7 minute read

Didier, allée au vent

Texte : Corinne Daunar Remerciements et crédit photos : François Moll

Didier, allée au vent

Advertisement

Sur les hauts de Fort-de-France, on y accède par la raide trace de l’Ermitage, ou le lacet vertigineux de la Rocade : le départ est désormais donné depuis le giratoire du Vietnam Héroïque, vers l’un des quartiers le plus joliment doté en patrimoine. Didier, c’est d’abord une route, une épine dorsale qui irrigue une myriade de petits quartiers lovés à quelques minutes de l’effervescence du centre. Mais c’est aussi surtout un monde en miniature : de richesses, de pouvoir, d’élégance… et d’une certaine vision, créole, de l’architecture.

Un haut lieu de la bourgeoisie foyalaise

La route de Didier sonne donc, dans l’imaginaire populaire comme dans la réalité foncière, comme le quartier huppé de Foyal, qui domine depuis les hauts de son arrête le centreville et les quartiers spontanés qui parsèment les mornes de la cuvette de Fort-de-France, et s’étirent jusqu’à explorer les premiers contreforts des Pitons. C’est Alphonse Didier, ancien maire de Fort-deFrance et fondateur de l’établissement thermal éponyme qui laisse au quartier son appellation. La route principale elle, est tracée à l’occasion du creusement d’une vaste canalisation, ordonnée par le Gouverneur de Gueydon, pour alimenter la ville en eaux de la rivière Case-Navire. Au long de ses 4 kilomètres, la route étire de somptueuses villas ordonnées et joliment jardinées. Il est longtemps le quartier de prédilection des blanc-créoles, avant qu’une partie ne s’installent sur les caps de l’Atlantique. S’y distinguaient, au mitan du dernier siècle, la première usine électrique de l’île, la résidence du Gouverneur, de l’Amiral, du Secrétaire Général. La Compagnie Générale Transatlantique y loge aussi son directeur, tout

comme la Caisse Centrale le sien et l’administration ses hauts-gradés. Les usiniers, Aubéry, Hayot ou de Jaham ont leurs résidences au détour du chemin de l’Union. Quartier de pouvoir donc, qui concentre l’élite administrative et économique de l’île, au creux de bâtis créoles, largement inspirés des grandes résidences de Louisiane.

Didier dans l’inconscient

La route de Didier, en rassemblant cette Martinique d’Epinal, pétrie de l’élite et de la richesse, s’est affirmée au fil du temps comme une consécration. Au creux des pages de la « Rue des Syriens », le vénérable Mansour de Raphaël Confiant, respecté patriarche syrien, affirme enfin sa réussite, de lourdes années après son arrivée, en acquérant rubis sur l’ongle l’une des plus belles demeures du quartier.

Cette longue avenue, se fait aussi le berceau de pittoresques destinées, notamment du bâti. Celle du Vieux Moulin, après quelques kilomètres, en concentre le folklore. Imposante demeure érigée au début du XXe, en place d’une ancienne habitation, elle en reprend, sous forme de tourelle atypique, le moulin historique. Le site séduit, au détour du XXe siècle, un Victor Sévère féru d’astronomie, avant de s’affirmer après 1921 comme la résidence des gouverneurs de l’île ! Au mitan du siècle, c’est la compagnie Air France qui la transforme en Hôtel-restaurant, dans l’élan de la fièvre touristique de l’île. Le lieu, cependant, s’endort au fil des ans, n’offrant plus encore que le profil de son moulin, classé évidemment. Et impossible d’évoquer Didier, sa route et sa fontaine sans plonger dans sa réalité jaillissante. Car le lieu est riche en sources, et offre aux curistes, tout comme aux assoiffés, une eau acidulée et bicarbonatée. Des vestiges d’installations y rappellent le passé thermal, tandis qu’une usine embouteille encore la célèbre eau de la source Roty… qui n’est autre que la Didier !

Didier, le petit musée à ciel ouvert d’un art de vivre créole

Didier reste ce quartier chatoyant et historique, en témoignent les nombreuses demeures de charmes et demeures d’exceptions. La route égrène encore nombre de ses joyaux, magnifiques bâtisses déjà centenaires, véritables représentants des courants coloniaux d’époque. Toutes auréolent encore le quartier d’une élégance profonde, ancrée dans la pierre, petit musée à ciel ouvert d’un art de vivre créole. La Villa Primerose en aura été un formidable étendard avant de s’évanouir dans les flammes, inspirée, en 1906, des ravissantes demeures du sud-américain. La villa Chanteclerc, maison créole en bois traditionnelle, est désormais le magnifique écrin des manifestations culturelles de la CTM, loin de son sulfureux passé guerrier (résidence, sous son occupation, de l’Amiral Robert !).

ELEVAGE

& CHLORDÉCONE !

Article JAFA maisons creoles:Mise en page 1 11/02/2020

Les jardins créoles de Guadeloupe offrent à leurs jardiniers une alimentation économique et saine. On oublie cependant souvent le petit élevage qui y pâture : cochon, cabri, poule, canard, sont susceptibles de se contaminer par la chlordécone lorsqu’ils sont élevés sur le sol contaminé.

Partages et dons

En Guadeloupe, les bêtes (cochons, cabris, canards...) élevées chez des particuliers pendant plusieurs mois, sont abattues, partagées et distribuées en famille. Il arrive aussi qu’elles soient vendues. Sur ces produits, la traçabilité est faible. Il existe un risque de contamination à la chlordécone accru pour les denrées partagées.

Quels sont les risques de consommer ces viandes ?

Les animaux qui pâturent sur des terres polluées à la chlordécone peuvent se contaminer en ingérant de la terre, du fourrage ou de l’eau contaminés. Un bœuf, par exemple, peut consommer jusqu’à 500 g de terre par jour ! La chlordécone se retrouve dans les viandes, graisses et organes (notamment le foie) de l’animal, ou ses produits (œufs et lait). La consommation régulière de denrées contaminées peut avoir des effets néfastes sur votre santé. La chlordécone est un perturbateur endocrinien classé comme cancérigène possible chez l’homme.

Quels sont les animaux concernés ?

Tous les animaux élevés sur des sols pollués peuvent être contaminés.

J’élève des animaux derrière chez moi. Comment savoir s’il y a un risque ?

Il convient de faire réaliser des analyses de sol pour connaître la contamination de vos parcelles. Demandez une analyse au programme Jafa. C’est gratuit ! Jafa donne également des conseils pour pouvoir poursuivre vos activités tout en préservant votre santé.

Bon à savoir !Sur un sol pollué les poules se contaminent rapidement !

Les bananes, fruits à pain et En l'état actuel des connaissances, nous savons que châtaignes, jacques, cocos, fruits d’arbres en général, maïs et pois ne sont pas s’ils sont élevés sur un sol pollué, qui se contaminent en mangeant de la terre, des aliments et/ou de l’eau contaminés. contaminés et peuvent être utilisés pour l’alimentation des animaux, s’ils ne sont pas souillés par la Attention à la viande et aux œufs ! terre contaminée. La consommation de viande et d’œufs provenant de ces poules peut exposer à la chlordécone. Toutefois, lorsqu'elles ne sont plus exposées Klòdékòn pa vlé à la chlordécone, les volailles ont la capacité de se décontaminer di jaden kr vQue faire pour préserver ma santé ?

Les analyses effectuées sur l’exposition cesse : •La concentration en chlordécone •On obtient des œufs sans chlordécone au bout de 30 à 40 jours Attention, les poules décontaminées, relâchées sur un sol, même faiblement pollué, se recontaminent immédiatement !

Je fais des analyses de sols pour savoir si mon jardin est pollué

Si j’élève des bœufs, moutons, cabris et porcins... sur un sol pollué, quelles sont les règles à respecter ?

• Évitez absolument de donner des aliments souillés par la terre contaminée.

• Utilisez de l’eau du réseau d’eau potable ou les eaux de pluie dans un contenant propre.

• Placez les animaux horssol (en stabulation) ou sur un pâturage dont l’analyse révèle que le sol est indemne

• Évitez le contact des volailles avec le sol pollué. Mettez en place un poulailler hors-sol (sol cimenté, surélevé avec un grillage, graviers…).

• Évitez de leur donner de la nourriture contaminée (épluchures de racines, souches de cannes, herbages cultivés sur des sols pollués). de chlordécone, avant de procéder à l’abattage.

• Faites abattre vos animaux à l’abattoir. C’est obligatoire pour les bovins et recommandé pour les porcs, cabris, moutons des élevages du « croissant bananier ». Le dépistage de la chlordécone qui y est effectué permettra de garantir que leur viande ne présente pas de risque et qu’elle peut être consommée sans danger.

Que faire si j’élève des volailles sur un sol pollué ?

• Utilisez de l’eau potable du réseau ou de l’eau de pluie pour les abreuver.

• Une fois enfermées strictement, les volailles commencent leur décontamination. Attendez au moins 2 mois avant de consommer les oeufs.

1 2 3

Bon à retenir !

Demandez votre analyse de sol au programme Jafa. C’est gratuit ! Dès lors qu’ils sont mis horssol et nourris avec des aliments non contaminés, les animaux se décontaminent.

Seule la filière professionnelle est contrôlée.

Jafa

Programme Jardins Familiaux

Appartement 05, 610 Route de Désiré, 97113 Gourbeyre 0590 95 41 17

This article is from: