MI NI S T E REDEL ’ E NS E I GNE ME NTS UPE RI E URE TDEL ARE C HE RC HES C I E NT I F I QUE UNI VE RS I T EDEC ART HAGE E C OL ENAT I ONAL ED’ ARC HI T E C T UREE TD’ URBANI S ME
Ré v é l aond’ unemé moi r epe r due : Ca sduqua rerj ui fe tl as y na g og ue«E l bi ’ a»deGa f s a Di r ec t r i c edemémoi r e: MmeNAJ OUAT OBJ I
El abor épar : MAHDI FETTEH Dé c e mbr e2 0 2 0
Mémoire d’architecture : Révélation d’une mémoire perdue: Cas du quartier juif et la synagogue « Elbi’a » de Gafsa
Elaboré par Mahdi Fetteh Directrice de mémoire Mme. Najoua Tobji
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Remerciements
Aux prémices de ce mémoire, je tiens à remercier Mme. Najoua Tobji pour le temps qu’elle m’a consacré, ses conseils et ses encouragements surtout dans les conditions difficiles de la pandémie du Covid-19. J’exprime ma gratitude à toutes les personnes qui m’ont aidée de près ou de loin au développement de ma réflexion, notamment Mme Férida Sellem, Mme. Amira Naoui, Mme. Imen Oueslati et Mr. Mohamed Ben Moussa pour leurs remarques judicieuses durant l’atelier de la cinquième année. Je remercie tous les enseignants ayant contribué à ma formation à l’ENAU Finalement, J'aimerais remercier mes chers parents, mes frères et Amal Lachiheb pour leurs encouragements qui m'ont incité à donner le mieux de moi-même. Un grand merci à tous mes chers amis et à toute personne ayant contribué de près ou de loin à l’élaboration de ce travail.
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Sommaire Remerciements
4
Sommaire
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Motivation
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Introduction générale
8
Introduction
8
Problématique
9
Méthodologie
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CHAPITRE I: Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
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Introduction
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1. L’arrivée des différentes vagues de juifs à « Gafsa »
15
2. Présentation des différents édifices délaissés
27
3. Matériaux et techniques de construction
39
3. Synthèse
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CHAPITRE II : « Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
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Introduction
44
1. Contexte Géographique
45
2. Structure de la médina
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3. L’espace urbain de la médina
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4. Mutations et Evolutions
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5. Synthèse
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CHAPITRE III : « Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
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Introduction
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1. La Mémoire du lieu
73
2. Etat actuel de la Synagogue
88
Conclusion
95
5
Synthèse
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CHAPITRE VI : « El-Hara » …La Revitalisation
97
Introduction
98
1. Rappel
98
2. Revitalisation de l’ancien quartier juif de Gafsa
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3. Analyse des Références A l’échelle du quartier juif :
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4. Réponse architecturale
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Conclusion générale
123
Les Annexes
124
Bibliographie
139
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Motivation Je suis né et j’ai grandi à Gafsa, une ville qui m’a toujours attirée par son riche patrimoine et ses nombreuses festivités. Par ailleurs, dès mon enfance j’étais intéressé par les approches philosophiques ainsi que leurs manifestations spatiales et spirituelles dans les anciens bâtiments. A l’âge de 16 ans mon père m'a parlé du « QUARTIER JUIF » situé dans l’ancienne ville de Gafsa. Hélas, ce quartier a subi beaucoup de mutations et d'altérations que j’ai eu du mal à le repérer. Heureusement, la présence de l’ancienne Synagogue délaissée dans ce coin urbain oublié était là pour nous rappeler l'histoire révolue de ce quartier. En visitant les lieux j'ai pu constater qu'il s'agit, aujourd'hui, d'un un lieu marginalisé dont les édifices étaient transformés en tanières pour les délinquants. Après mes premières années à l’école d’architecture, j’ai compris que l’histoire est une discipline très importante pour la compréhension des phénomènes culturels et sociologiques et leurs manifestations architecturales. D'ailleurs, l’histoire de notre pays, constitue un réservoir très riche en données qui peuvent nous éclairer lors de l'exploration des édifices porteurs des valeurs patrimoniales qui font écho à des problématiques modernes. Au moment de choisir la thématique de mon mémoire d'architecture l'image de ma ville natale et celle de ce quartier méconnu se sont à nouveau imposées à moi…j'ai décidé alors d'explorer ce sujet.
Figure 1: L'appréhension (Source: auteur)
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Introduction générale Introduction La succession et le passage des civilisations laissent des traces multiples sur les territoires. D'ailleurs, les villes qui étaient le lieu de vie et d'installation de plusieurs établissements humains présentent des strates matérielles et immatérielles qui confèrent à ses territoires leurs identités. Les bâtiments historiques constituent un des plus importants témoins et manifestations physiques de ces spécificités culturelles. Inscrits au sein des contextes urbains mutants, ces édifices méritent d'être examinés et étudiés de plus près. Gafsa, une ville du sud tunisien, constitue un de ces territoires, qui reflètent une diversité historique importante et porte les traces de formations humaines successives. En effet, depuis l'antiquité la ville de Gafsa, grâce à son emplacement stratégique sur les routes des caravanes, a constitué un point d’attraction pour différentes cultures et ethnies. Cette ville oasienne connaissait l'arrivée de plusieurs peuples, d’ailleurs, l’histoire atteste la présence d'une communauté juive. Depuis des temps reculés, cette présence était accompagnée par des traductions spatiales et socio-culturelles qui se sont manifestées à la fois dans le milieu urbain et dans l'espace architectural de la médina de Gafsa.
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Problématique « L'architecture est le témoin incorruptible de l’histoire... »1 La fondation de la ville de Gafsa remonte à des époques très lointaines… son territoire porte d'ailleurs plusieurs traces archéologiques et historiques en témoignent la présence de vestiges antiques tels que la piscine romaine édifiée au IIème siècle, ou encore les quartiers qui remontent à l'époque médiévale à l'instar du quartier « Homet El-Oued ». Articulé autour des bassins romains ce quartier se présente sous la forme d'un espace isotrope constitué par plusieurs couches historiques. Une de ces principales couches est connue localement sous le nom « d’El-Hara ». Il s'agit de l'ancien quartier juif reconnaissable par ces lieux de culte notamment sa grande synagogue ou El-Bi ’a. Aujourd’hui, cet héritage architectural et urbain spécifique est toujours le témoin d'une époque révolue notamment suite au départ de la communauté juive qui a quitté petit à petit la ville de Gafsa. Le cadre social du quartier juif à Gafsa est un cadre complexe qui reflète l’intégration d’une communauté dans un contexte urbain et son adaptation aux besoins économiques. En dépit de l’abandon du quartier par ses utilisateurs d’origine, les potentialités du site et ses spécificités historiques demeurent présents mais estompés et risquent aujourd’hui de disparaitre. En fait, le QUARTIER JUIF de Gafsa a motivé plusieurs chercheurs, comme sujet d’étude, Toutefois on retrouve uniquement une seule recherche intitulée « l’Histoire et mémoire des lieux »2 et qui appréhende ce quartier comme étant un espace témoin d’une mémoire, détaché de son contexte social actuel et sans prendre en considération les différentes spécificités architecturales en dégradation. Dans cette perspective, mon travail s’est orienté vers l’étude du « quartier juif à Gafsa (El-Hara) » et sa métamorphose en fonction des mutations socio-culturelles, ainsi que l’étude du l’édifice emblématique d'el Hara « Synagogue El-Bi ‘a » qui n’est plus dédié au culte aujourd’hui. L’objectif de ce travail est de comprendre le potentiel du Quartier El-Hara et de dégager ses spécificités historiques architecturales et urbaines ainsi que la recherche d’une réponse architecturale contextuelle qui contribuerait à le mettre en valeur. L’approche de l’étude dépasse la mise en valeur du patrimoine à El-Hara comme étant un objet matériel figé dans le temps à la garantie de la survie de l’édifice et ce en considérant le contexte actuel du quartier. 1
Octavio Paz : Artiste, Poète, écrivain (1914 - 1998) Noura Kerrou « Histoire et mémoire des lieux », Mémoire en sociologie, Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis, 2008 2
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Comment par une intervention architecturale peut-on redonner la vie au quartier El-Hara et remettre en marche une dynamique sociale, culturelle et économique ? Comment peut-on revaloriser la Synagogue et l’intégrer dans l’ambiance actuelle en l’adaptant aux besoins de la société ?
Méthodologie L’objectif de ce mémoire est de mettre en valeur l’édifice délaissé (Synagogue El-B’ia) et par suite de requalifier El-Hara en lui redonnant, en collaboration avec ses habitants actuels, sa valeur sociale et économique Pour y arriver mon mémoire s'articule autour de quatre chapitres : Le premier chapitre aborde l’histoire perdue et les mémoires des lieux afin de comprendre l’origine des juifs installés à « Gafsa », en étudiant leur contexte général, leurs modes de vie ainsi que leur évolution en fonction du temps par rapport à l’espace. Le deuxième chapitre comporte le positionnement et l’évolution du « Quartier juif à Gafsa » suivant l’ordre chronologique et les mutations socio-économiques en se basant sur l'étude de la morphogenèse du site. Le troisième chapitre Puisque on se trouve face à un lieu de culte délaissé et anonyme à nos jours, dans ce chapitre, on commence par une collecte des informations concernant la genèse de la synagogue El B’ia basée sur une recherche bibliographique, une enquête sur site et une analyse architecturale « in-situ » et ceci dans le but de connaitre, faire reconnaitre et transmettre la mémoire de l'édifice Le dernier chapitre consiste en premier lieu à la recherche de nouveaux besoins de la population « d’El-Hara » grâce aux entretiens effectues avec un nombre d'habitants de Gafsa pour pouvoir construire une stratégie d’intervention. Notre but c’est de redonner vie à la synagogue de Gafsa tout en gardant l’aspect participatif du lieu en se basant sur l’étude et avec le recours à quelques projets de référence. La réponse architecturale se manifestera ainsi de l’échelle du quartier jusqu’à la Synagogue
Figure 2: Méthodologie (Source: auteur)
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
CHAPITRE I: Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
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CHAPITRE I:
Figure 3: Gafsa 1920 (Source: Dee Van Romer)
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
Introduction « L’architecture est la forme physique qui enveloppe la vie des hommes dans toute la complexité de leurs relations avec le milieu »3 En XII av. J-C, un type d’homme anthropologiquement proche des habitants actuels du Maghreb fit son apparition à la région de Gafsa à partir de ses traces d'activités, d’où cet Homo-sapiens était appelé « Capsien » de Capsa (nom antique de Gafsa)4. En effet, cette ville était connue par ses anciennes oasis et ses sources naturelles. Ainsi, elle a attiré tout au long de son histoire des populations d'origine ethniques diverses (berbères, romains et arabes...) qui ont laissé leurs empreintes spatiales et socio-culturelles dans la ville. Cette ville et son oasis ont été indissociables puisque cette dernière a toujours assuré un rôle de première importance sur les plans économique, social et culturel en constituant une source de richesse pour les habitants. D'ailleurs, l’oasis constituait le centre de la vie communautaire de cette région ce qui est remarquable dans l’ancienne structure urbaine qui dépend de la distribution de l’eau comme une source naturelle importante Ces structures urbaines attestent la présence d’une souche juive présente pendant l’histoire, une communauté de diverses origines reflète une variabilité des édifices abandonnés. Les différents vestiges tels que le quartier juif ou El-Hara, le Tarmil5 et la synagogue concrétisent la présence d’une communauté juive. Aujourd'hui en dépit de l’état lamentable dans lequel se trouve ces vestiges, ils constituent un témoignage important d’une ancienne population qui a évolué dans le temps.
3
Jean Renaudie (https://www.frac-centre.fr/) D. Grebenart, « Capsien », Encyclopédie berbère P. 1760–1770 5 Ancien édifice ou les juifs fassent leurs bains rituels 4
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
1. L’arrivée des différentes vagues de juifs à « Gafsa » Dans le sud-ouest de la république tunisienne, se situe la ville de Gafsa, connu également sous le nom antique Capsa.6 : C’est une ville intérieure localisé à 360 km de la capitale et comporte presque 105 milles habitants7
Figure 4: Plan de Situation (Source : Google modifié par l’auteur)
Jadis, cette région était surtout peuplée de Berbères, la plupart d’entre eux parlaient le latin Ifriqiyien (langue romaine oubliée de l’Afrique du Nord) et professait la foi chrétienne. Après l'islamisation de la région et à la fin de VIII siècle et au début de IX siècle Gafsa était peuplée de kharidjite (Miknasa, Lwata et Zwagha…)8.
6
N. Rahmani, « Nouvelle interprétation de la chronologie capsienne » 2004, P. 345-360 Census.ins.tn « Populations, logements et ménages par unités administratives et milieux » 2016 8 Talbi, M, «Kafsa, The Encyclopaedia of Islam », 1978 7
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
En outre la ville oasis était mentionnée dans la littérature juive du Xème siècle en se référant à la présence de plusieurs tribus nomades juives qui ont gagné leurs vies grâce aux convois commerciaux traversant le désert et y ont campé9.
Figure 5: les convois commerciaux Juifs à l'oasis de Gafsa (Croquis : auteur)
D’où on ne peut pas nier que La présence d'une communauté juive à Gafsa est attestée dans la ville de Gafsa (la présence des communautés juives est attestée par des références littéraires également à Thusuros (actuelle Tozeur). Elle est ainsi caractérisée par sa très grande ancienneté et par le nombre élevé de ces individus 10 Vu l’absence presque totale de documentations écrites, les premières installations, les origines de cette communauté sont difficiles à définir avec exactitude. Cependant les géographes arabes ont noté, à plusieurs reprises, la présence des juifs dans la région de Djebel Nefoussa en Libye (qui sont en général des tribus berbères judaïsées au sud de l’Ifriqiya).
9
Musée de la Diaspora Cornet (H.), « Les Juifs de Gafsa », Les Cahiers de Tunisie, 1955 p276-277
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
A son tour, Ibn Khaldoun a dressé une liste exhaustive des tribus judéo-berbères qui professaient le judaïsme en donnant l’exemple des Djeraoua, une tribu qui habitait l’Aurès et les Nefoussa de l’Ifriqiya dont ceux de Gafsa11 Selon l’historien Haim Zeev Hirschberg12 l’installation des communautés juives n’est pas produite en une seule période. Elle s'est plutôt opérée sur plusieurs générations avant même l’arrivée des arabes.13 Pour pallier au manque de documentations historiques et pour mieux connaitre les origines des juifs qui ont vécu à Gafsa, on a cherché dans les patronymes des indications et consulté un spécialiste14 en observant les archives établis par Maurice Eisenbeth15afin de compléter la liste des familles juives et dégager les données sur leurs origines. • Le surnom Houri : Originaire du Serous qui est un centre juif du Nefoussa ou se trouve des pierres tumulaires destinées à la famille Hori du XIV siècle qui sont des Berbères judaïsés • Le patronyme Didi renvoie à l’origine Kabyle d'un bon nombre de juifs à Gafsa. • Le patronyme Hajaj dévoile des origines arabes. En l’absence de documents écrits, il s'avère difficile d’imaginer la vie des juifs à Gafsa durant les siècles passés. Toutefois, il est probable qu’ils avaient le droit de pratiquer leur religion sans contrainte surtout après la conquête arabe du VIe siècle. Ainsi la population juive s’est vue appliquer le statut de la « Dhimma ». Les juifs étaient de ce fait, parfois humiliés et appelés « dhimmi », ils étaient considérés comme des sujets de seconde zone. Régis par un pacte de protection appelé « pacte d’Umar », aux termes de ce pacte, les juifs ainsi que les chrétiens devaient en échange de la sécurité et de la protection, s’acquitter de l’impôt de capitation. Selon Goitein le payement de la capitation a présenté pour les juifs une lourde imposition. « L’israélite de Gafsa qui aurait dû payer la « Gizya » travaillait pour son protecteur à la demande de celui-ci gratuitement et sur le champ ou bien lui servait une rente en argent »16 En Effet, pendant l’époque médiévale, les juifs de Gafsa s’étaient spécialisés dans le tissage de la soie et de commerce pendant l’époque des Banu al-Rand17 en 1054.
11
Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères, Paris, 1925 P.209 Historien Allemand spécialiste de l'histoire des Juifs des pays islamiques. 13 Hirschberg (H.Z), A History of the Jews in North Africa, Leiden,1981, P143 14 Noura Kerrou ancien directrice au Ministère de la Culture 15 Grand rabbin d'Alger (1932-1941) - Officier de la Légion d'honneur 16 Cornet (H.), « Les Juif de Gafsa »,1955, Les Cahiers de Tunisie 17 Un royaume qui a préservé Gafsa comme capitale suite à l’invasion Hélalienne pendant la dynastie Zirides 12
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
Cependant, pour se protéger contre les raids des Normands (1135-1184) le roi Hassan Ben Ali a demandé l’aide Abdel-Mumin Ben Ali18 pour expulser les envahisseurs et enfin, la dynastie AlMuahudun a réussi de prendre contrôle des régions du grand Maghreb et une partie de l’Andalousie. « Les Almohades commencent à assiéger Gafsa. Ibn al-Atïr raconte qu'à la vue de la puissance almohade, les Gafsiens se mettent d'accord pour se soumettre et livrer leur ville. »19 D’une manière globale, les juifs ont bénéficié sous les dynasties Aghlabide, fatimide, ziride et hafside des conditions clémentes. Toutefois, sous la domination et l’intolérance des Almohades, les juifs ont connu des périodes difficiles. Par conséquence, pendant la persécution de la dynastie Almohade entre (1150 – 1149) un nombre important de juifs se sont convertis à l'islam, et ce n’est qu’au XIIIe siècle qu’ils sont progressivement revenus au judaïsme.20 Pour les distinguer des musulmans, les Almohades imposaient à tous les juifs du Maghreb une ségrégation vestimentaire.
Figure 6: Ségrégation vestimentaire imposée aux juif-Gafsiens, (Croquis: auteur)
18
Fondateur de l’état Al-Muahudun au Maroc Virginie Prevost, L'aventure ibadite dans le Sud tunisien (VIIIe-XIIIe siècle) 20 Cornet (H) « Les Juifs de Gafsa », 1955, P 277 19
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
Ces derniers étaient donc obligés de porter des vêtements particuliers et un signe distinctif « la Shilka » permettant de les reconnaitre21. Dès la moitié du XIIe siècle et suite au succès de la Reconquista22, les musulmans ibériques font à nouveau appel aux Almohades qui prennent le contrôle de l'Andalousie. Dès lors, les Juifs et les chrétiens étaient expulsés du Maroc et de l'Espagne islamique. Face au choix de la mort ou de la conversion, de nombreux Juifs émigraient, d’où certains fuient vers des terres musulmanes plus tolérantes. A cette époque, la Tunisie était sous la domination Hafside. En effet, l’attitude tolérante et hospitalière des hafsides a permis aux juifs de s’organiser en communautés et de contribuer à y attirer beaucoup d’autre juifs. Ainsi les juifs autochtones furent-ils renforcés progressivement par de nouveaux arrivants chassés d’Espagne et du Portugal en 1391 et en 1492. La présence des juif venu d’Espagne est attestée dans plusieurs villes essentiellement côtières à l'instar de Tunis, Sousse et dans les villes de l’intérieur : Constantine et Gafsa.
Figure 7: Rabbi Jacob Cohen, grand rabbin de Gafsa ((Source: Mordechai Chemouny)
D’ailleurs, L’historien allemand Shelomo Dov Goitein a présumé que le nom Maimoun peut avoir une origine maghrébine.23 Brahim Jadla de son côté a évoqué la possibilité d’une communauté venue de Maroc à Gafsa après son expulsion de l’Espagne.24 Cette théorie prend naissance également par la présence de Tribus d'Ouled-bedasse puisque ce nom renvoie à l'origine de ce groupe originaire probablement de la localité de Bidache près de Bayonne25 qui a été historiquement le lieu de refuge pour plusieurs juifs après leurs expulsion d’Espagne : Ces Derniers sont appelés « Kabbusiyuns » parce qu’ils portaient le Kabus, la « Chechia », ils sont venus s’ajouter aux juifs autochtones « Shikliyun » (portaient la Shikla), Signe distinctif porté par les juifs de Gafsa.
21
Sebag (p.) « Histoire des juifs de Tunisie », des origines à nos jours, P67-68 Le nom donné à la période du Moyen Âge durant laquelle s'est produite la reconquête, par les royaumes chrétiens 23 Goitein (S.D.) « La Tunisie du XIe siècle à la lumière des documents de la Geniza du Caire » p ? 24 Jadla (I.), « Les juifs en Ifriqiya à l’époque Hafside », Histoire communautaire, histoire plurielle. 25 Région au sud-ouest de la France. 22
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
En parallèle, à partir du XVe siècle, la ville de Gafsa a vécu la formation d’une communauté juive bien organisée sous le contrôle du Rabbin Ces juifs-Gafsiens avaient leurs propres rites, leurs propres synagogues, cimetière et rabbins. « Quel que soit le problème historique posé par l’origine de cette minorité, on peut avancer qu’elle parait de souche maghrébine, qu’elle est une filiale de celle de Djerba, sur la grande route des confins pré-sahariens ; halte entre les centres juifs importants de Djerba et de Gabes, entre eux de Souf et M’zab, elle est un jalon de l’itinéraire le plus court entre la Tripolitaine et le Maroc » 26 Les Juifs de Gafsa gagnaient leurs vies principalement grâce au commerce et à l'artisanat. La plupart des artisans étaient, d'ailleurs, des tailleurs et des cordonniers, et il y avait aussi des charpentiers, des forgerons, des peintres, et quelques-uns étaient des orfèvres et des ferblantiers.27Il y avait, également, de grands marchands juifs dans la ville engagés dans le commerce de gros de produits agricoles, en particulier l'huile d'olive et les dattes.28
Figure 8: Les activités dans le marché juif au passé (Source: auteur)
26
Cornet (H.), « Les Juif de Gafsa »,1955, Les Cahiers de Tunisie Ibidem 28 Musée de la Diaspora 27
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
Comme toute souche sociale installée dans un territoire, cette communauté avait évolué en fonction du temps en terme de nombre et d’activités diverses. En effet, Filippi 29le consul de Sardaigne, fit en mai 1829 une excursion à l’intérieur de la Tunisie et comptait à Gafsa 50 familles juives qui vivaient dans un quartier séparé. Plus tard en 1874, Rabatel et Tirant30 estimaient que parmi les 5000 habitants de la médina de Gafsa : un quart était des juifs Après l'instauration du protectorat français en 1883, Les relations entre juifs et musulmans à Gafsa étaient très clémentes, principalement en raison du patronage que les juifs recevaient et l'accord de parrainage qui a été annulé avec le souverain local. En plus, le commandant Labouche trouve que Gafsa était une ville dont les rues sont labyrinthiques et d’une « saleté repoussante ». Toutefois, il observe que le quartier juif parait moins sale abritant « des enfants d’Israël », menant une vie plus aisée et plus confortable En 1881 il estime que 800 des 4000 habitants de la Medina sont « Israélites ». Les femmes, elles ne manquèrent pas d’attirer l’attention de la communauté locale.
Figure 9: Une femme juive de Gafsa, Tunisie début du XXe siècle , (Source: Bernard Alali,)
« Elles portaient un costume d’une originalité frappante et qui est loin de déplaire à l’œil, pantalons collants, tunique courte aux couleurs vives et plaisantes ».31
29
Filippi ,1829 P .275 Rabatel et Tirant « Voyage dans la régence de Tunis », 1874 31 Labouche « Trois mois de compagne dans le sud tunisien »,1881, P .46-47 30
21
CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
En outre, dès le début du XXe siècle, il y avait près de 700 juifs à Gafsa. Suite à la découverte de gisements de phosphate dans la région et à l'installation du chemin de fer, beaucoup de juifs sont venus de Gabes et de Djerba ainsi que du sud tunisien pour s'installer à Gafsa entre 1908 et 1914.32 Parmi ces différentes vagues ils y’avaient ceux avec des patronymes Bibliques ou Palestiniens tels que Chemouny et Cohen qui sont débarqués à Djerba selon la légende après la destruction du premier temple juif de Jérusalem en 586 Av-JC.
Figure 10: immigration des Juifs en Tunisie (Source: Archives contemporaines, Paris P20 modifié par l’auteur)
En effet, La communauté juive moderne de Gafsa a été fondée par sept familles : La famille Chemouny : une famille qui est devenue riche grâce au commerce saharien. Ses membres étaient, d'ailleurs, les chefs de la communauté.
Figure 11: Des étudiants juifs et arabes dans une classe photo des élèves de l'école de Gafsa, Tunisie, 1930-1920 (Source : Nili Hasson) 32
Cornet (H.), « Les Juif de Gafsa », 1955, Les Cahiers de Tunisie
22
CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
Parmi les autres familles se trouvaient : Khraief et Hajaj et trois autres familles qui étaient originaires d'El-Guettar : Alal, Demri et Tehar. Hubert Cornet a mentionné le nom des familles qui sont venues se fixer à Gafsa en donnant leur patronyme à titre d’exemple il y avait les : Allal, Demri et Tahar de El-Guettar, ainsi que Bouhnik, Houtani et karousse de Gabès.33 D’ailleurs, on remarque que les surnoms d’origine arabe sont en rapport avec les conditions de vie. En effet, ils sont généralement liés aux poissons et autres objets prophylactiques : « les juifs de Gabes avaient des prénoms désignant un poisson (karousse, Houtani...) alors que les juifs de Gafsa désignant le chiffre cinq (khamouss, khamsana…)34 » Par conclusion, on constate que la naissance de la communauté juive qui s’est installée à Gafsa depuis les temps les plus reculés connait des origines fortement anciennes. Elle est composée dans l’ensemble, de juifs tunisiens qui eux-mêmes avaient des origines diverses : berbère, arabe, Kabyle, palestinienne et espagnol
Figure 12: La diversité des strates juif-Gafsienne (Source :auteur)
33 34
Noura Kerrou « Histoire et mémoire des lieux » 2008, P18 Ibidem, P19
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
Entre les deux guerres mondiales, Massoud Chemouny a été le chef de la communauté. Tous les quatre ans, des élections ont eu lieu pour le comité. Les recettes communautaires provenaient de la taxe sur l'abattage et le vin casher ainsi que de la vente d'étrogs. Il y avait aussi des œuvres caritatives dans la communauté : « Quottes for the Poor », qui fonctionnait comme une collecte de fond annuelle « Homme pour la moitié du shekel » - une collecte de fond annuelle sur la Pâque : « Le marié et la mariée » « Visiter des patients »35.
Figure 13: Les différentes activités dans La Synagogue ( Source: auteur)
Pendant la Seconde Guerre mondiale (1939 - 1945), les lois raciales du gouvernement français de Vichy ont été appliquées aux juifs tunisiens, et en février 1943, d’après les récits juifs, les arabes ont pénétré par effraction dans la synagogue et l'ont pillée, en volant également des maisons juives. Par conséquence, la plupart des juifs ont fui leurs maisons36.
35 36
Musée de la Diaspora Jewish Telegraphic Agency
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
Figure 14: Le départ progressive de la communauté ( Source: A. Chemouny)
Entre 1951 et 1953, le nombre des immigrants juifs a augmenté pour atteindre 170 personnes. Après l'indépendance de la Tunisie, les Juifs ont quitté Gafsa soit vers Palestine ou vers la France.
Figure 15: les vagues d'arrivée des communautés juives en fonction du temps (source: auteur)
On peut donc conclure que le contexte historique de la ville de Gafsa atteste la présence d’un tel regroupement humain de diverses origines qui doit se refléter par une variabilité architecturale dans l’espace. Quelle sont donc les différentes traces spatiales qui ont persisté à exister dans ce territoire ?
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
26 Figure 16: Aziza Chemouny à Gafsa (C. Chemouny)
CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
2. Présentation des différents édifices délaissés Bien que les différents lieux juifs soient actuellement désertés par leurs habitants d'origine, aujourd’hui, ces édifices demeurent des témoignages de la présence d’une communauté qui a vécu dans la région. Ces édifices sont des porteurs de spécificités architecturales dans leurs styles ainsi que leurs fonctions variées. D’où, on peut les diviser en des lieux privés et d’autres destinés à l’usage public.
A- Les lieux privés Ce sont généralement les différents logements des habitants juifs : en observant les cartes, on peut conclure que les juifs de Gafsa vivaient au milieu des musulmans, il n’y avait pas de cloisonnement entre les maisons qui était étroitement liées. Parmi ces logements les plus importants on cite :
1- Dar Al-Ghârga Située au cœur du quartier juif, le nom de cette maison signifie « la maison basse » ( الدار )الغارقة: C’est un logement qui présente des particularités par rapport aux autres maisons de El-Hara. L’entrée est particulièrement intéressante car il s’agit d’une entrée en chicane. Très profonde, La Sqifa est en contre bas par rapport au niveau de la chaussée, le toit est très bas avec ses couvertures de solives en bois de palmiers, les murs sont en moellons de pierre taillée avec des portes qui donnent sur des salles qui servirent probablement à l’époque, de petits locaux commerciaux. Il est probable que le bâtiment était partagé par plusieurs familles juives pauvres. Les petites pièces se trouvant dans la Sqifa pourraient être de petits locaux où les juifs pratiquaient leurs activités économiques.37 L'habitation est équipée d'un premier étage accessible par un escalier. L'étage comprend une grande terrasse qui donne accès à cinq pièces. Cette disposition spécifique dans les locaux ouverts sur ces deux cours, sur un plan horizontal, et aussi vertical qui correspond à l’imbrication d’un complexe d’habitation.
37
Soro (F.) Gafsa: une médina oasienne en Tunisie, 2004, P.173
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
« Aux environs de 1 950 vivaient ici moins de dix cellules familiales même s’il est vrai que dès 1850 il était permis aux juifs d’établir leurs résidences hors de la Hara, ceux qui ainsi en décidèrent furent généralement les plus riches : ceux de Dar Gharga était de conditions humbles »38
Figure 17: Plan RDC Dâr al-Gharga (modifié par l'auteur)
Figure 18: Dar Al-Gharga (Photo prise par l'auteur 2020)
38
Soro (F.) Gafsa : une médina oasienne en Tunisie, 2004
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
2- Dar Cherif (Dar Moshé) Située au périphérique du quartier juif, cette maison, connue aujourd'hui sous le nom de dar Cherif, était la propriété d'une famille juive (Dar Moshé) : La maison présente les mêmes éléments spécifiques qu'une maison de riches musulmans, ce qui indique qu'il y avait à Gafsa des juifs fortunés. L'entrée de la maison se fait par une Sqifa en chicane. La cour est entourée par des pièces simples et des pièces à chambrettes. L'habitation est équipée d’un premier étage accessible par un escalier et comprend également une cave. Il est à signaler qu'il y a une inscription en caractères hébraïques sur une voûte d'une salle de l'aile sud de la maison. Il y a aussi une entaille rectangulaire portant une invocation hébraïque, qui fut ensuite recouverte de plâtre, sur l'un des jambages des portes qui donnent sur la cour. Ces inscriptions montrent que ses habitants cherchaient à attirer pour leur maison la protection de Dieu, selon la tradition juive. Il est à noter que certaines maisons de juifs assuraient la fonction de synagogues privées. Il est probable que Dâr Chérif était un lieu de prière privé.39 Contrairement à « Dar Al-Ghârga » Dâr Chérif a été restaurée, elle avait abrité le siège de l’Association de Sauvegarde de la médina de Gafsa et en 2014 elle s’est transformée en un restaurant.
39
Noura Kerrou « Histoire et mémoire des lieux » 2008
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
Figure 20: Plan RDC Dâr Moshé (modifié par l'auteur)
Figure 19: Dar Cherif à Gafsa (Photo prise par l'auteur 2018)
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
3- Dar Chaya
Figure 21: Dar Chaya à Gafsa (Photo prise par H. Cherif 2008)
Cet habitat appartenait à l’origine à une famille juive et il était connu sous le nom de Dar Chaya. Cet édifice était squatté le lendemain de l’indépendance de la Tunisie. L’intérêt de ce bâtiment réside dans la conservation de certains éléments qui témoignent d’un plan original. Il a toutefois connu un nombre de remaniements, il comporte de nos jours une entrée, Sqifa, d’accès à la cour, située sur l’axe central de l’un de ses deux côtés les plus courts. Deux des façades de la cour conservent le système central à deux fenêtres accolées et une petite ouverture pourvue d’un encadrement en forme d’arc de plein cintre au-dessus de la porte. Sur les côtés les plus courts de la cour s’ouvrent deux galeries architravées au premier étage.
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
Figure 22: Plan RDC et étage Dar Chaya (actualisé par l'auteur)
Il faut signaler que les maisons des juifs sont semblables à celles des musulmans, se composent des mêmes éléments que la maison traditionnelle Gafsienne avec : • • • •
L'entrée qui se fait par un vestibule, Sqifa, souvent séparé de la cour par une porte. La cour (wasât al- dar) est un espace central à ciel ouvert qui est indispensable à l'aération et à l'éclairage. A Gafsa, la cour a souvent une forme rectangulaire40. Les pièces, (al-byut), entourent la cour : non communicantes entre elles mais on passe de l'une à l'autre par la cour. La présence très fréquente de caves aménagées sous les pièces : servant de lieux d'emmagasinage des provisions des produits de l'oasis. En outre, il y avait dans chaque maison un four pour faire cuire les aliments. Il est à observer que la maison Gafsienne la plus ancienne connaît une extension plus horizontale que verticale avec le développement d'un étage. 40
Binous (J.) « Architecture vernaculaire de la médina de Gafsa » Gafsa une médina oasienne, 2004 P.94
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
B- Les Lieux Publics Ces espaces se manifestent généralement dans les lieux de culte, de rituels et les espaces d’usage économique pour la communauté. Parmi ces espaces on cite :
1- Le Tarmil Son nom dérive du nom « les thermes ». En effet, le Tarmil situé à l'angle de la muraille sud de la Casbah, C’est le bain des juifs qui est alimenté par une source thermale appelée Lala Laouina. En effet Rabatel et Tirant, lors de leur voyage dans la région de Tunis, ont décrit cet édifice : « Aujourd’hui ces deux magnifiques piscines ont encore les noms de bain des hommes et bain des dames. Dans l'intérieur de la citadelle où jaillit une source semblable, on voit encore un beau bassin romain et les restes d'un établissement de bain qui s'étendent en dehors de l'enceinte de la forteresse. C'est là que sont les bains des juifs, et lors de notre séjour, les femmes et les enfants israélites venaient s'y purifier en foule avant les solennités pascales »41 Cet édifice est une structure ancienne qui représente la riche histoire de la communauté juive de la ville42 Le bain juif de Gafsa a probablement servi autrefois dans les rituels de la communauté juive de Gafsa en tant que mikvé43 Le Tarmil est situé juste à côté des piscines romaines de la ville, une collection de piscines de cinq mètres de profondeur alimentées par des sources d'eau chaude et construites pour un usage public44
41
Docteurs Rebatel et Tirant « Récits de voyage dans la Régence de Tunis » "Gafsa: Jewish Bath," Look Lex, N.d., accessed August 12, 2014, http://lexicorient.com/tunisia/gafsa05.htm. 43 Des bains utilisés par les Juifs pour un certain nombre de rituels de purification 44 "Gafsa: The Roman Pools," Look Lex, N.d., accessed August 12, 2014, http://looklex.com/tunisia/gafsa01.htm. 42
Figure 23: Le Tarmil Juif à Gafsa (Photo prise par l'auteur 2018)
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
D’après les plans, le Tarmil comprend trois bains dont chacun à un accès indépendant : - Un bain pour les hommes : L'entrée se fait par un escalier. S’agit aussi de l'entrée principale de la mosquée Sidi Salah. Au-delà des escaliers, il y a deux arcs contenant de bassins voûtés. - Un bain pour les femmes, qui se composait d'une entrée en chicane et de bassins couverts de voûtes. Il est utilisé comme bain et lavoir. -Un bain pour les juifs : se composait d'un grand bassin. L'eau circulait en cascade du Tarmil des hommes vers celui des femmes pour finir dans celui des juifs. « C’est une source intarissable sourd au milieu de la Casbah, elle est recueillie dans un bassin antique. Une partie de l'eau de cette source alimente des piscines voûtées situées sous les murs mêmes de la forteresse. Ce sont les bains des juifs. »45
Figure 24: Plan du Tarmil Juif (actualisé par l'auteur)
Aujourd'hui, le Tarmil est tombé en ruine et est actuellement utilisé comme toilettes publiques et lieu de rassemblement pour les buveurs46 . 45
Soro (F.) Gafsa : une médina oasienne en Tunisie, p.339 Daniel Jacobs, The Rough Guide to Tunisia (New York: Penguin, 2006), p. 326, accessed August 12, 2014, http://books.google.com/books?id=OlYHspEj7eMC&printsec. 46
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
2- Le Souk Situé dans la partie extérieure de la médina, entre les deux portes ouvrantes l'une sur la route de Kairouan et l'autre sur la route de Gabès, la première porte ayant pour nom : « Beb-errahba » et la seconde « Beb-Kerkaba »47. C'est dans la dite « Beb-errahba » que se faisaient les transactions commerciales. Toutefois, les juifs de Gafsa avaient une position restreinte dans la vie économique de la cité et ils s'occupaient surtout des activités artisanales. Il faut noter que les Juifs de Gafsa était en majorité des teinturiers, cardeur ainsi que les juifs de Djerba qui avait amené avec eux la machine à coudre, était des tailleurs et cordonniers.
Figure 25: L'ancien Marché Juif à Gafsa (Croquis : auteur)
La femme juive, travaillait et tricotait la laine, D’ailleurs les musulmanes se consacraient au travail artisanal de laine et les juives étaient invités à participer à l’exécution des travaux de filage et de tissage. D’après le témoignage oral, il y’avait, jadis, des boutiques de juifs (bijoutier, cordonnier et teinturier). Pour ce qui alimentation des juifs de Gafsa, le plat de base était constitué par la « dfina » qui est une sorte de ragoût de viande ainsi que la « kifta ». Parmi les boissons bues pars les juifs, on trouve le « Lagmi » (jus extrait du palmier).
47
Noura Kerrou « Histoire et mémoire des lieux » 2008, P.80
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
Figure 26: les différentes activités juifs à Gafsa (Croquis: auteur)
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
3- La synagogue
Figure 27: L'intérieur de Synagogue El-B'ia ( source: l'auteur 2020 )
C’est le bâtiment le plus important pour la communauté juive (le lieu affecté au culte) : Cette synagogue est située au cœur de la Hara, dans la rue Muhamed Djerad (rue des juifs) Elle est communément appelée al-B’ia. L'accès au bâtiment se fait à travers une porte qui donne sur une courette où il y a un escalier qui mène à ce qui devait être la galerie des femmes. Dans la cour, il y a aussi une porte d'entrée à la salle de prière. Cette porte comprend un encadrement de pierres taillées portant le symbole de deux mains de Fatma et une inscription. Et il y a deux fenêtres de part et d'autre de la porte En effet, La ville de Gafsa était dotée de deux synagogues, celle appelée El-Bi ’a et une autre connue sous le nom d'El-chiba beaucoup plus récente inaugurée en 1932. La mémoire collective se souvient de la première tandis que la seconde est totalement oubliée.
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
Figure 28: Plan de Synagogue El-B'ia (Source: livre « Gafsa une médina oasienne »)
Selon bon nombre de chercheurs48 l’ouverture d’une deuxième synagogue à Gafsa peut révéler les suppositions suivantes : •
•
48
L’augmentation du nombre des juifs dans les années 30 de telle sorte qu’une seule synagogue est devenue insuffisante. Le désaccord entre les deux clans existants à l’époque (la communauté de l'époque se composait de juifs d’origines différentes). En effet, il y avait des livournais et d’autres venus de Djerba et de Gabes. Ainsi chaque groupe voulait construire sa propre synagogue.
Dominique Jarrassé : Spécialiste du patrimoine juif et historien de l'Art
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
« Celle-ci se trouva confrontée encore en 1932 à l'ouverture d'une synagogue privée, qualifiée d'Ichiba, sans autorisation : l'affaire portée devant le contrôleur civil fut résolue par une taxe de 500 f. »49 Il est important de signaler que les documents archivistiques n’ont pas mentionné l’adresse de cette synagogue et qu’elle est, actuellement, complètement oubliée. En effet, à nos jours, mêmes la première synagogue El-Bi ’a est en état de dégradation progressive suite à l’immigration totale de la communauté juive et à l’absence d’une stratégie de sauvegarde.
3. Matériaux et techniques de construction Il faut noter que l’étude des différents édifices dévoile l’utilisation des matériaux locaux et des techniques appropriées par les Gafsiens parmi les quelle on a : • La Pierre : usée dans la construction de la majorité des maisons dont « Oued Bayech », constitue un gisement des pierres rondes, dures et de petite taille utilisée dans les fondations. En effet, les moelles de pierre ordinaire sont généralement utilisés pour les murs en élévation et la fabrication de la chaux grasse naturelle (la pierre calcaire blanche était chauffée dans des fours traditionnels puis alimentée avec les rameaux du bous du palmier afin de la transformer en une chaux grasse et la mélanger avec l’eau pour l’affectation de la peinture traditionnelle)50. • Les colonnes et les chapiteaux sont souvent réemployées dans les constructions, les grands blocs de pierre taillée, provenant probablement de grands ouvrages • Les Fondations : Généralement de type semelle filante sous mur de maçonnerie de moellons ou pierre taillé (constituées d’un mélange de chaux grasse et pierre concassées) • Le Sable : Extrait de « Oued Bayech » et utilisé dans la préparation des liants, des enduits et des remblais pour les planchers • L’Enduit : Composait de 2 à 3 couches de mortier de chaux grasse naturelle variant de 2 à 4 cm dont la première couche et fortement projetée à la truelle et les autres couches sont liées à la règle et finement frotassées. • Les Soubassements : constitués de maçonnerie de moellon ordinaire liés au mortier de chaux grasse, à l’exception des maisons situées dans les angles ou on note l’utilisation de pierre taillé • Sol : le revêtement du sol se compose habituellement d’une chape de ciment ou de chaux sur une couche de pierre concassé ou un habillage en carreaux de céramique.
49 50
Colette Bismuth-Jarassé « Synagogue de Tunisie », 2010, P.107 Soro (F.) Gafsa : une médina oasienne en Tunisie, p.76
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CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
• Bois de palmier : utilisés dans les planchers des maisons et pour la confection des linteaux en guise de chainage, en fait, le bois de palmier suit un processus de préparation : • Les Troncs sont exposés en plein air pendant plusieurs mois puis on se débarrasse des parasites et on récupère ceux qui n’ont indiquer aucun signe de fléchissement et finalement, les troncs sont immergés dans les salines locales pendant une année pour les rendre plus durs et résistant. : lorsque la hauteur des murs dépasse 3 mètres, on place les poutres formées de deux demis troncs accolés transversalement à la pièce
Conclusion En guise de conclusion, on peut dire que cette diversité architecturale était la résultante de l’évolution d’une souche juive-Gafsienne dans un cadre spatio-temporel spécifique. En fait, leur diversité ethnique va nous permettre d’avoir des hypothèses à propos de la genèse architecturale de la synagogue. Ces édifices étaient, en effet, le fruit d'une interaction entre cette communauté minoritaire et son contexte avec ces diverses manifestations (physiques, socioculturelles…) afin de traduire son propre mode de vie spécifique et en donnant des fonctions sociales à leurs bâtiments.
Figure 29: L'interaction avec l'environnement (Source: auteur)
40
CHAPITRE I:
Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire »
3. Synthèse Le contexte historique de la ville de Gafsa atteste la présence d’une indivision très ancienne dans le temps et d’origines diverses. Cette communauté a intégré son mode de vie spécifique dans le territoire à travers des édifices d’usages différents. En fait, connaitre l’histoire des établissements humains par l'étude de leurs mouvements et leurs logiques d’implantation permet une compréhension plus consciente de leurs architectures (leurs raisons de naitre et leurs principes de fonction) Ces multiples édifices ont constitué dans leurs ensembles un secteur urbain spécifique consacré aux juifs de Gafsa … C’est la Hara Dans la prochaine partie, On va s’intéresser à « El-Hara » comme étant un espace urbain porteur d’une mémoire et essayer de comprendre par la suite sa logique d’implantation spatiale et ses mutations.
41
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
CHAPITRE II : « Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
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CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
Figure 30: A L'intérieur du Quartier Juif à Gafsa ( Photo prise par l'auteur 2018 )
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CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
Introduction « Le territoire peut être défini comme la portion de la surface terrestre, appropriée par un groupe social pour assurer sa reproduction et la satisfaction de ses besoins vitaux. C’est une entité spatiale, le lieu de vie du groupe, indissociable de ce dernier »51
L’implantation des juifs à l’intérieur de l’enceinte de la ville de Gafsa est un fait attesté par les sources et les études historiques... avec leurs origines qui sont très anciennes, cette communauté avait « El-Hara » comme résidence. Un tel espace urbain constitue une image spécifique dans le sud-ouest Tunisien, qui reflète un mode d’intégration et de coexistence juifsmusulmans. Cette implantation était dûe à la présence de sources naturelles qui a constitué le germe de la vie urbaine, en donnant naissance à un espace de sociabilité et de rencontre entre les différents habitants. A nos jours, vu le départ des habitants d’origine (les juifs) et l’installation d’une nouvelle souche sociale porteuse d’un nouveau système culturel dans cet espace, « El-Hara » est confronté à plusieurs menaces qui risquent d’estomper son histoire. Ces risques se manifestent généralement dans l’abondan de ce patrimoine culturel et bâti et l’absence d’une stratégie de sauvegarde de cet héritage spécifique dans son contexte actuel.
51
Maryvonne LE BERRE, « Territoires », in Antoine BAILLY, Robert FERRAS, Denise PUMAIN (dir.), Encyclopédie de géographie, Paris, Economica, 1995.
44
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
1. Contexte Géographique Historiquement, Gafsa est l’hôte du site préhistorique « Capsa » dont le nom signifie selon les archéologues, « cage » qui lui a été attribué à cause de sa position géographique spécifique : Cette ville s’appelait aussi porte du déserte52 étant donné sa position géographique très particulière entre les chaines de montagnes Ben Younes et Orbata. Elle possédait des sources d’eau abondantes dont le centre est connu à l’emplacement des piscines romaines. En effet, la présence de l’eau a favorisé le passage des cavernes commerciales et militaires.
« Gafsa était un passage obligatoire non seulement pour les hommes mais également pour l’eau (oued Elkbir et oued sidi Aïch) dans la région depuis des dizaines, voire probablement des certaines de milliers d’années »53
Figure 31: Carte Satellite de Gafsa (Source: Google Earth )
52 53
Khanoussi M (1995) « Gafsa relevés et recherches pour la sauvegarde » Entretien réalisé par Souha Zriba « Etude Morphométrique de la Médina de Gafsa », 2010, P.26
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CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
En effet la ville de Gafsa est située au centre d'un vaste territoire situé entre la steppe et le désert. Les seuls éléments qui modifient ce paysage monotone sont les oueds (oued) et les cours d'eau saisonniers. La position de cette ville a toujours été considérée comme stratégique pour la maîtrise du territoire. « C’est le centre naturel de la surveillance du Djérid, et le centre de ravitaillement des nomades. [...] De là, l'importance exceptionnelle de Gafsa au point de vue militaire. »54. En plus, Il faut noter que certains historiens antiques55 ont célébré la richesse de cette terre, qui pourrait provenir de l’utilisation contrôlée de l’eau sous l’occupation romaine.
Figure 32: les bassins romains de Gafsa (Source: auteur 2018)
54
Colonel Léon-Gustave NIOX, Librairie Militaire de L. Baudouin et Cie, Paris, 1890, p.386 Certains érudits, tels que Tissot et le commandant Roudaire, pensaient que la richesse de cette région, célébrée par des historiens anciens comme Erodoto, Pomponio Mela et Plinio, provenait du lac Triton 55
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CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
Figure 33: Piscine romaine à Gafsa, Homme et ressources (Croquis: auteur)
«…ainsi la nature ne fut pas transformée: mais l’homme l’utilise pour la gestion des ressources qu’elle lui donnait »56. Gafsa représente un système oasis-médina, un complexe isolé basé sur l'autosuffisance. La ville et la campagne sont liées par un facteur déterminant unique: la présence d'eau, qui permet la culture de la terre et la colonisation de l'homme.
Figure 34: L’ Oasis of Gafsa en 1875 (Source: Rabatel et Tirant 1875 ) 56
Pierre Bodereau, op. Cit, p.53.
47
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
2. Structure de la médina La structure de la médina est composée de deux noyaux urbains clairement différenciés divisés par la rue « Kilani Métoui » (l’ancien souk Tu ’ma : سوق الطعمةmarché de la laine).
Figure 35: Les deux secteurs de la médina de Gafsa (Source : auteur)
La délimitation du noyau historique montre l'antériorité du secteur sud « Guebli Gafsa » par rapport au secteur nord « Jaoufi Gafsa » : D’où l'histoire de cette médina nous rapporte que le secteur de « Homet-El-Oued », situé à « Guebli Gafsa », était le point de départ du premier noyau urbain. C'est là, d'ailleurs, que se concentrent les bâtiments publics les plus importants de l'époque islamique (tel que « La Grande Mosquée SidiSahib-El-Waqt 57»,« La Kasbah ») ainsi que « le Tarmil ».
57
Mosquée Sidi Sahib El-Waqt fondée au IX siècle et ayant connu une extension au milieu du XII siècle
48
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
Figure 36: La Grande Mosquée Sidi-Sahib-El-Waqt à Gafsa (Source: auteur 2018)
Cette partie sud, Guebli-Gafsa, peut-être le centre urbain d'origine; sa position élevée et la source, Oued al-Bay, ou Oued al-Kabir, en font un lieu privilégié. C’est l’espace sur lequel les Romains ont construit deux thermes, qui sont toujours le symbole de la ville qui agit comme le noyau du système dans le rayon des routes principales. Les frontières de cette zone pourraient correspondre aux murs de la ville, dont les portes, qu’on peut les trouver dans les plans anciens, confirment la disposition radiale des routes principales58. Les bâtiments publics les plus importants, tels que la Grande Mosquée, Dar al-Bey, et les maisons appartenant aux personnes les plus puissantes, étaient proches de ces rayons.
58
Ludovico micara, Attilio Petruccioli, «The Mediterranean Medina: International Seminar», 2006, P.266
49
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
2.A. Morphogenèse :
Figure 37: Logique d'évolution de la médina de Gafsa (Source : S. Zriba modifié par l’ auteur)
La médina de Gafsa se caractérise par son plan irrégulier. Elle épouse une forme influencée par l'emplacement des oasis aux trois côtés, et structurée par la notion de recherche d’eau. Le noyau principal de la médina coïncide avec l'emplacement central des bassins romains. Cette médina présente un système polyfonctionnel, les bassins occupent le centre qui se ramifie par des rues desservant les habitations résidentielles jusqu'aux souks commerciaux et la grande mosquée de Gafsa située sur la périphérie. De nos jours, la médina de Gafsa présente un modèle atypique et exceptionnel puisqu'elle est la seule ville arabo-musulmane ayant des piscines romaines comme centre urbain structurant le reste du tissu médinal. En effet, on peut considérer que la médina de Gafsa est un patrimoine urbain original qui ne reproduit pas le modelé conventionnel de médina (une formation urbaine auto centrée autour de la grande mosquée et de souks qui l’enserrent) Contrairement, cette médina présente deux secteurs clairement différenciés, séparés par la rue « Kilani Métoui » appelée anciennement Souk Tu ’ma.59 D’après les recherches antérieures, le secteur sud dit Guebli Gafsa (Homet el-oued) tire son nom de la source d’eau appelée « Oued EL-Bey ».
59
Souha Zriba « Etude Morphométrique de la Médina de Gafsa », 2010, P140
50
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
La naissance du quartier « Humât al-Oued » est nettement influencée par l'emplacement des bassins romains comme son nom l'indique. C’est le noyau où se concentre une grande partie de l'histoire de la ville, ce quartier apparait comme élément déterminant dans l'organisation de l'urbain et l'articulation de ce dernier avec l'oasis. Il présente une structure urbaine radiale, puisque même pendant la période arabo-musulmane, qui d'habitude crée son propre noyau urbain selon leur propre règle, le site avait gardé son rôle et sa position centrale dans la structure de la médina d’en découle l’exception et l’importance d’un tel lieu.
Figure 38: Les Bassins Romains au quartier « Humât al-Oued » (Source: auteur 2018)
51
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
2.B- Les facteurs sculpteurs de la médina 2.B.1- Facteur d’eau et de Sol Le premier noyau de la ville a donc été établi à côté d'une source d’eau. La disposition des routes principales, suivant l'inclinaison d'une légère pente, facilite le drainage de l'eau vers l'oasis en cas de pluie torrentielle. Ceux-ci sont combinés avec ces rues qui suivent les courbes de niveau, selon une logique bâtie qui exploite la structure orographique60 naturelle.
•
Topographie de sol :
La ville de Gafsa est caractérisée par une topographie qui permet l'écoulement de l'eau de « Oued Bayech » jusqu'à l’oasis. Cependant le site des bassins romains a souvent joué le rôle de réception et de distribution de l'eau. En effet, l'eau provient « d’Oued Bayech » jusqu’aux « bassins romains » et après avoir dépassé les quatre mètres, il est dirigé vers « le Tarmil » et les oasis pour en irriguer une partie importante. Le quartier des juifs se trouve dans la partie nord appelée « Jaoufi-Gafsa » : Topographiquement, il se trouve dans la partie la moins élevée du site contrairement au quartier de « Humât al-Oued » qui se trouve dans la partie sud « Guebli-Gafsa » et qui est située dans la partie la plus élevée.
Figure 39: Topographie de sol ( Source: auteur)
60
La géomorphologie et de la géographie physique
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CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
Il faut noter que Le climat de la région, hors de la protection des oasis, est extrême. Il est le plus sec et le plus chaud de toute la Tunisie61. L'amplitude diurne est très grande. Les températures peuvent atteindre 40 et 50 degrés en été avec une déperdition thermique de 20 degrés dès la tombée de la nuit. En hiver, les températures nocturnes peuvent atteindre zéro degré. L'oasis constitue le centre de la vie humaine de cette région d’où sa structure dépend de la distribution de l'eau qui jaillisse des sources naturelles à savoir les piscines romaines et le Tarmil. De tout temps, la ville de Gafsa et son oasis ont été indissociables. Ce dernier a toujours un rôle de première importance sur le plan économique, social, et culturel constituant une source de richesse pour ses habitants.
Figure 40: Les Oasis à Gafsa: Centre de la vie Humaine (Croquis: auteur)
2.B.2- Facteur de Soleil Pour bloquer les rayons du soleil, transportant la chaleur et la lumière éblouissante, la structure de la ville s'est épaissie de plus en plus, les routes sont étroites et pliées, tandis que les maisons se rapprochent de plus en plus afin d'éviter une exposition prolongée au rayonnement solaire. D'autres mesures existent concernant la protection contre le soleil: dans toute la médina « un réseau de Sibat (Sabat) » voies surélevées - crée des passages couverts entre les maisons. Figure 41: Activité au-dessous du Sibat (Croquis: Auteur)
61
Ludovico micara, Attilio Petruccioli, «The Mediterranean Medina: International Seminar», 2006, P.266
53
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
Pendant l'été, de l'eau est répandue sous le Sibat, afin de créer une fraîcheur agréable dans ces zones ombragées: de cette façon, les gens se rassemblent en dessous, pour faire une sieste ou discuter.
2.B.3- Facteur des vents La chaleur vient aussi des vents sahariens, pleins de sable: tout le tracé de la médina est construit pour obstruer l'entrée du vent.62 Cela a été démontré par une simulation informatique: la structure en amande de la médina d’ailleurs, semble offrir une forme aérodynamique pointant vers le sud, ce qui freine les explosions du sirocco63. En outre, il n'y a pas de route vers le sud, Cependant, les voies se jettent dans le périmètre construit vers l'Est et l’Ouest. En effet, les vents les plus humides et frais qui soufflent et viennent de l'Est sont pénétrés par les murs qui permettent de traverser la « médina »
Figure 42: la structure brise les explosions du sirocco (Source : The Mediterranean Medina)
62 63
Ludovico micara, Attilio Petruccioli, «The Mediterranean Medina: International Seminar», 2006, P.267 Un vent saharien violent, très sec et très chaud qui souffle sur l'Afrique du Nord
54
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
3. L’espace urbain de la médina L'espace urbain intramuros de la médina de Gafsa est structuré selon trois axes convergents vers « la Kasbah » et « le Tarmil ». L'axe des souks divise la médina en deux pôles : Jaoufi et Guebli. La connexion reliant les anciens souks et l'oasis est constituée par les huileries. Le tissu est formé : « ... d'îlots entrecoupés de rues en dédale, étroites et sinueuses où pénètrent des impasses64 ». Il s'étale depuis l'oasis jusqu'à l'espace cultivé à l'Est, d'un côté, et de l'autre côté, il atteint la source de la Kasbah. Cette structure génère trois quartiers: • Homet-El-Oued : ayant un tracé principal et irrégulier. Il relie la zone centrale du quartier et la zone des piscines romaines (anciennes sources), aux sources près de l'oasis et le Tarmil (Bains), à côté de la Kasbah, • Les Souks : concentrés dans la partie Est, sur la frontière entre l'oasis et la médina. • La Hara : ayant un noyau compact et comportant plusieurs impasses assez profondes : Ce quartier appartient au secteur « Jaoufi-Gafsa ».
Figure 43: Structure des trois quartiers (Source: auteur)
64
W. BARBERO, 1994, P.43
55
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
3.A. Les secteurs L’étude des formes urbaines et des ilots qui concernent la médina de Gafsa a généré une composition en trois secteurs différentes :65 • Le secteur A : situé à « Guebli Gafsa » correspond à la partie du noyau dont le centre est constitué par la source d’eau et les piscines romaines • Le secteur B : est le secteur nord qui coïncide avec « Jaoufi Gafsa » et qui se détache du tissu médinal expliquant une extension éventuelle ultérieure • Le secteur C : correspond au noyau du « quartier juif la Hara » L’analyse fréquentielle66 des secteurs dégage une hiérarchie morphique confirmant l’orientation des trois secteurs repérés vers la « Kasbah » et le « Tarmil » La forme de chaque secteur est tributaire de sa vocation initiale : la source d’eau pour le secteur A et commerce pour les deux autres :
Figure 44: Décomposition de la forme urbaine ( Source: auteur)
Il faut noter que la Rue « Kilani Métoui » représente « Souk al-Tu ’ma » qui sépare Guebli Gafsa (Humât al-Oued) et Jaoufi Gafsa (Secteur B + Harat al-Yahûd) Ainsi que la « Rue de Sidi Ahmad Sehili » représente l’ancien espace des commerçants juifs, cette voie sépare le secteur C (Harat al-Yahûd) et Secteur B au Jaoufi Gafsa lui-même.
65 66
Souha Zriba « Etude Morphométrique de la Médina de Gafsa », 2010, P. 141 IBID P.80
56
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
3.B- Secteur Nord de la médina Le secteur Nord, appelé « Jaoufi-Gafsa » dit aussi Homet Bab-Djebel, serait de formation ultérieure.
Figure 45: Les commerçants au rue Ahmed Sehili, Gafsa en 1905 (Source : Association de la préservation du patrimoine à Gafsa)
Son réseau varie en contraste avec celui du GuebliGafsa, Il tend à l'orthogonalité avec une seule voie principale qui est la rue « Sidi Ahmed Sehili », qui le traverse en oblique, de part en part, partant de la Route de Kairouan pour rejoindre le bain juif le Tarmil et la Kasbah. Il faut noter également que « Jaoufi-Gafsa », la partie nord, est caractérisée par des blocs irréguliers subdivisés de manière erratique en espaces de vie, comme s'il s'agissait d'une extension. Ici, se situe le quartier juif : qui a été connu par sa vocation commerciale et artistique67 notamment le long de la rue « Sidi Ahmad Sehili » et des frontières extérieures.
67
Noura Kerrou « Histoire et mémoire des lieux » 2008
57
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
3.B.1- Le Quartier juif de Gafsa « Harat al-Yahûd » Le quartier juif de Gafsa est le lieu d'implantation de la communauté hébraïque. Au moyen âge, le nom « juiverie » était utilisé pour décrire le quartier habité par les juifs, ce mot désigne plutôt l'ancien quartier juif de Genève, en Suisse, : c’est un espace urbain progressivement délimité et constitué d’une ou de plusieurs rues imposées aux juifs ou réclamées par eux. Le regroupement de ces derniers dans un espace défini peut avoir diverses raisons : • • • •
Religieuse : les juifs se regroupent et s'agglutinent autour de leur lieu de culte Sécuritaire : les Juifs, victimes d'émeutes anti-juives, réclament une protection Ségrégatives : pour les empêcher de se mêler aux non-juifs Fiscales : imposées par le pouvoir pour faciliter la collecte des impôts68 Toutefois, à Gafsa, d’après l’analyse de tissu il paraît que le premier noyau urbain est le quartier « Humât al-Oued » (qui constitue le quartier des piscines romaines) et que « Harat al Yahûd » est une structure urbaine ultérieure. L’organisation du quartier nord de la médina « EL HARA » répond également au besoin d’intégration par rapport à l’activité commerciale. En effet cette extension n'a pu être possible qu'au nord de la médina vu l'emplacement des oasis qui entourent la médina des trois côtés. Pour mieux décrire le quartier juif, il a fallu faire multiplier les visites in-situ en vue de repérer les différents lieux existants ; Ceci nous a permis de tirer les observations suivantes : • Il faut signaler que La Hara de Gafsa est constituée des rues qui ont des tracés irréguliers. Elles sont étroites et la plupart d'entre elles s'achèvent en impasses. • On note que la rue dans la Hara ne se distingue pas des rues du reste de la médina qui se caractérisent par une irrégularité du tracé.
Figure 46: les impasses à Harat al Yahûd à Gafsa (Photos prise par l'auteur: 2020)
68
Simone Mrejen-O'Hana, « À propos de l’hébreu dans les ‘quatre saintes communautés’ du Comtat Venaissin et d’Avignon », Revue des études juives, 2008, P.167
58
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
Figure 47: Emplacement du Quartier Juif à Gafsa (Source: auteur)
Les rues de « Harat al Yahûd » sont : •
Soit des rues qui ont une particularité telle que la rue des juifs : Dans cette rue, il y a la synagogue al-B’ia, des maisons de juifs telles que : « Dâr al-Gharga » et « Dâr Chaya » Cette rue était nommée plus tard « rue de Synagogue » puis « rue Mohammed Jrad » •
Soit des rues qui portent les noms de mosquées ou zawiyas telles que :
« Rue Sidi Ahmed al-Gharbi » et « Rue Sidi Ahmed Sehili » qui était parmi les anciens espaces des commerçants juifs à Gafsa •
Soit des rues avec « Sâbât » qui est un passage couvert : C’est le résultat de constructions en étage.
Parmi les Sibat qui enjambant les rues, on cite : « Sibat Muhamed Djerad » ; « Sibat Sidi Ben Yaaqûb » ; « Sibat Sidi Omar Kaabashi » et « Sibat Sidi Ahmed al-Gharbi ».
59
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
Figure 48: Les Sâbâts au Quartier Juifs (Source auteur 2020 )
Le Sâbât (prononcé sibat à Gafsa) est un passage couvert résultat de constructions en étage enjambant la rue, créant des zones ombragées très recherchées sous un climat chaud et sec. Bâtis avec les matériaux traditionnels, le Sâbât est un élément très intéressant du point de vue architecturales du fait qu’il constitue souvent une sorte de passage aérien d’une maison à l’autre Même jadis, les femmes juives passaient d’une maison à l’autre sans sortir sur la rue… En fait, La femme avait à Gafsa de multiples occasions de sortie. Elle visitait périodiquement régulièrement le souk de la laine pour s’approvisionner des besoins du Tissage qu’elle pratiquait69 D’ailleurs, la plus notable parmi toute les sorties, était la visite au Tarmil (le bain juif) afin de réaliser le lavage des tapis et réaliser leur bain rituel.
69
Soro (F.) Gafsa: une médina oasienne en Tunisie, 2004, P.116
60
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
En outre, Le quartier est constitué de groupes de maisons très irrégulières par leurs formes et leurs dimensions. Les maisons dans les quartiers de Gafsa sont bâties en « briques non cuites » simplement séchées au soleil et laissent voir après une saison pluvieuse leurs ossature de pierres où déchiffrant très souvent une inscription romaine70. Dans certaines parties de la Hara, il existe des pâtés de maisons qui rendent les impasses indispensables à l'accès intérieur. Il est à noter que l'impasse dans la Hara est très tortueuse.
Figure 49: Les Patés de maisons à Jaoufi Gafsi ( source: «Gafsa une médina oasienne» )
En fait, selon Cazès71, l’intégration des juifs dans la ville était liée à l’emplacement de la grande synagogue « Elbi’a » après l’arrivée des juifs de l’Espagne à Gafsa.72
70
Combes (J.) « Bulletin économique et social de la Tunisie Gafsa », 1968, P.57 David Cazès (1850-1913), historien des Juifs de Tunisie 72 Chapoutot-Remadi Mounira, « Tunis », Grande villes méditerranéennes du monde musulman médiéval, 2000, p.243 71
61
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
A- Emplacement Les marges du quartier de « Jaoufi-Gafsa » se présentent comme resserrées entre les axes viaires de la ville et le périmètre de la médina. Les zones internes du quartier sont « Beb al-Djebel » et l'aire commerciale du Souk libyen73. Selon un témoignage oral74, il y avait à Gafsa, une Hara S’ghira et une Hara Kebira : Au début les juifs avaient pour emplacement la partie appelée « Souk al-Tu ’ma », puis, il y a eu une extension vers le nord. La carte suivante démontre les parcours du quartier ainsi que les hypothèses de la Hara :
Figure 50: Emplacement urbain du quartier juif à Gafsa (source: auteur)
Par rapport à la hiérarchie du réseau routier, on constate que à Jaoufi-Gafsa, n’a qu'une seule rue, « Rue Sidi Ahmad Sehili », qui reflète les particularités de cette portion de la médina: elle est considérée comme un point de rencontre. De nombreuses activités commerciales75 se retrouvent tout au long de son longueur.
73
Faxiolo (G.) et Soro (F.) « Trace d’une médina : le milieu naturel et l’espace construit » P.40-41 L’Association de Sauvegarde de la médina de Gafsa 75 The Mediterranean Medina: International Seminar P269 74
62
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
B- Accessibilité et contexte actuel
63
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
4. Mutations et Evolutions A- Dimension spatiale Tout le long des frontières extérieures de « Jaoufi-Gafsa », est visible la transformation la plus profonde: les murs de la ville ont été remplacés pendant la période du protectorat français par des bâtiments coloniaux et périphériques Boulevards. En outre, les activités administratives ont été déplacées à l'extérieur et les nouveaux murs de la médina ont formé de hauts bâtiments de type européen, avec des fenêtres donnant sur la rue Cette nouvelle configuration a perdu toute relation d’origine avec l'oasis. Aujourd’hui, en allant vers El-Hara de Gafsa, on remarque la présence des bâtiments en état de ruine avec des dimensions variables au tissu. Ces bâtiments sont mal exploités, ils présentent d'une part un espace passif plein de déchets et d'autre part des gites squattés par les SDF. Certains bâtiments sont devenus des lieux de commerce illégal ce qui a donné à un tel espace une mal réputation liée aux crimes et aux malfaiteurs76
Figure 51: Terrain Vierge à El-Hara Gafsa: Un espace pour les déchets (Source: auteur)
76
Emission » الحارة قفصة « بال قناعLe 22 févr. 2019
64
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
En effet, il faut noter que « la rue de synagogue » est l'artère la plus importante dans le quartier juif, remaniée continuellement. La densité urbaine qui la caractérise et le manque de l'entretien des édifices au site expliquent les transformations continues qui touchent l'existant.
Mutations Néfastes qui touche la voie Descriptions
Présence d’un bâtiment délaissé en état de ruine dont la façade est aveuglée D’après les témoignages oraux Il s’agit un espace squatté en un lieu de rassemblement dangereux pour les alcooliques .Face à la synagogue Présence d’une dent creuse avec une porte pour accéder à un terrain vierge
Présence d’une placette non exploitée Une faille presque vide et exploitée comme un lieu de décharge des déchets
Pour synthétiser, les déformations au niveau de l'architecture qui borde cet axe continuent, elles sont de plus en plus remarquables, Par conséquence la rue de la synagogue est en train de perdre son style initial qui la caractérisait jadis. En effet, le patrimoine médinal de la ville traditionnelle de Gafsa se dégrade jour après jour.
65
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
66
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
B- Dimension sociale À l'heure actuelle, El-Hara de Gafsa est en déclin, elle est transformée en un ghetto peuplé par les membres les plus pauvres de la société77 et rejetés par les habitants du reste de la ville. Il s’agit d’un quartier résidentiel où tous les services sont presque exclusivement commerciaux et utilisés uniquement par ses habitants. Le manque d'argent et d'équipement, le chômage, le besoin d'espace, le désir de personnaliser leurs logements réduisent la valeur historique des bâtiments aux yeux des habitants, qui ont remplacé les anciennes familles riches.
Figure 52: Déclin social à El-Hara Gafsa (Croquis: auteur)
77
Emission » الحارة قفصة « بال قناعLe 19 févr. 2019
67
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
Conclusion La rue des juifs (l’ancienne rue de la synagogue) présente plusieurs potentiels à conserver et à développer, D’autre part, cette voie souffre de plusieurs anomalies à corriger
Potentiels
Anomalies
Une position stratégique : Cette voie relie l’artère historique « Kilani Métoui » à l’extérieur de médina.
De nos jours, la voie reflète un état du déclin culturel et des difficultés économiques.
La présence de plusieurs édifices juifs qui témoignent de la présence de cette ancienne communauté dans la région.
Abondan d’entretien et non exploitation culturelle au faveur du tourisme et des commerces.
Présence d’ une dent creuse et du site vierge qui peuvent abriter pleins de fonctions.
Manque des activités de restauration
Présence d’une placette qui peut contribuer à l’animation du Quartier juif.
Une placette mal exploitée.
Figure 53: les différentes potentiels de l'artère (Source : auteur)
68
CHAPITRE II :
« Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre
5. Synthèse Malgré, la spécificité spatiale que le portail du désert « Gafsa » avait gardée depuis longtemps, les mutations et les évolutions néfastes ne cessent à ravager l’image de la ville en générale et le quartier juif « Harat al Yahûd » en particulier qui souffre de nos jours, de la marginalisation et de déclin social.
Figure 54: La naissance du besoin (Source: auteur)
En effet, la richesse historique et par conséquences architecturales se manifestent principalement sur l’artère la plus importante du quartier (Rue des juifs), Un espace qui présente des anomalies mais également des potentiels (les édifices) qui sont abandonnés et mal exploités. Ce qui est le cas de l’ancien élément dynamo de quartier juif à Gafsa… « La Synagogue Elbi’a ».
Quelle est la réponse architecturale adéquate qui peut résoudre les problèmes de cette axe toute en assurant la mise en valeur des édifices au profit des habitants actuels ?
69
CHAPITRE III :
« Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
CHAPITRE III : « Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
70
CHAPITRE III :
« Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
71
CHAPITRE III :
« Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
Introduction « Les ruines valent un sermon pour tout être qui pense. »78
En passant dans les ruelles « d’El-Hara » à travers les différentes Sâbâts qui raconte l’histoire d’une civilisation rattachée à ce territoire, on se trouve face à un chemin appelé « rue de la Synagogue », où se concentrent la plupart des bâtiments juifs délaissés. C’était très difficile de détecter l’emplacement de la synagogue suite aux métamorphoses de l’environnement significatif et la transformation de la plupart des habitats en des gites squattés et de bâtiments abandonnés Actuellement, vue l’absence totale de la communauté juive à Gafsa, l’espace le plus important pour le culte juif reste totalement déserté et risque chaque jour de se dégrader davantage. Cet édifice est un témoignage d’une mémoire estompée. Il se démarque par ses détails architectoniques spécifiques notamment à l’intérieur qui nous raconte son histoire…C’est la Synagogue El-Bi ’a, un lieu de culte juif de sud-ouest tunisien.
78
Anne Barratin ; Chemin faisant (1894)
72
CHAPITRE III :
« Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
1. La Mémoire du lieu « Un lieu de mémoire dans tous les sens du mot va de l'objet le plus matériel et concret, éventuellement géographiquement situé, à l'objet le plus abstrait et intellectuellement construit. »79
D’après l’historien Pierre Nora, il existe un lien qui crée un lieu de mémoire, ce lien connecte un espace matériel concret à un espace abstraite caché liée à des vécus et des souvenirs. En sociologie, la notion de l’espace et un résultat d’interaction entre un dimensions apparente (dimension concrète) et les dimensions cachées (dimensions abstraites et sociales)
Figure 55: Les dimensions d'un espace (Source: auteur)
En effet, la mémoire du lieu se constitue à travers l’accumulation de ces dimensions au fonction du temps Malgré son positionnement au cœur du Quartier Juif de Gafsa, il était très difficile de détecter la situation exacte de la Synagogue, de l'extérieur, ce bâtiment a subi plusieurs affectations cachant son propre identité et menaçant toute mémoire liée à l’ancienne souche juive à Gafsa Vu le manque des documents écrits dans notre étude, il était important de découvrir les différents aspects : cachés et apparente d’un tel lieu à travers la réalisation d’une enquête spécifique que nous avons menée sous la direction d’une sociologue80.
79
« Lieux de mémoire communs franco-québécois », sur le site de l'association France-Québec »
80
Enquête menée sous la direction de madame Imen Oueslati sociologue et enseignante à l’Enau
73
CHAPITRE III :
« Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
1.A- Enquête Vu la rareté de documentations écrites parlant de « la Synagogue El-bi ’a », On a adopté donc la méthode de l’enquête sur site afin de rassembler des informations à propos de ce bâtiment. On va analyser par les informations recueillies « les témoignages Oraux et les avis des habitants actuels autour des édifices juifs délaissés et de la synagogue » dans le but de comprendre l’image actuelle de la Synagogue et l’opinion de cette partie de la population. Tout d’abord, il est important de rappeler l’absence totale de la population juive dans le contexte social actuel de Gafsa et puisque on se trouve face à un édifice délaissé dans un état dégradé, notre problème est qualitatif.
Figure 56: L'enquête (Prise par l’auteur en 2020)
D’où, on a opté pour la technique de l’entretien non directif dans la réalisation de l’enquête, On a posé chaque fois aux interviewés trois questions « connaissez-vous cet endroit ? » « A ton avis quel rôle pourrait être assuré par cet édifice afin d’améliorer votre quartier/ville? » « Connaissez-vous les autres édifices juifs dans le Quartier ? ».
1.A.1- Enquête81 (transcription de la discussion traduite par l’auteur) Exemple : Entretien n 1 -
Date 27-05-2020
Emplacement : El-Hara Gafsa
Bonjour Monsieur. Bonjour. Est-ce que je peux vous demander quelque chose ? Oui bien sûr
81
On prend un échantillon pour marquer l’étape de l’entretien, la totalité de l’enquête est organisée dans les annexes
74
CHAPITRE III :
-
« Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
Je suis un étudiant en architecture à Tunis et je suis venu à El-Hara pour faire des études, j’ai des photos d’un édifice, connaissez-vous cet endroit ? Mon fils, ceci c’est un bâtiment en ruine étranger pour moi, c'est la première fois que je le vois C’est une synagogue délaissée à Gafsa, A ton avis quel rôle pourrait assurer par cet édifice afin d’améliorer votre quartier ? Le style de décoration est très attirant, chaque détail est attirant Peut-être un musée pour attirer les touristes ça peut aider l’activité commerciale Avez-vous des idées sur les autres édifices juifs? Oui il y avait des juifs (hachek) depuis longtemps mais j’ai aucune idée spécifique à propos de leurs bâtiments D’accord merci monsieur, bonne journée. Bonne journée
1.A.2- Interprétation des données qualitatives par la méthode de l’Analyse du contenu:82 Code E1.1 E1.2
Signifiés
connotation L’image de l’espace
« ruine étranger »
(-) (+)
E1.3
« Le style de décoration est très attirant » « des juifs (hachek) »
E2.1
« un héritage de Gafsa »
(+)
E2.2
« La beauté de la faïence qui couvre les murs » « dar salat »
(+)
E3.1 E3.2
(-)
« je n’arrive pas à connaitre »
(+) (-)
E3.3
« il ont disparu »
(-)
E4.1
« je ne le connais pas »
(-)
E4.2
« Ces juifs (hachek)... »
(-)
E5.1 E5.2 E5.3
« je n’arrive pas à repérer » « Bâtiment endommagée » « Les détails de décoration et les couleurs »
(-) (-) (+)
Connotation + du style architecturale Connotation négative de la communauté juifs Espace historique / espace patrimonial Dimension sociale et abstraite Dimension religieuse Méconnaissance de la synagogue Témoin de l’histoire de lieu Méconnaissance de l’équipement Rejet social et culturel des juifs Problème de repérage Dégradation du bâtiment Les couleurs
82
On a pris des échantillons pour montrer les images d’espace obtenues, la totalité de l’étude est organisée dans les annexes
75
CHAPITRE III :
« Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
E6.1
« Bâtiment anonyme en ruine »
(-)
E6.2
« Il y avait des juifs à Gafsa ? »
(-)
E7.1 E7.2 E8.1 E8.2 E9.1
« C’est anonyme » « En ruine totale » « Cette ruine » « Ancien temple » « J’avais quelques souvenirs »
(-) (-) (-) (-) (+)
E9.2 E10.1 E10.2 E10.3 E10.4
« Les juifs ont quitté cette région» « Dar Slat » « C’était inaccessible » « Espace dangereux » « En ruine »
(+) (+) (-) (-) (-)
Méconnaissance et Dégradation L’ignorance de l’histoire du lieu Méconnaissance Manque de restauration dégradation Méconnaissance Dimension abstraite (vécu) Témoin de l’histoire
Insécurité et dégradation
Figure 57: Tableau d'analyse du contenu des entretiens (Source: Auteur)
1.A.3- Analyse thématique : Espace méconnu Espace de culte rejeté Espace attirant à l’intérieur Espace abandonné Espace historique Espace dégradé Espace de culte Espace dangereux
Figure 58: Tableau des images de l'espace conçues par les habitants (Source: auteur)
76
CHAPITRE III :
« Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
Figure 59: Synthèse Thématique de l'enquête (Source: auteur)
1.A.4- Analyse de l’évaluation E1 Espace méconnu
E2
x
Espace abandonné
E3
E4
E5
E6
E7
E8
x
x
x
x
x
x
E9
E10
7
x
1
Méconnaissance
TD
Espace de culte rejeté
x
Espace dégradé
x
x x
x x
x
x
x
Espace dangereux
3 6
x
Dénégation
1 TD
Espace historique
x
Espace de culte Espace attirant à l’intérieur
Somme
1 x
x
1 x
L’âme du lieu
2 TR
Figure 60: Tableau de calculs des fréquences des éléments générateurs (Source: auteur)
77
CHAPITRE III :
« Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
1.B- Hypothèse de la genèse architecturale de la synagogue Historiquement, l’apparition des premières synagogues et leurs configurations étaient probablement liées à l’exil de Babylone (VIème siècle avant JC)83 Les lieux de cultes juifs sont nés d’abord, en orient et se définissaient préalablement comme maison de prière , d’étude « Bet Hamidrach » et de lecture des textes bibliques se rapportant au sacrifice et à la prière collective84. Pour cette raison, la synagogue était implantée proche des juifs pour des raisons de sécurité et de proximité de la communauté
Figure 61: Jérusalem "Temple de Salomon" Source : Google.com
En effet, la Synagogue est considérée comme un espace spirituel et émotionnel qui rassemble la communauté et qui transmet en même temps un culte et une culture85.
« Toutes les activités sociales et culturelle tournaient autour de la synagogue » 86
Selon les témoignages des Gafsiens, On a appris qu’il existait au passé un quartier juif à Gafsa. Les juifs ont cohabité avec les musulmans en créant leur territoire géographique délimitée « El-Hara ». En effet, cette synagogue est construite au cœur du quartier juif, Il faut noter également la présence des lieux de cultes musulmans dans ce secteur (tel que la mosquée Sidi ibn Yaacoub) ce qui témoigne de l’ancienne cohabitation entre la communauté juive et musulmane.
83
Férida Sellem « Les mécanismes spirituels à l’œuvre dans la sacralisation », 2017 Dominique jarrassé (1991 page 18) 85 Lavenstein (C.) et Mercier (L.L) 2018 86 Spector; G. Wigoder. (2001). the encyclopedia of Jewish life before and during the Holocaust. Volume II, K-Sered. Jérusalem, New York 84
78
CHAPITRE III :
« Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
« Harat al Yahûd » de Gafsa, était d’ailleurs habitée conjointement par les juifs et les musulmans. Malheureusement, il n’y a pas de date qui précise la fondation de « la synagogue Elbi’a » à Gafsa, On peut par contre établir des hypothèses de fondation en se basant sur les informations historiques que nous avons recueillies.
Figure 62: Un essai de restitution du Plan de la Synagogue El B’ia à Gafsa (Schéma Personnel 2020)
En effet, ce lieu de culte privé de ses fidèles persiste comme un témoin architectural d’où, La découverte d’un tel édifice atypique dévoile des spécificités dont la compréhension et la mise en valeur dépasse sa valeur idéologique mais en tant que l’un des composants d’une mémoire collective et nationale.
79
CHAPITRE III :
« Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
Figure 63: Affectation des espaces de la Synagogue El B’ia (Schéma Personnel 2020)
Il faut noter qu’ après la chute du second temple, les juifs prennaient l’habitude de se réunir dans des maisons de prières, les synagogues (qui signifie rassemblement en grec). Ces batiments possèdent habituellement un sanctuaire, c'est-à-dire une grande salle de prière, où les fidèles se rassemblent (dans lequel sont contenus les Livres de la Torah). La présence d’une galerie des femme remonterait au temps du premier temple de Jérusalem qui était divisé en trois parties dont l’une était consacré comme « Ezrat Nashim » l’espace ou les femmes pouvaient faire des sacrifices dans le but de séparer les deux sexes. Les synagogue peuvent aussi comporter une salle pour les événements communautaires, toutefois, elles contiennent des petites pièces réservées à l'étude, un « Beit midrash » (« maison d'étude »). C'est-à-dire une école « scuola » destinée à l'enseignement de la tradition et de la langue hébraïque, que ce soit pour les enfants ou les adultes.87 87
Myriam Tangi | Musée d'Art et d'Histoire du Judaïsme
80
CHAPITRE III :
« Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
1.B.1- Première hypothèse de fondation : Cette première hypothèse de fondation s’appuie sur l’ouvrage : « Gafsa une médina oasienne » qui suggère des similitudes entre le plan de la synagogue de Gafsa et celui de la synagogue du Cordoue88 en considérant que des Juifs andalous avaient pu transporter leurs traditions architecturales suite à leurs exil et départ de Grenade en 1492. Il est à noter également que parmi les souches juives à Gafsa l’y avait des espagnols qui étaient s’installer à Gafsa après leurs expulsion d’Espagne au XVème siècle. « La synagogue de Gafsa correspond, de même que celle de Cordoue, au style typiquement "Granadino" »89
Figure 64: Similitude par rapport au Plan de la Synagogue de Cordoue (Source: F. Cantera Burgos)
Figure 65: La Sinagoga de Córdoba (Source :Américo Toledano 2008)
88 89
« Gafsa une médina oasienne » 2010. P. 178. F. Cantera Burgos et J. Peláez del Rosal « Gafsa une médina oasienne »
81
CHAPITRE III :
« Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
Les similitudes au niveau du plan se manifestent à travers l’entrée indirecte à la salle de prière qu’à travers la courette et la salle d’entrée, ainsi que la présence d’un espace du Torah « le Hekhal » inclus au mur ouest du bâtiment. Dans le cas de la Synagogue Elbi’a, l'accès au bâtiment se fait à travers une porte qui donne sur une courette, cette dernière communique directement avec un petit vestibule, d'où s'élève un petit escalier qui mène à ce qui devait être la galerie des femmes. Là, s'ouvre une porte, orientée au Sud avec un large encadrement de pierre richement ornée, portant le symbole des deux Mains de Fátima stylisées90
Figure 66: Portail Sud de la Synagogue (Source: Dominique Jarassé)
En effet cette ornementation typiquement musulmane laisse y déceler des arbres de vie91.
D'après les attestations archivistiques92, la fonction synagogale était garantie par une inscription hébraïque au-dessus du portail qui a disparu aujourd’hui et qui était familière à un tel endroit, en particulier : Figure 67: Détail du linteau du portail Sud (Source: Dominique Jarassé)
Le verset 20 du Psaume 118, inscrit au fronton de nombreuses synagogues européennes: « Ze hacha'ar... Voici la porte de l'Éternel, les Justes y entreront »
90
« Gafsa une médina oasienne en Tunisie » p. 177 Dominique Jarassé « Synagogues de Tunisie Monument d’une histoire et d’une identité » p.107 92 Ibid. 91
82
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« Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
D’ailleurs, l’intérieur de la salle de prière de la Synagogue montre des détails et des motifs artistiques qui trahissent l'inspiration architecturale des mosquées hispano-mauresques93 à titre d’exemple on note la présence : •
Des claveaux alternés en rouges et blancs par pierre naturelle et brique cuite qui entourent le noyau de la salle
Figure 69: Les arcs en fer à cheval à la mosquée cathédrale de Cordoue (Source : Google image)
•
Figure 68: Les arcs à la Synagogue Elbi’a de Gafsa (Source : auteur 2020)
Des arcs qui reposent sur des colonnes trapues surmontées de chapiteaux dépouillés d’un type rattaché à la tradition hafside, Ces éléments comportent des étoiles de David peintes en bleu
« L'étoile de David, est une étoile à six branches, ou hexagramme, formée par deux triangles équilatéraux superposé Censée être imprégnée de pouvoirs protecteurs, le bouclier que confère à l'homme le salut de Dieu. »94
Figure 70: Détail du Chapiteaux Hafside Ornée de la Synagogue de Gafsa (Source : auteur 2020)
93 94
En prenant l’exemple de grande mosquée de Cordoue Clare Gibson « Comprendre les symboles » p. 103
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« Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
D’ailleurs, à l’époque de la domination Hafside en Tunisie, l’attitude tolérante et hospitalière des hafsides a permis aux juifs de s’organiser en communautés95. En effet, Il y avait également à Gafsa des juifs espagnols appelés « Kabbusiyuns » puisqu’ ils portaient la « Chechia », ils sont venus s’ajouter aux juifs autochtones « Shikliyun » (portaient la Shikla)96.
Figure 71: Les juifs espagnols bâtisseur de Synagogue (Croquis: auteur )
95 96
Jadla (I.), « Les juifs en Ifriqiya à l’époque Hafside », Histoire communautaire, histoire plurielle. Noura Kerrou « Histoire et mémoire des lieux » 2008
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1.B.2- Deuxième hypothèse de fondation : Selon Dominique Jarrassé 97 les autres cellules d’habitation liées à la « synagogue El B’ia » appartenaient à la famille Chemouny d’origine Djerbienne. En effet, la première information qui la concerne figure dans un rapport topographique français réalisé en 1893. Ensuite en 1921, le bâtiment a été agrandi pour inclure une propriété plus grande et plus de fenêtres, Les comptes de la communauté font mention « réparation de la façade de la synagogue et ouverture des fenêtres ». Plus tard le Rabin Chemouny, face à l’augmentation du nombre des juifs aux années 30, il opérait un agrandissement par ajout de pièces adjacentes à la deuxième cour.
De plus, l'historien Hubert Cornet a supposé qu'il y avait un profond échange stylistique entre Djerba et Gafsa, à la fois des idées religieuses et architecturales98.
Figure 73: Synagogue de la Ghriba à Djerba (Source : A. Lachiheb)
Figure 72: Synagogue Elbi’a à Gafsa (Source : auteur 2020 )
97
Dominique jarassé « Synagogues de Tunisie Monument d’une histoire et d’une identité » p.107 Colette Bismuth-Jarrassé and Dominique Jarrassé, « Synagogues de Tunisie: Monuments d’une Histoire et d’une Identité » (Paris: Éditions Esthétiques du Divers, 2010), p.106-110. 98
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Cette hypothèse s’appuie sur les arguments suivants : •
Les murs des deux synagogues au-dessus de ces arcades et les parois du lanterneau sont recouvertes de carreaux de céramiques selon des motifs différenciés par panneau Et s’agit d’un revêtement de céramique qui s'élève le long des murs jusqu'à la couverture en bois, où s'ouvrent des fenêtres rectangulaires qui pourraient correspondre aux ouvertures par les quelles les femmes se penchaient vers la salle de prière. On peut assumer que celles-ci étaient un motif commun dans les constructions tunisiennes du XIXe siècle99 : C’est la période connue par la domination des juifs djerbiens à Gafsa.
•
En outre, le lanterneau, est couvert d'un plafond de bois peint, offre trois grandes baies rectangulaires par côté Ainsi les Gafsiens suivant le principe du percement symbolique de douze fenêtres pour éclairer la salle de prière, et qui est rattaché évidemment au modèle djerbien. Selon quelques chercheurs100, ce nombre possède une valeur symbolique attachée aux 12 Tribus d’Israël.
Figure 74: le revêtement de céramique (Source : auteur 2020)
« La majorité de ces lanterneaux comportent douze fenêtres, chiffre à valeur symbolique, mais ils répondent à une nécessité fonctionnelle d’éclairage de l’estrade de lecture ( Teba ) »101 Figure 75: Le plafond en bois du lanterneau (Source : auteur 2020)
Cette disposition crée un contraste entre la zone d’ombre où sont les arches saintes et l’espace central qui est éclairé pour faciliter la lecture du Torah . 99
« Gafsa une médina oasienne en Tunisie » 2004, p. 177 Dominique Jarrassé professeur d’histoire : les synagogues et l’art juif. 101 Jarrassé, D. (2018). The Twelve Windows of the Synagogue. The Utilization of Light from South Tunisia to Jerusalem. 100
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«C en’ e stpa sl ab e a ut éd ’ unb â t i me ntque v o usd e v ri e zre ga rd e r.C estl e s f d a t i sd el ac st ruc t i quiré si st e rtà l ’ é pre uv ed ut e mps.» Da v i dA C OE
CHAPITRE III :
« Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte
2. Etat actuel de la Synagogue
Figure 76: Aziza Chemouny (l'ancienne propriétaire de synagogue en 1940)
« Il n'a pas été facile d'entrer dans la synagogue de Gafsa. Il faut dire que la famille qui l'occupe apprécie peu les visiteurs. Les derniers juifs de Gafsa avaient remis la clé de la synagogue au gardien - le père de l'actuel occupant.»102
« La synagogue Elbi’a » a été active jusqu’aux années cinquante, et après
l’indépendance, cet édifice était totalement négligé et oublié. A nos jours, cet édifice se trouve menacé vu l’affectation actuelle : Ce bâtiment méconnu même par la population actuelle souffre d’un abus d’usage et d’absence d’une stratégie de sauvegarde… Il est exploité occasionnellement comme un « Corral animal » : C’est un espace désaffecté, rempli avec de la poussière et de la saleté. Notre but de diagnostic est de mettre en évidence le besoin de restauration d’un tel édifice.
102
Nous avons contacté madame Aziza Chemouny (l'ancienne propriétaire de la synagogue en 1940) lors de sa visite à Gafsa en 2020
88
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Figure 77: L'état du Synagogue à Gafsa ( Source: Diarna.org)
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2.A- Façade de la Synagogue : De l'extérieur, même si l'on se trouve en plein quartier juif il semble difficile d’identifier la synagogue de Gafsa par sa façade. En effet, le mur ouest qui sépare la synagogue de l'ancienne rue des Juifs était percé de quatre fenêtres en 1922 qui sont aujourd’hui obstruées. « Les comptes de la communauté font mention de « réparation de la façade de la synagogue et ouverture de fenêtres ». Même si l'on se trouve en plein quartier juif, le grand mur nu actuel semble mieux refléter la réalité de la synagogue ancienne »103
En effet, le grand mur nu actuel reflète la réalité de la synagogue ancienne, car les Juifs se permettaient rarement des fenêtres sur rue si basses104. Figure 78: Façade actuelle de Synagogue Elbi’a (Source : Dominique jarassé )
103 104
Dominique jarassé « Synagogues de Tunisie Monument d’une histoire et d’une identité » p.107 IBID
90
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C’est le mur occidental qui comporte les quatre fenêtres qui donnaient sur la rue, et qui sont à nos jours bouchées, avec la disposition de ces deux fenêtres de part et d'autre du portail d'entrée en donnant l’accès à l'intérieur du bâtiment Sous l’arc central du mur occidental, devait être située « la tribune »105 (Bimah) pour le hazzan106 : sur laquelle se dresse le rabbin C’est le mur qui comporte les quatre fenêtres qui donnaient sur la rue, et qui sont à nos jours aveuglées En effet, la salle de prière devait abritait une armoire ou tabernacle contenant les documents de loi selon un témoignage d’Hubert Cornet107, aujourd’hui, elle n’existe plus.
Figure 79: Les fenêtres obstruées à l'intérieur (Source : auteur 2020) 105
L'estrade où se lit la Torah et où est célébrée la liturgie. Une figure du culte juif qui maîtrise la cantillation liturgique des textes hébraïques et les arts vocaux, dirigeant la prière chantée de la synagogue. 107 Cornet (H), op. cit, p. 301 106
91
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2.B- Salle de prière :
Figure 80: L'intérieur de la salle de prière (Source: auteur 2020)
La Salle principale est construite suivant la structure traditionnelle qui caractérise l’architecture des synagogues en Tunisie : La partie la plus haute « lanterneau » est soulevée par un série d’arc en plein cintre soutenu par 12 piliers autour du noyau, au niveau du plafond, il est remarqué par le badigeon à la chaux alunée est soutenu par les troncs du palmier, on trouve également un enduit sous plafond, l’intérieur et extérieur à base de chaux grasse. La structure externe de cet édifice est composée de murs épais en moellons de pierre locale hourdée au mortier à la base de chaux grasse. En fait, la centralité dans de cette salle dévoile la présence d’un plan légèrement trapézoïdal, Cependant, elle parait régulière grâce aux quatre galeries qui forment un carré de 5,5 m. de côté et soutiennent les murs du lanterneau, un des plus grands qui puissent se trouver dans ces régions108.
108
Colette Bismuth-Jarrassé, Dominique Jarrassé « Synagogues de Tunisie: monuments d'une histoire et d'une identité », P106
92
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Figure 81: Axonométrie de la composition de la salle principale ( schéma personnel )
Actuellement, la synagogue de Gafsa est menacée de ruine: Sa terrasse est affaissée, son puits de lumière est fissuré et cassé, ses carreaux et sa peinture s'estompent, et les inscriptions hébraïques qui ornaient ses murs ont disparu ou ont été blanchies à la chaux.
Figure 82: l'état actuel de la salle principale ( Source: auteur 2020 )
93
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Conclusion On a vu dans le premier chapitre que la synagogue a gardé au passé sa position indispensable pour l’ancienne communauté juive à Gafsa. Non seulement comme un lieu de culte mais c’était également un élément structurant au quartier. L’ancien rôle d’un tel édifice dépasse sa valeur religieuse et se manifeste par ses multifonctions dans la société : Lieu des élections pour la communauté, collecte pour les pauvres et une école pour les enfants « Scuola ».
Figure 83: Boucle d'interaction: schéma personnel)
Vu l’immigration totale des juifs Gafsiens, un tel édifice était totalement négligé par les nouveaux habitants d’El-Hara et même mal exploité et transformé en un Corral animal. Le bâtiment qui témoigne de la richesse historique d’une ancienne communauté ainsi que de leur présence dans ce site, marque à nos jours, une histoire qui s’estompe au fils du temps.
95
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Synthèse Après le changement du tissu social de la ville, l’usage de la synagogue entant qu’un lieu de culte actif a expirée, l’édifice qui témoigne la richesse historique s’estompe au fils du temps. Alors ce qu’on peut retenir de ce chapitre qu’il y a un état d’ignorance et d’un déni vis-à-vis de la synagogue et tout le patrimoine juif. Une situation qui reflète une réalité apparente à travers la mal exploitation et l’état de récession générale ce qui nécessite une intervention. En fait, quelle que soit l’intervention à adopter, ponctuelle ou globale elle doit certainement mettre en considération les besoins de la nouvelle population afin d’injecter les fonctions subtiles qui garantit la survie de l’héritage et contribuer au bienêtre des habitants actuels.
96
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
CHAPITRE VI : « El-Hara » …La Revitalisation
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CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
Introduction « L’architecture n’est pas là pour se faire oublier, mais pour faire preuve d’héroïsme, chaque projet est une histoire d’amour. Peut-on en avoir plusieurs à la fois ? »109
1. Rappel Après l’expiration de l’usage initial de la synagogue comme un lieu de culte, Le quartier juif se trouve en état de déclin: En effet, la plupart des édifices historiques sont transformés en de gites squattés. L’activité économique de la population actuelle a changé ce qui a produit tout un nouveau mode de vie dans la nouvelle ville en tournant le dos aux histoires des lieux. Des années plus tard, « la Synagogue », l’édifice le plus important de l’ancienne communauté, était complétement négligé, abandonné et ignoré par les habitants actuels D'ailleurs l'un des témoins avec qui nous avons mené l'enquête, a mentionné que « Bit El-Salat »110 était une destination touristique par excellence dans les année 70. Figure 84: Blocage du boucle ( schéma personnel )
Figure 85: Le déclin du Quartier (Schéma personnel )
109
Frédéric Borel Laboratoire Citation.html Il faut mentionner que l’ancien synagogue est appelée « Bit El-Slat » chez les enquêtés les plus âgés 110
98
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2. Revitalisation de l’ancien quartier juif de Gafsa 2.A. A la recherche du besoin des « Habitants actuels » Ce qui nous a vraiment aidé à dégager les besoins de la population actuelle c’était leur propre parole durant notre enquête sur site. En effet, plusieurs enquêtés111 à « El-Hara de Gafsa » ont mentionné que les habitants actuels, avaient besoin des espaces de commerce ainsi que des lieux où les jeunes peuvent découvrir une variabilité culturelle afin de créer un dynamisme touristique et économique qui pourrait prendre lieu au quartier juif. En fait, le but c’est actuellement profiter de la valeur culturelle et patrimoniale qu’offre l’édifice de la Synagogue implanté dans un tel tissu marginalisé. D’où, nous nous somme orientés vers les commerçants et les habitants comme étant les cibles les plus concernées par ces activités pour confirmer les paroles des enquêtés âgés.
Quel rôle cet édifice pourrait-il jouer pour améliorer votre ville
Puis on a voulu profiter de cette occasion pour questionner les jeunes à propos du patrimoine juif. Afin de redonner vie au quartier, notre idée est d’intervenir en collaboration avec la population locale pour introduire des nouvelles activités à la « Synagogue El B’ia » qui conviennent avec leurs nouvelles orientations et besoins ou plus précisément en s’appuyant sur des évènements culturels comme étant intermédiaires pour réconcilier la population actuelle et ce patrimoine méconnu.
musée
Salle d'exposition
centre culturel
« Avez-vous des idées sur les autres édifices juifs au Quartier ? »
oui
non
Connaissez-vous cet endroit
Figure 86: Statistique d'enquête réaliser sur site
111
Oui
Non
Des paroles basées sur une interview fait sur site
99
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
Figure 87: Mind storming (Source: auteur)
2.B. Stratégies d’intervention « Les raisons d’intervenir sur le patrimoine peuvent varier du besoin d’adoption d’un site à des exigences contemporaines (sécurité, normes modernes, circuit touristique ...), à la réhabilitation de la mémoire d ' un lieu en l’interprétant ou en le mettant en valeur, en passant par le recyclage d’un site pour lui donner une nouvelle fonction. » 112
Après avoir analysé l’état actuel de l’ancien « Quartier juif » et compris les mutations qui ont contribué à son blocage et à la perte de la plupart de ses valeurs sociales et économiques, on va essayer dans ce dernier chapitre de construire une stratégie d’intervention en se basant sur les fondements des valeurs ancestrales de la population juive-Gafsienne d’autrefois afin d’instaurer un nouveau programme et revitaliser l’artère principal du quartier par la reconversion de « Dar Chaya », « Dar Gharga » et « la Synagogue El B’ia ». L’objectif d’un architecte doit s’adresser à l’amélioration de vécu humaine en tenant compte du cadre bâti et social à la fois. En fait, dans notre contexte, on parle de commerçants et artisans marginalisés inclus dans un site sous valorisé mais chargé d’histoire. Par conséquence, notre réflexion doit dégager les potentiels de ce lieu en faveur des habitants. Dans ce cas, l’intervention architecturale va s’intéresser à l’artère principale du quartier (Rue de la synagogue) où se concentre la plupart des édifices juifs et notamment la « Synagogue Elbi’a » en tant que l’édifice emblématique du quartier. En effet, Le but C’est d’immerger le visiteur et l’habitant dans une nouvelle expérience culturelle à travers un parcours guidé qui offre la transition d’un édifice à l’autre.
112
GEORGESCU PAQUIN Alexandra, : L’actualisation du patrimoine par la médiation de l’architecture Contemporaine, Février 2013, p 11
100
CHAPITRE VI
•
« El-Hara » … La Revitalisation
Objectif de l’intervention :
Les nouvelles fonctions proposées doivent révéler les qualités de chaque bâtiment afin de revitaliser l’artère du quartier en premier lieu et d’éveiller les potentiels architecturales et historiques de la « synagogue Elbi’a » dans un ensemble cohérant par rapport aux autres éléments du site : Dans ce cas la stratégie d’intervention doit se baser sur un plan d’action qui concerne l’artère principale du quartier et une intervention sur la synagogue et les deux Dars.
Figure 88:Objectif de l’intervention (Schéma personnel )
2.B.1 Plan d’action sur l’artère principale du Quartier juif : Pour mieux contextualiser notre réponse, on s’intéresse à répartir notre intervention sur un ensemble de séquences qui ont pour but la requalification de l’artère la plus importante à « Harat al Yahûd » et remettre en marche une dynamique sociale (les habitants et leur pratiques), culturelle et économique dans un projet géré par une association civile.
Figure 89: Axonométrie (Source: auteur)
101
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
Plan d’action: Séquence 1 • • •
Reconversion de « Dar Chaya » en une pépinière de workshop dédiée aux artisans et l’artisanat locale, des ateliers d’expérimentation avec leur espace d’exposition. Réaménager la placette. Aménager la promenade pour stimuler le visiteur à entamer et découvrir une aventure artistique. Séquence 2
• •
Réhabitation De l’édifice juif « Dar Gharga » en un espace de restauration qui valorise le patrimoine immatériel de la cuisine juive-Gafsienne et abrite des logements pour les artistes visiteurs. Reconversion de la « Synagogue El-Bi ’a » en Une salle d’exposition des œuvres produites conjointement par les artistes et les artisans avec la présence d’un espace dédié à l’exposition des vêtements juifs qu’on a évoqué dans le premier chapitre (les Shikliyun et les Kabbusiyuns) à Gafsa tout en intégrant le terrain vierge et la dent creuse située en face dans le projet.
c
Figure 90: Axonométrie éclatée (Source: auteur)
102
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
Figure 91: Plan masse du Quartier juif ( Source: auteur)
Figure 92: Lecture séquentielle ( source auteur)
c
103
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
2.C. Les intentions du projet L’objet de mon intervention est de montrer à la population locale que « la Synagogue El B’ia » peut-être d’actualité et répondre à son nouveau besoin tout en respectant ses détails architectoniques importants et par conséquence le patrimoine bâti de « El-Hara » ne sera plus délaissé. En fait, le projet est destiné à créer des espaces culturels et interactifs entre les visiteurs et les commerçants, où les visiteurs peuvent commencer une aventure afin de découvrir les différentes traces historiques de l’ancienne communauté juive à Gafsa … Les habitants actuels vont être au cœur des activités où ils participent à un développement culturel et en animant un parcours et de sauvegarder la mémoire des lieux qui risque aujourd’hui de disparaitre. Cela va permettre la valorisation de la Synagogue et les autres édifices aux yeux des habitants et aussi à l’égard des visiteurs. Ainsi la nouvelle vocation proposée pour les édifices choisis est basée sur l’idée de l’intégration totale du quartier à la nouvelle vie, c’est-à-dire en créant un parcours reliant les différents édifices juifs, qui stimule la curiosité et qui encourage les visiteurs à découvrir davantage. ➔ Le parcours commence par « Dar Chaya » ou il y a des Espaces de workshop dédiée aux artisans et l’artisanat, des ateliers d’expérimentation avec leur espace d’exposition. ➔ En avançant dans le parcours le visiteur va contribuer à des évènements qui incitent sa curiosité à découvrir le passé d’un tel espace historique. En avançant, on trouve « Dar Gharga » : l’unité de restauration, C’est un espace consacré à la mémoire juive à Gafsa par la présentation du la cuisine culinaire avec des cellules d’hébergement pour les artistes étrangers. ➔ L’aboutissement du parcours, L’unité finale (La synagogue : l’ancien lieu de culte), va continuer à raconter l’histoire oubliée de la communauté juive Gafsienne au visiteur à travers l’exposition des codes vestimentaires et historique qui ont été attaché à cette souche sociale. On y trouve aussi une boutique pour la vente des produit artisanaux et artistiques. L’unité de festivité peut être variable et dépendant de la créativité des artistes (festival des arts traditionnelles, festival de la lumière, festival musical …) d’où les visiteurs sont invités à découvrir les installations élaborées par des artistes locaux et étrangers à travers ce lien qui relie les différents bâtiments juifs.
104
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
En fait, afin de garantir la valorisation des édifices et la transmission d’héritage immatériel, l’intégration des bâtiments dans la nouvelle vie de la population actuelle, le programme proposé doit être basé sur des piliers spécifiques:
Le programme culturel propose des espace d’expression, des galléries d’expositions ➔ Présenter l’héritage matériel et immatériel au visiteur
Des atelier interactifs, coworking space et des activités interactives ➔ Développer la diversité artisanale et la créativité artistique c Mettre en marche une structure d’accueil pour un tourisme culturel ➔ Revitalisation du quartier par une dynamique touristique
Espace d’échange et de rencontre qui renfonce la solidarité au sein de la population actuelle. ➔ Enraciner la nouvelle mentalité
Figure 93: Les Piliers d'intervention (Source: auteur )
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CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
Figure 94: organigramme proposé ( Schéma personnel)
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CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
3. Analyse des Références A l’échelle du quartier juif : Exemple 1: Projet: 20 Ft. Wide/ Nicole Warns +TBG Projet: 20 Ft. Wide Architects: Nicole Warns + TBG Emplacement: Ruelle du centre-ville USA d'Austin/ Texas, reliant l'avenue du Congrès et la rue Brazos. Statut: Etablit en 21 avril 2013 Catégorie: Tourisme, Services
Le projet de ruelle est une collaboration entre une grande équipe de professionnels du design, d'artistes, de commissions municipales et d'étudiants afin d’intégrer la couleur, la forme, la lumière, les matériaux réutilisés en créant des événements pour activer un aspect omniprésent mais négligé du paysage urbain : Le projet est conçu pour inciter les gens à sortir des sentiers battus sur les utilisations possibles d'un espace traditionnel.
Figure 95: La Ruelle avant et après l'intervention ( Source: By Jan Buchholz – Senior Staff Writer, Austin Business Journal)
107 Figure 96: l'ambiance crée ( Source: fyoog.com )
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
20 Ft Wide est un mélange des composants artistiques aux couleurs vives avec des sièges escamotables et des plantes utilisant des matériaux recyclés comme les palettes, la mousse de polystyrène et des sacs remplis de vêtements donnés comme coussins afin de créer un espace d’exposition temporel. Par conséquence, l’impact du projet a catalysé la création d’un plan directeur pour la ruelle du centre-ville, en mettant l’accent comment les ruelles peuvent être transformées en lieux plus actif, flexibles et plein de vie
Concept à retenir : • • •
Mise en scène de l’existant par des couleurs vives et des formes flexibles Inciter la marchabilité, en amenant le visiteur à découvrir progressivement l’espace Exploiter la lumière comme outil de conception afin de mettre en valeur l’existant
Figure 97: Mise en scène de l'existant ( Source: tbgpartners.com)
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« El-Hara » … La Revitalisation
Exemple 2 : Djerbahood, d’un quartier sous valorisé à un espace plein de vie Projet : Djerbahood Galeriste: Mehdi Ben Cheikh Emplacement: Djerba, Hara Sghira Erriadh Statut: Lancée en 2014 Catégorie: Tourisme, Interaction
Djerbahood est une manifestation de « street art » qui prend lieu à « El hara sghira » comme actuellement sous le nom de quartier « Erriadh » à l’île de Djerba.113 Il s’agit d’un musée de Street Art sur la route de Ghriba, une des plus vieilles synagogues d’Afrique du Nord.
Figure 98: ŒUVRES ARTISTIQUES A DJERBAHOOD. (SOURCE : A. Lachiheb)
Sur les murs des maisons traditionnelles du village, 150 artistes venant du monde entier ont manifesté librement leurs créativités artistiques où ils ont réalisé des œuvres individuelles et collaboratives. Ce qui était fascinant dans cette action c’est qu’elle était comme une aventure artistique où les œuvres étaient un moyen pour inciter la curiosité et pour guider les visiteurs à s’enfoncer de plus au cœur du « El hara sghira » à travers ses ruelles. C’est vrai qu’elle se présente comme étant une action temporaire et au fil des temps les œuvres vont être abîmées mais avec la volonté et les initiatives ce musée peut être en évolution continue dans la mesure où des nouvelles œuvres vont être réalisées à la place des anciennes.
113
https://djerbahood.com/ consulter le 04/10/2020
109
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
L'avantage de cette expérience réside dans la coopération entre l'artiste et les habitants du quartier dans la création de l'œuvre, ces derniers participent à la mise à disposition des matériaux nécessaires et deviennent même un guide pour l'artiste. Malgré que certains résidents étaient initialement réticents à fournir des murs aux artistes, Cette initiative a quand même encouragé les plus réticent à changer d'avis et à appeler rapidement les artistes à créer également des œuvres sur leurs murs.
Figure 99: INTERACTION ENTRE HABITANT ET ARTISTE ( SOURCE : A. Lachiheb)
Concept à retenir : • Creuser le sentiment d'appartenance des résidents à leur propre territoire, d’où plusieurs maisons traditionnelles ont été restaurées au cours de cette période. • Création des espaces d’expression pour les artistes issus de cultures diverses, C’est un panorama du Street Art mondial et une attraction culturelle incontournable afin de créer un dynamisme touristique et par suite économique localement. • Une zone traditionnelle peu connu a été transformée en musée en plein air, en attirant un grand nombre de touristes de Tunisie et du monde entier.
Figure 100: L'ENTRAIDE ENTRE HABITANT ET ARTISTE LORS DE LA CONFECTION DES ŒUVRES.( SOURCE : A. Lachiheb )
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CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
3.B. La Reconversion des édifices : Il est à noter que la plupart des édifices juifs situées dans l’artère se trouve à nos jours en état de dégradation ont subi parfois de considérable dommages structurels suite à leurs abondons. Dans ce cas l’adaptation de la reconversion architecturale comme une pratique qui garantit la conservation d’un édifice, son esprit et sa mémoire, toute en injectant une valeur d’usage, présente une des méthodes les plus avantageuses. •
Objectif de reconversion
En effet, la reconversion prend naissance par l’articulation entre le devenir d’un bâtiment désaffecté et l’implantation du nouveau programme, Dans notre contexte, vu l’état actuel des bâtiments qui risquent de tomber en ruine, il est nécessaire de poser la possibilité de leur réutilisation. Dans ce contexte il faut mentionner certains objectifs de reconversion architecturale : ➢ Créer du nouveau à partir d’un ancien, concevoir des espaces culturels, muséographiques riches d’ambiances : C’est tout simplement faire du contemporain à partir d’un héritage délaissé114.
➢ Sauvegarder l'édifice dont l'histoire est digne d'intérêt ou dont la présence témoigne du passé local: Ces axes sociaux et patrimoniaux sont importantes car ils assurent la persistance de la mémoire du lieu et une continuité entre générations115.
➢ La réutilisation d’un bâtiment désaffecté tend à le remettre en état, ainsi qu’à sa mise en valeur
En fait, afin que l’esprit collectif reconnait le statut de patrimoine et garder leur héritage (matériel et immatériel), on doit parler de l’acte du Patrimonialisation. « Ne devient un patrimoine qu’un objet que l’on décide de voir avec des yeux nouveaux ».116 Ce processus orienté dépasse la conservation et la valorisation d’un élément cible mais également de garantir sa transmission aux générations futures.
114
https://www.fncaue.com/wp-content/uploads/2015/09/10ReflexionReconversion.pdf https://www.fncaue.com/wp-content/uploads/2015/09/10ReflexionReconversion.pdf (Consulté le 10/11/2020) 116 https://www.scienceshumaines.com/comment-se-fabriquer-le-patrimoine (Consulter le 11/11/2020) 115
111
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
3.B.1 Adapter « la synagogue Elbi’a » aux nouveaux besoins Au cours de chapitre 1 et 3, nous avons essayé de comprendre l’aspect fonctionnel d’un espace synagogal qui pourrait dépasser son rôle de lieu de culte vers un espace dédié aux besoins de la communauté. Ces différents détails témoignent de l’importance de la valeur historique d’un tel édifice à Gafsa ainsi que son évolution par adaptation pour devenir le cœur d’un vécu collectif d’une population d’autrefois. Alors après avoir essayé de cerner le nouveau besoin de la population actuelle, il faut adapter la synagogue pour accueillir des nouvelles fonctions afin de raviver le cœur actif de la vie collective de la population actuelle. Ce qui nous a guidé à opter pour la reconversion de la synagogue Elbi’a. La reconversion affecte un édifice qui a perdu son usage initial dans le but de l’adapter à un nouveau besoin, à un nouveau mode de vie et à une nouvelle mentalité.117 Selon l’article 5 de la charte de Venise118 : « La conservation des monuments est toujours favorisée par l'affectation de ceux-ci à une fonction utile à la société ; une telle affectation est donc souhaitable mais elle ne peut altérer l'ordonnance ou le décor des édifices. C'est dans ces limites qu'il faut concevoir et que l'on peut autoriser les aménagements exigés par l'évolution des usages et des coutumes. » En fait, la reconversion permet le respect d’une culture ainsi que la transmission de ses valeurs aux futures générations tout en respectant le processus d’évolution du passé au présent et au futur c’est-à-dire la valeur historique qui affirme une identité et une culture et ce en distinguant entre le bâtiment initial à reconvertir et des parties ajoutées pour accueillir des nouvelles fonctions. Ces fonctions impliquent des modifications dans la configuration spatiale initiale afin d’établir le programme projeté qui peut être un prolongement de l’espace par une extension à l’horizontale ou à la verticale.
117
Source : http://www.fncaue.com/activites-pedagogiques/architecture-et-reconversion/ https://www.cnrtl.fr/definition/reconversion 118 Charte internationale sur la conservation et la restauration des monuments et des sites (charte de Venise 1964)
112
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
3.B.2. Analyse des Références : Exemple 2: Projet: Le Grand Musée du Parfum, Paris/ Cabinet Projectiles Projet: Le Grand Musée du Parfum Architectes: Cabinet Projectiles Emplacement: Paris, France Statut: Ouvert décembre 2016 Fonction initiale : hôtel Roederer Catégorie: Musée, Educative, divertissante et immersive
Figure 101: Salle dédiée à la découverte des matières premières au Grand Musée du parfum à Paris.( Source: Harvey & John )
Ce projet consistait à rénover un ancien hôtel particulier (hôtel Roederer), et à le transformer en un musée de la parfumerie. Le Grand Musée du Parfum propose un parcours original en trois étapes qui faisait voyager le visiteur de l'Antiquité à aujourd'hui en jouant sur les senteurs, et qui mettait en valeur les dernières innovations technologiques. C’est un espace immersif qui stimule le visiteur à découvrir un monde d’expérience sensoriel plein d’émotion et de plaisir. Le but du projet était de présenter le patrimoine immatériel du parfum à travers la concrétisation de l’invisible119. En effet, la typologie spatiale et architecturale du bâtiment, constituée d’une série de pièces qui renforce l’effet de la découverte dans le parcours du visiteur. Elle offre aussi l’opportunité d’inviter d’autres concepteurs à compléter le parcours. Par trois installations : un dispositif de « gouttes numériques », un « orgue à parfum » et un dispositif de vidéomapping.
119
project-iles.net
113
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
Il s’agit d’une approche contemporaine qui suscite des vocations chez les jeunes visiteurs : L'espace est parsemé d'appareils au design futuriste, distillateurs et des simples éléments de décoration pour une visite interactive qui s’accomplit par la découverte des procédés de fabrication d'un parfum La mise en scène du parfum passe par une médiation polycéphale : Le parcours orchestre une série de convocations de sens, parfois en alternance, parfois en confrontation ou association : une image qu’une odeur donne à voir ; une lumière qu’un parfum fait ressentir ; un parfum qu’un univers sonore dévoile.
Concept à retenir : • •
Création des espaces immersifs qui orchestrent une série de convocations de sens. Intervention à l’intérieur de l’édifice par un parcours l’éducatif et interactive pour visiteur.
Figure 102: Expérience Immersive (source des photos: project-iles.net)
Figure 103: Parcours crée ( Source: archilovers.com )
114
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
3.B.3. Analyse des Références A l’échelle De la Synagogue : Exemple 1: Projet: FRAC DUNKERQUE / Lacaton & Vassal Projet: FRAC DUNKERQUE Architectes: Anne Lacaton et Jean Philippe Vassal Emplacement: Dunkerque, France Statut: Construit en 2013 Fonction initiale : Entrepôt des bateaux Catégorie : CENTRE D'EXPOSITION, ARCHITECTURE ÉDUCATIVE, RESTAURATION
Figure 104: FRAC Dunkerque ( Source: www.archdaily.com )
Figure 105:Ambiance intérieure (Source: www.archdaily.com)
Localisé dans l’ancien entrepôt de bateaux à Dunkerque, la stratégie d’intervention adapté par les architectes était une extension accolée basée sur l’agrandissement de l’ancien bâtiment pour abriter les nouvelles fonctions. Le nouveau bâtiment se juxtapose sans rivaliser l’ancien bâtiment, en effet, l’extension est une réponse attentive pour garder l’identité à moitié par la duplication. Le projet crée une ressource publique ambitieuse, de capacité flexible, qui permet de travailler à plusieurs échelles, des expositions quotidiennes aux événements artistiques de résonance régionale mais aussi européenne et internationale, qui consolide le réaménagement du port de dunkerque120. 120
https://www.archdaily.com/475507/frac-of-the-north-region-lacaton-and-vassal
115
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
4. Réponse architecturale 4.A. Au niveau du parcours :
116
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
4.B- intervention au niveau des édifices 4.B.1- Dar Chaya :
•
Unité 1
Vu sa position par rapport le parcours Cette Dar comporte un espace d’accueil ou les visiteurs peuvent découvrir les différents aspects d’artisanat dans le quartier. Toute en offrant la possibilité de voir les ateliers en action et d’acheter des cadeaux et des souvenirs Nom de l’espace Accueil Atelier de Tissage Patio : Exposition du produit Sanitaire Cafétéria Magasin de vente Dépôt (cave)
Nombre d’Unité 1 2 1 2 1 2 2
Surface m2 15 20 70 10 20 30 19
Figure 106: Tableau de Surface Dar Chaya ( Source: auteur)
•
Unité 2
C’est un espace d’échange entre les artisans locaux et les artistes étrangers, En fait, l’étage de l’édifice est dédié à tout type de coworking et de rencontre afin de mettre l’accent sur l’échange des expériences et les communications interculturelles Nom d’espace
Nombre d’Unité
Surface m2
Coworking Space
1
54
Salle Polyvalente
2
40
Sanitaire
2
10
Bureau Personnel
1
17
Espace de lecture
1
32
117
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
118
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119
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120
CHAPITRE VI
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4.B.1- Dar Ghârga :
•
Unité 1
C’est un espace réservé principalement à la restauration et la mise en valeur de cuisine culinaire juive par la présence des espaces participatifs et des espaces d’exposition du produit et de dégustation et de la consommation Nom Accueil Cuisine principale Espace de consommation Espace d’exposition Cuisine éducatif Espace d’essayage et d’interprétation
Nombre d’Unité 1 1 2 1 3 1
Surface m2 13 27 40 45 10 27
Salle polyvalente Sanitaire Dépôt
2 6 1
15 10 23
Figure 107: Tableau de Surface Dar Gharga ( Source: auteur)
•
Unité 2 : Hébergement des artistes étrangers
Nom Cellule d’hébergement S+1 Salle Polyvalente
Nombre d’Unité 9 1
Surface m2 20 15
121
CHAPITRE VI
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124
CHAPITRE VI
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4.B.3. La synagogue :
•
Unité 1 : Exposition
Dans notre contexte le but C’est de connecter l’édifice aux unités précédentes (Dar Gharga et Dar Chaya) afin de mettre en scène un espace qui expose leurs produits exécuté (exposition temporel) et s’expose comme un édifice qui garde la mémoire juive (Exposition permanant)
Nom Exposition Permanant Exposition Temporel Administration
Nombre d’Unité 1 1 1
Surface m2 62 62 21
Figure 108: Tableau de Surface de la Synagogue ( Source: auteur)
L’aménagement des expositions doit créer une expérience immersive et éducative dans les différents espaces de la synagogue en intégrant le vide urbain dans un espace de consommation et d’expression libre.
125
CHAPITRE VI
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CHAPITRE VI
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CHAPITRE VI
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128
CHAPITRE VI
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Conclusion générale A travers ce mémoire on a essayé de dévoiler l’histoire perdue d’un quartier juif au sud-ouest Tunisien. Un quartier qui se trouve aujourd’hui méconnu et sous valorisé malgré sa richesse historique. On a entamé la recherche par la présentation de la richesse historique de l’ancienne communauté juive à Gafsa et les manifestations de son intégration spatiale : matériels à travers les différents édifices bâtis par les juifs témoins de leurs passages à Gafsa et immatériels à travers leurs activités artisanale et commerciale. Cette richesse se manifeste également à l’échelle urbaine par la présence d’un secteur qui montre leur ancien emplacement notamment l’artère principale du quartier. En effet, cette recherche nous a guidé à découvrir l’édifice le plus important « La Synagogue Elbi’a ou bit sla» du quartier. Les différentes attestations des Gafsiens, entre l’admiration et la déception, mettent en question l’état actuel de l’ancien édifice et les autres Diars comme étant un patrimoine qui risque de disparaitre. Un tel état d’opposition entre le passé glorieux et le déclin actuel nous a incité à adopter un plan d’action qui vise à revitaliser et requalifier l’artère principale du quartier et à intégrer la synagogue dans l’ambiance actuelle. Dans Cette optique, notre réflexion incite à sauvegarder et valoriser la mémoire en invitant la société civile et les visiteurs à participer à des activités éducatives et économiques tout en connectant les différents édifices juifs par un parcours couronné par la visite de « la Synagogue ». La réflexion qu’on propose ne se limite pas à une intervention sur les potentiels et les valeurs de ce quartier mais s’intéresse aussi à tout patrimoine juif qui risque de disparaitre en Tunisie.
Révélation d’une mémoire perdue: Cas du quartier juif et la synagogue « Elbi’a » de Gafsa Scanner le QR code pour regarder l’animation 3D du projet
129
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
Les Annexes 1- Les noms des juifs livournais préparée par Lionel Levy Source : Lionel Lévy, La Nation portugaise de Tunis. Abra Vanel, Alcalain, Attias , Barrochas , Berlandina , Blanco , Boccara , valvo, Campos , Cardoso , Carvalho ,Castro ,Coello ,Coende ,Cordero , oraovero , Costa ,Cottigno, Crespino , Darmon , De Paz , Erga, Farro , Franco, Franco d'Almeida, Franco- cabessa, Gabison , Garsin, Gomez, Gomez de Avila, Guttieres , Haique, Israël ,Lévi de leon, Lima ,Lopez , Louisada , Lullo , Lumbroso , Luna Medina , Mendes , Mendes ossuna , Montesino , Moreno , Nahmias, Navarros , Nuñez , Nuñez- Arias, Nuñez- vargaz, Ossuna, Paina, Silva , Silva-calvo, Silvero, Signor, Soria , Sosia ,Sossa-cottigno , Spinoza ,Suarez, Vais, Valensi , Vargas, Videra , Villaforte.
Liste des noms de juifs livournais Source : Maurice Einsenbeth, Les juifs d'Afrique du Nord : Démographie et onomastique, Alger, 1936. Les noms des juifs d'origine ibérique qui correspondent à des noms de villes d'Espagne sont les suivants : Calvo (Pontevedra); Errera (Saint-Sébastien); Lara Burgos); Moreno (Almeria); Nuñez (Andalousie). Et ceux des villes du Portugal sont : Cardoso (Beira) ; Luisada (Minho); Silvera (Torresvedras). Il y a des noms qui correspondent à des sobriquets en langue espagnole ou en langue portugaise, tels que : Lombroso (illustre), Paz (paix), calvalno(chene) Les noms des juifs originaires d'Italie qui correspondent à des noms de villes d'Italie : Caselnuovo(Pise); Cesena(Bologne) ; Finzi (Faenza); Montefivre (Ascoli); Modigliani(Florence); Sinigaglia(Marces); Voltera (Pise). Il y a aussi des noms de métiers en langue italienne : Arditti(courageux) : Fort(fort) : Astrologue(astrologue); pizzichino(brocanteur); Funaro (cordier).
Figure 109: Des images de Gafsa qu'elle a quittée pour toujours en 1948
130
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
2- Les Synagogues:
131
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
2- Relevée sur Site
132
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
3- Enquête Suit à l’insuffisance des archives qui ont mentionnée la synagogue de Gafsa, On opte pour une enquête sur terrain dans le but d’avoir plus d’informations pour mieux décortiquer la dimension apparente et cachée de l’espace On désigne par une enquête « ……… » Afin de connaitre de connaitre l’avis, l’opinions d’une partie de population à l’égard d’un problème particulier qui est l’objet de l’enquête Dans ce cadre on parle de deux type d’enquêtes : • •
L’enquête quantitative : (statistiques, fréquence, besoins…) dont le questionnaire est Rigide L’enquête qualitative (Opinion, attitude, comportement…) dont l’Entretien est Flexible Les techniques dites qualitatives : On cite des exemples de ces techniques telles que: le témoignage, le récit de vie, entretiens ou interviews, etc. Elles s’attachent davantage à l’étude de cas particuliers qu’à la collecte et l’analyse d’un grand nombre de données. L’entretien : Technique d’enquête qualitative : Définition: L’entretien est une situation d’interaction essentiellement verbale entre deux personnes en contact direct avec un objectif préalablement posé. L’entretien a pour objectif de créer l’information sur des faits, des opinions, des comportements, des attitudes, des attentes, des motivations, des idées, … Les types d’entretiens
•
L’entretien non directif : On pose une question générale, cette technique permet à l’interrogé toute possibilité pour développer son raisonnement et s’inspirer de sa propre rationalité et non de la nôtre. L’enquêteur joue un rôle de stimulation et de facilitation • L’entretien semi-directif (ou guidé) : L’enquêteur opère avec un guide d’enquête souple où les questions ne sont pas formulées d’avance, mais seulement les thèmes à explorer au cours de l’entretien sont définis L’ordre dans lequel ces thèmes seront abordés reste libre • L’entretien dirigé : Se déroule à partir de questions: précises, strictement formulées, posées dans un ordre immuable, L’enquêteur joue un rôle de direction, L’enquêté est soumis au moule préfabriqué des questions 121 Vu la rareté des documentations écrites parlant de la Synagogue Elbi’a, On adopte donc enquête sur site afin de rassembler des informations à propos ce bâtiment
121
133
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
On va analyser par l’enquête « Des témoignages Orales par rapport les différents positionnements des habitant actuel vis-à-vis ces édifices juifs délaissé et de la synagogue principalement » dans le but de comprendre l’image actuel de Synagogue et l’opinions de cette partie de population au ce sujet » Tout d’abord il est important de noter l’absence totale de la population juive dans le contexte social actuel à Gafsa et puisque on se trouve face à un édifice délaissé dans un état lamentable, notre problème est qualitatif D’où, on opte pour le technique de l’entretient non directif dans la réalisation de l’enquête, On demande chaque fois aux interviewés 3 questions « connaissez-vous cet endroit ? » « A ton avis quelle rôle cet édifice peut jouer pour améliorer votre ville ? » « Avez-vous des idées sur les autres édifices juifs au Quartier ? »
A- Entretien Jour 1 (27 Mai 2020) (3 Entretiens dont 1 refus de répondre à notre question) Entretien n 1
Date 27-05-2020
Emplacement : El-Hara Gafsa
-
Bonjour Monsieur Bonjour Est-ce que je peux vous demander quelque chose ? Oui bien sur Je suis un étudiant en architecture à Tunis et je suis venu à El-Hara pour faire des études, j’ai des photos d’un édifice, pouvez-vous me repérer de quoi s’agit il - Mon fils, ceci c’est un bâtiment en ruine étranger pour moi, c'est la première fois que je le vois - C’est une synagogue délaissée à Gafsa, A ton avis quelle rôle cet édifice peut jouer pour améliorer votre ville ? - Le style de décoration est très attirant, chaque détail est attirant peut-être un musée pour attirer les touristes ça peut aider l’activité commerciale - Avez-vous des idées sur les autres édifices juifs au Quartier ? - Oui il y avait des juif (hachek) depuis longtemps mais j’ai aucune idée spécifique à propos leur bâtiment - D’accord merci monsieur, bonne journée - Bonne journée
Conclusion Propositions d’aménagement ou valorisation Il propose : un musée + impact positive sur le commerce
134
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
Image négative : connotation négative de la communauté juive Image positive : Style architecturale
Entretien n 2
Date 27-05-2020
Emplacement : Gafsa
Interview avec l’un des membres de L’ASM (association de sauvegarde de médina) à Gafsa -
Monsieur Houcemeddin, on est en train d’étudier la synagogue de Gafsa pourrez-vous nous parler de ce lieu - Le plus grand départ des Juifs de Gafsa comprenait environ 800 personnes qui ont été expulsées de leurs maisons pour soutenir la cause palestinienne, selon la population actuelle et certains d'entre eux qui se sont installés dans les maisons des Juifs sont en train de disparaître... cette synagogue est un héritage de Gafsa et C’est un patrimoine humain mondial ... Une œuvre architecturale qui nous rappelle de style de Cordoue, les chapiteaux, les arcs en rouge et blanc. La beauté de la faïence qui couvre les murs est à couper le souffle. Conclusion Il a évoqué les dimensions sociales Image positive : Espace Historique, Patrimoniale
Jour 2 (28 Mai 2020) (3 Entretiens) Entretien 3 -
-
Date 28-05-2020
Emplacement: El Hara Gafsa
Bonjour Monsieur, J’ai trouvé quelques photos d’un bâtiment pouvez-vous m’aider à l’identifier ? Mon fils, Ceci c’est « Dra salat » des juifs mais je n’arrive pas à connaitre son emplacement exact, tout ce que je souviens que les juifs ont habité entre nous au passé mais ils ont immigré après l’Independence En cas de restauration quelle fonction pourrez-vous donner à un tel espace ? Vers les années 70 il y avait beaucoup de touriste à Gafsa qui ont essayé toujours de découvrir cet ancien bâtiment donc pourquoi pas un musée Connaissez-vous d’autres édifices juif Oui je pense qu’il y avait un habitat appelé « Dar Gharga » habitait par les commerçants juifs
Conclusion Méconnaissance de la synagogue Dimension religieuse Témoin historique de lieux
135
CHAPITRE VI
Entretien 4 -
« El-Hara » … La Revitalisation
Date 28-05-2020
Emplacement : Gafsa
Salut Madame, j’ai trouvé des photos d’un bâtiment pouvez-vous m’aider à l’identifier ? Non, peut-être une ancienne mosquée ... Mais je ne le connais pas En fait c’est la synagogue juive de Gafsa Non monsieur, il n’y a pas de juifs (hachek) à Gafsa et je n’aime pas évoquer ce genre de sujet D’accord merci madame
-
Entretien 5 -
Date 28-05-2020
Emplacement : Gafsa
Salut Madame, j’ai trouvé des photos d’un bâtiment pouvez-vous m’aider à l’identifier ? Non désolé, je n’arrive pas à repérer ce bâtiment endommagé C’est la synagogue juive à Gafsa, vis-à-vis l’absence totale des juifs quelle fonction pourrezvous donner à un tel espace Salle d’exposition peut être, j’ai bien aimé les détails de la décoration et les couleurs Connaissez-vous d’autres édifices juifs Non aucune idée
-
Jour 3 (29 Mai 2020) (4 Entretiens dont 1 refus de répondre à notre question) Entretien 6 -
Date 29-05-2020
Emplacement : Gafsa
Salut J’ai trouvé des photos d’un bâtiment pouvez-vous m’aider à l’identifier ? - Il s’agit d’un bâtiment en ruine…c’est anonyme - C’est la synagogue juive à Gafsa, par rapport à l’absence totale des juifs quelle fonction pourrez-vous donner à un tel espace - Est-ce qu’il y avait des juifs ici à Gafsa ?? pourquoi elle est dans un tel état ?? peut-être un centre culturel - Connaissez-vous d’autres édifices juif - Non désolé Entretien 7 -
Date 29-05-2020
Emplacement : El-Hara Gafsa
Salut J’ai trouvé des photos d’un bâtiment pouvez-vous m’aider à l’identifier ? Non c’est anonyme, ceci se trouve à Gafsa ? C’est la synagogue juive à Gafsa, par rapport à l’absence totale des juifs quelle fonction pourrez-vous donner à un tel espace Malheureusement Il est en ruine totale, C’est l’état des maisons de El Hara vu la manque de restauration
136
CHAPITRE VI
-
Connaissez-vous d’autres édifices juifs Non monsieur
Entretien 8 -
« El-Hara » … La Revitalisation
Date 29-05-2020
Emplacement : El-Hara Gafsa
Bonjour Monsieur, J’ai trouvé quelques photos d’un bâtiment pouvez-vous m’aider à l’identifier ? Cette ruine ??. Peut-être un ancien temple C’est la synagogue juive à Gafsa, par rapport à l’absence totale des juifs quelle fonction pourrez-vous donner à un tel espace Synagogue à Gafsa ou exactement ??, il peut servir à un espace culturel Connaissez-vous d’autres édifices juifs Non, aucune idée
Jour 4 (30 Mai 2020) Entretien 9 -
-
Emplacement : El-Hara Gafsa
Bonjour Monsieur, J’ai trouvé quelques photos d’un bâtiment pouvez-vous m’aider à l’identifier ? C’est un lieu de prière juif, j’avais quelques souvenirs à propos de mes voisins juifs dans le quartier, Ce que je sais que les juifs ont quitté cette région après l’indépendance Oui la synagogue juive à Gafsa, vu l’absence totale des juifs quelle fonction pourrez-vous donner à un tel espace Elle peut servir par un espace d’exposition mais ça nécessite des entretiens de restauration Connaissez-vous d’autres édifices juifs Oui, il y avait Dar Chaya, Dar Gharga et Dar Mosher Entretien 10
-
Date 30-05-2020
Date 30-05-2020
Emplacement : El-Hara Gafsa
Salut, J’ai trouvé quelques photos d’un bâtiment pouvez-vous m’aider à l’identifier ? Oui, il s’agit de « Dar Slat » qui appartenait aux ancien juifs de Gafsa, J’ai essayé de prendre des photos mais c’était inaccessible, l’occupant actuel ne tolère pas les visiteurs Par rapport à l’absence totale des juifs quelle fonction pourrez-vous donner à un tel espace ? Peut-être un musée dans un tel quartier pauvre, une activité culturelle et économique peut donner vie à el Hara Connaissez-vous d’autres édifices juifs Non faute d’information en plus Tout le quartier est un espace dangereux à nos jours beaucoup d’édifices sont en ruine et même squattés par des habitants d’une manière illégale.
-
137
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
Connaissez-vous cet endroit
Oui
Non
Quelle rôle cet édifice peut jouer pour améliorer votre ville
musée
Salle d'exposition
centre culturel
« Avez-vous des idées sur les autres édifices juifs au Quartier ? »
oui
non
138
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
A- Interprétation des données qualitatives par la méthode de l’Analyse de contenu : Code
Signifiés
connotation
E1.1 E1.2
« ruine étranger »
(-) (+)
E1.3
« Le style de décoration est très attirant » « des juif (hachek) »
(-)
E2.1
« un héritage de Gafsa »
(+)
E2.2
« La beauté de la faïence qui couvre les murs » « dar salat »
(+)
(-)
E3.3
« je n’arrive pas à connaitre » « il ont disparu »
E3.4
« dar Gharga »
E4.1
« je ne le connais pas » « Ces juif (hachek)... » « je n’arrive pas à repérer » « Bâtiment endommager » « les détails de décoration et les couleur » « Bâtiment anonyme en ruine » « Il y avait des juifs à Gafsa ? » « C’est anonyme »
E3.1 E3.2
E4.2 E5.1 E5.2 E5.3 E6.1 E6.2 E7.1
(+)
(-)
L’image de l’espace Connotation + du style architecturale Connotation négative de la communauté juifs
Proposition
. Musée . Impact positive sur le commerce
Espace historique / espace patrimonial Dimension social et abstrait Dimension religieux Méconnaissance de la synagogue Témoin de l’histoire de lieu Un musée Un parcours
(-) (-) (-) (-) (+) (-) (-) (-)
Méconnaissance de l’équipement Rejet social et culturel des juifs Problème de repérage Dégradation du bâtiment Les couleurs . Salle d’exposition
Méconnaissance et Dégradation L’ignorance de . Un centre culturel l’histoire du lieu Méconnaissance
139
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
E7.2
« En ruine totale »
(-)
E8.1 E8.2 E9.1
« cette ruine » « ancien temple » « j’avais quelque souvenir » « Les juifs ont quitté cette région» « Dar Chaya, Dar Gharga et Dar Mosher »
(-) (-) (+)
E10.1
« Dar Slat »
(+)
E10.2
« C’était inaccessible » « espace dangereux » « en ruine »
(-)
E9.2 E9.3
E10.3 E10.4
(+) (+)
(-) (-)
Manque de restauration dégradation Méconnaissance . Espace culturel Dimension abstraite (vécu) Témoin de l’histoire un espace d’exposition (réhabitation par la requalification fonctionnelle)
Insécurité et dégradation une activité culturel (impact sur la commune et l’économie )
140
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
Analyse d’évaluation:
Espace méconnu
E1 E2 x
Espace attirant par sa décoration
x
Espace de culte rejeté
x
E3 x
E4 x
E5 x
E6 x
E7 x
E8 x
E9
E10
x
S 7 2
x
x
3
Espace abandonné
x
1
Espace Patrimonial
x
1
Espace dégradé
x
x
Espace de culte
x
x
x
x
1 x
4
3
2
Thème dominant
6
x
Espace dangereux somme
Thème dominant
2
3
2
2
2
1
2
Il faut noter que l’enquêté numéro 2 a mentionné l’importance d’un tel l’espace historique et il a même évoqué sa valeur patrimoniale par rapport à un édifice historique témoignage d’une mémoire L’enquêté E1 (un vieil homme) avait la plupart d’information de l’édifice
141
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
Table des matières Remerciements .........................................................................................................................4 Sommaire ..................................................................................................................................5 Motivation.................................................................................................................................7 Introduction générale ...............................................................................................................8 Introduction ......................................................................................................................... 8 Problématique ..................................................................................................................... 9 Méthodologie..................................................................................................................... 10 CHAPITRE I: Les Juifs de Gafsa … « La petite histoire ».......................................................... 12 Introduction ....................................................................................................................... 14 1. L’arrivée des différentes vagues de juifs à « Gafsa » ................................................. 15 2. Présentation des différents édifices délaissés ........................................................... 27 3. Matériaux et techniques de construction ................................................................. 39 3. Synthèse ..................................................................................................................... 41 CHAPITRE II : « Quartier Juif (El-Hara) » … La Rencontre ....................................................... 42 Introduction ....................................................................................................................... 44 1. Contexte Géographique ............................................................................................. 45 2. Structure de la médina............................................................................................... 48 3. L’espace urbain de la médina .................................................................................... 55 4. Mutations et Evolutions ............................................................................................ 64 5. Synthèse ..................................................................................................................... 69 CHAPITRE III : « Synagogue El-Bi ’a » … La Découverte ......................................................... 70 Introduction ....................................................................................................................... 72 1. La Mémoire du lieu .................................................................................................... 73 2. Etat actuel de la Synagogue ...................................................................................... 88 Conclusion .......................................................................................................................... 95 Synthèse ............................................................................................................................. 96 CHAPITRE VI : « El-Hara » …La Revitalisation ......................................................................... 97 Introduction ....................................................................................................................... 98 1. Rappel ........................................................................................................................ 98 2. Revitalisation de l’ancien quartier juif de Gafsa ........................................................ 99 3. Analyse des Références A l’échelle du quartier juif : ............................................... 107 4. Réponse architecturale ............................................................................................ 116 Conclusion générale ............................................................................................................. 129 Les Annexes.......................................................................................................................... 130
142
CHAPITRE VI
« El-Hara » … La Revitalisation
Bibliographie ........................................................................................................................ 146
Table des illustrations Figure 1: L'appréhension (Source: auteur) ............................................................................. 7 Figure 2: Méthodologie (Source: auteur) ............................................................................. 10 Figure 3: Gafsa 1920 (Source: Dee Van Romer) ................................................................... 13 Figure 4: Plan de Situation (Source : Google modifié par l’auteur) .................................... 15 Figure 5: les convois commerciaux Juifs à l'oasis de Gafsa (Croquis : auteur) ................... 16 Figure 6: Ségrégation vestimentaire imposée aux juif-Gafsiens, (Croquis: auteur) ........... 18 Figure 7: Rabbi Jacob Cohen, grand rabbin de Gafsa ((Source: Mordechai Chemouny) .... 19 Figure 8: Les activités dans le marché juif au passé (Source: auteur) ................................. 20 Figure 9: Une femme juive de Gafsa, Tunisie début du XXe siècle , (Source: Bernard Alali,) ............................................................................................................................................... 21 Figure 10: immigration des Juifs en Tunisie (Source: Archives contemporaines, Paris P20 modifié par l’auteur) ............................................................................................................. 22 Figure 11: Des étudiants juifs et arabes dans une classe photo des élèves de l'école de Gafsa, Tunisie, 1930-1920 (Source : Nili Hasson) ................................................................. 22 Figure 12: La diversité des strates juif-Gafsienne (Source :auteur)..................................... 23 Figure 13: Les différentes activités dans La Synagogue ( Source: auteur) .......................... 24 Figure 14: Le départ progressive de la communauté ( Source: A. Chemouny) ................... 25 Figure 15: les vagues d'arrivée des communautés juives en fonction du temps (source: auteur) ................................................................................................................................... 25 Figure 16: Aziza Chemouny à Gafsa (C. Chemouny) ............................................................. 26 Figure 17: Plan RDC Dâr al-Gharga (modifié par l'auteur) ................................................... 28 Figure 18: Dar Al-Gharga (Photo prise par l'auteur 2020) ................................................... 28 Figure 19: Dar Cherif à Gafsa (Photo prise par l'auteur 2018) ............................................. 30 Figure 20: Plan RDC Dâr Moshé (modifié par l'auteur) ........................................................ 30 Figure 21: Dar Chaya à Gafsa (Photo prise par H. Cherif 2008) .......................................... 31 Figure 22: Plan RDC et étage Dar Chaya (actualisé par l'auteur) ......................................... 32 Figure 23: Le Tarmil Juif à Gafsa (Photo prise par l'auteur 2018) ........................................ 33 Figure 24: Plan du Tarmil Juif (actualisé par l'auteur)......................................................... 34 Figure 25: L'ancien Marché Juif à Gafsa (Croquis : auteur).................................................. 35 Figure 26: les différentes activités juifs à Gafsa (Croquis: auteur) ...................................... 36 Figure 27: L'intérieur de Synagogue El-B'ia ( source: l'auteur 2020 ) .................................. 37 Figure 28: Plan de Synagogue El-B'ia (Source: livre « Gafsa une médina oasienne ») ....... 38 Figure 29: L'interaction avec l'environnement (Source: auteur) ......................................... 40 Figure 30: A L'intérieur du Quartier Juif à Gafsa ( Photo prise par l'auteur 2018 ) ............. 43 Figure 31: Carte Satellite de Gafsa (Source: Google Earth ) ................................................. 45 Figure 32: les bassins romains de Gafsa (Source: auteur 2018) .......................................... 46 Figure 33: Piscine romaine à Gafsa, Homme et ressources (Croquis: auteur) .................... 47 Figure 34: L’ Oasis of Gafsa en 1875 (Source: Rabatel et Tirant 1875 ) .............................. 47 Figure 35: Les deux secteurs de la médina de Gafsa (Source : auteur) ............................... 48 Figure 36: La Grande Mosquée Sidi-Sahib-El-Waqt à Gafsa (Source: auteur 2018) ........... 49 Figure 37: Logique d'évolution de la médina de Gafsa (Source : S. Zriba modifié par l’ auteur) ................................................................................................................................... 50
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CHAPITRE VI
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Figure 38: Les Bassins Romains au quartier « Humât al-Oued » (Source: auteur 2018) .... 51 Figure 39: Topographie de sol ( Source: auteur) .................................................................. 52 Figure 40: Les Oasis à Gafsa: Centre de la vie Humaine (Croquis: auteur).......................... 53 Figure 41: Activité au-dessous du Sibat (Croquis: Auteur) .................................................. 53 Figure 42: la structure brise les explosions du sirocco (Source : The Mediterranean Medina) ................................................................................................................................. 54 Figure 43: Structure des trois quartiers (Source: auteur) .................................................... 55 Figure 44: Décomposition de la forme urbaine ( Source: auteur) ....................................... 56 Figure 45: Les commerçants au rue Ahmed Sehili, Gafsa en 1905 (Source : Association de la préservation du patrimoine à Gafsa) ................................................................................ 57 Figure 46: les impasses à Harat al Yahûd à Gafsa (Photos prise par l'auteur: 2020) ......... 58 Figure 47: Emplacement du Quartier Juif à Gafsa (Source: auteur) .................................... 59 Figure 48: Les Sâbâts au Quartier Juifs (Source auteur 2020 )............................................ 60 Figure 49: Les Patés de maisons à Jaoufi Gafsi ( source: «Gafsa une médina oasienne» ) 61 Figure 50: Emplacement urbain du quartier juif à Gafsa (source: auteur).......................... 62 Figure 51: Terrain Vierge à El-Hara Gafsa: Un espace pour les déchets (Source: auteur) .. 64 Figure 52: Déclin social à El-Hara Gafsa (Croquis: auteur) ................................................... 67 Figure 53: les différentes potentiels de l'artère (Source : auteur) ...................................... 68 Figure 54: La naissance du besoin (Source: auteur) ............................................................. 69 Figure 55: Les dimensions d'un espace (Source: auteur) ..................................................... 73 Figure 56: L'enquête (Prise par l’auteur en 2020) ................................................................ 74 Figure 57: Tableau d'analyse du contenu des entretiens (Source: Auteur) ........................ 76 Figure 58: Tableau des images de l'espace conçues par les habitants (Source: auteur) ... 76 Figure 59: Synthèse Thématique de l'enquête (Source: auteur) ......................................... 77 Figure 60: Tableau de calculs des fréquences des éléments générateurs (Source: auteur) 77 Figure 61: Jérusalem "Temple de Salomon" Source : Google.com ..................................... 78 Figure 62: Un essai de restitution du Plan de la Synagogue El B’ia à Gafsa (Schéma Personnel 2020)..................................................................................................................... 79 Figure 63: Affectation des espaces de la Synagogue El B’ia (Schéma Personnel 2020) ...... 80 Figure 64: Similitude par rapport au Plan de la Synagogue de Cordoue (Source: F. Cantera Burgos) ................................................................................................................................... 81 Figure 65: La Sinagoga de Córdoba (Source :Américo Toledano 2008) .............................. 81 Figure 66: Portail Sud de la Synagogue (Source: Dominique Jarassé) ................................. 82 Figure 67: Détail du linteau du portail Sud (Source: Dominique Jarassé) ........................... 82 Figure 68: Les arcs à la Synagogue Elbi’a de Gafsa (Source : auteur 2020) ......................... 83 Figure 69: Les arcs en fer à cheval à la mosquée cathédrale de Cordoue (Source : Google image) .................................................................................................................................... 83 Figure 70: Détail du Chapiteaux Hafside Ornée de la Synagogue de Gafsa (Source : auteur 2020) ...................................................................................................................................... 83 Figure 71: Les juifs espagnols bâtisseur de Synagogue (Croquis: auteur ) .......................... 84 Figure 72: Synagogue Elbi’a à Gafsa (Source : auteur 2020 ) ............................................... 85 Figure 73: Synagogue de la Ghriba à Djerba (Source : A. Lachiheb) .................................... 85 Figure 74: le revêtement de céramique (Source : auteur 2020) .......................................... 86 Figure 75: Le plafond en bois du lanterneau (Source : auteur 2020) .................................. 86 Figure 76: Aziza Chemouny (l'ancienne propriétaire de synagogue en 1940) .................... 88 Figure 77: L'état du Synagogue à Gafsa ( Source: Diarna.org) ............................................. 89 Figure 78: Façade actuelle de Synagogue Elbi’a (Source : Dominique jarassé ) .................. 90 Figure 79: Les fenêtres obstruées à l'intérieur (Source : auteur 2020) ............................... 91
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Figure 80: L'intérieur de la salle de prière (Source: auteur 2020) ....................................... 92 Figure 81: Axonométrie de la composition de la salle principale ( schéma personnel ) .... 93 Figure 82: l'état actuel de la salle principale ( Source: auteur 2020 ) ................................. 93 Figure 83: Boucle d'interaction: schéma personnel)............................................................ 95 Figure 84: Blocage du boucle ( schéma personnel ) ............................................................. 98 Figure 85: Le déclin du Quartier (Schéma personnel ) ......................................................... 98 Figure 86: Statistique d'enquête réaliser sur site ................................................................ 99 Figure 87: Mind storming (Source: auteur) ........................................................................ 100 Figure 88:Objectif de l’intervention (Schéma personnel ) ................................................. 101 Figure 89: Axonométrie (Source: auteur) .......................................................................... 101 Figure 90: Axonométrie éclatée (Source: auteur) .............................................................. 102 Figure 91: Plan masse du Quartier juif ( Source: auteur) ................................................... 103 Figure 92: Lecture séquentielle ( source auteur) ............................................................... 103 Figure 93: Les Piliers d'intervention (Source: auteur ) ....................................................... 105 Figure 94: organigramme proposé ( Schéma personnel) ................................................... 106 Figure 95: La Ruelle avant et après l'intervention ( Source: By Jan Buchholz – Senior Staff Writer, Austin Business Journal) ......................................................................................... 107 Figure 96: l'ambiance crée ( Source: fyoog.com ) .............................................................. 107 Figure 97: Mise en scène de l'existant ( Source: tbgpartners.com)................................... 108 Figure 98: ŒUVRES ARTISTIQUES A DJERBAHOOD. (SOURCE : A. Lachiheb) .................... 109 Figure 99: INTERACTION ENTRE HABITANT ET ARTISTE ( SOURCE : A. Lachiheb) ............. 110 Figure 100: L'ENTRAIDE ENTRE HABITANT ET ARTISTE LORS DE LA CONFECTION DES ŒUVRES.( SOURCE : A. Lachiheb ) ..................................................................................... 110 Figure 101: Salle dédiée à la découverte des matières premières au Grand Musée du parfum à Paris.( Source: Harvey & John ) .......................................................................... 113 Figure 102: Expérience Immersive (source des photos: project-iles.net) ......................... 114 Figure 103: Parcours crée ( Source: archilovers.com ) ....................................................... 114 Figure 104: FRAC Dunkerque ( Source: www.archdaily.com )........................................... 115 Figure 105:Ambiance intérieure (Source: www.archdaily.com) ....................................... 115 Figure 106: Tableau de Surface Dar Chaya ( Source: auteur) ............................................ 117 Figure 107: Tableau de Surface Dar Gharga ( Source: auteur)........................................... 121 Figure 108: Tableau de Surface de la Synagogue ( Source: auteur) .................................. 125 Figure 109: Des images de Gafsa qu'elle a quittée pour toujours en 1948 ....................... 130
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Bibliographie (F.), F. (. (s.d.). « Trace d’une médina : le milieu naturel et l’espace construit ». (F.), S. (2004). « Gafsa: une médina oasienne en Tunisie ». (J.), C. (1968). « Bulletin économique et social de la Tunisie Gafsa ». (p.), S. (s.d.). « Histoire des juifs de Tunisie », des origines à nos jours. (S.D.), G. (s.d.). « La Tunisie du XIe siècle à la lumière des documents de la Geniza du Caire » . Agency, J. T. (s.d.). Colette Bismuth - Dominique Jarassé. (2010). « Synagogue de Tunisie ». Colonel Léon-Gustave NIOX. (1890). Librairie Militaire de L. Baudouin et Cie. Paris. Cornet (H.), «. L. (1955 ). « Les Juifs de Gafsa », Les Cahiers de Tunisie,. Diarna.org. (August 12, 2014,). Gafsa: Jewish Bath," Look Lex, N.d., , http://lexicorient.com/tunisia/gafsa05.htm. Diaspora, M. d. (s.d.). Filippi, F. (1829 ). Filippi . Gibson, C. (s.d.). « Comprendre les symboles » . Grebenart, D. (s.d.). « Capsien », Encyclopédie berbère . Hirschberg (H.Z). (1981). A History of the Jews in North Africa,. Leiden. Jacobs, D. (accessed August 12, 2014). The Rough Guide to Tunisia. Jadla (I.). (s.d.). « Les juifs en Ifriqiya à l’époque Hafside », Histoire communautaire, histoire plurielle. Kerrou, N. (2008). Histoire et mémoire des lieux. Tunis: Faculte des Sciences Humaines et Sociales. Khaldoun, I. (1925). Histoire des Berbères,. Paris. Labouche. (1881). « Trois mois de compagne dans le sud tunisien ». Ludovico micara, A. P. (2006). «The Mediterranean Medina: International Seminar». Mohamed, T. (1978). “Kafsa" The Encyclopaedia of Islam,. Mustapha, K. (1995). « Gafsa relevés et recherches pour la sauvegarde ». Sellem, F. (2017). « Les mécanismes spirituels à l’œuvre dans la sacralisation ». Simone Mrejen-O'Hana. (2008). « À propos de l’hébreu dans les ‘quatre saintes communautés’ du Comtat Venaissin et d’Avignon ». Spector, & Wigoder., G. (2001). the encyclopedia of Jewish life before and during the Holocaust. Volume II K-Sered. Jérusalem, New York.
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Rés umé: Cet r a v a i l dumémoi r es ' i nt ér es s eàl ' hér i t a g ea r c hi t ec t ur a l j ui fàGa f s a . I l s ' a g i tdel ' e x pl or a onde l ’ a nc i enqua rerj ui fe tl ac onf r ont a ondes esdi ffér ent ess t r a t esma t ér i el l ese ti mma t ér i el l esà l ’ é t a ta c t uel enme a ntl ’ a c c ents ur«l as y na g og ueE l bi ’ a», l ’ édi fic el epl usi mpor t a ntqui r i s quede di s pa r a i t r ee td’ ê t r edé finiv ementoubl i é. a y erdes a uv eg a r derl amémoi r edul i eue tg a r a n rs at r a ns mi s s i ona u Cequi nousmèneàes s f ut ur esg énér a onspa rl ar e v i t a l i s a ondel ’ a r t èr epr i nc i pa l eduqua rert outenme a nten v a l eurl aS y na g og uee tl esa ut r esédi fic esàt r a v er sl eurr ec onv er s i on.
Mot sc l és: Mémoi r e, T émoi na r c hi t ec t ur a l , Dég r a da on, Pa t r i moi ne, Re v i t a l i s a on, Rec onv er s i on