables, sofas extensibles ou douches étirables sont donc tendance, comme l’a bien compris Concept Tiny inc. Inspirée des appartements transformables, où une pièce unique sert à tout, la micro-maison proposée par l’entreprise fait 8 pieds de largeur pour 12 de longueur seulement, mais on peut y vivre à 4 personnes: la table se sort et se range en un clic, de même que les couchages ou les placards. «Ça s’inscrit aussi dans la volonté actuelle de limiter le nombre d’objets qu’on a, de freiner le consumérisme…» explique Samuel Leroux. Freiner le consumérisme, et aussi être plus écolo, voilà ce que prônent les nouveaux adeptes de l’habitat réduit. Luxe, calme et volupté Les mini et micro-maisons consomment en effet moins d’énergie qu’une maison traditionnelle. Chez Concept Tiny inc, tous les appareils sont limités au minimum de wattage et alimentés par un panneau solaire, les toilettes sont au compost, et la maison est suffisamment isolée pour permettre à ses habitants d’y vivre toute l’année au Québec, jusqu’à -40°C. «On démontre le savoir-faire québécois dans du haut de gamme», commente
Samuel. Car quitte à laisser tomber quelques pieds carrés, les acheteurs ne lésinent pas sur la qualité… ni sur le prix. Si la structure de base de la micromaison ne coûte que 20 000$, certains modèles vont jusqu’à 100 000$, avec parfois laveuse, sécheuse ou lave-vaisselle intégrés. «Ce n’est plus juste une caravane», souligne l’entrepreneur. «On peut être bien dedans, cuisiner à l’intérieur... Les micromaisons s’installent aussi dans certains campings, remplaçant les chalets.» Concept Tiny inc. propose des habitations personnalisées, entre appartements transformables et luxe des intérieurs d’avion privé. Cette idée a germé dans la tête du cofondateur, un ébéniste de métier, après avoir travaillé pour une entreprise réalisant des intérieurs d’avion. Résultat: des finitions parfaites, du bois haut de gamme, et des matériaux de qualité permettant une vraie durabilité. Parce que «les clients veulent aussi le minimum d’entretien», ajoute Robert Yelle. «Ils souhaitent apprécier plus les moments passés en vacances ou à la campagne, sans passer du temps à entretenir leur logement.» Bref, aujourd’hui le luxe n’est pas d’avoir de l’espace, mais d’être mobile. Et avec élégance, s’il vous plaît. y
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EN AS-TU VRAIMENT BESOIN? SÉRIEUSEMENT? MOTS | FRANCO NUOVO
N’eût été une rencontre fortuite à La soirée est encore jeune!, jamais au grand jamais je n’aurais lu le livre de Pierre-Yves McSween, comptable professionnel agréé et chroniqueur affaires et économie au 98,5. Jamais. Pas seulement parce que ce genre d’essai me laisse froid et m’ennuie, mais surtout parce que ce prof d’administration à l’allure juvénile baigne dans un moralisme et une cohérence de gestionnaire; en fait, un peu ce que je déteste. Dans son bouquin En as-tu vraiment besoin?, McSween scrute la vie et ses facettes dans la lorgnette du «besoin». Il assoit son raisonnement sur «la spirale de l’endettement» qui un jour nous empêche de dormir, «les échecs financiers», «la détresse économique», «la précarité», «l’absence de marge de manœuvre qui nous condamne à la chaise du crédit». Sa méthode est alarmiste et affolante. McSween réduit les élans de l’homme faillible à un simple calcul matériel. Désolant. Or la vie c’est beau. Beau dans sa futilité. Beau dans ses excès, dans ses passions, dans sa démesure, dans ses rêves, dans sa création, dans ses aspirations, dans sa déraison, dans sa folie. Beau même quand elle échappe à toute logique, en fait surtout beau quand elle échappe à toute logique. Beau quand elle va au-delà du calcul. Magnifique dans ses failles et son humanité. Je ne dis pas que certains de ses conseils ne sont pas pertinents. Il brandit par exemple le spectre des avances de fonds, de l’influence d’autrui. Il avance quelques bons conseils de négociation et nous demande si on a vraiment besoin d’une faillite. Comme si on allait répondre oui. Non, le problème, c’est que dans son œil, la joie se calcule en dollar payé ou économisé. Du coup, dans son schème le plaisir n’a pas sa place, la satisfaction non plus, surtout quand elle échappe à la logique. Il reproche aux marques de vendre du rêve. Et alors? C’est important le rêve, nécessaire, essentiel. Dans la spirale de la consommation entre aussi en ligne de compte une délectation. Ben oui, dites-moi, pourquoi porter un manteau d’hiver neuf quand notre vieil anorak de 2003 fait encore la job? Pourquoi? C’est vrai, avec un raisonnement pareil, on pourrait encore porter des tuniques.
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Ce qui échappe aussi à McSween, c’est la notion de beauté et sa quête. Beauté qui n’est pas la même pour tous, j’en conviens. Or tout n’est pas que simplicité volontaire. L’esthétisme, la finesse, le raffinement élèvent l’âme. Le calcul n’a rien à voir là-dedans. Qu’on n’ait pas les moyens de se payer un Riopelle n’enlève rien au fait qu’il est édifiant de le regarder. Et si l’émotion qu’il provoque justifie le besoin de se le procurer, on peut aussi s’endetter et l’acquérir. Bien sûr, ce n’est pas donné à tous.
À partir du 11 octobre LE QUÉBEC À L’HONNEUR AU MENU NOUVEAUTÉS
Avec des En as-tu vraiment besoin?, il n’y aurait pas de Pièta, pas de David, pas de Joconde, pas de Vatican, pas de Colisée, pas de tour Eiffel, pas de Louvre, pas de Champs Élysée, pas d’Arc de Triomphe. Ni l’Italie ni la France n’existeraient, l’art non plus. Parce que ces beautés ne répondent pas à un calcul économique. Le besoin n’est pas financier. McSween s’en prend aussi aux voitures. Bien sûr qu’on n’a pas vraiment besoin d’une automobile neuve. Tout le monde sait que l’auto n’est pas un investissement. Or on peut ressentir une jouissance devant l’élégance d’une ligne ou la performance d’un moteur. Même chose pour la mode, les vêtements, les chaussures. Notre comptable qui, j’en suis certain, n’est pas vraiment toujours sérieux arrive même à rabaisser l’amour à un bien qui s’évalue en niveau d’endettement et les enfants à un budget.
CHIC COKE Avec un col a d’ i ci
Et pourquoi se marier? En a-t-on vraiment besoin? Cynique à souhait, McSween réduit les symboles de l’union à un renouvellement de prêt hypothécaire. Ben non, on n’est pas obligé de se marier. Il n’est pas nécessaire de faire des mariages à l’italienne, mais il peut y avoir aussi quelque chose de beau dans le mariage. Comment nier le besoin qu’éprouvent certains amants désireux de consacrer leur amour? Et le voyage aussi, il en parle. En as-tu vraiment besoin, demande-t-il? Oui, justement! Parce qu’il ouvre les esprits, fait découvrir les cultures étrangères, dresse un mur contre le racisme et la xénophobie, évite l’enfermement et l’étouffement. Ce n’est pas, comme il le prétend, une dépense au même titre qu’un spa dans la cour. Je ne sais pas jusqu’à quel point Pierre-Yves McSween est sérieux. S’il provoque pour jouer. Mais dans cet ouvrage déprimant, tout n’est que calcul, valorisation sociale et fric.
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J’espère qu’il est heureux et pas seulement calculateur. Quant à moi, la vie qu’il prône, je n’en veux guère. Tout ça pour vous dire que ce bouquin manque de poésie, de délectation, de bien-être, de volupté, de bonheur, de ravissement, d’allégresse, voire d’euphorie. La vie n’est pas une calculatrice. La vie, c’est un cœur qui bat. y N.D.L.R. Suite à la lecture du texte de Franco Nuovo, notre collaborateur Pierre-Yves McSween a souhaité lui adresser un court message que nous transcrivons ici. «Cher collègue, j’aurais aimé que tous les Québécois aient les moyens de vivre cette vie de cigale dont vous parlez. Malheureusement, ne pas avoir à compter est le privilège d’une minorité. Sans rancune.» — Pierre-Yves «Calculatrice» McSween
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TESTS DE CLASSEMENT 22 ET 29 OCTOBRE 2016 COLLÈGE SAINT-CHARLES-GARNIER
EXPLOREZ NOS NOUVEAUX PROFILS
ARTS DE LA SCÈNE
DANSE
BASKETBALL ou SOCCER
SCIENCE
GOLF (CLUB DE GOLF ROYAL QUÉBEC)
ou TENNIS (ACADÉMIE DE TENNIS HÉRISSET BORDELEAU)
NOUVEAU PROGRAMME D’IMMERSION ANGLAISE
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55 LIVRES VOIR QC
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Sur les rayons
Sur les rayons
MA TÊTE EST FORTE DE CELLE QUI DANSE MARTINE AUDET
NU DANS TON BAIN FACE À L’ABÎME LARS IYER
Éditions du Noroît, 2016, 104 pages
Combien de fois le roman, tout comme la littérature, fut-il déclaré mort? À combien de reprises avons-nous été appelés à la morgue culturelle pour l’identifier? Pourtant, malgré ces fausses funérailles, la littérature a démontré une grande résilience. Et comme un phénix, elle ne cesse de renaître de ses cendres. Lars Iyer, romancier et essayiste britannique, publie cet automne Nu dans ton bain face à l’abîme: Un manifeste littéraire après la fin des manifestes et de la littérature aux éditions Allia. Dans ce court texte tenant en une quarantaine de pages, il joint sa voix aux prophètes de malheur, rédigeant sa propre chronique nécrologique pour une littérature qui fut jadis essentielle.
Avec plus d’une dizaine de recueils de poésie à son actif, Martine Audet a déjà fait ses marques dans le paysage littéraire québécois. Celle qui nous avait récemment démontré son talent dans le travail de concision avec Tête première dos contre dos et Des voix stridentes ou rompues revient ici avec une prose plus ample, plus dense. Dans Ma tête est forte de celle qui danse, c’est le domaine du possible qui s’ouvre à l’écrivaine, c’est elle qui sonde les terrains de jeu immuables que sont l’autre et le langage. Accompagné des dessins d’Élise Palardy, on plonge dès la première lecture – car oui, il y en aura d’autres – dans un univers à la fois sensuel et rationnel, où lentement le temps se fige et les saisons passent. «Plusieurs fois mon visage emprunte au désir. Plusieurs fois les vents emportent la saison.»
Éditions Allia, 2016, 48 pages
Dans ce recueil où les roses se logent dans le bas du dos, c’est dans une chaleur incroyablement intime que l’auteure nous convie. Au détour de vers d’Audet, c’est l’origine du monde qui prend forme. «Je peux l’enfance et les constellations, l’origine des gestes avant la béance malgré l’air froid et pour un seul rayon.» C’est dans cette danse qu’elle nous amène, tant avec lenteur qu’avec certitude. Elle joue sur le rythme des possibilités et des désirs, comme autant de façons de créer celle qui danse. Reste que jamais Martine Audet n’hésite à interroger le poème, comme s’il était à jamais fuyant, métaphysique. «Quelque chose sans cesse déclenche la phrase. Quelque chose sans cesse refait les ciels.»
Dans ce manifeste séparé en trois parties, il évoque d’abord la vie et la mort de la littérature à la manière d’une fable, posant l’écrivain comme un ermite de montagne s’étant peu à peu rapproché du village avant de s’y engloutir et de devenir un expert en publicité. Difficile de ne pas lire ce rapide constat sourire en coin. Où il devient plus intéressant, c’est lorsqu’il convoque des auteurs contemporains, en l’occurrence le Chilien Roberto Bolaño, l’Espagnol Enrique Vila-Matas et l’Autrichien Thomas Bernhard, comme les «quelques rares écrivains [qui] ont saisi la sinistre nature de notre moment littéraire actuel». À travers une brève mais cinglante analyse de trois romans, il démontre l’importance de ces écrivains de la négation qui se jouent d’une certaine façon des codes littéraires tout autant qu’ils critiquent le blason jadis doré de la littérature. Iyer n’hésite pas à souligner le paradoxe inhérent à l’œuvre de ses contemporains, celui de décrier une littérature dans laquelle eux-mêmes s’inscrivent.
À chaque nouveau recueil, c’est à la fois une confirmation du talent de l’écrivaine et une découverte d’un nouveau jalon dans l’œuvre vaste qu’est celle de l’auteure. Sous des airs d’une simplicité parfois criante se cache toujours un travail d’orfèvrerie sur le vocabulaire et la syntaxe pour calibrer la puissance d’évocation. Ici, la retenue est souvent mère d’émerveillement. «Qu’importe puisque je peux les arbres au loin, les glaces en moi, l’exil des jeunes filles avant la fin.» Ma tête est forte de celle qui danse est un recueil d’une immense cohérence dans l’œuvre de Martine Audet tout en étant une excellente porte d’entrée pour quiconque est avide d’adoration. (Jérémy Laniel)
Lors de sa parution, ce manifeste a fait grand bruit. Plusieurs sont montés aux barricades pour défendre cette littérature tout comme pour déboulonner l’essai d’Iyer, n’hésitant pas à souligner à quel point on se vautre trop souvent et facilement dans un cynisme confortable. Il n’en reste pas moins que ces essais, aussi prophétiques qu’ils puissent paraître, agissent régulièrement comme des catalyseurs, polarisant les camps et créant un dialogue sur l’état de notre littérature. On peut clairement mettre l’essai d’Iyer dans cette lignée, confortant un défaitisme ambiant tout en poussant le lecteur à réfléchir sur l’acte littéraire contemporain et créant ainsi le genre de bouquin auquel on cornera quelques pages, sans jamais le laisser bien loin. (Jérémy Laniel)
DICTIONNAIRE RAISONNÉ DES ARTS, DES SCIENCES ET DES MÉTIERS DE DIDEROT ET D’ALEMBERT. PARIS. 1751-1765. COLLECTION MUSÉE DE LA CIVILISATION FONDS DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC.
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LIRE DANS LA NUIT SE RENDRE DANS UN MUSÉE POUR VISITER VIRTUELLEMENT DES BIBLIOTHÈQUES DANS LESQUELLES VOUS NE POURREZ ÉVIDEMMENT PAS EMPRUNTER DE LIVRES? L’IDÉE PEUT SEMBLER SAUGRENUE, MAIS C’EST UN VOYAGE À LA FOIS CULTUREL ET INTÉRIEUR QUE VOUS PROPOSENT LE MUSÉE DE LA CIVILISATION ET EX MACHINA AVEC LA BIBLIOTHÈQUE, LA NUIT. MOTS | MICKAËL BERGERON
PHOTO | JÉ R ÉMIE LEBLOND-FONTAINE
L’aventure originale se vit dans la tête d’Alberto Manguel, auteur et collectionneur de livres argentin. Lui-même impressionné par son imposante bibliothèque forte de 30 000 livres, il a écrit La bibliothèque, la nuit, publié en 2006. Une aventure philosophique sur les bibliothèques, les «compagnons de tous lecteurs», comme il dit. Parce qu’il y a probablement autant de manières de classer une bibliothèque qu’il y a de lecteurs. Alberto Manguel s’est demandé ce qui définissait alors une bibliothèque. On explore la mémoire, l’architecture, le classement et la lecture elle-même. Comprendre le classement d’une personne est un bon indicateur pour savoir si l’on comprend cette personne. «Alberto est un peu le Brad Pitt des bibliothèques», lance Steve Blanchet, qui a conçu avec Robert Lepage la réalité virtuelle dans laquelle plongeront les visiteurs. Son savoir encyclopédique est aussi légendaire que sa bibliothèque personnelle. Lorsque la Grande Bibliothèque, à Montréal, a célébré son dixième anniversaire l’an dernier, c’était naturel de se tourner vers l’une des vedettes du milieu. À l’image de Bastien dans L’histoire sans fin, les visiteurs sont invités à plonger dans La bibliothèque, la nuit.
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Le livre se demande ce qui change, la nuit, dans une bibliothèque. Le classement ne tient plus. L’ombre redessine les formes. Les lueurs font ressortir d’autres livres. La relation change. Et c’est là que le deuxième périple commence. Destination: le monde Les visiteurs de l’exposition arriveront tout d’abord dans la bibliothèque d’Alberto Manguel. Casques de réalité virtuelle et siège pivotant attendront patiemment dans une forêt, pas loin. Une fois confortablement installés sur le siège et le casque sur la tête, ils pourront commencer l’exploration. De toutes les bibliothèques racontées dans le livre, Ex Machina et Alberto n’en ont finalement conservé qu’une dizaine. Un des derniers critères était l’accessibilité des bibliothèques. Pas dans le sens où vous le pensez.
La Bibliothèque du Congrès américain, par exemple, n’est ouverte au public qu’un après-midi par année. Une autre n’est accessible qu’aux étudiants d’une université. Grâce au travail de Steve Blanchet et son équipe d’Ex Machina, vous pouvez maintenant les explorer, même si elles sont au Japon, au Mexique ou en Autriche. Huit des dix bibliothèques présentées sont une immersion réelle, composée d’images enregistrées spécialement pour l’exposition, avec des caméras bâties sur mesure pour les besoins d’Ex Machina. Les deux autres ont été recréées à l’ordinateur. Alexandrie n’existe plus et le Nautilus n’existe que dans un livre de Jules Verne.
(EN HAUT) GEAI BLEU JOHN JAMES AUDUBON, BIRDS OF AMERICA COLLECTION DU MUSÉE DE LA CIVILISATION FONDS DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC. (CI-CONTRE) HARFANG DES NEIGES EAU-FORTE, AQUATINTE REHAUSSÉE À L’AQUARELLE. PLANCHE TIRÉE DE AUDUBON, JOHN-JAMES, THE BIRDS OF AMERICA. LONDON : J.-J AUDUDON, 1827-1838 VOL. 2. ROYAUME-UNI. COLLECTION MUSÉES DE LA CIVILISATION, FONDS DU SÉMINAIRE DE QUÉBEC.
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> Douce réalité À l’image de la lecture, la réalité virtuelle proposée par Ex Machina est immersive, enveloppante et réconfortante. «La réalité virtuelle est souvent développée pour les jeux vidéo, explique Steve Blanchet, avec des images rapides et saccadées. Nous, c’est une réalité virtuelle contemplative, avec des images beaucoup plus approfondies. Alberto est l’esprit, nous, nous sommes l’expérience. On veut que les gens vivent une expérience.» La bibliothèque, la nuit est une excellente manière de s’initier à la réalité virtuelle, croit Steve. «On prend les gens par la main», ajoute-t-il. De plus, des guides seront sur place, en chair et en os, pour répondre à toute question.
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Si, aujourd’hui, nous soulignons la présence de la réalité virtuelle comme étant une nouvelle expérience, celle-ci pourra bien devenir un élément régulier des expositions muséales dans un avenir proche. Pas seulement parce que la technologie va devenir de plus en plus commune, mais parce qu’elle change aussi notre relation avec les objets et les lieux, et donc l’histoire, un terreau fertile pour les musées. Néanmoins, il y a tout de même une partie plus classique, dans La bibliothèque, la nuit. Contrairement à Montréal, Québec pourra aussi en profiter pour regarder des livres rares, provenant de la collection du Séminaire de Québec. Certains sont aussi vieux que la Nouvelle-France. L’exposition La bibliothèque, la nuit sera au Musée de la civilisation du 13 octobre 2016 jusqu’au 2 avril 2017. Jusqu’à une quarantaine de personnes pourront simultanément goûter à la réalité virtuelle. y
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PHOTO PRISE LORS DE L’EXPOSITION WARMBLOOD À LA GALERIE TROIS POINTS, DURANT L’UNE DES PERFORMANCES DE VICKY SABOURIN.
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SINGULIER BESTIAIRE PIÉGÉ PAR UN TRAPPEUR, UN CHAT SAUVAGE REVIENT À LA VIE. SPASMES POST-MORTEM OU MAGIE? AVEC DANSE MACABRE, L’ARTISTE VICKY SABOURIN EXPLORE LE MYSTÈRE DE LA MORT, À COUPS DE PERFORMANCE, DE VIDÉO ET DE LAINE FEUTRÉE. MOTS | CAROLINE DÉCOSTE
PHOTO | GUY L’HEUREUX
Science + magie S’inspirant des vanités, œuvres du 17e siècle destinées à montrer la nature passagère de la vie, l’artiste montréalaise poursuit son exploration de notre relation à l’animal et des possibilités de la performance alors qu’elle présentera fin octobre une nouvelle installation à L’Œil de Poisson. Le point de départ de cette création a germé... d’une vidéo YouTube. «Au fil de mes recherches, je ne me souviens plus trop comment, je suis tombée sur cette vidéo d’un trappeur en Nouvelle-Écosse. Il a capturé un bobcat et montre la bête morte à la caméra. Il se retourne pour replacer son piège et, pendant ce temps-là, l’animal se remet à bouger! Ça m’a vraiment marquée de voir la réaction du chasseur, qui éprouve un mélange de peur et d’émerveillement», relate Vicky Sabourin. «La façon dont l’animal bouge, avec ses mouvements saccadés, c’est comme s’il avait été ensorcelé! Il y a une explication scientifique, mais quand on voit ça, c’est presque magique. Est-ce que c’est l’âme qui s’échappe de son corps?» Cette dualité entre science et magie, cristallisée au 19e siècle, alimente le travail de Vicky Sabourin. «La période victorienne a beaucoup d’influence sur moi: c’est la naissance de la photo, l’apparition de la science moderne, mais avec encore de la place pour les croyances. C’est le moment où l’art, la science et la magie se croisent.»
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DANSE MACABRE: INTO THE WILD: SÉRIE PHOTO ARGENTIQUE NOIR ET BLANC PRISE DANS LA NATURE À BANFF LORS DE LA RÉSIDENCE AU BANFF CENTER. PHOTO | VICKY SABOURIN
Performance + séduction Profitant d’une résidence d’artiste de six semaines au Banff Centre for Arts and Creativity, Vicky Sabourin a réalisé une série de photos intitulée Danse macabre: Into the Wild, dont certaines feront partie du diorama présenté à L’Œil de Poisson. À cela s’ajoute le lynx en laine feutrée, à l’image des autres animaux, pigeon, cheval, lapin, que fabrique l’artiste.
Si l’installation s’apprécie en elle-même et vit de façon autonome en galerie, c’est jumelé à la performance que l’œuvre de Vicky Sabourin atteint toute sa puissance. À un médium parfois difficile d’approche, l’artiste donne un visage accessible même pour le plus néophyte des spectateurs. «Mon travail en perfo est un peu différent, vu que ce n’est pas juste ma présence avec des objets dans un cube blanc!» explique Vicky en riant. «Parfois,
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on intellectualise les œuvres au lieu d’y aller avec le ressenti. Quand les visiteurs arrivent, il y a une sorte de mise en scène qui crée une ambiance, ça donne le ton. Je suis à l’écoute de l’énergie des gens.» L’artiste souligne qu’elle ne garde personne captif: les gens peuvent aller et venir librement pendant sa performance, quoiqu’avec le jeu auquel elle s’adonne, il arrive que le spectateur soit ébranlé, fasciné, accroché. «Il y a une part de séduction dans mon œuvre: c’est une façon d’attirer les gens pour qu’ils s’immergent dans mon projet. Il y a une charge émotive importante, les gens perdent un peu leurs repères.» Qu’on y passe une minute ou une heure, voir Vicky Sabourin recréer la magie en galerie vaut assurément l’investissement émotif requis. y Danse macabre Vicky Sabourin L’Œil de Poisson Du 21 octobre au 20 novembre 2016
DANSE MACABRE: PHOTO ISSUE DE LA VIDÉO EN «STOP MOTION», PRÉSENTÉE À MÊME L’INSTALLATION. PHOTO | VICKY SABOURIN
no900.com
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ALEXANDRE TAILLEFER DE LA MAIN GAUCHE
EN FRANÇAIS, SIOUPLAÎT Difficile de s’inquiéter pour le français quand on ne visite pas Montréal. Le problème n’existe pas vraiment à l’extérieur de la métropole. Il y a bien entendu quelques communautés traditionnellement anglophones qui survivent en Estrie, en Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine ou ailleurs, comme dans l’Ouest-de-l’Île, aussi. Mais lorsqu’on s’inquiète du recul du français – ou de l’avancée de l’anglais, ce qui revient au même –, ce n’est pas dans ces lieux que résident nos plus grandes craintes, mais à Montréal, ou le grand Montréal, pour être plus précis, incluant la couronne nord et la couronne sud. Quand papa a commencé à travailler dans l’assurance dans le milieu des années 1960, sa langue de travail était l’anglais. S’il avait été banquier, avocat ou comptable, ça aurait été pareil. Il y avait aussi les «grosses madames de chez Eaton», comme on les appelait, celles qui ne connaissaient pas un traître mot de français ou le reniaient. Au tournant du siècle dernier, la loi 101 a été un mal nécessaire. De plus en plus d’anglophones le reconnaissent. Ils reconnaissent que c’était notre prérogative absolue de nous assurer que nous pourrions continuer à naître, à grandir, à travailler, bref, à vivre en français. Elle a entraîné un recul économique du Québec. Des capitaux ont fui, ont quitté Montréal pour nourrir Toronto, avec comme impact le développement spectaculaire de la capitale ontarienne qui est désormais la métropole du Canada.
Aurions-nous dû faire autrement? Aurionsnous dû agir moins fermement, tenter une meilleure cohabitation, de plus importants allègements? Non. Aucun doute, la situation le demandait. Montréal aurait pu être anglophone. Assimilée. Ce pas en arrière économique a eu beaucoup de bon aussi. Nous avons sauvé notre langue. Nous nous sommes affranchis économiquement, culturellement. Et cela a aussi produit des effets latéraux, plus subtils. Une ville moins riche a attiré des gens moins fortunés, en quête de loyers moins chers, où il fait bon vivre. Elle a sauvegardé notre authenticité et notre joie de vivre, nos deux plus importants atouts. Nous sommes prêts pour la prochaine étape, avec une base francophone beaucoup plus solide. En quittant son poste de directeur du Devoir, Bernard Descôteaux, dans son dernier éditorial publié le 6 février 2016, évoquait trois craintes qu’il avait pour l’avenir du Québec: l’indifférence des Québécois pour l’autonomie politique, le peu d’importance accordée à l’éducation et la progression de l’anglais à Montréal. Quand Bernard Descôteaux conclut ainsi après sept années à titre de directeur du média le plus sérieux au Québec, il faut l’écouter. Je suis de ceux qui croient que le français est effectivement menacé, qu’il régresse. Je le crois encore plus depuis que j’habite au centre-ville de Montréal. Je pose, par conviction, des petits gestes qui peuvent sembler banals. Comme remplacer email par courriel dans mon vocabulaire ou installer une version française du logiciel
d’exploitation de mon téléphone. Des petits gestes au quotidien, comme on sort son bac à recyclage à défaut de pouvoir planter soimême une forêt ou dépolluer une rivière. Je continue à réfuter un mot comme gaminet, mais j’ai troqué brainstorm pour remueméninges, et feedback pour rétroaction. J’encourage ma fille à introduire quelques acronymes en français en sus des LOL, LMFAO et TMI. Comme MDR, PTI et TJR. Je réponds systématiquement en français lorsqu’on m’interpelle dans la langue de Cohen dans un commerce. Gentiment, jamais avec arrogance ou esprit conquérant. Et on me répond systématiquement en français. C’est arrivé à plusieurs reprises que la serveuse, en revenant me voir, commence à me reparler en anglais pour rapidement se corriger, en s’excusant et en mentionnant que c’est par habitude. Pas de quoi s’offusquer. Alors on fait quoi devant ce constat, devant l’accroissement de l’usage de l’anglais dans plusieurs quartiers de Montréal, devant l’assimilation de nos jeunes par les réseaux sociaux? On se calme. Une chose m’apparaît bien claire. Nous ne pouvons pas nous permettre plus de confrontations ou de mesures ostracisantes. La loi 101 est apparue, non sans heurt, dans un contexte bien différent. Pas d’internet, pas d’immigration aussi importante, pas autant de mobilité. Et pas un climat aussi favorable au bilinguisme, voire au trilinguisme à
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> prédominance francophone. Les anglais qui ne voulaient rien savoir des français sont pas mal moins nombreux qu’on aime parfois l’imaginer sur la base de vieux réflexes. La sortie de Mitch Garber à la mi-septembre n’est pas un cas isolé. Ils sont nombreux parmi les anglophones influents à être francophiles, à reconnaître que le français doit prédominer, qu’il doit être protégé et qu’on doit travailler à le répandre. Mais pas au détriment de l’anglais et des autres langues. Nous ne sommes plus à l’heure de la boxe et encore moins à celle du combat de rue, mais à celle du judo, en tout respect, avec calme et avec classe. Le meilleur de Montréal se trouve dans les quartiers où le respect de l’autre s’est installé, où l’intégration harmonieuse s’est déroulée tranquillement, sur des années. Il se trouve au coin de Saint-Viateur et Clark, au coin de Shamrock et Casgrain, au coin de
Monkland et Wilson, celui de Notre-Dame Ouest et Charlevoix. Il est temps que nous essayions une nouvelle façon de promouvoir le français, de le rendre cool, ludique, incontournable pour vivre Montréal. Je vais vous décevoir en ne vous proposant pas l’exemple ultime; ils sont multiples ces petits gestes que nous pouvons mettre de l’avant. Avec une seule philosophie: faire adhérer plutôt qu’obliger. Voici le résultat de mon remue-méninges: créer des événements bilingues. Se débarrasser du sempiternel Allo, Hi et promouvoir Bonjour. Installer des logiciels en français par défaut. Créer des événements de rapprochement entre les cégeps et les universités anglophones et francophones. Augmenter de 10% les quotas francophones dans les radios anglophones. Lancer une campagne «100 mots français en 100 jours pour vivre Montréal». Offrir des menus bilingues plutôt que seulement en anglais dans les restaurants. Lancer une campagne
«Mes 5 coups de cœur francophones» présentée par des figures de proue de la communauté anglophone. Une autre campagne, «Je remplace 5 mots anglais», ou alors on fait tous des efforts pour remplacer email par courriel. Lancer une ligue d’improvisation bilingue. Créer des productions entre troupes théâtrales anglophones et francophones. Développer un programme de cocréation entre artistes. Mettre en ondes une émission bilingue diffusée simultanément sur les ondes de Radio-Canada et de CBC. Lancer un t-shirt «J’aime le français». Ajoutez vos propres idées ici. Elles doivent être simples, drôles, non intrusives et permettre à tous d’y adhérer. Montréal est une ville multilingue à prédominance française. Une ville où nous sommes de moins en moins des solitudes et où les stratégies pour faire perdurer le fait français doivent être acceptées, voulues et promues par tous, avec les anglophones et les francophones aux premières loges. y
PRÉSENTE
La bibliothèque, la nuit Alberto Manguel | Robert Lepage | Ex Machina
AU MUSÉE DE LA CIVILISATION Dans un univers créé par Robert Lepage, inspiré de l’ouvrage éponyme d’Alberto Manguel, faites un voyage immersif dans l’espace et le temps. Plongez au cœur de dix des plus étonnantes bibliothèques du monde, en réalité virtuelle. Conçue et réalisée par Ex Machina pour célébrer le 10e anniversaire de la Grande Bibliothèque, d’après une idée originale de Bibliothèque et Archives nationales du Québec
mcq.org
Photo : Stéphane Bourgeois
Dès le 13 octobre 2016
QUOI FAIRE
PHOTO | COURTOISIE EVENKO
MUSIQUE
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WHITE LUNG L E C E R C L E - 24 O C T O B R E
Si le trio vancouvérois roule sa bosse depuis une bonne décennie, on aura mis quelques années à découvrir tout son potentiel de l’autre côté du pays. Après le succès inespéré de Deep Fantasy, qui a recueilli un succès critique enviable en 2014, le quatuor punk rock a remis ça en mai dernier avec Paradise, un quatrième album acclamé de part et d’autre.
CHARLOTTE CARDIN L’ A N G L I C A N E - 2 8 O C T O B R E
La jeune femme, finaliste de La voix, possède tout pour plaire: une voix chaude et un charme fou. Son mini-album Big boy, sorti en juillet dernier, a déjà fait moult remous dans le paysage musical. Ce premier effort confirme le talent de cette chanteuse montréalaise.
DÉMENCE L’ A N T I - 2 0 O C T O B R E
Formé en 1992, le groupe death métal Démence revient actuellement sur les planches pour souligner les 20 ans de son album culte Total démembrement. À Québec comme à Montréal, il sera particulièrement bien entouré par le groupe français brutal Kronos, qui en sera à son premier passage au pays.
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REDNEXT LEVEL L E C E R C L E - 22 O C T O B R E
Le duo que forment Maybe Watson et Robert Nelson, du collectif post-rigodon Alaclair Ensemble, prend un dĂŠtour plus humoristique et pop avec ce projet musical. Leur fougue ainsi que les mĂŠlodies accrocheuses de Rednext Level surprendront mĂŞme les plus rĂŠticents.
3LZ -YuYLZ KL SH * [L
EQUSE V I E U X B U R E A U D E P O S T E D E S A I N T-R O M U A L D - 28 O C T O B R E
Cette formation du Bas-du-Fleuve propose de lâ&#x20AC;&#x2122;indie-rock Ă saveur prog, mais sâ&#x20AC;&#x2122;aventure aussi Ă dâ&#x20AC;&#x2122;autres styles musicaux. Depuis sa formation en 2012, le groupe a sorti un premier album rapidement, Earthquake Under Subtle Elements, enregistrĂŠ en 2013 au studio Le Pantoum en Basse-Ville, puis un deuxième opus en 2014.
JEAN-MICHEL BLAIS P A L A I S M O N T C A L M - 15 O C T O B R E
Grand compositeur et pianiste classique, Jean-Michel Blais propose des Ĺ&#x201C;uvres intimistes et chaleureuses, comprenant des passages ĂŠmouvants qui nous transportent dans un voyage intĂŠrieur. Les pièces de ce crĂŠateur plairont tant aux nĂŠophytes quâ&#x20AC;&#x2122;aux grands connaisseurs.
5N INCONTOURNABLE DANS LE 6IEUX 1UĂ?BEC
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PHOTO | Ă&#x2030;RIC MORRISSETTE
RUE 3AINT *EAN 1UĂ?BEC LESFRERESDELACOTEQC COM
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PHOTO | LAURENCE DAUPHINAIS
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KNLO LANCEMENT D’ALBUM
LISA FISCHER
ROBERT CHARLEBOIS
PA L A I S M O N T C A L M - 3 N O V E M B R E
G R A N D T H É ÂT R E D E Q U É B E C 19 O C T O B R E
Reconnue comme choriste des Rolling Stones, l’artiste à la voix magnifique a pris un virage différent, après plus de 30 ans de carrière internationale à côtoyer les grandes vedettes de ce monde. Cette grande dame originaire de Brooklyn partagera dorénavant la scène avec le trio Grand Bâton. Une voix sublime à entendre au Palais Montcalm cet automne.
C’est un tout nouveau spectacle que nous présentera le grand Charlebois avec Rock’oustic. Il revisitera, à la façon d’Eddie Cochran, les classiques de son répertoire. Pour l’occasion, il sera entouré de cinq musiciens, dont Martin Lizotte au piano. La soirée ne sera pas tout à fait acoustique, mais sans doute intimiste et surprenante.
L E C E R C L E - 19 O C T O B R E
Il n’est jamais trop tard pour bien faire, et KNLO l’a très bien compris. Figure incontournable de la scène rap québécoise depuis plus d’une décennie, l’artiste fait enfin paraître son premier album officiel. Il propose deux lancements, d’abord à Québec, sa ville d’origine, puis à Montréal, sa ville d’adoption.
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LISA LEBLANC IMPÉRIAL BELL - 13 OCTOBRE
Son deuxième album Why You Wanna Leave, Runaway Queen?, paru le 30 septembre dernier et signé sous l’étiquette Bonsound, était très attendu. Après quatre ans de tournée et plus de 140 000 exemplaires vendus, l’Acadienne est de retour avec un opus majoritairement plus anglophone que francophone. Les rythmes s’avèrent toujours aussi accrocheurs et les paroles vous vont droit au cœur.
LUDOVICO EINAUDI PAL AIS MONTCALM - 16 OCTOBRE
La présence de ce compositeur italien dans la Vieille Capitale est marquée par la sortie de son nouvel album, intitulé Elements. Les compositions de Ludovico Enaudi traversent les frontières avec leurs mélodies simples et transcendantes.
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R E S TA U R A N T
PHOTO | JON WEISZ
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ALEXANDRE DÉSILETS
L’ A N T I - 19 O C T O B R E
L’ A N G L I C A N E - 2 9 O C T O B R E
Mélange de genres souvent affilié à Alt-J, le sextuor manitobain présentera sur scène son nouvel opus, Something Got Lost Between Here and the Orbit paru cet été. Après trois ans de tournée canadienne, les membres du groupe ont ressenti le besoin d’évoquer à travers cet album leur nostalgie d’être au loin et l’ennui de leurs proches.
L’écoute de Windigo, le tout dernier opus de l’artiste, nous plonge dans un état d’esprit contemplatif et serein. Les mots qu’utilise Alexandre Désilets à travers sa musique demeurent sans contredit sa signature, le tout agrémenté d’arrangements incroyables.
ARIANE MOFFATT
TEGAN & SARA
CENTRE D’ART L A CHAPELLE 8 OCTOBRE
CABARET DU CAPITOLE 30 O C T O B R E
C’est avec une formule intime, accompagnée de son piano et du guitariste Joseph Marchand, son acolyte de toujours, qu’Ariane Moffatt présentera au public le spectacle de 22h22. Le décor sera orchestré par l’extraordinaire scénographe Max-Otto Fauteux.
Les deux frangines canadiennes reviennent sur les planches de la vieille Capitale avec leur huitième album Love You to Death. Ayant adopté un son un peu plus pop depuis Heartthrob en 2013, elles reviennent à la charge avec cette formule au son des années 1980 et 1990.
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MONTRÉAL VO1 #O1
MONTRÉAL VO1 #O6 | JUILLET 2O16
LA QUESTION RACIALE AU THÉÂTRE FRANCOUVERTES HIP-HOP QUÉBÉCOIS MONTRÉAL EN LUMIÈRE L’ENTOMOPHAGIE RAGNAR KJARTANSSON CINÉMA ÉROTIQUE DOSSIER: MÉDIAS LOCAUX VS GÉANTS MONDIAUX
OFF-FESTIVALS OSHEAGA NUITS D’AFRIQUE ZOOFEST ZONE HOMA BROMANCE AU CIRQUE RENCONTRES DE LA PHOTOGRAPHIE EN GASPÉSIE FEUILLES MORTES DU POTAGER À L’ASSIETTE CE QUE MANGENT (VRAIMENT) LES CHEFS DOSSIER VIE DE TOURNÉE
CHARLOTTE CARDIN
KING DAVE
2016-07-13 2:51 PM Page 1
MONTRÉAL VO1 #O8 | SEPTEMBRE 2O16
MONTRÉAL VO1 #O7 | AOÛT 2O16
J’AIME HYDRO OLIVIER KEMEID & FRÉDÉRIC DUBOIS LES CHIENS DE NAVARRE QUÉBEC REDNECK BLUEGRASS PROJECT AVEC PAS D’CASQUE RED BULL MUSIC ACADEMY VALAIRE POP MONTRÉAL ALACLAIR ENSEMBLE ROBERT MAPPLETHORPE ANDRÉ FORCIER JOHN WATERS OMNIVORE FRANÇOIS CHARTIER
DOSSIER LES MUSICIENS DU PIXEL LE SANS-ALCOOL DÉBARQUE 3/4 OZ UN HISTOIRE HIPPIE DES FRAISES EN JANVIER MAG(M)A COMPAGNIE BILBOBASSO RIEL BENN KLÔ PELGAG BOB WALSH VIRÉE CLASSIQUE OSM
KROY
MON AMI DINO
CECI EST MON VOIR LIVRÉ POUR VOUS ENCOURAGEZ LA CULTURE D’ICI ABONNEZ-VOUS! TARIFS ABONNEMENT ANNUEL (TAXES INCLUSES) 67,84 $ = 12 NUMÉROS 89,79 $ = 12 NUMÉROS + GUIDE RESTOS 148,43 $ = 12 NUMÉROS + GUIDE RESTOS + VIP 40 % BOUTIQUE VOIR 12 MOIS
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SAFIA NOLIN
ST-AGAPIT 1920
LE CERCLE - 3 NOVEMBRE
T H É ÂT R E P É R I S C O P E D U 18 A U 2 9 O C T O B R E
Il s’est écoulé un peu plus d’un an depuis la sortie de Limoilou, son tout premier album, mais il semble que cela fait une éternité. La sympathique Safia sera de retour dans la région de Québec, sa ville natale, après avoir parcouru beaucoup de chemin.
PHILIP GLASS PAR LE QUATUOR CREMA L E C E R C L E - 16 O C T O B R E
Cette pièce écrite et mise en scène par Olivier Normand relate les fragments d’une famille vivant dans la région de Lotbinière, située tout près de Québec. Explorant les facettes de la mémoire et des souvenirs, St-Agapit 1920 fusionne sur scène musique, danse et théâtre en une divine harmonie.
ALAN LAKE - LES CAVEAUX É D I F I C E C S Q - D U 11 A U 15 O C T O B R E
Dans sa série classique, le Cercle recevra le quatuor à cordes Crema, provenant de la Capitale, qui jouera un concert dédié à Philip Glass. Ce grand artiste qui se démarque par sa force d’écriture et son talent de pianiste est reconnu comme l’un des compositeurs les plus influents de notre époque.
GHOSTLY KISSES ET EGO DEATH LE CERCLE - 21 OCTOBRE
Ghostly Kisses, groupe indie/électro fondé en 2015, profite du talent de Dragos Chiriac pour les arrangements et de la voix douce de Margaux Sauvé. Bref, un combo qui fait frissonner. Ego Death, groupe également établi dans la Capitale et mené par Joey Proteau, est doté de compositions planantes.
Alan Lake, figure emblématique de la danse contemporaine à Québec, présente Les caveaux, joyeux mélange entre les arts visuels et la vidéo en passant par le langage chorégraphique et la scénographie. Les caveaux poursuit l’approche très humaine et pluridisciplinaire qu’Alan Lake aime explorer.
MARIE CHOUINARD G R A N D T H É ÂT R E D E Q U É B E C 1ER NOVEMBRE
Figure de proue de la danse contemporaine au Québec, Marie Chouinard présente Jérôme Bosch: Le jardin des délices. Inspiré du célèbre triptyque du même nom, le spectacle est divisé en trois parties et compte 10 danseurs sur scène. Du grand art comme le public y est habitué.
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GHOSTLY KISSES, PHOTO | DRAGOS CHIRIAC
SCÈNE
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CINÉMA
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1:54
TWO LOVERS AND A BEAR
E N S A L L E L E 13 O C T O B R E
EN SALLE LE 7 OCTOBRE
Réalisé par Yan England, 1:54 relate l’histoire d’un adolescent victime d’intimidation qui décide de battre son principal adversaire sur son propre terrain en joignant l’équipe de course à pied de l’école. Craignant de perdre sa place au championnat provincial, ce dernier le fait chanter au moyen d’une vidéo compromettante.
Ce long métrage de Kim Nguyen, connu pour son excellent film Rebelles sorti en 2014, relate l’histoire de deux amoureux, échoués dans l’Arctique canadien, qui tentent de retourner en motoneige vers le sud. Au cours de ce périlleux voyage, elle réalise qu’il est capable de parler aux ours polaires, alors que lui découvre le secret inavouable qui l’a poussée à fuir le monde civilisé.
CET AUTOMNE, L’APÉRO ET LE SOUPER C’EST CHEZ NOUS. — KIM ET MARIE-PIERRE
LA FILLE DU TRAIN EN SALLE LE 7 OCTOBRE
LE COMPTABLE Adapté du roman de l’Anglaise Paula Hawkins, ce suspense américain met en scène Rachel, la protagoniste centrale, qui lors de son itinéraire de train quotidien observe dans sa maison la routine d’un couple qui semble parfait. Puis, un certain matin, la jeune femme découvre quelque chose d’étrange dans cette maison et deviendra étroitement mêlée à ce mystère.
E N S A L L E L E 14 O C T O B R E
Christian Wolfe, un génie des mathématiques, travaille comme expert-comptable pour des organisations reliées à différentes entités mafieuses. Ce suspense, réalisé par l’Américain Gavin O’Connor, explore les facettes obscures du monde des affaires.
AVENUE CARTIER, QUÉBEC
pcgc.corsica
)CI TOUT EST FAIT MAISON SUR PLACE OU PROVIENT D ARTISANS LOCAUX DES PAINS BRIOCHĂ?S AUX BOISSONS GAZEUSES
TOUT EN HAUT DU MONDE
UNDERWORLD â&#x20AC;&#x201C; BLOOD WARS
E N S A L L E L E 14 O C T O B R E
EN SALLE LE 14 OCTOBRE
Ce dessin animĂŠ prend place Ă Saint-PĂŠtersbourg en 1882. Sacha, une jeune fille provenant de lâ&#x20AC;&#x2122;aristocratie russe, a une certaine obsession pour son grand-père Oloukine, un explorateur qui nâ&#x20AC;&#x2122;est jamais revenu de son dernier pĂŠriple au pĂ´le Nord. La jeune fille dĂŠcide dès lors de partir Ă sa recherche et une suite de pĂŠripĂŠties sâ&#x20AC;&#x2122;ensuivront.
Cinquième film de cette saga mettant en scène des vampires en guerre contre des loups-garous, Underworld â&#x20AC;&#x201C; Blood Wars place la protagoniste Selene dans lâ&#x20AC;&#x2122;eau chaude alors quâ&#x20AC;&#x2122;elle doit combattre tout autant les ÂŤlycansÂť que le clan des vampires lâ&#x20AC;&#x2122;ayant trahie dans le dernier opus. Ayant seulement deux alliĂŠs dans ce monde fĂŠroce, elle devra mettre fin Ă la guerre millĂŠnaire, coĂťte que coĂťte.
THE BIRTH OF A NATION
INFERNO
EN SALLE LE 7 OCTOBRE
EN SALLE LE 28 OCTOBRE
Drame dâ&#x20AC;&#x2122;ĂŠpoque se dĂŠroulant dans la Virginie de 1831, The Birth of a Nation sâ&#x20AC;&#x2122;inspire de la vie de Nat Turner. Apprenant Ă lire pour ĂŠtudier la Bible et prĂŞcher la bonne nouvelle Ă ses confrères esclaves, il dĂŠcide de se rebeller après que son maĂŽtre lui fit faire le tour du pays comme prĂŞcheur. RĂŠalisant lâ&#x20AC;&#x2122;immensitĂŠ de lâ&#x20AC;&#x2122;esclavagisme, il mènera de front une rĂŠvolte noire dans le comtĂŠ de Southampton.
Suite directe dâ&#x20AC;&#x2122;Anges et dĂŠmons, Inferno place une fois de plus Robert Langdon (Tom Hanks) au cĹ&#x201C;ur dâ&#x20AC;&#x2122;une intrigue rocambolesque qui le mènera aux quatre coins de lâ&#x20AC;&#x2122;Europe. Se rĂŠveillant pris dâ&#x20AC;&#x2122;amnĂŠsie dans un hĂ´pital italien, Langdon sâ&#x20AC;&#x2122;associe Ă une docteure devant lâ&#x20AC;&#x2122;aider Ă retrouver la mĂŠmoire pour contrecarrer les plans dâ&#x20AC;&#x2122;un aliĂŠnĂŠ voulant ĂŠliminer la moitiĂŠ de la population mondiale avec une nouvelle peste.
TIM MOORE GALERIE 3 DU 28 OCTOBRE AU 27 NOVEMBRE
RUE DU &ORT 1UĂ?BEC ' 2 : q WWW CHICSHACK CA
Originaire de Prince Albert en Colombie-Britannique, cet artiste amĂŠrindien utilise des matières brutes pour construire ses Ĺ&#x201C;uvres. Ses peintures, ses collages et ses assemblages demeurent aussi une rĂŠflexion sur le monde extĂŠrieur. <
ARTS VISUELS
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«Imaginer, explorer, douter… jusqu’à l’épuisement. Recommencer, passionnément, intensément, jusqu’à devenir réel.»
Téo, le taxi réinventé. Imaginé et créé par des gens d’ici.
teomtl.com PP 40010891
Mathieu St-Onge