Magazine Voir Montréal V02 #09 | Septembre 2017

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MONTRÉAL VO2 #O9 | SEPTEMBRE 2O17 ART EN JEUX VIDÉO ET AU PIRE, ON SE MARIERA LES ROIS MONGOLS TIRE LE COYOTE MON DOUX SAIGNEUR MARIE CHOUINARD BORIS VIAN ET LE SCHMÜRZ + RENTRÉE CULTURELLE MUSIQUE, SCÈNE, CINÉMA, LITTÉRATURE & ARTS VISUELS

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MARC SÉGUIN




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V

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MONTRÉAL | SEPTEMBRE 2017

RÉDACTION

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Rédacteur en chef national: Simon Jodoin Rédactrice en chef adjointe et chef de section musique: Valérie Thérien Chef des sections restos, mode de vie et gastronomie: Marie Pâris Journaliste actualité culturelle: Olivier Boisvert-Magnen Producteur de contenus numériques: Antoine Bordeleau Coordonnateur des contenus: René Despars Correctrice: Marie-Claude Masse

Directeur des ventes: Jean Paquette Adjointe aux ventes: Karyne Dutremble Conseillers aux solutions médias: Stéphane Baillargeon, Miriam Bérubé, Catherine Charbonneau, Mizia Émond-Lavoie (comptes majeurs), Céline Lebrun.

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Président: Michel Fortin Vice-président: Hugues Mailhot

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PHOTO COUVERTURE John Londoño | leconsulat.ca

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«QUAND LA POPULATION NE SERA COMPOSÉE QUE DE PERSONNES NÉES APRÈS 1980, LES GENS AURONT CONSCIENCE DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX PARCE QU’ILS SERONT NÉS LÀ-DEDANS.» Photo | John Londoño (Consulat) Assistants | Vincent Lafrance et Étienne Dufresne Maquillage | Steffi Nicole Retouches | Béatrice Munn Production | Martine Goyette

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SCÈNE Marie Chouinard Vian et son Schmürz Rentrée culturelle scène

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MUSIQUE Tire le coyote Mon Doux Saigneur Rentrée culturelle musique

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CINÉMA Et au pire, on se mariera Les rois mongols Rentrée culturelle cinéma

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LIVRES La bête, une trilogie Rentrée littéraire

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ARTS VISUELS Art en jeux vidéo Rentrée culturelle arts visuels

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QUOI FAIRE CHRONIQUES Simon Jodoin (p6) Émilie Dubreuil (p18) Monique Giroux (p32) Normand Baillargeon (p42) Alexandre Taillefer (p64)


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VO2 #O9

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SIMON JODOIN THÉOLOGIE MÉDIATIQUE

LA PLACE DU MARCHÉ En parlant de l’agora, de nos jours, on pense surtout à une place publique où on retrouve la foule à qui on peut s’adresser, un lieu de prise de parole et de manifestation. Ce n’est pas faux, mais ce qui est intéressant, quand on s’arrête pour y réfléchir, c’est de constater que ce mot, à l’origine, désignait pour les Grecs à la fois la place publique et la place du marché. C’était ainsi un lieu de transactions commerciales et de débats démocratiques. Ces deux notions étaient, pour ainsi dire, interreliées, elles allaient de pair. L’agora, c’était un endroit où on pouvait échanger des points de vue et des denrées. C’est une idée qui me traverse l’esprit chaque fois que je voyage au Québec. Dès que je le peux, j’aime avaler des kilomètres d’asphalte pour faire le tour des villes et des villages. Je me désole trop souvent de voir comment le fossé se creuse entre les villes, les urbains, et la campagne, les paysans. Pardonnez-moi à l’avance cette rupture, un peu grossière, que je trace ici, mais vous voyez ce que je veux dire. C’est dans l’air du temps de constater le clivage entre les centres urbains, où on retrouve le plus souvent les élites, les intellectuels, les travailleurs des médias, les arts et les spectacles, les collèges et les universités, les sièges sociaux et les gens d’affaires, et les «régions», où on retrouve les paysans et les villageois, la vie rurale. Cette rupture, c’est un fossé social qui s’agrandit, qui se creuse. Les Trump et Le Pen en font leurs choux gras et c’est dans ces tranchées qu’ils font germer leurs discours de division. Les incompréhensions sont immenses entre les villes et les régions, et pour cause… Nous n’avons plus de places publiques, nous avons des supermarchés, excentrés, où nous attendons en file, les uns derrière les autres, en silence.

Imaginons, pour rêver, un marché, au centre de la ville ou du village. Un endroit où les paysans pourraient venir vendre leurs produits et mettre en valeur leur riche savoir-faire. Ce serait un lieu de rencontre et de discussion, un lieu d’échange qui permettrait de créer des liens entre les urbains, les villageois, et les paysans. Une société d’État, comme la SAQ, aurait le devoir d’y installer une succursale. Pour vendre du vin et des alcools provenant de partout à travers le monde, mais aussi pour faire la promotion de produits locaux comme ceux des microbrasseries, des cidreries, des vignobles et des distilleries. Pensons-y une seconde. Le rôle d’une société d’État qui contrôle un monopole ne devrait pas se limiter à réglementer la vente d’alcool et générer des profits. Un tel outil collectif devrait être utilisé pour dynamiser le cœur des villes, des villages et la vie de quartier. Je pleure quand je vois, sur les boulevards moches en périphérie de nos agglomérations, ces immenses succursales laides et plates qui prennent place à côté des monstres à grande surface qui ont tué les centres-villes et le cœur des villages. Une société d’État, c’est d’abord et surtout un outil de développement économique et social. Il faut s’en servir. Nous pourrions même imaginer qu’un tel marché pourrait être un lieu de culture et d’éducation. On pourrait y organiser des spectacles et des expositions. On a bien enregistré une émission de télévision au Marché Jean-Talon, à Montréal, pendant des années – souvenons-nous de cette fameuse palourde royale à Des kiwis et des hommes qui avait provoqué l’hilarité générale! Alors, pourquoi ne pourrions-nous pas penser qu’un marché pourrait jouer le même rôle partout au Québec? Pensons à une scène où iraient se produire des artistes venus de tous les coins du pays. Toujours au

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Marché Jean-Talon, à l’étage, on trouve une classe de La tablée des chefs qui organise chaque année un camp de jour où on enseigne la cuisine. Les jeunes y apprennent à manger autre chose que de la merde surgelée. Un apprentissage aussi essentiel que le français et les mathématiques, si vous voulez mon avis. Pourquoi ne pas faire la même chose un peu partout, selon les spécificités locales? Cours de cuisine pour tous les curieux culinaires, interprétation du terroir pour les écoliers, ateliers avec les aînés, etc. Les déclinaisons qu’on peut imaginer sont nombreuses. On est ce qu’on mange, dit-on. Il faudrait bien se dégeler un peu les pogos. On pourrait sans doute impliquer des chefs cuisiniers et des restaurateurs dans un tel projet. Les artistes de la cuisine, partout en province, sont nos plus précieux ambassadeurs du savoir-faire d’ici. Ils aiment les produits que nous cultivons, les mettent en valeur, en sont fiers. Certains, parmi les meilleurs, ont même choisi de s’installer en région. Par ailleurs, une émission comme Les chefs!, à Radio-Canada, connaît un vif succès. Voilà qui est bien. Alors, pourquoi ne pas penser à une tournée, à des conférences données par les vedettes de la cuisine pour faire découvrir le terroir? Encore ici, nous avons une société d’État qui pourrait grandement aider. On ne se limiterait pas à la cuisine, d’ailleurs. Pensons à une émission de radio sur des

enjeux politiques qui se déplace de région en région, une émission de science comme Les années lumière qui ferait le tour de la province. La saison dernière, les gars de La soirée est (encore) jeune ont remporté un vif succès lors d’une émission enregistrée à Gatineau. Imaginez un peu s’ils refaisaient l’exercice partout. Parce que rire aussi, ça nous manque pas mal par les temps qui courent. Il faudrait, autour de ces marchés, loger la plupart des bureaux des services publics: bureaux de poste, ceux de la SAAQ, cliniques, services sociaux. Dans tous les cas, il s’agirait de multiplier les occasions, pour les citoyens, de se rendre à la place du marché, d’en faire un pôle de visibilité, un milieu de travail, un lieu où on doit passer et où il est possible de faire ses achats en découvrant le travail des paysans et en rencontrant ses concitoyens. Je pourrais rêver encore des heures à ce que pourraient être des places du marché partout au Québec. Mais dites-moi, vous, lecteurs et lectrices, quelles seraient vos idées pour dynamiser le cœur des villes et des villages tout en créant des ponts entre les urbains et les paysans? Écrivez-moi, j’aimerais bien vous lire! y sjodoin@voir.ca



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VO2 #O9

LE JARDIN DE MARIE CHOUINARD MARIE CHOUINARD REVIENT DE SAINT-JEAN-PORT-JOLI OÙ ELLE A PASSÉ UNE SEMAINE À CONTEMPLER LE FLEUVE. UNE SEMAINE POUR SE «LAVER LE CERVEAU» EN REGARDANT UN ORAGE ALORS QU’IL FAIT BEAU À L’HORIZON. CELLE QUI N’A JAMAIS EU L’ANGOISSE DE LA CRÉATION EST EMBALLÉE À L’IDÉE DE PRÉSENTER SES DEUX NOUVELLES PIÈCES À MONTRÉAL, EN OUVERTURE DE LA 20e SAISON DE DANSE DANSE. MOTS | ALESSANDRA RIGANO

PHOTOS | ANTOINE BORDELEAU

Il y a 20 ans, Marie Chouinard faisait déjà partie de la première programmation d’un diffuseur qui deviendrait déterminant pour la danse contemporaine au Québec. Pour cet anniversaire,  ses directeurs artistiques, Pierre Des Marais et Caro­line Ohrt, lui ont accordé la première place. La compagnie reprendra la pièce de répertoire Le cri du monde et présentera ses plus récentes réalisations: Soft virtuosity, still humid, on the edge et Jérôme Bosch: le jardin des délices.

La chorégraphe a d’ailleurs toujours pensé que son parcours serait similaire à celui des peintres: «Très souvent, c’est après 60 ans qu’ils réalisent les œuvres qui ont le plus de vitalité, de jeunesse, de férocité et de pulsion vitale. J’ai toujours ressenti que je serai comme ça et c’est vrai! Plus ça va, plus j’ai un pouvoir de créer, plus je suis capable de créer beaucoup de pièces.»

Cela fait plus de 40 ans qu’elle exerce le métier de chorégraphe, de manière intuitive et prolifique. La passion qui la transcende est toujours aussi percutante quand on fait sa rencontre. «J’adore encore l’art, la nature, l’amour…» Ses yeux pétillent, son corps sourit, son esprit s’évade dans l’émotion que génère l’idée de la création. «C’est comme si mes bras étaient plus longs, ma pensée plus longue, mon intelligence mathématique plus forte, mes viscères plus à l’écoute. Une bête encore pire! Je sais encore mieux comment diriger les danseurs. Il y a un plaisir… c’est fou!»

Pour celle qui habituellement n’aime pas la contrainte, Bosch aura été une heureuse exception. Marie Chouinard a accepté d’emblée la demande de la Fondation Jheronimus Bosch, basée aux PaysBas, d’honorer le 500e anniversaire de la mort du célèbre peintre. Le jardin des délices s’imposera rapidement comme point de départ pour la créatrice, tout comme l’intuition de faire une pièce en trois actes. C’est un «immense roman sur l’humanité». C’est principalement pour cette raison qu’elle a arrêté son choix sur ce triptyque emblémati­que de Bosch. Là où certains voient l’enfer, la chorégraphe comprend plutôt la réalité du monde, «des gens qui sont dans la vie de tous les jours». Là où d’autres dénoncent le péché, elle y décèle «le summum de l’innocence». «Les personnages sont tous purs; ils partagent un gros fruit ensemble, tout le monde est content. Tout est mélangé, tout est possible, tout est beau et célébrant. C’est magnifique!» Le fait d’avoir passé de nombreuses heures en studio à scruter la position de chaque

«J’aurais bien aimé rencontrer Bosch!»

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THÉÂTRE DENISE-PELLETIER

17-18

27 SEPT.

21 OCT.

2017

les bâtisseurs d’empire ou le sChmürz Un Vian à l’humour qui pince, délire et inquiète. À chacun son Schmürz ! DE

BORIS VIAN MISE EN SCÈNE

MICHEL-MAXIME LEGAULT

AVEC OLIVIER AUBIN, JOSÉE DESCHÊNES, MARIE-PIER LABRECQUE, GABRIEL SABOURIN, SASHA SAMAR ET MARIE-ÈVE TRUDEL

DÉCOUVREZ TOUTES LES RAISONS DE S’ABONNER DENISE-PELLETIER.QC.CA | BILLETTERIE 514 253-8974


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forgé sa conscience du corps et une nouvelle façon de l’observer. «Je remarquais 10 fois plus les mouvements quotidiens de tout le monde et particulièrement la démarche. Quand quelqu’un marche, dans sa façon de tenir le dos, l’amplitude de l’enjambée, la manière de déposer le pied, le mouvement dans le cou, c’est comme si la personne offrait un scan de sa vie, de son être, de son âme. Les gens ne se rendent pas compte à quel point ils sont lisibles à travers leur démarche. C’est fou! Chacun a sa démarche. C’est comme le visage: per­ sonne n’a une démarche comme une autre parce que chacun a son histoire, sa relation au monde, sa façon d’être au monde. Les gens pensent que leur visage est celui qu’ils ont eu à la naissance, mais non, pas du tout! La façon dont tu tiens tes sourcils, un p’tit coin de bouche qui est relevé ou pas; tout dans ton visage, tu le construis. Tu as une base physique, mais ce n’est rien à côté de ce que tu fais de ton visage. Et j’aime observer, regarder comment quelqu’un porte son visage.»

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personnage et de créer des points de repère pour cette pièce aura nourri son admiration pour l’artiste: «En tout cas, j’aurais bien aimé rencontrer Bosch! Je l’adore!» La peinture et la chorégraphe. L’art et la créatrice. L’émotion que lui procuraient certaines œuvres, avant d’amorcer ce parcours qui l’a rendu célèbre, aura peut-être été sa genèse. «Quand ce sont des chefs-d’œuvre, ils me donnent des chocs physiques. Ce sont des rencontres, car tu es vraiment en rapport avec l’auteur, avec son esprit, avec sa poétique, sa façon d’aimer (…). Ça m’a toujours fait ça. C’est le début de moi comme auteure et créateur. C’est moi à l’adolescence. De réaliser que j’avais de tels chocs devant des œuvres picturales, c’était ça le mystère pour moi. Comment ça se fait que cette œuvre-là me bouleverse? Pourquoi je me mets à pleurer devant tel tableau? Ce questionnement était si fort que pour mieux comprendre, je suis devenue un créateur.»

La chorégraphe a fait de cette curiosité pour le corps et le mouvement les bases de la pièce Soft virtuosity, still humid, on the edge. «Au début, c’est plutôt des torsions vers l’étonnement, la surprise, l’horreur. Plus ça va, plus ils s’en vont vers des moments extatiques. C’est très subtil et peut-être que personne ne le remarque…» Les interprètes danseront aussi leur visage: «Ils construisent un visage à partir d’un mouvement intérieur, dans les viscères, dans la respiration, dans le cœur, dans la gorge. À partir d’un mouvement intérieur, ils transforment leur visage.» La Place des Arts les accueillera à la fin septembre. Le public y est convié, non pas pour observer les pièces qui y seront présentées, mais plutôt pour se laisser imprégner par l’expérience qu’elles lui feront vivre. Tel le moment sacré où s’ouvre un triptyque ou celui où l’on pose les premiers pas à l’entrée d’une cathédrale ou d’une église: «L’espace lui-même change ta respiration, ta manière de tenir ta tête. On est transformé. Alors j’espère qu’on ne vient pas juste voir les pièces, mais que ça devient une expérience. C’est une expérience.» y Le cri du monde et Soft virtuosity, still humid, on the edge 26 et 27 septembre Théâtre Maisonneuve, Place des Arts

Danser son visage À cette époque, Marie Chouinard commençait à suivre des cours de ballet classique. Elle a ainsi

Jérôme Bosch: le jardin des délices 28, 29 et 30 septembre Théâtre Maisonneuve, Place des Arts



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VIAN ET SON SCHMÜRZ LE THÉÂTRE DENISE-PELLETIER COMMENCE SA SAISON EN FORCE AVEC UNE PIÈCE DE BORIS VIAN, LES BÂTISSEURS D’EMPIRE OU LE SCHMÜRZ. ZOOM SUR CE PERSONNAGE MYSTÉRIEUX, UN DES PLUS CONNUS DU RÉPERTOIRE DE L’AUTEUR FRANÇAIS... MOTS | MARIE PÂRIS

PHOTO | COURTOISIE THÉÂTRE DENISE-PELLETIER

C’est l’un de ses derniers textes. Boris Vian rédige en effet Les bâtisseurs d’empire ou le Schmürz peu avant sa mort en 1959. Tendant vers l’absurde, la pièce met en scène une famille et sa bonne, dont les conversations sont un peu gênées par un bruit sourd et diffus; ce bruit, c’est le Schmürz. Un personnage vêtu de lambeaux qui renvoie peut-être à la guerre, ou à la société dehors, et qui reçoit des coups quand un membre de la famille parle. Mais personne ne semble le voir pour autant. En attendant, la famille déménage à répétition pour tenter de fuir ce bruit dérangeant... C’est ce texte à l’humour étrange que le Théâtre Denise-Pelletier a choisi pour accueillir ses spectateurs après la période estivale – un beau choix audacieux. Claude Poissant, le directeur du théâtre d’Hochelaga, a fait appel au touche-à-tout Michel-Maxime Legault pour la mise en scène. «Des projets où on me propose ça, c’est comme un cadeau. Je n’ai pas à m’occuper de l’administration, etc., juste à me concentrer sur la mise en scène de la pièce, confie le jeune comédien. Je connaissais un peu le répertoire de Boris Vian, mais je n’avais jamais lu Les bâtisseurs d’empire.» Cette pièce, il se l’approprie rapidement et opte pour une mise en scène très humaine, dans laquelle il a préféré garder une certaine intemporalité malgré

son contexte d’écriture: «Si on commençait à faire des allusions à la guerre d’Algérie, ça n’allait pas résonner pour les jeunes d’aujourd’hui. Les gens qui ont le bagage de connaissances sur le contexte de la pièce vont comprendre certaines références, politiques notamment, mais les plus jeunes qui ne l’auront pas ne vont rien perdre pour autant.» Au milieu de tout ça, il y a le Schmürz, créature intemporelle. Pour créer ce néologisme, Vian se serait inspiré du mot allemand schmerz, qui signifie «douleur» – un penchant pour les sonorités germaniques qui lui vient de sa seconde épouse Ursula, Suissesse alémanique. Le Schmürz, c’est le côté noir de chacun, ce qui nous rend mal à l’aise, ce que nous refoulons au fond de nous-mêmes. En fait, chacun a son propre Schmürz. «Pour Vian, il est lié à son angoisse de la guerre, toujours présente. Il avait aussi une angoisse par rapport à l’artiste…» Humour et musique On peut aussi apprivoiser son Schmürz. C’est le cas de Zénobie, l’adolescente de la famille bourgeoise des Bâtisseurs d’empire, qui prend conscience de la présence du mystérieux personnage. «Les jeunes, comme Zénobie, ont de l’espoir, ils disent qu’ils ne feront pas comme leurs parents, leurs prédécesseurs, indique Michel-Maxime. Ils pensent qu’ils

> (DE GAUCHE À DROITE) JOSÉE DESCHÊNES, SASHA SAMAR ET GABRIEL SABOURIN

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> peuvent changer les choses, avancer… Et les parents en face ont une certaine lucidité, et leur disent de ne pas perdre leur temps car eux ont déjà essayé.» Vian, un auteur à connaître absolument selon le metteur en scène «pour son certain regard sur les choses, son urgence de vivre…» Si l’auteur de L’écume des jours est un des piliers de la littérature française, Michel-Maxime Legault a tenu à effacer l’accent d’outre-Atlantique chez ses comédiens. «Je ne voulais pas d’un côté franchouillard dans la pièce…» De même qu’elle est intemporelle, sa mise en scène a aussi un cadrage géographique très flou, et donc universel.

les gens par l’humour, mais aussi par la musique. Legault, diplômé en piano classique, a ainsi décidé d’intégrer quelques chansons de Vian dans la pièce. Les joyeux bouchers, La java des bombes atomiques… «Mais sans en faire une comédie musicale! C’est plutôt l’occasion de faire entendre le répertoire de chansons de Vian, que souvent les gens ne connaissent pas.» Au-delà des chansons, la musicalité aide beaucoup le pianiste dans ses mises en scène, et il indique construire ses pièces comme des partitions: «Entre la musique et le théâtre, il y a une familiarité dans le rythme, la respiration…» Touche-à-tout

Au début de la pièce, l’humour doit dominer. Mais plus on avance et plus la gravité s’installe. «C’est une comédie qui devient tragédie. Car on doit se conscientiser, se poser des questions sur notre humanité, analyse le metteur en scène. Le rire permet l’entrée du spectateur dans la pièce, dans le sujet. On rallie les gens par l’humour…» Rallier

À la distribution des Bâtisseurs d’empire, Olivier Aubin (le voisin), Josée Deschênes (la mère), Marie-Pier Labrecque (Zénobie), Gabriel Sabourin (le père), Sasha Samar (le Schmürz) et Marie-Ève Trudel (la bonne). «Je voulais regrouper des artistes qui m’inspirent énormément. J’aime le travail d’équipe, j’aime que les concepteurs donnent aussi leurs idées et questions sur la pièce. C’est le fruit d’un vrai travail collectif», assure MichelMaxime Legault. En attendant, il planche sur sa prochaine pièce, Savoir compter, de Marianne Dansereau, qui prendra l’affiche début novembre au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui. Entre théâtre absurde, classique ou underground, le metteur en scène navigue entre les genres. «Aujourd’hui, je n’ai pas envie de choisir, justifie Legault. J’ai envie de faire de tout, d’être polyvalent. Alors évidemment, c’est parfois compliqué quand les gens veulent nommer mon travail... Mais ma démarche s’affine en vieillissant.» S’il jongle avec les styles, Michel-Maxime Legault fait de même avec les disciplines: metteur en scène et acteur, il est également professeur d’interpré­ tation, et essaie de garder un équilibre entre ses trois métiers. Et puis il y a sa compagnie, celle du Théâtre de la Marée Haute, qui l’accompagne depuis 10 ans. «Elle me donne plus de liberté de création, pour des projets plus personnels…» Son Schmürz à lui, c’est sans doute l’ennui. y

Les bâtisseurs d’empire ou le Schmürz du 27 septembre au 21 octobre Théâtre Denise-Pelletier

MICHEL-MAXIME LEGAULT, PHOTO | HUGO B. LEFORT

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BASHIR LAZHAR D’EVELYNE DE LA CHENELIÈRE

QUAND LA PLUIE S’ARRÊTERA D’ANDREW BOVELL

SALOON, DU CIRQUE ÉLOIZE PHOTO | JIM MNEYMNEY PHOTOSDECIRQUE.COM

LA NUIT DU 4 AU 5 DE RACHEL GRATON PHOTO | JULIE ARTACHO


17 RENTRÉE CULTURELLE SCÈNE

L’AUTOMNE DE TOUTES LES SCÈNES Une autre saison théâtrale alléchante débute ces jours-ci à Montréal. Voici les offres artistiques qui retiennent notre attention en théâtre, en danse et en cirque. MOTS | VALÉRIE THÉRIEN

Les incontournables

Les bons coups

Cet automne, le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui s’offre de grandes retrouvailles. Le personnage sensible de Bashir Lazhar est de retour sur les planches 10 ans après la création de la pièce émouvante du même nom d’Evelyne de la Chenelière. Pour les spectateurs qui n’auraient vu que l’adaptation cinématographique très remarquée de Philippe Falardeau, quelle belle occasion de faire connaissance avec Bashir Lazhar sous sa forme originale. Dans la pièce, monsieur Lazhar (Rabah Aït Ouyahia), un immigrant, doit remplacer une enseignante qui s’est enlevé la vie dans une école primaire. Cette nouvelle mise en scène du directeur artistique Sylvain Bélanger sera présentée du 19 septembre au 14 octobre.

Du côté de La Chapelle, les chorégraphes David Albert-Toth et Emily Gualtieri de la compagnie Parts+Labour_Danse proposent une œuvre autour de la masculinité sous toutes ses facettes. La vie attend est une création mettant en scène cinq danseurs présentée du 27 septembre au 7 octobre.

À te regarder, ils s’habitueront est un grand rendez-vous théâtral autour de la réappropriation culturelle. Six metteurs en scène (Nini Bélanger, Bachir Bensaddek, Mélanie Demers, Dave Jenniss, Chloé Robichaud et Jean-Simon Traversy) et onze interprètes (dont Angie Cheng et Inès Talbi), issus de la diversité, reviennent sur les grands textes de notre histoire, des poèmes de Miron au manifeste du FLQ. Voilà une initiative fort intéressante qui devrait faire du bruit. Du 5 au 30 septembre.

L’artiste en résidence Angela Konrad présentera à l’Usine C du 10 au 21 octobre un spectacle réunissant le comédien Éric Bernier, quatre danseurs et un chien. Last Night I Dreamt That Somebody Loved Me est l’histoire d’un homme qui cherche l’amour et qui s’achète un chien qui s’avère philosophe. Une pièce sur fond de chansons de The Smiths qui «interroge les rapports entre la “culture du narcissisme” et la quête du bonheur».

Quand la pluie s’arrêtera ouvre la saison chez Duceppe. Frédéric Blanchette met en scène ce texte de l’Australien Andrew Bovell du 6 septembre au 14 octobre. Naviguant entre l’Australie du futur – en 2039 à Alice Springs, où il ne cesse de pleuvoir – et l’Angleterre du passé, la pièce traite des enjeux environnementaux et de ce qu’on lègue aux générations qui nous suivent. Avec Normand D’Amour et Véronique Côté.

On a vu Geneviève Boivin-Roussy dans plusieurs téléromans ces dernières années et voilà que la comédienne sera sur les planches pour La nuit du 4 au 5, création de la comédienne Rachel Graton qui prend le chapeau d’auteure. L’histoire est celle d’une femme qui tente de reconstruire chronologiquement la nuit de son agression. Au Théâtre d’Aujourd’hui du 26 septembre au 14 octobre dans une mise en scène de Claude Poissant.

À souligner En rafale, le Cirque Éloize présentera le spectacle tout droit tiré du Far-West Saloon du 20 au 30 septembre au Monument-National. Le film de Denis Côté Vic + Flo ont vu un ours (2013) sera adapté pour la scène, en anglais, du 21 novembre au 2 décembre au Théâtre Centaur. Michael Mackenzie signe cette adaptation du récit d’une femme récemment sortie de prison qui retrouve son amante dans les bois. Un autre récit de deux femmes en exil, Je disparais, sera présenté au Prospero du 26 septembre au 21 octobre. Guillaume Corbeil signe la traduction de la pièce du Norvégien Arne Lygre dans une mise en scène de Catherine Vidal. y


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ÉMILIE DUBREUIL SALE TEMPS POUR SORTIR

BIENVENUE AU FESTIVAL DU CINÉMA MENTAL Ma mère avait un petit commerce dans lequel j’ai litté­ ralement grandi. C’était avant l’époque des services de garde. L’autobus scolaire me déposait donc à la boutique après l’école et j’y faisais mes devoirs, assise sur un petit banc à côté de la caisse. Richard, le gérant, cachait une boîte de biscuits Oreo dans un des tiroirs du grand comptoir qui servait à emballer les cadeaux, et je les dégustais en prenant un malin plaisir à écouter les clients bavarder entre eux ou avec ma mère et ses vendeuses. J’avais d’ailleurs toujours très hâte d’arriver au magasin. Sans doute avais-je compris, même à cet âge précoce – j’étais au primaire – qu’il se déroulait en ce lieu beaucoup plus que des transactions simplettes. Les habitués s’y arrêtaient en rentrant du bureau. On venait donner des nouvelles, discuter de la météo ou de la politique, des derniers potins du coin. À certaines heures-clés de la journée, la boutique de ma mère devenait, en fait, comme une petite place de village. Adulte, j’ai donc toujours voulu encourager les «petits» commerçants indépendants, convaincue de leur utilité sociale. Une source sans prétention de chaleur humaine dans nos cités anonymes. Ces petits commerçants, je leur suis fidèle. Ça doit bien faire 20 ans déjà, par exemple, que je fréquente la quincaillerie de monsieur Robert. Souvent, comme le faisaient les clients de ma mère, je passe le voir, j’achète un petit truc, mais j’y vais surtout pour le plaisir d’échanger avec lui. Surtout que monsieur Robert, sous ses dehors de quincaillier pragmatique, a toujours des histoires rocambolesques à me raconter. Il y a quelques années, j’étais arrivée affolée dans sa boutique. Un mulot s’était immiscé dans mon appartement et je voulais un piège. Il m’a dit qu’il était pressé, mais a pris le temps de me montrer comment l’installer. — Vous fermez tôt ce soir, Monsieur Robert. — Oui, je dois me rendre à une conférence. — Ah bon. Une conférence sur quoi? — Les extraterrestres!

Depuis, chaque fois que je vais acheter des clous, des vis ou autres bidules, je le fais parler de sa passion pour les extraterrestres. Il est convaincu que lorsqu’il était jeune, il a vu un vaisseau spatial survoler les champs de maïs de la ferme familiale. Depuis, il cherche à décoder les signes qui prouveraient l’existence des habitants d’une autre planète. Il pense que ce sont des êtres de lumière bleue, qu’ils sont graciles et agiles, super intelligents. Pourtant, Robert n’est pas un hurluberlu, mais son projecteur de cinéma mental fonctionne à fond. Il se fait un film vu uniquement de l’intérieur. Même si je m’amuse des élucubrations de Robert, je ne l’ai jamais jugé. Ne sommes-nous pas tous les auteurs de films qui ne sont vus que par nous-mêmes? Combien d’heures passons-nous à essayer de décoder des signes de quelque chose… qui n’existe que dans notre tête? Un vieux copain à moi – fiscaliste, rationnel, super brillant – déboule à la maison l’autre soir. — Je passais dans le coin, je ne te dérange pas? — Non, entre! — En fait, je ne resterai pas longtemps, je voulais juste que tu me dises ce que tu penses du texto que Mylène m’a envoyé. Mylène est une fille qu’il aimerait bien séduire… et plus si affinités. Sur ce, il sort son téléphone et entreprend de me lire les quelques messages qui précèdent le texto fatidique que je dois déchiffrer comme on décoderait une missive en morse. Et le texto va comme suit: «Je suis dans le jus. Je pense à toi. À bientôt, j’espère.»


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> Mon ami est au bord de la crise de nerfs. — «À bientôt, j’espère», tu penses que ça veut dire: «Ciao, mon gars, on se recroisera peut-être dans la rue un de ces jours» ou ça veut dire: «J’ai hâte de te voir»? Quand elle dit: «Je suis dans le jus», ça veut-tu dire «Décroche mon gars, j’ai pas de temps pour toi»? Sérieux, moi je pense qu’elle a décidé que c’était terminé et qu’elle a pas vraiment envie de me revoir. Je l’ai lu 200 fois le texto et j’pense que c’est ça. Que mon ami se mette à parler comme une adolescente de 14 ans n’est pas uniquement dû à des sentiments amoureux qui affectent ses moyens intellectuels. Car, à travers cette tentative de donner un corps à une phrase banale comme «À bientôt, j’espère», il y a surtout un machiniste qui actionne la manivelle du cinéma mental. Nerveux, il attendait le verdict de l’oracle. La traduction. Mais, j’ai juste ri aux larmes. Même si je suis moimême l’organisatrice du Festival du cinéma mental des Amériques. Et je n’ai même pas besoin de Québecor pour me donner un coup de pouce. Ma programmation va de la comédie romantique au drame, en passant par le suspense. En cette ère de communications numériques, les mots virtuels sont d’infinies sources d’inspiration pour ceux ANNONCE VOIR • SOCIÉTÉ DU 375 • SESSION375 POP MONTRÉAL qui souffrent du• PARUTION: syndrome FORMAT FINAL: 8.375” X 5.4” • VERSION: FRANÇAISE • COULEUR: CMYK SEPTEMBREde l’imagination débordante. e

La semaine dernière, alors que je n’avais pas une minute à moi, une copine m’écrit: «Ça va?» Je ne réponds pas, je n’ai pas le temps et je déteste répondre à ce genre de question plutôt vague en tapant sur un clavier. Le lendemain, nouveau texto: «T’es fâchée?» Un petit court métrage dans sa tête, elle s’était imaginé que… enfin. Si l’on fréquentait plus de petits magasins, qu’on prenait le temps de bavarder de vive voix, peut-être que l’on perdrait moins de temps à se faire des scénarios, à fréquenter un «cinéma d’auteur» inutile et, souvent, anxiogène. — Dis donc, arrête de rire, là, et dis-moi donc ce que tu en penses pour vrai… — Appelle-la, va la voir, invite-la à voir un film qui se déroule à l’extérieur de ton cerveau. Sur les entrefaites, le téléphone a sonné. C’était Mylène. Elle avait terminé plus tôt que prévu et se demandait si l’ami voulait prendre un verre… Fin y

Programmation officielle

Une expérience spécialement créée pour célébrer Montréal signée

Une journée GRATUITE le 16 septembre Dès 12h Ancienne École des beaux-arts BBQ en musique Foire du disque

Dès 19h Complexe du théâtre Rialto Spectacles en salle

Buffalo Hat Singers • Rara Jazz de Montréal • Orkestar Kriminal Klô Pelgag • Shades of Culture Aba & Preach • Bonjay • Lunice Kid Koala’s Vinyl Vaudeville

RZA Live from the 36th Chamber of Shaolin • Melody McKiver Lido Pimienta • Alsarah & the Nubatones • Jeremy Dutcher Aldous Harding • Laura Sauvage Ebhoni • Strange Froots Think about life • Série de DJ locaux

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RSVP obligatoire

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Détails et réservations : 375mtl.com/sessions375pop


20 MUSIQUE VOIR MTL

VO2 #O9

O9 / 2O17

CHASSER LES MÉCANISMES BENOIT PINETTE CHASSE LES MAUVAISES HERBES SUR DÉSHERBAGE, QUATRIÈME ALBUM DE TIRE LE COYOTE, GROUPE QUI POURRAIT LAISSER PLACE À UN NOUVEAU CHAPITRE CES PROCHAINES ANNÉES. MOTS | VALÉRIE THÉRIEN

PHOTO | ANTOINE BORDELEAU

«Pour être franc, c’est probablement l’album qui a été le plus dur à pondre», lance Benoit Pinette, alias Tire le coyote. À la suite du succès de son troisième disque Panorama (2015), le chanteur et musicien folk rock a vécu sa plus grosse tournée. Toutefois, ce rayonnement accru a créé une certaine pression chez lui quant à la direction de ce nouvel album intitulé Désherbage. «C’est toujours difficile de trouver l’équilibre entre évoluer et rester fidèle à son style musical, explique-t-il. Je me suis mis à imaginer les gens qui ont des gros succès populaires. Ça m’est jamais arrivé, mais je me dis que quand tu sors un nouvel album après un succès comme ceux d’Alex Nevsky ou de Patrice Michaud, ça doit être tough de juste se laisser aller sans penser à la mise en marché, le marketing et tout ça.» Benoit Pinette s’est aussi lancé en terrain inconnu pour la création de Désherbage, son nouveau disque qui met en valeur sa poésie sensible au vocabulaire riche et sa voix si singulière rappelant Neil Young. Lui qui était habitué d’écrire des chansons ici et là, sur la route ou ailleurs, a composé cette fois-ci en bloc pendant quelques mois. Il explique que cette bulle créative s’est avérée être un défi supplémentaire. «C’est la première fois – financièrement – que je pouvais me permettre d’arrêter et de juste écrire. Ma tournée s’est terminée en septembre 2016 et je me suis donné jusqu’à Noël pour écrire le plus possible l’album. Bien honnêtement, j’ai pas aimé ça et je ne le referai plus! Ça met de la pression, avoir un temps précis pour écrire tant de chansons. Ça m’énervait.»

Mais lorsqu’on travaille ainsi sur un album, inten­ sément sur une courte période, n’arrive-t-on pas plus aisément à un fil conducteur? «Je me suis posé la question aussi et la réponse est oui, pour la moitié d’un album, et à un moment donné, après cinq ou six chansons sur les mêmes sujets, j’ai besoin d’aller ailleurs. Même si je veux que ça se tienne, je peux pas réfléchir à un album comme un album-concept.» Des thématiques abordées dans les textes de Dés­herbage, on retient l’enfance et la nostalgie. «Mes enfants sont rendus à cinq ans et sept ans, c’est pourquoi l’enfance revient quelques fois sur l’album, confie-t-il. Pour la pièce-titre, j’ai ima­ giné un genre de première peine d’amour quand t’es adolescent. J’ai voulu me plonger dans cette période qui est tellement importante dans une vie. C’est fou à quel point ça forge ce que tu vas devenir comme personne. C’est un moment dans la vie où tu développes certains mécanismes et on se rend compte en ayant ses propres enfants qu’on a besoin de s’en défaire comme parent pour ne pas recréer les mêmes patterns.»

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Simplement délicieuses, ces salades d’inspiration hawaïenne ensoleilleront vos papilles.

CENTROPOLIS LAVAL Réservation : 450 682-2007 195, promenade du Centropolis, Laval, QC H7T 0B3

QUARTIER DIX30 Réservation : 450 890-3927 9180, boulevard Leduc, suite 210, Brossard, QC J4Y 0L1

GALERIES DE LA CAPITALE Ouverture bientôt

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Pour la confection de Désherbage, Benoit Pinette a demandé à deux amis guitaristes, Benoit Villeneuve (Shampouing) et Simon Pedneault, de se joindre à lui à la réalisation. Ensemble, ils ont trouvé la recette pour bien amalgamer l’énergie plus brute de Sham­ pouing, collaborateur de longue date de Tire le coyote, et celle plus mélodique de Pedneault. «L’harmonie dans les guitares donne une puissance à l’album», commente Benoit Pinette. La palette de couleurs semble être plus large sur ce quatrième disque, en partie grâce à l’apport plus important de piano et de claviers. «On est encore dans le folk, mais le côté country et les racines de musique américaine sont moins présents et ça, c’est très volontaire, dit le principal intéressé. Y’a des tounes qui demandaient à être plus “rentrededans”, mais les claviers amènent un côté plus ambiant. Donc c’était cette idée d’aller aux extrêmes, mais sans oublier que la toune était composée à la guitare acoustique et que ça reste du folk. Pour la suite, je pense déjà à un prochain album – qui ne sera peut-être pas du Tire le coyote – que je ferais à partir de claviers.»

«JE ME SUIS DEMANDÉ SI J’ÉTAIS PAS RENDU AU BOUT DE CE QUE TIRE LE COYOTE AVAIT À DIRE. J’AURAIS ENVIE DE FAIRE ÉCLATER LA BULLE.» Voilà qui pique notre curiosité. Tire le coyote tirerait à sa fin? Pas tout à fait, dit Benoit Pinette. Mais avant de penser à un cinquième album de son groupe, il sent l’appel de faire une parenthèse musicale. «Tire le coyote, ça va faire 10 ans que ça existe en 2018. Artistiquement, ça fait 9 ans que je ne fais que Tire le coyote, que je compose seul chez moi. Plus t’as d’albums, plus l’espèce de bulle de ce que t’as envie de dire comme artiste rétrécit. Pis là, je me suis demandé si j’étais pas rendu au bout de ce que Tire le coyote avait à dire. J’aurais envie de faire éclater la bulle. En changeant de nom, je pourrais vraiment aller ailleurs. Pas que je renie tout, parce que je suis super content de l’évolution de Tire le coyote, mais j’aime pas m’emmerder et je suis vraiment critique avec moi-même. Donc si j’ai pas l’impression d’amener le projet ailleurs, je peux pas le faire.» Avant de découvrir Benoit Pinette sous un nouveau jour, on le suit avec grand plaisir dans les champs et on se «désherbe» l’esprit avec ce nouvel album. y Désherbage (La Tribu) Sortie le 22 septembre


LA TOUTE NOUVELLE CROSSTREK EST LÀ. ET PAR « LÀ », COMPRENEZ SIMPLEMENT LÀ OÙ ELLE A ENVIE D’ÊTRE. La toute nouvelle Crosstrek 2018 est là et elle vous invite à partir à l’aventure au gré de vos inspirations : à la plage, à la montagne, autour des lacs… Partez avec un plus gros volume

de chargement, une meilleure autonomie et une adhérence améliorée en montée comme

en descente grâce à la fonction X-Mode. Bien sûr, la traction intégrale symétrique à prise

constante Subaru est de série. Alors, en route pour l’aventure ! La toute nouvelle Crosstrek est toujours partante. Pour plus d’informations, visitez subaru.ca/crosstrek. ‡ Te c h n o l o g i e d ’ a i d e à l a c o n d u i t e

*Le modèle présenté est la Crosstrek 2018 Édition Limitée CVT avec Eyesight® (JX2 LPE). Photo à titre indicatif seulement. Les spécifications techniques peuvent changer sans préavis. Consulter le Manuel du propriétaire pour les détails du fonctionnement et les limites. **EyeSight® est un système d’assistance au conducteur qui peut ne pas fonctionner dans certaines conditions. Il incombe en tout temps au conducteur d’adopter une conduite sécuritaire et prudente. L’efficacité du système dépend de nombreux facteurs, tels que l’entretien du véhicule ainsi que les conditions météorologiques et routières. Visiter votre concessionnaire Subaru participant pour tous les détails. Crosstrek et Subaru sont des marques déposées.


UN PEU D’AIR INCARNANT AVEC DÉSINVOLTURE LE PROJET FOLK ROCK MON DOUX SAIGNEUR, EMERIK ST-CYR LABBÉ CRÉE COMME IL RÉFLÉCHIT: AVEC BEAUCOUP DE LIBERTÉ ET UN PEU D’INCERTITUDE. MOTS | OLIVIER BOISVERT-MAGNEN

PHOTO | ANTOINE BORDELEAU

Le Johannais d’origine a (parfois) la tête en l’air. Une semaine avant cet entretien, il nous a fait faux bond, alors qu’on l’attendait tranquillement à la Casa del Popolo. «Hey, y a un souci… Emerik est à Sept-Îles. Il a oublié qu’il avait une entrevue et je sais pas trop, il est parti à Sept-Îles», nous avait alors appris son attachée de presse chez Grosse Boîte, prise de court elle aussi. «Ouais, j’avais complètement oublié», admet le principal intéressé, avant d’y aller d’une explication abracadabrante. «En m’en revenant du Festif!, j’ai décidé d’aller à Natashquan rejoindre des amis. L’affaire, c’est que j’étais rendu à Québec, donc fallait que je revire de bord et que je fasse 12 heures de char. À Baie-Saint-Paul, le radiateur de mon char a sauté… Le Festif! était fini, donc en attendant que mon auto se fasse réparer, je suis allé voir une gang de jeunes qui s’en allaient au skate park, fait que j’ai chillé avec eux autres un peu, pis je suis retourné me coucher en bas du pont où j’étais pendant le festival. Après ça,

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MUSIQUE 25 VOIR MTL

j’ai étiré mon séjour en passant par Kamouraska voir des amis qui venaient de s’acheter une auberge. J’avais besoin de prendre un peu d’air avant le lancement de mon disque. Je sentais que c’était important.» Esprit libre s’il en est un, le Montréalais d’adoption aime se laisser guider par le flot de la vie, invoquant l’importance de la légèreté et de l’incertitude comme d’autres le feraient avec la rigueur et l’ambition. «J’aime mieux douter de ce que je vais faire demain que d’avoir une vie monotone», résume-t-il. Derrière son apparat insouciant, Emerik St-Cyr Labbé laisse toutefois entrevoir les marques d’un drame omniprésent dans son œuvre. En trame de fond de son premier album, la mort de son père l’a profondément peiné. «On l’a vécu dur…» confiet-il, en parlant au nom de sa famille. «C’était un homme très généreux. En fait, ça lui demandait tellement d’énergie d’être là pour les autres qu’il ne lui en restait pas beaucoup pour lui. Du coup, il a jamais tenté d’imposer un tracé à ses enfants… Il nous a toujours fait confiance.» Écrite à peine 36 heures après la tragédie, Chaque matin parle d’un «ouvrier urbain» qui perd le fil de sa vie à force de répéter aveuglément sa routine. «Il faut que tu roules ta bosse avant que la bosse te roule», chante l’auteur-compositeur-interprète de 26 ans. «C’te chanson-là, elle est sortie à 8h le matin, une heure à laquelle je dors habituellement. J’étais démuni, j’avais plus rien à dire à personne. Y a fallu que j’m’assoie et que je joue de la guitare. Chanter, c’était ça qui me faisait du bien», confie-t-il. «Le soir même de sa mort, j’étais allé jouer de la guitare dans le parking du Couche-Tard près de chez mes parents. J’improvisais un jam, comme si je méditais. Mes doigts jouaient tout seuls sur ma guitare.» Loin du récit larmoyant dans lequel il aurait facilement pu verser, cet album est traversé par une tristesse vague, un certain spleen urbain ancré dans ce que l’auteur-compositeur-interprète appelle «l’île aux calvaires» sur une chanson autobiographique à propos de Montréal. «C’est l’histoire d’un gars de la Montérégie qui arrive en ville, qui veut prendre part à tout ce qui se passe et qui embarque dans le chalutier peu importe c’est quoi la température sur la mer», image-t-il. «À Montréal, le moment présent est dur à ressentir, car on est toujours dans le futur pis dans l’after de l’after de l’after. Pour moi, des fois, c’est trop… Je dois reculer un peu et apprendre à vivre lentement, même si j’aime ça aller au bar et que j’ai tendance à me brûler en abusant des bonnes choses.»

VO2 #O9

Médium de survie Originaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, le chanteur a pris racine dans la métropole il y a quatre ans. Désirant faire de sa guitare «un médium de survie», l’artiste a perfectionné ses compositions en jouant sur son balcon. «Je voulais pas avoir besoin de grand-chose ni de personne pour entamer ce projet-là. À la limite, un massothérapeute a à peu près la même démarche que moi, car il a juste besoin de ses mains pour faire son métier», ana­ lyse-t-il. «Graduellement, la musique que j’fais a décidé qu’elle avait besoin de plus d’instruments pour être à son plein potentiel. Le band s’est formé naturellement dans les deux dernières années.» Complété par le bassiste Étienne Dupré, le batteur Mandela Coupal ainsi que les guitaristes David Marchand et Eliott Durocher, Mon Doux Saigneur est cette entité un peu vague qui dépasse le cadre du pseudonyme, sans toutefois représenter un groupe à proprement dit. «Concrètement, j’impliquerais personne dans la démarche [du groupe], car personne peut vraiment la comprendre. Même moi, c’est un peu nébuleux où je m’en vais...» admet-il. «C’que j’veux, c’est que le projet allume les gens dans leur propre cosmos, sans nécessairement avoir à associer ma face à ça.» Bref, le chanteur aime l’idée de s’effacer derrière sa musique, préférant suivre son propre courant plutôt que de se conformer aux standards de l’industrie du spectacle. Durant les Francouvertes, on lui avait d’ailleurs reproché de ne pas assez interagir avec la foule. «Je suis pas un animateur», clame celui qui a atteint la finale du concours en 2016. «Si ne pas parler entre des chansons cause un malaise, ça veut peut-être dire que la musique n’est pas assez bonne… Pis si on a envie que j’me présente et que j’dise d’où je viens avant une toune, on est peut-être aussi bien de faire un barbecue qu’un show.» Mais peu à peu, le Montérégien se prête au jeu et accepte de faire des compromis. «J’ai encore un peu de misère à fitter dans ce qu’on attend de moi. En entrevue, par exemple, on veut souvent obtenir une réponse de ma part, alors que j’réponds en même temps que je pense», dit-il, honnête. «Au-delà de ça, j’ai pas trop de difficulté à faire des compromis, car j’me nourris beaucoup de ce qui m’est suggéré. J’aime bouncer sur ce qui se présente, sans avoir à être collé sur un plan précis. Spontanément, j’ai tendance à dire oui à tout ce qu’on me propose.» Une virée impromptue à Sept-Îles, par exemple. y Mon Doux Saigneur – sortie le 8 septembre Lancement à La Tulipe – 7 septembre

O9 / 2O17


YANNICK NÉZET-SÉGUIN PHOTO | ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN FRANÇOIS GOUPIL

MAUDE AUDET PHOTO | MARC-ÉTIENNE MONGRAIN

RYMZ PHOTO | OLIVIER ROBITAILLE

DANY PLACARD PHOTO | SARAH MARCOTTE-BOISLARD


27 RENTRÉE CULTURELLE MUSIQUE

UNE RENTRÉE PLEIN LES OREILLES Une saison musicale intense s’annonce à l’horizon. Les étiquettes de disques québécoises ne chôment pas et nous en sommes fort reconnaissants! Voici quelques sorties de disques attendues et des concerts à mettre à l’agenda cet automne. MOTS | OLIVIER BOISVERT-MAGNEN, VALÉRIE THÉRIEN ET EDOUARD GUAY

Mara Tremblay – Cassiopée Si Mara Tremblay a su développer une chimie musicale hors pair pendant plus d’une décennie avec ses inséparables collaborateurs Pierre Girard et Olivier Langevin, voilà qu’elle prend une toute nouvelle direction pour son cinquième album studio. Cette fois, c’est entouré de son copain Sunny Duval et de son fils Victor Tremblay-Desrosiers, respectivement guitariste et batteur, que la BaieComoise a enregistré l’essentiel de son nouvel opus, à paraître cet automne sous Audiogram. Loin d’en être à sa première expérience artistique avec les deux musiciens, l’auteure-compositrice-interprète de 48 ans avait au préalable donné quelques spectacles en leur compagnie durant la tournée d’À la manière des anges en 2015. Bref, on peut bel et bien parler d’un nouveau départ pour la chanteuse, car en plus d’avoir renouvelé son équipe, elle signe ici sa première réalisation d’album à vie. Sortie le 3 novembre. (O. Boisvert-Magnen) Saisons classiques La contralto Marie-Nicole Lemieux se joindra au chef Yannick Nézet-Séguin et à l’Orchestre Métropolitain pour un soir seulement, le 22 novembre à la Maison symphonique, dans le cadre d’un pro-

gramme exclusivement français où l’on revisitera Berlioz, Ravel, Saint-Saëns et Debussy. Puisque l’on célèbre Montréal en grand cette année et que la métropole est reconnue comme étant l’une des capitales mondiales de la production de jeux vidéo, l’Orchestre Métropolitain présente le 29 septembre à la salle Wilfrid-Pelletier La symphonie du jeu vidéo, réunissant les musiques de productions d’ici. Du côté de l’Orchestre symphonique de Montréal, la saison s’ouvrira en septembre avec la symphonie Des Mille de Mahler. L’OSM accompagnera ensuite le populaire groupe Half Moon Run sur la scène de la Maison symphonique les 26 et 27 septembre. (V. Thérien)

Dany Placard – Full Face Dany Placard, de son vrai nom Dany Gauthier, fait partie de ces fiers vétérans du folk rock originaires du Saguenay–LacSaint-Jean. Roulant sa bosse depuis 1998, tantôt en duo, tantôt seul, ou en tant que réalisateur d’albums pour Chantal Archambault ou Louis-Philippe Gingras, par exemple, Placard fera paraître Full Face, son cinquième opus solo. L’album, réalisé sous l’étiquette Simone Records, marque un virage rock alternatif, loin des guitares sèches et des harmonicas des débuts. Le premier extrait, l’accrocheuse pièce

Sleeping Bag, indique cependant que Placard n’a pas oublié pour autant ses racines folk et country… Trois ans après Santa Maria, le retour de ce musicien touche-à-tout, aux textes bien singuliers, est plus que bienvenu. À paraître le 29 septembre. (E. Guay)

Rymz – Mille soleils Rymz revient avec un nouvel album, alors qu’il termine à peine les spectacles en soutien à Petit Prince, son honorable deuxième opus solo paru au printemps 2016. Auparavant secret bien gardé de la scène rap locale, le rappeur originaire de Saint-Hyacinthe touche maintenant un plus large public, et Mille soleils va sans doute lui permettre de poursuivre sur cette lancée. Moins agressif que son prédécesseur, l’effort profite d’une ligne directrice plus soul, encore une fois concoctée par ses fidèles acolytes Shash’U, Gary Wide, Neo Maestro et Farfadet. Toujours porté à explorer ses zones d’ombre à travers des récits parfois rudes, Rymz laisse ici plus de place à ses émotions et au «feeling de la musique». Prévu pour le 10 novembre sous Joy Ride Records, Mille soleils paraîtra dans la même saison qu’une autre parution fort attendue de l’étiquette montréalaise: le premier album solo de Loud. (O. Boisvert-Magnen)

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MD

Orchestre symphonique jouant la bande originale de John Williams en direct sur scène.

21 octobre, 19 h 30 & 22 octobre, 15 h

W W W.H AR RYP OTTER I N C ONCERT. COM

UN FILM-CONCERT DE LA SÉRIE HARRY POTTER MD PRÉSENTÉ PAR ATTILA GLATZ CONCERT PRODUCTIONS OFFERT PAR CINECONCERTS MD

HARRY POTTER et tous les personnages et éléments qui y sont associés sont des marques de commerce et © de Warner Bros. Entertainment Inc. J.K. ROWLING`S WIZARDING WORLD J.K. Rowling et Warner Bros. Entertainment Inc. Droits d`edition © JKR. (s17)


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PAUPIÈRE, PHOTO | CHRISTINE GROSJEAN

Paupière – À jamais privé de réponses Après le EP Jeunes Instants, le trio de synthpop montréalais annonce enfin la sortie d’un premier album complet. Né de la rencontre entre une artiste visuelle (Julia Daigle), une comédienne (Éliane Préfontaine) et un musicien vétéran (Pierre-Luc Bégin, membre de We Are Wolves), Paupière mélange habilement la musique pop dance à des compositions sensuelles et envoûtantes qui rappellent le courant new wave des années 1980. Trois extraits du disque à paraître, dont la rêveuse Rex, sont disponibles sur le Bandcamp du groupe en attendant de pouvoir se mettre l’album entier sous la dent. À paraître le 15 septembre. (E. Guay)

Maude Audet – Comme une odeur de déclin Après un début de carrière remarqué dans la Vieille Capitale, Maude Audet a lancé un deuxième album fort convaincant en 2015, Nous sommes le feu. Elle nous revient cet automne avec un album somptueux de folk alternatif et de grunge qui mise sur des textes évocateurs, une voix chaleureuse qui rappelle la regrettée Ève Cournoyer et un univers musical dans la famille de Catherine Durand. Nouvellement signée sous étiquette Grosse Boîte (Fred Fortin, Les sœurs Boulay), la chanteuse et musicienne autodidacte prend du galon sur ce disque qui arrive comme une bonne dose de «girl power», puisque réalisé en compagnie d’Ariane Moffatt. Du lot des collaborateurs du disque, on retrouve les talentueux Robbie Kuster, Marie-Pierre Arthur, Joe Grass, Antoine Corriveau, Marianne Houle et Julie Boivin. Sortie le 29 septembre. (V. Thérien) y


À ÉCOUTER

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HHHHH CLASSIQUE HHHH EXCELLENT HHH BON HH MOYEN H NUL

THE NATIONAL SLEEP WELL BEAST (4AD) HHH 1/2

PIERRE KWENDERS MAKANDA AT THE END OF SPACE, THE BEGINNING OF TIME

(Bonsound) HHH 1/2

Il faut plusieurs écoutes pour saisir toute la richesse des arrangements de MAKANDA, deuxième album de l’auteur-interprète montréalais Pierre Kwenders. Orchestrée avec ingéniosité par le visionnaire réalisateur et compositeur Tendai Baba Maraire, moitié du duo hip-hop seattlien Shabazz Palaces, l’œuvre porte la rumba congolaise vers des horizons insoupçonnés, là où se côtoient les basses creuses (Woods of Solitude), les cordes prenantes (Sexus Plexus Nexus) et les synthétiseurs rétrofuturistes (Tuba Tuba). À travers tout ce fouillis savamment mené, le jeu de guitare habile et précis de Hussein Kalonji (du collectif Chimurenga Renaissance) assure une ligne directrice à l’album, à l’instar de la voix de Kwenders qui, à défaut d’être transcendante, fait ici preuve d’une impressionnante polyvalence. Parfois effacé derrière ses éminents collaborateurs, le Congolais d’origine est à son meilleur sur ses chansons en solo. (O. Boisvert-Magnen)

Probablement l’un des groupes les plus constants de la scène indie rock américaine, The National signe un septième album efficace qui ne dépaysera pas les amateurs. Chargé d’émotions (gracieuseté de la formidable voix baryton de Matt Berninger), porté par une puissante batterie et par des textes énigmatiques où beauté et laideur ne font qu’un, Sleep Well Beast nous présente plusieurs bêtes qui hantent l’humain, dont la rupture amoureuse, les paradis artificiels et le manque de communication. Le groupe ne manque pas, au passage, de décocher une flèche au cynisme ambiant, symbolisé par un président qui ne sera jamais nommé… Si l’on peut reprocher à The National de faire du surplace sur certaines pièces, quelques expérimentations électroniques et des moments de rock énergique donnent à l’album de quoi se mettre sous la dent. (E. Guay)

BOKANTÉ STRANGE CIRCLES (Music Works International) HHHH Quatre guitares, trois percussionnistes et une audacieuse chanteuse et parolière montréalaise, Malika Tirolien, originaire de la Guadeloupe: voilà le projet fou qui nous a administré toute une claque au Club Soda, le 29 juin dernier. L’Américain Micheal League, co-leader de la formation funk progressif nouvelle tendance Snarky Puppy, décrit ce projet secondaire comme une réunion polyglotte à la fois multiethnique et multigénérationnelle. Le chroniqueur Thom Jurak y voit clairement, quant à lui, un hybride zeppelinesque de folk caribéen superposant le blues de l’Afrique de l’Ouest à celui du Delta du Mississippi. Voilà donc une nouveauté, à laquelle rien ne nous préparait. Et Malika la conteuse aux fables incisives qui brode sur le karma dans Nou tout se yonn (nous sommes tous un), expliquant comment chacun récolte ce qu’il sème. En passant, le mot Bokanté évoque l’échange en créole antillais. Ce disque est important. (R. Boncy)

MEKLIT WHEN THE PEOPLE MOVE, THE MUSIC MOVES TOO (Six Degrees) HHHH Dieu merci, il est encore de ces rares albums qui, avant même la fin de la minute initiale, vous transmettent la certitude que vous allez les aimer longtemps. C’est précisément le cas avec le quatrième opus de la chanteuse éthiopienne Meklit Hadero, fort possiblement son meilleur. Après un départ flamboyant avec This Was Made Here, on enchaîne ensuite avec I Want to Sing for Them All où résonnent très forts les noms de Leonard Cohen et de Doctor Mulatu ainsi que le violon d’Andrew Bird qui siffle aussi comme un merle. Meklit est une auteure particulièrement pertinente qui gratte de la guitare et du krar devant un quartette à deux cuivres et qui invite, dans le désordre, une bonne vingtaine de musiciens de L.A., de San Francisco, de La NouvelleOrléans et surtout d’Addis-Abeba pour les sevrés en manque d’éthio-jazz contemporain, tous autant que nous sommes. (R. Boncy)

BARBARA HANNIGAN / LUDWIG ORCHESTRA CRAZY GIRL CRAZY (Alpha Classics / Naxos) HHHH La soprano canadienne Barbara Hannigan a fait sensation ces dernières années avec quelquesunes de ses interprétations spectaculaires, dirigeant les musiciens tout en chantant (voir Mysteries of the Macabre, de Ligeti, sur YouTube). Elle joint ici pour la première fois sur disque ses deux passions, direction et chant, dans un programme qu’elle ouvre cependant en solo avec Sequenza III, de Luciano Berio, qui lui permet de déployer tout l’arsenal vocal dont elle dispose. C’est ensuite devant le Ludwig Orchestra, d’Amsterdam, qu’elle chante et dirige Lulu Suite d’Alban Berg, offrant une interprétation impeccable. Le programme se termine avec la Girl Crazy Suite, arrangée avec le concours de l’orchestrateur Bill Elliott d’après la comédie musicale de George et Ira Gershwin. Servie avec la même instrumentation que celle de Berg, la musique de Gershwin est d’une tout autre couleur, mais la chef et la chanteuse y brillent tout autant. (R. Beaucage)


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COMEBACK KID OUTSIDER

THE WAR ON DRUGS A DEEPER UNDERSTANDING

(New Damage Records / Nuclear Blast) HHH 1/2 En juin dernier, le groupe de Winnipeg nous a mis l’eau à la bouche avec Absolute, un premier extrait hardcore-punk accrocheur qui comprend en plus la contribution vocale de Devin Townsend (The Devin Townsend Project). Si Absolute donne un bon aperçu d’Outsider en ce qui concerne la vélocité et l’efficacité des breakdowns, son introduction comporte une légère influence thrash qui revient en force sur Somewhere, Somehow, puis qui affleure sous la surface de I’ll Be That et Throw That Stone. On ne parle pas d’une révolution, mais d’une incursion sonore vivifiante et de la démonstration de la vitalité de Comeback Kid, malgré tous les changements de musiciens des dernières années. Outsider compte aussi les colla­ borations de Chris Cresswell (The Flatliners) sur Consumed the Vision et de Northcote sur Moment in Time. (C. Fortier)

(Atlantic) HHHH

PARTNER IN SEARCH OF LOST TIME (You’ve Changed Records) HHHH Dans un reflux 90s qui s’essouffle, tranquillement, par une part d’ennui inhérent, la paire queer-punk de Sackville (Nouveau-Brunswick) Partner arrive avec l’enthousiaste et généreuse vigueur d’un premier album aux hymnes gros comme des stades. Josée Caron et Lucy Niles offrent ici 19 pistes aux soliloques panoramiques et hilarants truffés de collages pop (dont 7 sketchs qui fabulent comiquement les périphéries de la mise en marché du disque), tramant un éloge de l’émancipatrice fainéantise post-adolescente via des sujets essentiels (c.-à-d. les sensibilités lesbiennes contemporaines) ou plutôt triviaux (c.-à-d. la paranoïa après une bouffée de joint). Des pièces aux riffs retentissants (pensez Dinosaur Jr, Sleater-Kinney), augmentés des solos de Caron, pour un album immédiat, exaltant, au terme duquel on se dit, comme le monsieur du dernier sketch, que ça va plutôt bien, le rock. (B. Poirier)

«But it just stopped raining», chante symboliquement Adam Granduciel sur l’ouverture Up All Night. Aux prises avec une détresse émotionnelle frôlant la dépression sur le précédent Lost in the Dream, paru il y a trois ans, l’auteur-compositeur-interprète semble reprendre du mieux sur A Deeper Understanding, émouvant album qui laisse entrevoir un début de résilience à travers ses textes mélancoliques, parfois nostalgiques et langoureux comme sur la chanson-fleuve Thinking of a Place. Toujours aussi portée vers l’americana et l’esthétique heartland rock des années 1980, celle qu’ont popularisée les Bruce Springsteen et Tom Petty de ce monde, la formation philadel­phienne offre une musique riche et profonde, autant capable de douceur (Strangest Thing, Clean Living) que de vigueur (Nothing to Find, Holding On). Évoquant avec parcimonie Bob Dylan, Bryan Adams et Dire Straits, The War on Drugs prouve ici qu’il est bien plus que la somme de ses influences. (O. Boisvert-Magnen)

DEATH FROM ABOVE OUTRAGE! IS NOW (Last Gang Records) HHH 1/2 Alors qu’on avait dû attendre 10 ans entre les deux premiers opus de Death From Above, le duo dance-punk nous arrive ce mois-ci en surprise avec un troisième album des plus solides. La basse dégoulinante de distorsion de Jesse F. Keeler et la batterie coup-de-poing de Sebastien Grainger n’ont rien perdu de leurs fougues respectives et les deux musiciens prouvent qu’ils sont capables d’accoter – sinon de dépasser – leur première offre. S’ouvrant avec la puissante Nomad, l’album met rapidement la table en nous régalant de riffs qui, sans être particu­ lièrement originaux, ont beaucoup de saveur et peuvent se targuer d’être efficaces. Comme on le dit dans les chaumières, «ça rentre au poste». Loin devant The Physical World, ce nouveau 10 titres redonne ses lettres de noblesse noisey aux deux comparses, qui semblent ici plus en forme que jamais. (A. Bordeleau)

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EMAN & VLOOPER LA JOIE

(7ieme Ciel) HHHH

Moins accrocheur et plus complexe que son prédécesseur, LA JOIE mérite une place considérable dans la liste des meilleurs albums hip-hop québécois de la décennie actuelle. Traversant une période créative pour le moins foisonnante, Vlooper s’en remet aux structures inusitées et aux expérimentations empreintes de soul qui ont fait des Frères cueilleurs, le plus récent album d’Alaclair Ensemble, une œuvre d’exception. Particulièrement agité derrière la console, le producteur se permet une belle liberté, comme en témoignent les nombreuses altérations, parfois hasardeuses, qu’il applique à la voix de son collègue. Les idées plus alignées que jamais, ce dernier analyse les périls d’une «jeunesse perdue dans les ruelles» qui, aveuglée par la quête de l’argent, délaisse l’école et alimente son propre piège. Capable d’autocritique, le rappeur creuse également des périodes moins reluisantes de sa vie avec un recul constructif, notamment sur l’éminente La plage. Comme d’habitude, il y a toujours une partie des textes d’Eman qui restera insondable, et c’est ce qui rend les écoutes subséquentes de LA JOIE aussi captivantes. (O. Boisvert-Magnen)


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MONIQUE GIROUX SUR MESURE

PAR LA PETITE-VALLÉE DE GRANDE VALEUR Il n’était pas encore dix heures. Les draps d’un blanc immaculé claquaient au vent, telles les laizes d’un grand voilier. Ça bourrasquait fort en contrebas. On ne se soucie pas de nos tignasses à Petite-Vallée. La nature décoiffe sur la Longue-Pointe. On vit sur la mer été comme hiver. Faut être fait fort pour regarder dans les yeux le temps qu’il fait par là. Il n’était pas encore dix heures, je m’en souviens très bien. Plume, assis à la grande table chez Denise, faisait dos à la mer mais face à Vigneault. Nous étions huit lève-tôt à manger des œufs-jambon et à parler chanson. Plume dit: «Trenet c’est le plus grand, non?» Vigneault répondit: «J’suis ben d’accord avec tôa. Prends La folle complainte, c’est un pur chef-d’œuvre. Les jours de repassage, dans la maison qui dort, la bonne n’est pas sage, mais on la garde encore. On l’a trouvée hier soir, derrière la porte de bois, avec une passoire, se donnant de la joie.» Éclats de rire. Fannie, qui chantait divinement la veille au soir sur la scène de Grande-Vallée, nous propose encore du café. Comme si ça allait de soi. On entend le craquement des berçantes dans la cuisine. Des touristes, les yeux écarquillés, faisant mine de trouver ça normal, mangent en silence. Attention, quelqu’un ouvre la porte. Ça souffle. — Avez-vous vu Dan? — Il doit être avec Alan, ils sont allés chercher Piché à Gaspé. C’est Marie-Claire qui me l’a dit en rentrant de sa marche. Elle venait de croiser Bori qui partait faire son jogging et qui en profiterait pour ouvrir la porte à Mathilde qui attend Forestier pour commencer l’atelier. Louise est toujours à l’heure. Elle devait ce matin-là retourner au CLSC – l’urgence la plus rapide au Québec – pour le truc qu’elle a reçu sans fracas dans l’œil, pendant le souper de homard d’hier. Sans doute un microscopique éclat de pince. C’est survenu juste après qu’elle eut soigné Émilie… Dubreuil… nulle autre. Émilie qui, dans des circonstances que je ne dévoilerai pas ici, avait le dos déchiré de garnottes.

Voisine de Yann Perreau, je logeais au chalet de l’épi­cier Lebreux qui habite en ville, enfin, je veux dire à PetiteVallée, dans la forêt au bord d’un lac paisible à l’abri du vent. Ça repose. Là-bas, donc, au chalet, ne trouvant pas de trousse de premiers soins, Louise a pressé un citron sur les plaies d’Émilie qui, malgré son courage légendaire, n’a pu retenir un retentissant cri de douleur. Les joncs du lac ont plié. Dis que tu t’en souviens, collègue chroniqueuse, dis surtout que tu ne m’en veux pas de raconter l’histoire ici. Pendant plus de dix ans, en bande radio-canadienne, nous nous sommes rendus jusqu’en Gaspésie pour faire résonner sur tout le pays les échos de Petite-Vallée, la force de notre chanson et de ses créateurs ainsi que les réalités gaspésiennes. Nous remplissions notre mission avec passion, proposant des émissions en direct où on découvrait les si jeunes Tricot Machine, Catherine Major, Stéphanie Boulay et tant d’autres qui sont aujourd’hui la force belle de notre culture. Des émissions en direct au cours desquelles tout pouvait se passer: un concours de dégustation de pets de sœur avec pour juge Daniel Lavoie et Marie-Christine Trottier, des délires de rires infinis, des confidences, la création de versions inédites. On pouvait arrêter une entrevue et faire sortir tout le monde sur la terrasse, pendant que je décrivais tout ça en ondes, parce qu’une baleine passait par là. Nos techniciens, en arrivant le matin, installaient des micros sur la grève pour que partout les auditeurs entendent les vagues. Émilie y faisait de merveilleux reportages. Et puis le soir, j’animais les spectacles, mémorables spectacles. Je me souviens de l’hommage à Paul Piché, avec sur scène tout ce que vous pouvez imaginer de chanteurs québécois, qu’on a dû commencer avec une heure de retard parce que Paul n’avait pas fini de souper. Je me souviens de Daniel Boucher qui chante pour la première fois La désise, seul à la guitare, de Bernard Adamus qui casse la Rue Ontario pendant que le batteur Berger tape le rythme sur une échelle avec un marteau. Je me souviens d’Alexandre Désilets qui fait ses vocalises en faisant les


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> cent pas en coulisses et qui me jette par terre. «Bonjour, moi c’est Monique», «Moi, c’est Alexandre». Et puis un jour, les coupes ont mis fin à ces productions radiophoniques. J’y suis retournée de mon propre chef, en silence, pour revoir madame Brousseau, les parents de Louis-Jean, ceux de Marie-Pierre et Ti-Bass et toute la famille. Pour me bercer dans la cuisine. La dernière fois que j’ai vu Alan, c’était à Pigalle un vendredi après-midi de décembre. Il rencontrait Dick Annegarn pour l’inviter à Petite-Vallée, comme il l’avait fait quelques années auparavant avec Michel Fugain. Ce matin (mardi 15 août), en voyant les images de la Vieille Forge en flammes, j’ai répété, répété, répété en fixant mon téléphone: «Non, non, non, c’est pas vrai… non, je le crois pas… non, ah non…» Et puis la gorge serrée, j’ai senti en moi comme un geyser de souvenirs sur le point d’éclater. Tout me revenait en vrac, sans distinction chronologique. J’ai effacé le texte que je devais envoyer à notre rédacteur en chef et me suis remise au clavier pour eux, pour les amis de Petite-Vallée, pour la chanson qui brasse par là, pour les souvenirs qui sont partis en fumée. Les optimistes diront que ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts. Bien sûr. Mais regardons la fatalité dans les yeux, ne serait-ce que pour lui faire comprendre qu’elle nous fait chier de temps en temps. Bien sûr qu’on va rebâtir, qu’on sera là plus que jamais.

Pendant que j’écris ces mots, Daniel Boucher publie un appel sur sa page Facebook. Avec son autorisation, je vous en propose quelques extraits: Parce qu’on est tous passés par là… À l’autre bout du monde, entre la mer et les montagnes, caché comme le trésor qu’il est, le Théâtre de la Vieille Forge de PetiteVallée a été, depuis 35 ans, l’incubateur d’un tas de carrières… Heureusement pour nous, ce village est peuplé de guerriers qui savent se relever coup après coup: par amour pour la chanson, par amour tout court, ils se sont toujours relevés. Toujours... Alors, nous aussi, par amour, par respect, par devoir, soyons solidaires et aidons-les à se relever. Parce que relever Petite-Vallée, c’est un peu relever le Québec au complet. Réagissons et soyons créatifs. – Daniel Boucher

Depuis la rédaction de cette chronique, alors que la Vieille Forge fumait encore, il a dû s’en passer des choses. Il y a des maisons où les chansons aiment entrer, disait Félix. Cette phrase, on la lisait chaque fois qu’on entrait dans la Vieille Forge. Rebâtissons la maison, on en a tous bien besoin. y



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AÏCHA ET SES HOMMES AU CŒUR DE L’HISTOIRE D’ET AU PIRE, ON SE MARIERA, IL Y A UNE ADOLESCENTE, AÏCHA. JOLIE ET PÉTILLANTE, ELLE VIT UN AMOUR IMPOSSIBLE AVEC UN HOMME DEUX FOIS PLUS VIEUX QU’ELLE. PUIS, TOUT DÉRAILLE. SIX ANS APRÈS LA SORTIE DU ROMAN DE L’AUTEURE SOPHIE BIENVENU, VOICI QUE LA VIE PASSIONNANTE ET TRAGIQUE D’AÏCHA EST PORTÉE AU GRAND ÉCRAN PAR LÉA POOL. MOTS | VALÉRIE THÉRIEN

PHOTO | ANTOINE BORDELEAU

«Pour moi, c’est une petite fille qui s’appelle Aïcha et qui est blonde aux yeux bleus. Elle est contradictoire, elle n’a pas de place nulle part», raconte Sophie Bienvenu, également coscénariste du film avec la réalisatrice Léa Pool. Enfant, Aïcha (Sophie Nélisse) a été très attachée à Hakim (Mehdi Djaadi), un Algérien d’origine qui l’a élevée avec sa mère et qui lui a donné son prénom. Trop attachée, même. Les liens de confiance se sont brisés avec la mère d’Aïcha (Karine Vanasse) et elle a dû le mettre à la porte. Depuis, Aïcha méprise sa mère. Claquage de portes et engueulades au quotidien, donc. Voilà des gestes d’adolescence typiques, direz-vous, mais Aïcha est un cas hors norme. C’est une jeune fille mature et débrouillarde, mais aussi manipu­ latrice, qui a pour seules amies des prostituées transsexuelles dans un quartier pas toujours facile de Montréal, Centre-Sud. En entrevue, les deux scénaristes encensent le travail de Sophie Nélisse et de sa sœur cadette Isabelle, qui brillent à l’écran sous les nombreux visages d’Aïcha. Errant en patins à roulettes dans la ville entre deux sessions de décrochage scolaire non justifié, Aïcha rencontre Baz (Jean-Simon Leduc) et c’est le coup de foudre absolu pour ce musicien à ses heures. Mais l’amour dans les yeux de la jeune fille ne peut pas être réciproque puisque la pédophilie serait vite condamnée. Une amitié très floue se développe entre les deux jusqu’à ce qu’un drame – qu’on ne dévoilera pas ici – survienne. «Aïcha est un être passionné, blessé, commente Léa Pool. Elle est très sincère dans son amour pour Baz. Elle ne comprend pas pourquoi il n’est pas accessible. C’est vraiment l’amour impossible.»

LÉA POOL ET SOPHIE BIENVENU

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> Tout n’est pas noir ou blanc dans Et au pire, on se mariera. Le spectateur est appelé à se poser des questions sur les intentions des personnages et à se faire son propre récit. Léa Pool a été séduite par les zones de gris du roman de Sophie Bienvenu. «Ma fille l’a lu et m’a dit: “Tu devrais lire ce roman, c’est formidable.” J’ai eu un coup de foudre. C’est extraordinaire parce que ça permet de laisser au lecteur plusieurs pistes possibles.»

«Dans un roman, tu peux y aller beaucoup plus cru. C’est une question que j’ai dû me poser, d’abord parce que je travaillais avec une adoles­ cente, avoue Léa Pool. Dans les premières versions du scénario, on décrivait en détail certaines choses et je disais: “Oui, mais attends, je dois tourner ça avec une gamine. Je veux pas la DPJ sur le dos!” C’est donc plus soft, mais tout en gardant la suggestion présente.»

En début de film, Aïcha est convoquée à un  interrogatoire et elle raconte sa version des faits. L’action qui se déroule est donc son histoire, mais est-ce le fruit de son imagination? La caméra s’avère complice de la jeune femme à la manière de la narration coup-de-poing dans l’œuvre originale. «Dans le livre, le lecteur peut décider ce qui s’est vraiment passé, dit Sophie Bienvenu. Le fait que la caméra soit très présente dans le film, j’ai l’impression que ça permet au spectateur de faire son propre film.»

«Dans le film, il y a une finesse avec laquelle Léa suggère des choses, poursuit Sophie Bienvenu. En fait, quand j’ai écrit le livre, je ne voulais pas choquer, je voulais déranger. Sauf que ce qui dérange dans un roman va peut-être choquer au cinéma.» y En salle le 15 septembre

Léa Pool adhère aux propos de l’autrice. Ce qui rend le film percutant, c’est qu’«on rentre dans la tête d’Aïcha avec tous ses mensonges, ses demi-vérités. La notion du bien et du mal n’est pas si claire parce qu’on comprend quand même qu’elle l’a aimé son Hakim. C’est pas si simple. J’aimais beaucoup, dans le roman de Sophie, que ce soit ouvert pour qu’il y ait une partie de création chez le lecteur. Ça m’attirait d’autant plus parce que j’avais fait juste avant un long métrage beaucoup plus classique (La passion d’Augustine) et j’avais envie de replonger dans des films plus proches du début de ma carrière où la narration était plus éclatée.» Les deux scénaristes ont développé une belle complicité pendant le processus d’adaptation du roman au film, qui s’est avéré être sans grandes embûches, loin des histoires d’horreur qu’on pourrait entendre. «À la base, on avait la même idée, la même compréhension du roman, alors on voulait faire le même film, précise Sophie Bienvenu. Mes amis scénaristes ou auteurs qui avaient adapté leur roman m’avaient dit: “Tu vas voir, c’est douloureux, c’est ci, c’est ça”… comme si c’était les 12 travaux d’Hercule! Mais pour moi, ç’a juste été positif.» Alors que Léa Pool travaillait davantage sur la structure et le descriptif des scènes du scéna­ rio, Sophie Bienvenu se chargeait d’adapter les dialogues. Lorsqu’on passe d’un médium à un autre, on s’adresse à de nouveaux publics. Doiton revoir la façon d’aborder certains éléments – comme la sexualité – qui pourraient choquer?

KARINE VANASSE ET SOPHIE NÉLISSE, PHOTOS | VÉRONIQUE BONCOMPAGNI


À LA GUERRE COMME À LA GUERRE APRÈS AVOIR CONQUIS LE PUBLIC AVEC L’AUDITION, PUIS VISITÉ L’UNIVERS DE FRED PELLERIN DEUX FOIS PLUTÔT QU’UNE, LUC PICARD EST DE RETOUR DERRIÈRE LA CAMÉRA POUR REVISITER LA CRISE D’OCTOBRE À HAUTEUR D’ENFANT DANS LES ROIS MONGOLS. MOTS | NICOLAS GENDRON

L’acteur-réalisateur insiste d’entrée de jeu pour spécifier que l’enfance ne rime surtout pas pour lui avec condescendance. «L’idée, c’est de les faire exister tels qu’ils sont, parce que dans notre ère politically correcte, les enfants à l’écran, on a tendance à les regarder de haut. Mais qui de mieux placé que ces jeunes acteurs pour savoir ce que c’est d’avoir 13, 14, 15 ans? Des flos, c’est toujours plus intelligent et sensible qu’on pense.» Ici, les bouleversements familiaux se fondent aux déchirements politiques de l’automne 1970, et la prise d’otage devient, aux yeux de Manon (la très

douée Milya Corbeil-Gauvreau, remarquée dans Nelly) et son petit frère Mimi (Anthony Bouchard, craquant), l’issue idéale pour éviter la «famille d’écueil». Aidés par leurs cousins (les attachants Alexis Guay et Henri Picard, fils de Luc), ils partiront en cavale avec une vieille dame (Clare Coulter, lumi­ neuse) qui n’avait rien demandé. Adapté du roman Salut mon roi mongol! de Nicole Bélanger et scénarisé par l’auteure elle-même, le film navigue aisément entre le grave et l’at­ tendrissant, entre la trame sociopolitique et le

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ressort comique. «Oui, il y a un certain humour, mais c’est une touche parmi d’autres, de préciser Picard. C’est un peu le même thème que dans L’audition: comment rester intègre face à tes promesses d’enfance, quand la vie adulte te force à tellement de compromis. Voir cette jeune Manon jurer à son frère qu’ils ne seront jamais séparés, et se démener pour que ça n’arrive pas, c’est tout de suite venu me chercher.» Travailler à partir d’un roman lui a aussi fourni d’autres clés. «Avec les contes de Fred (Babine, Ésimésac), je n’avais pas accès à la même intériorité qu’avec un roman. Là, je traînais toujours le livre annoté avec moi. Et c’est la pensée de Manon qu’on suit. C’est très beau, un peu Ducharmien. C’est pour ça qu’on l’a appelée Ducharme.» S’il peut paraître périlleux de confier les quatre rôles centraux d’un film à des enfants de 5 à 15 ans, le cinéaste n’a pas pris la tâche à la légère. «J’ai d’abord cherché à créer une gang. On a quand même vu 170 jeunes en audition! Et une fois qu’ils ont été choisis, je faisais des soupers avec eux pour développer leur chimie; je leur ai fait écouter Stand by Me, dont le jeu des enfants est hallucinant. Ensuite, il s’agit de vivre les situations les unes après les autres, sans tout théoriser. Tu t’ennuies de ta mère, t’as faim, t’es de mauvaise humeur, etc. Il faut miser sur la simplicité, sans être paternaliste.» Parlant de paternité, craignait-il de travailler avec fiston? «Après ses deux auditions, les filles du casting étaient presque désolées de me dire que c’était le meilleur, comme ça me plaçait dans une drôle de position. Mais après, ça s’est fait tout seul, il s’agissait de ne pas abuser ni l’un ni l’autre de notre lien privilégié. Sur le plateau, il m’appelait Luc – ce qu’il ne fait jamais –, et de retour à la maison, c’était papa.» Au moment de la crise d’Octobre, Luc Picard n’avait que 9 ans. «Je me souviens qu’on nous disait qu’il y avait des méchants. Je n’avais pas de recul et j’avais l’impression qu’on était en danger. Comme dans cette scène du film où Denis demande à son grand frère Martin: “Est-ce que le FLQ peut enlever du monde comme nous autres?”» Autrement, il garde un excellent souvenir des ruelles, une part importante de la reconstitution d’époque. «L’action se déroule dans Hochelaga, et même si j’ai grandi dans Lachine, je connais bien ce monde parallèle. On vivait carrément dans les ruelles! C’était très communautaire, le paradis sur terre.» L’interprète du film Octobre a-t-il eu une pensée émue pour son ami Pierre Falardeau en se replongeant ainsi dans notre passé? «Ça m’arrive souvent. Ce fut le cas en tournant les scènes de l’armée. Je me suis demandé s’il aimerait le film.»

Sans doute Falardeau aurait-il rigolé que l’armée débarque à Montréal sous l’air de Comme j’ai toujours envie d’aimer, le hit de Marc Hamilton. «Je ne décide jamais trop d’avance quelle forme va prendre un film. La chanson m’est apparue le soir où je tournais l’arrivée des soldats. J’ignorais alors que c’était le gros succès de 1970. Les autres chansons québécoises ont suivi au montage, même si je savais que ça donnerait un côté pop au film. C’est ce qui me vient naturellement, un certain “cinéma du milieu”, à la fois intègre et accessible. Comme un mariage plus intime entre Les ordres et E.T. Je ne sais pas comment l’expliquer autrement.» Voilà qui est aussi limpide qu’une promesse d’enfant. y

Les rois mongols Sortie en salle le 22 septembre En ouverture du Festival de cinéma de la ville de Québec (FCVQ) Le 13 septembre

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BLADE RUNNER 2049, DE DENIS VILLENEUVE

STAR WARS EPISODE VIII: THE LAST JEDI, DE RIAN JOHNSON

LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TROP LES ALLUMETTES, DE SIMON LAVOIE

SUBURBICON, DE GEORGE CLOONEY ET DES FRÈRES COHEN


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À SURVEILLER EN SALLE L’été tirant à sa fin, on aura de nouveau plus envie de passer du temps devant un écran dans une salle sombre que dehors. Mais qu’est-ce que nous réservent Québec et Hollywood pour les prochains mois? Petit tour d’horizon des sorties cinéma à venir. MOTS | ANTOINE BORDELEAU

Blade Runner 2049

Star Wars Episode VIII: The Last Jedi

Suburbicon

Probablement l’un des films les plus attendus de tous les temps, cette suite au chef-d’œuvre de Ridley Scott réalisée par nul autre que notre Denis Villeneuve national mettra de nouveau en vedette Harrison Ford, qui sera rejoint par Ryan Gosling. Œuvre qui se veut plus qu’une simple suite, aux dires mêmes de Scott, le film explorera plus l’univers futuro-réaliste créé par Philip K. Dick dans son livre Do Androids Dream of Electric Sheep? Blade Runner 2049 sera en salle dès le 16 octobre.

Le premier opus de la saga Star Wars à être sorti des studios de Disney ayant été fortement apprécié tout autant des fans que de la critique, la suite des aventures de Rey (Daisy Ridley), Finn (John Boyega) et Poe (Oscar Isaac) est attendue de pied ferme par les fans de science-fiction. Réalisé cette fois-ci par Rian Johnson, le film nous fera entre autres renouer avec le légendaire Luke Skywalker (Mark Hamill) et porte le titre de Les derniers Jedi. Star Wars Episode VIII: The Last Jedi sera en salle dès le 15 décembre.

Qu’arrive-t-il lorsque les frères Cohen font équipe avec George Clooney? En général, c’est signe que l’on aura droit à un film de qualité. Ce coup-ci, Clooney troque ses souliers d’acteur pour une chaise de réalisateur alors que le scénario est signé par les deux frères. On nous y plonge dans une banlieue américaine tout ce qu’il y a de plus beige où un père de famille (Matt Damon) sera poussé à faire ressortir le plus sombre de son être après un cambriolage meurtrier dans son domicile. Suburbicon sera en salle dès le 27 octobre prochain.

La petite fille qui aimait trop les allumettes

Pieds nus dans l’aube

Darkest Hour

Après s’être frotté aux événements du printemps érable dans Ceux qui font la révolution à moitié n’ont fait que se creuser un tombeau, Simon Lavoie se lance maintenant dans un projet d’adaptation litté­ raire en explorant le roman du regretté Gaétan Soucy. Racontant l’histoire de deux adolescents coupés du monde élevés dans l’obscurantisme religieux et devant apprendre à vivre seuls après le suicide de leur père, le film mettra en vedette Marine Johnson et Antoine L’Écuyer. La petite fille qui aimait trop les allumettes sera en salle dès le 3 novembre prochain.

Cette adaptation du roman de Félix Leclerc par son fils Francis, bien qu’elle ne soit pas complètement fidèle au récit original, nous plongera néanmoins au cœur de cette enfance typique de l’entre-deuxguerres. Portant au générique des noms tels que Roy Dupuis, Claude Legault et Robert Lepage, le long métrage devrait être comme un lourd rideau que l’on lève sur l’imaginaire de l’artiste mythique. D’un petit village situé sur les rives du Saint-Maurice, on pourra y voir naître un univers unique. Pieds nus dans l’aube sera en salle dès le 27 octobre.

On peut dire que Winston Churchill ne l’a pas eu facile; à peine entré en fonction comme premier ministre de Grande-Bretagne, il a eu à décider entre négocier un traité de paix avec l’Allemagne nazie ou tenir front et se battre pour les idéaux et les valeurs de sa nation. Ce sont ces instants décisifs de l’Histoire qu’explore ce biopic, où Gary Oldman use de son talent incroyable pour donner vie à un Churchill déchiré entre le public, un sceptique et son propre parti divisé complotant contre lui. Darkest Hour sera en salle dès le 22 novembre prochain.y


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NORMAND BAILLARGEON PRISE DE TÊTE

RÉFUGIÉS Il arrive, bien entendu, que les migrations soient volontaires et choisies. Aux 19e et 20e siècles, dans plusieurs pays comme le Canada, elles ont même souvent été sollicitées: la croissance économique de ces pays demandait en effet l’arrivée massive d’immigrants, attirés pour leur part par la promesse d’un avenir meilleur. Mais de tout temps, de très importants déplacements de populations n’ont été ni choisis ni sollicités; ils ont plutôt été causés par des guerres, par des persécutions ou encore par des catastrophes naturelles – les gens fuyant pour ces raisons les endroits où ils habitaient. Très tôt dans l’histoire, un droit d’asile sera donc pensé pour ces populations, et il sera peu à peu codifié, notamment à partir du 18e siècle. Mais c’est après la Deuxième Guerre mondiale que va se mettre en place le régime politique et légal que nous connaissons aujourd’hui. Un peu d’histoire Pour aller à l’essentiel, devant le chaos engendré par la guerre, on va créer en 1943 l’Administration des Nations Unies pour le secours et la reconstruc­ tion, devenue en 1946 l’Organisation internationale pour les réfugiés. Puis, en 1950, l’Assemblée générale des Nations Unies fonde le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR); et dès l’année suivante, on adoptera la fameuse Convention relative au statut de réfugiés (ou Convention de Genève). Un réfugié y est défini comme une personne qui «craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont

elle a la nationalité et qui ne peut, ou du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays» (Article 2). Cette définition, et ainsi la manière de penser toute la question des réfugiés, est toutefois aujourd’hui mise à rude épreuve: c’est que nous traversons un épisode de crise migratoire sans équivalent, tant par le nombre que par la nature des personnes réfugiées. De nouveaux défis Les causes de cette mutation sont multiples (guerre en Irak, crises et conflits en Syrie, en Libye, en Afghanistan, en Somalie, présence de l’État isla­ mique, notamment…), mais leur effet est clair. Jennifer Welsh, une experte de ces questions, les décrit par ces mots terribles: «De 2011 à 2015, à l’échelle mondiale, les déplacements forcés de populations ont augmenté de 50%; on est passé de 42,5 à 65,3 millions de personnes déplacées. En 2015 seulement, les conflits ou les persécutions ont poussé plus de 12 millions de personnes supplémentaires à migrer – ce qui représente 34 000 individus par jour, ou 24 par minute, forcés de fuir leurs maisons pour chercher protection et sécurité ailleurs.» Et encore: «[Actuellement] un être humain sur 113 est réfugié, déplacé interne ou demandeur d’asile», tandis que la Méditerranée et ses images tragiques viennent périodiquement nous rappeler pourquoi cette mer est désormais appelée «le cimetière de l’Europe». Cette situation amène de nouveaux défis et elle va inévitablement conduire à repenser les respon­ sabilités qu’ont les États envers les réfugiés et les moyens d’y faire face. La situation presse d’autant que, comme le rappelle encore Welsh, l’immigration est désormais perçue négativement et que tout cela se joue un peu partout sur un dangereux fond de populisme et de xénophobie. Par exemple,

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les citoyens de tous les pays de l’UE (sauf le Portugal…) donnent l’immigration comme l’enjeu politique le plus important (sondage Eurobaromètre 2015). Ce n’est pas une mince tâche de décider comment il convient d’agir, d’autant que, il faut rappeler ici notre devoir moral, l’Occident a souvent contribué, par ses actions ou par ses inactions, à créer les tragiques situations dans lesquelles tant de ces gens se trouvent aujourd’hui – et dans lesquelles encore plus se trouveront très probablement demain. Avenues de réflexion et d’action Certaines idées qui semblent prometteuses proposent de repenser la définition du concept de réfugié. Par exemple, dès 1985, le philosophe Andrew Shacknove, jugeant trop restrictive celle de 1951, demandait pourquoi on penserait exclusivement en termes de groupes; ou pourquoi, si on continuait à le faire, on n’inclurait pas d’autres groupes (les femmes; les homosexuels, par exemple); et enfin pourquoi d’autres menaces (par exemple économiques) à la possibilité de mener une vie décente ne seraient pas considérées dans la définition d’une personne réfugiée. Désormais, c’est jusqu’à la distinction entre migration volontaire et migration involontaire ou forcée qui devient moins claire, avec tous ces gens fuyant l’insécurité alimentaire, la violence, sans oublier les catastrophes naturelles; et avec elle, c’est tout le cadre conçu en 1951 qui demande à être repensé. D’ailleurs, comment ne pas noter qu’il faudra aussi hélas bientôt, on peut le craindre, prendre en compte ces réfugiés climatiques, fuyant des endroits devenus inhabitables en raison du réchauffement climatique anthropique? Welsh suggère que, en pratique, trois chantiers devraient être ouverts: l’adoption de politiques innovantes plus aptes à répondre à la réalité actuelle des migrations (par exemple: offrir des visas humanitaires aux réfugiés en transit; ou encore, accorder aux réfugiés installés un statut double, grâce auquel, retournant dans leur pays, ils pourraient au besoin revenir dans leur pays d’accueil); valoriser l’apport des talents et des compétences des réfugiés «au lieu de les perce­voir comme une charge»; et faire preuve «d’une plus grande considération morale à l’égard de ceux qui sont en quête d’une vie meilleure». Ce sont des pistes qui méritent qu’on les explore. On espère qu’il y en aura de nombreuses autres. Car la question des réfugiés n’a pas fini de nous interpeller. *** Une lecture Jennifer Welsh, Le retour de l’histoire. Conflits et migrations au XXIe siècle, Montréal, Boréal, 2017.



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MARC À LA FERME MARC SÉGUIN S’EST PROMENÉ PENDANT UN AN ET DEMI À TRAVERS LES FERMES ET LES CHAMPS DU QUÉBEC ET D’AILLEURS POUR METTRE AU POINT LA FERME ET SON ÉTAT, UN ÉTAT DES LIEUX DE L’AGRICULTURE D’AUJOURD’HUI. DANS CE FILM DOCUMENTAIRE QUI SONNE COMME UN CRI DU CŒUR, ON VOIT LES NOUVEAUX MODÈLES DE PRODUCTION DURABLE ET ÉCOLOGIQUE SE HEURTER À UN SYSTÈME INADAPTÉ ET RIGIDE. ENTRETIEN AVEC UN RÉALISATEUR-AGRICULTEUR. MOTS | MARIE PÂRIS

PHOTO | JOHN LONDOÑO (CONSULAT)

Voir: Vous avez vu les choses commencer à bou­ ger en agriculture il y a une quinzaine d’années… Marc Séguin: Une conscientisation écologique s’est faite mondialement. Au Québec, c’était le début de l’Union paysanne, l’arrivée d’une génération de hippies rêveurs, avec un retour à la terre. Avant, il n’y avait pas de programme universitaire ou collégial en agriculture, maintenant c’est le cas, car il y a une demande. Et jamais dans l’histoire il n’y a eu autant de demandes de conversion en bio que cette année. Il y a 15 ans, le compost ou le recyclage en ville n’existaient pas; aujourd’hui, ça se passe. Le changement est possible! Prenons l’exemple des bières artisanales: les microbrasseries sont partout, ça fonctionne. Molson et Labatt, qui se sont mis à vendre moins, se sont battus pour l’espace de marché. Mais il y avait tellement de demande des consommateurs pour la bière artisanale que les microbrasseries ont quand même pris leur essor. Ça montre qu’il est possible de penser et de faire différemment. Je pense que c’est surtout une question de temps. Quand la population ne sera composée que de gens nés après 1980, les gens auront conscience des problèmes environnementaux parce qu’ils seront nés là-dedans. L’écologie et l’agriculture durable, ça leur semblera plus normal... De qui va-t-il venir, ce changement? Le changement, c’est quand tout le monde est sur la même longueur d’onde, les politiciens comme

les consommateurs. Et entre eux, il y a les producteurs, qu’il faut aussi considérer. Mais ça dépend beaucoup du consommateur, parce que le gouvernement va l’écouter. Plus les gens vont demander un poulet de pâturage, plus on va se rendre compte qu’il y a une demande… Le gars du IGA va trouver ça drôle une fois, mais au bout de 30 fois, il va vite comprendre qu’il y a des sous à faire! Le consommateur a le pouvoir de créer la demande. Mais pour ça, il doit d’abord être informé. Pourtant, l’agriculture durable, c’est un thème à la mode… On voit souvent des zooms sur ces jeunes qui font autrement, mais ils sont des gouttes d’eau dans l’océan; l’agriculture maraîchère bio par exemple, c’est 3% seulement par rapport au reste. Les gens n’ont pas encore compris que c’était possible. Et pourtant… L’un des couples que j’ai inter­ rogés m’a dit que sur une mauvaise année, ils faisaient 100 000$ à deux avec deux stagiaires, et 150 000$ sur une année exceptionnelle, avec 0,8 hectare seulement – et ils ont trois mois de congé par an. Le modèle est prouvé, il fonctionne! Sans pesticides, fongicides, etc. Mais tous les rapports sur ces productions sont sur des tablettes et il ne se passe rien. J’ai peur que ça devienne du folklore… Quel est votre but avec ce film? J’aimerais que les gens en sortent informés, qu’ils aient appris des choses. On entend parler de quotas ou de la gestion de l’offre, mais personne ne sait ce que c’est! On mange trois fois par jour,

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«QUAND LA POPULATION NE SERA COMPOSÉE QUE DE GENS NÉS APRÈS 1980, LES GENS AURONT CONSCIENCE DES PROBLÈMES ENVIRONNEMENTAUX PARCE QU’ILS SERONT NÉS LÀ-DEDANS.»

la bouffe concerne tout le monde, elle touche aussi le système de santé, et le ministère de l’Agriculture est le troisième plus gros budget au Québec, c’est pas rien. Il est important que les gens sachent ce qui se passe. Mais je ne qualifierais pas ce film d’engagé… C’est une démarche humaine et nécessaire; entre le moment où j’ai décidé de le faire, il y a deux ans, et aujourd’hui, rien n’a avancé. C’est une prise de parole citoyenne. Et tout a été autoproduit: pas une cenne ne vient de vos taxes! Que dit le gouvernement sur le sujet de l’agriculture? J’ai rencontré trois ministres de l’Agriculture, mais je ne les ai pas intégrés au film, car ils m’ont tous servi la même cassette. Il y en a un qui m’a répondu: «L’agriculture au Québec va très bien, regardez, on a fait 1,6 milliard de dollars avec nos exportations de porcs!» Mais le porc que l’industrie fait, c’est de la marde, il a été dégénéré pour faire des longes plus longues et pour pousser très vite. Il est rentable jusqu’à 7 mois, et à 7 mois et

un jour il faut l’abattre, car les subventions n’arrivent plus à compenser la moulée qu’il mange. Soustrayons ces subventions aux 1,6 milliard de dollars, et on verra si l’agriculture va bien! J’ai aussi demandé à rencontrer le premier ministre, mais je n’ai eu aucune réponse… Les ministres, ils ont leurs limites. Il y en a eu deux qui ont quand même été très bons dans l’histoire: Claude Béchard et Jean Garon, qui avait mis de l’avant une politique alimentaire souveraine. Aujourd’hui, plus ça va et moins on mange ce qu’on produit. Et tout le monde a une politique agricole sauf le Québec! Je ne dis pas que les politiciens sont les méchants: ils changent souvent, ils font ce qu’ils peuvent. Je l’ai cherché partout, le méchant! Mais il n’existe pas. Il y a juste un laisser-aller général... Il faudrait par contre qu’il y ait une prise de décision, au lieu de toujours reporter à demain. Qu’est-ce qui devrait bouger au niveau politique, selon vous? Ça doit venir du premier ministre, c’est lui qui va donner le mouvement aux autres ministères. Bien

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«AUJOURD’HUI, PLUS ÇA VA ET MOINS ON MANGE CE QU’ON PRODUIT. ET TOUT LE MONDE A UNE POLITIQUE AGRICOLE SAUF LE QUÉBEC!»

sûr, c’est pas payant politiquement; si on prend une décision pour que ça aille mieux dans 20 ans, qui va récolter les médailles? Ça prendrait le courage d’un politicien qui se dirait que oui, on peut faire mieux avec le budget qui est en place. Sans l’augmen­ter, il suffirait de migrer les sous ailleurs… 70% du budget de l’État va aller à la santé en 2030: peut-être que si les gens étaient plus en santé en amont, on aurait moins besoin d’injecter de l’argent dans le système, et on pourrait alors le mettre ailleurs. Les politiciens nous disent toujours qu’il y a un projet-pilote en cours, un sommet sur l’alimentation à venir… L’échéance est toujours repoussée plus loin, mais on aurait besoin d’une décision maintenant. Ils ont commandé des rapports mais on n’en fait rien, alors que tout est là: on sait ce que le consommateur veut! Il suffirait de mettre les choses en place. Oui, il y a des gens qui protègent leurs acquis, mais il y a aussi toute une génération de jeunes qui veulent faire autrement, avec une conscience écologique. L’État devrait faire la promotion du bien manger pour que la santé de la population s’améliore. Inci­ ter les gens, on a vu que ça marchait pour la cigarette: les taxes, le volet éducatif, etc. Ça aurait des répercussions positives sociales.


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Pendant votre enquête, on ne vous a pas toujours donné accès à l’information… Oui, je devais notamment assister à une table ronde du ministère de l’Agriculture sur l’agriculture bio, comme observateur muet. Finalement, on m’a retiré de la liste des invités, sans plus d’explication. Et puis il y a eu des gens qui m’ont appelé en me demandant de ne pas trop taper sur telle ou telle personne dans le film… Je sais que je suis à la bonne place quand les gens m’appellent pour me dire de ne pas trop brasser! Et il y a les statistiques… On a dépensé des fortunes en recherches, des gens ont travaillé avec moi en Scandinavie, au Québec et aux États-Unis, et le seul endroit où on a été incapables d’avoir des statistiques, c’est au Québec! Elles n’ont jamais été mises ensemble et comptabilisées. Grosso modo, y a un milliard en subvention, mais pas moyen de savoir combien va où! C’était les douze

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travaux d’Astérix, cette recherche: les gens se contredisaient, se renvoyaient les uns aux autres pour avoir une info... Même le ministère ne peut pas dire le budget. Ce n’est pas qu’il ne veut pas; il ne le sait pas. Finalement, le système québécois, c’est beaucoup d’aberrations? Oui! Ici, quand tu vas dans un poulailler, tu dois t’habiller comme dans un épisode de X-Files… Si jamais je rentre dans un poulailler en espadrilles et qu’un inspecteur me voit, il boucle la ferme au complet pendant des mois pour être sûr qu’il n’y a pas eu de contamination. C’est hallucinant. Et je ne peux pas vendre un œuf s’il n’est pas passé par un poste de placement… Pareil pour la crise de la listeria. La bactérie est présente sur tous les fromages, mais les autres bactéries saines du lait cru font en sorte qu’elle ne peut pas causer de dommages. Sauf qu’ici, tout est tellement aseptisé que quand la listeria se pointe, elle runne tout. Donc on a fermé plein de froma­ geries… Aujourd’hui, il y a trois fromageries au lait cru au Québec – contre une vingtaine avant. Les cahiers de charges sont tellement épais et impos sibles à suivre que les gens ferment boutique. L’industrie qui a le plus évolué au Québec ces 15 dernières années, en culture hors sol, c’est le fromage de chèvre. Pour une seule raison: il n’y a aucune législation qui l’encadre! Ils sont passés entre les mailles du filet, quelqu’un a oublié d’écrire sur eux et ils sont allés plus vite que la machine. Et on a de super beaux fromages de chèvre au lait cru aujourd’hui… Que pensez-vous de ce qu’on mange au Québec? Actuellement, c’est l’industrie agroalimentaire qui décide de ce qu’on mange. Et elle fait des produits génériques sans goût. Résultat, les gens perdent le sens de l’artisanerie, leur fierté, ils ne savent plus cuisiner et ne connaissent plus le goût des aliments. On s’est sortis de la misère avec la mécanisation de l’agriculture, mais on a perdu quelque chose… Et c’est malheureux. Maintenant, le seul endroit où les gens ont du plaisir, c’est en restauration. Par exemple, je rêve d’un vrai beurre… Ça n’existe pas ici. Tout goûte la marde, parce que c’est le même lait d’un océan à l’autre. D’une race de vache à l’autre, on n’obtient pas le même lait… Mais on a tout standardisé.

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Apportez votre vin

Regarde comme on est fiers du sirop d’érable ici… Eh bien, les camions ramassent les barils, les emmènent à l’entrepôt, font les tests, et quand c’est prêt à être mis en marché, ils versent les barils de toute la province dans une grosse cuve et mettent ensuite ça en cannes. C’est tout mélangé! Et c’est ça qu’on exporte. C’est dommage, car celui que je fais n’a pas le même goût que dans le Bas-du-Fleuve ou en Gaspésie. «Grattez un Québécois, vous trouverez un agriculteur derrière», dit l’un de vos interlocuteurs dans le film…

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Ici, tout le monde a un grand-père, un oncle, un frère qui est agriculteur. Moi, j’en suis un! J’ai des chèvres, des poulets, des cochons, des chevaux, un potager, une cabane à sucre… Je le fais pour moi. C’est un luxe, je me nourris de ça. Ma tomate n’est pas meilleure que celle d’à côté, mais au moins elle n’est pas venue en camion. Ça devrait être favorisé, les circuits courts, etc., tout le monde devrait y avoir accès! On a déjà eu 80 marchés publics au Québec, et depuis on est tombé à 26. Quand je suis arrivé à Hemmingford en 2003, il restait des petits abattoirs dans le village. Quand le proprié­taire mourait, l’abattoir fermait; en 12 ans, ils ont tous fermé. Maintenant, il faut mettre les animaux dans un camion et les envoyer loin pour les faire abattre. Par jour, il y a 12 000 porcs sur la 20 qui vont se faire abattre à Lévis…

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«ON VIENT DE DÉPASSER 40 MILLIONS DE DOLLARS POUR ANTICOSTI, ET C’EST PAS ENCORE RÉGLÉ. DONC EST-CE QUE ÇA SERAIT SI GRAVE SI ON METTAIT 100 000$ SUR UN PROJET D’AGRICULTURE ÉCOLOGIQUE, MÊME S’IL NE FONCTIONNAIT PAS?»


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Vous êtes allé en Scandinavie et aux États-Unis pour comparer les politiques agricoles. Comment est vu le Québec de l’étranger? Quand on parle de nos quotas animaliers avec les agricul­teurs du Vermont, ils nous traitent de nazis! J’ai rencontré des gens de l’Ontario qui n’en reviennent pas de ce qui se passe ici. On est vraiment le parent pauvre au Canada, pour la volonté, les idées… Les plus bas quotas possible, c’est ici, le moins d’innovation qui peut se faire, c’est ici. Au contraire, l’Ontario est très en avance. J’ai aussi choisi la Scandinavie, car c’est à peu près le même climat qu’ici. Je me demandais pourquoi ils étaient plus en avance que nous sur l’agriculture durable… Les produits bio sont plus accessibles, ils se retrouvent partout, et les subventions vont à cette agriculture-là. Les gens argumentent souvent que le bio, c’est plus cher… Vous leur répondez quoi? Un poulet, ça coûte 25$ à produire. Quand on te le vend 5$ à l’épicerie, c’est qu’on a subventionné les ventilateurs, les bâtiments, le vétérinaire, les hormones de croissance – un antibiotique, si c’est prescrit par un vétérinaire, on a le droit d’appeler ça «hormone de croissance». Mais si les subventions étaient dirigées vers les gens qui veulent bien faire, le bio coûterait moins cher. On vient de dépasser 40 millions de dollars pour Anti­ costi, et c’est pas encore réglé. Donc est-ce que ça serait si grave si on mettait 100 000$ sur un projet d’agriculture écologique, même s’il ne fonctionnait pas? Il faudrait qu’on ose prendre des risques, et il faudrait prendre en compte les nouvelles idées, pas juste l’ancien modèle. Certes, on n’arrivera pas en 2018 à nourrir tout le monde avec une agriculture durable ou respec­ tueuse. Mais est-ce qu’on pourrait quand même faire un peu plus de place à ceux qui veulent le faire, en les subventionnant, ou en limitant les contraintes?


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Quel genre de contraintes? Pour se lancer dans le lait aujourd’hui, il faut que les vaches soient transmises de père en fils, c’est la seule façon de rendre ça rentable. Sinon, faut avoir les moyens de se lancer avec 1,8 million de dettes… Sans casser toute la baraque, on devrait permettre aux gens d’avoir deux vaches, par exemple. Mais on a fait un cadre, et tout le monde doit fitter dedans. Probablement pour faciliter le travail de certains fonctionnaires.  En atten­dant, les seuls qui arrivent à survivre, c’est les exploi­tations qui grossissent vite et beaucoup. Mais ces gens que j’ai rencontrés, ils n’ont pas l’ambition de grossir. Ils sont heureux s’ils arri­vent à manger et à nourrir des gens de leur communauté. On a du mal à comprendre ça, car c’est aux antipodes du capitalisme et de ce qu’on nous dit que devrait être l’ambition humaine. Ils ne détiennent pas de vérité, mais ils font différemment, dans une certaine forme de respect…y La ferme et son État Sortie le 29 septembre

QUELQUES CHIFFRES Actuellement, seuls 33% des produits alimentaires consommés par les Québécois proviennent de fermes du Québec. De 2006 à 2011, la superficie agricole totale a diminué de 3,5% et le nombre d’exploitations agricoles de 4%. 10 à 12 millions de dollars sont consacrés aux nouvelles formes d’agriculture, aux petites fermes en démarrage, au bio et à la diversité agricole, sur un budget total qui dépasse le milliard de dollars.

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IL Y AVAIT LONGTEMPS… MOTS | FRANCO NUOVO

... que je ne m’étais pas laissé sombrer avec tant d’abandon dans la peau d’un tel personnage. Un personnage énigmatique qui navigue entre le génie, la folie, la carence émotive et la violence qui en découle. Je n’avais pas lu David Goudreault. Or, je l’avais croisé une première fois à la radio, il y a des années, quand il a remporté la première Coupe du monde de poésie à Paris. Franchement, c’est un souvenir lointain. Il y a quelques semaines, cependant, ce grand gaillard aux yeux sombres et à la bouche rieuse est venu en studio nous livrer un édito-slam de son cru; parce que l’homme est aussi slameur, poète, dramaturge et romancier. L’émission terminée, il m’a demandé si j’avais lu ses romans. À ma plus grande honte, j’ai dû répondre que non, mais que je me les étais procurés. Ce qui était vrai.

Et puis, le mois d’août ouvrant la porte aux vacan­ ces, je suis parti avec ses trois bouquins dans mon sac. Avec des titres comme La bête à sa mère, La bête et sa cage et Abattre la bête, je ne savais trop à quoi m’attendre sinon que j’allais rencontrer une bête. Je n’étais même pas certain de passer à travers la trilogie, pas certain de trouver dans ces pages de quoi partir en voyage, m’évader, m’envoler librement. Et pourtant… Le voyage que m’a offert Goudreault a davantage occupé mon esprit que le va-et-vient de l’océan. Trois livres, un seul personnage psychopathe et carencé, trois univers si différents l’un de l’autre et une seule quête, l’amour. L’amour d’un fils pour une mère névrosée qui l’a abandonné. La bête (puisqu’il faut ainsi l’appeler) est obsédée par des retrouvailles, par une tendresse imaginaire, par une image, par des fantasmes. Déséquilibrée,

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55 rien ne l’arrête, ni les familles d’accueil qui «l’accueillent» pour mieux la jeter, ni le crime nourri de déraison, ni la prison et son insanité, ni l’hôpital psychiatrique et ses inconséquences, ni même la rue où elle se sent mieux, chez elle et à l’abri dans les bras d’une vieille pute. «Maître absolu de son coin de trottoir, la maîtresse au rabais offrait maintenant ses sourires à toutes les voitures daignant ralentir. La vie lui avait passé sur le corps, en surcharge, avec des pneus cloutés, aller-retour. Une vraie pute de rue, avec les fissures et le vécu des infrastructures vétustes de la métropole. Comme le stade, il aurait fallu la couvrir, la réparer, l’aimer un peu. Mais il était trop tard, elle ne s’aimerait plus jamais elle-même. Fallait la garder intoxiquée, ce serait trop souffrant de la laisser dégeler. Des engelures plein le cœur et la tête perforée de l’inté­ rieur, c’est la dope qui la tenait debout, et à genoux. C’est fort la dope. Surtout sur la rue Ontario… Les putes s’usent plus vite que les femmes bénévoles. À force de vendre son cul, on n’arrive plus à racheter son âge… Et elle offrait des blow jobs à tous les Jos Blos croisant sa route…»

David Goudreault sait écrire et écrire bien. Il autopsie l’âme des désespérés de la terre dans des univers tous plus glauques, dysfonctionnels et déficients les uns que les autres. Or, qu’on suive le parcours de la bête, c’est une chose. Que l’auteur nous plonge dans des univers anxio­ gènes en parvenant à nous attendrir, à nous faire comprendre sa détresse, c’en est une autre. On res­ sent rapidement pour elle, cette bête, non pas de la pitié mais de la tendresse, de l’empathie, de la compassion. Quels que soient les gestes horribles qu’elle pose, on ne parvient pas à la détester. Tout comme Mary Shelley a su dissimuler le monstre derrière l’humanité inattendue de Frankenstein, la bête se fragilise sous nos yeux. Et on l’aime. C’est documenté. Ha! ha! Ce «c’est documenté» qui rebondit au fil des récits comme des pierres plates sur l’eau nous rappelle avec cynisme que malgré les apparences de réalité, nous sommes bel et bien dans le romanesque. C’est aussi cette façon qu’a David Goudreault de manier l’humour, de dépeindre son monde, sa culture, ses chanteurs, de jouer avec les mots, de confondre volontairement les acteurs de sa société sans pour autant les noyer dans l’incohérence.

VÉGÉ

FRAIS

&

FAIT MAISON

Ces trois bouquins, je les ai dévorés. J’ai capoté. Ma compagne n’attendait même pas que j’aie terminé d’en ingérer un pour y mordre à son tour. Et à la fin du troisième, comme la bête: «J’ai survécu au destin et vaincu la mort, ne me reste plus qu’à tuer le temps». y Abattre la bête (2017) La bête et sa cage (2016) La bête à sa mère (2015) Stanké

2020, Robert-Bourassa - 514 842.9494 111, Mont-Royal Ouest - 514 379.3228

fA l A f e l Av e n u e . c o m


AUDRÉE WILHELMY PHOTO | GRASSET/JFPAGA

FRANÇOIS RIOUX PHOTO | JUSTINE LATOUR

ROGER DES ROCHES PHOTO | NATHALIE CONSTANS

MATHIEU BÉLISLE PHOTO | D.R.


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LA RENTRÉE LITTÉRAIRE EN TITRES Cet automne, nous attendons de pied ferme la nouvelle portée de bouquins d’auteurs d’ici et d’ailleurs. On garde l’œil ouvert pour ces romans, essais et recueils de poésie. MOTS | JÉRÉMY LANIEL

Romans Deux écrivaines ont décidé, en cette rentrée 2017, d’occuper le territoire. D’abord Audrée Wilhelmy, l’auteure derrière Oss (Leméac, 2011) et Les sangs (Leméac, 2013), qui nous revient avec un troisième roman, Le corps des bêtes, poursuivant ainsi son œuvre avec cohérence et concision. Dans une ville portuaire du bout du monde, une jeune fille espère qu’un jour son oncle lui ouvrira la porte de sa chambre pour l’éduquer aux élans du corps. En attendant, elle fréquente le bois et les bêtes. (En librairie) De son côté, l’écrivaine chicoutimienne Lise Tremblay publie au Boréal L’habitude des bêtes, un roman qui promet une plongée dichotomique en bonne et due forme entre le bien et le mal. Les loups refont surface dans la réserve faunique près d’une municipalité de Saguenay et rapidement deux camps se formeront: certains désireront les éradiquer, d’autres voudront cohabiter avec eux. Ces citoyens armés en plein cœur du village viendront dessiner une cicatrice vive de laquelle émaneront des histoires passées qu’on aurait préféré garder enfouies. (À paraître le 23 septembre) Traductions Après le succès trop confidentiel de l’excellent Du ventre de la baleine (Boréal, 2012), on aura enfin le plaisir de redécouvrir le génie narratif de l’écrivain terre-­ neuvien Michael Crummey avec la traduction de Sweetland chez Leméac. Une île au large de Terre-Neuve se voit relocalisée; tous les habitants la quittent sauf un.

Moses Sweetland, maintenant seul, aura le loisir d’alors vivre dans le passé. (À paraître le 18 septembre) Les éditions Triptyque traduisent cet automne Les argonautes de Maggie Nelson. Ni fiction, ni essai, ni biographie, ni récit, ce livre rappelle I Love Dick de Chris Krauss publié l’année dernière chez Flammarion en raison de son caractère hybride. Une réflexion qui jumelle tout: l’amour, le sexe, la maternité et les transformations incessantes qui font de nous des êtres de chair. (En librairie) Après Aki Ollikainen et Gyrðir Elíasson, les éditions La Peuplade poursuivent leur collection «Fictions du Nord» avec l’écrivaine groenlandaise Niviaq Korneliussen et son roman Homo sapienne. Il s’agit d’une nouvelle – et d’une rare – voix littéraire issue de ce pays, nous offrant un roman queer en plein cœur des contrées nordiques. Fort probablement l’un des romans les plus dépaysants de l’automne. (À paraître le 26 septembre) Essais Bienvenue au pays de la vie ordinaire. Voilà déjà un titre d’essai un brin provocateur qui n’est pas pour nous déplaire. Mathieu Bélisle signe un livre qui se veut une réflexion sur l’homme moyen qui peuple notre société, celui que le manque d’ambition ou de curiosité aveugle les possibilités et les désirs, les gardant trop bien cachés sous un drap d’ignorance. Qu’adviendrait-il s’il osait un jour regarder plus haut? (À paraître en octobre)

Frédérick Lavoie parvient toujours dans ses livres à ramener à échelle humaine des enjeux qui trop souvent nous dépassent. Avec Avant l’après: voyage à Cuba avec George Orwell, l’écrivain et journaliste se plonge au cœur de cette période de flottement qui a cours à Cuba à la suite du départ de Fidel Castro. Au détour de ce témoignage des derniers milles du régime castriste, Lavoie tente au même moment de comprendre pourquoi le régime a décidé d’autoriser la publication de 1984, œuvre phare et antitotalitariste de George Orwell, en 2016. (À paraître le 24 octobre) Poésie On ne sait rien encore du prochain recueil de poésie de François Rioux autrement qu’il nous arrivera en libraire cet automne, intitulé L’empire familier au Quartanier. Fort de son Prix des libraires pour son deuxième recueil, Poissons volants (Le Quartanier, 2014), Rioux offre une poésie du quotidien, mais il parvient à le sublimer, à lui rendre sa superbe. Avec des références tantôt littéraires, tantôt populaires, Rioux écrit avec un humour certain pour célébrer nos inextricables détresses à la petite semaine. (À paraître le 23 octobre) Roger Des Roches manie la langue comme une saison que lui seul peut habiter. Après plusieurs dizaines de recueils de poésie publiés, Faire crier les nuages paraîtra cet automne aux Herbes rouges et on s’attend à ce qu’il poursuive cette recherche poétique qui occupe a posteriori toute son œuvre. Une soif insatiable de concision et d’évocation qui, à chaque recueil, nous submerge telle une vague scélérate. (À paraître le 23 octobre) y


ART CONCEPTUEL RÉALISÉ POUR ASSASSIN’S CREED ORIGINS PAR RAPHAËL LACOSTE


ARTS VISUELS 59 VOIR MTL

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BEAUTÉS LUDIQUES L’INDUSTRIE VIDÉOLUDIQUE EST L’UNE DE CELLES AYANT LE PLUS ÉVOLUÉ DANS LES 20 DERNIÈRES ANNÉES, TOUT AUTANT DU POINT DE VUE TECHNOLOGIQUE QU’ARTISTIQUE. EN FAIT, LES AVANCÉES TECHNIQUES ONT PERMIS À SES ARTISANS VISUELS D’ÉTENDRE LEUR IMAGINAIRE ET DE RÉALISER UN OBJECTIF PRIMORDIAL: CRÉER DES UNIVERS CAPTIVANTS. MOTS | ANTOINE BORDELEAU

Pour le joueur moyen, il peut être parfois difficile de concevoir justement l’immense tâche qu’est la direction artistique dans un jeu vidéo. Alors qu’on s’extasie devant les graphiques de plus en plus époustouflants des consoles et des ordinateurs modernes, il est plus rare que l’on considère la genèse de ce qui défile devant nos yeux, c’est-à-dire la véritable naissance d’un environnement visuel réalisé par des illustrateurs à l’imagination débordante. Raphaël Lacoste, directeur artistique senior sur la série Assasin’s Creed, explique sa profession: «Le métier évolue tout au long de la production d’un jeu. Comme directeur artistique, je suis le projet de la conceptualisation jusqu’à sa réalisation. Au départ, on définit un monde avec des illus­ trations avant qu’il soit modélisé et recréé en 3D. C’est avant tout un travail de création d’un genre de bible graphique avec laquelle on peut arriver, avant que les artistes 3D se mettent au boulot, devant le head office et présenter l’univers visuel d’un jeu.» Travaillant actuellement sur Assassin’s Creed Origins (réalisé chez Ubisoft Montréal), dont l’action se situera au sein de l’Égypte antique, l’équipe de Lacoste s’est retrouvée devant un défi intéressant. Devant combiner un angle historique avec un autre très créatif, elle a

eu à réimaginer une grande portion de la toile visuelle du monde qu’elle devait dépeindre: «Comme il ne reste actuellement que très peu de références en Égypte de ce qu’on voulait créer, on a eu beaucoup de marge créative. Bien que l’on se soit basé sur des références historiques, on a laissé place à notre imagination en se basant sur ce que l’on voulait transmettre visuellement: un monde très épique, qui déclencherait des émotions chez le joueur en ayant des dimensions extrêmes dans les bâtiments, en jouant avec les contrastes. Tous ces moments visuels impressionnants que l’on vit en jouant, ça part toujours de choix artistiques que l’on montre en dessin, avant tout. Un coup que c’est mis en 3D, je suis pour ma part garant de la qualité visuelle dans le jeu. Je dois m’assurer que tout ce qu’on a imaginé est efficacement recréé dans le moteur du jeu.» Alors que le travail à abattre est absolument massif dans ce contexte semi-historique, celui de créer un univers de toutes pièces comprend également des difficultés très marquées. Si l’on n’est pas entouré de la bonne équipe, il peut s’avérer très ardu de fabriquer un monde où le joueur aura envie de passer des dizaines d’heures, de trouver le bon équilibre entre réalisme et imaginaire

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RAPHAËL LACOSTE, DIRECTEUR ARTISTIQUE SENIOR SUR LA SÉRIE ASSASIN’S CREED PHOTO | ANTOINE BORDELEAU

débridé. «C’est beaucoup plus complexe à réali­ ser, mentionne Lacoste, quand tu pars de rien. Il faut que tu aies des personnes avec toi qui ont des visions très fortes. L’inspiration vient toujours de choses que l’on connaît, d’une culture générale. On peut puiser dans Blade Runner pour dessiner les premières planches d’un jeu de sci-fi, par exemple. Faut avoir une bonne culture visuelle.» Il mentionne au passage que des gens de tous les milieux finissent dans son équipe. Alors que certains ont étudié aux Beaux-Arts, il y en a d’autres qui ont des diplômes scientifiques. «Le profil de l’illustrateur en jeux vidéo est incroya­ blement varié. Si on a une vision claire et un coup de crayon solide, on a des chances. Ça prend surtout une imagination très développée.» À travers ses nombreuses années passées à mener la barque visuelle de la marque Assassin’s Creed, Raphaël Lacoste a également eu la chance de voir son métier évoluer grandement. Les contraintes techniques étant très importantes sur les ancien­nes plateformes, les artistes devaient volontairement modifier leur approche: «Ça nous forçait à nous rapprocher plutôt d’un côté cartoon. On voulait faire de très beaux jeux et on le pouvait, mais les limitations des machines nous empêchaient d’aller dans le réalisme, qu’on écartait donc des choix créatifs. Ça amenait des directions beaucoup plus graphiques, des ambiances plus fantastiques.» De nos jours, les processeurs graphiques permettant

«SI ON A UNE VISION CLAIRE ET UN COUP DE CRAYON SOLIDE, ON A DES CHANCES. ÇA PREND SURTOUT UNE IMAGINATION TRÈS DÉVELOPPÉE.» des prouesses visuelles inouïes, c’est précisément au directeur artistique de fixer les limites. «Je pense que l’art vient toujours avec des contrain­ tes. Si tu te dis que tu peux faire n’importe quoi, ce n’est pas non plus une bonne chose. Il faut que tu te forces à créer dans des lignes plus définies. Si ta seule contrainte c’est de donner dans le réalisme, c’est à mon sens beaucoup moins intéressant, parce qu’il n’y a pas de direction, pas de choix.»

Assasin’s Creed: Origins paraîtra sur PC, PS4 et Xbox One le 27 octobre prochain


LEONARD COHEN UNE BRÈCHE EN TOUTE CHOSE/ A CRACK IN EVERYTHING PHOTO | OLD IDEAS LLC

LAMPARIUM, DE SÉVERINE FONTAINE, CHRISTIAN LEMERCIER, LUC PARAT ET CLAUDE GOMEZ

DEAR ANGELICA (DANS LE CADRE DE SENSORIES STORIES) PHOTO | SASCHKA UNSELD PRODUIT PAR OCULUS STORY STUDIO


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LES ÉVÉNEMENTS DE L’AUTOMNE Photographie, art numérique, exposition multidisciplinaire, sérigraphie: un survol des événements et des expositions en arts visuels cet automne. MOTS | ALESSANDRA RIGANO

MULTIDISCIPLINAIRE Leonard Cohen – Une brèche en toute chose/A Crack in Everything Pendant 123 jours, le Musée d’art contemporain de Montréal rendra hommage à l’auteur-compositeurinterprète Leonard Cohen. L’exposition présentera des œuvres en arts visuels et de réalité virtuelle, des installations, de l’écriture et une série de concerts et d’événements en marge de l’exposition. Cette dernière avait été initiée avant le décès de l’artiste en novembre 2016. Du 9 novembre 2017 au 9 avril 2018, MAC L’offre L’exposition s’attarde sur le concept du don et présente pour l’occasion une série d’œuvres multidisciplinaires associées à l’échange, la réciprocité, la valeur, l’effort, la trace, le rituel, la gratitude, l’altruisme, l’obligation, la générosité et l’attachement. Les artistes Sonny Assu, Phil Collins, Dora Garcia, Simryn Gill, Felix Gonzales-Torres, Emily Jacir, Sergej Jensen, Mike Kelley, Lee Mingwei seront réunis dans le cadre de cette exposition. Du 5 octobre 2017 au 11 mars 2018, Fondation DHC/ART

EN GALERIE Get Rid of the Fabric Softener Au cours de la dernière année, Dominique Pétrin, spécialisée en sérigraphie, a été mandatée pour habiller une chambre de

l’hôtel fondé par Banksy à Bethléem. L’artiste présente sa première exposition solo réalisée à partir de méthodes artisanales d’assemblages. On y retrouvera une série de collages de grandes dimensions. Du 30 août au 30 septembre, Galerie Antoine Ertaskiran Soft Shrinking Tremor Née en Chine et résidant maintenant à Londres, Gabriele Beveridge s’intéresse à la beauté et à l’affichage commercial pour créer des œuvres où elle remet en contexte des objets pour redéfinir les concepts d’attraits et de désir. Du 8 septembre au 7 octobre, Parisian Laundry

PHOTOGRAPHIE World Press Photo Montréal Montréal accueillera les images gagnantes de la 12e édition du concours World Press Photo. La photo de l’année du photographe de l’Associate Press, Burhan Ozbilici, a été prise lors de l’assassinat de l’ambassadeur Andrey Karlov alors qu’il prononçait un discours dans une galerie d’art en Turquie le 19 décembre 2016. Jusqu’au 1er octobre, marché Bonsecours Zanele Muholi – Portraits choisis Activiste visuelle et photographe, Zanele Muholi réside à Johannesburg où elle dirige le Forum for Empowerment of Women et le forum de médias queer et d’activistes visuels Inkanyiso. À travers

des portraits et des autoportraits, l’artiste offre un témoignage de la culture visuelle de la communauté LGBTI. Dans le cadre de Momenta, la Biennale de l’image (mois de la photo), elle présente des extraits de ses séries Miss D’vine (2007), Of Love and Loss (2013), Somnyama Ngonyama (2014 à aujourd’hui) et Faces and Phases (2006 à aujourd’hui). Du 8 septembre au 15 octobre, Centre Clark

ŒUVRES IMMERSIVES Mondes oniriques Dans le cadre du troisième volet de Sensories Stories, l’exposition rassemble des œuvres en intelligence artificielle, en réalité mixte ainsi que des œuvres qui explorent l’olfaction, l’hap­tique et la reconnaissance faciale. Les expériences immersives ont en commun le thème du rêve et de la fantaisie. Jusqu’au 16 décembre 2018, Centre Phi Lamparium Dans un monde composé de lampes anthropomorphes, le spectateur est invité à expérimenter un espace à la fois réel et imaginaire. Dans le but de faire vivre une expérience visuelle et musicale immersive, la conceptrice Séverine Fontaine, l’illustrateur en 3D Christian Lemercier, le motion designer Luc Parat et le compositeur Claude Gomez ont créé un scénario théâtralisé autour de lumières animées. Jusqu’au 30 septembre, Société des arts technologiques y


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ALEXANDRE TAILLEFER DE LA MAIN GAUCHE

LES PRINCES ABSOLUS Les princes absolus, ou d’autres personnes accoutumées à une déférence illimitée, ressentent ordinairement cette entière confiance dans leurs propres opinions sur presque tous les sujets. John Stuart Mill, De la liberté Il y a quelques semaines, des amis anglo­ phones m’interpellaient en affichant une profonde indignation à la suite du vote des jeunes libéraux contre la mise sur pied d’un projet-pilote favorisant l’intégration d’élèves francophones dans le système scolaire anglophone. Je leur ai promis que j’y reviendrais en défendant cette position avec des arguments fondés sur des faits plutôt que sur mes émotions. Comme le hasard fait bien les choses, à peu près au même moment, mon plus vieux chum qui connaît mon intérêt pour les échanges philosophiques m’invitait à souper chez lui en compagnie d’un philo­ sophe qu’on entend régulièrement sur les ondes de Radio-Canada: Jocelyn Maclure. Comme quelqu’un qui tomberait face à face avec le Grand Mandrake, je n’ai pu m’empêcher de lui poser quelques questions afin d’étoffer ma réponse: — Jocelyn, je base souvent mes réfle­ xions sur des faits, des statistiques et des études. Je suis un grand défenseur de notre langue et de notre culture, mais j’ai de la misère à les défendre autrement qu’en utilisant des arguments émotionnels. — Ce ne sont pas des arguments émotionnels, m’a-t-il répondu. Défendre le français, c’est défendre des valeurs com­ munes, établies par la majorité. Défen-

dre sa culture et sa langue, c’est un choix démocratique. Quand la majorité déterminera qu’il s’agit d’une cause qui n’en vaut plus la peine, le Québec passera à autre chose. En partant, Jocelyn m’a remis son dernier livre, Retrouver la raison, que je me suis empressé de lire en arrivant à la maison. C’est là que j’y ai trouvé cette citation de John Stuart Mill, que j’ai mise en exergue et sur laquelle je médite depuis. Ai-je moi-même, comme les princes absolus, trop confiance en mon opinion? Cette question allait me rattraper... Samedi dernier, Le Devoir publiait un son­dage qui indiquait clairement qu’une majorité de Québécois sont pour un relâ­­chement des règles encadrant l’accès aux écoles anglophones...

La Ronde en tentant d’assommer avec un marteau chacune des marmottes qui sortent par hasard des trous du stand. Au bout de 48 heures, après avoir bloqué près de 200 personnes, il n’en sortait plus beaucoup. Plusieurs commentaires me reprochaient de bloquer des gens qui émettaient des opinions contraires aux miennes. T’as beau refuser en bloc l’adversité, certains propos continuent de te miner l’humeur. Un passage du livre de Jocelyn Maclure m’est revenu à l’esprit, comme pour m’inviter à retrouver la raison, justement... «Par la discussion et l’expérience – mais non par la seule expérience – [l’homme] est capable de corriger ses erreurs: la discussion est nécessaire pour montrer comment interpréter l’expérience.»

*** *** J’ai publié le mois dernier un message sur Facebook à propos de La Meute qui m’a valu des réactions disparates. Il faut dire que mon message était très dur et ne faisait pas dans la dentelle. Je disais que ceux qui affichent le logo de ce regroupement sur leur page ne sont pas différents de ceux qui soutiennent le KKK. Aucun des messages que j’ai publiés sur les médias sociaux n’a reçu autant de J’aime et de J’adore, tout en suscitant, en parallèle, autant de commentaires virulents. Des messages haineux, d’une rare méchanceté. Je me suis braqué, je ne pouvais pas croire ce que je lisais. J’ai pris quelques heures à lire les commentaires, à me pomper, puis à bloquer chacun des belligérants, un peu comme quand vous dépensez quelques dollars à

L’hiver dernier, j’ai croisé le chemin d’un jeune homme du nom de Benoît. À peine âgé de 14 ans, ce garçon possède un sens politique et un esprit de synthèse comme j’en rencontre rarement chez mes contemporains. C’est en partageant une bouchée avec lui samedi dernier qu’il a échangé quel­ ques-unes de ses observations avec moi. Des observations qui allaient sérieusement bousculer ma vision du monde. — L’élite est déconnectée, me disait-il. Ce que la population dit, ce n’est pas qu’elle ne veut pas d’immigrants, c’est qu’elle a peur et qu’elle veut que ça se fasse comme du monde. Ce n’est pas en les traitant de xénophobes et de


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> racistes qu’on va mettre le couvercle sur la montée du populisme. — Tu es certain, Benoît? Comment en es-tu venu à développer ton sens critique, ta lecture politique? — J’en suis absolument certain. Je n’é­ coute aucun média populaire, pas de LCN, pas de Radio-Canada, je n’ai jamais écouté ça, c’est juste de la propagande. Je préfère écouter la lutte japonaise et les médias alternatifs. Il faut que vous compreniez que c’est fini, les enfants de la loi 101. Les conversations dans les cours d’école se déroulent de plus en plus dans la langue maternelle des nou­ veaux arrivants. Nous ne sommes plus une communauté, nous sommes plusieurs communautés et ça fait peur pour la sauvegarde de notre identité. On ne veut rien savoir d’un post-nationa­lisme à la Trudeau dont les Ontariens se contentent. Je vous avais prévenus, ce Benoît est articulé et drôlement lucide. Une fois

de plus, je m’interroge devant les arguments de ce jeune que je trouve allumé et brillant: devais-je remettre en question ma propre opinion?

aussi que nos enfants bénéficieront d’un plus important accès au marché du travail s’ils sont parfaitement bilingues et que ce bilinguisme n’est pas une menace à la survie de notre langue.

*** Il faut reconnaître que la société québécoise fait face à plusieurs dilemmes importants qui vont nécessiter réflexions et débats et requérir éventuellement l’introduction d’un nouveau cadre législatif. Il faudra bien être capable d’établir ce dialogue dans le plus grand respect, avec la volonté de protéger nos valeurs communes. Les dilemmes sont nombreux: être ouvert à l’immigration tout en pro­ tégeant notre langue et notre culture; accueillir les musulmans et les juifs hassidiques tout en établissant clairement que notre société n’accepte pas de discrimination basée sur le sexe; aider les anglophones à protéger leurs institutions tout en défendant le français comme langue commune et fondement de notre culture, mais en reconnaissant

Bref, il faudra réconcilier toutes ces posi­ tions qui nous semblent parfois irré­ conciliables. Tout un défi! Alimenter mes réflexions et faire évo­ luer ma pensée à travers les critiques acerbes sur les médias sociaux, les réfle­ xions des philosophes comme Jocelyn, l’indignation de mes amis anglopho­nes, le sens politique d’un jeune comme Benoît et de tous ces autres humains autour de moi, c’est un exercice que je souhaite pratiquer davantage. Parce que l’un des plus grands dangers qui nous guettent est certainement de nous transformer en princes absolus qui n’écoutent plus personne. Merci d’être nombreux à m’en empêcher. y


QUOI FAIRE

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MUSIQUE

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PIERRE KWENDERS CENTRE PHI – 13 SEPTEMBRE

Originaire du Congo, le chanteur Pierre Kwenders attirera sans doute la presse internationale avec son deuxième album MAKANDA at The End of Space, the Beginning of Time, un mélange vivant et audacieux de rumba congolaise, de hip-hop et d’électro qu’il a imaginé en compagnie de Tendai Baba Maraire du duo seattlien Shabazz Palaces. Il sera sans doute en pleine forme pour ce spectacle-lancement fort attendu.


QUOI FAIRE 67 VOIR MTL

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DESCENDENTS MÉTROPOLIS – 7 SEPTEMBRE

Depuis sa formation en 1977, le groupe punk rock californien Descendents a grandement influencé la scène hardcore, notamment avec le classique Milo Goes To College. Récemment reformé, le groupe est de retour sur la route avec de nouvelles pièces et s’arrêtera au Métropolis pour brasser la cabane comme il se doit.

ANCIENT FUTURE QUAI DE L’HORLOGE – 8 ET 9 SEPTEMBRE

La musique électronique et le hip-hop sont à l’honneur durant le happening multidisciplinaire Ancient Future, qui se déroule en plein cœur du Vieux-Port. Pour sa troisième édition, le festival montréalais propose une programmation de marque avec The Underachievers, Fritz Kalkbrenner, Hudson Mohawke, Brown, Sam Paganini, Etienne de Crécy, Zeina, Omar Souleyman, KGoon et Grandbuda.

PHOTO | MEGALMAGE

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PIXIES MÉTROPOLIS - 27 SEPTEMBRE

La bande de Black Francis, emblématique du rock alternatif américain des années 1980 avec ses quatre premiers albums studio, a fait un retour remarqué en 2014 et, plus récemment, avec son plus récent opus Head Carrier. Le groupe de Boston donne toujours des prestations mémorables et explosives, où les hits tels que Where Is My Mind? côtoient des pièces plus rares de son vaste catalogue.

THE BLACK MADONNA PARC JEAN-DRAPEAU – 10 SEPTEMBRE

La saison 2017 de Piknic Électronik tire à sa fin. Parmi ses derniers partys dominicaux, l’événement présente en septembre Sébastien Léger, Misstress Barbara, Josh Wink et la DJ de Chicago The Black Madonna. La nouvelle star de la techno-house viendra boucler un intense été de musique électronique au parc Jean-Drapeau.

CONTE À RENDRE (UN INTERROGATOIRE)

MACKJOFFATT – THE DIGG

ÉMILE BILODEAU

THÉÂTRE OUTREMONT – SÉRIE MILE-OUT

THÉÂTRE DE LA VILLE, LONGUEUIL

ESPACE LIBRE - DU 12 AU 23 SEPTEMBRE 2017

29 SEPTEMBRE À 20 H

13 OCTOBRE

Qu’est-ce qui nous détermine, nous façonne? Qu’est-ce qui guide nos gestes, nos décisions? Dans l’espace exigu d’une salle d’interrogatoire, Alice doit répondre d’un geste fatidique. Un évaluateur cherche à comprendre. Au coeur de cette histoire, une vieille «poêlonne en fonte». L’histoire d’un improbable dialogue de sourds qui se mettent à table et finissent par s’écouter… et s’entendre.

Descendant de Beck, Bran Van 3000, The Roots et Anderson Paak, le rappeur Mackjoffatt offre un contenu original au-delà de la scène hip-hop traditionnelle, des textes imagés et humains, des mélodies percutantes, aux structures pop. Son premier album, The Digg, réunit Ariane Moffatt, Simon Angell, Kevin Warren et Alexis Dumais.

Les éloges pleuvent sur Émile Bilodeau depuis la parution de son premier album. Ce jeune auteur-compositeur-interprète longueuillois s’amène avec son folk singulier tantôt comique, tantôt sensible. Avec sa vision engagée et un brin ingénue du monde qui l’entoure, Émile Bilodeau est un phénomène rare qui s’impose parmi les jeunes de sa génération.


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DEAD OBIES MÉTROPOLIS – 14 SEPTEMBRE

Un an et demi après avoir livré le touffu et éclaté Gesamtkunstwerk, le sextuor Dead Obies récoltera le fruit de ses efforts avec un spectacle de haut vol. Après Loco Locass, Omnikrom, Loud Lary Ajust, Rymz et quelques autres, le groupe sera l’un des rares de la scène rap québécoise à avoir foulé les planches de cette salle emblématique.

JOHN MAUS RIALTO – 15 SEPTEMBRE

POP Montréal présentera des centaines de concerts en ville du 13 au 17 septembre. Parmi les invités, on retrouve le musicien américain John Maus, qui fait dans la synthpop expérimentale. Collaborateur d’Ariel Pink dans une autre vie, John Maus nous titillait avec du nouveau matériel cet été.

NICK MURPHY MÉTROPOLIS – 22 ET 23 SEPTEMBRE

Nick Murphy est de retour à Montréal sous son vrai nom, lui qui a délaissé le pseudonyme Chet Faker l’an dernier. Le beau barbu australien maintenant basé à Brooklyn nous présentera le matériel électro de sa deuxième vie musicale. Il sera dans la métropole deux soirs consécutifs. >

PHOTO | PHILISTINE DSGN


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WIRE THÉÂTRE FAIRMOUNT – 21 SEPTEMBRE

Pionniers du post-punk anglais, les membres de Wire ont connu leurs belles années dans la décennie 1970 grâce à la richesse de leur son. Près de 40 ans plus tard, le groupe poursuit son legs musical en lançant des albums sur une base régulière. Il sera intéressant de les entendre piger dans ce riche répertoire.

AGRIROCK SAINT-HYACINTHE – 28 AU 30 SEPTEMBRE

Vingt artistes sont au rendez-vous dans dix lieux de la sympathique bourgade de SaintHyacinthe pour trois jours de musique variée, dont Les Breastfeeders, Antoine Corriveau, Vulvets, Louis-Philippe Gingras, Keith Kouna, Lydia Képinski, Les Louanges et le phénomène Gab Paquet, charismatique chanteur de charme à l’eau de rose. PHOTO | MIKE HIPPLE

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Ici vous trouverez de superbes pièces de viande prêtes à servir ou marinées mais aussi une grande épicerie regorgeant de toutes sortes de délices!

PHOTO | MARIANNE PLAISANCE

SCÈNE

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MARCHÉ JEAN-TALON

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JAY DU TEMPLE MÉTROPOLIS – 8 SEPTEMBRE

Jay Du Temple ne joue pas vraiment pas de personnage sur scène, préférant miser sur son authenticité de bon gars bien élevé. Talentueux raconteur d’histoires, l’humoriste montréalais ne manque pas de cran et s’offre un Métropolis afin de donner le coup d’envoi à son Moyen Tour, suite logique du Mini Tour qu’il a porté aux quatre coins du Québec cet été.



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LOUIS-JOSÉ HOUDE OLYMPIA – PLUSIEURS DATES ENTRE LE 1ER SEPTEMBRE ET LE 18 NOVEMBRE

L’un des humoristes chouchous du Québec, reconnu pour ses textes habiles et son sens aiguisé du timing, s’installe en résidence à l’Olympia pour quatre mois de représentations de Louis-José Houde préfère novembre, son quatrième one-man-show en carrière, dans lequel il souhaite se présenter sous un angle plus naturel.

DOGGY DANS GRAVEL THÉÂTRE DENISE-PELLETIER JUSQU’AU 16 SEPTEMBRE

Une bande de scouts se rend à un après-bal et... Une histoire qui dresse le portrait d’adolescents québécois d’aujourd’hui. Cette production du Théâtre Kata est une belle performance qui mêle danse, théâtre et humour. PHOTO | JOCELYN MICHEL

Profitez de votre heure de dîner! Que ce soit pour un lunch d’affaires ou entre amis, notre table d’hôte du midi saura vous charmer! Notkins offre des fruits de mers d’une fraicheur sans égal . Homards, crabes, crevettes, oursins, moules, palourdes, Nous choisissons les meilleurs produits que nous propose l’océan.Mais bien sûr, c’est l’huître qui détient la place d’honneur.

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DEMAIN MATIN, MONTRÉAL M’ATTEND THÉÂTRE DU NOUVEAU MONDE DU 19 SEPTEMBRE AU 14 OCTOBRE

Après le succès de la première série de représentations en juin dernier, dans le cadre du Festival de jazz, la comédie musicale de la Main remonte sur les planches du TNM. Quand René Richard Cyr s’attaque à la fameuse pièce de Michel Tremblay, ça décoiffe: humour, mise en scène colorée et solide distribution!

À TE REGARDER, ILS S’HABITUERONT THÉÂTRE DE QUAT’SOUS – DU 5 AU 30 SEPTEMBRE

Six metteurs en scène ont travaillé ensemble sur ce projet, entourés d’une douzaine d’acteurs, et avec Olivier Kemeid et Mani Soleymanlou comme chefs d’orchestre. Basée sur le texte d’un collectif d’auteurs, cette pièce parle de réappropriation et de diversité culturelle.

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DES ARBRES LA LICORNE - DU 25 SEPTEMBRE AU 20 OCTOBRE

Un couple dans la trentaine attend dans la file d’un IKEA. Lorsqu’il avance l’idée d’avoir un enfant, elle est prise au dépourvu. En ces temps d’austérité, d’incertitude politique et de changements climatiques, est-ce vraiment une bonne idée de mettre quelqu’un au monde? D’un autre côté, la race humaine se reproduit depuis des années sans trop se poser de questions… Que risquent-ils de détruire en premier, la planète ou leur couple? Grand succès, cette pièce de Duncan MacMillan en est à sa troisième reprise.

BASHIR LAZHAR CENTRE DU THÉÂTRE D’AUJOURD’HUI - DU 19 SEPTEMBRE AU 14 OCTOBRE

La fameuse pièce d’Evelyne de la Chenelière est reprise sur scène, 10 ans après une première création de laquelle a suivi une adaptation au cinéma. Partition pour un acteur, ce texte poignant raconte l’histoire d’un immigré venu remplacer une institutrice... Préjugés et choc des cultures au programme.

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CHARLES DESCHAMPS THÉÂTRE SAINTE-CATHERINE – 23 SEPTEMBRE

«La vie, c’est des claques dans face avec un peu de bonheur entre chaque. Si l’on est capable de rire de ces claques, on n’aura pas besoin de tendre l’autre joue», dit Charles Deschamps dans la description du spectacle Mon père est plus mort que le tien. L’humoriste et cofondateur du Bordel y aborde notamment des sujets tabous comme le deuil et le suicide.


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CINÉMA

VOIR MTL

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EN SALLE LE 8 SEPTEMBRE

De nombreux enfants disparaissent dans la petite ville de Derry, Maine, puis sont retrouvés mutilés de façon horrible. Pendant que la terreur gagne la communauté, un groupe de sept jeunes unis par leur rencontre affreuse avec un clown malveillant et diabolique. Ils tenteront de l’éliminer, dans le but de faire cesser l’horreur qui menace leur ville.

LES ROIS MONGOLS EN SALLE LE 22 SEPTEMBRE

Dans le Montréal d’octobre 1970, la famille de Manon, 12 ans, est sur le point de tomber en ruine, alors qu’elle et son petit frère doivent être placés dans une famille d’accueil. S’inspirant de la crise politique ambiante, elle décide de prendre en otage une vieille dame avec ses deux cousins pour revendiquer son propre futur.

NOUVELLES EXPÉRIENCES MUSICALES

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BIENVENUE À CONFORMOPOLIS

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KINGSMAN – THE GOLDEN CIRCLE


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KINGSMAN – THE GOLDEN CIRCLE EN SALLE LE 22 SEPTEMBRE

Kingsman, l’élite du renseignement britannique en costume trois-pièces, fait face à une menace sans précédent. Alors qu’une bombe s’abat et détruit leur quartier général, les agents font la découverte d’une puissante organisation alliée nommée Statesman, fondée il y a bien longtemps aux États-Unis. Face à cet ultime danger, les deux services d’élite n’auront d’autre choix que de réunir leurs forces pour sauver le monde des griffes d’un impitoyable ennemi, qui ne reculera devant rien dans sa quête destructrice.

STRONGER EN SALLE LE 22 SEPTEMBRE

Afin de reconquérir sa petite amie coureuse, un ouvrier vient l’attendre derrière le fil d’arrivée du marathon de Boston. Une explosion, à quelques mètres d’où il se trouve, lui fauche les deux jambes. S’amorce pour lui et elle un véritable parcours du combattant pendant lequel ils essaieront de se retrouver. <

TOUT SIMPLEMENT SAVOUREUX!

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BATTLE OF THE SEXES EN SALLE LE 22 SEPTEMBRE

Biopic portant sur la joueuse de tennis américaine Billie Jean King. Numéro un mondial de sa discipline au début des années 1970, elle devient une véritable star en 1973 en participant à la «bataille des sexes», lorsqu’elle relève le défi d’affronter le champion Bobby Riggs sur un court.

AMERICAN ASSASSIN EN SALLE LE 15 SEPTEMBRE

Nouvelle recrue d’une équipe d’élite officiant pour le contre-espionnage américain, Mitch Rapp va suivre un rude entraînement mené par Stan Hurley, formateur légendaire de la CIA. Face à une vague d’attaques terroristes sans précédent, les deux hommes vont devoir s’associer à un agent turc afin d’arrêter un individu aussi dangereux qu’insaisissable, ayant pour intention de déclencher une guerre au Moyen-Orient.

ARTS VISUELS

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ARTHUR DESMARTEAUX ATELIER CIRCULAIRE 8 SEPTEMBRE AU 21 OCTOBRE

Terminant actuellement une maîtrise en arts visuels à l’Université Concordia, Arthur Desmarteaux présente l’installation immersive Fantástica México, un photomontage dense créé à partir d’impressions numériques et «animé par des projections en vidéo-mapping produisant un jeu d’ombres, le tout sur fond sonore des rues de Mexico».


QUOI FAIRE 81 VOIR MTL

AMERICAN ASSASSIN

1030 Laurier Ouest , (514) 279-7355, chezleveque.ca

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KM3 PLACE DES FESTIVALS – JUSQU’AU 15 OCTOBRE

KM3, c’est une expérience artistique et sensorielle, réunissant une vingtaine d’œuvres prenant diverses formes pour mieux réinventer la ville. Le Quartier des spectacles saura ainsi vous surprendre par des œuvres visuelles, sculpturales, architecturales ou de design, tantôt interactives, tantôt plus contemplatives. Des artistes d’ici et d’ailleurs vous feront découvrir des formes novatrices d’art public.

TREVOR KIERNANDER MAISON DES ARTS DE LAVAL JUSQU’AU 5 NOVEMBRE

(DE GAUCHE À DROITE, DE HAUT EN BAS) CHLOË LUM & YANNICK DESRANLEAU; ANDRÉANNE ABBONDANZA-BERGERON; ATOMIC 3; MARSHMALLOW LASER FEAST & DPT., PRESSTUBE ET HEADSPACE STUDIO

Pour un délicieux smootie, un bon café ou pour le légendaire club sandwich

Titulaire d’une maîtrise au prestigieux collège Godsmiths de l’Université de Londres, le peintre Trevor Kiernander a une quête à la fois esthétique et réelle, «profondément liée à notre sentiment d’appartenance à des lieux intimes». S’interrogeant sur les rouages de notre époque marquée par la mobilité, il évoque la diaspora, la dislocation et la désorientation dans ses peintures. Le vernissage aura lieu le 10 septembre.


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Des plats aux couleurs de notre potager urbain

Ouvert du Mardi au Samedi de 18h00 à 22h30

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-sœurs » — Le Devoir

dès le 19 septembre

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MISE EN SCÈNE

LORRAINE PINTAL

dès le 24 octobre

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une présentation Les visiteurs du soir et démons productions

une présentation power corporation du canada en collaboration avec LA PRESSE+

adaptation et mise en

ène OLIVIER Ksc EMEID adaptation

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