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Femmes et loisirs dans la Martinique d’Antan : l’inédite équation
Texte : Corinne Daunar Crédits photos Fondation clément collection L.Hayot Le guide de la famille créole Edition Dormoy FEMMES ET LOISIRS dans la Martinique d’Antan :
l’inédite équation
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Être femme en Martinique, au cœur de la colonisation où dans les premières décennies du dernier siècle, c’est subir en double les effets de domination et les enjeux de structure d’une société qui se construit. Aux champs ou sur le pavé, dans l’opulence ou pour la survie, la photographie du loisir féminin se lit au négatif d’un long film d’obligations et de responsabilités.
Une notion à rebours
La Martinique, île aux fleurs, France aux Tropiques, se fantasme bien aisément, au ventre de son histoire comme dans ses matins contemporains, pour une douceur de vivre inégalable, où les relents doudouistes et occidentaux voudraient y établir un havre d’oisiveté. Et pourtant, c’est surtout le récit d’une terre de labeur que décrit l’antan, quand la société s’est faite dans l’exploitation et la production, parfois traversée de loisirs. Ces répits du divertissement cependant, mettent essentiellement en scène des hommes. Au cœur de cette destinée d’ouvrage, les femmes, elles, souffrent d’une double peine, et l’amusement n’est qu’un non-temps.
Pis, dans l’imaginaire d’une Martinique travailleuse, où les champs éreintés, l’usine
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centrale éructant, les enfilements du port ou les rues bruyantes du marché vrombissent d’âmes en peine, la stature puissante de la femme potomitan est aussi érigée en sanctuaire. Et si elle vient remplacer, en pratique, la figure de l’homme absent, elle lui abandonne tout autant son loisir, toute consacrée qu’elle est à la survie de sa famille.
Dans les milieux populaires, l’oisiveté est hors des réalités, où chaque force vive constitue un inestimable revenu pour la famille. Très vite dans la fratrie, les plus grands ajoutent à leurs corvées le ménage, la cuisine, l’accompagnement des plus jeunes. Entre le linge, la besogne d’eau et l’entretien des animaux de cours, c’est là encore dans les interstices du labeur quotidien que se cachent parfois les sources de récréation.
Un loisir qui se conditionne depuis l’enfance
Être femme, c’est aussi et surtout se préparer, dès le petit âge, à sa vie d’épouse et de mère. Dans les familles bourgeoises, citadines ou rurales, on insiste plus volontiers sur l’apprentissage du métier de maitresse de maison qu’à l’instruction primaire. Les loisirs se confondent, encore, avec les savoirfaire essentiels : couture, linge, économat… Les congrégations religieuses s’investiront de ces apprentissage de la vie du foyer, en dispensant les arts domestiques aux jeunes filles de bonne descendance et de lignée modeste, là en pension, ici dans des ouvroirs.
Quelques bulles de liberté se glanent çà et là : la lecture, pratique encouragée, dégage aux jeunes femmes et aux adultes des temps privilégiés, toujours utiles à la maison. La lecture animera volontiers les salons et saura souligner la qualité de l’hôte. La peinture, l’écriture, la participation aux activités de la paroisse locales mêlent encore les engagements de bonne famille et les plaisirs du loisir. Quoi qu’il en soit, la femme, souvent invisibilisée dans son individualité, se prépare surtout à chaque étape consacrée.



Le divertissement, merveilleuse émancipation
Aussi, dans le canevas tressé court des existences féminines, quelles qu’en soient les classes, c’est dans l’astucieuse utilisation des temps que les femmes ont construit leurs espaces de libertés. Ces temps dérobés, réinvestis, ils sont parfois ancrés dans les mœurs, qui admettent une révolution, ponctuelle, de la norme. Les fillettes, les adolescentes investissent le champ des jeux d’enfants et s’y évadent avec délectation, là à travers des poupées de porcelaine pour les plus aisées, ici dans les dinettes précaires recréées sur les capsules de cirage.
L’échappatoire est aussi dans l’évènement : l’insolence du Carnaval, tel qu’il se rapporte d’un Saint-Pierre opulent, remet au cœur de la foule extatique la femme actrice. Elle en retiendra les mélodies, animera la procession et s’imbibera de ces éphémères renversements. Il y a ces présences uniques aussi, celles qui brouillent encore les lignes. Les matadors exhibent leurs libertés féroces au-devant de toute la société et l’écrivent dans la profondeur de ce qui parait divertissement. Et c’est dans cette histoire duale, ce passé adverse, que s’est conquise l’émancipation de la femme antillaise, hier comme aujourd’hui incontournable potomitan et vecteur de société.

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