mémoire - maheva khouane

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le collage numérique:

outil de communication de l’architecture contemporaine

séminaire «entre Art et Architecture» maheva khouane


remerciements.

Je tiens, tout d’abord, à remercier l’ensemble des personnes

qui m’ont accompagnées pendant ce temps particulier de construction du mémoire.

un grand merci

À ma directrice de mémoire, Mathilde Thouron, pour son implication dans mon travail, pour ces moments où les critiques m’ont permis de retrouver le sens dans mon travail. Merci pour le temps investi, la patience et la bienveillance.

À Philippe Lamy, qui m’a permis, très tôt, d’expérimenter, de me tromper et de m’exprimer par le collage. Merci pour la confiance et le soutien pendant ces trois années d’apprentissage.

2

À chacun de mes binômes, ami.e.s, et à toutes les étoiles qui ont illuminées ce temps de recherche, qui ont partagé ces moments (confinés) de doutes, de joie et de rire.

À Bruxelles, à Hanoi et à Toulouse, pour leurs surprises et les rencontres précieuses qui m’ont été offertes.

À Emilien, pour son soutien puissant, sa confiance aveugle, et son écoute.


3

Sous la direction de Mathilde Thouron Séminaire « Entre Arts et Architecture » École Nationale Supérieure d’Architecture de Toulouse Année 2020-2021


sommaire.

4


Introduction

p.7

Comment le collage numérique est un outil efficient de communication pour les architectes contemporains?

I. le collage numérique, séduire par le crédible. I. 1. le collage photoréaliste, la communication par le sensé I. 2. scénariser l’espace, convaincre par les usages

II. le collage numérique, narrer par le (re)connu. II. 1. le prélèvement et la composition d’ambiance dans le collage numérique II. 2. la citation d’œuvres signifiantes, suggérer par l’illustre

p.12 p.14 p.26

p.38 p.40 p.48

III. le collage numérique, intéresser par l’anomalie. III. 1. l‘anachronisme dans le collage III. 2. l’anomalie au service du projet

p.64

Conclusion

p.90

Documents annexes

p.96

Iconographie

p.98

p.66 p.80

Corpus de collage

p.102

Glossaire

p.152

Médiagraphie

p.158


introduction.

6


La représentation de l’espace réel et de l’architecture qui s’y insère est un enjeu perpétuel dans le quotidien

de l’architecte. Elle est un outil précieux pour concevoir, communiquer et convaincre l’œil d’un spectateur ou d’un futur client. Avec les concours et les autres candidatures, l’architecte est plus souvent dans un rapport projeté d’architecture que dans un rapport concret: l’image est plus présente dans l’environnement de l’architecte que la construction du projet. « Un architecte construit moins, au cours de sa carrière, qu’il ne projette ses constructions. Une grande partie de son activité serait tout bonnement lettre morte s’il ne publiait ses projets pour ce qu’ils sont souvent condamnés à demeurer : des projets. » 1

Comme l’indique Sophie HOUDART, cette nécessité de projection affirme ce lien privilégié de l’architecte avec

le domaine de l’image. C’est dans ce contexte que l’architecture se nourrit d’outils de représentation issus de la pratique artistique. En effet, de la même manière que les architectes ont empruntés à la culture du dessin et de la peinture pour représenter leurs espaces (perspective, représentation de la couleur..), ils se sont appropriés la technique du collage pour projeter leurs idées. Le collage est, par essence, une technique d’assemblage d’éléments d’origines diverses sur un support physique, numérique, en deux ou trois dimensions. L’origine des éléments peut être graphique, illustrative, photographique, issue de la littérature par des textes de livres, ou même objets. (source Wikipedia; dictionnaire Larousse). Depuis les années 1910 avec l’apparition des premiers collages jusqu’à aujourd’hui, le collage ne cesse de démontrer sa nature infiniment variable et son efficacité à se lier à diverses pratiques. Qu’elles soient artistiques (papiers collés…), techniques (collages illustratifs matériaux dans des détails de constructions) ou même politiques ( collages de propagande ), ces activités ont enrichis le pouvoir et le vocabulaire de la technique du collage.

En 1912, on peut dater la première apparition du collage avec le cubisme et la Nature morte à la chaise cannée

de Picasso. Les volumes sont assemblés et recomposés en séries de vues et de plans témoignant de l’abandon du système traditionnel de représentation, un morceau de toile cirée au motif de cannage y est intégré. Dans ces mêmes années, Braque et Picasso travaillent aussi le collage par la forme du papier collé 2. Rendant compte des multiples vues d’un sujet, de sa couleur et de sa matérialité avec un rapport frontal. Ce sont les premières associations du collage avec le dessin. « Le collage naît de la rencontre entre des réalités différentes sur un plan qui n’y semble pas approprié - et l’étincelle de poésie qui surgit du rapprochement de ces réalités » 3

1

HOUDART Sophie, «Des multiples manières d’être réel. Les représentations en perspective dans le projet d’architec-

ture», Terrain, n°46: Effets spéciaux et artifices, 2006 2

Les papiers collés sont une forme de collage composée de morceaux de papier: colorés ou non, avec du papier jour-

nal, papier peint.. Ils peuvent intégrer d’autres matériaux bidimensionnels tels que la peinture. (Wikipédia) 3

LEONI-FIGINI Margherita, Dossier pédagogique de l’exposition DADA Centre Pompidou, Direction de l’action éduca-

tive et des publics, 2005

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Quelques années après, Aragon distingue les collages surréalistes d’Ernst de ceux des cubistes 1. Par

opposition, le collage cubiste « contrôle la réalité même du tableau» (Aragon) tandis que le collage d’Ernst est un outil de poésie, qui raconte la réalité dans toute ses dimensions ( volume et temporalité ). C’est un travail de perception par le regard du spectateur. La composition crée une image uniforme et cohérente dans l’assemblage, et pourtant absurde dans le sens. Face à ce paradoxe, le spectateur questionne la réalité; et le collage porte ainsi des messages critiques voire politiques.2 Cette introduction d’une nouvelle perspective de narration plus engagée et engageante engendre une appropriation de la pratique du collage dans l’architecture.

En effet, dès les années 1920, le groupe De Stijl travaille avec les principes cubistes comme une synthèse de

l’art et de l’architecture. Les constructions architecturales produites par les membres du groupe, notamment Rietvelt, sont l’exemple de la mise en œuvre du collage, l’assemblage d’éléments et de couleurs pour créer un espace. (Maison Schröder, G. Rietvelt, 1924) « Construire, c’est réunir les choses d’une manière organique et calculée, en utilisant des moyens réels, tandis que créer une composition, c’est poser spontanément, de manière instinctive et selon les goûts. » 3

Comme l’exprime Théo Van Doesburg, la composition est une acte presque instinctif. Ainsi, en faisant

abstraction des compositions explicites du collage architectural du groupe De Stijl, les plans et élévations architecturaux fonctionnent de la même manière que le collage. En présentant les traces comprimées et extrudées de la réalité extérieure sur une surface de papier, dépouillée de toute perspective ou profondeur spatiale. Par cette comparaison, le 8

collage est devenu par la suite un instrument de conception didactique dans les écoles de design et d’architecture de l’après-guerre 4. En effet, il démontre comment la compression de la profondeur spatiale, la forme et la couleur peuvent prendre le pas sur d’autres facteurs tels que la prise en compte des matériaux, la construction et l’usage.

Dans les années 30, la formation au métier d’architecte intègre la peinture et le collage. En effet, cette pratique

collagiste devient une technique de communication de l’école du Bahaus (1919-1933) pour la réalisation de ces affiches mais aussi une pratique enseignée au sein de l’établissement. Cela rétabli l’idée de l’architecture comme un art et moins comme le résultat des limitations techniques et de la technique scientifique, mathématique de l’époque. Le Corbusier a été un représentant de l’utilisation du collage à ses débuts, comme le montrent ses projets des années 20 et 30 par des plans colorés, des vues découpées et une progression spatiale implicitement séquencée (Collage « Habiter », Le Corbusier, 1937). Par la suite, Mies Van der Rohe intègre, à son tour, le collage dans ses projets et dans sa conception de l’espace. Notamment pour le projet de Concert Hall en 1942 ou celui du Musée pour une petite ville en 1943. L’architecte allemand compose des papiers collés à l’aide de géométraux ou de perspectives au trait, qu’il vient assembler avec des fragments photographiques d’œuvres d’arts, de lieux ou de matériaux.

A partir du milieu des années 60, la tendance à l’expérimentation donne aux projets une audace suggestive,

en phase avec une époque avide de nouveautés. En réalité, de nombreux groupes et artistes s’intéressent au collage

1

ARAGON Louis « Max Ernst, peintre des illusions » (1923), Écrits sur l’art moderne, p.13.

2

ABREX Márcia, Le Procédé du Collage Dans L’oeuvre de Max Ernst, Belo Horizonte, 1998

3

VAN DOESBURG Theo, fondateur et principal animateur du mouvement De Stijl

4

Ici, la guerre est la seconde guerre mondiale 1939 à 1945


photographique: le photomontage. Il devient un moyen d’imaginer des principes architecturaux et urbains, réels ou fantasmés. Superstudio en Italie, Venturi et Scott Brown aux États-Unis et Archigram au Royaume-Uni. Ce collectif britannique exprime une vision critique de l’architecture à travers des collages de réalité fantasmée. Ces derniers sont recensés et publiés dans leur mythique revue éponyme. Influencés par le Pop art, ils conçoivent un univers industriel démiurgique, complexe et libéré de contraintes réalistes. Par l’utopie, les villes sont imaginées comme colorées et ludiques, ironiquement peuplées par des personnages idéaux tels que la publicité les montrait à cette période. À partir des idées d’extensibilité, de provisoire, de « bricolage », et d’une certaine fascination pour les techniques et matériaux nouveaux, le collage est le moyen d’expression naturel d’Archigram et le véhicule de ses principes d’expérimentation. 1

L’indétermination, la métaphore, et aussi ce que le groupe appelle « émancipation » sont les slogans d’une

théorie du plaisir urbain. Les collages d’Archigram sont intentionnellement intriguant et complexes, en fracturant délibérément l’illusion d’espace réel. C’est par un travail sur la collision, la juxtaposition, et l’assemblage que ces collages permettent l’exposition d’intentions, d’ambiances mais aussi de poser un regard critique sur une vision de la réalité ou d’un futur mis en scène. Par ces travaux, le collage apparait comme un outil de conception et de communication de l’architecture. C’est désormais une méthode d’expérimentation et de narration pour l’architecte. « Les pratiques de composition picturale […] trouvent, dans l’outil informatique, numérique, des potentialités inédites qui délient certains problèmes et en génèrent de nouveaux. » 2

Dès les années 1970, l’introduction de nouveaux outils numériques de dessin, de visualisation et de composition

ont permis une conception nouvelle. Les architectes ont enfin pu utiliser des ordinateurs pour produire plus rapidement le travail eux-mêmes (de la conception à la communication). Les PC ( personnal computer ) se sont imposés dans la pratique de l’architecture ainsi que le DAO ( dessin assisté par ordinateur ) et la PAO ( publication assistée par ordinateur ). Ainsi, le numérique est apparu pleinement dans l’architecture lorsque la première génération d’ordinateurs 3 à capacité graphique a encouragé les ingénieurs et les architectes à expérimenter la programmation. En 1987, Thomas et John Knoll créent le logiciel Photoshop qui ne cessera d’évoluer et de s’adapter aux besoins graphiques contemporains. Le logiciel devient rapidement une norme en matière d’édition d’images et donc de collage numérique ( on utilise désormais le terme «photoshoper» des images ). «Le numérique […] n’est pas défini par une utilisation omniprésente de la technologie, ni ne se définit uniquement par l’utilisation de la puissance de calcul dans la recherche d’une plus grande efficacité et d’une plus grande rapidité de production. Le numérique […] est défini par des projets expérimentaux et des idées d’une période spécifique, qui se sont engagés de manière proactive dans la création et l’utilisation d’outils numériques pour atteindre des résultats autrement inaccessibles». 4

1

COOK Peter Archigram, Plug-In City, 1962

2

HOUDART Sophie, «Des multiples manières d’être réel. Les représentations en perspective dans le projet d’architec-

ture», Terrain, n°46: Effets spéciaux et artifices, 2006 3

Série d’ordinateurs HP9845 de Hewlett-Packard en 1978

4

LYNN Greg, architecte et commissaire de l’exposition Archaeology of the Digital, 2014

9


Pendant ces 50 dernières années, le collage numérique émerge comme un outil récurrent de l’architecture.

Cette dimension numérique permet aux architectes de pouvoir créer des images de projet inédites. La composition numérique offre des possibilités presque infinies et donc très riches dans le choix des fragments, des points de vues, des types de rendu.. Ces représentations projetées par le collage, apparaissent comme des scenarii, des possibles, qui rendent accessible à la compréhension le projet à un public familier ou non au vocabulaire technique de l’architecture. Même si les géométraux posent un regard plus « objectif», ils requièrent néanmoins de posséder une connaissance précise et spécifique pour pouvoir les comprendre. Par opposition le collage est une image souvent plus appréhendable que des géométraux. Dans les concours, il devient un moyen de faire du projet. Il intègre le processus de conception, de communication et surtout de séduction. Dans ce cadre très organisé de concours, le rapport au temps change et vient à manquer. Les géométraux sont réalisés à l’aide de logiciel de DAO. De la même manière, le collage numérique permet de limiter la production à un seul outil: le logiciel de PAO.

Avec le développement de l’ère numérique, le collage s’est lié à l’infographie en rendant cette technique

d’autant plus riche et multiple qu’à ses débuts. Le numérique devient très rapidement, dans l’histoire de la pratique architecturale, un outil si efficient qu’il est parfois difficile de faire la distinction entre le collage numérique mimant des assemblages de papiers et les papiers collés. De plus, l’accès à internet et à des banques infinies d’images, multiplient les types de fragments et leurs origines. En effet, le prélèvement peut se réaliser sur des sites internet, des livres numériques, des photographies, des tableaux numérisés et des oeuvres graphiques digitales. Dans cet océan de sources graphiques, les architectes choisissent des éléments précis pour communiquer efficacement le projet par le collage. Cette méthode qui semble, tout d’abord, assez obscure, crée alors une appétence; un intérêt profond chez moi 10

de comprendre la communication architecturale par ce collage numérique.

Par la suite, la technique du collage numérique m’a accompagné pendant ces cinq années d’enseignement et

d’introduction au métier d’architecte. C’est un outil qui m’est très cher et avec lequel j’ai pu expérimenter des narrations de projet fictifs ou concrets. En effet, pendant ma mobilité en Belgique, j’ai été particulièrement touchée par ce rapport numérique au collage ou au photomontage dans l’enseignement de l‘architecture. Cette technique fait partie intégrante du cursus et alimente plusieurs disciplines: l’enseignement de la conception, la théorie de l’art, de l’architecture et aussi la narration graphique. Cette forte présence reflète la prédilection belge pour le collage dans les agences1. En effet, une majorité des images de concours ou de communication sur leurs sites internet mettent en œuvre cette technique 2. Contrastant avec une pratique française ou le rendu de perspective réaliste domine encore les images de communication d’architecture contemporaine. Ces collages numériques s’intègrent dans un nouveau rapport avec des potentiels clients, l’image fait partie d’une consommation graphique plus dense ou le collage met en place des stratégies empruntés à la publicité pour communiquer et séduire. Comment ces collages sont construits? Que signifient t’ils? D’où viennent les fragments utilisés et comment sont-ils assemblés? mais surtout comment séduisent-ils l’œil ou suscitent-ils l’intérêt d’un spectateur ou d’un potentiel client?

Le collage étant une technique récente à l’échelle de l’histoire de l’art et d’autant plus à l’échelle de l’histoire

1

HUGRON Jean-Phillipe, « Trame et collage, à l’école belge », L’architecture d’aujourdhui, AA 425, Juin 2018, p.56.

2

D’après travaux d’agences belges: XDGA, OMMX, 51n4e, OFFICE, Ouest, VERSA


de l’architecture, les ressources d’ouvrages sont plus rares quand l’on vient à s’interroger sur le collage numérique. Ce mémoire vise à expliciter, de manière empirique, des procédés et des moyens que ces collages mettent en œuvre pour communiquer le projet d’architecture. En effet, nous nous intéresserons aux techniques de communication, c’est à dire, aux moyens de transmissions d’idées et de concepts, au travers du collage numérique. Pour être entendu et convaincant, le message doit être émis et reçu grâce à un code commun à l’émetteur et au récepteur1. Dans l’étude de ces collages d’architecture, le «code» se compose donc de signes graphiques. Ainsi, afin de pouvoir comprendre ces moyens de transmissions, nous analyserons des collages numériques contemporains à la lumière d’ouvrages clés et principalement des techniques enseignées durant la licence et le master d’architecture. Ces analyses s’appuieront donc sur des collages numériques composées par des architectes, dans une pratique contemporaine du projet d’architecture. Dans cette perspective, nous viendrons expliciter le rôle et la composition de ces images digitales dans ce contexte de communication ou de séduction. Autrement dit, nous chercherons à comprendre comment le collage numérique

est un outil efficient de communication pour les architectes contemporains?

Le développement ci-après se divise en trois parties au travers desquelles la réflexion sera illustrée à l’aide

d’un corpus iconographique de collages numériques contemporains réalisés par des architectes. D’autre part, ce travail s’appuie à la fois sur une approche théorique, une analyse croisée de collages, ou encore le récit d’expériences personnelles.

La première partie traitera de comment le collage numérique remet en question le réalisme par l’utilisation de

logiciels de PAO en rendant possible des réalités simulées où des hyper réalités. Comment cette technique d’assemblage numérique permet, à un potentiel client, de se projeter dans des images qui simulent un futur crédible. Par exemple, la disparition des raccords entre les fragments simulent une nouvelle vérité et donne à ces images un caractère tout à fait nouveau. Nous nous questionnerons sur ce rapport à la réalité dans un rapport de communication d’un espace architectural projeté.

La seconde partie s’intéressera à l’intégration d’œuvres signifiantes ( publicité, peinture.. ) dans le collage

numérique et comment ces fragments renforcent et soutiennent la communication du projet architectural représenté. L’objectif est de comprendre comment ces médiums donnent une une force et un sens parfois implicite aux espaces dessinés. Il est question de présenter comment des productions étrangères à l’architecture, aident à porter les problématiques contemporaines de l’espace.

La troisième et dernière partie axera la réflexion sur le rôle de la narration architecturale par l’anomalie dans le

collage numérique. En effet, nous nous intéresserons aux techniques de communication par le contraste et par l’intrigue. Comment les fragments entrent en collisions avec le projet pour souligner ses intentions fortes. Ainsi, il sera développé la manière dont l’anomalie et le décalage dans le collage numérique participent à la séduction d’un observateur voire d’un client.

1

Adonis Lalib

11


I. le collage numérique, séduire par le crédible.

I. 1. le collage photoréaliste, la communication par le sensé 1. a. la prévalence du rendu photoréaliste en collage d’architecture 1. b. se rapprocher du réel pour ancrer le projet 12

1. c. NP2F, un réalisme laudatif au service de l’architecture

I. 2. scénariser l’espace, convaincre par les usages 2. a. la narration de l’ordinaire dans l’architecture 2. b. démontrer par l’usage pour projeter 2. c. Fala Atelier, la représentation du programme pour raconter une pratique future


L’apparition très récente du collage dans la pratique

architecturale et l’émergence du numérique mettent en évidence les besoins de communication graphique des architectes. En effet, ces derniers sont majoritairement dans un rapport de concurrence et l’image reste un de leur plus puissant outil pour échanger et convaincre des spectateurs, des jurés, et des futurs clients. C’est dans ce contexte que le collage s’impose comme une technique efficiente pour narrer un projet encore fictif.

Mais comment ces images composites permettent

à un oeil non initié de se projeter? Comment ces collages sont des arguments de séduction?

Cette première partie exposera le rapport au plausible

comme outil de communication dans le collage d’architecture. Tout d’abord, nous nous intéresserons au rendu photoréaliste comme outil puissant et reconnu de projection; puis à la narration d’usages ordinaires ou concrets qui soutiennent un récit de l’espace. Enfin, l’analyse de collages numériques d’architectes contemporains mettra en évidence la construction de la communication dans ces images.

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I. 1. le collage photoréaliste, la communication par le sensé Le rendu photo réaliste qualifie un rendu visuel tellement détaillé qu’il se confond aisément avec une photographie. Il s’applique ainsi au domaine de l’infographie. Ce type de rendu diffère des mouvements artistiques de l’Hyperréalisme, le Photoréalisme et le Réalisme consistant à reproduire une photographie et non à représenter le réel.1

En effet, il est aussi important de distinguer le photocollage du rendu photoréaliste. En effet, le photocollage

assemble en une composition collagiste, des éléments prélevés de photographies, tandis que, le collage avec un rendu photoréaliste vise à mimer la réalité graphique d’une photographie en utilisant des fragments d’origines diverses, des notions de perspectives..

Avec l’apparition et la démocratisation du numérique dans les images d’architecture, le collage intègre des

éléments issus de géométraux, de maquettes en trois dimensions et de photographies de site. Le rendu photoréaliste tire sa force dans le langage photographique en s’en rapprochant au plus près. Il donne, à ces compostions fictives, une insertion dans une réalité envisageable. De plus, depuis ces trente dernières années, ce type de rendu s’impose dans les concours d’architectures jusqu’à devenir un outil presque incontournable de la communication du projet architectural.

1. a. la prévalence du rendu photoréaliste en collage d’architecture 14

Tout d’abord, le terme de rendu photoréaliste en représentation architecturale s’est généralisé au fur et à

mesure que se développait l’image numérique. Il est difficile de déterminer quand a été créée le premier collage de ce type puisque son caractère photoréaliste serait aujourd’hui très relatif compte tenu des progrès notamment techniques qui ont été faits dans le domaine. On peut toutefois supposer que la notion de rendu photoréaliste est apparue dans les années 902, en même temps que commençait à se développer les outils informatiques capables de tels résultats (dont Photoshop). Les premiers collages numériques en architecture en 1996 au sein de l’agence OMA avec le projet Electronic Showroom à Séoul, Corée du Sud, et en 1995 pour les Ateliers Jean Nouvel avec le projet de la Tour Nasional Bhard, Malaisie. Aujourd’hui, on emploie toujours le terme de rendu «photoréaliste», mais il s’agit presque d’un terme générique à la représentation architecturale numérique. Si le photoréalisme se définissait majoritairement par l’utilisation de moteurs de rendu 3D à ses débuts, il tend aujourd’hui à faire un usage mixte de techniques de rendu 3D et de collage.

1 2

D’autre part, il semble important de comprendre que le rendu photoréaliste jouit d’une position privilégiée dans

Définition: Wikipédia La création du logiciel Photoshop se fait en 1987. OMA, Electronic Showroom, Séoul, 1996. AJN, Tenage Nasional

Behard tower and park, 1995 3

Les géométraux, l’appréhension de la notion de perspective, les croquis, les axonométries, sont des témoins et

des outils utiles de la pratique de l’architecture pour raconter la réalité dans toute sa complexité. C’est dans cette démarche de retransmettre le réel et de le représenter que le collage photoréaliste s’impose comme une image se rapprochant de la photographie d’un projet encore imaginé. La photographie étant une représentation optimale de la réalité et de sa complexité dans les détails.


l’univers des images d’architecture. Cette présence majoritaire dans les rendus contemporains traduit une appétence forte chez les architectes de mimer la réalité pour la comprendre et s’y projeter. Ce type de collage s’inscrit donc une volonté de représenter le monde avec une grande précision. En effet, la quête de la réalité en architecture s’installe dans un temps de recherche long de plusieurs siècles qui inscrit le photoréalisme dans la conscience collective comme la solution la plus satisfaisante ou intéressante pour parler de projection. 3

Grâce à l’étude de la photographie, le collage a pu intégrer la compréhension de ses caractéristiques pour

tendre à représenter le réel avec une grande transparence. Le développement de ce type de rendu résulte donc de la capacité de l’image à représenter la lumière, les volumes ( grâce à la perspective ), les textures et les couleurs.

«Comme le photoréalisme est le résultat de processus optiques compris qui font partie d’un vocabulaire objectif voire scientifique (qui n’est pas transmis par un opérateur «faillible»), il est donc plus communément considéré comme plus proche de la réalité que d’autres formes de représentations transmises par l’homme car il nourrit l’illusion de témoigner d’une réalité dans son entièreté.» 1

Ce rapport presque objectif avec l’image, confère à ce de rendu une dominance et une légitimité dans les ren-

dus de collage en architecture. Cette fausse négation de la subjectivité et de l’imaginaire dans le collage photoréaliste permet aux architectes de confondre réalités possibles avec réalités concrètes. Cette illusion de vérité sans mensonge cache en réalité une narration précise qui utilise des procédés graphiques subtils pour séduire un futur client. En effet, avec le grand développement de l’infographie, la maniabilité des collages photoréalistes témoigne d’un regard précis et orienté sur le réel. Selon le cadrage et le récit choisi, la composition peut cacher ou transformer une réalité qui pourrait desservir les intentions premières des architectes et n’expliciter que les intentions du projet architectural dans des réalités qui deviennent virtuelles. Comment ces réalités virtuelles sont un vecteur puissant de communication?

2 1

Fixation de la lumière par la chimie, Nicéphore Niépce

SCHOFIELD Simon, Non-Photorealistic Rendering: A critical examination and proposed system, Philosophy Middle-

sex University, 1994

15


16

fig.1. IMVT, Porte d’Aix, France, NP2F, Collage, 2017


1. b. se rapprocher du réel pour ancrer le projet « Objets hybrides, picturaux par nature mais de qualité photographique, ils sont composés par assemblage ou superposition d’éléments visuels qui puisent leurs référents dans la réalité » 1

Dans l’analyse du collage photoréaliste, le degré de réalisme est généralement défini dans sa capacité à ne

pas se distinguer d’une photographie1 (Manovich). En effet, ces collages se caractérisent par une «transparence» 2 forte: les éléments sont représentés avec des caractéristiques physiques similaires à celle dans le réel. Par nature le collage photoréaliste se nourrit du vocabulaire graphique de la photographie. Il lui emprunte les techniques de la composition, la compréhension des ombres et de la lumière. Afin de pouvoir créer une composition convaincante, le collage se compose aussi par des plans et la perspective ( 1 ou deux points de fuite principalement ). Cette dernière distingue implicitement le collage des géométraux, car elle présente à l’œil d’un spectateur le volume en trois dimensions sur un même document et lui permet de faire synthèse de toutes les dimensions géométriques du bâti. Les rapports d’échelles entre les éléments s’explicitent donc par la place des personnages ( analogue aux modèles en photographie ) et des constructions dans le cadre de l’image ( disposition des éléments dans les plans de l’image ). Il est ainsi plus aisé de comprendre le gabarit d’un projet, son ombre portée, et son rapport à l’échelle humaine.

La communication des intentions du projet par le collage photoréaliste repose sur les mêmes piliers que pour

la lecture d’une photographie. Tout d’abord, le sens de lecture et d’appréhension de l’image est compris et utilisé pour composer le collage ( majoritairement en suivant la forme de la lettre Z: en haut à gauche puis à droite avant de redescendre à gauche et finir en bas à droite de l’image.). Dans un second temps, ce sont les valeurs qui orienteront le regard, les couleurs puis les personnages, les dispositifs architecturaux.. jusqu’au petits détails. Chacune des ces étapes de lecture sont riches de sens et oriente le regard du potentiel client vers un narration précise du projet. La composition expose, point par point, les qualités de l’espace projeté.

En architecture, le collage photoréaliste s’installe majoritairement dans un « réalisme laudatif »3. Selon Marie-

Madeleine OZDOBA, ce registre laudatif vise à composer une image avec une dimension subjective. En effet, le collage ne vise pas à mimer à la perfection le lieu comme le ferait une photographie mais de communiquer une vérité partielle et orientée qui soutient et met en valeur l’architecture projetée. L’atmosphère issue de la composition vient guider la lecture de l’image et affirmer la force du projet. En effet, la narration par l’image rend compte d’une réalité virtuelle qui met en scène le projet dans un cadre idéalisé. Par exemple, le collage se compose autour d’un point de vue choisi, d’une lumière précise, et d’une fréquentation du lieu bien maîtrisée. La subjectivité de l’image demeure subtile et ne vient pas en concurrence avec le pouvoir du réalisme dans la composition. Ainsi, le collage se doit de rester convaincant et de laisser voir un futur envisageable en représentant avec soin une réalité projetée. De cette manière, le collage photoréaliste, de nature composite, tire profit du pouvoir de persuasion du vocabulaire de la photographie et de la puissance narrative du collage.

1

MANOVICH Lev, What is digital cinéma?, 2015

2

Plus une image est «transparente», plus elle mime la réalité à la façon d’une photographie (lumière, détails, végéta-

tion..). OZDOBA Marie-Madeleine, Picturing architecture, «Des usages et réalismes dans l’image d’architecture», 2013. 3

OZDOBA Marie-Madeleine, Picturing architecture, «Des usages et réalismes dans l’image d’architecture», 2013

17


18

fig.2. Base Nautique, ĂŽle Saint Denis, France, NP2F, Collage, 2019


1. c. NP2F, un réalisme laudatif au service de l’architecture

L’agence d’architecture parisienne NP2F est,

dans sa pratique, très familière avec l’utilisation du collage numérique. Ce dernier est un outil récurrent principalement lors des concours, des phases d’avant projet, mais aussi

schéma1. sens de lecture

pendant de l’élaboration de détails techniques. Il est un support prédominant de conception et de communication de leurs projets. Ce rapport à l’image et, plus précisément au collage, se caractérise par l’utilisation du rendu photoréaliste. Afin d’expliciter les processus de communication dans le collage photoréaliste, nous analyserons un collage réalisé par l’agence parisienne lors d’un concours remporté en 2019, pour narrer leur proposition de projet pour une base

sc.2. lignes et composition

nautique à l’Île Saint Denis. La composition s’appuie sur un registre laudatif. Comme exposé précédemment, ce registre exprime une réalité virtuelle à la lumière du langage photographique et d’une poésie du lieu plus sensible. Cette

19

dernière met en valeur les qualités de l’espace et masque les potentiels obstacles dans l’appréhension du projet par un potentiel client. sc.3. plans

Comment cet éloge du projet se construit-il

par le photoréalisme? Quels propos sont véhiculés par cette image? Quel est le récit fait de l’espace?

sens de lecture et lignes de composition

Tout d’abord, le collage se construit par une

sc.4. valeurs

hiérarchisation des éléments. Cette organisation repose sur le sens de lecture des images: de gauche à droite. Culturellement, en France, le regard est construit depuis toujours pour lire et déchiffrer de la gauche vers la droite, et cela s’applique à la littérature et au domaine de l’image. Grâce à ce constat, les architectes ont pu déterminer le point de vue de la composition et son orientation. Nous

sc.5. couleurs


constatons donc que le premier élément rencontré par l’œil est le parc. Celui-là nous amène à la rapide découverte du bâti principal de la base nautique, pour ensuite, s’élancer vers le ponton et enfin plonger dans la Seine. Le projet se raconte par la place des entités les unes par rapport aux autres. Cette fluidité dans le premier rapport à l’image se rapporte aussi à la nature de la juxtaposition. En effet, nous ne pouvons noter de limites fortes entre ces éléments qui sont accolés, que ce soit pour les textures, les personnages ou la végétation. Par ce simple chemin du regard, c’est une première lecture essentielle du projet qui se joue. En quelques secondes, le collage raconte déjà qui tient le rôle principal et quels sont les autres éléments fondamentaux dans la proposition.

hiérarchie du récit par les plans

Par la suite, la composition des plans explicite ce lien avec l’environnement existant comme une intention

fondatrice de l’intervention du projet. La végétation crée le cadre et le premier plan du collage. Ce cadre renforce l’orientation du regard vers la façade du bâti de la base nautique. La Seine et le ponton composent le second plan comme une transition vers la rive. Puis l’œil se dirige vers le quatrième plan, où s’articule le bâti de la base nautique, son grand parc et ses quelques voisins déjà construits sur un fond de journée de beau temps. Cette lecture des plans consolide la première appréhension du collage par le sens de lecture et les lignes qui composent l’image. En effet, c’est un même cheminement, du contexte vers le projet bâti, qui est représenté sur la moitié droite de l’assemblage. Ce discours distinct s’illustre dans les proportions données aux plans et aux éléments. La Seine et la rive représentent 20

la moitié de l’image, et le ciel un tiers de cette dernière. La constitution de ce collage communique ainsi de ces trois manières, une volonté de se lier au site: à la Seine, à la végétation et aux bâtis pré existants.

narration affective par la couleur et les valeurs

A la lumière des travaux de Hevner 1 (1935) et de Lewinski 2 (1938), chercheuses en psychologie, le rapport à

la couleur rentre dans une appréhension affective importante. En effet, les résultats de ces études présentent que les couleurs verte et bleue (dites non contrôlées) étaient perçues comme agréables en opposition à la perception plus dure des couleurs orange et jaune, à un même rapport de saturation, de teinte et de luminosité. C’est par ce rapport cognitif que s’exerce l’analyse de l’image par la couleur. Ici, le vert et le bleu ciel prédomine dans la composition où le beige vient ponctuer la composition. Par son caractère plus singulier, le beige s’exprime donc comme un ajout dans le paysage, une greffe. En effet, le travail des couleurs expose le bâti comme le sujet principal du collage, sans nier le fort site où il s’implante. Plus précisément, la représentation de la construction travaille par le contraste avec l’utilisation de rouge, la

1

HEVNER Kimberly, « Experimental studies of the affective value of colors and lines », Journal of Applied Psychology,

n°19, 1935 2

LEWINSKI Monica, « An Investigation of Individual Responses to Chromatic Illumination », Journal of Psychology,

vol. 14, 1938


21

fig.3, 4, 5. Base Nautique, Ile Saint Denis, France, NP2F, Collage, 2019


couleur complémentaire du vert, pour signifier avec plus de force certains espaces du projet: ici l’espace des terrasses qui reste une singularité dans la proposition. Cette utilisation de teintes se complète avec un travail des valeurs par une simulation du soleil. Le regard se déplace du cadre végétal plus foncé vers le bâtiment qui s’exprime comme un point de lumière. Ce dernier fait aussi disparaitre le caractère des bâtis voisins et d’une ville en arrière plan. Ainsi, les couleurs et les valeurs sont habilement maitrisées pour narrer une cohérence entre des objets très disparates, les associer et les représenter avec une subjectivité qui vient servir le projet.

origine des fragments et textures

Par le choix du registre laudatif dans le rendu photoréaliste, la narration s’oriente et le regard se subjective.

C’est un travail de sensibilité à l’image et au projet qui s’appuie sur les points présentés ci-dessus mais aussi sur le traitement des fragments. Le collage se veut photoréaliste et donc homogène dans l’assemblage des différents morceaux d’images. Ainsi le choix de ses fragments est primordial dans la narration de ce scénario qui se définit comme une proposition réaliste dans la future pratique du lieu. La nature des objets qui compose le collage communiquent cette cohérence.

Tout d’abord, les personnages sont des extraits de photographies de réelles personnes qui ont été prélevés

dans des scènes de vie existantes spontanées. Ce caractère photographique consolide ce discours du plausible dans l’usage. De la même manière, les objets comme les bateaux, les barques, la végétation haute, travaillent de 22

manière analogue. Issus de photographies, leurs rapports à la lumière et leurs textures sont cohérents car extraites d’une photographie du réel. En effet, ces fragments photographiques ne sont pas composés d’aplats de nuances de couleurs plus ou moins foncées, mais plutôt de fragments de texture réelles qui, par leurs grains, leurs porosités, leurs brillances, interagissaient avec la lumière dans le contexte d’origine. Cette réalité prélevée et donc authentique, est par la suite transposée dans la composition dé l’image pour corroborer ce vocabulaire photoréaliste. Leur insertion engendre ponctuellement une ombre portée, ou un reflet qui fond ou distingue ces fragments selon le récit1. Ces fragments s’assemblent subtilement à une perspective de la base nautique dont la matérialité s’exprime par un collage de textures issues de revues ou de magazines. Ce même rapport de définition dans les éléments permet une association plus satisfaisante, ou chaque objet s’exprime avec un même traitement, celui de l’extrait photographique.

Dans le rapport au site existant, le registre laudatif nie le caractère constructif des bâtis voisins. En effet, un

aplat d’une texture les unit et les décrit, ainsi, comme un ensemble et non plus comme les singularités architecturales qui composent le lieu. Par ce traitement qui aplani le bâti du « déjà-là », le projet de l’agence NP2F s’intègre aisément et reste le centre du récit du collage. Le registre laudatif permet des abstractions qui influencent la perception du site existant

1

Pour les personnages et objets proches de l’ombre du bâtiments, les fragments sont ombrés et lorsque les objets

sont en pleine lumière, ils ne sont pas ombrés. Ce rapport distingué permet de constraster l’impact du bâti face à la forte lumière recue. Les fragments de personnages et de barques n’étant pas le sujet principal de l’image, leur traitement en est différent. Ainsi le bâteau au premier plan sera mis en valeur par la force graphique de son reflet dans l’eau.


mais aussi qui narrent une pratique projetée dans des conditions idéales. ( journée ensoleillée, peu de personnages, de pollution.. ) C’est un collage où l’image devient le meilleur témoin du succès projeté de la proposition.

Après l’exposition de ces mécanismes de narration par le collage photoréaliste, nous pouvons exposer la force

narrative du crédible en architecture. Par le registre laudatif, l’image vient servir les intentions des architectes, l’image n’est plus une simple photographie d’un réel envisagé mais la description subjective et enrichie des intentions de l’agence et de ses aspirations pour le lieu. L’abstraction permet d’orienter le regard et de taire des potentielles questions sur la proposition.

23


Enfin, le rendu photoréaliste en collage d’architecture

questionne le rapport au réel sous différents aspects. La représentation du site et de l’intervention architecturale s’adapte pour exprimer les intentions de l’architecte. Par le collage photoréaliste laudatif, le réel devient un outil puissant où la séduction se mêle à l’illusion. En fonction de l’imaginaire que véhicule le projet, des usages qu’il définit, du rapport qu’il entretient avec son environnement, l’écriture par le collage s’adapte pour présenter le projet sous sa meilleure lumière. 24

Cette compréhension sensible du projet permet au collage de signifier les envies et les qualités de la proposition.

Nourris par le registre graphique de la photographie, le rendu

photoréaliste intègre la diversité de narration de la technique collagiste. Les différents dispositifs de compositions répondent aux besoins de communication des architectes contemporains en séduisant par une réalité imaginée mais crédible.

Dans

un

contexte

compétitif

comme

les

concours

d’architecture contemporains, ces images composites apparaissent comme un moyen efficient de communiquer les idées et le projet dans ses matériaux, sa lumière et ses pratiques.


25


I. 2. scénariser l’espace, convaincre par les usages «The collage is a way of experiment a project. At the same time it seems that is not finished but you can look at it like a painting. More than a realistic 3d render, it’s a world of fantasy and utopia but where you can find possibility of real life.»1

L’architecture puise sa force dans sa relation avec le contexte dans lequel elle s’insère et avec les usages

qu’elle abrite. Comme l’expose l’agence Ponto Atelier, en fonction de l’imaginaire que véhicule le collage, des usages qu’il définit et du rapport qu’il vise à entretenir avec son environnement; il nécessitera une écriture graphique et une composition particulière.

Comme énoncé précédemment, l’appel à une sensibilité du lieu devient une composante majeure dans la

création du collage pour le projet contemporain. La composition influence la perception du projet en donnant à voir un point de vue singulier du bâtiment, une atmosphère mais surtout les usages possibles. Placer le futur usager au cœur du projet devient une stratégie de narration qui repose sur la capacité de ce dernier à s’approprier et à se projeter dans cet espace encore fantasmé.

2. a. la narration de l’ordinaire dans l’architecture 26

«L’égocentrisme de l’architecte, les théories du critique, les sourires satisfaits des propriétaires et la sophistication des images séduisantes sont mis de côté. Soudain, c’est l’ordinaire qui parle. Femme de ménage, laveur de vitre, gardien d’immeuble, employé de bureaux, habitants et promeneurs prennent la parole. Ils parlent d’eux, beaucoup, de leurs vies, de leurs inquiétudes, de leurs espoirs mais aussi de leur environnement et de l’architecture qu’ils habitent ou traversent.»2

Avec la médiatisation de la pratique japonaise de l’architecture contemporaine, notamment avec le travail de

l’agence SANAA dès les années 2000, le registre de l’ordinaire et du banal devient un sujet de l’architecture. La démarche des deux architectes s’oriente vers une recherche fine des atouts, des possibles et de la poésie dans situations urbaines communes. Leurs projets architecturaux raconte une sensibilité de l’ordinaire qui devient le pilier du projet. Par exemple, l’étude du jardin dans un contexte urbain nourrira l’entièreté du projet de la Garden House en 2009. En effet, cette étude des villes japonaises nourrira le projet de la maison verticale dans ses intentions fondamentales par le récit de la poésie d’un jardin en ville.

À la suite de ces illustres travaux japonais, la communication des projets architecturaux saisi à son tour le sujet

de l’ordinaire et du banal. L’image s’éloigne petit à petit, du registre monumental et de l’extraordinaire pour s’appuyer sur la poésie du quotidien. Un quotidien bien connu et puissant dans la démarche de séduction. Par cette nouvelle

1

Ponto atelier, Entretien «Projecting space», Koozarch, 2017

2

SFA, «L’Architecture en représentation», Colloque, 2019


27

fig.6. Whitehouse, OMMX, Collage, 2015


28

fig.7. Centre d’Êveil, Ponto atelier, Collage, 2016


perspective de récit de l’espace, la pertinence du réalisme photographique est, à son tour, remise en cause. La narration s’appuie donc sur l’évocation et l’appropriation personnelle du spectateur et non plus sur sa capacité à lire une image photoréaliste. De cette manière, le collage numérique d’architecture se nourrit de fragments de représentation d’objets du quotidien: de la vaisselle, des magazines, des vêtements.. Ces extraits apportent une force narrative efficiente par la mémoire. Cette mémoire des gestes et des pratiques permet de mettre à distance la prédominance du mimétisme de la photographie. Ainsi, grâce à ces fragments, le potentiel client reconnait et déchiffre rapidement comment habiter le lieu. Il s’agit de raconter avec précision les possibles dans la manière d’occuper le projet.

Enfin, les collages numériques ont recours à l’utilisation de messages iconiques codés1 ( Barthes ) afin de

raconter les usages imaginés dans l’espace dessiné. Souvent utilisé dans la publicité, un code iconique met en rapport la présence de l’objet représenté et son action associée ( la tasse et boire le thé ) en y ajoutant un rapport symbolique ( le moment du petit-déjeuner ). Cette communication repose sur une stratégie de communication cognitive qui attirera l’attention sur le projet, puis sur une communication émotionnelle ( ou affective ) qui interpellera le potentiel client par ses ressentis et sa sensibilité, et enfin, sur une communication conative qui poussera l’observateur à retenir le projet2. L’agence belge OMMX utilise régulièrement ces messages dans ses collages d’architecture. Dans leurs compositions collagistes, les textures et les personnages restent encore très abstraits, les détails techniques ou de matérialité ne sont pas encore fixés. Cependant, les détails de l’ordinaire sont soigneusement réfléchis et représentés. Une tasse de thé placée dans une cuisine, par sa force sémiologique, induira le lecteur de l’image à s’approprier le projet par la force évocatrice de l’usage du quotidien. En effet, il se projette entrain de préparer cette boisson, d‘utiliser la cuisine, de regarder par cette fenêtre. Il expérimente avec sa sensibilité le plaisir de la cuisine, de l’emplacement la fenêtre et enfin de son jardin. En quelques secondes, il habite déjà le projet par l’image. ( Whitehouse, OMMX, Collage, 2015 ). Avec cette approche plus sensible de l’image, comment le collage numérique convainc le regard et les envies d’un futur client?

2. b. démontrer par l’usage pour projeter «The more distant with reality these images get, the closer they get to the idea, and th emore understandable they become.»3

Avec la pratique de plus en plus performante des rendus en trois dimensions et l’évolution des logiciels de

rendus perspectifs, le collage numérique se distingue petit à petit des perspectives issues de maquettes numériques. En effet, les architectes utilisent des maquettes en trois dimensions où sont représentés le bâti, la végétation et les

1

BARTHES Roland, Rhétorique de l’image, in Communication, n°4, 1964

2

MINVIELLE William, «L’intégration d’Internet dans la stratégie de communication de l’entreprise», Tableau 9 Synthèse

des principaux objectifs de la communication traditionnelle et électronique, Université du Quebec à Trois Rivières, 2004, p 86 3

Fala atelier, Portraits, Conférence, Graham foundation, Chicago, 2017

29


bâtiments voisins. Ces maquettes, combinées à l’utilisation de plus en plus sophistiquée de logiciels de rendu 3D, remplacent souvent les collages photoréalistes. Ces derniers apparaissent plus faillibles dans leurs retranscription d’une image photoréaliste face à des perspectives qui miment presque parfaitement la réalité projetée. Dans ce contexte, le collage numérique s’émancipe de son rapport photographique à la réalité et se nourrit de la narration sensible du lieu.

Ce choix de narration architecturale sensible se traduit aussi dans la narration graphique de l’espace. La

composition des collages devient plus spéculative, plus bavarde. L’image composite, en ce sens, expose plus les intentions qu’un plan ou une élévation. En effet, ces compositions collagistes expriment plus d’informations en ne se contentant pas de représenter géométriquement le lieu, mais en transmettant les idées qui se cachent derrière l’espace: elles communiquent le projet dans ses qualités et ses intentions architecturales. Par l’abstraction de certaines réalités, ces collages spéculatifs sont des outils puissants qui provoquent une réflexion nécessaire du spectateur et un regard critique qui questionne le projet pour en découvrir ses subtilités. En abandonnant le registre photoréaliste, le collage questionne les messages et les idées du projet et de l’image, une étape nécessaire à la projection du potentiel client. Le retirer de sa réalité connue par une représentation plus sensible le poussera à découvrir ce nouveau langage du sensible et de l’usage. «L’usage est une synthèse de l’épreuve pratique, de l’esthétique, de l’expérience sensible et de la relation de service. Lorsqu’elle est scellée, la quadruple alliance assure la fortune de l’édifice auprès du public.» 1 30

À la lumière de cette narration spéculative, la communication dans le collage numérique par l’usage se rapproche

d’une démarche scientifique: l’image vient prouver l’habitabilité d’un lieu encore inconstruit. La composition devient un témoignage qui prouve par le programme la pertinence de l’espace. De cette manière, elle raconte une proposition de réalité future où l’usage vient ancrer la narration. La séduction s’appuie donc sur l’exposition sensible des pratiques du lieu où par le collage, la vue vient s’associer au toucher. Comme pour la publicité qui fait la démonstration pratique d’objets, l’architecte démontre comment son lieu peut fonctionner, quelles activités le bâti peut accueillir et dans quelles conditions.

«Great attention is paid to the space of everyday domestic life, where inanimate knickknacks and accessories—teakettles, bowls of fruit, bedside slippers—ache with feeling.» 2

La narration s’appuie sur le pouvoir évocateur de ces fragments et donc sur le pouvoir évocateurs des objets

dans le monde réel. Comme exposé précédemment, la mise en scène du petit déjeuner dans le collage Whitehouse, de OMMX en 2015 s’articule en plusieurs temps. Le premier sera celui du déchiffrage, de la lecture des fragments et de la compréhension des objets qu’ils représentent. Le second appellera, par le regard, à se remémorer une utilisation déjà

1

LEGER Jean Michel, « Architecture et usage : la forme ne suit pas la fonction », AMC Une année d’architecture en

France. AMC, n°211, 2011 2

MEDINA Samuel, «Why Architectural Collage Is Important to These Three Chicago Architecture Biennial Partici-

pants», Metropolis, 2017


vécue de ces objets ( le potentiel pourra ainsi associer les fragments de photographies de tasse de café au moment de son petit déjeuner le jour même ). Et enfin, par ces objets bien connus et donc l’usage est maîtrisé, l’assemblage crée une narration par association. Le regard lie l’expérience déjà expérimentée à l’espace projeté. En effet, en dessinant les usages par des personnages, des objets ou des meubles, l’œil vient appeler le corps à habiter l’espace. De cette manière, la représentation détaillée de l’usage, de la vie quoti-

fig. 8

dienne, par ces fragments compose un substrat fertile à la projection du spectateur.

Le collage offre et propose une appropriation par la

crédibilité des usages renseignés. Ainsi, la fonction, l’usage et la praticité d’un lieu étant intégrés à la composition, l’appropriation de l’espace semble plus évidente et efficace. En effet, la réception étant une étape essentielle du développement du projet, représenter la pluralité des pratiques proposées et les placer au cœur des collages de communication permet de se prévaloir d’un certain échec programmatique. De cette manière, ces collages deviennent de forts arguments de séduction pour une maîtrise d’ouvrage pour qui l’investissement de l’espace construit reste un enjeu fort dans la réussite du projet. Concevoir un lieu à venir encore fictif mais dont le programme est déjà assimilé par ses futurs acteurs, c’est réussir à ce que le nouvel élément architectural se lie au quotidien et au site.

« If I show this to the client (fig. 8), the client still gets it but he will not get it completely, when I show him this (fig. 9), he’s convinced because he says «yes», because the space is inhabited and that’s the final goal.[...] When clients see this, they are confused but what is important is that they understand it »1

1

Fala atelier, Portraits, Conférence, Graham foundation,

Chicago, 2017

fig. 9 048 House in rua do paraíso, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2015

31


32

fig10. 070 six appartements, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2019


2. c. Fala Atelier, la représentation du programme pour raconter une pratique future

«Domesticity suggests a comforting order of things versus the sophisticated chaos of the city. A tiny space of one’s own gradually becomes a grand assemblage of narratives

sc.6. sens de lecture

and objects.» 1

L’agence portugaise Fala atelier travaille depuis le début de son

activité avec le collage. Ils ne sont pas seulement des outils stylistiques, mais aussi des outils puissants de représentation, conception et de communication de leurs projets. Leurs expérimentations collagistes assemblent des références, un travail thématique, des citations.. afin de

sc.7. lignes et composition

raconter avec le plus de clarté leurs intentions. Dans cette perspective architecturale et graphique, l’atelier communique notamment par l’exposition de l’usage dans ses compositions. Comment les usages sont représentés? Quels messages sont exprimés sur le projet par cette narration de la pratique? Comment le collage utilise ce récit

33

pour séduire et convaincre? sc.8. plans

composition et structure du collage

Tout d’abord, le collage se compose par une perspective

centrale à un point de fuite dans un cadre carré. Le format et la perspective oriente le regard vers le centre de l’image où est représenté le projet bâti avec les logements qui donnent sur le jardin. Le point de vue est extérieur, il se définit comme une démonstration des qualités

sc.9. valeurs

de l’espace du jardin et des coursives. Le collage permet de distinguer trois tiers, le ciel et les bâtis environnants, puis les logements et enfin le jardin. Par ailleurs, le traitement des limites, la dualité entre le végétal et le bâti se renforce. En effet à gauche, se trouve une limite végétale de l’image qui correspond à une limite de même nature dans le projet. De la même manière, à droite une limite faite par le bâti dans l’image

1

Fala atelier, Entretien «The Homescape; the new commute», Koozarch, 2020

sc.10. couleurs


est aussi une limite construite dans la proposition le projet. La construction de l’assemblage repose aussi sur le sens de lecture du regard: de la gauche vers la droite et du haut vers le bas. Ainsi, le projet se présente avec une brève apparition d’une limite végétale, puis la rencontre avec le bâti par sa coursive extérieure abritée pour enfin découvrir le jardin. Par ces dispositifs graphique, le collage raconte déjà ses limites et une première dualité entre le jardin et les logements comme étant un sujet fondamental de la proposition.

stratégie par la couleur

Par la suite, l’utilisation de la couleur dans ses trois dimensions (teinte, luminosité et saturation) est un dispositif

récurrent dans le travail de l’agence. Ici, la scène s’intègre dans une dominance de vert et de gris beige. La composition se divise entre ce deux teintes, le vert du végétal et le gris du bâti du projet, le bâti environnant et le ciel. Cet assemblage renforce par le contraste la volonté de narrer une respiration de couleur dans un ensemble gris et peu saturé. Le jardin se raconte ainsi, comme un écrin dans un contexte bâti. Le choix d’une couleur verte foncé pour les portes, similaire à celle des végétaux, vient ponctuer le bâti et construire un dialogue entre les façades des logements et le jardin vers lequel elles sont orientées. La structure vient être traitée comme une soustraction, ou l’aplât blanc nie sa technicité pour s’effacer face à une narration plus importante: celle de l’usage du jardin. Dans cette proposition, le rapport à la couleur est primordial car il est riche de sens. Par les proportions, les rapports de dominances et d’apports ponctuels, la couleur permet de lire le lieu premier, celui de la cour par le jardin. 34

narration par les fragments

L’agence porte un soin particulier dans le choix de l’origine des fragments utilisés et assemblés. Ici, Fala

atelier choisit et assemble des extraits de végétation des peinture du Douanier Rousseau. Nous pouvons donc noter de nouveau, une communication par le contraste en cohérence avec le traitement de la couleur. En effet, le végétal est un ensemble d’une multitude de fragments divers dans la représentation, les teintes et le gabarit. Cette diversité témoigne d’une attention portée à les représenter et à les mettre en avant. Par exemple, un traitement par le copié collé aurait été moins bavard sur l’usage du jardin. Ce caractère est si hétérogène qu’il frôle l’aléatoire et contraste avec l’ordre et le rythme du bâti par la structure de la coursive et le dessin des façades.

Les fragments issus de la pratique humaine sont subtilement placé pour animer la narration. Les extraits de

peinture représentant le linge qui sèche ou encore des pots de fleurs participe au récit de la vie par la coursive. De plus, par l’absence volontaire de personnages, le collage permet d’imaginer l’activité humaine qui à engendré le placement de ces objets dans l’espace. Nous pouvons presque voir les habitants disposant leurs pots à leur guise et allumer le tuyau d’arrosage lors de l’entretien du jardin partagé. L’absence de toute représentation humaine permet au potentiel client de s’interroger sur la proposition et, par la suite de se l’approprier. Ainsi, les fragments, par leur nature disparate, narrent une projection très riches de sens et d’envies de la part des architectes et des récepteurs de la composition.


temporalité et mouvement

Par le vent dans le linge qui sèche, par l’eau qui jaillit du tuyau sur l’herbe et par le léger coucher de soleil,

la dimension temporelle apparait. Elle permet de spatialiser et de temporaliser le récit pour crédibiliser le projet. Ainsi, le rapport au temps renforce cette communication par le crédible de l’usage car il raconte la pratique du lieu par le mouvement. La simulation de cette réalité future se décrit avec plus de détail et d’arguments. Représenter le mouvement induit implicitement le lecteur de l’image à s’ancrer dans la narration voire à la questionner. Il s’agit de comprendre qui a allumé le tuyau, qui fait sécher son linge, ou encore, qui a déposé ces petits pots devant sa porte. Ces questions permettent de se projeter dans l’occupation du lieu. Le regard permet d’habiter activement l’espace représenté: l’oeil ne se contente plus de regarder le collage mais vient l’analyser et l’habiter par le mouvement.

«The idea is the same: we defined a canvas, and the users are now the actors of their own play…» 1

La représentation de l’action et de l’usage s’affirme comme une stratégie solide et convaincante dans la

communication architecturale. Fala conçoit ses projets comme des pièces de théatre, l’espace étant la scène, les fragments d’usages étant le sujet de la pièce jouée. La mise en scène des pratiques par un traitement de mouvement, d’action reflète cette volonté d’interpeller l’autre. Le regard ne doit plus être passif pour pouvoir se projeter. Par la composition du collage et le soin porté au choix des fragments, l’image interpelle et questionne. Ainsi, nous pouvons noter la force évocatrice d’une absence dans une composition collagiste d’architecture. En plaçant l’usage au centre du collage, l’image d’un projet fantasmé se crédibilise, il s’ancre dans un futur qui semble possible. De cette manière, le regard qui découvre le projet n’est plus passif, il devient actif par la narration de la temporalité et du mouvement.

L’agence portugaise a pour habitude de représenter les usages dès les premières phases d’un projet, l’espace

se compose avec les activités qu’il accueille. Les collages sont des témoins de cette intention architecturale. Issus de maquette en trois dimensions, le fond pose un cadre ou vient se loger une narration par la pratique. C’est l’usage qui permet de singulariser la proposition et donc, de la rendre convaincante. Par exemple, dans leurs projets d’appartements comme celui ci, l’agence utilise les même fonds, notamment pour les projections intérieures, et vient habiter de manière spéculative et singulière cette même toile architecturale2. Cette importance de la resprésentation de l’usage dans la communication de leurs projets pose tout de même la question du rapport à la construction d’un imaginaire. Cette étape d’abstraction de la réalité s’affirme graphiquement en niant certaines manifestations de lumière ou par le prélèvement d’oeuvres picturales qui semblent chères à la production de l’agence. Comment ces fragments enrichissent et supportent une narration efficace de projet?

1

AMAYA Sasha, DI CASTRI Theo, SCOTT Cam, «An Interview with Fala Atelier», MVT, 2018

2

Fala atelier, Portraits, Conférence, Graham foundation, Chicago, 2017

35


La représentation des usages sous forme de mise en scène

est un support riche de sens dans la démarche de communication en architecture. Les compositions collagistes, en s’éloignant du rendu photoréaliste, deviennent plus narratives. Par l’abstraction et l’imaginaire, l’image raconte un possible bien différent du rendu photoréaliste.

Ces récits d’espace par le collage s’appuient sur l’expérience

pratique du quotidien et l’appropriation active du projet. Cette démarche se rapproche de la publicité en proposant une hypothèse ou proposition d’occupation qui se vérifie par une démonstration pratique. Il s’agit de convaincre en prouvant un usable crédible dans le lieu projeté. Par exemple, les objets sont intégrés à leurs échelles 36

réelles. L’utilisation du temps permet de concrétiser les pratiques projetées mais aussi de les crédibiliser (par le mouvement, le vent..). De cette manière, le potentiel client devient un acteur de sa propre séduction. Sa sensibilité et sa subjectivité sont invitées à appréhender le projet et à l’habiter -par le regard dans un premier temps-.

L’image convainc par l’appropriation proposée par le

collage car elle rend compte d’un possible à portée de main, un possible crédible.

Cependant, nous pouvons questionner la volonté de ne faire

qu’une démonstration pratique par ces collages. Notamment, lorsque nous nous interessons aux productions de l’agence portugaise Fala Atelier, nous pouvons noter la construction presque évidente d’un univers graphique et d’imaginaire singulier par la mise en scène de ces usages et des fragments dans la composition.


37


II. le collage numérique, narrer par le (re)connu.

II. 1. le prélèvement et la composition d’ambiance dans le collage numérique 1. a. l’action de prélever dans la composition collagiste 1. b. la construction d’une ambiance dans le collage 38

numérique

II. 2. la citation d’oeuvres signifiantes, suggérer par l’illustre 2. a. Fala atelier et Ponto atelier, composer le récit par l’extrait de peinture notoire 2. b. Julia Saraikina et Taisiya Afinogenova, la narration par l’esthétique des années 30-40


Le collage est, par nature, une composition, un

assemblage de fragments d’origines différentes. Cette action du prélèvement et, par la suite, de reconstitution ou de recontextualisation constitue l’essence du concept de collage. De cette manière, il fait appel à des univers particuliers en les associant à des éléments étrangers. Cette composition se nourrit, dans son récit, par ces fragments et leurs force narrative.

Quelle narration de l’architecture est issue de cette

association? 39

Cette seconde partie s’intéressera à la communication

de l’architecture par le prélèvement d’œuvres signifiantes pour la composition d’une image. Tout d’abord, nous questionnerons l’action de prélever des éléments d’univers esthétiques forts pour composer l’image; puis l’intégration de peintures et d’esthétiques reconnaissables dans le collage numérique

Enfin, l’analyse de collages numériques d’architectes

contemporains permettra d’expliciter la construction d’une narration par l’illustre et le connu.


II. 1. le prélèvement et la composition d’ambiance dans le collage numérique

La communication par le collage permet, par sa nature,

de s’appuyer sur une force graphique et narrative des éléments qui le compose. En ce sens, nous nous interessons aux choix de ces éléments et à leurs rôles dans la composition. Dans ce sens, le prélèvement depuis des oeuvres signifiantes nous questionne sur la notion d’extrait de fragments et, par la suite, leurs assemblages par le collage numérique. Ainsi, cette association graphique pose la question de l’ambiance composée par cette ces actions.

1. a. l’action de prélever dans la composition collagiste

40

Dans un premier temps, prélever consiste à prendre une

partie d’un ensemble ou d’un tout1. Cette action constitue une étape fig.11. Le Douanier Rousseau, Deux lions à l’affut dans la jungle, 1910

fondatrice du collage. En effet, sélectionner le fragment à extraire pour l’assembler à une composition, concentre un des enjeux majeurs dans la narration de l’image composite. Dès les premières compositions cubistes, notamment la Nature morte à la chaise cannée ( 1912 de Picasso ), le collage exprime l’importance de prélever différentes représentations et fragments d’un même objet, pour renseigner une pluralité de caractéristiques en une seule composition. Par le collage et l’assemblage, le prélèvement permet le récit plus complet de la

fig.12. David Hockney, Portrait of an Artist (Pool with Two Figures), 1970

chaise.

« What is amazing when you compose the collages is the process of coping and cutting. And we are constantly doing it. [...] Processing an image can be ambiguous, in terms of how pieces of reality are assembled to make an entire image that describes an intended reality.» 2

fig.13. David Hockney, Peter Getting Out of Nick’s Pool, 1966

1

Dictionnaire Larousse

2

Ponto atelier, Entretien «Projecting space», Koozarch, 2017


41

fig.14. Casa I, Portugal, Ponto atelier, Collage, 2018


Cependant, prélever signifie aussi extraire les fragments, les

décontextualiser pour offrir un sens nouveau à la composition dans laquelle ils s’intègrent. Par exemple, dans les collages de l’agence Ponto Atelier pour la Casa I au Portugal, les fragments sont issus de peintures de David Hockney ( Peter Getting Out of Nick’s Pool, 1966 et Portrait of an Artist -Pool with Two Figures-, 1970 ) et du Douanier Rousseau ( Deux lions à l’affût dans la jungle, 1910 ). Ces extraits

(sc.11.)

sont décontextualisés de leur composition d’origine pour intégrer la représentation de la maison contemporaine. Dans cette nouvelle réalité projetée, les fragments fonctionnent de manière analogue à des greffes. Leurs caractères graphiques, leurs sens et leurs forces évocatrices prennent racines dans la nouvelle composition.

le prélèvement numérique pour le collage (sc.12.)

Dans le collage numérique, le prélèvement des fragments

se fait grâce à des logiciels de PAO1 qui permettent de découper 42

virtuellement dans l’image de base. Ces derniers proposent tous un fonctionnement similaire dans l’extraction et la découpe de la partie choisie depuis la peinture, la photographie ou l’illustration. Par un outil de sélection numérique qui permet de détourer l’image, l’architecte peut, par la suite, l’extraire pour en faire un élément isolé. Ce dernier sera, ainsi, inséré dans le collage.

Selon le type de détourage ( découpage numérique ),

(sc.13.)

l’assemblage sera plus ou moins homogène. Par exemple, le découpage strict du contour des singes du tableau du Douanier Rousseau Singes dans l’Orange grove, 1910, (sc.11.), permettra une intégration aisée des deux animaux. Cependant l’abstraction de la végétation, en premier plan, produira une anomalie lors du collage, contrairement au schéma 12 ou 13. D’une autre manière, si la narration de l’image porte la volonté de rendre compte d’un assemblage hétérogène, le schéma 14 permettra, par son détourage décalé, de renforcer les limites entre

(sc.14.)

chaque fragment de la composition.

1

PAO: publication assistée par ordinateur grâce à des logiciels. Par exemple, Photoshop, Illustrator et d’autres pro-

grammes.


De plus, avec l’utilisation du numérique, les sources de prélèvement du collage d’architecture deviennent plus

multiples. Les peintures sont accessibles pour être prélevées, tout comme les photographies, les publicités et les bandes dessinées. Nourris par des ressources graphiques numériques presque infinies, le collage d’architecture se compose par le choix précis des fragments. Certaines agences mettent alors en place un protocole ou un corpus d’œuvres ( picturales, photographiques.. ) limitées afin de restreindre le choix des sources. La construction de ce corpus permet aussi à l’agence d’avoir une identité graphique claire et reconnaissable dans sa communication graphique. Par exemple, l’agence d’architecture portugaise Fala Atelier utilise de façon récurrente des fragments de peintures du Douanier Rousseau et de David Hockney, tandis que l’agence parisienne NP2F se concentre sur des extraits photographiques.

Enfin, le prélèvement d’extraits d’œuvres ou d’images reste une étape fondatrice du collage numérique.

Le choix du fragments, son extraction et son insertion dans la composition permettent de narrer un récit orienté sur l’espace projeté. En effet, ces fragments racontent l’espace en associant leurs signification et leurs à celle du projet, ils composent une ambiance graphique et donc une narration plus riche dans la communication. Comment définir une ambiance en architecture et comment elle devient un fort outil de communication et de séduction?

1. b. la construction d’une ambiance dans le collage numérique « L’ambiance est un phénomène au sens plein de la phénoménologie, autrement dit la conscience d’une expérience sensible. Elle ne se définit pas comme un objet ou un substitut d’objet, mais comme une réalité spécifique. » 1

Comme l’énonce Thomas Ouard, architecte, la notion d’ambiance renvoie au monde du sensible, des émotions

et de l’imaginaire. Dans ce sens, elle reste un élément de l’architecture difficile à définir et pourtant omniprésent dans le processus de conception et de communication du projet. En effet, une ambiance est une atmosphère qui environne une personne, un lieu2, et non un objet palpable. Elle se construit ou, se met en scène le plus souvent dans un rapport individuel car elle fait appel à une sensibilité et donc à une subjectivité. Par ce caractère indéterminé et pourtant accessible à la compréhension sensible, l’ambiance est une composante essentielle dans la narration du projet.

« L’étudier nécessite une approche pluridisciplinaire portant une attention aux dimensions construites, sensibles et sociales de l’espace habité ; – qu’elle ne se réfère pas à une échelle spatiale particulière. Utilisée pour l’habitat, l’espace public, les espaces de travail ou de commerce, les espaces de la mobilité, les espaces de représentation, elle désigne une situation d’interaction sensible. »3

1

OUARD Thomas, « Concevoir une ambiance en architecture ? », 1st International Congress on Ambiances, Grenoble

2008 2

Larousse

3

AUGOYARD Jean-François, « Eléments pour une théorie des ambiances architecturales et urbaines », Les Cahiers de

la Recherche Architecturale. Automne, 1998, n° 42/43

43


En effet, face à cette notion presque immatérielle et multiple, nous pouvons nous appuyer sur des facteurs précis

et mesurables pour comprendre, transformer voire créer une ambiance dans le projet. Selon Jean François Augoyard, la notion d’ambiance architecturale permet de lier des aspects objectifs et scientifiques ( luminosité, température.. ) à des notions plus subjectives ( les émotions, la sensibilité à la lumière, aux sons.. ). Ces deux types de facteurs sont, par la suite, travaillés par des dispositifs architecturaux et traduits dans le collage pour soutenir la communication du projet. Comme l’énonce Evelyne Cohen1, par l’utilisation de l’ambiance, l’espace fait appel à l’observateur par son rapport au vécu, son rapport sensible à l’image et à l’espace. En effet, raconter le projet par le prisme d’une atmosphère permet d’utiliser des émotions déjà expérimentées par l’observateur pour influencer son appréhension du projet. De cette manière, la représentation de l’ambiance par le collage fait appel à la « multi-sensorialité »2 de l’observateur.

Par la suite, la narration d’une atmosphère dans l’image constitue une démarche qui diffère du récit d’une

ambiance par un espace réel en trois dimensions. En effet, la construction d’une ambiance dans le collage nécessite une première mise à plat de l’espace car le projet est représenté. L’assemblage des fragments compose une image en deux dimensions qui crée une distance entre l’espace représenté qui sera seulement appréhender par la vue et l’espace vécu par le corps. Cette distance représentative nécessite donc l’élaboration d’un récit particulier de l’atmosphère projetée.

la construction d’une ambiance composite

Dans cette perspective, les architectes se saisissent d’outils graphiques pour séduire leurs interlocuteurs par

la mise en scène d’une ambiance. Par la citation graphique d’œuvres signifiantes ( peintures, bandes dessinées.. ) ou de 44

moments connus ( noël, les vacances d’été, un plongeon dans la piscine.. ) dans la composition de l’image, le collage compose une ambiance faisant démonstration d’une réalité envisagée. La représentation de cette atmosphère composite se nourrit du caractère évocateur et affectif de chacun de ses fragments. Ces derniers exprimeront la représentation de la lumière, les usages3, mais aussi les facteurs plus subjectifs de l’ambiance. Un fragment associé à une émotion mis en relation avec un second qui témoigne d’un facteur plus objectif permettra de composer une atmosphère et donc, un propos particulier du lieu.

En effet, par l’accumulation et la juxtaposition d’éléments très différents, l’ambiance architecturale se compose

de la même manière que le collage. Par exemple, l’insertion dans le collage de la Summer House de l’Atelier APA, des femmes allongées du tableau de Paul Gaugin ( La sieste, 1894 ) exprimera l’échelle dans l‘image, mais surtout une volonté de l’image à évoquer le calme dans le lieu. Autour de ces femmes allongées de Gaugin, les architectes assemblent des fragments photographiques de mobilier dont la chaise Butterfly des designers Kurchan et FerrariHardoy. En associant ce caractère de l’illustre par cette chaise, l’ambiance représentée se narre comme plus précieuse. Ces extraits de photographies s’intègrent dans la composition avec un détourage précis de leur contour et l’absence

1

COHEN Évelyne et MONNIER Gérard. « L’architecture et ses images », Sociétés et représentations, n°30, 2010-2012

2

CHADOIN Olivier, La notion d’ambiance, Contribution à l’examen d’une invention intellectuelle postmoderne dans le

monde de la recherche architecturale et urbaine, Mélanges, p.153 3

AUGOYARD Jean-François, « A comme Ambiance (s) », Cahiers de la recherche architecturale et urbaine, 2007,

pp.33-37


45

fig.15. Summer House, Toulouse, France, Atelier APA, Collage, 2017 Paul Gaugin, La sieste, 1894


d’ombre sur le sol de cette terrasse. L’architecture de cet espace extérieur est représentée par des volumes simples qui nient une complexité structurelle ou un rapport réaliste à la lumière. Les surfaces sont aplanies et sans textures apparentes. Cela qui crée une distance avec la réalité et qui convoque un imaginaire du projet par l’ambiance. De plus, le paysage est exprimé par la figuration d’un paysage forestier en arrière plan, sans contrainte de raconter le réel contexte de cette maison. L’objectif est d’exprimer la présence du végétal et son épaisseur. Cette narration de la sérénité s’associe graphiquement et par son sens aux extraits de représentation de l’architecture. Ici, le rapport sensible à la végétation, à la lumière et aux usages est narré plus aisément par ce travail d’atmosphère et de contexte sensible de l’image. En effet, cette ambiance composite construit un univers imaginaire de cet espace ouvert, extérieur et couvert par la narration d’un calme précieux.

Ainsi, le collage pose une distance de représentation entre l’espace dessiné et l’atmosphère (re)présentée.

Cette abstraction permet un récit des intentions du lieu et des envies architecturales des maîtres d’œuvres. L’architecture reste dans un registre abstrait, là où la narration semble prioriser le récit de l’ambiance dans le projet. Enfin, par ce travail de composition, l’ambiance souhaitée est traduite pour exposer les intentions architecturales concernant le rapport à l’espace et pas la construction de cet espace dans la technique.

46


Les notions de prélèvement de fragments et, par la suite, d’une

composition d’une ambiance se présentent comme élémentaires dans la démarche de communication par le collage. En effet, la maîtrise de l’assemblage de ces extraits hétéroclites permet la mise en scène d’une atmosphère convaincante. La représentation graphique de facteurs objectifs, mêlée à celle de facteurs plus sensibles permet de construire une narration solide du projet. Le collage assemble des éléments d’origines différentes par un détourage choisi et un traitement des couleurs et des valeurs. Par cette mise à plat, le collage nie certaines réalités de l’architecture pour narrer une ambiance harmonisée de l’espace projeté. Dans cette perspective, cette abstraction peut, cependant, créer une distance entre l’observateur et le projet. En ne représentant pas des détails de lumière ou d’assemblages techniques, il peut sembler plus difficile de faire confiance à l’image collagiste.

Par la suite, la construction d’une ambiance composite,

nous permet de questionner la sélection des fragments du collage numérique. L’image fait appel aux émotions de l’observateur et articule des rapports différents entre l’architecture, la végétation et les fragments d’œuvres notoires. En effet, par leur nature et leur «poids» graphique et culturel, ils influencent la représentation d’une atmosphère dans l’architecture.

Nous pouvons, ainsi, poser l’hypothèse que ces collages

composés par des extraits d’images reconnues construisent des récits singuliers de l’espace. Comment les agences utilisent des extraits d’œuvres ou d’esthétiques signifiantes pour communiquer par le collage? Comment ces fragments rencontrent l’espace architectural?

47


II. 2. la citation d’œuvres signifiantes, suggérer par l’illustre

En portant attention aux fragments utilisés dans ces collages contemporains d’architecture, nous pouvons

noter le soin particulier porté aux œuvres prélevées. En effet, nous distinguons la présence d’un corpus d’œuvres qui sera la source principale des prélèvements graphiques. Des protocoles de sélection et d’assemblage permettent, ainsi, de narrer le projet de façon singulière.

Tout d’abord, nous nous intéresserons à la citation de la peinture ( l’œuvre d’art ) dans l’image collagiste. En

effet, nous questionnerons l’insertion de fragments issus de compositions picturales notoires dans le collage numérique d’architecture. Dans cette perspective, nous analyserons des collages des agences portugaises Fala Atelier et Ponto Atelier. Comment les œuvres sont choisies? Quels impacts narratifs sur le récit du projet et l’identité graphique de l’agence?

2. a. Fala atelier et Ponto atelier, composer le récit par l’extrait de peinture notoire «À première vue, les œuvres de Fala ressemblent à de beaux tableaux projetés dans l’espace. Leurs espaces sont conçus de manière picturale, par le traitement des surfaces, la composition picturale, le suivi du regard, et par un appel à la participation active de l’œil plutôt qu’à la simple reconnaissance de l’atmosphère..»1 48

Dès leurs premières productions collagistes, l’agence portugaise Fala Atelier a introduit des extraits de peintures

ou d’illustrations. Cependant, contrairement à une introduction ponctuelle, la citation picturale devient un point clé de leur identité graphique. De cette manière, leurs images deviennent reconnaissables par leur construction graphique. Cet assemblage inspire, par la suite, de nombreuses agences d’architecture notamment l’agence portugaise Ponto Atelier. L’agence viendra nourrir son écriture du collage par l’utilisation de fragments de peinture, à l’image de Fala Atelier. Au delà d’un simple prélèvement d’un extrait de peinture, ces agences interprètent et se servent du langage de la peinture dans la composition des plans et du récit. Nous porterons notre analyse sur deux collages de ces agences: le collage de la maison «048 House in rua do paraíso» à Porto, Portugal de Fala Atelier ( 2015 ) et le collage de la piscine du projet de la maison «Socalco House» au Portugal de Ponto atelier ( 2017 ). En effet, ces deux compositions utilisent des fragments de peintures illustres au service de leur communication du projet.

l’origine des fragments et leur assemblage

Dans leur conférence «Portraits»2, Filipe Magalhães, co-fondateur de Fala Atelier, présente leur architecture et

leurs représentations collagistes comme des «Théâtres domestiques». Dans cette logique de narration, les fragments

1

JOANELLY Tibor, «Fala Atelier», 2G, n°80, 2019

2

Fala atelier, Portraits, Conférence, Graham foundation, Chicago, 2017


fig.16. Edward Hopper, Summertime, 1943

fig.17.Le Douanier Rousseau, Les tropiques, 1908

fig.18. Edward Hopper, People in the sun, 1960

fig.19. Le Douanier Rousseau, Deux lions à l’affut dans la jungle, 1910

49

fig.20. Giorgione, La Vénus endormie, 1510


peuvent être comparés à des acteurs. En effet, les fragments possèdent un sens et une force narrative qu’ils partagent sur la scène qu’est la composition du collage. Dans le collage de la maison 048 de Fala Atelier, les fragments sont issus de peintures d’Edward Hopper, de David Hockney et du Douanier Rousseau. En effet, les personnages sont des extraits de deux oeuvres picturales de Hopper: Summertime, 1943 pour la femme à la fenêtre principale de la maison, et People in the sun, 1960 pour l’homme dans le jardin. Le traitement de la végétation se compose par des fragments du Douanier Rousseau issues du tableau Les tropiques, 1908 et Deux lions à l’affût dans la jungle, 1910, et enfin le bassin se compose d’un extrait d’eau du Portrait of an Artist (Pool with Two Figures), de David Hockney (1970). Ce choix de sources picturales s’intègre dans un protocole récurrent dans le traitement et la construction du collage de cette agence. Les peintures de Hopper, de Hockney et de Rousseau sont choisies pour habiter et jouer un rôle précis dans leurs collages numériques. «We got obssessed with the way his images (Hockney) were powerful, they were not really about space [...] but there is couple of objects that hint intimacy, and more important there’s a tension, [...] they make you feel something»1

De plus, le collage travaille par analogie dans sa composition et son récit. En extrayant des personnages de

peintures signifiantes, ces derniers viennent apporter leurs sens et leurs émotions à la composition numérique. De cette manière, l’ambiance du collage en est changée et enrichie par cette force graphique et affective. Ici, la femme postée devant la grande fenêtre raconte son plaisir à sentir la lumière sur son visage. Dans le tableau originel, le personnage 50

se trouve à l’extérieur. Ici, par cet assemblage, le personnage devant cette baie n’indique pas que la grande échelle du vitrage et de la menuiserie mais les intentions architecturales derrière ce dispositif. En effet, c’est un appel au jardin, au dehors mais aussi une mise en scène de la lumière captée dans la maison. Par ce simple fragment, le collage raconte bien plus que la partie visible du projet, il vient raconter aussi son rapport lumineux intérieur et son confort ainsi que les intentions fortes de l’espace. De plus, le collage se compose comme un tableau. Le cadre de la fenêtre vient reformer un cadre autour du personnages de Summertime. Les objets sont disposés au sol de manière ponctuelle comme dans un tableau de Hockney.

Du côté de Ponto Atelier, l’utilisation des fragments issus de peintures se fait de la même manière . La Vénus

endormie de Giorgione ( 1510 ), insérée dans cette piscine contemporaine, greffe avec sa présence graphique sa sérénité et sa beauté divine du tableau d’origine. Le collage se compose, par la suite, en formant un rapport à l’eau analogue à celui du ciel dans le paysage de Giorgione. En effet la représentation de l’eau se confond avec celle d’un ciel, et renforce cette citation picturale dans la composition. Les draps sur lesquels elle s’étend sont troqués pour les mouvements de l’eau du bassin privé. Par analogie, le paysage du collage et les draps narrent un environnement paisible sous une nouvelle forme dans le collage ( végétation tropicale, mer et piscine ). De plus le rapport au sommeil, par la transposition de cette Vénus aux yeux fermés, appelle l’observateur à se plonger dans cet imaginaire qui lui est présenté.

D’un point de vue technique, l’assemblage de ces éléments à la représentation du bâti, se fait grâce à un

détourage précis des contours des fragments. Le contour est soigneusement découpé numériquement pour les détacher de leur composition originelle. Le projet vient, ensuite, intégrer la greffe par des éléments simples: le vitrage

1

Fala atelier, Portraits, Conférence, Graham foundation, Chicago, 2017


fig.21. 048 House in rua do paraĂ­so, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2015

fig.22. Socalco House, Portugal, Ponto atelier, Collage, 2017

51


chez Fala Atelier et l’eau chez Ponto Atelier. Par cette intégration, le collage se prémuni d’une rupture entres ces éléments qui sont très différents graphiquement.

l’ambiance composite dans ces collages sc.15. sens de lecture

Avec ces fragments forts dans la composition, l’ambiance

générée et habilement travaillée pour communiquer les intentions et les qualités de manière efficace, afin que l’observateur ne se contente pas de lire que le(s) fragment(s) importé(s). la place des fragments dans la composition

Le choix d’insertion des fragments dans le cadre est réfléchi

par une hiérarchie des propos dans la narration et par le sens de sc.16. lignes et composition

lecture de l’image ( en Z ). Par exemple, dans le collage de la maison 048, les extraits se trouvent à gauche et à droite de la façade du projet, afin d’en former un cadre. Puis en son centre, le personnage féminin de Hopper qui vient nous réorienter vers le jardin et cette façade arrière, qui finalement reste la façade principale du projet. Ainsi par

52

leurs disposition dans l’espace du collage, ces éléments guident le regard de l’observateur précisément pour qu’il lise les intentions et les qualités de cette cour sur jardin. sc.17. plans

De la même manière, pour la piscine de Ponto Atelier, le

fragment de la Vénus se greffe dans l’image de manière centrale. En effet, elle est le seul personnage dans le collage et donc la seule figure humaine avec laquelle le potentiel client peut se projeter.

Par la suite, le travail des plans permet de créer une narration

et une ambiance solide de communication. Les extraits de peintures sont plus ou moins loin dans la perspective et attirent le regard vers différents points du récit. Le regard parcourt l’espace projeté par ces sc.18. couleurs

éléments. Il découvre un intérieur et les richesses du jardin ( bassin, végétation.. ) chez Fala Atelier, tandis que Ponto Atelier donne à voir le rapport étroit entre l’eau de la piscine et l’eau de la mer qui borde la maison. Ainsi, la disposition des fragments permet de soutenir un récit de communication clair, à travers les différents plans de l’espace.

le travail de la couleur sc.19. rythme

Afin de renforcer la fluidité dans la lecture de l’ambiance

composée, les couleurs sont utilisées comme un outil clé. En effet,


53

sc.20. mise en ĂŠvidence fragments de peinture dans la 048 House in rua do paraĂ­so, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2015


le collage des autres textures répondent à un enjeu de lisibilité et de communication. De cette façon, les architectes s’appuient sur des gammes chromatiques cohérentes qui permettent d’orienter l’appréhension du collage. sc.21. fragments de peintures

Par exemple, dans le collage de Fala Atelier, les fragments

du Douanier Rousseau étant dans une dominante de vert, le jardin sera composé d’une texture et d’un vert en lien avec la façade et son marbre coloré. Le bassin bleu de Hockney, se lie à des touches de bleus dans la maison. Tout d’abord avec le personnage de Summertime, puis avec le collage des portes ou autres objets racontant l’espace intérieur. Enfin le collage se compose principalement de beige et de

sc.22. sens de lecture

gris, qui forment l’enceinte, le cadre au collage. Ainsi, le vert, le bleu et quelques touches de marron sont mis en valeur dans le récit sans en être déconnectés. En effet, ils font partie du même écrin architectural.

De la même manière, dans la représentation collagiste de la

piscine de Ponto Atelier, le travail des couleurs est primordial dans la construction de l’ambiance. Le végétal et la piscine composent sc.23. lignes et composition

deux tiers de la composition par leur couleur verte. Ces derniers se placent en dessous du l’eau de la mer et indiquent un point de vue en plongée. De plus, le caractère vert foncé, voire presque opaque

54

du bassin fait appel à un imaginaire mystérieux et ambigu entre le calme et l’inquiétant. La narration du sommeil de la vénus porte une ambivalence entre le songe et le mauvais rêve. En effet, cette ambivalence dans le collage numérique semble renvoyer à cette même sc.24. plans

ambiguïté dans la peinture originelle de la Vénus et raconter le projet par une ambiance composite. Enfin les touches ponctuelles de beige se concentrent sur les limites bâties de la piscine et la Vénus. Ainsi, le personnage vient habiter l’eau et le végétal du jardin. La composition chromatique exprime donc les intentions en les gradant. La piscine et son jardin, dans un premier temps, puis la relation avec la mer. La

sc.25. couleurs

piscine propose donc un moment d’intimité, en recul de la mer.

«We can say collages are fragments related to reality, always on a process of searching what describes the idea.»1

sc.26. rythme

L’utilisation de fragments d’œuvres picturales signifiantes est

une stratégie forte dans la communication par le collage numérique.

1

Ponto atelier, Entretien «Projecting space», Koozarch, 2017


Certaines agences construisent ainsi un corpus de peintres dont les oeuvres pourront se lier à leur architecture. En effet, au lieu de construire une réalité virtuelle de toute part, le récit vient puiser des arguments émotionnels, d’ambiances dans des composition déjà existantes et reconnues. L’assemblage et la construction du collage s’organise, donc, comme une greffe d’un morceau de narration déjà établi qui permet de raconter le projet. C’est une citation graphique et narrative signifiante dans la communication et la séduction par l’image composite. Ces extraits racontent souvent plus précisément et d’une manière plus évidente, les intentions sensibles et immatérielles du projet.

55


Enfin, le prélèvement d’éléments dans une peinture signifiante

met en avant une narration et une stratégie de communication explicite. La formation d’un corpus d’œuvres permet de limiter les sources; et de renforcer la représentation des intentions d’une conception de l’architecture. L’assemblage numérique de ces extraits à la réalité virtuelle du projet, exprime les intentions parfois immatérielles mais pourtant essentielles dans la proposition. Le travail de placement des fragments dans l’image permet d’enrichir l’ambiance composite. En effet, les tableaux d’origines de ces fragments influent sur la narration et la perception de l’espace. La citation des ces fragments dans le collage permet d’utiliser leurs caractères originaux pour les ancrer dans une situation analogue contemporaine. Par exemple, 56

le personnage féminin dans Summertime ( Hopper, 1943 ) qui retrouve et raconte un rapport à l’extérieur et à la lumière. Par la suite, le collage convainc en utilisant la peinture dans son vocabulaire de composition. En effet, il utilise une composition qui se nourrit des codes de la composition picturale et fait référence aux tableaux d’origines.

D’autre part, le collage numérique, par sa pluralité de sources,

communique par le prélèvement d’autres productions ou d’autres esthétiques. À une échelle différente, la composition compose une citation par de multiples fragments qui relèvent d’une ambiance ou d’une époque particulière. Comment ces éléments construisent une ambiance et une atmosphère convaincante? Comment cette communication par la citation d’une esthétique diffère de la citation d’éléments picturaux ponctuels notoires?


57


Au delà de la citation picturale, le collage numérique d’architecture utilise aussi le registre du connu, du familier

par l’insertion d’une esthétique particulière. En effet, la narration emprunte des codes et des extraits d’une époque ou d’une tendance graphique riche de sens. Dans cette perspective, nous analyserons la composition collagiste des architectes Julia Saraikina et Taisiya Afinogenova et leur narration par l’esthétique des années 1930-1940.

Par la suite, l’insertion d’une esthétique relève d’un registre différent de celui de l’insertion de fragments picturaux

notoire dans le collage. Tout d’abord, ces deux actions relève d’extraits de natures différentes. Le prélèvement dans des ouvres picturales illustres renvoie à un registre de l’illustre et du notoire. Tandis que le prélèvement d’une esthétique travaille dans un registre plutôt familier. Les années 1930-1040 et leurs cultures graphiques sont un référent plastiques. La compréhension de leurs codes, de leurs graphismes est intégré dans le collage numérique. La composition crée une narration qui repose sur la création d’ambiance selon une culture plastique précise. Ceci diffère de l’insertion de fragments picturaux aux caractères notoires voire presque sacrés dans le collage. Par cette différence de registre, et de communication par l’image, comment le collage numérique utilise la

citation d’un référent plastique?

2. b. Julia Saraikina et Taisiya Afinogenova, la narration par l’esthétique des années 1930-1940 58

Dans un premier temps, ce collage s’inscrit dans une production de concours d’architecture. Ce dernier se

concentrait sur l’étude de quinze villes russes dans le cadre du grand projet d’amélioration des espaces et lieux publics. Dans chaque ville, il était nécessaire d’aménager de trois à douze bâtis et espaces publics parmi lesquels se trouve des rues, des places, des parcs. Par ce contexte concurrentiel, les images doivent convaincre d’autant plus que plusieurs architectes apportent leurs idées et intentions de projet. L’enjeu est donc de se démarquer tout en restant accessible et séduisant. Le collage de Julia Saraikina et Taisiya Afinogenova s’intéresse à la ville d’Astrakhan, avec son grand parc de plusieurs hectares.

l’origine des fragments et leur assemblage «Well-known symbols attracts viewer’s attention instantly and makes him or her explore the project in detail to find other interesting solutions. [...] We wanted to evoke the desire of the audience to immerse into the atmosphere of youth and childhood.»1

Comme l’expose les deux architectes russes, les fragments sont considérés comme des symboles et des

porte-paroles graphiques des qualités de l’espace, car ils s’inscrivent dans une volonté de traduire une ambiance précise dans le collage,. De cette manière, les personnages sont des extraits de publicités des années 30 en couleurs

1

SARAIKINA Julia et AFINOGENOVA Taisiya, Entretien «Evoking Atmospheres of Youth And Childhood», Koozarch,

2017


fig.23. Public Spaces for Astrakhan city, Russia, Julia Saraikina & Taisiya Afinogenova, Collage, 2017

59

sc.27. mise en avant des fragments issus de publicitĂŠs, Public Spaces for Astrakhan city, Russia, Julia Saraikina & Taisiya Afinogenova, Collage, 2017


pour des articles de bicyclettes ou de voitures. S’appuyer sur cette esthétique renvoie, non seulement, à un univers connu ancien mais aussi aux messages idéalisés transmis par ces publicités. Par exemple, l’utilisation de ces personnages dans les différents plans, ponctue le récit et la découverte de l’espace en narrant une atmosphère choisie. sc.28. fragments de publicités

Ces personnages idéalisés racontent graphiquement et narrativement des idéaux, des valeurs de bonheur partagé, de rêves.. Ce récit identifié est donc extrait des affiches publicitaires pour renforcer la représentation de la réalité projetée dans la proposition de Saraikina et Afinogenova. Ces premières sélections signifiantes de fragments influent sur le choix de représentation du reste du projet. En effet, les architectes prélèvent, par la suite, des illustrations colorées de Yukiko

sc.29. sens de lecture

Suto1, notamment issues de son travail sur les banlieues. Elles seront utilisées pour représenter certaines masses végétales basses. Afin d’assembler les fragments pour un rendu homogène, le détourage des extraits se fait sur leur contour précis. Ainsi les collisions entre les fragments d’origine différentes s’effacent. Le vocabulaire graphique des personnages se lie à celui des illustrations contemporaines en composant une atmosphère hybride.

60

sc.30. lignes et composition

la composition des fragments au service de cet imaginaire

La composition quadripartite du collage permet de diriger

le regard de l’observateur vers différents points de l’image et donc du projet. Cette dernière permet de hiérarchiser le propos et ainsi, sc.31. plans

d’identifier les quatre points clés du projet: le travail de la coursive, l’ouverture et l’aménagement d’un parc, la liaison de l’espace public avec les bâtis existant et enfin le rapport au ciel cadré par la coursive. Ces éléments sont liés par le collage et par les fragments qui viennent donner vie et émotion au lieu. Le couple au premier plan apporte l’attention de l’observateur vers l’espace dégagé et libre du parc, puis, par les quelques visiteurs, son regard vient découvrir les dispositifs

sc.32. couleurs

paysagers et urbains du projet.

1

SUTO Yukiko, Exposition «Traces of Nature in Japanese Suburbs», Take Nikagawa, Tokyo, 2012

2

SARAIKINA Julia et AFINOGENOVA Taisiya, Entretien «Evoking Atmospheres of Youth And Childhood», Koozarch,

2017


fig.24. Elswick cycles, «Famous for finish», Affiche publicitaire, 1937

61

fig.25. Royal Enfield, «Royal Enfield Bicycles are the best»,Bicycle For Lasting Fitness, Affiche publicitaire, 1930


les couleurs pour signifier une esthétique particulière « We believe that a park should evoke childhood impressions, dreams and a sense of freedom, therefore we applied the simple, intuitively comprehensible graphics, [...] During the graphics developing of the perspective views, we were inspired by travel posters of 1930x – 1940x. Colorful, artistic, atmospheric, they call to visit the place, which is depicted on them.»2

Par la suite, les architectes travaillent l’univers chromatique du collage numérique. La composition s’éloigne

d’un réalisme chromatique pour prioriser la lecture des couleurs et des fragments. En mettant cette distance entre les couleurs réelles des éléments représentés, l’image appelle l’observateur à se plonger dans l’imaginaire qui lui est présenté. Par exemple, les arbres deviennent rose-orange, la même teinte que la structure ou d’autres interventions bâties de l’espace public. Par ce même travail ponctuel, le jaune et le rose pâle viennent lier la végétation de Yukiko Suto, les personnages des publicités avec le site du projet. Ces traitement ponctuels de couleurs s’inscrivent dans une dominante de gris et blanc et viennent représenter les interventions dans le projet. En effet, afin d’expliciter graphiquement le projet, les architectes représentent par la couleur les usages et les dispositifs mis en place sur l’espace public.

Ces trois couleurs ( jaune, rose-orange et rose pâle ), sont choisies et organisées pour raconter l’ambiance

et les intentions sensibles du lieu. Par cet emprunt chromatique aux publicités des années 30, le projet expose ses 62

ambitions de liberté, de rêve et de naïveté dans le rapport au parc. En effet, les affiches utilisées pour prélever les personnages travaillent les couleurs afin de représenter un univers infini de possibilités, qui est accessible par l’achat de la bicyclette. Ce rapport conatif1 se développe, de la même manière, dans le collage numérique des architectes. Les couleurs incitent à accepter la proposition pour accéder aux qualités sensibles et architecturales du parc. Ce choix chromatique renvoie au référent plastique de cette période des années 1930-1940. En utilisant des teintes et des couleurs similaires, le collage tend à exprimer des qualité de l’espace. Ces dernières renvoient à cette vision d’une vie idéalisée des publicités de cette époque. Comme énoncé précédemment, ce collage travaille l’insertion de messages iconiques codés par l’affectif et la nostalgie. Cette stratégie de communication s’appuie sur le rapport individuel à ces figures anciennes et à l’imaginaire qui leurs est associé.

La communication par l’utilisation d’une esthétique dans le collage numérique apparait ainsi comme une

stratégie particulière. Au delà de l’insertion des fragments, le collage se nourrit et appuie son récit sur un référent plastique. En effet, la gamme chromatique et la composition s’accordent pour raconter le projet avec les codes de l’esthétique choisie des fragments des affiches publicitaires. Par exemple, le vocabulaire graphique s’éloigne d’une transmission réaliste de la couleur des éléments pour favoriser la construction d’une ambiance homogène. L’atmosphère représentée peut, dans un second temps, relater les intentions. Ici, le collage propose le projet comme un appel à l’enfance et à la liberté, et vise à communiquer par des arguments affectifs.

1

DE IULIO Simona, Étudier la publicité, Communication en +, Presses universitaires de Grenoble, 2016, pp 17-44


Enfin, la communication par l’illustre et par le (re)connu

permet de subjectiver le point de vue posé sur le projet. Par le collage numérique, le prélèvement de fragments d’œuvres signifiantes et leur insertion dans la composition crée une réalité narrative plus riche. Leurs sens issus de leurs compositions originelles s’intègrent et se lient à celles du collage numérique. De cette manière, les intentions s’appuient sur des éléments, des extraits graphiques familiers qui mettent une scène un recit proche des envies de son observateur. Par la suite, par la composition d’une ambiance particulière, l’image révèle ses intentions et ses qualités sensibles. En effet, le collage questionne et simule les futures sensations créées par le lieu projeté voire les futures émotions suscitées par l’espace.

L’utilisation du subjectif et des émotions ( communication

émotionnelle ) dans la communication par le collage numérique permet d’exprimer des qualités, des envies qui ne sont, parfois, pas techniquement abouties. Ainsi, ce registre de l’illustre invite à s’abstraire de certaines contraintes pour présenter l’essence du projet.

Enfin, nous pouvons noter une distinction forte entre la

narration par des extraits de peintures signifiantes et la mise en scène d’une esthétique particulière connue. La différence de caractère entre ces fragments de peintures, qui sont tirés d’oeuvres illustres et uniques, et ces morceaux de publicités plus familières, plus communes, admet un récit de l’architecture distinct. En effet, la communication par ces fragments picturaux plus forts, car signifiants dans l’histoire de l’art et de la peinture, construisent des images qui semblent plus éfficace dans leurs récits.

63


III. le collage numérique, intéresser par l’anomalie.

III. 1. l‘anachronisme dans le collage 1. a. Nils Ole Lund, l’anachronisme: outil d’un regard critique 1. b. le travail de la nostalgie dans la narration 64

1. c. Petta Francesca, un récit architectural de l’analogie

III. 2. l’anomalie au service du projet 2. a. La narration de l’espace par la surprise 2. b. Baksa Brian, accueillir l’anomalie par le collage


L’intégration de fragments ou d’une esthétique avec

une identité forte influencent la communication. L’assemblage de ces extraits datés et identifiables peut créer des collisions ou des ruptures dans la lecture de l’espace par l’image composite. Ces ruptures de registre ou temporelles dans la composition crée des opportunités de narration.

Comment ces ruptures, ces anomalies nourrissent

la communication? Comment l’absurde peut convaincre dans le collage?

Cette troisième partie traitera de l’intrigue comme outil

de communication dans le collage d’architecture. Tout d’abord, nous nous intéresserons à l’anachronisme dans le récit du projet par le collage numérique, puis à l’intégration des perturbations dans la composition collagiste. Enfin, l’analyse des collages appuiera par des exemples concrets la construction d’une communication par l’intrigue.

65


III.1. l‘anachronisme dans le collage

« En usant de l’anachronisme, les artistes mettent en place un processus de valorisation de ce qui est considéré dans notre société comme une erreur. Ils en font quelque chose de positif et de productif, puisant simplement dans différents registres qui constituent une richesse culturelle infinie. Ils transforment ainsi des erreurs en une source inépuisable de renouvellement de l’art. » 1

La nature composite du collage pose la questions des collisions dans la représentation. Avec le développement

des logiciels de PAO et des moteurs de rendus de maquettes en trois dimensions, il devient, de plus en plus aisé, de faire s’évaporer les distinctions entre les fragments. En contraste avec ces images lissées et homogènes, certains architectes s’emparent du collage pour utiliser l’enjeu des collisions dans la composition. De cette manière, choisir un traitement de contraste relève d’une forte intention narrative. La mise en scène d’accidents, d’aberrations ou d’anomalies dans le récit devient un moyen de communication graphique. L’assemblage des fragments et leurs choix relate des qualités du projet. Comment l’anomalie devient un outil pour raconter le projet? Comment ces « accidents » sont composés et mis en scène dans le collage? Comment l’intrigue permet de séduire un potentiel client?

66

1. a. Nils Ole Lund, l’anachronisme: outil d’un regard critique « Les artistes qui pratiquent l’anachronisme fragmentent le réel et révèlent la complexité de notre monde. Ils rompent l’actualité d’un lieu, d’un objet, d’une époque en en mêlant plusieurs. Ils contrent l’effet local, réducteur, du point de vue unique […]. Ils multiplient les angles de lecture. » 2

Dans sa série de collages numériques Arcadia (1997), Nils Ole Lund, architecte et enseignant danois,

questionne le point de vue posé par les architectes contemporains sur l’architecture moderne. Il utilise l’anachronisme pour provoquer son interlocuteur et renverser sa lecture du projet. En effet, l’anachronisme est le phénomène de perte de repères chronologiques par le placement d’un fait, d’un usage, d’un personnage… dans une époque autre que celle à laquelle ils appartiennent. Ainsi, Nils Ole Lund construit une composition, un imaginaire atour d’un bâti existant qui est jugé comme « remarquable » dans l’histoire de l’architecture. Cette mise en scène permet de proposer un rapport différent à ces bâtis. Dans cette perspective, mettre à l’écart le caractère exceptionnel et remarquable de ces projets permet de porter un regard plus critique sur ces architectures.2

Pour cela, l’architecture existante est transférée dans un paysage qui appartient à une représentation picturale

antérieure à la construction du bâti. Le travail de décontextualisation des fragments permet d’enrichir ce propos.

1

LANGLOIS Anne, Anachronismes et autres manipulations spatio-temporelles, Dossier de presse de l’exposition,

2007 2

SHIELDS Jenifer AE, Collage and architecture, Routledge, 2014


67

fig.26. Arcadia, Nils Ole Lund, Collage, 1997


Ce décalage dans le vocabulaire graphique et dans la temporalité permet de prendre un recul sur l’architecture moderne.

Dans cette perspective, nous traiterons de

l’insertion de la Smith House1 de Richard Meier dans le collage numérique de Nils Ole Lund. Cette maison est sc.33. fragments

une commande privée qui s’impose, par sa conception, comme une référence dans la culture architecturale. Le bâti s’implante dans un site particulier du Connecticut. Entre un massif de rochers et une forêt de conifères, les espaces s’orientent vers un point précis de paysage selon le programme. Par exemple, les pièces plus privées s’orientent vers les bois, tandis que les pièces partagées se tournent vers l’eau et la falaise.

sc.34. fragments

la composition et l’assemblage des fragments

Divisée en tiers, l’image met en scène la Smith

House dans un paysage rural du 19ème siècle. Cet assemblage 68

anachronique, explicite le lien entre le paysage et la composition architecturale de Richard Meier. Ce caractère retrouvé par l’image contraste avec les photographies sc.35. lignes et composition

de cette maison publiées en 1970 qui se concentraient seulement sur le bâti et ses limites proches. Ces cadrages très serrées perdaient l’expression de la volonté de Meier à travailler une insertion et une relation avec un paysage. Tandis que, par la composition d’Arcadia, la perspective guide le regard des fenêtres de la maison vers la ligne d’horizon du village. Les escaliers mènent de la terrasse

sc.36. plans

vers le rez de chaussée ou pâture un troupeau de bovins. L’assemblage des différents fragments narrent le lien entre la maison et son site d’implantation par son orientation, ses ouvertures et son rapport au sol. Le collage se nourrit des collisions temporelles entre les fragments pour affirmer les intentions du projet qui sont souvent oubliées. Ce décalage permet de questionner et faire apparaître de façon évidente

sc.37. éléments

1

MEIER Richard, Smith House, Darien, Connecticut, 1967


ces caractères oubliés dans la présentation de la Smith House.

la mise en scène anachronique

Dans un second temps, l’implantation de cette architecture moderne dans un paysage romantique du 19ème

siècle adopte le même rôle que la représentation de personnages dans ces paysages. En effet, le paysage dans le courant romantique donne à voir et à comprendre les sentiments et émotions intérieures du ou des personnages. Ici, de la même façon, le paysage devient le témoin des intentions architecturales de la Smith House. Choisir l’anachronisme dans la composition collagiste permet à Nils Ole Lund de sélectionner des fragments signifiants sans se cantonner à des représentations contemporaines.

Par la suite, le courant romantique (19ème siècle ) en peinture représente le paysage comme un moyen d’exprimer

des émotions, des maux personnels, des sentiments1. Par l’intégration de la subjectivité dans la composition, le paysage n’est pas réaliste mais tend à exprimer plus qu’une simple réalité visuelle. De la même manière, l’assemblage de la Smith House, dans cette représentation d’un paysage rural, pousse l’observateur à appréhender la maison à la lumière du caractère romantique du fragment. La présence du cours d’eau et de la forêt entourant la maison, se situe comme la végétation et la place de l’eau dans le site réel de la maison.

Enfin, la mise en scène d’une situation anachronique dans la composition collagiste permet d’expliciter les

intentions premières de l’architecture de Meier. La force des fragments picturaux des paysages du 19ème siècle appuient une narration renforcée du rapport au paysage. Ce récit de l’espace et de la maison rappelle l’importance du site d’implantation. Le caractère remarquable est retrouvé par la lecture de la conception et non par une qualité esthétique supposée. En effet, le travail de composition de Nils Ole Lund donne à voir que ce n’est pas seulement la couleur blanche ou l’utilisation de la géométrie qui rend cette architecture remarquable mais surtout son regard sur le site où elle s’implante. Ainsi, le collage utilise l’anachronisme pour raconter le rapport au paysage et les intentions de conception de la maison par la force de la représentation romantique.

1

AULNAS Patrick, « Le paysage au 19ème siècle », L’histoire de la peinture en 75 pages et 100 illustrations, 2011

69


70

fig.27. Swimming pool, Maria Morais, Collage, 2017


1. b. le travail de la nostalgie dans la narration

À la lumière du travail de Nils Ole Lund, le vocabulaire

de l’anachronisme dans la composition vient s’appuyer sur

sc.38. mise en évidence des fragments de scènes anciennes

un rapport mélancolique à une époque passée. En effet, le travail de certains architectes contemporains, notamment, Maria Morais, met en scène ce rapport à la nostalgie dans leurs collages numériques. Par cette abstraction d’une cohérence temporelle, la communication du projet se subjective selon son observateur. Comme l’architecte l’explique, cela permet à l’observateur de comprendre les intentions et les sensations exprimées dans l’espace.

« This type of abstraction is able to communicate

sc.39. mise en évidence des fragments contemporains

the absolute essence of the project, but at the same time is allowing it to be completely 71

subjective, free and informal, always depending on the observer. »1

la composition

Tout d’abord, l’assemblage des fragments dans

le collage permet de lire l’ensemble du projet bâti, du

sc.40. lignes et composition

premier jusqu’au dernier plan. En effet, les personnages issus des peintures de Jack Vettriano habitent l’ensemble de l’architecture de Maria Morais, ils racontent l’usage et l’accessibilité. Ils ponctuent les vides pour les qualifier et ainsi donner à lire la fonction de cet espace extérieur. Nous pouvons lire une grande place bordée des gradins grâce à l’insertion des personnages qui s’y assoient. De la même manière, que ces danseurs donnent à lire l’échelle de cette place en contre bas. De plus, les quatre défenseurs de la

1 2

MORAIS Maria, « Collage As A Tool To Play With Different Universes », Koozarch, Entretien, 2017 VETTRIANO Jack, The Defenders of Virtue, Peinture, 2006

sc.41. couleurs


vertu2 poussent, par leurs regards, l’observateur à chercher un point central de la composition et à aborder différents volumes de la proposition. Ainsi, les personnages orientent la lecture de l’image par leurs actions, leurs places et leurs regards.

le choix des fragments

Contrairement aux compositions de Nils Ole Lund ou à celles de Saraikina Julia et Afinogeno Taisiya où les

fragments qui créent l’anachronisme datent d’époques antérieures à l’architecture présentée, les collages de Maria Morais utilisent des fragments de peintures contemporaines. Ces derniers sont des extraits de peintures de Jack Vettriano, un peintre contemporain écossais. Bien qu’étant des oeuvres contemporaines, ces peintures narrent une affection particulière pour les années 1940-1950 et pour son cinéma. En effet, par la nature nostalgique de ces créations que nous pouvons qualifier de bienveillante, les fragments construisent une ambiance mélancolique et pourtant séduisante.

«The collage of fragments from Vettriano’s paintings gives us the opportunity to play with

different universes, to cross different realities and dreams. It allows me to create a world of my own, an alternative story, with a certain a-temporal quality. Moreover, some of the scenes painted by Jack Vettriano, from which I took most of my characters, recreate a very intimate atmosphere »1 72

Comme l’exprime Maria Morais, l’insertion de ces fragments provenant des oeuvres de Vettriano ouvre une

narration de l’intimité. En effet, ces extraits composent une atmosphère paisible par leur force évocatrice tirée de leurs tableaux d’origine. Autour de ces éléments, le collage construit un paysage lointain et uniforme. L’espace s’organise de façon équilibrée entre tous ces fragments pour narrer le serein et l’intime dans le projet.

Ainsi, de la même façon que ces peintures de Jack Vettriano, le collage raconte le projet par un point de

vue nostalgique. Cette anomalie temporelle entre le caractère contemporain de la proposition architecturale de Maria Morais et le récit porté par les fragments de peintures de Vettriano, offre une atmosphère douce et reconnaissable à l’observateur.

la construction chromatique

Par la suite , le traitement des couleurs se fait par un choix de teintes pastels avec une dominance de beige

pour le bâti et de bleu pour le contexte paysager environnant. ( faible saturation et forte luminosité ). De cette manière, le caractère chromatique des fragments se lie à la représentation collagée du projet contemporain. En effet, les fragments construisent une atmosphère apaisante par ses couleurs et ses simples textures. Le bâtiment s’assemble aux extraits picturaux sen formant une composition homogène par la représentation graphique et surtout chromatique. L’image numérique utilise cette ambiance composite pour intriguer l’observateur par l’anachronisme. Puis la composition raconte le projet avec ce biais de bienveillance nostalgique pour convaincre. Ce traitement homogène des couleurs donne à lire une cohérent graphique qui permet de représenter l’architecture comme crédible.

1

MORAIS Maria, « Collage As A Tool To Play With Different Universes », Koozarch, Entretien, 2017


«It is through the atmospheric images that we get a real sense of place. They represent the atmosphere, the character, the emotion of a certain space. They play with feeling, memory and imagination. They are common ground.»1

Enfin, le choix de représenter le projet par des figures picturales de Vettriano permet de le rendre compréhensible

à des observateurs non initiés à l’architecture. Comme l’évoque Maria Morais, communiquer le projet par les sentiments, la mémoire et l’ambiance nostalgique construit une narration plus explicite du lieu. C’est une construction de récit qui intrigue par l’anachronisme, puis, qui intègre les émotions singulières de l’observateur. Une fois que ce dernier est impliqué émotionnellement dans cette projection anachronique, le projet dévoile, petit à petit, ses qualités.

73

1

MORAIS Maria, « Collage As A Tool To Play With Different Universes », Koozarch, Entretien, 2017


74

fig.28. Strathclyde University, Francesca Petta, Collage, 2020


1. c. Petta Francesca, un récit architectural de l’analogie

La mise en scène de l’anachronisme dans la communication de l’architecture permet, à la manière de

l’utilisation de fragments d’œuvres signifiantes, de capter le caractère et le sens des extraits choisis et de s’en servir pour raconter les intentions du projet. Saisir l’essentiel d’un projet relève d’une étape clé pour des personnes étrangères à sa conception. Ainsi, associer la narration d’une architecture avec une figure déjà maîtrisée propose un récit différent. Comment l’anachronisme utilise l’analogie pour présenter un projet?

le choix des fragments

Tout d’abord, nous nous appuyons sur le collage de Francesca Petta pour le projet de construction sur des

structures publiques non abouties en Sicile, Italie. Dans ce contexte, l’architecture projetée s’intègre à des bâtis inachevés mais déjà existants. Ce projet se construit à la suite d’un premier travail de recensement des ces structures en Sicile, mené par Claudia D’Aita et Enrico Sgarbi en 2008.1 Grâce à ces premières recherches, Francesca Petta capte le potentiel d’appropriation de ces lieux pour créer une intervention architecturale2.

un programme analogue

«Unfinished public buildings (Incompiuto) in Italy are so widely disseminated that it can be considered as representative of the Italian territory itself and a landmark of the country itself.»3

Comme l’énonce Francesca Petta, ces architectures publiques inachevées font partie intégrante du paysage et

de l’histoire de la Sicile. De cette manière, le choix des fragments assimile ce caractère d’intervention sur des constructions riches d’une histoire de la ville. L’architecte prélève dans une illustre peinture de Raphaël. L’école d’Athènes4 (1510) représente la recherche de la vérité et l’importance de la philosophie dans la Rome antique. Cette peinture est une œuvre majeure et bien connue par le peuple italien. En effet, cette fresque exposée au Vatican, symbolise le lien entre la foi et la raison.

En prélevant les philosophes de L’école d’Athènes, Francesca Petta extraie leurs sens et leurs représentations

graphiques. Ils apportent à la composition un registre reconnaissable pour les italiens. De plus, cette citation d’une peinture du 16ème siècle dans un projet d’architecture contemporain crée un anachronisme qui vient servir le propos. En effet, le récit du projet vise à expliciter les concepts qui font l’essence de l’intervention architecturale. Cette dernière vise à implanter un espace public qui pourra accueillir des événements publics et des ateliers. Ce programme projeté est représenté par la force évocative des fragments de L’école d’Athènes qui explicite son caractère public en utilisant le sens originel de la peinture. En effet, le bâti dans la peinture est un lieu de rencontre, d’apprentissage et de partage.

1 2 3 4

D’AITA Claudia, SGARBI Enrico, «Alterazioni video, Incompiuto siciliano», Abitare, 2008, n°486 PETTA Francesca, «Strathclyde University», Entretien, Koozarch, 2020 PETTA Francesca, «Strathclyde University», Entretien, Koozarch, 2020 RAPHAEL, L’école d’Athènes, Vatican, 1510

75


De façon analogue, le projet de Francesca Petta vise à créer un espace similaire dans cette structure existante.

En s’appuyant sur cette figure de la Renaissance, le collage

numérique met à distance toutes les contraintes techniques pour se concentrer sur l’aspect manifeste projet. En effet, les interventions concrètes ne sont pas représentées pour mettre en avant la mise en scène du programme. Le collage évoque par l’assemblage et la superposition de ces fragments anachronique la ruine et l’histoire d’un sc.42. composition

lieu, d’une ville et d’une culture qui existe en palimpseste.

l’assemblage des fragments la composition

La composition du collage et donc l’assemblage de la figure

anachronique dans l’image se nourrit de la peinture originale de L’école d’Athènes. En effet, la fresque de Raphaël s’appuie sur une composition symétrique avec une perspective à un point de fuite, qui se trouve entre Platon et Aristote. La photographie de l’espace public sicilien qui sert de site d’implantation au projet se compose donc, par 76

sc.43. fragments photographies contemporaines

une perspective à un point de fuite. L’assemblage du fragments de Raphaël avec les piliers de bétons italiens se fait sans collisions ou anomalie dans la construction d’une perspective composite. De plus, le placement des ces piliers de bétons avec leurs armatures ponctuent la composition numérique de la même manière que les pilastres organisent la fresque de Raphaël. La verticalité des poteaux siciliens prolongés par les aciers en attente tendent à intégrer le ciel dans la narration de façon analogue à la peinture de L’école d’Athènes qui offre un rapport au ciel grâce à l’architecture.

sc.44. fragments de peinture

le traitement chromatique

L’insertion de cet extrait anachronique se réalise par un

traitement de ses couleurs d’origine. En effet, la photographie dans laquelle il va être implanté, est en noir et blanc. Ainsi, les couleurs sont déssaturées et leur luminosité est accentuée. Le fragment apparait comme un morceau de couleur plus beige et pastel que dans la peinture du 16ème siècle. Ce traitement par les couleurs favorise l’assemblage et donc la greffe des philosophes dans l’espace public siciliens. Cependant, cette différence, bien qu’atténuée, renforce une lecture en deux temps entre un élément monochrome, en arrière et sc.45. couleurs


77

fig.29. Raphaël, L’école d’Athènes, 1509-1510


moyen plan, et un élément coloré en premier et moyen plan.

Cette construction de la narration par l’anachronisme dans le collage numérique, offre à Francesca Petta une

occasion de pouvoir raconter les intentions d’un projet encore très abstrait techniquement. Les philosophes qui habitent désormais cette dalle sans toit sont, par le collage numérique, des porte-paroles des intentions de ce projet architectural contemporain. Ils se posent comme des «fantômes», les âmes du lieu qui symbolisent les potentiels captés par la proposition de Francesca Petta. Nous pouvons aussi les identifier comme une personnification des intentions du lieu encore non réalisée. Pourtant très abstraite, l’image composite pose des principes de construction de projet par l’existant et par l’intégration de l’histoire de la Sicile.

Par le collage numérique et la lecture de ces éléments qui semblent assez simples, l’architecte raconte le site

comme lieu où se rencontre différentes époques et projets en une même situation urbaine. Le travail de l’anachronisme permet donc de redécouvrir l’ambition de ses lieux inachevés, et de mettre en évidence son potentiel de devinir un espace riche et essentiel dans la culture sicilienne. Par son programme et la compréhension du site, le collage décrit le projet comme une intervention analogue à L’école d’Athènes de Raphaël ( 1510 ). L’espace public devient un lieu essentiel pour échanger et apprendre. Cette association d’idées par le collage numérique fait appel à la culture urbaine et artistique locale italienne pour expliciter la pertinence d’un projet sur ce site. Cependant, cette mise en scène présente des limites car elle ne montre aucune intervention architecturale concrète. Même si les intentions sont narrées avec force, il peut devenir plus difficile de se projeter dans la proposition spatiale. 78


Par essence, le collage assemble, juxtapose et associe

des fragments de nature et d’origine très diverses. Cette multiplicité graphique amène une richesse graphique et temporelle dans la composition collagiste. De cette manière, la mise en scène de l’anachronisme devient une stratégie de narration du projet architectural dans le collage numérique. Le récit ou la présentation d’une architecture projetée par l’anachronisme procède, par ses collisions temporelles, à une prise de recul de l’observateur face à ces anomalies dans la composition. Puis, grâce à cette distance prise entre la réalité concrète et l’image, le collage numérique peut, ainsi, s’adresser à ses interlocuteurs par des intentions, des émotions et des associations d’idées.

Cette communication par l’anachronisme se concentre

majoritairement sur des citations d’époques antérieures. Ainsi, la représentation du projet, par le collage numérique, s’appuie sur la force évocative et émotionnelle d’éléments déjà connus. Cependant, ces images nécessitent un moment plus long pour les appréhender et comprendre l’entièreté de leur discours. En effet, cette narration utilise l’intrigue et la subjectivisation du propos pour capter l’attention de l’observateur, mais demande un temps d’immersion dans l’image pour comprendre ces collisions temporelles.

79


III. 2. l’anomalie au service du projet absurde: qui est contraire à la raison, au sens commun, qui est aberrant, insensé1

La narration par le collage numérique puise la construction d’un fil narratif dans le registre du cinéma avec le scénario ou dans le registre littéraire dans le schéma narratif d’une histoire. Ces rapports divers avec ces manières de raconter enrichissent le récit de l’architecture par le collage. De cette manière, la narration par l’absurde, par l’humour, l’ironie et la surprise s’associe à une démonstration d’un projet encore inexistant. Comment le récit met en scène ces dispositifs narratifs dans le collage numérique? et comment influencent-ils la communication du projet?

2. a. La narration de l’espace par la surprise « La surprise est donc un concept qui peut prendre plusieurs formes pour toucher un public. Qu’elle soit disruptive, axée sur le jeu ou la perplexité, l’effet de surprise n’est qu’un premier point de contact qui permet à une marque d’entrer en relation avec son public.»1

80

Selon Laetitia Faure, la surprise dans la narration publicitaire constitue un premier point de contact avec

l’observateur. De manière analogue, la mise en scène de cet imprévu dans la composition collagiste numérique renferme un fort enjeu de communication. Comment cette surprise dans le collage saisi l’attention de l’observateur? et comment le récit de l’espace s’organise autour de cet élément?

lecture et composition de la «surprise» dans le collage

Tout d’abord, nous analyserons un collage numérique de Objekt architekten pour une maison de particuliers

dans un contexte péri urbain. La première appréhension de la composition collagiste se fait en suivant le sens de lecture traditionnel d’une image ( en occident, de gauche à droite et de haut en bas, en suivant la forme de la lettre z ). De cette manière, l’œil de l’observateur saisi, une première fois, le contexte végétal important, la façade de la maison, la piscine et enfin le cheval qui s’abreuve dans cette dernière. En composant le collage afin que le cheval s’insère à la fin de la première lecture, la narration met en scène la surprise par cette présence animale. Cette intégration du fragment photographique du cheval à droite permet de garder l’attention du lecteur.

Par ailleurs, cette volonté de capter le regard et l’intérêt de l’observateur se lit dans le rapport de ce fragment à

la perspective. En effet, il s’assemble à l’architecture projetée, en ne laissant apparaître qu’une moitié de son corps. Ce dernier fait l’articulation graphique entre le bâti de la maison et la piscine dans le jardin. Il devient un véritable outil de

1

Larousse

2

FAURE Laetitia, «La surprise: nouveau mode de communication ?», Influencia, 2014


81

fig.30. Woning te Hoeilaart, Objekt architekten, Collage, 2016


description et de communication du projet en interagissant avec le bassin. Plus précisément, mettre en scène le cheval qui s’abreuve dans la piscine pousse le collage à exprimer le caractère de l’eau qui aurait été plus confondu avec une autre matière réfléchissant sans l’apparition de vaguelettes à sa surface.

De plus, cette narration de l’inattendu, au niveau du jardin, permet de ren-

forcer cette dualité entre la maison et la piscine. En effet, la maison s’exprime par un sc.46. sens de lecture

dessin rectangulaire dans la composition de la façade, qui contraste avec la bassin circulaire. Ce dernier utilise le vocabulaire formel de la courbe qui est plus en lien avec les formes organiques de la végétation voisine. De cette manière, la présence animale renforce cette intention que le jardin de la maison se lie avec son environnement proche, un environnement majoritairement végétal.

Enfin, ce fragment est mis en valeur pas son unicité dans le collage

numérique. En effet, c’est le seul fragment qui représente un être vivant et qui apporte du mouvement à la scène. sc.47. composition

la mise en scène par la couleur

Le collage de la maison à Hoeilaart s’inscrit dans une volonté de rendu

photoréaliste dans les textures et les traitements de la lumières et des ombres. La narration de la surprise se caractérise par le traitement des couleurs dans la 82

composition. En effet, l’image est composée d’une dominante de vert par la présence importante de végétal, d’une forte présence de teintes grises qui se situent sur la partie bâtie de la maison en béton. Dans cet environnement gris et vert, une touche sc.48. plans

singulière de marron se place en bas à droite, par la présence du cheval. Ainsi, par la composition et par le traitement des couleurs, la présence animale apparait comme une singularité, une anomalie chromatique dans cette image homogène. Ce caractère particulier attire et capte le lecteur par la présence de cet animal qui semble étranger à cette scène domestique.

De plus, cette mise en scène avec cet animal permet d’interpeller

l’observateur et de faire appel à un imaginaire de la foret, de la campagne, que les architectes tendent à insuffler à l’image et donc au projet. En effet, par ce fragment, sc.49. couleurs

les architectes racontent cette rencontre entre le site et l’architecture de la maison. La piscine s’identifie comme une transition entre le béton de la maison vers le caractère plus rural du lieu avec la présence de l’eau et du cheval.

Enfin, par le collage numérique, l’inattendu est mis en scène dans ce même

premier but. Par la suite, le caractère étranger, à première vue, du cheval dans la composition, pose l’observateur comme actif dans l’appréhension de l’image et de la maison. Ce rapport construit à l’imprévu s’inscrit dans une stratégie de gestion sc.50. fragments anomalie


de l’intérêt d’un observateur. En effet, par cette anomalie, ce dernier cherche d’autres anomalies ou observe avec plus d’attention la maison représentée.

Ainsi, l’insertion d’un élément de surprise dans la composition collagiste et donc dans la communication du

projet, est un outil qui se nourrit de la stratégie de la publicité. La présence animale inattendue dans le collage numérique participe à transmettre des émotions et à communiquer des intentions du bâti projeté. C’est aussi un élément primordial dans le collage pour capter l’attention d’un potentiel client et le guider dans la découverte du projet. Si l’on considère le collage sans la présence du cheval, le collage tend à réduire l’expression des intentions d’implantation et la mise en avant de la piscine.

83


2. b. Baksa Brian, accueillir l’anomalie par le collage

Tout d’abord, le collage numérique permet d’expliciter un concept ou une intention par la composition. En effet,

pouvoir traduire les intentions et les qualités architecturales du projet à une personne étrangère est un enjeu majeur de communication. Dans cette perspective, le collage, par sa capacité narrative, permet de construire un univers cohérent et un imaginaire de l’espace. Dans ce rapport fantasmé à l’image, le collage se nourrit du vocabulaire de la littérature fantastique et travaille la mise en place d’une suspension consentie de l’incrédulité1. Selon l’auteur britannique Samuel Taylor Coleridge, la suspension consentie de l’incrédulité se définit comme la nécessité de laisser de côté son incrédulité pour entrer dans le récit2, cette opération mentale permet au lecteur de mettre de côté son scepticisme pendant sa consultation du propos. Transposée au collage numérique d’architecture, la suspension consentie d’incrédulité permet de proposer et de communiquer de nouvelles formes d’architecture, de nouvelles propositions d’espaces domestiques.

«Ce projet recontextualise les relations du logement vernaculaire de Procida, en Italie. S’inspirant de ce précédent, Terra se lance dans la découverte de moyens par lesquels les porosités et les agrégats de matériaux peuvent créer des trous qui permettent de varier la qualité de l’espace.» 2

Dans son projet Terra ( 2018 ), Brian Baska projette un habitat qui s’inscrit dans une volonté d’habiter la masse

minérale et ses porosités. En travaillant les richesses des aspérités du matériaux, la maison s’adapte à son environnement 84

et vient habiter la pierre. Cette intention forte s’explicite dans sa communication par le collage numérique. Ces images sont des documents clés pour exposer le projet et ses intentions à des interlocuteurs. Nous nous appuierons donc sur ces compositions collagistes pour comprendre comment le collage numérique permet d’adopter une proposition que peut sembler récusable. Comment la narration d’un espace domestique particulier intègre l’anomalie dans sa communication?

choisir la vue et composer l’image

La sélection du point de vue dans le projet pour réaliser le collage s’oriente vers une scène intérieure. Dans ce

contexte abrité et clos, une perspective d’une pièce donne à lire l’intimité, l’espace habité du logement. Le collage se construit par une perspective à un point fuite centré. Ce dernier organise le lieu dans un rapport équilibré pour raconter la géométrie simple des éléments structurels ( murs, plafond, plancher ). Les baies rectangulaires ouvrent l’espace vers l’extérieur et explicite l’intention de comprendre le lieu et de l’habiter selon son identité. De cette manière, ces derniers forment le fond de cette scène, le décor qui permettra aux acteurs de cet espace, de s’exprimer. Dans ce rapport intérieur harmonieux, le collage pose les fondations d’un récit de l’espace crédible et acceptable. Par cette composition, l’intégration ponctuelle des roches les inscrit comme des éléments appartenant rationnellement à l’espace domestique.

1

COLERIDGE, Samuel Taylor, Biographia Literaria, The Collected Works, Princeton University Press, tome VII, volume

2, 1983 2

Wikipédia


85

fig.31. Terra House, Brian Baksa, Collage, 2018


raconter par les matières et les formes

Par la suite, la mise en scène dans le collage,

de la pierre comme composante de l’espace domestique s’appuie sur le traitement des formes et des matières. En effet, le choix de la matérialité du logement est traduit dans le collage par des extraits de textures de bétons, de pierres ou de cailloux. Capter la vibration de ces textures dans le collage numérique, permet à l’architecture de raconter les porosités des matériaux. Cet ensemble d’éléments sc.51. composition

minéraux dans ce contexte intime de l’habitat oriente la narration vers une habitabilité d’un espace qui pourrait être jugé comme «froid». La composition s’organise par trois éléments distincts. Le béton, élément porteur du logement, le ciel qui raconte l’extérieur et le site et enfin les roches dans la maison qui se lient aux montagnes environnantes.

Par la suite, les formes des fragments dans la

composition, associent les détourages anguleux des éléments minéraux, aux détourages plus arrondis des éléments végétaux ou qui relève de l’usage ( l’escalier, les sc.52. usages

86

plantes en pot..). Les seuls éléments composés d’arrondis et d’angles sont les étagères dans le béton. Par ce langage formel hybride, le collage raconte la rencontre de la pierre et de l’habitat.

En effet, le décalage entre les roches, évoquant

le site d’implantation, et l’intimité d’un logement se retrouve effacé grâce à la mise en scène de l’espace. Par l’assemblage de la roche avec des fragments d’échelles et de registres différents (escaliers, plantes en pot, tapis), l’anomalie apparait comme envisageable dans cet espace sc.53. matériaux

habité particulier.

habiter la pierre

Par

sa

représentation

graphique,

le

béton

exprime un choix de matériau en lien avec le site et une démarche

vernaculaire

analogue

aux

logements

de

Procida. L’assemblage, au second plan, d’un dispositif d’étagère, qui relève du domestique, au minéral du mur qui relève du paysage montagneux, explicite les intentions de Brian Baska par le collage. Cet élément rend crédible et sc.54. formes

acceptable l’insertion de fragments de roches dans l’espace


intime de la maison. En effet, par la rencontre graphique entre le registre de la roche et celui de l’habitat, le collage numérique communique une façon d’habiter plausible. La composition construit un univers fantasmé du domestique qui apparait comme cohérent par l’image. La mise en scène des éléments minéraux qui pourraient être identifiés comme des anomalies, offre un nouveau caractère à ces fragments qui se présentent comme des constituants essentiels de la maison. Par cette démonstration collagiste, l’architecte explicite son intention de créer un lieu de résidence dans un environnement minéral.

87


La narration graphique par l’anomalie dans le collage

numérique, utilise une stratégie similaire à la citation picturale. En effet, par la mise en scène d’éléments qui semblent, dans un premier temps, étrangers à la composition ou au projet, le collage construit un récit qui utilise l’intrigue pour capter l’attention de son observateur. Cet intérêt s’appuie sur une première appréhension de l’image qui adopte la force d’une narration par la surprise et par l’inattendu. Ce rapport premier à l’image par l’intrigue permet de détourner l’attention de cet observateur et d’amener, dans un second temps, un plus récit contrôlé de la proposition architecturale. 88

La compréhension de la structure d’un récit littéraire enrichit

le collage numérique. Elle permet d’intégrer des rebondissements, des touches d’ironies ou des figures de style pour convaincre. Dans le contexte contemporain concurrentiel des marchés d’architecture, raconter un projet par l’anomalie permet de mettre en avant le propos et l’architecture présentée. En effet, cette démarche offre un récit différent d’une narration sans péripéties. L’anomalie vient, alors, singulariser le collage et donc, le projet. De plus, l’utilisation de l’anomalie dans le collage se manifeste comme une stratégie efficiente pour des projets atypiques. Sa mise en scène permet de rendre acceptable des concepts inédits ou singuliers (Brian Baska, Terra, 2018).


89


conclusion.

90


Pendant les années 1990, la création de logiciels de Pao provoque l’apparition d’une nouvelle forme de collage. Le

numérique se lie à l’assemblage de fragments et propose de nouvelles expérimentations. Ces dernières vont enrichir la manière de communiquer et même de concevoir l’espace architectural. Plus précisément, cette évolution dans la technique de composition ouvre de nombreuses possibilités dans le choix des extraits et dans leurs traitements. En effet, la forme et la représentation collagiste numérique se développent en quelques années avec la forte démocratisation des outils d’infographie en architecture.

Ainsi, pendant ces trois dernières décennies, le collage numérique s’est rapidement imposé dans les rendus contemporains

d’architecture. Dans le cadre de concours ou de travaux étudiants, l’image collagiste apparait avec une forte récurrence dans les représentations des espaces. Par sa multiplicité de formes et d’assemblages, elle s’intègre dans cet enjeu de traduire et de représenter des éléments pluriels, complexes et parfois abstraits. Dans cette perspective, il semble nécessaire d’établir que l’architecte n’est que, rarement, dans un rapport solitaire et isolé avec le projet qu’il conçoit. Pour exister, l’esquisse doit être communiquée et partagée. Sa représentation doit, alors, être efficace et convaincante. En effet, si l’on considère le contexte singulier de concours pour des marchés d’architecture, l’image est la première représentation offerte à ses interlocuteurs. Elle devient, alors, le principal témoignage des enjeux et des ambitions du bâti projeté. C’est par son graphisme que l’espace pourra traduire des mois voire des années de travail, à une personne encore étrangère à son sens.

Partant de ces dynamiques contemporaines, ce mémoire s’intéresse aux rôles et aux pouvoirs du collage numérique dans

la narration d’un espace. Compte tenu du caractère récent de cette technique dans le domaine artistique et architectural, il est plus difficile de trouver des ressources littéraires pour construire cette étude. Dans cette perspective, nous nous sommes orientés vers une méthode plus empirique. Ainsi, la recherche menée dans ce mémoire, s’est concentrée sur un corpus d’images collagistes contemporaines, composées par des architectes. Ces documents sont issus d’une phase de communication du projet. Ils ne sont pas des productions de conception mais bien des supports de narration d’un projet à un stade plus ou moins avancé. Par la suite, chacun des collages numériques ont été sélectionné pour leur caractère graphique particulier. C’est ce corpus de collages qui fonde le développement du mémoire. La méthode de recherche s’appuie donc sur l’analyse détaillée de ces représentations et la compréhension de leurs mécanisme de communication graphique.

À la lumière de l’analyse de ces quinze collages d’architecture et de lectures clés, nous avons pu développer plusieurs

hypothèses de dispositifs de communication par ces compositions numériques d’architecture. En s’intéressant à leur compositions, aux textures et fragments choisis, à leurs couleurs… Nous avons pu mieux comprendre comment le collage numérique permet de narrer un projet d’architecture contemporain.

Tout d’abord, pour comprendre comment le collage numérique communique un projet d’architecture, nous nous sommes

intéressés à comment les architectes, et plus largement comme les êtres humains, communiquent ou reçoivent une image. Dans ce sens, nous avons constaté que la représentation du réel constitue un enjeu essentiel dans la représentation du monde et surtout dans la représentation de l’architecture. Avec l’apport des recherches graphiques précédent l’apparition du collage, représenter une réalité était synonyme de reproduire un fragments de cette dernière. Ainsi, dans ce contexte, les collages numériques ont mis en place une narration par un vocabulaire de rendu photoréaliste. Un vocabulaire qui reproduit et représente la réalité physique du lieu ou de l’espace. Cependant, petit à petit, l’utilisation de ce type de rendu s’est distancée de ce rapport brute avec la réalité photographique, pour orienter le point de vue. Dans cette perspective, le rendu photoréaliste laudatif a permis une insertion d’une narration plus subjective dans la communication par le collage.

Par cette première abstraction d’une réalité « froide » du projet, le collage explore alors des pistes plus narratives, en niant le

réalisme dans le choix des textures et des fragments. La composition communique les intentions dans le récit et fait la démonstration des usages et pratiques du lieu. Projeter et proposer des pistes d’appropriation programmatique par l’image, offre à l’architecte un moyen de crédibiliser son propos. Dans cette démarche, le collage s’éloigne du rendu photoréaliste déjà bien maitrisé par d’autres techniques de perspectives en trois dimensions. Il vient, alors, s’abstraire plus intensément d’une réalité physique ou matérielle pour raconter avec éloquence la vie dans le lieu projeté. Cette orientation vers la construction d’un imaginaire, plus abstrait pour décrire les usages et les pratiques, construit une narration plus poétique de l’espace et donc plus subjective. Par cette stratégie, l’observateur

91


fig.32. L’imprimerie, Collage personnel, 2020

fig.33 L’imprimerie, Collage personnel, 2020

fig.34. L’imprimerie, Collage personnel, 2020

fig.35. L’imprimerie, Collage personnel, 2020

fig.36. Terrain sur le toit, Collage personnel, 2018

fig.37. L’imprimerie, Collage personnel, 2020

92


n’est plus dans un rôle passif mais vient habiter personnellement le lieu par son regard, par sa compréhension et son appropriation de la poésie du collage numérique.

Dans un second temps, le collage numérique utilise le travail de prélèvements et de choix des fragments pour construire

sa narration de l’espace projeté. En effet, en choisissant des extraits d’œuvres illustres ou d’esthétiques reconnaissables, la composition adopte un caractère composite. La représentation de l’espace met en scène une nouvelle réalité projetée où les fragments apparaissent comme des greffes. Leur sens, leurs forces graphiques et évocatrices prennent racine dans la composition numérique. Ces assemblages permettent, alors, d’utiliser la force de l’aspect protéiforme du collage. De cette manière, la création d’un récit hybride entre une architecture contemporaine et des figures illustres anciennes apporte un registre graphique et culturel fort dans le témoignage de l’essence d’un projet; la communication en est plus marquante.

Nous pouvons tout de même distinguer le récit des collages qui citent des esthétiques (re)connues, des images collagistes

qui intègrent des extraits picturaux. En effet, par cette intégration picturale dans la composition spatiale et chromatique, les collages créent une analogie entre le récit de la peinture et celui de l’architecture. Ces associations singulières permettent d’interpeller le regard de l’observateur, et d’appeler en lui son rapport personnel à ces oeuvres notoires. Ce traitement invite, ainsi, à s’abstraire de certaines contraintes de la réalité pour présenter avec plus de conviction l’essence du projet. Par un travail d’associations d’idées, les qualités de l’espace se lient au registre illustre des peintures en formant une ambiance composite. Mêlant ces fragments au collage, cette dernière s’appuie, le plus souvent, sur une composition graphique homogène, qui interpelle les émotions vers une réalité hybride entre architecture et ces oeuvres d’art.

Par la suite, dans son essence même, le collage numérique travaille l’assemblage d’éléments disparates, de natures et

d’origines différentes. Les collisions entre l’architecture et les autres composants graphiques de l’image possèdent un potentiel fort de narration de l’espace. C’est dans cette perspective que la narration par l’anomalie s’inscrit. De la même manière que pour la citation d’œuvres picturales illustres, la composition prélèvent des fragments étrangers pour raconter le projet à la lumière de ces derniers. Dans une première étude, l’anachronisme dans la composition collagiste, s’appuie sur ce décalage temporel entre l’architecture contemporaine et ces fragments plus anciens. La communication utilise, alors, l’intrigue pour susciter l’intérêt de l’observateur pour, par la suite, le guider dans la découverte de l’architecture projetée.

Par la suite, la narration de l’anomalie dans l’architecture travaille la mise en scène de la surprise et de l’inattendu. Pour cela,

la construction de la communication s’inspire de la structure d’un récit littéraire (personnages, éléments perturbateurs, péripéties, touches d’humour..). Ce rapport d’intrigue créé entre l’observateur et le collage numérique permet, non seulement de capter son attention, mais aussi de pouvoir l’impliquer dans la présentation du projet. Ce dispositif offre alors à l’architecte, une narration plus contrôlée de l’espace projeté. De la même manière que pour la citation de fragments picturaux, ou pour la représentation d’usages dans un contexte plus abstrait, la narration par l’anomalie rend acceptable des concepts inédits ou singuliers. En effet, ce récit apparait comme un outil qui offre la possibilité de créer un imaginaire, une ambiance autour d’intentions pour pouvoir les communiquer à un observateur prêt à les accueillir.

Enfin, ce travail d’analyse permet de révéler les distinctions entre ces différentes communications de l’architecture par le

collage. L’influence littéraire, cinématographique, photographique ou picturale enrichi le vocabulaire du collage numérique et lui offre une infinité de fragments et donc de subtilités de narrations. Il apparait, cependant, plus évident qu’une communication efficace ou réussie nécessite la construction d’une narration forte. Par le travail d’intrigue de l’anomalie et d’assemblages de fragments illustres avec une architecture imaginée, la communication se construit avec plus de force. En effet, le récit par la composition collagiste permet graphiquement et narrativement, un enchevêtrement et une accumulation d’éléments très différents, qui donnent finalement à lire toutes les composantes d’un projet. Qu’elles soient matérielles ou qu’elles relèvent plutôt de l’ambiance composite ou des émotions, le collage apparait comme un outil fort de la communication de l’architecture contemporaine.

Cette recherche menée sur le collage numérique dans la communication contemporaine de l’architecture m’a

93


permis de changer et d’enrichir ma compréhension de ces images. De cette manière, mes productions collagistes dans le cadre professionnel ou étudiant se composent, désormais, en intégrant cette notion de narration singulière. En mettant en scène une ambiance, une atmosphère, le collage numérique me permet d’expérimenter et d’appréhender les émotions sont transmises.

D’autre part, il semblerait pertinent de continuer cette recherche avec des entretiens. Des échanges sur la

communication de l’architecture par le collage avec des architectes et avec des jurés de concours. De cette manière, ce travail pourrait s’enrichir de points de vue différents et de nouvelles perspectives sur le sujet.

À partir de cette étude, nous pouvons envisager un nouvel axe de recherche. En effet, le collage d’architecture

tend à s’émanciper du projet et à devenir un objet, une production d’art en soi. Plusieurs expositions se construisent ces derniers temps1, autour de ces compositions collagistes. Avec la démocratisation du numérique et de l’utilisation récurrente du collage dans la pratique professionnelle et étudiante de l’architecture; de plus en plus d’images collagistes habitent les espaces intérieurs domestiques ou des musées. Comme l’expose Fala Atelier dans son entretien avec Amélie Luquain

« Énormément d’architecture sont connues uniquement par leurs images. Boulée est un vrai exemple. Son architecture ne peut exister qu’à travers l’image. Cela instaure un espace où le processus de projet, indépendamment de la réalisation, est au moins aussi important que le produit fini. Pour nous, certains de nos projets non réalisés sont aussi importants que d’autres qui ont été construits. Je crois que le réel 94

est souvent surestimé en architecture.»2

Dans cette perspective, nous pourrons nous demander comment le collage numérique d’architecture se distance du projet pour devenir une oeuvre d’art en soi?

1

«Cut ’n’ Paste: From Architectural Assemblage to Collage City», 2014, MoMA, New York

«Spaces without drama or surface is an illusion, but so is depth», 2017, Graham Foundation, Chicago 2

LUQUAIN Amélie, «Collages de FALA, où l’art de faire parler les images», Chroniques d’architecture, 2018


95


documents annexes.

96


97

iconographie corpus de collage glossaire mĂŠdiagraphie


iconographie. I. le collage numérique, séduire par le crédible. fig.0. Intérieur, Collage personnel, 2020 fig.1. IMVT, Porte d’Aix, France, NP2F, Collage, 2017 fig2. Base Nautique, Île Saint Denis, France, NP2F, Collage, 2019 fig.3, 4, 5. Base Nautique, Ile Saint Denis, France, NP2F, Collage, 2019 fig.6. Whitehouse, OMMX, Collage, 2015 fig.7. Centre d’éveil, Ponto atelier, Collage, 2016 fig.8, 9. 048 House in rua do paraíso, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2015 fig.10. 070 six appartements, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2019 schéma1. sens de lecture: Base Nautique, Île Saint Denis, France, NP2F, Collage, 2019 schéma2. lignes et composition: Base Nautique, Île Saint Denis, France, NP2F, Collage, 2019 schéma3. plans: Base Nautique, Île Saint Denis, France, NP2F, Collage, 2019 schéma4. valeurs: Base Nautique, Île Saint Denis, France, NP2F, Collage, 2019 98

schéma5. couleurs: Base Nautique, Île Saint Denis, France, NP2F, Collage, 2019 schéma6. sens de lecture: 070 six appartements, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2019 schéma7. lignes et composition: 070 six appartements, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2019 schéma8. plans: 070 six appartements, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2019 schéma9. valeurs: 070 six appartements, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2019 schéma10. couleurs: 070 six appartements, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2019

II. le collage numérique, narrer par le (re)connu. fig.11. Le Douanier Rousseau, Deux lions à l’affut dans la jungle, 1910 fig.12. David Hockney, Portrait of an Artist (Pool with Two Figures), 1970 fig.13. David Hockney, Peter Getting Out of Nick’s Pool, 1966 fig.14. Casa I, Portugal, Ponto atelier, Collage, 2018 fig.15. Summer House, Toulouse, France, Atelier APA, Collage, 2017 fig.16. Edward Hopper, Summertime, 1943 fig.17.Le Douanier Rousseau, Les tropiques, 1908 fig.18. Edward Hopper, People in the sun, 1960 fig.19. Le Douanier Rousseau, Deux lions à l’affut dans la jungle, 1910 fig.20. Giorgione, La Vénus endormie, 1510


fig.21. 048 House in rua do paraíso, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2015 fig.22. Socalco House, Portugal, Ponto atelier, Collage, 2017 fig.23. Public Spaces for Astrakhan city, Russia, Julia Saraikina & Taisiya Afinogenova, Collage, 2017 fig.24. Elswick cycles, «Famous for finish», Affiche publicitaire, 1937 fig.25. Royal Enfield, «Royal Enfield Bicycles are the best»,Bicycle For Lasting Fitness, Affiche publicitaire, 1930 sc.11. Detourage du contour précis: Douanier Rousseau Singes dans l’Orange grove, 1910 sc.12. Détourage anguleux avec quelques éléments de contexte: Douanier Rousseau Singes dans l’Orange grove, 1910 sc.13. Détourage avec contexte: Douanier Rousseau Singes dans l’Orange grove, 1910 sc.14. Détourage décalé: Douanier Rousseau Singes dans l’Orange grove, 1910 sc.15. sens de lecture: 048 House in rua do paraíso, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2015 sc.16. lignes et composition: 048 House in rua do paraíso, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2015 sc.17. plans: 048 House in rua do paraíso, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2015 sc.18. couleurs: 048 House in rua do paraíso, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2015 sc.19. rythme: 048 House in rua do paraíso, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2015 sc.20. mise en évidence fragments de peinture: 048 House in rua do paraíso, Porto, Portugual, Fala Atelier, Collage, 2015 sc.22. sens de lecture: Socalco House, Portugal, Ponto atelier, Collage, 2017 sc.23. lignes et composition: Socalco House, Portugal, Ponto atelier, Collage, 2017 sc.24. plans: Socalco House, Portugal, Ponto atelier, Collage, 2017 sc.25. couleurs: Socalco House, Portugal, Ponto atelier, Collage, 2017 sc.26. rythme: Socalco House, Portugal, Ponto atelier, Collage, 2017 sc.27. mise en avant des fragments issus de publicités, Public Spaces for Astrakhan city, Russia, Julia Saraikina & Taisiya Afinogenova, Collage, 2017 sc.28. fragments de publicités: Public Spaces for Astrakhan city, Russia, Julia Saraikina & Taisiya Afinogenova, Collage, 2017 sc.29. sens de lecture: Public Spaces for Astrakhan city, Russia, Julia Saraikina & Taisiya Afinogenova, Collage, 2017 sc.30. lignes et composition: Public Spaces for Astrakhan city, Russia, Julia Saraikina & Taisiya Afinogenova, Collage, 2017 sc.31. plans: Public Spaces for Astrakhan city, Russia, Julia Saraikina & Taisiya Afinogenova, Collage, 2017 sc.32. couleurs: Public Spaces for Astrakhan city, Russia, Julia Saraikina & Taisiya Afinogenova, Collage, 2017

99


III. le collage numérique, intéresser par l’anomalie. fig.26. Arcadia, Nils Ole Lund, Collage, 1997 fig.27. Swimming pool, Maria Morais, Collage, 2017 fig.28. Strathclyde University, Francesca Petta, Collage, 2020 fig.29. Raphaël, L’école d’Athènes, 1509-1510 fig.30. Woning te Hoeilaart, Objekt architekten, Collage, 2016 fig.31. Terra House, Brian Baksa, Collage, 2018

sc.33. fragments: Arcadia, Nils Ole Lund, Collage, 1997 sc.34. fragments: Arcadia, Nils Ole Lund, Collage, 1997 sc.35. lignes et composition: Arcadia, Nils Ole Lund, Collage, 1997 sc.36. plans: Arcadia, Nils Ole Lund, Collage, 1997 sc.37. éléments: Arcadia, Nils Ole Lund, Collage, 1997 sc.38. mise en évidence des fragments de scènes anciennes: Swimming pool, Maria Morais, Collage, 2017 sc.39. mise en évidence des fragments contemporains: Swimming pool, Maria Morais, Collage, 2017 sc.40. lignes et composition: Swimming pool, Maria Morais, Collage, 2017 sc.41. couleurs: Swimming pool, Maria Morais, Collage, 2017 sc.42. composition: Strathclyde University, Francesca Petta, Collage, 2020 100

sc.43. fragments photographies contemporaines: Strathclyde University, Francesca Petta, Collage, 2020 sc.44. fragments de peinture: Strathclyde University, Francesca Petta, Collage, 2020 sc.45. couleurs: Strathclyde University, Francesca Petta, Collage, 2020 sc.46. sens de lecture: Woning te Hoeilaart, Objekt architekten, Collage, 2016 sc.47. composition: Woning te Hoeilaart, Objekt architekten, Collage, 2016 sc.48. plans: Woning te Hoeilaart, Objekt architekten, Collage, 2016 sc.49. couleurs: Woning te Hoeilaart, Objekt architekten, Collage, 2016 sc.50. fragments anomalie: Woning te Hoeilaart, Objekt architekten, Collage, 2016 sc.51. composition: Terra House, Brian Baksa, Collage, 2018 sc.52. usages : Terra House, Brian Baksa, Collage, 2018 sc.53. matériaux: Terra House, Brian Baksa, Collage, 2018 sc.54. formes: Terra House, Brian Baksa, Collage, 2018

conclusion fig.32. L’imprimerie, Collage personnel, 2020 fig.33 L’imprimerie, Collage personnel, 2020 fig.34. L’imprimerie, Collage personnel, 2020 fig.35. L’imprimerie, Collage personnel, 2020 fig.36. Terrain sur le toit, Collage personnel, 2018 fig.37. L’imprimerie, Collage personnel, 2020


corpus de collage fig.38. Base Nautique, Ile Saint Denis, France, NP2F, Collage, 2019 fig.39. IMVT, Porte d’Aix, France, NP2F, Collage, 2017 fig.40. 070 six appartements, Porto, Portugal, Fala Atelier, Collage, 2019 fig.41. Whitehouse, OMMX, Collage, 2015 fig.42. Centre d’éveil, Ponto atelier, Collage, 2016 fig.43. Socalco House, Portugal, Ponto atelier, Collage, 2017 fig.44. Giorgione, La Vénus endormie, 1510 fig.45. Casa I, Portugal, Ponto atelier, Collage, 2018 fig.46. David Hockney, Portrait of an Artist (Pool with Two Figures), 1970 fig.47. David Hockney, Peter Getting Out of Nick’s Pool, 1966 fig.48. Casa I, Portugal, Ponto atelier, Collage, 2018 fig.49. David Hockney, Mr and Mrs Clark and Percy, 1970 fig.50. Le Douanier Rousseau, Le rêve, 1910 fig.51. Summer House, Toulouse, France, Atelier APA, Collage, 2017 fig.52. Paul Gaugin, La sieste, 1894 fig.53. fig.53. Bains, Amsterdam, Pays Bas, Selene Lijie Zhuang, Collage, 2019 fig.54. Portrait of Gabrielle d’Estrées and Her Sister, the Duchess of Villars, 1594 fig.55. 048 House in rua do paraíso, Porto, Portugal, Fala Atelier, Collage, 2015 fig.56. Edward Hopper, Summertime, 1943 fig.57. Le Douanier Rousseau, Deux lions à l’affût dans la jungle, 1910 fig.58. Le Douanier Rousseau, Les tropiques, 1908 fig.59. The Bathing House, Lac Lucerne, Suisse, Eddy Scheidegger, Collage, 2018 fig.60. Roger Broders, Le Soleil sur le cote d’Azur, 1931 fig.61. Public Spaces for Astrakhan city, Russia ,Julia Saraikina & Taisiya Afinogenova, Collage, 2017 fig.62. Royal Enfield Bicycle, Publicité, 1930 fig.63. Arcadia, Nils Ole Lund, Collage, 1997 fig.64. Meier Richard, Smith House, Darien, Connecticut, 1967 fig.65. Swimming pool, Maria Morais, Collage, 2017 fig.66. Vettriano Jack, The Defenders of Virtue, 2006 fig.67. Strathclyde, Francesca Petta, Collage, 2020 fig.68. Raphaël, L’école d’Athènes, 1510 fig.69. Woning te Hoeilaart, Objekt architekten, Collage, 2016 fig.70. Terra House, Brian Baksa, Collage, 2018 fig.71. Casa rural, Lucas y Hernandez Gil, Collage, 2018

101


corpus de collage. I. le collage numérique, séduire par le crédible.

102

I. 1. le collage photoréaliste, la communication par le sensé

I. 2. scénariser l’espace, convaincre par les usages

II. le collage numérique, narrer par le (re)connu.

II. 1. le prélèvement et la composition d’ambiance dans le

collage numérique

II. 2. la citation d’œuvres signifiantes, suggérer par l’illustre

III. le collage numérique, intéresser par l’anomalie.

III. 1. l‘anachronisme dans le collage

II. 2. l’anomalie au service du projet


103

le collage numérique, séduire par le crédible. le collage photoréaliste, la communication par le sensé.


104

fig.38. Base Nautique, Ile Saint Denis, France, NP2F, Collage, 2019


Statut du projet: projet en cours, phase APD Format: 4:3, part d’une série de collages pour un projet Style graphique: collage numérique, collage de photographies de vegétation et de personnages, autour d’un collage d’une image de 3D, texturée avec des textures de matériaux. Cadrage: plan général, projet sur la moitié droite Angle de vue: Vertical Composition: construction en profondeur avec point de fuite. L’espace: premier plan végétation cadre, second plan eau et projet ponton avec étendue vegetale, troisième plan avec projet et contexte environnant, arriere plan vegetation, batis et ciel Couleur: Beige, vert et bleu, proportion similaires Environnement: Jour, été printemps, quelques nuages Personnage(s): 5 personnes Animal (aux): Aucun Véhicule(s): 5 bateaux

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fig.39. IMVT, Porte d’Aix, France, NP2F, Collage, 2017


Statut du projet: projet en cours Format: 4:3, part d’une série de collages pour un projet Style graphique: collage numérique, collage de photographies de vegétation et de personnages, autour d’un collage d’une image de 3D, texturée avec des textures de matériaux. Cadrage: plan d’ensemble, projet sur la moitié droite Angle de vue: Vertical Composition: construction en profondeur avec point de fuite. L’espace: premier plan accès vers l’escalier et sur l’usage de l’école. moyen plan avec la grande cour sur patio et usage libéré et en arrière plan les étages avec la coursive extérieure Couleur: dominance de girs et touches récurrentes de vert. Puis quelques touches de bleu et de rouge. Environnement:

Jour,

été

quelques nuages Personnage(s): 30 personnes Animal (aux) : Aucun Véhicule(s): 1 vélo

printemps,

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108


109

le collage numérique, séduire par le crédible. scénariser l’espace, convaincre par les usages.


110

fig.40. 070 six appartements, Porto, Portugal, Fala Atelier, Collage, 2019


Statut du projet: construit en 2017 Format: carré Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’une image de 3D, texturée avec des textures issues de magazines Cadrage: plan d’ensemble, projet sur la moitié droite Fragments: Végétation: Le Douanier Rousseau, Les tropiques, 1908 Le Douanier Rousseau, Deux lions à l’affût dans la jungle, 1910 VAN GOGH Vincent, Les Tournesols, 1888 Cadrage: plan large, projet centré Angle de vue: Horizontal, perspective à un point de fuite, Point de vue frontal Composition: Vue de face, légère perspective, façade projetée orthogonalement L’espace: premier plan jardin et légère végétation, second projet d’architecture en lien avec les bâtis voisins, arrière plan ciel neutre Lumière: Lumière naturelle Couleur: Dominante grise beige, contraste avec le projet contrasté de noir et blanc avec pointes de vert. Pointe de vert en lien avec le jardin sur le tiers gauche. Environnement: Jour, dégagé et grisonnant, coucher de soleil Personnage(s): Aucun Animal (aux) : Aucun Véhicule(s): Aucun

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112

fig.41. Whitehouse, OMMX, Collage, 2015


Statut du projet: inconnu Format: 3:2, part d’une série de collages pour un projet, même format que celui de la menuiserie blanche Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’une image de 3D, texturée avec des textures issues de magazines, extraits de peintures Fragments: Personnages: Extrait de photographiques Végétation: Le Douanier Rousseau, Les tropiques, 1908 Extraits photographiques

Cadrage: plan moyen Angle de vue: Horizontal, hauteur de regard, Point de vue frontal Composition: Vue de face, légère perspective, façade projetée orthogonalement L’espace: premier plan cuisine de la maison vers la fenêtre au dessus du plan de travail second plan avec le jardin potager et arrière plan avec le contexte bâti voisin et la voirie. Couleur: Dominante grise beige de l’intérieur et de l’extérieur, touche de vert et d’orange dans l’usage Environnement: Jour, dégagé et grisonnant Personnage(s): 9 personnages à l’extérieur, Animal (aux) : Aucun Véhicule(s): 1 voiture

113


114

fig.42. Centre d’Êveil, Ponto atelier, Collage, 2016


Statut du projet: inconnu Format: 3:2, part d’une série de collages pour un projet Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’une image de 3D, texturée avec des textures issues de magazines, de photographies Fragments: Personnages: Extrait de photographiques Végétation: Extraits photographiques Cadrage: plan moyen Angle de vue: Vertical, légère contre plongée Composition: Vue de face, légère perspective, façade projetée orthogonalement 115 L’espace: premier plan jardin et légère végétation, second projet d’architecture en lien avec les bâtis voisins, arrière plan ciel neutre Lumière: Lumière naturelle Couleur: Dominante de rose et de beige par le bâti, Forte proportion de vert par le végétal du jardin. Touche ponctuelle de bleu gris pour l’eau et le ciel. Environnement: Jour, nuageux Personnage(s): 2 personnages à l’extérieur, 1 personnage à l’intérieur Animal (aux) : Aucun Véhicule(s): Aucun


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le collage numÊrique, narrer par le (re)connu. Fala atelier et Ponto atelier, composer le rÊcit par l’extrait de peinture notoire


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fig.43. Socalco House, Portugal, Ponto atelier, Collage, 2017


Statut du projet: inconnu Format: 3:2, part d’une série de collages pour un projet Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’une image de 3D, texturée avec des textures issues de magazines, de photographies et de peinture Fragments: Personnages: Giorgione, La Vénus en-

dormie, 1510 Végétation: Extraits photographiques Cadrage: plan moyen, 3/4 face Angle de vue: Horizontal, plongée Composition: 3/4 face, perspective, avec

119

une forte plongée vers le bassin et vers le point d’eau en contre bas L’espace: premier plan avec le bassin et Vénus, second plan avec une frontière végétale de palmiers arrière plan avec le cours d’eau, mer ou océan Couleur: Dominante de verte foncé avec le traitement du bassin et du végétal, présence plus ponctuelle de beige par le corps de la Vénus et la margelle de la piscine. Un tiers de bleu gris pour le ciel. Environnement: Jour, nuageux et grisonnant Personnage(s): 1 personnage dans le bassin à l’extérieur Animal (aux) : Aucun

fig.44. Giorgione, La Vénus endormie, 1510


120

fig.45. Casa I, Portugal, Ponto atelier, Collage, 2018


Statut du projet: inconnu Format: carré, part d’une série de collages pour un projet Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’un aplat qui représente la face du projet, avec des fragments issus de peintures Fragments: Personnages: David Hockney, Peter Getting Out of Nick’s Pool, 1966 David Hockney, Portrait of an Artist (Pool with Two Figures), 1970 Végétation: Le Douanier Rousseau, Les tropiques, 1908 Cadrage: plan moyen, point de vue frontal Angle de vue: Horizontal, plongée, point de 121

vue frontal Composition: Hauteur de regard, un tiers ciel, un tiers façade, un tiers piscine. L’espace: premier plan avec la plage de la piscine et la végétation ponctuelle second plan avec la piscine en lien avec la façade du bâti arrière plan avec la représentation du ciel

fig.46.

Couleur: Dominante de gris bleu, par la piscine bleu turquoise et le ciel. Importance du blanc dans la composition Environnement: Jour, nuageux Personnage(s): 2 personnages dans le bassin à l’extérieur Animal (aux) : Aucun Véhicule(s): Aucun

fig.47.


122

fig.48. Casa I, Portugal, Ponto atelier, Collage, 2018


Statut du projet: inconnu Format: carré, part d’une série de collages pour un projet Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’un aplat qui représente la face du projet, avec des fragments issus de peintures et d’extraits photographiques Fragments: Personnages: David Hockney, Mr and Mrs Clark and Percy, 1970 Végétation: Le Douanier Rousseau, Le rêve, 1910 Cadrage: plan d’ensemble, point de vue frontal Angle de vue: Horizontal, point de vue frontal, hauteur de regard 123

Composition: 2 tiers du ciel avec l’horizon, un tiers avec le terrain de sport et la bordure extérieur L’espace: premier plan avec la bordure et le seuil construit et de végétation. Second plan avec le terrain de basket et au loin, arrière plan avec la ville et la mer. second plan avec la piscine en lien avec la façade du bâti arrière plan avec la représentation du ciel

fig.49.

Couleur: Dominante de bleu avec le foncé du terrain et le bleu clair dans le ciel, présence plus petite de la végétation et touches ponctuelle de rosé et de blanc. Environnement: Jour, dégagé Personnage(s): 1 personnage à l’extérieur Animal (aux) : 1 chat Véhicule(s): Aucun fig.50.


124

fig.51. Summer House, Toulouse, France, Atelier APA, Collage, 2017


Statut du projet: inconnu Format: 3:2, part d’une série de collages pour un projet Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’un aplat qui représente la face du projet, avec des fragments issus de peintures, de magazines et de photographies Fragments: Personnages: Paul Gaugin, La sieste, 1894 Végétation: Fragments photographiques Mobilier: Fragment photographique de la Butterfly chair Cadrage: plan moyen, point de vue frontal Angle de vue: Horizontal, plongée, point de vue frontal 125 Composition: Hauteur de regard, espace contenu entre le toit et le plancher de la terrasse couverte L’espace: premier plan avec les personnages, le mobilier et la plante second plan avec la coursive plus extérieur et en arrière plan, la végétation très proche de la construction. Couleur: Dominante de beige par l’architecture et présence de vert par la vegetation importante. Les couleurs saturées sont mise en scène par les personnages. Environnement: Jour, ensoleillé Personnage(s): 4 personnages à l’extérieur sur la terrasse Animal (aux) : Aucun

fig.52.


126

fig.53. Bains, Amsterdam, Pays Bas, Selene Lijie Zhuang, Collage, 2019


Statut du projet: inconnu Format: carré, part d’une série de collages pour un projet Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’une image de 3D, texturée avec des textures issues de magazines, de photographies et de peinture Fragments: Personnages: Portrait of Gabrielle d’Estrées and Her Sister, the Duchess of Villars, 1594 Extrait d’illustration du personnage en second plan Cadrage: plan moyen, de face Angle de vue: Horizontal, plongée Composition: vue de face, perspective, avec

127

une contre plongée vers le bassin L’espace: premier plan avec la plage des bassins et les deux personnages second plan avec l’eau et un troisième personnage, et arrière plan avec vue sur un espace de circulation immergé Couleur: Dominante de beige par la matérialité et les personnages, et le bleu de l’eau Environnement: Intérieur avec lumière douce et rosée Personnage(s): 3 personnages dans le bassin à l’intérieur Animal (aux) : Aucun Véhicule(s): Aucun

fig.54.


128

fig.55. 048 House in rua do paraĂ­so, Porto, Portugal, Fala Atelier, Collage, 2015


Statut du projet: construit en 2019-2020 Format: carré, part d’une série de collages pour un projet Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’une image de 3D, texturée avec des textures issues de magazines, de photographies et de peinture Fragments: Personnages: Edward Hopper, Summertime, 1943 Edward Hopper, People in the sun, 1960 Végétation: Le Douanier Rousseau, Les tropiques, 1908 Le Douanier Rousseau, Deux lions à l’affût dans la jungle, 1910 Cadrage: plan d’ensemble, de face 129 Angle de vue: Horizontal, plongée Composition: De face, avec perspective et projection orthogonale de la façade. Hauteur de regard L’espace: premier plan avec le jardin arrière, la terrasse, second plan avec la façade et les bâti voisins, arrière plan avec le ciel

fig.56.

Couleur: Dominante de gris beige, touche de vert par la végétation et de noir par la façade du logement

fig.57.

Environnement: Fin de journée, dégagé Personnage(s): 1 personnage intérieur, 1 personnage dans le jardin Animal (aux) : 1 chat

fig.58.


130


131

le collage numérique, narrer par le (re)connu. Julia Saraikina et Taisiya Afinogenova, la narration par l’esthétique des années 30-40


132

fig.59. The Bathing House, Lac Lucerne, Suisse, Eddy Scheidegger, Collage, 2018


Statut du projet: inconnu Format: carré, part d’une série de deux collages pour un projet Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’une image de 3D, texturée avec des textures issues de magazines, de photographies et de peinture Fragments: Personnages: Roger Broders, Le Soleil sur le cote d’Azur, 1931 Cadrage: plan moyen, de face Angle de vue: Horizontal, plongée Composition: De face, avec perspective et projection orthogonale de la façade. Hauteur 133

de regard L’espace: premier plan du couloir des vestiaires vers le second plan au bout du bâti avec le personnage et l’arrière plan vers le contexte extérieur Couleur: Dominante de jaune pour le bois et la construction et de bleu ciel pour l’extérieur, le rouge apporté par le personnage Environnement: Fin de journée, dégagé Personnage(s): 1 personnage intérieur Animal (aux) : Aucun Véhicule(s): Aucun

fig.60.


134

fig.61. Public Spaces for Astrakhan city, Russia ,Julia Saraikina & Taisiya Afinogenova, Collage, 2017


Statut du projet: inconnu Format: 3:2, part d’une série de collages pour un projet, même format que celui de la menuiserie blanche Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’une image de 3D, texturée avec des textures issues de magazines, extraits de publicité, de peintures et de photographies Fragments: Personnages: Royal Enfield Bicycle, Publicité, 1930 Végétation: SUTO Yukiko, Exposition «Traces of Nature in Japanese Suburbs», Take Nikagawa, Tokyo, 2012 Extraits photographiques Cadrage: plan d’ensemble 135

Angle de vue: Horizontal, hauteur de regard, 3/4 profil Composition: 3/4 profil, perspective L’espace: premier plan avec la coursive et les personnages, puis second plan avec la place publique et en arrière plan le bâti public et le ciel Couleur: Dominante de rose, de blanc et de bleu gris par la construction et la végétation, le sol minéral et le ciel. Touches de jaune et orange dans la végétation et la fontaine Environnement: Jour, dégagé et grisonnant Personnage(s): 6 personnages à l’extérieur, Animal (aux) : 14 oiseaux Véhicule(s): 2 bicyclettes

fig.62.


136


137

le collage numĂŠrique, interresser par l’anomalie. l‘anachronisme dans le collage


138

fig.63. Arcadia, Nils Ole Lund, Collage, 1997


Statut du projet: construit en 1967 Format: 3:2, part d’une série de collages Arcadia Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’une image de 3D, texturée avec des textures issues de magazines, extraits de peintures, extraits photographiques Fragments: Personnages: Extrait de magazines de vêtements Végétation: Peinture du 19ème siècle Maison: MEIER Richard, Smith House, Darien, Connecticut, 1967 Cadrage: plan général Angle de vue: Horizontal, hauteur de regard, plongée vers le bassin 139

Composition: Vue de 3/4 face, perspective, un tiers gauche avec la maison et la foret, puis 2 tiers avec le contexte rural et la rivière. L’espace: premier plan avec le personnage qui marche le long de la rivière, au second plan, le troupeau de vaches à coté de la Smith House, puis arrière plan avec la rivière et le village au loin et le ciel Couleur: Dominante marron beige par le paysage rural du 19eme siecle, touche de valeurs plus claires de beige par l’architecture et le personnage féminin Environnement: Tombée de la nuit, nuageux et grisonnant et éclaircies ponctuelles Personnage(s): 9 personnages à l’extérieur, Animal (aux) : Aucun Véhicule(s): 1 voiture

fig.64.


140

fig.65. Swimming pool, Maria Morais, Collage, 2017


Statut du projet: inconnu Format: 16:9, part d’une série de collages pour un projet Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’une image de 3D, texturée avec des textures issues de magazines, extraits de peintures, de photographies Fragments: Personnages: VETTRIANO Jack, The Defenders of Virtue, 2006 VETTRIANO Jack, The Singing Butler, 2004 Végétation: Extraits photographiques Cadrage: plan d’ensemble Angle de vue: Horizontal, hauteur de regard, Point de vue3/4 face 141

Composition: Vue de 3/4 face, perspective L’espace: premier plan avec les quatre personnages de Vettriano qui regardent vers la place en second plan, les personnages dansent e sont installés sur les gradins, en arrière plan, autres bâtis du projet ponctués de quelques personnages et le ciel et la montagne en fond Couleur: Dominante grise beige des matériaux sur la moitié basse de l’image, moitié haute dominée par du bleu gris du ciel et touches ponctuelles de couleurs par les personnages Environnement: Jour, grisonnant Personnage(s): 36 personnages à l’extérieur, Animal (aux) : Aucun Véhicule(s): 1 voiture

fig.66.


142

fig.67. Strathclyde, Francesca Petta, Collage, 2020


Statut du projet: inconnu

Format: carré, part d’une série de collages pour un projet,

Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’une image de 3D, texturée avec des textures issues de magazines, extraits de peintures, extraits photographiques

Fragments: Personnages: Raphaël, L’école d’Athènes, 1510

Cadrage: plan d’ensemble

Angle de vue: Horizontal, hauteur de regard, Point de vue frontal 143 Composition: Vue de face, perspective

L’espace: Premier plan et second plan avec les philosophes du Raphaël et les constructions d’espaces publiques, en arrière plan, le paysage de la Sicile

Couleur: Dominante grise par les extraits photographiques et touches de couleurs déssaturées par les personnages et le tapis rouge

Environnement: Jour, nuageux et grisonnant

Personnage(s): 42 personnages à l’extérieur, Animal (aux) : Aucun Véhicule(s): Aucun

fig.68.


144


145

le collage numÊrique, interresser par l’anomalie. l’anomalie au service du projet


146

fig.69. Woning te Hoeilaart, Objekt architekten, Collage, 2016


Statut du projet: inconnu Format: 7:8, part d’une série de collages pour un projet Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’une image de 3D, texturée avec des textures issues de magazines, extraits de photographies Fragments: Végétation: Extraits photographiques Cadrage: plan d’ensemble Angle de vue: Horizontal, hauteur de regard, Point de vue frontal Composition: Vue de face, légère perspective, façade projetée orthogonalement L’espace: premier plan avec le bassin et le cheval ainsi que l’ombre forte du végétal, second plan avec la façade de la maison et en arrière plan, le caractère dégagé du paysage environnant Couleur: Dominante verte par le contexte, forte présence du gris par le bâti du projet et enfin, une présence du gris bleu du ciel et du bassin Environnement: Jour, dégagé Personnage(s): Aucun Animal (aux) : 1 cheval Véhicule(s): 1 voiture

147


148

fig.70. Terra House, Brian Baksa, Collage, 2018


Statut du projet: inconnu Format: carré, part d’une série de collages pour un projet Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’une image de 3D, texturée avec des textures issues de magazines, extraits de photographies Fragments: Végétation: Extraits d’illustrations Roches: Extraits de photographies de maquettes Cadrage: plan moyen Angle de vue: Horizontal, hauteur de regard, Point de vue frontal 149 Composition: Vue de face, perspective, façade projetée orthogonalement L’espace: premier plan avec la place du tapis second plan avec l’insertion des premieres roches en lien avec les plantes en pot et l’escalier, arrière plan, par la baie et la lecture du paysage Couleur: Dominante grise beige de l’intérieur et de l’extérieur, touche de vert et d’orange dans l’usage Environnement: Jour, dégagé Personnage(s): Aucun Animal (aux) : Aucun Véhicule(s): Aucun


150

fig.71. Casa rural, Lucas y Hernandez Gil, Collage, 2018


Statut du projet: construit en 2018 Format: 3:2, part d’une série de collages pour un projet Style graphique: Collage numérique, autour d’un collage d’une image de 3D, texturée avec des textures issues de magazines, extraits de peintures Fragments: Personnages: Extrait de photographiques Végétation: Extraits photographiques et d’illustration Cadrage: plan moyen Angle de vue: Horizontal, Point de vue frontal Composition: Vue de face, perspective, plongée L’espace: premier plan avec la table à manger et le second plan avec l’espace du salon et de la salle à manger avec la baie, arrière plan avec la circulation par l’escalier Couleur: Dominante grise beige de l’intérieur et quelques touches de vert et d’orange Environnement: Jour, intérieur éclairé par la lumière naturelle Personnage(s): 2 personnages à l’intérieur, Animal (aux) : 5 poules Véhicule(s): Aucun

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glossaire.

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absurde: qui est contraire à la raison, au sens commun, qui est aberrant, insensé (Larousse) anachronisme: action de placer un fait, un usage, un personnage, etc. dans une époque autre que l’époque à laquelle ils appartiennent ou conviennent réellement; fait, usage, personnage ainsi placé. (Ortolang) analogie: rapport existant entre des choses ou entre des personnes qui présentent des caractères communs ; ressemblance, similitude : Analogie de deux situations, entre deux situations, d’une situation avec une autre. point commun à des choses et qui crée leur ressemblance (Larousse) anomalie: ce qui s’écarte de la norme, de la régularité, de la règle. (Larousse) ambiance: Ensemble des caractères définissant le contexte dans lequel se trouve quelqu’un, un groupe ; climat, atmosphère art naïf : désigne la manière d’aborder la peinture par les « peintres naïfs », dont l’une des principales caractéristiques plastiques consiste en un style pictural figuratif ne respectant pas — volontairement ou non — les règles de la perspective sur les dimensions, l’intensité de la couleur et la précision du dessin. Le résultat, sur le plan graphique, évoque un univers « d’enfant », d’où l’utilisation du terme « naïf ». Dans le reste des arts, ce terme désigne également les œuvres d’artistes, le plus souvent autodidactes, qui se trouvent en décalage avec les courants artistiques de leur temps.(Wikipédia) assemblage : Action d’assembler les éléments d’un tout. Œuvre dans laquelle sont réunis divers matériaux ou objets hétérogènes. (Larousse) cao: Abréviation de conception assistée par ordinateur. (Larousse)

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collage: Technique de composition et de création artistique consistant à assembler et coller de manière physique ou numérique, sur un support des fragments d’éléments séparés, de toutes natures (extraits de journaux avec texte et photos, papier peint, documents, objets divers.). Le collage désigne aussi toute création qui se compose selon ce procédé. Il faut aussi distinguer les collages qui n’emploient que du papier: les papiers collés. (Wikipédia, Larousse) Procédé consistant à fixer sur un support des fragments de matériaux, hétérogènes ou non, en particulier des papiers découpés. Ce geste imaginé par les cubistes dans les années 1910 fut fondamental dans l’art du XXe siècle ; il est également utilisé dans d’autres domaines (musique, littérature, architecture) et remis en avant par l’infographie. Une de ses pratiques insiste sur le rapprochement, la juxtaposition des images (surréalistes avec Max Ernst) ; une autre insiste davantage sur la violence d’impact du matériau et sur les possibilités poétiques et formelles qu’elle libère (Hans Arp, Gaston Chaissac, Georges Dubuffet, Karl Schwitters). (Glossaire des arts, Notre Dame de Reims) « La technique du collage consiste à prélever un certain nombre d’éléments dans des œuvres, des objets, des messages déjà existants et à les intégrer dans une création nouvelle pour produire une totalité originale où se manifestent des rup154

tures, des discordances de types divers. » μ, 1978 collage-dessin : Technique qui associe des dessins architecturaux au trait à des fragments d’origines multiples (Shields) communication: Pour l’émetteur, l’acte de communication consiste à transmettre au récepteur un concept, une idée, une pensée, une information. Pour cela, il va devoir l’exprimer au travers d’un message. Pour être compris, un message doit être émis et reçu grâce à un code commun à l’émetteur et au récepteur. Un code peut être composé de signes tels que des sons (code linguistique), des signes écrits (code graphique), des gestes, des images, des symboles (logo), des signaux mécaniques (morse). Ce message utilise un canal (le média) qui permet d’entrer en contact avec le destinataire. On distingue les canaux physiologiques internes de l’émetteur et du récepteur (audition, vision, odorat…) et les canaux techniques externes (radio, ordinateur,…) qui servent à convoyer le message à travers le temps et l’espace. (Adonis Lalib) communication graphique: ou graphisme ou communication visuelle La communication graphique ( visuelle ou graphisme ) consiste à élaborer des formes, des élé-


ments graphiques ( images, typographie, photos, couleurs etc.) dans le but de communiquer une information à un public désigné. (Académie de Clermont Ferrand) crédible: à qui on peut se fier, qui peut être cru, en quoi on peut avoir confiance (Larousse) dao: Dessin Assisté par Ordinateur. Réalisation de plans, schémas et dessins sur ordinateur à l’aide d’un logiciel spécialisé. (Éditions Eyrolles) détourage: Découpage numérique d’images à l’aide d’outil de logiciels de PAO. espace narratif : L’espace narratif est un espace qui prend son sens en fonction du regard par lequel il nous est donné à voir, soit le regard du narrateur, soit celui d’un personnage particulier (Espaces et narration, F. Lambert) infographie: Application de l’informatique à la représentation graphique et au traitement de l’image. (Larousse) métaphore: emploi d’un terme concret pour exprimer une notion abstraite par substitution analogique, sans qu’il y ait d’élément introduisant formellement une comparaison. (Larousse) montage : Action ou résultat de cette action de mettre ensemble, par des techniques appropriées, des éléments (textes, son, images, photos, etc.) de diverses origines pour obtenir un effet particulier (Larousse) narration : Relation détaillée, écrite ou orale d’un fait, d’un événement. Récit développé dans une œuvre; exposé détaillé de faits et d’actions (Larousse) palimpseste: œuvre dont l’état présent peut laisser supposer et apparaître des traces de versions antérieures (LangueFrançaise)

155


pao: Publication Assistée par Ordinateur. La PAO est l’ensemble des moyens informatiques (ordinateurs, logiciels, scanner... utilisés pour la fabrication des documents destinés à l’impression. (Lexique Amoks) perspective : Art, technique de la représentation en deux dimensions, sur une surface plane, des objets en trois dimensions tels qu’ils apparaissent vus à une certaine distance et dans une position donnée. (Larousse) photographie : Procédé permettant d’enregistrer, à l’aide de la lumière et de produits chimiques, l’image d’un objet. Reproduction de l’image obtenue, qu’elle soit ou non un phototype. Ensemble des techniques d’enregistrement de rayonnements électromagnétiques par des procédés photochimiques. (Larousse) Image ou processus de fabrication d’images sur une surface sensible. (Wikipédia) photomontage : 156

Assemblage en une seule image de plusieurs photographies ou parties de photographies. Collage réalisé à partir d’images photographiques. (Larousse) Assemblage de photographies par collage, par tirage, ou par logiciel donnant à une photo un aspect différent, par incorporation d’une ou plusieurs parties ou de la totalité d’une autre photo et permettant toutes retouches et trucages. (Wikipédia) photoréalisme (rendu) : Le rendu photo réaliste qualifie un rendu visuel tellement détaillé qu’il peut passer pour une photographie. Il s’applique ainsi au domaine de l’infographie. Il ne faut pas confondre le rendu photo réaliste avec les mouvements artistiques Hyperréalisme, Photoréalisme et Réalisme. (Wikipédia) photoshop: Photoshop est un logiciel de retouche, de traitement et de dessin assisté par ordinateur, lancé en 1990 sur MacOS puis en 1992 sur Windows. Édité par Adobe, il est principalement utilisé pour le traitement des photographies numériques, mais sert également à la création ex nihilo d’images. Il travaille essentiellement sur images matricielles car les images sont constituées d’une grille de points appelés pixels. L’intérêt de ces images est de reproduire des gradations subtiles de couleurs. (Wikipédia)


possible: qui peut être fait, obtenu. dont il est envisageable qu’il soit tel (Larousse) représentation : Fait de rendre sensible (un objet, une chose abstraite) au moyen d’une image, d’un signe, etc. ; image, signe qui représente. (Wikipédia) sémiologie: Une analyse sémiologique consiste à dégager les signes fondamentaux d’une publicité, d’une image ou d’un texte et d’en rechercher le sens ou la sémantique qui propre à chaque culture. La sémiologie est aussi confondue avec la sémantique. La sémantique est l’étude du sens en général alors que la sémiologie étudie les signes et leur sens au sein de leur système d’appartenance. La sémiologie appliquée à la publicité se concentre particulièrement sur les images : on parle de sémiologie graphique ou de sémiologie de l’image. On parle aussi de sémiotique visuelle. (Barthes, R., “Rhétorique de l’image”, Communications, n°4, Paris, Seuil, 1964.) (Groupe μ (Edeline, F., Klinkenberg, J.-M), “Voir, percevoir, concevoir. Du sensoriel au catégoriel”, Atelier de sémiotique visuelle, sous la direction de Anne Hénault et Anne Beyaert, Paris, PUF, 2004.)

157

réalisme laudatif: type de réalisme graphique qui transforme des réalités pour louer les qualités des objets représentés. (OZDOBA) rendu: qualité artistique en parlant d’une œuvre d’art, d’un enregistrement, d’une impression, d’un tirage photographique, etc. « Je ne suis pas très satisfait du rendu des gris. Ce qu’il y a de plus remarquable dans ce tableau, c’est le rendu des draperies. Les gravures anglaises et les nombreux dessins que l’on a publiés de la cour des Lions n’en donnent qu’une idée fort incomplète et très fausse : ils manquent presque tous de proportions, et, par la surcharge que nécessite le rendu des détails infinis de l’architecture arabe, font concevoir un monument d’une bien plus grande importance.» (Théophile Gautier, Voyage en Espagne, 1840, édition Charpentier, 1859)


mĂŠdiagraphie.

158


bibliographie primaire

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159


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documents audiovisuels: AGREST Diana YOUNG Michael, Conférence: Representation and Architectural Discussion, 2018 FALA Atelier, Portraits, Conférence, Graham Foundation, Chicago, 2017 MEYER BOAKE Terri, Conférence: The Use of Collage in Creating Speculative Architectural Environments,2015 SENAUD Franck, L’art moderne : l’abstraction internationale (Delaunay, Kupka, Kandinsky, Mondrian) SENAUD Franck, L’art moderne : Douanier, Rousseau et Appolinaire (l’école de Paris, l’invention de l’exotisme) SENAUD Franck, L’art moderne : L’instant dadaïste (les revues, les collages de Schwitters, le théâtre de Jarry, Tzara) SENAUD Franck, L’art moderne : Les cubistes et le collage comme technique : l’invention des arts plastiques (Picasso, Gaudi) SENAUD Franck, L’art moderne : 1924 Le collage surréaliste (Ernst, Breton, Magritte, Man Ray, Tanguy, Dali, Maar ) SFA, «L’Architecture en représentation», Colloque, 2019

expositions: LANGLOIS Anne, Anachronismes et autres manipulations spatio-temporelles, Exposition, 2007 SUTO Yukiko, Exposition «Traces of Nature in Japanese Suburbs», Take Nikagawa, Tokyo, 2012

161


table des matières. Introduction

p.7

Comment le collage numérique est un outil efficient de communication pour les architectes contemporains?

I. le collage numérique, séduire par le crédible. I. 1. le collage photoréaliste, la communication par le sensé

162

p.12 p.14

I. 1. a. la prévalence du rendu photoréaliste en collage d’architecture

p.14

I. 1. b. se rapprocher du réel pour ancrer le projet

p.17

I. 1. c. NP2F, un réalisme laudatif au service de l’architecture

p.18

I. 2. scénariser l’espace, convaincre par les usages

p.26

I. 2. a. la narration de l’ordinaire dans l’architecture

p.26

I. 2. b. démontrer par l’usage pour projeter

p.29

I. 2. c. Fala Atelier, la représentation du programme pour raconter une

p.33

pratique future

II. le collage numérique, narrer par le (re)connu. II. 1. le prélèvement et la composition d’ambiance dans le collage numérique II. 1. a. l’action de prélever dans la composition collagiste II. 1. b. la construction d’une ambiance dans le collage numérique

II. 2. la citation d’œuvres signifiantes, suggérer par l’illustre II. 2. a. Fala atelier et Ponto atelier, composer le récit par l’extrait de pein-

p.38 p.40 p.40 p.43

p.48 p.48

ture notoire II. 2. b. Julia Saraikina et Taisiya Afinogenova, la narration par l’esthétique des années 30-40

p.58


III. le collage numérique, intéresser par l’anomalie. III. 1. l‘anachronisme dans le collage

p.64 p.66

III.1. a. Nils Ole Lund, l’anachronisme: outil d’un regard critique

p.66

III.1. b. le travail de la nostalgie dans la narration

p.70

III.1. c. Petta Francesca, un récit architectural de l’analogie

p.74

III. 2. l’anomalie au service du projet

p.80

III. 2. a. La narration de l’espace par la surprise

p.80

III. 2. b. Baksa Brian, accueillir l’anomalie par le collage

p.84

Conclusion

p.90

Documents annexes

p.96

Iconographie

p.98

Corpus de collage

p.102

Glossaire

p.152

Médiagraphie

p.158


2020-2021

maheva khouane

ensa de toulouse


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