La Rue Sadi-Carnot à Pointe-à-Pitre

LA RUE SADI-CARNOT

à Pointe à Pitre

Texte : Rosy JALCE BAMBUCK Responsable service Patrimoine de la Ville de Pointe-à-Pitre

Photos : © « Archives Départementales de la Guadeloupe »

© Simax Communication

Imbriquée dans le plan à damier de la ville, avec ses rues qui se coupent à angle droit, la rue, que nous connaissons de nos jours sous le nom de Sadi-Carnot, connut diverses appellations selon l’établissement majeur qui y prédominait.

Bordée à l’Est par la rue de Nozières et à l’Ouest par la rue Jean Jaurès, elle traverse la rue Frébault, une des voies majeures de la ville et la rue Schoelcher.

Si la rue Sadi-Carnot bénéficiait d’un emplacement central dans la vieille ville, elle se trouve un peu plus à l’écart depuis quelques décennies avec l’extension des quartiers de l’assainissement. La voie accueillit en premier lieu la caserne puis l’hôpital du Roy et fut ainsi baptisée rue de l’hôpital en 1793. Elle conservera cette appellation jusqu’en 1884, date à laquelle l’hôpital laisse place au premier lycée de Pointe-à-Pitre inauguré par le Maire le Docteur Armand Hanne le 13 février 1884 et devient alors … rue du Lycée. La rue prend le nom de Sadi-Carnot en 1895 en hommage au Président de la République Marie François Sadi-Carnot assassiné en 1894 par un anarchiste italien lors de l’exposition de Lyon. Baptisé lycée Carnot également à cette date, l’établissement continue à accueillir de nos jours des écoliers à l’image du collège Sadi-Carnot situé, pour sa part, rue Barbès.

Le lycée Carnot a ainsi connu maintes générations d’élèves qui ont foulé le sol d’un bâtiment classé monument historique. Ses grilles, les marches de son grand escalier qui mènent à la cour centrale entourée d’arbres centenaires, ses salles réparties

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sur deux niveaux formant un U et bordées de coursives à balustrades sont ainsi à jamais gravés dans leur mémoire.

Des années 1930 à 1960, à l’angle de la rue Jean Jaurès, l’élégant pavillon doté d’un perron en pierres volcaniques, d’une façade en parement de briques, de balustrades en ferronnerie abritait le musée l’Herminier qui présentait une collection de la faune et de la flore locales. La bâtisse accueillit ensuite la Chambre d’Agriculture. À proximité, on pouvait admirer également trois maisons en bois sur un niveau doté d’un galetas. L’épicerie fine de M. Salomon occupait deux d’entre elles. En face, se trouvait la maison Roncière, demeure de l’écrivain Sainte-Croix de la Roncière. À quelques pas, à l’emplacement occupé autrefois par l’institution des Frères de Ploërmel, trônait le Grand hôtel des Antilles. Dans le dernier tronçon de cette voie, les passants venaient déguster le « sirop Abarre », sirop de batterie très réputé. Aujourd’hui, cette rue commerçante s’avère très animée notamment grâce à la jeunesse et l’énergie des écoliers qui la fréquentent au quotidien. Pour l’anecdote, le garage Charneau fut le lieu d’exposition du premier biplan arrivé sur l’île. Après plusieurs départs manqués, l’avion réussit à décoller le 24 janvier 1914 et survole Pointe-à-Pitre alors que la foule s’est amassée dans les rues pour admirer l’exploit du pilote et cet engin si singulier à l’époque. Soudain le biplan descend en flèche. Son pilote a le temps de le diriger sur une cour vide et l’avion s’abîme sur un arbre à pain. Le pilote, M. RIMBAUD, s’en sort sérieusement blessé au visage.

La création du Lycée de Pointe-à-Pitre

Alexandre Isaac, né à Pointeà-Pitre en 1845, Directeur de l’Intérieur de la Guadeloupe et grand admirateur de Jules Ferry, fut l’initiateur de l’organisation de l’enseignement sur l’île, tâche confiée alors à la seule congrégation des Frères de Ploërmel. Son programme inclut l’enseignement public et gratuit par la création d’écoles primaires et du lycée Carnot. Tristement, la rue Sadi-Carnot fut endeuillée par la tragédie du bazar chinois survenue le 21 décembre 2007 où huit personnes perdirent la vie. Un drame provoqué par un incendie qui a pris naissance après l’embrasement de pétards alors que les clients affluaient à Pointe-à-Pitre pour les achats de Noël.