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LE COLLÈGE DE BOURBON Un pan de notre histoire
Le Collège de Bourbon fait partie de ces établissements scolaires que l’on identifie dès l’évocation du nom. A coup sûr, mais est-ce réellement le cas ?
Vous passez devant ses grilles, vous y déposez peut-être vos enfants, mais il y a des chances pour que l’on ne vous ait pas tout raconté sur l’histoire de ce pan de notre histoire qui en dit si long sur les époques qu’il a traversées. Si l’on vous raconte qu’il a un temps abrité des cachots où l’on emprisonnait quelques éléments turbulents, vous auriez sûrement des frissons… Rassurez-vous, on ne punit plus les collégiens de cette manière à notre époque, mais commençons plutôt par le début ; au temps où l’éducation à Bourbon était affaire d’élitisme. Il faut se replonger dans l’état d’esprit qui animait la société française du début du XIXème siècle : l'enseignement secondaire était alors considéré comme l'instrument de formation d'une classe dirigeante. D’où la création de nombreux lycées. Les colons de Bourbon ont eux aussi souhaité disposer d'un établissement d'enseignement supérieur dans l'île : il sera interdit aux filles, aux garçons pauvres et surtout aux esclaves.
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C’est ainsi qu’en janvier 1819 un Collège Royal voit le jour au cœur de Saint-Denis, au sein d’un édifice délabré qui requiert des travaux de rénovation, entrepris en 1827, quelques années avant qu’il ne devienne le Lycée de l’île de La Réunion (en 1848) et accessible en principe à tous les enfants des familles libres, aussi bien blanches que noires, même si les mulâtres et les enfants naturels en sont encore exclus. Son identité changera d’ailleurs régulièrement, au gré des régimes politiques : il sera ensuite Lycée Colonial, Lycée Impérial et Lycée Leconte De Lisle ; le bâtiment principal, surnommé le « Grand Lycée », est victime d’un incendie en 1910. C’est sa nouvelle configuration que l’on découvre en pénétrant dans l’enceinte du Collège de Bourbon (inauguré en 1968), précédée d’une vaste cour : la reconstruction l’a réduit d’un niveau ; le troisième étage réservé au dortoir des internes ayant été supprimé des plans. Ainsi recentré, le bâtiment fait mieux ressortir sa succession d’arches répétée aux étages, le tout étant encadré par deux corps de logis s’étirant en hauteur. A cet édifice (qui accueillait les classes de la seconde à la terminale), se rajouteront bientôt des annexes, également en pierre de taille et maçonnerie : le Moyen Lycée (où se trouvaient les salles d’études, la bibliothèque) et le Petit Lycée (classes primaires et secondaires).
Dans un dialogue, toujours instructif, entre passé et présent, il peut être intéressant de comparer les enseignements pratiqués au XIXème siècle et à présent. A son ouverture, le Collège Royal formait les futures élites en leur inculquant les notions de mathématiques, rhétorique… La discipline y était sacrée et si les privations de récréations ou les pensums ne suffisaient pas, il restait le cachot pour remettre les récalcitrants dans le droit chemin (des humiliations abandonnées en 1829 toutefois). Si rien ne sert de traumatiser nos collégiens d’aujourd’hui, il est bon de leur rappeler qu’étudier des disciplines passionnantes dans un cadre bienveillant