Vous semble-t-il difficile et ardu de discerner la volonté de Dieu? Avez-vous parfois le sentiment de ne pas y voir clair, d’avancer à tâtons à travers la vie ou même l’impression de «faire du surplace»? Si oui, ce petit ouvrage est pour vous! Nettement différent de ce que l’on a l’habitude d’entendre sur le sujet, il remet les pendules à l’heure, ramène à l’essentiel et, surtout, nous ouvre une perspective ô combien libératrice sur cette question qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. Diplômé du Gordon Conwell Theological Seminary, Kevin DeYoung est pasteur de la University Reformed Church, une église d’East Lansing (Michigan) qui accueille toute l’année de nombreux étudiants. Marié et père de trois enfants, il est l’auteur de différents ouvrages, dont plusieurs ont été traduits en français.
CHF 11.90 / 9.90 € ISBN 978-2-8260-3582-4
Kevin DeYoung
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Et si Dieu voulait autre chose pour moi...
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Kevin DeYoung
Et si Dieu voulait autre chose pour moi…
Titre original en anglais: Just Do Something, Kevin DeYoung This book was first published in the United States by Moody Publishers, 820 N LaSalle Blvd, Chicago, IL 60610, with the title Just Do Something Copyright © 2009 by Kevin DeYoung Translated by permission © et édition française: La Maison de la Bible, 2009, 2018 Nouvelle mise en pages 2018 BP 151, Chemin de Praz-Roussy 4bis CH-1032 Romanel-sur-Lausanne E-mail: info@bible.ch Internet: www.maisonbible.net Traduction: Suzanne Baltazard
Sauf indication contraire, les textes bibliques sont tirés de la version Segond 21 www.universdelabible.net Tous droits réservés
ISBN édition papier 978-2-8260-3582-4 ISBN édition epub 978-2-8260-0025-9 ISBN édition pdf 978-2-8260-9765-5
Imprimé en France par Sepec numérique
Table des matières
Remerciements.................................................................................. 9 Préface................................................................................................ 11
1. La longue route vers nulle part........................................... 15
2. Volonté de Dieu et vie chrétienne..................................... 21 3. Déboussolés................................................................................ 35
4. Les écueils de la conception traditionnelle.................... 55
5. Une meilleure voie?.................................................................. 71 6. Conduite divine et manifestations extraordinaires..... 81 7. Attention, prudence!................................................................97
8. La voie de la sagesse............................................................. 111 9. Travail, mariage et volonté de Dieu.................................125
A découvrir aussi...........................................................................153
4. Les écueils de la conception traditionnelle
Cette manière très répandue de considérer la volonté
de Dieu – comme un labyrinthe dont il faudrait trouver
l’issue parmi d’innombrables culs-de‑sac, ou comme le
centre d’une cible (tout le reste n’étant alors qu’un «pis-aller»), ou encore comme une boule magique numéro 8, que
l’on devrait secouer pour faire apparaître quelques «ré-
ponses» tout à fait générales – ne nous aide pas à prendre
des décisions. Elle n’est pas non plus utile pour notre sanctification. Et, parfois, elle déshonore même franchement le Seigneur.
Au chapitre précédent, j’ai évoqué certaines des rai-
sons pour lesquelles nous tenons, de façon quasi obsessionnelle, à connaître cette prétendue volonté spécifique
de Dieu pour notre vie. Dans celui-ci, nous verrons plus précisément pourquoi cette manière courante de voir les
choses n’est pas juste. Ensuite, au chapitre 5, nous examinerons, à la lumière de Matthieu 6.25-34, une meilleure voie.
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Mais tout d’abord, réfléchissons aux problèmes que soulève la conception traditionnelle évoquée ci-dessus.1
Nous nous focalisons sur des décisions non spirituelles Premièrement, cette conception couramment répandue de la volonté de Dieu nous conduit à focaliser notre attention sur des décisions qui ne sont pas d’ordre spirituel à proprement parler. L’Ecriture ne nous dit pas si nous devons habiter à Lille ou à Bordeaux, si nous devons nous inscrire à l’université ou dans une école supérieure, si nous devons acheter une maison ou louer un appartement. Elle ne nous dit pas non plus quel merveilleux(se) chrétien(ne) nous devons épouser, ni comment passer l’été, ni pour quel emploi nous devons postuler. Un jour, dans le cadre d’un message donné sur ce sujet, j’ai dit de manière assez catégorique et peut-être un peu provocatrice: «Pour Dieu, peu importe quelle université vous fréquentez, à quel endroit vous habitez ou quel emploi vous occupez. Ce n’est pas cela qui l’intéresse.» Après la réunion, une jeune femme, que cela faisait réfléchir, est venue vers moi. Cela la décourageait d’entendre que Dieu n’accordait pas d’importance aux décisions les plus cruciales de sa vie. Je lui ai répondu que je n’avais probablement pas été très clair et lui ai expliqué ceci: certainement, Dieu s’intéresse à ces décisions, puisqu’il s’intéresse 1 Les trois premiers problèmes sont aussi mentionnés par Gerald Sittser dans son livre The Will of God as a Way of Life. C’est donc moi qui me suis inspiré de ses réflexions et non l’inverse.
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à nous et à tout ce qui nous concerne dans les moindres détails. Mais, en même temps, et c’est ce que j’ai voulu dire, ce ne sont pas là les questions essentielles abordées dans l’Ecriture. La pureté du cœur, la fidélité à sa Parole, la compassion, la joie, le témoignage à rendre, l’intégrité, la loyauté, l’hospitalité, l’amour, l’adoration, la foi: voilà quelles sont les grandes préoccupations de Dieu en ce qui nous concerne. Et le problème, c’est que, très souvent, nous avons tendance à nous préoccuper de toutes sortes de questions sauf de celles-ci. D’un côté nous sommes obnubilés par des choses dont Dieu ne parle pas et dont il ne parlera sans doute jamais et, de l’autre, nous nous préoccupons très peu de tout ce qu’il nous a déjà révélé dans sa Parole. En d’autres termes, nous passons le plus clair de notre temps à nous tracasser pour des décisions qui ne sont pas d’ordre moral ou spirituel. Je parle des cas où nous avons à choisir entre plusieurs possibilités que la Bible ne désapprouve pas. Opter pour une carrière de biologiste ou pour une carrière d’ingénieur en informatique n’est pas une décision d’ordre spirituel, dès lors – et c’est une condition essentielle – que nos motivations sont pures et que cela ne nous amène pas à faire des choses qui ne sont pas justes aux yeux de Dieu. Si, par exemple, en vous engageant comme médecin dans tel ou tel hôpital vous étiez amené à pratiquer des avortements, ce ne serait pas le bon chemin. Ou si vous envisagiez une carrière dans la politique vous conduisant à dire du mal des autres pour vous hisser sans scrupule au sommet, ce ne serait pas non plus la bonne voie. En revanche, si notre désir et notre motivation sont de faire ce qui est juste et bien, les choix 57
professionnels devant lesquels nous sommes placés ne relèvent pas du domaine moral ou spirituel. Beaucoup des décisions que nous sommes amenés à prendre ne sont tout simplement pas évoquées dans la Bible. Bien entendu, cela ne veut pas dire que nous devrions choisir un métier sans réfléchir, que nous ne devrions pas tenir compte des talents dont Dieu nous a pourvus ou que nous devrions ignorer son exhortation à tout faire pour sa gloire (voir 1 Corinthiens 10.31). Non, je veux tout simplement vous encourager à passer plus de temps à réfléchir comment pratiquer la justice, aimer la miséricorde et marcher humblement avec Dieu (ainsi que nous y appelle Michée 6.81) en tant que médecin, informaticien ou juriste, et moins à vous demander si Dieu veut que vous soyez médecin, informaticien ou juriste.
Notre Dieu serait-il dissimulateur? Deuxièmement, cette conception couramment répandue laisse entendre que Dieu agirait avec ses enfants de façon «sournoise»: il connaîtrait le chemin que nous devons prendre, aurait un plan parfait pour notre vie et, en cas de désobéissance, nous demanderait des comptes, mais il ne nous dévoilerait pas ce plan… Une telle manière de voir les choses rabaisse notre Dieu au rang d’une petite divinité sournoise qui «jouerait à cache-cache» avec nous.
1 «On t’a fait connaître, ô homme, ce qui est bien; et ce que l’Eternel demande de toi, c’est que tu pratiques la justice, que tu aimes la miséricorde, et que tu marches humblement avec ton Dieu.» (NEG)
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Soyons clairs, ce n’est pas que le Seigneur nous dissi-
mule des choses. Il y a, certes, tant de scénarios que nous ignorons, tant de mystères que nous ne pouvons saisir. Mais si, en général, Dieu ne nous révèle pas à l’avance sa
volonté décrétive (voir Deutéronome 29.28), ce n’est pas
parce qu’il veut nous «embrouiller» ou nous cacher la vérité. Malheureusement, la conception traditionnelle de sa volonté spécifique pour nous nous fait croire que, non seulement il nous cache la vérité, mais encore qu’il attend
de nous que nous la découvrions! C’est ainsi que nous en venons à la rechercher de façon obsessionnelle et, parfois
même, à en vouloir au Seigneur de ne pas nous «révéler
clairement» ce qu’il veut de nous. Résultat, nous sommes déçus de nous-mêmes et révoltés contre lui, parce que
nous avons l’impression d’être incapables de saisir son plan pour nous.
Nous voulons savoir de quoi demain sera fait Troisièmement, cette conception pousse à s’inquiéter
de l’avenir. Bien souvent, notre attitude face à cette re-
cherche de la volonté divine n’est pas très différente de
la manière dont on considère un horoscope: nous venons
à Dieu pour savoir si, aujourd’hui, le marché de l’emploi nous sera favorable, si nous rencontrerons l’âme sœur, si
nous serons en sécurité sur la route, etc. Ainsi, notre fascination pour sa volonté trahit souvent notre manque de confiance en ses promesses et sa fidélité.
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Sa Parole nous promet qu’il sera toujours avec nous (voir Matthieu 28.20), mais cela ne nous suffit pas; nous voulons qu’il nous révèle tout à l’avance, du début à la fin, et nous exigeons des preuves pour être certains qu’il est digne de confiance. Au lieu de nous contenter tout simplement d’obéir, un pas après l’autre, nous voulons absolument savoir de quoi demain sera fait. Voilà pourquoi nous devenons anxieux et obnubilés par cette question de l’avenir. Car au fond, n’est-ce pas cela, l’anxiété: vivre le lendemain avant d’y être? Mais voyons ce qui nous est dit dans Jacques: A vous maintenant qui dites: «Aujourd’hui ou demain nous irons dans telle ville, nous y passerons une année, nous y ferons des affaires et nous gagnerons de l’argent», vous qui ne savez pas ce qui arrivera demain! En effet, qu’est-ce que votre vie? C’est une vapeur qui paraît pour un instant et qui disparaît ensuite. Vous devriez dire, au contraire: «Si Dieu le veut, nous vivrons et nous ferons ceci ou cela.» Jacques 4.13-15 Ce texte est un des plus clairs en ce qui concerne la souveraineté de Dieu. Si, cet après-midi, nous parvenons à faire les courses, c’est parce que Dieu a bien voulu qu’il en soit ainsi. Si nous vivons jusqu’à 100 ans, c’est par sa volonté. Si nous mourons à 45 ans, c’est qu’il l’a prévu ainsi. Nous n’avons pas à dire «Si Dieu le veut!» à la fin de chaque phrase, mais cela doit être dans nos pensées et notre cœur. Vivons chaque jour en étant conscients que toutes nos idées et tous nos projets sont sous l’autorité du Seigneur et dépendent de sa volonté. Cela doit 60
non seulement nous garder humbles face au lendemain, mais aussi pleins d’espoir, puisque ce n’est pas nous qui contrôlons les choses, c’est lui. Mais revenons à l’anxiété et à cette tendance que nous avons à vivre le futur avant qu’il n’arrive. En réalité, nous devons renoncer à ce coupable désir de connaître l’avenir et de contrôler notre vie. Nous ne sommes pas des dieux. «Nous marchons par la foi et non par la vue», nous est-il dit en 2 Corinthiens 5.7. Nous pouvons prendre des risques parce que Dieu, lui, n’en prend pas. C’est donc avec confiance que nous envisageons l’avenir et que nous avançons, non pas parce que nous savons ce qui arrivera demain, mais parce que lui, le Seigneur, le sait. Telle est l’attitude qui le glorifie. Nous n’avons pas besoin d’en savoir plus. La crainte de l’avenir, ce n’est pas juste une petite manie, c’est un péché: l’incrédulité. C’est le signe que notre cœur ne se confie pas dans les promesses de Dieu.
Ce n’est pas ma faute! Quatrièmement, cette conception couramment répandue de la volonté de Dieu anéantit peu à peu notre sens des responsabilités, notre capacité à rendre compte de nos choix et notre esprit d’initiative. Je vous donne un exemple en ce qui concerne notre sens des responsabilités. Lorsque j’ai reçu l’appel pour devenir pasteur principal de l’église University Reformed Church, je servais comme pasteur assistant dans le nord-ouest de l’Iowa1 et j’y étais très heureux. Quitter une église que j’aimais n’a pas été 1 Etat des Etats-Unis situé dans la grande région du Midwest. (N.d.E.)
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une décision difficile à prendre. Certaines personnes, dans l’Iowa, m’en ont voulu, et il m’aurait été très facile de leur dire, comme j’avais pu l’entendre moi-même: «C’est ici que j’aime être; si ça ne tenait qu’à moi, je resterais. Humainement, je ne comprends pas bien pourquoi je dois partir. Mais lorsque j’ai prié à ce sujet, il m’est apparu clairement que c’était la volonté de Dieu. Ce n’est pas que ça me plaise, mais je sens très fortement que Dieu veut que j’aille dans le Michigan1.» En parlant ainsi, j’aurais sans doute acquis certaines personnes à ma cause, mais cela n’aurait pas été honnête. Ce n’était pas la faute du Seigneur si je partais. Ma femme et moi avions beaucoup prié avant de prendre cette décision, et je crois qu’elle était agréable à Dieu, tout comme il aurait aussi approuvé que nous restions. Mais c’était ma décision. J’en étais responsable. C’est moi qui ai choisi. Bien sûr, en fin de compte, Dieu avait déjà prévu ce changement. Mais il aurait été injuste que j’utilise sa volonté comme une excuse pour, de mon côté, décliner toute responsabilité dans cette question. Et quand il s’agit de rendre compte de nos choix, c’est la même chose. Veillons à ne pas utiliser Dieu comme un «joker» pour toutes nos décisions. Ce n’est pas parce que nous avons prié que celles-ci sont forcément irréprochables. Certains, je le sais, aiment employer différentes expressions ou formules spécifiques lorsqu’ils parlent de la volonté de Dieu pour leur vie. Cependant, quand nous disons: «Dieu m’a dit de faire ceci ou cela» ou: «Dieu me conduit comme ceci ou comme cela», nous plaçons nos 1 Etat situé sur les deux rives du lac Michigan, à l’est des Etats-Unis. (N.d.E.)
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décisions à l’abri de toute critique et remise en question. Nous devrions donc plutôt dire: «J’ai prié à ce sujet, et cela me semble la meilleure option» ou: «Il semble que le Seigneur dirige les choses ainsi.» Cela exprimerait davantage notre dépendance à son égard. Il ne faut pas que, par des «Dieu m’a dit», «Dieu a mis sur mon cœur», «Dieu veut que», nous coupions court à toute discussion et refusions de répondre des choix qui sont les nôtres. Je n’oublierai jamais le découragement de mon pauvre colocataire qui avait pris le risque de déclarer son amour à une charmante jeune fille… Ils étaient partis pour une longue promenade et il était pratiquement sûr qu’elle répondrait positivement à sa déclaration. Mais il s’est avéré qu’en fait, elle n’était pas intéressée… C’était une fille agréable et gentille, une bonne chrétienne, qui ne pensait pas être dans l’erreur sur le plan théologique. Mais au lieu de simplement dire: «Je ne suis pas intéressée» ou «Je n’ai pas de sentiments pour toi» ou «Arrête de me courir après» ou je ne sais quoi d’autre, elle lui a tenu des propos spirituels: «J’ai beaucoup prié à ton sujet, et le Saint-Esprit m’a dit ‘non’.» – «Non?» a demandé mon ami, désemparé. A quoi elle a répondu: «Non… jamais.» Pauvre gars: non seulement il était rejeté par cette fille charmante, mais encore, par le Saint-Esprit! A en croire les propos de la jeune femme, c’était comme si la troisième personne de la tri-unité, dont le rôle est de nous révéler Christ, avait, l’espace d’un instant, changé de fonction pour lui dire de ne pas fréquenter mon collègue de chambre. J’ignorais que cela faisait partie des attributions du Saint-Esprit… Pourtant, je parie que, dans toutes les écoles bibliques, il y a des tas de jeunes hommes et de 63
jeunes femmes qui accusent le Seigneur pour les déceptions sentimentales qu’ils traversent. Ainsi, la volonté de Dieu est souvent invoquée comme excuse lorsqu’il faut prendre une décision difficile en matière de relations. C’est ce genre de «combines verbales», utilisées pour ne pas avoir à répondre de nos décisions, que nous devons éviter. Si vous ne voulez ni fréquenter, ni vous marier, répondez simplement: «Non merci» ou «Pas maintenant», mais, de grâce, ne rendez pas Dieu responsable de vos problèmes relationnels. Enfin, cette conception erronée de la volonté divine tend à anéantir notre esprit d’initiative. Voici ce que Haddon Robinson1 dit à ce sujet: Lorsque nous demandons: Comment puis-je connaître la volonté de Dieu? nous ne posons peutêtre pas la bonne question. L’Ecriture ne nous ordonne pas, pour la plupart de nos choix, de trouver la volonté de Dieu. Elle ne nous donne pas non plus un mode d’emploi pour la découvrir. Par ailleurs, il est intéressant de remarquer qu’à travers les siècles, les chrétiens ne sont jamais parvenus à se mettre d’accord sur la manière dont Dieu communique ces révélations particulières. Pourtant, nous persistons à chercher sa volonté, et ce parce que décider implique de réfléchir et demande beaucoup d’énergie. Nous aimerions être déchargés de cette responsabilité liée à nos choix. Lorsque nous nous trouvons face à des décisions importantes, nous nous 1 Ancien directeur du Denver Conservative Baptist Seminary, ancien président du Gordon-Conwell Theological Seminary et auteur de plusieurs ouvrages. (N.d.E.)
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sentons plus en sécurité en restant passifs qu’en prenant des initiatives.1 Cela veut-il dire que la Parole de Dieu n’a rien à dire quant à la façon dont nous vivons et aux choix que nous faisons? Bien sûr que non! Mais en ce qui concerne la plupart de nos décisions quotidiennes, et même certaines «grandes» décisions de notre existence, le Seigneur nous appelle à trancher, avec l’assurance qu’il a déjà prévu comment intégrer nos choix à sa volonté souveraine. La passivité est un fléau parmi les chrétiens. Le problème, c’est que non seulement nous ne faisons rien, mais qu’en plus, nous considérons notre attitude comme spirituelle. Pour nous, c’est la preuve que nous sommes patients et sensibles à la conduite de Dieu. C’est peut-être parfois le cas, mais il est aussi bien possible que nous soyons tout simplement paresseux. Lorsque nous spiritualisons à outrance nos décisions, nous pouvons finir par faire des choix impulsifs et insensés. Mais il est plus probable que nous tombions dans la spirale sans fin des tergiversations, des indécisions et des regrets. Si l’égoïsme et l’arrivisme sont, sans aucun doute, un danger pour les chrétiens, il en est de même de la suffisance, de l’inertie et de la passivité qui, au nom de la spiritualité, nous conduisent à nous déresponsabiliser. Notre inaction est sans doute plus le signe de la crainte des hommes, de la recherche d’une gloire humaine et d’un manque de confiance en la fidélité de Dieu que l’expression d’un cœur véritablement désireux de faire sa volonté.
1 Cité dans Mark Chanski, Manly Dominion, Calvary Press, 2004.
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Un subjectivisme désespérant Cinquièmement, cette tendance nous rend esclaves d’un incorrigible subjectivisme. Ne me comprenez pas mal: nos décisions sont parfois subjectives, et ce n’est pas nécessairement mauvais. Il peut nous arriver de nous laisser conduire par nos intuitions, nos impressions ou nos sentiments. Il n’est pas forcément faux de prendre des décisions qui ne sont pas d’ordre moral ou spirituel en nous appuyant sur notre instinct. Ce qui est mauvais, c’est d’être esclave de cette sorte de subjectivisme. Car alors, nous ne prenons pas d’initiatives, parce que nous «n’avons pas la paix» à leur sujet. Ou bien nous revoyons nos décisions parce qu’elles nous mettent mal à l’aise. De fait, la plupart des grandes décisions de notre vie nous procurent un certain sentiment d’inquiétude. Il faut dire que ce n’est pas rien. Quand nous devons décider d’épouser telle personne, de déménager complètement ailleurs ou d’acheter une maison, nous avons de quoi ressentir une certaine appréhension, car il s’agit de quelque chose de tout à fait nouveau, d’important, d’inconnu et de durable (du moins pour le mariage). Cependant, cela ne veut pas dire que Dieu nous retire sa paix pour nous inciter à faire marche arrière. Encore une fois, je ne prétends pas que les décisions subjectives sont mauvaises. Nous prenons sans cesse des décisions fondées sur nos sentiments. Mais nous ne devons pas faire de ce subjectivisme un procédé systématique en ce qui concerne la prise de décisions. Car cela nous conduit dans l’impasse. Cette porte ouverte l’est-elle par Dieu ou est-ce le diable qui me tente? Cette porte fermée 66
est-elle une réponse du Seigneur à mes prières ou sert-elle à tester ma persévérance et ma détermination? Tels sont les dilemmes auxquels font face ceux qui basent toute prise de décision sur une approche subjective de la volonté de Dieu. J’ai récemment lu un livre d’un auteur chrétien à la mode: il préconise une communion étroite avec Dieu qui consiste à sans cesse chercher son approbation dans les détails les plus insignifiants de la vie quotidienne.1 Je ne veux pas remettre en question ses intentions, ni prétendre qu’il est inutile d’insister sur l’importance d’une communion vivante et étroite avec le Seigneur (importance que certains chrétiens «très comme il faut» en apparence auraient bien besoin qu’on leur rappelle). Mais ce livre revendique une façon de prendre des décisions qui me fait secouer la tête: on nous y exhorte à écouter la voix de Dieu à la moindre bifurcation, au moindre choix qui se présente sur notre route. Dois-je envoyer ce mail? Dois-je repeindre la salle de bains? Dois-je rester tard au travail? Est-ce que je pars à la campagne ou est-ce que je reste à la maison? Quel livre de la Bible dois-je lire ce matin? Quel chapitre? Est-ce que c’est le bon jour pour aller à la pêche? Et pour faire une randonnée? Veux-tu bien guérir notre chien? Devrions-nous adopter un chiot? Est-ce que nous devrions partir faire du camping? Et à quel moment? («Du 21 au 24 avril», a été la réponse…) Toutes ces questions ont réellement été posées au Seigneur, ainsi qu’on peut le lire dans cet ouvrage. Encore une fois, je respecte le désir de cet homme de vouloir 1 John Eldredge, Walking with God: Talk to Him, Hear From Him. Really, Thomas Nelson, 2008.
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obéir à Dieu. Mais pourquoi le Seigneur nous a-t‑il donné un cerveau et pourquoi nous exhorte-t‑il tant à rechercher la sagesse, si, en réalité, la seule chose que nous ayons à faire est de le consulter pour les milliers de décisions non spirituelles qui jalonnent notre quotidien? De plus, me semble-t‑il, ce livre ne préconise aucun moyen de deviner effectivement les intentions de Dieu, si ce n’est celui de supposer nous-mêmes des réponses et, bien souvent, de les remettre en question après coup. Je n’ai pu m’empêcher d’éprouver une certaine pitié pour l’auteur lorsque j’ai lu le récit de son accident de cheval et des remords qu’il a éprouvés suite à cet incident: il avait en effet demandé au Seigneur s’il devait aller faire de l’équitation ce jour-là, mais il ne lui avait pas demandé où il devait en faire… Il se rappelait avoir prié pour que tout se passe bien avec le cheval et avoir eu alors le sentiment que «cela semblait ne pas fonctionner». Mais il y était allé quand même, désirant tout simplement faire une balade à cheval, ce qu’on peut tout à fait comprendre. Il est évident que le sentiment de honte et de culpabilité qu’il a éprouvé alors n’avait pas lieu d’être. C’est une excellente idée de demander la protection divine avant de monter en selle, mais cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas sortir tant que nous n’avons pas le feu vert de tout notre être. Dieu nous épargnerait-il tout accident si, dès le réveil, nous lui demandions «suffisamment» de renseignements sur la journée et le priions avec «suffisamment» de ferveur? Si certaines choses vont mal dans notre vie, devons-nous vraiment ajouter à cela le sentiment écrasant que tout aurait pu être évité si nous avions mieux su déceler la volonté du Seigneur? Et comment pouvons-nous 68
faire sa volonté autrement qu’en suivant nos impressions subjectives, ce qui mène inévitablement à beaucoup d’anxiété et de remises en question? Telle est la question qui préoccupe tant de chrétiens aujourd’hui. Si réellement il existe un plan parfait de Dieu pour notre vie (plan que nous sommes censés découvrir et qui devrait nous procurer une liberté et un épanouissement formidables), pourquoi ceux qui cherchent tant à le connaître donnent-ils l’impression de vivre dans l’esclavage et le désarroi? Christ est mort «pour racheter ceux qui étaient sous la loi» (Galates 4.4-5; voir aussi 5.1). Alors pourquoi faire de la volonté de Dieu une nouvelle loi qui conduit à l’esclavage1 et qui, de surcroît, est subjective, invisible et indéchiffrable? Celle de Moïse, qui était déjà suffisamment difficile, était au moins objective, accessible à tous et compréhensible. Quel fardeau! Espérer que Dieu, par notre compréhension subjective des choses, nous indiquera le chemin à suivre pour chaque décision à prendre, même pour les plus banales et terre-à‑terre, n’est pas seulement irréaliste, c’est le meilleur moyen de connaître des déceptions et de peiner sous le poids de la fausse culpabilité. Et ce n’est vraiment pas le but d’une relation étroite avec Christ…
1 Ce sujet du chrétien et de la loi est vaste. Pour résumer, nous pouvons dire que, dans un sens, nous ne sommes plus sous la loi, mais que dans un autre sens, nous sommes toujours appelés à obéir à ses principes.
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La volonté de Dieu: certains angoissent à l’idée de passer à côté par inattention ou négligence, et ils restent paralysés, dans l’attente de signaux clairs venus d’en haut. Et si, en réalité, ils connaissaient déjà la volonté divine? Nettement différent de ce que l’on a l’habitude d’entendre et de lire sur le sujet, cet ouvrage remet les pendules à l’heure, ramène à l’essentiel et, surtout, ouvre une perspective libératrice sur une question qui a déjà fait couler beaucoup d’encre. Diplômé du Gordon Conwell Theological Seminary, Kevin DeYoung exerce un ministère pastoral aux Etats-Unis. Marié et père de trois enfants, il est l’auteur de différents ouvrages, dont plusieurs ont été traduits en français.
CHF 11.90 / 9.90 € ISBN 978-2-8260-3582-4
Kevin DeYoung
e r t u a t i a l u o v u e i D i s t E … i o m r u chose po
Et si Dieu voulait autre chose pour moi...
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